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CHAPITRE 1: QUELS SONT LES SOURCES ET LES DEFIS DE LA CROISSANCE

ECONOMIQUE?

Dossier 1 : Qu’est-ce que la croissance et quelles sont ses sources ?

I. La croissance : définition et mesure.

 La société capitaliste moderne est marquée par la croissance. Jusque-là, l’histoire des
hommes a été l’histoire de la lutte contre la nécessité, le manque.

 La croissance économique correspond à l’augmentation, pendant une période longue


(1 année) de la production de biens et de services dans une économie donc à
l’augmentation durable de la production d’un pays. C’est un phénomène durable et
irrégulier. (PIB)

 La croissance économique est mesurée à travers la variation de l’indicateur de richesse


PIB. Le taux de variation du PIB indique si le pays est en avance ou en recul.

 Le PIB est un agrégat économique correspondant à la somme des valeurs ajoutées


réalisées par l’ensemble des agents économiques résidents. La valeur ajoutée
correspond à la richesse additionnelle créée grâce à la production. Elle est égale à la
valeur de la production (CA) moins les consommations intermédiaires (CI).

 Le PIB par habitant correspond au niveau de vie. Le niveau de vie augmente lorsque la
croissance du PIB excède la croissance de la population.

 Le PIB peut s’obtenir de 3 manières différentes, qui aboutissent au même chiffre :


 Dans une optique de production, PIB= ⅀ des VA+ TVA et droits de douane –
subventions à l’importation.
 Dans une optique consommation, ce qui a été produit a nécessairement été
vendu, PIB= Consommation +
Investissement + Exportations – Importations.
 Dans une optique revenus, ce qui a été produit et vendu a donné lieu à la
distribution de revenus aux agents économiques, PIB= Salaires + EBE et
revenus mixtes + Impôts sur la production et les Importations - Subventions.
 Le PIB augmente durablement : croissance économique.
Le PIB augmente à court terme : expansion économique (2 trimestres).
Le PIB augmente mais de façon ralentit: récession économique ou ralentissement
économique.
Le PIB baisse durablement : dépression économique.
Le PIB baisse d’une année à l’autre : crise économique

Quelles sont les limites du PIB ?

 Le PIB est un indicateur imparfait de la richesse produite car il ne comptabilise pas


certaines activités comme :
 Trafics illicites dans certains pays (drogues, armes, prostitution…), travail non
déclaré pour éviter les prélèvements fiscaux,
 Tâches domestiques
 Le travail bénévole
 La consommation des ressources naturelles
 La dégradation de l’environnement (externalités négatives)
 La richesse du patrimoine architectural (monuments)
 L’inégalité dans la distribution des richesses (éducation, culture, santé…)

 Le PIB mesure la production marchande, la production non marchande, accidents de


route ou catastrophes naturelles car elles génèrent des activités monétaires permettant
l’augmentation du PIB (travaux de reconstruction, réhabilitations des terrains…), la
pollution (destruction organisée des forêts tropicales pour y planter du soja
transgénique destinés au carburant afin d’augmenter le PIB).

 D’autres indicateurs ont été élaborés pour mesurer le bien-être, puisque le PIB est
accusé de ne pas le mesurer correctement. Le plus connu est l’IDH (indicateur de
développement humain) : Indice de santé mesuré par l’espérance de vie à la naissance,
Indice d’éducation mesuré par le nombre d’années d’études et le taux de scolarisation,
Indice de niveau de vie mesuré par le RNB (salaires et revenus financiers perçus
pendant un an par les agents résidents sur un territoire par habitant (en parité de
pouvoir d’achat). PPA
II. Les sources de la croissance économique :

 La théorie économique considère que le niveau de la production (Q) dépend de la


quantité de travail (L) et de capital (K) utilisée et de la productivité globale des
facteurs (A). La fonction de production se présente alors selon la formule suivante :
Q= A f (k,L).

 Les 3 déterminants de la croissance économique sont :


 L’augmentation du facteur travail (population active occupée) ;
 L’augmentation du facteur capital (accumulation du capital, investissement,
achat des machines et de biens d’équipement) ; Investissements ou FBCF
 Les gains de productivité liés au progrès technique.

 Une croissance quantitative (ou extensive) : Elle s’explique par l’augmentation de la


population active (facteur travail) et du nombre de machines utilisées (facteur capital).
Autrement dit c’est une croissance fondée sur l’accumulation des facteurs de
production. L’augmentation de la quantité de travail devrait permettre de produire
davantage. L’augmentation du capital fixe (investissement) a un impact majeur sur la
croissance car elle joue à la fois sur l’offre et sur la demande : une augmentation
de l’investissement entraine une hausse de la demande. L’investissement favorise la
croissance en augmentant les capacités de production. La croissance extensive
présente des limites d’où la loi des rendements décroissants. Ainsi, il était nécessaire
d’instaurer le Progrès technique pour une croissance de qualité.

 Une croissance qualitative (ou intensive) : C’est une croissance fondée sur
l’amélioration de la productivité globale des facteurs (rapport entre la production et
l’ensemble des facteurs qui ont servi à la réaliser). Ainsi la croissance intensive ne
s’explique pas par des facteurs de production mais par la de la productivité
globale de ces facteurs.
 Les progrès techniques, le machinisme, l’élévation du niveau culturel et des
capacités techniques de la main d’oeuvre sont source d’élévation de la
productivité (quantité de biens produits pour un même travail). Les hommes
peuvent alors avoir plus de biens et travailler moins pour gagner plus ! Ou,
obtenant la même quantité de biens, ils peuvent s’adonner à d’autres activités :
éducation, soins de santé, loisirs… La loi des rendements décroissants stipule
qu’au fur et à mesure que la quantité d’un facteur augmente alors que l’autre
facteur reste stable, la productivité marginale de ce facteur décroît. Il découle
de cette loi que la croissance économique extensive n’est pas durable.
L’augmentation de l’intensité capitalistique se traduit par des gains de
productivité de plus en plus faibles, donc une hausse du niveau de vie de moins
en moins rapide et une hausse de l’épargne de plus en plus restreinte qui, à un
certain point, est totalement absorbée par l’amortissement si bien que
l’accumulation de capital et la croissance s’épuisent.
 En fait, plus de la moitié de la croissance s’explique désormais par la hausse de
la productivité globale des facteurs. Ainsi, La mise en œuvre du progrès
technique permet de surmonter la loi des rendements décroissants en rendant
chaque travailleur plus efficace.

En transposant l’analyse de la fonction de production au niveau macroéconomique, des auteurs


en France, ont mesuré l’effet sur longue période des variations de quantité et de qualité des
facteurs. A l’aide d’une fonction de production, ils ont calculé la variation de PIB qui aurait dû en
résulter, et ont confronté le résultat de leurs calculs à la croissance observée.
Sur la période 1951-1973 en France, la contribution des facteurs ne pouvait expliquer qu’un
taux de croissance annuel du PIB de 2,1% (0,55% résultant du travail et 1,55% résultant de la
contribution du capital). Or la croissance a suivi pendant la période un rythme de 5,2% par an.
Plus de la moitié de la croissance aurait donc eu pour origine un « résidu » inexpliqué.
Economie contemporaine, Nathan, « Nathan Sup », 2010.

 D’autres dépenses peuvent avoir le même effet qu’un investissement mais


qui comptent dans la PGF: un logiciel améliore les rendements des
ordinateurs, un brevet permet de développer une production, la formation des
salariés améliore leur productivité, le recours à un cabinet de conseils permet de
réorganiser l’entreprise dans un sens plus efficace, des dépenses de recherche
ont des effets à long terme…
 progrès technique est défini par les économistes comme l’accroissement
de la connaissance que les hommes ont des lois de la nature appliquée à la
production se traduisant par des innovations et un accroissement de la
PGF. C’est un « Résidu » selon Robert Solow. Il se concrétise dans de
nouvelles techniques de production, de nouvelles manières d’organiser le
processus de production ou de nouveaux produits.

Si les rendements factoriels décroissants semblent prédire que la


croissance doit s’affaiblir, les économistes vont au contraire montrer,
dans les années 50, que l’augmentation de la quantité de facteurs ne
suffit en réalité pas à expliquer l’augmentation du PIB.

A la suite des travaux de Robert Solow et de l’étude des données sur la croissance, ils vont
montrer que lorsque l’on retire la contribution du facteur travail et du facteur capital, il reste une
quantité de l’augmentation de la production qui n’est expliquée ni par l’augmentation de la
quantité de travail, ni par celle du capital. C’est ce que l’on va appeler le résidu (de Solow).

 Le progrès technique permet d’augmenter la qualité de la production sans


qu’il soit nécessaire d’accumuler des facteurs de production. La partie de la
croissance économique non expliquée par l’accumulation de facteurs, autrement
dit la PGF, devient plus importante.
 Les économistes parlent de rendements d’échelle croissants lorsque la
variation des facteurs de production engendre une variation plus que
proportionnelle de la valeur de la production. Il est par exemple possible de
parler de rendements d’échelle croissants lorsqu’une multiplication par deux de
la quantité de facteurs engendre une multiplication par plus de deux de la valeur
de la production.
 Le progrès technique se traduit en de nouvelles connaissances appliquées à la
production ou à la commercialisation que tous les agents économiques peuvent
utiliser. Par conséquent, leur production augmente alors que la quantité de
facteur n’a pas changé. On observe donc une croissance de la PGF et des
rendements d’échelle croissants. Le progrès technique est également un
processus cumulatif dans le sens où les technologies vont permettre l’émergence
de nouvelles connaissances qui pourront donner naissance à de nouvelles
technologies. Ces dernières permettent l’apparition de nouveaux produits mais
aussi de nouvelles techniques de production, de nouvelles techniques
commerciales, de nouvelles techniques organisationnelles qui augmentent la
valeur de la production sans qu’il soit nécessaire d’accumuler des facteurs. On
observe donc une croissance de la PGF et des rendements d’échelle croissants.
 L’accroissement de la PGF par la formation des travailleurs :
Des travailleurs plus formés deviennent plus productifs. La production
augmente alors que la quantité de facteurs n’a pas augmenté : la qualité du
facteur travail stimule donc la PGF. Il en va de même pour le capital. Sa
qualité, c’est-à-dire la technologie qu’il intègre, peut être estimée à travers l’âge
du capital.

Dossier 2 : Quel rôle pour le progrès technique, l’innovation et les institutions dans la
croissance?

I. Le progrès technique est endogène :

 Les nouvelles théories de la croissance endogène inversent la relation entre progrès


technique et croissance. La croissance est à l’origine du progrès technique selon
Joseph Schumpeter. Ce dernier est donc « endogène » à la croissance, qui apparait
alors comme un phénomène cumulatif et continu.

 Les théories de la croissance endogène et innovation : La technologie joue un


rôle capital dans cette théorie développée par les économistes Paul Romer,
Robert Lucas et Robert Barro. Investir dans la technologie (capital
technologique), c’est améliorer le rendement (comme on a pu le voir lors de la
révolution industrielle) et donc favoriser la prospérité. En plus de créer des
emplois, cela permet d’augmenter la compétitivité du pays et donc favoriser
les externalités positives propres à entretenir la croissance (si les moyens de
communication, de transport, de commercialisation se développent ou gagnent
en qualité, c’est toute une économie qui en bénéficie) et d’attirer les cerveaux
d’autres pays. En investissant, les entreprises incorporent dans le capital
technique (les machines, les brevets…) des innovations sources de gains de
productivité. Ce phénomène améliore constamment l’efficacité des biens de
production.
 Tout d’abord, le capital physique (investissement matériel) permet le
progrès technique : L’investissement dans l’outil productif permet aux
entreprises d’intégrer le progrès technique, de moderniser le matériel et d’élever
la productivité du stock de capital.

 La connaissance (capital humain) : Le progrès technique dépend aussi du


niveau de connaissances des travailleurs, de leur capacité à inventer des
produits et des procédés. La croissance dégage des ressources supplémentaires
qui vont financer la recherche. Cela se traduit par une augmentation du stock de
connaissances comme externalités positives. Plus les employés ont eu une
formation de qualité, mieux ils travailleront, plus le pays évoluera. Les
dépenses de formation et d’éducation permettent de renforcer la
productivité du travail et par là réduire les coûts de production unitaire,
augmenter les profits et les salaires, sources de croissance. Une MOD plus
polyvalente, réactive et novatrice est plus apte à comprendre, à intégrer les
innovations. Ainsi, le progrès technique est facilité et les rendements s’élèvent
plus vite.

 L’intervention judicieuse de l’Etat (capital public) : C’est à l’Etat de faire les


investissements dans la recherche-développement et dans la connaissance pour
que les 2 facteurs de production amènent des rendements d’échelle positifs à
long terme ce qui fait augmenter les recettes publiques et favorise en retour les
dépenses publiques, facteur de croissance. Tout investissement dans l’éducation
se traduit par un taux de croissance plus élevé que celui des dépenses
éducatives. On peut d’ailleurs y associer les efforts en matière de santé,
d’éducation sportive ou culturelle qui se révèle très positifs sur le capital
humain. Les pouvoirs publics jouent un rôle essentiel dans le développement
des infrastructures propices à ces externalités (réseaux de transport ou de
télécommunication), l’accumulation de capital public joue un rôle moteur dans
la croissance et, ainsi sur la reproduction du progrès technique.

II. Innovations et processus de destruction créatrice :


  Le processus de destruction créatrice :
 Le progrès technique à l’origine du processus de destruction créatrice : On
peut définir le processus de destruction créatrice introduit par Schumpeter,
comme étant le mouvement permanent de destructions d’activités liées aux
anciennes innovations et de créations de nouvelles activités liées aux
nouvelles innovations. Les éléments neufs vont remplacer les anciens. On peut
mesurer le processus de destruction créatrice à l’aide des indicateurs de
répartition des secteurs et des branches d’activités ainsi qu’avec la
répartition de la population active dans ces secteurs et branches, mais aussi à
l’aide des créations et disparitions d’entreprises ou bien encore à l’aide
des dépôts de brevets.

 La destruction créatrice symbole du processus d’innovations :


Le processus de destruction créatrice grâce aux innovations assure
le renouvellement permanent des structures de production. Les nouvelles
innovations entraînent l’obsolescence et la disparition des anciennes
innovations : anciens produits ou objets de consommation, anciennes sources
d’énergie ou de matière première, anciennes méthodes de production, anciens
marchés, et anciens types d'organisation industrielle.
Les innovations nouvelles réduisent la rentabilité des innovations anciennes et
confèrent aux entrepreneurs une nouvelle situation de monopole qui leurs assure
des profits importants. Destructions et créations vont ainsi de pair et engendrent la
croissance et les transformations de l’activité économique.
 Destruction créatrice et gains de productivité :
 Les firmes qui innovent conquièrent un avantage concurrentiel en proposant
des produits qui leur coûtent moins cher à produire et/ou qui ont des
caractéristiques que les autres n’ont pas. De ce fait, les consommateurs
privilégient l’offre des firmes innovantes qui proposent des produits de
meilleure qualité et/ou à des prix plus faibles. Les firmes innovantes gagnent
donc des parts de marché tandis que celles qui n’innovent pas en perdent.
 La destruction créatrice peut favoriser les gains de productivité par un autre
canal que celui de la réallocation des facteurs. Elle incite aussi les entreprises
déjà en place à innover pour ne pas disparaître. Les grandes surfaces
confrontées à la concurrence des firmes innovantes du commerce en ligne,
Amazon par exemple, ont développé un nouveau mode de commercialisation de
leurs produits : le « Drive ».

 Par rapport aux sociétés traditionnelles, la société capitaliste valorise


l’innovation. La concurrence pousse à faire du neuf pour conquérir ou conserver ses
parts de marché. Le concept d’innovation peut être élargi. Ainsi, selon Joseph
Schumpeter, la découverte d’un nouveau marché (l’ouverture des pays de l’est) ou des
façons d’aborder un marché (hypermarchés par rapport aux épiceries traditionnelles)
sont aussi des innovations.

N.B : Innovation et recherche Les innovations sont issues de la recherche, qu’elle


s’opère dans les laboratoires et les universités ou dans les entreprises. Les entreprises privées
participent aussi à la recherche fondamentale, directement ou en participant à des
programmes universitaires, leurs recherches sont orientées par la rentabilité.
L’effort de la recherche et développement (mesuré par le rapport entre les dépenses de R
& D et le PIB) est un bon indicateur du niveau d’un pays et de son dynamisme.
Innovation et emploi Certaines innovations économisent du travail (labor-saving), et
ont donc des effets destructeurs sur l’emploi. Inversement, les innovations, en développant
des nouveaux secteurs ou de nouveaux produits, recréent des emplois. Les innovations de
procédé (comme l’introduction de l’informatique dans les bureaux) transforment les emplois.
(A revoir la notion destruction créatrice).
III. Institution et croissance :
Les différences de croissance constatées au niveau mondial peuvent s’expliquer par les
institutions qui organisent l’utilisation des ressources.

 Les institutions correspondent à l’ensemble des règles formelles et informelles qui


encadrent les interactions humaines. En définissant les incitations, elles orientent les
décisions économiques à l’origine de la croissance. Elles permettent de réduire
l’incertitude liée aux relations humaines. Le respect de leurs règles est garanti par
des sanctions.

 Les institutions politiques doivent garantir la stabilité du pouvoir, la légitimité des


élus, la protection des droits individuels, ou encore limiter la corruption (Constitution
et règles électorales démocratiques, commission nationale de l’informatique et des
libertés…). Le système politique doit être démocratique afin de favoriser la croissance
en garantissant les libertés politiques et économiques. Inversement, certains pays
souffrant de guerres civiles, de coups d’Etat, de corruption ainsi que les pays où
l’activité économique est contrôlée par une minorité dirigeante s’accaparant les
richesses produites et empêchant le développement d’un marché concurrentiel.

 Les institutions financières (monnaie stable, possibilité d’accès au crédit pour


financer l’investissement…) permettent une plus grande mobilisation d’épargne en
favorisant l’investissement à travers la mutualisation des risques et en augmentant
les placements moins liquides (actions et obligations). Elles permettent aussi de
sélectionner des projets d’investissement plus rentables qui génèrent des externalités
positives (répartition du capital sur des projets d’investissement plus productifs) et
plus de croissance.

 Les institutions économiques doivent garantir le respect d’une concurrence libre, la


transparence des marchés, l’équilibre des finances publiques, la stabilité de la
monnaie, la solvabilité des banques et l’accès au crédit.

 Les institutions sociales doivent garantir une juste répartition des richesses et une
protection des individus face aux risques sociaux (droit fiscal, sécurité sociale…).

 Les institutions juridiques doivent garantir le respect des contrats et de la propriété


privée. Ainsi pour favoriser l’innovation et récompenser l’effort de R&D, l’Etat va
garantir aux inventeurs le respect de leurs droits de propriétés en protégeant leurs
innovations par un système de brevet (tribunaux de commerce, code de propriété
intellectuelle…).
 La protection de la propriété privée est une institution indispensable pour
assurer la croissance économique. En effet sans droits de propriété bien définis
et protégés, aucun agent économique ne sera incité à investir ou à innover parce
que rien ne lui garantira qu’il pourra retirer les gains permis par ses efforts.

>Les institutions sont qualifiées d’inclusives lorsqu’elles favorisent la participation de


tous les citoyens aux activités économiques en tirant le meilleur parti de leurs talents
et de leurs compétences. Offrir à toute la population l’accès à la santé et à l’éducation
constitue un exemple d’institution inclusive. Par opposition, les institutions sont
extractives si elles favorisent certaines couches de la société au détriment de toutes les
autres. Par exemple, si le pouvoir politique n’est pas suffisamment contrôlé, il peut
accorder des avantages sous la forme de monopoles légaux à ses proches ou à ceux qui
le soudoient.

 Offrir à tous les enfants un accès à l’éducation est une institution inclusive qui
contribue à la croissance parce qu’elle permet à chacun de réaliser son potentiel.
Dans les sociétés qui n’assurent pas une éducation à tous, il y a certainement des
« Bill Gates » ou bien des « Albert Einstein » qui ne pourront jamais développer
des idées qui amélioreraient la productivité de tous.

 Il est fondamentale de protéger la propriété intellectuelle car la connaissance


est un bien non excluable. Une fois qu’elle est produite, il est impossible pour
le producteur d’obliger les agents économiques qui l’utilisent à le payer. De ce
fait, l’offreur n’est pas incité à produire des connaissances parce qu’il peinera à
obtenir des revenus lui permettant de couvrir les dépenses qu’il a réalisées. Il est
donc absolument nécessaire de rendre la connaissance excluable en établissant
des droits de propriété intellectuelle comme les brevets, les marques ou les
droits d’auteur pour inciter à l’innovation.
 Les brevets peuvent être qualifiés d’institutions inclusives lorsqu’ils
garantissent un bon équilibre incitation/ diffusion.

 une économie plus riche a des capacités financières plus importantes pour faire
respecter l’État de droit. D’autre part, un meilleur respect de l’État de droit
génère de meilleures incitations à investir et à innover ainsi qu’une meilleure
allocation des ressources (les ressources sont utilisées dans les firmes les plus
performantes et pas celles qui sont simplement proches du pouvoir politique).

 Les institutions favorables à la croissance diffèrent selon le degré de


développement :
 Un pays à la frontière technologique est un pays dont l’économie intègre dans
sa combinaison productive les technologies les plus avancées. Sa croissance
repose essentiellement sur l’innovation. Un pays en rattrapage est un pays
dont l’économie n’a pas diffusé dans son tissu productif les technologies les
plus avancées. Sa croissance repose essentiellement sur l’imitation
technologique et l’accumulation de capital.

 Dans un pays proche de la frontière technologique, la concurrence stimule


l’innovation parce que les entreprises sont incitées à innover pour échapper à la
concurrence et obtenir une rente de monopole. Ce n’est pas le cas dans les
pays éloignés de la frontière technologique. Dans ces pays, la concurrence a
plutôt tendance à décourager les entreprises parce qu’elle réduit la rentabilité
qu’elles pourront obtenir.

Dossier 3 : Quels sont les défis de la croissance ?

I. Progrès technique et inégalités de revenus :

 Le progrès technique augmente la demande de travail très qualifié parce que la


transition numérique crée beaucoup de postes nécessitant de recourir au raisonnement
abstrait (ingénieur, data scientist, community manager, infographiste, etc.). Cette
hausse de la demande de travail qualifié fait augmenter les salaires des plus qualifiés.
Dans le même temps, la transition numérique fait disparaître des métiers non qualifiés
ou à qualification moyenne comme les secrétaires, les contremaîtres, les ouvriers
industriels… Cette baisse de la demande travail non qualifié ou moyennement
qualifié fait baisser les salaires de ceux qui n’ont pas de hautes qualifications.

 En parlant de progrès technique biaisé en faveur des hautes qualifications, les


économistes soulignent le fait que le progrès technique n’affecte pas de manière
uniforme les revenus de tous les agents économiques. Le progrès technique est
bénéfique pour les plus qualifiés qui voient leurs revenus augmenter alors qu’il est
défavorable pour ceux qui sont moins qualifiés qui voient leurs revenus baisser. Le
progrès technique biaisé en faveur des plus qualifiés et qui ont du talent accroît donc
les inégalités de revenus.

 Les exemples des stars du foot, comme Lionel Messi et Christiano Ronaldo, ou de J.
K. Rowling, auteure d’Harry Potter, permettent d’illustrer ce progrès technique biaisé
en faveur du talent.

 Ce progrès technique biaisé en faveur du talent alimente les inégalités de revenus


en concentrant une grande partie de la demande dans les mains des plus talentueux et
en ne laissant que quelques miettes à ceux qui le sont un tout petit peu moins.

 Un progrès technique biaisé en faveur des tâches non routinières :


 Une tâche routinière est une tâche répétitive qui se réalise toujours de la même
manière et qui ne nécessite pas pour celui qui la réalise de prendre des
responsabilités.
 Le progrès technique menace les emplois routiniers, ceux dont les tâches
sont manuelles, simples et répétitives.
 Les emplois à tâches routinières sont des emplois comme ceux de secrétaires,
d’opérateurs sur machines, d’ouvriers de l’industrie qualifiés ou non qualifiés.
Ce sont donc majoritairement des emplois intermédiaires situés au cœur de la
hiérarchie des salaires. Les emplois à tâches non routinières sont situés dans
le haut de la hiérarchie des salaires chez les très qualifiés mais aussi dans le bas
de la hiérarchie des salaires (services aux personnes, construction, livraison).
 Les inégalités de revenus sont renforcées par le progrès technique parce qu’il
polarise le marché du travail en diminuant le poids dans l’emploi total des
métiers à rémunération intermédiaire et en faisant augmenter à la fois le poids
des métiers à faible rémunération et ceux à forte rémunération.
 Les emplois routiniers, moins demandés, auront tendance à voir leurs salaires
diminuer ou leurs emplois détruits. Les emplois manuels non routiniers,
comme les services à la personne, sont eux très demandés, mais faiblement
qualifiés et peu rémunérés. Ce sont les emplois qualifiés ou très qualifiés qui
verront leurs salaires augmenter. Donc hausse des inégalités.

Exemples :On trouve de l’intelligence artificielle dans les systèmes GPS de


géolocalisation (lieux visités, personnes croisées à proximité, voiture garée, etc.).

 D’un côté, des emplois peu qualifiés et peu payés se multiplient, de l’autre, de
nombreux emplois qualifiés sont créés, ingénieurs ou développeurs par
exemple, bien payés. Les inégalités ont donc tendance à augmenter.
 L’enrichissement des innovateurs signifie qu’il y a plus de mobilité sociale,
donc que les revenus d’une génération dépendent moins des revenus de la
génération précédente. Les innovations favorisent la mobilité sociale, car elles
enrichissent une nouvelle génération d’entrepreneurs, remplaçant les anciens. Et
avec eux, une nouvelle génération occupera les emplois créés.

>La polarisation (concentration) des activités économiques a des explications


diverses : La concentration géographique des entreprises procure des
externalités positives: amélioration du capital humain, transfert de technologie,
réseau d’entreprises complémentaires / La proximité des autres entreprises
accentue la concurrence, ce qui a tendance à faire baisser les prix, donc les
profits / La baisse des coûts de transport accentue la polarisation des activités
parce que les entreprises peuvent désormais facilement distribuer leurs
marchandises partout dans le monde, quel que soit le lieu de production / La
polarisation des activités accentue les inégalités entre les territoires, entre ceux
qui vont attirer de nombreuses entreprises et ceux qui verront leurs entreprises
changer de localisation.

 Les pays profitent inégalement de la croissance du revenu mondial : On


remarque que les richesses produites sont inégalement réparties selon les
territoires, et elles se concentrent surtout en Europe de l’Ouest et du Nord, et
en Amérique du Nord. La croissance est cependant beaucoup plus forte dans
les pays émergents, par exemple en Asie du Sud-Est. En revanche, le continent
africain est relativement à l’écart de la croissance économique / Les pays
émergents, comme la Chine, sont en phase de rattrapage. Les perspectives de
profit sont importantes, ce qui attire les entreprises, crée des emplois, et
augmente les salaires. Les activités économiques s’y développent rapidement, il
y a une forte accumulation des facteurs travail et capital, ajoutée au progrès
technique issu des entreprises occidentales qui investissent dans les pays
émergents.

II. Les limites écologiques de la croissance :

 La pollution comme externalité négative :


 On parle d’externalité négative de pollution lorsqu’une activité
économique, en dégradant l’environnement, diminue le bien-être d’un autre
agent économique sans que le marché ne tarifie cet effet. Le marché est ici
défaillant parce qu’il n’incite pas l’agent économique à limiter la pollution.

 L’épuisement des ressources naturelles :


 Les ressources naturelles renouvelables sont des ressources qui se
régénèrent (par exemple, les ressources halieutiques ou forestières) alors que
les ressources naturelles non renouvelables correspondent à des stocks
finis de matière qui ne se régénèrent pas comme le pétrole, les minerais, le
gaz.

 Une ressources naturelle renouvelable est surexploitée à partir du moment


où les prélèvements dans ce stock sont tellement importants qu’ils
empêchent la ressource de se régénérer (Le bois est une ressource
renouvelable mais épuisable). Cette surexploitation s’explique par les
caractéristiques économiques des ressources non renouvelables qui sont des
biens communs, c’est-à-dire des biens non exclusifs mais rivaux. Comme il
n’est pas possible de modérer l’accès à la ressource par la fixation d’un prix,
les agents économiques qui cherchent à maximiser leur intérêt personnel
prélèvent massivement dans le stock. Mais cette ressource étant rivale, la
ressource devient de moins en moins disponible jusqu’à ce qu’elle
disparaisse. Le marché est défaillant pour gérer ce type de ressource.

 La croissance économique réduit les réserves de sources d’énergie car la


production nécessite d’utiliser un certain nombre de ressources non
renouvelables comme le pétrole, les minerais, le gaz. Chaque prélèvement
dans ses ressources diminue la quantité disponible puisque le stock est fini.

 La croissance économique depuis le XIXe siècle s’est traduite par une


augmentation de la concentration atmosphérique de CO2 à l’origine du
réchauffement climatique.

 Les conséquences économiques du réchauffement climatique :


 Si le réchauffement climatique affecte la croissance des pays, c’est parce
que :
- il exerce des effets sur la santé des populations et donc sur le capital
humain.
- il peut augmenter ou, dans la majorité des cas, baisser la productivité dans
l’agriculture.
- il peut favoriser ou diminuer le tourisme.
III. Innovation et soutenabilité de la croissance :
 Les obstacles à la soutenabilité de la croissance :
 La croissance économique contemporaine est largement fondée sur des
ressources épuisables comme le pétrole, le gaz ou les minerais. Leur
raréfaction pourrait déboucher sur un manque de matières premières et
d’énergie qui pourrait stopper la dynamique de croissance.

 Toutefois les économistes sont assez confiants dans la capacité des


économies à faire face à l’épuisement des ressources non renouvelables
parce que le marché tarifie cette raréfaction. Il incite donc les agents
économiques à innover pour mettre en valeur des ressources substituables ou
développer des technologies améliorant la productivité des ressources.

 Le réchauffement climatique constitue un obstacle à la croissance de long


terme à plusieurs titres :
- il diminue la productivité agricole ;
- il altère le capital humain ;
- les évènements climatiques extrêmes ainsi que la montée du niveau de la
mer détruisent du capital physique.
 La pollution et le réchauffement climatique constitue des externalités
négatives. N’étant pas tarifés par le marché, les agents économiques ne sont
pas incités à réduire leur pollution et leurs émissions de gaz à effet de serre.
(La pollution est un effet négatif des activités économiques humaines sur
autrui, sans qu’il y ait de compensations monétaires, c’est donc une
externalité négative).

 La pollution a tendance à réduire l’espérance de vie et en conséquence


l’épargne. La baisse de l’épargne réduit les capitaux disponibles, donc les
investissements puis la croissance (la baisse de l’épargne diminue les
capitaux disponibles donc augmente les taux d’intérêt, ce qui réduit
l’investissement).

 L’innovation permet de faire face à l’épuisement des ressources naturelles :


 Les craintes d’épuisement rapide du pétrole exprimées dans les années 1970
ne se sont pas réalisées parce que la hausse du prix du pétrole a incité les
agents économiques à développer de nouvelles techniques d’extraction du
pétrole qui ont permis de découvrir et d’exploiter de nouveaux gisements
(par exemple le pétrole off-shore dans la mer du Nord).

 La hausse du prix du pétrole renchérit le coût d’utilisation de l’automobile.


Les consommateurs sont donc fortement demandeurs de moteurs plus sobres,
demande à laquelle les constructeurs automobiles essaient de répondre.

 La hausse du prix du pétrole incite les firmes à proposer et à améliorer des


énergies alternatives parce que la hausse du prix des ressources non
renouvelables peut rendre rentables les énergies alternatives que sont par
exemple les énergies renouvelables. A titre d’illustration, la hausse du prix
du pétrole peut inciter un ménage à substituer un chauffe-eau solaire à un
chauffe-eau alimenté par une chaudière au fuel.
 Par le mécanisme du marché : si une ressource est surexploitée et s’épuise,
son offre va diminuer, donc son prix va augmenter; la demande va alors se
tourner vers d’autres ressources ou des innovations; les producteurs sont
alors incités à mettre en avant d’autres ressources ou des innovations. Ainsi
la ressource surexploitée arrête d’être exploitée et elle est préservée.

 Les innovations vertes :


 La fracturation hydraulique ne peut pas être considérée comme une
innovation verte pour au moins deux raisons :
- l’extraction de pétrole et de gaz de schiste risque de polluer les nappes
phréatiques ;
- c’est une énergie fossile fortement émettrice de gaz à effet de serre.

 L’action publique en faveur de l’innovation verte :


 Le marché ne fait pas supporter aux agents économiques à l’origine du
réchauffement climatique et de la pollution les coûts occasionnés par leurs
comportements. De ce fait, la demande de technologies pour réduire la
pollution ou diminuer les émissions de gaz à effet de serre est peu
importante. Par voie de conséquence, le prix de ces technologies sur le
marché est faible : les firmes ne sont donc pas incitées à réaliser des
innovations vertes. Puisque le marché est défaillant pour orienter les
comportements vers l’intérêt général, il est nécessaire que l’État intervienne
pour générer des incitations à réaliser des innovations vertes. Cela passe
notamment par la stimulation de la demande de technologies vertes à travers
les outils que sont la réglementation, la fiscalité et les subventions.

 L’action publique fondée sur la fiscalité est une politique incitative qui laisse
le choix aux agents alors que l’action réglementaire est une politique
contraignante qui ne laisse pas le choix aux agents.
.

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