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Inflation

I- Généralités :
A- Définition

L'inflation est une hausse généralisée, auto-entretenue, durable et plus ou moins importante des
prix. Une hausse ponctuelle et localisée des prix ne peut être considérée comme de l’inflation
que si elle se propage à toute l’économie et se reproduit sur la période suivante.

B- Mesure de l’inflation

1- Indice des prix à la consommation


L’inflation est un phénomène global mesuré par l'indice des prix à la consommation (IPC) qui
synthétise l’évolution des prix des différents biens et services.
Cet indice mesure l’évolution du niveau moyen des prix d’un panier fixe de biens et de services
que les consommateurs ont acheté au cours d’une période donnée. Le choix des biens et services
composant le panier, est fondé sur les habitudes de consommation des ménages. Ce panier est
mis à jour périodiquement.

2- Le taux d’inflation
Le taux d’inflation mesure l’augmentation en pourcentage du niveau général des prix au cours
d’une période donnée (généralement l’année). Il est calculé sur la base de l’indice des prix à la
consommation comme suit :
(((IPCt)-(IPCt-1))/ (IPCt-1))*100

II- Les types d’inflation


A- Selon le niveau du taux d’inflation

On distingue plusieurs types d’inflation en fonction du taux d’augmentation du niveau général


des prix :
-L’inflation modérée ou rampante: l’inflation est dite modérée ou rampante, lorsque le taux
d’inflation est d’un chiffre (Exemple 3%) par an. Les pays de l’OCDE ont connu ce type
d’inflation au cours des Trente Glorieuses.
-L’inflation galopante : l’inflation est galopante lorsque le taux d’inflation est à deux chiffre
(14% par exemple). Les pays de l’OCDE ont connu ce type d’inflation au cours de la décennie
1970.
- L’hyperinflation est une période de très forte inflation. L’Allemagne a connu une
hyperinflation pendant les années 1920. En 1992, le FMI a estimé la hausse des prix sur un an
dans les pays de l’Europe de l’Est à 682 %.

B- Autres types associés à l’inflation :

L’inflation doit être distinguée des autres processus qui affectent également le niveau
général des prix :
*La désinflation : la désinflation désigne une baisse du taux d'inflation et non une baisse du
niveau général des prix : Le niveau général des prix augmente toujours mais à un rythme moins
important qu'auparavant. (Exemple : si l'inflation passe de +10 % à +8 % puis à +5 %, le niveau
général des prix augmente donc toujours mais à un rythme moins rapide).

1
*La déflation : elle désigne une situation économique caractérisée par la baisse du niveau
général des prix. C’est une inflation négative. C’est le cas par exemple entre 1929 et 1932 avec
une baisse de 17% au Japon, 18,5% aux USA, 12% en France et 21% en Allemagne.
*La stagflation : Elle désigne une situation économique dans laquelle coexistent un taux
d’inflation élevé et une faible croissance (stagnation de l’activité économique) accompagnée
d’une hausse du chômage.

III- Les causes de l’inflation


Elles sont multiples. En général, on distingue :
A- L’inflation par la demande
Elle repose sur l’idée que la hausse des prix résulte d’un déséquilibre sur le marché des biens et
services, entre la demande des agents économiques et les capacités d’offre des entreprises
(Demande > Offre). Ceci peut se produire si les entreprises fonctionnent à pleine capacité de
production et n’ont pas encore réalisé les investissements nécessaires leur permettant d’accroître
leurs capacités de production pour faire face à l’augmentation de la demande.

B- L’inflation par les coûts

On parle d’inflation par les coûts lorsque les entreprises qui supportent une hausse de leurs coûts
de production (hausse des salaires, hausse des prix des matières premières et des produits semi-
finis…) répercutent ces hausses sur les prix afin de sauvegarder leurs marges.

C- L’inflation monétaire

La hausse des prix peut résulter d'une création monétaire excessive. Une croissance trop importante
de la masse monétaire par rapport à la production de biens et services augmente la demande des
ménages et des entreprises. Il en résulte une pression à la hausse sur le niveau général des prix.
Pour Friedman, « la cause de l’inflation est toujours et partout la même : un accroissement
anormalement rapide de la quantité de monnaie par rapport au volume de la production ».
D- l’inflation importée
Si un bien importé joue un rôle fondamental dans la production, la hausse de son prix peut avoir
un impact inflationniste. Cela a été le cas par exemple lors de la « crise du pétrole » de 1973-
1979) ou de la hausse du prix des produits alimentaires à partir de 2007 et jusqu’au
déclenchement de la crise).
L’inflation importée peut aussi résulter de la baisse du cours du change qui accroît le prix en
monnaie nationale des produits importés.
E- L’inflation structurelle
L’inflation peut aussi être considérée comme la résultante des structures économiques. Dans
cette perspective, on considère que l’inflation résulte:
de l’existence de plusieurs intermédiaires commerciaux : l’intervention de plusieurs
intermédiaires dans la distribution ne peut qu’augmenter le prix final des produits.
des monopoles et oligopoles d’entente : en éliminant la concurrence, ils accroissent le niveau
des prix.
des tensions et conflits d’intérêts entre groupe sociaux: Par exemple, si les syndicats
obtiennent une hausse des salaires après quelques manifestations, il va en découler une hausse
des coûts des entreprises qui augmenteront à leur tour leurs prix de vente etc.

IV- Les conséquences de l’inflation sur les principales variables économiques :


L’inflation génère plusieurs effets :

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L’effet de l’inflation sur la compétitivité de l’économie nationale :
Dans un contexte de mondialisation et d’ouverture des économies, l’inflation altère la
compétitivité1 de l'économie nationale. C’est le cas lorsque le taux d’inflation national est
supérieur à celui des pays étrangers. Cette altération réduit les exportations et la croissance
économique et accroît le chômage.
L’effet de l’inflation sur la consommation :
*l’inflation peut réduire la consommation car elle entraine une baisse du pouvoir d’achat de la
monnaie et des salaires. La même somme ne permet plus d’acheter la même quantité de biens et
de services.
*l’inflation peut aussi stimuler la consommation par un effet d’anticipation : si les prix
augmentent et que les agents anticipent une accélération de l’inflation, ils vont avoir tendance à
consommer plus, accroissant du coup le taux d’inflation.

L’effet de L’inflation sur la répartition des revenus.


Inflation fait des gagnants et des perdants :
*Les perdants sont les agents dont les revenus sont fixes ou dont les revenus sont soit
indexés imparfaitement soit indexés avec retard sur l’inflation (par exemple, les prix
augmentent de 4% alors que les salaires ne changent pas ou ne changent qu’avec retard
après 3 ans ou plus, ou n’augmentent que de 1%).
*Les agents gagnants sont ceux dont les revenus sont élevés et dont le patrimoine est
composé par exemple d’actifs réels et financiers (immobiliers, bijoux, actions…). En cas
d’inflation la valeur de ces actifs augmente ce qui rend ces agents plus riches.

L’effet de l’inflation sur les recettes de l’Etat :


L’Etat peut aussi tirer parti de l’inflation dans la mesure où la hausse des prix constitue un impôt
non voté. L’inflation conduit à un alourdissement de la charge fiscale. Par exemple, si les prix
augmentent les recettes de TVA augmentent aussi.

L’effet de l’inflation sur le poids de la dette et sur l’endettement

L'inflation allège le poids de la dette des agents. La charge de remboursement d'un emprunt à
taux fixe (les mensualités de remboursement d'un ménage par exemple) devient moins lourde à
supporter dans un contexte de hausse des prix et des salaires. Les agents structurellement
endettés (Etat et entreprises ont donc intérêt, provisoirement, à ce que l'inflation augmente. Cette
situation encourage l’endettement qui est favorable pour l’économie comme le soulignait
Keynes.

L’effet de l’inflation sur la croissance économique :


• L’inflation favorise la croissance économique :

1
La compétitivité de l'économie nationale se mesure :

*soit par sa capacité à produire des biens (et services) comparables à ceux produits par l'étranger à des prix
plus faibles. C'est la compétitivité-prix ;

*soit par sa capacité à produire des biens (et services) supérieurs (par la qualité, la technologie ou les
services liés aux produits, à un prix plus élevé, mais a priori justifié aux yeux de l'acheteur. C'est la
compétitivité « hors prix » ou la compétitivité-produit

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- l’inflation favorise le recours à l’endettement des entreprises et des ménages pour
financer la consommation et l’investissement. C’est ce qui s’est passé pendant les Trente
Glorieuses en favorisant l’essor d’une économie d’endettement.
- L’inflation est un des symptômes d’une forte croissance économique : elle apparaît
lorsque les capacités de production disponibles (travail et capital) sont utilisées
pleinement. *L’inflation limite la croissance économique :
- L’inflation lorsqu’elle est forte, peut entraver l’activité économique dans la mesure où
elle crée de l’incertitude sur l’évolution future des prix. Faute de pouvoir prévoir
l’évolution future des prix à moyen terme, les entreprises reportent leurs projets
d’investissements
- l’inflation peut entrainer une diminution du taux d’épargne et restreindre en conséquence
les possibilités d’investissement.

V- Relation entre inflation et chômage : Courbe de Phillips

Cette relation a été mise en œuvre sur la base des travaux de Phillips publiés en 1958. Cette
étude a permis d’établir une relation inverse entre le taux de chômage et le taux de croissance des
salaires. Cette relation peut être expliquée par la loi du marché (relation entre offre et demande
de travail). Ainsi, lorsque le taux de chômage baisse et devient faible, la demande de travail par
les entreprises se retrouve supérieure à l’offre de travail par les travailleurs. Ces derniers se
trouvent en position de force ce qui leur permet de négocier des salaires plus élevés. De plus, les
employeurs se font concurrence entre eux pour attirer la main d’œuvre. Pour cela, ils
augmentent le niveau des salaires. Comme les salaires sont des éléments de coût, leur
augmentation entraine une augmentation du niveau des prix et donc de l’inflation.

Le raisonnement inverse peut être appliqué lorsque le taux de chômage augmente (l’augmentation du
taux de chômage baisse des salaires baisse des coûts des entreprises baisse de l’inflation.)

La courbe de Philippes peut être représentée comme suit :

Le taux d’inflation progresse lorsque le taux de chômage diminue et, inversement, le taux
d’inflation augmente lorsque le chômage diminue.

La courbe de Phillips pose un dilemme aux Etats. Ils devraient choisir entre plus d’inflation
pour un chômage plus bas, ou au contraire, accepter un chômage plus important pour limiter
l’inflation.

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