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COURS 3
LA CROISSANCE ECONOMIQUE : ORIGINE ET ENJEUX
Selon François Perroux, la croissance économique est l’augmentation soutenue et durable pour une
nation du produit global net en termes réels.
Soutenue : la croissance économique est un phénomène dont l’intensité est mesurée par des
évolutions d’ampleur ;
Durable : le cadre temporel de la croissance est le long terme, celui de l’expansion est de court
terme ;
Produit net global en termes réels : des indicateurs comme le PIB ou le RNB en volume, c'est-à-dire
qui neutralisent l’évolution des prix afin de mesurer la progression des niveaux de vie (revenu réel
moyen).
B – LA NATURE DE LA CROISSANCE
Il est important d’opérer plusieurs distinctions quand on veut comprendre la nature de la croissance
économique : croissance effective et croissance potentielle, croissance extensive et croissance
intensive.
Les notions de croissance potentielle et de croissance effective sont à différencier quand on veut
diagnostiquer la dynamique de croissance dans une économie et adopter les politiques économiques
adéquates qui vont jouer sur les blocages de court terme ou les facteurs structurels de long terme.
a. La croissance effective
La croissance effective est la mesure de la croissance pour une période donnée à l’aide du PIB pour
un trimestre ou une année.
La croissance effective intègre tous les évènements bons ou mauvais qui ont affecté le PIB et que l’on
observe donc dans les chiffres de la croissance pour une période donnée ?
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b. La croissance potentielle
La croissance potentielle, pour la banque de France, est le taux de croissance du PIB potentielle et
représente l’effort de croissance que l’économie peut maintenir à long/ termes en dehors des effets
de court terme qui sont liés à un écart entre la demande et le niveau potentiel de l’offre.
La croissance potentielle peut-être affectée à la hausse comme à la baisse par des évènements
conjoncturels : une hausse des dépenses publiques améliore la croissance effective, une récession
chez un partenaire commercial diminue la croissance effective, un hiver plus rigoureux augmente le
PIB effectif en accroissant les dépenses de chauffage. Ces effets de court terme masquent la
dynamique de fond de l’économie nationale
c. L’écart de production
L’écart de production (output gap) désigne l’écart entre le PIB et le PIB potentiel. Le PIB potentiel est
le niveau maximum de production que peut atteindre une économie sans qu’apparaissent des
tensions sur les facteurs de production qui se traduisent par des poussées inflationnistes. Il décrit
l’excès ou le déficit de demande par rapport à l’offre potentielle.
Si l’écart de production est positif, cela signifie que l’économie évolue au-dessus de sa trajectoire de
long terme et que la demande est en excès dans l’économie.
Si l’écart de production est négatif, cela signifie que l’économie évolue en-dessous de son potentiel,
on constate un déficit de demande dans l’économie. La France depuis 2009 n’arrive pas à réaliser en
totalité sa croissance potentielle en raison du chômage, du recul des investissements et la
productivité.
L’output gap renvoie à la position de l’économie dans le cycle de production. En phase d’expansion
économique, il est positif, l’économie superforme en utilisant toutes ses ressources et même parfois
plus avec les bulles spéculatives. En phase de dépression économique, il est négatif, l’économie
sous-performe son potentiel avec le chômage et une contraction de l’investissement qui entraîne
une obsolescence plus forte du stock de capital installé.
Depuis quelques années, il existe un débat sur la stagnation séculaire, avec l’idée que des facteurs
structurels dépriment durablement l’activité et la demande.
C’est donc le PIB potentiel qui est plus faible que prévu initialement. Ainsi, la croissance potentielle
française était de 2 % au début des années 2000, mais diminue autour de 1 % depuis 2008.
Parmi les facteurs structurels, on trouve une démographie défavorable, les dettes accumulées , le
ralentissement de la productivité globale des facteurs de production en raison de niveaux
d’éducation élevés, le réchauffement climatique ou la politique monétaire ultra-expansionniste qui
ne dispose plus de marges de manœuvre. Ces facteurs sont autant d’explications à la diminution de
la croissance potentielle au XXIe siècle dans les pays développés.
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Le débat sur la stagnation séculaire est aussi alimenté par le scepticisme qui entoure les technologies
de l’information et de la communication en tant que révolution industrielle. Pour les techno-
optimistes, les grappes d’innovations ne sont pas épuisées, le Big data, l’intelligence artificielle ou les
nanotechnologies portent autant de promesses que la généralisation de l’informatique, d’internet ou
des Smartphone. Pour un auteur comme Robert Gordon, les fruits les plus accessibles ont déjà été
cueillis et les innovations restantes n’auront qu’un faible impact sur les gains de productivité. Elles
seront en tout cas insuffisantes pour contrecarrer les effets des facteurs structurels défavorables.
Ces deux expressions font référence à la manière dont est obtenu l’accroissement de la production
de biens et de services.
a. La croissance extensive
b. La croissance intensive
Interroger les finalités de la croissance permet de montrer le lien qui existe entre la croissance et le
développement économique, puis d’énumérer les aspects positifs et négatifs de la croissance
économique. Cette dernière est remise en cause en raison des effets négatifs qu’elle a sur les
différentes dimensions du développement.
1 – Définition
Ainsi, à la différence de la croissance qui est l’enrichissement d’un pays sur le plan économique, le
développement est, lui, une appréciation qualitative, sur le plan humain, de l’amélioration des
conditions de vie d’une population. Les transformations structurelles de l’économie sur les plans
psychologiques, sociaux, politiques sont centrales dans la définition du développement économique
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qui ne s’arrête pas à la richesse, mais s’interroge aussi sur la question des transformations induites,
des modes de vie et de répartition de cette richesse.
Il apparaît, au regard de l’observation passée et actuelle, que la croissance est une condition
nécessaire mais non suffisante du développement économique d’une nation. Il est difficile qu’il y ait
développement sans croissance, car l’élargissement de l’éventail des possibilités offertes à l’homme
ne se fait pas sans moyens importants.
1 – Aspects positifs
La croissance est une création de richesses. Celles-ci sont redistribuées entre les différents agents de
l’économie qui vont pouvoir satisfaire leurs besoins individuels. La consommation est la finalité de
l’activité économique (Adam Smith). Sur le plan individuel, les ménages, en consommant, sortent de
la pauvreté et accèdent à des niveaux de confort plus élevés.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on a pu assister, dans les pays développés, à une
augmentation du pouvoir d’achat : les habitants peuvent acheter avec leur revenu des biens et des
services en plus grande quantité.
- de création d’emplois, car il existe une corrélation positive entre le niveau de croissance et
l’emploi, ce qui diminue le chômage ;
- d’une progression des salaires et des embauches qui alimentent la demande solvable et
incitent les entreprises à accroître leur production ;
- d’une hausse des profits dont une partie est réinvestie pour accroître le stock de capital et
préparer la croissance future ;
- d’une hausse des recettes de l’Etat qui peut financer les dépenses publiques en besoins
collectifs (logement, transport) et les prestations sociales (politiques de protection sociale et
réduire les inégalités).
On a aussi connu une augmentation du niveau de vie, qui prend en compte la qualité des biens et
services proposés, mais également les politiques de redistribution et d’accès aux soins proposées par
les Etats. La croissance économique accroît les revenus des populations et des niveaux de vie plus
élevés devraient être associés à une satisfaction plus grande des populations.
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2 – Aspects négatifs
La question de la répartition des richesses est cruciale pour savoir si la croissance économique
permet le développement économique. C’est le sens de l’indice de développement humain (IDH) qui
permet de dépasser les limites de l’approche monétaire pour répondre aux questions de
développement suivantes : les écarts de richesse diminuent-ils dans la population ? La santé
s’améliore-t-elle pour tous ? Les niveaux de vie du plus grand nombre progressent-ils ? Un pays dans
lequel un petit groupe confisquerait les fruits de la croissance au détriment du plus grand nombre
connaitrait une croissance économique sans développement.
Dans les sociétés primitives, l’économie n’est qu’une des dimensions du lien social à côté de la
politique, de la famille ou de la religion. Les logiques de don et contre-don s’imposent et l’économie
est encastrée dans la société. La révolution industrielle donne naissance à l’autonomisation de
l’économie avec l’atomisation des individus qui ne sont plus protégés par les logiques alternatives au
marché, mais qui sont contraints de se plier à ces impératifs pour manger et survivre.
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L’activité économique est cyclique ce qui signifie qu’une économie nationale ne suit pas un sentier de
croissance continu, mais va plutôt connaître des accidents que nous appellerons crises et des
périodes d’accélération de la croissance. Les fluctuations économiques caractérisent la croissance de
tous les pays développés.
A – UN CONSTAT HISTORIQUE
Les économistes ont depuis fort longtemps constaté l’existence de cycles et de fluctuations
économiques.
Le cycle se traduit par des fluctuations économiques qui présentent certaines régularités comme la
succession de périodes d’expansion et de périodes de dépression. Nous n’aborderons que les cycles
généraux c’est-à-dire des cycles qui concernent l’ensemble de l’économie et qui sont susceptibles de
se diffuser en dehors des frontières nationales.
1 – Le cycle de KITCHIN
Les cycles dits mineurs ont une durée approximative de 40 mois et sont d’ampleur limitée. Ils sont
liés d’après KITCHIN à la gestion des stocks. Les entreprises les accumulent en période d’expansion
pour répondre à la demande. Elles doivent ensuite déstocker ce qui engendre une baisse des prix et
de la production.
2 – Le cycle de JUGLAR
Le XIXè siècle, dominé par un capitalisme concurrentiel, fut rythmé par un cycle de 6 à 12 ans
d’amplitude. Ce cycle de base découvert par Clément JUGLAR comprend quatre temps dans son
mouvement.
L’expansion est une période favorable aux affaires ; les entreprises ont de vastes débouchés, les
profits sont satisfaisants, le crédit est abondant pour l’investissement.
Mais il se produit progressivement une surchauffe qui se traduit par des spéculations boursières et
une augmentation des prix parce que la demande est insatiable. Les salaires progressent du fait
d’une certaine pénurie de main d’œuvre, et les taux d’intérêt s’élèvent.
Elle provient des déséquilibres forgés pendant la période d’expansion. L a hausse des salaires, des
prix et du crédit va laminer la rentabilité des entreprises. Dès lors, les capacités productives
deviennent excédentaires en rapport à la demande solvable, et la surproduction menace ; la
dépression se déclenche généralement à partir de quelques faillites, de l’éclatement de certaines
banques, ou à l’occasion d’un krach boursier. Elle ruine les spéculateurs imprudents, entraine des
retraits de fonds dans les banques et provoque ainsi une contraction brutale du crédit et des
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investissements. Au sens strict, la crise est donc un moment assez bref et particulièrement déprimé
de l’activité économique.
L’assainissement est une conséquence positive de la période précédente, car elle va faire naître un
nouveau dynamisme. Les entreprises les plus fragiles ont été rachetées par les plus puissantes, ce qui
leur permet de réaliser des économies d’échelle et de gagner des parts de marché. Les salaires ont
baissé et les prix ont diminué sous l’effet de la déflation. Les conditions de la rentabilité sont alors
réunies ; l’économie repart sur bases plus saines.
Elle n’est possible qu’après la phase d’assainissement. La rentabilité des entreprises est rétablie, les
stocks reconstitués, le crédit moins cher. Les investissements repartent et la demande de travail
s’accélère ; les revenus progressent, ce qui provoque une hausse de la demande. La production est
de nouveau prête à croître.
Le cycle de JUGLAR dénommé aussi cycle conjoncturel, ou encore cycle majeur, correspond à la
notion américaine de cycle d’affaire.
3 – Le cycle KONDRATIEFF
SCHEMA (cours)
Nikolaï Kondratieff (économiste soviétique décédé dans les 1930) remarque que les prix suivent des
“ vagues longues“ de variation ; une vague ascendante et une vague descendante se succèdent. La
durée moyenne du cycle est de 40 ans à 60 ans. Un cycle KONDRATIEFF est composé de deux
phases : une phase A, dite d’expansion, durant laquelle les prix et la production augmentent, et une
phase B, dite de récession, durant laquelle les prix baissent et la production diminue ou augmente
faiblement.
Selon Schumpeter, la croissance économique est essentiellement liée au progrès technique, et c’est
l’irrégularité de celui-ci qui explique les irrégularités de la croissance. Dès périodes à fort progrès
technique succèdent à des périodes à faible progrès technique. Les phases A correspondent à des
périodes de progrès technique important alors que la phase B correspond à des périodes de faible
progrès technique.
Plusieurs interprétations ont été données pour expliquer le phénomène des cycles. Nous présentons
les quatre théories majeures en la matière dans l’ordre chronologique
TABLEAU (cours)
1 – La cause monétaire
Pour Johan Wicksell (1898), les fluctuations conjoncturelles sont les conséquences de l’évolution de
la disparité entre les taux d’intérêts naturel (efficacité marginal du capital ou taux de profit) et
monétaire (taux de marché). Lorsque le taux de profit est supérieur au taux d’intérêt, alors les
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Les monétaristes se rangent à ces explications d’ordre monétaire, dénonçant la main de l’Etat qui
veut stimuler la production, derrière les manipulations monétaires. De façon générale, les libéraux
voient, dans l’intervention de l’Etat, un obstacle à l’autorégulation des marchés par les mécanismes
d’offre et de demande. Pour ces courants, ce sont alors les réglementations, le coût du travail ou la
fiscalité qui alimentent les fluctuations de l’économie.
Selon Schumpeter (1939), l’économie capitaliste est caractérisée par la nécessité d’innover pour les
entreprises afin de dégager un profit lié au monopole temporaire d’innovation. Schumpeter met en
avant des innovations majeures qui bouleversent l’organisation économique et qui sont à l’origine
des cycles longs. Elles donnent lieu à d’autres innovations qui se diffusent ensuite dans l’économie.
Par exemple, l’invention du moteur à explosion a permis la découverte de l’automobile. On parle de
grappes d’innovations qui sont à l’origine des cycles économiques. L’expansion se poursuit jusqu’à la
maturité de la production.
Lorsque la demande stagne, les prix chutent en précipitant la récession. Des entreprises et des
secteurs de l’économie ferment et l’apparition de nouvelles innovations accélère ce mouvement en
préparant la phase suivante d’innovations : Schumpeter parle de destruction créatrice.
3 – La dynamique de l’investissement
Les analyses développées par John Maynard Keynes s’attachent d’avantage à expliquer la présence
d’un équilibre durable de sous-emploi plutôt que les fluctuations. Keynes introduit la notion de
fondamentale du multiplicateur d’investissement, qui sera reprise par Paul Samuelson pour
expliquer les fluctuations économiques.
Les modèles à oscillateurs créés par Samuelson reposent sur une combinaison des effets
multiplicateur et accélérateur. Cette combinaison explique la succession des périodes :
Dans les années 1980, la théorie des cycles réels (John Long et Charles Plosser) considère les que les
cycles économiques viennent des chocs que subissent les fondamentaux de l’économie (goûts des
ménages, techniques disponibles, ressources…) et qui affectent la productivité.
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Les cycles sont réels car cette théorie est développée dans un monde sans monnaie. Les fluctuations
économiques ont donc pour origine des chocs réels exogènes ou choc de productivité. Les
perturbations financières n’ont pas dans cette théorie d’influence sur les crises. Les politiques
économiques visant à les combattre n’auraient pas lieu d’être.
1 – Le modèle de Solow
a. Les hypothèses
Robert Solow (1956) élabore un modèle de croissance stable à long terme. Ce modèle est basé sur la
fonction de production classique incluant le travail et le capital comme facteurs de production et
donc à long terme comme de croissance.
Du point de vue du travail, la croissance peut être maintenue à long terme par une évolution
démographique : un accroissement du taux de natalité ou flux migratoire.
Du point de vue du capital, privilégié par les classiques, c’est l’accumulation permise par
l’investissement qui sera un vecteur de croissance à long terme. L’investissement accroît la capacité
de production donc la production.
Pour Solow, la croissance ne peut être expliquée que partiellement par l’augmentation du volume de
travail et de capital utilisés, la seule augmentation quantitative de ces facteurs devrait conduire à des
rendements décroissants, donc à terme à une production stationnaire.
Solow explique l’existence de la croissance par un facteur de production résiduel et exogène (comme
« tombé du ciel »), qui est le progrès technique.
Le problème de la productivité de chacun des facteurs de production n’est pas réellement traité par
Solow mais par les théoriciens suivants qui vont améliorer son modèle en ajoutant au travail et au
capital le progrès technique comme facteur de croissance.
Ce rôle déterminant du progrès technique a été mis en évidence par des études quantitatives
menées après la Seconde Guerre mondiale. Selon les sources de la croissance française, 1951-1973
(en %), la croissance du PIB a été de 5,4% en moyenne par an : La main-d’œuvre (0,75%), outil de
production (1,6%), reste inexpliqué (3,1%). La croissance ne peut pas s’expliquer seulement par des
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éléments quantitatifs (croissance de la population active, hausse du taux d’emploi dans la population
totale, nombre d’heures travaillées par salarié, investissements dans les usines, les machines….).
Les 2/3 de la croissance des Trente Glorieuses proviennent des facteurs qualitatifs inexpliqués : le
résidu de Solow. Pour des raisons statistiques, le progrès technique est difficile à mesurer
directement. Aussi utilise-t-on souvent la méthode de résidu : on retire de la croissance de la
production les contributions du travail et du capital ; reste un résidu, qui est une mesure approchée
du progrès technique au sens large.
Le progrès technique peut être mesuré par la productivité globale des facteurs (PGF). Celle-ci est le
rapport entre la production et la quantité de facteurs nécessaires pour la réaliser. L’accroissement de
la productivité globale provient d’une augmentation de la production réalisée par le facteur travail
ou le facteur capital à volume égal, ou d’une diminution du facteur travail ou du facteur capital pour
une même production. Ce gain de productivité est obtenu soit par une meilleure utilisation de la
combinaison productive, soit par un changement du prix réel des facteurs. C’est le progrès technique
qui provoque cette évolution.
La productivité établit une liaison entre une production et le facteur travail nécessaire pour
l’obtenir ; elle se mesure par le rapport suivant : production/emploi du facteur travail. Quand la
productivité est calculée en retenant des quantités produites et consommées, on parle de
productivité physique du travail ou de rendement (nombre de tonnes de produit/heure). Le facteur
travail est déterminé par le nombre d’actifs occupés ou le nombre d’heures travaillées. La
productivité apparente du travail, valeur ajoutée brute/volume ou nombre d’heures travaillées. Le
qualificatif “apparent“ indique que si le travail est plus efficace, c’est pour des raisons qui ne
tiennent pas forcement au seul facteur travail (intervention du facteur capital). Les variations de la
production proviennent de modification dans l’organisation du travail, d’une amélioration de la
qualification, de l’effet d’apprentissage, du management.
Le capital pris en considération ici est le capital fixe : ensemble de biens d’équipement (robots,
ordinateurs…) et des bâtiments utilisés dans le processus de production. La valorisation du facteur
capital est établie au coût historique à partir des données du bilan d’entreprises. L a productivité du
capital se mesure par le rapport valeur ajoutée/capital fixe productif (capital fixe moins les
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bâtiments). Là aussi, il s’agit d’une valeur apparente car, si les machines produisent de la valeur
ajoutée, c’est grâce au savoir-faire des hommes qui les fait fonctionner.
Les gains de productivité détruisent-ils les emplois ? A court terme, les gains de productivité peuvent
correspondre à des destructions d’emploi mais à long terme, ils vont se traduire par une distribution
de revenus qui alimente le processus de croissance économique. En 30 ans, le nombre d’emplois a
augmenté de plus de 2 millions en France. Le progrès technique ne supprime donc pas d’emplois,
bien au contraire.
Keynes étudie principalement l’équilibre de sous-emploi à court terme. I l faut attendre la fin des
années 1940 pour que les hypothèses de Keynes soient reprises dans un cadre dynamique afin
d’étudier la croissance grâce au travail de deux économistes keynésiens : Harrod et Domar.
Les keynésiens remettent en cause le modèle néoclassique d’une croissance équilibrée sur le long
terme. Pour Harrod et Domar, une croissance équilibrée qui assure le plein-emploi est assez peu
probable, car rien ne permet d’assurer la comptabilité entre les plans des ménages et les plans des
entrepreneurs sur le long terme. Il faut que la demande supplémentaire engendrée par un
investissement soit un débouché suffisant pour l’offre. Dès lors, la croissance économique pour ces
auteurs est très instable. Ils parlent de croissance sur le « fil du rasoir ».
Cette approche keynésienne de la croissance justifie donc l’intervention de l’Etat, indispensable pour
maintenir l’économie au voisinage d’un sentier de croissance de plein-emploi.
1 – Le modèle
Dans les années 1980, la théorie de la croissance endogène est venue bouleverser le modèle de
Solow (la croissance ne peut être maintenue à long terme que si des facteurs externes au travail ou
au capital, sont apportés à l’économie).
Les modèles de croissance endogène expliquent la croissance par des variables internes au modèle,
et non par une variable exogène “ inexpliquée“ comme le progrès technique autonome. Dans ces
modèles, la croissance peut se poursuivre indéfiniment soit en raison de l’existence de rendements
croissants, soit grâce à des externalités positives.
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Les facteurs de croissance mis en avant pour ces modèles, comme la technologie ou le capital
humain, ne perdent pas leur efficacité au cours du temps. Ils peuvent donc être accumulés, et ces
facteurs gagnent en efficacité car ils ont des rendements croissants : il est plus facile d’acquérir de
nouvelles connaissances si l’on possède déjà un stock élevé de connaissance.
Elles apparaissent dans la croissance quand les investissements d’un agent bénéficient à d’autres
agents sans que cet effet donne lieu à une relation marchande. Ainsi, les investissements publics
dans la recherche, la formation, les infrastructures ou la santé ont des externalités positives, car ils
améliorent le capital humain et les connaissances utilisées par les autres entreprises.
Si la politique conjoncturelle est inefficace à court terme, car elle se heurte aux anticipations
rationnelles des agents, en revanche les politiques structurelles d’investissement dans la formation,
la santé, la recherche ou encore l’infrastructure favorisent réellement la croissance.
a. L’origine de l’innovation
Les idées de Schumpeter concernant la croissance viennent du caractère central qu’il donne à
l’innovation. Elle détermine le niveau de croissance à long terme. L’entrepreneur innovateur prend le
risque afin d’obtenir une rente de l’innovation en mettant la concurrence à distance. Le monopole
temporaire d’innovation permet d’amortir les coûts fixes d’innovation, de se différencier sur le
marché et de pratiquer des prix plus élevés.
L’innovation est l’application industrielle et commerciale d’une invention. Le processus se situe donc
en aval de l’invention.
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Nous pouvons constater que les innovations ne sont donc pas uniquement technologiques, qu’elles
concernent aussi bien les produits que les procédés et que la dimension organisationnelle et
commerciale est présente.
Elles vont être portées par les capitalistes et les entrepreneurs qui introduisent une rupture dans le
circuit économique. L’entrepreneur innovateur est l’agent économique qui amène le déséquilibre,
car il cherche le profit et supporte le risque. L’innovation va lui permettre d’accéder à une position de
monopole temporaire d’innovation où il retrouve la liberté du monopoleur dans sa capacité à
rationner la demande en pratiquant des prix élevés afin de dégager des profits élevés. Sur le plan
macroéconomique, l’entrepreneur innovateur est à l’origine de la dynamique économique, des
cycles longs de croissance économique et donc des progrès aussi bien quantitatifs (avec
l’augmentation du niveau de production) que qualitatifs.
L’innovation est endogène, elle est le fruit d’un processus social où les entrepreneurs agissent selon
leur environnement naturel, concurrentiel, réglementaire, fiscal. Elle engendre une « destruction
créatrice » en rendant obsolètes les innovations précédentes. Les rentes liées à l’innovation finissent
par se dissiper (l’innovateur est imité et est dépassé par quelqu’un qui fait mieux).
Aghion avec Howitt (1987) proposent un modèle qui évalue l’influence du niveau de concurrence sur
l’innovation et la croissance économique.
- Dans le cas d’un marché dominé par une entreprise leader d’innovation ou d’une économie
nationale engagée dans un rattrapage économique, plus de concurrence n’entraîne pas plus
d’innovation.
- Dans le cas d’un marché sans leader d’innovation ou d’un pays proche de la frontière
technologique (qui ne peut espérer avoir plus de croissance uniquement avec plus de
facteurs de production), plus de concurrence stimule l’innovation et motive les entreprises à
se différencier par l’innovation pour échapper à la concurrence en prix.
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A – QUELQUES CONCEPTS
1 – Le libre-échange
2 – L’internationalisation
Les échanges de biens et services, et surtout les échanges de marchandises, se sont développés
progressivement après la Seconde Guerre mondiale. L’influence des théories sur le libre-échange et
la suppression des barrières douanières ont permis l’ouverture croissante des économies.
3 – La mondialisation
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Entre 1970 et 2007, les exportations mondiales ont progressé deux fois plus vite que la production,
les IDE (entrées d’investissement direct étranger) environ cinq fois et les flux internationaux de
capitaux douze fois plus vite.
Les trois principales nations commerçantes, les Etats-Unis, l’Allemagne et la Chine, contribuent pour
28 % au commerce mondial des marchandises (données OMC). L’Asie contribue pour près de 30 %
au commerce mondial des marchandises. Les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et le
Japon contribuent pour un tiers au commerce mondial des services commerciaux. L’Europe
contribue pour 45 % au commerce total des services commerciaux.
Le paysage du commerce international a donc été largement façonné par la croissance des
exportations de biens et services dans la production ainsi que l’intensification des échanges entre et
à l’intérieur des grands pôles régionaux historiques de la Triade (Amérique, Europe, Asie).
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Les accords de préférence non réciproques : octroi unilatéral d’avantages pour des exportateurs
sans exigence de réciprocité.
La zone des libre-échanges : suppression des droits de douane et des restrictions quantitatives aux
échanges entre les pays membres, mais maintien d’un tarif douanier propre à chaque pays vis-à-vis
des pays non membres.
L’union douanière : zone de libre-échange et mise en place d’un tarif extérieur commun.
Le marché commun : union douanière et libre circulation des hommes et des capitaux.
L’union économique et monétaire : union économique et mise en place d’une monnaie commune.
Capables de mettre en œuvre une politique commerciale, les zones économiques régionales
pourraient être un facteur potentiel de protectionnisme. Tout dépend de la capacité de l’OMC à
organiser des négociations commerciales multilatérales. Suivant le principe de la clause, ou
traitement, de la nation la plus favorisée (NPF) qui est considéré comme un pilier du multilatéralisme
(principe de la non-discrimination), ces zones économiques régionales pourraient apparaître comme
des entraves au libre-échange. Finalement, l’OMC doit affronter les deux écueils que sont le retour à
des positions protectionnistes par les Etats et la mise en place de stratégies commerciales
bilatérales à partir d’accords régionaux.
2 – Régionalisation et mondialisation
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En 1972, la Grande-Bretagne, le Danemark et l’Irlande (Europe des neufs) ; en 1981, la Grèce (Europe
des dix) ; en 1985, l’Espagne et le Portugal (Europe des douze) ; en 1994, l’Autriche, la Finlande et la
Suède (Europe des quinze) ; en 2004 huit pays de l’ex bloc socialiste européen et deux petits
méditerranéens (Pologne, République Tchèque, Slovaquie, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie,
Slovenie, Malte et Chypre) rejoignent l’Union européenne (Europe des vingt-cinq) ; et enfin le 1er
Janvier 2007 la Bulgarie et la Roumanie, elles aussi anciennement économie socialiste (Europe des
vingt-sept).
Libre circulation des biens et services, 1er Janvier 1993 : il s’est agi de passer d’un marché commun à
un marché unique. On est allé pour cela bien au-delà de la suppression des droits de douane, en
supprimant les frontières commerciales.
Libre circulation des personnes : treize Etats membres sur quinze (tous, sauf le Royaume-Uni et
l’Irlande) ont adopté les accords de Schengen entrés en vigueur en Mars 1995. Ces accords rendent
possibles la libre circulation des citoyens de la zone et harmonisent les contrôles des personnes en
provenance des autres pays.
Il paraitrait illogique d’avoir un espace commercial et financier unique dans lequel seraient utilisées
plusieurs monnaies. Le 1er Janvier 1999, on assiste à la mise en place de la BCE et l’adoption de l’euro
comme monnaie officielle. Il faudra attendre le 1er Janvier 2002 pour que les pièces et billets en euro
soient mis en circulation.
L’ALENA ou NAFTA (North American Free Trade Agreement), accord de libre-échange entre les Etats-
Unis, le Canada et le Mexique. Un nouveau traité de libre-échange nord-américain, l’USMCA (United
States-Mexico-Canada Agreement), a été officiellement signé le 30 novembre 2018 par les Etats-
Unis, le Canada et le Mexique.
L’ASEAN, zone de libre-échange entre 10 pays du Sud-Est Asiatique : Birmanie, Brunei, Cambodge,
Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam.
L’Asean peine à devenir une zone vraiment homogène, car les pays qui la composent affichent
souvent des divergences politiques et culturelles et sont plus tournés vers le commerce extrazone
que le commerce intrazone.
Les quatre zones (Union européenne, Alena, Asean, Mercosur) représentent 70% du commerce
mondial. Si le régionalisme est a priori favorable aux consommateurs (prix plus bas du fait de la
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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2022 – 2023
disparition des droits de douane entre les pays de la zone), ses conséquences sont difficiles à
appréhender par rapport au phénomène de la mondialisation : entraîne-t-il un repli des pays de la
zone sur eux-mêmes ou favorise-t-il, comme le pensent de nombreux économistes, leur insertion
ultérieure dans les circuits mondiaux ?
A – LA FIRME MULTINATIONALE
L’ouverture du monde à la libre circulation des capitaux permet la croissance des IDE sous forme de
création, de prises de participation (inférieure à 10%) ou d’achat d’entreprises. C’est ainsi qu’un siège
social appelé “ maison-mère“ prend le contrôle de filiales (par participation supérieure à 50%) à
l’étranger.
1 - Définitions
Une définition simple des firmes multinationales est donnée par Jean-Louis Muchielli : “une
multinationale est une entreprise possédant au moins une unité de production à l’étranger“. Une
firme a une stratégie globale dans la mesure où elle veut développer et établir durablement ses
activités sur un nombre étendu de marchés. Dans la perspective d’une stratégie mondiale ou globale,
les entreprises essaient de plus en plus de proposer sur un marché une offre globale de produits
identiques pour tous les pays au niveau mondial. Coca-cola est un exemple type.
Une multinationale désigne l’entreprise qui détermine sa localisation, ses approvisionnements, son
financement, ses circuits de commercialisation, ses recrutements et ses débouchés à l’échelle
mondiale en comparant les coûts et les avantages que lui procure chacune des solutions
envisageables. Le nombre de firmes multinationales atteindrait environ 70 000 entreprises avec
690 000 filiales
A la fin du XXe, selon Porter, est apparue une multinationale fortement coordonnée et hiérarchisée
(firme globale). La firme globale est très centralisée : dans ces firmes, les filiales sont très
dépendantes de la maison mère qui définit la stratégie mondiale ou globale en matière de recherche
et développement, de production et de marketing. Dans la firme globale, la DIPP a été très
développée.
Décomposition internationale des processus de production (DIPP) : la DIPP correspond au fait que
les firmes opèrent une externalisation de certains segments de la chaîne de valeur, ce qui peut
donner lieu à une exportation préalable de certains composants, à des investissements directs
étrangers ou à de la sous-traitance internationale. Les firmes multinationales sont des acteurs
importants de la DIPP et sont à l’origine d’une croissance du commerce intra-firme.
La firme multinationale peut être une firme multidomestique (dont le marché est national et le
produit spécifique c'est-à-dire en fonction du marché domestique) ou une firme globale (dont le
marché est mondial et le produit global). Toutefois, cette approche en termes de firme globale est
critiquée par de nombreux auteurs, qui considèrent que les produits mondiaux n’existent pas.
Concrètement, les firmes multinationales ont envisagé une stratégie alternative à ces deux types
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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2022 – 2023
B – L’EXPLICATION DE LA MULTINATIONALISATION
1 – Explication microéconomique
Il est donc possible de partir du paradigme “ OLI“ développé par Dunning pour expliquer la
multinationalisation de l’entreprise.
L’avantage spécifique de la firme (Ownership advantages) résulte d’un atout initial, par exemple la
détention d’une marque, la maîtrise d’un savoir-faire…. Cet avantage doit permettre de s’imposer sur
le marché local dans la mesure où il est transférable.
L’avantage de la localisation à l’étranger (Location advantages) repose sur différents éléments liés à
l’approvisionnement, la recherche de débouchés assurés en se rapprochant d’un marché à forte
demande (sans risques de protectionnisme) ou la nécessité d’utiliser des facteurs de production
(main- d’œuvre moins chère qualifiée, concentration de capitaux matériels et surtout immatériels…).
2 – Explication macroéconomique
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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2022 – 2023
Il est possible d’aborder le commerce international sous deux angles : à partir du marché ou à partir
de la nation. En partant du marché, il est possible de développer deux conceptions, celle d’un
marché parfaitement concurrentiel ou, au contraire, celle d’une concurrence imparfaite. Du point de
vue national, l’essor du commerce international peut nécessiter une volonté de maîtrise des flux
commerciaux grâce à des mesures protectionnistes ou permettre d’envisager une optimisation de sa
spécialisation internationale à partir d’une stratégie commerciale adéquate. Ce sont ces différents
points de vue sur le commerce international qui vont servir de fondements aux grandes théories
économiques sur les échanges internationaux.
Chaque pays a intérêt à se spécialiser dans les productions pour lesquelles, il possède un avantage
absolu en termes de coût de production par rapport aux autres nations. A l’inverse, il s’approvisionne
à l’extérieur à moindre coût pour les productions dans lesquelles il ne détient aucun avantage absolu.
La généralisation de ce principe conduit à la Division Internationale du Travail (DIT).
Les nations sans avantages absolus doivent se spécialiser dans les productions dans lesquelles elles
connaissent le moindre désavantage en termes de coûts, c'est-à-dire que ce ne sont pas les
comparaisons de coûts absolus, mais celles de coûts relatifs qui doivent déterminer ce qu’il faut
importer et exporter.
L’idée globale de tous ces auteurs est que l’échange international va bénéficier à tous les pays y
participant et aboutir à une spécialisation internationale.
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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2022 – 2023
Le théorème HOS ou la loi des dotations en facteur de production explique qu’un pays exporte les
produits dont la fabrication nécessite une grande quantité du facteur qu’il possède en abondance.
Ainsi, les pays en développement exporteraient des produits incorporant beaucoup de main-
d’œuvre, alors que les pays développés exporteraient des biens nécessitant un capital important
pour leur fabrication. La théorie des dotations en facteur de production conduit à une division
internationale du travail en termes de complémentarité conforme à la théorie des avantages relatifs
(comparatifs) de D. Ricardo.
La critique de Leontieff
Léontieff Wassily a cherché une vérification empirique du modèle HOS à partir des échanges
commerciaux des Etats – Unis. Partant de l’hypothèse que les USA disposent d’une abondance de
facteur capital et d’une relative rareté de facteur travail, les exportations américaines devraient être
relativement plus intensives en facteur capital qu’en facteur travail. Or Léontieff montre que les
exportations des Etats – Unis utilisent davantage de facteur travail que le facteur capital, ce qui
semble contradictoire avec les apports de Hecksher, Ohlin et Samuelson (le paradoxe de Léontieff)
Les théories traditionnelles (bâties sous une hypothèse de concurrence parfaite) ne permettent pas
d’expliquer les caractéristiques des échanges internationaux contemporains. Les nouvelles théories
de l’échange international raisonnent en termes de structure de marché et non plus au niveau
macroéconomique. Le cadre de la concurrence pure et parfaite est délaissé au profit de celui de la
concurrence imparfaite, en introduisant notamment les hypothèses de rendements d’échelle
croissants et de différenciation des produits.
Alfred Marshall a mis en évidence le fait que les rendements pouvaient être croissants en particulier
si l’on étend son marché au-delà des frontières grâce aux économies d’échelle car alors on répartit
les coûts de production sur une plus grande quantité produite.
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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2022 – 2023
Pour Chamberlin et Hotelling la concurrence internationale permise par le libre échange peut
reposer sur la différenciation des produits, une différenciation qui peut être verticale si elle se fait
sur la qualité du produit (Chamberlin) ou horizontale si elle se fait sur la spécificité du produit
(Hotelling). Ces deux différenciations stimulent la croissance.
1 – Le protectionnisme
Le protectionnisme est une doctrine économique qui a pour but de limiter l’accès aux marchés
nationaux pour les entreprises étrangères. C’est le fait, pour une nation, d’ériger des barrières
douanières afin de protéger son marché, et donc les producteurs nationaux.
Adam Smith avait dès le départ, apporté un certain nombre de restrictions au principe du libre-
échange. Il considérait que, l’on pouvait envisager un protectionnisme d’exception essentiellement
pour protéger les activités en développement et l’emploi. Friedrich List, économiste allemand,
considérait également que le protectionnisme peut être envisagé ou même souhaitable s’il permet
temporairement d’aider au développement d’une industrie nationale qui nécessite d’être protégée
de la concurrence internationale. Les industries naissantes sont fragiles face à la concurrence
internationale car elles ne bénéficient pas encore d’effets de taille, essentiellement d’économie
d’échelle et d’effets d’expérience. Friedrich parle de protectionnisme éducateur pour l’industrie
naissante. Selon lui, un pays dont l’industrie est encore dans l’enfance, doit pouvoir protéger ses
activités nationales de la concurrence étrangère jusqu’à ce qu’elles aient acquis suffisamment
d’expérience pour se battre à arme égale.
Le concept d’échange inégal découle d’une analyse d’inspiration marxiste des rapports entre les
différents pays participant à l’échange. Il revient à considérer que certains s’enrichissent grâce au
commerce international au détriment d’autres.
Inspirés de la théorie marxiste, les auteurs comme Arghiri Emmanuel et Samir Amin ont montré que
le libre-échange conduisait à une exploitation internationale des pays en voie de développement par
les pays développés. Selon eux, la spécialisation s’oppère bien souvent par l’intermédiaire
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d’entreprises multinationales qui s’implantent dans les pays du tiers-monde. Celles-ci obtiennent sur
place des gains de productivité qu’elles consacrent en grande partie à la baisse des prix des produits
qu’elles exportent vers leur pays d’origine. A l’inverse, les gains de productivité réalisés dans les pays
d’origine sont en général répartis sous forme de hausses de salaires et de profits au détriment des
baisses de prix à l’exportation vers les pays du tiers monde. Il s’agit selon Arghiri Emmanuel, d’un
échange inégal de facteur travail.
La remise en cause récente du libre-échange trouve sa source dans un article de 1983 de James
Brander et Barbara Spencer qui, en remettant en cause l’hypothèse de la concurrence parfaite de la
théorie standard, vont insister sur l’importance d’une politique économique stratégique menée par
les Etats. Sur un marché mondial, la concurrence est naturellement imparfaite et donc les Etats
doivent protéger les entreprises nationales face au risque de prédation des firmes étrangères. Par
exemple, en situation de duopole comme c’est le cas de Boeing et Airbus dans la mesure où les Etats-
Unis préfèrent que la firme américaine domine le marché, l’Union européenne doit soutenir Airbus.
Dans les deux cas, l’intervention des Etats doit permettre de modifier les conditions de concurrence
en faveur de la firme nationale. L’intervention de l’Etat se fait toujours au détriment de la firme
étrangère. De fait l’amélioration de la situation de la firme nationale entraîne une détérioration de la
situation de la firme étrangère.
De même, selon Paul R. Krugman, le nouvel avantage d’une économie, pour le commerce
international, doit être un avantage compétitif. Cet avantage compétitif peut être obtenu grâce à une
politique industrielle qui permet d’obtenir des avantages technologiques. D’une manière générale, la
politique économique doit permettre d’améliorer la compétitivité d’une nation dans une économie
mondialisée.
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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2022 – 2023
Le GATT (General Agreement on Tarifs and Trade) ou (Accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce) avait pour objectif la libéralisation du commerce mondial en assurant une réduction des
barrières à l’échange, tant tarifaires (droits de douane) que non tarifaires (quotas). Il résulte d’un
accord signé en 1947 par 23 pays qui réalisaient 80% du commerce mondial, et a pris effet en Janvier
1948. A sa disparition en 1995, environ 130 nations adhéraient au GATT, représentant 90% du
commerce mondial.
Barrières tarifaires : il s’agit d’une protection contre les importations sous forme de droits de
douane, c'est-à-dire, des taxes qui viennent frapper les produits importés et en augmentent donc le
prix.
Barrières non tarifaires : il s’agit des autres méthodes permettant de limiter l’entrée des produits
étrangers tels que les quotas, les normes et autres mesures administratives.
Le libre-échange a permis depuis la fin de la seconde guerre mondiale une très forte croissance des
échanges internationaux qui s’est accompagnée d’une croissance importante dans la plupart des
pays, notamment pendant la période forte des trente glorieuses. Et pourtant, le libre-échange fait
souvent l’objet de critiques notamment de la part de pays en développement qui considèrent que les
politiques de libéralisation des échanges n’ont pas eu d’impact sur leurs économies.
a. Objectifs
b. Principes
Un des principes fondateurs du GATT était la non-discrimination des relations commerciales entre
pays membres. Il a inspiré l’instauration de la clause dite de la notion la plus favorisée (NPF). Quand
un pays accordait un avantage à un partenaire, il devait alors étendre cette concession à l’ensemble
des autres Etats membres.
Au-delà, les concessions devaient être négociées selon un principe de réciprocité : le pays qui
acceptait une concession d’un partenaire, par exemple sur les tarifs douaniers, devait en retour lui
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accorder la même concession. L’application systématique de ces deux principes devait conduire au
« multilatéralisme ».
Le multilatéralisme est le fait que tous les participants à l’échange bénéficient des mêmes avantages
réciproques. Il s’oppose au bilatéralisme qui est une entente entre deux participants seulement ou à
l’unilatéralisme qui consiste pour un pays à imposer ses conditions aux autres.
Le multilatéralisme est le fait que tous les participants à l’échange, bénéficient des mêmes avantages
réciproques. Il s’oppose au bilatéralisme qui est une entente entre deux participants seulement ou à
l’unilatéralisme qui consiste pour un pays d’imposer ses conditions aux autres.
Les pratiques restrictives sont encore nombreuses : normes techniques et sanitaires, priorités aux
offreurs nationaux, maintien des monopoles publics, discrimination dans l’accès au réseau de
distribution,….
On qualifie de néoprotectionnisme, ces cas pratiques qui consistent à protéger un marché national
par des pratiques autres que les traditionnels droits de douane et quotas. L’élargissement des
préoccupations du GATT à l’agriculture et aux services n’a pas donné de résultat probant.
Depuis le 1er Janvier 1995, l’OMC complète l’édifice institutionnel mis en place à la fin de la 2 ème
guerre mondiale. Elle a été créée par 135 pays représentant 95% du commerce mondial. L’OMC
compte aujourd’hui, 164 membres.
1 – Fonctionnement de l’OMC
Objectifs
Favoriser la liberté des échanges pour renforcer la croissance mondiale puis résoudre les conflits
commerciaux à travers ses organes de règlement des différends (ORD).
Accords
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L’OMC introduit une profonde nouveauté par rapport au GATT qui n’était pas habilité à prendre des
sanctions contraignantes à l’égard des pays qui ne respectaient pas le libre-échange. Elle prévoit à
cet effet, un système de règlement des différends qui fixe une procédure d’introduction des plaintes
et prévoit l’application effective des condamnations. Pour s’assurer une application effective des
sanctions, il est prévu une procédure de suivi des décisions.
Des avancées ont pu être réalisées depuis 1995, essentiellement dans différents domaines des
services tels que les services financiers largement libéralisés en 1995 et 1997 et les
télécommunications pour lesquelles des accords substantiels sur la fin des monopoles publics sont
intervenus en 1997.
- L’agriculture : constitue un des points les plus sensibles, notamment entre l’Europe et les
USA, le sujet central est la diminution des subventions notamment européennes. Mais l’UE
invoque la notion de multifonctionnalité de l’agriculture qui constitue, certes, une activité de
production, mais qui sert à fixer des emplois dans les campagnes, à entretenir les paysages, à
promouvoir les produits du terroir.
- A Doha (Quatar) Novembre 2001 : un nombre accru de PED a participé aux négociations. La
prise en compte des pays du Sud et des groupes de pression, est une des caractéristiques de
ce cycle de négociation. Les PED représentent aujourd’hui, 1/3 du commerce mondial. Il
existe des différends avec les PD au sujet de la propriété intellectuelle et notamment de la
pratique de la contrefaçon. En outre, les PD voudraient que les pays en développement
adoptent des règles minimales de droit du travail et de droit social. Ces derniers considèrent
qu’on les empêche ainsi de tirer profit de leurs avantages comparatifs sur la main d’œuvre.
Dans la balance des paiements, deux soldes vont être distingués : le solde commercial (balance
commerciale = Exportations - Importations) et le solde du compte des transactions courantes
(balance des transactions courantes).
Pour une économie ouverte, le taux de couverture (des importations par les exportations) rapporte
les exportations aux importations ; il donne la même indication que le solde commercial.
Le commerce extérieur au sens strict, c’est-à-dire au sens comptable du terme, ne prend en compte
que les échanges de marchandises, c’est-à-dire de matières, de produits intermédiaires et finis, qu’ils
soient industriels ou agricoles. Ces échanges sont comptabilisés dans un document, la balance
commerciale.
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Les échanges de services, qui prennent une part de plus en plus importante aujourd’hui, sont
comptabilisés hors balance commerciale, dans un document comptable plus global, le compte des
transactions courantes de la balance des paiements.
Plus le taux d’ouverture est élevé, plus une partie substantielle de l’activité fait l’objet d’échanges
avec l’étranger. Plus le taux d’exportation est élevé, plus les entreprises résidantes dans l’économie
nationale sont compétitives.
C’est un document comptable qui présente l’ensemble des flux réels, monétaires et financiers
réalisés entre un pays et le reste du monde pendant une période (l’année). On distingue trois grands
types d’opérations : les opérations réelles sur biens et services, les opérations financières et les
opérations monétaires.
La balance des paiements donne une vision globale des relations entre un pays ou une zone et son
environnement, ce qui permet d’évaluer les risques externes d’une politique économique ; elle a
donc beaucoup d’importance pour la prévention des crises financières et des crises de change.
Il faut distinguer deux agents économiques distincts : les résidents, dont le centre d’activité
économique est situé sur le territoire national (les résidents incluent les nationaux qui ont une
activité régulière dans le pays + les filiales et succursales des firmes étrangères + les membres des
ambassades, consulats et missions militaires envoyées à l’étranger) et les non-résidents, dont le
centre d’activité économique est situé en dehors du territoire.
A – LA NOTION DE COMPETITIVITE
1 – La notion de compétitivité
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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2022 – 2023
La compétitivité peut être mesurée par différents facteurs, l’excédent de la balance commerciale, le
taux d’exportation et plus généralement par l’attractivité du territoire.
L’attractivité peut être définie comme la capacité d’attirer des activités nouvelles et des facteurs de
production mobiles (capitaux, travailleurs qualifiés) sur le territoire afin d’améliorer la compétitivité
et d’augmenter le niveau de vie des habitants du pays. L’attractivité du territoire est mesurée par le
taux détention du capital des entreprises résidentes par les non-résidents.
TABLEAU (COURS)
La compétitivité hors prix : en misant sur l’innovation, on attend une meilleure qualité, un meilleur
design, des fonctionnalités nouvelles afin de se différencier de la concurrence en développent un
avantage concurrentiel par l’innovation. La compétitivité-prix dépend en premier lieu des coûts de
production. Le coût des matières premières pour une activité industrielle ou les coûts salariaux sont
les deux principaux postes qui déterminent le prix de vente final pour le consommateur. Le prix
dépend aussi de la politique de marge pratiquée par l’entreprise. Elle choisit des marges faibles si
l’intensité de la concurrence est forte et/ou que son produit est faiblement différencié de la
concurrence. Elle fixe des marges élevées si l’intensité de la concurrence est faible et/ou si son
produit est fortement différencié, c’est-à-dire demandé pour lui-même. Enfin, la compétitivité-prix
dépend du rapport entre la monnaie nationale et les devises, donc du taux de change. En effet, à
l’exportation, une monnaie faible permet d’abaisser le prix des produits nationaux en devises
étrangères. A l’importation, une monnaie forte protège les produits nationaux en renchérissant le
prix des produits étrangers.
L’attractivité peut être définie comme la capacité d’attirer des activités nouvelles et des facteurs
de production mobiles (capitaux, travailleurs qualifiés) sur le territoire afin d’améliorer la
compétitivité et d’augmenter le niveau de vie des habitants du pays. L’attractivité du territoire est
mesurée par le taux de détention du capital des entreprises résidentes par les non-résidents.
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Sur la base de quels critères les FMN localisent-elles leurs filiales ? D’après une enquête du cabinet
Ernst & Young de 2007 sur les choix de localisation de 809 entreprises multinationales, les principaux
facteurs d’attractivité d’une région sont la qualité de ses infrastructures de transport et de
communication, ses coûts salariaux et sa fiscalité, son niveau de développement technologique et
sa stabilité juridique et politique. Les critères de l’économie géographique de taille du marché
intérieur, de qualification de la main d’œuvre et des externalités technologiques sont plus bas dans le
classement.
La France demeure une nation attractive pour les entreprises étrangères de par la taille de son
marché et une position relativement centrale sur le marché européen.
Elle permet d’augmenter la compétitivité de l’économie en relançant les exportations pour soutenir
la croissance grâce à une baisse des taux de change qui entraîne un effet de volume. Cette politique
a été mise en œuvre en France quand le plein-emploi était l’objectif principal de la politique
économique. Le bilan d’une dévaluation compétitive sur l’économie fait ressortir de nombreux effets
négatifs sur l’économie. La dépréciation du pouvoir d’achat extérieur (liée à la baisse du taux de
change) affaiblit la position extérieure du pays. Enfin, l’économie peut aussi développer une
mauvaise spécialisation internationale et ne pas mettre en œuvre des innovations nécessaires pour
obtenir une compétitivité hors-prix.
Une stratégie alternative, la politique de désinflation compétitive a été mise en œuvre à partir de
1983. L’objectif était d’obtenir un taux d’inflation durablement plus faible que celui des pays
partenaires commerciaux. Le moyen utilisé est le renforcement de la parité de la monnaie. Les
entreprises doivent procéder à des ajustements pour maîtriser leurs coûts de production.
Globalement, la politique de désinflation compétitive doit permettre d’augmenter le pouvoir d’achat
du pays en renforçant la compétitivité des entreprises et ce, par rapport au reste du monde. Grâce à
cette politique, la France a pu réaliser des performances à l’exportation en devenant aussi robuste.
Mais le niveau d’emploi s’est réduit et la hausse du chômage a aussi limité les perspectives de
croissance.
Industrie et innovation vont être au cœur des réflexions stratégiques sur l’avenir de l’économie
française. La politique de pôles de compétitivité mise sur les synergies de compétitivité (= sur un
territoire donné entre entreprises, laboratoires de recherche, organismes de formation, Etat et
collectivités territoriales stimulées par des financements public-privé). La proximité géographique,
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l’appartenance à un même secteur d’activité et le croisement des compétences détenues par les
différents partenaires sont donc les vecteurs de développement de l’innovation.
Les résultats de ces pôles sont à appréhender à travers la création de start-up ou les dépôts de
brevets qui précèdent et de loin la mise sur le marché de nouveaux produits et leur impact potentiel
sur le commerce extérieur.
A quelles conditions la croissance est – elle soutenable d’un point de vue environnemental ?
Au regard de cette question nous nous intéresserons dans un premier temps aux instruments de
politique environnementale et dans un second temps nous étudierons les conditions d’une
croissance soutenable
L’Etat régulateur peut mettre en place des dispositifs pour répondre aux défaillances de marché de
manière à limiter les effets négatifs de l’activité humaine sur l’environnement. On distingue trois
grandes catégories d’instruments permettant d’agir : la réglementation, la fiscalité et la mise en
place de « marché de droits à polluer ».
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1 – La réglementation
La réglementation est probablement la mesure la plus évidente. La puissance publique met en place
des réglementations permettant d’interdire certaines pratiques, des normes ou des quotas afin
d’encadrer l’activité productive et limiter des effets nocifs. Certaines mesures ont été très efficaces.
En 1987, le traité de Montréal a interdit l’usage des chlorofluocarbones (CFC) responsables du trou
dans la couche d’ozone. Ceci a permis la suppression à 95 % des CFC au niveau mondial et la
reconstitution progressive de la couche d’ozone.
La réglementation n’est pas toujours la plus efficace. Elle implique un contrôle et des sanctions en
cas de non-respect. De plus, elle a un coût économique et des effets redistributifs. Enfin, la
réglementation n’est pas nécessairement efficace économiquement. La fixation de la norme doit à la
fois permettre d’exercer une contrainte, sans bloquer l’activité économique de certains agents. De
plus, la réglementation peut donner lieu à une pollution de substitution ou à une délocalisation de la
pollution. Les entreprises préféreront produire dans les pays ayant moins de contraintes
réglementaires ou avec des technologies polluantes mais qui ne sont pas concernées par la
réglementation actuelle.
2 – La fiscalité environnementale
Le principe de la fiscalité environnementale a été formulé par C. Pigou en 1920. La taxe pollueur-
payeur (ou taxe pigouvienne) permet de faire supporter au pollueur le coût externe de sa pollution.
L’écotaxe permet d’internaliser les externalités. Si la taxe est bien calibrée, elle joue un rôle incitatif
dans le cadre des choix décentralisés des agents économiques.
Si la fiscalité est relativement facile à mettre en œuvre, se pose la question du niveau de la taxe.
Celle-ci doit être suffisante pour être incitative…tout en prenant en compte son acceptabilité
économique et sociale.
Comme pour la réglementation, le risque de pollution de substitution ou de dumping
environnemental n’est pas à négliger.
1 – La durabilité faible
On parle de durabilité faible lorsque la croissance peut se poursuivre malgré l’épuisement des
ressources. L’innovation permet de trouver des substituts aux ressources non renouvelables ou à
l’épuisement des ressources renouvelables. Par exemple l’aquaculture permet de maintenir l’offre de
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poissons malgré la baisse de la ressource naturelle. L’énergie nucléaire offre une alternative à la fin
du pétrole.
2 – La durabilité forte
Il faut prendre en compte le rythme de régénération des ressources renouvelables, les capacités
d’absorption ou de traitement des pollutions, et trouver des substituts renouvelables avant
épuisement des ressources non renouvelables. Dans cette approche, la durabilité est forte si le stock
de capital naturel ne diminue pas. L’innovation est alors une solution complémentaire et non
substituable à la nature.
CONLUSION
La croissance économique telle que nous l’avons connue au XXème siècle semble bien rencontrer
une limite environnementale forte. Le modèle de production de masse/consommation de masse
fondée principalement sur les énergies fossiles et sur une surexploitation des ressources
renouvelables ne satisfait pas aux conditions d’une croissance durable. Si l’humanité ne change pas
suffisamment rapidement de modèle économique et productif, des freins répressifs vont forcer la
croissance économique à ralentir. Les effets économiques, sociaux et démographiques de la
contrainte environnementale pèseront d’autant plus fort sur les populations les plus fragilisées. Il
faut intégrer nécessairement les dimensions sociales et environnementales à la mesure de la
performance économique. Certains prônent plutôt la nécessité de changer de modèle économique
en renonçant à la croissance pour lui substituer des objectifs plus qualitatifs.
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