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Filière : Sciences Economiques et Gestion

Module : Economie Monétaire et financière I

Pr. BELAKBIRA Faycel

Année universitaire 2023/2024


PLAN

Introduction

Chapitre I: La monnaie : fonctions et formes

Chapitre II: La mesure de la monnaie

Chapitre III: L'offre et la demande de monnaie

Conclusion
Bibliographie :
 « Monnaie, banque et marchés financiers » Frederic MISHKIN , Nouveaux
Horizons , 10e édition, 2013.

 « Economie monétaire : Théories et Politiques » , Beitone, Alain, ARMAND


COLIN, 2017.

 « La monnaie : une approche actuelle de l’économie monétaire » Kamal Tazi,


Editions 1997.

 « Economie monétaire et financière » Jean François Goux, 3ème Edition


Economica 1998.

 « La monnaie & ses mécanismes » D.Plihon, Repères, 2008.

 « Macroéconomie » Gregory Mankiw , Nouveaux Horizons, 2009.


Sites à consulter:

 Banque AL-Maghrib: www.bkam.ma

 Fonds monétaire international : www.imf.org

 Ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de


l’Administration: www.finances.gov.ma

 Haut -Commissariat au Plan : www.hcp.ma

 Conseil Economique, Social et Environnemental: www.cese.ma


Introduction
L’économie monétaire et financière est un domaine de l’analyse économique dont le
principal objet d’étude est la monnaie et les mécanismes de financement de
l’économie

Intérêt d’ordre général:

 Saisir l’importance, l’étendue, la richesse (la diversité) et la complexité des


questions monétaires et financières

 Apporter les connaissances et le vocabulaire économique de base concernant la


monnaie et la finance

 Fournir un premier aperçu du rôle important de la monnaie, du système bancaire et


de la politique monétaire dans l’économie
Introduction

Intérêt d’ordre spécifique:

 Tout agent économique (non financier) au cours de son existence se trouve


confronter à des questions monétaires et/ou financières (pouvoir d’achat,
demande de crédit, ouverture d’un compte bancaire, achat ou vente de
devises, utilisation d’une carte bancaire, hausse ou baisse des taux
d’intérêt…

 La monnaie est au cœur du fonctionnement de nos sociétés. Elle y occupe


une place centrale.
Introduction
Qu’est-ce Que La Monnaie?

 Les économistes définissent la monnaie comme tout ce qui est généralement


accepté en paiement de biens ou de services ou pour le remboursement de dettes,

 Le patrimoine = la monnaie possédée + les autres actifs que sont les biens
mobiliers (voitures, meubles, titres comme les actions ou les obligations) et les
biens immobiliers (terres et immeubles),

 Le revenu correspond à un flux de gains monétaires mesurés par unité de temps,

 La monnaie est plus large que le numéraire, mais plus restreinte que le
patrimoine, et différente du revenu,
D’où ; la monnaie = stock revenu = flux
le stock d’actifs immédiatement disponible pour acheter des biens ou des services.
Introduction

Qu’est-ce Que La Monnaie?

 « La monnaie recouvre une notion extrêmement complexe, à la fois


difficile à définir et à quantifier » Michel Ruimy

 Notre vie quotidienne est tellement imprégnée de la monnaie qu’une


personne naïve peut être tentée de dire « point besoin de définir la
monnaie, lorsque je la vois je la reconnais », Christian Ottavj

 Absence de définition directe de la monnaie qui soit considérée comme


complète et parfaite Il n’y a pas une seule mais plusieurs définitions
(indirectes) de la monnaie (…)
Introduction

Qu’est-ce Que La Monnaie?

L’étymologie du mot « monnaie »:

 Le mot français « monnaie » ou anglais « money » a pour origine le mot


latin « Moneta » qu’il est possible de traduire par « celle qui avertit », «
celle qui donne son avis », « celle qui conseille » ou « celle qui prédit ».

 « Moneta » était le surnom donné à la déesse Junon à qui on attribuait le


pouvoir d’annoncer les évènements à venir. Sur le capitole de Rome, un
temple était dédié à cette déesse et on y frappait des pièces de monnaie
métalliques.
Chapitre I: La monnaie : fonctions et formes

Nous allons traiter ce chapitre en répondant à deux sous-questions:

 Quelles sont les fonctions de la monnaie? A quoi sert la monnaie?

 Quelles sont les formes de la monnaie? En quoi consiste la monnaie?


Section 1: Les fonctions de la monnaie

L’approche fonctionnelle de la monnaie est en réalité très ancienne, elle est


attribuée à Aristote (384-322 avant JC). En effet, il fut le premier à
reconnaître à la monnaie trois fonctions :
- Intermédiaire des échanges
- Unité de compte (étalon de valeur)
- Réserve de valeur
Il existe plusieurs définitions de la monnaie mais la définition de la monnaie à
travers ses fonctions est la plus couramment développée en économie
politique.

« Certains objets trouvent dans l’usage que l’on en fait leur meilleure
définition. C’est le cas de la monnaie ». R.G. Hawtrey (1879 – 1975)
Section 1: les fonctions de la monnaie

§1.La monnaie intermédiaire des échanges

La monnaie sert d’intermédiaire des échanges dans toutes les transactions de


marché dans les économies modernes.

C’est la première et la plus importante fonction de la monnaie.

Elle sert à payer les biens et services que l’on achète c’est-à-dire à régler
n’importe quelle transaction, et à payer n’importe quelle dette. Parfois la
monnaie est qualifiée d’« équivalent général », car seule la monnaie peut-
être échangée contre tous les biens et services.
Section 1: Les fonctions de la monnaie

§1.La monnaie intermédiaire des échanges

« La monnaie est un instrument de paiement indéterminé, général et


immédiat » F.PERROUX

➔ Indéterminé: parce qu’il doit permettre de payer n’importe quelle dette et


d’acquérir n’importe quel bien ou service,

➔ Général: parce qu’il doit être admis en tout lieu à tout moment par tout le
monde,

➔ Immédiat: parce que son transfert doit permettre de régler instantanément


et de manière définitive les achats et les dettes.
Section 1: Les fonctions de la monnaie

§1.La monnaie intermédiaire des échanges

Économie de troc (// économie monétaire)

 Quelles sont alors les conditions nécessaires pour qu’il y ait échange
dans une économie de troc ?
 Les deux agents expriment dans un même lieu, au même moment des
besoins parfaitement complémentaires

 Les deux agents soient dans un même endroit et en même temps

 Que l’un souhaite acheter un bien x et l’autre vendre un bien y (pour les
mêmes quantités)

 De se mettre d’accord sur un rapport d’échange

 Une divisibilité des biens


Section 1: Les fonctions de la monnaie

§1.La monnaie intermédiaire des échanges

 Le troc requiert des conditions extrêmement restrictives ce qui génère


plusieurs coûts de transaction (coûts d’attente, coûts d’information ou
coûts de recherche….)

 D’où l’idée d’introduire la monnaie comme intermédiaire des échanges


afin de remédier aux inconvénients du troc.

 La monnaie permet de séparer l’opération d’achat de celle de vente


Section 1: Les fonctions de la monnaie

§2.La monnaie unité de mesure des valeurs (étalon de valeur)

La deuxième fonction de la monnaie est de fournir une unité de compte. La


monnaie permet de mesurer la valeur des biens et services dans une unité
commune.

La monnaie est un moyen d’exprimer la valeur de chaque bien par rapport à


une référence unique, et permet ainsi d’assurer des comparaisons de valeurs
entre les biens et services et d’établir une échelle générale des prix.
Section 1: Les fonctions de la monnaie

§2.La monnaie unité de mesure des valeurs

Pour comprendre l’importance de cette fonction d’unité de compte, imaginons


de nouveau une économie de troc:

 Si on est dans une société de troc avec deux biens A et B. On a x unités de


A = y unités de B ➔ Un seul rapport de prix ou prix relatif (A, B).

 Dans une société de troc avec trois biens A, B et C, il s’agit de déterminer


trois prix relatifs: (A, B); (A, C); et (B, C) pour pouvoir échanger.

 Dans une société de troc avec n biens, il s’agit de déterminer: n(n – 1) / 2


prix relatifs
Section 1: Les fonctions de la monnaie

§2.La monnaie unité de mesure des valeurs

Dans une économie de troc, au fur et à mesure que le nombre de biens (et
services) destinés à l’échange augmente, l’échange devient donc de plus en
plus difficile voir impossible du fait du nombre extrêmement élevé de prix
relatifs à déterminer.

➔ D’où l’idée d’introduire un bien comme unité de compte de manière à


réduire le nombre de prix relatifs à déterminer.

En choisissant, dans une première étape, comme unité de compte un bien


parmi les biens éligibles à l’échange, il est possible de diminuer de manière
très substantielle le nombre de prix relatifs à déterminer:
Section 1: Les fonctions de la monnaie

§2.La monnaie unité de mesure des valeurs

 Dans une société de troc avec quatre biens (A, B, C et D) où A est choisi comme
unité de compte (monnaie-marchandise), on déterminera donc uniquement trois
prix relatifs: (A, B); (A, C); et (A, D).

 Dans le cas d’une société de troc avec n biens et lorsque l’un de ces biens est pris
comme unité de compte, on déterminera seulement (n – 1) prix relatifs.

 La dernière et ultime étape est le passage de la monnaie-marchandise


comme unité de compte à celle de l’unité de compte abstraite (par
convention, le prix de cette unité de compte est égal à 1). On parle alors
non plus d’économie de troc mais d’économie monétaire.
Section 1: Les fonctions de la monnaie

§3.La monnaie réserve de valeur ou instrument d’épargne

La monnaie sert également de réserve de valeur ou instrument d’épargne dans


la mesure où elle permet de différer l’utilisation d’un revenu et sert ainsi à
épargner du pouvoir d’achat entre le moment où un revenu est perçu et le
moment où il est dépensé.

La monnaie n’est pas la seule réserve de valeur. Les terres, les maisons, les
œuvres d’art, les bijoux, les actions, les obligations peuvent être utilisés
comme réserve de valeur.

Beaucoup de ces actifs ont même comme réserve de valeur des avantages sur la
monnaie parce qu’ils rapportent souvent à leurs détenteurs un intérêt substantiel ou
s’apprécient avec le temps.
Section 1: Les fonctions de la monnaie

§3.La monnaie réserve de valeur ou instrument d’épargne

Même si ce n’est pas la réserve de valeur la plus rentable, les agents


économiques sont prêts à détenir de la monnaie parce que c’est un actif
parfaitement liquide et donc immédiatement utilisable comme instrument
d’échange.

La qualité de la monnaie dépend en fait de l’évolution des prix. Par exemple, si tous
les prix des biens doublent, la valeur de la monnaie sera divisée par deux.

La fonction de réserve de valeur n’est donc qu’imparfaitement assurée en


raison de l’inflation qui fait qu’une même quantité de monnaie, à l’instant
t+1, a une valeur d’usage moins importante qu’à l’instant t. Ce phénomène de
perte de valeur de la monnaie s’appelle « l’érosion monétaire ».
Section 1: Les fonctions de la monnaie

§3.La monnaie réserve de valeur ou instrument d’épargne

A travers la fonction de réserve de valeur, La monnaie constitue ainsi l’actif le plus


liquide du patrimoine

On distingue trois catégories d’actifs en fonction de leur degré de liquidité :

– Les actifs monétaires (billets et pièces, comptes courants bancaires,


comptes courants rémunérés) ;

– Les actifs financiers (actions et titres de créance) ;

– Les actifs réels (biens immobiliers, machine industrielle par exemple).


Section II: Les formes de la monnaie

 Lpremières formes de la monnaie

 Les formes actuelles de la monnaie


Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie


I– Les monnaie-marchandises ou paléo monnaies (paléo=ancien)
Les premières formes de monnaie consistaient à prendre un bien parmi les biens
éligibles à l’échange comme instrument de paiement ou intermédiaire des échanges.
Le fait de prendre un bien comme intermédiaire des échanges permet de dépasser le
problème majeur du troc direct qui est le problème de la double coïncidence des
désirs et qui se traduit par le fait que l’individu est à la fois acheteur et vendeur.
Lorsqu’on prend un bien parmi ceux échangés comme intermédiaire des échanges, le
blé par exemple qui devient monnaie-marchandise, cela permet de fractionner
l’échange en deux temps, et l’individu n’est plus obligé d’être à la fois acheteur et
vendeur :
1. On cède l’objet à vendre contre x quantité de blé
2. Avec x quantité de blé, on achète le bien qu’on désire.
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie


I– Les monnaie-marchandises ou paléo monnaies (paléo=ancien)
On est donc passé du troc direct au troc indirect par l’intermédiaire d’un bien, le blé,
qui devient monnaie marchandise. Les exemples de monnaie-marchandise sont
nombreux : sucre, sel, blé, café, tête de bétail, coquillage, coton.
Pour qu’un bien soit accepté comme monnaie par tous les individus d’une
communauté, il fallait qu’il soit très utilisé dans la vie courante et/ou qu’il ait une
valeur symbolique.
Mais les monnaie-marchandises ne pouvaient remplir convenablement et durablement
leur rôle de monnaie en raison de:
 leur caractère hétérogène
 indivisible
 et périssable .
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie

I– Les monnaie-marchandises ou paléo monnaies (paléo=ancien)

Les sociétés ont alors orienté leur choix vers les métaux précieux tels que
l’argent, l’or, le cuivre et le bronze… Ces métaux précieux présentaient
plusieurs avantages comme intermédiaire des échanges dans la mesure où ils
étaient divisibles, non périssables et plus facilement transportables.
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie


II- Les monnaies métalliques
1.De la monnaie pesée à la monnaie frappée
a) la monnaie pesée
Au départ, les métaux précieux prenaient diverses formes : pépites, poudre, barres ou
lingots. Chaque bien valait son pesant d’or ou d’argent. Pour acheter un bien, il fallait
donc peser le métal utilisé pour l’acheter. Par exemple, pour acheter un paquet de thé
qui vaut deux grammes d’or, il fallait peser l’or. C’est ce qu’on appelle la monnaie
pesée.
Ce mode de paiement présentait plusieurs inconvénients : C’était un mode de
paiement coûteux et lourd parce qu’il nécessitait la présence d’un peseur expert
avec sa balance.
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie


II- Les monnaies métalliques
1.De la monnaie pesée à la monnaie frappée
b) La monnaie comptée
Les métaux sont transformés en pièces (boules, disques, rondelles) de petite taille dont
la dimension et la teneur sont plus ou moins normalisées. Pour chaque paiement, il
suffisait de compter les pièces puisque le poids de chacune d’elles était supposé connu.
Par exemple, pour acheter un paquet de thé qui vaut 2 grammes d’or, il fallait 2 pièces
de 1 gramme.
L’inconvénient de cette monnaie est qu’elle n’excluait pas les possibilités de
falsification quant au poids et au contenu du métal, ce qui nécessitait la présence du
fameux peseur-expert surtout pour les paiements importants d’où le passage à la
monnaie frappée.
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie

II- Les monnaies métalliques

1.De la monnaie pesée à la monnaie frappée

c) La monnaie frappée

La frappe de la monnaie est l’opération qui consiste à fabriquer des pièces de


monnaie et, pendant la phase de fabrication à produire des empreintes sur les
deux faces de la pièce en faisant figurer sur une face un symbole gravé et sur
l’autre face une marque (signature) indiquant le poids de la pièce en métal
précieux.
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie


II- Les monnaies métalliques
1.De la monnaie pesée à la monnaie frappée
c) La monnaie frappée

L’atelier ou le lieu dans lequel la monnaie métallique était frappée c’est à dire
l’endroit où les barres, lingots, pépites d’or et d’argent étaient transformées en
pièces de monnaie portait le nom d’Hôtel des Monnaies.

L’intérêt de la frappe de monnaie était que le contenu en métal des pièces de


monnaie était garanti, ce qui rendait caduque la présence du peseur-expert et
facilitait ainsi les échanges.
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie


II- Les monnaies métalliques
1.De la monnaie pesée à la monnaie frappée
c) La monnaie frappée
La frappe de monnaie est passée par deux phases :
Au départ, la frappe de monnaie était libre c'est-à-dire qu’elle n’était soumise à aucun
contrôle. Les détenteurs de métaux précieux, essentiellement les commerçants,
apportaient à l’Hôtel des Monnaies les barres ou les lingots de métaux précieux
susceptibles d’être transformés en pièces.
Par la suite, et compte tenu du pouvoir que confère la possession et la fabrication des
pièces, le Prince (Roi, Souverain et Etat par la suite) va s’octroyer le privilège et le
monopole de frapper les pièces. On parle de droit régalien (droit inhérent à la
monarchie) de battre monnaie ou de seigneuriage. La frappe légale a remplacé la
frappe libre.
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie


II- Les monnaies métalliques

2. Du bimétallisme au monométallisme

Le développement du commerce et les besoins grandissants de l’Etat en


monnaie ont rendu nécessaire l’augmentation des pièces de monnaie
fabriquées. Ces besoins grandissants en monnaie conjugués à la rareté
structurelle des métaux précieux ont eu pour conséquence le fait que la valeur
nominale ou faciale était de plus en plus supérieure à la valeur réelle ou
intrinsèque d’une pièce de monnaie, ce qui permettait de fabriquer avec une
même quantité de métal plus de pièces de monnaie.
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie


II- Les monnaies métalliques
2. Du bimétallisme au monométallisme
Afin de faire accepter ces nouvelles pièces de monnaie, le pouvoir politique leur donna
cours légal, c'est-à-dire que chaque individu était dans l’obligation d’accepter les
pièces de monnaie comme règlement d’une transaction.

Les anciennes pièces de monnaie de bonne qualité ont ainsi peu à peu disparu de la
circulation parce qu’elles étaient thésaurisées (conservées de manière oisive ou
inactive) et c’étaient les nouvelles pièces de mauvaise qualité qui étaient utilisées dans
les échanges. On parle de démonétisation des anciennes pièces et de monétisation des
nouvelles pièces. Ce phénomène est aussi connu sous le nom de « Loi de Gresham »
du nom du financier Thomas Gresham qui l’a énoncé au 16ème siècle : « la mauvaise
monnaie chasse la bonne »
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie


II- Les monnaies métalliques

2. Du bimétallisme au monométallisme

Parallèlement, les préférences des agents économiques ont porté sur l’or et
l’argent comme métaux précieux, métaux considérés comme plus beaux et
plus rares que les autres métaux.

La monnaie métallique s’est caractérisée principalement par deux systèmes


monétaires :

 Le bimétallisme (18ème siècle/début du 19ème)

 Le monométallisme (début 19ème- début 20ème )


Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie


II- Les monnaies métalliques

2. Du bimétallisme au monométallisme

a) Le bimétallisme

C’est un système où l’or et l’argent ont tous les deux la fonction de monnaie et ont un
rapport légal fixe.
1 Franc=1 gr d’or=15,5 gr d’argent (l’or ayant une valeur 15,5 fois supérieure à
celle de l’argent)
Le bimétallisme a présenté très vite des difficultés de fonctionnement parce que le
rapport commercial entre les deux monnaies (fonction de l’offre et de la demande de
monnaie) devenait très vite différent du rapport légal qui était fixe, à chaque fois qu’il
y avait découverte de gisements d’or ou d’argent.
Le système de bimétallisme était de fait un « monométallisme or » ou un
monométallisme argent. ➔Bimétallisme boiteux
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie


II- Les monnaies métalliques

2. Du bimétallisme au monométallisme

b) Le monométallisme

C’est un système dans lequel la valeur de la monnaie est définie par rapport à un seul
métal : l’or ou l’argent. La monnaie est finalement exprimée en or et on parle alors de
monométallisme ou Etalon-or qui fut adopté par l’Angleterre, première puissance
économique de l’époque, au début du 19ème siècle (en 1816), par les Etats-Unis en
1853, l’Allemagne en 1873 et la France en 1876. L’Etalon-or (Gold Standard) devient
le système monétaire international au sein duquel toutes les monnaies ont une valeur
exprimée en or.
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie

III- La monnaie-papier ou billet de banque

 Le billet de banque est né parallèlement aux formes métalliques de la monnaie

 A l’origine, le billet de banque est un certificat de dépôt (ou certificat d’or) c'est-
à-dire un reçu attestant le dépôt d’une quantité de métaux précieux chez des
orfèvres ou dans des banques:

 A Londres, dès 1640, les commerçants ont commencé à déposer leurs métaux
précieux dans les coffres-forts des orfèvres. En contrepartie de leurs dépôts, ils
recevaient un certificat de dépôt qui était nominatif et détaillé au départ. Ce
certificat permettait aux marchands de récupérer à tout moment, après avoir payé
un droit de garde très faible, les mêmes objets qu’ils avaient déposé.
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie

III- La monnaie-papier ou billet de banque

 Les orfèvres londoniens se sont transformés en banques de dépôt à partir du


moment où, sur les reçus, ne figuraient plus que la valeur en livres sterling des
objets mis en dépôt.
 Au départ, la valeur des certificats en circulation correspondait exactement à la
valeur des métaux précieux déposés dans les coffres-forts des banques. Mais
progressivement, les certificats sont de plus en plus utilisés comme moyen de
paiement parce qu’ils étaient plus faciles à dissimuler, à manipuler et à transporter,
ce qui réduisait sensiblement les risques de vol. Les orfèvres se sont alors rendus
compte que la part des certificats qui était réellement convertie en métaux
précieux était faible et qu’il était possible d’émettre de nouveaux reçus qui
n’avaient pas leur contrepartie en métaux.
 La valeur des certificats émis est alors devenue supérieure à celle du stock de
métaux précieux c’est à dire que la couverture des certificats en circulation par
l’encaisse métallique n’était plus que partielle.
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie

III- La monnaie-papier ou billet de banque

 A partir de ce moment, il était possible de parler de billets de banque et non plus


de certificats parce que l’émission ne se faisait plus uniquement en contrepartie du
stock de métaux précieux

 La viabilité de ce système d’émission reposait essentiellement sur l’absence de


conversion généralisée des billets en métaux. En d’autres termes, le système était
viable tant que les porteurs de billets ne demandaient pas tous en même temps
d’être remboursés en métaux précieux. La valeur des billets de banque ne reposait
donc pas sur leur valeur intrinsèque qui était quasiment nulle mais sur la confiance
(fiducia en latin) dans la capacité des banquiers à convertir leurs billets en métaux
précieux, d’où le nom de monnaie fiduciaire pour désigner ces billets.
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie

III- La monnaie-papier ou billet de banque

 L’apparition de graves crises pendant les 17ème et 18ème siècles (guerres,


révolutions) ont créé un climat d’incertitude et ont ainsi ébranlé la confiance des
détenteurs de billets qui se sont rués vers les banques afin de convertir leurs billets
en métaux précieux (or et argent) car seuls l’or et l’argent avaient une valeur
intrinsèque.

 Face à cette demande massive de conversion et aux émissions très importantes de


billets par rapport aux réserves, les banques se sont retrouvées dans l’incapacité de
rembourser les détenteurs de billets, ce qui s’est traduit par la faillite de plusieurs
banques et l’apparition au début du 19ème siècle d’un débat concernant la
réglementation de l’émission des billets de banque.
Section II: Les formes de la monnaie

§1 : les premières formes de la monnaie


III- La monnaie-papier ou billet de banque
Deux écoles se sont opposées en Angleterre :
 La Currency School ou Ecole de la Circulation (David Ricardo, Henri Thornton)
défendaient le « currency principle » selon lequel le montant des billets en circulation devait
exactement correspondre à l’encaisse métallique de la banque émettrice. L’offre de monnaie
est exogène parce qu’elle dépend de facteurs extérieurs tels que la découverte de gisements
d’or ou d’argent.
 La Banking School ou Ecole de la Banque (Thomas Tooke) recommandait le « banking
principle » c'est-à-dire une liberté d’émission monétaire en fonction des besoins de
l’économie. L’idée est que la banque peut émettre des billets pour une valeur supérieure à ses
réserves en or et en argent (offre de monnaie endogène)
 Bien que diamétralement opposées, ces deux écoles étaient d’accord sur la nécessité de
limiter le droit d’émission des banques privées et de préparer le monopole de la Banque
d’Angleterre en matière d’émission de billets.
Section II: Les formes de la monnaie
§1 : les premières formes de la monnaie
III- La monnaie-papier ou billet de banque
 Lorsque l’Etat s’empara du monopole d’émission des billets, il les dota du cours
légal c'est-à-dire que tout agent économique était dans l’obligation de les accepter
en paiement. Les billets acquirent alors la qualité de monnaie.
 Ces deux systèmes ne pouvaient fonctionner de manière durable : la couverture
totale des billets en circulation par les réserves en or était très difficile à réaliser, et
le principe de la banque était affecté par le climat de méfiance et d’incertitude qui
régnait à l’époque.
 C’est ce qui a poussé les pouvoirs publics à suspendre la convertibilité des billets
en or (fin de l’Etalon-Or où la monnaie est librement convertible en or et fixation
du cours forcé).
 Le billet de banque est alors une véritable monnaie qui a à la fois cours légal et
cours forcé.
Section II: Les formes de la monnaie

§2 : les formes actuelles de la monnaie


Actuellement, la monnaie (au sens strict ou sens étroit du terme) comprend:

 les billets de banque ou monnaie fiduciaire,

 les pièces de monnaie ou monnaie divisionnaire

 et la monnaie scripturale.
Section II: Les formes de la monnaie

§2 : les formes actuelles de la monnaie

I – Les billets de banque ou monnaie fiduciaire

Il s’agit de coupures émises exclusivement par la banque centrale en contrepartie


d’opérations définies par ses statuts: concours à l’Etat ou acquisitions d’avoirs en or et
en devises. Les billets en circulation sont inscrits au passif du bilan de la banque
centrale. Le billet actuel (c'est-à-dire dont la valeur n’est pas basée sur une contrepartie
en or) a été créé par le banquier suédois Johan Palmstruch en 1661. Le billet est doté
du cours légal et du cours forcé.

Au Maroc, Bank Al-Maghrib, à travers DAR AS-SIKKAH, (article 16, 1er alinéa des
statuts de Bank Al-Maghrib) a le monopole d’émission des billets. Les billets de
banque ont un pouvoir libératoire (somme maximale que l’on peut payer légalement
avec des exemplaires d’une même monnaie) illimité.
Section II: Les formes de la monnaie

§2 : les formes actuelles de la monnaie


II- Les pièces de monnaie ou monnaie divisionnaire
Les pièces de monnaie prennent aujourd’hui la forme de pièces en alliages
d’aluminium, de cuivre ou de nickel dont la valeur faciale est très supérieure à la
valeur intrinsèque.
La monnaie divisionnaire est émise actuellement par Dar As–Sikkah, la quantité émise
étant fonction de la demande du public qui en a besoin pour l’achat de marchandises
de faible valeur.
Le pouvoir libératoire des pièces de monnaie émises par la Banque centrale est limité.
Au Maroc, un agent économique n’est tenu d’accepter un paiement en pièces que
jusqu’à 50 fois la valeur faciale de celles-ci (exemple: le pouvoir libératoire est limité
pour les pièces de 10 dirhams à 500 dirhams et pour les pièces de 1 dirham à 50
dirhams).
Section II: Les formes de la monnaie
§2 : les formes actuelles de la monnaie
III – la monnaie scripturale
 Le terme « scripturale » provient du latin « scriptum » qui signifie « écriture ». La
monnaie scripturale est un simple jeu d’écriture sur les livres des banques. Il s’agit
par un simple jeu d’écriture de débiter ou de créditer des comptes au niveau des
banques. C’est une monnaie qui passe de compte à compte au lieu de circuler de la
main à la main.
 La monnaie scripturale est apparue en Europe dès le 16ème siècle lorsque les
banquiers inscrivaient dans leurs livres le montant des pièces que les marchands
leur déposaient en échange desquelles ils délivraient des certificats de dépôt ou
lettres de change ou bons qui étaient payables en monnaie au porteur de la lettre (la
lettre de change : écrit par lequel un créancier, le tireur, ordonne à son débiteur, le
tiré, de payer une certaine somme à une échéance déterminée à un tiers, le
bénéficiaire).
Section II: Les formes de la monnaie

§2 : les formes actuelles de la monnaie


III – Origine de la monnaie scripturale
 Avec l’ouverture par les banquiers de succursales dans les principales
villes, la lettre de change est devenue un instrument de circulation de la
monnaie scripturale. La monnaie scripturale offrait une plus grande
commodité par rapport aux pièces, tout comme les billets, mais une plus
grande sécurité que dans le cas des billets puisque les marchands ne
transportaient rien avec eux sur les routes et ne risquaient donc pas de se
faire voler.
Section II: Les formes de la monnaie

§2 : les formes actuelles de la monnaie

III – La monnaie scripturale

La monnaie scripturale constitue la principale forme de monnaie dans les


économies modernes. Elle correspond à l’ensemble des dépôts bancaires c'est-
à-dire aux sommes inscrites au crédit des comptes des agents économiques au
niveau des institutions financières, essentiellement les banques commerciales.

La monnaie scripturale est donc une monnaie des banques dites de second
rang, alors que les billets et les pièces sont des monnaies de la banque de
premier rang c'est-à-dire la banque centrale.
Section II: Les formes de la monnaie

§2 : les formes actuelles de la monnaie

III – La monnaie scripturale

Le développement de la monnaie scripturale s’explique principalement par les


avantages qu’elle présente par rapport à la monnaie fiduciaire :

 Elle permet le règlement d’échanges sans déplacement physique des


personnes grâce par exemple au virement bancaire.

 Elle offre des garanties plus grandes contre la perte ou le vol en raison de
l’absence de manipulation de la monnaie fiduciaire.

 Elle entraîne des écritures dans la comptabilité bancaire qui sont source de
preuves en cas de contestation.
Section II: Les formes de la monnaie

§2 : les formes actuelles de la monnaie

III – La monnaie scripturale

Les dépôts bancaires qui constituent la monnaie scripturale sont des dépôts à
vue non rémunérés car ces dépôts sont disponibles sans coût et sans délai. Les
détenteurs peuvent donc à tout moment soit les retirer sous forme de monnaie
fiduciaire soit les utiliser par un des moyens de circulation de la monnaie
scripturale. Ces dépôts à vue sont des comptes mobilisables par chèque. Si les
pièces et les billets ont une existence matérielle et sont à la fois monnaie et
instrument de paiement, la monnaie scripturale n’a aucune existence
matérielle et est distincte des instruments qui lui permettent de circuler.
Section II: Les formes de la monnaie

§2 : les formes actuelles de la monnaie

III – La monnaie scripturale

2. Les instruments de circulation de la monnaie scripturale

Les principaux instruments de circulation ou de mobilisation de la monnaie


scripturale sont :
 Le chèque
 Le virement
 L’avis de prélèvement
 La carte bancaire
Section II: Les formes de la monnaie

§2 : les formes actuelles de la monnaie


III – La monnaie scripturale
2. Les instruments de circulation de la monnaie scripturale
a) Le chèque

Le chèque est un ordre de paiement écrit adressé à la banque (le tiré) que le payeur (ou tireur)
remet à un tiers (le bénéficiaire). Le bénéficiaire peut se faire payer directement auprès de la
banque du tireur (en monnaie fiduciaire) ou le remettre à sa propre banque pour créditer son
compte (le bénéficiaire peut également l’endosser). De ce fait, un dépôt bancaire sera transféré
du compte du payeur vers celui du bénéficiaire. Le chèque n’est donc pas une monnaie mais
l’instrument de circulation de la monnaie scripturale.

b) Le virement

Le virement est un ordre écrit donné à la banque par un client de débiter son compte et de
créditer le compte du bénéficiaire dans ses livres ou de faire créditer ce compte s’il est tenu par
une autre banque.
Section II: Les formes de la monnaie

§2 : les formes actuelles de la monnaie


III – La monnaie scripturale
2. Les instruments de circulation de la monnaie scripturale
c) l’avis de prélèvement

C’est une autorisation donnée par le débiteur propriétaire du compte au bénéficiaire (sociétés de
financement, compagnies d’eau, d’électricité et de téléphone) de prélever chaque mois à la
source le montant de la traite ou de la facture. Le bénéficiaire transmet à sa banque cette
autorisation permanente de prélèvement qui la transmet à son tour à la banque du payeur pour
qu’elle l’enregistre. Le payeur ou débiteur doit donc fournir au bénéficiaire ses coordonnées
bancaires. L’autorisation ne comporte aucune limitation au niveau de la durée ou du montant.
Section II: Les formes de la monnaie

§2 : les formes actuelles de la monnaie


III – La monnaie scripturale
2. Les instruments de circulation de la monnaie scripturale
d) La carte bancaire

C’est le plus célèbre des instruments permettant l’échange sans support papier:

 En cas de paiement par carte, le microprocesseur incorporé dans la carte permet au terminal
de paiement du commerçant d’identifier le porteur de la carte et de débiter automatiquement
son compte au profit du compte du commerçant qui sera crédité.

 La carte bancaire permet également le retrait de monnaie fiduciaire auprès des guichets
automatiques des banques. Les retraits peuvent s’effectuer soit dans les distributeurs
automatiques de billets (DAB) sans aucun autre service; soit dans les guichets automatiques
bancaires (GAB), qui en plus de la distribution automatique des billets permettent la
réalisation d’autres services, tels que la consultation du solde du compte ou la demande de
chéquier…
Section II: Les formes de la monnaie

§2 : les formes actuelles de la monnaie

IV – La monnaie virtuelle (La cryptomonnaie)

 Il s’agit d’une représentation numérique d’une valeur négociable


sur Internet. Elle n’est, toutefois, acceptée comme moyen de paiement que
par les membres d’une communauté virtuelle spécifique.

 Elle est émise et contrôlée par une institution non réglementée ou par un
réseau d’ordinateurs. Elle se distingue par conséquent de la monnaie
électronique, dans la mesure où elle n’est pas garantie par un moyen
de paiement ayant cours légal. Chacune de ces monnaies a sa propre
dénomination.
Section II: Les formes de la monnaie

§2 : les formes actuelles de la monnaie

IV - La monnaie virtuelle (La cryptomonnaie)

La cryptomonnaie fonctionne sur la base d’une plateforme informatique,


utilisant la technologie BLOCKCHAIN.

 Exemple: BITCOIN/ Ethereum / Ripple / Litecoin / Dash / Monero /


EthereumClassic / NEM…

 Les caractéristiques : Une monnaie décentralisée, Valeur flottante,


Facile d’accès , Anonymat, Transparence, Frais de transactions
moindres , Rapidité
Questions & Réponses

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