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SPÉCIALITÉ
SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
LIVRE
DU PROFESSEUR
DIRECTEURS D’OUVRAGE
Marjorie Galy Rémi Jeannin
Lycée Fustel de Coulanges, Strasbourg (67) Lycée Hector Berlioz, Vincennes (94)
www.Hachette-education.com
© Hachette Livre 2020
58, rue Jean Bleuzen, 92178 Vanves Cedex
ISBN : 978-2-01-708818-9
I SCIENCE ÉCONOMIQUE
AP
CH
L’épreuve porte sur une partie du programme de l’enseignement de spécialité sciences économiques et sociales
de la classe de terminale (cf. arrêté du 17 juillet 2019 paru au BOEN spécial n° 8 du 25 juillet 2019). Les questions
évaluables dans le cadre de l’épreuve d’enseignement de spécialité de terminale sont définies selon une périodicité
alternant années paires* et années impaires*.
Les notions rencontrées en classe de première (cf. arrêté du 17 janvier 2019 paru au BOEN spécial n° 1 du 22 jan-
vier 2019) mais non approfondies en classe de terminale, doivent être connues et mobilisables. Elles ne peuvent
cependant pas constituer un ressort essentiel du sujet.
Chapitre 12 : Chapitre 11 :
Regards Quelle action publique pour Quelles inégalités sont compatibles
croisés l’environnement ? avec les différentes conceptions de
la justice sociale ?
* année de la session du bac, par exemple pour l’année scolaire 2020/2021, la session du baccalauréat se déroule en mars 2021,
donc année impaire.
4
Mode d’emploi du Q-Sort
5
6
1 Quels sont les sources
et les défis de la croissance
économique ?
ANALYSE DU PROGRAMME
p. 16
Ce premier chapitre d’économie de Terminale permet d’aborder la question de la
croissance économique sous l’angle de ses sources et des défis auxquels elle est
confrontée. Il reprend donc les éléments habituels du chapitre sur la croissance des
programmes antérieurs. Il introduit cependant une nouvelle thématique bienvenue,
celle des effets contrastés de la croissance sur les inégalités.
Ce chapitre est d’abord l’occasion de réfléchir aux origines de la croissance écono-
mique, grâce à l’accumulation des facteurs de production, mais aussi grâce à l’ac-
croissement de la productivité globale des facteurs. C’est l’occasion de découvrir
le rôle des innovations et du progrès technique, comme éléments centraux de la
croissance endogène. L’innovation et, plus largement, la croissance économique
nécessitent toutefois que les pays aient des institutions fiables. Celles-ci jouent, en
effet, un rôle central dans l’incitation à investir et innover.
Mais la croissance économique doit faire face à différents défis, puisqu’elle repose
en partie sur le progrès technique, créateur d’activités nouvelles mais aussi destruc-
teur d’activités anciennes. C’est ce que permet de montrer l’étude du processus de
destruction-créatrice mis en évidence par J. A. Schumpeter. Le progrès technique
peut aussi être à l’origine d’une augmentation des inégalités, en particulier les iné-
galités de revenus. Enfin, la croissance économique soutenable bute sur des limites
écologiques de la croissance économique, qui peuvent parfois être repoussées par
le progrès technique.
ORGANISATION DU CHAPITRE
Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils
permettent de couvrir tout le programme en environ six séquences de cours de deux
heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux
épreuves écrites et orales, sur une durée totale de seize heures (soit un peu moins de
trois semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires et
du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves
terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.
OUVERTURE DU CHAPITRE
p. 16-17
Dans le manuel, trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce chapitre :
– Découvrir par la vidéo montre comment les terres rares sont devenues indispen-
sables aujourd’hui dans l’industrie des produits de haute technologie, et donc pour
la croissance économique, mais que leur exploitation, très largement dominée par
la Chine, est extrêmement polluante.
– Découvrir par l’image vise à s’interroger sur les défis de la croissance aujourd’hui :
poursuivre le modèle de croissance productiviste actuel ou en changer pour protéger
l’environnement ?
– Découvrir en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un
questionnaire sur leurs représentations et d’avoir une vision d’ensemble des repré-
sentations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont
être traités dans le chapitre. L’interface Q-Sort en ligne sur le site collection permet
de saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe.
8 • I – Science économique
Proposition complémentaire : Découvrir en chanson
« Respire » de Mickey 3D (2003)
Clip vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Iwb6u1Jo1Mc
Cette chanson du groupe de rock français Mickey 3D permet d’insister sur le rôle des
hommes et des activités humaines dans la destruction de la nature. On peut, par
exemple, interroger les élèves sur les évolutions décrites par cette chanson.
Les origines
A de la croissance économique
p. 18
Cette vidéo de la Cité de l’économie permet de réactiver les connaissances de 2de sur
l’indicateur du PIB et sur ses limites. Elle permet également de préciser comment se
mesure la croissance économique d’un pays et de rappeler que le PIB est un indicateur
purement quantitatif qui ne mesure pas le bien-être de la population. Il est possible,
en lien avec la question 5, de faire un rappel sur la distinction entre données en valeur
ou en volume étudiée en classe de 1re pour, ici, mesurer le PIB réel.
1. La valeur ajoutée correspond aux richesses créées par une organisation productive
pour une période donnée. Elle se calcule ainsi : valeur ajoutée = valeur de la produc-
tion – valeur des consommations intermédiaires.
2. PIB = somme des valeurs ajoutées = somme des rémunérations versées = somme
des dépenses effectuées.
Le PIB se calcule précisément de la façon suivante : somme des valeurs ajoutées +
impôts sur les produits (TVA et droits de douane notamment) – subventions sur les
produits.
3. Le PIB peut augmenter parce qu’on a créé plus de richesses dans un pays une
année donnée, ou parce que les prix des biens et des services ont augmenté (ou les
deux à la fois).
4. Le PIB n’intègre pas le travail domestique et ne prend pas en compte l’utilité sociale
des biens et services créés (soigner, éduquer...).
5. La croissance économique correspond à l’augmentation soutenue de la produc-
tion de biens et services dans un pays pour une année donnée. Elle se mesure grâce
au taux de variation du PIB en volume (c’est-à-dire du PIB en valeur déflaté par un
indice des prix).
DO
p. 18
Le texte d’Antonin Bergeaud, Gilbert Cette et Rémy Lecat est accompagné d’un
schéma pour permettre aux élèves de comprendre qu’il existe plusieurs facteurs de
croissance économique. La croissance peut venir d’une augmentation des facteurs
travail et capital (la notion de croissance extensive peut alors être introduite) et des
gains de productivité dus à l’amélioration de l’efficacité de ces facteurs (la notion de
croissance intensive peut également être expliquée ici). Il est question dans ce texte
du « résidu » qui fait référence aux travaux de Solow.
1. Les facteurs de production correspondent à l’ensemble des éléments combinés par
l’entreprise qui permettent de produire des biens et des services. Ils se composent du
facteur travail (la main-d’œuvre) et du facteur capital (biens de production durables).
2. Si on augmente les facteurs de production (travail et/ou capital), les quantités
produites vont augmenter. Par exemple, une entreprise fait un investissement de
capacité (achat d’une nouvelle usine) : elle va augmenter les quantités produites. Il
y aura donc croissance économique.
3. Le résidu est la partie de la croissance économique qui n’est pas expliquée par
l’augmentation des facteurs travail et capital. La production peut augmenter plus
rapidement que l’augmentation des facteurs de production. C’est l’écart entre la
hausse de la production et la contribution des facteurs de production supplémentaires
(travail et capital) qui est appelé « résidu » par les économistes.
4. Le « résidu » est la partie de la croissance économique qui vient d’une plus grande
efficacité de la combinaison des facteurs de production, c’est-à-dire d’une amélioration
de la productivité globale des facteurs. Le progrès technique incorporé dans le capital,
la formation des salariés, une meilleure organisation du travail sont sources d’effica-
cité pour les entreprises, qui vont ainsi pouvoir augmenter les quantités produites.
Remarques :
- On peut rappeler ici aux élèves que les rendements d’échelle peuvent être crois-
sants, constants ou décroissants selon que la production augmente plus vite que les
facteurs de production, dans les mêmes proportions ou moins vite.
- On peut rappeler également que la productivité globale des facteurs (PGF) permet de
mesurer l’efficacité générale de la combinaison des facteurs de production dans l’économie.
- On peut faire référence à Robert Solow qui parle du « résidu » comme la partie non
expliquée de la croissance, c’est-à-dire la partie de la croissance qui ne vient pas de
l’augmentation des facteurs travail et capital. La croissance s’explique alors par le
progrès technique, considéré comme exogène.
Pour aller plus loin
Les sources de la croissance selon Philippe Aghion (professeur d’économie au Collège
de France)
Vidéo (2 min 54 s) : https://www.youtube.com/watch?v=gJ2fvp7JLvw
C
3 Croissance et population : quels liens ?
DO
p. 19
Ce graphique chronologique montre l’évolution du PIB réel ainsi que celle de la
population en France et aux États-Unis, entre 1820 et 2018. Ces évolutions sont
mesurées en indice base 100, ce qui permet de faire un rappel sur l’utilisation de cet
outil statistique avec les élèves. Le graphique a pour objectif de montrer que le PIB
en volume augmente beaucoup plus vite que la population dans chacun des pays
sur longue période. Le but est donc que les élèves en déduisent qu’il y a d’autres
explications à la croissance économique que la hausse de la population, et donc de
la main-d’œuvre.
10 • I – Science économique
1. En France, entre 1820 et 2018, l’indice du PIB en volume est passé de 100 à 4 261,
soit une multiplication par plus de 42. En France, entre 1820 et 2018, l’indice de la
population est passé de 100 à 214, soit une multiplication par un peu plus de 2.
2. Aux États-Unis, entre 1820 et 2018, le PIB en volume a été multiplié par 829 alors
que la population a été multipliée par presque 33 (32,53). En France, entre 1820 et
2018, le PIB en volume a été multiplié par presque 43 (42,61) alors que la population
a été multipliée par plus de 2 seulement (2,14).
3. Dans ces deux pays, le PIB par habitant augmente fortement depuis 1820. En
effet, le PIB en volume augmente beaucoup plus rapidement que la population. Aux
États-Unis, le PIB en volume a augmenté 25 fois plus vite que la population sur la
période, et en France il a augmenté 20 fois plus vite. Entre 1820 et 2018, le PIB par
habitant a donc été multiplié par 25 aux États-Unis et par 20 en France.
4. Si le PIB en volume augmente plus vite que le nombre d’habitants, c’est qu’il y a
d’autres explications à la croissance économique que la seule hausse du nombre de
travailleurs. La croissance économique s’explique aussi grâce au facteur capital mais
surtout grâce au progrès technique et aux gains de productivité qui en résultent.
p. 20
Cette vidéo permet d’introduire le dossier par la distinction entre innovation de
produit et innovation de procédé, ainsi qu’entre innovation majeure ou radicale et
innovation mineure ou incrémentale.
1. Les innovations qui changent le « quoi » sont des innovations de produits. Celles
qui changent le « comment » sont des innovations de procédés.
2. Innovations de produit : le smartphone, le réfrigérateur, le jeans, l’automobile.
Innovations de procédé : la mécanisation ou robotisation, l’impression en 3D, la pas-
teurisation du lait en le chauffant à haute température, les engrais dans l’agriculture.
12 • I – Science économique
3. Parmi les innovations non technologiques, on trouve des innovations organisation-
nelles comme, par exemple, l’ubérisation ou plateformisation des tâches (livraison de
repas à domicile, transport de particuliers, etc.) ou le « crowdsourcing » qui correspond
à une forme d’externalisation des tâches, voire de collaboration possible avec des
individus à l’extérieur de l’entreprise (grâce aux plateformes de micro-travail). On
trouve aussi des innovations de commercialisation comme le streaming de musique
en ligne (Deezer, Spotify), de films et de séries en ligne (Netflix, Amazon Prime Video,
Apple TV+), la vente à domicile (Tupperware, Thermomix), le supermarché.
4. Une innovation radicale correspond à une innovation de produit ou de procédé
pour mettre au point quelque chose de totalement nouveau, qui n’a jamais existé
auparavant (exemples : le premier avion, le premier ordinateur, le premier vaccin, etc.).
Une invention incrémentale correspond à des petites améliorations de produits ou
processus déjà existants. Ce sont souvent des innovations mineures (exemples : du
téléphone portable au smartphone, de la voiture à la voiture électrique).
p. 21
Ce graphique permet de calculer le poids des différents facteurs explicatifs des
gains de productivité aux États-Unis. Comme pour l’exercice 4 page 19 (dossier 1),
la contribution est en points de % et la somme des différentes contributions donne
le taux de croissance annuel moyen de la PGF (en %). Cela permet de comprendre
que l’amélioration de la PGF vient à la fois d’innovations majeures, l’électricité et les
TIC, mais aussi de l’amélioration du capital humain (éducation) et du rajeunissement
du capital (investissement).
1. Aux États-Unis, entre 1975 et 1995, la productivité globale des facteurs a progressé
de 1,1 % en moyenne par an. Cette hausse provient de la contribution de l’éducation
pour environ 0,25 point de %, de la contribution des innovations liées à l’électricité
pour environ 0,15 point de %, de la contribution des innovations liées aux TIC pour
environ 0,25 point de % et de la contribution d’un résidu inexpliqué par les facteurs
précédents pour 0,45 point de %.
2. À long terme, la croissance de la PGF décroît. En effet, elle a augmenté de 2,4 %
par an en moyenne pendant la période 1913-1950, mais elle n’a progressé plus que de
0,45 % par an en moyenne sur la période 2005-2010. Cependant, un sursaut est survenu
entre 1995 et 2005, puisque la PGF augmentait alors de 1,6 % en moyenne par an.
N. B. : - Ce ralentissement séculaire de la hausse de la PGF est un des faits mis en
avant par les économistes qui identifient l’arrivée d’une « stagnation séculaire »,
notamment Robert Gordon (voir Activité 1 page 30).
- Le rebond des années 1995-2005 coïncide avec la diffusion des TIC aux États-Unis
et un contexte de forte concurrence qui pousse à l’innovation, suivi d’une très forte
concentration dans le secteur du numérique (les GAFAM), qui a pu ensuite désinciter
à l’innovation.
3. Une meilleure éducation et un capital rajeuni sont le signe d’une meilleure qualité
des facteurs de production (travail et capital). Cette meilleure qualité des facteurs
permet une plus grande efficacité de la production. En effet, des salariés mieux
formés sont plus productifs, et des machines plus récentes intègrent les nouvelles
technologies, tombent moins en panne. Surtout, la combinaison de travailleurs mieux
formés et de machines plus récentes permet d’accroître l’efficacité de la production,
et donc la productivité globale.
14 • I – Science économique
4. L’électricité a joué un rôle très important dans l’augmentation de la PGF de 1913 à
1975 aux États-Unis. Ainsi, de 1913 à 1950, l’électricité contribue à hauteur de presque
0,5 point de % à la croissance totale de la PGF, qui était de 2,4 % en moyenne par an,
soit à environ 20 % de la croissance de la PGF. Les effets des TIC sont plus faibles.
Entre 1995 et 2005 puis entre 2005 et 2010, les TIC contribuent à peine à hauteur
de 0,2 point de % à la hausse de la PGF.
N. B. : Ce document peut venir en appui des thèses de Robert Gordon (voir Activité 1,
Document 2 page 30, vidéo qui peut être utilisée en prolongement de ce document),
qui estime que les TIC n’ont pas les mêmes effets que les innovations antérieures,
et notamment l’électricité.
5. La hausse de la productivité globale des facteurs peut s’expliquer par une meilleure
qualité des facteurs de production (éducation et âge du capital) et par la diffusion
d’innovations majeures (électricité et TIC), mais il reste une partie non expliquée
de cette hausse que l’on nomme ici encore résidu. Ce résidu peut être le résultat de
la combinaison de ces quatre facteurs, de synergies entre ces innovations et de la
meilleure qualité des facteurs, mal prises en compte quand ces facteurs sont isolés.
Il peut aussi venir d’autres facteurs, comme la qualité des institutions ou les amé-
liorations de l’organisation du travail.
C
4 Le progrès technique permet une croissance cumulative
DO
p. 21
Cet article de Pierre-Yves Geoffard, professeur à l’École d’économie de Paris (PSE),
permet d’expliquer en quoi la croissance est endogène et pourquoi cette croissance
est autoentretenue. Il permet d’élargir le concept de capital physique/matériel à
d’autres formes, notamment le capital humain (déjà introduit en 2de) et le capital
public (les infrastructures). Il peut aussi être l’occasion de réactiver les connaissances
de 1re sur la notion d’externalité positive.
1. La croissance ne bute pas sur les quantités de ressources limitées car lorsqu’une
ressource devient plus rare, son prix augmente, ce qui incite à mettre en œuvre des
innovations pour diminuer l’utilisation de cette ressource ou la remplacer par d’autres.
2. Le progrès technique est endogène car il est créé par le système économique lui-
même, via les dépenses pour générer des innovations mais aussi pour les reprendre ou
les utiliser. La croissance est donc autoentretenue car l’amélioration des connaissances
permet aux entreprises d’innover, d’améliorer la productivité et donc d’augmenter
la production. Cela permet en retour de dégager des recettes pour les dépenses
nécessaires à l’innovation.
3.
Investissements en :
• Éducation • Recherche et Développement
• Santé • Infrastructures
Croissance Innovation
Hausse de la productivité
4. Le progrès technique permet une croissance indéfinie car les innovations repoussent
les limites matérielles de la croissance, et car chaque innovation profite non seu-
lement à l’innovateur, mais aussi à tous ceux qui peuvent la reprendre et l’utiliser.
Les dépenses à l’origine de l’innovation produisent donc des externalités positives
S’ENTRAÎNER
p. 21
1 Autoévaluation
1. Faux. Certaines inventions ne trouvent pas d’utilisation à des fins productives
(exemple : une grande partie des inventions du fameux Concours Lépine, qui récom-
pense des inventions depuis 1901 à Paris, n’ont pas trouvé d’application).
2. Faux. Voir les données du document 2 de ce dossier : les TIC ont un effet beaucoup
plus faible que l’électricité au début du xxe siècle.
3. Vrai.
4. Vrai.
2 Étude d’un document
Entre 2005 et 2010, aux États-Unis, la PGF n’a progressé que d’environ 0,4 % en
moyenne par an. Cette hausse s’explique essentiellement par la contribution de l’édu-
cation (environ 0,25 point de % de cette hausse), des TIC (environ 0,2 point de %) et
du résidu (environ 0,1 point de %). Au contraire, l’âge du capital et, marginalement,
l’électricité, contribuent négativement à la hausse de la PGF (-0,15 point de %). Cela
signifie que le non-renouvellement du capital ou son obsolescence ont des effets
néfastes sur la hausse de la PGF aux États-Unis.
p. 22
Pour commencer la séquence, l’exemple d’un jouet très célèbre, la poupée Barbie, a
été privilégié. Le document de gauche reproduit le brevet déposé par Mattel en 1961
aux États-Unis, et la photo de droite montre la variété de ce jouet dans la collection
2019. C’est l’occasion de rappeler ce qu’est un brevet, ce qu’il apporte à son détenteur,
et d’introduire la notion « d’incitation à innover et investir ».
1. Les éléments importants sont les dimensions de chaque pièce, leur nombre exact,
leur forme, la façon de les assembler… mais aussi la date de dépôt du brevet, le
numéro du brevet, le nom du dépositaire du brevet (J. W. Ryan). Ici, le brevet de la
poupée Barbie a été déposé au United States Patent Office qui est le bureau amé-
ricain des brevets.
2. Déposer un brevet permet de protéger une innovation. Cette protection incite à
innover puisqu’avec le brevet, l’innovateur est en situation de monopole, ce qui lui
assure un surprofit par rapport à la situation de concurrence parfaite. Il est, en effet,
le seul à pouvoir produire. Dans le cas de la poupée Barbie, on note que plus de 800
16 • I – Science économique
millions de poupées ont été produites et vendues dans monde depuis le lancement
du jouet par Mattel en 1959, ce qui en fait un des jouets les plus rentables de l’his-
toire. L’entreprise possédant le brevet peut aussi gagner de l’argent en vendant des
licences à d’autres entreprises.
En complément, on pourra informer les élèves d’éléments historiques sur la création
de ce jouet, qui montrent que le brevet crée à la fois une incitation à innover mais
peut aussi empêcher l’innovation par imitation. En effet, la société Mattel a lancé
Barbie en imitant un jouet non breveté aux États-Unis, créé par l’entreprise allemande
Hauser en 1955, Bild Lilli. Elliot Handler, cofondateur de Mattel, avait acheté ce jouet
en Suisse pour sa fille Barbara qui l’adopta aussitôt, et il donnera son nom à Barbie.
Plutôt que d’intenter un procès, l’entreprise Hauser finira par revendre à Mattel les
droits de Bild Lilli.
C
2 Institutions et croissance
DO
p. 22
Ce texte de Mankiw et Taylor rappelle ce qu’est un droit de propriété et quelles sont
les institutions nécessaires au respect de ce droit. De nouveau, c’est l’occasion de
faire des rappels de classe de 1re sur la nécessité pour une économie de mettre en
place des institutions pour que le marché joue efficacement son rôle de coordination.
1. Un droit de propriété donne au propriétaire une capacité à « exercer une autorité sur
les ressources qu’il possède ». Le propriétaire peut choisir d’utiliser le bien (exemple :
occuper son appartement), d’en tirer un revenu (louer son appartement), ou d’en
disposer (vendre son appartement).
2. Les institutions juridiques telles que les tribunaux sont essentielles au respect des
droits de propriété car elles les garantissent. Ces institutions doivent par ailleurs être
non corrompues et fonctionner librement.
3. La corruption désigne le fait, pour une personne investie d’une fonction déterminée
(publique ou privée), de solliciter ou d’accepter un don ou un avantage quelconque en vue
d’accomplir, ou de s’abstenir d’accomplir, un acte entrant dans le cadre de ses fonctions.
4. La corruption est une entrave aux mécanismes du marché car le droit de propriété
n’est alors pas respecté : il peut donc y avoir vol de marchandises à son propriétaire
sans que ce dernier ne soit indemnisé, ainsi que l’achat ou la vente de marchandises
à un prix sans aucun rapport avec un prix de marché. Avec la corruption, les agents
économiques ne savent plus si les règles seront respectées (notamment les droits
de propriété), ce qui ne les incite pas à passer des contrats d’échange, et donc rend
inefficaces les marchés.
p. 23
Ce graphique chronologique de la World Intellectual Property Organization (WIPO)
présente l’évolution du nombre de brevets déposés chaque année selon le niveau de
revenu par habitant des pays (RNB par habitant). Ce document a pour objet de montrer
une corrélation entre le niveau de richesse du pays et le nombre de brevets déposés.
1. Selon la World Intellectual Property Organization (WIPO), le nombre de brevets
délivrés chaque année dans les pays à revenu élevé a été multiplié par un peu plus
de 2 entre 1997 et 2017.
2. Le nombre de brevets déposés chaque année dans les pays à revenu élevé est 1,74
fois plus élevé que dans les pays à revenu intermédiaire supérieur, 58 fois plus élevé
que dans les pays à revenu intermédiaire inférieur, et 174 fois plus élevé que dans
les pays à faible revenu.
3. Plus le pays a des revenus élevés et plus le nombre de brevets délivrés est élevé.
Une corrélation met en évidence un lien statistique entre deux variables. Toutes les
corrélations ne sont pas des causalités ; c’est le cas seulement quand l’évolution d’une
des deux variables est la cause de l’évolution de l’autre.
4. Les pays à revenu élevé et leurs firmes dépensent beaucoup d’argent en recherche
et développement mais aussi en éducation. En conséquence, ce sont ces pays qui
produisent le plus d’innovations. Ces innovations ont un coût élevé pour les innova-
teurs, d’où la nécessité de les protéger pour qu’ils puissent en récolter les bénéfices,
et éviter d’être imités.
S’ENTRAÎNER
p. 23
1 Autoévaluation
Les droits de propriété sont fondamentaux pour favoriser la croissance éco-
nomique. En effet, sans droit de propriété, les entreprises ne sont pas incitées à
produire puisqu’elles peuvent se faire « voler » leur production. La contrefaçon, par
exemple, est considérée comme une fraude puisque le droit de propriété est utilisé
par quelqu’un qui n’y est pas autorisé. De même, un entrepreneur qui innove peut se
faire dérober le résultat de ses recherches s’il ne dépose pas un brevet pour protéger
son innovation. Pour cela, il faut que les pays disposent d’institutions solides et non
corrompues (tribunaux, autorités de la concurrence, banques centrales…) pour inciter
à innover et ainsi favoriser l’activité et la croissance économique.
2 Mobiliser ses connaissances
Les brevets peuvent favoriser la croissance en créant un contexte institutionnel
qui incite à innover. En effet, l’innovateur qui protège son innovation avec un brevet
va être le seul à pouvoir l’utiliser dans la production, que ce soit un produit ou un
procédé. Dans le premier cas, l’innovateur bénéficie d’un monopole temporaire et
peut donc fixer un prix de vente élevé, qui lui permettra de réaliser un profit important
18 • I – Science économique
qui le rémunère pour les dépenses engagées et les risques encourus. Par exemple,
au lancement des capsules Nespresso, Nestlé a déposé de très nombreux brevets
pour protéger les capsules et les machines afin de dominer sans partage le marché
du café expresso. Dans le second cas, l’innovation de procédé permet de produire à
un coût plus faible, ce qui permet également à l’innovateur d’être seul à bénéficier
de profits élevés. Ces innovations permettent donc à l’innovateur des gains de pro-
ductivité : elles permettent de produire plus de valeur ajoutée avec moins de facteurs
de production. Et ces gains de productivité se diffusent à l’ensemble de l’économie
au fur et à mesure que les innovations sont utilisées, puis copiées et imitées, voire
dépassées, par d’autres producteurs. Ces gains de productivité sont alors favorables
à la croissance de l’ensemble de l’économie.
DO
p. 24
Ce célèbre texte de Schumpeter permet d’expliciter le mécanisme de destruction
créatrice. Il est explicitement fait référence à la destruction créatrice dans le pro-
gramme. Il est donc utile que les élèves étudient au moins un texte de l’auteur à
l’origine de ce mécanisme.
1. Nouveaux objets de consommation : ebooks.
Nouvelles méthodes de production et de transport : vélos électriques en libre-service.
Nouveaux marchés : marché chinois en forte croissance.
Nouveaux types d’organisation industrielle : décomposition internationale du proces-
sus de production et constitution de chaînes de valeur mondiales (voir chapitre 2).
2. Des « exemples du même processus de mutation industrielle […] qui révolutionne
incessamment de l’intérieur la structure économique, en détruisant continuellement
ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs ».
3. Les activités qui disparaissent sont celles des entreprises qui n’utilisent pas les
innovations qui apparaissent, et qui sont conduites à la faillite faute de pouvoir faire
face à la concurrence des entreprises innovantes. Les activités qui se développent
sont celles des entreprises innovantes, avec à leur tête des « entrepreneurs-inno-
vateurs » selon Schumpeter. Elles sont plus rentables car elles attirent la demande
malgré un prix élevé, ou permettent de produire à un coût plus faible. Les entreprises
de l’hôtellerie et Airbnb illustrent ces deux catégories d’entreprises.
4. Le progrès technique a pour effet de rendre obsolètes les anciennes innovations
car les entreprises qui les mettent en œuvre ne sont plus compétitives. Certains
produits ou certains processus de production vont ainsi disparaître, en même temps
que d’autres apparaissent.
Pour aller plus loin
Les effets des innovations sur la croissance et sur l’emploi selon Philippe Aghion
Vidéo (3 min 32 s) : : https://www.youtube.com/watch?v=glT0R3OHL0I
C
3 Le numérique bouleverse le marché de la musique
DO
p. 25
Ce diagramme en barres permet d’illustrer le concept de destruction créatrice grâce
au marché de la musique. L’essor des musiques numériques, grâce en particulier au
streaming, se fait au détriment des musiques enregistrées sur des supports.
1. En 2018, le chiffre d’affaires mondial total de la musique enregistrée s’élève à 19,1
milliards de $. Sur ces 19,1 milliards de $, 4,7 milliards correspondent au chiffre d’af-
faires pour la musique physique (c’est-à-dire enregistrée sur disque ou CD).
2. Entre 2001 et les années 2010, le chiffre d’affaires mondial de la musique enregis-
trée a connu un déclin important, passant de 23,9 milliards de $ à environ 15 milliards
de $. Ce net déclin s’explique par une baisse importante de la musique enregistrée
sur disque ou CD. En effet, le chiffre d’affaires sur ce type de support a baissé de 15
milliards de $ entre 2001 et 2011. À partir des années 2010, on voit que le chiffre
d’affaires de la musique numérique augmente progressivement, mais ce n’est qu’à
partir de 2014-2015 que l’essor de la musique numérique enregistrée permet un
rebond du chiffre d’affaires mondial.
3. [(8,9 + 2,3) / 19,1] = 0,586 = 58,6/100 = 58,6 %
En 2018, la musique numérique en ligne représentait 58,6 % du chiffre d’affaires
mondial.
20 • I – Science économique
4. L’évolution du marché de la musique depuis 2000 est un exemple de destruction
créatrice. En effet, le déclin de la musique enregistrée sur des supports physiques
s’explique par le développement de la musique en téléchargement puis en streaming
sur Internet. Ces innovations ont accéléré le déclin des ventes de musique sur support
physique, en particulier les CD, et le déclin des revenus des maisons de disques et des
artistes, alors même que se développaient les profits des plateformes de télécharge-
ment (Apple avec iTunes) et, dans un deuxième temps, de streaming (Spotify, Deezer).
C
4 Y a-t-il un essoufflement des innovations ?
DO
p. 25
Ce texte extrait d’un livre récent de Daniel Cohen montre que les perspectives techno-
logiques n’ont jamais été aussi grandes et les perspectives de croissance aussi faibles.
1. Disparition des machines à écrire au profit du traitement de texte sur les ordina-
teurs de bureau, disparition des disques vinyles au profit de la musique numérique,
disparition du courrier postal au profit des mails, disparition du téléphone fixe au
profit du smartphone.
2. Les effets possibles sont des destructions massives d’emplois au sein des entre-
prises qui utilisent des innovations anciennes, et des créations d’emplois au sein des
entreprises innovantes. Les effets sur l’emploi global dépendent de l’effet dominant :
les destructions ou les créations.
3. Internet a été une innovation majeure et exceptionnelle mais ses effets, en parti-
culier sur la productivité, n’ont pas été aussi importants qu’espérés, et surtout pas
aussi importants que ceux permis par les innovations majeures du xxe siècle, comme
l’électricité. Le smartphone et Internet sont deux innovations radicales mais pas
suffisantes pour permettre une croissance économique solide et durable.
4. La destruction créatrice paraît moins intense aujourd’hui que pendant les Trente
Glorieuses. Il y a eu des innovations, mais moins d’innovations majeures ou radicales
susceptibles de créer une croissance économique forte.
Remarque : ce texte peut être relié à l’activité 1 « Vers une stagnation séculaire »,
page 30, qui reprend les travaux de Robert Gordon. La stagnation séculaire s’explique,
selon lui, du côté de l’offre (ralentissement des gains de productivité).
Exercice complémentaire
Cet exercice pourra être donné aux élèves pour illustrer la destruction créatrice.
1. Cherchez les activités qui ont été détruites par les innovations suivantes et rem-
plissez le tableau.
2. Rédigez un paragraphe AEI montrant que le progrès technique est à la fois source
de création et de destruction. Illustrez à l’aide d’un des exemples du tableau.
Innovation Activités détruites
L’automobile au début du xxe siècle
La grande distribution
dans les années 1950 à 1970
Les logiciels de traitement
de texte dans les années 1980
Le courrier électronique
dans les années 1990
La vente en ligne depuis les années 2000
S’ENTRAÎNER
p. 25
1 Autoévaluation
Invention Innovation « Grappes d’innovations » par imitation et diffusion
Création Destruction
Croissance de l’activité d’entreprises Déclin de l’activité d’entreprises
22 • I – Science économique
2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
Les savoir-faire s’appuient sur les Fiches méthode 1 et 2 (« Construire une
argumentation », pages 370-371 et « Rédiger un texte long », page 372) et sur la
Fiche Bac 2 (« L’épreuve composée », pages 380-381).
Le progrès technique correspond à l’ensemble des innovations qui transforment les
produits et les activités productives permettant généralement de réaliser des gains
de productivité. L’ensemble de ces innovations (produits, procédés, commercialisation
et organisationnelle) qui forment le progrès technique a des effets contradictoires sur
l’activité économique. Elles permettent le développement des activités des entre-
prises qui utilisent ces innovations (I). Mais elles détruisent également les activités
des entreprises qui utilisent des innovations du passé (II).
Tout d’abord, les innovations stimulent l’activité économique. Les entreprises
peuvent innover en lançant de nouveaux produits ou en mettant en place de nouveaux
procédés. Dans le premier cas, l’innovateur se retrouve en position de monopole
temporaire, ce qui lui permet de fixer un prix plus élevé. Dans le second, l’innovation
de procédé lui permet de diminuer ses coûts. Dans les deux cas, l’innovateur dégage
un profit plus élevé que les autres entreprises, profit qui lui permet d’investir et de
développer ses activités. Si l’innovation permet des profits élevés et si elle n’est pas
brevetée ou brevetable, elle peut aussi inciter d’autres entreprises à l’imiter et à
l’améliorer, ce qui provoquera de nouvelles innovations, ou des innovations mineures,
qui sont favorables à la croissance économique. Par exemple, la mise en place de la
plateforme Airbnb (document 1) a donné à cette entreprise une position dominante.
Mais dans le même temps, d’autres acteurs ont imité ce modèle de mise en relation
via les plateformes dans de nombreux domaines (transport, livraison de repas, cours
particuliers…), ce qui développe de nouvelles activités. Le progrès technique est alors
« créateur » de nouvelles activités et de nouveaux emplois, pour reprendre l’expression
de J. A. Schumpeter (document 2).
Mais, dans le même temps, le progrès technique nuit à l’activité des entreprises
qui utilisent des innovations plus anciennes. Ces entreprises sont moins compéti-
tives car la demande se déplace vers les entreprises innovantes, soit parce que le
nouveau produit est attractif (innovation de produit), soit parce que leurs coûts, et
donc leurs prix, sont plus faibles (innovation de procédé). Par exemple, depuis 2004,
le développement de la musique numérique en téléchargement puis en streaming a
fait chuter les ventes de musique sur support physique (document 3). Ainsi, le chiffre
d’affaires mondial de la musique enregistrée sur disque et CD a baissé de 80 % envi-
ron entre 2001 et 2018. De nombreuses entreprises ont été affectées et l’industrie
de la musique a dû entièrement se recomposer. Le progrès technique est donc aussi
« destructeur » d’activité et surtout d’emplois, comme l’a montré J. A. Schumpeter
(document 2). De même, le développement des logiciels de traitement de texte puis
des premiers ordinateurs de bureau a provoqué le déclin des entreprises produisant
ou réparant des machines à écrire, ainsi que la disparition des métiers de secrétaires
sténos-dactylos.
Le progrès technique a donc des effets contradictoires sur l’activité économique. Il
peut être à l’origine de formidables phases de croissance économique, en particulier
quand des innovations majeures sont mises en place (électricité, automobile), mais
il peut aussi être à l’origine de phases de contraction de l’activité économique quand
les effets destructeurs l’emportent sur les effets créateurs.
p. 26
Ces images permettent de réfléchir avec les élèves aux conséquences du dévelop-
pement du commerce en ligne. Quels effets cette innovation de commercialisation
a-t-elle sur les emplois, les qualifications et les salaires ?
1. Les emplois de libraires traditionnels sont fortement concurrencés par le dévelop-
pement d’entreprises de commerce en ligne, comme Amazon qui s’est implanté en
France en vendant d’abord des livres (avant de se diversifier). Les librairies tradition-
nelles dans les centres-villes ont fortement souffert de cette nouvelle concurrence
provoquée par l’innovation de commercialisation.
2. Sur la photo de gauche, on observe une libraire qui a une formation et des compé-
tences élevées. Elle doit développer des compétences très diversifiées : conseiller les
clients, choisir les ouvrages, anticiper les demandes de ses clients, découvrir de nou-
veaux talents, organiser et faire vivre son commerce, etc. À droite, le hangar Amazon
accueille des emplois peu ou pas qualifiés. Ce sont des emplois de manutention ou à
la chaîne pour la conception et l’envoi des colis. La destruction des emplois de libraire
dans les centres-villes a pu être en partie compensée par la création d’emplois chez
Amazon, mais il ne s’agit pas du même type d’emploi.
3. Le commerce en ligne peut accroître les inégalités de salaires, en développant de
nombreux emplois non qualifiés (travail dans les entrepôts, livreurs) et en détruisant
des emplois de qualification intermédiaire (libraires).
C
2 Les innovations profitent-elles de la même façon à tous les travailleurs ?
DO
p. 26
Cet extrait d’un article d’Alternatives économiques met en relation les innovations
et l’emploi. Les entreprises qui innovent dans les produits préfèrent investir dans le
capital humain et embaucher en CDI. En revanche, dans le cas des innovations de
procédés, des emplois sont détruits. On constate également des effets opposés sur
les salaires, selon que le travail et le capital sont complémentaires ou substituables.
1. Le capital humain correspond à l’ensemble des compétences individuelles qui
permettent d’améliorer la productivité du travail, c’est-à-dire l’efficacité productive
des travailleurs (voir chapitre sur l’emploi en 2de). L’augmentation du capital humain
est donc favorable à la hausse du salaire. Flexibiliser l’emploi correspond au fait de
le rendre plus facilement et plus rapidement adaptable, quantitativement et quali-
tativement, aux besoins des employeurs.
2. Les innovations de procédés ont tendance à détruire des emplois puisqu’une inno-
vation de procédés a pour objectif d’augmenter la productivité et se traduit souvent
par une substitution capital-travail. On constate alors une pression à la baisse sur les
salaires dans les secteurs concernés.
24 • I – Science économique
3. Les entreprises qui innovent dans les produits ont tendance à plus investir en capital
humain et ont tendance à favoriser l’emploi en CDI. En effet, pour que les salariés
développent de nouveaux produits ou mettent en place leur production, ils doivent
être qualifiés et avoir de l’expérience. Une entreprise qui investit dans le capital
humain a tout intérêt à garder le plus longtemps possible ses salariés pour récolter
les fruits de ses investissements. Elles n’hésitent donc pas à attirer les meilleurs avec
des emplois stables et bien rémunérés.
4.
Type d’innovations Innovations de procédé Innovations de produit
Conséquences sur
Substitution du capital au travail Investissement en capital humain
la combinaison productive
Relations entre
Substituabilité Complémentarité
innovation et emploi
Effet sur les salaires Baisse des salaires des emplois concernés Hausse des salaires des emplois concernés
C
3 Les effets contrastés du progrès technique sur les revenus
DO
p. 27
Ce texte de Grégory Verdugo met en évidence les effets contrastés du progrès tech-
nique sur la rémunération du travail qualifié, en fonction de la politique éducative.
1. L’offre de travail correspond à la main-d’œuvre (salariés + chômeurs) et la demande
de travail vient des entreprises. Le prix sur le marché du travail correspond au salaire.
2. Une augmentation du nombre de travailleurs qualifiés, à la suite d’une élévation
du niveau d’éducation, correspond à une hausse de l’offre de travail qualifié, donc
à un déplacement de la courbe d’offre de travail vers la droite : à salaire égal, il y a
un plus grand nombre d’offreurs de travail qualifié. Si la demande reste la même, le
salaire d’équilibre sur le marché du travail qualifié va donc baisser.
Marché du travail qualifié
Salaire
Offre de travail
W E
E’
W’ Demande de travail
L L’
Quantité de travail
Offre de travail
E’
W’
W E
Demande de travail
L L’ Quantité de travail
4. Le progrès technique et les progrès de l’éducation ont des effets opposés sur les
salaires des travailleurs qualifiés. D’un côté, les entreprises demandant toujours plus
de travail qualifié avec le progrès technique, les salaires des travailleurs qualifiés ont
tendance à augmenter. De l’autre, l’élévation du niveau d’éducation fait que l’offre
de travail qualifié devient abondante, ce qui fait pression à la baisse sur les salaires
des plus qualifiés. En définitive, le progrès technique peut accroître les salaires des
plus qualifiés, et donc les inégalités en l’absence de politique éducative ambitieuse,
mais peut aussi s’accompagner d’une stagnation des salaires des plus qualifiés et
des inégalités, si la politique éducative augmente l’offre de travail qualifié à hauteur
des besoins en travail qualifié. Il peut aussi y avoir une baisse des salaires des plus
qualifiés et des inégalités, si la politique éducative est très ambitieuse.
Pour aller plus loin
Une note récente du Cereq (« Que gagne-t-on à se former ? Zoom sur 20 ans d’évolution
des salaires en début de vie active », Céreq Bref, n° 372, Février 2019) montre que les
écarts de salaires entre les peu diplômés et les diplômés d’un master ou plus se sont
réduits en 20 ans en France. Dans le cas de la France, la course entre l’éducation et
le progrès technique, selon l’expression de Claudia Goldin et Lawrence Katz, aurait
été gagnée par l’éducation.
Citation : « Le rapport entre le salaire médian des diplômés de grandes écoles, qui
obtiennent les plus hauts niveaux de rémunérations, et celui des non-diplômés ou
titulaires d’un brevet seul, est passé de 2,4 à 1,9 en 18 ans (pour les actifs occupés
à 5 ans), signalant un tassement de la hiérarchie des salaires en fonction du niveau
de diplôme. »
https://www.cereq.fr/que-gagne-t-se-former-zoom-sur-20-ans-devolution-des-salaires-en-debut-de-vie-active
C
4 Quel lien entre innovation et inégalités de revenus ?
DO
p. 27
Ce graphique chronologique met en évidence une corrélation entre le nombre de
brevets déposés aux États-Unis et les inégalités de revenus : plus il y a de brevets
déposés, plus la part de revenus détenue par les 1 % les plus riches augmente. Le
document est tiré d’un article publié par Philippe Aghion et quatre coauteurs, qui
montre que les innovations augmentent les inégalités par la hausse des revenus du
top 1 %, mais qu’elles n’auraient pas d’effets sur les 99 % restants de la population.
1. En 2013, aux États-Unis, il y avait 0,9 brevet déposé pour 1 000 habitants et les
1 % les plus riches détenaient 20 % des revenus.
2. La part des revenus détenus par les 1 % les riches aux États-Unis a été multipliée
par 2,5 entre 1970 et 2013, et le nombre de brevets déposés pour 1 000 habitants a
lui été multiplié par 2,4 environ.
26 • I – Science économique
3. Il y a une corrélation positive entre le nombre de brevets déposés et la montée des
inégalités de revenus : plus le nombre de brevets déposés est élevé, plus les inégalités
de revenus augmentent. Les innovations permettent aux entreprises innovatrices
de fixer un prix plus élevé en cas de monopole temporaire lié à une innovation de
produit, ou de baisser les coûts en cas d’innovation de procédé. Tout cela contribue
à accroître les profits réalisés par ces entreprises, et donc les revenus de leurs pro-
priétaires ou dirigeants. L’innovation induit donc une augmentation de l’inégalité en
haut de l’échelle des revenus.
Pour aller plus loin
- La croissance et la hausse des inégalités selon Philippe Aghion
Vidéo (4 min 30 s) : https://www.youtube.com/watch?v=Kl4-qUTp8gM
- La Revue de l’OFCE : « Croissance et progrès technique depuis la crise » de Aghion
et Bergeaud, dans sa quatrième partie sur le lien entre innovation, progrès technique
et mobilité sociale
https://www.cairn.info/revue-de-l-ofce-2017-4-page-63.htm
Les autres parties de l’article sont intéressantes pour les dossiers précédents.
S’ENTRAÎNER
p. 27
1 Autoévaluation
Les inégalités ont fortement augmenté ces dernières années dans les pays riches et
développés. Une des explications possibles est le progrès technique. Les nouvelles
technologies accroissent la productivité des travailleurs les plus qualifiés, ce qui
entraîne pour ces derniers des rémunérations plus élevées. Mais face au dévelop-
pement des technologies, la population se forme toujours plus, ce qui a pour effet
d’augmenter l’offre de travail qualifié et de baisser les salaires.
2 Mobiliser ses connaissances
Le progrès technique a des effets variables sur les revenus des plus qualifiés.
En effet, toutes choses égales par ailleurs, les entreprises qui souhaitent innover
demandent fortement de la main-d’œuvre qualifiée, ce qui a pour effet d’augmenter
les salaires de cette catégorie. En effet, la courbe de la demande de travail se déplace
vers la droite et, si l’offre reste constante, alors le salaire du travail qualifié augmente.
C’est le cas, par exemple, d’entreprises fortement innovantes comme Facebook, qui
cherchent une main-d’œuvre très hautement qualifiée et qui attirent les meilleurs
salariés avec des rémunérations très élevées.
Mais dans le même temps, une politique éducative d’élévation du niveau d’éducation
peut contrarier ces effets inégalitaires. En effet, cette politique augmente l’offre de
main-d’œuvre qualifiée disponible sur le marché, ce qui a pour effet de faire pression
à la baisse sur les salaires. Par exemple, si le nombre d’ingénieurs est supérieur à la
demande d’ingénieurs, les salaires des ingénieurs baisseront.
Le progrès technique a donc plutôt comme effet d’augmenter les inégalités de
revenus, mais cet effet est très variable selon les pays, et notamment selon leur
politique éducative.
p. 28
Cette infographie permet d’illustrer l’épuisement d’une ressource naturelle, le sable,
et de rappeler ce qu’est un bien commun (notion étudiée en 1re). C’est également l’oc-
casion de revenir sur la « Tragédie des communs » mise en évidence par le biologiste
américain Garrett Hardin en 1968.
1. Un bien commun est un bien accessible à tous, c’est-à-dire qu’il est impossible
d’empêcher quelqu’un d’en bénéficier et de le faire payer pour son utilisation (c’est un
bien non excluable). C’est également un bien rival, c’est-à-dire que la consommation
de ce bien par les uns réduit la consommation des autres. Le sable est accessible à
tous gratuitement (il est impossible d’exclure une personne de sa consommation) et
c’est aussi un bien rival : sa trop grande exploitation par les uns diminue la disponibilité
pour les autres. Le sable est donc un bien commun.
2. La demande de sable explose car c’est une matière première fortement utilisée dans
la construction (pour le béton). Les pays en développement, principalement la Chine, en
ont besoin pour développer leur économie, et en sont donc de très gros consommateurs.
3. Ce bien étant accessible à tous, gratuitement, il est surexploité (tragédie des
communs). Les individus ont un comportement de passager clandestin (free rider).
Ils profitent de la ressource gratuitement ou à un prix modique, sans supporter les
coûts liés aux conséquences de la suppression du sable.
4. L’exploitation du sable marin a pour effet de diminuer les quantités disponibles de
cette ressource, de faire disparaître ou s’affaisser des plages, d’élever le niveau de la
mer, de détruire des paysages et de réduire la biodiversité.
Pour aller plus loin
- « Des communs et des hommes », #DATAGueule, 20 juin 2015, sur la tragédie des
communs
Vidéo (3 min 57 s) : https://www.youtube.com/watch?v=qrgtbgjMfu0
- « Pénurie de sable : un enjeu planétaire environnemental et économique », TV5
Monde, 12 août 2017
Vidéo (1 min 02 s) : https://information.tv5monde.com/info/penurie-de-sable-un-enjeu-
planetaire-environnemental-et-economique-185813
C
2 Le CO2 s’accumule dans l’atmosphère
DO
p. 28
Ce texte du journal Le Monde permet de faire le lien entre l’activité économique et
le réchauffement climatique. C’est l’activité humaine (industrie, transport, agricul-
ture…) qui est à l’origine du réchauffement climatique actuel qui a pour effet, entre
autres, la perte de biodiversité, la multiplication des phénomènes météorologiques
extrêmes et la montée du niveau des océans. Il est possible ici de rappeler la notion
d’externalité négative étudiée en 1re.
1. 36,3/1,5 = 24,2
Les émissions de CO2 dans le monde ont été multipliées environ par 24 entre 1950
et 2016.
28 • I – Science économique
2. Les conséquences du réchauffement climatique sont nombreuses : la multiplication
des phénomènes météorologiques extrêmes (ouragan, canicule…), la fonte des glaciers
et la hausse du niveau des mers, la désertification de certaines zones, l’acidification
des océans, la perte de biodiversité… On est en présence d’externalités négatives très
nombreuses. Le réchauffement climatique a des effets sur les activités économiques
et sur le bien-être de nombreuses populations, sans contrepartie monétaire pour
les dédommager, et sans que le coût pour les autres ne soit intégré dans le prix des
activités à l’origine du réchauffement climatique.
C
3 Qu’est-ce qu’une croissance soutenable ?
DO
p. 29
Sylvie Brunel est une géographe spécialiste des questions de développement durable.
Son texte permet de distinguer les deux approches traditionnelles du développement
soutenable : la soutenabilité faible et la soutenabilité forte. Le document audio per-
met d’illustrer la notion de soutenabilité faible. Les innovations apparaissent alors
comme la solution aux problèmes environnementaux.
1. Le capital naturel correspond à l’ensemble des ressources naturelles, renouvelables
ou non. Ces ressources naturelles sont utiles à l’homme qui peut les exploiter tech-
niquement et économiquement. Ce capital n’est pas « construit », contrairement
aux autres capitaux.
2. Les tenants de la soutenabilité faible mettent en évidence que les capitaux sont
substituables. Ce qui compte est le stock global de capital. Le capital naturel pour-
rait donc être remplacé par davantage de « capital construit », que ce soit du capital
physique ou humain, par exemple. Les partisans de la soutenabilité forte estiment,
eux, que le capital naturel est irremplaçable et qu’il doit « absolument être main-
tenu en l’état ». Les activités humaines doivent donc être limitées et la croissance
économique tendre vers 0.
3. Le progrès technique joue un rôle central dans l’approche de la soutenabilité
faible. Il doit permettre, en particulier, de remplacer du capital naturel détruit. Il ne
faut donc pas ralentir la croissance économique qui permet d’avoir des ressources
économiques et financières pour investir, développer des innovations et favoriser le
progrès technique.
4. Le robot pollinisateur correspond à une innovation qui pourra bientôt permettre
de remplacer les insectes pour la pollinisation des végétaux. Cette approche corres-
pond à la thèse de la soutenabilité faible. Mais des innovations non technologiques
organisationnelles ou de commercialisation, comme le développement de circuits de
recyclage ou de réparation des objets défectueux, peuvent contribuer aussi à diminuer
la pression sur le capital naturel. Les innovations permettent alors de dépasser les
limites écologiques de la croissance soutenable.
C
4 Les villes les plus polluées au monde
DO
p. 29
Cette carte a pour objectif d’illustrer les problèmes de pollution rencontrés aussi bien
dans les pays riches que dans les pays en développement (PED). Le développement
des PED a d’ailleurs pour effet d’augmenter considérablement la pollution, ce qui est
visible sur la carte lorsque l’on regarde où sont localisées les villes les plus polluées
au monde.
1. Les villes les plus polluées au monde se trouve aujourd’hui dans des pays en déve-
loppement en Asie et en Afrique.
2. À Delhi, le taux d’émission annuel de PM10 est 14,6 fois supérieur à celui recommandé
par l’OMS (calcul : 292/20 = 14,6). À Paris, il est 1,8 fois supérieur (calcul : 35/20 = 1,8).
Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ? • 29
3. Les principales sources d’émissions de particules fines dans les villes sont le trans-
port, les activités industrielles, le chauffage, le retraitement des déchets.
4. Une forte activité économique est synonyme de production importante de biens
et services. En conséquence, les industries rejettent plus de particules fines car elles
produisent plus. On a également besoin d’acheminer les matières premières, les pro-
duits semi-finis puis les produits finis, ce qui accroît aussi les émissions. Par ailleurs,
lorsque les revenus augmentent, la population consomme plus, se déplace plus, part
plus en voyage… ce qui, de nouveau, augmente les émissions.
S’ENTRAÎNER
p. 29
1 Autoévaluation
1. Vrai.
2. Faux. Elle est ancienne, elle date de la Révolution industrielle dès le xviiie siècle
en Europe.
3. Faux. C’est la thèse de la soutenabilité faible qui prône le développement des
innovations.
4. Faux. La thèse de la soutenabilité faible prône l’innovation pour compenser la
baisse du capital naturel par d’autres capitaux.
2 Mobiliser ses connaissances
La croissance économique, qui correspond à l’augmentation soutenue de la
production d’un pays pendant une période longue, nécessite des ressources, en
particulier des ressources naturelles. La poursuite de la croissance actuelle, fondée
sur une logique productiviste, se heurte à des limites écologiques : épuisement des
ressources naturelles (I), pollution (II) et réchauffement climatique (III).
En effet, la croissance économique dans sa forme actuelle épuise les ressources
naturelles. Pour produire différents capitaux sont nécessaires. Le capital naturel, qui
regroupe l’ensemble des ressources, renouvelables ou non, apporte les ressources
nécessaires à l’activité économique. Certaines ressources non renouvelables (sur
plusieurs générations) s’épuisent : c’est le cas du sable et du pétrole, par exemple.
D’autres sont surexploitées, comme les ressources halieutiques, sans que les espèces
aient le temps de se renouveler.
Par ailleurs, la croissance économique crée de la pollution. En produisant toujours
plus, les activités humaines créent des pollutions en rejetant dans l’air ou dans la
nature des produits toxiques, des gaz, des particules fines. Par exemple, l’agriculture
conventionnelle qui utilise massivement des pesticides, pollue pour des dizaines
d’années les nappes phréatiques, les cours d’eau, les terres…
Enfin la croissance économique accélère le réchauffement climatique. Les acti-
vités industrielles, agricoles, de transport émettent énormément de gaz à effet de
serre qui sont responsables du réchauffement climatique. Ce réchauffement a des
conséquences multiples, comme l’augmentation des sécheresses, des canicules, l’aci-
dification des océans, la désertification, la montée des eaux, etc. Ces effets sont, par
ailleurs, à l’origine d’une montée des inégalités entre les pays du Nord et du Sud, mais
aussi à l’intérieur même des pays, entre les populations favorisées et défavorisées.
La poursuite de la croissance économique dans ses formes actuelles est donc à
l’origine de nombreuses externalités négatives, ce qui interroge sur sa soutenabilité.
30 • I – Science économique
TIVIT
É1
AC
Schématiser
Vents contraires Ralentissement des gains de productivité de l’économie américaine Vents contraires
TIVIT
É2
AC
32 • I – Science économique
leurs arguments et illustrations pour rédiger les deux paragraphes AEI. Attention
toutefois, le premier document est une vidéo (7 min 52 s) : soit elle peut être projetée
en début de séance et les élèves prennent des notes ; soit les élèves disposent de
matériel, comme des tablettes, et peuvent être complètement autonomes.
Après une rapide correction, les élèves rédigent les deux paragraphes en utilisant
éventuellement la Fiche méthode 1, page 370.
ÉTAPE 2 SYNTHÈSE
Premier paragraphe AEI :
Le développement de la voiture électrique en France semble être une bonne idée
pour limiter les pics de pollution. Les voitures électriques qui circulent n’émettent pas
de CO2 puisqu’elles n’utilisent ni essence, ni diesel. Par ailleurs, l’électricité en France
vient dans une très large part du nucléaire, qui a certes de nombreuses limites, mais
n’émet pas de CO2. Par exemple, en France, les émissions de CO2 sur le cycle de vie
d’un véhicule électrique s’élèvent à 85 g/km, ce qui est trois fois moins élevé que pour
un véhicule thermique, en moyenne, en Europe (document 2). Par ailleurs, la France
est en avance sur d’autres pays dans le recyclage des batteries puisqu’elle arrive à
en recycler jusqu’à 70 %. C’est donc une avance technologique qui permet de dire
que la voiture électrique peut être la solution aux problèmes de pollution. Pour les
batteries Nickel-Metal-Hydrure, par exemple, « c’est plus de 75 % de la batterie qui
sont récupérés » (document 3).
Deuxième paragraphe AEI :
Il existe toutefois des limites qui montrent que le développement de la voiture
électrique en France n’est pas forcément une bonne solution pour lutter contre la
pollution. En effet, la construction d’un véhicule électrique demande 50 % d’énergie
de plus que la construction d’un véhicule thermique, en raison de la nécessité d’utiliser
des métaux rares, qui peuvent d’ailleurs être à l’origine de nombreuses pollutions
comme celles de l’eau nécessaire à leur extraction (document 1). Par ailleurs, dans
les pays où les principales sources d’énergie sont le charbon ou le gaz, l’utilisation
de telles voitures ont finalement des impacts négatifs sur le climat. C’est le cas, par
exemple, de l’Allemagne (document 1). Un véhicule électrique en Allemagne émet
34 • I – Science économique
quel que soit le pays du fait de la baisse du temps de travail sur la période car les gains
de productivité ont été, en partie, utilisés pour réduire le temps de travail. L’intensité
capitalistique a contribué positivement à la croissance des pays, en particulier au
Japon où elle a contribué pour environ 1,5 point à la croissance économique du pays.
4 Mots croisés
p. 37
Horizontal : 3. pollution – 5. inégalités – 7. brevet – 8. soutenable – 9. productivité –
10. investissement
Vertical : 1. innovation – 2. endogène – 4. institutions – 6. travail
36 • I – Science économique
I) Les innovations de produits permettent de reculer les limites écologiques de la
croissance.
§1 Mettre sur le marché des produits qui n’épuisent pas les ressources naturelles.
Une innovation de produit consiste à inventer un produit qui n’existait pas aupa-
ravant (innovation radicale) ou à améliorer un produit existant (innovation incrémen-
tale). Les chercheurs doivent inventer des produits qui n’épuisent pas les ressources
naturelles, soit en s’en passant, soit en les utilisant de façon raisonnée pour ne pas
épuiser les stocks de ressources, en particulier les ressources non renouvelables. Par
exemple, des nombreux sacs aujourd’hui sont intégralement fabriqués à partir de
déchets plastiques existants, ce qui permet le recyclage et limite les prélèvements
de nouvelles ressources (le pétrole est nécessaire pour fabriquer le plastique). Avec
une tonne de déchets plastiques, on peut produire jusqu’à 40 000 nouveaux sacs.
§2 Mettre sur le marché des produits qui polluent moins et contribuent moins au
réchauffement climatique.
Les nouveaux produits qui apparaissent sur le marché ne doivent pas non plus être
à l’origine de nouvelles pollutions (de l’eau, de l’air...). Ils doivent également avoir un
bilan carbone neutre, c’est-à-dire utiliser différents moyens pour réduire et compenser
les émissions de gaz à effet de serre dues à la production de ces nouveaux produits. Par
exemple, des brevets sont déposés en France pour produire des voitures « propres »
comme les voitures électriques. Les brevets pour limiter la pollution automobile
responsable d’une partie des émissions de CO2 ont augmenté de 12,9 % par an, en
moyenne, entre 1995 et 2005 (document 1). On peut aussi utiliser des biotechnologies
pour fabriquer de nouveaux produits respectueux de l’environnement : les brevets
déposés dans ce secteur ont progressé de 5 % par an en moyenne entre 1995 et 2005.
II) Les innovations de procédés permettent de reculer les limites écologiques de
la croissance.
§3 Mettre en place des procédés de production moins gourmands en ressources
naturelles.
La production agricole conventionnelle est aujourd’hui polluante puisqu’elle utilise
encore massivement des pesticides qui polluent l’air, les sols, les nappes phréatiques
et développent des maladies. Cette pollution massive détruit l’environnement et
dégrade la santé humaine. On parle d’externalités négatives ici. Or de nouveaux
procédés existent, par exemple en agriculture biologique, pour produire tout en
respectant l’environnement. De plus en plus d’agriculteurs, sensibles à la protection
de l’environnement et à leur santé, se convertissent en agriculture bio et mettent en
place des techniques innovantes non polluantes pour produire.
§4 Mettre en place des procédés de production qui polluent moins et contribuent
moins au réchauffement climatique.
La production d’énergie est fortement polluante quand elle se fait grâce au pétrole,
au charbon, au gaz. Or, en 2018, ces trois types d’énergie représentaient 69 % de la
demande mondiale d’énergie (document 3). Il faut donc inventer des procédés qui
n’émettent pas de CO2, en particulier pour limiter le rejets de gaz à effet de serre,
et ainsi lutter contre le réchauffement climatique. Par exemple, l’Haliade X est une
éolienne de nouvelle génération ; il s’agit de l’éolienne la plus puissante au monde
(document 2). Cette innovation de procédé va permettre de créer un méga-parc
éolien au large du Royaume-Uni, pour fournir de l’énergie verte qui pourra alimenter
« 4,5 millions de foyers, soit 5 % de la production d’électricité au Royaume-Uni ».
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
38 • I – Science économique
OBJECTIF BAC Préparer le Grand oral
p. 42-43
Pistes de sujets possibles
Les trois sujets proposés ne sont que des exemples possibles. Il faut formuler le
sujet sous la forme d’une question, à laquelle le candidat répond lors du Grand oral.
Apprendre à formuler un sujet efficace et attractif
1. Points communs : ces titres de Une portent sur les défis et les limites de la croissance.
Différences : certains titres sont courts, sans verbe, alors que d’autres sont formulés
sous la forme de phrase ; l’un est formulé sous la forme interrogative, les autres non ;
certains semblent donner un avis engagé, d’autres sont plus informatifs.
2. Les titres les plus courts et qui ne sont pas formulés sous la forme d’une phrase
sont plus attractifs. Le reprise d’une formule connue (« La France mollit mais ne
rompt pas » est une référence à Jean de La Fontaine, « Je plie, et ne romps pas »,
dans Le chêne et le roseau) ou une forme interrogative (« Croissance et climat ? C’est
possible ») attirent l’intérêt.
ORGANISATION DU CHAPITRE
Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils
permettent de couvrir tout le programme en environ six séquences de cours de deux
heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux
épreuves écrites et orales, sur une durée totale de seize heures (soit un peu moins de
trois semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires et
du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves
terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.
OUVERTURE DU CHAPITRE
p. 44-45
Trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce chapitre :
– Découvrir par l’image invite les élèves à commenter une photo montrant la production
de jouets dans une usine en Chine, où le facteur travail est abondant. Le document
permet de comprendre comment l’abondance ou la rareté des facteurs de production
déterminent les spécialisations et le commerce international. La note introductive
apporte des statistiques sur le marché mondial des jouets (production et ventes).
– Découvrir par la vidéo invite les élèves, à partir d’un documentaire d’Arte Découverte,
à suivre la production des crevettes, de leur pêche en mer jusqu’à leur consommation
après achat dans un supermarché, en passant par le décorticage et le conditionnement.
sa pelouse ?
p. 46
Ce texte permet, en prenant appui sur un exemple simple, de comprendre la notion
d’avantage comparatif qui, elle-même, repose sur la compréhension du concept de
coût d’opportunité.
42 • I – Science économique
1.
Forrest Gump Serena Williams
Durée pour tondre la pelouse (en heures) 4 2
Qui dispose d’un avantage absolu pour tondre la pelouse ?
Quel est le coût d’opportunité pour chacun (en $) ? (Autrement dit, que perd chacun à tondre
la pelouse ?) 50 $ 30 000 $
dans la spécialisation
p. 47
Ce texte permet de comprendre que la spécialisation des pays peut s’expliquer par
l’abondance relative d’un facteur de production sur le territoire, mais qu’il peut aussi
résulter de technologies plus efficaces.
1. La spécialisation du Canada dans les produits forestiers s’explique par ses dotations
factorielles abondantes en capital naturel, relativement à la taille de sa population
active.
2. Une dotation abondante dans un facteur abondant permet de disposer d’un avan-
tage comparatif puisque ce facteur abondant est peu cher. Ainsi, le Canada dispose
d’un avantage comparatif dans les productions utilisant de manière intensive le bois,
peu onéreux sur ce territoire.
3. Le Japon ne dispose pas d’avantages comparatifs « naturels » comme c’est le cas
du Canada, par exemple. La spécialisation du Japon dans l’automobile résulte du
développement de techniques de production plus efficaces par les constructeurs
automobiles japonais, c’est-à-dire par la constitution d’une dotation technologique.
N. B. : L’enseignant pourra ici évoquer l’apparition et le développement de méthodes
de production d’appel par l’aval et en « juste à temps » par l’ingénieur Taïchi Ohno au
sein de l’entreprise Toyota dès les années 1950, qui finiront par supplanter l’organi-
sation fordiste dans les années 1970 et 1980. Ceci anticipe des éléments qui seront
abordés dans le chapitre 9.
4. La dotation en facteur travail évolue quantitativement en fonction de la démogra-
phie du pays, c’est-à-dire de la taille de sa population et de sa composition par âge,
et des choix collectifs en matière d’âge de la scolarisation obligatoire et de départ
en retraite. Elle peut aussi évoluer qualitativement en fonction des investissements
en capital humain (éducation et formation).
La dotation en facteur capital évolue en fonction de l’investissement intérieur, qui
dépend à la fois de financements internes et externes (investissements directs à
l’étranger).
Les dotations technologiques évoluent en fonction des dépenses en recherche et
développement, mais aussi en fonction des investissements directs à l’étranger ou
de la sous-traitance internationale, à l’origine de transferts de technologie.
44 • I – Science économique
C
4 L’évolution de la spécialisation de la Corée du Sud
DO
p. 47
Ce diagramme en barres empilées permet de visualiser l’évolution de la structure des
exportations de la Corée du Sud entre 1967 et 2017. Il permet aussi de s’entraîner à
la lecture de ces diagrammes en barres (voir Fiche outil 10, page 364) et à l’interpré-
tation des % de répartition.
1. En 1967, les principales spécialisations de la Corée du Sud sont les services et le
textile qui représentaient respectivement 28 % et 26 % du total des exportations
de ce pays.
En 2017, les principales spécialisations de la Corée du Sud sont l’électronique et la
mécanique qui représentent respectivement 25 % et 16 % du total des exportations
de ce pays.
2. La Corée du Sud était spécialisée, dans les années 1960, dans des activités qui
nécessitaient une main-d’œuvre bon marché grâce à son abondance relative de
main-d’œuvre (et la rareté du capital productif). Elle a fait évoluer sa spécialisation
grâce à l’évolution de ses dotations factorielles : ralentissement de la croissance
démographique, dépenses d’éducation et de formation qui s’apparentent à des
investissements en capital humain, investissements en capital productif liés à des
financements intérieurs (épargne) et extérieurs (investissements directs à l’étranger),
dépenses de recherche et développement.
N. B. : Avec des dépenses de R&D qui dépassent 4,5 % du PIB en 2018, la Corée du
Sud est vice-championne du monde dans ce domaine (seul Israël est légèrement
au-dessus) ; à titre de comparaison, les pays de l’OCDE consacrent en moyenne
seulement 2,4 % de leur PIB à la R&D (2,8 % pour les États-Unis).
S’ENTRAÎNER
p. 47
1 Autoévaluation
Le Vietnam est relativement bien doté en facteur travail mais peu en facteur capital.
C’est le contraire pour la France. Le Vietnam a donc un avantage comparatif dans
les productions qui utilisent intensivement le facteur travail alors que la France a un
avantage comparatif dans les productions intensives en facteur capital.
Au Vietnam, le prix du facteur travail est relativement moins cher qu’en France car il
est plus abondant. Le Vietnam se spécialise donc dans les productions qui utilisent
davantage de facteur travail que de facteur capital, alors que la France se spécialise
dans les productions intensives en facteur capital, ce qui permet aux pays d’échanger
en obtenant un gain à l’échange.
2 Mobiliser ses connaissances
Les dotations factorielles constituent l’ensemble des facteurs de production dont
dispose un pays. Les échanges commerciaux prennent donc en compte ces dotations
qui peuvent expliquer l’avantage comparatif et la spécialisation des pays. En effet,
quand un pays est relativement bien doté en facteur travail par rapport au facteur
capital, comme c’est le cas pour la Chine par exemple, le travail est relativement peu
onéreux alors que le capital est cher, ce qui donne un avantage comparatif dans des
productions utilisant beaucoup de travail et peu de capital. De même, les pays qui
disposent d’une dotation en capital productif relativement importante par rapport
au travail bénéficient d’un coût du capital plus faible, alors que le coût du travail y
est plus élevé, d’où un avantage comparatif dans les productions utilisant beaucoup
de capital et peu de travail.
p. 48
Ces images mettent en évidence que de nombreux produits, comme ici les glaces,
sont produits dans des pays de niveau de richesse semblable, mais sous la forme de
variétés différentes.
Les glaces sont des produits qui se prêtent bien à la différenciation, une différen-
ciation qui correspond à des préférences alimentaires différentes dans chaque pays
(la marque Ben & Jerry’s a été fondée dans le Vermont aux États-Unis et l’entreprise
produit toujours dans cet État ; de même, Carte d’Or produit toujours à Saint-Dizier
en France), donc à des caractéristiques différentes (incorporation de Fudge Brownies
dans la glace au chocolat américaine ; de caramel à la fleur de sel de Camargue pour
la glace française), mais aussi à une demande dans des pays étrangers pour les glaces
correspondant aux préférences alimentaires américaines et françaises.
Cet exemple peut permettre d’évoquer deux analyses économiques fondatrices pour
expliquer le commerce entre pays comparables de produits différenciés : l’idée que
les exportations de chaque pays reflètent la « demande représentative » interne
dans chaque pays (Staffan Burenstam Linder, 1961), et que ce commerce s’explique
par le développement d’une « demande de différence » dans chaque pays (Bernard
Lassudrie-Duchêne, 1972). Autrement dit, les glaces françaises et américaines ont
d’abord été produites pour les populations de ces pays avant d’être exportées, car
des Français aiment aujourd’hui les glaces américaines et des Américains aiment les
glaces françaises.
C
2 La différenciation des produits et les échanges intrabranches
DO
p. 48
Ce texte de Michel Rainelli explique l’existence d’échanges intrabranches par les
stratégies de différenciation horizontale et verticale.
1. Pour différencier son produit de ceux des concurrents, une entreprise peut changer
les caractéristiques de son produit en améliorant sa qualité ou en lui donnant des
fonctionnalités nouvelles. Elle peut aussi investir dans des dépenses de publicité pour
différencier l’image du produit.
2.
– Design et couleur d’un produit (ex. : – Haut de gamme / bas de gamme en termes de
smartphones, vêtements de prêt-à-porter). performances techniques (ex. : voitures, smartphones).
– Taille de l’écran (petit ou grand) pour les – Nouveaux modèles qui attirent une demande forte les
smartphones. premiers mois (ex. : les produits Apple, Samsung et Xiaomi).
– Localisation d’un magasin en centre-ville – Service après-vente et réputation de fiabilité (ex. : les
ou dans un centre commercial à l’extérieur aspirateurs Dyson, censés résister à la chute d’un immeuble ;
de la ville. les sacs à dos Eastpak garantis 30 ans).
46 • I – Science économique
3. Les produits différenciés se ressemblent parce qu’ils rendent le même service,
mais sont aussi différents dans le sens où les consommateurs sont capables de les
distinguer par la qualité perçue ou par d’autres caractéristiques. Dans le premier cas,
deux pays peuvent échanger des produits de qualité réelle ou supposée différente,
comme l’Allemagne et la France qui exportent mutuellement des automobiles vers le
pays voisin, automobiles haut de gamme pour l’Allemagne, milieu de gamme pour la
France. Dans le second cas, les pays s’échangent des produits avec des caractéristiques
différentes, comme les glaces Ben & Jerry’s et Carte d’Or, ou encore les vins français
et californiens. Ces échanges sont tous des échanges intrabranches.
C
3 Les nouvelles explications du commerce international
DO
p. 49
Ce texte montre comment les nouvelles théories du commerce international formulées
par Paul Krugman expliquent le commerce intrabranche par l’existence d’économies
d’échelle et d’une demande de diversité.
1. Après la Seconde Guerre mondiale, la majeure partie du commerce mondial se fait
entre des pays de même niveau de richesse par habitant qui s’échangent les mêmes
produits, mais différenciés. Or, les théories issues de l’analyse des avantages com-
paratifs par Ricardo expliquaient uniquement l’intérêt des échanges entre des pays
très différents exportant des produits différents… mais standardisés.
2. L’essentiel du commerce international se réalise entre des pays de niveau de déve-
loppement semblable. Ainsi, ces pays s’échangent des produits substituables, c’est-à-
dire issus d’une même branche d’activité. Dans ce contexte, la concurrence est forte,
ce qui conduit les entreprises à différencier leurs produits pour obtenir un pouvoir
de marché et bénéficier d’économies d’échelle grâce au fait d’être seules à vendre de
grandes quantités de cette production. Donc, la différenciation permet à chaque pays
de développer un avantage comparatif dans une variété ou qualité de produit, avec
un renforcement de cet avantage comparatif grâce aux économies d’échelle. Ainsi,
les entreprises Apple (États-Unis) et Samsung (Corée du Sud) fabriquent toutes les
deux des téléphones portables de qualité comparable mais de variété différente, de
même qu’Airbus et Boeing dans l’aviation.
p. 50
Cette vidéo propose un reportage sur deux entreprises : Goubault, une entreprise
d’imprimerie nantaise, et Krampouz, une entreprise quimperoise qui fabrique des
appareils de cuisine, et notamment des crêpières et des planchas. Ces deux entre-
prises investissent dans de nouveaux équipements, mais aussi, pour la seconde, dans
la recherche et développement, pour accroître leur productivité.
48 • I – Science économique
1. Pour accroître leur productivité, ces deux entreprises investissent dans de nouveaux
équipements : dans la première, une nouvelle imprimante industrielle qui augmente
la vitesse d’impression et réduit la consommation de papier et d’énergie (innovation
de procédé, rappel chapitre 1) ; dans la seconde, une machine de découpe laser qui
permet de produire plus vite (innovation de produit, rappel chapitre 1).
Par ailleurs, la seconde entreprise embauche des ingénieurs pour faire de la recherche
et développement et créer de nouveaux produits, comme la plancha.
2. Les gains de productivité qui résultent des investissements permettent à l’entreprise
de produire moins cher. La recherche et développement permet de produire moins
cher quand elle conduit à mettre en place des innovations de procédé, et permet
de développer des nouveaux produits générant plus de valeur ajoutée, car sur des
marchés où la concurrence sur les prix est moins rude. L’entreprise génère donc plus
de valeur ajoutée, ce qui favorise à la fois les profits de l’entreprise, la pérennité des
emplois et les salaires.
C
2 De la productivité à la compétitivité
DO
p. 50
Ce texte permet de relier le sens premier de la notion de compétitivité au niveau
microéconomique, « compétitivité des entreprises », à son sens dérivé quand cette
notion est utilisée au niveau macroéconomique, la « compétitivité d’un pays ». Il
permet aussi de montrer que cette compétitivité résulte à la fois de coûts faibles et
d’une productivité élevée.
N. B. : Nous n’entrerons pas ici dans les débats, très vifs, sur la pertinence de la notion
de « compétitivité d’un pays », une notion contestée notamment par Paul Krugman.
Pour un point très utile et nuancé sur cette notion, les enseignants peuvent consulter
en ligne la version intégrale de ce chapitre de L’économie mondiale que le CEPII a
publié en 2012.
http://www.cepii.fr/PDF_PUB/em/2012/em2012-07.pdf
1. Une entreprise est plus compétitive que ses concurrents quand elle parvient à
obtenir davantage de parts de marché qu’eux en raison, par exemple, de la meilleure
qualité de ses produits et/ou de prix plus attractifs. En revanche, une nation est plus
compétitive qu’une autre quand elle est capable d’exporter davantage, mais aussi
quand elle parvient à augmenter l’emploi, le niveau de vie et donc le bien-être de sa
population (voir définition donnée par l’OCDE).
2. Une entreprise plus productive que ses concurrents est capable de produire
davantage qu’eux avec moins de facteurs de production, ce qui lui permet d’avoir des
coûts de production et donc des prix plus faibles. Elle peut donc gagner des parts de
marché, et donc gagner en compétitivité.
3. Si le prix est un facteur indéniable pour gagner des parts de marché, l’entreprise
peut aussi investir en R&D, innover et proposer des produits de meilleure qualité pour
accroître sa compétitivité.
4. Un pays compétitif attire les investisseurs en raison de la productivité des activités
sur son territoire. Ces investissements favorisent en retour des gains de productivité, via
la recherche et développement, l’amélioration du capital humain et des infrastructures.
C
3 Comment évolue la compétitivité-coût de la France et de l’Allemagne ?
DO
p. 51
Ce graphique chronologique permet de mettre en évidence les deux composantes
de la compétitivité-coût : l’évolution de la productivité du travail et du salaire réel.
1. En France, la productivité du travail a augmenté d’environ 14 % (114 – 100) de
2000 à 2018 et, sur la même période, le salaire réel a progressé de 16 % (116 – 100).
Compétitivité
Compétitivité-coût hors coût
Compétitivité
3. Pour produire, l’entreprise supporte des coûts de production. Le salaire est l’un de
ces coûts dont elle doit tenir compte lorsqu’elle fixe le prix de ses produits. En effet,
des salaires trop élevés augmentent le coût total de production et obligent l’entreprise
à augmenter ses prix pour maintenir ses profits. Dès lors, les économistes considèrent
qu’un coût salarial élevé nuit à la compétitivité-coût de la firme.
4. Une entreprise qui bénéficie d’une bonne image de marque inspire confiance aux
consommateurs. Ainsi, lorsqu’un agent fait un achat, pour faire son choix il peut
être amené à rechercher des informations afin de connaître la qualité du bien qu’il
désire se procurer. Or, s’il achète un produit de marque connue pour sa fiabilité et
sa qualité, cette simple réputation suffit à déterminer son choix, ce qui procure à
l’entreprise qui propose le bien un avantage compétitif en termes de qualité. Elle
peut alors développer ses parts de marché sans baisser ses prix.
50 • I – Science économique
S’ENTRAÎNER
p. 51
1 Autoévaluation
Innovation et/ou amélioration Hausse de la Baisse Amélioration de Hausse des
du capital humain productivité des prix la compétitivité exportations
p. 52
Cette carte est tirée du Document de référence du Groupe Renault remis aux action-
naires en amont de l’Assemblée générale du printemps 2019. Elle permet de visualiser
les différentes usines du groupe Renault dans le monde et donc d’introduire le terme
de « firme multinationale ». Ce sera aussi l’occasion de commencer à réfléchir avec les
élèves sur les raisons qui poussent une entreprise à s’implanter dans différents pays.
1. Les usines du groupe Renault appartiennent au Groupe Renault alors que les usines
partenaires sont des établissements qui appartiennent au Groupe Nissan avec qui
Renault a noué une alliance, ou qui appartiennent à d’autres entreprises avec qui le
groupe travaille.
2. Renault peut être qualifiée de firme multinationale puisqu’elle est implantée dans
différents pays du monde. Il existe une maison-mère et des filiales qui lui appartiennent
et qui sont localisées dans différents pays.
3. Si Renault produit dans différents pays, avec des usines en Europe, en Asie, en
Afrique du Nord et en Amérique du Sud, c’est d’abord parce que les automobiles sont
des produits lourds et coûteux à transporter, d’où la nécessité de produire à proximité
des marchés desservis. Ainsi, par exemple, l’implantation en Chine peut s’expliquer
p. 53
Ce texte met en évidence les principaux facteurs qui ont permis l’essor des chaînes
de valeur mondiales. Il s’intéresse aussi aux stratégies que les firmes multinationales
utilisent pour fragmenter leur chaîne de valeur, ce qui sera l’occasion pour l’enseignant
de refaire le lien avec la théorie des avantages comparatifs vue en début de chapitre.
1. La baisse des coûts de transport, les nombreux accords de libre-échange qui
permettent de diminuer, voire de faire disparaître, les droits de douane, la baisse
des coûts de communication suite à l’avènement d’Internet, ainsi que le décollage
économique de la Chine qui permet de réduire les coûts de production notamment
grâce à une main-d’œuvre bon marché, sont autant de facteurs qui favorisent l’essor
des chaînes de valeur mondiales.
2. Les entreprises décomposent leurs chaînes de valeur en tenant compte des avan-
tages comparatifs de chaque pays. Les productions intensives en travail sont délo-
52 • I – Science économique
calisées vers la Chine ou, plus généralement, vers le continent asiatique qui propose
une main-d’œuvre peu coûteuse, alors que les productions intensives en capital sont
davantage localisées dans les pays développés, où la main-d’œuvre est qualifiée, et
qui offrent des technologies avancées.
Pour aller plus loin
Florence Palpacuer, « Les chaînes globales de valeur », Xerfi Canal, 28 septembre 2016
Vidéo (du début à 3 min 8 s) : https://www.youtube.com/watch?v=oLtZCH-RdVI
C
4 Comment la valeur ajoutée se répartit-elle entre
DO
S’ENTRAÎNER
p. 53
1 Autoévaluation
1. Faux. Elle se fait aussi par une externalisation, domestique ou internationale.
2. Vrai.
3. Vrai.
4. Vrai.
54 • I – Science économique
C
1 POUR COMMENCER La mondialisation, créatrice d’inégalités ?
DO
p. 54
Cette vidéo permet de visualiser l’évolution des inégalités mondiales en décomposant
l’évolution des inégalités entre pays et dans les pays, dans la lignée des travaux de
Branko Milanovic, cité pour sa fameuse « courbe de l’éléphant » (voir capture d’écran).
Elle souligne que la mondialisation n’a pas les mêmes effets pour tous : elle fait des
gagnants, mais aussi des perdants.
1. Entre 1820 et 1970, les inégalités entre pays n’ont cessé d’augmenter mais la ten-
dance s’inverse depuis 1970, et surtout depuis 1988, date à laquelle la mondialisation
s’accélère avec la chute du mur de Berlin.
2. Depuis les années 1970, les inégalités à l’intérieur des pays ont augmenté car la
part de la richesse captée par les plus riches a augmenté, contrairement à celle des
plus pauvres dans la plupart des pays.
3. Depuis les années 1970, les inégalités mondiales ont diminué pour la grande majo-
rité des individus. Ainsi, les plus pauvres ont vu leurs revenus progresser de 40 %, les
classes moyennes des pays émergents de 75 % et les plus riches de 65 %. Seules les
classes moyennes et populaires des pays développés n’ont vu aucune amélioration
de leurs revenus.
4. Elle ressemble à un éléphant, d’où le nom donné par son créateur, Branko Milanovic,
à cette courbe dite « courbe de l’éléphant ».
C
2 La mondialisation favorise la baisse des prix
DO
p. 54
Ce texte explique comment la mondialisation favorise la baisse des prix et donc la
hausse du pouvoir d’achat des ménages. Il met en évidence les gains que, notam-
ment les ménages aux revenus les plus faibles, peuvent tirer d’une baisse de prix liée
à l’intensification des échanges et de la concurrence.
1.
Coefficient multiplicateur
1980 2018
(2018/1980)
Prix du micro-ondes 399,95 $ 57,13 $ 0,14
2. Si tous les ménages ont pu profiter de la baisse des prix due à la mondialisation,
ce sont les ménages aux revenus les plus faibles qui en ont davantage bénéficié. En
effet, lorsque ces ménages achètent un bien ménager, compte tenu du fait que leur
revenu est faible, cet achat représente une part plus importante de leur revenu que
pour un ménage riche. Dès lors, la baisse des prix de ces biens permet aux ménages les
moins favorisés d’avoir davantage de pouvoir d’achat à consacrer à d’autres dépenses.
3. La spécialisation favorise une « meilleure utilisation des ressources », comme
l’a démontré David Ricardo dans la théorie des avantages comparatifs. En effet, si
chaque pays se spécialise dans la production pour laquelle il est relativement le plus
productif, alors il va pouvoir produire avec un coût de production plus faible, et obte-
nir davantage de produits en exportant le produit sur lequel il s’est spécialisé qu’en
produisant tout lui-même. L’intensification des échanges commerciaux permet donc
à chaque pays d’obtenir plus de produits en utilisant plus efficacement les facteurs
de production présents sur son sol.
DO
p. 55
Ce texte permet de différencier les effets de la mondialisation sur les inégalités de revenus
dans les pays selon qu’ils ont des dotations factorielles abondantes en travail ou en capital,
en s’appuyant sur le modèle développé par Wolfgang Stolper et Paul Samuelson (1941).
1. Les travailleurs qualifiés sont relativement nombreux en Europe, ce qui est mesuré
par un ratio (nombre de qualifiés/nombre de non-qualifiés) plus élevé qu’en Inde, où
ils sont plus rares. En conséquence, sur le marché du travail, les travailleurs qualifiés
obtiennent un surcroît de salaire plus faible en Europe qu’en Inde, ce qui est mesuré
par le ratio (salaires des qualifiés/salaires des non-qualifiés). En effet, étant relati-
vement nombreux en Europe, ils peuvent moins facilement revendiquer un salaire
plus élevé, alors qu’étant plus rares en Inde, ils peuvent exiger des salaires élevés.
2. L’Europe a intérêt de se spécialiser dans la production d’avions puisque cette
production nécessite une main-d’œuvre qualifiée qui y est abondante, et donc rela-
tivement moins onéreuse.
L’Inde a intérêt à se spécialiser dans la fabrication de tee-shirts puisque cette production
nécessite une main-d’œuvre peu qualifiée qui y est abondante, et donc peu onéreuse.
3. Le commerce international a pour effet d’accroître les inégalités à l’intérieur de
l’Europe car la spécialisation dans la production d’avions augmente la demande de
travail qualifié et diminue la demande de travail non qualifié, ce qui accroit le ratio
(salaires des qualifiés/salaires des non-qualifiés).
Inversement, le commerce international a pour effet d’accroître les inégalités à
l’intérieur de l’Inde car la spécialisation dans la production de tee-shirts augmente
la demande de travail non qualifié et diminue la demande de travail qualifié, ce qui
diminue le ratio (salaires des qualifiés/salaires des non-qualifiés).
C
4 Qui a bénéficié de la croissance des revenus ?
DO
p. 55
Ce graphique met en évidence l’évolution de la part des revenus touchée par les
10 % de ménages les plus favorisés depuis 1980 dans plusieurs pays de niveau de
développement inégal. Il permet de tester les prédictions de la théorie de Stolper et
Samuelson exposée dans le document 3.
1. En 1980, en Russie, les 10 % les plus riches percevaient 21 % de l’ensemble des
revenus du pays, alors qu’en 2016 ils accaparaient 45 % de l’ensemble des revenus.
2. C’est en Inde et en Russie que les inégalités augmentent le plus, et c’est en Europe
qu’elles ont le moins augmenté.
3. Les constats établis ici ne sont cohérents avec les conclusions du document 3 que
pour ce qui concerne l’augmentation des inégalités dans les pays les plus riches :
hausse très forte des inégalités aux États-Unis et au Canada, et dans une moindre
mesure en Europe.
Toutefois, ces constats ne sont pas cohérents avec les conclusions du document 3
pour les pays émergents spécialisés dans des productions intensives en travail peu
qualifié : les inégalités augmentent très fortement en Inde et en Chine, alors que le
modèle prévoyait une baisse de ces inégalités.
4. Les pays émergents (Russie, Chine et Inde) partaient en 1980 avec un niveau
d’inégalités plus faible que dans les pays développés. Or, dans ces pays, l’abondance
de la dotation en main-d’œuvre peu qualifiée a permis longtemps de maintenir des
salaires faibles pour les peu qualifiés, sans que ceux-ci ne progressent, alors même
que la rareté des travailleurs qualifiés provoquait une hausse de leur rémunération.
Ensuite, les inégalités augmentent plus ou moins selon l’évolution des revenus du
patrimoine, des revenus qui bénéficient d’abord aux plus riches.
56 • I – Science économique
Surtout, les effets du commerce international sur les inégalités sont très différents
selon l’ampleur de la redistribution des revenus par l’État. C’est ce qui explique la
moindre progression des inégalités en Europe par rapport aux États-Unis, et aussi
la forte progression des inégalités en Chine, Inde et Russie, dans un contexte d’af-
faiblissement de la redistribution.
Pour aller plus loin
« Pays ouvert aux échanges = pays inégalitaire ? », France TV éducation, Décod’éco,
2 février 2018
Vidéo (3 min 10 s) : https://www.youtube.com/watch?v=bEtdXJiytc4
S’ENTRAÎNER
p. 55
1 Autoévaluation
1. Vrai.
2. Faux. Selon Branko Milanovic, ces inégalités diminuent, notamment avec l’émer-
gence des pays nouvellement industrialisés en Asie du Sud-Est.
3. Vrai.
4. Faux. La mondialisation contribue à faire baisser le prix de certains produits.
5. Vrai.
2 Mobiliser ses connaissances
Par le développement du commerce international, la mondialisation peut accroître
les inégalités au sein des pays les plus riches. En effet, ces pays sont caractérisés par
une abondance relative de travailleurs qualifiés, dont les salaires sont donc relative-
ment moins élevés que dans les pays plus pauvres où ils sont plus rares. En consé-
quence, les pays les plus riches ont un avantage comparatif dans des productions
qui nécessitent beaucoup de travail qualifié, et ont intérêt à se spécialiser dans ces
productions en délaissant celles qui nécessitent beaucoup de travail peu qualifié,
pour lesquelles les pays plus pauvres ont un avantage comparatif. Dans les pays les
plus riches, cette augmentation de la demande de travail qualifié et cette baisse de
la demande de travail peu qualifié accroissent les salaires des premiers et diminuent
celui des seconds, d’où une hausse des inégalités. Ce processus a été particulière-
ment observé aux États-Unis et en Angleterre, des pays où cet effet inégalitaire du
commerce international n’a pas été compensé par des politiques de redistribution.
6 Libre-échange ou protectionnisme ?
DOSSIER
p. 56-57
Cette séquence permet de comprendre les termes du débat entre libre-échange
et protectionnisme, en analysant les avantages et inconvénients de chacun. C’est
l’occasion de remobiliser des raisonnements présentés dans les dossiers précédents,
pour les justifications du libre-échange (avantages comparatifs notamment), et de
présenter les justifications du protectionnisme.
C
1 POUR COMMENCER Le CETA, un exemple d’accord de libre-échange
DO
p. 56
Cette vidéo permet de comprendre en quoi consiste le CETA, accord de libre-échange
entre l’UE et le Canada signé en octobre 2016 puis ratifié par l’Assemblée nationale
en juillet 2019.
C
2 Quels sont les gains attendus du libre-échange ?
DO
p. 56
Ce texte permet de récapituler les avantages attendus du libre-échange, en s’appuyant
notamment sur la théorie des avantages comparatifs présentée dans le dossier 1.
1. Lorsqu’ils se spécialisent en fonction de leurs avantages comparatifs, les pays
consacrent leurs facteurs de production à la production dont le coût relatif est le plus
faible, car c’est la production où ils peuvent être utilisés de la manière la plus efficace.
Chaque pays peut donc produire et accéder à un plus grand nombre de produits avec
la même quantité de facteurs de production, ce qui indique un gain d’efficacité.
2.
Concurrence Émulation
internationale Innovations
Imitation
Extension
des marchés
Baisse des coûts Économies d’échelle
58 • I – Science économique
C
3 Les arguments en faveur du protectionnisme
DO
p. 57
Ce texte met en évidence les arguments en faveur du protectionnisme.
1. Lors de la signature de ce décret, Donald Trump est entouré de responsables et de
travailleurs des secteurs de l’acier et de l’aluminium, ce qui prouve bien que l’argument
essentiel de ces mesures protectionnistes est de préserver les emplois nationaux qui
risquaient d’être concurrencés par la Chine.
2. Les industries naissantes doivent être protégées car elles ne peuvent pas être
immédiatement compétitives face à la concurrence des firmes déjà installées, alors
même qu’elles sont porteuses d’effets positifs sur toute l’économie, comme l’élévation
du niveau de qualification.
3. La protection des industries naissantes n’est pas toujours efficace car l’État ne
choisit pas toujours les branches les plus porteuses pour l’économie, d’autant plus
que ses choix sont orientés par des groupes de pression. Par ailleurs, ces protections
temporaires tendent à devenir permanentes et n’incitent pas les entreprises à être
aussi compétitives que leurs concurrentes étrangères.
C
4 Des barrières aux échanges variables selon les pays
DO
p. 57
Cette carte tirée de données de l’OMC montre que les droits de douane sont hété-
rogènes selon les pays.
1. En moyenne, en 2018, les produits qui entrent sur le territoire américain sont taxés
à hauteur de 3,45 % alors que ceux qui entrent sur le territoire chinois sont taxés à
hauteur 9,77 %.
2.
Pays pratiquant des droits Pays pratiquant des droits
de douane élevés de douane faibles
Soudan États-Unis
Algérie Australie
Éthiopie Islande
Inde Pérou
Brésil Union européenne
3. Les droits de douane consistent à taxer les produits étrangers lors de leur entrée
sur le territoire national. Cette taxation renchérit le prix de ces biens qui, dès lors,
vont être proposés aux consommateurs nationaux à des tarifs plus élevés que s’ils
n’avaient pas subi de droits de douane. Les producteurs locaux font ainsi face à une
concurrence moins forte et seront avantagés par rapport aux producteurs étrangers
puisqu’ils n’auront pas été soumis à la taxe, et pourront donc proposer des prix plus
attractifs.
4. Les pays qui pratiquent les droits de douane les plus élevés sont les pays les plus
pauvres. En effet, ces pays ont besoin de protéger certaines branches de leur éco-
nomie pour éviter que la concurrence d’entreprises étrangères plus compétitives ne
pousse à la faillite certaines entreprises vieillissantes, ou pour donner le temps à des
entreprises développant de nouvelles activités de devenir compétitives.
N. B. : L’OMC et le GATT prévoient un « traitement spécial et différencié » qui permet
aux pays en développement de protéger leur économie.
TIVIT
É1
AC
Étude de cas
60 • I – Science économique
Ce travail de recherche pourra se faire en groupe, tout comme l’activité de synthèse
qui vise à argumenter pour donner du sens aux résultats de la recherche.
ÉTAPE 1
S’INFORMER SUR LES GRANDS INDICATEURS ÉCONOMIQUES
ET SOCIAUX DU PAYS
1.
Taux de
PIB (en milliards de $ Population RNB/habitant Espérance de vie à
scolarisation
US courants) (en millions) (en $ US courants) la naissance (en années)
(en %)
2000 717 16,5 640 49,6 73,9
2018 4. 007 25 1 610 57 99,8
Évolution
2000/2018 301,29 51,51 151,56 14,91 35,04
(en %)
ÉTAPE 3 CONCLURE
Paragraphe AEI :
De 1980 à 2018, le revenu par habitant a progressé en Côte Ivoire de 150 % et
l’espérance de vie a gagné 7 ans, mais les progrès restent limités. En effet, la spé-
cialisation s’est resserrée sur le cacao au détriment d’autres spécialisations, avec
essentiellement des exportations de produits non transformés, même si une légère
progression du beurre de cacao et du chocolat peut être constatée. Ainsi, si les termes
de l’échange se sont améliorés jusqu’au milieu des années 1980, ils se sont dégradés
depuis. Entre 1980 et 2000, ils ont été divisés par deux, ce qui signifie que les prix
des exportations ont moins augmenté que ceux des exportations. Cette situation
s’améliore cependant légèrement depuis 2000, avec une progression des termes de
l’échange de 55 % environ entre 2000 et 2018.
62 • I – Science économique
TIVIT
É2
AC
Rédiger un texte argumenté
ÉTAPE 2 SYNTHÈSE
Paragraphes AEI :
Afin d’accroître leur compétitivité, c’est-à-dire leur capacité à affronter la concur-
rence, les entreprises du secteur automobile ont intérêt à internationaliser leurs
chaînes de valeur au niveau mondial.
Par la recherche d’une main-d’œuvre bon marché, les entreprises de ce secteur
cherchent à accroître leur compétitivité-coût afin de gagner des parts de mar-
Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 63
ché, mais aussi afin de toucher de nouveaux marchés. Cette stratégie concerne
notamment les constructeurs qui ont choisi de développer une production de véhicules
à prix faible pour augmenter leurs parts de marché, en développant leurs activités
dans des pays émergents. Ainsi, Renault a décidé de produire des voitures en Russie
ou en Inde afin de proposer des tarifs attractifs sur des véhicules « bas de gamme ».
Elle concerne aussi les constructeurs qui ont choisi de délocaliser ou sous-traiter des
biens intermédiaires dans des pays où le coût de la main-d’œuvre est moindre. Ainsi,
la part de la valeur ajoutée des exportations automobiles de l’UE réalisée hors de
l’UE a progressé de 8 points de %, passant de 14 à 22 % entre 2000 et 2014, ce qui
s’explique en partie par une localisation d’activités dans des pays à bas coût.
En revanche, les constructeurs positionnés sur des segments haut de gamme
recherchent davantage une main-d’œuvre qualifiée. En effet, dans ce cas, la frag-
mentation de la chaîne de valeur se fait en tenant compte du capital humain et de
la capacité de la force de travail à innover et à réaliser des gains de productivité.
L’innovation est déterminante sur ce segment de marché où les consommateurs sont
plus sensibles au confort et aux performances du véhicule qu’au prix. Les entreprises
qui adoptent cette stratégie et qui sont à la recherche d’une compétitivité hors coût
produisent davantage dans les pays développés. Ainsi, entre 2000 et 2014, la contri-
bution à la valeur ajoutée de l’Allemagne dans les exportations de véhicules de l’UE
a progressé de 3 points de %.
TIVIT
É3
AC
64 • I – Science économique
ÉTAPE 1 PRÉPARATION DU DÉBAT
1. Étude des documents
2. Relecture des documents et mise en commun des arguments
66 • I – Science économique
efficace dans la récolte de casques romains. Astérix dispose donc d’un avantage
comparatif dans la récolte de casques romains, car c’est dans ce domaine qu’il est
relativement le moins désavantagé.
2 Vrai ou faux ?
p. 66
1. Vrai.
2. Faux. Selon la loi des avantages comparatifs, les pays les moins efficaces se spécia-
lisent dans la production où ils sont relativement les moins défavorisés et participent
ainsi au commerce international. Donc, tous les pays ont un avantage comparatif.
3. Vrai. Fragmenter la chaîne de valeur n’implique pas nécessairement une interna-
tionalisation de la chaîne de valeur, même si les deux vont souvent de pair.
4. Vrai.
5. Faux. Le commerce international accroît les inégalités à l’intérieur des pays mais
il diminue celles entre les pays.
6. Vrai. Au XIXe siècle, protéger les industries naissantes a permis aux États allemands
de développer une industrie et de rattraper les pays déjà industrialisés (Royaume-
Uni et France).
7. Vrai.
8. Faux. L’internationalisation de la chaîne de valeur favorise les échanges intrafirmes
(entre la maison mère et les filiales) ou interfirmes (entre les entreprises et leurs
sous-traitants), ce qui accroît le volume des échanges entre les pays.
9. Faux. Le commerce international favorise la hausse d’emplois qualifiés dans les
pays développés et favorise la hausse des emplois non qualifiés dans les pays en
développement.
10. Vrai.
11. Vrai.
12. Vrai.
LIBREÉCHANGE
Pays développés Pays en développement
des salaires des des salaires des des salaires des des salaires des
travailleurs qualifiés travailleurs non qualifiés travailleurs qualifiés travailleurs non qualifiés
68 • I – Science économique
On remarque également que l’amplitude des fluctuations du PIB réel sont moindres
que celles du commerce mondial en volume. On peut donc affirmer que les flux du
commerce international sur-réagissent (ou amplifient) les variations de la production
mondiale, à la baisse comme à la hausse. Ainsi, en 2000 le commerce mondial progresse
de plus de 10 % et le PIB réel mondial augmente de près de 5 %. A contrario, la crise
des subprimes se traduit par une baisse du commerce mondial en 2009 de 14 % et une
chute du PIB réel mondial de 1 %. Inversement, la reprise du commerce mondial en
2010 qui progresse de 14 % s’accompagne d’une hausse du PIB réel mondial de 4 %.
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
Analyse du sujet
Le libre-échange est-il préférable au protectionnisme ?
– « libre-échange » : doctrine qui promeut l’abolition des obstacles aux échanges
internationaux, qu’ils soient tarifaires (droits de douane, subventions, etc.) ou non
tarifaires (quotas d’importation, normes, etc.). Le libre-échange est favorisé par la
signature de nombreux accords internationaux.
– « est-il » : sujet débat ; il faut discuter de l’affirmation « le libre-échange est préfé-
rable au protectionnisme » en comparant les avantages et inconvénients respectifs
de la mise en œuvre de ces deux doctrines.
– « préférable » : synonymes : meilleur, plus efficace, plus performant, c’est-à-dire
générateur de davantage de croissance et de bien-être.
– « protectionnisme » : doctrine qui vise à mettre en place des barrières aux échanges
pour protéger les entreprises présentes sur un territoire de la concurrence extérieure.
Questionnement (ou problématique) : « Quels sont les avantages du libre-échange ?
/ Le libre-échange n’a-t-il que des avantages ? / S’il a des limites, faut-il alors lui
préférer le protectionnisme ? »
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
70 • I – Science économique
Le libre-échange modifie la structure des emplois : la demande Le libre-échange est facteur d’inégalités
d’emplois peu qualifiés diminue dans les pays développés suite à la dans les pays développés entre
hausse des importations et aux délocalisations, alors que celle des les salariés qualifiés, dont l’emploi
emplois plus qualifiés augmente. Ainsi, l’emploi salarié dans l’industrie augmente, et les salariés non qualifiés
manufacturière en France n’a cessé de chuter depuis le début des pour lesquels la baisse de l’emploi se
Document 3
années 2000, il baisse de 26 % entre 2000 et 2017. Si le déclin de ces traduit par une pression à la baisse des
emplois est moins marqué dans l’industrie agroalimentaire (-3 % en 17 salaires.
ans) c’est dans la fabrication de biens d’équipement que la suppression
des emplois salariés est la plus forte puisque ce secteur accuse une
baisse de 31 % sur la période 2000-2017.
Entre 1999 et 2013, les secteurs abrités de la concurrence ont créé Le libre-échange engendre des
13,5 % d’emplois supplémentaires alors que sur la même période, les inégalités entre les salariés qui
secteurs exposés à la concurrence sont passés de 7 505 000 emplois en travaillent dans des secteurs abrités
1999 à 7 301 000 emplois en 2013, soit une baisse de 2,7 %. de la concurrence et ceux exposés à
On remarque aussi que dans les secteurs exposés, ce sont les emplois la concurrence, souvent peu qualifiés,
Document 4 agricoles, qui passent de 1 003 000 à 776 000, et industriels qui et qui peuvent être délocalisés (ces
connaissent une baisse numérique importante, respectivement de conclusions confortent celles vues dans
29,2 % et 21,7 %. le document 3).
Dans les secteurs abrités de la concurrence, c’est dans le domaine
marchand que les créations sont les plus nombreuses : + 1 713 000
emplois sur la période.
ANALYSE DU PROGRAMME
p. 72
Ce chapitre prévoit des objectifs d’apprentissage classiques au regard des programmes
antérieurs. Il substitue cependant la distinction chômage conjoncturel/structurel à la
distinction chômage keynésien/classique, qui prévalait jusqu’alors. En outre, la notion
d’appariement fait son entrée explicite pour la première fois dans les programmes
de SES. Après avoir défini le chômage, le sous-emploi, le taux de chômage et le taux
d’activité, il s’agit d’étudier le chômage conjoncturel dû aux fluctuations de l’activité
économique et le chômage structurel dû aux problèmes d’appariement, aux asymé-
tries d’information (salaire d’efficience), et de mettre en évidence les effets positifs
et négatifs des institutions, comme le salaire minimum ou les règles de protection
de l’emploi afin, ensuite, de comparer les principales politiques mises en œuvre pour
lutter contre le chômage : politiques de soutien de la demande globale, politiques
d’allègement du coût du travail, politiques de formation et de flexibilisation pour
lutter contre les rigidités du marché du travail.
Le chapitre aborde des contenus communs ou proches du chapitre 5 (les politiques
économiques dans le cadre européen) et du chapitre 9 (les mutations du travail et
de l’emploi).
ORGANISATION DU CHAPITRE
Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils
permettent de couvrir tout le programme en environ six séquences de cours de deux
heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux
épreuves écrites et orales, sur une durée totale de seize heures (soit un peu moins de
trois semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires et
du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves
terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.
72 • I – Science économique
– Dossier 5 « La baisse du coût du travail peut-elle réduire le chômage ? », sur les
politiques de baisse du coût du travail pour lutter contre le chômage structurel ;
– Dossier 6 « La formation et la flexibilité du marché du travail permettent-elles de
lutter contre le chômage ? », sur les effets des politiques de formation et de réduction
des rigidités du marché du travail sur le chômage structurel.
Trois activités permettent d’approfondir, à la fin du chapitre, certains objectifs
d’apprentissage :
– Activité 1 « La politique française d’allègement du coût du travail est-elle effi-
cace ? » invite les élèves à construire une carte mentale (outil de révisions) sur les
effets de la politique de réduction des coûts du travail.
– Activité 2 « Avantages et limites du modèle danois de flexisécurité », pour apprendre
à analyser un dossier documentaire et rédiger une synthèse.
– Activité 3 « A-t-on déjà tout essayé contre le chômage ? », pour se préparer au
Grand oral en classe entière en mettant en œuvre des compétences orales, via la
réalisation d’une chronique radio dans laquelle les élèves s’exercent à la rédaction
et l’élocution pour l’oral.
En fin de chapitre, des pages « Objectif bac » permettent de se préparer aux épreuves
écrites.
– Objectif bac – Épreuve composée, pour se préparer aux trois parties de cette épreuve,
avec un guidage méthodologique sur la question de mobilisation des connaissances
et l’étude d’un document, accompagnées de leur corrigé ;
– Objectif bac – Dissertation, pour s’entraîner sur un sujet de dissertation s’appuyant
sur un dossier documentaire, avec un guidage méthodologique sur l’étape 5 (rédiger
l’introduction).
Les rubriques habituelles complètent le chapitre pour donner aux élèves des outils
de récapitulation et d’approfondissement des connaissances (Synthèse + schémas
L’essentiel + sélection de vidéos), d’autoévaluation (Testez vos connaissances !) et
de mobilisation des savoir-faire quantitatifs (Utilisez les statistiques).
OUVERTURE DU CHAPITRE
p. 72-73
Trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce chapitre :
– Découvrir par l’image montre la difficulté pour les offreurs de travail d’accéder à
un emploi lorsque la conjoncture n’est pas favorable aux embauches.
– Découvrir en situation permet de mettre les élèves en situation de réflexion sur les
moyens de lutter contre le chômage, en travaillant également l’argumentation orale.
– Découvrir en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un
questionnaire sur leurs représentations et d’avoir une vision d’ensemble des repré-
sentations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont
être traités dans le chapitre. L’interface Q-Sort en ligne sur le site collection permet
de saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe.
p. 74
Ces dessins de presse permettent d’aborder simplement la mesure du chômage en
montrant qu’il est nécessaire de choisir l’ensemble pertinent pour rendre signifiant
le chiffre du chômage en calculant un ratio : le taux de chômage.
1. La valeur « 3 millions de chômeurs » permet d’avoir une idée du niveau total de
chômage en France. Cependant elle ne permet pas de se rendre compte de son
importance. Rapporter ce chiffre à la population de la région Bourgogne-Franche-
Comté permet d’en mesurer l’importance, mais la plupart des chômeurs en France
n’habitent pas dans ces régions, et les habitants de ces régions peuvent être trop
jeunes ou trop âgés pour travailler. C’est pourquoi rapporter ce chiffre à la population
active (1 sur 10) aide à se représenter le poids des chômeurs dans les différentes
catégories de la population.
2. La mesure du chômage s’effectue en rapportant le nombre de chômeurs à la
population active, soit [Nombre de chômeurs]/[Population active] car la population
active est l’ensemble de référence auquel appartiennent les chômeurs.
3. Les chômeurs font partie de la population active car ils ont vocation à participer à
l’activité de production même s’ils en sont temporairement empêchés. Il faut donc
les distinguer des étudiants, qui sont encore en formation pour atteindre une position
socioprofessionnelle, mais aussi des retraités (qui n’ont plus vocation à travailler), ou
des personnes au foyer (dont l’activité est non rémunérée et non déclarée).
C
2 Que signifie le taux de chômage ?
DO
p. 74
Ce texte extrait d’un manuel classique de macroéconomie montre que le taux de
chômage peut refléter un marché du travail qui fonctionne bien ou mal. Le taux de
chômage est une variable qui mesure un « stock » mais ne dit rien des flux entrants
et sortants qui nourrissent ou font décroître ce stock.
1. Dans la métaphore utilisée par les auteurs, les chômeurs sont apparentés aux per-
sonnes qui attendent dans l’aéroport. Les avions qui décollent sont les embauches,
tandis que les atterrissages correspondent aux licenciements.
2. D’après ce document, un taux de chômage peut être élevé du fait de réallocations
permanentes sur le marché du travail. En soit, ce n’est donc pas forcément l’indicateur
d’une situation négative si les chômeurs ne le sont pas sur la durée. Cela permet au
contraire d’assurer la nécessaire mobilité du facteur travail dans une économie qui
crée et détruit des emplois.
3. Le marché du travail a de nombreuses fonctions. Ce document s’intéresse à celle
qui consiste en l’allocation du facteur travail entre les différentes entreprises d’une
économie.
74 • I – Science économique
C
3 Le choix de l’indicateur pertinent : taux de chômage ou taux d’emploi ?
DO
p. 75
Ce graphique permet aux élèves de voir la différence de mesure entre le taux de chô-
mage et le taux d’emploi, à partir des données statistiques des États-Unis.
1. Selon l’OCDE, le chômage aux États-Unis s’élevait en 2018 à près de 4 % de la
population active, pour un taux d’emploi proche de 71 % de la population en âge de
travailler.
2. On observe une corrélation négative entre le taux d’emploi et le taux de chômage.
En effet, lorsque le taux d’emploi augmente, le taux de chômage diminue. Par exemple,
le taux d’emploi est passé de 71 % des personnes en âge de travailler en 2008 à
67,5 % en 2009 alors que le taux de chômage a cru de 3 points, passant de 6 à 9 %
des actifs, sur la même période. On peut en déduire la corrélation suivante : plus il y
a de chômeurs, plus le taux d’emploi est faible, et inversement. C’est une corrélation
qui s’appuie ici sur un lien de causalité facile à établir : les créations d’emplois (hausse
du taux d’emploi) font diminuer le chômage (baisse du taux de chômage), même si
celui-ci dépend également de l’évolution de la population active.
p. 76
Cette vidéo extraite du journal télévisé de France 2 revient sur les conséquences en
France, en termes d’emplois, de la crise financière de 2008. Elle permet de montrer
les effets d’une baisse de la croissance sur le chômage, en faisant un lien avec un
exemple historique de crise abordé dans le chapitre 4.
1. La hausse du chômage à partir de 2008 s’explique par le ralentissement de l’acti-
vité des entreprises qui font face à une demande de biens et de services en baisse. À
cause de la crise immobilière américaine, les banques du monde entier deviennent
méfiantes et accordent moins de crédits. Les agents économiques (ménages et entre-
prises) voient leurs revenus diminuer et diminuent leurs dépenses (consommation et
investissement), ce qui diminue la production et l’emploi.
2. On parle de chômage « conjoncturel » car les suppressions d’emplois sont liées à
une situation économique soudainement dégradée (fluctuations). Les employeurs
sont incités à réduire leur activité et à mobiliser moins de facteur travail pour réaliser
une production en baisse.
C
2 Le chômage dépend de la demande globale
DO
p. 76
Ce texte présente le rôle de la demande globale sur le niveau de chômage, à court
terme, en convoquant l’analyse keynésienne.
76 • I – Science économique
1.
Consommation
Demande globale Production Emploi Chômage
Investissement
Si les élèves ont des difficultés à réaliser ce schéma, l’enseignant peut en proposer la
matrice avec une ou deux cases déjà complétées.
2. S’ils prévoient une hausse de la demande, les employeurs vont augmenter leur
production, ce qui les conduira à créer des emplois. En revanche, s’ils anticipent une
baisse de la demande, ils chercheront à réduire leur production, ce qui entraînera des
suppressions d’emploi. Leurs anticipations de l’avenir, ce que Keynes appelle le « cli-
mat des affaires », jouent donc un rôle important dans leurs décisions d’embauche.
3. Pour analyser le « climat des affaires », l’INSEE interroge les entrepreneurs sur
leur perception de l’avenir. Par construction, si l’indicateur obtenu a une valeur supé-
rieure à 100, cela signifie que les entrepreneurs anticipent une activité en hausse ; si
l’indicateur est inférieur à 100, ils anticipent une baisse.
Pour aller plus loin
Enquête mensuelle de conjoncture dans l’industrie – janvier 2020 et graphique de
l’indicateur synthétique du climat des affaires (INSEE)
https://www.insee.fr/fr/statistiques/4291598
C
3 Quel lien entre croissance économique et chômage en France ?
DO
p. 77
Ce graphique permet de découvrir ou vérifier le lien entre chômage et croissance.
C’est également l’occasion de faire travailler les élèves sur la lecture de données
statistiques, la périodisation et l’argumentation.
1. D’après l’INSEE, le chômage représentait près de 9 % de la population active en
2018 alors que le PIB avait cru de 2 % par rapport à l’année précédente.
2. Au début des années 2000, la croissance ralentit, jusqu’en 2003, passant de 4 à
1 % de croissance annuelle sur la période. S’ensuit alors une reprise pour atteindre un
niveau de croissance de 2 à 3 % entre 2003 et 2007. La crise des subprimes, qui touche
la France en 2008, a pour effet d’atteindre une croissance nulle, puis négative en 2009
(contraction du PIB de 3 %). Elle retrouve un niveau positif en 2010 (2 %) avant de
rechuter à environ 1 % de 2012 à 2016 et remonter à environ 2 % en 2017 et 2018.
3. Une baisse de la croissance peut se traduire par une hausse du chômage. En effet,
quand la croissance diminue, les besoins en main-d’œuvre des employeurs diminuent,
ce qui les conduit à licencier, ce qui augmente le chômage. Ainsi, la récession de 2009
(chute de 3 % du PIB) se traduit par une hausse du taux de chômage de 2 points en
France (il passe de 7 % en 2008 à 9 % des actifs en 2009).
4. La corrélation négative entre croissance et chômage n’est pas toujours vérifiée.
Par exemple, entre 2003 et 2004, la croissance s’accélère, passant de 1 à 3 %, alors
que le taux de chômage continue d’augmenter (+0,5 point sur la même période).
De même, entre 2007 et 2008, la croissance baisse de 2 points (elle passe de 2,5 %
à 0,5 %) alors que le taux de chômage poursuit une tendance de baisse (-0,5 point
entre les deux années).
S’ENTRAÎNER
p. 77
1 Autoévaluation
Une hausse de la demande anticipée (consommation et investissement) par les
entreprises entraîne une hausse de la production et, généralement, une hausse de la
productivité du travail car les entreprises tardent d’abord à embaucher. Le chômage
conjoncturel diminuera alors si, et seulement si, à terme, la hausse des emplois est
supérieure à la hausse de la population active.
2 Mobiliser ses connaissances
Les fluctuations de l’activité économique peuvent avoir des effets sur le chômage
conjoncturel, c’est-à-dire à court terme. En effet, ce type de chômage est le résultat
des mouvements à la hausse ou à la baisse de l’activité économique. Il varie à la baisse
si la croissance est perçue comme durable par les entrepreneurs, ou à la hausse si la
conjoncture est déprimée ou les perspectives jugées inquiétantes. Lors des phases
de croissance forte, la production augmente pour s’adapter à une demande globale
attendue à la hausse par les producteurs. À productivité constante, il faut donc
produire plus et utiliser davantage de facteur travail pour suivre cette hausse de la
production, ce qui crée des emplois et fait baisser le chômage. C’est ce qui s’est produit
en France entre 2016 et 2018. Dans le cas contraire, lors des phases de ralentisse-
ment, les producteurs s’adaptent à une demande qu’ils attendent en baisse, et vont
donc produire en moins grande quantité, avec moins de facteur travail mobilisé, ce
qui détruit des emplois et fait augmenter le chômage. C’est ce qui s’est produit en
France à partir de 2008 lors de la crise des subprimes.
78 • I – Science économique
DOSSIER 3 Quelles sont les causes du chômage structurel ?
p. 78-79
Cette séquence se concentre sur le chômage structurel, qui résulte de différents
facteurs institutionnels qui encadrent le marché du travail, comme les difficultés
d’appariement, faute d’institutions efficaces, ou les effets de l’instauration d’un
salaire minimum. Les élèves percevront également que le chômage structurel peut
résulter de stratégies rationnelles des employeurs pour lutter contre l’asymétrie
d’information (salaire d’efficience).
C
1 POUR COMMENCER Un chômage inégal sur le territoire
DO
p. 78
Cette carte de l’INSEE (dont la version interactive en ligne est proposée) permet de
constater que le chômage n’est pas un phénomène uniforme sur le territoire français,
ce qui permet d’introduire l’hypothèse de la faible mobilité de la main-d’œuvre.
1. Taux de chômage à La Réunion (24,3 %) – Taux de chômage à Paris (7 %) = 17,3
En 2019, le taux de chômage à La Réunion dépasse de 17,3 points de pourcentage
celui de Paris, selon l’INSEE.
2. On peut envisager que le chômage ne soit pas le même partout en France métro-
politaine parce que la répartition des demandeurs et des offreurs d’emplois n’est pas
égale dans toutes les régions. Les régions sont plus ou moins dynamiques du point
de vue de la production et de la création d’emplois.
3. Les chômeurs des Pyrénées-Orientales ne sont pas forcément en mesure de chercher
un emploi dans une autre région : si leur conjoint a déjà un emploi dans la région, ou
s’ils sont dans l’impossibilité de se déplacer, ils seront contraints de rester à chercher
un emploi sur place. En outre, la recherche d’emploi à distance est souvent moins
fructueuse car la personne ne bénéficie pas de son réseau social de proximité pour
amplifier ou appuyer sa recherche.
C
2 L’importance des institutions du marché du travail dans l’appariement
DO
p. 78
Cet extrait présente les mécanismes d’appariement du marché du travail, et les effets
ambivalents d’un appariement rapide ou freiné.
1. L’assurance chômage peut ralentir le retour à l’emploi des chômeurs et ralentir
l’appariement, mais elle peut également donner du temps dans la recherche d’emploi,
ce qui permet une meilleure adéquation entre les qualifications des travailleurs et les
emplois qu’ils occupent. Une politique de formation des chômeurs ou des dispositifs
favorables à la mobilité géographique facilitent l’appariement en améliorant l’adé-
quation des emplois offerts avec les qualifications des travailleurs.
2. Un appariement rapide entre l’offre et la demande peut avoir pour avantage de
se rapprocher du plein-emploi, c’est-à-dire d’une situation économique où les fac-
teurs de production sont pleinement utilisés et dans laquelle le chômage est très
faible. L’inconvénient peut être une dégradation de la productivité car les offreurs
de travail peuvent être contraints d’accepter des emplois dont les qualifications sont
inférieures aux leurs.
3. Aux États-Unis, l’appariement rapide est privilégié du fait d’allocations chômage
de faible durée et de contrats de travail souples du point de vue du licenciement,
mais au détriment de la qualité. En Europe, le choix a été de sécuriser l’emploi avec
un droit du travail plus protecteur, au risque de ralentir l’appariement.
DO
p. 79
Ce texte présente les stratégies rationnelles des employeurs pour lutter contre l’asy-
métrie d’information inhérente au marché du travail, tel le versement d’un salaire
d’efficience élevé, générateur de chômage structurel.
1. L’asymétrie d’information qui existe entre employeurs et travailleurs porte sur
l’incertitude relative à la productivité des travailleurs, une fois qu’ils sont embauchés.
En effet, une fois recruté, un travailleur peut choisir de ne pas faire trop d’efforts pour
atteindre sa productivité maximale.
2. Pour lutter contre le risque de comportement de « tire-au-flanc », les employeurs
sont incités à proposer un salaire plus élevé que le salaire d’équilibre. Cela permettrait
de motiver les travailleurs, qui seraient incités à maintenir une productivité élevée
pour ne pas perdre leur emploi bien rémunéré.
3. Ce salaire supérieur au salaire d’équilibre a pour effet de déséquilibrer le marché
du travail puisqu’il induit des salaires durablement supérieurs au salaire d’équilibre,
empêchant l’égalisation de l’offre et de demande de travail. La demande de travail va
être amoindrie du fait de salaires élevés, alors que l’offre va être accrue par le niveau
attractif du salaire. Un chômage durable peut alors se développer, qui va toucher
ceux qui sont désireux de travailler pour le taux de salaire proposé, mais qui ne sont
pas recrutés.
Salaire
d’équilibre
3. Dans cette situation d’équilibre, les individus qui ne souhaitent travailler que pour
un salaire supérieur au salaire d’équilibre sont au chômage. Il s’agit d’un chômage
volontaire.
80 • I – Science économique
4. et 5.
Niveau
du
salaire Demande de travail Offre de travail
des employeurs des salariés
Salaire Chômage
minimum
Salaire
d’équilibre
initial
L’existence d’un salaire minimum supérieur au salaire d’équilibre induit que le nombre
d’emplois offerts est supérieur au nombre d’emplois demandés. Il n’y a donc pas assez
d’emplois proposés pour tous les travailleurs, ce qui génère un chômage involontaire.
S’ENTRAÎNER
p. 79
1 Autoévaluation
Le chômage structurel désigne la partie du chômage qui ne dépend pas de l’évolution
à court terme de l’activité économique. Il résulte de problèmes d’appariement entre
offre de travail (travailleurs) et demande de travail (employeurs) qui proviennent de
frictions : des imperfections dans le fonctionnement du marché du travail, comme
l’asymétrie d’information et certaines institutions (règles de protection de l’emploi,
salaire minimum).
2 Mobiliser ses connaissances
Les institutions peuvent avoir des effets négatifs ou positifs sur le chômage struc-
turel, un chômage qui résulte de l’organisation du marché du travail. En effet, les
institutions représentent ici les organisations et les règles formelles et informelles qui
encadrent la relation salariale entre les agents économiques sur le marché du travail.
Si elles accroissent la protection des travailleurs, par le renforcement du droit du
travail ou par la mise en place d’une allocation chômage généreuse et durable, elles
répondent à un objectif de protection des travailleurs, mais dans le même temps,
elles ralentissent le retour à l’emploi. Par exemple, si un entrepreneur cherche à
embaucher de nouveaux travailleurs mais qu’il est incertain quant à la pérennité de
la reprise économique, et que le droit du travail rend plus difficile le licenciement de
ces nouveaux salariés, il risque de renoncer à embaucher. A contrario, les institutions
ont des effets positifs. D’une part, elles protègent les travailleurs en emploi et, d’autre
part, elles permettent une meilleure adéquation entre les emplois proposés et les
qualifications des salariés, lorsque ces derniers sont formés par des institutions ou
peuvent prolonger leur période de recherche d’emploi afin de trouver l’emploi qui
corresponde à leurs aspirations et qualifications.
p. 80
Ce dessin de presse permet de débuter la séquence en montrant les enjeux d’un
redémarrage de l’activité en soutenant le pouvoir d’achat des consommateurs.
1. L’illustration met en scène un producteur/vendeur de fruits et légumes et une
cliente/acheteuse dans un supermarché.
2. Le dessinateur met en évidence le paradoxe suivant : les entreprises ont besoin de
vendre leur production pour rentabiliser leur activité, mais elles se retrouvent face
à des consommateurs qui ne disposent pas des ressources suffisantes pour acheter
leurs produits. Si cette situation perdure, les entreprises seront contraintes de ralentir
ou arrêter leur activité, créant ainsi du chômage, ce qui réduira les revenus distribués
et réduira davantage le pouvoir d’achat des ménages (cercle vicieux).
3. On peut imaginer une intervention publique en faveur du pouvoir d’achat des
ménages, par le biais de politiques conjoncturelles augmentant les revenus de transfert,
ou se substituant à la demande privée (commandes publiques et grands travaux).
C
2 Des politiques budgétaires de soutien de la demande globale
DO
p. 80
Ce document permet de montrer la légitimité des pouvoirs publics à intervenir tem-
porairement en soutien à la demande globale, en revenant sur des interventions
passées lors de la crise des subprimes, ou de la Grande Dépression.
1. Dans un contexte de récession, les acteurs privés (entreprises et ménages) sont en
proie à l’incertitude, augmentent leur épargne de précaution et reportent leurs déci-
sions de consommation et d’investissement, ce qui a pour effet d’aggraver les effets
de la crise. C’est pour cela que l’État doit intervenir en se substituant à ces acteurs.
2. L’État peut soutenir la demande globale en augmentant ses dépenses de consom-
mation et d’investissement dans les secteurs d’activités concernés et/ou en diminuant
les prélèvements obligatoires.
3. Les risques de cette politique sont le creusement du déficit budgétaire et l’aug-
mentation conjointe de la dette publique.
C
3 Les effets de la politique monétaire sur la croissance et l’emploi
DO
aux États-Unis
p. 81
Ce graphique permet aux élèves de voir la relation entre la politique monétaire aux
États-Unis et l’évolution du chômage et de l’inflation.
82 • I – Science économique
1. Aux États-Unis, en 2019, l’inflation s’élevait à 1,75 %, tandis que le principal taux
directeur de la Réserve fédérale était maintenu à 2,5 %. Dans le même temps, le
chômage concernait 3,75 % de la population active.
2. Depuis 2009, la FED pratique une politique de taux bas, maintenus à 0 jusqu’en
2016, et remontés progressivement à 2,5 % en 2019. Sur la même période, le chômage
n’a cessé de diminuer, perdant plus de 6 points entre 2009 et 2019. La politique
monétaire de baisse des taux directeurs semble favoriser la baisse du chômage.
3. En maintenant ses taux extrêmement bas, la FED a rendu le recours au crédit ban-
caire facile et peu coûteux pour les entreprises et les ménages. De cette façon, ces
derniers étaient incités à consommer (à crédit) et à investir pour créer de nouvelles
activités (ou en développer d’anciennes) et ainsi accroître les besoins de main-d’œuvre,
faisant ainsi baisser le chômage.
Politiques de relance
S’ENTRAÎNER
p. 81
1 Autoévaluation
1. Vrai.
2. Faux. Les effets de court terme peuvent être très prononcés, par exemple, lors de
la crise des supbrimes, le taux de chômage en France est passé d’environ 8 à 9,5 %
en quelques mois seulement.
3. Vrai.
4. Faux. C’est l’inverse, les taux directeurs élevés correspondent à une politique
monétaire de rigueur qui déprime la demande.
2 Étude d’un document
Ce graphique produit par la Réserve fédérale américaine sur l’évolution des niveaux
des taux directeurs de la FED, de l’inflation et du chômage aux États-Unis, permet de
montrer le rôle des taux directeurs et donc de la politique monétaire pour soutenir la
Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 83
demande et lutter contre le chômage. En effet, une politique monétaire de relance,
par la baisse des taux directeurs de la banque centrale, permet aux banques de se
refinancer à un taux plus faible, ce qui les conduit elles-mêmes à prêter à des taux
d’intérêts plus faibles à leurs clients, notamment les ménages et les entreprises.
En conséquence, les premiers consomment davantage et les secondes investissent
plus, ce qui augmente la demande. Ceci peut alors avoir le double effet, d’une part
d’augmenter la production, l’emploi et de faire baisser le chômage, d’autre part
d’augmenter l’inflation. Ainsi, aux États-Unis, suite à la crise des subprimes en 2008,
la Réserve fédérale ramène son principal taux directeur à 0 % entre 2009 et 2016, une
politique monétaire de relance qui se traduit par une hausse de la demande, et par
une baisse continuelle du chômage : il passe d’environ 10 % de la population active
en 2010 à moins de 4 % de la population active en 2019, soit une baisse de 4 points
de pourcentage, qui ne s’interrompt pas avec la légère remontée des taux d’intérêt
directeurs à partir de 2016.
p. 82
Cette infographie permet de débuter la séquence en précisant les composantes du
coût du travail (salaire net, cotisations sociales) et leur répartition suivant le niveau
de rémunération des travailleurs.
1. En France en 2019, un salarié au SMIC coûtait 1 615 euros à son employeur [1 183
+ 338 + 94].
2. Le salarié reçoit le salaire net, soit 1 183 euros, c’est-à-dire la part du coût du travail
déduction faite des cotisations sociales patronales et salariales.
3. Les cotisations sociales représentent 26,81 % du coût d’un salarié au SMIC [(94
+ 338) / 1615]. Elles pèsent 42,33 % du coût d’un salarié rémunéré 1,5 fois le salaire
minimum [(535,5 + 767) / 3077] et 43,26 % pour un salarié dont la rémunération est
équivalente à 2 SMIC [(704 + 1100) / 4170].
4. Cet écart s’explique par les exonérations de cotisations sociales (« charges patro-
nales ») sur les bas salaires autour du SMIC.
C
2 Baisser le coût du travail pour stimuler les embauches ?
DO
p. 82
Ce texte permet de poser la question des effets de la baisse du coût du travail sur
l’emploi, notamment en se penchant sur la distinction entre le travail qualifié et le
travail non qualifié. Un encadré le complète en rappelant que ces politiques d’allège-
ment du coût du travail sont menées constamment en France depuis 1993.
1. Les travailleurs non qualifiés peuvent être considérés comme trop coûteux du fait
de leur faible productivité liée au manque de qualification.
2. La baisse du coût du travail a pour effet de diminuer le coût total de production
pour l’employeur, ce qui le rend plus compétitif.
3. La baisse du coût du travail peut s’effectuer sans diminuer le salaire net perçu
84 • I – Science économique
par le travailleur. L’idée est au contraire de soulager le coût de production sans effet
sur les salaires perçus par les travailleurs. Il s’agit donc de diminuer les cotisations
sociales pour alléger le coût du travail, sans toucher au salaire net.
4. À production constante, la baisse du coût du travail pour les travailleurs les moins
qualifiés incite les employeurs à utiliser davantage ce facteur de production plutôt
que des travailleurs plus qualifiés ou plutôt que du capital. Mais cette baisse du coût
du travail a aussi pour effet de permettre une baisse du coût de production et donc, à
marge constante, une baisse de prix qui soutient la demande, la production, et donc
augmente l’utilisation de tous les facteurs de production. L’effet net est donc une
hausse des emplois peu qualifiés proposés.
C
3 Un coût du travail très inégal dans l’Union européenne
DO
p. 83
Ce graphique permet de constater les différences de coût du travail dans différents
pays de l’Union européenne en 2019 et d’introduire les effets possibles de ces dif-
férences en termes de spécialisation, et donc d’emplois, un point développé plus
précisément dans le chapitre 2 sur le commerce international.
1. En 2019, selon l’INSEE, le salaire brut moyen en France était de 25,1 euros par
heure travaillée.
2. La France est un des pays européens qui possède le salaire horaire brut moyen
le plus élevé. En effet, elle se situe près de 5 euros/heure au-dessus de la moyenne
européenne, et plus de 2 euros/heure au-dessus de la moyenne de la zone euro. Mais
il y a des pays qui ont un salaire horaire brut moyen plus élevé : l’Allemagne (27,5
euros/heure), le Luxembourg (35,5 euros/heure) et le Danemark (38,8 euros/heure).
3. Ces écarts de salaire brut entre pays de l’UE s’expliquent par des marchés du travail
(niveau du salaire minimum) et par des États-providence plus ou moins protecteurs
(montant des cotisations sociales). En outre, les écarts de salaire brut s’expliquent
également par les écarts de productivité horaire du travail entre les pays, liés au
niveau de qualification, à la qualité des équipements, à l’innovation.
4. Le niveau supérieur du coût du travail français peut être nuisible à l’emploi en France
si les travailleurs ne sont pas assez productifs. En effet, un coût du travail élevé, s’il
n’est pas accompagné d’une productivité équivalente, va inciter les employeurs à
chercher une main-d’œuvre proposant un meilleur rapport qualité-prix en faisant
produire ailleurs, et les consommateurs et entreprises à privilégier les produits
importés car moins chers.
C
4 Comment évoluent le salaire et la productivité en France ?
DO
p. 83
Ce graphique chronologique permet de comparer l’évolution du salaire unitaire moyen
et de la productivité des travailleurs en France. Il permet éventuellement de prolonger
une notion introduite dans le chapitre 2 : celle de coût salarial unitaire, obtenu en
faisant le rapport du coût du travail et de la productivité du travail.
1. En 2019, en France, l’indice du salaire moyen par tête était de 106,6, base 100 en
2012, ce qui signifie que le salaire moyen français a augmenté de 6,6 % par rapport
à 2012, alors que la productivité apparente du travail n’a augmenté que de 4,6 % en
7 ans, selon l’INSEE.
2. L’évolution de la productivité du travail a été moins rapide que celle du salaire
moyen par tête.
3. Cela a pour conséquence que le travail en France est devenu plus coûteux, la part
de valeur ajoutée consacrée aux salaires a donc augmenté, et chaque heure de travail
génère de moins en moins de valeur ajoutée.
Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 85
4. Les conséquences de ces évolutions sur le marché du travail sont une baisse de
la demande de travail, les employeurs étant incités à substituer du capital au travail
ou à substituer du travail à l’étranger au travail utilisé dans le pays. Cela a pour effet
l’augmentation du chômage en France.
S’ENTRAÎNER
p. 83
1 Autoévaluation
remède au chômage ?
p. 84
Cette vidéo présente les nouveautés apportées par les réformes du droit du travail
mises en œuvre en 2017, ici le CDI de projet.
1. Le CDI de projet peut permettre de contribuer à la baisse du chômage car, en
offrant plus de souplesse d’embauche et de licenciement pour les employeurs, de
moindres coûts salariaux (suppression des primes de précarité et de licenciement),
il est censé les inciter à embaucher davantage.
2. Les rigidités levées avec la création de ce nouveau contrat sont celles concernant
les règles d’embauche et de licenciement : suppression de la prime de licenciement
pour l’employeur, les règles qui encadrent ce contrat ne sont plus déterminées de
façon universelle mais adaptées à chaque branche, durée indéterminée en fonction
de la durée du chantier, possibilité de réembauche.
3. Les syndicats pointent du doigt le risque de précarité accru pour les travailleurs qui
se retrouvent moins protégés avec ce type de contrat (plus de date de fin de contrat,
fin de la prime de précarité et de licenciement, pas de projection sur le long terme…).
86 • I – Science économique
C
2 Flexibilité et chômage conjoncturel
DO
p. 84
Ce texte présente le lien entre flexibilité et chômage conjoncturel : plus la flexibilité
du marché du travail est forte, plus le chômage a une composante conjoncturelle
importante, à l’exemple du marché du travail aux États-Unis.
Il est possible de relier ce document au document 4 page 77, « Analyser le lien entre
croissance, emploi et chômage », pour montrer que ces pays connaissent également
une productivité du travail très peu cyclique, d’où une baisse très forte de l’emploi
en période de récession et une hausse très forte de l’emploi en période d’expansion.
1. On qualifie de « flexible » un marché du travail qui se rapproche du modèle de
concurrence parfaite : mobilité des facteurs de production, liberté d’entrer et de sortir
du marché, auto-ajustement des salaires selon l’offre et la demande.
2. Le marché du travail aux États-Unis est peu rigide, il est « l’un des plus flexibles des
pays de l’OCDE », ce qui s’observe lors des récessions où la hausse du chômage est
ample et rapide, et la baisse, elle aussi, ample et rapide lors de la reprise. Le marché
du travail américain se caractérise par un ajustement systématique et sans contrainte
des effectifs et des salaires selon les fluctuations de l’activité, la grande mobilité des
travailleurs (aussi bien professionnelle que géographique), et un salaire minimum et
une protection sociale « peu généreux ».
N. B. : Cette faible rigidité ou forte flexibilité entraîne une productivité du travail peu
sensible aux variations de la conjoncture. Voir exercice 4 page 77, qui peut être fait
en prolongement de ce document.
3. Un marché du travail flexible présente l’avantage d’un appariement rapide et d’un
taux de chômage généralement faible. Les entreprises et les travailleurs, notamment
les moins qualifiés, peuvent ainsi aisément embaucher/trouver un emploi. En revanche,
soumis aux fluctuations économiques, ce type de marché du travail peut connaître
des variations du taux de chômage très importantes, au détriment du bien-être des
travailleurs. Le taux de chômage a par exemple été multiplié par deux aux États-Unis
entre janvier 2007 et octobre 2009, notamment parce que la baisse des besoins de
main-d’œuvre s’est traduite par des suppressions d’emplois plutôt que par la réduction
du nombre d’heures travaillées pour chaque employé. Cette augmentation rapide du
chômage lors des récessions peut aussi être procyclique, c’est-à-dire inflationniste
lors des phases d’expansion, et récessive lors des récessions (cercle vicieux).
C
3 Le rôle de la formation dans la lutte contre le chômage structurel
DO
p. 85
Ce texte permet de travailler l’apport de la formation dans la lutte contre le chômage,
en mettant en avant la corrélation entre formation et accès à l’emploi.
1. Il existe une corrélation positive entre la formation des chômeurs et leur accès à
l’emploi. En effet, les chômeurs formés sont plus nombreux à retrouver un emploi
que les chômeurs qui n’ont pas reçu de formation (45,6 % ont retrouvé un emploi 6
mois après la formation, contre 33,9 % des non-formés).
2.
Formation pour retrouver Meilleure adéquation entre Accès à l’emploi pour
un emploi dans un secteur qui recrute offre et demande de travail les chômeurs formés
3. Une politique de formation continue peut avoir des effets positifs sur l’activité
économique et sur l’emploi. En effet, la formation continue permet d’ajuster plus
efficacement l’offre et la demande de travail et de résoudre les problèmes d’apparie-
ment. La formation est un moyen, pour les personnes qui en bénéficient, d’accéder à
de nouvelles compétences ou d’en améliorer d’anciennes, de manière à correspondre
p. 85
Ce graphique permet de comparer la participation des chômeurs aux dispositifs de
formation continue selon leur statut d’activité (emploi, chômage, inactivité) et selon
le niveau de diplôme.
1. En 2016 en France, 22 % des individus sans diplôme ont suivi au moins une forma-
tion au cours des 12 mois précédent l’enquête réalisée par l’INSEE.
2. Les adultes qui bénéficient le plus d’une formation sont les individus diplômés du
supérieur long et en emploi ; ceux qui en bénéficient le moins sont les inactifs (hors
retraités) sans diplôme.
3. On constate que les principaux bénéficiaires des politiques de formation continue ne
sont pas les individus les plus fragiles sur le marché du travail ou ceux qui en auraient
le plus besoin pour retrouver un emploi. Cela peut s’expliquer par une plus faible
propension au recours à ces dispositifs. Les personnes sans emploi et non diplômées
sont exclues des formations dispensées par les entreprises pour leurs salariés et béné-
ficient d’un moindre accès à l’information et d’un rapport plus difficile aux procédures
ouvrant droit à formation continue. Au contraire, les individus toujours en emploi et
diplômés peuvent s’estimer plus légitimes à bénéficier de ces dispositifs dont ils ont
connaissance et pour lesquels ils ont un accès facile et une plus grande appétence,
du fait qu’ils ont déjà été en réussite face à un examen puisqu’ils sont diplômés.
S’ENTRAÎNER
p. 85
1 Autoévaluation
88 • I – Science économique
TIVIT
É1
AC
Construire une carte mentale
TIVIT
É2
AC
ÉTAPE 2 RÉDIGER
Paragraphes possibles :
§1 Le modèle danois s’est construit dans la concertation entre gouvernement et syndicats.
Il permet un ajustement rapide sur le marché du travail, un faible taux de chômage,
notamment de longue durée, et une indemnisation généreuse pendant deux ans.
§2 En revanche, s’il est économiquement efficace, il repose sur un contrôle systéma-
tique des demandeurs d’emploi et les contraint à accepter tout type d’emploi. Les
segments les moins « employables » de la population active peinent à bénéficier de
la flexisécurité.
90 • I – Science économique
TIVIT
É3
AC
Réaliser une chronique radio Vers le Grand oral
1 Vrai ou faux ?
p. 94
1. Faux. Le chômage résulte d’une offre d’emplois inférieure à la demande.
2. Vrai.
3. Vrai.
4. Vrai.
5. Faux. Cela dépend du niveau de ce salaire minimum (supérieur ou pas au salaire
d’équilibre). Des allègements de cotisations sociales peuvent compenser son niveau
élevé, et ce salaire minimum peut soutenir la demande globale.
6. Vrai.
7. Vrai.
8. Faux. Le coût du travail correspond au salaire net (perçu par le salarié), auquel
s’ajoutent les cotisations sociales salariales et patronales.
9. Vrai.
10. Faux. Le salaire d’efficience est un salaire supérieur au salaire d’équilibre, dont
l’objectif est d’attirer les meilleurs travailleurs et de les inciter à être plus productifs.
4 QCM
p. 95
1. La flexibilité a pour objectif de réduire le coût du travail (b) et d’adapter la quantité
de travail à l’activité de l’entreprise (c).
2. Le chômage représente les individus âgés de 15 ans ou plus sans emploi et en
recherche active d’un emploi (b).
92 • I – Science économique
3. Le taux de chômage se calcule en rapportant le nombre de chômeurs à la popu-
lation active (a).
4. La baisse du coût du travail peut être réalisée par la baisse des cotisations sociales
des employeurs (b) et a pour objectif de stimuler la demande de travail (c).
Analyse du sujet
Vous présenterez les effets des institutions sur le chômage structurel.
– « présenterez » : ce verbe indique qu’il s’agit d’exposer, d’expliquer, d’analyser les
liens de causalité entre les institutions et le chômage structurel.
– « effets » : synonymes : conséquences, répercussions, impacts… Quels sont les effets
des différentes interventions des institutions ?
– « institutions » : il s’agit des organisations et des règles, formelles et informelles,
qui encadrent et favorisent les relations entre les agents économiques. Exemples :
l’existence d’un salaire minimum, le droit du travail qui définit notamment les moda-
lités d’embauche et de licenciement, la mobilité géographique des travailleurs, le
système de formation (initiale et continue) de la main-d’œuvre...
– « chômage structurel » : le sujet porte sur le chômage qui ne s’explique pas par la
conjoncture mais par les structures du marché du travail et des institutions qui
l’encadrent.
Questionnement ou « problématique » :
« Ce sujet implique donc de détailler les mécanismes qui font que les organismes
et règles formelles et informelles qui encadrent le marché du travail réduisent ou
favorisent la partie du chômage indépendante des fluctuations économiques. »
Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 93
Plan
I) Les effets négatifs des institutions sur le chômage structurel
§1 Le salaire minimum peut, à court terme, générer du chômage, notamment pour
les travailleurs les moins qualifiés.
§2 Le droit du travail concernant les licenciements peut dissuader les entreprises
d’embaucher.
§3 Le manque de formation des travailleurs peut entraîner un défaut d’appariement.
II) Les effets positifs des institutions sur le chômage structurel
§4 Un droit du travail assoupli peut permettre d’inciter à l’embauche.
§5 Un système généreux d›indemnisation du chômage peut sécuriser les travailleurs,
ce qui engendre une forte rotation des emplois et un meilleur appariement.
§6 Des agences pour l’emploi nombreuses et bien dotées peuvent favoriser la formation
continue des chômeurs et améliorer l’appariement.
Analyse du sujet
Vous montrerez que la lutte contre le chômage repose
sur une diversité de politiques.
– « montrerez » : ce verbe indique qu’il s’agit d’exposer, d’analyser la diversité des
politiques de lutte contre le chômage.
– « lutte contre le chômage » : les États luttent contre le chômage pour réaliser le
plein-emploi.
– « chômage » : le chômage représente l’ensemble des personnes sans emploi, à la
recherche d’un emploi et disponibles pour l’occuper.
– « repose » : synonymes : consiste en, résulte de.
– « diversité » : le raisonnement doit présenter plusieurs moyens pour lutter contre
le chômage.
– « politiques » : il faut se concentrer ici sur les dispositifs de l’État favorables à l’emploi.
Questionnement (ou problématique) : « Ce sujet implique de présenter les différentes
mesures mises en œuvre par les États pour faire baisser le taux de chômage, qu’il
soit conjoncturel ou structurel. »
Plan
I) Le soutien de la demande globale pour lutter contre le chômage conjoncturel
§1 Une demande insuffisante est une situation créatrice de chômage.
§2 Le soutien de la demande passe par des politiques conjoncturelles (politiques
budgétaire et monétaire).
II) La baisse du coût du travail pour lutter contre une forme de chômage structurel :
le chômage classique
§3 Le coût du travail résulte des salaires nets et des cotisations sociales.
§4 La baisse du coût du travail, via la baisse des cotisations sociales et des salaires
nominaux qui augmentent moins que les prix, augmente la demande de travail.
III) La flexibilité et la formation, pour favoriser un meilleur appariement et lutter
aussi contre le chômage structurel
§5 La flexibilité de l’emploi facilite les ajustements du marché du travail.
§6 La formation, un moyen de faciliter l’appariement de l’offre et de la demande.
94 • I – Science économique
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
ANALYSE DU PROGRAMME
p. 100
Ce chapitre est très dense, avec des objectifs d’apprentissage qui mobilisent des savoirs
d’histoire économique (connaître les principales caractéristiques de la crise financière
des années 1930 et de celle de 2008) et des mécanismes d’analyse économique qui
peuvent être ardus, et des implicites dans le programme (cf. les quatre derniers
objectifs d’apprentissage). À la recherche d’un découpage simple et opératoire, nous
avons découpés ces objectifs en deux parties.
La première partie sur « Les causes des crises financières » permet de dégager les
grandes caractéristiques de celles-ci (dossier 1 ; premier objectif d’apprentissage) à
travers les exemples historiques de la crise des années 1930 et de la crise de 2008,
mais sans entrer dans une analyse historique détaillée, puis d’analyser plus en détail
deux mécanismes qui correspondent aux deux objectifs d’apprentissage suivants : la
formation et l’éclatement des bulles spéculatives (dossier 2) puis les prises de risque
par les banques, à l’origine des paniques bancaires (dossier 3). Analyser la prise de
risque par les banques est un préalable qui nous a semblé nécessaire pour traiter
dans la partie suivante des paniques bancaires elles-mêmes, et de la régulation
bancaire, puisque le programme parle dans le tout dernier objectif d’apprentissage
de « réduire l’aléa moral des banques ».
La seconde partie sur « Les effets des crises financières et leur régulation » traite
des trois derniers objectifs d’apprentissage, dans l’ordre indiqué par le programme :
les faillites bancaires en chaîne et paniques bancaires (dossier 4), les canaux de
transmission d’une crise financière à l’économie réelle (dossier 5) et les principaux
instruments de régulation du système bancaire et financier (dossier 6).
ORGANISATION DU CHAPITRE
Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils
permettent de couvrir tout le programme en environ six séquences de cours de deux
heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux
épreuves écrites et orales, sur une durée totale de seize heures (soit un peu moins de
trois semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires et
du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves
terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.
96 • I - Science économique
– Dossier 3 « Pourquoi les banques prennent-elles parfois des risques excessifs ? »,
sur les mécanismes qui poussent les banques à prendre trop de risques (la titrisation,
le shadow banking et la constitution de banques « too big to fail »), à l’origine de
faillites bancaires (dossier 4) et d’enjeux de régulation (dossier 6).
OUVERTURE DU CHAPITRE
p. 100-101
Trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce chapitre :
– Découvrir par la vidéo (jusqu’à 4 min 27 s) invite les élèves, à partir d’une vidéo
en images animées de Citeco, à découvrir comment une crise financière fictive qui
touche les banques peut se transmettre à l’économie tout entière.
1. Il s’agit de l’interdépendance des banques qui se prêtent au jour le jour des liquidités
sur le marché monétaire (rappel de 1re).
2. Les paniques bancaires, « bank run » en anglais, surviennent si les déposants
redoutent une faillite de leur banque et une perte de leurs dépôts, qu’ils se préci-
pitent de retirer.
3. Les banques ne se font plus confiance, craignant la faillite (banqueroute) des autres,
et donc ne se prêtent plus. De ce fait, comme elles manquent alors de « cash » (rappel
de 1re : de monnaie centrale), les banques réduisent leurs prêts aux ménages et aux
entreprises (rappel de 1re : « les crédits font les dépôts », mais ces dépôts sont utilisés
et ce sont des « fuites » en dehors du bilan de la banque qui a prêté).
p. 102
Cet extrait de l’INA d’un JT de 1997 est un court reportage relatant les deux krachs
boursiers de Wall Street, celui de 1929 et celui de 1987. L’encadré qui l’accompagne
définit la notion d’actif financier.
N. B. : il peut être utile de passer un peu de temps à rappeler, en s’appuyant sur les
acquis de première, qu’un actif financier se distingue des autres actifs par le fait
qu’il est un « avoir », donc un actif pour celui qui le possède, mais représente simul-
tanément un « engagement » (versement de revenus, remboursement ou titre de
propriété) pour celui qui émet cet actif financier. Exemple : une action est un actif
pour l’actionnaire et au passif de la société, car il représente un titre de propriété sur
cette société, et donc un droit sur ses profits futurs.
1. Aux États-Unis, à partir du jeudi 24 octobre 1929 (le « jeudi noir »), le prix des
actions (les « cours boursiers ») se sont écroulés.
2. Conséquences du krach de 1929 : les détenteurs d’actions contraints de vendre leurs
biens, 76 millions d’entreprises américaines déposent le bilan, un quart des banques
fermées, nombreuses expulsions des maisons achetées à crédit.
98 • I - Science économique
C
2 Les mécanismes d’une crise financière
DO
p. 102
Ce texte récent de Gregory Mankiw relate les grandes étapes des crises financières,
avec un enchaînement idéal typique : krach du prix d’un actif ou d’un ensemble d’actifs ;
insolvabilité des sociétés financières et des agents débiteurs ; blocage du financement
qui approfondit la chute du prix des actifs et transmet la crise à l’économie réelle.
L’encadré précise la distinction entre insolvabilité et illiquidité.
1. Les banques et les marchés financiers jouent un rôle d’« intermédiation », c’est-à-
dire le rôle d’intermédiaire entre les agents à capacité de financement (les ménages
qui épargnent plus que ce qu’ils investissement) et les agents à besoin de financement
(par exemple les entreprises ou l’État, qui investissement plus que l’épargne qu’ils
dégagent chaque année). Les banques et les marchés financiers transfèrent l’excès
d’épargne des premiers vers les seconds pour financer leur besoin de financement.
Mais les banques peuvent également satisfaire ce besoin de financement en accordant
des crédits qui sont de la création monétaire, sans épargne préalable.
2. Avant 2008, aux États-Unis, les ménages se sont endettés massivement pour
acquérir des logements. Les banques ont accordé des emprunts appelés « crédits
hypothécaires » : le logement acheté à crédit sert de garantie à la banque en cas de
défaut de paiement. Ainsi, les ménages comme les banques ont parié sur l’augmentation
continue des prix de l’immobilier. Cependant, avec la baisse des prix de l’immobilier
qui débute en 2006, les ménages se retrouvent surendettés : la valeur de leur crédit
à rembourser, définie par rapport au prix d’achat du logement, est supérieure à la
valeur de marché de leur logement. Ainsi, pour un grand nombre de propriétaires, la
valeur de l’actif possédé est devenue inférieure aux dettes (patrimoine négatif), ce
qui peut générer une insolvabilité : impossibilité de rembourser le crédit par la vente
de la maison, si besoin de la vendre (à cause d’une baisse de revenus par exemple,
ou d’une hausse des intérêts à payer).
3. Les ménages ne pouvant plus rembourser leurs crédits aux banques, ces dernières
ont vu leur risque individuel de faire faillite (défaut de paiement) augmenter fortement,
d’autant plus que chaque banque est liée aux autres par des transactions financières.
4. Le blocage du financement de l’économie peut entraîner une récession, c’est-à-dire
une chute de la production et des revenus. Or, avec celle-ci, le système financier se
retrouve davantage en difficulté : il y a un cercle vicieux. D’une part, les entreprises
deviennent moins rentables, donc elles versent moins de profits à leurs propriétaires
(notamment les actionnaires), ce qui entraîne la chute des cours boursiers. D’autre
part, les revenus des entreprises (profits) et des ménages (hausse du chômage)
baissent, ce qui augmente les problèmes d’insolvabilité.
Pour aller plus loin
« Les sources de financement des entreprises », Dessine-moi l’éco, janvier 2015
Vidéo (3 min 20 s) :
http://dessinemoileco.com/les-differentes-sources-financement-dune-entreprise/
p. 103
Ce double graphique permet de comparer la Grande Dépression des années 1930 et la
Grande Récession qui a démarré en 2007. C’est l’occasion pour les élèves de s’entraîner
à interpréter des indices. L’encadré précise la distinction entre récession et dépression.
1. Selon le NBER, aux États-Unis en 2015 (soit 8 années après le « pic » de 2007),
le PIB était supérieur de 10 % au niveau qu’il atteignait en 2007. Toujours selon le
NBER, aux États-Unis en 1940 (soit 11 années après le « pic » de 1929), le taux de
chômage s’élevait à environ 15 % des actifs.
2. Aux États-Unis, le PIB a baissé au maximum de 30 % lors de la Grande Dépression
et au maximum de 3 % lors de la Grande Récession. Il a fallu 7 ans suite à la Grande
Dépression pour que le PIB retrouve son niveau initial de 1929, et seulement 3 ans
suite à la Grande Récession. Ainsi, la Grande Récession provoquée par la crise de
2008 s’est révélée être bien moins sévère que la Grande Dépression provoquée par
la crise des années 1930.
3. Aux États-Unis, le taux de chômage est passé de 3 % des actifs à pratiquement
25 % lors de la Grande Dépression, si bien qu’il a été multiplié par plus de 8. Lors de
la Grande Récession, il est passé de près de 5 % des actifs à quasiment 10 %, si bien
qu’il a presque doublé. Finalement, le taux de chômage a été 2,5 fois plus élevé lors
de la Grande Dépression que lors de la Grande Récession.
4. Le PIB mesure à la fois la production de biens et services et la création de revenus.
S’il baisse, cela signifie que l’économie produit moins de biens et services et génère
moins de revenus. D’une part, si les entreprises produisent moins, elles auront moins
besoin de main-d’œuvre, ce qui les incite à moins embaucher, voire à licencier. D’autre
part, s’il y a moins de revenus, les ménages consomment moins, les entreprises
investissent moins, ce qui diminue la demande, la production et donc augmente les
licenciements. Ainsi, la baisse du PIB provoque une hausse du chômage.
5. Si le chômage augmente, le PIB risque à nouveau de chuter. D’une part, les tra-
vailleurs qui sont licenciés se retrouvent au chômage, donc avec un revenu moindre
qu’auparavant, ce qui les pousse à moins consommer. D’autre part, les travailleurs
toujours en emploi peuvent davantage craindre de perdre leur emploi, ce qui les incite
à davantage épargner (c’est ce qu’on appelle l’épargne de précaution), donc à moins
consommer. Or, si la consommation décline, les entreprises produiront encore moins.
6. La crise financière des années 1930 et celle de 2008 ont été suivies d’une baisse
du PIB et d’une hausse du chômage. Mais la baisse du PIB et la hausse du chômage
ont été moins marquées dans le sillage de la crise de 2008 que dans le sillage de la
crise des années 1930 : la Grande Récession a été bien moins sévère que la Grande
Dépression.
1. Baisse du prix des actifs 2. Hausse des difficultés des institutions financières 3. Diminution du crédit bancaire
4. Récession
Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? • 101
C
1 POUR COMMENCER Une bulle spéculative sur les tulipes
DO
au xviie siècle en Hollande
p. 104
Cette vidéo de 2 minutes raconte le krach des bulbes de tulipes survenu en Hollande en
février 1637, probablement un des premiers exemples historiques de bulle spéculative.
1. Les tulipes deviennent prisées car les cours royales de Hollande puis d’Europe en
décorent leurs jardins, lançant ainsi un effet de mode. La tulipe va supplanter la rose,
le lilas, les jacinthes. Elle est originaire d’Asie et est importée par des marchands
hollandais en Europe, où elle va faire l’objet de sélections et de cultures afin d’en
diversifier les formes et couleurs.
2. La spéculation sur la fleur de tulipe est impossible du fait de la faible durée de
vie des fleurs. En revanche, le bulbe a la propriété de se conserver longtemps s’il
est stocké dans un endroit sombre sans humidité, ce qui permet d’attendre pour le
revendre au meilleur prix.
3. La spéculation conduit à faire augmenter la demande. Si cette dernière est dura-
blement supérieure à l’offre, alors le prix monte. Cette hausse relance à nouveau
l’achat par des individus qui ne cherchent pas à posséder des tulipes pour elles-mêmes
mais pour les revendre en réalisant une plus-value. Ce mécanisme peut conduire à
une hausse autoentretenue du prix, qu’on appelle « bulle spéculative » et qui peut
conduire les prix à s’envoler au-delà de l’entendement.
4. Les prix finissent par baisser car « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel », c’est-à-
dire, qu’à un moment donné, la hausse est telle que les agents du marché deviennent
nerveux et comprennent bien que ce prix n’est pas justifié, au regard du prix d’autres
actifs (les maisons, par exemple, ici) ou au regard des coûts de production. Le retour-
nement se fait brutalement, quand un groupe d’acheteurs amorce le mouvement de
vente et que les anticipations de hausse des prix se retournent à la baisse. Alors, une
véritable panique conduit les détenteurs de l’actif surévalué du fait de la spéculation
à vouloir s’en débarrasser rapidement, avant que le prix ne baisse trop.
Pour aller plus loin
Interview de Christian Chavagneux, auteur d’Une brève histoire des crises financières,
des tulipes aux subprimes, La Découverte, 2011. Ce livre est très accessible et la
lecture d’un chapitre sur une des crises au programme (années 1930 ou 2008) peut
être une activité de classe utile.
Vidéo (17 min) : https://www.youtube.com/watch?v=q84zs6F1dFY
C
2 Les bulles spéculatives, au cœur des crises financières
DO
p. 104
Ce texte décrit la formation des bulles spéculatives à l’origine des crises financières.
1. Les spéculateurs cherchent à prévoir la psychologie du marché car leurs plus-va-
lues reposent sur la poursuite de la hausse de la demande et des prix de l’actif sur
lequel ils spéculent.
2. Les comportements mimétiques renvoient à l’idée de mimétisme ou d’imitation.
On parle aussi de comportements « moutonniers ». Les spéculateurs y sont sujets
car leur rationalité consiste à acheter un actif pour le vendre plus cher. Ils sont donc
guidés dans leurs décisions d’achat et de vente par leurs anticipations sur l’évolution
du prix de l’actif, anticipations qui consistent à « prévoir la psychologie du marché »,
c’est-à-dire à anticiper ce que les autres anticipent.
3. Le gonflement d’une bulle spéculative relève d’une prophétie autoréalisatrice car
c’est parce que des spéculateurs anticipent une poursuite de la hausse du prix qu’ils
achètent l’actif. Et c’est parce que la demande pour l’actif augmente que son prix
monte, validant ainsi l’anticipation haussière qui peut se poursuivre.
102 • I - Science économique
4. Les bulles finissent par éclater car « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ».
C’est-à-dire, qu’à un moment donné, la hausse est telle que les agents du marché
deviennent nerveux et comprennent bien que ce prix est hors-norme et risque de
s’effondrer à tout instant. Cette fébrilité s’accroît et finit par faire basculer le marché
(lorsque la hausse cesse ou ralentit), c’est-à-dire qu’une véritable panique conduit
les détenteurs de l’actif surévalué du fait de la spéculation à vouloir s’en débarrasser
rapidement avant que le prix ne baisse trop, ce qui provoque le krach redouté. Là
aussi on est en présence d’une prophétie autoréalisatrice.
p. 105
Ce graphique chronologique permet de comparer, de 1920 à 1934, l’évolution des
dividendes versés et du cours des actions à la bourse de New York.
1. Action : titre de propriété sur une partie du capital d’une société.
Dividende : part des profits éventuellement distribuée aux actionnaires.
2. En octobre 1929 à la bourse de New York, l’indice des dividendes versés était de 170
et celui du cours des actions cotées de 300, base 100 en 1920. Cela signifie qu’entre
1920 et 1929, le cours des actions a triplé et le montant des dividendes versés a
augmenté de 70 %.
Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? • 103
3. Les années 1920 sont considérées comme des années de formation de bulle spé-
culative car les cours des actions ne cessent de croître, de façon importante et de
plus en plus déconnectée du versement des dividendes (à partir de 1926).
4. Le marché des actions se retourne brutalement en octobre 1929 car l’écart entre
le cours des actions et leur rendement (versement de dividendes) est élevé, ce qui
suscite de la fébrilité chez les spéculateurs qui peuvent alors céder à la panique au
moindre signal négatif.
S’ENTRAÎNER
p. 105
1 Autoévaluation
DO
de David Bowie aux crédits bancaires
p. 106
Ce document est composé d’une vidéo de 4 minutes qui présente de façon pédago-
gique l’innovation financière qu’est la titrisation, à travers l’exemple de David Bowie
qui avait titrisé en 1997 dix années de droits d’auteurs, ce qui permet de comprendre
l’utilisation de ce mécanisme par les banques pour titriser les crédits, un mécanisme
au cœur de la crise financière de 2008 car il a conduit les banques et le système
financier à augmenter les risques pris collectivement.
Un encadré précise la notion de titrisation et la réponse aux questions permet de
compléter un schéma explicatif.
1. Chaque année, David Bowie gagnait des recettes de la vente de ses disques. En
titrisant ses droits d’auteur, il a pu obtenir immédiatement des revenus qu’il n’aurait
sinon obtenus qu’après plusieurs années d’attente. En fait, il s’est « débarrassé » d’un
risque : celui de ne plus gagner de recettes si, pour une raison ou une autre, ses ventes
s’écroulaient. Remarque : ce qui a été effectivement le cas ; il a eu la chance d’effectuer
cette opération et de récupérer un montant important avant le développement des
formats numériques de musique (apparition de Napster et des mp3 en 2003) qui ont
conduit à une chute des recettes de l’industrie du disque et des artistes.
2.
Véhicule financier
Véhicule financier
3.
4. Si une banque titrise ses prêts, elle se débarrasse immédiatement d’un risque,
celui de ne pas être remboursée. C’est le « risque de défaut » : il y a une probabilité
non nulle qu’une partie des emprunteurs ne parviennent pas à rembourser leur crédit
en totalité. Ce sont ceux qui ont acheté les titres issus de la titrisation des prêts qui
portent désormais le risque de ne pas être remboursés.
Pour aller plus loin
- Jean-Baptiste Duval, « David Bowie avait transformé ses droits d’auteur en place-
ment financier », Huffington Post, 11 janvier 2016
https://www.huffingtonpost.fr/2016/01/11/david-bowie-finance-bond-obligation_n_8953868.html
- Podcast (5 min) : « The man who sold the world », par Philippe Manière, France
Culture, 12 janvier 2016
https://www.franceculture.fr/emissions/le-monde-selon-philippe-maniere/man-who-sold-world
Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? • 105
C
2 Des banques « trop grosses pour faire faillite » ?
DO
p. 106
Ce texte explique la constitution et les risques que représentent les banques « too
big to fail » dix ans après la crise des subprimes, afin de mettre en évidence le lien
entre l’augmentation de la taille des banques et des comportements d’aléa moral.
Un encadré rappelle la définition de la notion d’aléa moral, vue en première dans
le chapitre 3 sur les défaillances de marché, mais aussi dans le regard croisé sur le
risque (chapitre 11).
1. Une banque est d’importance systémique si sa faillite est susceptible d’entraîner
la faillite de nombreuses institutions financières et de pénaliser significativement
l’activité économique.
2. Dans la mesure où la faillite de banques de dimension systémique est (par définition)
susceptible de remettre en cause la stabilité financière et de fortement dégrader
l’activité économique, les autorités sont contraintes d’intervenir pour les sauver.
Ces banques sont « trop grosses pour faire faillite » (too big to fail). En l’occurrence,
les gouvernements vont les renflouer (entrée dans le capital) ou la banque centrale
va jouer son rôle de prêteur en dernier ressort. L’existence de banques d’importance
systémique crée donc un aléa moral : si une banque pense qu’elle est d’importance
systémique, c’est-à-dire qu’elle sera sauvée par les autorités si elle se retrouve au
bord de la faillite, elle sera incitée à prendre plus de risques (par exemple en prêtant
davantage à des agents risqués ou en faisant des placements risqués) pour réaliser
plus de profits, mais elle augmentera par là le risque qu’il y ait une crise financière.
3. Si une banque se pense trop grosse pour faire faillite, elle augmentera ses activités
(en prêtant davantage, en réalisant davantage de placements), ce qui augmentera
la taille de son bilan et son importance aussi bien dans le système financier que
pour l’activité économique : cela augmente le coût de son éventuelle faillite pour le
système financier et l’ensemble du système économique. Elle n’était pas forcément
de dimension systémique initialement, mais en agissant ainsi elle est susceptible de
le devenir. C’est également le cas si les autorités pensent (de façon erronée) qu’une
banque est de dimension systémique : en la renflouant, elles peuvent la laisser
continuer à développer ses activités, donc croître en taille. Dans les deux cas, il y
a prophétie autoréalisatrice : le fait qu’une banque se croie trop grosse pour faire
faillite ou que les autorités la considèrent comme telle fait qu’elle a plus de risques
de devenir effectivement trop grosse pour faire faillite.
Pour aller plus loin
Extrait du film « Too Big to Fail : Débâcle à Wall Street » (Too Big to Fail), 2011, réalisé
par Curtis Hanson et adapté du roman du même nom.
https://www.youtube.com/watch?v=lt5y3189BXc
Ou la bande annonce : https://www.dailymotion.com/video/x26mmfd
C
3 De la titrisation au « shadow banking »
DO
p. 107
Ce texte présente le développement de la titrisation et des acteurs de ce procédé :
le « shadow banking » ou « banque de l’ombre » ou « système bancaire fantôme »,
qui encourage les prises de risques des banques car ils échappent à la régulation. Un
encadré précise les notions de prêteur en dernier ressort et d’assurance des dépôts.
1. Lorsqu’elle accorde un crédit, la banque fait face à un risque, celui de ne pas se faire
rembourser en totalité (c’est ce qu’on appelle le « risque de défaut »).
2. Si une banque titrise ses prêts, elle se débarrasse immédiatement du risque de ne
pas être remboursée (le « risque de défaut »). Ce sont ceux qui achètent les titres issus
de la titrisation des prêts qui portent désormais le risque de ne pas être remboursés.
106 • I - Science économique
3. Le « système bancaire fantôme » ou « système bancaire de l’ombre » (« shadow
banking » en anglais) désigne l’ensemble des institutions financières qui ne sont pas
des banques traditionnelles, mais qui assurent certaines fonctions traditionnellement
assurées par ces dernières. Elles peuvent effectuer une activité de transformation :
emprunter à court terme pour prêter ou placer à long terme… ces prêts étant en
partie rachetés à de véritables banques.
Il y a aussi d’importantes différences entre le « système bancaire fantôme » et les
banques traditionnelles. Premièrement, ces institutions n’ont pas le pouvoir de
création monétaire : d’ailleurs elles n’accordent des prêts que dans la mesure où elles
collectent au préalable de l’épargne (ou alors elles-mêmes empruntent pour pouvoir
prêter). Deuxièmement, elles ne sont pas soumises aux mêmes réglementations que
les banques traditionnelles, notamment en ce qui concerne l’activité de prêt (cf. dossier
6, p. 112-113). Troisièmement, elles ne profitent pas des protections apportées par les
autorités publiques aux banques traditionnelles. C’est d’ailleurs précisément parce
qu’elles sont soumises à des réglementations strictes que les banques traditionnelles
peuvent jouir de cette protection.
4. Massivement utilisée à partir du début des années 2000, la titrisation a accru le
risque de crise financière pour deux raisons.
D’une part, comme les banques se débarrassent du risque de ne pas être remboursées
en titrisant leurs prêts, elles sont incitées à accroître leurs prêts pour augmenter leur
profit, notamment en prêtant aux ménages modestes. Les titres issus de la titrisation
des prêts accordés aux ménages modestes aux États-Unis (les prêts « subprimes »)
étaient d’ailleurs très attrayants car ils présentaient de forts rendements. Or, si le taux
d’intérêt était élevé, c’était précisément parce que le risque de non-remboursement
était élevé, mais la complexité des montages de titrisation faisait disparaître le niveau
de risque supporté par les détenteurs des titres issus de la titrisation.
D’autre part, la titrisation a contribué au développement du système bancaire parallèle.
Ce dernier était grand demandeur de titres issus de la titrisation des prêts en raison
de leur fort rendement (du moins jusqu’en 2006, c’est-à-dire avant que les défauts de
remboursement des ménages américains ne commencent à augmenter). Non soumises
aux mêmes contraintes réglementaires que les banques traditionnelles (cf. document 4
p. 113), les institutions du secteur bancaire parallèle s’endettaient fortement, notamment
pour acheter ces titres. Or, ne jouissant pas de la protection des autorités publiques
(intervention du prêteur en dernier ressort, assurance des dépôts, cf. document 3 p.
109), cela les exposait à des phénomènes de paniques bancaires (cf. document 2 p. 108).
Pour aller plus loin
Sur le site Images de crise (INA/Citéco), un extrait (1 min 55 s) d’une interview à Radio
France de Daniel Cohen, le 31 mars 2008, qui explique le lien entre la titrisation et la
crise financière dite des « subprimes »
https://sites.ina.fr/images-de-crises/focus/chapitre/5/medias/P14316687
C
4 La dette privée accompagne les bulles spéculatives
DO
p. 107
Ce graphique permet de comparer l’évolution des dettes privées de quatre pays de
l’OCDE de 1999 à 2018, l’endettement privé accompagnant généralement la forma-
tion des bulles spéculatives.
1. Selon l’OCDE, en 2018, la dette privée aux États-Unis représentait environ l’équiva-
lent de 210 % du PIB du pays. La même année, la dette privée en France représentait
environ l’équivalent de 270 % du PIB du pays.
2. En Espagne, aux États-Unis et au Royaume-Uni, la dette privée (relativement au
PIB) a eu tendance à augmenter jusqu’en 2007-2008, c’est-à-dire jusqu’à l’éclatement
de la crise financière mondiale. Depuis, elle a tendance à diminuer.
Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? • 107
3. Les ménages et les entreprises privées (notamment les institutions financières)
ont pu emprunter de plus en plus pour acquérir, d’une part, des actions et, d’autre
part, des logements, ce qui a pu faire gonfler les cours boursiers et les prix de l’im-
mobilier. Réciproquement, la hausse des cours boursiers et des prix de l’immobilier a
permis d’augmenter la valeur des patrimoines des agents privés, ce qui leur a permis
d’emprunter des montants de plus en plus importants pour acheter des actions ou
des biens immobiliers. Il y a donc une causalité circulaire entre la hausse de la dette
privée et la hausse des prix d’actifs.
S’ENTRAÎNER
p. 107
1 Autoévaluation
DO
p. 108
Ce dessin de presse de Soulcié permet de débuter la séquence par l’effet domino afin
d’introduire progressivement les aspects plus techniques des crise bancaires.
Réponse à la question : Lorsqu’une banque fait faillite, elle se retrouve dans l’incapa-
cité de rembourser une partie ou la totalité de ses créanciers, si bien que ces derniers
(comprenant notamment d’autres banques) voient leurs chances de faire faillite à
leur tour augmenter. C’est l’« effet domino » proprement dit.
C
2 Les paniques bancaires
DO
p. 108
Cet extrait d’un billet du blog Econoclaste rédigé par l’économiste Stéphane Ménia
explique le processus de déroulement des paniques bancaires, illustré ici par l’exemple
de la banque Northern Rock qui a subi cette épreuve en septembre 2007.
Il est possible d’étudier le document 3 avant le document 2 afin de revoir le fonc-
tionnement du marché monétaire et le rôle de la banque centrale pour assurer la
liquidité sur ce marché.
1. Une banque n’est pas en mesure de faire face immédiatement aux retraits de la
totalité des dépôts de ses clients car elle ne dispose pas de suffisamment de monnaie
centrale dans un délai court pour le faire, que ce soit sous forme de billets ou sous
forme de réserves en monnaie scripturale auprès de la banque centrale. En effet,
dans le cas d’une demande de billets, elle doit convertir ses réserves en billets. Dans
le cas d’un transfert vers une autre banque, elle doit disposer de suffisamment de
réserves. Si ce n’est pas le cas, elle peut obtenir de la monnaie centrale en empruntant
à d’autres banques ou à la banque centrale, en échange de la remise d’actifs qu’elle
possède et qui serviront de garantie. (Rappel de 1re, chapitre 5 sur la monnaie)
2. Les clients de la Northern Rock ont commencé à douter de sa solvabilité lorsque
la banque a demandé à la banque centrale (la Banque d’Angleterre) de lui prêter des
liquidités. La Northern Rock n’était initialement pas insolvable, mais cette demande
a pu suggérer aux déposants qu’elle l’était peut-être : elle leur confirma qu’elle ren-
contrait des difficultés. Avec la ruée bancaire qui suivit, son problème de liquidité
s’est transformé en problème de solvabilité.
3. La ruée bancaire fonctionne comme une prophétie autoréalisatrice. En effet, si les
déposants d’une banque pensent qu’elle est sur le point de faire faillite, ils risquent
de se ruer « aux guichets » récupérer l’épargne dont ils disposent sur leur compte
bancaire. Or, dès lors que les déposants sont suffisamment nombreux à le faire, la
banque peut manquer de fonds propres pour satisfaire leur demande, et effectivement
faire faillite. En fait, les déposants n’ont pas nécessairement à croire que la banque
est insolvable pour se comporter ainsi. Il suffit que chacun d’entre eux pense que les
autres déposants sont susceptibles de se ruer aux guichets pour s’y ruer. En définitive,
la crainte d’une faillite a amené les déposants à changer de comportement pour s’en
préserver, mais en changeant de comportement ils peuvent par là même conduire
leur banque à faire faillite, même si cette crainte était initialement infondée.
4. Pour stopper la panique, les autorités doivent parvenir à rassurer les déposants :
comme l’illustrent l’anecdote finale et notamment le passage souligné, les déposants
ont peu de chances de se ruer aux guichets s’ils pensent qu’ils pourront récupérer
leur épargne. La banque centrale peut jouer son rôle de prêteur en dernier ressort,
c’est-à-dire veiller à fournir en liquidités les banques dès lors qu’elles sont liquides
et indiquer publiquement qu’elle le fera (cf. document 3 p. 109). Les gouvernements
ont également mis en place une assurance des dépôts (cf. document 3 p. 107) : dans
la plupart des pays développés, l’État garantit aux déposants de ne pas perdre leurs
dépôts en cas de faillite bancaire, jusqu’à un certain montant (en France, 100 000 €
Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? • 109
par personne et par établissement bancaire). C’est précisément parce qu’un tel dis-
positif institutionnel a été mis en place dans les pays développés suite aux paniques
bancaires des années trente qu’il y a moins de risques aujourd’hui que la contagion
passe par les paniques bancaires lors des crises bancaires. L’épisode de la Northern
Rock montre qu’une telle probabilité n’est toutefois pas nulle.
Pour aller plus loin
Sur le site Images de crise (INA/Citéco), un reportage du JT de France 2 du 18 février
2008 revient sur la faillite de la banque Northern Rock à l’automne 2007, à l’occasion
de sa nationalisation par le gouvernement anglais.
Vidéo (1 min 45 s) :
https://sites.ina.fr/images-de-crises/focus/chapitre/5/medias/3558312001016
C
3 Quand les banques rechignent à se prêter
DO
p. 109
Ce texte permet de revenir sur le marché monétaire dont un des compartiments
est le marché interbancaire, où les banques se prêtent mutuellement de la monnaie
centrale. Ce mécanisme vu en première (chapitre 5) est essentiel pour comprendre
les problèmes de liquidité qui peuvent générer des faillites bancaires en chaîne, et le
rôle de la banque centrale pour empêcher cet engrenage.
1. Quotidiennement, les clients d’une banque font des affaires avec les clients des
autres banques, ce qui entraîne des transactions entre les banques elles-mêmes. Or,
les banques ne peuvent se régler entre elles qu’en monnaie centrale : la monnaie que
seule la banque centrale a le pouvoir de créer. Pour régler ses transactions auprès
de ses consœurs (ce qu’on appelle la compensation), une banque doit disposer de
suffisamment de monnaie centrale, sinon elle fera faillite. Si elle prévoit de ne pas en
disposer suffisamment, elle peut en emprunter sur le marché monétaire, c’est-à-dire,
soit auprès de la banque centrale, soit auprès de ses consœurs (marché interbancaire).
Elle le fera en cédant en contrepartie des titres.
2. Lors des crises financières, les banques ont souvent des réticences à se prêter
entre elles. Dès lors qu’elles soupçonnent les autres d’être au bord de la faillite, les
banques disposant d’un excès de monnaie centrale préfèrent le garder plutôt que de
prendre le risque d’en prêter, sauf à un taux d’intérêt élevé. Ainsi, le taux d’intérêt sur
le marché interbancaire a tendance à augmenter lors de ces périodes de tensions. Or,
précisément parce qu’elles ont du mal à s’approvisionner en monnaie centrale, si ce
n’est à des taux d’intérêt élevés, les banques, en manque de liquidités, peuvent ne
pas parvenir à en obtenir, ce qui augmente le risque qu’elles fassent faillite.
3. La banque centrale est la seule à pouvoir créer de la monnaie centrale. Lorsqu’une
crise de confiance frappe le marché interbancaire, elle intervient via sa politique
monétaire pour octroyer des prêts de monnaie centrale à des taux plus faibles ou avec
des contreparties moins exigeantes du côté des titres qui peuvent servir de garantie.
Elle peut aussi jouer le rôle de prêteur en dernier ressort pour prêter à une banque
en difficulté et ainsi éviter des faillites en chaîne. Elle rétablit ainsi la confiance entre
les banques, qui se prêtent à nouveau.
S’ENTRAÎNER
p. 109
1 Autoévaluation
1. Faux. Les paniques bancaires surviennent lorsque les déposants perdent confiance
dans la monnaie, que leur banque soit prudente ou pas.
2. Vrai.
3. Vrai.
2 Mobiliser ses connaissances
Voici deux canaux par lesquels une faillite bancaire en entraîne d’autres.
Lorsqu’une banque fait faillite, elle ne peut plus rembourser les emprunts qu’elle
avait souscrits auprès d’autres banques. Lorsque la taille de la banque est importante
et que les montants de ces emprunts sont importants, cette faillite peut provoquer
la faillite d’une banque qui détient des créances sur elle car la valeur de son actif se
dégrade, ce qui peut provoquer une insolvabilité.
Par ailleurs, la faillite d’une banque peut entraîner une défiance entre toutes les
banques qui cessent de se prêter et deviennent illiquides : alors que la valeur de
leur actif leur permet en principe de faire face à leurs engagements au passif, elles
ne peuvent plus obtenir de monnaie centrale sur le marché monétaire puisque les
banques cessent de se prêter les unes aux autres. En l’absence d’une intervention
forte de la banque centrale, les banques peuvent être conduites alors à vendre au
plus vite des titres pour obtenir de la monnaie centrale, des ventes de titres qui
provoquent une baisse du prix des actifs et peuvent faire passer certaines banques
de l’illiquidité à l’insolvabilité.
Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? • 111
C
1 POUR COMMENCER « À vendre ! »
DO
p. 110
Ce dessin de Patrick Chappatte paru en janvier 2008, en pleine crise des subprimes,
permet d’illustrer le mécanisme des ventes forcées qui affecte tout autant les ménages
que les entreprises et les banques.
1. Un ménage peut être contraint de mettre en vente son logement lorsque son revenu
chute, ce qui peut notamment s’expliquer par un licenciement, une séparation, etc. Il
peut aussi être contraint de vendre quand le taux d’intérêt de son emprunt immobilier
augmente, s’il a souscrit un emprunt à taux variable, ce qui augmente le montant des
mensualités qui peuvent devenir trop élevées. Ces deux effets ont fortement joué
en 2007-2008 sur les ménages les plus pauvres : la baisse des revenus et la hausse
des mensualités des emprunts ont conduit beaucoup à devoir vendre leur logement.
2. Si le nombre de logements mis en vente augmente, c’est-à-dire si l’offre de
logements augmente, le prix des logements aura tendance à baisser. C’est ce qui a
provoqué l’effondrement du marché immobilier aux États-Unis, particulièrement à
partir de l’été 2007.
Pour aller plus loin
Sur le site Images de crise (INA/Citéco), un reportage du JT de France 2 de mai
2008 montre pourquoi des ménages américains pauvres sont contraints de vendre
leur logement.
Vidéo (2 min 03 s) :
https://sites.ina.fr/images-de-crises/focus/chapitre/5/medias/3632599001016
C
2 Les effets de richesse de la bulle spéculative
DO
p. 110
Ce texte issu de la revue du FMI, Finances & Développement, explique comment les
effets de richesse positifs et négatifs relient les évolutions des marchés financiers à
l’activité économique.
1. Jusqu’en 2006-2007, les prix de l’immobilier ont eu tendance à fortement aug-
menter aux États-Unis, ce qui a provoqué un effet de richesse « positif » : l’immo-
bilier constituant le principal patrimoine détenu par les ménages, en particulier les
classes moyennes et les plus modestes, les ménages ont eu tendance à « se sentir
plus riches », ce qui les a incités à dépenser plus, donc à moins épargner. C’est ce qui
a permis à l’économie des États-Unis de connaître une croissance robuste au début
des années deux mille.
2. La baisse des prix de l’immobilier à partir de 2006-2007 a provoqué un effet de
richesse « négatif » : se sentant « moins riches », les ménages ont mécaniquement
moins consommé. Par ailleurs, beaucoup de ménages ayant dû s’endetter pour accé-
der à l’immobilier, ont été d’autant plus contraints de réduire leurs dépenses, afin de
continuer à rembourser leur dette et de se désendetter. C’est cette compression des
dépenses des ménages qui est à l’origine de la Grande Récession.
3. L’effondrement immobilier de 2006-2007 a été plus dommageable que le krach
boursier de 2000 (l’éclatement de la « bulle Internet ») pour deux raisons. D’une part,
les ménages s’endettent pour accéder à l’immobilier, non pour acheter des actions.
D’autre part, lorsque la bulle Internet a éclaté, les prix de l’immobilier ont continué
d’augmenter, ce qui a permis de compenser et d’atténuer l’effet de richesse négatif.
Par contre, en 2007, les prix de l’immobilier et les cours boursiers ont chuté, ce qui a
créé un puissant effet de richesse négatif. C’est pour cela que la récession en 2007 a
été bien plus sévère que celle de 2000.
3. Lorsqu’un agent doit rapidement se désendetter (soit parce que ses engagements
augmentent, soit parce que ses revenus chutent), il peut être tenté de vendre des
actifs en catastrophe pour récupérer des liquidités. Or, s’il en vend massivement
(ce qui peut être le cas d’une banque avec des titres) ou si d’autres agents vendent
simultanément ces mêmes actifs en masse, alors le prix de ces actifs sera fortement
poussé à la baisse. Mais par conséquent, les agents qui possèdent (encore) ces actifs
verront leur propre situation financière s’aggraver, ce qui les poussera à leur tour à
vendre des actifs. C’est en particulier le cas sur les marchés financiers. Cela peut non
seulement alimenter la contagion entre les agents (en l’occurrence, entre les banques),
mais aussi la contagion d’un marché à l’autre : si un marché financier s’effondre, les
agents détenant les titres de ce marché chercheront à se désendetter en vendant des
titres issus d’autres marchés, si bien que l’onde de choc se propage à d’autres marchés.
C
4 La contraction du crédit bancaire
DO
p. 111
Ce texte extrait d’un article du Monde permet de comprendre pourquoi les banques
contractent les montants des crédits qu’elles octroient en période de crise financière,
ce qui transmet la crise à l’économie réelle et diminue la croissance.
1. Quand elles se retrouvent en difficulté, les banques ont tendance à restreindre
le volume de crédit qu’elles sont prêtes à accorder, à augmenter les taux d’intérêt,
à demander davantage de garanties, etc. C’est ce qu’on appelle plus largement le
« rationnement du crédit » (il y a alors contraction du crédit, mais parce que « l’offre »
de crédit diminue). Le crédit risque surtout d’être rationné lors d’une crise financière
ou lors d’une récession, quand les emprunteurs ont des difficultés à rembourser.
2. Les petites et moyennes entreprises sont très pénalisées par le rationnement du
crédit, car elles sont très dépendantes du crédit bancaire : non seulement elles génèrent
souvent trop peu de profits pour parvenir à investir en se contentant de puiser dans
ces profits, mais, en outre, elles peuvent difficilement se financer directement sur
les marchés financiers (émettre des titres), notamment parce qu’elles n’ont pas une
réputation suffisante et parce qu’elles sont plus risquées que les grosses entreprises.
3. Les banques réagissent à une récession en rationnant le crédit. Mais ce ration-
nement aggrave en retour la récession. En effet, si les entreprises et les ménages
peuvent moins emprunter, ils achèteront moins de biens et services, si bien que les
entreprises seront poussées à moins produire, voire feront faillite, elles licencieront
davantage, etc. Or, si les entreprises font moins de profits, elles auront plus de diffi-
cultés à rembourser leurs dettes ; de même pour les ménages s’ils se retrouvent au
chômage ou, plus largement, si leurs revenus chutent avec la récession. Les taux de
défaut de paiement augmentant, les difficultés des banques s’accentuent, en définitive.
Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? • 113
S’ENTRAÎNER
p. 111
1 Autoévaluation
Lors d’une crise financière, les ménages et entreprises dépensent moins, ce qui risque
d’entraîner une récession. En effet, d’une part, la chute du prix des actifs crée un effet
de richesse négatif : les ménages se sentent moins riches. D’autre part, il y a une
contraction du crédit. En effet, comme les actifs servent de collatéraux aux crédits,
les banques sont moins désireuses de prêter, et les ménages et entreprises peuvent
moins emprunter. Ils sont forcés de réduire leurs dépenses et de vendre des actifs
en catastrophe pour se désendetter, ce qui diminue encore le prix des actifs.
2 Mobiliser ses connaissances
Une crise financière affecte l’économie réelle tout d’abord via des effets de richesse
négatifs. En effet, la baisse des prix des actifs fait baisser la valeur du patrimoine des
agents économiques. Pour reconstituer celui-ci, ils ont tendance à épargner davan-
tage et donc à moins consommer, ce qui déprime la production et ralentit donc la
croissance. C’est ce qui s’est passé lors de la Grande Dépression à partir de 2008, où
la chute des prix de l’immobilier a conduit les ménages à comprimer leurs dépenses
de consommation pour faire face à leurs remboursements d’emprunts immobiliers.
Par ailleurs, une crise financière affecte aussi l’économie réelle en faisant baisser
le prix des collatéraux apportés en garantie des emprunts, ce qui réduit le crédit.
Ainsi, la baisse des prix des actifs immobiliers ou autres qui sont apportés en garantie
des emprunts, appelés collatéraux, conduit les banques à accorder moins de crédit,
d’autant plus qu’elles font face à une augmentation des taux de défaut sur les crédits
précédemment octroyés. Cette contraction du crédit déprime la demande, que ce
soit la consommation des ménages ou l’investissement des entreprises, et diminue
la production et la croissance. Cet effet de credit crunch s’est déroulé en 2008 et a
touché particulièrement les PME, qui se financent peu sur le marché des actions et
ont vu d’un coup le crédit bancaire se contracter. C’est aussi un des mécanismes au
cœur de la Grande Dépression des années 1930.
p. 112
Cette vidéo produite par la BCE explique le rôle du mécanisme de surveillance unique
mis en place en 2014 et confié à la BCE, un des éléments de l’« union bancaire » mise
en place au sein de l’UE pour apporter une réponse européenne aux questions de
régulation bancaire.
1. Au sein de la zone euro, le mécanisme de surveillance unique (MSU) veille au bon
respect des règles bancaires et à la solidité des banques, afin de réduire le risque qu’une
crise financière éclate et de renforcer les banques pour éviter qu’elles fassent faillite.
2. Avant et pendant la crise financière mondiale, les pays, notamment au sein de
la zone euro, n’avaient pas les mêmes règles pour juger de la bonne « santé » des
banques, or les banques peuvent avoir des activités à l’étranger. Il fallait donc un
114 • I - Science économique
mécanisme de surveillance supranational qui applique les mêmes règles pour juger
de la solidité des banques opérant au sein de la zone euro.
3. Ce mécanisme de surveillance supranational constitue l’un des premiers piliers de l’union
bancaire que la zone euro cherche à mettre en place. En pratique, il associe la Banque
centrale européenne (BCE) et les autorités nationales de surveillance : la première contrôle
les banques les plus importantes, tandis que les secondes contrôlent les autres banques.
C
2 Les banques systémiques sont étroitement surveillées
DO
p. 112
Cet extrait d’un article de Jézabel Couppey-Soubeyran et Thomas Renault pour le site
The Conversation France explique ce qu’est une banque systémique et pourquoi ces
banques sont davantage contrôlées que les banques non systémiques.
1. Il est nécessaire d’identifier les banques d’importance systémique afin que les
autorités sachent comment se comporter lorsqu’une banque annonce être sur le
point de faire faillite. En faisant faillite, une banque de dimension systémique risque,
par définition, d’entraîner la faillite de nombreuses autres institutions financières et
de fortement pénaliser l’activité économique : sa faillite risque d’entraîner une crise
financière et une récession, ou de les aggraver si elles sont déjà à l’œuvre. Si les auto-
rités américaines ont laissé Lehman Brothers faire faillite en septembre 2008, c’est
peut-être parce qu’elles n’avaient pas perçu sa dimension systémique. Dans tous les
cas, lorsqu’une banque a une dimension systémique, les autorités (le gouvernement,
la banque centrale) sont contraintes d’intervenir pour l’empêcher de faire faillite,
puisqu’elle est « trop grosse pour faire faillite » (too big to fail), par exemple en la
renflouant (en lui injectant des capitaux publics pour accroître ses fonds propres, cf.
document 3 p. 113), en la nationalisant, en facilitant son rachat par une autre banque,
en la démantelant, etc. Cette information peut être utile aux autorités avant même
que cette banque s’annonce en faillite ou même qu’une crise financière éclate : elles
pourraient resserrer les contraintes réglementaires dont la banque fait l’objet (notam-
ment exiger qu’elle détienne davantage de fonds propres, cf. document 4 p. 113), la
démanteler ou lui demander de céder des activités pour réduire significativement sa
taille, etc., ce qui contribuerait à réduire le risque d’instabilité financière.
2. Les banques de dimension systémique ne sont pas forcément de « grandes »
banques ; le texte rappelle d’ailleurs que Lehman Brothers n’était « que la 42e plus
grande banque du monde » lorsqu’elle fit faillite le 15 septembre 2008. Certaines
banques de dimension systémique le sont notamment en raison des connexions
qu’elles ont avec les autres banques, celles auprès desquelles elles ont par exemple
emprunté et qu’elles ne pourraient peut-être pas rembourser en totalité en cas de
faillite, ce qui créerait alors un « effet domino » (cf. document 1 p. 108).
3. Il existe un système bancaire dit « parallèle » (ou « alternatif », shadow banking,
cf. document 3 p. 107) qui n’est pas soumis aux mêmes contraintes que les banques
traditionnelles et qui est, notamment pour cette raison, assez opaque et risqué (cf.
document 2 p. 106). Il avait un poids important avant la crise financière de 2007-
2008 (et a contribué à ce que celle-ci éclate et s’envenime), mais son poids n’a pas
diminué depuis. Au contraire, le document note qu’il a gonflé de moitié entre 2007
et 2018. Or, si les banques traditionnelles ont réduit les connexions entre elles, elles
ont augmenté leurs connexions avec le système bancaire parallèle, ce qui les rend
peut-être plus vulnérables aux turbulences que celui-ci pourrait connaître. Certains
pensent d’ailleurs que le resserrement des réglementations contraignant les banques
traditionnelles dans le sillage de la crise financière internationale a amené celles-ci à
davantage développer leurs activités dans le système bancaire parallèle. Dans tous
les cas, il apparaît donc peut-être nécessaire que les superviseurs prennent égale-
ment en compte le système bancaire parallèle et cherchent par exemple à le rendre
plus transparent.
Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? • 115
3 EXERCICE L’importance des fonds propres
p. 113
Cet exercice présente le bilan de deux banques qui ont une structure différente de
leurs ressources, au passif, avec un ratio de fonds propres appelé aussi « ratio de
solvabilité » plus élevé pour l’une. Il permet de comprendre pourquoi ce ratio joue
un rôle important pour garantir la stabilité du système bancaire face à une chute
des prix d’actifs.
L’exercice n’indique pas d’unités monétaires précises ; pour le rendre moins abstrait,
on peut indiquer que les valeurs sont en milliards d’euros (ce qui n’est pas aberrant
au vu des bilans des grandes banques dans la réalité, en ajoutant encore un 0 pour
les banques systémiques).
1. À la différence d’un financement par endettement, le financement par fonds propres
n’a pas à être remboursé. Par exemple, si une banque (ou une entreprise quelconque)
émet des actions, la banque n’a pas à rembourser les actionnaires. C’est la différence
des fonds propres par rapport au reste du passif : la banque doit rembourser les
déposants (leur rendre leur épargne s’ils désirent la récupérer) et rembourser ses
autres créanciers (notamment dans le cas où elle a émis des obligations).
2. Pour le Crédit rennais, les fonds propres s’élèvent à 20 unités monétaires et son
actif (crédits + titres) s’élève à 100 unités monétaires, donc ses fonds propres repré-
sentent 20 % de ses actifs (20/100). Pour Lehman Sisters, les fonds propres s’élèvent
à 10 unités monétaires et son actif (crédits + titres) s’élève à 100 unités monétaires,
donc ses fonds propres représentent 10 % de ses actifs (10/100).
3. Si les cours des titres détenus par chaque banque baissent de 10 %, la valeur des
titres détenues par chacune des deux banques passe à 45 unités monétaires. Le
montant des fonds propres du Crédit rennais passe donc à 15 unités monétaires, celui
de Lehman Sisters à 5 unités monétaires. Le montant de l’actif (comme le montant
du passif) de chacune des deux banques passe à 95 unités monétaires. Le ratio des
fonds propres sur les actifs passe à 16 % (15/95) pour le Crédit rennais et à 5 % (5/95)
pour Lehman Sisters.
Crédit rennais
Actif (Utilisation des ressources) Passif (Ressources de la banque)
Crédits50 Fonds propres 15
Titres45 Dettes80
Lehman Sisters
Actif (Utilisation des ressources) Passif (Ressources de la banque)
Crédits50 Fonds propres 5
Titres45 Dettes90
4. Le ratio de fonds propres de chacune des deux banques a diminué, mais le Crédit
rennais dispose d’une plus grande marge pour éponger de nouvelles pertes que
Lehman Sisters. Si les fonds propres de cette dernière s’épuisent, elle fera faillite.
5. Pour relever son ratio de fonds propres, une banque peut chercher à accroître le
volume de ses fonds propres, par exemple en mettant une part plus importante de
ses profits en réserve, en réduisant la part des profits qu’elle verse à ses actionnaires
(sous forme de dividendes), en émettant de nouvelles actions, en exigeant davantage
d’apports de la part de ses propriétaires, en demandant une injection de capitaux
auprès de l’État (c’est-à-dire un renflouement), etc. Elle peut aussi chercher à réduire
la taille de son actif, par exemple en freinant son activité de crédit et, à plus court
terme, en vendant les titres qu’elle possède. Mais lors d’une crise financière, une telle
réaction contribue à aggraver celle-ci (cf. document 4 p. 109 et document 4 p. 111).
C’est d’ailleurs l’un des effets pervers mis en avant par les détracteurs des nouvelles
réglementations bancaires, comme on le voit dans le document qui suit : exiger davan-
tage de fonds propres de la part des banques est susceptible de les amener à moins
116 • I - Science économique
prêter, certes au profit de la stabilité financière mais au détriment de la croissance
économique. C’est d’ailleurs pour cette raison que les autorités peuvent réduire les
exigences réglementaires en matière de fonds propres lorsqu’une crise financière
éclate : cela réduit les incitations des banques à vendre des actifs en catastrophe ou
à rationner le crédit.
C
4 De nouvelles réglementations bancaires
DO
p. 113
Cet article tiré de la revue du FMI, Finances & Développement, explique pourquoi
des ratios de solvabilité comportant des exigences de fonds propres plus fortes ont
été imposés aux banques après la crise financière des subprimes.
1. Pour accroître le volume de ses fonds propres, une banque peut mettre une part
plus importante de ses profits en réserve, réduire la part des profits qu’elle verse à
ses actionnaires (sous forme de dividendes), émettre de nouvelles actions, exiger
davantage d’apports de la part de ses propriétaires, demander une injection de
capitaux auprès de l’État (c’est-à-dire un renflouement), etc.
2. La réglementation bancaire impose aux banques de respecter des ratios de solva-
bilité, c’est-à-dire de détenir un minimum de fonds propres relativement à la taille
de leur bilan et par rapport aux risques de leurs actifs. Si cette réglementation est
renforcée, comme ce fut le cas avec la réforme Bâle III dans le sillage de la crise
financière mondiale de 2008, les banques doivent détenir davantage de fonds propres
(relativement à la taille de leur bilan). Cela permet directement d’atténuer la sévérité
des crises bancaires, dans la mesure où les banques disposeront davantage de fonds
propres pour éponger leurs pertes si elles se retrouvent en difficulté. Il y a d’autres
effets vertueux plus indirects : dans la mesure où elles pourront plus facilement
absorber leurs pertes, les banques seront moins incitées à vendre des actifs en catas-
trophe et à rationner leur crédit, ce qui limitera la contagion entre les banques et le
risque qu’une crise financière et une récession éclatent ou s’aggravent (cf. document
4 p. 109 et document 4 p. 111) ; les déposants seront davantage rassurés quant à la
solidité financière de leur banque, si bien que le risque de panique bancaire diminue
(cf. document 2 p. 108) ; les banques auront plus confiance entre elles, ce qui évitera
une paralysie du marché interbancaire (cf. document 3 p. 109). Enfin, le renforcement
des exigences prudentielles réduira la sévérité des crises financières précisément en
incitant les banques à adopter un comportement plus prudent en période de bonne
conjoncture : pour respecter les ratios de solvabilité, les banques doivent être plus
prudentes lorsqu’elles réalisent des placements et lorsqu’elles accordent des crédits,
ce qui réduit notamment le risque de bulle spéculative ; cela sera d’autant plus le cas
dans la mesure où les banques sont censées avoir suffisamment de fonds propres pour
éponger leurs pertes et où il y a, par conséquent, moins de chances que les autorités
cherchent à intervenir pour les renflouer en cas de crise financière, ce qui réduit l’aléa
moral auquel les banques sont confrontées.
S’ENTRAÎNER
p. 113
1 Autoévaluation
Les autorités cherchent à réduire la fréquence et la gravité des crises financières.
D’une part, elles définissent des ratios de solvabilité, c’est-à-dire exigent des banques
qu’elles disposent d’un minimum de fonds propres pour être plus prudentes et plus
solides. D’autre part, à travers leur mission de supervision, les autorités, notamment
les banques centrales, veillent au bon respect de ces règles prudentielles.
Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? • 117
2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
§1 Des ratios de solvabilité avec des exigences de fonds propres plus élevées depuis
2008, ce qui permet de prévenir les crises financières en réduisant la vulnérabilité
des bilans des banques à un krach des prix des actifs.
§2 Une meilleure identification des banques systémiques, « too big to fail », et des
contraintes renforcées sur ces banques.
§3 La mise en place à partir de 2014 d’un mécanisme de surveillance unique dans
l’ensemble de l’UE pour contrôler les banques de grande taille, dont l’activité s’effec-
tue à une échelle européenne, ce qui renforce les contrôles plutôt que de les confier
à chaque autorité de contrôle prudentiel nationale.
TIVIT
É1
AC
Schématiser
ÉTAPE 1 ÉTUDIER LES DOCUMENTS
Document 1
1. En 2018 aux États-Unis, le top 1 % détenait 20 % du revenu national et le top 10 %
détenait, quant à lui, 47 % du revenu national.
2. Ces parts ont augmenté nettement depuis 1974. Pour le top 1 %, on observe que
leur poids dans la concentration des revenus passe de 10 à 20 %, soit un doublement
[20/10]. Pour les 10 % les plus riches, la concentration du revenu national passe de
35 à 47 %, soit une hausse de 12 points de pourcentage [47 – 35 ] ou de 34,3 % [(47
– 35) / 35]. L’augmentation de la concentration du revenu national a donc été plus
forte pour le top 1 % que pour le top 10 %.
3. Le niveau de concentration du revenu national, donc d’inégalité économique, en
2018 est proche de celui des années 1920 aux États-Unis. On peut faire l’hypothèse
qu’une trop forte concentration du revenu national pour le top 1 % ou le top 10 %
précède les crises financières, comme ce fut le cas en 1929 et 2008 aux États-Unis.
Document 2
1. La finance permet aux plus riches de s’enrichir facilement par les forts rendements
qu’elle peut offrir à leur épargne placée dans des actifs qui s’échangent sur les mar-
chés financiers.
2. Les classes moyennes et modestes cherchent à s’endetter car elles veulent imiter
la norme de consommation des plus riches tout en ayant des revenus qui stagnent
voire régressent, du fait de la compression salariale observée dans plusieurs pays
riches qui ont mené des politiques d’austérité ou des réformes du marché du travail.
118 • I - Science économique
3. Les banques ont accepté de leur prêter car cela représente un nouveau débouché
pour leur activité de crédit et parce qu’elles ont procédé à des innovations financières
(titrisation) qui leur permettent de se débarrasser des risques d’insolvabilité de leurs
clients les plus modestes.
4.
Stagnation du Demande
revenu des plus de crédit des
modestes plus modestes
ÉTAPE 2 RÉDIGER UN RAISONNEMENT ARGUMENTÉ
§1 La réduction des inégalités favorise la stabilité financière car elle limite l’épargne
et la spéculation des plus riches qui alimentent les bulles spéculatives à l’origine des
crises financières.
§2 La réduction des inégalités favorise la stabilité financière car elle se préoccupe du
pouvoir d’achat des plus modestes et permet de limiter la consommation à crédit.
§3 La réduction des inégalités favorise la stabilité financière car elle évite que la norme
de consommation des plus riches se détache de celle du reste de la population, limitant
ainsi les désirs de consommation ostentatoire qui alimentent souvent la demande
de crédit des classes modestes et moyennes.
TIVIT
É2
AC
ÉTAPE 1 ÉTUDIER LES DOCUMENTS
1. En Chine en 2018, la dette des entreprises (hors banques) représentait plus de
160 % du PIB.
2. 165 + 45 + 43 = 253
La dette des agents non financiers (entreprises, ménages, gouvernement central)
représentait 253 % du PIB en 2018 en Chine.
3. Ce ratio n’a cessé d’augmenter depuis 2007, où il était environ de 150 %.
L’augmentation la plus forte du ratio d’endettement concerne les entreprises à
partir de 2011.
Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? • 119
4. La hausse de la dette des ménages provient d’un doublement du recours au crédit
renouvelable (revolving, carte de crédit) de 2014 à 2017 ainsi que de la hausse de
l’endettement immobilier.
5. Les autorités chinoises sont réticentes à stopper l’endettement car ce dernier per-
met de soutenir la croissance économique qui a fortement ralenti, passant de 10 % à
6,5 % par an, ce qui, pour la Chine, est un plancher dont le dépassement l’exposerait
à une hausse du chômage et à la contestation sociale du régime.
ÉTAPE 2 RÉDIGER UN RAISONNEMENT ARGUMENTÉ
§1 Une crise financière est à craindre en Chine car les entreprises ont un fort taux
d’endettement.
§2 Une crise financière est à craindre en Chine car les ménages ont un fort taux
d’endettement.
§3 Une crise financière est à craindre en Chine car l’État ne veut pas stopper l’endet-
tement pour soutenir la croissance.
§4 Une crise financière est à craindre en Chine car les banques officielles sont contrô-
lées par l’État et concurrencées par un système bancaire parallèle qui spécule sur des
placements à risque qui accumulent les créances douteuses.
TIVIT
É3
AC
Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? • 121
TESTEZ VOS CONNAISSANCES !
p. 122-123
1 Vrai ou faux ?
p. 122
1. Faux. La Grande Récession de 2008 a été déclenchée par un krach immobilier à
l’été 2007, qui a entraîné une crise bancaire, puis un effondrement de la bourse en
septembre 2008.
2. Vrai.
3. Vrai.
4. Faux. S’ils pensent que les prix vont continuer à augmenter, les spéculateurs vont
garder ces titres, voire en acheter encore, pour faire une plus-value (revendre plus
cher que le prix d’achat).
5. Vrai.
6. Faux. Les banques remontent leurs taux d’intérêt pour augmenter leurs revenus,
accorder moins de crédits et sélectionner des emprunteurs plus solvables.
7. Vrai.
8. Vrai.
9. Vrai.
10. Faux. Il faut aussi réguler les marchés financiers.
2 QCM
p. 122
1. En général, lors d’une crise financière les cours boursiers chutent (a), les faillites
bancaires se multiplient (b), les banques prêtent moins (d).
2. Lorsqu’une bulle spéculative gonfle, les spéculateurs tendent à s’endetter (a),
l’euphorie gagne un marché d’actifs (b), la valeur des collatéraux augmente (d).
3. Il y a effet de richesse négatif quand les cours boursiers chutent (a), quand les
ménages se sentent moins riches (c).
4. Les ventes d’actifs en catastrophe contribuent à la contagion des faillites bancaires
(a), transmettent les crises financières à l’économie réelle (c), sont synonymes de
ventes forcées (d).
5. Il y a contraction du crédit si les banques rationnent le crédit (a), la valeur des
collatéraux chute (b).
6. Les fonds propres d’une banque incluent les actions qu’elle a émises (a), servent
à éponger ses pertes (d).
4 L’effet domino
p. 123
Les crises financières sont marquées par des faillites bancaires en chaîne. Par
exemple, les banques en difficulté vendent en catastrophe des actifs pour récupérer
des liquidités, mais ces ventes forcées poussent à la baisse le prix de ces actifs, ce
qui met en difficulté les autres banques qui en possèdent.
Une faillite bancaire érode aussi la confiance vis-à-vis de l’ensemble des institutions
financières. Les déposants peuvent se ruer aux guichets pour vider leurs comptes :
c’est la panique bancaire. Ainsi, certaines faillites bancaires relèvent des anticipations
autoréalisatrices : il suffit que ses créanciers et ses déposants pensent qu’elle va faire
Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? • 123
En outre, les prix de l’immobilier n’atteignent pas leur pic au même moment. Les
prix de l’immobilier amorcent leur chute aux États-Unis au début de l’année 2006,
puis au Royaume-Uni au milieu de l’année 2007, et enfin en France et en Espagne
au début de l’année 2008.
Ensuite, c’est aux États-Unis que les prix de l’immobilier chutent le plus lourdement.
En effet, leur baisse efface les trois cinquièmes de la hausse qu’ils avaient accumulée
depuis le premier trimestre 2000. Sauf en Espagne, les prix de l’immobilier cessent
de chuter début 2009. Par exemple, au deuxième trimestre 2009, ils retrouvent aux
États-Unis le niveau qu’ils atteignaient début 2003, soit 40 % par rapport à leur
niveau du premier trimestre 2000.
Enfin, durant la période observée, seule la France connaît un rebond suffisant pour
rattraper la chute des prix car les prix de l’immobilier dépassent fin 2010 le niveau
qu’ils atteignaient lors de leur pic début 2008. Au deuxième trimestre 2011, ils étaient
ainsi supérieurs de 125 % à leur niveau au premier trimestre 2000.
2) Pour que la banque accepte de leur accorder un crédit, les emprunteurs peuvent
mettre en gage leurs actifs (par exemple leur logement) que la banque saisira s’ils ne
parviennent pas à rembourser leur crédit. On dit que ces actifs servent de « collaté-
raux ». Ainsi, si le marché de l’immobilier connaît un boom, l’usage des logements
comme collatéraux amplifiera ce boom. En effet, plus le prix des logements augmente,
plus le montant que pourront emprunter leurs propriétaires augmentera, plus ces
derniers pourront facilement acheter un logement. Or, plus la demande de logements
est forte, plus les prix de l’immobilier sont poussés à la hausse. C’est par exemple la
mécanique qui a été observée aux États-Unis au début des années 2000. Par contre,
si le marché de l’immobilier s’effondre, l’usage des logements comme collatéraux
aggravera l’effondrement. En effet, plus le prix des logements chute, moins leurs
propriétaires pourront emprunter, plus il leur sera difficile d’acheter un (nouveau)
logement. Au contraire, ils seront incités à vendre leur logement (actuel), notam-
ment pour pouvoir continuer à rembourser leur crédit. Or, ces ventes en catastrophe
poussent les prix de l’immobilier à la baisse. Par ailleurs, si les banques saisissent les
logements et les mettent en vente, cela amplifie la chute des prix de l’immobilier.
C’est par exemple la mécanique qui a été observée aux États-Unis à partir de 2006
et qui a amorcé la crise financière.
Analyse du sujet
Vous montrerez quels sont les effets d’une crise financière sur l’économie réelle.
– « montrerez » : il s’agit ici de présenter des mécanismes.
– « effets » : il s’agit de présenter certaines conséquences (et non les causes) d’une
crise financière.
– « crise financière » : il s’agit d’un dysfonctionnement du système financier se
manifestant par un effondrement boursier, une contraction du crédit et une faillite
en chaîne des banques.
– « économie réelle » : expression qui désigne, par opposition à la sphère financière,
la sphère de la production au niveau agrégé (par exemple d’un pays).
Questionnement (ou problématique) : « Ce sujet implique donc de présenter les
différentes conséquences que peut avoir une crise financière sur la production et
donc sur l’emploi en détaillant les multiples mécanismes de transmission à l’œuvre. »
Le document met en évidence une chute Ce document se focalise sur les effets de
du patrimoine immobilier de 2006 à 2010 richesse négatifs.
(290 % du revenu disponible à 230 %), ainsi En 2000 la bulle Internet sur les marchés
que deux chutes du patrimoine financier : boursiers éclate. En 2006 la bulle
de 2000 à 2003 (400 % 250 %) et de immobilière éclate, entraînant une crise
2007 à 2009 (350 % 250 %). financière et notamment un effondrement
boursier les années suivantes.
Document 2 Ces chutes du patrimoine sont susceptibles
d’entraîner des effets de richesse négatifs :
les ménages se « sentiront moins riches »,
ce qui les incite à réduire leurs dépenses, et
ce d’autant plus qu’ils sont endettés (ce qui
est généralement le cas pour accéder à la
propriété immobilière).
« Mi-novembre, l’indice Dow Jones a perdu Ce document permet d’illustrer les effets
51 % de sa valeur depuis septembre. d’un effondrement boursier et d’une faillite
L’effondrement des cours se poursuivra, en chaîne des banques avec l’épisode de la
de façon presque linéaire, pendant plus de Grande Dépression qui débute en 1929.
trois ans. […] La ruine des courtiers accule L’effet de richesse négatif provoqué par la
les banques, dont ils sont les débiteurs, à la chute des cours, la faillite en chaîne des
faillite – 4 300 établissements ferment entre banques et la hausse du chômage poussent
Document 3 1929 et 1931. Des millions d’épargnants les ménages à réduire leur consommation.
perdent leurs économies en un jour.
L’effondrement du pouvoir d’achat entraîne
une chute de la demande et une contraction
de l’activité. Quatre millions d’Américains
sont au chômage en 1930, huit millions en
1931, douze millions en 1932. »
Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? • 125
Plan 1 Plan 2 Plan 3
Accepté x Rejeté x Accepté Rejeté Accepté x Rejeté
I) Comment expliquer les crises • § 1 Avec l’effondrement boursier, I) Les crises financières nuisent
financières ? les entreprises investissent moins. à l’investissement…
• §1 Les crises financières naissent • §2 La chute des prix d’actifs pèse • §1 Via l’effondrement
des bulles spéculatives… sur la consommation en entraînant boursier.
• §2 … et se transmettent via les faillites des effets de richesse négatifs… • §2 Via la contraction du
bancaires. • §3 … et une baisse de la valeur crédit.
des collatéraux.
II) Pourquoi les crises financières affectent- II) … et à la consommation
• §4 Le rationnement du crédit nuit
elles l’activité ? • §3 Via la contraction du
aussi bien à la consommation qu’à
• §3 Or, les crises financières nuisent à la l’investissement. crédit.
consommation et à l’investissement… • §4 Via les effets de richesse
• §5 Or avec la baisse de la demande globale,
• §4 … si bien que l’économie risque de l’économie risque de basculer dans une négatifs.
basculer dans une récession récession et le chômage d’augmenter.
et le chômage d’augmenter.
Dans le plan 1, les parties I et II (causes) sont hors-sujet. C’est un plan qui corres-
pondrait à un sujet du type : « Quelles sont les causes et les mécanismes des crises
financières ? »
Le plan 3 propose un traitement incomplet, trop étroit du sujet.
Analyse du sujet
Comment expliquer les crises financières ?
– « expliquer » : il s’agit de mettre en avant des causes.
– « crises financières » : il s’agit d’une perturbation du système financier qui se traduit
notamment par un effondrement boursier, des faillites de banques en chaîne et une
contraction du crédit.
Questionnement (ou problématique) : « Ce sujet implique donc d’étudier les causes
des effondrements boursiers, des faillites bancaires en chaîne et des contractions
du crédit. »
Plan
I) Les crises financières suivent l’éclatement de bulles spéculatives.
§1 Les marchés d’actifs sont naturellement sujets à des bulles spéculatives…
§2 … d’autant plus massives qu’elles sont alimentées par un boom du crédit.
II) Elles sont d’autant plus probables que les banques ont adopté
des comportements risqués…
§3 L’innovation financière est source d’aléa moral…
§4 … tout comme la possibilité d’un sauvetage des banques too big to fail.
III) … et que les difficultés d’une banque tendent facilement à se transmettre
aux autres banques :
§5 En augmentant le risque d’insolvabilité.
§6 En augmentant le risque d’illiquidité.
Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? • 127
5 Quelles politiques économiques
dans le cadre européen ?
ANALYSE DU PROGRAMME
p. 128
Ce chapitre, comme dans l’ancien programme, reste l’un des plus complexes du
programme car il fait appel à de nombreux faits historiques et des mécanismes
macroéconomiques très imbriqués (création monétaire, inflation, choc économique
asymétrique).
Après avoir présenté les différentes étapes de l’intégration européenne qui ont
conduit à la construction du marché unique et de la zone euro, les élèves auront à
comprendre comment cette intégration est source de croissance économique et
de politiques communes à l’image de la politique de la concurrence, de la politique
monétaire de la Banque centrale européenne et des politiques budgétaires nationales
qui peuvent rencontrer un défaut de coordination des politiques conjoncturelles,
notamment, mais pas seulement, lors de chocs asymétriques.
ORGANISATION DU CHAPITRE
Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils
permettent de couvrir tout le programme en environ six séquences de cours de deux
heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux
épreuves écrites et orales, sur une durée totale de seize heures (soit un peu moins de
trois semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires et
du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves
terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.
OUVERTURE DU CHAPITRE
p. 128-129
Dans le manuel, trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce
chapitre :
- Découvrir par la vidéo montre quels sont les avantages et les inconvénients pour
la France à être membre de l’Union européenne.
Réponse à la question : La France, bien qu’elle soit un contributeur net (c’est-à-dire
qu’elle apporte plus d’argent au budget européen qu’elle n’en reçoit) n’est pas pour
autant lésée. Elle bénéficie par le biais de l’Union européenne d’un marché unique
développé, d’infrastructures routières et ferroviaires qui facilitent les échanges com-
merciaux ainsi que le tourisme. Par ailleurs, le fait d’être membre d’une union de 27
pays donne plus de poids diplomatique aux représentants européens et rend possible
une sécurité des citoyens au niveau européen. Néanmoins, cela s’accompagne d’une
perte de souveraineté et d’une complexification de l’administration française du fait
de son inscription dans le cadre européen.
- Découvrir en situation invite les élèves à réfléchir aux conditions économiques et
politiques pour l’adhésion d’un pays à l’Union européenne.
1. Parmi les conditions politiques qui semblent indispensables, on peut penser aux
libertés fondamentales dans un État démocratique, à savoir les libertés individuelles
(liberté physique, liberté d’expression et d’opinion, propriété privée, liberté de culte) et
les libertés politiques (droit de vote, droit d’association, etc.). On pourrait également
envisager que le recours à la peine de mort ou l’absence de laïcité à l’école puissent
être aussi des critères mis en avant par les élèves.
2. Parmi les conditions économiques, on peut imaginer que des critères soient appli-
qués sur le montant, ou plutôt le pourcentage, de la dette publique au regard du PIB
du pays, et qu’un pays ayant un déficit public très élevé puisse être refusé. De même,
un pays avec une inflation très élevée ou un taux de chômage élevé serait refusé.
L’objectif est ici d’amener les élèves à s’interroger sur les règles budgétaires et leurs
limites pour prendre en considération l’état économique d’un pays.
Chapitre 5 – Quelles politiques économiques dans le cadre européen ? • 129
- Découvrir en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un
questionnaire sur leurs représentations et d’avoir une vision d’ensemble des repré-
sentations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont
être traités dans le chapitre. L’interface Q-Sort en ligne sur le site collection permet
de saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe.
Proposition complémentaire : Découvrir en chanson
« L’Europe » de Yves Jamait, extrait de l’album « Amor Fati », novembre 2013.
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=XOV6lsTOTNw
Proposer de visionner ou d’écouter le début de la chanson (jusqu’à 1 min 38 s) pour
amener les élèves à s’interroger sur les objectifs de la construction européenne.
p. 130
Cette vidéo montre des extraits de discours des chefs d’États et ministres en charge
du projet européen après la Seconde Guerre mondiale et permet d’amorcer la réflexion
sur les origines de l’intégration européenne.
1. C’est à la suite de la Seconde Guerre mondiale que les gouvernants européens
ont voulu construire l’Europe. Les conflits qui ont opposé durant la Première et la
Seconde Guerres mondiales des pays d’un même continent ont laissé des traces
qui ont nécessité de reconstruire des alliances économiques et politiques (entre la
France et l’Allemagne notamment) afin de « créer une solidarité de fait » (Déclaration
Schuman, 9 mai 1950) entre les Européens pour éviter une nouvelle guerre.
2. La construction européenne n’est pas achevée, sur le plan politique, si on la compare
au projet initial de construire les « États-Unis d’Europe » (Churchill, 1946), mais sur
le plan économique, son intégration est très poussée.
Pour aller plus loin
L’Union européenne reçoit le prix Nobel de la Paix
Vidéo (1 min 20 s) : https://www.youtube.com/watch?v=AgjC_vnVStg
Zone
de libre-échange
Union
douanière Marché unique
1957 1968
1986 Union économique
1992 Union monétaire
1999
N. B. : Pour l’Union économique, la datation n’est pas facile car des politiques com-
munes sont mises en œuvre dès 1962 (PAC) et l’harmonisation fiscale est un serpent
de mer dont la réalisation la plus concrète est l’harmonisation des taux de TVA depuis
1993. C’est le traité de Maastricht en 1992 qui marque une étape importante avec
l’instauration des critères de convergence pour l’adoption de la monnaie unique, suivi
par le Pacte de stabilité et de croissance en 1997 pour les pays de la future zone euro.
C
3 Un commerce intraeuropéen très florissant
DO
p. 131
Ce graphique permet de mesurer le degré d’intégration commerciale des 28 pays
membres de l’UE en 2017. L’objectif est de montrer l’importance du commerce
intraeuropéen pour chaque pays membre. Ainsi, on peut distinguer des pays très
dépendants de ce commerce et d’autres – peu nombreux – pour lesquels la part du
commerce intraeuropéen est minoritaire.
1. En 2017, selon Eurostat, 86 % des exportations en provenance de Slovaquie sont
destinées à des pays membres. Donc seulement 14 % des exportations en provenance
de Slovaquie sont destinées à d’autres pays.
2. On remarque que le commerce intraeuropéen est très développé pour l’ensemble
des pays et qu’il est même majoritaire (il représente plus de 50 % du commerce) pour
26 d’entre eux. Seuls le Royaume-Uni et Chypre échangent davantage avec le reste
du monde qu’avec des pays de l’Union européenne.
3. La part du commerce intraeuropéen pour le Royaume-Uni est de l’ordre de 48 %.
p. 131
Ce texte se penche sur les raisons de la mise en place de la monnaie unique, un élé-
ment essentiel de l’intégration européenne.
1. L’euro a été créé pour deux raisons : servir le bon fonctionnement du marché
unique (faciliter les échanges de biens, de services, de capitaux et la circulation des
personnes), et mettre un terme à l’instabilité monétaire entre pays européens que
l’on observe dès le milieu des années 1970 et jusqu’à la fin des années 1990.
2. Dans les faits, tous les pays de l’Union européenne n’ont pas l’obligation de rejoindre
la zone euro (adopter la monnaie unique) puisque le Royaume-Uni, la Suède et le
Danemark refusent de changer de monnaie, sans pour autant être exclus de l’Union
européenne.
3. Cinq critères de convergence sont nécessaires pour pouvoir adopter la monnaie
unique et intégrer la zone euro. La stabilité des prix, des taux de change et des taux
d’intérêt sont indispensables mais il y a également un double critère concernant les
finances publiques de chaque État. Le déficit public doit être inférieur à 3 % du PIB
et la dette publique inférieure à 60 % du PIB.
4. Huit pays* n’ont pas voulu ou pu adopter l’euro : il s’agit d’une part du Danemark
et de la Suède qui ne souhaitent pas renoncer à leur propre monnaie, et d’autre
part de la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la
Roumanie qui ne remplissent pas les conditions évoquées plus haut pour pouvoir
intégrer la zone euro.
*Avant le Brexit, le Royaume-Uni était le neuvième pays dans ce cas, membre de l’UE
mais pas de la zone euro.
S’ENTRAÎNER
p. 131
1 Autoévaluation
1. Faux. Seule la zone euro est une union économique et monétaire.
2. Faux. C’est l’Acte unique en 1986.
3. Vrai.
4. Vrai.
5. Faux. La Banque centrale européenne gère la politique monétaire des pays membres
de la zone euro.
2 Mobiliser ses connaissances
La création de l’euro constitue une étape importante d’approfondissement de
l’intégration européenne. En effet, en instaurant une monnaie unique adoptée par 19
pays, la zone euro devient une union économique mais aussi monétaire. Économique
car la zone euro est un espace d’échanges commerciaux intenses et d’harmonisation
de politiques économiques du fait de l’unité monétaire qui accentue la circulation des
marchandises, des capitaux et des personnes (travailleurs et touristes). Monétaire car
p. 132
Cet article de presse aborde les différents scénarios économiques possibles du Brexit
pour le Royaume-Uni. Il permet ainsi aux élèves de prendre conscience des gains et
des pertes à participer à l’Union européenne.
1. Cette phrase soulignée fait référence aux stratégies des entreprises hors UE pour
accéder au marché unique, c’est-à-dire à un marché solvable et un espace commer-
cial sans barrières douanières et dans lequel les capitaux et les travailleurs circulent
librement. Le Royaume-Uni, en tant que membre de l’Union européenne et du fait
de son statut historique de plateforme financière et de son réseau anglophone, a
longtemps été choisi par les entreprises du reste du monde, notamment américaines,
comme lieu d’implantation privilégié de leurs sièges sociaux.
2. Le Brexit implique nécessairement la fin du libre accès du Royaume-Uni au marché
unique, et donc l’avantage à s’implanter au Royaume-Uni pour les entreprises du
reste du monde disparaît. Ces dernières ont intérêt à se relocaliser dans un des pays
membres de l’UE afin de continuer à bénéficier des avantages du marché unique.
p. 133
Cet entretien avec un économiste du CEPII montre les effets différenciés du marché
unique sur la croissance économique des pays membres de l’UE selon la taille du pays,
son positionnement géographique et sa dépendance commerciale vis-à-vis de l’ex-
térieur. Il est aussi l’occasion de faire le point sur les pourcentages d’augmentation
et leur transcription sous la forme de multiplications.
1. Les échanges de biens ont augmenté de 109 % entre 1987 et 2019, soit une multi-
plication par un peu plus de 2. Les échanges de services ont, pour leur part, augmenté
de 58 %, soit une multiplication par 1,58.
2. Les échanges ont été plus importants du fait de la suppression des barrières tarifaires
mais aussi, et surtout, parce que l’Union européenne est une intégration économique
très poussée qui admet, outre la liberté de circulation des biens et services, celle des
personnes et des capitaux, ainsi que la reconnaissance de normes communes qui sont
autant d’éléments participant à l’augmentation du commerce entre pays membres.
3. Les pays qui ont le plus bénéficié de cette augmentation des échanges sont les
petits pays qui disposent d’un petit marché intérieur et qui sont donc les plus ouverts
sur l’extérieur, c’est-à-dire ceux pour qui les échanges extérieurs représentent une
part très élevée de leur PIB. C’est le cas de la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie, ou
encore la République tchèque, qui ont vu leur PIB augmenter de 10 % du fait de leur
participation au marché unique.
C
4 Des trajectoires de croissance économique qui convergent
DO
ou qui divergent ?
p. 133
Ce graphique des taux de croissance économique de quelques pays membres de l’UE
permet d’établir les effets du marché unique sur la croissance, mais également de
comprendre que les chocs économiques comme la crise de 2008 n’ont pas touché les
pays avec la même intensité. C’est aussi un moyen de faire travailler les élèves sur la
différence entre les taux de variation en utilisant la notion de points.
1. En 2018, selon Eurostat, le PIB réel de la Pologne a augmenté de 5 %.
2. Taux de croissance de la France en 2011 – Taux de croissance de l’Allemagne en
2011: 2,5 – 4,5 = -2
Taux de croissance de la France en 2011 – Taux de croissance de la Grèce en 2011 :
2,5 – 8,5 = -11
L’écart de taux de croissance entre la France et l’Allemagne en 2011 est de 2 points
en faveur de l’Allemagne, ce qui revient à dire que la croissance économique alle-
mande a été de 2 points de % supérieure à celle de la France en 2011. L’écart de taux
de croissance entre la France et la Grèce en 2011 a été de 11 points en faveur de la
France, ce qui revient à dire que la croissance économique française a été de 11 points
de % supérieure à celle de la Grèce en 2011, selon Eurostat.
3. En 2011, la Grèce connaît une situation isolée et divergente des autres pays de
l’UE, elle est encore en forte récession (taux de croissance du PIB de -8 %) alors que
tous les autres pays présentés sur le graphique sont en expansion (+1 % pour l’Italie
jusqu’à 5 % pour la Pologne). La Grèce, du fait de la crise de sa dette publique, a été
S’ENTRAÎNER
p. 133
1 Autoévaluation
p. 134
Ce texte tiré d’un rapport du Conseil d’analyse économique expose les raisons qui ont
poussé à la mise en œuvre d’une politique de la concurrence au niveau européen. Les
élèves peuvent ainsi identifier les bienfaits et les limites d’une intervention politique
sur le marché.
1. Les marchés pleinement concurrentiels sont censés faire disparaître les entreprises
peu performantes ainsi que permettre une baisse des prix, une hausse de la qualité
et de l’innovation, et donc un surplus pour le consommateur dans la plupart des cas.
2. Les entreprises peuvent freiner la diffusion des innovations dans le tissu économique
en mettant en place des brevets ou en protégeant leur « secret de fabrication » afin
de capter des parts de marché pendant une durée plus longue.
p. 135
Cette carte de l’Union européenne permet de visualiser les pays dans lesquels la pratique
de subventions aux entreprises est la plus soutenue. Elle permet également de faire
des comparaisons à l’échelle des 28 pays membres de l’Union européenne en 2018.
1. Selon la Commission européenne, en 2018, les aides d’État aux entreprises repré-
sentent 0,76 % du PIB en France.
2. Les pays européens qui aident le plus leurs entreprises sont en grande partie des
pays situés à l’Est : l’Allemagne (1,31 % de son PIB), la Pologne (1,59 %), la République
tchèque (1,51 %), la Hongrie (2,67 %), la Bulgarie (1,48 %) et la Lettonie (1,77 %). Cela
peut s’expliquer par le fait que ces pays se caractérisent encore par une économie
industrielle qui nécessite des investissements lourds et donc peu rentables, si aucune
S’ENTRAÎNER
p. 135
1 Autoévaluation
Dans l’Union européenne, la politique de la concurrence contrôle les possibilités de
fusions des entreprises et les pratiques anticoncurrentielles afin d’empêcher les
abus de position dominante et les ententes. Elle interdit par principe les aides d’État,
mais autorise par exception certaines si elles favorisent des externalités positives
comme la production de services d’intérêt général, l’innovation et la protection de
l’environnement. Cette politique est parfois accusée de remettre en question les
services publics et de handicaper les entreprises européennes, confrontées à des
concurrents soumis à des législations plus souples en Chine et aux États-Unis.
2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
La politique européenne de la concurrence repose sur trois règles : la concurrence
libre et non faussée doit être observée sur les marchés ; les subventions aux entre-
prises par les États sont interdites, à l’exception des secteurs source d’externalités
positives ; la Commission européenne exerce un droit de veto à l’égard de fusions
entre entreprises d’un même secteur. Ces trois règles ont pour objectif de réguler les
pratiques anticoncurrentielles dans l’Union européenne. C’est ainsi que Margrethe
Vestager, commissaire européenne à la concurrence, justifie le veto de la Commission
européenne à la fusion entre Alstom et Siemens en février 2019. La lutte contre les
pratiques anticoncurrentielles a pour but de favoriser l’intérêt du consommateur en
évitant une captation du surplus du consommateur par le producteur, en cas d’abus
de position dominante par exemple. Elle cherche donc à corriger les imperfections
liées aux comportements des entreprises.
De même, le programme de clémence est un instrument pour lutter contre la
formation d’ententes entre entreprises. Il a prouvé son efficacité à de multiples
reprises comme dans le cas des producteurs de légumes en conserve. Bonduelle a ainsi
dénoncé l’entente à laquelle il appartenait, ce qui lui a permis d’échapper à l’amende.
Néanmoins, la politique européenne de la concurrence admet plusieurs limites.
Cette dernière apparaît régulièrement comme trop rigoureuse dans le cadre d’ententes
entre entreprises européennes qui doivent faire face à la concurrence d’entreprises de
grande taille au niveau mondial (entreprises américaines ou chinoises par exemple).
C’est ce qu’ont reproché les gouvernements français et allemands à la Commission
européenne dans le cadre de la fusion Alstom-Siemens.
Enfin, la politique européenne de la concurrence est critiquée sur le montant des
amendes qui peut sembler parfois bien faible au regard des gains engendrés par une
entente, d’autant plus si celle-ci a été de longue durée. En effet, le coût de l’entente
est souvent très inférieur aux gains espérés, d’où la forte incitation à constituer des
cartels.
et l’Eurosystème
p. 136
Cette vidéo est l’occasion de comprendre le rôle de la Banque centrale européenne
ainsi que celui des banques centrales nationales des pays de la zone euro. Les élèves
sont ainsi confrontés à la notion d’Eurosystème, qu’ils connaissent moins.
1. L’Eurosystème est constitué de la Banque centrale européenne et de toutes les
banques centrales nationales des pays utilisant l’euro.
2. L’objectif principal de l’Eurosystème consiste à définir et mettre en œuvre la poli-
tique monétaire de la zone euro, en particulier maintenir une certaine stabilité des
prix (inflation inférieure mais proche de 2 %) par an.
3. Les décisions importantes sont prises par le conseil des gouverneurs de l’Eurosys-
tème. Il est composé des gouverneurs des banques centrales de la zone euro ainsi que
des membres du directoire de la BCE. Les décisions sont prises de manière collégiale.
Pour aller plus loin
À propos de la Banque centrale européenne : organisation, missions, historique, etc.
https://www.ecb.europa.eu/ecb/html/index.fr.html
C
2 Les effets de la politique monétaire sur la conjoncture
DO
p. 136
Ce texte d’une Note d’information de la Banque de France rend compte des canaux
de transmission de la politique monétaire et ainsi de ses effets sur la conjoncture.
Il s’appuie sur des connaissances de première sur la monnaie et le rôle de la banque
centrale.
1. Les banques commerciales ont besoin d’emprunter de la monnaie centrale quand
leurs réserves en monnaie centrale placées sur un compte tenu par la banque centrale
sont insuffisantes. En effet, les clients des banques utilisent la monnaie placée sur
leurs comptes auprès d’autres agents qui ne sont pas clients de la même banque. Et
c’est la monnaie centrale qui circule entre les banques pour permettre ces règlements.
2. Une baisse des taux directeurs est répercutée par les banques commerciales sur
les taux d’intérêt qu’elles pratiquent auprès des ménages et des entreprises lors-
qu’elles accordent des crédits. En effet, plus elles empruntent à des taux bas, plus
elles peuvent accorder des crédits à des taux d’intérêt bas à leurs clients, tout en
conservant leur marge.
3. Chypre se caractérise en 2019 par une situation de déflation (-0,5 %) alors que les
Pays-Bas ont une inflation de 2,8 %, soit supérieure aux objectifs fixés par l’Eurosys-
tème. Ainsi, une politique monétaire expansionniste peut être bénéfique à Chypre
en sortant le pays de la déflation, mais risque d’aggraver l’inflation néerlandaise.
C
4 Des politiques monétaires similaires aux États-Unis et dans l’UE ?
DO
p. 137
Ce graphique présente l’évolution conjointe des taux directeurs de la BCE et de la FED.
Ainsi, les élèves peuvent prendre conscience des différences dans les choix opérés
par les deux banques centrales.
1. En 2018, le taux directeur de la BCE est de 0 % alors que celui de la FED est de 1,25 %.
2. Depuis 1999, on peut distinguer quatre grandes périodes d’évolution des taux
directeurs. Entre 1999 et 2001, la FED et la BCE font le choix d’augmenter les taux
directeurs avant d’entamer une forte baisse entre 2001 et 2004 (le taux de la FED a
été divisé par 6). La période 2004-2008/2009 se caractérise par une augmentation
des taux directeurs, avant que la crise économique et financière de 2008 n’entraîne
à nouveau une forte baisse des taux atteignant des niveaux historiquement bas (0 %
pour la BCE). Pour la FED, il est possible d’observer une cinquième période : hausse
des taux directeurs à partir de 2016.
3. La BCE semble moins réactive que la FED. On le voit à la fois en 2008 où la réac-
tion de la FED est immédiate après le début de la crise financière, alors que la BCE
n’amorce une décrue des taux directeurs qu’à la fin de l’année 2008/au début de
2009. En outre, la politique monétaire de la FED est plus ample, à la hausse comme
à la baisse des taux directeurs, que celle de la BCE.
140 • I - Science économique
Pour aller plus loin
Vidéos : « La politique monétaire conventionnelle » et « La politique monétaire non
conventionnelle », Cité de l’économie, avril 2016 (voir page 149 du manuel).
S’ENTRAÎNER
p. 137
1 Autoévaluation
1. Faux. Les taux d’inflation diffèrent entre les pays.
2. Faux. Elle vise une inflation inférieure mais proche de 2 %.
3. Vrai.
4. Faux. Elle a tardé à baisser les taux d’intérêts directeurs, et les a même remontés
fin 2011.
2 Étude d’un document
La Banque centrale européenne a fait le choix, depuis la crise économique et
financière de 2008, de diminuer, comme la FED, ses taux directeurs dans l’espoir de
relancer la demande globale (consommation et investissement) et ainsi d’éviter à
la zone euro le risque d’une déflation accompagnée d’une faible croissance et d’un
chômage élevé. Jusqu’en 2014, on observe cependant que la politique monétaire
européenne est moins expansionniste que celle de la FED puisque les taux européens
restent durablement supérieurs à ceux de la FED de 2009 à 2013. Alors que la FED a
maintenu, sans hésiter, son taux à 0,25 % de 2008 à 2015, celui de la BCE a fluctué
entre 1,5 et 0,5 % avec même un resserrement en 2011.
En revanche, depuis 2014, les deux politiques monétaires se sont remises à diver-
ger et celle de la BCE est devenue encore plus expansionniste alors que celle de la
FED est redevenue plus restrictive à partir de 2016. Ainsi, en 2014, la BCE aligne
son taux directeur à 0,25 % sur celui de la FED mais dès la fin 2014, la BCE diminue
son taux à 0,15 % en dessous de celui de la FED qui reste à 0,25 %, cette situation
perdurant toute l’année 2015. Mais en 2016, alors que l’Europe s’enferre dans le
spectre déflationniste, la BCE diminue son taux à 0 % pendant que la FED remonte
successivement son taux directeur pour atteindre 1,25 % en 2018, du fait d’un léger
retour des tensions inflationnistes aux États-Unis.
Depuis 2012, en comparaison de la FED, la BCE mène donc bien une politique
monétaire de plus en plus expansionniste puisqu’elle cherche à relancer l’activité
économique par une baisse résolue des taux directeurs. Mais le fait que sa politique
monétaire soit de plus en plus expansionniste témoigne aussi de sa difficulté à obtenir
les résultats escomptés.
DO
au sein de l’Union européenne ?
p. 138
Cette vidéo montre l’originalité des choix budgétaires opérés par le Portugal dans un
contexte post-crise financière. Cela donne un aperçu des conséquences des politiques
budgétaires sur l’économie réelle.
1. La croissance économique du Portugal est assez élevée (2,3 % en 2018) et le taux
de chômage a été divisé par deux entre 2013 et 2018 : 8 % en 2018. Son déficit public
diminue également mais la dette publique augmente.
2. La politique budgétaire menée par le gouvernement portugais est une politique
expansionniste de relance de l’activité économique.
3. Les inquiétudes mises en évidence par l’économiste portugais sont que la baisse
du chômage actuelle est due à la mise en place de contrats courts et précaires (les
CDD représentent 22 % des emplois, un record) et que les emplois créés, notamment
dans le tourisme, sont souvent des emplois faiblement rémunérés et de basse qua-
lification. En outre, les jeunes diplômés peinent toujours à trouver un emploi. Cela
revient à dire que la situation de l’emploi n’est pas stabilisée.
C
2 Comment la politique budgétaire peut-elle stabiliser la croissance ?
DO
p. 138
Ce texte issu du site viepublique.fr est un document technique expliquant le rôle de
stabilisateur automatique du budget de l’État et la capacité d’un déficit budgétaire
à stimuler l’activité économique à court terme.
1. Le budget d’un État varie en fonction de la conjoncture économique. En effet,
lorsqu’on observe un ralentissement économique, mécaniquement, les dépenses
publiques augmentent du fait de la hausse des bénéficiaires du chômage et des
minima sociaux, et les recettes fiscales diminuent du fait de la baisse de la consom-
mation (recettes de TVA) et des revenus (baisse des recettes de l’IRPP et l’IS). Les
dépenses publiques ont un rôle de soutien à l’activité économique, évitant ainsi un
cercle vicieux de baisse continue de la demande. De même, en période de croissance
économique, l’augmentation des recettes publiques vient freiner l’accélération de la
croissance économique et de l’inflation.
2. L’État peut également agir volontairement, en plus de l’effet mécanique des
stabilisateurs automatiques, en faisant le choix d’« augmenter certaines dépenses
publiques » ou de « diminuer certaines recettes » de manière à stimuler la consomma-
tion et l’investissement des agents économiques, c’est ce qu’on appelle une politique
macroéconomique de relance.
3. Le déficit public est financé par l’endettement et par l’augmentation des recettes
fiscales générées soit par choix politique, soit par l’augmentation de la demande
des agents économiques qui se traduit à N+1 par une augmentation des impôts. Le
danger pour l’État est de s’endetter davantage chaque année du fait de cumuls de
déficits publics, et de voir son budget grevé par le versement des intérêts de la dette.
C
3 La nécessité de règles budgétaires dans la zone euro
DO
p. 139
Ce document permet aux élèves de comprendre les raisons qui ont poussé les États
à faire le choix de règles budgétaires pour l’adoption de la monnaie unique.
1. L’aléa moral est une situation dans laquelle, après la signature d’un contrat, une
des parties modifie son comportement au détriment de l’autre.
p. 139
Ce graphique sur l’évolution de la dette publique est l’occasion de faire des compa-
raisons entre le Japon, les États-Unis et l’Union européenne, et d’utiliser la notion
de points de pourcentage.
Il est nécessaire d’attirer l’attention des élèves sur la double échelle en ordonnée.
1. Selon les données de la Commission européenne et de l’OCDE, la dette publique
moyenne des États de l’Union européenne atteignait 86 % du PIB de l’UE en 2017.
2. L’augmentation des dettes publiques aux États-Unis et dans l’Union européenne
à partir de 2007 s’explique, d’une part, par l’effet de stabilisateur automatique du
budget public et, d’autre part, par l’intervention massive des États dans l’économie
afin de lutter contre les effets néfastes de la crise économique et financière de 2007-
2008. Ces deux faits ont entraîné une hausse des déficits budgétaires qui a dû être
financée par de l’endettement public supplémentaire.
3. L’augmentation de la dette publique peut se mesurer à l’aide d’un taux de variation.
Pour le Japon : (235 – 180)/180 soit une augmentation de 30,55 %.
Pour les États-Unis = (108 – 65)/65 soit une augmentation de 66,15 %.
Pour l’Union européenne : (86 – 60)/60 soit une augmentation de 43,33 %.
Le pays dans lequel la dette publique a le plus augmenté depuis 2007 est donc les
États-Unis.
4. La hausse de la dette publique n’a pas forcément nui à la croissance économique,
elle peut même l’avoir soutenue en évitant que l’économie n’entre dans le cercle
vicieux d’une véritable dépression suite à la récession de 2008-2009.
S’ENTRAÎNER
p. 139
1 Autoévaluation
1. Faux. Les politiques budgétaires sont décidées au niveau national mais contraintes
par des règles budgétaires européennes.
2. Faux. La dette publique des pays européens (mesurée par le ratio dette/PIB) a
augmenté fortement depuis 2008 de plus de 25 points de %.
3. Faux. Une grande majorité des pays de l’Union européenne adoptent des politiques
budgétaires restrictives depuis la crise financière, mais pas tous (Portugal par exemple).
4. Vrai. Grâce à son volet correctif.
5. Faux. La monnaie unique peut favoriser les comportements d’aléa moral et donc
de laxisme budgétaire.
p. 140
Cette note du CAE évoque la réforme probable des règles budgétaires qui ont eu,
depuis la crise financière, de multiples effets pervers. Ce document un peu technique
confronte les élèves au vocabulaire des politiques économiques (soutenabilité, sta-
bilisation de l’activité, etc.).
1. Les politiques budgétaires trop rigoureuses ont engendré une « austérité excessive »,
qui a prolongé et aggravé les effets récessifs de la crise économique et financière de
2008. Inversement, ces règles ont été insuffisamment contraignantes en période de
croissance pour réduire les déficits et la dette. La politique budgétaire a donc aggravé
les épisodes de récession et soutenu les expansions, sans préparer les finances publiques
à l’arrivée d’une possible crise où des marges de manœuvre seraient nécessaires.
2. La politique monétaire a dû s’ajuster en prenant en charge la mission de stabilisa-
tion de l’activité économique, c’est-à-dire en prenant en charge, outre la maîtrise de
l’inflation, le soutien de la croissance économique des États membres.
3. Ce défaut de coordination entre politiques budgétaires nationales et politique
monétaire européenne s’explique par des situations contradictoires entre pays de la
zone euro, certains ayant besoin d’un soutien important de leur activité économique,
d’autres moins. Mais cela s’explique aussi par une opacité dans les choix d’orientation
des politiques économiques (« micro-management bruxellois », « cadre […] extrê-
mement complexe, peu transparent », etc.).
C
3 L’hétérogénéité des situations économiques dans l’Union européenne
DO
p. 141
Ce tableau statistique rend bien compte de l’hétérogénéité des situations économiques
des pays de l’Union européenne à travers trois indicateurs : croissance économique,
taux de chômage et taux d’inflation, permettant ainsi aux élèves d’effectuer des
comparaisons et de distinguer des profils de pays.
1. Selon les données Eurostat et OCDE, en 2018, en Espagne, sur 100 actifs, 14,3
étaient au chômage. La même année en Roumanie, l’indice des prix à la consomma-
tion a augmenté de 4,1 %.
Chapitre 5 – Quelles politiques économiques dans le cadre européen ? • 145
2. La France se caractérise en 2018 par un taux de croissance économique inférieur
de 0,7 point de pourcentage à celui de l’Espagne (2,4 % contre 1,7 %). Le taux de
chômage en France est cependant plus faible de près de 6 points (8,8 % contre
14,3 %). Enfin, l’inflation en France est légèrement plus élevée qu’en Espagne avec
un taux de variation de l’IPC de 2,1 % contre 1,7 % pour l’Espagne.
3. La Grèce a un taux de chômage six fois supérieur à celui de l’Allemagne (18,5 %
contre 3,2 %) en 2018 et son taux d’inflation est plus de deux fois inférieur (0,8 %
contre 1,9 %).
4. L’Allemagne peut souhaiter une politique monétaire qui stabilise l’inflation, soit
plutôt restrictive, étant donné qu’elle atteint pour sa part une inflation proche et
inférieure à 2 %. Ce n’est pas le cas de la Grèce qui, quant à elle, a besoin d’une poli-
tique monétaire beaucoup plus expansionniste puisque son taux d’inflation n’est que
de 0,8 % et son taux de chômage encore élevé en 2018 (18,5 %).
5. Les pays qui pourraient être pénalisés par une politique monétaire restrictive sont
les pays ayant une faible inflation, soit la Grèce mais aussi l’Irlande (0,5 %) ou encore
l’Italie (1,1 %), et un taux de chômage élevé.
C
4 La zone euro peut-elle faire face à des chocs asymétriques ?
DO
p. 141
Ce document donne à voir les difficultés tant techniques que politiques qui empêchent
la zone euro d’être une zone monétaire optimale. Là encore, le document donne
l’occasion de confronter les élèves au vocabulaire économique.
1. Les critères de convergence que les pays ont dû respecter pour intégrer la zone
euro sont au nombre de quatre : un déficit budgétaire inférieur à 3 % du PIB, une
dette publique inférieure à 60 % du PIB, une inflation et des taux d’intérêt proches
de ceux des autres pays.
2. La zone euro dispose théoriquement d’une main-d’œuvre mobile puisque les
travailleurs ont la possibilité de circuler librement sur l’ensemble du territoire de
l’Union européenne. Mais cela ne veut pas dire qu’elle soit mobile pour autant en
pratique (barrière de la langue notamment). De même, des transferts budgétaires
sont possibles pour faciliter le redressement d’une région mais ils font l’objet de
vives contestations (« I want my money back » de Margaret Thatcher en 1979). La
zone euro ne peut donc être une zone monétaire optimale du fait de ces résistances.
3. La politique monétaire étant unique, elle n’est pas en capacité de faire face aux
différents chocs asymétriques qui pourraient, par définition, ne concerner qu’un
seul pays.
4. Les politiques budgétaires sont donc les seules à pouvoir faire face à des chocs
asymétriques mais les contraintes qui pèsent sur elles en matière de déficit et de
dette publics rendent leur efficacité limitée.
S’ENTRAÎNER
p. 141
1 Autoévaluation
Dans la zone euro, la politique monétaire est unique et conduite de façon indépendante
par la BCE, alors que la politique budgétaire est nationale mais contrainte par des
règles budgétaires. En effet, le budget européen est très limité et les institutions de
l’UE ne peuvent pas connaître de déficit ni emprunter pour le financer. Cette situa-
tion entraîne des défauts de coordination. La stabilisation de l’activité économique
repose sur la seule politique monétaire, alors que les politiques budgétaires sont
incapables de faire face à des chocs asymétriques.
TIVIT
É1
AC
TIVIT
É2
AC
ÉTAPE 2 SYNTHÈSE
Paragraphes AEI :
Les trois règles budgétaires contraignent les marges de manœuvre des États
membres. En effet, tant la règle concernant le déficit public (< 3 % du PIB) que celle
concernant la dette publique (< 60 % du PIB) ou encore le déficit structurel (< 0,5
ou 1 % du PIB) sont scrutées par la Commission européenne qui peut appliquer des
sanctions financières à l’égard d’un des pays membres. L’Espagne, le Portugal, l’Italie
ou encore la France ont respectivement été menacés en 2016, 2018 et 2019.
Néanmoins, ces règles budgétaires se révèlent assez efficaces puisque les pays
membres font globalement l’effort de les respecter, en particulier la règle du déficit
public inférieur à 3 % du PIB. Cette discipline budgétaire est censée assurer une
soutenabilité des dépenses publiques. Si en 2011-2015, les déficits publics étaient
élevés (58 % des pays avaient un déficit public supérieur à 3 % du PIB), ils se sont
très fortement réduits passant de -3,1 % à – 0,5 % en moyenne pour la zone euro.
1 Vrai ou faux ?
p. 148
1. Vrai.
2. Faux. Les taux de croissance économique sont hétérogènes au sein de l’Union
européenne.
3. Faux. La politique de la concurrence européenne limite les ententes et peut empê-
cher certaines fusions.
4. Vrai.
5. Faux. Ce sont les politiques budgétaires qui sont contraintes par des règles en
matière de déficit public et de dette publique.
6. Faux. L’harmonisation des politiques économiques conjoncturelles des pays européens
est un échec du fait de positionnements différents dans les cycles économiques et de
l’impossibilité pour la politique monétaire de la BCE de faire face aux chocs asymétriques.
7. Vrai.
2 QCM
p. 148
1. Une zone de libre-échange permet la circulation des biens et des services (c).
2. La croissance économique dans l’ensemble des pays européens est facilitée par
l’existence d’un marché unique (a).
3. La politique monétaire est menée par la Banque centrale européenne pour 19 pays (a).
4. L’euro est devenu la monnaie légale en 1999 (b).
5. Dans le cadre européen, les politiques budgétaires ne permettent pas de faire
face à un choc asymétrique (a) et ont un effet de stabilisation automatique sur les
cycles de croissance (b).
4 Mots croisés
p. 149
Vertical : 1. clémence – 2. indépendante – 3. dette – 6. réel
Horizontal : 4. coordination – 5. centrale – 7. directeur – 8. récession
Analyse du sujet
Vous montrerez les difficultés de mise en œuvre
des politiques conjoncturelles dans la zone euro.
– « montrerez » : ce verbe indique qu’il s’agit d’exposer, d’analyser les difficultés.
– « difficultés de mise en œuvre » : les raisons de l’inefficacité des politiques conjonc-
turelles, leur difficile coordination, notamment face à des chocs asymétriques.
– « politiques conjoncturelles » : politiques qui visent à agir sur l’économie à court
terme dans le sens de la relance ou de la rigueur (politiques budgétaires nationales
et politique monétaire unique)
– « zone euro » : ensemble constitué par les 19 pays de l’Union européenne qui ont
adopté l’euro comme monnaie unique.
Questionnement ou « problématique » : « Ce sujet implique d’exposer les raisons
de l’inefficacité des politiques budgétaires et monétaire au sein de la zone euro. »
Plan
I) Les politiques budgétaires nationales sont contraintes et donc peu efficaces.
§1 Les politiques budgétaires nationales sont censées permettre de faire face aux
différences en termes de croissance économique et de chômage entre les pays
membres, et aussi aux chocs asymétriques.
§2 Mais ces politiques budgétaires nationales peinent à jouer ce rôle car elles sont
contraintes par des règles européennes.
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
ÉTAPE 1 Analyser le sujet
APPLICATION Analysez le sujet suivant :
Dans quelle mesure la politique européenne de la concurrence est-elle efficace ?
– « Dans quelle mesure » : formulation qui implique de discuter du pour et du contre.
Supprimez cette partie de la phrase et il vous restera la question posée par le sujet :
« La politique européenne de la concurrence est-elle efficace ? » C’est un sujet
débat auquel on vous demande d’apporter une réponse nuancée : plutôt positive
ou plutôt négative.
– « politique européenne de la concurrence » : ensemble de principes et de mesures
qui visent à favoriser une concurrence libre et non faussée entre les entreprises sur
le marché unique européen. Elle régule notamment les pratiques anticoncurren-
tielles (ententes, abus de position dominante), les fusions et les subventions d’État.
Dans l’UE, elle est une compétence exclusive au niveau européen dont la mise en
œuvre revient à la Commission européenne, assistée des autorités nationales dans
chaque pays.
– « efficace » : adéquation des moyens aux fins : faire en sorte que les résultats
attendus se réalisent.
Questionnement (ou problématique) : « Ce sujet implique de débattre de la pertinence
des mesures mises en place par l’Union européenne pour assurer une concurrence
libre et non faussée entre les entreprises sur le marché unique. »
ANALYSE DU PROGRAMME
p. 158
Ce premier chapitre de sociologie prévoit des objectifs d’apprentissage classiques
au regard des programmes antérieurs. Notons que quatre nouvelles notions font
leur entrée dans ce chapitre : « espace social », « distances intra- et inter-classes »
et « identification subjective ».
Les objectifs d’apprentissage invitent à procéder en deux temps. Dans un premier
temps, il s’agit de décrire la structuration de l’espace social, en mettant en évidence
plusieurs facteurs de stratification sociale (catégorie socioprofessionnelle, revenu,
diplôme, composition du ménage, cycle de vie, sexe et lieu de résidence), et en
étudiant les principales évolutions de la structure socioprofessionnelle en France
(salarisation, tertiarisation, féminisation des emplois et élévation des qualifica-
tions). Dans un second temps, il s’agit d’analyser la dynamique de la structure sociale
à travers le prisme de la notion de classes sociales : après avoir présenté les théories
des classes sociales, nous analyserons la pertinence théorique et statistique de cette
approche en insistant sur les distances intra-classes et inter-classes, les rapports
sociaux de genre, l’identification subjective à un groupe social et la multiplication
des facteurs d’individualisation.
Avec ce chapitre, les élèves abordent pour la première fois dans le cycle terminal la
thématique de la stratification sociale. Ils ont cependant pu découvrir la notion de
« milieu social » et de « genre » en seconde (chapitres 4 et 6) et la nomenclature des
PCS en première (chapitre 7 sur le lien social). Par ailleurs, en terminale, le chapitre
aborde des contenus communs ou reliés à ceux des chapitres 7 (l’école), 9 (les muta-
tions du travail et de l’emploi) et 11 (inégalités).
Les concepts abordés dans ce chapitre sont donc un préalable pour aborder les cha-
pitres suivants de sociologie et science politique, et le regard croisé sur les inégalités.
ORGANISATION DU CHAPITRE
Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils per-
mettent de couvrir tout le programme en environ cinq séquences de cours de deux
heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux
épreuves écrites et orales, sur une durée totale de quatorze heures (soit un peu plus
de deux semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires
et du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves
terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.
OUVERTURE DU CHAPITRE
p. 158-159
Quatre possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce chapitre :
– Découvrir par l’image : La photographie oppose deux groupes sociaux très différents
en termes de conditions de vie, qui cohabitent dans un même espace urbain sans
pour autant se rencontrer. La composition horizontale de la photographie permet de
matérialiser la distance et la hiérarchisation entre les classes sociales, l’escalier faisant
paradoxalement office de frontière entre les groupes.
Pour aller plus loin : Cette photographie prise par le journaliste, photographe et docu-
mentariste Vincent Jarousseau est tirée d’un reportage qu’il a effectué pour le journal
Libération en août 2015 ; l’article est un bon complément pour comprendre le contexte
particulier de cette photographie et en faire une analyse plus complète avec les élèves.
https://www.liberation.fr/societe/2015/08/02/cite-de-la-mode-de-l-autre-cote-du-miroir_1357919
p. 160
Ce podcast radio permet de montrer, à partir d’un exemple simple, que les caracté-
ristiques socioprofessionnelles d’un individu (son revenu, sa profession) déterminent
en grande partie ses conditions et modes de vie.
1. Il y a une corrélation positive entre le niveau de richesse et l’espérance de vie et,
également, entre le niveau de richesse et l’espérance de vie en bonne santé. Ce lien
est plus marqué pour les hommes que pour les femmes.
2. Première explication : l’accès aux soins est payant, un faible revenu augmente
donc les risques de renoncer à se soigner (au moins partiellement). Deuxième expli-
cation : les professions les moins rémunérées sont aussi les plus exposées aux risques
C
2 Les inégalités entre PCS
DO
p. 160
Ce graphique agrège quatre inégalités hétérogènes en fonction de la PCS. En deman-
dant aux élèves de classer les PCS en fonction de plusieurs critères, l’objectif est de leur
montrer à la fois le cumul des inégalités et la variété des hiérarchisations possibles,
dont les critères ne sont pas seulement économiques.
1. En 2016, en France, les ouvriers percevaient un revenu d’activité de 18 520 € par an
en moyenne. Début 2018, 47 % des ouvriers détenaient un patrimoine immobilier. En
2014, 47 % des ouvriers étaient partis en vacances pour un séjour d’au moins quatre
nuits consécutives. Enfin, entre juin 2017 et juin 2018, 22 % des ouvriers ont visité
un musée ou une exposition temporaire.
2. Le graphique montre un lien positif entre le revenu d’activité et la détention d’un
patrimoine immobilier. En effet, la propension à épargner augmente avec le niveau de
revenu : lorsque le revenu augmente, les dépenses de consommation n’augmentent
pas aussi vite ; la part du revenu consommé diminue tandis que la part du revenu
épargné augmente. Une épargne plus importante permet d’acquérir du patrimoine
(immobilier dans le document, mais aussi financier).
N. B. : Le document ne mentionne que les revenus d’activité mais l’occasion pourra
être saisie de montrer aux élèves la causalité réciproque : un patrimoine élevé génère
des revenus du patrimoine, qui s’ajoutent aux revenus d’activité pour augmenter
le revenu total. Les inégalités de revenus et de patrimoine sont donc cumulatives.
3. Si l’on classe les PCS en fonction de leur situation économique, les PCS les plus
favorisées sont les cadres (du point de vue du revenu) et les agriculteurs, artisans,
commerçants et chefs d’entreprise (du point de vue du patrimoine), tandis que les
PCS les moins favorisées sont les professions intermédiaires, les employés et les
ouvriers. Si on les classe du point du vue de leur mode de vie, les plus favorisées sont
les cadres, puis les professions intermédiaires, les employés, les agriculteurs, artisans,
commerçants, chefs d’entreprises, et enfin les ouvriers.
4. Le classement en fonction des critères économiques ne correspond pas exactement
au classement en fonction des critères de mode de vie. Par exemple, les employés
ont en moyenne un revenu plus faible que celui des ouvriers, mais ont des pratiques
culturelles et des modes de vie plus proches de la PCS des professions intermédiaires
ou des cadres. Les modes de vie ne dépendent pas que du niveau de revenu, mais
aussi du niveau de diplôme ou du secteur d’activité.
C
3 Le diplôme obtenu détermine en partie la profession
DO
p. 161
Ce texte aborde la relation entre le diplôme et la position sociale atteinte.
1. Diplôme et PCS sont corrélés positivement. Plus le diplôme est élevé, plus la PCS
est élevée : les diplômés sont plus nombreux parmi la PCS des cadres et professions
intermédiaires que parmi la PCS des ouvriers et employés.
4 EXERCICE Quelle est la place des PCS dans l’espace social français ?
p. 161
Cet exercice est fondé sur une représentation simplifiée de l’espace social dans lequel
les élèves doivent placer les PCS en fonction de leur niveau de revenu et de leur niveau
de diplôme. Il permet de synthétiser les connaissances acquises de ce premier dossier
dans une représentation graphique simple.
1. Le statut d’emploi (indépendant/salarié), le secteur d’activité, le niveau hiérarchique
et la qualification de l’emploi.
2.
cadres et
professions
intellectuelles
supérieures
agriculteurs, artisans,
exploitants commerçants,
chefs d’entreprise
niveau de diplôme faible professions niveau de diplôme élevé
intermédiaires
ouvriers
employés
3. Les PCS les plus proches les unes des autres sont, d’une part, les ouvriers et les
employés (faible revenu, faible niveau de diplôme) et, d’autre part, les agriculteurs
et les artisans, commerçants, chefs d’entreprise (revenu moyen, niveau de diplôme
faible). Les PCS les plus éloignées les unes des autres sont les cadres et les ouvriers/
employés.
Chapitre 6 – Comment est structurée la société française actuelle ? • 159
N. B. : Ce repérage sommaire est l’occasion aussi de parler des fortes inégalités internes
à chaque PCS, plus fortes pour les PCS d’indépendants et pour les PCS de salariés les
plus qualifiés (les cadres). Voir notamment le document 3 page 241 dans le chapitre
9 sur les inégalités de salaires entre PCS salariées et à l’intérieur des PCS salariées.
S’ENTRAÎNER
p. 161
1 Autoévaluation
1. Faux. On peut établir assez aisément une hiérarchie entre les cadres et les ouvriers,
mais c’est moins évident avec les PCS d’indépendants, et entre employés et ouvriers.
2. Faux. Les revenus expliquent une part importante des inégalités entre professions
mais n’épuisent pas le sujet. Il faut aussi tenir compte de la taille de l’entreprise, du
secteur, du statut de l’emploi...
3. Faux. Le diplôme est au contraire un déterminant très puissant de l’insertion pro-
fessionnelle et de la carrière des individus.
4. Vrai.
5. Faux. Ces inégalités ne se résorbent que très faiblement, voire s’accentuent, compte
tenu de la faiblesse de la formation continue et de la promotion interne en France.
2 Étude d’un document
Il existe des inégalités de revenus et de patrimoine entre les PCS (catégories
socioprofessionnelles). Par exemple, le revenu d’activité des cadres est en moyenne
de 45 830 € par an, soit deux fois plus que le revenu d’activité moyen des employés
ou des ouvriers ; les agriculteurs sont deux fois plus nombreux que les employés à
posséder un patrimoine immobilier. On peut ainsi distinguer d’un côté des PCS avec
des revenus moyens élevés et un fort taux de détention d’un patrimoine, à savoir
les agriculteurs, les artisans, commerçants et chefs d’entreprise et les cadres, et de
l’autre des PCS avec des revenus plus faibles et un faible taux de détention d’un patri-
moine, à savoir les employés et les ouvriers. Les professions intermédiaires sont dans
une position intermédiaire entre ces deux groupes, avec un revenu moyen d’environ
25 000 € par an et un peu plus de la moitié qui possède un patrimoine immobilier.
Cette corrélation entre le niveau des revenus et des patrimoines des PCS peut s’expli-
quer par une relation de causalité réciproque. Les personnes des PCS à revenu élevé
épargnent plus et donc acquièrent plus de patrimoine. En retour, ce patrimoine plus
élevé autorise des revenus du patrimoine plus élevés.
DO
p. 162
Ces graphiques mettent en évidence les inégalités dans l’accès au pouvoir politique
(mandat de député). L’attention est ici portée sur la question de l’âge. S’intéresser
aux députés permet d’introduire l’idée que le pouvoir politique est aussi un élément
de hiérarchisation des groupes sociaux, en plus des dimensions économiques.
1. Les tranches d’âge entre 40 et 69 ans sont surreprésentées, en particulier les 50-59
ans dont la part parmi les députés double par rapport à leur part dans la population
majeure. À l’inverse, les moins de 40 ans et les plus de 70 ans sont sous-représentés ;
en particulier, la part des moins de 30 ans dans la population majeure est 7 fois plus
importante que leur part parmi les députés, et la part des plus de 80 ans parmi les
députés est 40 fois plus importante que leur part dans la population majeure.
2. Première hypothèse possible : il peut être plus compliqué pour une personne
jeune d’avoir les ressources suffisantes pour s’imposer dans la compétition électorale
(manque de notoriété, manque de réseaux, manque d’expérience). Deuxième hypo-
thèse possible : l’intérêt pour la politique peut dépendre de l’âge de la personne ; les
personnes jeunes, au début de leur vie professionnelle et/ou familiale, ont peut-être
en moyenne moins envie de consacrer du temps à la politique que des personnes plus
âgées. Troisième hypothèse : les électeurs sont moins enclins à voter pour un candidat
jeune (stéréotype ?). Quatrième hypothèse : les députés enchaînent de nombreux
mandats, d’où un renouvellement faible de cette population.
3. Cette question peut être l’occasion de confronter les opinions des élèves. D’un côté,
dans le fonctionnement de la démocratie représentative, les députés doivent repré-
senter la nation dans son ensemble, et non leur intérêt personnel ou l’intérêt de leur
groupe. Une faible représentativité statistique des députés n’est donc pas forcément
gênante si les députés représentent politiquement les citoyens et défendent l’intérêt
de tous. D’un autre côté, les intérêts propres à certains groupes ou les problèmes
auxquels ils sont confrontés peuvent être plus difficilement compris et pris en compte
par des élus qui ne les partagent pas, par exemple les difficultés d’insertion sur le
marché du travail ou la précarité économique des jeunes.
Pour aller plus loin
« Fiche de synthèse n°1 : Les députés sont-ils à l’image de la société ? », Assemblée
nationale, 2019
On trouvera sur cette fiche de l’Assemblée nationale la répartition des députés par
PCS, qui montre une écrasante surreprésentation des cadres et sous-représentation
des ouvriers et employés, ainsi que la part des femmes parmi les députés.
http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/folder/les-deputes/
vos-deputes/les-deputes-sont-ils-a-l-image-de-la-societe
C
2 Des inégalités au cours du cycle de vie
DO
p. 162
Ce texte, en s’intéressant à la situation des jeunes (définis comme les moins de 25
ans), permet de montrer que la position dans le cycle de vie est un facteur de hiérar-
chisation sociale, d’une part en raison des inégalités économiques (revenu, insertion
sur le marché du travail), mais aussi en raison des politiques menées qui favorisent
ou défavorisent certaines tranches d’âge.
1. Il existe de fortes inégalités économiques en fonction de l’âge, avec un risque de
chômage et de pauvreté plus grand et une précarité de l’emploi plus importante
pour les plus jeunes. Par ailleurs, les catégories d’âge les plus jeunes bénéficient de
dépenses publiques plus faibles.
p. 163
Cette vidéo de revient sur la décomposition des écarts de salaire moyens constatés
entre femmes et hommes, et expose les différents facteurs explicatifs : temps de
travail et inégale répartition des tâches domestiques, répartition sectorielle, discri-
mination pure.
1. La répartition inégale des tâches domestiques (les femmes s’occupant en moyenne
davantage des tâches ménagères et du soin aux enfants et personnes âgées) a deux
conséquences. Premièrement, elle influence le temps de travail des femmes qui sont
plus nombreuses à recourir au temps partiel ou à refuser les heures supplémentaires ;
cela a un impact sur leur rémunération et leurs choix de carrière. Deuxièmement, cette
répartition inégale peut être à l’origine de discriminations de la part des employeurs,
y compris à l’encontre de femmes qui n’ont pas ou ne prévoient pas d’avoir des
enfants : parce qu’un employeur suppose qu’une femme a de fortes chances d’avoir
des enfants et de s’en occuper, il peut être incité à lui refuser une promotion, un poste
à responsabilité, ou une augmentation de salaire, pensant qu’elle risque d’être moins
investie dans son travail dans le futur. La répartition genrée des tâches domestiques
explique donc en partie les différences de temps de travail, de carrière et de rému-
nération entre femmes et hommes.
2. Les stéréotypes sur les femmes et les hommes peuvent influencer les choix de
carrière. En effet, certains secteurs d’activité sont plus associés au masculin dans
les représentations (les activités manuelles liées à l’usage de la force physique par
exemple), tandis que d’autres sont plus associés au féminin (les activités de soin
par exemple). De plus, certains stéréotypes peuvent aussi expliquer les inégalités
de carrière : les valeurs d’autorité, de responsabilité sont plus souvent associées au
masculin, ce qui peut expliquer une partie de la discrimination envers les femmes en
ce qui concerne les promotions et augmentations de salaire.
3. Femmes et hommes n’ont donc pas les mêmes conditions matérielles d’existence
(revenu, temps libre), et n’ont pas non plus le même prestige (mesuré par les stéréo-
types de genre et la discrimination).
Pour aller plus loin
B. Laloupe, J-P. Guirado et L. Domenach, L’école du genre, 2015
Ce web documentaire contient plusieurs témoignages sur les stéréotypes de genre et
leurs conséquences sur l’orientation à l’école, le choix des métiers, la rémunération,
etc., en particulier dans la dernière séquence « La course aux métiers » et ses bonus.
http://www.ecoledugenre.com/
DO
p. 163
Ce court extrait d’un article de presse montre les inégalités d’investissement public
en fonction des territoires, et les effets sur les conditions de vie des habitants.
1. Les habitants de Seine-Saint-Denis ont moins accès aux services publics en raison
d’un nombre plus faible de fonctionnaires par rapport à la taille de la population. Ils
ont donc accès à des services publics de moins bonne qualité en matière de sécurité
(police), justice (tribunaux) et éducation (école).
2. Cette inégalité face aux services publics entraîne des inégalités de conditions de
vie, par exemple une plus grande insécurité ou une plus grande difficulté à faire res-
pecter leurs droits. Les inégalités d’accès à l’éducation ont aussi un effet sur l’avenir
des enfants, puisque cela rend plus difficile l’accès à des diplômes élevés, et donc
ensuite à des positions socioprofessionnelles élevées.
3. Plusieurs hypothèses sont possibles. Premièrement, on sait que l’abstention est plus
forte parmi les peu diplômés et les personnes à faibles revenus, qui représentent une
part plus importante des habitants des villes de banlieues défavorisées. Les décideurs
politiques peuvent alors être moins incités à apporter une réponse aux problèmes
d’une population qui participe peu aux élections et risque donc plus faiblement de
les sanctionner ou de les récompenser dans les urnes. Deuxièmement, ces villes sont
souvent victimes de représentations négatives qui peuvent entraîner des discrimi-
nations, à l’embauche par exemple (adresse sur le CV), liées à une représentation
négative de leur population. Troisièmement, il existe probablement un cercle vicieux,
les fonctionnaires étant peu attirés pour être affectés dans ces zones, ou demandant
plus souvent à en partir, du fait justement de cette moindre présence des services
publics qui dégrade les conditions de vie.
S’ENTRAÎNER
p. 163
Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
L’espace social est d’abord structuré par la position dans le cycle de vie. En effet,
l’âge des individus influence leurs conditions de vie, leur prestige et leur accès à
certaines ressources. L’entrée dans la vie active est marquée par une plus grande
précarité économique du fait d’une insertion plus difficile sur le marché du travail,
liée à la fois au manque d’expérience et au contexte de chômage de masse. Cette plus
p. 164
Cette courte vidéo montre les causes et conséquences du basculement dans le salariat
d’une partie des petits indépendants à la fin des Trente Glorieuses. Elle permet de
rappeler que cette évolution professionnelle s’accompagne aussi d’un changement
de mode de vie et d’identification subjective.
1. La modernisation de l’agriculture a entraîné une baisse de la rentabilité des petites
exploitations agricoles, qui a forcé les petits exploitants à changer de métier pour
avoir une autre source de revenus, plus stable.
2. Ces agriculteurs passaient d’un statut d’indépendant à un statut de salarié ; ils
changaient aussi de PCS, passant de la PCS 1 (agriculteurs) à la PCS 6 (ouvriers).
3. Les témoignages montrent une forme de réticence ou de déplaisir à ce changement
professionnel subi plutôt que choisi. Les anciens agriculteurs témoignent, d’une
part, de difficultés à s’adapter à leurs nouvelles conditions de travail (« tout le temps
enfermés », « le bruit ») et, d’autre part, de difficultés à ne plus être indépendants
(« c’est pas mon métier », « pour les chefs, une minute c’est une minute »).
C
3 Progression de l’emploi féminin et tertiarisation
DO
p. 165
Ce graphique compare l’évolution de la structure des emplois pour l’ensemble de
la population et pour les femmes. Il permet de montrer l’essor du secteur tertiaire
et la féminisation de ce dernier. En termes de compétences statistiques, il permet
d’entraîner les élèves à comparer des pourcentages de répartition.
1. En 2016, en France, 78 % des emplois faisaient partie du secteur tertiaire, c’est-à-dire
du secteur des services, d’après l’INSEE, et 89 % des femmes en emploi travaillaient
dans le secteur tertiaire.
2. Le secteur tertiaire occupe une part de plus en plus importante des emplois en
France : en 1968, le secteur tertiaire représentait un peu moins de la moitié des emplois,
tandis qu’en 2016 il en représentait un peu plus des trois quarts. Parallèlement, les
secteurs primaires et secondaires représentent une part de plus en plus faible des
emplois. Alors qu’en 1968 le secteur primaire employait un actif occupé sur six et le
secteur secondaire un peu moins d’un sur deux, en 2016 le secteur primaire n’employait
plus que 3 % des actifs occupés et le secteur secondaire un actif occupé sur cinq.
3. La population active féminine a été particulièrement concernée par la tertiarisa-
tion des emplois. La proportion de femmes travaillant dans le tertiaire est, depuis
1968, supérieure d’une trentaine de points de % au poids du secteur tertiaire dans
l’ensemble de l’emploi salarié. Ce sont actuellement près de 9 femmes sur 10 qui tra-
vaillent dans le secteur tertiaire (surreprésentation). L’évolution de l’emploi féminin
dans le secteur agricole a été similaire à celle de l’ensemble de l’emploi. En revanche,
la désindustrialisation de l’emploi a été plus marquée pour les femmes, puisque la
part du secteur secondaire dans l’ensemble de l’emploi a été divisée par deux entre
1968 et 2016, mais par presque trois en ce qui concerne l’emploi féminin. On voit
p. 165
Ce texte revient, chiffres à l’appui, sur l’essor des emplois qualifiés en montrant qu’il
a concerné tous les secteurs d’activité. L’explication qui a longtemps été apportée,
celle du progrès technologique biaisé en faveur des emplois qualifiés et en défaveur
des peu qualifiés, n’est cependant pas suffisante pour expliquer le corollaire de cette
montée des emplois qualifiés, à savoir la montée des emplois de service non ou peu
qualifiés. C’est pourquoi est privilégiée la théorie de la polarisation des emplois (voir
chapitre 9), selon laquelle le progrès technologique et l’automatisation touchent en
priorité les emplois moyennement qualifiés, laissant augmenter le nombre d’emplois
très et peu qualifiés.
1. Le nombre des emplois qualifiés a fortement augmenté, augmentant leur propor-
tion dans la structure des emplois. Parallèlement, le nombre d’emplois ouvriers peu
qualifiés a diminué ; par contre, le nombre d’emplois de services non ou peu qualifiés
a lui aussi augmenté.
2. Il y a deux explications à l’augmentation des emplois qualifiés : le progrès tech-
nique et l’élévation du niveau de qualification de la population. Le progrès technique
nécessite de faire appel à des travailleurs plus qualifiés, ayant les connaissances et
les compétences pour travailler avec des outils plus complexes ; le nombre d’emplois
qualifiés (c’est-à-dire des emplois nécessitant un haut niveau de compétences pour
les occuper) augmente. En parallèle, le niveau de formation de la population active
a globalement augmenté, que ce soit dans la formation initiale (allongement des
études, augmentation de la part de la population accédant aux études supérieures)
ou grâce à la formation continue.
3. La demande d’emplois de service a augmenté, du fait de l’enrichissement d’une
partie de la population (celle qui a bénéficié de l’augmentation du niveau de quali-
fication et a vu ses revenus d’activité augmenter). La réponse à cette demande en
hausse entraîne une augmentation du nombre d’emplois dans le secteur des services
peu qualifiés : ces emplois sont en effet difficilement automatisables (c’est-à-dire qu’il
est difficile de substituer les travailleurs par du capital), soit parce que leurs tâches
sont complexes (car basées sur des relations humaines, comme dans le cas des gardes
d’enfant ou de l’aide à domicile), soit parce que les automatiser n’est pas rentable ;
ils sont aussi difficilement délocalisables (on veut faire garder ses enfants ou sortir
au restaurant dans son quartier, pas dans un autre pays). La montée en qualification
d’une partie de la population active, et donc l’augmentation de ses revenus, entraîne
une augmentation du nombre d’emplois peu qualifiés pour répondre à sa demande
de services.
S’ENTRAÎNER
p. 165
1 Autoévaluation
1. Vrai.
2. Vrai.
3. Faux. Ce sont les emplois de qualification intermédiaire qui diminuent, les emplois
peu et très qualifiés augmentent.
4. Faux. Les employés sont des travailleurs subalternes des services, avec peu ou pas
de qualifications requises.
166 • II - Sociologie et science politique
2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
La première évolution de la structure socioprofessionnelle est la diminution
drastique de la part des indépendants, qui représentaient 25 % des emplois en 1954
et seulement 8 % en 2017. L’emploi salarié a donc fortement augmenté, ce qu’on
appelle la « salarisation ». Cela s’explique en particulier par un affaiblissement des
petites entreprises agricoles, artisanales ou de commerce, et un mouvement de
concentration des entreprises au cours de la deuxième moitié du xxe siècle. Le secteur
le plus touché par ce mouvement a été l’agriculture : si la part des indépendants des
secteurs secondaires et tertiaires (les artisans, commerçants, chefs d’entreprise) a
diminué de moitié, la part des agriculteurs exploitants a, quant à elle, été divisée par
8 sur la période.
La deuxième évolution est la montée des emplois tertiaires et la baisse relative des
emplois agricoles et industriels. Cette tertiarisation est double. Il y a d’abord eu une
tertiarisation des emplois, c’est-à-dire que les emplois du tertiaire ont augmenté :
le secteur tertiaire (des services) concentre désormais près de quatre emplois sur
cinq. Mais il y aussi eu une tertiarisation des activités, c’est-à-dire que même dans
les secteurs primaire et secondaire, les emplois de service ont augmenté, comme
par exemple les emplois de managers, de commerciaux, d’administrateurs dans des
entreprises industrielles : la part des employés dans la population active a été mul-
tipliée par 1,5 entre 1954 et 2017, celle des professions intermédiaires par 2, et celle
des cadres par 3,5. En parallèle, la part des ouvriers a été divisée par 2.
La troisième évolution est la montée de la qualification des emplois. Du fait du
progrès technique et de la massification scolaire, la part des emplois qualifiés et très
qualifiés a augmenté dans l’emploi total en France. En parallèle, la part des emplois
manuels peu qualifiés a diminué. Cependant, cette montée des emplois qualifiés a
aussi entraîné une augmentation des emplois de service peu qualifiés, pour faire face
à la demande croissante de services de ces travailleurs qualifiés mieux rémunérés.
Enfin, la population active a également évolué, puisque le taux d’activité des
femmes a fortement augmenté durant la période : il a été multiplié par deux entre
1968 et 2016, et c’est maintenant les deux tiers des femmes en âge de travailler qui
ont un emploi ou sont en recherche d’emploi. Le travail féminin se concentre surtout
dans le secteur tertiaire, qui emploie 9 femmes sur 10.
p. 166
Ce questionnaire a été créé par les sociologues M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot, afin
de vulgariser leur travaux (d’inspirations marxiste et bourdieusienne) sur la grande
p. 166
Cette courte vidéo (1 min 52 s) présente de façon ludique et simplifiée la définition
des classes sociales par Karl Marx et le principe de la lutte des classes.
1. Karl Marx définit les classes sociales par leur rôle dans le processus productif (ce
qu’il appelle leur place dans les rapports de production) : les capitalistes possèdent
p. 167
Ce texte présente les éléments principaux de l’analyse de la stratification sociale par
Max Weber.
1. Un député est en position dominante dans l’ordre politique.
Une médaillée de la Légion d’honneur est en position dominante dans l’ordre social.
Un propriétaire immobilier est en position dominante dans l’ordre économique.
2. Non. Marx définit les classes sociales par la source de leur revenu (revenu du capital
ou du travail), qui dépend de leur place dans les rapports de production, tandis que
Weber définit les classes sociales par le niveau de leur richesse (mesurée à la fois par
le revenu et par le patrimoine), qui détermine leur niveau de vie (« la chance de dispo-
ser de biens ou de services permettant de se procurer des rentes ou des revenus » ).
3. La domination dans notre société n’est pas fondée uniquement sur les inégalités
économiques. Certains groupes sociaux ont une position valorisée, non en raison de
leur richesse mais en raison de leur pouvoir (c’est, par exemple, le cas des hauts fonc-
tionnaires et des élus politiques). D’autres ont une position valorisée parce qu’ils sont
connus (notoriété) et ont une certaine forme de prestige (c’est le cas, par exemple,
des artistes ou des sportifs). Même si certains peuvent cumuler les différents avan-
tages (certains artistes ou sportifs parviennent, par exemple, à avoir des revenus
très élevés et à accumuler un patrimoine important), ce n’est pas toujours le cas. Les
inégalités de pouvoir et les inégalités de prestige ne recoupent pas forcément les
inégalités économiques. La notion de « groupes de statut » désigne donc les groupes
en position dominante du point de vue du prestige social, tandis que la notion de
« partis » permet de décrire la répartition du pouvoir politique (qui fait l’objet d’une
lutte entre les partis politiques).
4. Cette question est l’occasion de montrer aux élèves que la notion de prestige est
sujette à des conventions sociales, qui peuvent varier dans le temps ou dans l’espace
social : le même prestige ne sera pas forcément accordé par tous aux mêmes groupes
sociaux. Il existe cependant des institutions encadrant la distribution du prestige,
comme par exemple les distinctions honorifiques ou les critères d’entrée dans cer-
tains cercles (on pourra reprendre les résultats du document introductif sur le capital
symbolique de la grande bourgeoisie).
Groupes de statut les plus prestigieux : médecins, hauts fonctionnaires, chefs d’en-
treprise, écrivains, intellectuels, ou stars du show-biz...
S’ENTRAÎNER
p. 167
1 Autoévaluation
Pour Karl Marx, il existe un seul facteur de stratification sociale. Les classes sociales
sont définies par la place dans les rapports de production. Pour Max Weber, il y a trois
p. 168
Ce graphique, qui présente la distribution des déciles de niveaux de vie mensuels en
1997 et en 2017, permet de travailler la lecture et compréhension des déciles et du
rapport inter-déciles. Le questionnement permet de remobiliser les définitions des
classes sociales vues dans le dossier précédent, avant de discuter leur pertinence
actuelle.
La présentation de l’infographie permet de présenter aux élèves les déciles pointés,
au nombre de 9, et les déciles moyens, au nombre de 10 (voir Fiche outil n° 6 sur les
quantiles, pages 356-357).
1. D’après l’INSEE, en France, en 2017, les 10 % des individus les plus pauvres de la
population française avaient un niveau de vie inférieur à 933 € par mois. 50 % de la
population avaient un niveau de vie inférieur à 1 735 € par mois. Les 10 % les plus
riches de la population avaient un niveau de vie supérieur à 3 971 € par mois.
2. Cette question est l’occasion de confronter les représentations des élèves et de
rappeler que la perception individuelle des seuils dépend souvent de sa propre position
Chapitre 6 – Comment est structurée la société française actuelle ? • 171
dans l’échelle des niveaux de vie*. Le seuil de pauvreté est fixé à 60 % du niveau de
vie médian (D5) ; il n’existe pas d’indicateur équivalent fixant un « seuil de richesse »
utilisé de façon large.
*Des sondages montrent que sont considérés comme riches les individus gagnant au
moins le double du répondant.
3. D9/D1 en 1997 = 2 718/778 = 3,5.
D’après l’INSEE, en 1997, les 10 % les plus riches avaient un niveau de vie au moins
3,5 fois plus élevé que les 10 % les plus pauvres.
D9/D1 en 2017 = 3 971/933 = 4,3.
D’après l’INSEE, en 2017, les 10 % les plus riches avaient un niveau de vie au moins
4,3 fois plus élevé que les 10 % les plus pauvres.
Il faut insister sur le « au moins » auprès des élèves car il s’agit des déciles pointés au
nombre de 9. Avec les déciles moyens, au nombre de 10, il n’aurait pas été nécessaire
d’indiquer « au moins » dans la phrase de lecture (mais il aurait fallu indiquer « en
moyenne »).
4. Cette question nécessite de remobiliser les définitions des classes sociales.
Selon la définition wébérienne (par le niveau de revenu et de patrimoine), oui : la
distance inter-classes, mesurée par le rapport inter-déciles, existe et a tendance à
augmenter ; on constate de plus que les écarts entre déciles augmentent dans le
haut de la distribution, ce qui conforte l’idée d’une distance des classes supérieures.
Selon la définition marxiste (par la place dans les rapports de production), la réponse
est nuancée : ce graphique seul ne permet pas de l’affirmer ; on sait cependant que les
inégalités de revenus sont liées à des inégalités professionnelles et que les inégalités
de revenus entraînent des inégalités de patrimoine et d’accumulation du capital, ce qui
tend donc aussi à indiquer un creusement des écarts entre classes, au sens marxiste.
Pour aller plus loin
L’Observatoire des inégalités publie des études très régulières sur les inégalités de
revenus et leurs évolutions.
Entre autres, cet article présente et discute plusieurs façons de définir un « seuil de
richesse » similaire au seuil de pauvreté :
https://www.inegalites.fr/A-quel-niveau-de-vie-est-on-riche
Ce graphique présente la distribution des niveaux de vie en fonction de la composition
des ménages, et propose une tripartition de la société entre catégories populaires,
moyennes et aisées sur la base de leur niveau de vie, avec deux seuils à D3 et à D8 :
https://www.inegalites.fr/Riches-pauvres-et-classes-moyennes-comment-se-situer?id_theme=15
C
2 Des rapports de genre qui se superposent aux rapports de classe
DO
p. 168
Cet extrait de l’ouvrage Le Retour des domestiques, publié en 2018, présente les effets
des politiques de soutien à l’emploi par des particuliers de services à la personne en
matière d’inégalités de genre et de classes. Il permet de montrer que les inégalités
de genre ne se manifestent pas de la même façon dans toutes les classes sociales,
et qu’à l’inverse ces inégalités de classes ne s’expriment pas non plus de la même
façon en fonction du genre.
1. L’objectif était de lutter contre les inégalités de genre, en diminuant la charge des
femmes en matière de tâches domestiques et en leur libérant ainsi du temps pour
travailler. Cela devait permettre de réduire les inégalités de temps de travail entre
femmes et hommes, et donc aussi les inégalités de revenus. On peut aussi imaginer,
mais ce n’est pas indiqué dans l’extrait, que cette politique fiscale avait également
pour but de favoriser la création d’emplois de services à la personne déclarés.
2. Non, seules les femmes ayant un revenu suffisant pour pouvoir consommer ce
type de services ont pu en bénéficier.
p. 169
Ce texte, qui fait état d’une recherche sociologique sur les identifications subjectives
de classe des catégories populaires, permet de montrer l’éclatement subjectif de ces
catégories populaires.
1. Les « gilets jaunes » et les habitants de banlieue partagent un certain nombre de
caractéristiques objectives qui les placent dans le bas de la stratification sociale : des
revenus faibles, une appartenance fréquente à la PCS des ouvriers ou des employés,
un faible prestige (visible par leur représentation dans les médias ou dans le monde
politique).
2. Même s’ils partagent ces caractéristiques communes, il existe aussi des différences
entre ces groupes, notamment le lieu de résidence et l’origine migratoire. De ce fait,
leurs expériences et trajectoires sociales sont relativement différentes, les habitants
de banlieue étant davantage confrontés à des discriminations raciales. Le sentiment
d’appartenance à un groupe se fonde donc préférentiellement sur le partage d’un
même cadre de vie et des mêmes expériences quotidiennes, et donc sur le critère de
l’origine géographique plutôt que sur le partage d’une condition économique semblable.
C
4 L’individualisation du travail affaiblit les classes sociales
DO
p. 169
Cet entretien avec la sociologue Danièle Linhart présente les conséquences de l’in-
dividualisation du travail sur l’identification subjective des travailleurs à une classe
sociale. (voir chapitre 9)
1. L’individualisation du travail revêt deux dimensions :
– l’individualisation des conditions de travail, par exemple le fait que les salariés
puissent choisir dans certains cas leurs horaires de travail, choisir de pratiquer le
télétravail ou décider de leurs dates de congés ;
– l’individualisation des rémunérations, par exemple le fait que les salariés négocient
individuellement leurs primes ou leurs augmentations de salaire (et non plus unique-
ment collectivement, en fonction de grilles salariales préétablies).
2. L’individualisation du travail a des avantages matériels pour les salariés : une plus
grande autonomie, une flexibilité des conditions de travail permettant de mieux
concilier vie professionnelle et vie familiale. Elle peut aussi avoir des avantages sub-
jectifs : un sentiment de plus grande responsabilité, de plus grande reconnaissance
de son travail.
Chapitre 6 – Comment est structurée la société française actuelle ? • 173
3. L’individualisation du travail fragilise l’identification subjective à une classe sociale
commune, d’une part, matériellement car les salariés, qui n’ont plus les mêmes horaires
de travail ou les mêmes conditions de travail, peuvent moins développer et entretenir
un sentiment d’appartenance collective du fait de moindres interactions quotidiennes.
D’autre part, l’individualisation du travail, et en particulier des rémunérations, exa-
cerbe la compétition entre salariés pour obtenir la plus forte augmentation, ce qui
s’oppose au sentiment d’avoir des intérêts communs à défendre.
S’ENTRAÎNER
p. 169
1 Autoévaluation
Éléments en faveur de l’existence Éléments en faveur de l’inexistence
de classes sociales de classes sociales
– La montée des inégalités entre groupes sociaux – Les inégalités de genre
– Les inégalités entre les femmes – L’individualisation des conditions de travail
et des salaires
– L’affaiblissement de l’identification aux classes
sociales
É1
AC
Faire une fiche de révisions
ÉTAPE 1 SÉLECTIONNER LES INFORMATIONS
1. Questions auxquelles la fiche doit répondre :
– Qu’est-ce que la stratification sociale ?
– Comment Karl Marx analyse-t-il la stratification sociale ?
– Comment Max Weber analyse-t-il la stratification sociale ?
– Quelle est l’utilité de leurs théories aujourd’hui ?
2. Éléments que la fiche doit faire apparaître :
– définition de la stratification sociale ;
– définition des classes sociales selon Karl Marx et principe de la lutte des classes ;
– définition des classes sociales selon Max Weber et principe de la tridimensionnalité
de la stratification sociale ;
– pertinence de l’analyse de Weber aujourd’hui (inégalités de revenu, inégalités de
prestige) ;
– pertinence de l’analyse de Marx aujourd’hui (inégalités entre PCS, évolution de
l’identification subjective à une classe sociale).
ÉTAPE 2 RÉALISER LA FICHE
Chaque production sera différente, l’objectif étant de pousser les élèves à trouver une
façon de présenter leur fiche qui leur convienne personnellement, pour la relecture
et la mémorisation.
Il pourra être parfois utile d’attirer l’attention des élèves sur la lisibilité et la praticité
de leur fiche.
Complément : Fiche Bac n° 1 « Réviser efficacement », page 378
TIVIT
É2
AC
1 Vrai ou faux ?
p. 176
1. Faux. Si les revenus expliquent une part importante des différences de modes de
vie, ils ne les expliquent pas entièrement. Par exemple, l’âge ou le fait d’habiter à la
ville ou à la campagne ont aussi un effet important sur les modes de vie.
2. Faux. Non car les emplois pas ou peu qualifiés du tertiaire se sont développés en
parallèle.
3. Vrai.
4. Faux. Weber reconnaît l’existence de classes sociales dans l’ordre économique, à
côté des groupes de statut et des partis.
5. Vrai.
6. Faux. Les inégalités professionnelles femmes-hommes concernent les rémunéra-
tions mais aussi le temps de travail, le niveau hiérarchique, le secteur...
Hausse de la Baisse de la
Hausse des part des : part des : Tertiarisation
qualifications
Cadres Ouvriers
Professions
intermédiaires Indépendants Salarisation
Féminisation
Employés
5 QCM
p. 177
1. La tertiarisation désigne l’augmentation de la part du secteur tertiaire dans l’éco-
nomie (a) et l’augmentation de la part des emplois de services dans tous les secteurs
d’activité (b).
2. Pour Marx, la classe sociale est définie par la possession du capital ou de sa force
de travail (c).
3. Pour Weber, la classe sociale est définie par le niveau de revenus (a).
4. Les femmes sont plus présentes dans le secteur tertiaire (c).
5. Quel effet a eu l’individualisation du travail sur le sentiment d’appartenance à une
classe sociale ? Elle l’a affaibli (a).
6. Quel effet a eu l’entrée des femmes sur le marché du travail sur les inégalités entre
femmes ? Elle les a augmentées (b).
Analyse du sujet
Vous mettrez en évidence les divers facteurs
de hiérarchisation de l’espace social en France.
– « mettrez en évidence » : il s’agit de lister, d’expliciter les facteurs ; le sujet ne
demande pas de nuancer ou de débattre.
Chapitre 6 – Comment est structurée la société française actuelle ? • 179
– « divers facteurs » : différents éléments explicatifs, différents déterminants ; on
distingue généralement les facteurs socioprofessionnels (diplôme, profession,
revenu) et les facteurs non socioprofessionnels (sexe, position dans le cycle de vie,
lieu de résidence, composition du ménage).
– « hiérarchisation de l’espace social » : synonyme de stratification sociale. Désigne
le fait que les individus n’ont pas accès aux mêmes ressources et n’ont pas le même
niveau de prestige ; il existe des inégalités entre les groupes sociaux.
– « en France » : on s’intéresse à la société française ; des références à d’autres époques
ou pays peuvent être faites en accroche ou en ouverture, mais le développement
doit principalement porter sur la France, comme l’y invitent les documents.
Questionnement (ou problématique) : « Quels sont les différents déterminants
influençant la position des individus dans la stratification sociale, c’est-à-dire quels
éléments expliquent leur inégal accès aux ressources économiques, sociales, politiques
et leur niveau de prestige ? »
Plan
I) L’espace social est hiérarchisé en fonction de facteurs socio-professionnels
§1 Le diplôme influence fortement la place dans la hiérarchisation professionnelle.
§2 La profession a une influence sur le niveau et le mode de vie.
§3 Le revenu a une forte influence sur le niveau de vie et la place dans la structure
sociale.
II) Mais il est aussi hiérarchisé en fonction de facteurs individuels
§4 Le sexe est un facteur important de hiérarchisation de la société.
§5 L’âge et la position dans le cycle de vie influencent le niveau de vie et le prestige
des individus.
§6 Le lieu de résidence influence les ressources auxquelles ont accès les individus.
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
ÉTAPE 5 Rédiger l’introduction
Points forts :
– trois paragraphes, qui respectent l’organisation d’une introduction ;
– les notions importantes du sujet sont définies et analysées.
Points faibles :
– l’accroche est beaucoup trop vague, pas assez précise ;
– le questionnement du sujet n’est pas explicite.
Accroches
a) Accroche la plus pertinente.
b) Accroche trop éloignée du sujet.
c) Accroche trop vague.
Exemple d’accroche à partir d’un élément du dossier documentaire
En vingt ans, depuis les années 1990, les écarts de niveau de vie entre les tranches
d’âge ont augmenté. Si le niveau de vie a globalement augmenté pour toutes les géné-
rations, l’âge demeure donc un facteur important d’inégalité économique en France.
Exemple d’introduction
En vingt ans, depuis les années 1990, les écarts de niveau de vie entre les tranches
d’âge ont augmenté. Si le niveau de vie a globalement augmenté pour toutes les géné-
rations, l’âge demeure donc un facteur important d’inégalité économique en France.
Il existe cependant d’autres types d’inégalités, qui contribuent aussi à hiérarchi-
ser l’espace social. La hiérarchisation de l’espace social, aussi appelée stratification
sociale, signifie qu’il existe des groupes sociaux distincts, qui n’ont pas le même accès
Analyse du sujet
L’approche en termes de classes sociales est-elle pertinente
pour rendre compte de la structure sociale en France ?
– « L’approche en termes de » : il existe deux théories qui utilisent la notion de classes
sociales, celles de Marx et de Weber ; tous deux n’ont pas la même définition des
classes sociales, et ne lui donnent pas la même importance pour étudier la strati-
fication sociale.
– « classes sociales » : groupes sociaux de grande taille fondés sur le partage d’un
même critère économique : la place dans les rapports de production (Marx) ou le
niveau de richesse (Weber).
– « est-elle » : question fermée, de discussion ; plan de type « oui (ou non) mais ».
– « pertinente » : utile, efficace, adaptée.
– « rendre compte » : analyser, décrire, comprendre.
– « structure sociale » : synonyme de stratification sociale ou d’espace social ; exis-
tence de groupes sociaux différenciés, éventuellement hiérarchisés en fonction
de critères économiques, sociaux et politiques. Il existe une diversité de facteurs
influençant la structure sociale.
– « en France » : on s’intéresse à la société française ; des références à d’autres époques
ou pays peuvent être faites en accroche ou en ouverture, mais le développement
doit principalement porter sur la France, comme l’y invitent les documents.
Questionnement (ou problématique) : « Les inégalités fondées sur la profession
ou sur les ressources économiques justifient-elles (toujours) de décrire et étudier
la société française à l’aide des (seules) classes sociales, ou doit-on compléter avec
d’autres facteurs, voire s’en passer ? »
Salaires des femmes globalement plus faibles que ceux des Le sexe comme facteur de hiérarchisation de
hommes : 10 % des femmes salariées ont un salaire supérieur à l’espace social : les femmes connaissent des
3 091 € / 10 % des hommes ont un salaire supérieur à 3 926 €. inégalités sur le marché du travail par rapport
Document 2 Les inégalités de salaires sont moins fortes entre femmes aux hommes.
qu’entre hommes : les 10 % de femmes salariées avec les plus Articulation rapports sociaux de genre /
hauts salaires gagnent au moins 2,7 fois plus que les 10 % avec rapports de classes.
les salaires les plus faibles ; pour les hommes c’est 3,17 fois plus.
Surmortalité des ouvriers par rapport aux cadres dans les Rôle du revenu comme facteur de
accidents de la route, liée à des différences d’équipement hiérarchisation de l’espace social : les
automobile. inégalités de revenus entraînent aussi des
Différence de comportement en fonction de la richesse inégalités de conditions de vie et de santé.
(« corrélation entre la richesse, la puissance des voitures et le Inégalités de prestige ou d’accès à certaines
sentiment d’omnipotence »). ressources sociales et politiques (ici la justice)
Inégalité de traitement par la justice en fonction de la PCS : en fonction de son diplôme, de son revenu ou
Document 3
« À coût humain et circonstances aggravantes équivalents, les de sa profession, donc de sa classe sociale.
ouvriers et les employés écopent de jugements «négatifs» –
c’est-à-dire supérieurs à la peine médiane, soit dix mois
d’emprisonnement ferme dans le tribunal étudié – deux fois
plus fréquemment que les cadres, professions intellectuelles
et professions intermédiaires : 59,3 % pour les premiers, contre
31 % pour les seconds. »
Taux de chômage différents selon la PCS : cadres (3,4 %) et Rôle de la PCS, donc classe sociale, comme
professions intermédiaires (5,1 %) relativement protégés, facteur de hiérarchisation de l’espace social :
employés (9,9 %) et ouvriers (12,6 %) plus exposés. Après la influence la qualité de l’insertion sur le marché
crise de 2008, le taux de chômage des cadres a diminué un an du travail, le revenu.
Document 4
plus tôt que pour les autres PCS.
L’écart de taux de chômage entre cadres et ouvriers a
légèrement augmenté entre 2008 et 2018, il passe environ de
x3 à x4.
Le plan 1 est rejeté car la partie I) est hors-sujet. Le plan 2 est rejeté : il propose
un paragraphe par document sans connaissances supplémentaires, et trop peu de
paragraphes. Le plan 3 est accepté ; il répond aux critiques formulées sur les deux
premiers plans.
ANALYSE DU PROGRAMME
p. 184
Ce chapitre est une nouveauté du programme, en ce que l’école est traitée dans un
chapitre dédié et non plus à l’intérieur des chapitres sur la mobilité sociale et l’inté-
gration sociale, comme nous y étions habitués.
Après la présentation du rôle de l’école dans les sociétés démocratiques, en termes
de transmission des savoirs et d’égalité des chances, il s’agit de décrire les principales
évolutions de l’école au xxe siècle, en termes de taux de scolarisation et de taux
d’accès à un diplôme ou à une formation, et de distinguer massification et démo-
cratisation. Un second axe vise à explorer la multiplicité des facteurs d’inégalités
de réussite scolaire : le rôle de l’école, du capital culturel et des investissements
familiaux, des stratégies des ménages et de la socialisation selon le genre dans la
construction des trajectoires individuelles de formation.
ORGANISATION DU CHAPITRE
Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils per-
mettent de couvrir tout le programme en environ quatre séquences de cours de deux
heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux
épreuves écrites et orales, sur une durée totale de douze heures (soit deux semaines
d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires et du nombre
de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves terminales
de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.
OUVERTURE DU CHAPITRE
p. 184-185
Dans le manuel, trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce
chapitre, ce qui permet de varier selon le type de classe :
– Découvrir par la vidéo aborde la question du décrochage scolaire à partir d’un
reportage d’Arte TV.
Réponse à la question : Processus qui se déroule sur plusieurs années, le décrochage
scolaire est plus fréquent chez les élèves qui rencontrent des retards précoces d’ap-
prentissage liés au contexte familial, chez les garçons et/ou chez les élèves ayant été
victimes d’humiliations ou de harcèlement.
– Découvrir par l’image met en parallèle deux photos de réussite scolaire : une
promotion d’étudiants de l’École polytechnique et la remise des récompenses à des
lauréats du concours du Meilleur ouvrier de France dans le grand amphithéâtre de
la Sorbonne, à Paris.
Réponse à la question : Il est important que ces concours soient accessibles à tous
car l’accès par concours est un gage d’égalité de traitement entre les candidats, et
donc d’égalité des chances.
– Découvrir en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un
questionnaire sur leurs représentations et d’avoir une vision d’ensemble des représen-
tations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont être
traités dans le chapitre. L’interface Q-Sort en ligne sur le site collection permet de
saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe afin de
faire argumenter les élèves en permettant une confrontation des avis de chacun(e).
Proposition complémentaire : Découvrir en situation
Vous êtes l’un des conseillers du ministre de l’Éducation nationale et vous devez
faire des propositions de réforme du collège et du lycée afin de réduire l’inégalité des
chances de réussite à l’école. Quelles sont vos propositions ? Justifiez-les.
186 • II – Sociologie et science politique
Les caractéristiques de l’école
A dans les sociétés démocratiques
de la République
p. 186
Cette vidéo brosse un large panorama de l’histoire de l’école qui remonte à la Grèce
antique.
1. L’instruction est obligatoire pour tous les enfants en France depuis 1882, grâce
aux lois Jules Ferry qui rendent l’école obligatoire, gratuite et laïque pour tous les
enfants, filles comme garçons, de 6 à 13 ans.
N. B. : En complément, lire le « Repère » sur l’instruction obligatoire page 187.
Légalement, c’est l’instruction et non l’école qui est obligatoire, car les parents peuvent
choisir d’assurer cette instruction, dans certaines conditions et avec des contrôles
réguliers par l’État. Et l’instruction est désormais obligatoire depuis l’âge de 3 ans
(depuis 2019) jusqu’à 16 ans (depuis 1959).
2. L’école française commence à être mixte, c’est-à-dire à ne plus séparer les élèves
selon leur sexe, dans les années 1960. C’est en 1924 que les programmes scolaires
ont cessé d’être distincts pour les filles.
3. L’école de la République doit transmettre des connaissances collectivement validées
(sciences, histoire, français, langues étrangères, éducation morale et civique) et les
valeurs de la République (Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité).
4. L’apprentissage de la lecture, de l’écriture, du calcul, de l’histoire... permet l’étude
des droits de l’homme et du fonctionnement de la Nation, des règles du vivre ensemble,
et le développement de l’esprit critique, indispensables à l’exercice de la citoyenneté.
Pour aller plus loin
Les grands principes du système éducatif
https://www.education.gouv.fr/valeurs-et-engagement-89246
C
2 L’école et l’égalité des chances
DO
p. 186
Ce texte du sociologue François Dubet retrace l’histoire du principe de l’égalité des
chances qui s’est imposé tardivement.
1. Sous la Troisième République, l’école se limite à l’objectif d’instruction et non
d’ascension sociale. Seuls 5 % des élèves obtenaient le baccalauréat (en majorité les
enfants des classes supérieures) et seulement 50 % des élèves obtenaient le certificat
d’études primaires (en majorité les enfants des classes populaires).
2. Il y a deux causes qui se conjuguent dans les années 1960 pour expliquer l’avè-
nement du rôle de l’école dans l’ascension sociale, en plus de l’instruction : d’une
part, l’ouverture du lycée qui a vu ses capacités d’accueil croître et, d’autre part, la
croissance économique qui nécessitait une main-d’œuvre diplômée.
Chapitre 7 – Quelle est l’action de l’école sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ? • 187
3. La phrase soulignée indique que l’école en France, dès les années 1960, ne se
contente plus seulement d’instruire la jeunesse mais qu’elle doit être méritocratique,
c’est-à-dire participer à l’ascension sociale de tous en favorisant un accès qui doit
dépendre du seul mérite de chacun, donc de ses seules aptitudes, de ses efforts et
de son travail, et non de son origine sociale, de sa fortune ou de ses relations indivi-
duelles (réseau ou capital social).
Pour aller plus loin
« Méritocratie » est un mot forgé en 1958 par le sociologue britannique Michael Young
dans un roman satiriqueThe Rise of the Meritocracy. C’est une dystopie, à la « 1984 »,
où Young décrit le cauchemar que serait une société gouvernée par des élites fondant
leur légitimité sur leurs seules performances scolaires. Pour Young, le système scolaire
reproduit et légitime les inégalités sociales. Un débat toujours actuel !
L’histoire de ce mot est racontée dans ce podcast :
https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/aux-origines-de-la-meritocratie
C
3 Quels savoirs acquérir à l’école ?
DO
p. 187
Ce texte explicite les enjeux liés au choix des savoirs à enseigner à l’école en France.
1. Jusque dans les années 1980, la priorité de la politique éducative de l’école en
France était la massification, c’est-à-dire une stratégie quantitative d’ouverture de
l’accès du collège au plus grand nombre. Ce n’est qu’une fois atteint cet objectif que
la politique éducative a pu davantage s’intéresser à la dimension qualitative que sont
les contenus, qu’on appelle les curricula (les programmes scolaires).
2. Cette absence d’attention aux curricula jusque dans les années 1980 explique que
les enfants des catégories populaires, dont les parents sont souvent peu familiers
eux-mêmes avec les savoirs scolaires enseignés dans le secondaire, ont pu rencontrer
des difficultés de réussite au collège unique. Il ne suffit pas d’ouvrir, légalement, les
portes du collège pour que l’égalité de réussite soit atteinte, il faut aussi se soucier
des connaissances que l’école transmet.
3. La définition d’un « socle commun » par le législateur en 2005 incarne cette volonté
récente en France de favoriser l’ouverture de l’école sur le plan des contenus acces-
sibles et pertinents pour le plus grand nombre d’élèves, et pas seulement, dans une
conception élitiste, pour les meilleurs élèves.
C
4 La scolarisation en France
DO
p. 187
Ce graphique présente le taux de scolarisation en France en 2017, de 2 à 30 ans.
1. En France en 2017, 33 % des personnées âgées de 18 ans étaient scolarisées dans le
second degré ou en apprentissage et 79 % étaient scolarisées dans le second degré,
en apprentissage ou dans le supérieur. En conséquence, 46 % des personnes de 18 ans
étaient scolarisées dans l’enseignement supérieur, et 21 % n’étaient plus scolarisées.
2. Le taux de scolarisation des jeunes âgés de 16 ans en France en 2017 était de 95 %.
On en déduit donc que pour 5 % des jeunes âgés de 16 ans (100 – 95), l’instruction
obligatoire se faisait en dehors de l’école… ou nulle part.
p. 188
Cette vidéo permet de présenter les principaux résultats de l’enquête de l’économiste
Julien Grenet sur le degré de mixité sociale des collèges parisiens.
1. L’économiste Julien Grenet parle de ségrégation car la composition sociale des
collèges publics et privés de Paris est très inégale selon les établissements, c’est-
à-dire que la répartition des élèves selon leur origine sociale est très variable d’un
collège à l’autre. Par exemple, dans la population totale des collégiens parisiens, on
trouve 17 % d’enfants d’origine sociale défavorisée. Or, dans certains collèges, ils ne
sont que 3 %, et dans d’autres 55 % de l’effectif total d’élèves.
2. La ségrégation sociale des collèges parisiens est mesurée par la répartition (%) des
élèves selon leur origine sociale dans chaque collège, c’est-à-dire selon la profession
de leurs parents.
3. Les deux causes de la forte ségrégation sociale des collèges à Paris sont, d’une part,
la ségrégation résidentielle, c’est-à-dire l’existence d’inégalités dans la composition
sociale des arrondissements et quartiers, et, d’autre part, la possibilité d’échapper à
la carte scolaire en inscrivant son enfant dans un collège privé.
4. La mise en place de secteurs multicollèges permet d’accroître la mixité sociale en
brassant davantage, sur plusieurs établissements publics du même arrondissement,
les élèves selon leur origine sociale et leurs résultats scolaires en CM2. Par exemple,
Chapitre 7 – Quelle est l’action de l’école sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ? • 189
il est possible d’associer deux collèges publics distants de seulement 300 mètres l’un
de l’autre et de regrouper tous les élèves de sixième du secteur dans le même collège
et tous les élèves de cinquième dans le collège voisin, afin de réduire la ségrégation
sociale entre ces deux collèges qui recrutent dans des quartiers voisins, mais à la
composition sociale inégale.
C
2 Le taux d’accès au baccalauréat : vers 80 % ?
DO
p. 188
Ce graphique permet de visualiser l’évolution du taux d’accès au baccalauréat de
1950 à 2019, au fur et à mesure de la diversification des filières.
1. En France en 2019, 42,5 % des élèves de la génération en âge de passer le bac ont
obtenu un baccalauréat général, 16,4 % un baccalauréat technologique et 20,8 %
un baccalauréat professionnel.
2. La part des bacheliers était de 5 % en 1950, elle est de 80 % en 2019. Elle a donc
augmenté de 75 points de % (80 – 5), de 1 500 % ((80 – 5)/5) ; elle a été multipliée
par 16 (80/5). L’augmentation absolue en points de % (+75 points) paraît ici la donnée
la plus parlante.
3. Les bacheliers généraux représentaient 53 % de l’ensemble des bacheliers en 2019
(42,5/80).
4. L’objectif des 80 % a été atteint pour la première fois en 2018. Il a donc fallu 33
ans pour l’atteindre.
5. Ce document montre une massification du baccalauréat puisque le taux d’accès,
faible en 1950, progresse pour atteindre 80 % dans les années 2010. Ce processus
n’a pas été linéaire. Il connaît des périodes d’accélération et d’autres de stagnation,
voire de léger recul. Cependant, tel quel, il ne nous dit rien de la démocratisation
du bac, car il ne dit rien de la réduction de l’inégalité des chances de réussite au bac
entre catégories sociales.
N. B. : La réponse à cette question peut s’appuyer sur les définitions de « massifica-
tion » et « démocratisation » données dans l’encadré page 189.
C
3 Une démocratisation ségrégative ?
DO
p. 189
Ce texte du sociologue Pierre Merle, extrait de son « Repère », La démocratisation
de l’enseignement, présente la ségrégation sociale parmi les bacheliers du fait de la
hiérarchie des trois filières du baccalauréat (générale, technologique et profession-
nelle), notamment en termes d’accès aux études supérieures.
1. L’auteur parle de « démocratisation ségrégative » car la démocratisation de l’accès
au baccalauréat, qui atteint 80 % en 2019, ce qui est un taux indéniablement élevé,
est en trompe-l’œil du fait de la composition sociale très inégale des trois filières du
baccalauréat (générale, technologique et professionnelle). La « composition sociale »
des trois filières du baccalauréat montre en effet une « spécialisation sociale » des
baccalauréats ; les terminales scientifiques et professionnelles ont un « recrutement
inversé » : 68 % d’élèves d’origine sociale aisée et moyenne en S, contre 69 % d’élèves
d’origine populaire en bac professionnel.
2. Les différents baccalauréats n’ont pas la même valeur, selon l’auteur, car ils ne
permettent pas les mêmes poursuites d’études supérieures : seulement 8 % des
élèves titulaires d’un bac pro s’inscrivent à l’université et 0 % en classes préparatoires,
contre respectivement 72 % et 18 % pour les élèves titulaires d’un bac S.
3. Il y a plusieurs raisons complémentaires : les élèves souhaitant poursuivre des
études supérieures s’orientent davantage en filière générale que professionnelle.
Les bacs professionnels ont vocation à permettre aux bacheliers d’être rapidement
190 • II – Sociologie et science politique
employables sur le marché du travail. En moyenne, les élèves en bac pro sont moins
performants scolairement que les élèves en filière générale, ils souhaitent donc moins
poursuivre des études supérieures.
S’ENTRAÎNER
p. 189
1 Autoévaluation
Nombre de personnes scolarisées de l’âge x
Taux de scolarisation =
Nombre de personnes de l’âge x
p. 190
Cette vidéo contient une interview du sociologue Bernard Lahire qui évoque les
résultats de l’enquête qu’il a dirigé sur la construction des inégalités scolaires parmi
35 enfants de 5-6 ans, publiée dans l’ouvrage Enfances de classe en 2019. Il y évoque
notamment le rôle du langage avant l’entrée en maternelle.
1. Les parents des familles favorisées incitent leurs enfants à la lecture en lisant eux-
mêmes, en lisant des histoires à leurs enfants, en les amenant à la bibliothèque, en
achetant des livres pour enfants...
2. Ces comportements sont moins fréquents dans les familles défavorisées car les
parents de ces dernières sont plus fréquemment des adultes sans diplôme, qui n’ont
pas développé eux-mêmes de pratique de la lecture, de goût pour la lecture ni la
possession de livres.
3. L’apprentissage des jeux de mots et de l’ironie est important dans la réussite sco-
laire car ils indiquent une intense activité langagière familiale, donc une maîtrise du
vocabulaire et de la syntaxe, l’intérêt pour l’humour de second degré, pour la mani-
pulation des mots et des idées, qui sont autant d’atouts pour apprendre à écrire et
bien écrire sa pensée, compétence centrale dans la réussite scolaire.
C
2 Le rôle du capital culturel familial dans la réussite scolaire
DO
p. 190
Ce texte de deux sociologues français présente de façon synthétique le rôle du capital
culturel dans la réussite scolaire, tel que mis en évidence par Bourdieu et Passeron.
1. Les éléments qui traduisent le niveau de capital culturel des parents sont la durée
de scolarisation et les diplômes obtenus.
p. 191
Ce tableau statistique croise diplomation (obtention d’un diplôme) et diplôme des
parents. Il permet de mettre en évidence la corrélation positive entre ces deux variables.
1. En France, en 2014-2015, 23,9 % des personnes âgées de 25 à 44 ans et étant
enfant de parents peu ou pas diplômés, n’ont aucun diplôme ou ont le CEP ou le
brevet des collèges. C’est le cas de 8,2 % des personnes dont au moins un parent est
diplômé au plus du secondaire et de 3,8 % des personnes dont au moins un parent
est diplômé du supérieur.
2. On observe donc une corrélation positive entre le diplôme obtenu et le niveau de
diplôme des parents. Plus les parents sont diplômés, plus le taux d’obtention d’un
diplôme élevé s’accroît, et inversement.
3. On peut parler de reproduction sociale car le diplôme est un déterminant très
puissant d’insertion professionnelle, donc d’accès à l’emploi, au statut social et à la
rémunération qui sont des éléments centraux de la position sociale, or l’obtention du
diplôme des enfants est assez fortement corrélé au diplôme des parents. En effet,
lorsqu’au moins un parent est diplômé du supérieur, 78,1 % des enfants sont égale-
ment diplômés du supérieur (court ou long), alors que ce n’est le cas que de 27,4 %
des personnes âgées de 25 à 44 ans dont les parents sont peu ou pas diplômés.
Chapitre 7 – Quelle est l’action de l’école sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ? • 193
C
5 Les effets de la socialisation selon le genre
DO
p. 191
Cet article permet d’aborder les effets de la socialisation genrée (notion vue en 2de
et 1re) par le biais de ses effets sur les comportements des élèves à l’école, selon que
ces élèves sont des filles ou des garçons.
1. 80 % des élèves sanctionnés au collège et 86 % des élèves en dispositifs Relais sont
des garçons. Les garçons sont davantage dans des comportements virils, insolents,
d’infraction des règles, de « fumistes », de monopolisation de l’attention et de l’es-
pace, d’usage de la force physique.
2. Les sociologues expliquent ces différences par le fait qu’en moyenne, les enfants
ne sont pas socialisés de la même façon selon leur sexe. Les attentes et interactions
avec les enfants sont genrées (féminin/masculin), sans que les adultes ou les pairs
n’en aient conscience.
S’ENTRAÎNER
p. 191
1 Autoévaluation
1. Vrai.
2. Vrai.
3. Faux. La socialisation, différenciée selon le genre des enfants, contribue à expliquer
la réussite scolaire plus grande des filles.
4. Faux. La dotation en capital culturel est aussi un facteur, et ne va pas toujours de
pair avec des revenus élevés (exemple : les enseignants).
2 Mobiliser ses connaissances
La socialisation familiale peut être à l’origine d’inégalités de réussite scolaire du
fait de la socialisation différenciée, soit selon le milieu social, soit selon le sexe des
enfants, ces processus étant largement non intentionnels. En effet, d’une part, le
niveau de diplôme des parents est nettement corrélé au taux d’accès au diplôme
des enfants : plus les parents sont diplômés, plus les enfants le seront également,
et inversement. Par exemple, lorsque les parents ne sont pas ou sont peu diplômés,
ils ont, en moyenne, moins d’aptitudes scolaires pour guider et prédisposer leur(s)
enfant(s) face aux attentes et aux stratégies d’apprentissage scolaires ; ils sont, en
moyenne, moins à l’aise en lecture et s’expriment avec moins de vocabulaire. D’autre
part, les interactions du quotidien, dès la naissance, sont différentes en moyenne
selon que l’enfant est de sexe féminin ou masculin. Les petites filles sont davantage
invitées que les petits garçons à faire preuve de calme, d’obéissance, de discrétion,
d’application, à s’exprimer de façon précise, là où les petits garçons, sont, en moyenne,
davantage incités à être agressifs, ambitieux, compétitifs, bruyants. Or, l’école prône
des valeurs plus féminines que masculines. Les petits garçons reçoivent donc une
socialisation qui risque de les pénaliser dans leurs apprentissages scolaires, là où la
socialisation des petites filles va les avantager.
DO
p. 192
Ce reportage permet de découvrir l’intensité des inquiétudes et tractations des familles
quant à l’inscription en classe de sixième, inquiétudes à l’origine de stratégies scolaires.
1. Le « collège de secteur » est le collège public d’affectation des collégiens selon leur
lieu d’habitation dans une zone définie.
2. Certains parents cherchent à contourner la carte scolaire car ils estiment que la
réputation du collège de secteur n’est pas assez bonne, que trop d’enfants avec des
difficultés sociales et/ou scolaires le fréquentent, ce qui dégraderait les conditions
d’apprentissage pour leur enfant.
3. La conséquence de ces comportements de contournement de la carte scolaire est
d’affaiblir encore davantage la mixité sociale des établissements scolaires en accen-
tuant les inégalités de composition sociale des élèves.
C
2 Des stratégies d’évitement de la carte scolaire
DO
p. 192
Cet article présente une enquête des journalistes Éducation du quotidien Le Monde,
à propos des stratégies d’évitement de la carte scolaire des collèges de la région
parisienne.
1. Les motivations évoquées par les parents interviewés sont une meilleure « disci-
pline » en classe et de « bonnes fréquentations », c’est-à-dire ce que les sociologues
appellent la recherche de « l’entre-soi » ou évitement des classes sociales populaires.
2. Il existe trois stratégies pour parvenir à éviter le collège de secteur : demander un
parcours scolaire particulier non offert par le collège de secteur, se domicilier dans
un secteur scolaire avec un « bon » collège, inscrire ses enfants dans un collège privé.
3. Ces stratégies d’évitement renforcent la ségrégation sociale des établissements
via une polarisation des classes sociales, et donc accentuent les inégalités, réelles ou
supposées, de contexte, d’ambiance, de réputation de scolarisation entre collèges.
C
3 Faire garder ses enfants, un choix stratégique ?
DO
p. 193
Ce texte est extrait du livre du sociologue Bernard Lahire, Enfances de classe, paru
en 2019. Il expose la stratégie de garde des enfants par une famille bourgeoise, un
exemple de stratégie intentionnelle.
1. Les parents de Valentine et Thomas appartiennent aux classes supérieures (ou
favorisées) : ils sont cadres, tous deux diplômés d’un bac +5, propriétaires d’un grand
appartement dans le 7e arrondissement de Paris.
2. Éléments qui montrent que le choix du mode de garde résulte d’une stratégie :
jeune fille au pair américaine et non anglaise, un protocole de sélection anticipé.
3. Il faut des ressources culturelles pour préférer embaucher une jeune fille au pair à
domicile plutôt que de recourir à une garderie ou une « nounou » classique (femme
plus âgée qui n’est pas à demeure). Il faut également des ressources financières pour
payer, nourrir et loger la jeune fille au pair.
4. Ce mode de garde devrait permettre aux enfants du couple d’être exposés préco-
cement à la langue anglaise, de la comprendre et de la parler avant son apprentissage
scolaire. Or, les langues étrangères (comme les mathématiques) sont des disciplines
scolaires décisives dans l’orientation sélective post-bac.
Chapitre 7 – Quelle est l’action de l’école sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ? • 195
C
4 L’influence de l’origine sociale sur les stratégies d’orientation
DO
p. 193
Ce document statistique montre le lien entre souhait d’orientation et origine sociale
de l’élève.
1. En France, en 2012-2013 dans l’académie de Paris, 30 % des familles dont le
parent référent est ouvrier non qualifié et dont l’enfant élève en troisième a des
notes comprises entre 8 et 10 au contrôle continu du brevet, souhaitaient que leur
enfant accède à une seconde générale et technologique, contre 84 % des élèves de
la même origine sociale ayant des notes comprises entre 12 et 15.
2. On observe une corrélation positive entre les notes au brevet et le souhait d’accéder
à une seconde GT : plus les résultats scolaires sont élevés, plus l’élève et sa famille
souhaitent accéder à une seconde GT, et inversement.
3. On observe qu’à résultats donnés (bons comme médiocres), les parents des classes
supérieures (cadres, chefs d’entreprise, professions libérales...) souhaitent davantage
que leur enfant accède à une seconde GT que les parents des classes populaires
(ouvriers). Par exemple, avec des notes entre 12 et 15, 98 % des familles de classes
supérieures souhaitent une seconde GT, contre 84 % des parents ouvriers non qua-
lifiés. Ce constat est le même lorsque l’enfant a des résultats scolaires compris en 8
et 10, respectivement 66 et 30 % de souhait pour une seconde GT.
S’ENTRAÎNER
p. 193
1 Autoévaluation
Choix d’éducation
Choix de domicile extrascolaires
Inégalités économiques Inégalités de traitement Inégalités de résultats
et sociales à l'école scolaires
Choix d’établissement
Choix d’orientation
Inégalités de diplômes
TIVIT
É1
AC
Enquêter
Chapitre 7 – Quelle est l’action de l’école sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ? • 197
TIVIT
É2
AC
Rédiger un texte argumenté
ÉTAPE 2 SYNTHÈSE
§1 Les inégalités scolaires restent corrélées à l’origine sociale et au sexe.
§2 Le décrochage scolaire décline.
§3 Les inégalités scolaires liées à l’établissement d’origine ont tendance à se renforcer
avec la hausse de la ségrégation scolaire.
É3
AC
Jeu de rôle Vers le Grand oral
Chapitre 7 – Quelle est l’action de l’école sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ? • 199
2 Lire et analyser un tableau statistique
Tableau à double entrée pour lequel il faut lire en fonction des « 100 ». Ici, ils sont
en colonne, donc il faut lire en ligne.
1. Pour aider les élèves, on peut leur proposer de passer par une lecture didactique
commençant par « Sur 100… » avant de lire directement par le % .
Sur 100 étudiants des ENS, 62,5 ont des parents cadres et professions intellectuelles
supérieures. En France en 2018-2019, 62,5 % des étudiants français inscrits à l’ENS
sont des enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures, alors qu’en
moyenne 34,3 % des étudiants français sont des enfants de cadres et professions
intellectuelles supérieures.
2. En BTS, 43,1 % des étudiants français sont issus des classes populaires (parent
employé ou ouvrier) et seulement 15,6 % sont enfants de cadres et PIS, donc 3 fois
moins, alors qu’en classes prépas, les enfants de classes populaires représentent 18,1 %
des effectifs contre 51,6 % pour les enfants de cadres et PIS, soit presque 3 fois plus.
3. Pour repérer les sur– et sous-représentations, il faut comparer à la ligne « Ensemble ».
Pour les enfants d’agriculteurs, on constate qu’ils sont surreprésentés dans les écoles
de commerce, les écoles paramédicales, les écoles artistiques et, dans une moindre
mesure, les écoles d’ingénieurs et les BTS. Ils sont a contrario sous-représentés dans
les ENS et les universités. Notons leur équi-représentation en classes prépas.
1 Vrai ou faux ?
p. 202
1. Faux. L’école est aussi un lieu d’éducation et de socialisation.
2. Vrai.
3. Faux. L’accès accru ne garantit pas l’égalité des chances.
4. Vrai.
5. Vrai.
6. Vrai.
7. Faux. C’est le genre qui en est la cause, c’est-à-dire non pas la biologie mais la
construction sociale de dispositions différentes.
8. Vrai.
9. Vrai.
10. Vrai.
2 QCM
p. 202
1. La massification scolaire correspond à l’allongement de la durée des études (b),
l’élévation du niveau de formation d’une population (c) et l’obligation scolaire jusqu’à
16 ans (d).
2. Le diplôme (a), la façon de parler (d) font partie du capital culturel d’un individu.
3. Le taux d’accès à un diplôme correspond à la proportion d’élèves d’une génération
qui obtiennent un diplôme (c).
4. Il s’agit de la définition des stratégies scolaires (b).
4 Mots croisés
p. 203
Vertical : 1. investissements – 2. scolarisation – 7. méritocratie
Horizontal : 3. baccalauréat – 4. genre – 5. culturel – 6. stratégie – 7. massification –
8. démocratisation – 9. ségrégation
Chapitre 7 – Quelle est l’action de l’école sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ? • 201
PARTIE 3 RAISONNEMENT S’APPUYANT
SUR UN DOSSIER DOCUMENTAIRE
Guide méthodologique complet
à télécharger sur le site collection
Analyse du sujet
Vous montrerez qu’il existe une multiplicité de facteurs d’inégalités de réussite
scolaire dans la construction des trajectoires individuelles de formation.
– « montrerez » : il s’agit ici de présenter les différentes causes qui sont à l’origine
d’inégalités sociales de réussite scolaire.
– « multiplicité de facteurs » : il existe plusieurs causes aux inégalités sociales de
réussite scolaire (rôle de l’école, du capital culturel, des investissements familiaux,
de la socialisation selon le genre et des stratégies des ménages).
– « inégalités de réussite scolaire » : il s’agit des écarts de taux d’accès aux formations
et aux diplômes selon le genre et l’origine sociale des élèves.
– « trajectoires individuelles de formation » : parcours scolaire des individus, de l’âge
de 3 ans jusqu’à la fin de leurs études.
Questionnement (ou problématique) :
« Ce sujet implique donc de présenter les différentes causes qui expliquent les iné-
galités de taux d’accès aux formations et aux diplômes selon le genre et l’origine
sociale des élèves. »
Plans possibles
– Plan à 1 niveau
§1 Le capital culturel et les investissements familiaux expliquent des écarts de réus-
site scolaire des élèves.
§2 Les stratégies des familles selon l’origine sociale expliquent des écarts de réussite
scolaire des élèves.
§3 La socialisation selon le genre explique des écarts de réussite scolaire des élèves
entre filles et garçons.
§4 L’école explique les écarts de réussite scolaire des élèves.
– Plan à 2 niveaux
I) Le rôle de l’origine sociale
§1 Le capital culturel et les investissements familiaux expliquent des écarts de réus-
site scolaire des élèves.
§2 Les stratégies des familles expliquent des écarts de réussite scolaire des élèves.
II) Le rôle du genre
§3 Du fait de la socialisation différenciée selon le genre, les filles réussissent en
moyenne mieux à l’école que les garçons.
§4 Les stratégies des familles en termes d’orientation diffèrent selon le genre des
enfants.
III) Le rôle de l’école
§5 Le recrutement des collèges est marqué par la ségrégation sociale.
§6 Les attentes de l’école sont proches du capital culturel des familles des classes
supérieures.
Analyse du sujet
Dans quelle mesure l’école française s’est-elle démocratisée ?
– « Dans quelle mesure » : sujet débat, où il s’agit de discuter la proposition qui suit
avec des arguments pour répondre oui ou non.
– « l’école française » : institution qui éduque et instruit les élèves.
– « démocratisée » : renvoie aux conséquences de la massification sur les inégalités
scolaires, et notamment sur le taux d’accès aux diplômes et aux formations selon
le milieu social
Questionnement (ou problématique) : « Ce sujet implique donc d‘étudier les effets
de la massification scolaire en termes de réussite et de d’accès aux diplômes selon
l’origine sociale des élèves, en montrant que la massification a bien permis d’ouvrir
les portes de l’école aux enfants des classes populaires mais que, pour autant, les
écarts de réussite scolaires demeurent. »
Plan
I) La démocratisation a progressé...
A) La massification...
§1 Le collège unique
§2 L’objectif des « 80 % au bac »
B) ... a entraîné un taux de diplômés en hausse
§3 Au baccalauréat
§4 Dans le supérieur
II) ... mais elle reste inachevée.
A) Une démocratisation ségrégative du secondaire...
§5 La forte ségrégation sociale des collèges
§6 Les filières du baccalauréat
B) … et du supérieur
§7 La dualité études courtes/études longues
§8 L’accès aux classes préparatoires et aux Grandes écoles reste très marqué socialement
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
Chapitre 7 – Quelle est l’action de l’école sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ? • 203
Accroches
a) Accroche trop générale, éloignée du sujet.
b) OK.
c) Quasi-argument qui commence à répondre au sujet.
d) Affirmation fausse et éloignée du sujet.
Exemple d’accroche à partir d’un élément du dossier documentaire
« Les enfants d’ouvriers ne représentent que 7 % des étudiants de classes prépara-
toires, alors que les enfants de cadres comptent pour 51,4 % des effectifs. »
Exemple d’introduction
C’est avec l’allongement de la scolarité obligatoire à 16 ans que l’on peut faire
commencer la massification de l’école en France. Si la massification correspond à un
allongement de la durée des études et à une élévation du niveau de formation de la
population, il faut s’interroger sur la capacité de l’école française à se démocratiser,
c’est-à-dire à favoriser la réussite scolaire du plus grand nombre d’élèves, indépen-
damment de leur origine sociale. En effet, l’école en France, depuis le début des
années 1960, ne se contente plus d’instruire mais aussi d’assurer l’égalité des chances
dans l’accès aux diplômes et la poursuite d’études. Ce sujet nous amène donc à nous
demander si la massification française s’est accompagnée d’une démocratisation
suffisante. Nous verrons d’abord que la démocratisation a progressé, puis, dans un
second temps, nous verrons qu’elle est cependant inachevée.
ORGANISATION DU CHAPITRE
Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils per-
mettent de couvrir tout le programme en environ cinq séquences de cours de deux
heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux
épreuves écrites et orales, sur une durée totale de quatorze heures (soit un peu plus
de deux semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires
et du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves
terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.
OUVERTURE DU CHAPITRE
p. 210-211
Trois possibilités au choix sont proposées pour découvrir les enjeux de ce chapitre :
– Découvrir par la vidéo invite les élèves, à partir d’un reportage du journal télévisé, à
se questionner sur l’importance de la reproduction et de la mobilité sociale, à travers
l’exemple de la reproduction sociale du statut des familles les plus riches de Florence
depuis la Renaissance.
1. Les chercheurs ont étudié le registre des impôts présent aux archives de Florence,
qui recense les déclarations d’impôts depuis la Renaissance. En les comparant avec les
déclarations d’impôts récentes, ils ont étudié ce qu’étaient devenues les riches familles
de la Renaissance et se sont aperçus qu’elles font toujours partie des plus fortunées.
2. Ces familles ont transmis leur patrimoine et leurs entreprises à leurs descendants
de génération en génération, tout en prenant soin de préparer leurs enfants à assurer
la reproduction de leur statut social.
– Découvrir en chanson invite les élèves, à partir d’une chanson célèbre du groupe
IAM, à réfléchir sur la reproduction sociale et l’influence des ressources et configu-
rations familiales dans le parcours des individus.
p. 212
Ce texte de Dominique Merllié permet d’introduire la notion de mobilité sociale telle que
l’ont construite les sociologues et surtout l’objectif de l’étude de la mobilité : dans quelle
mesure les statuts sociaux s’acquièrent-ils et se transmettent-ils entre générations ?
Chapitre 8 – Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ? • 207
1. Dans la société française aujourd’hui, il existe une hiérarchie entre les professions
et les catégories socioprofessionnelles. Les cadres sont plus valorisés (prestige,
rémunération) et occupent une position hiérarchique de leur emploi plus élevée que
les ouvriers ou les employés.
2. L’étude de la mobilité sociale correspond à l’étude de l’acquisition et de la transmission
des statuts sociaux, des positions sociales qu’occupent les individus dans une société.
3. Une même situation sociale peut être interprétée différemment selon les individus
car l’évaluation d’une position sociale dépend du point de comparaison mais aussi de
la trajectoire de l’individu. Par exemple, un individu peut être en réussite par rapport
à ses parents, mais pas par rapport à ses pairs. De même, un individu peut occuper
une position valorisée dans la société et, pour autant, connaître une position moins
favorable que celle de ses parents.
p. 213
Ce graphique permet de montrer le lien entre mobilité géographique et mobilité
professionnelle tout en faisant travailler la lecture des graphiques en pourcentages
cumulés aux élèves.
1. Entre 2010 et 2015, 9 % des personnes occupant un emploi et qui ont déménagé
jugent leur statut plus élevé et sont dans une catégorie socioprofessionnelle supé-
rieure, alors que 53 % des personnes occupant un emploi et qui n’ont pas déménagé
sont restées dans la même catégorie socioprofessionnelle et jugent avoir un statut
similaire.
2. Un individu qui serait passé d’un emploi d’ouvrier non qualifié (ONQ) à un emploi
d’ouvrier qualifié (OQ) serait resté dans la même catégorie sociale mais en ayant un
statut social plus élevé. De même, un ingénieur qui aurait obtenu une promotion
en tant que responsable de département de R&D serait resté dans la catégorie des
cadres mais aurait acquis un statut social plus élevé. Enfin, un avocat salarié qui
devient associé du cabinet pour lequel il travaille devient profession libérale, et donc
son propre employeur : son statut social est plus élevé (revenus, patrimoine profes-
sionnel), mais il fait toujours partie des cadres.
3. En moyenne, les personnes occupant un emploi et qui ont déménagé sont plus
nombreuses à déclarer avoir un statut social plus élevé (c’est le cas de 43 % d’entre
elles contre 31 % pour les sédentaires) et elles sont deux fois plus nombreuses en
proportion à être dans une catégorie sociale supérieure (c’est le cas de 9 % d’entre
elles contre seulement 4 % pour les individus qui sont restés sédentaires entre 2010
et 2015).
p. 214
Ces quatre photos permettent d’introduire la question de la mesure de la mobilité
sociale en amenant les élèves à réfléchir aux différents emplois et à leur comparaison.
1. Ces enfants sont en situation de mobilité sociale car ils n’ont pas la même profes-
sion que leurs parents et n’occupent pas la même catégorie socioprofessionnelle : le
fils est artisan alors que le père était agriculteur ; quant à la fille, elle est infirmière
(profession intermédiaire), alors que sa mère était aide-soignante (employée).
2. Il est plus pertinent de comparer la situation du fils avec celle de son père et la
situation de la fille avec celle de sa mère car, dans la société contemporaine, les
emplois restent genrés, c’est-à-dire influencés par les stéréotypes de sexe. Dans le
cas de ces photos cela ne changerait toutefois pas la mesure de la mobilité sociale car,
même si on les compare à leur père ou à leur mère, la fille et le fils sont en situation
de mobilité sociale.
Chapitre 8 – Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ? • 209
C
2 La mesure de la mobilité sociale
DO
p. 214
Ce texte permet de présenter la façon dont la mobilité sociale est étudiée dans la
sociologie française et les principes de construction des tables de mobilité. Il permet
également d’introduire les limites des tables de mobilité en montrant l’influence de
l’âge retenu pour les enquêtes et les différences méthodologiques selon les pays.
1. Les sociologues étudient la mobilité intergénérationnelle des individus aux environs
de 40 ans car cela permet d’éliminer une bonne partie de la mobilité professionnelle.
En effet, la très grande majorité des individus ont, à 40 ans, atteint la position pro-
fessionnelle la plus élevée de leur carrière.
2. On classe les individus dans une PCS (profession et catégorie socioprofessionnelle)
afin de regrouper les individus qui, bien qu’ayant des emplois différents, occupent une
position similaire dans l’espace social (cf. encadré Rappel de première sur les PCS).
3. Les PCS placées dans la pyramide regroupent les catégories de salariés, alors que
celles sur le côté regroupent les indépendants. Cela montre aussi que s’il est possible
de hiérarchiser les PCS de salariés, c’est plus compliqué entre les PCS de salariés et
d’indépendants. Cela va poser des problèmes pour décrire les situations de mobilité
entre ces groupes socioprofessionnels.
4. Dans les pays anglo-saxons, la position sociale, et donc la mobilité sociale, est
davantage mesurée par des indicateurs économiques (salaire, niveau de vie) ou des
échelles de prestige.
p. 215
Ce tableau résume les trois principales limites des tables de mobilité pour mesurer
la mobilité sociale.
S’ENTRAÎNER
p. 215
Mobiliser ses connaissances
La mobilité sociale intergénérationnelle, c’est-à-dire le changement de position
sociale ou de statut social d’un individu par rapport à celui de ses parents, est habi-
tuellement mesurée en France par des tables de mobilité en comparant la catégorie
socioprofessionnelle des enfants avec celle de leurs parents. Cette mesure est cepen-
dant imparfaite pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, on considère que des individus qui appartiennent à la même catégorie
sociale et a fortiori qui occupent la même profession sont en situation d’immobilité
sociale. Or, entre les générations, le statut social d’une profession peut évoluer. Une
situation d’immobilité sociale peut alors masquer un changement de statut social qui
correspondrait davantage à une mobilité ascendante ou descendante. Ensuite, la mesure
de la mobilité est fortement dépendante du nombre de catégories utilisées. Plus on
utilise de catégories pour mesurer la mobilité sociale, plus on va obtenir une mobilité
importante car les individus changeront plus facilement de catégories. Inversement, si
l’on n’utilisait que trois catégories sociales pour mesurer la mobilité (par exemple classes
supérieures, classes moyennes, classes inférieures), on mesurerait moins de mobilité
sociale car une majorité des individus resterait dans la catégorie classe moyenne.
p. 216
Ces dessins de presse permettent d’introduire la notion de reproduction sociale et
de réfléchir à la mesure de la mobilité masculine et féminine, tout en interrogeant
les stéréotypes de genre.
Chapitre 8 – Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ? • 211
1. Dans un sens oui, puisqu’elle appartient à la même catégorie socioprofessionnelle
que son père. Néanmoins, si sa position sociale est comparée à celle de sa mère, elle
peut être en situation de mobilité sociale.
2. Il peut être préférable de comparer la situation des filles à celle de leur mère car
les stéréotypes et la socialisation genrée ont une influence sur l’emploi des hommes
et des femmes. Certains types d’emplois sont beaucoup plus féminisés, ce qui a pour
conséquence que certaines catégories socioprofessionnelles sont beaucoup plus
féminines (les employées) que d’autres (les ouvriers). En comparant la profession
des filles avec celle de leur père, on peut mettre en évidence une mobilité sociale qui
n’en est pas vraiment une (une fille d’ouvrier qui devient employée, par exemple).
C
2 La destinée des hommes âgés de 35 à 59 ans en France en 2015
DO
p. 216
Cette table de mobilité, publiée par l’INSEE en 2019, permet de décrire la mobilité
sociale des hommes âgés de 35 à 59 ans. Attention, il faut noter que dans cette
table, l’INSEE a effectué des regroupements entre employés et ouvriers qualifiés et
employés et ouvriers non qualifiés.
1. Mobilité ascendante : en 2015, 26,5 % des fils de professions intermédiaires, âgés
de 35 à 59 ans, sont devenus cadres et professions intellectuelles supérieures.
Mobilité descendante (déclassement) : en 2015, 26,2 % des fils de professions inter-
médiaires, âgés de 35 à 59 ans, sont devenus ouvriers ou employés qualifiés.
Reproduction sociale (immobilité sociale) : en 2015, 49 % des fils de cadres et profes-
sions intellectuelles supérieures, âgés de 35 à 59 ans, sont devenus cadres.
2. La reproduction sociale est la plus forte chez les cadres et chez les employés et
ouvriers qualifiés.
3. Les situations de mobilité ascendante les plus fréquentes sont des trajets courts.
Ainsi 43,9 % des fils d’employés et ouvriers non qualifiés deviennent employés ou
ouvriers qualifiés, et 26,8 % des fils d’employés/ouvriers qualifiés deviennent profes-
sions intermédiaires. Les trajets longs sont beaucoup moins fréquents (seulement
8,3 % des fils d’employés et d’ouvriers non qualifiés deviennent cadres).
C
3 La destinée des femmes âgées de 35 à 59 ans en France en 2015
DO
p. 217
Cette table de mobilité, publiée par l’INSEE en 2019, permet de décrire la mobilité
sociale des femmes âgées de 35 à 59 ans en comparant leur catégorie sociale à celle
de leur mère. Il faut noter que dans cette table, comme dans la précédente, l’INSEE
a effectué des regroupements entre les catégories employés et ouvriers qualifiés et
employés et ouvriers non qualifiés.
1. En 2015, 41,7 % des filles ayant une mère cadre deviennent elles-mêmes cadres
ou professions intellectuelles supérieures.
2. La mobilité ascendante des femmes est plus importante que celle des hommes pour
les filles ayant une mère profession intermédiaire ou employée ou ouvrière qualifiée, mais
légèrement moins forte pour les filles ayant une mère employée ou ouvrière non qualifiée.
En effet, alors que 26,5 % des fils ayant un père profession intermédiaire deviennent
cadres, 29 % des filles ayant une mère profession intermédiaire deviennent cadres.
3. La dernière ligne d’une table de destinée permet d’étudier la structure sociopro-
fessionnelle des individus interrogés. On observe que 51,6 % (21,6 + 30,0) des filles
sont employées ou ouvrières contre seulement 42,5 % des fils (10,1 + 32,4). À l’inverse,
42,7 % des filles occupent un emploi de cadre ou de profession intermédiaire contre
45,7 % des fils.
DO
p. 217
Ce texte permet d’apporter quelques explications aux différences de mobilité hommes-
femmes et de comprendre que l’estimation de la mobilité féminine dépend fortement
du point de comparaison (le père ou la mère).
1. La mobilité des hommes, comme celle des femmes, a augmenté depuis 1977,
puisqu’aussi bien la mobilité ascendante que la mobilité descendante sont en augmen-
tation pour les hommes. Pour les femmes, c’est surtout la mobilité ascendante qui a
augmenté puisqu’il y a 2,4 fois plus de femmes qu’en 1977 qui sont dans cette situation.
2. La plus forte mobilité ascendante des femmes (40 % occupent une position sociale
plus élevée que leur mère contre 28 % des hommes qui occupent une position sociale
plus élevée que celle de leur père) s’explique principalement par le niveau sociopro-
fessionnel plus faible des mères, c’est-à-dire que les mères occupaient en moyenne
des emplois moins valorisés que les pères.
3. En conséquence, si l’on compare la position sociale des femmes à celle de leur
père, alors leur mobilité ascendante est presque deux fois moins forte (22 % sont
en mobilité ascendante par rapport à leur père) et leur mobilité descendante est
beaucoup plus importante.
S’ENTRAÎNER
p. 217
1 Autoévaluation
1. Les filles d’agricultrice deviennent plus souvent ouvrières ou employées non qua-
lifiées que les fils d’agriculteur.
2. Les fils de père ouvrier ou employé qualifié ont moins de chances de devenir pro-
fession intermédiaire que les filles de même origine.
3. Les filles de mère cadre ont moins de chances de devenir elles-mêmes cadres que
les fils de cadre.
4. Les filles sont plus souvent en mobilité ascendante par rapport à leur mère que
par rapport à leur père.
2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
§1 La mobilité sociale des femmes, comme celle des hommes, est en augmentation
depuis 40 ans.
§2 Si on les compare à leur mère, les femmes connaissent davantage de mobilité,
notamment ascendante, que les hommes si on les compare à leur père.
§3 Toutefois, lorsqu’on les compare à leur père, les femmes connaissent moins de
mobilité ascendante et plus de mobilité descendante que les hommes.
p. 218
Cette vidéo présente l’évolution des ouvriers dans la société française depuis les années
1970 et interroge leur disparition supposée. Elle permet de revenir avec les élèves
sur les modifications de la structure socioprofessionnelle abordées dans le chapitre
précédent et d’introduire la question de la mobilité structurelle.
1. La proportion d’ouvriers dans la population active a fortement diminué puisqu’ils
représentaient 40 % de la population active en 1970 contre environ 20 % aujourd’hui.
2. Cette diminution du nombre d’ouvriers (de 7,2 millions à 6 millions) s’est accompagnée
d’une transformation de leurs conditions de travail (ils ne travaillent plus forcément
aujourd’hui dans l’industrie et dans les grandes entreprises) et d’une baisse de leur
représentation (baisse de la syndicalisation, effondrement du Parti communiste). Ce
sont ces processus qui ont participé à leur invisibilisation.
3. La diminution de la proportion d’ouvriers dans la population active a dû conduire
à de la mobilité sociale puisque tous les enfants d’ouvriers n’ont pas pu devenir
ouvriers eux-mêmes.
C
2 Une mobilité qui s’explique en partie par l’évolution des emplois
DO
p. 218
Ce graphique et le texte qui l’accompagne permettent de revenir sur l’évolution de
la structure socioprofessionnelle depuis les années 1960 en France, afin de mettre
en évidence son influence sur la mobilité sociale (mobilité structurelle). Le texte
permet également de montrer l’importance de distinguer la mobilité observée et la
fluidité sociale.
1. La proportion d’agriculteurs dans la population active est passée de 15,4 % en 1962
à 1,9 % en 2014, soit une baisse de 13,5 points de %. Elle a été divisée par 8 alors que
dans le même temps la proportion de cadres supérieurs et moyens était multipliée
par plus de 2 (ou +24,2 points de %).
2. La forte diminution de la proportion d’agriculteurs dans la population active a
rendu plus difficile l’accès à ce statut, alors qu’à l’inverse la multiplication par plus
de deux de la proportion d’emplois de cadres a facilité l’accès à ces emplois, et donc
la mobilité sociale ascendante.
3. Ces évolutions de la répartition des emplois entre les générations favorisent la
mobilité sociale (on parle de mobilité structurelle) mais ne suffisent pas à expliquer
toute la mobilité. Il reste ce que les sociologues appellent une « mobilité nette » qui
est la différence entre la mobilité observée et la mobilité structurelle.
4. De même l’existence d’une forte mobilité observée n’implique pas forcément
que l’inégalité des chances diminue dans la société. La fluidité sociale, c’est-à-dire
la force du lien entre origine et position sociale, qui mesure les inégalités sociales
d’accès aux positions sociales, peut en effet stagner alors même que la mobilité
observée augmente (voir EC1 page 232 et exemple de paragraphe « AEI » page 370
pour s’entraîner à expliquer et illustrer ce raisonnement).
p. 219
Ce graphique, construit à partir des différentes enquêtes FQP réalisées par l’INSEE
depuis 1977, présente l’évolution de la mobilité sociale (nette et structurelle) et de
la fluidité sociale. Il permet de mesurer les évolutions respectives de ces indicateurs
sur près de 40 ans en France.
1. En 1977, 43 % des hommes âgés de 40 à 59 ans étaient immobiles socialement.
En 2003, la mobilité structurelle concernait 25 % des hommes âgés de 40 à 59 ans.
2. En 1977, 57 % des hommes âgés de 40 à 59 ans étaient mobiles, la mobilité struc-
turelle représentait 35 % (20/57) de cette mobilité. En 2014-2015, ce sont 63 % des
hommes âgés de 40 à 59 ans qui sont mobiles, soit 6 points de % de plus (la mobilité
structurelle représente 28,6 % de cette mobilité).
3. L’augmentation de la mobilité sociale observée entre 1977 et 2014-2015 s’est
traduite par une augmentation de la fluidité sociale, sans que cette évolution soit
linéaire. Entre 1977 et 1985, la mobilité sociale a augmenté et pourtant la fluidité
sociale a diminué puisqu’on est passé d’un odds ratio de 90 à 99,5. Au contraire, entre
2003 et 2014-2015, la mobilité sociale a légèrement diminué alors que la fluidité
sociale est restée la même.
S’ENTRAÎNER
p. 219
1 Autoévaluation
Dans les études de mobilité, la mobilité observée correspond à la proportion des
individus qui occupent une position différente de celle de leurs parents. Une partie de
cette mobilité s’explique par des changements dans les emplois entre la génération
des parents et celle des enfants : on parle de mobilité structurelle. Pour mesurer la
mobilité indépendamment de ces changements dans la structure des emplois, les
sociologues mesurent une mobilité relative en comparant la mobilité d’une catégorie
par rapport à une autre (par exemple la mobilité des cadres par rapport à celle des
ouvriers). Cette mesure donne une indication de la fluidité sociale, c’est-à-dire du
niveau d’égalité des chances dans la société à travers la force du lien entre origine et
position sociale pour les différentes catégories sociales.
2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
§1 Une évolution des emplois entre la génération des pères et celle des fils.
§2 Cette évolution des emplois crée une mobilité structurelle qui favorise la mobilité
sociale.
Chapitre 8 – Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ? • 215
§3 Cette mobilité structurelle n’est pas toujours une mobilité ascendante.
§4 Et elle n’implique pas forcément une augmentation de la fluidité sociale.
p. 220
Cette photo et le texte qui l’accompagne retracent le parcours de trois générations
de Pinault et permettent d’introduire les différents facteurs de mobilité sociale.
Dans le cas de la famille Pinault, il s’agit d’une véritable dynastie, reconnaissable à
la transmission de ressources économiques, sociales et culturelles (le même nom, et
le même prénom : tous s’appellent « François » Pinault).
1. François Pinault a acquis sa première entreprise et fait sa fortune dans le commerce
du bois en se mariant à la fille du fournisseur de bois de son père. Son fils (François-
Henri) va faire sa carrière dans l’entreprise de son père et en prend la tête en 2005.
Son petit-fils (François-Louis) accède déjà à 18 ans au conseil d’administration de la
fondation Pinault.
2. Le fils de François Pinault a bénéficié des ressources familiales, économiques,
sociales (les relations du père) et culturelles, mais il a aussi fait de brillantes études
en étant diplômé d’une grande école de commerce très sélective (HEC).
C
2 Les ressorts de la mobilité sociale dans une famille d’origine algérienne
DO
p. 220
Ce texte présente l’importance du niveau de formation et des ressources familiales
dans l’accès à l’emploi des membres d’une famille franco-algérienne étudiée par le
sociologue Stéphane Beaud (la famille Belhoumi).
1. La socialisation est le processus d’apprentissage et d’intériorisation des manières
d’être, de faire et de penser propres à une société ou à un groupe social. Elle se déroule
en famille, mais aussi à l’école et dans les groupes de pairs.
2. Les trajectoires de mobilité ascendante connues par les sœurs aînées de la fra-
trie s’expliquent par leur réussite scolaire qui est elle-même la conséquence d’une
socialisation différenciée des filles et des garçons, mais aussi de rencontres décisives
(enseignants, animateurs) qui vont encourager ces filles dans leur parcours de réussite.
3. Les parcours des trois frères sont différents de ceux de leurs sœurs aînées car les frères
sont peu ou pas diplômés. Ils sont néanmoins, comme leurs sœurs, durablement en emploi.
4. Les positions sociales acquises par les trois frères s’expliquent ainsi davantage par
les ressources familiales que leur ont apportées les leurs sœurs aînées et les différents
types de capitaux (capital culturel, capital économique, capital social) qu’elles ont
mobilisés pour favoriser leur accès à l’emploi.
DO
p. 221
Ce graphique, publié par le ministère de l’Éducation nationale à partir des données
de l’enquête emploi de l’INSEE, permet de montrer l’importance du niveau de for-
mation dans l’accès aux emplois qualifiés mais aussi le rôle des ressources familiales
à travers la différence entre les enfants de cadres et professions intermédiaires et
les enfants d’ouvriers/employés.
1. En 2016, 66 % des enfants de cadres, de professions intermédiaires ou d’indépen-
dants, diplômés du supérieur court depuis 1 à 10 ans, occupent eux-mêmes un emploi
de cadre, de profession intermédiaire ou d’indépendant.
2. Le niveau de formation apparaît déterminant pour l’accès aux emplois de cadre
ou de profession intermédiaire. En effet, alors que parmi les enfants de cadres, de
professions intermédiaires ou d’indépendants, 88 % de ceux qui ont un diplôme du
supérieur long accèdent à ces emplois, ce ne sont que 17 % des non-bacheliers. De
même, parmi les enfants d’ouvriers et d’employés, 81 % de ceux qui ont un diplôme
du supérieur long accèdent à ces emplois de cadre ou de profession intermédiaire
contre seulement 10 % des non-bacheliers (soit 8 fois moins).
3. À niveau de formation équivalent, les enfants d’ouvriers et d’employés accèdent
moins souvent aux emplois de cadre et de profession intermédiaire. Quel que soit le
niveau de diplôme atteint, la proportion d’enfants de cadres, de professions inter-
médiaires ou d’indépendants qui le deviennent eux-mêmes est toujours de 7 ou 8
points de % supérieure à celle des enfants d’ouvriers ou d’employés.
4. Cet écart s’explique par les ressources familiales (capital économique et social
notamment) que les enfants de cadres et de professions intermédiaires peuvent
mobiliser pour faciliter leur accès à l’emploi. Le niveau de formation se combine
donc avec les ressources familiales pour expliquer l’accès différencié à l’emploi et les
trajectoires de mobilité.
C
4 Des configurations familiales parfois hétérogènes
DO
p. 221
Ce texte présente, à travers un extrait d’une monographie d’une famille, l’importance
des configurations familiales pour penser les trajectoires de mobilité des individus.
1. Mathis vit dans une famille de classe supérieure, bourgeoise dans le sens où son
capital économique est important. Toutefois sa mère est issue des classes populaires
et n’a pas fait d’études (elle n’a pas le bac), alors que son père a hérité, lui, des bras-
series de son propre père.
2. Cette famille dispose de ressources économiques importantes mais de peu de res-
sources culturelles. Elle peut donc mobiliser son capital économique pour assurer la
réussite de Mathis (par exemple, Mathis est inscrit dans une école privée Montessori)
mais ne dispose pas de ressources culturelles propices à la réussite scolaire.
3. Cette configuration familiale peut favoriser la réussite de Mathis car, grâce à ses
ressources économiques, cette famille peut lui payer des activités. Le fait que son
père possède une dizaine de brasseries peut aussi faciliter son accès à l’emploi et lui
permettre d’accéder à la même position sociale que son père.
La faiblesse des ressources culturelles de la famille peut, par contre, nuire à sa réussite
scolaire, freiner ses possibilités d’accès à l’emploi et, potentiellement, amener à une
mobilité descendante par rapport à son père.
Chapitre 8 – Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ? • 217
S’ENTRAÎNER
p. 221
1 Autoévaluation
1. Vrai.
2. Faux. Cela dépend aussi du capital économique et social des parents.
3. Faux. La taille de la fratrie, le degré d’homogamie des parents, la séparation/le
remariage des parents, l’origine migratoire... sont autant d’exemples de différences
de configurations familiales au sein d’une même classe sociale.
4. Vrai.
2 Étude d’un document
Ce graphique, publié par le ministère de l’Éducation nationale en 2017 dans le
numéro 27 de L’État de l’école, permet de mettre en évidence les différences d’accès
aux emplois de cadre et de profession intermédiaire selon le niveau de diplôme et
l’origine sociale des jeunes.
Pour les enfants de cadres et de professions intermédiaires comme pour les enfants
d’employés et d’ouvriers, les diplômes du supérieur permettent l’accès à des emplois de
cadre et de profession intermédiaire. Ainsi 81 % des enfants d’ouvriers ou d’employés,
sortis de formation initiale depuis 1 à 10 ans avec un diplôme du supérieur long, sont
devenus cadres ou professions intermédiaires et c’est le cas aussi de 66 % des enfants
de cadres et professions intermédiaires sortis avec un diplôme du supérieur court.
Ce rôle du diplôme n’est toutefois pas identique selon l’origine sociale des jeunes.
Les enfants de cadres et de professions intermédiaires sont plus nombreux, à niveau
de diplôme équivalent, à accéder aux emplois de cadre et de profession intermédiaire.
Ainsi, ce sont 88 % des enfants de cadres ou de professions intermédiaires diplômés
du supérieur long qui accèdent à ces emplois, contre 81 % des enfants d’ouvriers et
d’employés, soit 7 points de % de moins. On retrouve ce même écart désavantageux
de 7 points de % pour les jeunes diplômés du supérieur court mais aussi pour les
bacheliers et les non-bacheliers.
TIVIT
É1
AC
Enquêter
ÉTAPE 4 ANALYSER
Le dernier temps de l’activité est celui de l’analyse qui permet de comparer la table
de mobilité ainsi créée avec celles étudiées dans le chapitre et de comprendre la
spécificité des trajectoires sociales des familles des élèves de la classe.
TIVIT
É2
AC
ÉTAPE 3 SYNTHÈSE
Alors que, pour étudier la mobilité sociale, les sociologues utilisent la profession
et la catégorie socioprofessionnelle à laquelle les individus appartiennent, les éco-
nomistes vont utiliser le niveau de revenu des individus.
Ainsi, les sociologues mesurent le niveau de mobilité en comparant la proportion
d’individus qui occupent une catégorie socioprofessionnelle différente de celle de
leur parent (père/mère) alors que les économistes mesurent le niveau de mobilité en
comparant la proportion d’individus qui ont un revenu plus élevé que leurs parents ou
le taux d’évolution du revenu qu’induit le fait d’avoir des parents ayant des revenus
plus ou moins élevés.
TIVIT
É3
AC
Chapitre 8 – Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ? • 221
UTILISEZ LES STATISTIQUES
p. 229
1 Vrai ou faux ?
p. 230
1. Faux. Cela désigne les changements de profession d’un individu au cours de sa vie.
2. Vrai.
3. Faux. Le nombre de catégories utilisées influence la mobilité observée. Plus on
distingue de catégories et plus on mesurera de la mobilité, et inversement.
4. Vrai.
5. Faux. La mobilité structurelle désigne la mobilité sociale qui s’explique par les
évolutions dans la structure des emplois d’une génération à l’autre.
6. Faux. La fluidité sociale mesure une mobilité relative, l’influence de l’origine sociale
sur la destinée des individus d’un groupe par rapport à un autre.
5 La mesure de la mobilité
p. 231
Niveau Reproduction
de formation sociale
Configurations Emploi
familiales obtenu
Ressources Mobilité
familiales sociale
Chapitre 8 – Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ? • 223
sociale différente de celle de leurs parents, alors que la fluidité sociale est la situation
dans laquelle les individus ont la même probabilité d’accéder à une position donnée
plutôt qu’une autre, indépendamment de leur origine sociale et de l’évolution de la
structure des PCS d’une génération à l’autre. Ainsi, l’on peut observer une augmen-
tation de la mobilité observée sans que la fluidité sociale soit modifiée. C’est le cas
par exemple si, du fait de l’augmentation du nombre de cadres, on observe plus de
fils d’ouvriers qui deviennent cadres mais aussi plus de fils de cadres qui deviennent
eux aussi cadres. On peut alors avoir plus de mobilité observée mais une mobilité
relative entre fils de cadres et fils d’ouvriers qui reste la même, et donc une fluidité
sociale constante. La fluidité sociale est ainsi souvent considérée comme la mesure
de l’égalité des chances dans une société.
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
Chapitre 8 – Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ? • 227
9 Quelles mutations du travail
et de l’emploi ?
ANALYSE DU PROGRAMME
p. 236
Ce chapitre reprend en partie des éléments traités dans des chapitres du programme
antérieur placés dans un « regard croisé » sur « Travail, emploi et chômage ». Placé
dorénavant dans la partie « Sociologie et science politique », c’est dans les faits bel
et bien un « regard croisé », convoquant des analyses d’économistes, de sociologues,
et plus généralement de chercheurs travaillant en interdisciplinarité sur le travail et
l’emploi. Il consiste en cinq objectifs d’apprentissage que nous regroupons en trois
parties.
Tout d’abord, il s’agit de définir les concepts de travail et d’emploi, d’activité et
d’inactivité, ce qui permet de distinguer trois situations possibles pour les personnes :
emploi (salarié / non-salarié), chômage et inactivité. Ce préalable permet d’analy-
ser ensuite les divers critères qui déterminent la qualité des emplois : conditions
de travail, niveau de salaire, sécurité économique, horizon de carrière, potentiel de
formation, variété des tâches.
Ensuite, le chapitre invite à explorer les évolutions de l’organisation du travail et ses
effets sur les conditions de travail, en étudiant notamment le modèle d’organisation
taylorien et celui post-taylorien.
Enfin, le chapitre aborde les effets des mutations du travail et de l’emploi, que ce
soit avec le développement du numérique ou avec les évolutions de l’emploi (préca-
risation, taux persistant de chômage élevé, polarisation de la qualité des emplois)
qui affaiblissent l’intégration sociale.
ORGANISATION DU CHAPITRE
Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils
permettent de couvrir tout le programme en environ six séquences de cours de deux
heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux
épreuves écrites et orales, sur une durée totale de seize heures (soit un peu moins de
trois semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires et
du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves
terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.
A Du travail à l’emploi
– Dossier 1 « Quelles sont les frontières de l’emploi ? », sur la distinction entre travail
et emploi, puis entre emploi, chômage et inactivité, et enfin entre emploi salarié /
non-salarié ;
– Dossier 2 « Qu’est-ce qui fait la qualité d’un emploi ? », sur les critères qui déter-
minent la qualité des emplois.
OUVERTURE DU CHAPITRE
p. 236-237
Dans le manuel, trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce
chapitre :
– Découvrir par la vidéo montre, à travers un célèbre extrait du film Les Temps
modernes de Charlie Chaplin (1936), ce qu’est le travail à la chaîne et ses effets sur
les conditions de travail.
1. Le travail à la chaîne est une organisation du travail où le produit circule entre les
travailleurs immobiles, chacun étant spécialisé sur une tâche particulière.
2. Le personnage incarné par Charlie Chaplin est tellement accaparé par une tâche
unique qu’il ne pense plus qu’à cela, et perd sa santé mentale (« He’s crazy ! »).
A Du travail à l’emploi
p. 238
Ces quatre photographies permettent d’appliquer la définition des notions de travail
et d’emploi sur quatre exemples pour les distinguer.
1. Toutes ces personnes effectuent un travail, c’est-à-dire une activité humaine
de production de bien ou de service, que ces activités soient rémunérées ou non,
déclarées ou non. À ce titre, le travail domestique (d) et une activité artistique non
déclarée payée au « chapeau » (b) sont bien des formes de travail, tout autant que
faire la cuisine dans un restaurant (c) ou jouer une pièce de théâtre sur une scène
professionnelle (a).
2. Les comédiens professionnels qui jouent une pièce de théâtre (a) et la cuisinière
de restaurant (c) occupent un emploi, puisqu’ils réalisent une activité de production
rémunérée et déclarée, qui contribue à définir leur statut social. L’artiste de rue (b) et
le père qui garde son enfant et fait la cuisine à la maison (d) n’occupent pas un emploi,
ou plutôt ces activités ne définissent pas un emploi, car elles sont, non déclarée dans
le premier cas, et non rémunérée dans le second.
3. Situations comparables qui permettent de différencier travail et emploi : faire la
vaisselle à la maison (travail domestique) / faire la plonge dans un restaurant (emploi) ;
amener un plat préparé en vélo à un ami (travail) / amener un plat préparé en vélo à
un client (emploi) ; garder ses enfants (travail domestique) ou faire du baby-sitting
non déclaré (travail) / se faire payer et déclarer pour garder les enfants d’autres
personnes (emploi).
230 • II – Sociologie et science politique
C
2 Emploi, chômage et inactivité
DO
p. 238
Ce document statistique permet de représenter schématiquement la répartition de
la population en âge de travailler en France entre emploi, chômage et inactivité, en
mettant en évidence au sein de la population inactive le halo autour du chômage,
regroupant trois types de situations intermédiaires entre chômage et inactivité.
1. La population active regroupe l’ensemble des personnes en âge de travailler qui
ont un emploi ou en recherchent un et sont disponibles pour l’occuper.
2. Population active = Emploi + Chômage = 27 176 000 + 2 506 000 = 29 682 000
Taux d’activité = 29 682 000 / 53 675 000 = 0,553 = 55,3 %
3. Deux possibilités de calcul pour comparer le halo autour du chômage au chômage :
- halo / chômage = 1 628 000 / 2 506 000 = 0,65 = 65 % En 2019, le halo autour du
chômage, non comptabilisé dans le chômage, représente 65 % du chômage mesuré
par l’INSEE.
- chômage / (chômage + halo) = 2 506 000 / (2 506 000 + 1 628 000) = 0,61 = 61 %
Le chômage ne représente que 61 % de l’ensemble formé par le chômage et le
halo autour du chômage ; inversement, le halo autour du chômage représente 31 %
de l’ensemble formé par le chômage et le halo autour du chômage.
4. Les personnes comptabilisées dans le halo autour du chômage sont des personnes
inactives qui présentent certaines des caractéristiques des chômeurs, parce qu’elles
peuvent rechercher un emploi mais être indisponibles (composante 1), ou parce qu’elles
souhaitent travailler sans avoir prouvé qu’elles recherchent un emploi (composante
2, avec des personnes par ailleurs disponibles ; composante 3, avec des personnes
indisponibles). Ces deux dernières composantes du halo sont parfois appelées les
« chômeurs découragés ».
C
3 L’impossible définition du travail ?
DO
p. 239
Ce texte de la sociologue du travail Marie-Anne Dujarier est tiré du Manuel indocile
de sciences sociales (2019), une source très riche de textes complémentaires sur
l’ensemble du programme de SES. Elle y aborde les difficultés à définir ce qui est un
travail et ce qui est un emploi à travers l’exemple d’un joueur de jeux vidéo qui met
ses parties en ligne, une situation de travail qui comporte certaines caractéristiques
d’un emploi, sans être considérée comme telle par les pouvoirs publics.
1. L’activité d’Alex comporte certaines des caractéristiques d’un emploi (voir définition
dans l’encadré « Ne pas confondre ») : c’est bien une activité humaine de production
d’un service (les vidéos en ligne), ce qui permet de qualifier cette activité comme
un travail ; cette activité est rémunérée et Alex déclare ses revenus, donc ce travail
comporte ces deux caractéristiques de l’emploi. Cependant, pour les statistiques
publiques (la comptabilité nationale), ce n’est pas un travail mais un loisir, donc ce
ne peut être un emploi. En effet, Alex ne cotise pas à la Sécurité sociale en tant que
travailleur. Par ailleurs, Alex n’a peut-être pas encore 16 ans (la loi autorise le travail
à 16 ans seulement, ou à partir de 14 ans dans des cas précis).
2. Cette activité est non salariée car Alex n’est pas lié par un contrat de travail à un
employeur.
3. En ne cotisant pas à la Sécurité sociale, Alex n’acquiert pas les droits sociaux qui
en découlent, notamment le droit à la retraite et aux allocations chômage.
S’ENTRAÎNER
p. 239
1 Autoévaluation
Population totale = Population active + Population inactive
Population active = Emploi + Chômage
Emploi = Salariés + Non-salariés
2 Mobiliser ses connaissances
La frontière entre emploi, chômage et inactivité est parfois incertaine. Ainsi, des
personnes ont une situation intermédiaire entre le chômage et l’inactivité, dans ce
que l’INSEE appelle le « halo autour du chômage ». C’est le cas, par exemple, des
« chômeurs découragés », des personnes qui n’ont pas d’emploi, n’en recherchent pas
un mais souhaiteraient travailler (1 276 000 personnes en France en 2019, c’est-à-dire
le halo composantes 2 + 3). C’est le cas aussi des personnes qui sont au chômage mais
sont indisponibles car elles sont, par exemple, en formation (352 000 personnes en
France en 2019, c’est-à-dire le halo composante 1).
p. 240
Cette vidéo de l’Onisep fait partie d’une collection de vidéos qui peuvent être utili-
sées pour entrer dans le questionnement sur la qualité des emplois. L’exemple des
employé(e)s de restaurant est utile car il combine des critères ambivalents.
1. Critères qui font penser qu’employé(e) de restaurant est un emploi de qualité :
polyvalence ; mobilité vers « chef de rang » ou « maître d’hôtel » ; possibilités de
formation continue ; salaire qui peut être complété par des pourboires ou même
être assez élevé dans des restaurants prestigieux et exigeants (restaurants étoilés,
grands hôtels).
2. Critères qui font penser qu’employé(e) de restaurant n’est pas un emploi de qualité :
amplitude des horaires (« lever tôt », « coucher tard ») ; rythme élevé des cadences ;
au contact permanent de la clientèle, ce qui génère du stress ; salaire faible en début
de carrière (SMIC).
Pour aller plus loin
Voir ici l’ensemble des vidéos de l’Onisep en images animées qui présentent des métiers
http://www.onisep.fr/Les-metiers-animes
C
2 Des horizons de carrière et un potentiel de formation inégaux
DO
p. 240
Ce double document combine un texte et un tableau tirés tous deux d’une publication
récente du Cereq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) qui analyse
des parcours de salariés entre 2014 et 2017. Il permet de montrer que l’horizon de
carrière est étroitement lié au potentiel de formation, et que ce potentiel de formation
est lui-même lié au niveau de formation initiale des salariés.
1. Les caractéristiques des salariés selon le type de parcours.
Salariés avec des parcours ascendants Salariés avec des parcours bloqués
Niveau de diplôme et de qualification élevé Niveau de diplôme et de qualification faible
Intérêt pour le travail, peu pénible et varié Conditions de travail défavorables : travail pénible ou répétitif
Salaires élevés Salaires faibles
2. Les pratiques de formation sont très différentes entre les salariés avec des parcours
ascendants et ceux avec des parcours bloqués. En effet, 81 % des premiers déclarent
avoir accédé à une formation dans le cadre de leur travail entre 2014 et 2017, alors que
seulement 48 % sont dans ce cas pour ceux qui ont un parcours bloqué. Pourtant, les
deux catégories de salariés souhaitent, dans des proportions équivalentes, se former
dans les cinq années à venir (74 et 70 %). Par ailleurs, alors que 79 % des salariés
en parcours ascendant ont participé à un entretien professionnel au cours des trois
années précédentes, seulement 48 % des salariés au parcours bloqué sont dans ce cas.
Chapitre 9 – Quelles mutations du travail et de l’emploi ? • 233
3. Il semble que les salariés avec le niveau de diplôme le plus élevé ont le plus de
chances d’accéder à des formations permanentes, un facteur crucial pour l’ascen-
sion professionnelle. La formation en cours de carrière semble donc être un facteur
d’augmentation des inégalités entre salariés.
C
3 Des salaires inégaux entre et au sein des professions
DO
p. 241
Ce graphique permet de montrer que le salaire net, un des critères de la qualité de
l’emploi, est très inégal entre les professions, mais aussi au sein des professions, et
particulièrement au sein des professions les plus qualifiés.
1. Selon l’INSEE, en France, en 2015, 10 % des ouvriers du privé gagnent plus de 2
200 euros nets par mois, alors que 10 % gagnent moins de 1 100 euros par mois. Par
ailleurs, la moitié gagne plus de 1 600 euros par mois, et l’autre moitié gagne moins
(c’est la médiane).
2. Par ordre décroissant de salaire médian : cadres > professions intermédiaires >
ouvriers > employés.
3. Il est possible de calculer le rapport inter-déciles dans les quatre groupes
socioprofessionnels.
Professions
Cadres Employés Ouvriers
intermédiaires
D9/D1 = 6 300/2 200 = 3 100/1 400 = 2 200/1 100 = 2 200/1 100
= 2,86 = 2,21 =2 =2
4. C’est au sein des professions de cadres que les salaires sont les plus inégaux. En
effet, le salaire le plus bas des 10 % de cadres qui gagnent le plus est presque 3 fois
plus élevé que le salaire le plus élevé des 10 % qui gagnent le moins. Ce rapport est
seulement de 2 au sein des ouvriers et des employés. C’est lié au fait qu’un diplôme
permet des niveaux de salaires très différents selon le type d’employeur (privé ou
public, taille de l’entreprise), le statut (les professions libérales, cadres indépen-
dants ont souvent des rémunérations élevées), la branche (la finance concentre
par exemple des salaires élevés). C’est aussi lié au fait que les cadres ont davantage
accès à la formation permanente (voir document 2), d’où des parcours ascendants
pour certains, mais très inégaux.
p. 242
Cette vidéo extraite d’un documentaire présente les grands principes du taylorisme,
tel qu’il a été conçu par Frederick Winslow Taylor à la fin du xixe siècle (entre 1898-
1901 à la Bethlehem Steel) et théorisé dans un livre paru en 1911.
1. Taylor chronomètre le travail pour mesurer la productivité des travailleurs, et donc
l’augmenter par l’adoption de méthodes de travail plus efficaces (exemples donnés
dans la vidéo : l’ouvrier Schmidt dans la métallurgie, qui passe de 12t à 47t de fonte
transportées par jour ; Margaret Owen, sténodactylo, qui bat le record du monde de
vitesse en dactylo, avec plus de 150 mots par minute).
2. La répétition des gestes permet d’accroître l’habileté et les travailleurs ne perdent
pas de temps à passer d’une activité à une autre.
p. 242
Ce texte est issu du livre de Jean-Baptiste Malet (En Amazonie, 2013, qui a reçu le prix
lycéen du livre d’économie et de sciences sociales), une enquête menée en observation
participante par le journaliste, infiltré dans les entrepôts d’Amazon. L’extrait permet
de souligner la permanence des principes tayloriens dans certaines entreprises.
1. Cette « usine », qui est un entrepôt de logistique, produit des colis à partir d’une
« matière première », les articles achetés par les consommateurs.
2. Le scanner sert également à mesurer la productivité de chaque travailleur, résultats
individuels et collectifs qui sont ensuite affichés et communiqués aux travailleurs, et
sur lesquels sont basés des primes.
3. L’organisation du travail chez Amazon reprend les principes de division horizontale
du travail (spécialisation), de division verticale du travail (contrôle par la hiérarchie
des temps et des mouvements), mais aussi de rémunération au rendement (primes
de productivité).
Pour aller plus loin
Une interview de Jean-Baptiste Malet qui revient en 2018 sur son enquête, Arte Thema.
Vidéo (10 min 35 s) : https://youtu.be/TRUt8qbPCmc).
C
3 Du travail standardisé au travail flexible
DO
p. 243
Ce texte explique les caractéristiques du modèle d’organisation post-taylorien qui
émerge au cours des années 1970, avec le passage d’un travail standardisé à un
travail flexible.
1. Les entreprises subissent une « injonction du juste-à-temps » qu’elles incorporent dans
l’organisation du travail. En effet, elles connaissent un « essoufflement de la norme de la
consommation de masse », une consommation plus instable et diversifiée, d’où l’impor-
tance de produire en « juste-à-temps » : produire quand une demande s’exprime, et en
tenant compte des dimensions autant qualitatives que quantitatives de cette demande.
2. Des éléments dans le texte font référence :
– à la flexibilité du travail (« une reconfiguration des configurations de travail et une
revalorisation générale de l’adaptation », au début du second paragraphe ; « un type
de travailleur qui se distingue du travailleur taylorien par sa flexibilité, sa souplesse,
sa capacité d’ajustement aux vicissitudes de la demande et du réseau dont il fait
partie », à la fin du second paragraphe) ;
– à la recomposition des tâches (« un travail intégrant des compétences et des tâches
multiples », premier paragraphe ; « de la polyvalence », au milieu du second para-
graphe ; « un élargissement de ses compétences », à la fin du second paragraphe) ;
– au management participatif (« À travers la participation, l’ “investissement” demandé
236 • II – Sociologie et science politique
aux employés, l’entreprise semble faire droit aux compétences singulières de la
personne », à la fin du premier paragraphe ; « de la responsabilité et des qualités de
communication du travailleur », au milieu du second paragraphe).
3. C’est l’injonction de juste-à-temps dans la production qui entraîne cette contrainte
permanente de s’ajuster à la demande, en quantité comme en qualité, et donc une
recomposition des tâches avec une polyvalence accrue des travailleurs.
C
4 Autonomie ou travail contraint ?
DO
p. 243
Ce tableau statistique tiré de l’enquête de la DARES (ministère du Travail) sur les
conditions de travail permet d’évaluer l’importance en 2013 des contraintes mais
aussi de l’autonomie pour différentes catégories sociales de travailleurs salariés.
1. En France, en 2013, 8 % des cadres indiquent subir au moins trois contraintes
physiques dans le cadre de leur travail, alors que c’est le cas pour 34 % des salariés
toutes catégories sociales confondues. Les cadres sont donc en moyenne 4 fois moins
touchés que l’ensemble des salariés par ces contraintes physiques.
En France, en 2013, 74 % des cadres indiquent devoir s’interrompre pour effectuer
une tâche non prévue, alors que c’est le cas pour 64 % des salariés toutes catégories
sociales confondues. Les cadres sont donc légèrement plus concernés par cette
contrainte que l’ensemble des salariés, puisque la proportion de cadres concernés
est de 10 points supérieure à celle de l’ensemble des salariés.
2. Les ouvriers sont les plus concernés par les contraintes physiques et par les
contraintes de rythme de travail. En effet, parmi les ouvriers qualifiés et non qualifiés,
respectivement 63 % et 64 % déclarent subir au moins trois contraintes physiques,
soit deux fois plus que l’ensemble des salariés.
Les cadres disposent de la plus grande autonomie. En effet, 11 % seulement déclarent
avoir un travail répétitif, alors que c’est le cas de 41 % de l’ensemble des salariés. Par
ailleurs, 16 % seulement déclarent ne pas pouvoir régler par eux-mêmes les incidents,
alors que c’est le cas de 30 % de l’ensemble des salariés.
3. L’autonomie ne signifie pas l’absence de contrainte. Ainsi, les cadres déclarent à la
fois être plus autonomes que les autres salariés et avoir des contraintes plus fortes
de pression temporelle : 51 % déclarent devoir se dépêcher, beaucoup plus que les
ouvriers qualifiés (44 %) et non qualifiés (40 %) ; 74 % déclarent devoir s’interrompre
pour effectuer une tâche non prévue, beaucoup plus que les ouvriers qualifiés (52 %)
et non qualifiés (44 %).
S’ENTRAÎNER
p. 243
1 Autoévaluation
Taylorisme Post-taylorisme
Relation hiérarchique stricte Flexibilité
Division verticale du travail Management participatif
Division horizontale du travail Recomposition des tâches
p. 244
Cette vidéo a été conçue et coécrite avec Isaac Getz, professeur de management et
initiateur de cette notion d’« entreprise libérée », une conception de l’entreprise qui
pousserait dans ses retranchements le management participatif et la flexibilité du
travail. C’est un document de première main qui doit être l’objet d’un travail critique.
Il peut être complété par l’activité 1 « Le management participatif : révolution ou
mirage ? », notamment le document 3 page 250.
1. C’est une entreprise qui supprime au maximum les contraintes sur les travailleurs
(procédures, contrôles, surveillance, hiérarchie), où les travailleurs sont « libres et respon-
sables » d’entreprendre toutes les actions qu’ils estiment être bonnes pour l’entreprise.
2. Pour éviter que l’absence de hiérarchie ne devienne l’anarchie, il faut que le diri-
geant donne une vision des objectifs de l’entreprise qu’il arrive à partager avec les
travailleurs, des règles de « savoir-vivre », et que l’encadrement se mette au service
des travailleurs pour faciliter leur travail.
3. L’entreprise libérée pousse dans ses retranchements le concept de management
participatif évoqué dans le dossier précédent. Cependant, la libération totale du
travail présentée dans la vidéo masque le fait que les travailleurs sont recrutés par le
dirigeant d’entreprise et peuvent être renvoyés s’ils n’œuvrent pas suffisamment dans
l’intérêt de celle-ci. La hiérarchie est donc toujours présente. Par ailleurs, rien n’est
dit des motivations des travailleurs : comment les inciter à travailler dans l’intérêt
de l’entreprise ? par de simples incitations sans contraintes ? Enfin, il est présenté
comme évident que les salariés adhèrent à la vision de l’entreprise développée par
le dirigeant, comme si cette vision réconciliait nécessairement les intérêts des diri-
geants et des travailleurs.
C
2 Les enjeux du bien-être au travail
DO
p. 244
Ce texte et l’infographie qui l’accompagne interrogent le bien-être au travail, une
notion subjective que des enquêtes cherchent à apprécier, et qui reflète notamment
la qualité des conditions de travail.
p. 245
Ce texte de Danièle Linhart, sociologue du travail, souligne que le modèle d’organi-
sation post-taylorien a des effets ambivalents sur les conditions de travail.
1. La flexibilité de la production qui s’impose à partir des années 1970 exige de répondre
aux évolutions de la demande en « juste-à-temps ». En conséquence, les entreprises
« desserrent les contraintes temporelles » des salariés, en leur permettant plus de
marges d’autonomie sur l’heure de début du travail, et globalement sur les horaires
de travail avec des « horaires variables ».
2. Les entretiens individuels d’évaluation participent du management participatif,
puisqu’ils permettent de fixer à chaque salarié des objectifs pour l’année à venir qu’ils
doivent ensuite réaliser par leur participation à l’activité productive. Les travailleurs
disposent d’une certaine autonomie pour réaliser ces objectifs, mais aussi des res-
ponsabilités puisqu’ils sont évalués sur leur réalisation.
3. Les horaires variables permettent une meilleure conciliation entre vie professionnelle
et vie privée, mais déstructurent les relations sociales dans l’organisation en réduisant
les temps passés en commun. Par ailleurs, les entretiens individuels d’évaluation
permettent à la fois de mieux prendre en compte les performances de chacun en
donnant de l’autonomie dans le travail, mais s’accompagnent d’une évaluation qui
joue un rôle équivalent à celui d’une contrainte.
4. La polyvalence permet a priori de diminuer la répétitivité et donc l’ennui, voire la
pénibilité du travail. Mais, quand il s’agit d’une rotation des postes (changements
de postes dans la journée ou dans la semaine), elle diminue l’intensité des relations
sociales en limitant la durée des interactions entre deux travailleurs.
C
4 Quelle évolution des contraintes physiques et de l’intensité du travail ?
DO
p. 245
Ce document statistique issu des enquêtes sur les conditions de travail de la DARES
(ministère du Travail) permet d’apprécier l’évolution des contraintes physiques et de
l’intensité du travail entre 1984 et 2016.
1. En France, en 1984, environ 20 % des travailleurs salariés déclaraient subir un travail
répétitif, alors que 42 % étaient dans cette situation en 2016.
2. 42 – 20 = 22 points de %. En France, entre 1984 et 2016, la proportion de salariés
déclarant subir un travail répétitif a augmenté de 22 points de %.
Ou : 42/20 ≈ 2. En France, entre 1984 et 2016, la proportion de salariés déclarant
subir un travail répétitif a doublé.
3. Les contraintes caractéristiques des organisations post-tayloriennes sont le rythme
de travail imposé par une demande extérieure et la dépendance vis-à-vis des collègues.
4. Il ne semble pas que l’évolution de l’organisation du travail ait amélioré les condi-
tions de travail. D’une part, entre 1984 et 2016, les contraintes liées au modèle
d’organisation du travail taylorien se sont renforcées, que ce soit le travail répétitif
S’ENTRAÎNER
p. 245
Effet sur les conditions
1 Autoévaluation de travail
Positif Négatif
1. La polyvalence permet aux salariés de changer de poste dans la journée ou dans la semaine, X
ce qui introduit une certaine variété dans un univers répétitif.
2. Les augmentations individuelles de salaires permettent une reconnaissance des qualités X
et des efforts de chacun.
3. Les augmentations individuelles de salaires instituent des logiques de compétition, X
de concurrence entre membres des collectifs.
4. Les horaires variables entraînent un desserrement des contraintes temporelles accordé X
aux salariés.
p. 246
Ce dessin de presse a été réalisé par Patrick Chappatte en décembre 2013 alors
que Jeff Bezos, PDG d’Amazon, dévoilait le projet « Amazon Prime Air », un projet
de livraison par drones de paquets jusqu’à 2,3 kg « d’ici 4 ou 5 ans ». Tout comme
les projets de voitures autonomes financés par Uber et Lyft pour développer leurs
services de transport, mais sans chauffeurs, ce projet n’est pas encore concrétisé au
moment de l’édition de ce manuel (2020), pour des raisons détaillées dans l’encadré
« Repère ». Mais ces projets pourraient avoir des effets de polarisation des emplois.
1. Le travailleur en bleu de travail conduit la camionnette, la charge, livre les produits,
assure la relation finale avec le client (signature du bon de livraison).
2. Le drone permettrait de remplacer les tâches de conduite de la camionnette, la
livraison du produit, la signature du bon de livraison. Mais les tâches de pure manu-
tention dans les locaux d’Amazon pourraient demeurer humaines.
3. Ce travailleur pourrait devenir manutentionnaire dans un entrepôt, à assurer la
logistique de chargement des drones de livraison. Il ne perdrait donc pas nécessai-
rement son emploi.
4. Des emplois peu qualifiés de simple manutention pourraient être créés, mais aussi
des emplois très qualifiés de conception des drones et des algorithmes qui leur per-
mettent d’assurer la livraison.
Pour aller plus loin
- Vidéo dévoilée par Jeff Bezos (Amazon) en décembre 2013 présentant le projet
« Amazon Prime Air »
Vidéo (1 min 19 s) : https://youtu.be/98BIu9dpwHU
- Page dédiée à ce projet sur le site d’Amazon, avec des vidéos récentes :
https://www.amazon.com/b?node=8037720011
p. 247
Ce double document combine une vidéo sur les travailleurs des plateformes et un
texte qui présente le débat juridique sur le statut juridique des emplois en question,
considérés comme des indépendants par les plateformes, mais avec des caractéris-
tiques qui pourraient les assimiler à des salariés.
Actualisation : le 6 février 2020, Deliveroo a été condamné aux Prud’hommes pour
« travail déguisé » à la suite de la requalification du contrat de prestation de service
d’un de ses coursiers en contrat de travail ; d’autres procédures sont en cours.
1. Pour Alex :
Avantages du statut d’indépendant Inconvénients du statut d’indépendant
Travailler quand on le souhaite Revenus fluctuants
Travailler sans avoir un niveau d’études élevé Alex doit cotiser lui-même pour avoir une protection sociale
2. Les juges espagnols ont considéré que les chauffeurs-livreurs étaient des salariés
de Deliveroo car, une fois la commande acceptée, le livreur devait l’assurer selon les
règles stipulées par Deliveroo, et sans aucune autonomie. Ces chauffeurs-livreurs
ont donc été considérés comme « soumis à une relation de travail », donc salariés.
C
4 Le numérique brouille les frontières du travail
DO
p. 247
Ce texte présente une forme de travail apparue avec le développement du numérique :
le « travail du clic », payé à la tâche, des tâches commandées via des plateformes de
microtravail et réalisées en télétravail. Il permet d’illustrer l’idée que le numérique brouille
les frontières du travail : télétravail, entre travail et hors travail, entre travail et emploi.
1. Les travailleurs du clic utilisent des technologies de l’information et de la communi-
cation pour travailler à distance. Il s’agit donc de télétravail (voir encadré « Repère »).
2. Le travail du clic tel que le réalise Sarah Guyon n’est pas considéré par l’INSEE
comme un emploi mais comme une activité hors travail, car la rémunération reçue
n’est qu’un complément de revenu et car le travail réalisé n’est « ni encadré ni reconnu
comme tel », car intermédiaire entre travail et loisir (hors travail), entre travail et
emploi, entre emploi salarié et indépendant.
3. Cette non reconnaissance du microtravail ne permet pas aux travailleurs, d’une
part, d’être protégés par le droit du travail et, d’autre part, de cotiser et donc d’ob-
tenir une protection sociale.
242 • II – Sociologie et science politique
Pour aller plus loin
- Le sociologue Antonio Casilli a effectué une enquête remarquée sur le travail du clic
dans un ouvrage publié en 2019 : En attendant les robots, Enquête sur le travail du
clic, Éd. du Seuil. Il montre comment ce travail du clic est la face cachée et nécessaire
des algorithmes, que ce soient les réseaux sociaux, les plateformes de réservation,
les moteurs de recherche, etc.
https://www.seuil.com/ouvrage/en-attendant-les-robots-antonio-a-casilli/9782021401882
- Cet ouvrage a servi de trame à une série documentaire en quatre épisodes sur France
TV : « Invisibles, Les travailleurs du clic », février 2020 (20 à 30 minutes par épisode).
Vidéo : https://www.france.tv/slash/invisibles/
S’ENTRAÎNER
p. 247
1 Autoévaluation
1. Vrai.
2. Vrai.
3. Faux. La polarisation de l’emploi est la conséquence du progrès technique.
4. Faux. Le numérique conduit à la diminution des emplois de qualification intermédiaire.
2 Étude d’un document
Le numérique semble produire une polarisation de l’emploi dans les pays dévelop-
pés, En effet, selon Gregory Verdugo (OFCE), dans tous les pays, la part des emplois
intermédiaires baisse alors que la part des emplois peu qualifiés et qualifiés augmente,
la baisse des premiers étant exactement égale à la hausse des seconds.
Cependant, ce processus de polarisation est plus ou moins prononcé selon les pays.
Ainsi, en Irlande, entre 1993 et 2010, la part des emplois très qualifiés a augmenté
de 11 points de % et la part des emplois peu qualifiés de 4 points de %, alors que la
part des emplois intermédiaires baissait de 15 points de %, soit près d’un point de %
en moins par an sur la période. En revanche, sur la même période, en Allemagne, la
part des emplois très qualifiés a augmenté de seulement 4 points de % et la part des
emplois peu qualifiés de 2,5 points de %, alors que la part des emplois intermédiaires
baissait de 6,5 points de %.
p. 248
À travers l’exemple de Mickaël, travailleur pauvre et sans domicile fixe, ce reportage
permet d’interroger le rôle du travail comme source d’intégration sociale, puisque son
CDI ne lui permet pas de se conformer à une norme importante dans la vie sociale :
avoir un logement.
1. Mickaël a un emploi en CDI dans une société de nettoyage.
2. Son salaire est trop faible pour lui permettre de louer un appartement en ville, car
il faut un salaire au moins trois fois supérieur au loyer.
Chapitre 9 – Quelles mutations du travail et de l’emploi ? • 243
3. Outre les difficultés matérielles, de se nourrir et de se loger notamment, Mickaël
subit un isolement, qu’il estime encore plus difficile à supporter que le froid.
p. 249
Cet extrait d’un entretien avec Serge Paugam permet de dégager une typologie de
l’intégration par le travail et par l’emploi qui caractérise la solidarité organique au sein
des sociétés contemporaines, et en creux une typologie de la précarité du travail et
de la précarité de l’emploi qui affaiblissent l’intégration sociale.
1. Pour Émile Durkheim (voir chapitre 7 dédié au lien social, en 1re), la solidarité orga-
nique caractérise le lien social au sein des sociétés où la division du travail social est
poussée, un lien social qui repose sur l’interdépendance entre des individus différents.
2. La précarité du travail est liée à l’intensification du travail, quand le travail ne
permet pas d’atteindre les objectifs fixés par l’employeur, qu’il semble sans intérêt
aux yeux du travailleur, mal rémunéré, mal reconnu.
3. La précarité de l’emploi est liée à l’instabilité de l’emploi (contrats à durée déter-
minée par exemple) qui s’accompagne d’une vulnérabilité économique (pauvreté,
difficultés à se loger) et d’une diminution des droits à la protection sociale (retraite,
assurance chômage, mutuelle de santé).
4. La précarité du travail et de l’emploi conduit à affaiblir le lien social par le travail et
l’emploi. Les deux phénomènes affaiblissent à la fois les liens de protection (« compter
sur ») et les liens de reconnaissance (« compter pour »). Par exemple, l’intensification
p. 249
Ce tableau permet de mettre en œuvre les savoir-faire d’interprétation de proportions
pour évaluer quelles personnes sont les plus touchées par le chômage de longue durée
(au moins un an de chômage).
1. En France, en 2018, 3,8 % des actifs étaient au chômage depuis plus d’un an, ce
qui correspond à 1 122 000 personnes, soit 41,5 % des chômeurs.
2. Le risque de chômage de longue durée semble décroître avec l’âge, et concerner
particulièrement les actifs de 15 à 24 ans. Ainsi, en 2018, 5,1 % des actifs âgés de 15
à 24 ans étaient au chômage de longue durée, contre seulement 3,6 % des 25 à 49
ans et 3,7 % des 50 ans ou plus.
3. Le chômage de longue durée a beaucoup moins baissé pour les actifs âgés de plus
de 25 ans que pour les actifs âgés de moins de 25 ans. En effet, entre 2014 et 2018,
le taux de chômage de longue durée a baissé de 0,7 point de % pour les actifs de 25
à 49 ans, alors qu’il a baissé de 2,1 points de % pour les 15 à 24 ans.
4. Le chômage de longue durée affaiblit le pouvoir intégrateur du travail car l’éloi-
gnement du travail ne permet plus de développer la sociabilité et la socialisation
secondaire au sein des groupes de collègues. Par ailleurs, l’éloignement de l’emploi
induit des baisses de revenus et un affaiblissement des droits à la protection sociale,
ce qui se traduit par un déclassement en termes de statut social.
S’ENTRAÎNER
p. 249
1 Autoévaluation
1. Le développement des emplois précaires affaiblit le rôle intégrateur du travail.
2. Être un travailleur syndiqué est un signe d’intégration.
3. La précarité de l’emploi correspond à un risque de chômage élevé.
2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
En 1893, dans De la division du travail social, Émile Durkheim souligne le rôle
central que joue le travail dans l’intégration sociale des individus, d’autant plus dans
des sociétés caractérisées par une solidarité organique où les individus sont différents
mais où le travail qu’ils réalisent les rend interdépendants les uns des autres.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Comment le travail est-il source d’intégration sociale ?
Le travail est source d’intégration sociale via le rapport au travail des travailleurs (1),
mais aussi via le rapport à l’emploi (2).
(1) Le travail est source d’intégration sociale via les relations sociales qui se nouent
au travail : la sociabilité, la solidarité, mais aussi une socialisation secondaire.
(2) Par ailleurs, le travail est source d’intégration sociale grâce à l’accès à des emplois
qui confèrent des revenus, des droits à la protection sociale et un statut social.
En définitive, le travail est source d’intégration sociale car il est un des lieux essen-
tiels de la vie sociale des travailleurs, mais aussi car il prend la forme d’emplois qui
donnent accès aux ressources nécessaires (matérielles, symboliques, droits sociaux)
pour définir le statut social de chacun. En creux, ce rôle intégrateur du travail se
manifeste également chez ceux qui sont éloignés du travail et de l’emploi, notamment
ceux qui connaissent l’expérience du chômage de longue durée.
É1
AC
Rédiger un texte argumenté
ÉTAPE 2 SYNTHÈSE
Rédaction des deux paragraphes AEI :
Le management participatif est une révolution. En effet, il consiste en un rempla-
cement du management pyramidal par la participation de tous aux décisions dans
l’entreprise, des décisions prises en concertation ou par consensus. En mettant en
avant la concertation avec les salariés, mais aussi leur capacité à prendre certaines
décisions en autonomie, le management participatif est une rupture radicale avec
le principe de division verticale du travail qui était au cœur du modèle d’organisation
taylorien. Ainsi, chez Gore-Tex, entreprise de textile américaine qui met en œuvre les
principes de l’« entreprise libérée », une version radicale du management participatif,
l’unité de base est constituée de 250 personnes maximum, relativement autonomes,
et qui se choisissent elles-mêmes un « leader naturel ».
Le management participatif est un mirage. En effet, il suppose une concertation
permanente avec les travailleurs qui a un coût élevé, ce qui réduit la portée de ces
pratiques. Par ailleurs, la « libération » des travailleurs, au cœur d’une conception
maximaliste du management participatif, l’« entreprise libérée », permet surtout de
diminuer le pouvoir de l’encadrement au profit du pouvoir des dirigeants et du groupe
de collègues. Ainsi, chez Zappos, entreprise de vente en ligne qui a mis en place une
variante du modèle d’entreprise libérée, la pression très forte au sein des équipes
auto-organisées a conduit un salarié sur sept à démissionner.
É2
AC
Distinguer stocks et flux
1. En France, en 2017, à peine 12 % des emplois salariés étaient des emplois en CDD.
Erratum : dans les spécimens des enseignants, la donnée a été entourée dans le doc
2, alors que c’est la dernière donnée du doc 1 qui nous intéresse tout d’abord.
2. 12/6 = 2. En France, entre 1982 et 2017, la part des salariés en CDD dans l’ensemble
des salariés a doublé.
3. a) En 2017, pour 100 emplois salariés, il y avait 84 entrées en CDD et 79 sorties
de CDD.
b) En 2017, pour 100 emplois salariés, il y avait 13 entrées en CDI et 14 sorties de CDI.
4. Les contrats en CDD sont de plus en plus courts : 83 % sont d’une durée inférieure
à un mois en 2017, alors que cette proportion n’était que de 57 % en 1998. En consé-
quence, le nombre de contrats signés en CDD a beaucoup augmenté, des contrats
très courts qui multiplient les entrées et les sorties de l’emploi.
CDI : 88 %
Pour 100 des emplois salariés Pour 100
emplois, emplois,
13 emplois 14 emplois
en CDI, CDD : 12 % en CDI,
84 emplois des emplois salariés 79 emplois
en CDD. en CDD.
3. Les dernières décennies, depuis le début des années 1980, sont marquées par
une précarisation de l’emploi, c’est-à-dire par un développement de formes d’em-
plois avec des contrats à durée déterminée, comme les CDD. Ainsi, en France entre
1982 et 2017, la part des salariés en CDD a doublé, passant de 6 % à 12 %, ce qui
En France, entre 1984 et 2016, ce sont les contraintes de rythme liées au déplacement
automatisé d’un produit ou d’une pièce qui ont le plus augmenté, ainsi que celles liées
à la cadence automatique d’une machine. En effet, la part des salariés soumis à ces
contraintes a été multipliée respectivement par 2,3 et 2.
N. B. : Voir Fiche outil n°1 et Fiche outil n°2, où il est conseillé d’utiliser le coefficient
multiplicateur quand la proportion fait plus que doubler.
4. Données et calculs :
Variation absolue Coefficient
1984 2016
(en points de %) multiplicateur
Salariés soumis
à au moins
9,8 % 19,6 % 9,8 points de % 2
une contrainte
de rythme
1 QCM
p. 258
1. Pour l’INSEE, dans la population active sont comptabilisé(e)s les personnes en
emploi (a) et les personnes au chômage (b).
2. Le halo du chômage englobe les personnes en formation qui souhaiteraient tra-
vailler (c) et les chômeurs découragés (d).
3. Le pouvoir intégrateur du travail est affaibli par le chômage élevé (b), la précari-
sation (c).
4. Le post-taylorisme se caractérise par la recomposition des tâches (a), un mana-
gement participative (d).
5. La qualité de l’emploi depend du salaire (a), des conditions de travail (c).
6. La polarisation de l’emploi se traduit par le déclin des emplois de qualification
intermédiaire (c).
Sans emploi
Halo du Étudiants,
Emploi Chômage retraités,
chômage
« au foyer »
4 Mots croisés
p. 259
Horizontal : 2. polarisation – 5. précarisation – 8. flexibilité – 9. statut – 10. halo
Vertical : 1. inactivité – 3. taylorisme – 4. management – 6. salarié – 7. télétravail
Analyse du sujet
Vous montrerez que certaines évolutions de l’emploi peuvent affaiblir
le pouvoir intégrateur du travail.
- « montrerez » : la consigne est de relier par des relations de causalité les « évolutions
de l’emploi » et le « pouvoir intégrateur du travail ».
- « emploi » : travail rémunéré et déclaré qui permet d’acquérir un statut social du
fait de revenus et droits sociaux. Les formes d’emploi évoluent depuis le début des
années 1970 avec la précarisation et l’essor du chômage qui brouillent les frontières
entre emploi, chômage et inactivité. Plus récemment, le numérique se traduit
depuis les années 2000 par un renouveau du travail indépendant, un brouillage des
frontières entre travail/non-travail et une polarisation des emplois.
- « affaiblir » : le sujet indique que ces « évolutions de l’emploi » dégradent, diminuent,
remettent en question (ou tout autre synonyme) le « pouvoir intégrateur du travail ».
- « pouvoir intégrateur du travail » : le travail est une instance qui crée du lien social
et donc intègre les individus à la société, mais ce rôle intégrateur dépend des formes
que prennent les emplois.
Questionnement (ou problématique) : « Comment les évolutions de l’emploi affai-
blissent-elles le pouvoir intégrateur du travail ? »
Plans possibles
- Plan à 1 niveau
§1 La persistance du chômage élevé est source d’affaiblissement des liens sociaux à
cause de la perte des liens dans le travail et d’un éloignement de l’emploi qui dégrade
le statut social, jusqu’aux situations de découragement (halo).
§2 La précarisation de l’emploi crée des situations intermédiaires entre emploi et
chômage, voire entre emploi et inactivité (halo), qui affaiblissent les liens sociaux
par le travail.
§3 Le numérique favorise une polarisation des qualifications et une augmentation
des inégalités qui porte préjudice au lien social des moins qualifiés.
§4 Les emplois de service à la personne et de travailleurs pour les plateformes du
numérique se développent et permettent d’éviter le chômage pour les moins qualifiés,
mais isolent et s’accompagnent de statuts très précaires.
- Plan à 2 niveaux
I) Le chômage et la précarisation de l’emploi affaiblissent le pouvoir intégrateur du travail
§1 La persistance du chômage élevé est source d’affaiblissement des liens sociaux à
cause de la perte des liens dans le travail et d’un éloignement de l’emploi qui dégrade
le statut social, jusqu’aux situations de découragement (halo).
§2 La précarisation de l’emploi crée des situations intermédiaires entre emploi et
chômage qui affaiblissent les liens sociaux par le travail.
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
ANALYSE DU PROGRAMME
p. 264
Ce nouveau chapitre de science politique aborde des questionnements et des concepts
nouveaux pour les élèves. Si, dans l’ancien programme, l’entrée était celle de la
« conflictualité sociale », il s’agit désormais d’entrer par « l’engagement politique ».
Dans une première partie du chapitre, après avoir présenté l’engagement politique et
ses différentes formes (vote, militantisme, engagement associatif, consommation
engagée), on cherchera à expliquer les différents facteurs qui influencent l’engage-
ment politique. On présentera dans un premier temps les déterminants contextuels
de l’engagement politique, en partant du paradoxe de l’action collective. On mon-
trera ainsi comment les incitations sélectives, les rétributions symboliques et la
structure des opportunités politiques peuvent favoriser l’engagement politique.
On montrera ensuite que l’engagement politique est aussi influencé par les carac-
téristiques sociodémographiques des individus (sexe, âge et génération, niveau de
diplôme et catégorie socioprofessionnelle).
Dans une deuxième partie du chapitre, on s’intéressera à l’engagement dans l’action
collective en étudiant plus particulièrement la diversité et les transformations de
l’action collective. Après avoir montré l’évolution et la diversité des revendications
collectives, depuis les conflits du travail jusqu’à l’émergence de nouveaux enjeux
de mobilisation et de luttes minoritaires, on s’intéressera à la diversité des acteurs
(partis politiques, syndicats, associations, groupements) et à la transformation du
répertoire d’action collective.
ORGANISATION DU CHAPITRE
Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils per-
mettent de couvrir tout le programme en environ cinq séquences de cours de deux
heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux
épreuves écrites et orales, sur une durée totale de quatorze heures (soit un peu plus
de deux semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires
et du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves
terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.
OUVERTURE DU CHAPITRE
p. 264-265
Dans le manuel, trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce
chapitre :
– Découvrir par la vidéo invite les élèves, à partir de témoignages de jeunes, à réfléchir
à ce qu’est l’engagement dans nos sociétés et à ce qu’il apporte.
1. Ces jeunes perçoivent l’engagement de façons diverses. Ils y voient un acte citoyen,
une manière de vivre activement sa citoyenneté. C’est aussi un moyen de changer
les choses, de mettre en action ses convictions. Enfin l’engagement est vu comme
un partage qui permet des rencontres et joue un rôle formateur pour les individus.
2. Réponses des élèves.
– Découvrir par l’image invite les élèves, à partir de deux photos d’actualité, à réflé-
chir aux différentes formes que peut prendre l’engagement politique et aux facteurs
qui l’influence.
1. Ces personnes se mobilisent pour des enjeux écologiques : le climat pour la pre-
mière photo, les méthodes de pêche et la biodiversité pour la deuxième photo. Ils se
mobilisent par contre de façon différente. Dans la première photo, Greta Thunberg
participe à une manifestation et milite pour une grève des jeunes. Dans la deuxième
photo, Greenpeace se mobilise en faisant une action spectaculaire avec des affiches
et un requin en sang devant le siège de l’entreprise Petit Navire.
Chapitre 10 – Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? • 255
2. Ces actions visent à porter un message, à adresser des revendications à la fois aux
pouvoirs publics et à des entreprises. Elles visent aussi à sensibiliser la population
aux enjeux écologiques.
3. Les individus participent à ces actions parce qu’ils en partagent les enjeux. Dans le
cas de la première photo, ils ont aussi peut-être été encouragés par des camarades
qui les ont incités à se mobiliser, et par la communication et les échanges sur les
réseaux sociaux autour de la personnalité de Greta Thunberg, mise en avant par le
mouvement « Fridays For Future ». Dans la seconde, les individus sont des militants,
voire des permanents, d’une organisation, Greenpeace, qui a pu les mobiliser.
– Découvrir en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un
questionnaire sur leurs représentations et d’avoir une vision d’ensemble des repré-
sentations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont
être traités dans le chapitre. L’interface Q-Sort en ligne sur le site collection permet
de saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe.
Proposition complémentaire : Découvrir en situation
Vous êtes étudiant et salarié à temps partiel d’un restaurant qui ne paie pas toujours
les heures supplémentaires, c’est-à-dire les heures qui excèdent ce que prévoit le
contrat de travail. Après plusieurs demandes et plaintes adressées à la direction, vos
collègues syndiqués décident de lancer une grève jusqu’à ce que l’employeur consente
à payer les heures supplémentaires. Participer à cette grève occasionne une perte de
salaire et un risque d’être mal perçu par la direction. Ne pas y participer occasionne
un sentiment de trahison vis-à-vis des collègues qui se lanceraient dans cette action
collective qui n’a de chance de réussir que si elle est majoritairement suivie, mais dont
le bénéfice profitera à tous si elle réussit.
Que décidez-vous ? Pourquoi ?
p. 266
Ce graphique, issu du baromètre de la jeunesse de l’INJEP (Institut National pour la
Jeunesse et l’Éducation Populaire), présente les différentes formes de participation
politique qui semblent les plus efficaces pour les Français. Cela permet d’introduire
la diversité des formes possibles d’engagement politique auprès des élèves.
1. En 2017, selon l’INJEP-CREDOC, 7 % des jeunes de 18-30 ans en France consi-
dèrent que participer à une manifestation est la forme de participation politique la
plus efficace pour contribuer à ce que les choses bougent.
C
2 S’engager en militant
DO
p. 266
Ces deux témoignages de militants politiques (un militant socialiste et un militant
des Jeunes Populaires) tirés d’une enquête sociologique permettent d’analyser l’en-
gagement par le militantisme et de réfléchir à ses différentes dimensions.
1. Ces deux militants réalisent différents types d’action politique dans le cadre de
leur militantisme : distribution de tract, participation à des réunions, discussions
politiques avec les passants…
2. La phrase soulignée montre que le militantisme se distingue de la simple adhésion
à un parti ou une association. Elle illustre le passage de l’un à l’autre en montrant
que Martin ne s’est considéré véritablement comme militant qu’à partir du jour où il
a commencé à distribuer des tracts.
3. Ces deux témoignages montrent que le militantisme demande une implication
importante. Il faut être capable d’assumer ses idées devant des personnes inconnues
et surtout devant des personnes qui vont exprimer des désaccords.
Pour aller plus loin
Lucie Bargel, « Annexe 2 : La conversion de Martin, “militant” et “technocrate” »,
Sociologie, N°2, vol. 5, 2014
http://journals.openedition.org/sociologie/2173
Lucie Bargel, « Annexe 3 : Fabien, une intégration “heureuse” au MJS », Sociologie,
N°2, vol. 5, 2014
http://journals.openedition.org/sociologie/2174
C
3 S’engager dans des associations
DO
p. 267
Ce tableau statistique, issu des enquêtes européennes sur les valeurs (EVS), montre
l’évolution du taux d’adhésion aux associations entre 1981 et 2018 en France. Il permet
d’illustrer statistiquement l’importance de l’engagement associatif dans l’engage-
ment politique des individus en France et de travailler la lecture et l’utilisation des
pourcentages de répartition.
1. Alors qu’en 1990, 37 % des Français étaient membres d’une association, c’est le
cas de 41 % des Français en 2018, soit 4 points de % de plus.
Chapitre 10 – Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? • 257
2. L’évolution du taux d’adhésion aux syndicats a baissé de 40 % [(10 – 6)/10] en
France entre 1981 et 2018.
3. Association sportive : club de foot local.
Association humanitaire : Médecins du monde, la Croix-Rouge.
Association environnementale : Greenpeace, Extinction-Rebellion…
4. Si l’engagement associatif est au service du groupe, on peut néanmoins discuter
de l’influence de certains engagements sur les décisions politiques. Si l’engagement
syndical, politique ou dans une association de consommateurs vise clairement à
influencer les décideurs politiques, ce n’est pas le cas de l’engagement dans les
associations sportives, culturelles ou les organisations religieuses. Ainsi, si 41 % des
Français sont membres d’une association, on peut remarquer que pour 28 % des
Français, il s’agit d’associations sportives ou culturelles, qui n’induisent donc pas
forcément un engagement politique.
S’ENTRAÎNER
p. 267
1 Autoévaluation
1. Engagement associatif ; 2. Vote ; 3. Engagement associatif ; 4. Militantisme ; 5.
Militantisme ; 6. Consommation engagée ; 7. Consommation engagée.
2 Mobiliser ses connaissances
L’engagement politique, c’est-à-dire les différentes formes d’activité politique que
les individus peuvent réaliser pour exercer une influence sur les décideurs politiques,
peut prendre plusieurs formes. Les individus peuvent ainsi s’engager en militant dans
un parti ou une association. C’est le cas, par exemple, d’une personne qui prendrait
sa carte d’adhérent au Rassemblement national et participerait à des activités de
distribution de tract ou de collage d’affiches.
Mais les individus peuvent aussi s’engager en adhérant et en participant à la vie
des associations. Par exemple, une personne qui adhère à Greenpeace et participe à
une campagne de pétition contre le nucléaire réalise aussi un engagement politique.
Les individus, enfin, peuvent s’engager à travers des pratiques de consommation
engagée lorsqu’ils tiennent comptent des conséquences économiques, sociales ou
écologiques de leurs choix de consommation. C’est par exemple le cas des personnes
qui choisissent de n’acheter que des produits issus du commerce équitable.
p. 268
Ce texte permet de présenter la notion d’incitations sélectives et la façon dont Mancur
Olson résout le paradoxe de l’action collective.
1. La mobilisation est plus difficile dans les grands groupes que dans les petits groupes
selon Olson car il est plus difficile de contrôler, au sens du « contrôle social », la parti-
cipation des individus. Dans un petit groupe, celui qui espère recevoir les bénéfices de
l’action sans participer sera rapidement identifié par les autres membres du groupe,
ce qui n’est pas le cas dans les grands groupes.
2. Les incitations sélectives correspondent à des récompenses, des bénéfices indivi-
duels que l’on promet aux individus pour les inciter à se mobiliser. Elles sont sélec-
tives car elles sont ciblées sur un certain nombre d’individus (les seuls membres d’un
syndicat, par exemple).
3. Si les incitations sélectives peuvent être positives (comme, par exemple, la défense
de l’avancement des salariés pour les syndicats, une prise en charge du coût de la
grève), elles peuvent aussi être négatives lorsqu’il s’agit de sanctionner l’individu qui
ne souhaite pas s’engager (par exemple en l’isolant, en faisant tout pour remettre
en cause son travail…).
C
3 Le militantisme apporte aussi des rétributions symboliques
DO
p. 269
Ce texte issu d’un article de synthèse de Daniel Gaxie présente la notion, qu’il a déve-
loppée, de « rétributions symboliques », en montrant comment les récompenses que
Chapitre 10 – Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? • 259
les individus retirent de l’engagement politique ne se résument pas à des incitations
matérielles.
1. Les militants vont recevoir différentes rétributions, récompenses pour leur enga-
gement politique : celui-ci donne un rôle social gratifiant, permet la création de liens
sociaux et l’intégration dans un groupe, il peut aussi permettre de se constituer un
capital social.
2. À la différence des incitations sélectives identifiées par Olson, ces rétributions ne
sont pas forcément matérielles mais largement symboliques, c’est-à-dire qu’elles
renvoient à une satisfaction individuelle et subjective. Daniel Gaxie élargit ainsi
la notion de rétribution en montrant que l’engagement politique n’est pas que la
conséquence de récompenses matérielles (même si celles-ci peuvent aussi jouer un
rôle dans l’engagement).
3. Ces rétributions vont encourager l’engagement des individus, elles vont leur
donner des motivations, des raisons de poursuivre l’engagement, y compris lorsque
les résultats de celui-ci ne sont pas à la hauteur de ce que l’on pouvait espérer. Ces
rétributions fonctionnent comme des récompenses qui permettent de compenser
le coût individuel de l’engagement politique.
Pour aller plus loin
Daniel Gaxie, « Les rétributions du militantisme », Politika, 3 novembre 2017.
https://www.politika.io/fr/notice/retributions-du-militantisme
p. 270
Ce graphique, qui présente la sociologie des adhérents de la République en marche
en juin 2018, permet de montrer que certaines caractéristiques sociales des individus
influencent l’engagement dans ce mouvement politique.
1. D’après ce graphique, en 2018, le militant type d’« En Marche » est plutôt un
homme, entre 35 et 49 ans, cadre ou profession libérale, travaillant dans le secteur
privé et disposant d’un diplôme de niveau Bac +3 ou plus.
2. Ce portrait-robot ne semble pas représentatif de la population française car les
hommes sont surreprésentés, tout comme les cadres et professions libérales et les
titulaires d’un Bac +3. Les cadres représentent environ 20 % de la population active
française contre 58 % chez les « marcheurs », et les Bac +3 environ 18 % contre 66 %
chez les « marcheurs ».
Pour aller plus loin
Terra Nova, La République En Marche : Anatomie d’un mouvement, 8 octobre 2018
http://tnova.fr/rapports/la-republique-en-marche-anatomie-d-un-mouvement
Chapitre 10 – Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? • 261
C
2 Un engagement politique influencé par l’âge ou la génération ?
DO
p. 270
Ce texte, extrait d’un article du Monde, s’appuie sur les travaux de la politiste Anne
Muxel pour présenter l’influence de l’âge et de la génération, en montrant ce qui
caractérise l’engagement politique des plus jeunes.
1. Les jeunes générations n’ont pas été socialisées dans la même période que les
générations précédentes : elles ont grandi dans une période de montée de l’absten-
tion, une période où les partis et les syndicats sont affaiblis.
2. La plus grande abstention des jeunes ne signifie pas qu’ils font preuve d’un moins
grand engagement politique. La majorité des jeunes déclarent ainsi vouloir participer
à un grand mouvement de révolte.
3. Les jeunes privilégient ainsi les formes d’action protestataire pour s’engager.
Il peut être utile ici d’expliquer la différence entre effet d’âge et effet de génération
(voir Lexique page 410).
C
3 Les logiques sociologiques de l’intérêt pour la politique
DO
p. 271
Ce tableau statistique, issu de la dernière enquête européenne sur les valeurs (EVS),
montre les différences d’intérêt pour la politique et d’importance de la politique selon
le sexe, l’âge et la profession des individus pour la France. Il permet de mettre en
évidence l’influence du sentiment de compétence politique, lié à au diplôme et à la
profession, sur l’intérêt pour la politique, et donc sur l’engagement.
1. En France, en 2018, 57 % des professions intellectuelles, scientifiques et artistiques
déclarent être très intéressées ou assez intéressées par la politique, contre seulement
37 % des personnels des services.
2. L’intérêt pour la politique est influencé par l’âge (48 % des 60 ans et plus se déclarent
très intéressés ou assez intéressés par la politique) et par la profession (cf. question
1). Elle est par contre faiblement influencée par le sexe, la différence d’intérêt pour
la politique n’étant que de 4 points de % entre les hommes et les femmes.
3. La profession exercée va influencer l’intérêt pour la politique car elle est liée au
niveau de diplôme des individus. Les individus les plus diplômés vont exercer des
professions plus qualifiées mais vont aussi avoir un plus grand sentiment de com-
pétence politique et être davantage intéressés par la politique.
C
4 Une socialisation sexuée qui influence l’engagement politique
DO
p. 271
Ce texte permet d’approfondir l’influence du genre dans l’engagement politique,
en reliant l’inégal engagement politique entre femmes et hommes au processus de
socialisation différenciée et à la répartition inégale des tâches dans la société.
1. La phrase soulignée indique que la socialisation politique, comme la socialisation
en général, est genrée, c’est-à-dire qu’elle est différente selon le genre des individus.
En moyenne, les hommes et les femmes ne vont ainsi pas être incités à apprendre et
intérioriser les mêmes manières de faire, de penser et d’agir en rapport avec le politique.
2. Cette socialisation genrée produit des comportements politiques et un engagement
politique différents chez les femmes et les hommes. Les hommes vont davantage
s’engager dans le militantisme et dans la contestation et l’action collective. On va
aussi avoir davantage d’hommes parmi les élus ou dans le personnel politique.
3. Ce différentiel d’engagement entre femmes et hommes s’explique en partie par
les « disponibilités biographiques » des hommes, c’est-à-dire que ceux-ci disposent
S’ENTRAÎNER
p. 271
1 Autoévaluation
1. Les plus diplômés vont être plus engagés et intéressés par la politique.
2. Les ouvriers vont être moins engagés et intéressés par la politique que les profes-
sions intermédiaires.
3. Les plus jeunes vont participer plus à des actions de protestation politique que
les plus âgés.
4. Les hommes vont être plus engagés politiquement que les femmes.
2 Étude d’un document
Ce tableau statistique, issu de La France des valeurs, ouvrage publié en 2019 aux
PUG, montre que l’intérêt pour la politique et l’importance de la politique dans la vie
des individus sont influencés par le sexe, l’âge et la profession des individus. Comme
on peut supposer que les personnes qui ont le plus fort intérêt pour la politique, et
pour qui la politique est la plus importante dans leur vie, sont aussi celles qui vont
davantage s’engager, ces variables sociodémographiques vont donc aussi influencer
l’engagement politique.
On voit ainsi que les hommes sont légèrement plus nombreux à déclarer s’inté-
resser à la politique que les femmes : 41 % des hommes contre 37 % des femmes,
soit 4 points de % de plus.
Toutefois, l’intérêt pour la politique est aussi influencé par l’âge, puisque si 48 %
des 60 ans et plus déclarent être très ou assez intéressés par la politique, ce ne sont
que 34 % des 18-29 ans. Il faut cependant nuancer, car les 18-29 ans considèrent
tout autant que les plus de 60 ans que la politique est assez ou très importante dans
leur vie (c’est le cas de 43 % des 18-29 ans contre 45 % des 60 ans et plus).
L’intérêt pour la politique et l’importance de celle-ci dans la vie des individus sont
par contre très marqués par la profession des individus. En effet, en proportion, il y a
deux fois plus de professions intellectuelles, scientifiques et artistiques qui déclarent
être très ou assez intéressés par la politique que d’individus exerçant des métiers
qualifiés de l’industrie et de l’artisanat. Cela va donc conduire à des différences d’en-
gagement politique selon les professions.
Chapitre 10 – Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? • 263
C
1 POUR COMMENCER Les conflits du travail au xxe siècle
DO
p. 272
Ces trois images permettent de mettre en évidence la diversité des conflits du travail
et des objets de revendications (durée du travail, salaires, projets de loi) tout au long
du xxe siècle.
1. Tout au long du xxe siècle, les conflits du travail ont été portés par les ouvriers,
employés et les organisations syndicales qui les représentent.
2. Sur l’affiche de 1919, les syndicats se mobilisent pour la journée de 8 heures. Sur
la photo de la grève de 1963, les mineurs se mobilisent pour des augmentations de
salaire : « Pompidou nous voulons nos 11 % », « Des sous charlot », pour des congés
supplémentaires et, toujours, pour le temps de travail hebdomadaire (« Nos 40
heures »). Sur la dernière photo de 2016, les syndicats se mobilisent contre un projet
de loi « Travail » qui « simplifie » le code du travail selon la banderole (ce sont les lois
El Khomri, qui permettent notamment aux accords d’entreprises de déroger aux
conventions collectives de branche dans certaines conditions).
C
2 De nouveaux enjeux de mobilisation se développent dans les années 70
DO
p. 272
Ce texte, et le tableau qui l’accompagne, visent à présenter l’évolution des revendi-
cations et des objets de l’action collective au cours du xxe siècle, et l’apparition de ce
qu’Alain Touraine a appelé les « nouveaux mouvements sociaux ».
1. Les revendications du mouvement ouvrier étaient principalement des revendi-
cations matérielles qui portaient sur les conditions de travail, le niveau de vie et,
plus largement, la « distribution du bien-être » : réduction de la durée de travail,
augmentation de salaires, congés payés…
2. Les revendications des « nouveaux mouvements sociaux » sont en partie nouvelles
car elles ne portent plus seulement sur le travail mais sur des motifs d’ordre culturel
et sur la reconnaissance d’une identité (régionale, homosexuelle). Il faut toutefois
nuancer leur nouveauté : les mouvements féministes, par exemple, existaient déjà
au début du xxe siècle, avec par exemple le mouvement de suffragettes qui réclamait
le droit de vote pour les femmes.
3. Ces nouvelles revendications émergent avec l’affaiblissement du mouvement
ouvrier qui se produit en parallèle du processus de moyennisation de la société. À côté
du mouvement ouvrier se développent ainsi des mouvements sociaux portés par de
nouveaux acteurs (les étudiants, les femmes, les minorités sexuelles) qui vont faire
émerger des revendications nouvelles par rapport aux revendications traditionnelles
du mouvement ouvrier.
C
3 Quels motifs pour les actions protestataires ?
DO
p. 273
Ce graphique, construit à partir d’un travail d’analyse statistique des mobilisations
(« Protest event analysis ») de Swen Hutter, permet d’illustrer la diversité des objets
de l’action collective et l’importance des revendications associées aux nouveaux
mouvements sociaux entre 1975 et 2005.
1. En France, entre 1975 et 2005, 23,8 % des mobilisations contestataires portaient
sur des motifs économiques, alors que ce n’était le cas que de 7,3 % des mobilisations
en Allemagne.
2. Les motifs économiques sont environ trois fois plus importants en France qu’en
Allemagne dans les actions protestataires menées entre 1975 et 2005 (23,8/7,3 = 3,3).
p. 273
Ce texte présente le mouvement Black Lives Matter qui s’est développé aux États-Unis
à partir de 2013. Il permet de présenter la notion de luttes minoritaires à travers un
exemple concret et peut amener, si l’enseignant le souhaite, à aborder des concepts
plus polémiques mais actuels, comme ceux de « racisme d’État » ou de « violence
d’État ». En 2020, la mort de George Floyd a donné à cette question des violences
policières et des discriminations ethniques un retentissement mondial.
1. Le point de départ du mouvement Black Lives Matter est l’acquittement d’un vigile
responsable de la mort d’un jeune afro-américain.
2. On peut parler de lutte minoritaire à propos de Black Lives Matter car ce mouve-
ment est porté par une minorité politique, les afro-américains, qui mettent en avant
la condition dominée des minorités raciales dans la société américaine, et notamment
le racisme et la violence dont ils font l’objet de la part de différentes institutions
(police, services pénitentiaires, justice…).
3. Les mouvements homosexuels qui se sont battus pour la fin des discriminations
aux États-Unis ou en France.
Les mouvements contre les contrôle au faciès que subissent les minorités.
Les mouvements féministes qui se battent pour l’égalité hommes-femmes.
4. La phrase soulignée indique que le mouvement Black Lives Matter ne fait pas du
racisme un comportement individuel dont on pourrait trouver l’explication dans les
mauvaises intentions d’un individu. Pour eux, le racisme est avant un tout un système
global, un phénomène structurel qui conduit à des pratiques racistes plus ou moins
conscientes et intentionnelles de la part des individus.
S’ENTRAÎNER
p. 273
1 Autoévaluation
1. Faux. Les nouveaux mouvements sociaux portent justement sur des enjeux de
mobilisation hors travail.
2. Vrai.
3. Faux. Les conflits du travail portent sur des enjeux matérialistes (salaire, conditions
de travail…).
4. Faux. Ils s’y ajoutent, les conflits du travail n’ont pas disparu.
5. Vrai.
Chapitre 10 – Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? • 265
2 Mobiliser ses connaissances
§1 Historiquement l’action collective a été portée par le mouvement ouvrier autour
des conflits du travail.
§2 On a assisté dans les années 1960 au développement de « nouveaux mouvements
sociaux » animés par de nouveaux enjeux de mobilisation.
§3 Ces « nouveaux mouvements sociaux » ont notamment donné naissance à des
luttes minoritaires portées par des minorités politiques (mouvements féministes,
mouvements homosexuels, mouvements des droits civiques, régionalistes…)
§4 Mais aussi à des luttes portant sur des enjeux plus universels, comme la défense
de l’environnement, de la politique extérieure, la justice sociale, l’Europe…).
d’action collective
p. 274
Ces quatre photos permettent de mettre en évidence à la fois la diversité des acteurs
de l’action collective mentionnés dans le programme (partis politiques, syndicats,
associations, groupements) et d’introduire la diversité des moyens d’action utilisés
par ces acteurs.
1. Photo 1 : association (Act Up, association de lutte contre le sida, dans les années
1990) ; Photo 2 : syndicat (CGT) ; Photo 3 : parti politique (La France insoumise) ;
Photo 4 : groupement (Gilets jaunes).
2. Ces militants utilisent différents modes d’action pour se faire entendre du pouvoir.
Sur la photo 1, les militants d’Act Up organisent un die-in, manifestation non violente
et spectaculaire. Sur la photo 2, les militants de la CGT organisent une grève et un
rassemblement devant un grand hôtel. Sur la photo 3, les militants de La France
insoumise participent à une manifestation classique. Sur la photo 4, les Gilets jaunes
organisent un blocage routier, l’envahissement d’une route.
C
2 Les groupes contestataires mobilisent différents moyens d’action
DO
p. 274
Ce texte présente le concept de « répertoire d’action collective » en donnant sa
définition et en reprenant la théorie de Charles Tilly sur le passage d’un répertoire
d’action local-patronné à un répertoire d’action national-autonome. Ces répertoires
d’action sont présentés en insistant sur les modes d’action utilisés et en présentant le
questionnement sur l’existence d’un troisième répertoire d’action plus transnational
qui émergerait au xxie siècle.
1. Le concept de « répertoire d’action collective » fait référence à l’ensemble des
moyens d’action utilisés à une époque donnée par les mouvements contestataires
pour se faire entendre. Ce concept utilise le terme de « répertoire » par analogie avec
le « répertoire musical ».
p. 275
Ce graphique a été construit à partir du volet citoyenneté de l’enquête ISSP
(« International Social Survey Programme ») de 2014. Il permet, en travaillant la
lecture et la comparaison des pourcentages de répartition, de montrer la diversité
des moyens d’actions utilisés et envisagés par les individus pour protester et mener
une action collective.
1. En 2014, d’après l’enquête ISSP, 44,8 % des Français ont déjà pris part à une
manifestation.
2. Les deux actions les plus effectuées par les Français (signer une pétition et boy-
cotter ou acheter délibérément des produits) sont des actions de protestation plus
individuelles et qui impliquent un engagement court.
3. Les actions qui sont les plus rejetées (contacter ou s’exprimer dans les médias,
exprimer des opinions sur Internet ou contacter un homme politique) sont des actions
individuelles qui engagent fortement l’individu qui doit publiquement argumenter
son opinion. Ce sont des actions qui demandent donc un sentiment de compétence
politique plus grand, une capacité à argumenter en public qui ne sont pas forcément
à la portée de tous les individus.
Pour aller plus loin
Pierre Bréchon, « Résultats pour la France - 2014 Citoyenneté », enquête ISSP 2014
http://www.issp-france.fr/wp-content/uploads/2014/11/Resultats-France_2014_def1.pdf
Chapitre 10 – Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? • 267
Pour aller plus loin
https://www.france-terre-asile.org/images/stories/thematique/solidarnosc-une-histoire-partagee.pdf
https://theconversation.com/solidarnosc-une-memoire-clivante-126780
S’ENTRAÎNER
p. 275
1 Autoévaluation
Moyen
Acteur
d’action
1. Les Républicains demandent à leurs militants de faire signer aux citoyens Parti Pétition
un texte contre un projet de loi. politique
2. Une coordination étudiante appelle les étudiants à protester dans la rue Groupement Manifestation
contre la sélection à l’université.
3. La CFDT demande aux salariés des entreprises de transport de cesser le Syndicat Grève
travail.
4. Greenpeace appelle les consommateurs à ne pas acheter les produits Association Boycott
d’une entreprise.
TIVIT
É1
AC
Enquêter
TIVIT
É2
AC
ÉTAPE 2 RÉDIGER
Si les Gilets jaunes ne forment pas un groupe social homogène, il y a une certaine
cohérence sociologique dans leur profil. Leur profil ne correspond d’ailleurs pas à celui
des militants politiques traditionnels ou des personnes les plus engagées politiquement.
On observe dans les deux enquêtes une surreprésentation des femmes, mais aussi
des personnes peu ou faiblement diplômées (niveau d’études égal ou inférieur au
Bac). Les individus mobilisés dans les groupes de Gilets jaunes sont donc plutôt des
ouvriers, employés, artisans qui appartiennent aux classes populaires ou aux classes
moyennes peu diplômées.
Ces profils sont néanmoins incomplets car les recherches statistiques ont surtout
porté sur les Gilets jaunes présents sur Internet, qui ne se sont pas tous mobilisés
concrètement sur les ronds-points. À l’inverse, les enquêtes qualitatives par entretien
ne donnent, elles, qu’une vision localisée selon l’endroit où a été réalisée l’enquête et
le nombre de personnes étudiées.
2 Corrélation et causalité
1. Selon le ministère de l’Intérieur, le nombre de manifestants lors des mobilisations
des Gilets jaunes est passé de 288 000 le 17 novembre 2018 à 32 000 le 29 décembre
2018, c’est-à-dire qu’il a été divisé par 9.
2. Sur la période qui va du 17 novembre 2018 au 12 janvier 2019, on peut observer une
corrélation entre le prix du gazole et le nombre de manifestants Gilets jaunes. Dans
un premier temps (jusqu’au 29 décembre), la baisse du prix du gazole s’accompagne
d’une baisse du nombre de manifestants, puis entre le 29 décembre et le 12 janvier,
l’augmentation du prix du gazole va de pair avec une augmentation du nombre de
manifestants. Après le 12 janvier 2019, il n’y a par contre plus de corrélation car le
prix du gazole remonte, alors que le nombre de manifestants Gilets jaunes continue
de diminuer.
3. Cette corrélation n’est pas un lien de causalité. Même si le mouvement des Gilets
jaunes a eu comme point de départ l’instauration de taxes sur l’essence, la baisse du
prix de l’essence n’est pas la cause de la baisse de la mobilisation des Gilets jaunes.
Cette baisse est plus probablement due à l’usure et la fatigue des manifestants, à
la répression qui s’exerce dans ces manifestations politiques ou aux annonces faites
par le gouvernement pour répondre aux revendications.
D’ailleurs, le fait qu’à partir du 12 janvier 2019 il n’y ait plus de corrélation montre plutôt
que le prix du gazole en lui-même n’est pas explicatif du nombre de manifestants.
1 Vrai ou Faux ?
p. 282
1. Faux. L’engagement politique peut aussi s’effectuer par le militantisme, l’engage-
ment associatif ou par des pratiques de consommation engagée.
2. Vrai.
3. Faux. Les nouveaux mouvements sociaux décrivent des mouvements qui appa-
raissent dans les années 1960-70.
4. Vrai.
5. Faux. Le répertoire d’action collective évolue dans le temps. Les moyens d’actions
utilisés au 19e et au 20e siècle ne sont pas les mêmes que ceux qui étaient utilisés au
17e et au 18e siècle.
Chapitre 10 – Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? • 271
6. Vrai.
7. Faux. Les associations et les groupements peuvent aussi être acteurs de mobili-
sations collectives.
8. Faux. Le paradoxe de l’action collective désigne la contradiction entre l’intérêt
collectif que les individus peuvent avoir à se mobiliser avec les autres et leur intérêt
individuel qui les conduit à laisser les autres agir.
9. Vrai.
10. Faux. Les hommes vont davantage s’engager politiquement que les femmes.
Testing
Luttes minoritaires Greenpeace anti-discrimination
Chapitre 10 – Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? • 273
PARTIE 3 RAISONNEMENT S’APPUYANT
SUR UN DOSSIER DOCUMENTAIRE
Guide méthodologique complet
à télécharger sur le site collection
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
Analyse du sujet
Comment peut-on expliquer l’engagement politique ?
– « Comment » : adverbe qui indique qu’il s’agit de montrer les mécanismes, de quelle
façon on peut expliquer l’engagement.
– « expliquer » : il faut trouver des synonymes : rendre compte, donner les causes,
les facteurs qui influencent.
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
En 2013, 44 % des hommes sont membres d’au moins une Illustration des
association contre 40 % des femmes. C’était respectivement différentes variables
53 % et 34 % en 1983. sociodémographiques qui
Document 2 En 2013, 56 % des personnes ayant un niveau de diplôme influencent l’engagement :
supérieur au bac sont membres d’au moins une association l’âge, le sexe, le niveau de
contre 22 % des sans diplôme. diplôme et la catégorie
C’est aussi le cas de 60 % des cadres contre 32 % des ouvriers. socioprofessionnelle.
Pour 11 % des jeunes ayant travaillé dans une association Illustration de la notion de
en 2018, la raison la plus importante de leur engagement rétributions symboliques
Document 3 c’est de lier des relations avec les autres, de rencontrer dans plusieurs des raisons
de nouvelles personnes. Pour 14 % d’entre eux, c’est le principales de l’engagement
sentiment d’être utile à la société et d’agir pour les autres. des jeunes.
Chapitre 10 – Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? • 275
ÉTAPE 4 Construire son plan détaillé
Voici deux plans proposés pour le sujet de dissertation. Choisissez le meilleur plan,
écartez l’autre en justifiant pourquoi.
Le plan 1 est incorrect car il ne répond pas du tout au sujet. La première partie ne
donne pas d’explications de l’engagement politique mais décrit les différentes formes
d’engagement politique. La deuxième partie ne répond pas non plus au sujet car
elle décrit les transformations de l’engagement politique au lieu de présenter les
explications.
Chapitre 10 – Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? • 277
11 Quelles inégalités
sont compatibles avec
les différentes conceptions
de la justice sociale ?
ANALYSE DU PROGRAMME
p. 292
Ce chapitre s’inscrit dans la logique des programmes antérieurs puisqu’il exige, tout
d’abord, des élèves de savoir interpréter les principaux outils de mesure des inéga-
lités (rapport inter-quantiles, courbe de Lorenz et coefficient de Gini, top 1 %), de
comprendre que les inégalités économiques et sociales sont multiformes et cumu-
latives. Néanmoins, il propose de nouveaux objectifs d’apprentissage : il comporte
une dimension dynamique puisqu’il demande de connaître les grandes tendances
d’évolution des inégalités économiques depuis le début du xxe siècle et introduit
l’étude d’un outil de mesure dynamique (corrélation de revenu parents-enfants).
Ensuite, il convient d’étudier les différentes formes d’égalité (égalité des droits, des
chances ou des situations) et conceptions de la justice sociale (notamment l’utili-
tarisme, le libertarisme, l’égalitarisme libéral, l’égalitarisme strict) permettant de
définir ce qu’est une société juste selon les principaux paradigmes.
Enfin, il s’agit d’analyser les moyens des pouvoirs publics pour réduire les inégalités
(fiscalité, protection sociale, services collectifs, mesures de lutte contre les discrimi-
nations) afin de montrer que ces moyens font face à une triple crise (de financement,
d’efficacité et de légitimité) et peuvent être à l’origine d’effets pervers (désincitations).
ORGANISATION DU CHAPITRE
Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils
permettent de couvrir tout le programme en environ six séquences de cours de deux
heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux
épreuves écrites et orales, sur une durée totale de seize heures (soit un peu moins de
trois semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires et
du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves
terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.
OUVERTURE DU CHAPITRE
p. 292-293
Dans le manuel, trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce
chapitre :
– Découvrir par l’image : L’image de la finale de Wimbledon du 14 juillet 2019, dont
Novak Djokovic est sorti vainqueur face à Roger Federer après 422 échanges, permet
d’interroger l’écart entre les récompenses des deux tennismen.
1. Le vainqueur du tournoi, Djokovic, touche une récompense deux fois supérieure à
celle de l’autre finaliste, Federer : 2,6 millions d’euros au lieu de 1,3 million d’euros.
Cet écart de 1 à 2 se justifie par le fait que Djokovic a remporté le 422e et dernier
échange du match, empochant le dernier jeu et donc un troisième set, contre deux
seulement pour Federer. Pourtant, l’écart de performance entre les deux joueurs est
très faible, selon les statistiques du match, avec même de meilleurs résultats pour
Federer (nombre de points gagnés par exemple). Donc, un faible écart de performance
s’accompagne d’un très grand écart de revenus.
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 279
2. Un joueur éliminé au premier tour gagne une récompense 52 fois plus faible que
le vainqueur du tournoi. Ceci peut se justifier par un écart de performance, mais pas
seulement, car ces joueurs ne sont pas 52 fois plus faibles.
Pour aller plus loin
Cet exemple illustre la thèse développée par Sherwin Rosen dans un article célèbre
intitulé « The economics of superstars » publié en 1981 ; les technologies de la
communication permettent aux meilleurs dans chaque profession de démultiplier
le nombre de personnes qui peuvent bénéficier de leurs prestations, sachant que le
fait que chacun regarde Djokovic/Federer en tennis n’empêche pas tous les autres
d’en faire autant, alors que les matchs de tennis du début du xxe siècle avaient une
audience limitée à ceux qui étaient physiquement présents. De même, les plus grands
violonistes du monde n’avaient que quelques centaines ou milliers d’auditeurs dans
les grandes salles, alors qu’ils peuvent aujourd’hui potentiellement toucher tous les
mélomanes de la planète. Il résulte de ceci que les utilisateurs sélectionnent les meil-
leurs dans chaque profession selon une logique de « tournoi », et que les vainqueurs
de ces tournois remportent une partie beaucoup plus importante de l’ensemble des
revenus (« the winner takes all »). Donc, de petits écarts de performances créent de
grands écarts de revenus.
– Découvrir par la vidéo montre que la hausse des inégalités de revenus s’accen-
tue depuis 40 ans en Europe, notamment à l’Est, sous l’effet des réformes fiscales
successives.
1. En France, les inégalités de revenus après impôt depuis le début des années 2000
ont eu tendance à se stabiliser alors qu’en Europe (de l’Est surtout) les revenus des
1 % les plus riches ont augmenté deux fois plus vite que la moyenne. Globalement,
on observe, en Europe, depuis 40 ans, une hausse des inégalités de revenus.
2. Une fiscalité plus redistributive comporte de nombreux avantages : elle permet
de réduire les inégalités de revenus primaires et de financer la fourniture de services
publics collectifs. Par ailleurs, elle permet d’augmenter le pouvoir d’achat des plus
modestes (qui ont la plus forte propension à consommer). Néanmoins, une fiscalité
plus redistributive est suspectée de décourager les initiatives individuelles car elle
ne récompense pas justement les efforts et mérites des individus. Par ailleurs, une
fiscalité plus redistributive est accusée de menacer la solidarité nationale et d’affaiblir
le consentement à l’impôt.
– Découvrir en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un
questionnaire sur leurs représentations et d’avoir une vision d’ensemble des repré-
sentations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont
être traités dans le chapitre. L’interface Q-Sort en ligne sur le site collection permet
de saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe.
Proposition complémentaire : Découvrir en situation
Vous aidez vos parents à réaliser un gâteau. Lors du partage de ce dernier en famille,
plusieurs logiques de partage s’expriment :
a) Vous demandez une part plus importante que celle de vos frères et/ou sœurs car
vous avez contribué à la réalisation du gâteau.
b) Votre sœur, qui n’a pas déjeuné, a très faim et réclame une double part.
c) Vos parents proposent de diviser le gâteau de sorte que chacun d’entre vous reçoive
une part identique.
d) On coupe le gâteau en parts inégales et on tire au sort.
e) Les adultes ont une part plus importante que les enfants.
f) Les garçons ont une part plus importante que les filles.
Quel partage vous semble le plus juste ?
Quel principe sous-tend chaque choix de partage ?
p. 294
Ce graphique permet d’étudier l’évolution des inégalités de revenus aux États-Unis
entre 1913 et 2018 : il présente l’évolution de la part du revenu total possédée par
les top 10 %, 1 %, 0 ,1 % et 0,01 % sur cette période. L’objectif est de comprendre
la signification de ces indicateurs statistiques et d’analyser les périodes d’évolution
de la part de revenu possédée par les plus riches aux États-Unis entre 1913 et 2018.
1. En 2018, aux États-Unis, le revenu des 10 % les plus riches représentait environ
47 % du revenu total et les 1 % les plus riches gagnaient 21 % du revenu total.
2. Ainsi, on en déduit que les 90 % les plus pauvres ne reçoivent que 53 % du revenu
total.
3. Si on observe la part du revenu total du top 10 % on peut dégager trois périodes
d’évolution des inégalités économiques aux États-Unis.
– Tout d’abord, entre 1913 et 1940 : la part du revenu total possédée par le top 10 %
augmente de manière irrégulière. En effet, si en 1913 les 10 % les riches percevaient
42 % du revenu total, en 1940 ils en recevaient 48 %. Cependant, globalement, la
part du revenu total gagnée par les 1 %, 0,1 % ou 0,01 % se maintient au cours de
cette période.
– Ensuite, de 1940 à 1978 : la part du revenu total que captaient les 10 % les plus
riches diminue, passant de 48 % du revenu total à 35 % environ à la fin des années
1970, soit une baisse de 13 points de pourcentage.
– Enfin, entre 1978 et 2018, on observe une forte hausse de la part du revenu total
que reçoivent les 10 % les plus riches : elle passe de 35 % du revenu total en 1978 à
47 % du revenu total en 2018, soit une hausse d’un tiers. Ainsi, le revenu des 10 % les
plus riches représentait en 2018 presque la moitié du revenu total (47 %), une part
quasi identique à celle qu’ils possédaient à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
4. Depuis le début des années 1980, le renouveau des inégalités de revenu aux États-
Unis peut s’expliquer par la globalisation financière qui a permis aux plus riches de
voir leurs revenus augmenter plus rapidement que ceux des salariés, par la politique
fiscale, ou bien encore par le chômage que connaissent les plus pauvres qui ne leur
permet pas de voir la part de leurs revenus augmenter dans le revenu total.
Pour aller plus loin
– Le site World Inequality Database : base mondiale sur les inégalités de revenus et
de patrimoines
https://wid.world/fr/accueil/
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 281
– Le site de l’Observatoire des inégalités consacre un thème « revenus, niveau de vie et
patrimoine », enrichi d’articles mêlant analyses, données statistiques et points de vue.
https://www.inegalites.fr/Revenus-niveau-de-vie-patrimoine
On peut proposer un article du site de l’Observatoire des inégalités, « Un siècle d’iné-
galités de revenus : les super-riches regagnent le terrain perdu » qui propose un gra-
phique permettant de comparer l’évolution de la part de revenu du top 1 % en France.
https://www.inegalites.fr/Un-siecle-d-inegalites-de-revenus-les-super-riches-
regagnent-le-terrain-perdu
– Conférence organisée en 2014 par l’EHESS, « Le capital au xxie siècle. Dialogue avec
les historiens et les sociologues » avec BÉGUIN Katia, FORSE Michel, STANZIANI
Alessandro, PIKETTY Thomas, LECHEVALIER Sébastien.
https://www.canal-u.tv/video/ehess/1_conference_le_capital_au_xxie_siecle_dia-
logue_avec_les_historiens_et_les_sociologues.14579
C
2 Comment évoluent les écarts de revenus en France depuis 1970 ?
DO
p. 294
Ce document présente, sous forme d’un graphique chronologique, l’évolution du
rapport inter-déciles de niveau de vie en France entre 1970 et 2017.
1. En 2000, en France, le niveau de vie des 10 % les plus riches était au moins* 3,5
fois supérieur au niveau de vie des 10 % les plus pauvres.
Ou : En 2000, en France, le niveau de vie minimum des 10 % les plus riches était 3,5
fois supérieur au niveau de vie maximum des 10 % les plus pauvres.
* Rappel de la distinction entre déciles pointés (D1 à D9) et déciles moyens (D1 à D10)
vue au chapitre 6.
2. Entre 1970 et 1990, les inégalités de niveau de vie ont diminué fortement puisque
le rapport inter-déciles de niveau de vie est passé de 4,6 à 3,3. Alors qu’en 1970, le
niveau de vie des 10 % les plus riches était au moins 4,6 fois supérieur au niveau de
vie des 10 % les plus pauvres, il ne l’est plus que 3,3 fois en 1990. De 1990 à 2017, les
inégalités de niveau de vie se maintiennent : le rapport inter-déciles de niveau de vie
oscille entre 3,3 et 3,6. Ainsi, en 2000, le niveau de vie des 10 % les plus riches est au
moins 3,5 fois supérieur au niveau de vie des 10 % les plus pauvres.
3. Cet indicateur ne montre pas une forte croissance des inégalités en France car entre
1970 et 2017, on constate que le rapport inter-déciles des niveaux de vie a diminué
fortement, passant de 4,6 à 3,4. Ainsi, en France, entre 1970 et 2017, l’écart relatif
entre le plus faible niveau de vie des 10 % les plus riches et le niveau de vie maximum
des 10 % les plus pauvres s’est réduit, traduisant une baisse des inégalités de niveau
de vie en France.
p. 295
Ce texte permet d’aborder les limites de la mesure des inégalités économiques par
le rapport inter-déciles et présente l’intérêt du coefficient de Gini, indicateur de la
concentration de revenus ou des patrimoines. Cet indicateur synthétique peut être
mis en relation avec la courbe de Lorenz étudiée dans l’exercice précédent.
1. Le rapport inter-déciles ne mesure pas l’évolution des revenus ou du patrimoine
des 10 % les plus riches puisqu’il ne s’intéresse « qu’au seuil d’entrée dans les 10 %
les plus aisés ». La dispersion des revenus ou du patrimoine parmi les 10 % les plus
riches peut être plus importante sans que le rapport inter-déciles ne varie.
2. Le coefficient de Gini ne connaît pas toujours les mêmes évolutions que le rapport
inter-déciles. Si le rapport inter-déciles et le coefficient de Gini diminuent tous deux
jusqu’en 1990, attestant à la fois d’une réduction de la dispersion et d’une moindre
concentration des revenus, le coefficient de Gini se stabilise jusqu’en 1999 alors que
le rapport inter-déciles augmente, passant de 3,3 à 3,5. En revanche, entre 1999 et
2005, le rapport inter-déciles diminue tandis que le coefficient de Gini augmente :
on peut alors constater une plus forte concentration des revenus, mais une moindre
dispersion. Après 2005, ces deux indicateurs connaissent à nouveau les mêmes ten-
dances d’évolution : ils augmentent entre 2005 et 2011, ainsi le coefficient de Gini
atteint un pic en 2011 (0,305) et le rapport inter-déciles est de 3,6, alors qu’après
2011, ces deux indicateurs diminuent légèrement.
3. Au début des années 2000, le coefficient de Gini augmente en raison du fait que
« les revenus des plus favorisés progressent rapidement ». En effet, les revenus des
plus riches s’accroissent plus rapidement que ceux des plus pauvres car ils profitent
« d’importantes baisses d’impôts ». Ainsi, leur revenu disponible augmente du fait de
prélèvements obligatoires plus faibles en raison des baisses d’impôt dont ils profitent.
Cela explique que la distribution des revenus est alors plus inégalitaire, les plus riches
concentrant une plus grande part des revenus.
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 283
S’ENTRAÎNER
p. 295
1 Autoévaluation
1. Faux. Elles ont diminué seulement pendant les Trente Glorieuses.
2. Vrai.
3. Vrai.
4. Faux. C’est l’inverse.
5. Faux. C’est l’inverse.
2 Étude d’un document
Ce document de l’INSEE présente, sous forme d’un diagramme en bâtons ou
graphique en barres, l’évolution du rapport inter-déciles de niveau de vie en France
entre 1970 et 2017. Il permet d’observer l’évolution de l’écart relatif (ou rapport)
entre le niveau de vie minimum des 10 % les plus riches et le niveau de vie maximum
des 10 % les plus pauvres.
Entre 1970 et 2017, le rapport inter-déciles de niveau de vie diminue fortement
mais il connaît des variations contrastées et irrégulières. On peut alors distinguer
cinq périodes entre 1970 et 2017.
En effet, entre 1970 et 1990, les inégalités de niveau de vie ont diminué forte-
ment puisque le rapport inter-déciles de niveau de vie est passé de 4,6 à 3,3. Alors
qu’en 1970, le niveau de vie minimum des 10 % les plus riches était au moins 4,6 fois
supérieur au niveau de vie le plus élevé des 10 % les plus pauvres, contre seulement
au moins 3,3 fois supérieur en 1990.
Puis de 1990 à 2000, les inégalités de niveau de vie s’accroissent : le rapport
inter-déciles de niveau de vie augmente légèrement. En effet, en 2000, le niveau de
vie des 10 % les plus riches est au moins 3,5 fois supérieur au niveau de vie des 10 %
les plus pauvres.
Ensuite, de 2000 à 2005, les inégalités de niveau de vie se réduisent à nouveau.
En effet, le rapport inter-déciles de niveau de vie diminue, passant de 3,5 à 3,3.
En revanche, entre 2005 et 2011, les inégalités de niveau de vie repartent à la
hausse : en 2011, le niveau de vie des 10 % les plus riches est au moins 3,6 fois supé-
rieur au niveau de vie des 10 % les plus pauvres.
Enfin, entre 2011 et 2017, les inégalités de niveau de vie diminuent à nouveau
légèrement : le rapport inter-déciles diminue. Il se stabilise à 3,4 en 2017 : le niveau
de vie des 10 % les plus riches est alors au moins 3,4 fois supérieur au niveau de vie
des 10 % les plus pauvres.
DO
et le sexe
p. 296
L’objectif de cette infographie est de montrer que l’espérance de vie dépend du
niveau de vie et du sexe des individus. Les inégalités d’espérance de vie s’expliquent
alors tout autant par des variables économiques (niveau de vie) que par des variables
sociodémographiques (ici, le sexe des individus).
1. On peut établir une corrélation positive entre niveau de vie et espérance de vie.
En effet, plus le niveau de vie des individus est élevé, plus l’espérance de vie est
importante. Par exemple, l’espérance de vie des 5 % des femmes les plus riches (88,3
ans) est supérieure de plus de 8 ans à celle des 5 % des femmes les plus pauvres (80
ans). Cet écart est encore plus fort chez les hommes. En effet, l’espérance de vie des
5 % des hommes les plus riches est supérieure de plus de 12 ans à celle des 5 % des
hommes les plus pauvres.
2. Les inégalités de niveau de vie peuvent expliquer les inégalités de conditions
matérielles de vie, de modes alimentaires (risque d’obésité) et d’accès aux soins (en
particulier de recours aux médecins spécialistes) et aux loisirs (sport, lutte contre
la sédentarité). Ainsi, un individu ayant un niveau de vie élevé a plus de chances de
bénéficier de meilleures conditions de vie, de diversifier son alimentation, d’avoir une
activité physique régulière et de recourir à des médecins spécialistes plus coûteux.
De plus, les inégalités de niveau de vie s’expliquent elles-mêmes par des inégalités
socioprofessionnelles : la pénibilité du travail, l’exposition aux solvants toxiques, le
travail de nuit, les horaires décalés, les accidents du travail sont plus fréquents chez
les salariés les moins bien rémunérés (ouvriers et employés, par exemple).
Enfin, les plus riches appartiennent aux catégories socioprofessionnelles ayant
davantage de capital culturel et un rapport au corps favorisant une plus grande
espérance de vie.
3. Les inégalités d’espérance de vie sont plus fortes selon le niveau de vie que selon
le sexe. Même si les femmes ont, quel que soit leur niveau de vie, une espérance de
vie supérieure à celle des hommes, les écarts d’espérance de vie sont plus forts selon
le niveau de vie que selon le sexe. En effet, on constate que les 5 % des femmes les
plus riches ont une espérance de vie de seulement 4 ans (à peine) supérieure à celle
des 5 % des hommes les plus riches. Cet écart est de 9 ans entre les 5 % des femmes
les plus pauvres et les 5 % des hommes les plus pauvres. En revanche, les 5 % des
hommes les plus riches vivent en moyenne 12,7 ans de plus que les 5 % des hommes
les plus pauvres : 84,4 ans pour les 5 % des hommes les plus riches contre 71,7 ans
pour les 5 % des hommes les plus pauvres.
C
2 La courbe de Gatsby : l’inégalité des revenus favorise-t-elle
DO
la mobilité sociale ?
p. 296
Ce document aborde la notion de corrélation de revenu parents-enfants, utilisée dans
la représentation graphique de la courbe de Gatsby. Cette courbe permet de mettre
en relation le niveau des inégalités de revenus de la génération des parents avec la
mobilité sociale. Le texte proposé vise à mieux interpréter cette courbe de Gatsby
issue des travaux de Miles Corak, afin de se demander si de plus fortes inégalités
économiques sont source de mobilité sociale.
1. En France, le coefficient de Gini des revenus de la génération des parents est d’en-
viron 0,32 et l’élasticité intergénérationnelle des revenus est de 36 % (0,36) environ.
Cela signifie que quand les revenus du père sont 1 % plus élevés, ceux du fils seront, en
moyenne, 0,36 % plus élevés, ou que lorsqu’un père gagne deux fois plus qu’un autre
(+100 %), statistiquement son fils va gagner en moyenne 36 % de plus que l’autre fils.
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 285
2. La courbe de Gatsby montre une corrélation positive entre le niveau d’inégalités
de revenus de la génération des parents et l’influence des revenus des parents sur
ceux des enfants. En effet, plus les inégalités de revenus de la génération des parents
sont fortes, plus la corrélation de revenu parents-enfants est forte : autrement dit,
plus les inégalités économiques sont importantes et moins la mobilité économique
intergénérationnelle est forte (voir Chapitre 8, Activité 1, page 223).
Ainsi, en bas à gauche du nuage de points, on retrouve les pays où les inégalités de
revenus sont faibles. On y observe une forte mobilité économique intergénérationnelle :
le revenu des enfants n’est pas corrélé à celui des parents. Par exemple, en Norvège,
les inégalités de revenus sont faibles dans la génération des parents car le coefficient
de Gini est de 0,25 environ ; quand les revenus des parents sont 100 % supérieurs, le
revenu des enfants est en moyenne 20 % plus élevé, donc la mobilité est plutôt forte
puisque les revenus des enfants ne sont pas fortement corrélés à ceux des parents.
À l’opposé, en haut à droite du nuage de points se situent les pays où les inégalités
de revenus sont fortes, et où la mobilité sociale est faible : le revenu des enfants est
en grande partie déterminé par le revenu des parents. Par exemple, au Mexique, où
les inégalités des revenus de la génération des parents est forte (coefficient de Gini
de 0,46), quand les revenus des parents sont 100 % supérieurs, le revenu des enfants
est en moyenne 50 % plus élevé. Ainsi, au Mexique, les inégalités de revenus sont
fortes et la corrélation de revenu parents-enfants également, ce qui signifie que la
mobilité sociale est faible. Plus les inégalités économiques sont élevées, plus leur
transmission de génération en génération est importante.
3. Non, cette courbe ne permet pas de conclure qu’il y a beaucoup de « Gatsby le
magnifique ». En effet, peu de pays connaissent une faible corrélation de revenu
parents-enfants (peu de pays se situent dans la partie inférieure du graphique).
Ainsi, seuls trois pays (la Finlande, le Danemark et la Belgique) ont une forte mobilité
économique intergénérationnelle puisque l’influence du revenu des parents sur ceux
des enfants y est faible (inférieure à 20 %).
Pour aller plus loin
– Emmanuel Flachaire, « La mobilité, l’autre déterminant des inégalités », The
Conversation, 1er juillet 2019
https://theconversation.com/la-mobilite-lautre-determinant-des-inegalites-119356
– On peut utiliser la note d’analyse de France Stratégie qui, à partir d’informations
statistiques inédites, permet de quantifier l’influence de l’origine sociale sur le niveau
de vie, et montre que l’inégalité des chances passe par le niveau de diplôme. On dis-
pose de la note d’analyse, d’une infographie facilement utilisable avec des élèves et
d’une interview vidéo de Clément Dherbécourt par Xerfi Canal (durée : 4 min 45 s).
Clément Dherbécourt, « Nés sous la même étoile ? Origine sociale et niveau de vie »,
France Stratégie, La Note d’analyse, n°68, juillet 2018
https://www.strategie.gouv.fr/publications/nes-meme-etoile-origine-sociale-niveau-de-vie
– Laurence Boone, cheffe économiste de l’OCDE, et Antoine Goujard, Bureau France,
Département économique de l’OCDE, « La France, les inégalités et l’ascenseur social »,
25 février 2019, Ecoscope
https://oecdecoscope.blog/2019/02/25/la-france-les-inegalites-et-lascenseur-social/
C
3 Un recrutement socialement inégal dans le supérieur
DO
p. 297
Ce graphique permet d’étudier la composition des origines sociales des étudiants
selon les filières en 2018-2019 en France. Il permet de montrer que l’origine sociale
des étudiants varie selon les filières : les étudiants des écoles de commerce, d’ingé-
nieurs et de CPGE sont majoritairement enfants de cadres supérieurs. Les données
pour l’ensemble des étudiants permettent de montrer la surreprésentation et la
sous-représentation des étudiants selon les filières en fonction leur origine sociale.
286 • III – Regards croisés
1. En 2018-2019, en France, 51,1 % des étudiants en école de commerce avaient des
parents cadres supérieurs alors qu’ils ne représentaient que 34,3 % de l’ensemble
des étudiants.
2. En France, en 2018-2019, les enfants d’ouvriers étaient sous-représentés parmi
les étudiants en CPGE. En effet, 7 % des étudiants de classes préparatoires étaient
des enfants d’ouvriers alors que les enfants d’ouvriers représentaient 11,9 % de l’en-
semble des étudiants. Ainsi, la part des étudiants de classes préparatoires dont les
parents sont ouvriers était plus de 1,5 fois inférieure à la part des étudiants ayant
cette origine sociale.
3. En France, en 2018-2019, 51,1 % des étudiants d’écoles de commerce étaient des
enfants de cadres et 4,3 % étaient des enfants d’ouvriers. La part des enfants de cadres
parmi les étudiants d’école de commerce était donc 11,9 fois supérieure à celle des
enfants d’ouvriers, alors que parmi l’ensemble des étudiants la part de ceux dont les
parents sont cadres supérieurs n’est qu’à peine 3 fois supérieure à celle des étudiants
dont les parents sont ouvriers. Les enfants de cadres étaient donc surreprésentés
parmi les étudiants d’écoles de commerce.
4. Les choix d’études supérieures et la réussite scolaire des enfants sont fortement
corrélés à leur origine sociale. Ainsi, les enfants de cadres sont surreprésentés parmi
les étudiants des grandes écoles : ils bénéficient d’un capital culturel familial important
que le système scolaire reconnaît et légitime en leur délivrant des diplômes permet-
tant l’accès à des études supérieures plus sélectives. Ils bénéficient d’un avantage
puisque leur capital culturel est proche de la culture légitime valorisée par l’école. De
plus, leurs parents, du fait de leur niveau d’études, ont une meilleure connaissance
des études supérieures et opèrent des choix d’orientation propices, favorables à la
poursuite d’études sélectives (filière, spécialités, options facultatives…). Les enfants
de cadres ont donc plus de chances de réussir leur scolarité et d’accéder aux classes
préparatoires que les autres enfants, et plus de chances d’intégrer de grandes écoles
ou écoles de commerce. Par ailleurs, les cadres disposent d’un capital économique
suffisant pour financer les études longues ou des écoles de commerce privées, ce qui
explique également les choix d’orientation de leurs enfants.
Enfin, leur surreprésentation est renforcée par les mécanismes d’auto-élimination des
enfants des milieux populaires qui, à résultats identiques, n’opèrent pas les mêmes
choix d’orientation (voir Chapitre 7, pages 188 à 193).
Pour aller plus loin
– Entretien avec Bernard Lahire, « Orientation scolaire : "Les lycéens ont intégré leur
position dans la hiérarchie" », Observatoire des inégalités, 27 février 2020.
https://www.inegalites.fr/Orientation-scolaire-Les-lyceens-ont-integre-leur-position-
dans-la-hierarchie?id_theme=17
– Trois articles de l’Observatoire des inégalités :
« Le parcours d’une génération à l’école selon l’origine sociale », 12 novembre 2019
https://www.inegalites.fr/parcours-generation-milieu-social?id_theme=17
« Du collège aux filières d’excellence, la disparition des enfants d’ouvriers », 29 août 2019
https://www.inegalites.fr/Du-college-aux-filieres-d-excellence-la-disparition-des-
enfants-d-ouvriers?id_theme=17
« Les milieux populaires largement sous-représentés dans l’enseignement supérieur »,
19 juin 2019
https://www.inegalites.fr/Les-milieux-populaires-largement-sous-representes-dans-
l-enseignement-superieur?id_theme=17
C
4 Des inégalités multiformes et cumulatives dès le plus jeune âge
DO
p. 297
Ce texte a pour objectif de montrer que les inégalités sont multiformes et cumula-
tives, tant économiques que sociales. De plus, il permet de montrer que les inégalités
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 287
économiques et sociales dès le plus jeune âge des individus engendrent des inégalités
dans l’enfance, mais aussi à l’âge adulte.
1. Les inégalités entre enfants évoquées dans ce texte sont multiformes et cumulatives.
D’une part, elles sont économiques (niveau de vie des parents) et, d’autre part, elles
impliquent des inégalités sociales : inégalités de conditions de logement (insalubrité,
« défauts de confort », habitat surpeuplé, absence de chambre individuelle) qui « ont
elles-mêmes des incidences sur la scolarité » des enfants (plus forte probabilité de
redoublement) et in fine sur les chances de mobilité sociale.
2. Dès l’enfance, les inégalités économiques peuvent engendrer des inégalités sociales.
En effet, les enfants dont le niveau de vie est inférieur au premier quartile connaissent
davantage de mauvaises conditions de logement qui les désavantagent dans leur
scolarité. Par exemple, les enfants issus des familles pauvres ont des conditions de
logement peu confortables, voire insalubres. De plus, le fait de partager leur chambre
avec un ou plusieurs frères et sœurs augmente le risque de redoublement.
3. Les inégalités sociales dans l’enfance peuvent provoquer des inégalités économiques
à l’âge adulte. En effet, de meilleures conditions de vie dans l’enfance facilitent la
réussite scolaire et l’accès à un niveau de diplôme élevé, condition nécessaire pour
obtenir un emploi bien rémunéré, source d’un niveau de vie satisfaisant. Par exemple,
les enfants ayant des conditions d’habitat confortables ont accès à des écoles avec
un entre-soi élevé, favorisant leur capital culturel élevé par l’obtention de diplômes
de l’enseignement supérieur valorisés sur le marché du travail. Ainsi, ils accèdent plus
facilement à des emplois aux salaires élevés qui leur garantissent des niveaux de vie
au-dessus de la moyenne.
Pour aller plus loin
– Interview de Nicolas Duvoux, professeur de sociologie à l’université Paris 8, « Inégalités
sociales : tout se cumule », Xerfi Canal, 4 décembre 2017
Vidéo (4 min 52 s) : https://www.youtube.com/watch?v=yjTLrJlvykM
– Émission de Louise Tourret, Être et savoir, France Culture, Série « La fabrique des
inégalités : évolutions, contradictions, paradoxes », 10 épisodes (5 sont disponibles
sur le site de France Culture).
https://www.franceculture.fr/emissions/series/la-fabrique-des-inegalites-evolution-
contradictions-paradoxes
« Alors que l’école française est réputée pour être une des plus inégalitaires de l’OCDE,
Être et savoir s’interroge : comment l’école participe-t-elle à amplifier les inégalités
sociales ou migratoires et ce souvent dès la maternelle, et surtout quelles pistes pour
inverser ce phénomène ? »
L’épisode 5 (59 min) diffusé le 8 décembre 2019 est consacré à l’ouvrage de Bernard
Lahire, Enfances de classe.
https://www.franceculture.fr/emissions/etre-et-savoir/la-culture-au-berceau
S’ENTRAÎNER
p. 297
1 Autoévaluation
Inégalités 2 Inégalités 3 Inégalités
scolaires face à l’emploi de santé
4 6
1 5
7
Inégalités Inégalités Inégalités
de logement de revenus de patrimoine
9 8
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 289
euros bruts, tandis que les footballeuses de D1 ne gagnent en moyenne que 3 000
euros bruts par mois (50 000/3 000 = 16,67).
2. Les inégalités de salaires bruts mensuels moyens entre les hommes et les femmes
dans le sport sont plus ou moins fortes selon la discipline sportive. En effet, si les
inégalités salariales sont fortes dans le football ou le rugby (les femmes de D1 ayant
un statut amateur), elles sont plus faibles en D1 de volley-ball. En effet, les vol-
leyeurs de D1 perçoivent un salaire brut mensuel moyen 40 % supérieur à celui des
volleyeuses de D1, soit un rapport de 1,4, et un rapport de 2,46 entre hommes et
femmes de D1 de handball contre 17 pour la L1 de football. Par ailleurs, on remarque
que la dotation de 2 millions d’euros pour le vainqueur du tournoi de Roland-Garros
en 2016 est identique pour les femmes et les hommes.
3. Les inégalités de salaires dans le sport peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs. Tout
d’abord, on peut penser que les sportives professionnelles génèrent moins d’audience
que leurs homologues masculins, moins d’interactions sur les réseaux sociaux, et donc
moins de recettes publicitaires pour les clubs. De plus, les compétitions féminines
engendrent moins de ventes de billets, de maillots et de produits dérivés. Leur valeur
économique est donc plus faible et attire moins de sponsors, moins de partenariats
marketing et merchandising. Cela pourrait justifier que les femmes soient moins bien
payées dans le sport professionnel. En effet, en économie, le salaire correspond au
gain apporté par le travailleur. Si ce dernier ou cette dernière rapporte beaucoup, il
ou elle reçoit en retour une rémunération plus élevée.
Par ailleurs, dans de nombreux sports, la pratique sportive des femmes est plus
récente et son institutionnalisation avec la création d’instances fédérales également.
Ceci peut expliquer les inégalités de rémunération entre hommes et femmes dans le
sport par une forme de retard de développement économique du sport professionnel
féminin et de son marché.
Enfin, les stéréotypes de genre et les discriminations à l’encontre des sportives
peuvent expliquer cette rémunération inférieure : le sexisme n’épargne pas le sport.
4. Les inégalités de salaires entre sportifs et sportives ne sont pas justes lorsqu’elles
concernent des sportifs et sportives de niveau identique, ici professionnel. De plus,
les sportives professionnelles ont suivi des formations et des cursus équivalents à
ceux de leurs homologues masculins : rien ne justifierait donc de tels écarts de rému-
nérations. Cependant, les clubs les justifient souvent par les retombées médiatiques
plus faibles du sport féminin, une moindre exposition qui recule également, à l’image
de la Coupe du monde féminine de football en 2019.
Pour aller plus loin
– Cécile Thuillier, « Différences de rémunérations homme-femme dans le sport : pas
très fair ! », Arte, émission Kreatur, 2018. Vidéo (2 min) :
https://www.arte.tv/fr/videos/081636-002-A/differences-de-remunerations-homme-
femme-dans-le-sport-pas-tres-fair/
– On peut conseiller cet autre épisode (33 min) de Kreatur, où deux invitées, la boxeuse
allemande Sarah Scheurich, vice-championne d’Europe 2014 poids moyen, et Cécile
Ottogalli, maîtresse de conférence et responsable du master EGAL’APS, abordent
les questions de salaires, de médiatisation, d’accès aux structures sportives et du
sexisme dans le milieu sportif.
https://www.arte.tv/fr/videos/081636-001-A/kreatur-n-2-les-femmes-a-la-conquete-du-terrain/
– On peut également se référer à l’analyse du Top 50 des sportifs les mieux payés
par Pierre Rondeau, professeur d’économie à la Sports Management School : dans
cet article, il analyse le niveau de redistribution et de répartition des rémunérations
ainsi que les critères déterminant le poids des salaires.
Pierre Rondeau, « Salaires des sportifs français : le podium des inégalités », The
Conversation, 8 mars 2018
https://theconversation.com/salaires-des-sportifs-francais-le-podium-des-inegalites-92944
DO
p. 298
Ce texte permet de définir les trois conceptions de l’égalité (égalité des droits, éga-
lité des chances et égalité des situations). Il invite les élèves à les distinguer et à en
saisir les limites.
1. Les trois conceptions de l’égalité sont les suivantes : égalité des droits, égalité
des chances et égalité des situations. Tout d’abord, l’égalité des droits correspond à
la situation dans laquelle ce qui est légalement possible pour un individu doit l’être
pour tous les autres. Tous les citoyens sont donc soumis aux mêmes lois. Ensuite,
l’égalité des chances renvoie à la situation dans laquelle l’accès aux ressources rares et
socialement prisées est indépendant de l’origine sociale ou d’autres caractéristiques
de l’individu (âge, sexe, nationalité…). Les individus ont donc les mêmes chances, les
mêmes opportunités, indépendamment de leurs caractéristiques ou origine sociale.
Enfin, l’égalité des situations (conditions ou positions), appelée aussi « égalité réelle »,
correspond quant à elle à la situation dans laquelle les individus disposent d’un même
accès effectif à une ressource socialement valorisée.
2. L’égalité des droits ne suffit pas à garantir l’égalité des chances car elle ne garantit
pas que les procédures seront identiques pour tous, que les droits seront effectivement
réalisés, ni même que certains ne seront pas discriminés. Ainsi l’égalité des droits
ignore les inégalités économiques et sociales rencontrées par les individus qui les
placent dans des situations où leurs droits n’ont pas les mêmes chances de s’appliquer.
3. La méritocratie est critiquée car la notion de mérite est difficilement objectivable.
La distinction entre les efforts personnels et les « talents naturels » des individus n’est
pas aisée à opérer. De plus, il est « impossible d’isoler d’autres facteurs de réussite
arbitraires » (héritages économique et culturel, environnement institutionnel…).
Les enfants de cadres réussissent mieux à l’école que les enfants d’ouvriers ; pour
autant, est-ce dû à leur mérite, leur talent, leurs efforts personnels ou aux conditions
économiques, sociales et culturelles dont ils bénéficient ? La sociologie, depuis les
travaux de Pierre Bourdieu, a démontré que la réussite scolaire dépendait fortement
de l’origine sociale (voir Chapitre 7, dossiers 3 et 4 pages 190-193).
Pour aller plus loin
– On pourra utiliser l’exemple de la flûte et des trois enfants, proposé par Amartya
Sen, L’idée de justice, 2012, Flammarion.
Cet exemple est développé par Muriel Gilardone, « 3 enfants, 1 flûte : le choix des
principes de justice chez Amartya Sen », Alternatives économiques, L’Économie
politique, n°83, juillet 2019.
https://www.alternatives-economiques.fr/3-enfants-1-flute-choix-principes-de-
justice-chez-amartya-sen/00090006
– On peut également sensibiliser les élèves avec cette vidéo de l’Observatoire des iné-
galités mettant en scène une partie de Monopoly pour laquelle les enfants découvrent
que les règles du jeu modifient les situations de départ des joueurs.
Vidéo (2 min) : https://www.youtube.com/watch?v=gZbfBg4s59g&t=
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 291
1.
Égalité des droits Égalité des chances Égalité des situations
a) droit de propriété d) école gratuite et obligatoire g) aides au logement
b) obligation de scolarité f) obligation pour chaque ville d’avoir 25 % de i) lois favorables à l’égalité
jusqu’à 16 ans logements sociaux professionnelle entre
c) liberté de réunion h) zones d’éducation prioritaire femmes et hommes (à
e) droit de vote des femmes j) loi en faveur de la parité hommes-femmes en travail égal, salaire égal)
politique
k) anonymisation des noms des élèves dans
Parcoursup
2. L’idéal égalitaire repose sur trois définitions. En effet, si nos sociétés démocratiques
sont attachées à l’égalité, cet idéal revêt trois formes différentes.
Tout d’abord, l’égalité des droits stipule qu’une société est juste si les individus
disposent des mêmes droits. C’est le sens de la Déclaration des droits de l’homme
et du citoyen qui abolit les privilèges et place les individus dans une stricte égalité
des droits. Néanmoins, cette conception de la justice sociale néglige les inégalités
de départ et conduit à traiter de la même manière tous les individus.
C’est pourquoi on peut ajouter qu’une société est juste si elle vise l’égalité des
chances, c’est-à-dire si elle cherche à compenser les inégalités de départ. Elle permet
aux individus d’avoir les mêmes chances, les mêmes opportunités d’accès aux ressources
rares et positions sociales indépendamment de, ou malgré, leurs caractéristiques,
ou leur origine sociale. Par exemple, les pouvoirs publics visent l’égalité des chances
en mettant en place des bourses sur critères sociaux ou en accordant des moyens
supplémentaires pour l’éducation prioritaire. Cependant, ce traitement différencié
s’oppose à l’égalité des droits et n’implique pas d’égalité des situations obtenues.
Enfin, l’égalité des situations, ou égalité réelle, est la forme d’idéal égalitaire
marxiste (égalitarisme). La société est juste si elle atteint l’égalité des situations en
proposant par exemple un même salaire pour tous, ou bien encore un revenu universel.
Dans une perspective keynésienne, une société est juste si elle corrige les inégalités
de départ pour tendre vers une égalité à l’arrivée.
C
4 Un plaidoyer pour les inégalités
DO
p. 299
Ce texte a pour objectif de questionner la poursuite de l’idéal égalitaire (mais lequel ?).
Il permet d’aborder les arguments défendant les inégalités et de montrer qu’il n’existe
pas de consensus sur le type d’égalité à privilégier. En effet, ici, l’auteur défend une
vision méritocratique de la justice sociale.
1. Selon l’auteur, les inégalités sont un « levier fondamental des sociétés humaines »,
elles constituent une source « d’émulation à progresser et à mieux faire », « un puis-
sant levier de dépassement de soi ». En effet, selon lui, les inégalités agissent comme
des incitations envers les individus, les poussant à rechercher une meilleure dotation
et à fournir des efforts plus importants. Ainsi, il considère que les inégalités sont le
fruit des « efforts individuels » récompensant les « chemins singuliers empruntés par
des êtres poursuivant leurs propres objectifs ». On devine ici que l’auteur privilégie
la liberté des individus plutôt que l’égalité : les inégalités sont alors nécessaires et
efficaces dans la recherche du bien-être.
2. L’auteur privilégie l’égalité des droits « promue par la Déclaration des Droits de
l’Homme » de 1789.
3. Plusieurs passages démontrent que l’auteur se réclame d’une conception mérito-
cratique de la justice. En effet, il affirme que « les inégalités sont la conséquence des
efforts individuels ». En outre, il dénonce le fait qu’« un système trop redistributif
brise les incitations en donnant de façon imméritée à certains, tout en privant les
292 • III – Regards croisés
autres du fruit de leurs efforts ». Ainsi, le mérite et les efforts de certains doivent
être, selon l’auteur, pleinement récompensés. Peu importe les inégalités, il considère
qu’il convient de valoriser les « élans », les trajectoires individuelles démontrant une
évolution, « du courage », de l’« intelligence » ou l’esprit « d’entreprendre ». Ainsi,
« les inégalités sont la conséquence des efforts individuels, des chemins singuliers
empruntés par des êtres poursuivant leurs propres objectifs ».
4. Le document 2 du dossier 2 montre que plus les inégalités sont fortes dans une
société, plus l’influence du revenu des parents sur celui des enfants est importante.
En effet, plus le coefficient de Gini des revenus des parents est élevé, plus la mobi-
lité intergénérationnelle est faible puisque nous avons constaté que la corrélation
de revenu parents-enfants y est plus importante. On ne peut donc pas affirmer, à
partir des études empiriques, que la mobilité sociale est plus forte dans les sociétés
très inégalitaires.
S’ENTRAÎNER
p.299
1 Autoévaluation
Égalité des droits Peut être purement formelle, juridique.
Égalité des chances Isoler le mérite individuel est impossible.
Égalité des situations Désincite à rechercher la réussite.
2 Mobiliser ses connaissances
La justice sociale, c’est-à-dire l’ensemble des principes permettant d’apprécier le
caractère juste ou non d’une société, repose sur différentes conceptions de l’égalité.
En effet, chaque société privilégie et combine des formes d’idéal égalitaire différentes
pour définir ce qui est juste ou non. Il convient alors de distinguer l’égalité des droits
de l’égalité des chances.
Tout d’abord, l’égalité des droits repose sur le fait d’appliquer les mêmes droits
et devoirs aux individus, quelles que soient leurs caractéristiques. Néanmoins cette
forme d’égalité n’est pas suffisante pour atteindre l’égalité des chances, c’est-à-dire
pour permettre à tous d’avoir les mêmes possibilités d’accéder aux positions sociales
et aux ressources valorisées, quelles que soient l’origine et/ou les caractéristiques des
individus. En effet, même si les enfants bénéficient d’une égalité des droits devant
l’éducation (l’école est obligatoire jusqu’à 16 ans), on constate des inégalités de
réussite scolaire corrélées à l’origine sociale. C’est pourquoi l’égalité des droits peut
être contradictoire avec l’égalité des chances, cette dernière pouvant nécessiter une
inégalité de traitement : réseaux d’éducation prioritaire, mise en place d’un concours
parallèle pour l’admission à Sciences Po, Parcours égalité des chances de l’université
Paris Dauphine, lois sur la parité en politique…
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 293
C
1 POUR COMMENCER À la recherche de la justice sociale
DO
p. 300
Cette vidéo « Décod’éco » de France TV Éducation permet de présenter les théories utili-
taristes et égalitaristes, tout en distinguant l’égalitarisme strict de l’égalitarisme libéral.
1. Il est difficile de se mettre d’accord sur les principes de la justice sociale car les inté-
rêts des individus peuvent diverger (les riches ne souhaitent pas renoncer à une partie
des revenus qu’ils ont gagné par leur travail par exemple) et le niveau de sensibilité
ou d’acceptabilité des inégalités diffère selon les positions sociales des individus (les
plus pauvres ressentent souvent plus injustement ces inégalités).
2. Dans la conception marxiste, le capitalisme est intrinsèquement injuste car il repose
sur un partage inégal des richesses produites en faveur des propriétaires des moyens
de production qui exploitent le travail des prolétaires. Les marxistes prônent donc
une abolition du capitalisme et l’avènement du communisme qui permettrait que
tous les humains reçoivent les mêmes revenus, car les moyens de production seraient
mis en commun suite à l’abolition de la propriété privée.
3. Selon l’utilitarisme, les inégalités sont justifiées, considérées comme justes si
elles permettent d’augmenter le bonheur total, c’est-à-dire si elles maximisent le
bien-être collectif.
4. La position de John Rawls relève de l’égalitarisme libéral car elle repose sur deux
principes qui concilient la liberté et l’égalité : les mêmes droits et libertés doivent
être accordés aux individus, et seules les inégalités améliorant la situation des plus
défavorisés sont acceptables.
Pour aller plus loin
On peut exploiter les vidéos de Maxime Lambrecht, docteur en droit, chercheur en
éthique et en droit d’Internet à la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale /
Professeur invité à l’UCL, expliquant les quatre conceptions de la justice sociale :
l’utilitarisme, le libertarisme (Robert Nozick), l’égalitarisme libéral (John Rawls) et
l’égalitarisme strict (Karl Marx) : voir page 315 du manuel, « Les conceptions de la
justice sociale ».
C
2 L’égalitarisme libéral de John Rawls
DO
p. 300
Cet extrait d’un article d’Alternatives économiques développe l’analyse de la justice
sociale selon John Rawls. Il s’agit de présenter l’égalitarisme libéral et les principes
sur lesquels repose cette théorie pour mieux comprendre quelles inégalités sont
considérées comme justes.
1. En plaçant les individus sous un « voile d’ignorance », ces derniers ne connaissent ni
leur position sociale, ni leurs talents, ni leur conception du bien. En effet, pour définir
les principes acceptables pour tous, les individus ne doivent pas être influencés par
leurs conditions d’existence réelles. Ainsi, placés dans la situation d’incertitude du
« voile d’ignorance » qui occulte leur position dans la société, ils peuvent formuler
des principes impartiaux et feront en sorte d’établir des règles les moins défavorables
aux plus désavantagés.
2. Selon Rawls, la liberté doit être égale pour tous, et notamment les libertés de base,
pour des raisons éthiques. Ceci doit être garanti, avant même toute considération
sur l’égalité d’accès aux richesses.
3. Selon Rawls, les inégalités qui sont justifiées sont celles qui sont liées à des posi-
tions ouvertes à tous (« juste égalité des chances ») et qui améliorent au maximum
la situation des plus démunis (« principe de différence »).
4. Par exemple, dans la conception de Rawls, les profits des entreprises permettent
de financer des investissements ou de rémunérer des apporteurs de capitaux, ce qui
294 • III – Regards croisés
génère de l’activité économique qui peut bénéficier aux plus démunis. Les inégalités
de revenus qui proviennent du partage de la valeur ajoutée avec une part destinée
au profit peuvent donc bénéficier aux plus démunis.
En revanche, des revenus qui proviennent d’une rente ne conduisent pas à de nou-
veaux investissements. Ainsi, les profits des entreprises peuvent augmenter avec
une concentration des entreprises par rachat des concurrents, ce qui leur permet
d’extorquer une rente liée à une position dominante non contestée, donc qui ne
nécessite pas d’investissements pour être maintenue. Ce sont donc des inégalités
qui ne bénéficient pas au plus grand nombre.
C
3 La justice selon le libertarisme
DO
p. 301
En présentant les oppositions entre deux courants du libéralisme, ce texte permet
d’étudier la conception de la justice sociale selon le libertarisme.
1. Les libéraux qui « fondent leur conception de la liberté sur l’égalité » se rattachent
à l’égalitarisme libéral.
2. Selon les libertariens, la quête d’égalité présente des risques ou effets pervers : selon
Robert Nozick, la conception égalitariste de la justice sociale augmente le risque d’un
pouvoir totalitaire. Ainsi, la recherche d’égalité se concrétise par la mise en œuvre de
moyens contraires au libéralisme, l’égalité menaçant alors la liberté.
3. La mise en place de la redistribution peut sacrifier la liberté. En effet, la redis-
tribution est opérée par les pouvoirs publics, elle nécessite donc l’intervention de
l’État au-delà de ses fonctions régaliennes et vient perturber le fonctionnement libre
du marché. En effet, la fiscalité sur la propriété limite la liberté de jouir de ce bien,
accordée à celui qui en est propriétaire. De même, la mise en place d’un impôt pro-
gressif sur le revenu sacrifie la liberté des plus riches à utiliser leurs revenus comme
ils le souhaitent au profit d’un accroissement des revenus des plus pauvres ou de la
réduction des inégalités.
Pour aller plus loin
Maxime Lambrecht, « Le libertarisme, c’est quoi ? », juin 2018
Vidéo (18 min 59 s) : https://www.youtube.com/watch?v=MVhankVI_Vo
C
4 La perception de l’égalité des chances selon l’âge et le positionnement
DO
politique
p. 301
Ce graphique présente une partie des résultats de l’enquête dite Dynégal (Dynamique
de la perception des inégalités) de 2013. Il permet d’interroger la perception qu’ont
les individus de l’égalité des chances de réussite selon l’âge des individus enquêtés
et leur positionnement politique.
1. En 2013, en France, les individus de plus de 29 ans interrogés se situant politi-
quement au centre ont un score de 5,4, signifiant qu’ils sont plutôt d’accord avec
l’affirmation selon laquelle « les gens ont les mêmes chances de réussir quelle que
soit leur origine ». Ce score est plus élevé encore (5,75) pour les individus de 18 à 29
ans interrogés, ils sont donc davantage en accord avec cette affirmation.
2. Quel que soit leur positionnement politique, les jeunes de 18-29 ans sont plus
nombreux à croire dans l’égalité des chances que les personnes de plus de 29 ans.
Les plus jeunes sont donc en moyenne moins déterministes que leurs aînés.
3. Quel que soit leur âge, plus les individus interrogés se situent à droite, plus
ils sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle les chances de réussite sont les
mêmes quelle que soit l’origine sociale, c’est-à-dire moins ils sont déterministes et
plus ils croient en l’égalité des chances, ce qui est un marqueur fort du libéralisme.
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 295
À l’opposé, les individus se situant plus à gauche sont les moins d’accord (ou les plus
en désaccord) avec cette affirmation. Cela signifie donc que les individus politique-
ment à gauche sont plus déterministes et moins confiants dans l’égalité des chances
que les électeurs de droite.
S’ENTRAÎNER
p. 301
1 Autoévaluation
A. John Stuart Mill (1806-1873) 3. « La morale est l’utilité ou principe du plus grand bonheur. » c) Utilitarisme
B. John Rawls (1921-2002) 4. « Nous ne méritons pas notre place dans la répartition des dons à la naissance, d) Égalitarisme
pas plus que nous ne méritons notre point de départ initial dans la société. » libéral
C. Karl Marx (1818-1883) 1. « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins. » b) Égalitarisme
strict
D. Robert Nozick (1938-2002) 2. « Un État minimal, limité de façon étroite aux fonctions de protection contre la a) Libertarisme
violence, le vol, l’escroquerie, et pour assurer le respect des contrats privés, est
justifié. Toute extension de ces fonctions viole le droit des individus à ne pas
être contraints, et est donc injustifiée. »
C
1 POUR COMMENCER La redistribution divise par quatre l’échelle
DO
des revenus
p. 302
Cette infographie permet d’illustrer la réduction des inégalités de revenus opérée par
la redistribution. Elle permet de comparer, avant et après redistribution, le revenu
mensuel moyen d’une personne seule appartenant aux 10 % les plus aisés à celui
d’une personne seule appartenant aux 10 % les plus modestes, à l’aide de données
en valeurs absolues et en valeur relative.
1. Revenu mensuel moyen de D1 avant redistribution : 243 €
Revenu mensuel moyen de D1 après redistribution : 843 €
843/243 = 3,5
En 2018, en France, le revenu mensuel moyen d’une personne seule appartenant
aux 10 % les plus modestes après redistribution est 3,5 fois supérieur à son revenu
avant redistribution.
(843 – 243)/243 = 2,47 = +247 %
En France en 2018, après redistribution, le revenu moyen des 10 % les plus modestes
est de 247 % plus élevé qu’avant redistribution.
2. En France, en 2018, le revenu mensuel moyen avant redistribution d’une personne
seule appartenant aux 10 % les plus aisés est 22,2 fois supérieur à celui d’une personne
seule du premier décile, c’est-à-dire appartenant aux 10 % les plus modestes. Après
redistribution, le revenu mensuel moyen d’un individu du dernier décile (les 10 % les
plus aisés) n’est plus « que » 5,6 fois supérieur à celui d’un individu du premier décile
(les 10 % les plus modestes).
3. Oui, la redistribution réduit les inégalités de revenus. En effet, elle permet de dimi-
nuer le revenu mensuel moyen des 10 % les plus aisés tandis qu’elle triple le montant
du revenu mensuel moyen des 10 % les plus modestes. Ainsi, l’écart relatif de revenus
(ou échelle des revenus) est divisé par 4 : passant de 22,2 avant redistribution à 5,6
après redistribution. Le revenu mensuel moyen des 10 % les plus riches après redis-
tribution n’est alors plus « que » 5,6 fois supérieur à celui des 10 % les plus modestes.
C
2 Les moyens des pouvoirs publics pour assurer la redistribution
DO
p. 302
Ce texte permet de présenter les deux faces de la redistribution monétaire : les
prélèvements obligatoires (cotisations sociales et impôts directs) et les prestations
sociales. Par ailleurs, il montre qu’au-delà de la seule redistribution monétaire, les
services publics gratuits permettent également de réduire les inégalités d’accès à
l’éducation, la santé...
1. Les deux mécanismes de la redistribution monétaire présentés dans le texte sont
d’une part, les prélèvements obligatoires (impôts directs et cotisations) versés par
les ménages aux administrations publiques et, d’autre part, les prestation sociales
versées aux ménages par les administrations publiques de la Sécurité sociale.
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 297
2. Ces deux mécanismes permettent de réduire les inégalités de revenus primaires
entre les ménages modestes et les plus aisés. En effet, les impôts sur le revenu pro-
gressifs et les prestations sociales assurées par la protection sociale corrigent les
fortes inégalités de revenus primaires entre les ménages. Ces mécanismes permettent
également de réduire la pauvreté, en particulier par le versement de prestations
sociales sous conditions de ressources ciblant les ménages ayant les revenus les plus
faibles (aides au logement, RSA, minimum vieillesse...).
3. Les services publics collectifs gratuits ou quasi gratuits (éducation, santé, loge-
ment…) ont également un caractère redistributif puisqu’ils permettent de réduire
les inégalités d’accès à ces services entre riches et pauvres.
4. L’école gratuite constitue un service collectif accessible à tous indépendamment
du niveau de revenu des familles. En effet, l’usage de l’école et la satisfaction que
ce service procure ne sont pas soumis à la fixation d’un prix qui empêcherait les
catégories les plus modestes d’y accéder. Par exemple, si l’éducation était un service
marchand fourni par des entreprises privées, l’accès serait inégal voire impossible
pour les enfants des familles les plus pauvres et la satisfaction retirée du service
d’éducation serait également inégale (les services de meilleure qualité seraient pro-
posés à un prix plus élevé).
Pour aller plus loin
– « La protection sociale », Dessine-moi l’éco, janvier 2014
Vidéo (3 min 35 s) : http://dessinemoileco.com/la-protection-sociale/
– « Comprendre le financement de la protection sociale », Xerfi Canal, TVLaTribune,
13 juin 2017
Cette vidéo permet de comprendre le financement de la protection sociale et ses
réformes tendant vers une plus grande fiscalisation du financement de la protection
sociale (CSG…).
Vidéo (4 min 44 s) : https://www.youtube.com/watch?v=5OH26d07aBY
C
3 La structure des comptes de la protection sociale
DO
p. 303
Ces diagrammes circulaires mettent en parallèle la répartition des ressources de la
protection sociale et celle des prestations sociales. On notera qu’ici nous examinons
la répartition des prestations et non celles des dépenses de protection sociale. En
effet, les prestations sociales représentent environ 95 % des dépenses de protection
sociale, le reste étant constitué de frais de gestion, frais financiers, etc. Il s’agit de
l’ensemble de la protection sociale, qui inclut les administrations de la Sécurité sociale,
les régimes complémentaires obligatoires, l’assurance chômage et l’aide sociale (les
minimas sociaux, par exemple).
Erratum : dans le diagramme de droite, « Ressources de la protection sociale », il faut
lire « 24 % : Impôts et taxes affectés » et « 15 % : Autres ressources (contributions
publiques, produits financiers, etc.). »
1. Allocation logement : risque logement.
RSA : risque pauvreté-exclusion.
Indemnités chômage : risque emploi (chômage).
Pension de retraite : risque vieillesse.
Allocations familiales : risque famille.
Indemnités maladie : risque santé.
2. 727,9 x 3/100 = 21,837
En France, en 2017, les prestations sociales de pauvreté et d’exclusion s’élevaient
environ à 22 milliards d’euros.
3. 779,7 x 24/100 = 187,128
p. 303
Ce texte traite de la lutte contre les discriminations appliquée au domaine de l’éduca-
tion, en particulier aux bacheliers dans le cadre de Parcoursup. Il permet de montrer
que des quotas peuvent être appliqués pour rétablir l’égalité des chances entre les
candidats à l’enseignement supérieur. Le texte rappelle que des voies d’accès réservées
à des grandes écoles ont été instaurées au début des années 2000, ce qui montre la
diversité des dispositifs de discrimination positive.
1. Le passage souligné traite du quota de bacheliers boursiers appliqué aux différentes
filières de l’enseignement supérieur qui permet de garantir un meilleur accès des
enfants issus des milieux modestes à l’enseignement supérieur. Ainsi, cette mesure
vise à rétablir l’égalité des chances entre candidats bacheliers.
2. Ce pourcentage minimal de bacheliers boursiers retenus constitue bien une mesure
de discrimination positive puisque ce quota qui leur est réservé, donc spécifique, les
avantage en leur garantissant des places dédiées dans les filières de l’enseignement
supérieur. Cet avantage se justifie pour compenser une inégalité de conditions, voire
des discriminations.
3. Il existe d’autres exemples de mesures de discrimination positive. Le texte évoque
« les voies spéciales d’entrée à Sciences Po pour les lycéens de quartiers défavorisés
partenaires », autrement dit, les Conventions Éducation Prioritaire de Sciences Po.
Dans la même logique, on peut citer le Parcours Égalité des chances de l’université
Paris Dauphine. De plus, le texte fait référence aux quotas de bacheliers professionnels
et technologiques en BTS et DUT leur assurant un plus grand accès à l’enseignement
supérieur, et donc, une plus grande égalité des chances dans l’accès aux diplômes
du supérieur. On peut également illustrer la diversité des mesures de discrimination
positive par l’obligation pour les entreprises de plus de 20 salariés d’embaucher un
quota d’au moins 6 % de travailleurs handicapés, et d’autres dispositifs légaux comme
les lois pour l’égalité salariale, ou bien encore les lois pour la parité en politique.
Pour aller plus loin
– Parmi les mesures de lutte contre les discriminations, on peut présenter le rôle du
défenseur des droits :
https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/institution/competences/lutte-contre-discriminations
– Par ailleurs, on peut aborder la question du coût économique des discriminations à
partir du rapport de septembre 2016 réalisé par France Stratégie. Sur la page proposée
ci-dessous, on dispose d’infographies et de deux vidéos qui éclairent cette question.
Cela permet de montrer que la lutte contre les discriminations réduit les inégalités et
permet une plus grande efficacité économique. Cela permet de répondre à la critique
utilitariste de l’égalité des chances.
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 299
https://www.strategie.gouv.fr/publications/cout-economique-discriminations
https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/dp-discrimi-
nation-20-09-2016.pdf
– Extrait du JT 20 h de France 2, Ce qui fait débat, « Discrimination positive : peut-
elle corriger les inégalités ? », 13 avril 2017
Vidéo (5 min 13 s) : https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/plans-sociaux/
discrimination-positive-peut-elle-corriger-les-inegalites_2144498.html
S’ENTRAÎNER
p. 303
1 Autoévaluation
Les administrations publiques diminuent les inégalités en se finançant par des pré-
lèvements obligatoires, mais, en France, la fiscalité contribue peu à la baisse des
inégalités, car les impôts progressifs ont une part très faible. Néanmoins, l’utilisa-
tion de ces ressources corrige les inégalités en finançant la protection sociale, des
services collectifs, et en permettant la mise en place de mesures de lutte contre les
discriminations.
2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
§1 Les pouvoirs publics peuvent favoriser la justice sociale par les prélèvements
obligatoires/la fiscalité.
§2 Les pouvoirs publics peuvent favoriser la justice sociale par les prestations sociales/
protection sociale.
§3 Les pouvoirs publics peuvent favoriser la justice sociale par la mise à disposition
de services collectifs.
§4 Les pouvoirs publics peuvent favoriser la justice sociale en luttant contre les
discriminations.
p. 304
Ce graphique permet d’étudier la question de la contrainte de financement de la pro-
tection sociale en mettant en relation le poids des dépenses de protection sociale dans
le PIB avec la part que représentent les recettes publiques affectées à la protection
sociale dans le PIB entre 1959 et 2017. Il permet de montrer que les dépenses de
protection sociale, tout comme les recettes publiques qui lui sont affectées, repré-
sentent une part croissante du PIB.
1. En France, en 2017, les dépenses de protection sociale représentaient 33,7 % du
PIB tandis que les recettes publiques affectées à la protection sociale représentaient
34 % du PIB.
2. Entre 1959 et 2017, la part des dépenses de protection sociale dans le PIB a plus
que doublé (33,7/15). En effet, les dépenses de protection sociale ne représentaient
qu’environ 15 % du PIB en 1959 contre 33,7 % du PIB en 2017.
3. Entre 1959 et 2017, la part des dépenses de protection sociale liées à la vieillesse-sur-
vie (les retraites) a plus que triplé, passant d’environ 5 % du PIB en 1959 à plus de
15 % du PIB en 2017. En outre, la part des dépenses de protection sociale de santé a
doublé, passant d’environ 5 % du PIB en 1959 à plus de 10 % du PIB en 2017. Enfin,
même si les dépenses de protection sociale liées à l’emploi et à la pauvreté-exclusion
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 301
représentent une faible part du PIB en 2017, leur poids relatif dans le PIB a augmenté
fortement entre 1959 et 2017. Par exemple, les dépenses de protection sociale liées à
l’emploi ne représentaient qu’à peine 1 % du PIB en 1959 contre 2,5 % du PIB en 2017.
Attention à ne pas confondre niveau et évolution : une part peut être faible mais
avoir fortement augmenté.
4. Entre 1959 et 2017, le poids relatif des recettes publiques affectées à la protection
sociale dans le PIB a plus que doublé. En 1959, les recettes publiques affectées à la
protection sociale représentaient environ 16 % du PIB contre 34 % en 2017.
Pour aller plus loin
– Olivier Passet, « Ce n’est pas la protection sociale qui provoque les déficits : la
preuve », Xerfi Canal, 14 novembre 2019
Vidéo (4 min 50 s) : https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/ce-n-est-pas-la-protection
-sociale-qui-provoque-les-deficits-la-preuve-833018.html
– Pierre Cahuc, « La redistribution pallie les inégalités, elle ne les corrige pas », Les
Échos, 10 janvier 2020
https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/la-redistribution-pallie-les-
inegalites-elle-ne-les-corrige-pas-1161783
C
3 Une protection sociale source de désincitations au travail ?
DO
p. 305
Ce texte permet de traiter le risque d’effets pervers de la protection sociale en mon-
trant qu’elle peut être source de désincitation et de « trappes à inactivité ». Le texte
rappelle aussi que le comportement des individus ne se limite pas à celui de l’homo
economicus et que la critique libérale de la protection sociale est à relativiser.
1. Un salarié à mi-temps au SMIC perçoit un salaire net mensuel de 614,50 euros,
soit la moitié de 1 219 euros, montant du SMIC mensuel net (cf. encadré Repère),
tandis qu’un inactif au RSA reçoit 560 euros par mois, soit 54,50 euros d’écart (écart
absolu) ou 9 % de moins (écart relatif).
2. Le RSA peut avoir un effet négatif sur l’incitation à travailler. En effet, les individus
auraient tendance à opérer un calcul coût-avantage qui les maintiendraient dans
l’assistanat. Les montants des allocations chômage ou les revenus d’assistance, trop
élevés par rapport aux revenus que les individus pourraient obtenir en travaillant,
peuvent créer des « trappes à chômage » ou des « trappes à inactivité ». Ce sont des
situations dans lesquelles la reprise d’un emploi faiblement rémunéré par un alloca-
taire d’un minimum social conduit à une stabilité voire une baisse du niveau de vie, de
telle sorte que celui-ci pourrait « préférer » demeurer dans le dispositif d’assistance.
Ces revenus sociaux peuvent ainsi désinciter l’individu à fournir les efforts pour
occuper un emploi salarié normal et l’inciter à rester dans une situation de pauvreté,
d’exclusion et d’assistance. Ils auraient un effet contre-productif.
3. Le cumul du RSA et de la prime d’activité depuis le 1er janvier 2016 avec des revenus
d’activité doit inciter les travailleurs (salariés ou non salariés) aux ressources modestes
à exercer ou reprendre une activité professionnelle et à soutenir leur pouvoir d’achat.
En effet, la reprise d’une activité professionnelle engendre des dépenses supplémen-
taires (de transport, de garde d’enfants) qui peuvent décourager la reprise d’activité.
4. Le retour à l’emploi ne repose pas uniquement sur un calcul économique coût-avan-
tage. Les individus bénéficient également, grâce à l’emploi, d’un statut social. En
effet, exercer un emploi permet de se sentir utile, de retrouver une « dignité », de
s’intégrer à des relations professionnelles et d’être membre d’un collectif. Enfin,
grâce à l’emploi les individus accèdent aux droits sociaux ; en travaillant, ils cotisent
et sont des assurés sociaux. (Voir Chapitre 9, dossier 6, page 248)
DO
p. 305
Ces graphiques issus d’une enquête de l’IPSOS illustrent le moindre consentement
à l’impôt et permettent de montrer que la relation entre les citoyens et la fiscalité
est en crise : sa légitimité est remise en cause.
1. En France, en 2016, 46 % des personnes interrogées affirment que lorsqu’elles
paient des impôts, elles n’ont pas du tout ou plutôt pas le sentiment de faire un acte
citoyen. De plus, 74 % des personnes enquêtées ont le sentiment qu’elles contribuent
plus qu’elles ne bénéficient du système.
2. Les trois quarts des répondants ont le sentiment de davantage contribuer que de
bénéficier du système car les services collectifs dont ils bénéficient sont gratuits, et
par conséquent les individus ne peuvent estimer leur coût. Par exemple, les services
publics d’éducation, de santé, sont gratuits ou quasi gratuits. Les usagers ne peuvent
donc pas estimer de manière monétaire ce qu’ils reçoivent réellement. Ils ont ainsi
tendance à sous-estimer la valeur des prestations reçues. Par ailleurs, les citoyens
ont tendance à réduire le financement de l’État à l’impôt sur le revenu, qui est pro-
gressif et pèse plus sur les plus riches que sur les plus pauvres. Or, sa part dans le
financement de l’État est très minoritaire comparée aux impôts directs comme la
TVA, qui pèse plus fortement sur les ménages les plus pauvres qui utilisent une part
plus importante de leur revenu pour consommer.
3. Non, dans la réalité le pourcentage d’individus qui contribuent plus qu’ils ne béné-
ficient du système est bien inférieur à 74 %.
Pour aller plus loin
Karim El Hadj et Antoine Schirer, « Taxes et impôts : d’où vient le "ras-le bol" fiscal »,
Le Monde, 21 décembre 2018
Cette vidéo qui met en perspective la question de justice fiscale avec le mouvement
des Gilets jaunes permet de rappeler les trois types d’impôts et de montrer que le
« ras-le-bol » fiscal ne signifie pas la remise en cause des impôts et des services publics.
Vidéo (7 min 12 s) : https://www.lemonde.fr/societe/video/2018/12/21/taxes-et-
impots-d-ou-vient-le-ras-le-bol-fiscal_5401035_3224.html
S’ENTRAÎNER
p. 305
1 Autoévaluation
Crise de financement Crise d’efficacité Crise de légitimité
Hausse des dépenses de Désincitation au travail Recul du consentement à l’impôt
protection sociale plus rapide Faible effet sur les inégalités
que le PIB
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 303
TIVIT
É1
AC
Concevoir une infographie
É2
AC
Rédiger un texte argumenté
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 305
représentent 45 % environ des revenus primaires des 10 % Cela s’explique par l’effet de la composition des revenus
les plus pauvres contre environ 53 % des revenus primaires primaires des plus riches : les revenus du travail représentent
des individus du 8e décile. une part plus faible de leurs revenus primaires.
– Les impôts progressifs sur le revenu représentent une part Document 3 :
plus forte des revenus primaires des plus riches. L’absence de politique fiscale européenne engendre une course
– De même, les taxes sur le capital pèsent davantage au « moins-disant » fiscal pour attirer les capitaux et accroître la
dans les revenus primaires des plus riches, les 1 % les plus riches compétitivité des entreprises. Celle-ci se traduit par la disparition
y consacrent 20 % de leur revenu avant impôt. Ceci s’explique de l’impôt sur la fortune, l’adoption d’une flat-tax sur les revenus
par la composition de leurs revenus primaires. du capital, la baisse des taux marginaux progressifs d’imposition,
la montée en puissance des impôts régressifs
sur la consommation.
La part des prélèvements obligatoires qui ne sert pas à financer les prestations
contribue au fonctionnement général de l’État, mais également au financement d’un
ensemble de services publics. Ces dépenses, telles que celles d’éducation et de santé,
influencent également la distribution des revenus (avant impôts et transferts). Elles
participent d’un autre type de redistribution des revenus, opérée par un ensemble
de politiques et d’institutions.
ÉTAPE 2 RÉDIGER LES PARAGRAPHES
Paragraphe 1
Le système fiscal français est redistributif car il augmente les revenus des 50 % les
plus pauvres.
Le système fiscal français a des limites car il ne modifie presque pas le poids des 10 %
les plus riches dans le revenu total.
Paragraphe 2
Le système fiscal français est redistributif car pour les 95 % les plus pauvres, le taux
de prélèvements augmente avec les revenus.
Le système fiscal français a des limites car le taux de prélèvements obligatoires des
5 % les plus riches décroît et est équivalent à celui des plus pauvres.
Le système fiscal français a des limites car la France est soumise au dumping fiscal.
TIVIT
É3
AC
– Le revenu universel est une somme sans condition, – Le revenu universel encouragerait l’inactivité et l’assistanat,
cumulable avec d’autres revenus, versée à tous : il favoriserait car ceux qui décideraient de ne pas travailler ne participeraient
ainsi l’égalité et la liberté des individus. Les individus pas à son financement tout en bénéficiant de ce système.
décideraient de travailler ou non, ce qui pourrait favoriser le (DOC 1)
bénévolat. (DOC 1) – Il ne doit pas être trop élevé (500 euros comme le RSA) pour
– Le revenu minimum peut se cumuler avec le salaire ne pas encourager l’inactivité. (DOC 1)
minimum pour augmenter le pouvoir d’achat. (DOC 1) – Le revenu universel doit s’accompagner de la suppression du
– Il doit être suffisamment élevé (autour de 1 000 euros) pour salaire minimum : les employeurs pourraient moins rémunérer
laisser le choix aux citoyens de travailler ou non. (DOC 1) les emplois les moins qualifiés considérant que l’État prend en
– Le financement du revenu universel est possible en charge une partie du salaire. (DOC 1)
augmentant l’impôt sur le revenu ou en créant un nouvel – Le mode de financement pose problème : le revenu universel
impôt sur les transactions financières taxant les ventes ferait augmenter les dépenses de l’État. Il faudrait supprimer
d’actions en Bourse. (DOC 1) une partie des aides existantes (les aides au logement, le RSA,
– Le revenu universel permettrait de simplifier le système d’aides les pensions de retraite, les allocations chômage). (DOC 1)
sociales selon 71 % des personnes interrogées en 2016. (DOC 2) – Le revenu universel n’incite pas à travailler pour 62 % des
– Le revenu universel est un moyen efficace de lutter contre personnes interrogées. (DOC 2)
la pauvreté pour 53 % des personnes interrogées en 2016. – Le revenu universel est un système trop coûteux à mettre en
(DOC 2) place pour 55 % des personnes interrogées. (DOC 2)
– Le revenu universel est un moyen efficace de relancer – Le revenu universel est un système injuste car il ne prend pas
l’économie en favorisant la consommation selon 55 % des en compte la situation et les besoins de chacun pour 52 % des
personnes interrogées en 2016. (DOC 2) personnes interrogées. (DOC 2)
– Le revenu universel d’un montant égal pour tous permet « de – Le revenu universel d’un montant plus important que le RSA
vivre décemment alors que le RSA est volontairement faible ». pourrait « désinciter au travail ». (DOC 3)
(DOC 3) – Le financement d’un revenu universel au niveau du seuil de
– Le revenu universel est soutenu par les libéraux car il lutte pauvreté (B. Mylondo) n’est pas chiffré. (DOC 3)
contre un « système paternaliste et inquisiteur ». (DOC 3) – Un revenu universel à 500 euros serait trop faible pour vivre
– Le revenu universel permet de répondre aux problèmes décemment. (DOC 3)
posés par la fin du travail (DOC 3) et il constitue un moyen plus – Le revenu universel en complément de revenus du travail
souple de partager le travail et l’emploi. risquerait « d’inciter les employeurs à niveler vers le bas les
– Le revenu universel constituerait une « alternative à la salaires ». (DOC 4)
dépendance des individus vis-à-vis de leur salaire ». (DOC 4) – Le revenu universel pourrait « servir d’alibi pour accélérer
– Le revenu universel est un outil permettant « de renouer avec l’affaiblissement de l’État-providence » (Julien Dourgnon)
l’idée de progrès émancipateur ». (DOC 4) – L’instauration du revenu universel risquerait de menacer
le maintien par le pouvoir politique des acquis sociaux des
ménages. (DOC 4)
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 307
3. En 2015, en France métropolitaine, le rapport inter-déciles du revenu disponible
des ménages était de 4,6 (63 210/13 630) ce qui signifie que le revenu disponible
annuel des 10 % les plus riches était au moins 4,6 fois supérieur au revenu disponible
annuel des 10 % les plus pauvres. Autrement dit, le revenu disponible annuel minimum
des ménages du dernier décile était 4,6 fois supérieur au revenu disponible annuel
maximum des ménages du premier décile.
Consulter : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4208956#tableau-figureencadre
1 Vrai ou faux ?
p. 314
1. Faux. Les inégalités de niveaux de vie ont baissé entre 1945 et 1975.
2. Vrai.
3. Faux. Plus les inégalités sont fortes plus l’écart relatif entre ce que possède les
10 % les plus riches et ce que possède les 10 % les plus pauvres est élevé.
4. Vrai.
5. Faux. L’égalité des droits ne corrige pas les inégalités économiques et sociales
d’origine et ne garantit donc pas l’égalité des situations.
6. Vrai.
7. Faux. Ce sont les ménages et les employeurs qui versent des cotisations sociales
salariales et patronales aux administrations de la Sécurité sociale.
8. Faux. La protection sociale est financée majoritairement par les cotisations sociales :
elles représentent 61 % des ressources. Néanmoins, la part des impôts dans le finan-
cement de la protection sociale a fortement augmenté en 20 ans.
9. Faux. La TVA est un impôt proportionnel.
10. Vrai.
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 309
OBJECTIF BAC Épreuve composée
p. 316-317
Analyse du sujet
Vous montrerez que la protection sociale permet de réduire les inégalités.
– « montrerez » : il s’agit d’expliquer.
– « protection sociale » : système de redistribution permettant de protéger les indi-
vidus contre des risques sociaux et de lutter contre la pauvreté.
– « permet de réduire » : synonyme : corrige, à la baisse.
– « inégalités » : ce sont les disparités d’accès aux ressources et aux pratiques socia-
lement valorisées.
Questionnement (ou problématique) : « Il s’agit de montrer que la protection sociale,
système de redistribution permettant de protéger les individus contre des risques
sociaux et de lutter contre la pauvreté, diminue les disparités d’accès aux ressources
et aux pratiques socialement valorisées. »
Plan
I) La protection sociale permet de corriger les inégalités de revenus.
§1 Les inégalités de revenu disponible sont plus faibles que les inégalités de revenus
primaires grâce à la redistribution que génère la protection sociale. (document 1)
§2 Les prestations sociales contribuent aux deux tiers de la réduction des inégalités,
la fiscalité au tiers restant. (document 2)
II) Par ailleurs, les dépenses de protection sociale permettent de lutter contre la
pauvreté, et donc contre les inégalités.
Analyse du sujet
L’action des pouvoirs publics pour réduire les inégalités est-elle efficace ?
– « L’action des pouvoirs publics » : ce sont les moyens dont disposent les pouvoirs
publics : protection sociale, fiscalité, services collectifs, lutte contre les discriminations.
– « inégalités » : disparités d’accès à une ressource ou une pratique socialement valorisée.
Inégalités économiques (revenu, niveau de vie, patrimoine) et inégalités sociales.
– « est-elle efficace ? » : produit-elle les effets attendus ? ; permet-elle de réduire
les inégalités ?
Questionnement (ou problématique) : « Peut-on affirmer que les différents moyens
dont disposent les pouvoirs publics (protection sociale, fiscalité, services collectifs,
lutte contre les discriminations) permettent de réduire les inégalités ? »
Plan
I) Le rôle de la protection sociale dans la correction des inégalités
§1 La protection sociale réduit les inégalités.
§2 Mais est contrainte par son financement et des effets désincitatifs.
II) Le rôle des services collectifs et de la fiscalité dans la redistribution
§3 Les services collectifs et la fiscalité réduisent les inégalités économiques et sociales.
§4 Mais leur caractère redistributif et leur légitimité sont remis en cause.
III) Les effets contrastés de la lutte contre les discriminations sur les inégalités
§5 La lutte contre les discriminations réduit l’inégalité des chances.
§6 Mais se heurte à des limites.
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
Chapitre 11 – Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ? • 311
Exemple d’accroche à partir d’un élément du dossier documentaire
« L’indice de Gini mesurant le niveau des inégalités de revenus est resté stable en
France depuis 1996 ; depuis 2004, il est même légèrement plus élevé. » (Document 3)
Exemple d’introduction
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » La Déclaration
des droits de l’homme et du citoyen de 1789 consacre ainsi l’égalité et la liberté
comme des principes fondamentaux. Mais les inégalités peuvent nuire à la liberté.
C’est pourquoi, les pouvoirs publics sont amenés, depuis l’avènement de l’État-pro-
vidence, à prendre des mesures pour réduire les inégalités jugées injustes. Ces dernières
correspondent aux écarts d’accès des citoyens aux ressources socialement valorisées.
Aussi ce sujet implique de se demander si on peut affirmer que les différents moyens
dont disposent les pouvoirs publics (protection sociale, fiscalité, services collectifs,
lutte contre les discriminations) permettent de réduire les inégalités.
Après avoir présenté le rôle de la protection sociale dans la correction des inégalités,
nous aborderons le rôle des services collectifs et de la fiscalité dans la redistribution,
puis nous étudierons les effets contrastés de la lutte contre les discriminations sur
les inégalités.
ANALYSE DU PROGRAMME
p. 320
Ce chapitre traite de l’action publique pour l’environnement en croisant les différents
regards disciplinaires.
Ce sujet a pu être évoqué en seconde, en découvrant la rareté des ressources et les
principales limites écologiques de la croissance comme objets d’étude de l’économie.
Les élèves sont également susceptibles d’avoir étudié la contribution de différents
acteurs (partis politiques, société civile organisée, médias) à la vie politique.
En première, le chapitre sur le marché et ses défaillances a donné l’occasion de com-
prendre les notions de taxe forfaitaire, de biens communs et d’externalités négatives,
particulièrement pertinentes pour étudier les problèmes environnementaux. Les élèves
devront également mobiliser les connaissances concernant le chapitre consacré à la
formation et à l’expression de l’opinion publique en démocratie (au cœur même de
l’action publique). Puis, l’étude de l’entreprise, dans laquelle se nouent des relations
sociales, a pu faire émerger les rapports de conflit et de coopération.
Enfin, en terminale, la question des actions menées par les pouvoirs publics pour
préserver l’environnement est étroitement liée aux problèmes de soutenabilité de la
croissance économique (chapitre 1), de l’internationalisation de la production et de
l’interdépendance des pays (chapitre 2), à l’engagement politique, au militantisme
et à l’action collective (chapitre 10). Enfin, elle n’est pas sans rapport avec les ques-
tions de justice sociale et fiscale ; comme nous le verrons, l’impôt est un des leviers
de l’action publique sur ce sujet (chapitre 11).
Dans la première partie, ce chapitre permettra aux élèves de savoir identifier les
différents acteurs qui participent à la construction des questions environnementales
comme problème public et à leur mise à l’agenda politique. En effet, les pouvoirs
publics, les ONG, les entreprises, les experts, les partis et les mouvements citoyens
(dont la société civile organisée) entretiennent des relations de coopération et de
conflit. La deuxième partie montre que l’action publique pour l’environnement s’ar-
ticule à différentes échelles : locale, nationale, européenne, voire mondiale. Pour ce
dernier niveau, la présence de biens communs influence largement les négociations
et accords internationaux liés à la préservation de l’environnement. Ces derniers
sont contraints par des stratégies de passager clandestin et les inégalités de déve-
loppement entre pays. Enfin, la troisième partie aborde les différents instruments
dont disposent les pouvoirs publics pour lutter contre le changement climatique.
La réglementation, les marchés de quotas d’émission, la taxation, la subvention à
l’innovation verte peuvent être mis en œuvre pour faire face à de telles externalités
négatives sur l’environnement. Ces différents instruments présentent des avantages
et des limites, et leur mise en œuvre peut se heurter à des dysfonctionnements de
l’action publique.
ORGANISATION DU CHAPITRE
Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage, exception
faite de l’étude des contraintes qui pèsent sur les négociations et accords internationaux
Chapitre 12 – Quelle action publique pour l’environnement ? • 313
liés à la préservation de l’environnement. En effet, il nous a semblé plus pertinent de
traiter ce dernier objectif d’apprentissage en lien avec l’articulation des différentes
échelles de l’action publique, dans la deuxième partie. Ces dossiers documentaires
permettent de couvrir tout le programme en environ six séquences de cours de deux
heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux
épreuves écrites et orales, sur une durée totale de seize heures (soit un peu moins de
trois semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires et
du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves
terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.
p. 322
Ce texte et cette illustration expliquent le processus de mise à l’agenda des problèmes
environnementaux dans les pays occidentaux depuis les années 1970, mais surtout
depuis les années 2000. Laurent Willemez décrit en partie ici comment l’écologie est
devenue un enjeu majeur dans l’agenda médiatique et politique. L’extrait permet de
faire apparaître une grande partie des acteurs mobilisés sur ces questions.
1. De nombreux acteurs sont mobilisés pour faire de l’écologie un « problème public ».
Nous pouvons citer les partis écologistes, les associations environnementalistes et
scientifiques, des leaders d’opinion et des journalistes (les médias), des mouvements
citoyens organisés souvent en associations (lesquelles produisent des expertises et
mobilisent des experts). Enfin, ils tendent à faire pression sur les gouvernements (et
donc les pouvoirs publics).
2. Les citoyens mobilisés au sein d’associations peuvent faire pression sur les pouvoirs
publics par différents moyens :
– en constituant une association qui permet de s’organiser et d’« institutionnaliser »
le refus de tel projet d’environnement ou la défense de la préservation de tel espace ;
– en attirant l’attention des médias et en sensibilisant l’opinion publique (par exemple,
les associations communiquent auprès des journalistes et organisent des événements
auprès du grand public) ;
– en produisant une expertise et une documentation (mobiliser des scientifiques,
décrire, photographier, filmer le problème environnemental) ;
– en faisant pression sur les gouvernements et les pouvoirs publics pour apporter
des solutions qu’ils proposent.
3. Différentes actions individuelles et collectives peuvent viser à « mettre à l’agenda »
un problème environnemental, par exemple : action commando de Greenpeace, action
de collectifs d’habitants contre la construction du grand contournement ouest de
Strasbourg, fauchage d’OGM, traversée de l’Atlantique en voilier par Greta Thunberg
pour rejoindre la COP25, occupations organisées par Extinction Rebellion…
Pour aller plus loin
Patrick Hassenteufel, « Les processus de mise sur agenda : sélection et construction
des problèmes publics », Informations sociales, 2010/1 (n° 157), p. 50-58.
https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2010-1-page-50.htm
DO
p. 323
Le graphique présente les dépenses publiques de protection de l’environnement
dans certains pays de l’Union européenne en 2017 (ce qui explique la présence du
Royaume-Uni). La protection de l’environnement comprend la gestion des déchets
et le traitement des eaux usées, la lutte contre la pollution, la préservation de la
diversité biologique et la protection de la nature, la R&D dans le domaine de la pro-
tection de l’environnement.
1. En 2017, les dépenses publiques de protection de l’environnement en France repré-
sentaient un peu moins de 1 % de son produit intérieur brut. Plus de la moitié de ces
dépenses concernait la gestion des déchets. Comparativement, en 2017, la part du
PIB français consacrée aux dépenses publiques environnementales était supérieure
à la moyenne européenne : environ 0,75 % du PIB européen (28).
2. Pour la France, en 2017, la gestion des déchets et le traitement des eaux usées ont
été les principaux domaines qui ont fait l’objet de dépenses publiques de protection
de l’environnement. La moyenne européenne connaissait peu ou prou une même
répartition des dépenses publiques de protection de l’environnement.
Néanmoins, nous pouvons citer deux cas atypiques. D’une part, la Grèce en 2017
consacrait environ 1,35 % de son PIB aux dépenses publiques de protection de l’en-
vironnement, ce qui est dans la moyenne haute européenne. Son premier poste est
la réduction de la pollution, ce qui fait d’elle un cas à part.
D’autre part, toujours en 2017, l’Irlande consacrait seulement 0,4 % de son PIB aux
dépenses publiques de protection de l’environnement, parmi lesquelles une infime
partie fut consacrée à la gestion des déchets, ce qui détonne de la plupart des pays
de l’UE, pour lesquels il s’agissait du premier ou du second poste de dépense.
3. Il est possible de proposer un certain nombre d’hypothèses pour expliquer l’impli-
cation inégale des États dans la protection de l’environnement.
D’une part, sans rentrer dans les détails, il faut souligner les limites à la fois de la
comptabilité européenne unifiée et de la méthodologie de calcul : les dépenses envi-
ronnementales des administrations publiques font l’objet d’une catégorisation, or le
domaine environnemental est vaste et multifactoriel.
La géographie est différente d’un pays à l’autre, ce qui entraînerait une gestion dif-
férente des territoires (densité de population, relief, climat, occupation des sols…).
Les normes environnementales ne seraient pas les mêmes (norme de qualité de l’eau,
politique différente de recyclage, protection des espèces…).
En lien avec les normes, les dépenses publiques sont le fruit de politiques différenciées.
Les ressources financières, dont la fiscalité environnementale, ne permettraient pas
un alignement des moyens.
Pour aller plus loin
Pour une mise à jour des données et des compléments sur la méthodologie :
« Government expenditure on environmental protection », Eurostat, 2020.
https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Government_expen-
diture_on_environmental_protection#Expenditure_on_.27environmental_protection.27
f) La direction de l’entreprise
publie plusieurs communiqués
rappelant qu’elle tient à
disposition de la justice les X X
documents attestant de son
respect de toutes les normes en
vigueur.
2. Parmi ces différents acteurs que sont les pouvoirs publics, les organisations non
gouvernementales (ONG), les entreprises, les experts et les mouvements citoyens, il
est possible de distinguer ceux qui relèvent de la société civile organisée. La société
civile organisée regroupe l’ensemble des acteurs collectifs qui cherchent à influencer le
pouvoir politique en se mobilisant. Ainsi les ONG (comme Greenpeace), les mouvements
citoyens en associations, ou encore les entreprises organisées en groupes d’intérêt
font partie de la société civile organisée qui souhaite influencer les pouvoirs publics.
Pour aller plus loin
Il est possible d’illustrer cet exercice en faisant référence à un ou plusieurs accidents
industriels survenus en France ces dernières années, parmi lesquels AZF en 2001 :
– 26 septembre 2019, un incendie dans les installations de l’usine Lubrizol à Rouen ;
– 3 juillet 2019, une usine de retraitement des eaux usées du SIAAP à Saint-Germain-
en-Laye (Yvelines), prend feu, pollue la Seine et près de trois tonnes de poissons
morts sont repêchées dans les jours qui suivent ;
– 25 février 2019, un pipeline géré par le groupe Total fuit à Autouillet dans les Yvelines ;
– 21 septembre 2001, l’explosion de l’usine chimique AZF de Toulouse fait 31 morts
et plus de 2 500 blessés.
S’ENTRAÎNER
p. 323
1 Autoévaluation
L’émergence des questions environnementales en France et leur prise en compte
par les pouvoirs publics peuvent être analysées comme résultant d’un processus
de mise à l’agenda. En effet, la pollution, le dérèglement climatique ou encore les
p. 324
Loin d’être exhaustive, cette carte montre 15 projets contestés sur plusieurs dizaines
d’autres projets en France. Il s’agit d’illustrer à la fois l’actualité des conflits sociaux
(ouverts et déclarés) générés par de tels projets (l’installation d’un gigantesque centre
commercial, l’enfouissement de déchets nucléaires, de nouvelles infrastructures rou-
tières, etc.) et également d’étudier le répertoire d’actions collectives mobilisé pour
protester (réutilisation d’une notion du chapitre 10).
Ces différents moyens d’action composent un répertoire au sens de Charles Tilly (La
France conteste, de 1600 à nos jours, Fayard, 1986). Celui-ci dépend lui-même lar-
320 • III – Regards croisés
gement des ressources disponibles à un moment donné dans un espace bien précis
pour des individus qui disposent d’une certaine culture politique.
1. Plusieurs motifs peuvent conduire les individus à s’opposer à un projet d’équipe-
ment. Ce dernier peut être public, initié par l’État, ou privé, le plus souvent fruit d’un
investissement d’une ou plusieurs entreprises. Il peut s’agir de l’exploitation d’une
ressource naturelle ou agricole, du bétonnage et de l’artificialisation des sols au profit
d’une construction d’infrastructures, de l’enfouissement des déchets dangereux, etc.
Les motifs de la mobilisation peuvent être :
– un risque important de pollution des sols, de l’air, ou d’une pollution sonore due à
la construction et à l’exploitation… ;
– une destruction d’écosystèmes par l’artificialisation des sols, le défrichage, la perte
de la biodiversité… ;
– une inefficacité économique (coûts sociaux supérieurs aux gains sociaux) et un
gaspillage des ressources, comme un aéroport surdimensionné, une infrastructure
routière peu pertinente…
2. Un vaste répertoire d’actions collectives est possible dans ce type de conflits liés
à l’environnement. En effet, plusieurs moyens d’action sont utilisés par les individus
pour protester :
– pétition contre le projet à destination des pouvoirs publics ;
– manifestations, organisation d’événements festifs, campagne de communication,
réunion publique pour sensibiliser le grand public et les décideurs politiques ;
– formation en association ou en collectif et attaque en justice sur des motifs
environnementaux ;
– sabotage des installations et des aménagements critiqués ;
– occupation des lieux et aménagement pour la sauvegarde du site.
Pour aller plus loin
– La carte des luttes est la source primaire du document. Elle est réalisée par Reporterre
et l’association Le Mouvement.
https://lutteslocales.gogocarto.fr/annuaire#/carte/@45.81,1.18,6z?cat=all
– Sur le conflit de Notre-Dame-des-Landes : un complexe jeu d’acteurs aux objectifs
parfois opposés. Vidéo du journal Le Monde, « Notre-Dame-des-Landes : 50 ans de
conflit résumés en 3 minutes », 14 janvier 2018.
https://www.youtube.com/watch?v=W3ynShq2HXg
C
2 La nécessité de la coopération : l’exemple des échecs de la taxe carbone
DO
en France
p. 324
Ce texte est un court extrait d’un article d’Audrey Berry et d’Éloi Laurent dans lequel
sont examinés trois échecs successifs des gouvernements pour l’instauration d’une
taxe carbone en France (2001, 2010 et 2018). Ils montrent la nécessaire coopération
pour concilier quatre critères de réussite : efficacité écologique, justice sociale (dont
justice fiscale), conformité juridique et acceptabilité politique. Le texte permet éga-
lement de revenir sur la procédure d’adoption d’une loi, fruit de la coopération mais
surtout instrument de l’action publique (principal objet du chapitre).
1. De nombreux acteurs interviennent dans l’adoption d’une loi en France. Celle-ci
mobilise le gouvernement, le Parlement (Assemblée nationale et Sénat), le Conseil
constitutionnel et le président de la République mais aussi des experts, des citoyens,
la société civile organisée (associations, ONG), etc.
– Taxe générale sur les activités polluantes en 2001 : la loi portée par le gouvernement
a été retoquée par le Conseil constitutionnel la jugeant insuffisante « pour atténuer
efficacement les émissions de gaz à effet de serre ».
p. 325
Ce texte issu d’un article de presse présente le rôle des lobbys comme organisations
chargées d’influencer les décisions des responsables au pouvoir (députés, sénateurs,
gouvernement…). Ils présentent et défendent les intérêts d’acteurs auprès des ins-
titutions en charge de la législation et de la réglementation.
1. Les lobbys (ou groupes d’intérêt, d’influence ou de pression) justifient leur
mission auprès des institutions européennes en tant que source d’informa-
tion permettant aux décideurs européens de faire des choix éclairés. En effet,
ils permettent de « donner un écho du monde extérieur », de faire « entendre le
monde économique » face à un « besoin d’informations » de la part des institu-
tions européennes, qui n’est parfois pas comblé par les institutions nationales.
Ces groupes apportent informations et expertises auprès des décideurs.
2. Dans une certaine mesure, les problèmes environnementaux nécessitent une cer-
taine coopération des différents acteurs. En effet, les problèmes environnementaux
sont multicausaux et touchent aux intérêts de différents acteurs (pouvoirs publics,
ONG, entreprises, experts, partis, mouvements citoyens). Ces derniers peuvent avoir
des intérêts contradictoires et des moyens bien différents pour les défendre (certains
pensent à court terme, d’autres à long terme).
p. 325
Ce texte de la géographe Ludivine Eloy et son « Repère » permettent d’illustrer les
conflits possibles et la coopération nécessaire des acteurs pour sauver l’Amazonie et
font écho aux gigantesques incendies de l’été 2019. Il est intéressant d’identifier les
acteurs en présence, de comprendre les enjeux des conflits et des intérêts contra-
dictoires, et enfin, de relever les moyens possibles pour coopérer.
1. Des pays étrangers, frontaliers ou non, peuvent légitimement s’inquiéter des
incendies de forêt, ceci pour plusieurs raisons. La fumée dégagée par les incendies ne
s’arrête pas aux frontières. Ces derniers obstruent le ciel, produisent de la chaleur et
des gaz toxiques touchant les populations alentour. De tels incendies émettent une
grande quantité de CO2 et ils détruisent les capacités de stockage au sol de carbone,
ce qui participe à l’effet de serre. Des pays peuvent avoir des intérêts économiques
au profit d’entreprises sur place qui voient certaines de leurs ressources ou installa-
tions détruites. De manière générale, l’Amazonie fait partie du patrimoine naturel et
culturel de l’humanité. Elle abrite une biodiversité riche et des centaines de peuples
amérindiens. La disparition de ce bien commun serait une perte incommensurable.
2. À partir des années 2000, le gouvernement brésilien a agi pour lutter contre la
déforestation en Amazonie. Il a mis en place des « programmes coordonnés de lutte
contre le déboisement en partenariat avec la société civile et supportés par des finan-
cements internationaux : délimitation d’aires protégées, contrôle du déboisement
illégal, et accords commerciaux. » Autrement dit, le gouvernement a coopéré avec la
société civile pour contrôler le déboisement. Il a délimité certaines zones en assurant
leur surveillance. Il a pu signer des accords commerciaux avec d’autres pays limitant
la mise en vente de certaines ressources.
3. Plusieurs acteurs se sont opposés à la lutte contre le déboisement en Amazonie car
ils défendent des intérêts ou des systèmes de valeurs différents. Certaines entreprises
issues de l’industrie agroalimentaire (« agrobusiness ») ont, à travers des groupes
d’intérêt (lobbys), milité pour « une flexibilisation de la législation fédérale » et un
assouplissement de la surveillance. Elles souhaitent déboiser pour exploiter les sols
S’ENTRAÎNER
p. 325
1 Autoévaluation
1. Faux. La plupart sont pacifiques : pétitions, manifestations…
2. Faux. Le « passage dans les médias » est souvent la condition sine qua non pour
qu’un conflit environnemental existe aux yeux des gouvernants et de l’opinion publique.
3. Faux. À Bruxelles, 70 % des lobbys représentent des intérêts commerciaux, 20 %
des intérêts publics et 10 % la société civile.
4. Vrai.
2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
Les questions environnementales recouvrent une diversité de domaines et mobi-
lisent une pluralité d’acteurs. Ces derniers, qu’ils soient des organisations non gou-
vernementales, des entreprises, des associations, des experts, des partis politiques
ou encore des mouvements citoyens (de la société civile), peuvent entretenir des
relations de coopération ou de conflit sur ces sujets.
Premièrement, les problèmes environnementaux sont des enjeux de luttes : lutte
contre le recul de la biodiversité, lutte contre la pollution atmosphérique, la pollution
des sols et de l’eau, ou encore la lutte contre le réchauffement climatique. Ils font
donc l’objet d’affrontements entre des acteurs aux intérêts ou valeurs distincts, qu’il
s’agisse d’individus (conflit interindividuel) ou de groupes sociaux (conflit social).
D’une part, de grands projets d’infrastructures portés par des entreprises ou les
pouvoirs publics sont combattus par des mouvements citoyens, des associations, des
ONG ou des partis politiques. Ces derniers disposent d’un vaste répertoire d’actions
collectives permettant de défendre leurs causes (pétition, manifestation, occupation
des lieux…). Ainsi, en France, des projets d’aéroports, de fermes-usines, de barrages,
d’entrepôts, de gigantesques parcs d’attractions ou de centres commerciaux sont
vivement critiqués (document 1). On oppose ici les intérêts économiques et finan-
ciers, souvent privés, à des intérêts publics et écologiques, notamment contre l’ar-
tificialisation des sols ou l’atteinte à la biodiversité. Par exemple, pendant plusieurs
décennies en France, Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) a été le théâtre
de luttes contre le projet d’aéroport du Grand Ouest (près de Nantes). Mouvements
citoyens, experts et associations ont été jusqu’à s’installer sur la zone pour l’occuper
et la protéger. L’acronyme administratif ZAD pour « zone d’aménagement différé »
a été à cette occasion détourné en « zone à défendre » par les écologistes. Une ZAD
désigne aujourd’hui une occupation militante d’un territoire à protéger.
p. 326
Le premier histogramme présente l’empreinte carbone moyenne d’un Français en
2017 en la comparant au niveau d’émission par habitant à atteindre pour respecter
l’Accord de Paris signé en 2015. L’« empreinte carbone personnelle » est exprimée en
tonnes de CO2 équivalent (CO2e) par an, elle reflète notre impact annuel personnel
sur le climat.
Le deuxième histogramme présente une estimation des réductions de CO2 induites par
les gestes individuels (hors gestes nécessitant un investissement). Elle est exprimée
en tonnes de CO2 équivalent par personne et par an.
1. Sur l’année 2017, un Français a émis en moyenne 10,8 tonnes d’équivalent CO2 (par
personne et par an), dont 2 tonnes induites par son alimentation (selon Carbone 4).
2. Les gestes individuels concernant l’alimentation et la mobilité semblent être les
plus efficaces pour réduire l’empreinte carbone moyenne des personnes en France.
Ainsi, adopter un régime végétarien et manger local pourrait réduire en moyenne
près de 1,3 tonne d’équivalent CO2 par an et par personne l’empreinte carbone d’un
Français (en 2017). Utiliser un vélo pour les trajets courts, faire du covoiturage pour
tous les trajets ainsi que ne plus prendre l’avion permettrait de réduire de près de
900 kilogrammes l’empreinte carbone annuelle d’un Français (en 2017). Ces gestes
pourraient donc réduire de près de 20 % l’empreinte annuelle d’un Français moyen
(qui était de 10,8 tonnes en 2017).
3. L’ensemble des gestes individuels indiqués ne suffiraient pas à atteindre les niveaux
d’émissions nécessaires pour respecter l’Accord de Paris (2015), c’est-à-dire arriver
à 2 tonnes d’équivalent CO2 émis par an par personne en France. En effet, adopter
ces différents gestes individuels (régime végétarien, manger local, ne plus prendre
l’avion, etc.) permettrait de faire baisser les émissions de seulement 2,8 tonnes de
CO2 équivalent par an et par personne. Ainsi, l’empreinte carbone individuelle pas-
serait de 10,8 à 8 tonnes de CO2, loin donc des 2 tonnes par habitant pour respecter
l’Accord de Paris. L’enjeu climatique est donc collectif : il dépasse largement une
somme de gestes individuels.
Pour aller plus loin
Calculer son empreinte carbone.
WWF : https://www.wwf.ch/fr/vie-durable/calculateur-d-empreinte-ecologique
Fondation GoodPlanet : https://www.goodplanet.org/fr/calculateurs-carbone/
3. Union européenne
a) Fixation de quotas de pêche dans la Manche
4. International
p. 327
Ce texte est un extrait d’une décision du juge administratif qui condamne l’État à
réparation des préjudices consécutifs à la pollution atmosphérique récurrente en
Île-de-France (de 2012 à 2016). Son principal intérêt est de montrer qu’une partie de
l’action publique repose sur le contrôle de l’application des lois et des règlements. Les
problèmes et conflits environnementaux sont traités par les autorités judiciaires dont
il est opportun de rappeler ici le rôle et les textes de référence. Quant au « Repère »,
il traite plus largement des recours engagés par des citoyens, des associations, des
entreprises ou encore des élus contre l’État pour « inaction climatique ».
1. Le tribunal administratif de Montreuil (93) reconnaît la responsabilité de l’État
français pour motif de carence fautive dans la protection de l’atmosphère pour la
région Île-de-France. Selon lui, le plan de protection de l’atmosphère et les moyens mis
en œuvre ne sont pas suffisants pour respecter les obligations fixées par la directive
européenne et le code de l’environnement. Ces derniers fixent des valeurs limites de
concentration de gaz à ne pas dépasser.
p. 327
Cette carte présente les principaux pays exportateurs et importateurs de déchets
électroniques dans le monde en 2016. Elle donne également une estimation de la
production de ce type de déchets par les ménages, les entreprises et les adminis-
trations d’une quinzaine de pays (celle-ci exprimée en kilogrammes par habitant).
Enfin, elle estime les flux et les expéditions illégales dont ils font l’objet. La source
primaire évoque la notion de e-waste, ce que l’on pourrait traduire en français par
« déchets d’équipements électriques et électroniques » (DEEE). Peu de pays ont
adopté une définition standard de tels déchets. Néanmoins, il s’agit de tout appareil
électronique (et ses composants) en fin de vie qui dispose d’une prise, d’un cordon
électrique ou d’une batterie.
1. En 2016, en moyenne, la production de déchets électroniques en Norvège s’éle-
vait à 28,5 kilogrammes par habitant, alors qu’au Niger elle atteignait seulement
400 grammes par habitant, soit une production 71 fois moins importante.
2. Dans une certaine mesure, il est possible d’expliquer les flux de déchets électro-
niques présentés sur la carte. D’une part, la carte ne montre pas les flux légaux,
elle permet seulement de distinguer les pays principalement exportateurs des pays
importateurs. Les premiers étant les pays les plus riches de la planète avec des
niveaux de production et de consommation très élevés comme les États-Unis, les
pays d’Europe de l’Ouest, le Japon, ou encore l’Australie. Les seconds ont un niveau
de développement plus hétérogène, ils comprennent notamment la Chine, l’Inde,
le Brésil, le Mexique, des pays de l’Europe de l’Est, le Niger, le Nigéria. D’autre part,
ces flux illégaux de déchets s’expliqueraient par :
– un transfert facilité vers des pays où les normes de recyclage et les contrôles sont
moins stricts, voire inexistants ;
– la présence de vols et de trafics mafieux pendant la collecte, l’acheminement ou le
recyclage (il s’agit de produits valorisables économiquement) ;
– une difficulté technique de tracer et de suivre les flux de ce type de déchets (il faudrait
contrôler toutes les cargaisons dans les ports, possibilité de fausses déclarations).
S’ENTRAÎNER
p. 327
1 Autoévaluation
Les actions en faveur de l’environnement menées par les pouvoirs publics s’articulent
à différentes échelles. Si des choix individuels de consommation ont un impact impor-
tant, des réponses plus larges doivent aussi être apportées. En France, les collecti-
vités territoriales (communes, départements et régions) disposent de nombreuses
compétences en matière d’aménagement du territoire, d’infrastructures publiques
et de protection des écosystèmes. Au niveau national, l’État agit dans de nombreux
domaines de manière transversale. Plus largement, l’Union européenne et les traités
internationaux engagent les pays dans une collaboration plus étroite en faveur de
l’environnement, ceci dans un contexte de mondialisation et d’interdépendance.
2 Mobiliser ses connaissances
Un problème environnemental peut faire l’objet d’actions publiques du niveau local
au niveau mondial. En effet, les actions des pouvoirs publics visant à protéger la biodi-
versité, à lutter contre les pollutions ou contre le changement climatique concernent
à la fois des comportements locaux jusqu’à une échelle plus large, européenne et
internationale. Ainsi, en France, des mesures sont prises par les pouvoirs publics à
différentes échelles pour réduire la pollution de l’air. La pollution atmosphérique peut
se déplacer sur de longues distances. Des dispositions réglementaires sont prises
au niveau international et européen. Des traités et conventions internationales per-
mettent de fixer des normes de qualité, d’interdire ou de limiter certaines émissions.
Au niveau national, le ministère en charge de l’environnement et les services
déconcentrés préfectoraux définissent les réglementations relatives à la surveillance
Chapitre 12 – Quelle action publique pour l’environnement ? • 329
des polluants atmosphériques. Les pouvoirs publics mettent également en place des
mesures réglementaires, fiscales et incitatives. Par exemple, le gouvernement peut
décider de taxer les industries émettrices de dioxyde de carbone.
Puis, les régions, les départements, les groupements intercommunaux et les com-
munes contribuent à surveiller et à améliorer la qualité de l’air. Ils sont notamment en
charge de l’organisation des transports et de l’identification des émissions. Ainsi, les
collectivités territoriales peuvent mettre en œuvre une ou plusieurs zones de faibles
émissions (ZFE) sur tout ou partie de leur territoire. Elles peuvent décider de la mise
en place de mesures exceptionnelles comme la circulation différenciée.
Enfin, individuellement, il est possible d’agir contre la pollution de l’air en changeant
notamment certaines de ses habitudes de consommation : moins prendre l’avion,
ne pas utiliser des aérosols, adopter un régime alimentaire moins carné, privilégier
les transports en commun…
p. 328
Ce court reportage permet de faire le constat du difficile respect des accords sur
le climat en présentant un état d’avancement des objectifs fixés lors de la COP21
(Accord de Paris) pour plusieurs pays signataires. Il invite à en interroger les raisons
et à constater des différences notables entre les pays. En cela, il permet d’introduire
l’idée de « passager clandestin » et d’observer des écarts significatifs entre les pays.
En parallèle, le « Repère » donne les grandes dates des négociations et accords
internationaux relatifs à la préservation de l’environnement.
1. 196 pays s’étaient engagés à maintenir la hausse des températures à moins de
2 °C. Des contributions volontaires déterminées à un niveau national (CDN) étaient
définies pour chaque pays. Il s’agissait alors pour les pays signataires de traduire dans
leurs lois nationales ces engagements afin de réduire effectivement les émissions de
CO2 (dispositifs de subventions et de taxes, investissement, réglementations, etc.).
2. Le niveau d’engagement diffère selon les pays, il est volontaire. Ainsi, l’Union euro-
péenne s’engage par exemple à réduire de 40 % ses émissions de CO2, le Canada de
30 %, le Maroc de 42 %, etc. Le respect de ces engagements diffère aussi selon les
pays. On apprend ainsi que seuls 58 pays ont adopté des lois susceptibles de réduire
leurs émissions et que 17 seulement ont adopté des mesures suffisantes et, parmi
eux, on ne trouve ni les États-Unis, ni la Chine, ni l’UE, qui font pourtant partie des
plus gros pollueurs.
3. On peut supposer qu’ils préféreraient voir les autres pays faire des efforts afin de
préserver leurs ressources budgétaires et leurs économies. Aussi, les actions en faveur de
l’environnement n’ont que très peu d’effets observables à court terme et peuvent pour
autant être très coûteuses, cela peut conduire certains gouvernements à les repousser
dans le temps au profit de mesures plus visibles et plus « rentables » électoralement.
p. 328
Ce texte permet de comprendre pourquoi le changement climatique relève, pour les
économistes, d’un problème de bien commun. Il en explique aussi les conséquences
en termes d’action publique. Enfin, il présente la notion de « passager clandestin ».
1. Un bien commun est un bien rival et non excluable. La stabilité climatique recouvre
bien ces deux propriétés puisque chaque pays est affecté par le réchauffement clima-
tique (non-excluabilité) et tous ont donc, a priori, intérêt à sa stabilité ; mais dans le
même temps, les activités productives des uns peuvent dégrader la qualité du climat
pour tous (rivalité). L’action publique est donc difficile à entreprendre en présence de
bien commun. Pour autant, sans régulation, les économistes ont montré qu’il existait
une « tragédie des communs » (voir « Pour aller plus loin »).
2. Pour l’auteur, les pays préfèrent voir les autres agir et supporter les coûts de l’ac-
tion. Cela conduit à une situation où personne n’a intérêt à agir, attendant l’action
des autres pour ne pas être pénalisé par des dépenses entreprises seul.
3. Il existe une autre difficulté relative aux accords internationaux : celle de la respon-
sabilité des émissions. Les pays en développement reprochent notamment aux pays
développés d’avoir profité, des années durant, d’un développement peu soucieux de
l’environnement, ce qui est aujourd’hui reproché aux pays en développement. Les
inégalités de développement doivent donc être prises en compte dans la répartition
des efforts pour la stabilité climatique.
Pour aller plus loin
– À voir, « Des communs et des hommes », Data Gueule, 2015.
https://www.youtube.com/watch?v=qrgtbgjMfu0
– « Gouverner les communs, Elinor Ostrom », La bibliothèque idéale de l’éco, France Culture.
https://www.franceculture.fr/emissions/la-bibliotheque-ideale-de-leco/
gouverner-les-communs-elinor-ostrom
C
4 Développement économique et émissions de CO2
DO
p. 329
Ces trois graphiques permettent de mettre en relation niveau de développement
économique et émissions de CO2. Ils invitent ensuite à questionner les responsabilités
des pays au regard de leurs niveaux de développement passés et actuels et illustrent
alors une autre contrainte des négociations sur le climat.
Les deux échelles sur le premier graphique et sur le dernier rendent les lectures dif-
ficiles : les données du monde doivent se lire sur l’ordonnée de droite.
1. En 2015, selon le CEPII, la Chine émet près de 11 gigatonnes (ou milliards de tonnes)
de CO2, ce qui représente environ 30 % des émissions mondiales, soit en moyenne
8 tonnes de CO2 par habitant par an.
2. Avec un PIB comparable à celui des États-Unis, la Chine émet deux fois plus de
CO2 que les États-Unis en 2016. Cependant, sa population (environ 1,4 milliard d’ha-
bitants) est environ 4 fois plus nombreuse que celle des États-Unis. En conséquence,
les émissions de CO2 par habitant sont deux fois plus faibles en Chine qu’aux États-
Unis : environ 8t de CO2 par habitant en Chine contre 15t par habitant aux États-Unis.
3. États-Unis : Vous devez participer de manière importante à la lutte contre le
réchauffement climatique, vous êtes le premier pollueur au monde. Ainsi en 2015,
nous avons émis deux fois moins de CO2 que vous. Votre contribution doit être supé-
rieure à la nôtre.
Chine : Ce ne serait pas normal : si l’on regarde nos émissions par habitant, elles sont
deux fois moins importantes que les vôtres.
États-Unis : Vous restez cependant responsables de 30 % des émissions mondiales,
nous ne sommes responsables que de moitié moins.
Chine : Certes, mais jusqu’au début des années 2000, vous étiez le plus gros pollueur
au monde et vous ne vous êtes pas soucié de l’environnement pour vous assurer le
niveau de développement qui est le vôtre aujourd’hui. Nous trouvons injuste de devoir
aujourd’hui supporter lourdement ces efforts. La responsabilité des pays développés
dont vous faites partie est très importante dans la dégradation du climat actuel.
S’ENTRAÎNER
p. 329
1 Autoévaluation
L’environnement est considéré par les économistes comme un bien commun, c’est-à-
dire un bien qui possède des caractéristiques spécifiques : rivalité et non-excluabilité.
Les négociations internationales liées à sa préservation connaissent ainsi plusieurs
difficultés : certains pays peuvent adopter un comportement de passager clandestin
afin de bénéficier de l’action des autres, déjà engagés, sans en payer les coûts. Aussi,
tous les pays ne semblent pas avoir la même responsabilité face au dérèglement
climatique, il est donc nécessaire de tenir compte des inégalités de développement.
p. 330
Ce texte évoque une limite de la réglementation, notamment en matière automo-
bile, en présentant le « paradoxe de Jevons » ou « effet rebond ». Il insiste aussi sur
la nécessité d’associer ces mesures à des « signaux-prix » et peut donc introduire la
taxation ou le marché des quotas d’émissions.
1. Avec près de 500 millions de consommateurs, le marché automobile européen
représente une part de marché importante pour les constructeurs automobiles dans
le monde. Ceux-ci doivent respecter ces normes pour pouvoir y vendre des véhicules.
Ils risquent alors finalement d’adapter l’ensemble de leur production à ces normes,
y compris lorsqu’ils produisent pour d’autres zones afin d’harmoniser leur processus
de production (et gagner en efficacité, en coût de production, etc.).
2. Les nouvelles normes, plus économes en consommation de carburant, peuvent
générer un effet pervers. En effet, les consommateurs peuvent, compte tenu des
économies réalisées grâce à des véhicules qui nécessitent moins de carburant, être
tentés de les utiliser davantage. Les économistes nomment ce phénomène « effet
rebond » (faisant ainsi allusion à un rebond de la consommation) ou « paradoxe de
Jevons » (du nom de l’économiste l’ayant mis en évidence – voir note sous le docu-
ment). Ainsi, entre 1990 et 2005, quand l’intensité de la combustion des énergies
fossiles a chuté de 40 %, le nombre de kilomètres parcourus par les véhicules routiers
a augmenté de 100 % sur la même période.
3. Le risque d’effet rebond et les effets donc limités de la réglementation conduisent
les économistes, comme l’auteur du texte, à souligner l’importance d’un « signal-
prix » fort contraignant davantage les comportements. Un signal est une information
donnée à partir de laquelle l’agent économique prend une décision. Il s’agit ici de
dispositifs agissant, de manière directe ou indirecte, sur les prix, comme les sub-
ventions, taxations, mises en place d’un marché du carbone, etc. Les économistes
s’accordent ainsi souvent à souligner la complémentarité des instruments en matière
de politique climatique.
Pour aller plus loin
« “Dieselgate” : 350 000 voitures attendent d’être mises aux normes dans des parkings
gigantesques », Le Monde, mars 2018.
https://www.youtube.com/watch?v=euD7mOhoAeY
Paradoxe de Jevons
2.
Avantages Limites
Normes d’émissions de Faible coût de mise en œuvre. Contrôle difficile et coûteux (voir
monoxyde de carbone Dieselgate).
pour les constructeurs Risque d’effet rebond (voir
automobiles européens document 2).
p. 331
Ce texte évoque la difficile construction de règles internationales à travers l’exemple
des routes polaires (qui s’ouvrent grâce à la fonte de la banquise provoquée par le
réchauffement climatique). Il offre un autre exemple de mesure réglementaire, cette
fois à une échelle plus vaste, et réinterroge les notions de coopération et de conflit
vues précédemment.
1. Le réchauffement climatique a très fortement modifié l’Arctique en lui faisant perdre
près de 75 % de son volume en glace. Les eaux nouvellement accessibles offrent des
opportunités économiques diverses :
Chapitre 12 – Quelle action publique pour l’environnement ? • 335
– réduction du temps de trajet entre l’Asie et l’Occident pour les navires commerciaux
(par exemple entre le Japon, voir carte en ligne) ;
– ouverture de routes alternatives aux pressions géopolitiques (détournement du canal
de Suez, par exemple) ;
– accès à une très grande quantité de nouvelles ressources fossiles et minières (pétrole,
gaz, uranium, terres rares…) ;
– accès à des ressources halieutiques importantes.
2. Ces nouvelles opportunités économiques posent cependant un certain nombre de
questions en matière de pollution, de protection de la biodiversité ou encore de res-
pect des modes de vie des habitants de la région. Les modifications engendrées par le
réchauffement climatique ainsi que la perspective de nouvelles activités nécessitent alors
la définition de nouvelles règles pour encadrer les potentiels nouveaux comportements
au sein de cette zone.
[Attention, il ne faut pas exagérer ces opportunités. Le trajet est plus court mais pas
forcément moins cher. Il reste de nombreux icebergs et les risques pour les bateaux sont
importants, ce qui augmente le coût des assurances.]
3. L’Arctique fait intervenir plusieurs États (5) qui peuvent faire valoir des intérêts et
stratégies différents. Et, plus globalement, des intérêts économiques (comme men-
tionnés dans les questions précédentes) risquent d’entrer en conflit avec des enjeux
environnementaux (pollution, protection de la biodiversité) ou éthiques (modes de vie de
populations locales). La définition de nouvelles règles en Arctique peut ainsi constituer un
autre exemple de ces relations de coopération et de conflit qu’entretiennent les acteurs
mobilisés autour de questions environnementales.
Pour aller plus loin
Une vidéo présente les enjeux géopolitiques et environnementaux : « La conquête de
l’Arctique va-t-elle tourner au désastre écologique ? », Les Échos, 31 octobre 2019.
https://www.youtube.com/watch?v=T1RqRKgD2tw
S’ENTRAÎNER
p. 331
1 Autoévaluation
L’utilisation de mesures réglementaires peut contraindre les agents économiques. Ce
type d’instrument a pour avantage d’être mis en place rapidement et de permettre aux
pouvoirs publics de mettre fin à des dommages estimés trop importants. Cependant, dans
la pratique, le contrôle de ces mesures se révèle difficile et coûteux. Aussi, l’application
de certaines normes, par exemple celles appliquées aux constructeurs automobiles, peut
conduire à un effet rebond puisque les consommateurs bénéficient d’un bien plus économe
en énergie qu’ils peuvent surutiliser, et donc augmenter in fine les émissions polluantes.
2 Mobiliser ses connaissances
Dans le cadre des politiques environnementales, la réglementation recouvre
l’ensemble des normes imposées par les administrations publiques pour préserver
l’environnement. Ainsi, les normes, directives, lois ou arrêtés peuvent permettre de
lutter efficacement contre certains dommages. En effet, la réglementation, de par sa
nature coercitive, contraint les agents à son respect sans délai. Elle s’applique donc
rapidement et à un faible coût pour les pouvoirs publics qui, dans un premier temps,
n’ont pas de dépenses à engager. Cet outil se révèle donc relativement efficace pour
lutter contre certaines pratiques ou interdire l’utilisation de certains composants.
Ainsi, l’interdiction des sacs plastiques à usage unique votée en 2017 en France est
une mesure qui a pris effet très rapidement, sans réel coût pour les pouvoirs publics et
qui permet à moyen terme d’observer une réduction de la production et de l’utilisation
de plastique dont la production, l’utilisation et la destruction sont particulièrement
néfastes pour l’environnement.
p. 332
Il s’agit d’une vidéo promotionnelle du conseil départemental du Puy-de-Dôme. Elle
donne un exemple de plateforme informative mise en place par les pouvoirs publics
(ici, une collectivité locale) pour renseigner les administrés sur certains investissements
domestiques (ici, les panneaux solaires) en faveur de l’environnement, et notamment
sur les subventions octroyées.
1. L’installation de panneaux photovoltaïques permet de réduire l’utilisation de chauf-
fages thermiques qui utilisent de l’énergie carbonée. En utilisant l’énergie « solaire
passive », ils utilisent une source d’énergie naturelle déjà présente. Ils participent
donc à limiter le réchauffement climatique en réduisant les émissions de CO2 liées
aux chauffages.
2. Le conseil départemental du Puy-de-Dôme propose une plateforme en ligne à
destination des particuliers afin de connaître le potentiel solaire de leur toiture,
connaître les coûts de l’installation et les éventuels revenus (subventions, gains
futurs), être mis en contact avec des techniciens. Une subvention liée aux panneaux
solaires désigne alors un transfert monétaire d’une administration publique aidant
au financement de l’installation de panneaux solaires.
3. Les pouvoirs publics peuvent avoir intérêt à subventionner certaines innovations.
La subvention permet d’inciter certains comportements par la mise en place d’un
signal-prix fort. Cela permet alors aux pouvoirs publics d’encourager et d’accélérer la
diffusion d’une innovation dont ils estiment que cela pourrait générer des externalités
positives (ici, une baisse des émissions de CO2).
Pour aller plus loin
« Industriels, investissez dans la performance énergétique », ADEME, septembre 2017.
https://www.youtube.com/watch?v=EZ5wn9mGEvM&feature=emb_title
C
2 Le casse-tête de la fixation du barème des taxes
DO
p. 332
Le texte, en présentant le principe du pollueur-payeur, permet d’illustrer la difficulté
à fixer un barème fiscal en matière de pollution, c’est-à-dire de donner un prix à la
pollution ou d’internaliser les externalités, comme le disent les économistes. Il évoque
aussi la question de l’acceptabilité sociale des taxes environnementales. Le tableau
permet de situer la fiscalité environnementale française par rapport à d’autres pays.
N. B. : La « taxe carbone » dont il est question pour la France est la Contribution
Climat Énergie mise en place en 2014, qui devait augmenter progressivement dans
le cadre d’un plan de transition écologique ; mais le mouvement des Gilets jaunes
de 2018 s’est opposé à cette augmentation qui renchérissait notamment le prix de
l’essence, et a obtenu l’abrogation des augmentations prévues. (Voir document 2
page 324 également)
C
3 Les systèmes d’échanges de quotas d’émissions de CO2
DO
p. 333
Le texte et l’infographie permettent, à travers l’exemple des marchés chinois et euro-
péens, de présenter le fonctionnement d’un marché de quotas d’émissions de CO2.
1. En instaurant un marché du carbone, la Chine espère réduire les émissions de CO2
des entreprises concernées. En effet, en attribuant un seuil d’émissions à ne pas
dépasser et en obligeant les entreprises à payer un prix d’achat fixé sur le marché
pour tout dépassement, les pouvoirs publics espèrent voir les entreprises limiter leurs
émissions et/ou changer de mode de production pour des technologies plus propres.
2. La mise en place d’un marché des quotas d’émissions repose sur un principe similaire
à celui de la taxation et de la subvention : le principe du pollueur-payeur. En effet,
en fixant, par un mécanisme de marché, un prix aux émissions de CO2 (par tonne), le
marché des quotas d’émissions fait supporter un coût supplémentaire aux entreprises
émettrices au-delà des quotas attribués. Il s’agit bien de l’application du principe du
pollueur-payeur puisque les montants à verser pour les entreprises sont dépendants
des niveaux de pollution émis. Symétriquement, les entreprises qui émettent moins
que le quota attribué peuvent vendre ces quotas non utilisés, ce qui constitue une
incitation à moins polluer.
p. 333
La carte permet de dresser un état des lieux mondial des prix du carbone, qu’il s’agisse
de taxes ou de prix de la tonne de CO2 sur un marché. Les données permettent de
comparer les prix (et coûts) du carbone sur le marché des quotas dans l’Union euro-
péenne et le prix du carbone induit par mise en place de taxes carbone. Le document
fait alors apparaître des stratégies et des prix bien différents selon les pays.
1. Dans l’Union européenne, le prix de la tonne de CO2 sur le marché de quotas est de
17 $. En France, la taxe carbone est de 51 $ par tonne de CO2 émise.
Prix différent du document 2. Ainsi les données sont différentes comparées au docu-
ment 2, qui affiche un prix du carbone de 30,5 euros la tonne de CO2, ce qui peut
s’expliquer par la différence euro/dollar et par l’augmentation progressive des taxes
décidée par le gouvernement (d’une date à l’autre).
2. D’après la carte, le système le plus incitatif, c’est-à-dire permettant d’orienter le
mieux les comportements du fait d’un signal-prix fort, est la taxe carbone. En effet,
dans la plupart des pays (exception faite du Canada et du Japon) son niveau est
bien plus élevé que celui du prix de la tonne sur les marchés de quotas d’émissions.
Ce premier constat mériterait cependant une analyse plus approfondie des acteurs
concernés par ces dispositifs, des éventuelles subventions, des réglementations
appliquées, etc.
3. L’absence d’harmonisation des prix du carbone dans le monde peut conduire les
entreprises à des choix de localisation stratégiques en fonction des types de produc-
tion et de leurs niveaux d’émissions de CO2 (en recherchant une compétitivité prix et
hors-prix). Elles pourraient ainsi concentrer leurs activités polluantes dans des pays
sans taxe ou marché ou dans ceux dont les prix sont très faibles. (Voir chapitre 2
dossier 3 p. 50.)
S’ENTRAÎNER
p. 333
1 Autoévaluation
Avantages Limites
Renchérit le coût des technologies Difficulté à fixer un barème.
Taxe
polluantes et oriente les comportements.
Instrument bien accueilli par les agents Peut bénéficier à des agents qui polluent.
Subvention
économiques.
Marché Responsabilise les émetteurs et prend Efficacité qui dépend fortement
des quotas en compte les activités des entreprises. de la variation des prix des quotas.
d’émissions
Jeu de rôle
Experts qui mettent – Forte empreinte carbone de l’aviation par rapport au train sur des petites
en avant l’impact distances.
écologique du – D’importantes infrastructures routières et ferroviaires existent déjà.
transport aérien. – Un transport trop subventionné par rapport aux externalités négatives qu’il
produit (sans aides, de facto, il ne serait pas rentable).
Représentants d’une – P erte en termes de chiffre d’affaires et de bénéfices pour les entreprises
entreprise française du secteur.
de transport aérien – Suppression de certains emplois dans l’aviation et dans les secteurs connexes.
particulièrement –B aisse de la compétitivité économique de certains territoires par rapport
inquiets. au développement de certaines villes européennes.
– Volonté de répondre à une forte demande des consommateurs.
ÉTAPE 3 L’AUDITION
Il est possible de montrer aux élèves des extraits de véritables auditions réalisées par
la Commission développement durable de l’Assemblée nationale en France.
http://videos.assemblee-nationale.fr/commissions.developpement-durable-commission
L’ordre du passage des auditionnés est tiré au sort et peut être précisé comme ci-des-
sous. Les députés donnent la parole aux intervenants et coupent la parole si nécessaire.
Il est conseillé de distribuer aux députés la grille d’évaluation des groupes auditionnés.
1 Vrai ou faux ?
p. 340
1. Vrai.
2. Faux. Les actions locales sont utiles. Par exemple, certains comportements indi-
viduels de consommation peuvent, dans une certaine mesure, orienter la production
des entreprises ou encore la prise en compte du problème par les pouvoirs publics.
3. Faux. Les économistes considèrent le changement climatique comme un problème
de bien commun (c’est-à-dire dont la consommation obéit au principe de rivalité et
de non-excluabilité).
4. Vrai.
5. Faux. Le principe du pollueur-payeur correspond à une action des pouvoirs publics
liée à la mise en place de taxes.
6. Vrai.
7. Vrai.
8. Faux. Une amélioration technologique peut paradoxalement entraîner une augmen-
tation de la consommation d’un bien (effet rebond). Les subventions à l’innovation
verte peuvent aussi bénéficier à des agents polluants.
9. Faux. « Internaliser les externalités » revient à intégrer le coût social d’une exter-
nalité négative au coût interne (privé) supporté désormais par l’agent économique
responsable.
Dépassement Demande
des quotas de quotas Prix trop faible Prix élevé
non dissuasif dissuasif
Analyse du sujet
Vous montrerez comment l’action publique
pour l’environnement mobilise différents acteurs.
– « montrerez comment » : il s’agit ici d’expliciter les mécanismes, les liens de cause
à effet.
– « action publique » : désigne l’action (loi, règlement…) menée par les pouvoirs
publics (État, collectivités, administrations publiques…). Le nom est au singulier
mais il recouvre une pluralité d’actions et d’acteurs publics tant le sujet est vaste.
– « environnement » : il s’agit ici des conditions naturelles de vie qui peuvent affecter
les organismes vivants et les activités humaines (pollution, changement climatique,
baisse de la biodiversité…).
– « mobilise » : synonymes : faire appel à, faire agir, utiliser…
– « acteurs » (au pluriel) : associations, pouvoirs publics, ONG, entreprises, experts,
partis politiques, mouvements citoyens.
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
Entre 2000 et 2016, les entreprises françaises ont dépensé chaque année entre 1,4 Faible implication
et 1,7 milliard d’euros pour la protection de l’environnement (INSEE). des entreprises dans
La part des études pour la protection de l’environnement est faible par rapport la protection de
Document 2 aux dépenses totales, ceci au profit des investissements antipollution. l’environnement et
En France, en 2016, les entreprises ont dépensé 1,4 milliard d’euros pour la protection notamment
de l’environnement, dont seulement 300 millions étaient consacrés aux études. dans la recherche.
Tendance à la baisse de 2000 à 2016, recul après la crise de 2009.
– Deux ONG (Transparency France et le WWF France) dénoncent l’influence – Les effets pervers
des lobbies défendant des entreprises qui polluent. de l’action des groupes
– « Les lobbies (ou représentants d’intérêts) interviennent tout au long du processus d’intérêt : trafic d’influence
législatif, donnant lieu, parfois, à des dérives. » et conflits d’intérêts.
Document 3 – Scandales à répétition concernant la réglementation sur les « pesticides, – Conflits
perturbateurs endocriniens, énergies fossiles, plastique… ». environnementaux.
– « Les scandales sur les actions de lobbying défraient régulièrement la chronique,
révélant l’opacité qui entoure les décisions politiques et renforçant le sentiment
que les responsables politiques sont “sous influence” ».
Analyse du sujet
Les actions publiques en faveur de l’environnement
sont-elles toujours efficaces ?
– Les « actions publiques » désignent l’ensemble des actions menées par les pouvoirs
publics (notamment l’application de lois et de règlements sur un territoire national).
– « en faveur de l’environnement » : protéger la biodiversité, limiter la pollution de
l’air, des sols et de l’eau, limiter les externalités négatives, favoriser les énergies
renouvelables…
– « sont-elles » (ou « ne sont-elles pas ») : cette forme interrogative du verbe « être »
invite très clairement au débat, à une réponse argumentée nuancée (dans une
certaine mesure, elles sont… mais dans une autre mesure, elles ne sont pas…).
– « efficaces » : qui produit l’effet attendu, qui atteint ses objectifs. Ici, la notion
d’efficacité est essentielle. En sciences sociales, elle désigne la capacité d’un agent
à atteindre un but affiché en mobilisant un minimum de ressources. Elle dépend
très largement des fins poursuivies, des moyens mis en œuvre et des indicateurs
objectifs pour la mesurer.
Questionnement (ou problématique) : « Ce sujet implique de se demander si les
dispositions (lois et règlements) et instruments (taxation, subvention, marché des
quotas) adoptés et appliqués par les pouvoirs publics pour protéger l’environnement
sont suffisants et si elles produisent les effets attendus. »
348 • III – Regards croisés
Plan
I) Les actions publiques peuvent être efficaces
§1 La fiscalité basée sur le principe pollueur-payeur permet d’inciter les agents éco-
nomiques à adapter leurs comportements.
§2 La mise en place de normes permet la réduction de certaines pollutions.
§3 Le marché des quotas d’émissions permet de responsabiliser les entreprises.
II)… mais elles connaissent un certain nombre de limites
§4 La stabilité climatique est un cas de bien commun qui fait émerger un problème
de passager clandestin.
§5 La difficile internalisation des externalités.
§6 La mise en place de normes restrictives se heurte au paradoxe de Jevons.
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE
Dissertation
p. 393
SUJET Comment concilier la croissance économique avec la préservation
de l’environnement ?
Proposition de plan :
I) Des incitations monétaires peuvent favoriser la protection de l’environnement.
• §1 La taxation peut réduire les externalités négatives environnementales...
• §2 tout comme les subventions à l’innovation verte.
II) Les politiques de préservation de l’environnement peuvent aussi s’appuyer sur
la réglementation.
• §3 L’édiction de normes peut permettre de protéger l’environnement.
• §4 Les marchés de quotas d’émission articulent incitations monétaires et contraintes
réglementaires pour préserver un bien commun environnemental.
III) Des instruments économiques qui doivent être complétés par des accords
internationaux.
• §5 Des accords qui doivent éviter les phénomènes de passagers clandestins.
• §6 Et qui doivent prendre en compte les inégalités de développement entre pays.
Dissertation
p. 395
SUJET Comment rendre compte aujourd’hui de la structure sociale
en France ?
Proposition de plan :
I) La puissance explicative des analyses en termes de classes sociales semble s’être
affaiblie…
• §1 Certaines inégalités se réduisent.
• §2 Un processus d’individualisation fait reculer le sentiment d’appartenance à une
classe sociale.
• §3 La classe n’est pas le seul facteur de hiérarchisation de l’espace social.
II) … mais elles conservent aujourd’hui encore une certaine pertinence.
• §4 Les inégalités persistent, voire s’accroissent pour certaines d’entre elles.
• §5 Le sentiment d’appartenance à une classe sociale n’a pas disparu, comme peuvent
l’illustrer les exemples de la haute bourgeoisie ou des « Gilets jaunes ».
• §6 Les autres facteurs de hiérarchisation de l’espace social s’articulent aux classes
sociales plus qu’ils ne les rendent obsolètes.
Dissertation
p. 397
SUJET Quelles sont les causes du chômage structurel ?
Proposition de plan :
I) Les problèmes d’appariements et les asymétries d’information sont des sources
de chômage structurel.
• §1 Les frictions et inadéquations spatiales et de qualifications complexifient l’ap-
pariement entre offre et demande de travail.
• §2 En présence d’asymétries d’information, un salaire d’efficience supérieur au
salaire d’équilibre incitant les salariés à être productifs peut être source de chômage.
II) L’existence du salaire minimum a des effets contrastés sur le chômage structurel.
• §3 Un salaire minimum élevé peut faire renoncer les entreprises à embaucher les
salariés les moins productifs.
• §4 Mais le salaire minimum peut également soutenir la demande globale ou inciter
à l’effort.
III) Les règles de protection de l’emploi ont une influence ambivalente sur le chô-
mage structurel.
• §5 Des règles strictes de protection de l’emploi peuvent constituer un frein à
l’embauche.
• §6 Mais elles peuvent également permettre de limiter les fluctuations du chômage
structurel au gré de la conjoncture.
Dissertation
p. 399
SUJET Quelles sont les difficultés de coordination des politiques moné-
taires et budgétaires dans la zone euro ?
Proposition de plan :
I) Une politique monétaire unique qui ne permet pas de faire face aux chocs
asymétriques.
• §1 La mise en place d’une monnaie unique s’est accompagnée d’une politique
monétaire unique.
• §2 Cette politique monétaire unique peut permettre d’agir sur la conjoncture.
• §3 Mais elle ne peut pas être efficace en cas de chocs touchant seulement certains
États membres.
II) Des politiques budgétaires nationales peu coordonnées, entre elles et avec la
politique monétaire unique.
• §4 L’instauration de l’euro s’est accompagnée de règles budgétaires communes.
• §5 Mais les politiques budgétaires restent cependant nationales sans être coordonnées.
• §6 Elles ne sont pas coordonnées avec la politique monétaire, politique monétaire
et politiques budgétaires pouvant alors agir à contre-courant.
SCIENCE ÉCONOMIQUE
Chapitre 1 • À l’aide d’un exemple, montrez que la productivité globale des • Analysez l’évolution de la productivité globale des facteurs aux •
facteurs est source de croissance. p. 19 États-Unis sur la période 2005-2010. p. 21
Quels sont les • Comment les brevets peuvent-ils favoriser la croissance ? p. 23 • Comparez l’évolution de la productivité du travail dans les pays de •
sources et les défis • Expliquez quel peut être l’effet du progrès technique sur les revenus l’OCDE entre 1995 et 2018. p. 38
de la croissance des plus qualifiés. p. 27 • Expliquez quels peuvent être les effets de l’évolution de la productivi- •
économique ? • Montrez que la croissance économique se heurte à des limites té du travail sur la croissance économique des pays concernés. p. 38
écologiques. p. 29
• Comment l’accumulation du capital est-elle source de croissance ?
p. 38
• À l’aide d’un exemple, montrez que l’innovation s’accompagne
d’un processus de destruction créatrice. p. 38
Chapitre 2 • E xpliquez le rôle des dotations factorielles dans les échanges • V ous montrerez l’influence du coût du travail sur la compétitivité •
commerciaux. p. 47 des pays. p. 51 •
Quels sont les • Expliquez comment la mondialisation peut accroître les inégalités • Que mesure la croissance du PIB réel ? p. 68
fondements au sein des pays les plus riches. p. 55 • Vous comparerez l’évolution du commerce mondial de marchandises •
du commerce • À l’aide d’un exemple, expliquez l’internationalisation de la chaîne et celle du PIB mondial. p. 68
international de valeur. p. 68 •
et de
l’internationalisation •
de la production ? •
Chapitre 3 • À l’aide d’un exemple, vous distinguerez les situations de chômage • V ous mettrez en évidence le rôle des taux directeurs pour soutenir •
et celles de sous-emploi. p. 75 la demande et lutter contre le chômage. p. 81
Comment lutter • Montrez que les fluctuations de l’activité économique peuvent • Caractérisez l’évolution du chômage en France et en Allemagne •
contre le chômage ? avoir des effets sur le chômage conjoncturel. p. 77 depuis 2000. p. 96
• À l’aide d’un exemple de votre choix, vous montrerez que les • Montrez, à l’aide d’exemples, que la mesure du chômage s’appuie •
institutions peuvent avoir des effets positifs ou négatifs sur le sur des indicateurs précis. p. 96
chômage structurel. p. 79 • Expliquez les effets d’une fluctuation de l’activité économique sur
• Distinguez taux de chômage et taux d’emploi. p. 96 le chômage conjoncturel. p. 394 (cahier Bac)
• Montrez que les asymétries d’information peuvent être source de • Comparez l’évolution du taux de croissance du PIB réel et du taux de
chômage structurel. p. 96 chômage aux États-Unis entre 2008 et 2018. p. 393 (cahier Bac)
Chapitre 4 •M ontrez que les marchés financiers sont propices à la formation • Comparez l’évolution des prix de l’immobilier dans les pays de •
de bulles spéculatives. p. 105 l’OCDE. p. 124
Comment expliquer • Présentez deux canaux par lesquels une faillite bancaire en entraîne • Expliquez quel pourrait être le rôle du collatéral dans le boom, •
les crises financières d’autres. p. 109 puis l’effondrement des prix de l’immobilier. p. 124
et réguler le système • Présentez deux canaux de transmission par lesquels une crise •
financier ? financière affecte l’économie réelle. p. 111 •
• Expliquez pourquoi un effondrement boursier peut aussi bien
être la cause que la conséquence d’une crise financière. p. 124
Chapitre 5 •M ontrez que la création de l’euro a permis d’approfondir l’intégration • Vous montrerez que la politique monétaire européenne est de •
européenne. p. 131 plus en plus expansionniste. p. 137
Quelles politiques • Montrez que l’intégration économique a des effets sur la crois- • Expliquez, en vous appuyant sur des situations concrètes, la diffé- •
économiques dans le sance économique des pays membres, mais contrastés selon rence entre l’Union européenne et la zone euro. p. 150
cadre européen ? les pays. p. 133 • Vous montrerez que les différents taux de chômage traduisent •
• Expliquez comment fonctionne la politique européenne de la des situations économiques divergentes au sein de l’Union eu-
concurrence. p. 150 ropéenne. p. 150 •
• Présentez un mécanisme qui montre que le marché unique est
source de croissance économique. p. 150
• Illustrez, à l’aide de deux exemples, les effets du marché unique
sur la croissance. p. 396 (cahier Bac)
360
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RAISONNEMENT S’APPUYANT
DISSERTATION
SUR UN DOSSIER DOCUMENTAIRE
ux • V ous montrerez que le progrès technique a des effets contradictoires sur l’activité • Le progrès technique n’a-t-il que des effets positifs ? p. 40
économique. p. 25 • V ous expliquerez pourquoi les institutions sont indispensables à la croissance
de • Vous montrerez que l’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la économique. p. 40
croissance. p. 39
vi- • Vous montrerez comment les institutions influent sur la croissance. p. 392 (cahier Bac)
38
ité • V ous mettrez en évidence les déterminants du commerce entre pays comparables. p. 49 • Le libre-échange est-il préférable au protectionnisme ? p. 70
• Vous expliquerez ce qui a favorisé l’essor d’une fragmentation des chaînes de
valeur. p. 53
ses • Vous expliquerez pourquoi un pays peut avoir intérêt à mener une politique pro-
tectionniste. p. 57
• Vous expliquerez les effets du commerce international sur les inégalités à l’intérieur
des pays développés. p. 68
• Vous expliquerez ce qui conduit des pays comparables à commercer entre eux. p. 69
• Vous montrerez que le commerce international a plusieurs déterminants. p. 394
(cahier Bac)
nir • V ous montrerez que la lutte contre le chômage peut passer par une politique de • Vous montrerez que la lutte contre le chômage repose sur une diversité
baisse du coût du travail. p. 83 de politiques. p. 98
ne • Vous montrerez que la lutte contre le chômage peut s’appuyer sur des dispositifs • Quelles sont les causes du chômage structurel ? p. 397 (cahier Bac)
visant à lever certaines rigidités du marché du travail. p. 85
uie • Vous présenterez les effets des institutions sur le chômage structurel. p. 97
sur
de
ac)
de • V ous présenterez, au choix, les grandes caractéristiques de la crise de 1929 ou de • Comment expliquer les crises financières ? p. 126
2008. p. 103
m, • Montrez que les banques sont dans des situations d’aléa moral qui les conduisent
à être moins prudentes. p. 107
• Montrez les progrès en matière de régulation bancaire depuis la crise de 2008. p. 113
• Vous montrerez quels sont les effets d’une crise financière sur l’économie réelle. p. 124
de •M ontrez les modalités et les limites de la politique européenne de la concurrence. • Dans quelle mesure les pays de la zone euro peuvent-ils faire face à un choc
p. 135 asymétrique ? p. 152
fé- • Expliquez que les contraintes qui pèsent sur les politiques budgétaires puissent nuire • Dans quelle mesure la politique européenne de la concurrence est-elle efficace ? p. 153
à la croissance économique d’un pays de l’Union européenne. p. 139 • Quelles sont les difficultés de coordination des politiques monétaires et budgétaires
ent • Vous montrerez que les pays de l’Union européenne connaissent des difficultés à dans la zone euro ? p. 399 (cahier Bac)
u- coordonner leurs politiques économiques. p. 141
• Vous montrerez les difficultés de mise en œuvre des politiques conjoncturelles
dans la zone euro. p. 151
361
Tableau récapitulatif des sujets Bac par type d’épreuves
SES Terminale
Chapitre 7 •M ontrez comment l’école cherche à favoriser l’égalité des chances. • C aractérisez l’évolution du taux d’accès aux différentes filières du •
p. 187 baccalauréat depuis 1950. p. 189
Quelle est l’action • Montrez que la socialisation familiale peut être à l’origine d’iné- • Qu’est-ce que le taux d’accès au baccalauréat ? p. 204 •
de l’école sur les galités de réussite scolaire. p. 191 • Montrez que la démocratisation scolaire est inachevée. p. 204
destins individuels et • Montrez que les investissements familiaux sont un facteur d’iné- • Illustrez, à l’aide d’exemples, le rôle du capital culturel dans la
sur l’évolution de la galité de réussite scolaire. p. 204 réussite scolaire. p. 392 (cahier Bac)
société ? • Distinguez massification et démocratisation scolaires. p. 204 • Mettez en évidence un lien entre origine sociale et trajectoires de
formation. p. 392 (cahier Bac)
Chapitre 8 • Illustrez, à l’aide d’exemples, les différentes formes de mobilité • Comparez le rôle du diplôme dans l’accès aux emplois de cadres •
sociale. p. 213 et de professions intermédiaires pour les enfants d’ouvriers ou •
Quels sont les • Présentez deux limites à la mesure de la mobilité sociale par les d’employés par rapport aux enfants de cadres, de professions
caractéristiques tables de mobilité. p. 215 intermédiaires ou d’indépendants. p. 221 •
contemporaines et • Distinguez mobilité observée et fluidité sociale. p. 232 • Illustrez par des exemples les situations d’immobilité sociale, de
les facteurs de la mobilité ascendante et de mobilité descendante. p. 232
mobilité sociale ? • Comparez l’évolution de la mobilité sociale des hommes à celle
des femmes. p. 232
Chapitre 9 • À l’aide de deux exemples, montrez que la frontière entre emploi, •M ontrez que les emplois salariés sont de qualité inégale pour ce •
chômage et inactivité est parfois incertaine. p. 239 qui est de leur rémunération. p. 241
Quelles mutations • Comparez les modèles d’organisation du travail taylorien et • Comparez les pays en matière de polarisation de l’emploi. p. 247 •
du travail et de post-taylorien. p. 243 • Expliquez par un exemple la distinction entre salarié et non sa- •
l’emploi ? • Présentez deux caractéristiques du modèle d’organisation post-tay- larié. p. 260
lorien. p. 260 • Montrez que les emplois précaires sont occupés de façon inégale. •
• Montrez que le numérique peut accroître les risques de polarisation p. 260
de l’emploi. p. 260
• Expliquez comment le numérique accroît les risques de polarisation
des emplois. p. 398 (cahier Bac)
Chapitre 10 • À l’aide d’exemples, illustrez les différentes formes que peut prendre •M ontrez que l’engagement politique dépend de variables socio- •
l’engagement politique. p. 267 démographiques. p. 271
Comment expliquer • Expliquez le paradoxe de l’action collective. p. 269 • Montrez la diversité du répertoire d’action collective utilisé dans •
l’engagement • Montrez, à l’aide de deux exemples, que l’engagement politique les sociétés démocratiques. p. 275
politique dans prend des formes variées. p. 284 • Calculez l’écart entre la proportion de personnes ayant déjà signé •
les sociétés • À l’aide d’exemples, illustrez la diversité des répertoires de l’action une pétition en 1981 et en 2018. p. 284 •
démocratiques ? collective. p. 392 (cahier Bac) • Montrez que les formes d’engagement politique utilisées par les
individus se sont transformées depuis 1981. p. 284
• Montrez que des incitations sélectives peuvent expliquer l’enga-
gement politique des individus. p. 396 (cahier Bac)
• Vous caractériserez le lien entre catégorie socioprofessionnelle et
taux d’adhésion à des associations. p. 396 (cahier Bac)
362
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RAISONNEMENT S’APPUYANT
DISSERTATION
SUR UN DOSSIER DOCUMENTAIRE
de • V ous montrerez que l’espace social est structuré par de multiples facteurs. p. 163 • L’approche en termes de classes sociales est-elle pertinente pour rendre compte de
• Vous mettrez en évidence les principales évolutions de la structure socioprofessionnelle la structure sociale en France ? p. 180
depuis la seconde moitié du XXe siècle. p. 165 • Comment rendre compte aujourd’hui de la structure sociale en France ? p. 395
des • Vous montrerez pourquoi l’utilisation de la notion de classes sociales pour rendre (cahier Bac)
compte de la société française fait débat. p. 169
• Vous mettrez en évidence les divers facteurs de hiérarchisation de l’espace social
en France. p. 178
du •M ontrez les effets des stratégies des ménages sur les trajectoires individuelles de • Dans quelle mesure l’école française s’est-elle démocratisée ? p. 206
formation. p. 193
• Vous montrerez qu’il existe une multiplicité de facteurs d’inégalités de réussite
scolaire dans la construction des trajectoires individuelles de formation. p. 205
la
de
res • C omparez la mobilité sociale des hommes à celle des femmes. p. 217 • L’évolution de la structure socioprofessionnelle suffit-elle à expliquer la mobilité
ou • Montrez que l’évolution de la structure socioprofessionnelle contribue à expliquer sociale ? p. 234
ns la mobilité sociale. p. 219
• Vous montrerez que les niveaux de formation des individus contribuent à expliquer
de leur trajectoire sociale. p. 232
lle
ce • V ous montrerez les effets de l’évolution de l’organisation du travail sur les conditions • Le travail est-il encore source d’intégration sociale aujourd’hui en France ? p. 262
de travail. p. 245 • Q uels sont les effets du numérique sur le travail et l’emploi ? p. 263
47 • Vous mettrez en évidence le pouvoir intégrateur du travail. p. 249
sa- • Vous montrerez que certaines évolutions de l’emploi peuvent affaiblir le pouvoir
intégrateur du travail. p. 261
le. • Vous montrerez que l’évolution des formes de l’organisation du travail a des effets
sur les conditions de travail. p. 396 (cahier Bac)
o- • V ous montrerez la diversité et les transformations des objets de l’action collective. • Comment peut-on expliquer l’engagement politique ? p. 286
p. 273
ns • Vous montrerez que l’engagement politique dépend de variables sociodémogra-
phiques. p. 284
né • Vous montrerez la diversité des acteurs et des répertoires de l’action collective. p. 285
• Vous montrerez comment l’action collective s’est transformée. p. 398 (cahier Bac)
les
ga-
et
363
Tableau récapitulatif des sujets Bac par type d’épreuves
SES Terminale
REGARDS CROISÉS
Chapitre 11 • D istinguez égalité des droits et égalité des chances. p. 299 • V ous décrirez l’évolution des inégalités de niveau de vie en France •
• Montrez comment des inégalités de situations sont considérées depuis 1970. p. 295
Quelles inégalités comme justes selon différentes conceptions de la justice sociale. • Donnez un exemple d’inégalité économique injuste selon la concep- •
sont compatibles p. 301 tion de l’égalitarisme libéral de la justice sociale. p. 398 (cahier Bac)
avec les différentes • Vous montrerez, à l’aide d’un exemple, que les inégalités écono- • Vous comparerez l’évolution des inégalités de patrimoine selon •
conceptions de la miques et sociales peuvent être cumulatives. p. 316 les pays. p. 398 (cahier Bac)
justice sociale ? • Distinguez la conception utilitariste de la justice sociale de celle • Montrez que de fortes inégalités de revenus ne favorisent pas la
de l’égalitarisme strict. p. 316 mobilité sociale. p. 297
• Présentez l’intérêt des déciles pour mesurer des inégalités. p. 316
• Analysez le lien entre origine sociale et niveau de vie en France.
p. 316
Chapitre 12 • À l’aide d’un exemple, montrez qu’un même problème environ- • Vous caractériserez les dépenses publiques environnementales •
nemental peut faire l’objet d’actions publiques du niveau local au en France en 2017 puis vous les comparerez avec le pays de votre
Quelle action niveau mondial. p. 327 choix. p. 323 •
publique pour • Montrez qu’en matière de préservation de l’environnement la • À l’aide d’un exemple, présentez le principe de la taxation en
l’environnement ? réglementation peut être un outil efficace. p. 331 matière environnementale. p. 342 •
• Présentez deux limites de la taxation comme instrument de ré- • Montrez que la taxe carbone présente un risque d’inéquité. p. 342
duction de la pollution. p. 333
• Montrez qu’en matière d’environnement, des stratégies de passager
clandestin peuvent contraindre les négociations et les accords
internationaux. p. 342
• À l’aide d’un exemple, expliquez comment la taxation peut per-
mettre de faire face aux externalités négatives sur l’environnement.
p. 394 (cahier Bac)
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RAISONNEMENT S’APPUYANT
DISSERTATION
SUR UN DOSSIER DOCUMENTAIRE
nce • V ous présenterez les moyens dont disposent les pouvoirs publics pour favoriser la • L’action des pouvoirs publics pour réduire les inégalités est-elle efficace ? p. 318
justice sociale. p. 303
ep- • Vous montrerez que l’action des pouvoirs publics pour réduire les inégalités connaît
ac) des limites. p. 305
on • Vous montrerez que la protection sociale permet de réduire les inégalités. p. 317
s la
316
ce.
les • V ous montrerez que différents acteurs entretiennent des relations de coopération • Les actions publiques en faveur de l’environnement sont-elles toujours efficaces ?
tre ou de conflit sur les questions environnementales. p. 325 p. 344
• Vous montrerez que les négociations internationales en vue d’accords sur le climat se • Comment concilier la croissance économique avec la préservation de l’environne-
en heurtent à de nombreuses contraintes économiques et politiques. p. 329 ment ? p. 393 (cahier Bac)
• Vous montrerez comment l’action publique pour l’environnement mobilise différents
42 acteurs. p. 342
365