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Plan
Introduction :
I. Le processus de croissance économique et les sources de la croissance
A) Comment définir et mesurer la croissance ?
B) Les grandes tendances de la croissance économique
C) Les sources de la croissance
1) L’accumulation des facteurs de production pour produire plus : la croissance extensive
2) Améliorer pour produire plus : la croissance intensive
3) Comment définir la productivité globale des facteurs ?
II. Le rôle du progrès technique dans la croissance
A) Invention, innovation et progrès technique
B) Un progrès technique endogène
III. Le rôle des institutions dans la croissance
IV. Quels défis le processus de croissance soulève-t-il ?
A) Gérer les inégalités de revenus engendrées par le progrès technique
B) Dépasser les limites écologiques de la croissance
1) Les limites écologiques de la croissance
2) La soutenabilité de la croissance
3) L’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance
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Introduction
Source : Santé publique France, Impact de la pollution de l’air ambiant sur la mortalité en France, Avril 2021
Ces exemples témoignent de la centralité de la croissance en tant qu’objectif des politiques économiques. En effet, le terme de
« croissance économique » occupe régulièrement le devant de la scène médiatique et politique.
Pour l’opinion publique mais également pour les politiques, on associe à ce processus des bienfaits économiques et sociaux. Aussi,
dans le langage courant, la « croissance » est synonyme d’enrichissement collectif conduisant à une amélioration du bien-être des
populations.
Mais tout en étant hautement désirée, la croissance économique est aussi souvent dénoncée. À cet égard, la crise sanitaire est
venue requestionner la priorité que les pays développés à économie de marché (PDEM) accordent à la croissance (en donnant
notamment la primauté aux mesures barrières et de freinage économique au profit de la santé des populations, en constatant les
effets positifs du premier confinement sur l’environnement).
Afin de comprendre les problèmes économiques actuels relatifs aux sources de la croissance, ce chapitre propose d’apporter des
éléments de réponse à « l’énigme de la croissance » mais aussi d’interroger certaines limites et défis que celle-ci doit parvenir à relever.
Objectif d’apprentissage : Comprendre le processus de croissance économique et les sources de la croissance : accumulation des
facteurs et accroissement de la productivité globale des facteurs .
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Document 1 : brève de l’AFP datant du 1er août 2021
« L’Insee prévoit une croissance de 6% cette année, qui permettrait à l'économie française de retrouver quasiment son niveau d'avant-
crise dès la fin 2021. L'économie française a renoué avec la croissance au deuxième trimestre, avec une hausse de 0,9% […], de bon
augure pour atteindre les 6% de croissance visés par le gouvernement cette année malgré les inquiétudes suscitées par la quatrième
vague de l'épidémie. »
La croissance économique correspond à un accroissement quantitatif durable des richesses d’un pays. À titre d’exemple, la période
qu’a connu l’économie française entre 1945 et le milieu des années 1970 (période qui a été qualifiée par Jean Fourastié de « Trente
Glorieuses) est un cas d’école de croissance économique.
En matière de définition de la croissance économique, les travaux de François Perroux (1903-1987) font aujourd’hui autorité. Dans son
ouvrage, L’économie du XXème siècle (1961), l’auteur la définit de la façon suivante : « la croissance économique est l’augmentation
soutenue durant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension ; pour la nation le produit global en termes réels. »
Le produit intérieur brut (PIB) est l’indicateur utilisé pour mesurer la croissance économique d’un pays. Le PIB désigne la valeur
nouvellement créée par les activités de production réalisées sur le territoire d’une économie au cours d’une année.
Aussi, la croissance exprimée en pourcentage est le résultat du taux de variation du PIB d’un pays d’une année à une autre (qui est
positif car désignant une augmentation de l’indicateur au cours d’une année).
Le calcul du PIB intègre la production marchande mais aussi la production non marchande réalisée sur le territoire d’une économie.
Pour mesurer la valeur nouvellement créée par les activités de production des entreprises, il suffit de faire la somme de leurs valeurs
ajoutées (PIB marchand).
Mais pour mesurer la valeur nouvellement créée par les activités de production des administrations publiques sur un territoire, il
n’est pas possible de procéder ainsi car il s’agit d’une production non marchande (pas de prix ou prix économiquement non significatif).
Ainsi, pour mesurer le PIB non marchand, on fait la somme des coûts de production des administrations publiques.
Remarque :
Il est important de mesurer l’évolution du PIB en volume et non en valeur car l’évolution en valeur peut être due :
- Soit à l’augmentation du volume, c’est-à-dire la quantité produite (croissance réelle)
- Soit à l’augmentation des prix, c’est-à-dire l’inflation (croissance nominale).
L’évaluation en volume consiste à éliminer de la variation en valeur ce qui est dû à la variation des prix (cf cahier révisions).
Pour mesurer la croissance économique, il est préférable d’utiliser le taux de croissance du PIB réel /habitant car il permet d’isoler
les effets d’une variation de la population. En effet, une forte hausse du PIB réel d’un pays peut par exemple, masquer un faible
accroissement de son PIB réel /habitant voire sa stagnation.
Exercice :
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Pour aller plus loin et comprendre un certain nombre de documents statistiques : la mesure du PIB en parité de pouvoir d’achat
(PPA).
On utilise des PIB en PPA pour effectuer des comparaisons internationales. En effet, comment trouver un référentiel commun
pour exprimer la richesse de pays qui diffèrent, non seulement par leur monnaie mais aussi par leurs niveaux de vie ? Une solution est
de tout convertir en une même devise, par exemple, le dollar. Mais les résultats sont alors à la merci d’une modification des taux de
change. Qui plus est, un dollar n’a pas forcément la même valeur d’usage selon le pays (concrètement, il permet d’acheter beaucoup
plus de choses en Chine qu’aux États-Unis).
Par exemple, en 2015, le PIB nominal de la Chine était de 11 385 milliards de dollars et son PIB PPA s’élevait à 19 652 milliards de
dollars. En effet, comme la structure des prix de la Chine est différente de celle des États-Unis, un dollar de PIB chinois n’a pas le même
pouvoir d’achat qu’un dollar de PIB américain.
Deux éléments sont à retenir pour caractériser les tendances séculaires de la croissance économique mondiale :
Le caractère récent de la croissance mondiale. Celle-ci n’apparaît qu’au moment de la révolution industrielle (machine à vapeur,
textile, chemin de fer, acier…). Sur cette période, la croissance en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest est supérieure à la
croissance mondiale. En effet, entre 1820 et 1870, dans ces deux régions, le PIB/hab. a augmenté, respectivement, de 1% et de 1,3%
en moyenne chaque année alors que dans le monde, le PIB/hab n’a progressé que de 0,5% en moyenne par an. Il faut attendre la
seconde révolution industrielle (chimie, automobile, aéronautique) entre 1870 et 1913 pour que la croissance mondiale ne soit plus
seulement tirée par celle de l’Europe de l’Ouest et de l’Amérique du Nord.
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Le caractère inégalitaire de la croissance et le rattrapage d’une partie des pays asiatiques. Les zones connaissant une croissance
du PIB/hab importante entre 1820-1870 sont l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord contrairement à la Chine et au Japon.
Concernant le Japon, le rattrapage s’est réalisé sur la période 1870-1913 (seconde révolution industrielle). Ainsi le PIB/hab japonais
est passé de 0,2% en moyenne par an entre 1820-1870 à 1,5% en moyenne chaque année sur la période 1870-1913 puis à 8,4% en
moyenne par an sur la période 1950-1970. Quant à la Chine, celle-ci a débuté son rattrapage plus tard que le Japon, à partir des années
1950-1970, avec un TCAM du PIB/hab de 1%. Entre 1990 et 2012, le PIB/hab chinois a augmenté de 9 ,4% en moyenne par an,
dépassant ainsi très largement toutes les autres zones.
Remarque :
La croissance économique est un phénomène très récent à l’échelle de l’humanité. Elle caractérise un certain nombre de pays qui
seront qualifiés de pays à économie de marché à la suite de leur révolution industrielle, du fait de leur mode principal de coordination
des activités économiques par le marché.
C’est la croissance du PIB qui a permis une augmentation spectaculaire du niveau de vie dans ces pays que l’on qualifie aujourd’hui de
développés.
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Rappel : un modèle, au sens général, désigne une représentation simplifiée de la réalité. Un modèle économique est conçu pour tester
des hypothèses concernant les comportement économiques.
Pour rendre compte de la croissance économique, les économistes néo-classiques ont élaboré un modèle, à savoir une représentation
simplifiée de la réalité. Cette activité de simplification est nécessaire car le réel est trop complexe pour être compréhensible dans tous
ses aspects.
Les facteurs de production désignent les moyens mis en œuvre dans le cadre du processus de production. L’analyse économique
distingue habituellement 2 facteurs de production : le travail et le capital. Certains auteurs prennent en compte d’autres facteurs de
production (ex : les ressources naturelles).
Dans notre modèle, le facteur capital est fixe (10 acres de terre) et le facteur travail est variable. Par exemple, 1 travailleur cultivant
10 acres de terre produit 19 boisseaux de blé. Par ailleurs, il n’est pas fait référence à la technologie. Celle-ci est considérée comme
donnée et fixe.
En regardant notre modèle, nous constatons que la production moyenne de boisseaux de blé diminue avec l’augmentation du
nombre de travailleurs. Par exemple, 1 travailleur produit en moyenne 19 boisseaux, 2 travailleurs produisent en moyenne 17
boisseaux, 3 travailleurs 13, etc…Ainsi la productivité moyenne de 3 travailleurs est de 13 boisseaux de blé.
Productivité : désigne un indicateur de l’efficience de la combinaison productive. Le calcul de la productivité met en rapport le volume
de production réalisé et la quantité de facteurs de production utilisée.
La productivité factorielle ou partielle est le rapport entre le volume de production obtenue et la quantité de ce facteur utilisée.
Nous constatons que la production de boisseaux de blé augmente avec l’augmentation du nombre de travailleurs mais cette
augmentation est de plus en plus faible.
La productivité marginale d’un facteur de production est l’augmentation de la production entraînée par l’augmentation d’une unité
de la quantité de ce facteur.
Dans notre modèle, la productivité marginale du travail diminue. En d’autres termes, la production augmente avec l’augmentation de
la quantité de travail mais cette augmentation de la production est de plus en plus faible. En utilisant la terre, les travailleurs finissent
par l’épuiser (phénomène de saturation du facteur fixe) et ils auront beau être plus nombreux à travailler, la terre ne pourra dépasser
une certaine quantité de production.
Selon la loi des rendements marginaux décroissants (hypothèse économique), lorsqu’on augmente la quantité d’un facteur de
production, (l’autre restant fixe), on constate dans un premier temps que la productivité marginale de ce facteur augmente, c’est la
phase des rendements marginaux croissants. Dans un second temps, passé un seuil, la productivité marginale de ce facteur diminue,
c’est la phase des rendements marginaux décroissants.
Remarque :
Attention, il ne faut pas confondre les rendements marginaux avec les rendements d’échelle. Les premiers concernent la courte période
(un facteur reste fixe et l’autre varie) et les seconds concernent le long terme (les deux facteurs sont variables). Les rendements
d’échelle désignent l’effet de la hausse conjointe du facteur travail et du facteur capital sur le niveau de production. Ils peuvent être
constants mais aussi :
croissants si le niveau de production augmente plus vite que les quantités de facteurs de production mises en œuvre (dans une
proportion plus grande) ;
décroissants si le niveau de production augmente moins vite que les quantités de facteurs de production mises en œuvre (dans une
proportion plus faible).
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Remarque :
Dans sa version de base du début du 20ème siècle, le modèle néoclassique de la fonction de production nous enseigne que
l’accumulation en quantités des facteurs travail et capital est une première source de croissance économique.
La hausse de la quantité de facteur travail utilisé provient d’une augmentation du nombre d’actifs occupés et/ou du nombre annuel
d’heures travaillées par actif occupé.
La hausse de la quantité de facteur capital utilisé provient de l’investissement. L’accumulation de facteur capital grâce à
l’investissement permet d’augmenter la quantité de facteur capital dont dispose en moyenne chaque travailleur, c’est-à-dire le capital
par tête (ce qui entraîne une hausse de l’intensité capitalistique).
Synthèse :
Complétez le texte à trous ci-dessous avec les termes suivants : durée du travail / facteurs de production / modèle / davantage /
fonction de production / main d’œuvre / production / capital / technologie / travail / quantité / investissement / population active /
décroissants / loi des rendements marginaux décroissants / diminue / productivité marginale (x2) / augmente
L’activité productive d’une unité de production peut être modélisée par une fonction de production qui indique le niveau maximal de
………………………………………..obtenu (outputs) par les différentes combinaisons de …………………………………………………………………(inputs), la
…………………………………………….étant donnée.
Les organisations productives combinent le facteur …………………………………………et le facteur ………………………………………. Le facteur
travail est le facteur de production correspondant à la …………………………………………………..et le facteur capital correspond à l’ensemble
des biens durables nécessaires pour produire des biens et des services (capital fixe). Les économistes utilisent un …………………………pour
représenter schématiquement cette relation par la ………………………………………………………………….Y=f(K,L).
L’augmentation de la production résulte en partie de la hausse de la ……………………………….de facteurs de production utilisée :
- l’accumulation de facteur travail permet de produire ……………………………..Cette accumulation est possible soit en augmentant
la taille de la ……………………………………………………….., soit en augmentant la …………………………………………………….
- l’augmentation du stock de capital permet aussi de produire davantage. Cette augmentation est rendue possible par
l’……………………………………………………….
Cependant, l’augmentation de la production due à l’augmentation de la quantité des facteurs de production se heurte à la ……………..
………………………………………………………………………………………………………………………Selon cette loi, lorsqu’on augmente la quantité d’un
facteur de production (l’autre restant fixe), on constate dans un premier temps que la ……………………………………………………………………de
ce facteur ………………………………………., c’est la phase des rendements marginaux croissants. Dans un second temps, passé un seuil, la
………………………………………………………………………….de ce facteur ……………………………………, c’est la phase des rendements marginaux
……………………………………………………….
Le niveau de production et donc le niveau de croissance économique dépendent des facteurs de production utilisés pour produire.
L’augmentation du facteur travail et/ou du facteur capital permet ainsi de produire davantage de biens et de services et d’optimiser le
processus de croissance. Mais cette accumulation des facteurs de production ne permet pas de garantir une croissance continue. Dès
lors se pose la question de la manière de garantir la hausse de la production malgré l’existence de rendements marginaux décroissants.
La productivité met en rapport le volume de production réalisé et la quantité de facteurs de production utilisée. Elle est donc un
indicateur de l’efficience de la combinaison productive (processus permettant d’atteindre un objectif dans les conditions les plus
favorables, c’est-à-dire à moindre coût).
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Le progrès technique, quant à lui, peut être défini comme une nouvelle manière de produire qui permet d’obtenir plus de produit
(biens et services) avec la même quantité de facteurs de production. Le progrès technique permet donc une amélioration de
l’efficience de la combinaison productive (gains de productivité).
L’amélioration de l’efficience de la combinaison productive est mesurée par la hausse de la productivité globale des facteurs.
Ainsi ce document présente deux sources de la croissance économique : les facteurs de production et la productivité globale des
facteurs. Ces deux sources sont des déterminants de la croissance et donc du niveau de vie d’un territoire.
La hausse de la quantité de facteurs de production permet d’augmenter la production et est donc source de croissance ;
La hausse de la productivité globale des facteurs : une meilleure utilisation des facteurs de production permet une augmentation
de la productivité de ces facteurs et cela est mesuré par l’augmentation de la productivité globale des facteurs (PGF). Cette PGF permet
une augmentation de la production et donc une croissance économique.
États-Unis PIB réel 3,5 3,5 4,5 3,9 2,7 1,7 5,8
Travail 0,9 0,1 1,6 0,9 0 1 3,4
Capital 1,4 0,8 1,6 1 0,7 0,7 0,8
Résidu 1,2 2,6 1,3 2 2 0 1,6
Tableau réalisé à partir des données de l’OCDE (https://stats.oecd.org/Index.aspx?lang=fr&DataSetCode=PDB_GR, consulté le
31/07/2023)
Clé de lecture :
- selon l’OCDE, en 2004, le PIB réel de la France a augmenté de 2,8% par rapport à 2003.
- selon l’OCDE, en 1992, le facteur travail a contribué de façon négative à hauteur de 0,6 point de pourcentage à la hausse de 1,6% du
PIB réel français et le facteur capital a contribué à hauteur de 1,1 points de pourcentage à la hausse de 1,6% du PIB réel français.
Remarque :
- pour retrouver le taux de croissance du PIB réel, il suffit d’additionner les contributions du travail, du capital et du résidu ex : pour la
France , en 2010, 0,5+0,5+0,9=1,9).
- le facteur travail et le facteur capital ne sont pas les seuls à contribuer à la croissance, le résidu y participe aussi.
Le résidu correspond à la part inexpliquée (résiduelle) de la croissance économique une fois que l’on a pris en compte l’augmentation
quantitative des facteurs de production. Autrement-dit, le résidu correspond à ce qui dans la croissance n’est explicable ni par la hausse
de la quantité de facteur travail utilisée ni par la hausse de la quantité de facteur capital utilisée.
Ainsi en 2010, aux États-Unis, le résidu a contribué à hauteur de 2 points de % à la hausse de 2,7% du PIB réel. En d’autres termes,
près de 74% de la croissance américaine en volume en 2010 ne résultait pas de l’accumulation des quantités de facteurs de production.
Cette part de la croissance économique qui ne s’explique pas par l’accumulation des quantités de facteurs de production résulte d’une
amélioration de l’efficacité de la combinaison productive de ces deux facteurs, c’est-à-dire d’une amélioration de la productivité globale
des facteurs (PGF).
Le résidu correspond donc à la PGF et représente tout ce que l’on n’a pas réussi à mesurer : il s’agit du progrès technique au sens large.
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Schéma récapitulatif :
Croissance extensive
CROISSANCE ÉCONOMIQUE
Croissance intensive
Hausse de la PGF
La croissance extensive est une augmentation de la production reposant principalement sur l’augmentation des quantités de facteurs
de production. Par exemple, on accroît la production agricole en utilisant de nouvelles terres.
La croissance intensive, quant à elle, est une augmentation de la production reposant principalement sur une meilleure utilisation des
facteurs de production et donc une amélioration de l’efficience de la combinaison productive (mesurée par la PGF) et donc des gains
de productivité. Cette meilleure utilisation des facteurs de production est notamment permise par l’introduction du progrès technique
entraînant une augmentation de la PGF. Par exemple, dans la production agricole, l’utilisation de nouvelles plantes permet une
augmentation de la production agricole à quantité de facteurs de production inchangée.
Objectifs d’apprentissage :
- comprendre le lien entre le progrès technique et l’accroissement de la productivité globale des facteurs .
- comprendre que le progrès technique est endogène et qu’il résulte en particulier de l’innovation.
- savoir que l’innovation s’accompagne d’un processus de destruction créatrice.
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A) Invention, innovation et progrès technique.
Document 6 :
Le rôle du progrès technique en économie a été particulièrement mis en évidence par Joseph Schumpeter, théoricien de l’innovation.
J. Schumpeter distingue d’abord le concept d’invention de celui d’innovation. L’invention est la découverte d’un principe nouveau ou
d’un produit nouveau qui n’est pas toujours susceptible d’applications pratiques. L’innovation est la mise en application d’un principe
théorique ou d’une idée nouvelle. [...] Dans les années 1930, Chester Carlson travaille chez un avocat new-yorkais où il passe l’essentiel
de son temps à recopier des plaidoiries et les minutes des procès. Il est obnubilé par le désir d’inventer un système qui pourrait mettre
fin à ce travail fastidieux. Pensant qu’il est inutile de se situer sur le terrain de la photographie où, pense-t-il, Kodak aurait déjà inventé
le processus s’il existait, il réfléchit aux possibilités de la reproduction par contact. En 1940, il dépose un brevet sur un procédé de
reproduction électrostatique. Après la guerre, Carlson cherche à exploiter son brevet, mais il ne dispose pas de fonds nécessaires au
développement de son procédé. Il le propose à IBM qui refuse, le jugeant sans avenir. En 1952, une petite firme inconnue, du nom de
Haloid, achète le brevet ; elle change de nom et, sous la marque Xerox, met sur le marché, en 1953, la première machine à
photocopier. Dans les années qui suivent, Xerox inonde le marché mondial.
Dans ce cas, on voit bien que les deux phases sont très distinctes : une phase de recherche très artisanale, aboutissant à l’invention ;
une phase de développement très coûteuse qui débouche sur l’introduction de l’innovation dans le monde économique. (…)
J. Schumpeter distingue [notamment 3] grandes catégories d’innovations ; 1. la fabrication d’un bien nouveau ; 2. l’introduction d’une
nouvelle méthode de production ; [3]. la réalisation d’une nouvelle organisation [du travail].
Aujourd’hui, sans renier cette classification, on retient souvent la distinction en deux grandes catégories principales : l’innovation de
produit et l’innovation de procédés.
Source : Jean-Marie Chevalier, Introduction à l’analyse économique, La Découverte, 1984
Une invention est une découverte qui se situe en dehors du champ économique. Il s’agit de la découverte d’un principe qui enrichit la
connaissance ou d’un nouveau produit. Elle ne peut pas déboucher dans le domaine économique.
L’innovation est , quant à elle, l’application économique d’une invention c’est-à-dire la mise en pratique d’une invention dans une
activité de production. Elle crée ainsi une nouvelle fonction de production en adoptant une nouvelle combinaison des facteurs dans la
fonction de production.
Il existe un lien entre l’innovation et le progrès technique. En effet, le progrès technique se manifeste par la mise en œuvre
d’innovations qui sont souvent incorporées au capital physique, mais qui concerne aussi l’organisation de la production, la conquête
de nouveaux débouchés, le recours à de nouvelles sources de matières premières, la création de nouveaux produits.
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les innovations de produits, les innovations de procédés et les innovations organisationnelles peuvent s’articuler.
Nous venons de voir comment le progrès technique, via les innovations, augmente la production d’une organisation (point de vue
microéconomique). Mais comment les gains de productivité obtenus grâce au progrès technique sont-ils source de croissance (point
de vue macroéconomique) ?
Rappelons que le concept de gains de productivité désigne une augmentation de la productivité de la combinaison productive (PGF)
ou d’un facteur de production (productivité factorielle).
Le progrès technique est source de gains de productivité parce qu’il permet de produire davantage avec la même quantité de facteurs
de production.
Or les gains de productivité réduisent les coûts moyens (ou unitaires) de production des entreprises qui peuvent les répercuter sur les
prix de vente de leurs produits.
D’une part, cette baisse des prix permet d’améliorer la compétitivité des entreprises et de stimuler les exportations donc la demande
intérieure;
D’autre part, cette baisse des prix permet d’accroître le pouvoir d’achat des ménages, ce qui augmente leur consommation et donc
la demande intérieure.
Les gains de productivité augmentent aussi la valeur ajoutée des entreprises puisqu’elles peuvent produire plus avec autant de facteurs
de production. Or celle-ci se partage entre les profits et les salaires. Aussi, les gains de productivité peuvent permettre d’augmenter
les profits et les salaires.
Cette hausse des profits et des salaires stimule la demande intérieure par l’intermédiaire de la hausse des investissements des
entreprises et la hausse de la consommation des ménages.
Par ailleurs, la hausse des salaires et des profits entraîne une hausse du montant des prélèvements obligatoires, ce qui permet
d’augmenter les dépenses publiques, c’est-à-dire que cela permet à l’État de financer des investissements publics et des prestations
sociales qui stimulent à leur tour la demande intérieure.
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Ainsi, les gains de productivité en stimulant la demande intérieure et la demande extérieure sont sources d’augmentation de la
production donc de la croissance économique.
En conséquence, grâce au progrès technique, la loi des rendements décroissants est surmontée.
La notion de « croissance endogène » est née dans les années 1980 pour répondre aux limites empiriques du modèle de SOLOW. Le
terme signifie simplement que la croissance peut s’expliquer par les décisions des agents économiques eux-mêmes, et non par une
variable exogène « inexpliquée ». Les théoriciens de la croissance endogène pensent que certains facteurs particuliers comme la
technologie, le capital humain ou encore les dépenses d’infrastructures génèrent soit des rendements d’échelle croissants soit des
externalités positives permettant une croissance soutenue et sans cesse renouvelée. […]
Le premier article sur la croissance endogène, proposé par Paul ROMER en 1986, fait simplement l’hypothèse que les facteurs ne
perdent pas leur efficacité au cours du temps, en raison du développement du savoir-faire de la main d’œuvre. On retrouve ici le
processus d’apprentissage repéré par K. ARROW. ROMER formule deux hypothèses : d’abord l’accumulation du capital n’est plus
soumise à la baisse de la productivité marginale grâce aux connaissances tirées des apprentissages réalisés au cours de la production.
Ensuite, ces connaissances bénéficient aux autres entreprises car il s’agit de biens collectifs gratuits, dont on ne peut contrôler la
diffusion […]. […]
Dans un second article publié en 1990, ROMER précise comment la technologie proprement dite agit sur la croissance, en faisant
l’hypothèse qu’elle est produite par le secteur de la recherche et développement, distinct du secteur productif. L’activité de recherche
dépend du capital humain disponible via l’embauche de chercheurs, et du stock de connaissances cumulées dans les périodes
antérieures. Ces connaissances constituent un bien collectif accessible à tous les chercheurs : les recherches effectuées dans le passé
augmentent le stock de connaissances disponibles aujourd’hui et facilitent les recherches actuelles ce qui permet à la croissance de
se poursuivre indéfiniment. […] Le modèle de croissance endogène proposé par BARRO en 1990 est fondé sur la distinction entre
capital privé et capital public (les infrastructures durables que l’Etat finance : routes, hôpitaux, etc.) Le capital public est à l’origine
d’externalités positives sur l’efficacité du capital privé : si l’Etat construit un réseau routier, il améliore la productivité de l’ensemble
des entreprises qui l’utilisent. […]
La notion de capital humain a été introduite par Theodore W. SCHULTZ à l’occasion de ses travaux sur le développement économique.
Le capital humain désigne un stock de connaissances, de savoir-faire et de compétences appropriés par les individus, et valorisables
économiquement. Autrement dit, le capital humain a deux propriétés : il améliore l’efficacité du travailleur, et il est le fruit de son
expérience. […] R. LUCAS (Prix Nobel 1995) propose en 1988 un modèle de croissance endogène faisant du capital humain un facteur
de production à part entière, à l’origine d’une croissance durable. […]. Ce dernier favorise la croissance par deux mécanismes. D’une
part, le capital humain a une productivité marginale constante : il ne perd pas son efficacité en étant cumulé, car les compétences
acquises antérieurement facilitent les nouveaux apprentissages. D’autre part, l’investissement en capital humain réalisé par un individu
génère une externalité positive pour les autres, car leur efficacité dépend du stock global de capital humain. Les compétences acquises
par un salarié créent un environnement favorable aux gains de productivité des autres. […]
Alain BEITONE et alii, Economie, sociologie et histoire du monde contemporain, Coll. U, Armand Colin, 3e édition, 2018
Le modèle de Solow montre l’importance du progrès technique. Cependant, il ne donne aucune indication sur l’origine du progrès
technique qu’il considère comme exogène (comme un « cadeau tombé du ciel »). Le progrès technique tombe du ciel et permet
d’améliorer l’efficacité de chacun des facteurs de production. La croissance qui ne s’explique pas par l’augmentation des facteurs de
production (résidu) est due au progrès technique et ce dernier est exogène. Il y a un vide explicatif dans ce modèle qui ne parvient pas
à expliquer toute la croissance.
Les recherches menées dans les années 1980 qualifiées de théories de la croissance endogène, tout en se situant dans le prolongement
des travaux néoclassiques, se sont efforcées d’expliciter les origines du progrès technique. Ces travaux théorisent donc un progrès
technique endogène, c’est-à-dire résultant de décisions rationnelles des agents économiques qui investissent dans du capital physique
(ou facteur capital), de la technologie (ou capital technologique), du capital humain et du capital public. Le progrès technique n’est
désormais plus une variable inexpliquée.
En outre, les modèles de la croissance endogène nous enseignent que la croissance est une phénomène auto-entretenu :
l’accumulation de ces quatre types de capital est source d’externalités positives et de rendements d’échelle croissants, ce qui permet
une croissance soutenue et sans cesse renouvelée.
12
Les investissements en facteur capital ou capital physique :
Ces investissements ne font pas qu’augmenter la quantité de capital physique mais modernisent aussi celui-ci. Comme le
capital physique nouveau incorpore des innovations, sa productivité augmente ainsi que celle des travailleurs qui l’utilisent (hausse de
la PGF).
De plus, en utilisant du capital physique plus performant, les travailleurs augmentent leurs savoirs et savoir-faire (Paul Romer),
la productivité du travail augmente selon les effets d’apprentissage.
Enfin, les connaissances tirées des apprentissages réalisées au cours de la production bénéficient aux autres entreprises car
il s’agit de biens collectifs dont on ne peut empêcher la diffusion. Elle génèrent donc des externalités positives sur les autres
entreprises.
Ainsi les différentes formes de capital dont très liées ; en effet, l’accumulation de capital public améliore l’efficacité du capital physique
des entreprises mais peut aussi conduire à un accroissement du stock de capital humain lui-même favorable à un accroissement du
stock de capital technologique puisque l’activité de recherche dépend du capital humain via l’embauche de chercheurs.
Ce modèle de croissance par destruction créatrice (AGHION et HOWITT, 1922 ; AGHION, AKCIGIT et HOWITT, 2014) est également
appelé modèle de croissance schumpétérien parce qu’il s’inspire de trois idées émises par l’économiste autrichien Joseph
SCHUMPETER, mais jamais modélisées ni testées auparavant.
Première idée : l’innovation et la diffusion du savoir sont au cœur du processus de croissance. La croissance de long terme résulte
d’une innovation « cumulative » telle que chaque nouvel innovateur bâtit sur les « épaules des géants » qui l’on précédé. Cette idée
fait écho à la conclusion de SOLOW selon laquelle il ne peut y avoir de croissance de long terme sans progrès technique. C’est la
diffusion et la codification des savoirs qui permettent à l’innovation d’être cumulative, sans quoi nous serions obligés chaque fois de
réinventer la roue, et de gravir la même montagne comme dans le mythe de Sisyphe.
Deuxième idée : les incitations et la protection des droits de propriété sont indispensables à l’innovation. L’innovation résulte des
décisions d’investissement, notamment en recherche et développement (R&D), de la part des entrepreneurs qui cherchent à obtenir
une rente1 en innovant. Tout ce qui garantit ces rentes, en particulier la protection des droits de propriété sur l’innovation, est de
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nature à inciter les entrepreneurs à investir davantage dans l’innovation. Au contraire, tout ce qui met en péril ces rentes, en
particulier l’absence de protection contre la menace d’imitation ou une taxation confiscatoire des revenus de l’innovation, vont
décourager l’investissement dans l’innovation. Plus généralement, l’innovation répond aux incitations positives ou négatives données
par les institutions ou les politiques publiques. L’innovation est un processus social.
Troisième idée : la destruction créatrice. Les nouvelles innovations rendent les innovations antérieures obsolètes ; autrement dit, la
croissance par destruction créatrice met en scène un conflit permanent entre l’ancien et le nouveau, elle raconte l’histoire de toutes
ces entreprises en place […] qui essaient en permanence d’empêcher ou de retarder l’entrée de nouveaux concurrents dans leur
secteur d’activité.
La destruction créatrice crée alors un dilemme ou une contradiction au cœur même du processus de croissance : d’un côté, ces rentes
ne doivent pas être utilisées par les innovateurs d’hier pour empêcher de nouvelles innovations. […] La réponse de Schumpeter à ce
dilemme était que le capitalisme était condamné précisément parce qu’il n’existait pas de moyen d’empêcher les entreprises établies
de faire barrage aux nouvelles innovations. Notre réponse à nous est qu’il est possible de surmonter cette contradiction, autrement
dit de réguler le capitalisme, ou, pour reprendre le titre de l’ouvrage de Raghuram RAJAN et Luigi ZINGALES (2003), de « protéger le
capitalisme contre les capitalistes ».
Philippe AGHION, Céline ANTONIN et Simon BUNEL, Le pouvoir de la destruction créatrice, Odile Jacob, 2020
1. Le terme de rente dans ce texte est employé au sens de rente de monopole, c’est-à-dire le surcroît de profit du monopoleur par rapport à une
situation de concurrence parfaite.
L’économiste J. Schumpeter (1883-1950) est le premier à théoriser, au début du 20ème siècle, la croissance comme le résultat d’un
processus endogène (et donc bien avant les théories de la croissance endogène des années 1980). Ces innovations majeures résultent
des décisions d’investissement d’entrepreneurs innovateurs, capables de prendre des risques (notamment lorsqu’ils décident de
transformer des inventions en innovations) réalisant ainsi un profit de monopole temporaire jusqu’à ce que sa technologie soit imitée.
Un quatrième courant plus récent des théories de la croissance endogène, avec des auteurs comme Ph. Aghion et P. Howitt, formulent
un modèle d’inspiration schumpétérienne. Dans ce cadre (et dans la continuité des travaux relatifs au progrès technique endogène),
le rôle des pouvoirs publics apparaît essentiel pour deux raisons :
Puisque l’innovation résulte des investissements en capital technologique effectués par les entrepreneurs, l’État doit mettre en
place des règles formelles favorisant ce type de décision : les droits de propriété, les brevets accordant l’exclusivité commerciale et
récompensant la prise de risque des entrepreneurs innovateurs en leur accordant temporairement un surprofit.
Par ailleurs, le modèle de croissance schumpétérien reprend le concept de destruction créatrice développé par Schumpeter, selon
lequel les nouvelles innovations rendent les anciennes obsolètes, elles détruisent d’anciennes activités moins rentables et en créent
de nouvelles plus performantes.
Ainsi, en raison du processus de destruction créatrice, les entrepreneurs innovateurs acquièrent temporairement une position de
monopoleur. Mais cette position est sans cesse contestée par des imitateurs, ce qui peut inciter les entrepreneurs à constamment
innover ou à l’inverse, mettre des barrières à l’entrée. Or, par ce biais, les entreprises installées empêcheraient l’apparition de nouvelles
innovations majeures et donc la perspective d’une nouvelle phase de croissance pour les économies capitalistes.
Le rôle des pouvoirs publics apparaît donc indispensable pour gérer les effets contradictoires de la destruction créatrice et en
dynamiser le processus. Pour cela l’État doit :
Protéger l’innovation pour la susciter (droits de propriété, brevets) ;
Mais aussi accélérer le renouvellement des innovations par une politique de la concurrence luttant contre les barrières à l’entrée et
contrôlant les concentrations (programme de 1ère)
Le rôle des pouvoirs publics dans la promotion de la croissance économique à long terme ne se limite pas à la constitution d’un capital
public. C’est l’ensemble des dépenses publiques des pouvoirs publics dans la recherche et dans l’éducation (et pas uniquement dans
les infrastructures) qui peuvent jouer un rôle moteur.
En prenant en charge l’éducation de la population, en finançant la recherche publique et en subventionnant la recherche privée, les
pouvoirs publics augmentent le stock de capital humain et de capital technologique.
➔ Les théories de la croissance endogène montrent ainsi que l’intervention des pouvoirs publics est propice à l’auto-entretien de la
croissance économique.
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Schéma : la croissance endogène
Objectif d’apprentissage : Comprendre comment les institutions (notamment les droits de propriété) influent sur la croissance en
affectant l’incitation à investir et innover
Joël Mokyr (1946-…) ; économiste américain, cherche à expliquer l’apparition de la croissance économique au 19 ème siècle dans
les pays d’Europe. Plus précisément, il se demande pourquoi à partir de cette période, les inventions donnent lieu à des innovations
majeures, alors que jusqu’à la révolution industrielle, les innovations ne constituaient que des améliorations techniques mineures
déconnectées du savoir scientifique.
Le premier facteur explicatif est le processus de diffusion et de codification du savoir débutant au 18ème siècle. En effet, la réduction
des coûts de l’imprimerie permet l’impression de nombreuses encyclopédies et celles-ci favorisent la propagation des connaissances
dans une représentation normée et unifiée (institutionnalisation du savoir scientifique).
La deuxième raison du décollage économique du 19ème siècle, et ce particulièrement en Angleterre, tient à la mise en place
de normes juridiques définissant et assurant le respect des droits de propriété ; ceux-ci apparaissent comme une institution
fondamentale pour permettre au marché d’exister et de se développer.
Par exemple , en l’absence d’un système de brevet, un agent économique ayant mis au point une innovation verra le fruit de
ses activités de recherches exploité commercialement par d’autres agents économiques alors même qu’ils n’en ont pas supporté le
coût. Aussi, en l’absence d’un système de protection des innovations, chaque agent a intérêt à se comporter en passager clandestin,
c’est-à-dire à attendre qu’un autre agent effectue des investissements en recherche & développement pour ensuite exploiter
commercialement les innovations qui en découlent. Mais si tous les agents adoptent le comportement de passager clandestin, aucune
innovation ne sera mise au point (cas du dilemme du prisonnier).
Aux côtés des droits de propriété et des institutions assurant la diffusion et la codification du savoir, deux autres catégories
d’institutions ont participé à l’émergence de la croissance économique au 19 ème siècle :
➢ Des institutions favorisant la concurrence entre agents économiques et notamment entre pays d’Europe. Ce constat fait écho
aux conclusions du modèle de croissance schumpétérien selon lequel l’existence d’un cadre concurrentiel incite les agents
économiques à innover et permet un processus de destruction créatrice, facteur de croissance.
➢ Des institutions permettant le développement financier. Ces institutions permettent le décollage économique européen en
facilitant le financement des décisions d’investissement des entrepreneurs innovateurs, et donc le processus de destruction
créatrice et de croissance économique.
Remarque :
Joël MOKYR souligne avec la question de la concurrence le rôle important des normes informelles parmi les institutions. Il montre
ainsi que si le décollage économique a lieu en l’Europe et non en Chine (alors même que ces deux régions du monde sont proches sur
les plans économique et technologique au 18ème siècle), c’est parce qu’il y est apparu une « culture de la croissance » selon les termes
de l’auteur (2020).
Cette culture est caractérisée par des normes informelles qui sont propices à l’utilisation des inventions à des fins techniques
(innovations) et à la création d’un « marché des idées », ce qui favorise la mise en circulation et la mise en concurrence de ces idées
(la critique faisant avancer la progression des idées). Ce « marché des idées » permet également la protection des innovateurs, si
importants pour déclencher une phase d’innovation et de croissance économique. A l’inverse, les penseurs chinois sont restés sous le
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contrôle d’une élite dirigeante qui a empêché la diffusion du savoir pour satisfaire son unique profit (les seules innovations autorisées
à émerger en Chine étaient celles choisies par l’empereur).
Synthèse :
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Exemples de sujets EC1 :
- montrez comment les droits de propriété influent sur la croissance économique.
- expliquez en quoi l’innovation peut s’accompagner d’un processus de destruction créatrice.
- à l’aide d’un exemple, vous montrerez que le progrès technique est endogène.
- vous montrerez comment les droits de propriété peuvent favoriser la croissance économique.
- à partir de l’exemple des droits de propriété, montrez comment les institutions influent sur la croissance économique.
- comment les droits de propriété favorisent-ils la croissance économique ?
Exemples de sujet EC3 :
- vous montrerez comment les institutions influent sur la croissance économique.
- vous montrerez que le progrès technique est endogène.
- vous montrerez que les institutions jouent un rôle dans la croissance économique.
Exemples sujet Dissertation :
- quel est le rôle de l’innovation sur la croissance économique ?
- comment le progrès technique favorise-t-il la croissance économique ?
- quel est le rôle du progrès technique dans le processus de croissance économique ?
Objectifs d’apprentissage :
- Comprendre comment le progrès technique peut engendrer des inégalités de revenus.
- Comprendre qu’une croissance économique soutenable se heurte à des limites écologiques (notamment l’épuisement des
ressources, la pollution et le réchauffement climatique) et que l’innovation peut aider à reculer ces limites.
Un premier modèle retient l’hypothèse d’un progrès technique biaisé en faveur des plus qualifiés. Ce modèle montre que l’apparition
d’innovations de procédé sont souvent complémentaires au travail qualifié si bien que ce type de facteur voit sa productivité
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sensiblement augmenter. En conséquence, la demande de travail qualifié augmente. Parallèlement, la demande de travail non qualifié
décroît en raison du fait que les innovations de procédé viennent détruire et remplacer ce type d’emploi.
Or, si la demande de travail très qualifié augmente alors la rémunération de celui-ci augmente. En revanche si la demande de travail
non qualifié diminue, alors la rémunération travail non qualifié diminue. Cela a pour effet d’accroître les inégalités de revenus entre
les plus qualifiés et les moins qualifiés.
Toutefois, la portée explicative de ce premier modèle est limitée. En effet, il ne permet pas d’expliquer le phénomène de polarisation
de l’emploi observé dans de nombreux pays développés. On appelle polarisation de l’emploi le phénomène de diminution des emplois
associés à des niveaux de qualifications intermédiaires allant de pair avec une augmentation du poids des emplois à haut et à bas
niveaux de qualification.
Selon un second type de modèle développé à partir des années 2000, l’effet du progrès technique sur l’emploi dépend davantage de
la nature des tâches effectuées dans chacun des emplois que du niveau de qualification des emplois. On retient alors l’hypothèse d’un
progrès technique biaisé en faveur des emplois non routiniers (ou contre les emplois routiniers).
Dans le cadre de ce second modèle, le progrès technique, parce qu’il rend possible l’automatisation des tâches routinières, a tendance
à détruire les emplois qui y sont associés puisque le travail peut être remplacé par du capital. On entend par tâche routinière, une
tâche répétitive qui peut être facilement codifiée car elle suit toujours la même procédure. Ces tâches routinières généralement
associées aux emplois peu ou moyennement qualifiés, qu’elles soient cognitives (employés administratifs dans les banques et les
assurances qui comptent, saisissent des données ou des informations) ou manuelles (ouvriers qualifiés ou non qualifiés travaillant sur
une chaîne de montage), sont plus susceptibles d’être accomplies par un robot ou un programme informatique car facilement
codifiables.
En revanche, les emplois pour lesquels les tâches, qu’elles soient manuelles ou cognitives, sont non routinières, ne peuvent pas être
automatisés. C’est pourquoi le progrès technique a tendance à faire croître les emplois non routiniers dans le volume de l’emploi
total.
Or, une partie de ces emplois non routiniers est basée sur des tâches cognitives complexes et complémentaires aux nouvelles
technologies de l’information et de la communication. Ces emplois sont donc occupés par des travailleurs qualifiés très bien
rémunérés (ingénieurs, chercheurs, …)
Mais une autre partie de ces emplois non routiniers est basée sur des tâches manuelles non répétitives mais souvent occupés par des
travailleurs peu qualifiés et faiblement rémunérés (serveurs, livreurs, aides à domicile, ouvriers du bâtiment, …).
Ainsi, le progrès technique biaisé en faveur des tâches non routinières renforce les inégalités de revenus car il :
réduit le poids dans l’emploi total des métiers aux tâches routinières et aux rémunération intermédiaires,
augmente le poids dans l’emploi total des métiers aux tâches non routinières qui pour certains sont très fortement rémunérés et
pour d’autres très faiblement rémunérés.
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Schéma : le progrès technique biaisé en faveur des plus qualifiés
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Le mode de croissance actuel sur lequel a reposé le développement des PDEM et sur lequel s’appuie le développement des pays
émergents est source de dégradations pour l’environnement car il :
repose sur l’utilisation intensive des énergies fossiles (pétrole, charbon,…) qui sont des ressources non renouvelables qui se
raréfient et dont la combustion est à l’origine d’émissions de gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement climatique
surexploite des ressources renouvelables c'est-à-dire qu’elles sont consommées à un rythme plus élevé que celui de leur
renouvellement ce qui réduit leur stock (ressources halieutiques (poissons) à cause de la surpêche, ressources forestières à cause de
la déforestation, ressources hydrauliques,…)
génère des pollutions de l’eau, de l’air, des sols,…
Aussi, le mode de croissance actuel met en péril la satisfaction des besoins et le bien-être des générations futures car elle détruit du
capital naturel. Or, le capital naturel joue un rôle majeur dans notre modèle de croissance actuel :
En effet, pour produire nous utilisons de nombreuses ressources naturelles (ex : eau, bois, pétrole, gaz, ressources halieutiques,
molécules pour les médicaments…). Si ces ressources naturelles venaient à disparaitre, de nombreux biens et services ne pourraient
plus être produits.
Le capital naturel fournit aussi des services environnementaux (ex : capture et stockage du gaz carbonique par les forêts,
pollinisation par les abeilles, les récifs de corail protègent les zones littorales des ondes de tempête, la flore microbienne des sols
dégrade les déchets organiques, les rendant ainsi moins nocifs …)
Il offre également des services d’agrément à savoir des plaisirs récréatifs (randonnés, safaris, plongée, observation
ornithologique, …) qui contribuent positivement au bien être la population.
Aussi, parce qu’il détruit du capital naturel, notre mode de croissance actuel met en péril la satisfaction des besoins et le bien-être des
générations futures.
Document 11 : évolution de l’état des stocks mondiaux de poissons de mer de 1974 à 2017
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Clé de lecture :
D’après la FAO, en 1975, environ 10 % des stocks mondiaux de poissons de mer étaient surexploités alors qu’en 2017 ce sont environ
35% des stocks mondiaux de poissons qui sont surexploités (soit 3,5 fois plus).
Un stock de poissons dans une zone de pêche est un exemple de bien commun. Quiconque possède un bateau peut aller pêcher (bien
non excluable) mais puisque le nombre total de poissons est limité, les poissons attrapés par un pêcheur ne sont plus disponibles pour
être attrapés par un autre (bien rival).
Ainsi, dans le cas des biens-communs, chaque agent économique va chercher à maximiser sa satisfaction individuelle (son utilité) en
augmentant le plus possible sa consommation de ces biens. Chacun a ainsi intérêt à surexploiter la ressource et à négliger l’impact de
ses décisions sur la collectivité (externalités négatives). L’agrégation de ces comportements individuels génère des ponctions excessives
sur les biens-communs et conduit à leur épuisement. Par exemple, en pêchant à outrance, les pêcheurs ont agi rationnellement parce
qu’ils cherchaient à maximiser leur utilité. Mais l’agrégation (somme) de ces comportements a engendré une raréfaction des
ressources en poissons.
Remarques :
- Le sommet de la terre à Rio (1992) précise la notion de développement durable en insistant sur ses 3 dimensions : une dimension
économique (croissance des richesses), une dimension sociale (partage équitable des richesses dans le monde et entre les
générations), une dimension environnementale (préservation du capital naturel).
- Comme l’illustre parfaitement l’exemple des ressources halieutiques, de nombreuses ressources naturelles gratuites indispensables
pour assurer la satisfaction des besoins et le bien être des générations futures sont aujourd’hui menacées de disparition du fait de nos
modes de production actuels. C’est ce que l’on appelle la tragédie des biens communs formulée par la première fois par Garrett
HARDIN et reformulée en 1990 par Elinor OSTROM.
2) La soutenabilité de la croissance.
Document 12 : soutenabilité forte et soutenabilité faible
En 1972 se tient à Stockholm une conférence des Nations Unies sur l’environnement humain qui met en avant le concept d’éco-
développement (qui sera popularisé notamment par Ignacy Sachs). En 1987, le rapport de la commission des Nations Unies présidée
par Gro Harlem Brundtland est rendu public, et propose une définition du développement durable (traduction française de Sustainable
Development) : « le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité
des générations futures de répondre aux leurs ». Ce rapport servira de base à la Conférence de Rio de 1992 (Sommet de la Terre). (…)
La question qui est alors posée est celle de la définition de la soutenabilité (ou de la durabilité) de la croissance.
Le rapport Brundtland ne tranche pas entre deux conceptions de la soutenabilité :
- La soutenabilité faible considère qu’existent plusieurs types de capitaux, notamment le capital naturel, le capital humain et le capital
physique. Ces trois types sont substituables. Les mécanismes de marché fondés sur les prix relatifs et les phénomènes de rente lié à
l’épuisement des ressources naturelles, ainsi qu'une politique environnementale adaptée doivent permettre d'assurer la soutenabilité
de la croissance. Il s'agit en particulier de mettre en œuvre les incitations appropriées, (…) ;
- La soutenabilité forte, conteste au contraire la substituabilité des trois types de capitaux. Elle met l’accent sur la spécificité du capital
naturel et sur la nécessité de mettre en place des contraintes dans la gestion de ce capital. Par exemple, il faut limiter le prélèvement
des ressources naturelles à leur capacité de régénération, il faut limiter l’émission de produits polluants à la capacité d’absorption de
la nature et il faut limiter le prélèvement des ressources non renouvelable en fonction de la possibilité de les remplacer par des
ressources renouvelables. Cette seconde approche se montre sceptique à l’égard du recours aux mécanismes de marché comme
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moyen de gestion du capital naturel. La marchandisation risquant au contraire de conduire à une utilisation excessive des ressources
naturelles.
Cependant, en dépit de nombreux efforts, de multiples conférences, de l’action des organisations non gouvernementales, l’évolution
de la situation mondiale depuis le début des années 1990 ne semble guère favorable : les émissions de gaz à effet de serre restent
très importantes, la déforestation se poursuit, des espèces vivantes continuent à disparaître à un rythme élevé, les populations sont
confrontées à des pénuries d’eau qui se font plus nombreuses, etc.
Source : A. Beitone et alii, Economie, Dalloz, Coll. Aide-Mémoire, 2012 (pp. 483-484)
La croissance soutenable désigne le fait que la croissance actuelle puisse prolonger à long terme sans remettre en question les
perspectives de croissance des générations futures. Ainsi, comme la croissance implique pour exister, l’association des 4 types de
capitaux (naturel, humain, physique, institutionnel), une croissance ne peut être soutenable que si elle permet le renouvellement des
stocks de ces capitaux. Se pose alors la question de la soutenabilité en ce qui concerne les limites écologiques de la croissance et donc
la destruction du capital naturel.
L’hypothèse de la soutenabilité faible repose sur la substituabilité entre les différentes formes de capital dont la combinaison permet
d’accroître la production et/ou le bien-être. Dans ces conditions, la préservation du capital naturel est un objectif qu’il est possible
d’atteindre en compensant sa diminution par l’augmentation d’une autre forme de capital ; les innovations, et donc le progrès
technique, permettent alors de repousser les limites écologiques de la croissance (éoliennes, panneaux solaires).
L’hypothèse de la soutenabilité forte, quant à elle, repose sur l’absence de substituabilité entre les différentes formes de capital dont
la combinaison permet d’accroître la production et/ou le bien-être. Dans ces conditions, la préservation du capital naturel est un
objectif majeur puisqu’il n’est pas possible de compenser sa diminution, du fait de sa surexploitation, par l’augmentation d’une autre
forme de capital.
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techniques économisant de ressources naturelles : subventions aux ménages qui isolent leur logement ou installent des panneaux
solaires, la mise en place d’une taxe sur les productions polluantes en dioxyde de carbone, faisant augmenter le prix relatif de ces
productions sur le marché, afin de rendre les productions innovantes relativement moins chère (taxe carbone).
L’Etat peut créer des marches de quotas. Les pouvoirs publics décident du volume global de pollution désire (par exemple la quantité
d’émission de CO₂ désirée) et créent, en fonction de cela, un certain nombre de titres qui correspondent à des autorisations
d’émissions polluantes (par exemple, la possession d’un titre donne le droit à une entreprise d’émettre une tonne de CO₂ par an). Ces
titres s’échangent sur les marches et une entreprise qui pollue devra acheter les titres correspondants, ce qui augmentera ses coûts
de production. De tels marchés existent aujourd’hui : c’est le cas avec les émissions de CO₂ en Europe pour les grosses entreprises.
1 La fiscalité écologique est constituée de l’ensemble des mesures fiscales (impôts, taxes) qui ont pour objectif d’inciter les
agents à moins polluer, à rejeter moins de déchets et à réduire leur utilisation de ressources naturelles. Par exemple, la taxation
des produits dérivés du pétrole ou les crédits d’impôt accordes pour l’isolation des logements relèvent de la fiscalité écologique.
M. Navarro (dir.), V. Barou, L. Braquet, N. Danglade, BLED Sciences économiques et sociales, Hachette éducation, 2012 ;
Et A. Beitone, A. Cazorla, E. Hemdane, Dictionnaire de science économique, Dunod, 2019.
Les innovations peuvent en partie pallier ou reculer les limites écologiques à la croissance dès lors qu’elles permettent de générer des
technologies se substituant totalement ou partiellement aux ressources naturelles. Cela permet de réduire les prélèvements sur le
capital naturel en utilisant d’autres ressources pour produire ou consommer. Par exemple, les innovations en matière de productions
d’énergie (éolien, solaire) permettent de réduire l’épuisement de ressources naturelles en développant des substituts aux ressources
naturelles. On peut imaginer que des innovations permettant de freiner nos gaz à effet de serre (technologies de capture du CO2 dans
l’air) pourront contribuer à l’avenir à ralentir le réchauffement climatique.
L’État joue un rôle essentiel pour favoriser les innovations remédiant partiellement à l’épuisement des ressources naturelles. En effet,
il a le pouvoir d’orienter les décisions, les choix des agents économiques au moyen d’incitations, et il a la possibilité de développer le
capital humain et le capital technologique en investissant dans ces domaines. Ainsi, l’État peut inciter à la réduction des productions
nocives sur l’environnement (règlementations, taxes, quotas d’émissions) et inciter à des comportements plus respectueux de
l’environnement (subventions). Il peut ainsi, inciter à innover pour produire de façon plus respectueuse de l’environnement. Par
ailleurs, il a la possibilité d’investir dans la formation des individus afin d’accroître le capital humain et former des chercheurs
susceptibles d’être à l’origine de progrès technologiques écologiquement intéressants. Il a également la possibilité d’investir dans la
recherche afin de donner des moyens supplémentaires aux chercheurs pouvant développer des innovations écologiques.
Néanmoins, l’innovation ne peut pas toujours reculer les limites écologiques à la croissance. S’il est possible de développer des
innovations permettant de remplacer partiellement ou totalement le capital naturel, ce n’est pas toujours le cas. Certaines ressources
naturelles ne peuvent pas être remplacées par des innovations. Par ailleurs, certaines conséquences écologiques de la croissance sont
irréversibles : la disparition d’espèces, la réduction de la biodiversité, la dégradation du climat, sont autant d’exemples de dégradations
écologiques auxquelles les innovations ne peuvent pas remédier.
Remarque :
En 1865, l’économiste britannique Stanley JEVONS met en évidence un paradoxe à partir de l’exemple du charbon : les innovations
incorporées dans machines sont supposées diminuer la consommation de charbon des entreprises (hausse de l’efficacité énergétique)
mais la baisse du coût d’usage du charbon entraine une hausse de la consommation de celui-ci.
Le paradoxe de Jevons ou effet de rebond montre ainsi que le progrès technique dans l’usage d’une ressource parce qu’il baisse son
coût d’utilisation entraine une hausse de sa consommation et donc réduit voire annule les effets positifs attendus.
Ce paradoxe est toujours d’actualité et constitue toujours une limite à laquelle se heurte le progrès technique pour repousser les
limites écologiques de la croissance.
Par exemple, la mise au point de voitures plus économes en carburant (donc moins émettrices de CO2) réduit le coût d’usage du
carburant et pousse les automobilistes à rouler davantage donc à consommer plus de carburant.
Autres exemples : Des ampoules basse consommation que l'on éteint moins fréquemment, du papier que l’on consomme davantage
parce qu’il est recyclé et parce qu’on utilise davantage l’informatique (qui était supposé réduire la consommation de papier…), …
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Schéma : des innovations au service de l’environnement
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Exemples sujets EC1 :
- montrez que l’innovation peut aider à reculer les limites écologiques auxquelles se heurte la croissance économique.
- à partir d’un exemple, vous montrerez que l’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance
- à l’aide d’un exemple, vous montrerez que la croissance économique se heurte à des limites écologiques
Exemples sujets EC3 :
- vous montrerez qu’il existe des limites écologiques à la croissance économique soutenable.
- vous montrerez comment l’innovation peut être une solution aux limites écologiques de la croissance économique.
Exemples sujets Dissertation :
- les limites écologiques sont-elles le seul défi posé par la croissance économique ?
- comment l’innovation peut-elle contribuer à reculer les limites écologiques d’une croissance soutenable ?
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