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La croissance économique dépend-elle seulement de l’augmentation des facteurs de production ?

La croissance économique est un véritable enjeu pour toute politique économique en


raison des bienfaits économiques et sociaux qu’elle apporte à l’ensemble de la population, en
termes de niveau de vie, d’emploi ou de financement de la protection sociale. La croissance
économique désigne l’accroissement, sur longue période, de la production de biens et de services
dans un pays et est généralement mesurée grâce au taux de croissance du produit intérieur brut
en volume entre deux années. Le travail des économistes consiste notamment à étudier la
croissance et ses sources pour montrer qu’elle n’est pas due hasard. Quelles sont les sources de la
croissance économique ? Afin de répondre à cette problématique nous verrons que la croissance
économique dépend de l’augmentation des facteurs de production mais pas seulement.

La croissance économique peut-être extensive, c’est-à-dire, découler d’une augmentation


des facteurs de production utilisés, le facteur travail et le facteur capital.

La croissance économique peut résulter de l’accroissement de la quantité du facteur travail.


Le facteur travail désigne l’ensemble des activités humaines qui contribuent à la production de
biens et de services. Dans certains pays, le facteur travail est un déterminant essentiel de la
croissance économique. En effet, sur la période 2010-2019, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, le
facteur travail explique la moitié de la croissance du produit intérieur brut (document 1). Le produit
intérieur brut (PIB) permet de mesurer la quantité de richesse crées sur un territoire sur une année.
Pour produire plus, augmenter la quantité du facteur travail, il faut d’augmenter la population
active. Cette augmentation de la population active peut résulter de différents facteurs
démographiques dont les principaux sont l’accroissement naturel de la population, l’évolution
favorable du solde migratoire, la longueur des cursus de formation, l’âge moyen de départ à la
retraite, du nombre de personnes qui renoncent à l’emploi pour élever leurs enfants. La
production peut aussi être accrue sans forcément augmenter le nombre de travailleurs, mais en
augmentant la durée moyenne de travail effectuée par chaque actif. Par ailleurs, la qualité du
facteur travail contribue également à augmenter la croissance. L’investissement dans l’éducation,
la formation (initiale et continue), est primordial pour que les entreprises puissent bénéficier d’une
main d’oeuvre qui sera source d’inventions, innovations et donc de gains de productivité.
La croissance économique peut également résulter de l’accumulation du capital fixe.
Le capital fixe désigne l’ensemble des moyens de production utilisés pendant au moins un an
durant le processus de production. Il serait nécessaire pour produire de manière plus soutenue et
de meilleure qualité. En France, sur la période 2010-2019, la moitié de la croissance du PIB est
expliquée par le facteur capital (document 1). L’investissement consiste en l’acquisition de capital
fixe, en vue de maintenir, augmenter ou améliorer la production future. L’investissement est un flux
qui fait augmenter le stock de capital fixe. Ainsi, à court terme, l’investissement favorise la
croissance en augmentant la demande de biens et de services. L’investissement représente ainsi

une composante de la demande globale, à côté de la consommation des ménages et des


exportations. Si l’investissement augmente, la demande globale augmente. A moyen et long
terme, l’investissement favorise également la croissance économique en augmentant les capacités
de production. Grâce à l’investissement réalisé, une entreprise pourra produire plus de biens et de
services et dégager un profit qu’elle réinvestira pour produire davantage. A moyen terme,
l’investissement agit donc directement sur l’offre de biens et services.

Les facteurs de production sont nécessaires à la croissance économique. En effet, au


Royaume-Uni, entre 2010 et 2019, ils expliquent la majorité de la croissance du PIB (document 1).
Cependant, ils ne sont pas suffisant pour expliquer la croissance économique. Il existe aussi un
facteur résiduel qui mesure les effets du progrès technique.

Une partie de la croissance économique ne s’explique ni par le facteur travail ni par le


facteur capital.
Il s’agit du facteur résiduel, de la productivité globale des facteurs (PGF). En France de 1978 à
2007, la PGF a augmenté de près de 60% selon l’Insee (document 2), la hausse de la PGF joue un
rôle important dans la croissance économique. En effet, la PGF permet de mesurer les effets du
progrès technique, résultat de l’ensemble des innovations permettant d’améliorer l’efficacité du
système productif, de créer de nouveaux produits ou de nouveaux procédés commerciaux. Le
progrès technique permet d’augmenter la quantité et la qualité de la production et de réaliser des
gains de productivité. Ainsi, le progrès technique joue un rôle central dans l’explication de la
croissance. Afin d’illustrer l’importance de la PGF dans la croissance économique, on peut citer
l’exemple du Japon. Elle explique à hauteur de 80% le taux de croissance annuel moyen du PIB sur
la période 2010-2019. Il s’agit alors d’une croissance dite intensive (document 1). Par ailleurs, les
théories de la croissances endogène nous enseignent que la croissance économique résulte de
l’accumulation de quatre types de capital, technique, humain, technologique et public. Le progrès
technique n’est alors pas un résidu, mais résulte de l’accumulation de ces différentes formes de
capital qui profitent à tous car elles sont sources d’externalités positives. Ainsi, les fruits de la
croissance, impôts, profits et salaires, vont permettre de financer des investissements dans ces
quatre capitaux. Dès lors, la croissance devient un processus auto-entretenu, cumulatif. Ce sont
par conséquent les pays les plus avancés économiquement qui ont les meilleurs chances de
continuer d’accroitre leur richesse produite. Ces théories de la croissance endogène constituent
un progrès pratique car elles donnent aux gouvernants des pistes pour mener des politiques
favorisant la croissance, qui est un objectif central pour la plupart d’entre eux.
L’Etat joue un rôle dans la recherche et le développement.
En effet, les économistes insistent sur le rôle crucial que jouent les institutions pour initier,
accompagner, faciliter le progrès technique et la croissance économique. L’Etat doit mettre en
oeuvre un cadre réglementaire et un système judiciaire qui permettent le respect des droits de
propriété et offrent un avantage aux inventeurs, par exemple via le brevet. Cela assure aux
entrepreneurs efficaces qu’ils conserveront leur profit et incitent à innover, à investir. En effet, les

droits de propriété permettent de protéger les innovations et place ainsi l’innovateur en situation
de monopole (document 4). En l’absence de droit de propriété, aucun entrepreneur ne serait
inciter à innover. En effet, l’innovation implique des coûts, tels que des investissements en
recherche et développement et en formation. Or, si les entreprises concurrentes peuvent imiter
l’innovation produite sans en subir les coûts (document 4), alors l’entrepreneur à l’origine de
l’innovation n’en tirerait aucun avantage et aucun agent économique n’investirait dans la
recherche et développement. Les droits de propriété sont ainsi des institutions établies par la
société qui sont au fondement de l’échange marchand. Par ailleurs, l’Etat peut favoriser les
activités de recherche et développement par le biais de subventions. Par exemple, en 2017 au
Japon, les dépenses de recherche et développement représentent 3,2% du PIB selon l’OCDE.

En conclusion, la croissance économique ne s'explique pas uniquement par les facteurs de


production. Il existe même des pays o ces derniers n'expliquent qu'une part minime voire nulle
de la croissance économique. Le progrès technique améliore la productivité globale des facteurs
de production et permet une croissance plus intensive qu’extensive. L’Etat favorise la recherche et
le développement. Cependant, la croissance économique est confrontée à des défis. Tandis que
le progrès technique s’accompagne d’un processus de création destructrice et engendre des
inégalités de revenus, la croissance se heurte à des limites écologiques.

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