Vous êtes sur la page 1sur 70

CHAPITRE III

DEMANDE DE MONNAIE
ET THEORIES MONETAIRES
INTRODUCTION

Analyser la demande de monnaie,


consiste à « recenser les
déterminants de la demande de
monnaie, c’est à dire les facteurs qui
sont à l’origine des besoins de
monnaie des agents économiques ».
En d’autres termes, cela revient à
« rechercher les motifs de détention
de la monnaie ».
INTRODUCTION

Il s’agit donc de répondre aux


questions suivantes :
Pourquoi les agents non financiers
(ou unités institutionnelles du
secteur détenteur de la monnaie)
désirent-ils détenir de la monnaie ?
De quelles variables dépend cette
détention ?
INTRODUCTION

La demande de monnaie (et surtout


sa confrontation avec l’offre de
monnaie) permet(tent) de voir, de
comprendre, d’expliquer et de
prévoir les interactions entre la
monnaie, les prix et l’activité
économique (sphère réelle, surtout
croissance économique et emploi).
INTRODUCTION

Aussi, l’étude (ou l’analyse) de


la demande de monnaie est-
elle difficilement dissociable
des théories monétaires, d’où
la nécessité de répondre,
également, à d’autres
questions telles que :
INTRODUCTION

Quelle est la place de la monnaie


au sein de l’économie? Ou dit
autrement, quelle place la
monnaie occupe-t-elle dans le
fonctionnement de l’économie ?
La monnaie constitue-t-elle un
monde (une sphère) à part régi
par ses propres règles?
INTRODUCTION

La monnaie a-t-elle, au contraire, un


impact sur les variables
économiques réelles
(consommation, investissement,
emploi, croissance réelle, …),
c’est-à-dire sur la sphère réelle ou
sur l’activité économique ?
La monnaie est-elle alors neutre ou
plutôt active ?
INTRODUCTION

Pendant très longtemps (du 16e au 19e


siècle, voire 20e siècle), les économistes
(certains pré-classiques, les classiques et les
néo-classiques) ont adopté (dans leur
grande majorité) une analyse
dichotomique, c’est-à-dire une approche
(ou une analyse) opérant une séparation
stricte entre sphère réelle (activité
économique : marché des biens et services,
marché de l’emploi, …) et sphère monétaire
(marché de la monnaie).
INTRODUCTION

Cette analyse dichotomique


(ou approche dichotomique)
est allée de paire avec la
neutralité de la monnaie.
INTRODUCTION

L’approche keynésienne (ou


l’approche intégrative) rompt avec
l’analyse dichotomique et
considère à l’inverse de l’approche
traditionnelle (classique ou néo-
classique) que la monnaie exerce
des effets importants et
durables sur les variables
réelles; la monnaie est donc active.
INTRODUCTION

Aussi, est-il possible de distinguer


(en simplifiant au maximum) deux
grands courants théoriques : le
courant classique (au sens large
du terme avec ses prolongements)
et le courant keynésien (avec ses
prolongements).
Section 1
La théorie quantitative de la monnaie

La théorie quantitative de la
monnaie découle principalement
de l’analyse des classiques qui
repose sur la loi des débouchés
(ou loi de Say), d’où la nécessité
de rappeler cette loi au préalable.
1.1 La loi des débouchés

Dans son « Traité d’Économie


Politique » publié en 1803,
Jean-Baptiste Say (économiste
classique français) affirme que
« les produits s’échangent
contre les produits ».
1.1 La loi des débouchés

La monnaie procurée par la vente d’un


produit est nécessairement remise
en circulation. Chaque produit
constitue donc un débouché à
d’autres produits pour le montant de
sa valeur.
Plus précisément, Jean Baptiste Say
explicite sa loi en procédant à un
raisonnement en quatre étapes :
1.1 La loi des débouchés

- « Lorsque le dernier producteur a


terminé un produit, son plus grand désir
est de le vendre, pour que la valeur de
ce produit ne chôme pas entre ses
mains ». Un produit fini doit être vendu
le plus rapidement possible car sinon il
génère des coûts de stockage, et
surtout constitue une immobilisation de
fonds ne procurant aucun revenu.
1.1 La loi des débouchés

- « Mais il n’est pas moins empressé de


se défaire de l’argent que lui procure
sa vente, pour que la valeur ne chôme
pas non plus ». De même conserver de
la monnaie (la thésauriser) n’est source
d’aucune rémunération.
1.1 La loi des débouchés

- « Or on ne peut se défaire de son argent


qu’en demandant à acheter un produit
quelconque ». Le producteur-détenteur de
monnaie ne peut s’en débarrasser qu’en
achetant un bien de consommation ou un
bien d’équipement. S’il n’a besoin
personnellement d’aucun bien, il prêtera
cet argent en échange d’une rémunération,
et ce prêt sera immédiatement utilisé pour
un achat – car sinon pourquoi emprunter ?
1.1 La loi des débouchés

- « On voit donc que le seul fait de la


formation d’un produit ouvre dès
l’instant même, un débouché à
d’autres produits ».
Au niveau de l’ensemble de
l’économie, tout ce qui est produit
est vendu, toute offre crée sa
propre demande.
1.1 La loi des débouchés

Expliquée autrement, « pour une marchandise


qui est offerte sur le marché, des salaires
ont été versés à ceux qui ont contribué à la
production de cette marchandise. Ces
salaires vont être dépensés, ils serviront à
acheter d’autres marchandises, ou même
celle-là; de nouveaux revenus seront ainsi
payés et, en fin de compte, la marchandise
offerte – à condition qu’elle corresponde à
un besoin réel – trouvera sa propre
demande ».
1.1 La loi des débouchés

Par conséquent, il ne peut y avoir sur ou


sous-production : tout ce qui est
produit est vendu, l’offre crée sa
propre demande.
Dans une telle conception de l’économie
ou du fonctionnement de l’économie,
la monnaie ne joue pas (ou ne peut
pas jouer) un rôle important.
1.1 La loi des débouchés

En effet, « la monnaie, lorsqu’elle est


simplement ajoutée au reste de
l’économie, ne peut affecter en
profondeur l’équilibre préétabli. Les
classiques ont une image : ils parlent
du voile monétaire pour signifier que la
monnaie recouvre les phénomènes
économiques réels mais ne les modifie
pas. On dit aussi qu’elle est neutre ».
1.1 La loi des débouchés

La monnaie n’est donc qu’un voile


(idée avancée par Adam Smith)
qui masque la réalité des
échanges de biens et services.

Ainsi, la neutralité de la monnaie


va donc de paire avec la loi des
débouchés.
1.1 La loi des débouchés

La monnaie ne saurait modifier en rien la


réalité des échanges. Elle n’est qu’un
instrument de règlement (un moyen de
paiement) et n’a, par elle-même, aucune
autre valeur pour les agents qui la
détiennent. En effet, la monnaie n’est pas
détenue pour elle-même mais pour ce
qu’elle est susceptible d’acheter.
Le seul motif de détention de la monnaie,
ici, est le motif de transaction.
1.1 La loi des débouchés

De ce fait, « l’analyse réelle est régie par


la loi des débouchés de Say qui
détermine le volume de production
globale, et par les valeurs d’échanges,
ou prix relatifs des produits entre eux,
qui sont déterminées par la quantité
de travail que nécessite leur
production (théorie de la valeur-
travail) ».
1.1 La loi des débouchés

« L’analyse monétaire, quant à elle,


rend compte du niveau général
des prix. La quantité de monnaie
va déterminer les prix absolus
exprimés en unités de compte
sans influencer les prix relatifs
des marchandises fixés au niveau
de la sphère réelle ».
1.1 La loi des débouchés

Plein-emploi
de travailleurs
Niveau Demande =
(réalisé par les variations
Des salaires) de la production Production
Facteurs (loi des débouchés)
de production
Capital

Quantité de monnaie Niveau général


des prix
1.1 La loi des débouchés

Par conséquent, « la mise en


circulation de moyens de paiement
supplémentaires ne peut que faire
augmenter dans la même proportion
tous les prix absolus », laissant
inchangés les prix relatifs et donc le
volume de la production.
(// David Ricardo, David Hume, …)
1.2 Formalisation de la théorie quantitative
de la monnaie
L’idée centrale de la théorie
quantitative de la monnaie
(précurseurs : Jean Bodin 1568 –
mercantiliste français; David Hume
1752 - précurseur classique; Richard
Cantillon – précurseur classique)
est que la monnaie n’exerce
d’influence que sur le niveau
général des prix.
1.2 Formalisation de la théorie quantitative
de la monnaie
Une première formulation date de 1911,
et elle est le fait de l’économiste (et
mathématicien américain) Irving
Fisher.
Une seconde formulation émane de
deux économistes anglais
appartenant à l’école de Cambridge,
Arthur Cecil Pigou (1917) et Alfred
Marshall (1922).
1.2 Formalisation de la théorie quantitative
de la monnaie

1.2.1 Formulation de Irving Fisher:


(Approche par les transactions)

Fisher avance que « dans chaque


vente ou achat, la monnaie et les
biens échangés sont, ipso facto,
équivalents ».
1.2 Formalisation de la théorie quantitative
de la monnaie
1.2.1 Formulation de Irving Fisher:
(Approche par les transactions)
Un agent économique qui vend un bien
reçoit en contrepartie une valeur
monétaire d’un montant égal au prix
(ou à la valeur) de ce bien.
Par exemple, la valeur de la monnaie qui
a payé la voiture est forcément
équivalente au prix (à la valeur) de la
voiture achetée.
1.2 Formalisation de la théorie quantitative
de la monnaie
1.2.1 Formulation de Irving Fisher:
(Approche par les transactions)
Dès lors, « dans le total de l’ensemble
des échanges d’une année, le total de
la monnaie payée a une valeur égale à
la valeur totale des biens achetés ».
Si, dans l’année, les échanges ont porté sur
n biens xi d’un prix unitaire pi, la valeur
globale des échanges correspond à :
∑ pi xi
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

L’ensemble des n biens xi qui sont


échangés pendant l’année constitue
en fait un volume global de
transactions correspondant à une
grandeur T. Quant aux n prix pi, ils
peuvent être synthétisés dans un
indicateur P représentant une
moyenne pondérée des prix (ou
niveau général des prix).
La valeur globale des échanges peut
ainsi être notée PT.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Exemple:
Au cours d’une période de temps donnée, les
transactions suivantes ont été réalisées :
- 5 voitures au prix unitaire de 150000 dirhams;
- 6 bicyclettes au prix unitaire de 1200
dirhams;
- 4 vaches au prix unitaire de 10000 dirhams;
- 8 moutons au prix unitaire de 2000 dirhams.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Exemple: (Suite)
∑ pi xi = p1x1 + p2x2 + p3x3 + p4x4
= (150000 x 5) + (1200 x 6) + (10000 x 4) + (2000 x 8)
= 813200
∑ xi = T = 23
P = (∑ pi xi / ∑ xi) = ((150000 x 5) + (1200 x 6)
+ (10000 x 4) + (2000 x 8)) / 23 = 35356,521739…

∑ pi xi = PT = 35356,521739… x 23 = 813200
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Ces échanges ont été réglés par des


paiements d’un montant égal à PT.
Les mêmes moyens de paiement ont été
utilisés plusieurs fois au cours de
l’année (ou une période de temps
donnée). La quantité de monnaie
disponible notée M a globalement servi
pour plusieurs paiements. Si on note V la
vitesse de circulation de la monnaie, les
dépenses monétaires se sont élevées
pour l’année à MV.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Et puisque la valeur des biens échangés


est nécessairement égale à la valeur
des livraisons de monnaie, il est
possible de poser l’égalité suivante
qui constitue la formulation de base
de l’équation de I. Fisher :

MV = PT
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

M représente la masse monétaire (au


sens de moyens de paiement, c’est-à-
dire monnaie fiduciaire ou M1).
V désigne la vitesse transaction de
circulation de la monnaie, c’est-à-dire
le nombre de fois par unité de temps
qu’une unité de monnaie est utilisée
dans une transaction. // Vitesse revenu
de circulation de la monnaie, calculée
par rapport au PIB (ou au revenu).
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

P correspond au niveau général des


prix.
T désigne le volume des transactions
réalisé, au sein d’une économie
donnée, au cours d’une période de
temps donné (généralement une
année).
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

En effet, T désigne l’ensemble des


transactions réalisé, dans une
économie donnée, durant une période
de temps donnée : opérations portant
sur des biens et services, sur des
achats de consommations
intermédiaires ou encore de
rémunérations des facteurs de
productions, opérations financières,
opérations portant sur des biens
« d’occasion », …
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

La relation MV = PT ou identité est


incontestable.
Elle est toujours vérifiée puisque dans
une économie la monnaie dépensée
(MV) est nécessairement égale à la
monnaie que réclament les agents
économiques en contrepartie de la
valeur de leurs transactions (PT).
Exprimée plus simplement, le total des
ventes est toujours, et forcément, égal
au total des achats.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Parenthèse concernant la vitesse de


circulation de la monnaie:
La vitesse transaction de circulation de
la monnaie est le nombre de
transactions effectué en moyenne, au
cours d’une période de temps donnée,
par une unité monétaire.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Parenthèse concernant la vitesse de circulation de


la monnaie:
À titre d’exemple, si au cours d’une période de temps
donnée la masse monétaire nationale (au sens
étroit du terme) est de 40000 dirhams et si la
valeur (nominale) des transactions (PT) est de
160000 dirhams, la vitesse transaction de
circulation de la monnaie est égale à 4. Cela
signifie que, pour financer les transactions de cette
économie, le stock de monnaie a été utilisé 4 fois.
Dit autrement, l’ensemble des transactions n’a pu
être effectué que si chaque unité monétaire a été
utilisée en moyenne 4 fois.
V = PT / M = 160000 / 40000 = 4
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Parenthèse concernant la vitesse de


circulation de la monnaie:
La vitesse revenu de circulation de la
monnaie (définition la plus
opérationnelle et la plus simple) :
V = PIB / M, représente l’intensité
d’utilisation de la monnaie.
(L’inverse, M / PIB correspond au taux de
liquidité de l’économie)
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Parenthèse concernant la vitesse de


circulation de la monnaie:
Une baisse de V signifie que M croit plus
vite que le PIB (à prix courant), c’est-
à-dire que la monnaie est utilisée avec
moins d’intensité dans les échanges.
Tandis qu’une hausse de V signifie que
la croissance du PIB est supérieure à
celle de M, c’est-à-dire que la monnaie
est utilisée avec plus d’intensité dans
les échanges.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Parenthèse concernant la vitesse de


circulation de la monnaie:
Il s’agit de noter que plusieurs vitesses revenu
de circulation de la monnaie peuvent être
calculées:
V1 = PIB/M1; V2 = PIB/M2; V3 = PIB/M3.
La notion de vitesse revenu de circulation de la
monnaie permet d’introduire celle de
demande de monnaie.
Selon que V augmente ou baisse, nous dirons
que la demande de monnaie diminue ou
s’accroît.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Parenthèse concernant la vitesse de


circulation de la monnaie:
Il est important d’expliciter la demande
de monnaie et de mettre en évidence
ses motivations.
En effet, « savoir ce qui détermine cette
demande de monnaie est évidemment
capital si l’on veut avoir une chance
de contrôler la croissance
monétaire ».
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Parenthèse concernant la vitesse de


circulation de la monnaie:
Des travaux empiriques, effectués sur des
périodes relativement longues dans
différents pays, ont identifié les quatre
principaux déterminants économiques
(traditionnels // innovations financières)
de la demande de monnaie.
Dans un sens positif: la production, les
revenus et les prix.
Dans un sens négatif: les taux d’intérêt.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

À partir de la relation comptable


(équation des échanges ou identité
comptable): MV = PT
(// MV = PIB à prix courants)
et de trois hypothèses simples
et simplistes, Irving Fisher tire une
relation de causalité entre la masse
monétaire et les prix.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Hypothèses :
- Stabilité à court terme de la vitesse de
circulation de la monnaie (V constant).
La vitesse de circulation de la monnaie
dépend d’un certain nombre de facteurs
structurels (techniques de paiement,
institutionnels voire conventionnels, …)
qui se modifient très peu à court terme.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Hypothèses :
- Plein emploi des capacités de production
(T constant, déterminé au niveau de la
sphère réelle). Cette hypothèse découle
de la loi des débouchés, l’offre crée sa
propre demande (il n’y a pas de
chômage involontaire car il y a une
flexibilité des salaires); l’économie est
toujours en situation d’équilibre de
plein emploi.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Hypothèses :
- Les autorités monétaires maîtrisent
parfaitement la masse monétaire
(caractère exogène de l’offre de
monnaie).
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Sous ces trois hypothèses (les variables


V et T sont données, fixées, stables,
exogènes), toute variation de la
quantité de monnaie en circulation
(de la part des autorités monétaires car
l’offre de monnaie est exogène) se traduit
nécessairement par un changement
proportionnel du niveau général des
prix.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Ainsi, si M triple, V et T sont constants


(stables), alors P triple, car
l’ajustement ne peut s’effectuer que
par une hausse proportionnelle des
prix.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Ainsi, tout accroissement de la quantité


de monnaie en circulation à des fins de
relance de l’activité économique est :
- Inefficace car cela n’affecte pas l’offre
globale de biens et services.
- Inutile car l’économie est déjà en situation
(d’équilibre) de plein emploi.
- Dangereux car cela provoque de
l’inflation.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Par conséquent, tout accroissement


de la quantité de monnaie en
circulation à des fins de relance
de l’activité économique ne peut
être que source d’inflation.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Fisher retrouve les deux points


évoqués par les classiques
séparation stricte entre sphère
réelle et sphère monétaire d’une
part et d’autre part neutralité de la
monnaie.
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Les principales critiques adressées à la


théorie quantitative de la monnaie sont :
La vitesse de circulation de la monnaie
n’est pas stable même à court terme,
l’équilibre n’est pas toujours un
équilibre de plein emploi, l’offre de
monnaie est endogène, le sens de la
relation, la hausse des prix n’est pas
forcément proportionnelle à la variation
de le masse monétaire, la hausse des
prix n’est pas homogène pour tous les
biens et services, …
1.2.1 Formulation de Irving Fisher

Il s’agit de remarquer également que le


lien, entre la masse monétaire et les
prix, établi par Fisher est purement
mécanique, mathématique.
I. Fisher ne montre (n’explique)
nullement par quel mécanisme une
variation de l’offre de monnaie induit
uniquement une variation des prix.
L’école de Cambridge apporte, à ce
sujet, un éclairage indéniable.
1.2.2 Formulation de la demande de
monnaie de l’école de Cambridge
(Analyse par les encaisses)

Arthur Cecil Pigou et Alfred Marshall,


transforment l’équation des
échanges de I. Fisher en une
fonction de demande de monnaie.
L’apparition pour la première fois de la
notion de demande de monnaie est
liée à l’école de Cambridge.
1.2.2 Formulation de la demande de
monnaie de l’école de Cambridge
(Analyse par les encaisses)
Pour ces économistes, les agents
économiques cherchent à détenir de la
monnaie pour faire face à l’absence de
synchronisation entre la perception des
revenus (recettes) et leurs dépenses. Les
agents non financiers expriment, ainsi, une
demande de monnaie ou plus précisément
une demande d’encaisses réelles (fonction
croissante du revenu réel) qui se présente
sous la forme suivante:
MD / P = k Y (ou MD = k PY)
1.2.2 Formulation de la demande de
monnaie de l’école de Cambridge

MD : demande de monnaie
P : niveau général des prix
(MD / P) : demande d’encaisses réelles
k : part du revenu réel que les agents
économiques cherchent à détenir sous
forme de monnaie. Il est possible d’en
déduire que k = 1/V, avec V vitesse revenu de
circulation de la monnaie.
Y : revenu réel
1.2.2 Formulation de la demande de
monnaie de l’école de Cambridge

L’encaisse réelle désirée (MD / P) est une


proportion constante k du revenu réel Y.

Le coefficient k représente la disposition


des agents économiques à conserver
en moyenne un certain pourcentage de
leur revenu réel sous forme monétaire.
1.2.2 Formulation de la demande de
monnaie de l’école de Cambridge

Dit autrement, les agents économiques


définissent leurs besoins en monnaie
non en termes nominaux mais en
termes réels, c’est-à-dire qu’ils désirent
détenir sous forme de monnaie un
certain pouvoir d’achat.
En se basant sur cela, Pigou va s’attacher
à retrouver et surtout à expliquer le
lien causal entre monnaie et prix à
travers le mécanisme appelé effet
d’encaisses réelles ou effet Pigou.
1.2.2 Formulation de la demande de
monnaie de l’école de Cambridge

Partant d’une situation d’équilibre


(c’est-à-dire d’un niveau d’encaisses
réelles désirées donné), si l’offre de
monnaie augmente (Ms), les agents
économiques perçoivent de la
monnaie supplémentaire, à niveau
de prix inchangé, cela accroît leurs
encaisses réelles (MD / P augmente).
1.2.2 Formulation de la demande de
monnaie de l’école de Cambridge

Les agents, qui jusque là détenaient


des encaisses à un niveau qu’ils
jugeaient satisfaisant pour assurer
leurs transactions, se retrouvent
avec des encaisses réelles
excédentaires (encaisses réelles
supérieures à leurs encaisses
réelles désirées). Ils dépensent cet
excédent (pour ne garder que
l’encaisse réelle désirée) sur le
marché des biens et services.
1.2.2 Formulation de la demande de
monnaie de l’école de Cambridge
Ce comportement entraîne un
accroissement de la demande de
biens et services. Mais comme en
situation de plein-emploi des facteurs
de production, il n’est pas possible de
produire plus, la pression sur la
demande augmente les prix. Cette
hausse des prix réduit la valeur réelle
des encaisses monétaires détenues
par les agents économiques jusqu’au
moment où les encaisses réelles
retrouvent leur valeur initiale.
1.2.2 Formulation de la demande de
monnaie de l’école de Cambridge
Pigou explique ainsi le mécanisme par
lequel une modification de la
quantité de monnaie entraîne
seulement (uniquement) une
modification des prix.
Il est possible de tirer de ce qui
précède, les mêmes conclusions
vision dichotomique (// à nuancer…) et
neutralité de la monnaie auxquelles
sont parvenues les classiques et
Fisher.
1.2.2 Formulation de la demande de
monnaie de l’école de Cambridge

Il s’agit de noter que ces économistes de


l’école de Cambridge se distinguent de
leurs prédécesseurs, en formulant pour
la première fois une demande de
monnaie (fonction croissante du revenu
réel) d’une part et d’autre part en
explicitant le mécanisme par lequel une
variation de la masse monétaire influe
uniquement sur les prix (ou sur le
niveau général des prix).
1.2.2 Formulation de la demande de
monnaie de l’école de Cambridge

Cette approche de la demande de monnaie,


en s’appuyant sur des hypothèses
hautement restrictives (stabilité à court
terme de la vitesse de circulation de la
monnaie, plein emploi des facteurs de
production, …) et en écartant des
variables clés (tels que le taux d’intérêt,
la demande, …), a été fortement
critiquée et remise totalement en cause
par J. M. Keynes.

Vous aimerez peut-être aussi