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© 2021, L’Harmattan
5-7, rue de l’École-Polytechnique – 75005 Paris
www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-94880-5
Biaise Sary Ngoy
LA POLITIQUE MONETAIRE AFRICAINE
FACE A LA CRISE SANITAIRE
DE LA COVID-19
Cas de la République Démocratique du Congo
Du même auteur
A. Ouvrages
1. La politique étrangère de Joseph Kabila.
Les politiques étrangères des États menacés de
décomposition, éd. L’Harmattan, Paris, 2014, p. 215.
2. La problématique de l’émergence des économies
africaines, éd. L’Harmattan, Paris, 2016, p. 225.
3. La Belgique et le Congo-Kinshasa. Quelle nouvelle
coopération, éd. Les Nouvelles Afriques, Anvers, 2004,
p. 107.
4. Le Fonctionnement des institutions internationales, éd.
Les Nouvelles Afriques, Anvers, 2000, p. 240.
5. La dépréciation du Franc congolais. Effet d’hystérèse,
Harmattan, Paris 2018
6. L’obsolescence de l’ordre économique de Bretton
Woods, Fin de la Pax Americana, Ed. Harmattan, Paris,
Août 2020
7. L’économie politique de la crise à l’Est de la République
démocratique du Congo. Analyse critique du modèle de
« Greed and Grievance » de M. Berdal et D. M. Malone
(en préparation)
B. Articles
1. « Les nouvelles relations Est-Ouest et leur incidence sur
la coopération entre l’Union européenne et les États
ACP » ; in revue COSDERIA, Africa développement, vol.
XXVIII, n° 3, Dakar, 1993.
2. « Les critères d’évaluation de l’impact des technologies
appropriées », in cahier de l’ISDR/BUKAVU, n° 3, 1986.
3. « La mobilité de la population à la frontière orientale du
Zaïre », in cahier de l’ISDR/BUKAVU, n° 2, 1985.
4. « Pour quelle théorie du développement rural », cahier
de l’ISDR/BUKAVU, n° 2, 1985.
5. « Louis Michel et la diplomatie de l’engagement à
l’égard de Kinshasa », in Obsac, vol. 5, n° 18, mai 2005.
6. « Les facteurs externes de blocage du dialogue inter
congolais », in Obsac, vol. 4, n° 11, mars 2001.
7. « Les conséquences à tirer du conflit des compétences
entre le parlementarisme et le présidentialisme au
Congo-Kinshasa, de I960 à 1998 », Site web Congo
2000, mars 2002.
8. « La relecture géopolitique de la crise à l’Est du Congo.
En marge de la conférence régionale sur la paix », site
web congodiplomatica.com, mai 2014.
9. « L’élite politique congolaise : naissance, recomposition
et auto entretien », in site web congodiplomatica.com
10. « L’influence du droit international dans la formulation
des droits de nationalités », in site web
congodiplomatica.com
11. « La fin des relations privilégiées entre la Belgique et le
Congo-Kinshasa », in site web congodiplomatica.com,
janvier2005.
12. « Le nouveau partenariat sino-africain : mirage et
réalité », in site web congodiplomatica.com
13. « Lire les décisions de politique étrangère du Congo : du
pragmatisme de Mobutu à l’idéalisme de L.D. Kabila »,
in Analysis, n° 1, Revue de la faculté des sciences
politiques et sociales de l’UPN, mai-juin 2009.
14. « La crise de l’euro et son impact sur les économies
africaines », in www.nedocs.com
Avant-Propos
Introduction
La politique monétaire se caractérise par un principe : la
stabilité interne (contrôle de inflation) et externe (maitrise
de taux de change) de la monnaie. Elle consiste à la
réduction ou à l’expansion de la création monétaire.
L’autorité vise la relance, la croissance et la stabilité des
agrégats macroéconomiques, ce en fonction de la
conjoncture. Ces objectifs se font par le billet des
instruments tels que : l’encadrement des taux d’intérêt, le
ciblage de l’inflation et la manipulation du taux de change,
le contrôle de change et l’adjudication. L’idée poursuivie est
de stimuler l’économie et éviter les crises ayant un impact
sur l’emploi, la croissance, l’équilibre des comptes
extérieurs et le prix.
Si ces objectifs sont associés du fait des liens entre niveau
des taux d’intérêt, niveau de l’inflation et niveau des taux
de change1, il est aussi vrai que la politique monétaire vise
le triangle keynésien (Nicholas Kaldor), à savoir : croissance,
emploi et équilibre extérieur, en plus de la stabilité des prix.
Dès lors, l’autorité monétaire ne peut se soustraire en se
mettant à l’égard et observant le gouvernement conduire
seule la politique budgétaire ou fiscale sans connivence
avec la politique monétaire. Les trois politiques
conjoncturelles forment un tout. Et elles soutiennent la
politique structurelle.
Car, la politique monétaire vise à inciter des
investissements privés et publics, l’encadrement des
mouvements des capitaux (marchés monétaires et
financiers) et permettre au pouvoir public, aux entreprises
et aux particuliers de bénéficier également de l’accès aux
crédits, échapper aux effets de l’inflation et maintenir les
équilibres macroéconomiques.
Or, dans beaucoup de cas, en période des crises, la
politique monétaire devient davantage restrictive lorsqu’elle
se limite à encadrer le niveau des prix, s’il est prouvé que
l’expansion des crédits par la création monétaire serait une
des causes de la spirale de l’inflation. Pourquoi ? L’inflation
véhicule le message : hausse des prix, effet sur la demande
et sur l’offre, effet sur l’équilibre des comptes extérieurs,
mais aussi sur l’emploi. Ces effets sont très prononcés dans
les pays marqués plus par des déficits de financement de
l’économie.
Pour corriger cet impact négatif dû à la création monétaire,
les banques centrales recentrent leurs attentions en faveur
des entreprises en vue de juguler les contraintes liées à
l’offre et conseillent la réduction des dépenses dites
budgétivores. Mais encore faut-il que ces entreprises
disposent de l’épargne et qu’elles soient réceptrices des
crédits à des taux de rendement supportables. Les banques
centrales ont ainsi tendance à estimer que le secteur privé
doit être privilégié, oubliant toute la logique keynésienne de
la « théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la
monnaie » Les dépenses publiques sont principalement
réduites au nom de l’ultra-libéralisme comme si les banques
centrales n’avaient comme rôle que d’inciter les activités
privées en vue de booster le bien-être des entreprises, à
tout prix, en privant à l’Etat (gouvernement) un accès aux
capitaux durant les crises. C’est l’application de « exit
Etat ». Or, l’adage : banque centrale intervenant en dernier
ressort, concerne ses appuis directs ou indirects aussi bien
aux ménages, au pouvoir public qu’aux entreprises lors des
frictions qui bloquent l’activité normale attendue de ces
entreprises.
Souvent, au nom de soutien à l’offre, seules les entreprises
deviennent des agents privilégiés (théorie de l’offre crée sa
propre demande) tandis que les administrations publiques,
sous prétexte de l’austérité et de la rigueur (ajustement
structurel) imposées dans le contexte de la bonne
gouvernance, deviennent des cibles dont le comportement
est surveillé (dépenses improductives) dans les pays
pourtant marqués par des petites économies ouvertes et
souvent extraverties et exposées aux divers chocs
exogènes. Les banques centrales ignorent dès lors
l’économie positive et donnent leurs préférences à
l’économie normative.
La place ou le rôle de l’Etat devient mineur. C’est ce constat
qui nous amène à réfléchir sur la question en évoquant le
paradoxe que ce choix entraine. Notons que d’autres études
ont été conduites en ce qui concerne le Congo Kinshasa.
Joseph Moto Kosarade ayant évalué les effets de la politique
monétaire sur le secteur réel dans ce pays, il est arrivé aux
résultats suivants : « les paramètres des variables
monétaires ne sont pas généralement significatifs au seuil
de 5 %. Ainsi, l’économie congolaise est moins influencée
par les variations de trois variables de transmission de la
politique monétaire (variables futures, présentes ou
passées)2, notamment le taux directeur, le taux de change
nominal et le taux de croissance de la masse monétaire. De
même, les tests de causalité au sens Granger ont montré
que ces trois variables monétaires retenues ne causent pas
la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB réel) »3. Même si
ces résultats sont parfois contestés par d’autres auteurs, il
faut reconnaître qu’ils dépendent des périodes d’étude et
des données disponibles. Au Congo Kinshasa, la non-tenue
régulière des statistiques est une lacune qui empêche de
disposer des analyses certaines et convergentes.
Section 1. Le monétarisme pur (école de Chicago) et
la politique restrictive
L’école de Chicago est née au cours des années 60/70 sous
l’influence de Milton Friedman4. Opposé à
l’interventionnisme keynésien, Milton développe la nouvelle
théorie libérale qui porte sur les politiques budgétaires et
monétaires restrictives et conseille la libre entreprise,
contraire à la logique de l’interventionnisme étatique. Milton
n’était pas précurseur. D’autres auteurs, au cours des
années 30 avaient déjà entrepris de réfléchir sur la pensée.
Selon cette école, l’Etat est la source des distorsions des
marchés. La politique monétaire est inutile. Les cycles
conjoncturels de l’économie sont naturels. Les marchés se
stabilisent eux-mêmes.
Mais, en dépit de cet apport qui a eu du succès durant une
période en Occident (Reagan et Thatcher), la régulation de
la conjoncture keynésienne a mis en avant plan
l’interventionnisme étatique comme mode de stabilité des
marchés. C’est dans ce contexte que les instruments de
politique monétaire vont être appliqués dans la gestion
conjoncturelle de l’économie. L’Etat, tout en admettant
l’apport des monétaristes, il va s’inscrire dans la logique
keynésienne et agir à travers divers instruments par le biais
de la banque centrale, avec but de rétablir l’équilibre des
agrégats macroéconomiques durant des périodes de
mauvaise conjoncture.
Dans les pages qui suivent, nous passons en revue ces
instruments de politique monétaire, tout en soulignant leurs
limites dans le contexte des petites économies ouvertes,
extraverties, sans ressources propres, tel le cas de la
République Démocratique du Congo.
Introduction
L’analyse du premier chapitre a eu pour but de démonter
comment les instruments de politique monétaire
(restrictive) présentent des limites dans des petites
économies ouvertes. Ce second chapitre porte sur l’examen
des contraintes de l’autonomie monétaire dans un paysage
des marchés financiers largement globalisés. Il s’agit de
démontrer que plus ces marchés s’ouvrent sur le reste du
monde, plus le pouvoir de régulation reconnu à l’autorité
monétaire nationale devient étroit. Cette étroitesse
s’accentue dans des pays économiquement faibles, fragiles
et dépendantes.
Le sujet n’est pas nouveau dans des études de
macroéconomie internationale. Un des auteurs, André
Cartapanis, le constate : « À ce jour, il est (…) difficile de
dégager des enseignements synthétiques et nombre de
questions afférentes à l’indépendance des choix monétaires
restent controversées (…) à cause de l’absence de cadre
théorique bénéficiant d’un consensus minimum pour traiter
des interdépendances monétaires et financières en
économie ouverte. Si des efforts considérables ont été
fournis, depuis la crise, pour remédier aux lacunes des
modèles théoriques et empiriques de l’avant crise (Beyer,
Cœuré et Mendicino [2017] ; Drumetz, Pfister et Sahuc
[2015] ; Hartmann, Huang et Schoenmaker [2018]), la
dimension internationale de la politique monétaire n’a pas
été au centre des renouvellements théoriques »1
Lorsque les néoclassiques de Chicago ont développé leur
théorie en contredisant l’interventionnisme étatique
(politique discrétionnaire), ce fut durant la période où Milton
et son école ne tenaient pas compte des cas de l’économie
ouverte, sans marché intérieur prospère, sans avoirs
disponibles suffisants et sans monnaies assurant tous des
attributs : instrument de change, de réserve, unité de
compte et symbole de souveraineté nationale. Ils ont
également réfléchi dans une période où l’économie n’était
pas globale et que les marchés boursiers et interbancaires
étaient encore très limités, soumis à une réelle surveillance
des autorités monétaires nationales. Certes, les institutions
de Bretton Woods ainsi que le G7 ont étendu les leçons de
l’économie libérale aux autres nations en imposant le
consensus de Washington comme sortie de crise de
l’endettement des pays pauvres. Ce consensus a été
critiqué finalement par George Stigler (Prix Nobel 1982),
durant sa carrière au FMI.
Leurs théories ne concernaient pas les petites économies,
sans marchés financiers et monétaires. Ils ont réfléchi dans
un esprit fermé qui ne prenait en compte que le marché
national et le pouvoir public. Saluons ici l’analyse de James
Galbraith qui en 2009, renseigne les failles de la théorie
monétariste de Friedman2. Galbraith note que le naufrage
du Friedman et du nouveau consensus (ciblage de
l’inflation) apparait aux Etats Unis la fin de la régulation
autoritaire par le Fed des crises monétaires. Ce sont ces
naufrages du monétarisme classiques qui retiennent notre
attention à travers l’examen du paysage financier globalisé.
Section 1. Le paysage contemporain des marchés
financiers globalisés
Le contexte a changé. La globalisation de la finance donne
la voie à des réflexions qui, à l’époque, étaient ignorées des
économistes. On admet aujourd’hui que « les soubresauts
économiques connus dans la période récente soulignent la
centralité et la complexité de la politique monétaire, mais
aussi ses limites ». Marina Teller estime même que la
régulation des marchés financiers consacre un ordre public
de moins en moins public et des normes qui sont de moins
en moins de droit.
Notre objectif est d’analyser cette complexité en observant
les cas de petites économies extraverties, sans marchés
monétaires et financiers larges. La contribution concerne les
limites de la politique restrictive dans le contexte de
l’économie globalisée. Les petites économies, même, en
l’absence des crises, sont naturellement affectées par cette
globalisation à cause de la précarité des systèmes financiers
et des structures des productions (extraversion et
marginalisation). Elles (petites économies) ne disposent plus
de marge d’autonomie en politique monétaire. L’analyse ci-
dessous donne un aperçu du contexte de la globalisation
ainsi que le désordre qui marque le libéralisme dérégulé et
décloisonné depuis le consensus de Washington.
1.2.1. La déréglementation
Le libéralisme de nos jours a pris l’essor dans l’ensemble du
monde le lendemain de la chute du mur de Berlin, mais
aussi avec la naissance des euromarchés et le recyclage des
pétrodollars au début des années 80. Pour se faire, la taille
de la finance par rapport à l’économie réelle continue à
augmenter. Le poids par rapport au PIB mondial de
l’ensemble : crédit + encours d’obligations + capitalisation
boursière + monnaie est passé de 300 % en 1986 à 420 %
en 2007 et 475 % en 20175. Ceci est le signe de passage de
l’internationalisation à la globalisation de l’économie. On a
cru qu’avec le Consensus de Washington issu des crises des
années 80 et qui a conduit à la dérèglementation, le
décloisonnement, la désintermédiation et la diversification
des produits financiers, on arriverait à la meilleure allocation
des ressources, mais aussi à coordonner (Bâle 1, 2 et 3) ces
marchés, loin de là, les banques centrales et les autorités de
régulation sont souvent dépassées par l’ampleur des
mouvements et la vitesse même de circulation des capitaux
entrainant la spéculation, l’arbitrage, surtout au niveau des
produits dérivés. Si même si cette dérèglementation n’est
pas optimale, elle produit tout de même des effets qui
réduisent le pouvoir des autorités de régulation.
Le marché s’est ainsi élargi et connecté, mais aussi, son
fonctionnement au quotidien devient un casse-tête pour les
banques centrales (régionales aussi) qui ont perdu le
pouvoir de règlementation des flux et reflux financiers, à
court et à long terme.
Eatwell fait remarquer que l’échec des institutions
financières de régulation est de produire aujourd’hui « des
normes non contraignantes fonctionnant sur la base de la
reconnaissance mutuelle et du consensus pour produire une
soft Law ; droit composé d’un ensemble de codes, de
recueils de « bonnes pratiques », de « lignes directrices »
dont la mise en œuvre est de la responsabilité de chacune
des institutions responsables au niveau national, sans que
leur non-respect ne puisse faire l’objet de sanctions de
nature juridique, que ce soit par l’organisme international ou
par des tribunaux »6. Quelles sont les raisons de ce casse-
tête ? Il y a plusieurs explications.
Introduction
Revenons à nos moutons du début. Le chapitre précédant
démontre comment les petits pays à économie extravertie
sont hors-jeu et ne disposent pas de souveraineté en
matière de leurs politiques économiques. Ce troisième
chapitre examine ce manque d’autonomie en se servant de
cas de la RDC durant la crise économique conséquente à la
crise sanitaire de Covid 19. Nous l’avons souligné plus haut,
Mundell et Fleming ont, dans le temps, examiné le triangle
d’incompatibilité entre trois éléments : une politique
monétaire autonome, la liberté de mouvements des
capitaux et le taux des changes fixes qui sont incompatibles
ensembles. Mais, à ce jour, nous affirmons que même dans
le cas de taux de change flottant, la compatibilité des
objectifs intermédiaires devient sujet discutable.
Le nouveau carré d’incompatibilité que nous avons proposé
déjà se résume comme suit : dans des pays pauvres et très
endettés, caractérisés par l’extraversion, il y aura toujours
incompatibilité entre politique monétaire autonome, les
déséquilibres des comptes extérieurs et les déficits
budgétaires chroniques, ce, quel que soit le choix du régime
de change (fixe ou flottant). Nous cherchons à le prouver à
travers les tentatives de la Banque centrale du Congo,
tentatives mises route en vie de relancer les activités, le
lendemain de la crise due à la Covid-19. Le premier chapitre
a eu pour but de saisir le paysage contrasté qui caractérise
la nouvelle économie internationale. Ce paysage rend
difficile l’efficacité des politiques économiques autonomes
mises en route par des petites économies1.
Les ripostes à la crise jumelle (santé et économie) qui
caractérise le cas de la République démocratique du Congo
durant la crise de Covidl9 peuvent être examinées en
fonction des deux alertes qui marquent cette période (Mars
2020-Septembre 2020). La seconde vague n’est pas prise
en compte dans cette analyse inspirée par la première
vague.
Etant donné l’importance accordée au second alerte, notre
analyse se focalise en premier lieu sur les instruments de
politique monétaire restrictive et leurs limites ; de même
que sur les résultats obtenus. Ensuite, nous allons alors
revenir aux résultats de la riposte au premier alerte
(facilités fiscales, soutien aux entreprises et aux ménages).
Mais une leçon mérite d’être retenue. Selon Jonas Kibala :
« De façon générale, notons qu’en RDC, entre 2018 et 2019,
il est enregistré : une accentuation des déficits publics
(étroitesse de l’espace budgétaire réel), la baisse des
dépenses d’investissement, la baisse des réserves de
change et la contraction de la croissance, pour ne citer que
cela. Par ailleurs, soulignons aussi quelques problèmes
structurels, notamment la faible diversification de
l’économie congolaise qui la rend d’ailleurs moins résiliente
et vulnérable face aux chocs extérieurs, la défaillance
(engorgement) du système sanitaire du pays, et le déficit en
ressources humaines de qualité, matérielles et financières.
Dans ce contexte, toutes choses restant égales par ailleurs,
l’efficacité des interventions du gouvernement congolais
face à la Covid-19 serait limitée »2.
Section 1. Examen des alertes et des solutions mises
en route
1.1. La première alerte : rareté des produits
alimentaires et spéculation sur les prix
Le bilan de la crise sanitaire du au Covid19 était établi de la
manière suivante en Août 2021 :
Cas confirmés 52292 (Août 2021)
Cas soignés 30189 (Août 2021)
Décès 1048 (Août 2021)
Ces chiffres sont à prendre avec les pincettes. La covid-19 a
affecté des milliers de congolais. Nombreux sont ceux qui
n’ont pas été enregistrés. L’absence des chiffres réels et la
mauvaise gestion de la crise ont été décriées par divers
rapports dont le plus pertinent est de celui de GEC3(groupe
d’étude sur le Congo) réalisé en octobre 2021. Ce rapport
note les cas des dépenses dilapidées, la multiplication des
organes parallèles d’intervention. Les promesses de
financement non tenues, les retards dans le décaissement
réel des prêts, etc.
Les provinces les plus touchées sont aussi celles où se
concentrent 60 % des activités économiques ; il s’agit de la
ville de Kinshasa, du kongo central, de haut katanga, du
Nord Kivu et des Uwele. Mais la fermeture des frontières
internes et externes, le confinement, etc., ont entrainé les
frictions économiques énormes tant au niveau de l’offre
qu’au niveau de la demande.
Cette crise sanitaire a entrainé le repli des exportations des
minerais, source principale des avoirs extérieurs du Congo
Kinshasa, de l’accroissement du PIB et de contribution au
budget annuel. Cette crise a impacté négativement les
recettes fiscales et obligé le gouvernement à revoir ses
prévisions budgétaires annuelles de 11 milliards de dollars
(60 % de plus que le budget de 2019) à plus ou moins
4 milliards (correctif budgétaire). Ainsi, la nécessité de
gestion rigoureuse des dépenses publiques s’est imposée à
tout point de vue. Des voies se sont levées, à ce sujet, pour
pointer du doigt les dépassements des dépenses de
fonctionnement (institutions politiques pléthoriques :
Présidence, Ministères, Sénat, Assemblée, gouvernements
provinciaux, les instituions d’accompagnement de la
démocratie, accusées de budgétivores).4
La chute des recettes d’exportation (baisse de la demande
mondiale des produits miniers) doublée de fermeture des
frontières (confinement) a également causé la rareté des
produits alimentaires (importés et locaux) sur les grands
marchés des principales villes. La spéculation a doublé et
même triplé les prix pour certains produits importés et
locaux devenus rares (forte demande). Entre Mars et Avril,
le ministère de l’économie a estimé l’accroissement de 45 %
par rapport au niveau d’avant cette période.
Ainsi, le Gouvernement a cru au début que la lutte contre la
spéculation des prix était prioritaire, de même que
l’allégement des charges fiscales en faveur des entreprises ;
il a fait un geste envers les PME et les banques, notamment
par les exonérations fiscales (suspension de la TVA), les
délais prolongés de paiement des taxes douanières, l’octroi
des crédits à taux zéro (soutien à l’industrie pratiqué par le
Fonds de promotion de l’industrie). Tandis que pour les
ménages, le report de payement des loyers locatifs, la
suspension de paiement des factures d’eau et d’électricité
durant deux mois ont été décrétés.
L’approvisionnement des centres urbains en produits
alimentaires, notamment, par l’achat direct auprès des
producteurs locaux (au fin fond des milieux ruraux) a été
également entrepris avec l’aide des véhicules de transport
militaire. A chaque occasion, des ventes étaient organisées
par le ministère de l’économie en vue d’inonder les
marchés. Comme on peut le voir, ces mesures visaient à
soutenir les entreprises (allégement fiscal) et les ménages
(prolongation des délais de paiement des factures (eau et
électricité) et baisse des prix des produits alimentaires dans
les centres urbains. Mais aucun soutien direct ne pouvait
être envisagé par manque des ressources financières.
Dans ce même cadre, le soutien à la croissance a été
entrepris par la projection d’un programme multisectoriel
d’urgence et d’atténuation des effets du Covdi-19,
programme rendu public par le ministère du plan et
annoncé le 18 juin par le Président de la République. Un
aspect le plus important de ce programme était la relance
du secteur agricole pour un montant de plus de 4 milliards
de dollars.
1 Le rapport de l’CCDE signale que “Les petites économies ouvertes rencontrent
plus de difficultés pour leur politique de stabilisation. Une politique monétaire
agissant sur le taux de change peut être un puissant instrument de stabilisation,
mais au prix de transferts de ressources entre le secteur ouvert et le secteur
abrité. Les interventions sur les marchés des changes peuvent potentiellement
compenser en partie ces effets, mais ces mesures doivent s’appuyer sur une
évaluation des désalignements, qui sont difficiles à identifier”.in OCDE 2010, “La
politique économique contra-cyclique”, OCDE Département des Affaires
Économiques, Note de politique économique, no 1.
2 Jons Kibala Kuma, L’économie mondiale face à la pandémie de la Covid 19 :
état des lieux, analyses et perspectives », in Hal, Archives-ouvertes.fr, 2020
3 Groupe d’étude sur le Congo, Covid business en RDC, octobre 2021
4 Les dépenses annuelles pour le fonctionnement et la rémunération étaient
évaluées à 1,757 milliard de dollar américain. Or, vue la récession due à la crise
sanitaire, le budget est réduit à 4 milliards.
5 Lire notre livre : La dépréciation du Franc congolais (2001-1018), Ed.
Harmattan, Paris, 2018
6 Indicateur des conditions monétaires est la règle qui détermine le niveau de la
corrélation entre taux de change, taux d’intérêt, taux de l’inflation et croissance.
Il est la somme des variations de chaque instrument, pondérées par des
coefficients représentant l’impact de chacun d’eux sur l’économie réelle
7 Vincent Bouvatier, Détermination du Pass-Through du taux monétaire sur les
taux des crédits : le comportement de la Banque centrale importe-il ? Presses de
Sciences Po « Revue économique » 2018/4 Vol. 69, pages 615 à 634
8 Pinshi Christian, Arithmétique du Pass-through de la covid-19 sur le système
financier congolais, in Hal.archives-ouvertes.fr, juillet 2020
9 La seule activité serait l’octroi des crédits ; la concurrence est monopolistique ;
les taux visent à maximiser les profits.
10 Le modèle développé était celui d’un modèle en équilibre partiel décrivant le
comportement des intermédiaires bancaires et prenant en compte le
comportement de la banque centrale, mais sans intégrer les effets de la
politique monétaire sur les dynamiques de l’inflation et de la production.
11 Grégory Levieuge, Règle de Taylor versus Règle ICM, in CAIN, Revue
économique, 2006
12 Jonas Kibala, Johan Van Overtveldt, The Chicago School : How the University
of Chicago Assembled the Thinkers Who Revolutionized Economies and
Business, Chicago : Agate, 2007
13 Il existe un lien entre taux d’intérêt, inflation et croissance. Le ciblage du
niveau de l’inflation (Règle de Taylor) permet de se faire une idée anticipée du
nouveau de l’inflation dans le temps tel ainsi que son impact sur la croissance.
Dès lors, le ciblage tient compte aussi du niveau de taux d’intérêt déterminé par
la Banque Centrale.
14 Notons qu’un mémoire sous la direction de Mme professeur BAENDE BOFOTA
Youyou, attestait déjà à ce sujet que l’effet de transmission du taux d’intérêt
appliqué par la BCC était négatif. La représentation VAR qui incluait, outre le
taux d’intérêt, la masse monétaire, le crédit à l’économie, le taux de
l’investissement, le taux d’inflation et le taux de croissance. Mais, les causes de
corrélation négative n’étaient pas explicitées ; in Mémoires, in
www.Congovirtuel.com
15 La taille du marché se mesure par le niveau de la production et de la
consommation, elle se mesure par la diversité sectorielle, elle se mesure par le
développement des infrastructures (énergie, voix des communications, ponts,
ports, niveau de circulation des biens et des services), indépendance financière,
taux de l’investissement, rendement des entreprises nationales, niveau de
l’emploi, etc.
16 https://deskeco.com/index.php/2020/08/17
17 Christian Pinshi, Arithmétique du Pass-Through de la Covid-19 sur le système
financier congolais, Hal, 2020
18 Lacoue-Labarthe Dominique, Les réserves obligatoires ne sont plus ce
qu’elles étaient, in Revue d’économie financière, n°3, 1987
19 Au Congo Kinshasa, l’exécution des budgets annuels 2018, 2019, était de
l’ordre de 37, et 39 %
20 Le Congo Kinshasa tente de recourir à la vente des bons de Trésor depuis le
déclenchement de la crise liée au Covid19, mais les résultats des ventes ne
comblent pas les besoins en recettes.
21 La réunion de Paris, du 18 mai 2021 a accouché d’une souris. Les Africains
attendaient des milliards de dollars, ils ont récolté les promesses.
22 Dans ce contexte, le Congo Kinshasa bénéficie déjà de deux prêts : a) un
allègement de la dette publique de 20 millions USD (FMI) pour la première
période de six prochains mois ; b) le prêt de 363 millions$ via le mécanisme de
de Crédit Rapide (FCR) approuvé par le Conseil d’administration du FMI le
22 avril 2020 passé. Outre ces aides, il y a des promesses tant au niveau
multilatéral que bilatéral, à savoir : le financement des projets PERSE et PDSS
entre le ministre des Finances et la Banque mondiale : 1 milliard USD, l’appui de
l’ L’ONU avec 407,7 millions USD pour atténuer les effets socio-économiques de
covid-19, 4,5 millions d’euros de l’UE et UNICEF en appui au Plan national de
développement sanitaire, 1,8 million USD alloués à trois hôpitaux publics, ex-
Mama Yemo, Cliniques Universitaires et Ngaliema, l’aide du Fonds International
de Développement Agricole (FIDA) de 26,6 millions $ (prêt) et un don de
9,8 millions $ en faveur du Programme d’appui au développement rural inclusif
et résilient (PADRIR).
23 https://deskeco.com/index.php/2020/08/17/rdc
24 Le rapport des inspecteurs des finances publié en Août 2020 indique que le
pays enregistre un manque à gagner de l’ordre de 5 milliards de dollars chaque
année à cause des exonérations fiscales accordées aux contribuables.
25 La Commission dispose d’un plan (Next Génération EU) de relance de l’ordre
de 750 milliards d’euros
26 La source provienne des autorités congolaises ; estimations et projections
des services du FMI.
27 Source, Cadre budgétaire à moyen terme 2021 – 2023, Document de travail,
Juillet 2020
28 Banque Mondiale, janvier 2020
29 L’entreprise EGAL, spécialisée en import/Export doit au Fisc la somme de
800 millions de $ des droits de douanes. Ce montant équivaut au total des
réserves de change dont dispose la BCC. Et comme dit ci haut, de Janvier à Mai
2021, les autres entreprises ont bénéficié de 450 millions des dollars.
30 Actuellement, elles avoisinent 800 millions des dollars contre 1200 millions
avant la crise.
31 Enquête réalisée de juillet 2020 à Février 2021 sur un échantillon des 200
entreprises
32 Christian Pinshi, Arithmétique du Pass-Trough de la Covid 19 sur le système
financier congolais, in https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02897385, Preprint
submitted on12 Juillet 2020
33 Agence congolaise de presse/Kayu-ODM/Nig/GGK, 18 septembre 2020
34 C’est de lui que j’ai appris dans le programme de Master en Planification
économique (Université d’Anvers), comment procéder à la prise de décision
dans la conduite des politiques économiques.
35 Dr W.K. Brauers, Les théories macroéconomiques applicables à la
planification des pays en développement, Ed. Acco, Louvain, 1988
36 Biaise Sary Ngoy, La dépréciation du Franc congolais (2001-2018). Effet
d’hystérèse. Ed. Harmattan, Paris, 2018
37 Le rapport de la BCC (Juillet 2020) indique que 14 % des dépenses
budgétaires proviennent de la dette extérieure (FMI) et des ventes des Bons du
Trésor.
38 La vente des bons du Trésor pour financer le déficit budgétaire est une
pratique qui ne doit pas devenir un outil régulier de politique monétaire. Le
Gouvernement envisage récolter souvent des montants exorbitants. Mais, il
arrive que la vente soit en dessous des attentes. Par ailleurs, on ne peut ignorer
qu’il s’agit des prêts à court terme dont le taux moyen est de 24 %. Les
acheteurs espèrent y gagner. Or, l’Etat s’endette en même temps. Il doit être à
mesure de rembourser à terme. Cette pratique prouve à suffisance que le
budget voté n’est plus d’application. L’Etat qui y recourt pour financer les vides
des recettes budgétaires atteste par ce fait qu’il est à bout de souffle.
39 Amédée Mwarabu, Deskecon.com/2020/09/11
40 David Luyeye, La gestion sur base caisse a montré ses limites, In Business et
Finances, Nombre 2017
41 C’est suite au contrôle effectué par l’IGF (Inspection général des finances),
sur demande du Chef de l’Etat (Felix) que cette cache a été découverte à la
BCC.
42 L’effectif total était de de 211761personnes retraitées, rentiers tout comme
actif dans l’administration central en 2016. Si on y ajoute les cadres et agents
dans toute la territoriale, ce chiffre avoisine plus ou moins 1 millions. Les agents
de carrière (santé, éducation, police, armée, justice, affaires sociales, Economie,
Finances et Planification, Sécurité, Immigration, etc., ramènent le chiffre à des
millions des cadres et agents (toute catégorie) En 2015, le pays comptait
457971 enseignants du primaire et 324114 du secondaire. Ainsi nous disons des
millions, car, la maîtrise de l’effectif reste un casse-tête. En Février 2020, la
ministre Yolande Ebongo estimait à 1,400 millions pour le seule Fonction
Publique.
43 Il s’agit de 22.000 unités nouvellement engagées, mais les 1700 attendent
toujours leurs mises en retraite.
44 Programme multisectoriel d’urgence d’atténuation des effets du Covdi-19
45 Observatoire de la dépense publique, 13 Août, 2021
46 L’effort est entrepris avec le Premier Ministre Sama ; de 550millions de
dollars des réserves, le niveau de 1,2 milliard a été réalisé en juillet 2021.
47 Communiqué de Presse, n° 21/146, mais 2021
48 Laurent Essolomua, Covid-19 : les ménages à bout de souffle, Rapport de
l’enquête des agences des Nations Unies, 17 avril 2021
49 Évaluation de l’impact économique de la COVID-19 en Afrique
subsaharienne : perspectives à partir d’un modèle d’équilibre général calculable
(EGC), International Development Policy | Revue internationale de politique de
développement [Online], 12.2 | 2020, Online since 18 August 2020, connection
on 18 November 2021
50 Idem
51 Idem
52 FMI, L’afrique subsaharienne, Perspectives économiques régionales : Afrique,
avril 2021
53 Lire également : BAD, Perspectives économiques en Afrique 2021 : malgré les
contraintes imposées par la pandémie de Covid-19 et le poids de la dette, les
perspectives de croissance en Afrique sont prometteuses
Chapitre 4.
Les contraintes à la reprise de
l’économie
de la RDC durant les crises
Introduction
La crise due à la Covid-19 n’est pas la première ni la
dernière qui affecte l’économie congolaise. Depuis 1980/90
l’économie de ce pays est plongée dans une série des crises
qui n’en finissent pas. Mobutu a tenté des solutions en vain.
Il tombe et laisse les fissures dans la structure.
L’expropriation des biens privés, la gabegie financière, la
gestion catastrophique des entreprises, la chute des
exportations, l’intérêt porté à la seule industrie minière,
etc., autant des maux qui ruinent l’économie du pays.
La politique conjoncturelle classique est souvent entreprise
pour en sortir, mais sans effet durable. Depuis des années
de vaches maigres dues à la détérioration des termes de
l’échange au cours des années 80, l’économie congolaise
traverse donc des moments qui la classent derrière
nombreux pays dans le monde. Des slogans se sont
succédés depuis Mobutu jusqu’à ce jour. Des centaines des
plans et projets pullulent au sein des ministères, sans effet.
Plusieurs experts nationaux et étrangers se sont mis en
chevet de cette économie, tout en colmatant quelques
bêches, ils ne parviennent pas à entreprendre le décollage.
Comparativement aux résultats d’avant I960, le Congo a fait
un recul du point de vie de sa croissance économique et de
son industrialisation. Il y a des causes, nombreuses.
Dès lors on ne doit pas entreprendre les solutions
conjoncturelles à tel point qu’elles se substituent au fil du
temps à la politique structurelle. Malheureusement, au
Congo Kinshasa, les responsables politiques ne
comprennent pas cette leçon. Tous, sans exception, ils font
des discours, mais, n’arrivent pas à concrétiser les
promesses. Actuellement, l’espoir repose sur les retombées
des plus de 100 voyages effectués par Felix Tshilombo en
vue de ramener les investisseurs au pays. Mais, les
investisseurs ne répondent pas aux appels par
« générosité ». Ils calculent et misent sur les profits. Ce qui
les intéresse actuellement ce sont les minerais, le bois et les
pâturages.
Qu’est-ce qu’il faut pour relancer le progrès économique
durable qui peut conduire à éviter les crises ? C’est agir sur
la structure de l’économie et s’appuyer sur les politiques
conjoncturelles pour éviter les crises. Tel est l’intérêt de
notre 4ème chapitre. Mais, avant tout, il nous semble utile de
passer sous examen des contraintes les conditions de
réussite de sortie des crises.
Nous affirmons que celles-ci sont inhérentes à l’activité
économique, qui, elle-même, est marquée par des cycles.
Nous disons toutefois que les ampleurs des cycles et leurs
maitrises diffèrent d’un pays à l’autre et d’une période à
l’autre. Et les solutions diffèrent également. Les petites
économies ouvertes sont les plus fragiles et exposées, c’est
le cas du Congo Kinshasa qui, à chaque apparition d’une
crise, la maîtrise se complique et les conséquences
s’éternisent. Nous avons déjà souligné le fait que dans
beaucoup de pays développés, la politique non
conventionnelle est souvent la solution. Il s’agit de
l’interventionnisme combiné entre l’autorité monétaire et le
pouvoir public. En général, le principe de la Banque centrale
« dernier recours » s’applique lorsque les marchés
financiers sont grippés et que le pouvoir public lui-même a
besoin de financer les déficits publics et privés en vue de la
relance de l’économie. Comment rendre la politique
budgétaire et monétaire efficaces en RDC ?
Section 1. Les contraintes monétaire et budgétaire
Introduction
Plusieurs plans des réformes structurelles sont entrepris au
Congo-Kinshasa ; leurs énumérations peuvent prendre du
temps et compter plus de mille pages. Chaque ministre
sectoriel dispose dans ses tiroirs de centaines de cartons qui
contiennent des plans, des programmes et des projets, tous
mort-nés. Dans ce chapitre, nous allons passer en revue
principalement les réformes élaborées par le biais des
institutions de Bretton Woods (Plan d’ajustement structurel,
le DSCRP)1 ; ensuite, nous allons proposer les nouvelles
réformes basées sur l’introversion de l’économie.
Section 1. Les réformes structurelles
On ne peut aborder la question de nouvelle réforme de
l’économie congolaise si l’on ne fait pas un petit retour en
arrière pour scruter les leçons passées et leurs limites.
En RDC (1991-2009)
Source : Johannes Herderschee, Daniel Mukoko Samba, Moïse Tshimenga
Tshibangu ; Résilience d’un géant africain, vol. 1, Banque mondiale, 2012.
Avant-Propos
Introduction
Chapitre 1. La Revue des instruments de politique
monétaire classique
Introduction
Section 1. Le monétarisme pur (école de Chicago) et la
politique restrictive
1.1. L’encadrement des crédits et la problématique de pass-
through
1.2.Les effets attendus
1.3. La problématique de pass-through
Section.2. La hausse de taux des réserves obligatoires
2.1. A quoi servent des réserves obligatoires ?
2.3. Les limites de l’instrument
Section3. L’obligation de dépense sur base caisse
3.1. A quoi servent les avances au gouvernement ?
3.2. Quelques effets de remous
Section 4. Le contrôle de change
4.1. Un outil de régulation de sortie des devises
4.2 Les limites de contrôle de change
Chapitre 2. La Globalisation financière et les limites
de l’autonomie de politique monétaire
Introduction
Section 1. Le paysage contemporain des marchés financiers
globalisés
1.1. La difficile régulation des mouvements des capitaux
1.2. Les causes
1.2.1. La déréglementation
2.1.2. La convergence de la finance globale dans trois pôles
2.1.3. Des crises toxiques et contagieuses
2.2. La titrisation des créances
2.3. L’inefficacité des codes de bonne conduite
Section 2. La nouvelle rationalité des investisseurs et les
causes
2.1. La volatilité et la flexibilité des investissements
2.2. La floraison des paradis fiscaux
2.3. La dictature du dollar américain
2.4. Les effets de l’ancrage des autres monnaies
Section 3. Les effets inattendus de la libéralisation des
capitaux
3.1. Le non lissage de la consommation
3.2. La permanence des chocs de productivité
3.3. L’exclusion des pays « outsiders » : les économies
africaines
Section 4. Le retour des instruments discrétionnaires
4.1. Est-ce le « naufrage de Milton » ?
4.2. L’usage de nouveaux instruments non conventionnels
4.3. Les avantages escomptés à travers les nouveaux
intruments
Section 5. De la finance globalisée à la remise en question
des théories des gains réciproques à l’échange
5.1. La remise en question des théories de gains
réciproques
5.2. Ce que pensaient les classiques et les néoclassiques
5.3. Le libre-échange : un « paradigme en situation
d’inconfort »
5.4. Les preuves de l’inconfort
5.4.1. L’illusion de spécialisation dans l’échange des
invisibles
5.4.2. L’analyse des cas
5.5. La résurgence de protectionnisme défensif
5.6. La rétorsion en guise de réponse
5.7. Quelques leçons à tirer
5.8. Quid de l’autonomie des petites économies extraverties
face à la globalisation ?
Chapitre 3. L’inefficacité de politique monétaire
appliquée durant la crise (Covid19) par la BCC
Introduction
Section 1. Examen des alertes et des solutions mises en
route
1.1. La première alerte : rareté des produits alimentaires et
spéculation sur les prix
1.2. La seconde alerte : dépréciation du Franc congolais de
17 % endéans 3 mois
Section 2. La riposte à la seconde alerte : la politique
monétaire restrictive
2.1. L’encadrement de crédit par la manipulation du taux
directeur
2.1.1. L’effet attendu
2.2. Les mesures d’accompagnement appliquées
2.2.1. L’allégement fiscal et l’encadrement des crédits
2.2.2. Les résultats obtenus
2.3. La hausse du taux des réserves obligatoires
2.4. L’obligation de dépense sur base caisse
2.5. Le contrôle de change
Section 3. Les résultats obtenus
3.1. L’illusion de la croissance du PIB durant la crise
3.2. Les chiffres enregistrés
3.2.1. Rappel des mesures prises au début de la pandémie
3.2.2. Les résultats projetés
3.2.3. Les résultats réels obtenus
3.3. Les raisons de l’écart
3.4. Les autres résultats dus aux instruments de politique
monétaire
3.4.1. Le niveau des réserves de change
3.4.2. L’effet de dépense sur base caisse
3.5. Leçons à tirer
3.5.1. Les avances monétaires au Gouvernement : un
mauvais choix ?
3.5.2. Les déficits publics chroniques : un défi
Section 4. La riposte à la première alerte
4.1. Le Programme multisectorielle d’urgence (PMUAIC)
4.1.1. Un programme mort-né
4.1.2. Les quatre raisons de l’échec
4.1.3. L’illusion fondée sur des recettes des exportations
4.2. Les aides aux ménages : une cible ratée
Section 5. Les résultats obtenus dans le cas de l’Afrique
subsaharienne
Chapitre 4. Les contraintes à la reprise de l’économie
de la RDC durant les crises
Introduction
Section 1. Les contraintes monétaire et budgétaire
1.1. La coordination des objectifs
1.2. Le financement de l’économie
1.3. La supervision prudentielle
1.4. Le poids de l’informelle
1.5. Les limites du principe de « dépense sur base caisse »
Section 2. L’ancrage de l’économie dans la zone dollar
2.1. Les avantages théoriques
2.2. Les effets réels
2.3. L’échec de dédollarisation
2.4. L’importante croissance de cambisme de rue
2.5. La non-maîtrise des flux et reflux internes des capitaux
2.6. Le fléau de l’évasion fiscale
Section 3. Le rapatriement mitigé des recettes d’exportation
3.1. Les firmes ignorent souvent l’imposition
3.2. L’impact négatif de la fraude douanière
Chapitre 5. Propositions de gestion anticipée des
crises en RDC
Introduction
Section 1. Les réformes structurelles
5.1. Les échecs des anciennes réformes
5.2. L’échec de libéralisation des entreprises publiques
5.3. Les échecs de privatisation
Section.2. La nouvelle vision du développement
2.1. Plans et Programmes non exécutés
2.2. L’aménagement des « zones industrielles »
2.3. La promotion du partenariat privé/public
2.4. La réhabilitation, les réformes des grosses unités et
l’appropriation technologique
Section.3. Proposition de diversification industrielle
3.1. De l’extraversion à l’introversion
3.3. La réduction du déficit courant chronique
3.4. Le choix des secteurs prioritaires
3.5. Les politiques d’accompagnement
Conclusion
Bibliographie