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CHAPITRE 1 : Généralités sur l’inflation et le


pouvoir d’achat
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Introduction :
Le terme inflation désigne l’action et l’effet de gonfler. L’utilisation plus habituelle du concept a
un sens économique : l’inflation est, dans ce cas, l’élévation soutenue des prix qui a des effets
négatifs sur l’économie d’un pays. Autrement dit, à cause de l’inflation, les prix des biens et des
services augmentent, ce qui génère une chute du pouvoir d’achat. Par exemple : un travailleur avait
l’habitude d’acheter 30 kilogrammes d’aliments avec son salaire de 1.000 dollars. Quelques mois
plus tard, face à l’inflation existante, ce même salaire ne lui permet d’acheter que 10 kilos
d’aliments. Plusieurs motifs peuvent être à l’origine de l’inflation. L’inflation par la demande
résulte lorsque la demande générale augmente et que le secteur de production n’est pas en mesure
d’adapter son offre ; par conséquent, les prix augmentent. L’inflation de coûts, par ailleurs, apparait
lorsque les coûts des producteurs augmentent (en matière de main d’œuvre, de matière premières
ou d’impôts) et eux, à leur tour, afin de maintenir les bénéfices, ils finissent par augmenter leurs
prix. Enfin, l’inflation auto-construite a lieu lorsque les producteurs prévoient des augmentations
de prix dans l’avenir et décident d’anticiper avec un ajustement dans leur conduite actuelle. Parmi
les types d’inflation, il y a lieu de mentionner l’inflation modérée (les prix montent graduellement),
l’inflation galopante (les prix montent de deux ou trois chiffres au cours d’un an) ou
l’hyperinflation (la hausse des prix peut atteindre 1000% annuel, ce qui finit par devenir une
importante crise économique où l’argent d’un pays perd sa valeur). A cet égard, notre chapitre se
subdivise en deux sections ; nous allons traiter dans la première section le concept d’inflation ;
définitions et mesures qui se résident dans l’indice des prix à la consommation et le déflateur du
PIB, ainsi les causes et conséquences, ensuite on va mettre l’œil sur les effets de l’inflation sur le
taux de change. La deuxième section concerne quelques exemples du passage au flottement comme
Chili et Pologne qui ont connu un passage graduel (15ans) c.-à-d. après une bonne préparation du
terrain et une concordance entre la décision du changement du régime et les éléments qui la
supportent. Les étapes de transition étaient en réponse aux changements économiques domestiques
et à l’International, ainsi qu’aux multiples objectifs que se donne le gouvernement : maintien de la
compétitivité, réduction de l’inflation, intégration des marchés domestiques. Ensuite on va traiter
l’exemple d’une transition brusque comme Brésil et Uruguay ; la transition de ces deux pays à un
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Régime flexible était motivée par la résorption des déséquilibres dus à l’inconsistance de la
politique de change, la politique fiscale et la politique monétaire. Ainsi, l’exemple des expériences
ratées (Equateur, Ouzbékistan) ; un ensemble de conditions macroéconomiques et d’aspects
opérationnels ont contribué à l’échec du passage à une plus grande flexibilité. Et finalement
l’exemple du Maroc
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SECTION 1 : Définitions et caractéristiques de l’inflation et pouvoir


d’achat.

Paragraphe 1 : Définitions et caractéristiques de l’inflation.

I. DEFINITION

-L’inflation est une augmentation durable des prix des biens et services. On distingue l'inflation
des coûts, l'inflation de la demande et l'inflation monétaire. En pratique, ces causes peuvent se
chevaucher et se renforcer mutuellement.

-L’inflation est « la perte du pouvoir d’achat de la monnaie »

II. LES DIFFERENTES FORME D’INFLATION

•déflation : baisse durable et auto-entretenue du niveau général des prix

•désinflation : ralentissement de l’inflation (ou une baisse ponctuelle du niveau général des prix)

•stagflation : situation d'une économie qui souffre simultanément d’une croissance économique
faible ou nulle et d'une forte inflation.

•Hyperinflation : correspond à la situation d’une économie affectée par une inflation extrêmement
élevée, échappant à tout contrôle

III. MESURE DE L’INFLATION AU MAROC


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- L’inflation est mesurée au Maroc par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) et par Bank Al
Maghreb, la mesure officielle de l’inflation au Maroc est l’Indice des prix à la consommation (IPC),
qui a remplacé l’Indice du Coût de la Vie (ICV)

-L’indice des prix à la consommation est un instrument de mesure de l’évolution, au cours du


temps, du niveau général des prix des biens et services consommés par les ménages résidents sur
le territoire. C’est un indicateur économique d’inflation d’un pays

L’indice des prix à la consommation joue un triple rôle :

• économique : il permet de suivre, mois par mois, l’inflation. Il est aussi utilisé pour calculer les
évolutions dans le temps de dépenses ou de revenus.

• socio-économique : il est utilisé pour maintenir le pouvoir d’achat du salaire minimum garanti
(SMIG), ou pour indexer de nombreux contrats privés, des pensions alimentaires.

• monétaire et financier : il est constitué selon les normes internationales en vigueur afin de
permettre des comparaisons entre pays

IV. LES CAUSES DE L’INFLATION

Les économistes distinguent plusieurs causes d’inflation :

1-Inflation par la demande (inflation keynésienne).


Pour les keynésiens, la hausse des prix est provoquée par une forte demande face à une offre insuf-
fisante.
*Forte demande :
L’augmentation de la demande est due à plusieurs facteurs dans les plus importants sont :
• Augmentation des revenus (salaires, dividendes, transferts …).
• Accroissement des crédits bancaires (baisse des taux d’intérêt)
• Augmentation de la demande publique (Investissement de l’Etat, consommation des adminis-
trations publiques…).
• Baisse des impôts sur le revenu (IR).
*Offre insuffisante :
La rigidité de l’offre peut résulter de plusieurs facteurs :
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• Absence de capacité de production (capacité technique).


• Manque de compétence en main d’œuvre qualifiée.
• Causes conjoncturelles (sécheresses, inundations…..).

2-Inflation par les coûts (classiques et néoclassiques) :


La rigidité de l’offre est causée par l’élévation des couts de production due à :
• La hausse des prix des matières premières.
• La hausse des prix des produits énergétiques (Pétrole, gaz…)
• Augmentation des charges sociales (Salaires ; cotisations sociales…)
• Augmentation des impôts.
• Augmentation des taux d’intérêt et renchérissement des crédits.
• Augmentation des prix des produits importés.
Remarque 1 :
On parle de spirale inflationniste lorsque l’augmentation des salaires entraine l’augmentation des
prix et la détérioration du pouvoir d’achat, on assiste à des revendications salariales, d’où augmen-
tation des salaires, de la demande, et encore une augmentation des prix, d’où inflation……et ainsi
de suite.
Remarque 2 :
Il est parfois difficile de distinguer entre l’inflation par la demande et l’inflation par les couts :

Ménage pouvoir d’achat (inflation par la demande)


* Salaires
Entreprise Charges (inflation par les couts)

Ménage pouvoir d’achat (inflation par la demande)


*Taux d’intérêt
Entreprise Charges (inflation par les coûts)

3-Inflation par la monnaie (inflation monétariste) M. Friedman :


• L’Inflation et le résultat d’une croissance de la masse monétaire plus importante que la crois-
sance de la production.
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• L’inflation est créée lorsque la quantité de monnaie ne varie pas proportionnellement avec la
production.
• L’augmentation de la masse monétaire va se répercuter sur les taux d’intérêt et les crédits on
assiste à une augmentation du pouvoir d’achat, de la demande et des prix, d’où inflation.

4-Inflation par les structures économiques :


L’inflation est un phénomène lié au mode de fonctionnement du système capitaliste international.
L’inflation est favorisée par plusieurs phénomènes socio-économiques :
-Les ententes industrielles et commerciales (cartels, trusts, holding …) et l’existence de mono-
poles ont donné lieu à la détermination des prix en dehors du marché et des couts de production
afin de maximiser les marges bénéficiaires d’où augmentation des prix et inflation.
-Les entreprises pratiquent une politique de différentiation pour attirer la clientèle et s’accaparer
une part du marché d’où augmentation des charges de distribution (publicité, emballage, promo-
tions…) et augmentation des prix (inflation).
-La société de consommation pousse les consommateurs à augmenter leur consommation sous
l’effet du progrès technique, de la publicité, de la mondialisation et de l’amélioration du niveau
de vie (augmentation des salaires et des prestations sociales…) ; d’où augmentation de la de-
mande, des prix et inflation.

V. LES CONSEQUENCES DE L’INFLATION

• Ce n’est pas l’inflation ou la déflation qui comptent, ce sont les variations de l’inflation par rapport
à celle qui était prévue ; l’inflation ainsi influe sur l’économie et sur la société :

1-consécquences économiques :

• L’inflation allège le poids de la dette

• L’inflation entraine une diminution du pouvoir de la monnaie qui perd sa fonction de valeur

• L’inflation renchérit les produits nationaux qui deviennent moins intéressants que leurs
concurrents sur le marché mondial.

2-consécquences social :
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• Les emprunteurs (ménages, entreprises, Etat) voient leurs revenus réels augmenter.

• Les titulaires de revenus fixes subissent une perte de pouvoir d’achat.

• Les oppositions entre les groupes sociaux peuvent être résolues par la fuite dans l’inflation
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PARAGRAPHE 2 : Définition et caractéristiques du pouvoir d’achat

I. DEFINITION

Le pouvoir d'achat est la quantité de biens et de services que le revenu peut acheter. Le
pouvoir d'achat dépend alors du niveau de revenu et du niveau des prix. Ainsi, l'évolution
du pouvoir d'achat correspond à la différence entre l'évolution du revenu des ménages et
l'évolution des prix, Pour un ménage, le pouvoir d'achat mesure sa capacité à consommer
grâce à son revenu disponible. Il fait généralement référence aux biens et services que ce
ménage peut acheter dans son pays de résidence suivant l'unité monétaire en cours. La
comparaison internationale des revenus est donc relative en fonction du pouvoir d'achat réel
de la monnaie dans le pays concerné

Le pouvoir d'achat peut être mesuré à deux niveaux :

• Pouvoir d'achat du capital

C'est la quantité de biens qu'une unité monétaire ou une somme donnée permet d'acquérir.
Le pouvoir d'achat du revenu ou d'un revenu — par exemple le salaire — est la quantité
moyenne de biens que ce revenu permet d'obtenir. L'évolution du pouvoir d'achat est donné
par le ratio:

Indicateur de pouvoir d'achat = (Indice des revenus / Indice des prix) × 100.

Exemple : pour un indice de revenu passant de 100 à 120, et un indice de prix augmentant
de 10 %, le pouvoir d'achat progresse de 100 à (120 / 110) × 100 = 109,09, soit une aug-
mentation de 9 %

• Pouvoir d'achat du travail


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C'est le temps de travail nécessaire (exprimé en heures ou en minutes) pour se


procurer une unité d'un bien donné (1 kg de pain, une paire de chaussures, etc.).

II. Le POUVOIR D’ACHAT COMME COMPOSANTE DU BON-


HEUR ET DE BIEN ETRE
Dans les pays anglo-saxons, on parle davantage de « welfare », de bien-être plutôt que de pou-
voir d’achat. Le pouvoir d’achat n’est qu’une composante du bien-être et cette notion de bien-
être évolue dans le temps. Le bien-être varie aussi géographiquement , Cinq indicateurs qui
incarnent le mieux les missions d’un Etat-providence ont ainsi été sélectionnés. Ce sont le chô-
mage, la pauvreté, l’inégalité des revenus, la santé et l’éducation. Diverses agrégations de ces
indicateurs ont été opérées

Le pouvoir d’achat n’est pas un but en soi. Il doit être considéré dans une perspective plus large.
On peut, par exemple, tenir compte du temps de travail qu’il faut pour obtenir une certaine
masse monétaire. En termes de bien-être, ce temps de travail peut être volontairement réduit.
Dans ce cas, il faudra être attentif et voir s’il s’agit bien d’un temps choisi et non contraint.
Voici comment la perception du bien-être a évolué dans le temps.
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SECTION 2 : REVUE DE LITTERATURE DE L’INFLATION

PARAGRAPHE 1 : l’inflation chez les pensées économiques

Les observateurs de la vie économique et sociale ont, très tôt, identifié les liens entre monnaie et
inflation. Au XVIe siècle, des penseurs européens, tels que Jean Bodin (1530-1596) en France,
soulignent la responsabilité de l'afflux de métaux précieux, notamment d'argent, en provenance des
nouvelles colonies américaines, via l'Espagne et le Portugal, dans l'envolée des prix que subit
l'Europe tout entière à cette époque. Dès 1576, Bodin peut ainsi écrire : « Je crois que les prix
élevés que nous observons de nos jours sont dus à environ quatre ou cinq causes. La principale, et
presque la seule (à laquelle personne n'a fait allusion jusqu'à présent), c'est l'abondance d'or et
d'argent ».

De même, chaque découverte d'une nouvelle mine d'argent, en Autriche ou en Allemagne par
exemple, est bientôt suivie d'une poussée inflationniste, qui toutefois ne porte pas encore ce nom.
C'est avec l'invention du papiers monnaie, et plus encore à la suite des émissions massives, visi-
blement excessives, qui en sont faites, en France au moment de la Révolution – les fameux assi-
gnats – et en Angleterre pendant les guerres napoléoniennes que les « économistes » – dont l'espèce
était apparue en Europe depuis le milieu du XVIIIe siècle, qu'il s'agisse, en France, des physiocrates
, avec François Quesnay et Turgot notamment, ou, en Angleterre, des classiques, avec Adam
Smith, puis, au début du XIXe siècle, David Ricardo – théorisent pleinement la relation causale
entre quantité de monnaie en circulation et inflation : les émissions massives de papier-monnaie
pour financer les guerres apparaissent alors comme étant, de toute évidence, responsables des très
fortes hausses de prix observées.
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1. Les classiques

Selon les classiques, la monnaie n'a pas d'influence sur l'économie réelle. Il n'y donc pas de relation
entre la sphère réelle et la sphère monétaire. La monnaie détermine le niveau général des prix :
c'est la théorie quantitative de la monnaie, cette dernière n'est qu'un bien comme les autres, choisi
comme étalon de référence pour fixer le prix des autres biens. Elle n'est donc qu'un
moyen d'échange et le seul motif de sa détention est le motif de transaction

Alors que le mercantilisme et notamment le bullionisme voyaient dans la monnaie l’essence même
de la richesse, les physiocrates et leurs successeurs jusqu'à la fin du XIXe siècle mettent l’accent sur
sa fonction de moyen d’échange et réservent la dénomination de « richesses » aux seuls biens réels.
Les grands auteurs du XVIIIe et du XIXe, comme François Quesnay, Richard
Cantillon, Turgot, Adam Smith, Jean-Baptiste Say, David Ricardo et John Stuart Mill, s'accordent
sur les positions suivantes :

• La seule vraie monnaie est la monnaie métallique. Les billets de banque et les dépôts ne
sont pas de la monnaie, mais des substituts ou des dérivés (Irving Fisher parlera de « suc-
cédanés ») ;

• La création monétaire a pour effet d’une part d’altérer le niveau général des prix, et d’autre
part de transférer des richesses vers ceux qui reçoivent cette monnaie au détriment de tous
les autres (effet Cantillon), ce qui n’est pas souhaitable.

Plusieurs auteurs, dont notamment Nicolas Copernic1 et Jean Bodin2, croient discerner un lien
entre la quantité de métaux en circulation et le niveau général des prix. Cette proto-théorie quanti-
tative de Bodin est étendue par David Ricardo, et devient officielle et la seule enseignée. Karl
Marx aussi abonde dans ce sens en déclarant que la monnaie masque la réalité des rapports de
production et la vitesse de la circulation3.

La première formulation de la théorie quantitative de la monnaie remonte aux travaux de Jean Bo-
din en 1568. Ses travaux portaient sur les effets inflationnistes de l'arrivée massive d'or en prove-
nance d'Amérique latine ; cet afflux provoquant une hausse des prix en Espagne et sur le continent
européen. Il est toutefois très courant d'attribuer les origines de la théorie quantitative de la monnaie
à David Ricardo (disciple de Smith)
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La théorie quantitative de la monnaie dispose que la masse monétaire influe directement sur le
niveau des prix. Pour cela, il est nécessaire de tenir comme vrai que la vitesse de circulation de la

monnaie ( V ) est constante, ainsi que le niveau de production ( Y ). Est supposée une situation
de plein emploi des facteurs de production.

En effet, si V et Y sont constants, alors ne peut qu'influer sur M

De cette identité, les monétaristes soutiennent que l'inflation est un phénomène purement moné-
taire. La source de l'inflation provient d'une création de monnaie excessive.

On bref, Elle considère qu’il doit y avoir une corrélation effective entre la valeur de la monnaie et
celle des actifs, l’inflation (ou son contraire la déflation) sanctionnant alors un déséquilibre entre
ces deux valeurs.

2. Les neoclassiques:
L'école néoclassique est un terme générique qui désigne les différents courants rattachés à
une école de pensée économique libérale moderne. L'école néoclassique est l'héritière de l'école
classique. Résolument libérale, elle étudie la formation des prix, les causes de la production, les
moyens de la distribution des revenus à travers le mécanisme d'offre et de demande sur un marché.
Elle est l'héritière directe du marginalisme, né à la fin du XIXe siècle, et qui se basait sur l'hypothèse
de maximisation de l'utilité par chaque agent économique. Des trois fondateurs du marginalisme à
savoir le français Léon Walras, l'autrichien Carl Menger et l'anglais William Stanley Jevons, le
premier nommé est celui qui a la plus forte influence sur l'école néoclassique au début
du XXIe siècle

• Ficher :

L'équation de Fisher est au fondement d'une théorie économique postérieure appelée néofis-
herisme, qui inverse le lien de causalité classique entre inflation et taux d'intérêt, en soutenant que
l'augmentation des taux d'intérêt cause une augmentation de l'inflation.

La théorie quantitative de la monnaie, dans sa version la plus primitive, remonte au XVIème siècle
avec les travaux de Jean Bodin. Cette théorie précise, via l'équation des échanges d'Irving Fisher,
la relation entre, (1) la masse monétaire, c'est à dire le stock de monnaie présent dans l'économie
"M", (2) la vitesse / vélocité de circulation de la monnaie "V", (3) l'indice général des prix "P" et
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(4) le volume total des transactions effectuées sur la période "T". Et la formule magique est ... M *
V = P * T. Un des grands débats entre économistes de différents courants de pensée depuis des
dizaines d'années est de savoir si une hausse de la masse monétaire "M" permet d'avoir un effet
réel sur l'économie (par exemple une hausse de la production réelle) ou bien si cela est simplement
créateur d'inflation. Petit tour rapide de la pensée classique et de la pensée monétariste. Pour com-
prendre ce que l'équation des échanges signifie et quelles sont les hypothèses sous-jacentes, repre-
nons notre formule M * V = P * T. Si l'on exprime cette relation en taux de croissance, après une
petite démonstration mathématique, il est possible de montrer que cette relation est équivalente à
l'équation suivante, avec nos variables exprimées en taux de croissance : m + v = p + t. C'est d'ail-
leurs souvent cette équation qui est utilisée

3. Les keynésiens
Pour Keynes, l’accroissement de la quantité de monnaie en circulation ne produira de l'inflation
que si les capacités de production sont employées pleinement. Si ces conditions de ne sont pas
remplies, l'augmentation de la masse monétaire n'aura comme seule conséquence la baisse du
taux d'intérêt, qui stimule l'investissement et l'offre, ce qui permet de relancer l'économie. C'est le
principe de la politique monétaire keynésienne.

Keynes met ce phénomène en lumière lorsqu'il analyse l'économie de guerre du Royaume-Uni. Il


montre que l'augmentation de la production d'armement donne lieu à une distribution de revenus
sans qu'il y ait de biens de consommation en plus susceptibles de répondre à la demande entraînée
par les revenus supplémentaires (brisant ainsi la Loi de Say). Il se produit de ce fait un écart infla-
tionniste entre l'offre et la demande, qui conduit à une hausse des prix. Elle prône un intervention-
nisme monétaire et politique visant à corriger les excès du libéralisme économique via des mesures
adaptées, l’inflation sous contrôle étant considérée en elle-même comme un outil de régulation
socio-économique à part entière.

4. Milton friedman
Selon Friedman, « l'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu'elle est
et qu'elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que
celle de la production »
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PARAGRAPHE 2 : les causes et les conséquences de diminution de


pouvoir d’achat

Dès la Renaissance, Nicolas Copernic ou Jean Bodin mettent en relation le lien entre la quantité de
monnaie en circulation et l’évolution des prix. En effet, l’arrivée d’or suite à la colonisation de
l’Amérique entraîne des poussées inflationnistes, principalement en Espagne.
Au XIXème siècle, la théorie quantitative de la monnaie a été approfondie notamment par David
Ricardo. Karl Marx, pourtant opposé sur de nombreux points à la pensée de Ricardo, est lui aussi
un partisan de la théorie quantitative de la monnaie. Celle-ci peut se résumer ainsi : une variation
de la masse monétaire se traduit par une augmentation des prix.

• Un peu de technique

L’équation à la base de la théorie quantitative de la monnaie est due à Irving Fischer, économiste
américain du début du XXème siècle. Elle se présente sous la forme :

M×V = P×Y

Où est la quantité de monnaie en circulation, V la vitesse de circulation de la monnaie (nombre de


transactions effectuées), P le niveau des prix et Y le volume de production (autrement dit le PIB).

Cette équation est une identité comptable, pas une théorie en soi. Cependant, les partisans de la
théorie quantitative de la monnaie considèrent que V est fixe et que Y est indépendant de la quantité
de monnaie en circulation. Dans ce cas, une variation de la masse monétaire se répercute mécani-
quement en une variation du niveau des prix. Autrement dit une hausse de la quantité de monnaie
crée mécaniquement une diminution de pouvoir d’achat
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L'évolution du pouvoir d'achat correspond donc à la différence entre l'évolution des revenus des
ménages et l'évolution des prix. Si la hausse des revenus est supérieure à celle des prix, le pou-
voir d'achat augmente. Dans le cas contraire, il diminue

Les causes : cas de France en 2012


Deux principales raisons sont avancées : le ralentissement des salaires et la hausse des prélève-
ments obligatoires. Concrètement, la baisse du pouvoir d'achat en 2012 s'est traduite par une très
légère diminution de la consommation et un ralentissement de l'épargne

Il s'agit du premier recul du pouvoir d'achat depuis 1984, année qui avait suivi le tournant de la
rigueur lors du premier septennat de François Mitterrand. Quelles sont les raisons invoquées pour
justifier cette nouvelle baisse ?

• Des hausses d'impôts

Selon l'Insee, cette baisse inédite s'explique en partie par la forte hausse des impôts (+10% en 2012,
après +6,6% en 2011), elle-même justifiée par la politique de redressement des finances publiques.

Les Français ont bien senti le poids de ces mesures sur leur porte-monnaie. Selon une enquête
réalisée fin avril par 60 millions de consommateurs/Mediaprism sur la baisse du pouvoir
d'achat, 71,6% des personnes interrogées ont montré du doigt l'augmentation des impôts et taxes
• Des hausses de prélèvements sociaux
Par ailleurs, la hausse des cotisations salariales et la suppression des exonérations sur les heures
supplémentaires "ont aussi contribué à grignoter le pouvoir d'achat des salariés", rappelle Le Fi-
garo.
"L'effort sans précédent du gouvernement pour tenter de contenir le déficit public s'est en effet
traduit par une hausse des impôts et des prélèvements sociaux de près de 16 milliards d'euros",
poursuit le site du quotidien.
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• Une augmentation des revenus trop faible


Selon les calculs de l'Insee, "la masse salariale nette reçue par les ménages ralentit à
+1,6%, après +2,5% en 2011". Ce ralentissement frappe également les revenus des en-
trepreneurs (+1,7%, après 2,7%), explique l'institut. Etant donné que "seules les presta-
tions sociales constituent un facteur d’accélération du revenu (+0,4 point)", ce der-
nier n'a augmenté que de 0,9% en valeur (après +2,7% en 2011).
• Des prix de plus en plus élevés
Les Français sont également nombreux à se plaindre du coût de la vie, voire à faire
quotidiennement de plus en plus de sacrifices. Et pour cause : en 2012, les prix à la
consommation ont augmenté de 0,7%, calcule l'Insee.

Et même si les prix se replient de -0,1% en avril, l'institut note que les prix de certaines
catégories de biens ont flambé. C'est le cas des produits alimentaires, dont les prix ont
augmenté de 1,7% sur un an.
Les conséquences :
L’inflation agit sur l’ensemble des parties prenantes économiques, avec des effets plus ou moins
prononcés selon qu’elle est forte ou modérée. D’une manière générale :

▪ Elle est défavorable aux détenteurs des valeurs monétaires concernées, créditeurs impré-
voyants, exportateurs et leur chaîne de fournitures, investisseurs victimes d’illusion moné-
taire (prise en compte de la valeur nominale et non pas de la valeur réelle) ;

▪ Elle est favorable aux détenteurs d’actifs et de stocks, créditeurs ayant fait preuve d’antici-
pation, débiteurs, importateurs et acheteurs de produits importés.

Contrôle de l’inflation et regulation:

Pour lutter contre les excès et contrôler efficacement et durablement le niveau de l’inflation, dif-
férents outils de régulation sont disponibles, qui doivent être mis en œuvre de manière cohérente
et coordonnée :
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▪ une politique monétaire des banques centrales visant à adapter le niveau de masse monétaire
et les taux directeurs à l’objectif d’un taux d’inflation faible, mais non nul ;

▪ une politique fiscale et budgétaire visant à un équilibre optimal de l’offre et de la demande


;

▪ une politique de change (appréciation ou dépréciation) favorable à l’équilibre de la balance


commerciale, pouvant aller jusqu’au changement de monnaie ;

▪ une politique de contrôle ou de relâchement du niveau des prix et des salaires, incluant des
mesures d’indexation ou de désindexation.

Conclusion :
Pour conclure l’inflation est donc l’augmentation durable du niveau général des prix. Par
opposition, la déflation renvoie à la baisse de ce niveau. On parle de stabilité des prix lorsque le
niveau général des prix varie peu ou pas du tout. Il existe différents types d'inflation en fonction du
niveau annuel de hausse des prix, même si ces catégories ne sont ne sont pas rigides et que tous les
auteurs ne s'accordent pas sur les taux délimitant ces types d'inflation. On parle généralement
d'inflation rampante en-dessous de 10%, d'inflation galopante à partir de 10% et d'hyperinflation
dans les cas de croissance extrême du taux d'inflation. Le ciblage d’inflation présente un certain
nombre d’avantages qui peuvent se résumer en trois mots : transparence, crédibilité et flexibilité.
Ces avantages peuvent dès lors expliquer le choix d’un nombre croissant de pays de se rallier à
cette stratégie de politique monétaire. Ainsi, Les causes inflationnistes sont donc multiples et il est
difficile de réduire l’inflation à un seul et unique facteur, parmi ses causes on peut citer : l’inflation
monétaire, par les coûts ou inflation importée, par la demande, par l’indexation, par un manque de
confiance en monnaie, et par la politique monétaire. Alors que ses conséquences se résident comme
suit : hausse des salaires, favorise les exportations, allègement de la dette pour les débiteurs, signe
d’une bonne santé économique d’un pays, et favorise les détenteurs d’actifs. En revanche, Le
niveau d’inflation influe directement sur le taux de change entre deux devises à plusieurs niveaux,
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en premier lieu ; la parité de pouvoir d’achat qui cherche à comparer les différents pouvoirs d'achat
de chaque pays en fonction du niveau général des prix (et non du taux de change). Cela permet
donc de déterminer le pays dans lequel le coût de la vie est le plus chère. L’évolution de cette
dernière (et donc de l’inflation) influe sur le taux de change. Si l’inflation est la même au sein des
2 pays, le taux de change n’évolue pas. S’il est plus fort dans un pays que dans l’autre, c’est là que
l’inflation influe sur le taux de change. En second lieu ; les taux d’intérêts ; une trop forte inflation
pousse vers une hausse des taux d’intérêts ce qui a pour effet de déprécier la devise. A l’inverse,
une inflation trop faible (ou déflation) pousse vers une baisse des taux d’intérêts ce qui a pour effet
d’apprécier la devise. En effet, de nombreux autres facteurs entrent en compte dans la
détermination du taux de change. Le taux de change est soumis à de nombreux facteurs d'influence
d'un point de vue macroéconomique. Ces facteurs peuvent se résumer comme suit ; les taux
directeurs, la croissance économique, la dette publique, la balance courante, le statut de la devise,
l’inflation, évènements géopolitiques, et la politique monétaire.

Pour le cas actuelle du Maroc ; le ciblage d’inflation consiste à engager la Banque Centrale, par sa
politique monétaire, à atteindre une cible d’inflation à un taux futur, mais déterminé à l’avance, et si
BAM énonce une inflation modérée sur un certain nombre de mois, dès que les opérateurs adoptent
cette promesse et en tiennent compte, l’on peut alors affirmer que la cible déterminée est implicitement
atteinte. Ce dispositif a été mis en place très rapidement sachant que certains pays ont pris sept
années et plus pour l’instaurer. Ainsi, le Maroc a fait son choix, certainement le plus approprié à
ses caractéristiques économiques et mènera à bien sa transition avec l’appui infaillible de Bank
Al-Maghreb. La flexibilisation du dirham telle qu’elle sera désormais appliquée va permettre
d’atténuer les chocs sur l’économie nationale, favoriser sa compétitivité, et soutenir les stratégies
de diversification des flux de capitaux étrangers. La Banque Centrale marocaine a adossé son
projet de réforme du système des changes sur différents benchmarks, lesquels ont mis en exergue
les avantages de l’adoption d’un dispositif progressif pour garantir un passage réussi vers un
régime de ciblage de l’inflation. Précisément, les expériences de trois pays ont retenu son
attention : le premier installé dans un régime de ciblage explicite, la Tchéquie, le second dans un
régime implicite, la Turquie, et le troisième, qui se rapproche plus du Maroc, la Macédoine, était
dans un régime de change fixe, tout en se préparant activement à changer de système. Enfin, cette
stratégie profitera également d’une Banque centrale renforcée de sa dernière réforme dont la loi
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est en voie d’être votée qui lui donne plus d’indépendance et le rôle de décider et de gérer la
politique de change en l’occurrence la flexibilité du dirham…

CHAPITRE 2 : L’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat


21

Section 1 : Histoire de l’inflation cas mondiale.

La pandémie de la Covid-19 continue de frapper de plein fouet l’économie mondiale et cause des
dommages néfastes, notamment une flambée planétaire des prix. L'inflation désigne la perte du
pouvoir d'achat de la monnaie et se matérialise par une augmentation générale et durable des prix.
Cette perte du pouvoir d’achat de la monnaie peut être mesurée, partiellement, par l’indice des prix
à la consommation.
Cette flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie pénalise le pouvoir d’achat des
classes moyennes et pauvres et contribue à l’enrichissement des porteurs d’actifs. Fragilisés par les
dégâts de la pandémie, les ménages encaissent lourdement les conséquences de l’inflation, notam-
ment au niveau des denrées alimentaires et du prix de l’énergie. D’après l’économiste Jean-Yves
22

Naudet, « l’inflation est un masque : elle donne l’illusion de l’aisance, elle gomme les erreurs, elle
n’enrichit que les spéculateurs, elle est prime à l’insouciance, potion à court terme et poison à long
terme, victoire de la cigale sur la fourmi ».
L’épiphénomène de l’inflation a commencé à se mettre en place depuis l’année 2021, mais il s’est
accentué en 2022. D’après le Consumer Price Index – CPI des États-Unis, de février 2022, le taux
d’inflation a atteint son plus haut niveau depuis 1982 et s’établit désormais à 7,9%. Et pour tenter
de résorber cette montée des prix, le président de la Réserve fédérale américaine (FED), Jerome
Powell, se dit enclin à proposer six hausses de taux successives de 25 points de base. La finalité
recherchée est de faire reculer la consommation par des crédits plus chers et baisser ainsi la tension
sur les prix. En France, et selon les dernières estimations de l'Institut national de la statistique et
des études économiques (INSEE), le taux d’inflation pourrait dépasser 4,5% en un an en mars 2022.
L’institution attribue cette hausse fulgurante à la flambée des prix à la pompe et l’incertitude des
approvisionnements à cause de la guerre en Ukraine. Et dans la zone Euro, l’inflation poursuit son
envolée et s’établit à 5,8%.
D’après les derniers chiffres fournis par l'Office statistique de l'Union européenne (Eurostat), la
forte évolution de l’inflation est due en grande partie à la composante énergie qui accuse une aug-
mentation vertigineuse de 31,7%. Mais pour comprendre les chiffres actuels de l’inflation, nous
proposons dans ce qui suit une analyse de la chronologie des mouvements des prix et des ajuste-
ments adoptés depuis le début de la pandémie. La généralisation des mesures restrictives comme
le télétravail, la baisse de l’activité touristique et l’arrêt soudain de l’activité économique, notam-
ment durant le confinement, ont conduit à une baisse fulgurante dans la demande mondiale en
produits énergétiques. La consommation mondiale du pétrole a ainsi baissé de 22% entre la fin de
l’année 2019 et le début du deuxième trimestre de l’année 2020.
La discorde initiale entre les membres de l'organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et
leurs partenaires externes OPEP+ sur la baisse de l’offre a aggravé la situation de l’instabilité des
prix. En effet, la Russie s’est opposée, catégoriquement, à la proposition d’abaisser la production
quotidienne mondiale de 1,5 million de barils et estimait que la crise de l’épidémie serait passagère.
Cette dissonance a creusé la chute du prix de l’or noir sur les marchés financiers, le baril perd alors
10% de sa valeur. En réponse au refus russe, l’Arabie Saoudite a cassé les prix en appliquant le
tarif de 10,25 dollars le baril.
23

Ces deux grands chocs ont concomitamment contribué à la dégringolade des prix du pétrole sur les
marchés financiers, une baisse aggravée par l’effondrement de la demande mondiale. Et ce n’est
qu’à partir du 1er mai 2020 que les pays de l’OPEP+ ont conclu leur accord historique de régresser
la production mondiale de 10%. D’après les informations fournies par l’Institut de Hambourg
(HWWI), l’indice des prix des denrées alimentaires n’a reculé que de 9,3% entre avril 2019 et mai
2020 contre une baisse spectaculaire de 60% en termes de produits énergétiques. Les mesures res-
trictives appliquées ont en effet peu affecté la consommation des ménages comparativement à la
consommation industrielle en énergie. Cette déflation provoquée par le ralentissement de l’offre et
de la demande en Europe et aux USA avait alors pour canal principal la baisse des prix de l’énergie
et des produits indexés sur le pétrole comme le gazol et le gaz domestique (Le Bayon et Péléraux,
2021). Pareillement, la mesure d’abaissement temporaire de la TVA, adoptée par l’Allemagne entre
juillet et décembre 2020 pour soutenir la consommation des ménages, a contribué à la décroissance
des prix dans la zone Euro. Il s’agissait de baisser le taux normal de 19% à 16% et de baisser le
taux réduit de 7% à 5%.
L’année 2021 a apporté un grand rattrapage économique et a inversé la tendance récessive de l’an-
née 2020. Les prix des matières premières alimentaires ont augmenté de 55% tandis que ceux des
matières premières énergétiques ont enregistré un rebond spectaculaire de 330%. Cette forte ten-
dance haussière des prix des produits énergétiques est due essentiellement à la baisse graduelle
consentie par l’OPEP+, une situation qui a créé un décalage entre l’offre et la demande mondiale.
Cette hausse des prix de l’énergie a entraîné une montée des prix des engrais et des produits céréa-
liers. En effet, le gaz naturel constitue un input essentiel pour la production d’ammoniac élément
commun de la plupart des engrais azotés. L’indice FAO (Food and Agriculture Organization) des
prix des produits alimentaires a atteint une valeur moyenne de 140,7 points en février 2022, soit
une hausse de plus de 20% par rapport à l’année dernière.
Cette augmentation fulgurante provient de la montée des sous indices des prix des huiles végétales,
des produits laitiers, des prix des céréales et de la viande. Selon l’Organisation des Nations unies
pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ces hausses des produits alimentaires sont dues à plu-
sieurs facteurs, à savoir l’incertitude sur les approvisionnements en provenance de l’Ukraine et de
la Russie, les deux principaux pays exportateurs mondiaux du blé. L’organisation cite également
la sécheresse prolongée ayant affecté la culture céréalière des trois principaux producteurs de cé-
24

réales de l’Amérique du Sud dont l’Argentine, le Brésil et le Paraguay. Et enfin, la FAO cite l’ac-
croissement de la demande mondiale et l’appréciation de la devise de certains pays exportateurs
comme un autre facteur ayant contribué à l’envolée des prix. Par ailleurs, et parallèlement aux
déséquilibres entre l’offre et la demande, la théorie quantitative de la monnaie (Nicolas Copernic
et Jean Bodin) fournit une autre explication au phénomène de l’inflation. Selon cette théorie, l’aug-
mentation de la masse monétaire en circulation conduit inexorablement à la hausse des prix. Selon
Milton Friedman, «l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle
est et qu’elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide
que celle de la production».
Par ailleurs, pour les Keynésiens, la hausse de la quantité de monnaie en circulation apportée par
une politique expansionniste de l’État en vue de juguler la crise induira deux effets. Un effet sti-
mulateur pour l’économie à court terme. Cependant, cette politique générera une inflation à moyen
terme due essentiellement à la révision des agents de leurs comportements économiques. Pendant
la pandémie, la politique des Banques centrales axée sur le rachat des dettes et l’octroi des aides
directes a engendré, selon les monétaristes, une masse monétaire sans contrepartie réelle dans
l’économie. En plus des nombreuses aides et subventions apportées aux entreprises et aux ménages
pour limiter les dégâts de la pandémie, la Banque centrale européenne (BCE) a initié le programme
temporaire de rachat de titres d’urgence (Pandemic Emergency Purchase Programm, PEPP). Cette
mesure a été lancée le 18 mars 2020 et est dotée d’une enveloppe globale de 1.850 milliards d’euros
à débloquer en 4 échéances, de mars 2020 à mars 2022. Il s’agit d’une politique financière dite non
conventionnelle car les taux directeurs sur lesquels on peut agir habituellement pour relancer l’éco-
nomie sont déjà bas. L’objectif est alors d’injecter des liquidités dans l’eurosystème pour redyna-
miser l’économie, en contrepartie, de l’achat de titres préalablement émis par les entreprises et les
États européens. Et comme il est interdit par les traités européens de procéder aux achats directs
des dettes auprès des États sur le marché secondaire, la BCE crédite alors les comptes courants des
institutions financières européennes par de la création monétaire équivalente à la valeur des titres
(PEPP).
Au niveau comptable, les titres achetés augmentent les actifs de la BCE tandis que les inscriptions
sur les comptes courants passeront au passif. La BCE a ainsi racheté près de 80% des dettes Covid
des pays membres en finançant cette opération par de la création monétaire, c’est la fameuse ex-
pression de «la planche à billets » de Jean Bodin. Ainsi sur la zone Euro, le taux de la masse
25

monétaire M3 est passé de 5% à près de 12% entre 2019 et 2020. Cette hausse illustre un flux
annuel de 1.589 milliards d’euros, il s’agit de la plus forte augmentation depuis la création de
l’Euro. Pareillement, aux USA le taux de croissance de la masse monétaire a atteint 25% en 2020,
presque le double du taux le plus élevé jamais atteint depuis 1970. Cette forte croissance est expli-
quée par la politique de transferts et d’aides aux ménages et aux entreprises financées par de la
création monétaire. Le département du Trésor a émis 4.582 milliards de dollars de titres publics
en 2020. La Réserve fédérale a procédé ainsi à l’achat de 2.533 milliards de dollars de bons du
Trésor. Morgan Stanley déclarait : « La Fed pourrait ne pas avoir le contrôle de la croissance de la
masse monétaire, ce qui signifie qu’elle n’aura pas non plus le contrôle de l’inflation, si elle se
déclenche ». (Bulletin de la Banque de France, janvier-février 2022).
Une chose est sûre, les effets de la guerre en Ukraine et les sanctions économiques exercées par
l’Europe et les USA sur la Russie vont créer de la méfiance et un effet domino pour l’économie
internationale. La dédolarisation orchestrée par la Russie sera probablement poursuivie par la
Chine afin de cesser l’hégémonie exercée par l’extraterritorialité du Dollar américain. Depuis le
boycott américain des Jeux olympiques organisés par Pékin et en représailles, la Chine a procédé
à la vente de près de 6 milliards de dollars de bons du Trésor américains. Par ailleurs, depuis le
début du mois de mars 2022, les pourparlers entre l’Arabie Saoudite et la Chine convergent vers
une possible acceptation du paiement des achats du pétrole de Ryad en Yuan. En même temps, la
vente massive de bons du Trésor américains détenus par la Chine, lesquels s’élèvent actuellement
à 1.062 milliards de dollars, aura des effets très néfastes sur l’économie américaine et le Dollar
sans oublier la myriade de produits dérivés liés aux actifs russes et chinois et les dommages colla-
téraux des groupes multinationaux.
Les hausses de prix sont, sans doute, aussi vieilles que le monde, du moins que l'échange marchand.
Aussi loin que l'on remonte, dans la plus haute Antiquité, on trouve, dans les chroniques historiques
et les ouvrages littéraires, mention d'augmentations de prix, notamment des denrées alimentaires
de base, avec, généralement, des conséquences politiques violentes : révoltes et révolutions, chan-
gements de régime politique sont souvent précédés par des hausses de prix qui ont toujours fait
office de détonateur des colères sociales.

➢ Les premiers épisodes inflationnistes


26

Durant l'ère moderne, c'est au XVIe siècle que se manifeste la première grande inflation euro-
péenne : la hausse des prix du blé et des principales denrées alimentaires, ainsi que de la plupart
des autres produits, est alors très soutenue en Espagne, et se diffuse rapidement à l'ensemble de
l'Europe, qui sera affectée d'épisodes inflationnistes récurrents jusqu'à la fin du XVIIe siècle : entre
1500 et 1600, on estime que les prix ont été multipliés par cinq en Andalousie, et par deux en
Angleterre ; un siècle plus tard, leur niveau a encore augmenté de plus de 75 p. 100 en Angleterre.
Par la suite, les disettes dues aux mauvaises récoltes, les guerres puis les révolutions s'accompa-
gneront régulièrement de poussées d'inflation, la plus marquante ayant été, en France, celle de la
fin de la période révolutionnaire, dont le traumatisme n'a pas peu compté dans le rétablissement de
l'ordre « bourgeois » du Directoire, puis du Consulat et de l'Empire, et dans la décision de créer, en
1802, la Banque de France. À la fin du XIXe siècle, après une longue période, sous l'étalon or, de
stabilité à long terme du niveau général des prix dans presque toutes les régions du monde, les prix
repartent franchement à la hausse : la Belle Époque et les années qui précèdent la Première Guerre
mondiale sont, une fois encore, marquées par une accélération durable de l'inflation, dans tous les
pays développés.

Mais ce sont les lendemains de la Première Guerre mondiale qui verront se manifester les épisodes
les plus traumatisants d'inflation en Europe. En effet, quelques années après la signature d'un traité
de paix à Versailles que John Maynard Keynes qualifia aussitôt de désastreux quant à ses consé-
quences économiques, les États issus de l'éclatement de l'Empire austro-hongrois et l'Allemagne
connurent de violentes poussées inflationnistes, que l'on qualifia « d'hyperinflation » : en Alle-
magne, les prix des denrées augmentent de façon étourdissante, l'indice des prix de gros étant mul-
tiplié par plus de sept milliards entre juillet 1922 et novembre 1923 ; les ouvriers sont alors payés
trois fois par jour, tandis que les prix de détail augmentent sans cesse. La décennie suivante, ouverte
par le krach boursier de Wall Street, en octobre 1929, et close avec l'entrée des pays européens
dans ce qui allait devenir la Seconde Guerre mondiale, sera, au contraire, marquée par de sévères
et durables déflations, accompagnées, dans pratiquement tous les pays développés, d'un chômage
de masse.

➢ L'après-guerre

Après la Seconde Guerre mondiale, le monde n'a pas été débarrassé de l'inflation, bien au contraire :
elle a encore durement frappé les pays vaincus, notamment l'Allemagne, dans l'immédiat après-
27

guerre ; et les épisodes hyperinflationnistes ont encore été nombreux, notamment dans les pays
« émergents » d'Amérique latine, dans les années 1970 et 1980. Mais ce qui frappe également,
lorsque l'on observe les années de forte croissance de l'après-guerre, celles que l'on a appelées, en
France, les Trente Glorieuses, c'est la persistance, un peu partout, d'une inflation relativement éle-
vée, et la disparition complète des phases de déflation : les prix ne cessent plus de monter, seul le
rythme de l'inflation varie. Les « plans de stabilisation » ou de « refroidissement » se succèdent un
peu partout, à l'image du plan Pinay-Rueff en 1958, comportant notamment le remplacement du
franc par le « nouveau franc », qui a laissé tomber deux zéros pour tenir compte de la hausse des
prix. Au début des années 1970, les conséquences de la guerre du Vietnam, la dépréciation du dol-
lar après

Section 2 : Histoire de l’inflation cas Maroc.

L’inflation est la hausse continue et générale du niveau des prix. Elle est mesurée, entre autres, par
l’indice des prix à la consommation. Cet indice est calculé mensuellement sur la base d’un panier
représentatif de la consommation des ménages.
28

A l’international, pour l’année 2021, l’inflation a connu un rebond marqué. Les perspectives, de
l’année 2022, de l’évolution des prix sont entourées de risques haussiers liés notamment à la
persistance de goulots d’étranglement dans les chaines d’approvisionnement, la hausse des prix du
baril de pétrole avec un niveau de 140$/le baril, proche de son record absolu de 2008 et aux tensions
géopolitiques notamment la crise de l’Ukraine. Sur le plan national, la sécheresse pourrait encore
accentuer la hausse des prix notamment celle des produits alimentaires.

Cette note s’articule comme suit, tout d’abord, elle donne un bref aperçu sur l’évolution de
l’inflation au niveau mondial. Puis elle présente l’inflation dans le contexte national. Elle évoque
ensuite les principaux facteurs explicatifs de l’évolution des prix au niveau national compte tenu
de la l’amélioration de la situation sanitaire, de la reprise progressive de l’activité, la réouverture
des frontières et de la hausse des cours du pétrole et des matières premières sur le marché
international suite aux tensions géopolitiques.

Bref aperçu des tensions inflationnistes au niveau mondial

Depuis le début des années 2000, la hausse des prix à la consommation a été sensiblement modérée
dans la plupart des économies du monde entier. Au sein des pays de l’OCDE, l’inflation est passée
de plus de 10% au début des années 80 à environ 2,0% aux années 2000. Elle a atteint 4,0% en
2021, après 1,4% en 2000, soit le taux d’inflation le plus élevé depuis plus de 20 ans. Pour la zone
Euro, le taux d’inflation a été de 2,6% en 2021 contre 0,3% en 2020. Pour les pays du G7, ce taux
a été de 3,5% en 2021 contre 0,9% en 2020. Soit un niveau supérieur au seuil cible de 2,0%. Pour
les économies non-OCDE, les taux d’inflation ont été respectivement pour les années 2021 et 2020
de 8,3% contre 3,2% pour le Brésil, 0,9% contre 2,5% pour la Chine, 4,9% contre 5,6% pour l’Inde
et de 6,7% contre 3,4% pour la Russie.
29

Au début de l’année 2022, les pressions inflationnistes persistent aussi bien dans les économies
avancées que celles émergentes. Ainsi, depuis avril 2021, les taux d’inflation en termes de
glissement annuel ont dépassé le seuil de 2,0%. Ces taux ont atteint des niveaux record en février
2022. L’inflation a poursuivi sa montée aux Etats-Unis passant de 7,5% en janvier 2022 à 7,9% en
février 2022 et a atteint 3,6% contre 2,9% en France. Une accélération a été plus marquée en
Turquie de 54,4% contre 48,7%. Dans la zone Euro, l’inflation persiste au mois de février 2022 au
sommet de 5,0%.
30

Section 3 : les effets directs sur le bien-être.

L’inflation est un phénomène majeur du 20èm siècle, elle apparaît même comme une rupture
brutale après un siècle de sagesse monétaire. C’est véritablement à l’occasion de la Première Guerre
mondiale que l’inflation s’installe. Ainsi aux poussées inflationnistes limitées succède peu à peu
une inflation galopante (période d’inflation à deux chiffres, années 70), puis rampante (situation
durable et modérée de la hausse du niveau général des prix). En effet, on assiste depuis la fin des
années 80 à un ralentissement de l’inflation dans le monde ; de 7,4% en 1984, le taux d’inflation a
diminué à 3.1% en 1991, pour se situer aujourd’hui entre 2 et 2.5 %. La croissance est une
augmentation durable du niveau de production. Un indicateur de dimension, le PIB (produit
intérieur brut) est généralement utilisé pour mesurer la richesse créée par un pays. L’inflation, quant
à elle, est un processus durable et général de hausse cumulative du niveau général des prix. Si la
croissance et l’inflation entretiennent des relations étroites, les économistes insistent sur le fait que
l’inflation serait le reflet d’un déséquilibre économique. Afin d’étayer ou de remettre en cause cette
thèse, nous préciserons dans un premier temps, que l’articulation croissance – inflation permet de
déterminer les origines de l’inflation et les difficultés liées à sa mesure, puis, dans un second temps,
nous présenterons les effets négatifs mais également positifs de l’inflation sur la croissance
économique.

I) La relation croissance – inflation

La relation croissance - inflation permet d’aborder les sources de l’inflation. Trois explications
sont généralement avancées pour souligner l’existence de l’inflation : l’inflation par la monnaie,
l’inflation par la demande et l’inflation par les coûts. Depuis quelques années, la relation croissance
– inflation est largement associée au rôle des banques centrales, qui par le jeu des taux d’intérêt,
sont amenées à intervenir dans la sphère économique, afin d’assurer la stabilité des prix. Ces
interventions s’appuient sur une mesure de l’inflation que certains économistes n’hésitent pas à
qualifier d’erronée. Les prix des actifs financiers et de l’immobilier ne seraient effectivement pas
pris en compte des indices de prix.
31

A. Les origines de l’inflation

L’origine de l’inflation peut être recherchée au niveau de la quantité de monnaie en circulation


et des mécanismes de formation des prix. La croissance du niveau général des prix qui traduit
l’inflation peut être soit tirée par un excès de la demande globale, soit poussée par les coûts qui
déterminent les prix de l’offre. Inspiration monétariste, l’inflation par la monnaie suggère que
la hausse du niveau général des prix résulterait d’une émission de monnaie trop importante.
Pour Milton Friedman, chef de file de l’Ecole monétariste et Prix Nobel d’Economie en 1972,
« la cause de l’inflation est partout est toujours la même : un accroissement anormalement
rapide de la quantité de monnaie par rapport au volume de production ». La justification de
cette idée repose sur l’existence d’une relation économique, appelée « Théorie Quantitative de
la Monnaie » ou équation d’Irving Fisher. Cette dernière s’exprime ainsi : M.V = P.Y où M
représente la masse monétaire en circulation (demande de monnaie), V la vitesse de circulation
de la monnaie, P le niveau général des prix et Y le volume des transactions (ou volume de
production). Cette équation souligne qu’une augmentation de la quantité de monnaie provoque
de façon mécanique une hausse du niveau général des prix. Elle justifie l’idée d’une dichotomie
(sphère réelle - sphère monétaire) dans la théorie néoclassique. En d’autres termes, l’évolution
de la masse monétaire doit être corrélée à l’évolution du volume de production. Cette équation
rappelle également que la monnaie répond à une fonction essentielle, celle de moyen de
transaction. Un rythme de croissance de l’économie plus élevé doit se traduire par un
accroissement de la monnaie en circulation. Dans la théorie des marchés, le prix est déterminé
par une égalisation de l’offre et la demande. Cependant dans certaines situations, la demande
peut excéder l’offre : le prix tend alors automatiquement à monter. Lorsqu’un tel désajustement
apparaît sur un grand nombre de marchés, un « écart inflationniste » naît, conduisant à une
hausse du niveau général des prix. Dans la théorie keynésienne, l’inflation est due à un
déséquilibre entre la demande globale et l’offre globale. Plus précisément, l’augmentation de
la quantité de monnaie est synonyme d’inflation lorsque l’offre globale n’est pas en mesure de
répondre à un surcroît de demande, on parle ainsi d’inflation par la demande. L’excès de la
demande globale peut provenir de plusieurs facteurs : une augmentation autonome de la vitesse
de circulation de la monnaie (une demande de billets plus importante) ; une hausse de la
consommation ou à une acquisition de logements financés à crédit des ménages ; un
accroissement de l’investissement des entreprises non autofinancé de leurs investissements ;
32

une politique de relance économique de l’Etat fondée sur le déficit budgétaire (financé par
émission de monnaie)… L’insuffisance de l’offre est quant à lui liée à l’environnement (des
facteurs accidentels tels que les guerres peuvent provoquer des pénuries temporaires), à l’Etat
(manque d’infrastructures, formation de la main d’œuvre insuffisante) ou aux entreprises
(capacités de production insuffisantes, techniques de production trop rigides). Edmond
Malinvaud a défini dans les années 70, le concept d’inflation contenue à partir de ce qu’il est
convenu d’appeler aujourd’hui la théorie du déséquilibre. Cette dernière serait caractérisée par
un rationnement des agents sur les marchés du 2 travail, et des biens et services. Dans le cas
d’un excès de demande sur les deux marchés, les quantités échangées sont les offres contraintes
sur les deux marchés. Les ménages sont ainsi rationnés en biens et services (ils ne peuvent
acheter toutes les quantités désirées) et les entreprises sont rationnées en travail (elles ne
peuvent se procurer tout le travail désiré au salaire voulu). Il y a une pression inflationniste
mais qui reste contenue du fait que les prix sont rigides à court terme. Si les prix et les salaires
étaient flexibles, on devrait avoir une hausse du salaire et une hausse des prix pour réaliser
l’équilibre sans rationnement. Il s’ensuivrait une inflation contenue sur les deux marchés. Le
processus de production, en amont du marché, joue également un rôle essentiel dans la
formation des prix (on peut ainsi observer la diffusion d’un choc de prix dans la chaîne de
production, d’amont en aval, depuis les prix à la production, biens intermédiaires jusqu’aux
prix à la consommation, biens manufacturés. Des niveaux élevés de prix des différents facteurs
de production peuvent accroître les coûts de production et par là même augmenter le niveau de
prix des produits. Cette inflation par les coûts peut avoir plusieurs origines. Il peut s’agir d’une
hausse du coût du facteur travail (la pression des syndicats peut entraîner une augmentation des
salaires, les charges patronales peuvent être importantes). Il peut s’agir aussi d’une hausse du
prix du facteur capital, le coût du capital est déterminé par le rythme des amortissements des
investissements, il dépend des vagues de progrès technique et des interventions de l’Etat. Il
peut s’agir encore d’une hausse du prix des matières premières (ceci est lié au degré de
dépendance des activités et des économies, exemple du pétrole). Un coût élevé des
interventions publiques (l’Etat influence les coûts par le biais de la fiscalité ou de sa politique
tarifaire) peut générer une hausse de l’inflation. Enfin, l’inflation importée désigne
l’augmentation du niveau général des prix consécutive à une augmentation du coût des produits
importés. En France, suite à la flambée des prix du pétrole, l’indice des prix à la production,
33

biens intermédiaires, a accéléré de – 0.5% en glissement annuel en août 2004 à 4% en


septembre 2005. Nombreuses et variées, ces sources d’inflation par les coûts se combinent et
s’entretiennent pour donner naissance à ce que l’on appelle « des spirales inflationnistes ». La
plus connue est la boucle salaires-prix. Lorsque la hausse des coûts du travail est supérieure
aux gains de productivité, on assiste à une hausse des coûts de revient, donc à une élévation des
prix de vente des entreprises, une baisse du pouvoir d’achat des salariés, et une pression à la
hausse des salaires.

B. L’inflation, une mesure controversée

La mesure traditionnelle de l’inflation prend en compte l’évolution des prix des biens et
services. Or, de plus en plus d’économistes (Charles Goodhart, ancien membre du Comité de
la politique monétaire de la Banque d’Angleterre ; Ian Morris, économiste de la HSBC)
avancent certains arguments pour y inclure également le prix des actifs. Si les prix des biens et
des services évoluent en parallèle avec les prix des actifs financiers et immobiliers, il importe
peu que ces derniers ne soient pas pris en compte dans cet indice. En revanche, si les prix des
actifs augmentent à des rythmes différents (comme c’est le cas actuellement, aux Etats-Unis,
les prix de l’immobilier ont progressé à un rythme de 13% sur les trois premiers trimestres de
2004), un indice des prix étroit pourrait aiguiller les autorités monétaires sur une mauvaise voie.
L’idée que les banques centrales devraient suivre l’évolution des prix des actifs ne date pas
d’aujourd’hui. Dans son ouvrage « Le pouvoir d’achat de la monnaie », Irving Fisher (1911)
faisait valoir que les responsables de la politique monétaire devaient arrêter un indice des prix
basé sur un large panier de biens et de services qui comprendrait également les valeurs
financières et les biens immobiliers. Les banques centrales ont pris en compte les prix de ces
avoirs en évaluant leurs incidences sur la richesse et, par là même, sur la demande et l’inflation
futures. Cependant, l’idée d’établir un indice des prix sur la base d’un large panier de biens et
de services va au-delà de la prise en compte de ces effets. La hausse du prix des actifs
(financiers et immobiliers) se traduit dans ses aspects les plus visibles par une hausse
irrationnelle, suivie d’un effondrement du marché des valeurs ou du marché immobilier. Les
variations de grande ampleur des prix des actifs peuvent également entraîner une mauvaise
allocation des ressources et ralentir la croissance économique, de la même manière que les taux
d’inflation élevés des indices généraux de prix. Ainsi, la flambée des prix de l’immobilier
34

pourrait inciter les ménages à faire des emprunts massifs et à réduire leur épargne, drainant de
la sorte des ressources surabondantes sur le marché immobilier au détriment d’autres formes
d’investissements. Par ailleurs, si l’inflation est définie comme l’évolution de la valeur de la
monnaie, l’indice des prix à la consommation est alors insuffisant car il mesure seulement les
prix des biens et des services consommés sur la période actuelle. Or, Alchian et Klein (1973)
ont avancé l’idée que les individus s’intéressent à l’évolution non seulement des prix des biens
et services qu’ils consomment sur le moment présent mais également aux prix de ce qu’ils
consommeront dans le futur. Etant donné que ces actifs constituent un droit sur des biens et des
services futurs, leurs coûts représentent indirectement les prix de ces biens et services qui seront
consommés dans le futur. Lorsque l’on achète une maison, c'est-à-dire que l’on acquiert un
droit à des services futurs de logement, à un prix plus élevé qu’il ne l’était il

Y a un an, cette variation de prix devrait être prise en compte dans l’inflation puisqu’elle réduit le
pouvoir d’achat de la monnaie.

II. Les conséquences de l’inflation sur la croissance économique

Si la théorie économique et les institutions chargées de veiller à la bonne marche des affaires
soulignent qu’une maîtrise de l’inflation est un préalable pour assurer un certain niveau de
croissance économique, il convient de souligner que l’inflation a des effets aussi bien néfastes
que bénéfiques sur l’activité économique.

A. Les effets néfastes de l’inflation

Une inflation peut conduire lorsqu’elle est forte, à un ralentissement de la croissance économique,
du produit global, et à une détérioration de l’emploi. L’inflation chronique entraîne de nombreux
effets néfastes : Elle perturbe la répartition macroéconomique des revenus. Tous les agents
économiques ne peuvent pas faire évoluer leurs revenus à la même vitesse que l’inflation. Celle-ci
est favorable aux emprunteurs et aux titulaires de revenus flexibles (illustration des pays en
développement qui se sont fortement endettés durant les années 70), mais elle pénalise les
épargnants, les créanciers et les titulaires de revenus indexables. L’équilibre macroéconomique,
c'est-à-dire l’égalité entre l’épargne et l’investissement, se trouve ainsi remis en cause. L’inflation
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agit directement sur le taux d’intérêt réel (charges d’intérêt réellement payées par les emprunteurs),
ce dernier correspondant à la différence entre le taux d’intérêt nominal (taux défini par la Banque
Centrale, puis répercuté sur les banques commerciales du second rang) et le taux d’inflation. Une
hausse de l’inflation réduit le taux d’intérêt réel (donc les charges d’intérêt des emprunteurs) mais
conduit les banques à relever leurs taux d’intérêt nominaux (période des années 80 et 90), donc à
pénaliser l’investissement. Par la même occasion, l’inflation traduit une hausse du niveau général
prix. Lorsqu’elle inclut les prix des actifs financiers et immobiliers, elle peut être le reflet d’un effet
richesse. Lorsque l’épargne (qui est un flux) est cumulée sur plusieurs années, elle vient augmenter
la valeur du patrimoine (qui est un stock). Les agents économiques qui constatent une élévation de
la valeur de leur patrimoine peuvent être amenés à réduire leur épargne (c’est le cas des ménages
américains qui ont intégré les hausses des actifs financiers, c'est-àdire des placements financiers,
dans la détermination de leurs revenus). Nouveau phénomène déstabilisant l’équilibre
macroéconomique. Une inflation nationale plus forte qu’à l’étranger, réduit l’attractivité de
l’économie et la compétitivité des entreprises nationales. Elle conduit à procéder à des
réajustements monétaires. Dans le cas européen, le système de taux de change fixe ne permet plus
d’utiliser la dévaluation comme une arme de compétitivité. La gestion de l’Euro et la politique
monétaire sont désormais confiées à la Banque

Centrale Européenne, qui par la variation des taux d’intérêt, peut intervenir pour stabiliser les
prix. Toutefois, les différentiels de prix à l’intérieur de la zone euro pénalisent les pays qui font le
plus d’effort en matière d’inflation (France, Allemagne) au profit de ceux qui en font le moins
(Irlande). Dans la sphère mondiale, le système de taux de change flottants (dollar, euro, yen)
enregistre le différentiel d’inflation entre les différentes zones économiques et peut conduire à des
différentiels d’attractivité et de compétitivité. L’inflation contribue également à rendre l’avenir
plus incertain. En rendant incertaine l’évolution des valeurs nominales des revenus et des prix,
l’inflation complique les prévisions économiques et rend la croissance économique plus chaotique.
Des taux d’inflation élevés faussent le pilotage des économies en brouillant les signaux donnés par
les indices de prix relatifs, c'està-dire par le marché. Les agents économiques sont dès lors
incapables anticiper les mouvements de prix. L’inflation rend la croissance économique
déséquilibrée et provoque la stagflation, situation où coexistent à la fois l’inflation et le chômage.
Cette dernière idée a remis en cause une relation définie par W. Phillips dans les années 50, en
l’occurrence la relation négative entre l’inflation et le chômage (une baisse du chômage ne pouvait
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être réalisée sans générer une hausse de l’inflation). Dans les années 70, cette relation a disparu
avec les chocs pétroliers puisque l’on connu alors une période de hausse de l’inflation, et de façon
concomitante du taux de chômage. La hausse des coûts de production non salariaux a en effet
contraint les entreprises à augmenter leurs prix à salaire donné. Dans le même temps, les
anticipations des agents se sont modifiées suite à un changement de régime d’inflation qui devient
positif alors qu’il était quasi-nul. Cette persistance de l’inflation, anticipée par les agents, aurait
changé la nature des relations entre inflation et chômage (courbe de Phillips modifiée). L’une des
leçons des années 70 est que la relation entre chômage et inflation se modifie au cours du temps
(en fonction des anticipations des agents et de la persistance de l’inflation) et qu’il est donc difficile
de la mettre en valeur. Enfin, dans le cas d’une inflation importée due à un choc pétrolier
(augmentation des prix du pétrole), les mécanismes classiques tendent à dissocier les effets de court
terme de ceux de long terme. A court terme, la perte du pouvoir d’achat des ménages (consécutive
à cette hausse : augmentation du prix de l’essence, du prix du chauffage…) les conduit à ajuster à
la baisse leur volume de consommation. Il convient cependant de distinguer les effets directs des
effets indirects. L’effet direct sur les prix à la consommation reflète le poids de celui-ci dans le
panier de consommation moyen (en France, l’effet mécanique sur les prix à la consommation d’une
hausse du prix du pétrole de 10 € est de 0.4 pt). Les effets indirects proviennent des tentatives, des

Entreprises et des salariés, de compenser la perte de revenus et de pouvoir d’achat entraînée par le
choc pétrolier par des hausses de prix de vente et des augmentations de salaires. A long terme, la
hausse du prix du pétrole diminue la rentabilité des secteurs énergivores provoquant une
modification de la structure productive (modes de fabrication plus économes, réallocations de
capital productif, transferts d’emplois entre secteurs). Des études récentes (Carnot, Hagège, 2004)
ont cependant révélé que les économies développées étaient de moins en moins sensibles aux chocs
pétroliers en raison de la baisse du degré d’utilisation du pétrole et d’un environnement d’inflation
plus stable. Un résultat qui contraste avec celui concernant les pays en développement. Selon une
étude du FMI (2005), une hausse durable de 10 $ du baril de pétrole réduirait en moyenne le taux
de croissance ces pays importateurs nets de pétrole, de plus de 1.5 pt en une année.

B Les effets bénéfiques de l’inflation


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Caractérisée par une augmentation des revenus nominaux distribués, l’inflation favorise la
croissance pour plusieurs raisons principales : Elle contribue à alléger les dettes des agents
économiques. L’inflation diminue le coût réel de l’endettement en fonction de la différence entre
le niveau des taux d’intérêt nominaux et le niveau général des prix (relation évoquée
précédemment). Ainsi les ménages et les entreprises ont longtemps bénéficié de taux d’intérêt réels
faibles, voire négatifs. Ce qui a pu les amener à recourir davantage aux crédits à la consommation
(ménages) et à l’investissement (entreprises, ménages) pour financer leurs achats. Elle améliore la
rentabilité financière des entreprises. En période d’inflation, les entreprises sont d’autant plus
incitées à recourir au financement externe que leurs taux de profit internes sont supérieurs au taux
d’intérêt des capitaux empruntés. Une telle situation élève la rentabilité de leurs fonds propres (effet
de levier). Elles peuvent ainsi lever des fonds bancaires (emprunt) et les utiliser pour aller sur les
marchés financiers. Les entreprises se trouvent stimulées par les perspectives de gains et incitées à
investir. L’inflation, moteur de l’investissement, peut induire une croissance de la production et de
l’emploi. Même si la courbe de Phillips est contestée par certaines études empiriques, elle tend à
souligner qu’un haut niveau d’emploi apparaît compatible avec un taux d’inflation élevé (relation
inverse entre l’inflation et le chômage). Enfin, la thèse d’un taux d’inflation faible peut être remise
en cause notamment si l’on considère les conséquences néfastes pour l’économie d’une déflation.
A la fin des années 90, le Japon présente en effet une situation où le taux de croissance économique
et l’évolution du niveau général des prix étaient proches de 0%. Cette situation relance la question
du taux d’inflation « efficient » pour une économie. Ainsi une

Hausse du niveau général des prix n’est pas automatiquement le reflet d’une économie en
surchauffe, elle peut au contraire caractériser la bonne santé d’une économie (la croissance
économique doit se traduire par une hausse des prix). Le Pacte de Stabilité et de Croissance retenu
par l’UEM table ainsi sur une croissance de 2% (IPCH) des prix. Un objectif de stabilité des prix
qui serait, selon les autorités concernées, compatible avec un niveau de croissance durable.
Conclusion :

La relation entre la croissance et l’inflation souligne que les origines de l’inflation proviennent de
trois sources : une inflation par la monnaie, une inflation par la demande et une inflation par les
coûts. Depuis maintenant plusieurs années, les principales banques centrales internationales ont eu
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pour principal objectif d’assurer la stabilité des prix. Si l’on en croît les indices actuels des prix à
la consommation, celles-ci sont parvenues à juguler l’inflation. Toutefois, lorsque les premières
cibles d’inflation ont été fixées (Nouvelle Zélande, 1989), le but essentiel n’était pas d’obtenir une
mesure exacte de l’inflation. Il s’agissait de faire baisser les taux d’inflation élevés en donnant un
point d’ancrage aux anticipations. L’évolution des prix des actifs financiers et immobiliers relance
donc le débat de la mesure « pertinente et réaliste » du niveau général des prix. Concernant les
conséquences de l’inflation sur la croissance économique, les économistes insistent davantage sur
les inconvénients (perturbation de l’équilibre et de la répartition macroéconomique, problème
d’efficacité des politiques macroéconomiques,) que sur les avantages (effet richesse, moteur de
l’investissement, amélioration de la rentabilité des entreprises…). Depuis les années 2000, deux
phénomènes tendent à retenir l’attention des économistes. La conséquence de la montée des prix
du pétrole (différents scénarii sur le prix du Brent à 50 $ et 80 $ sont évoqués) en matière de taux
de change (appréciation et dépréciation des monnaies selon les pays concernés). La capacité des
banques centrales a publié des indices de prix plus larges intégrant les prix des actifs aux côtés des
éléments existants. Elles pourraient de la sorte expliquer plus facilement pourquoi elles doivent
parfois augmenter les taux d’intérêt quand l’inflation, mesurée de manière traditionnelle, est faible

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