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Dr DJAHOUE Gérald
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PREMIÈRE PARTIE
DÉFINITIONS, FORMES ET MESURES DE LA MONNAIE
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CHAPITRE 1 : LES DÉFINITIONS DE LA MONNAIE
« Point besoin de définir la monnaie, lorsque je la vois, je la reconnais ». Cette maxime résume
très bien la difficulté liée à la définition de la monnaie. Une première définition estime que la
monnaie est un instrument de paiement indéterminé, universel et immédiat. En prolongeant cette
définition essentiellement juridique, nous pouvons en extraire trois approches :
- Une approche historique et Institutionnelle ;
- Une approche fonctionnelle ; -
Une approche essentielle.
d'autant moins élevés que l'attente entre les deux expéditions. Ils sont fonction décroissante du
temps séparant deux échanges. Les coûts d'échanges sont donc la somme des deux coûts, C E.
En vue de minimiser les coûts de l'échange, si les agents sont rationnels, ils doivent opter pour
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une période de temps optimale séparant deux expéditions. Pour minimiser de tels coûts, les
agents se déplaçant et entrant en relation ont le choix entre plusieurs modes d'organisation.
Certains biens choisis, de par leurs qualités Intrinsèques, sont acceptés par tous les
agents comme Instruments d'échange. C'est le stade de monnaie-marchandise résolvant
pleinement le problème de « double coïncidence » des désirs et réduisant les coûts d'échange.
Immuables, identifiables et transportables, certaines marchandises servent de moyen de
paiement et de réserve de valeur.
Mais progressivement, le métal (plomb, cuivre et, très rapidement, or et argent) prend
la première place dans les transactions, à la fois comme monnaie et comme marchandise, en
pensant notamment à l'or ou à l'argent en matière d'orfèvre. Dans ce double usage, II fallait que
ce métal ait une valeur garantie par son émetteur : mettant en évidence la nature judiciaire de
toute monnaie, tant il est vrai qu'une monnaie ne saurait exister sans être investie de la confiance
de celui qui la détient. Ainsi le 19è siècle a été marqué par la primauté de l'or, dont on pouvait
dire qu'il était la première des monnaies fiduciaires (Charles Rist, 1938). On considère qu'il
existe trois grandes étapes de la monnaie métallique.
D'abord la monnaie pesée ;
Ensuite la monnaie comptée :
Enfin la monnaie frappée :
En France, si l'on trouve encore au Moyen Age de nombreuses monnaies locales, frappées par
des seigneurs ou des autorités religieuses, la frappe tend à s'étatiser sous l'autorité du roi jusqu'à
la révolution de 1789. Après celle-ci, est mis en place un nouveau système monétaire, appelé le
bimétallisme or et argent et soumis aux règles suivantes :
- or et argent circulent sous forme de pièces ;
- un rapport légal est établi entre les deux métaux : x grammes d'or valent y grammes
d'argent pour tous ;
- un cours légal leur est donné : chacun se devait de les accepter en règlement d'une
transaction.
Nous devons à présent préciser les fonctions qui vont expliquer son utilisation, son
perfectionnement en vue de rationaliser les échanges.
Supposons enfin que chaque agent ne souhaite détenir que deux biens parmi les trois
disponibles : A détenant des quantités de biens 1 et 2 mais ne souhaitant pas détenir de biens 3,
B détenant des quantités de 2 et de 3 mais ne souhaitant pas détenir de biens 1 et C détenant des
quantités de 3 et 1 mais ne souhaitant pas détenir de biens 2. En supposant connus les termes
de l'échange, il est aisé de voir qu'aucun échange direct n'est possible.
En revanche, des échanges « triangulaires » sont possibles. Ainsi, A peut accepter du
bien 3 de la part de C afin de pouvoir l'échanger contre du biens 2 avec B. Cependant, ces
échanges impliquent de nombreux coûts (coûts d'attente, d'Information et de transaction). En
pratique, il faudra une « autorité centrale de marché » informant l'agent A de l'intérêt d'accepter
le bien 3 de la part de l'agent C afin de pouvoir l'échanger avec l'agent B contre du bien 2.
L'existence de la monnaie permet de réduire les coûts de l'échange. Dans une économie
monétaire, la monnaie achète les biens et les biens achètent la monnaie ; mais les biens
n'achètent pas les biens (R.W CLOWER, 1967).
Dans une économie de troc, tous les biens sont tour à tour monnaie d'échange. En prenant un
monde à quatre biens A, B, C et D, et en supposant qu'un bien ne s'échange pas contre lui-
même, nous aurons les relations présentées dans le tableau 1.
Tableau 1: Echange de troc
A B C D
A 0 X X X
B X 0 X X
C X X 0 X
D X X X 0
Tableau 2: Echange monétaire
M B C n D
M 0 X X X
B X 0 0 0
C X 0 0 0
D X 0 0 0
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Dans un monde à quatre biens, il y a donc 12 (soit 4(4-1)) relations potentielles. En
généralisant, une économie à n biens implique n (n-1) relations potentielles.
En revanche, une économie monétaire dans un monde à quatre biens (en prenant le bien
A comme intermédiaire des échanges, comme monnaie : A = M), implique les relations
présentées dans le tableau 2. Nous n'obtenons que 6 relations d'échange soit 2(4-1), et en
généralisant à un monde à n biens : 2(n-1) relations. En définitive, la monnaie réduit bien le
nombre des relations potentielles, mais elle les garantit. Dit autrement, les 2(n-1) relations en
économie monétaire ont toutes les chances d'être supérieures aux relations effectives parmi les
n (n-1) relations potentielles en économie de troc. La monnaie est donc nécessaire pour assurer
des échanges efficaces sur les marchés. Elle permet aussi de réduire les coûts de transaction
sans les éliminer.
Dans une économie monétaire, un agent ayant vendu un bien contre de la monnaie peut
ne pas souhaiter dépenser celle-ci immédiatement. En ce sens, la monnaie détenue constitue un
moyen de reporter un pouvoir d'achat dans le futur. C'est donc ici un comportement de détention
d'encaisses monétaires qui se justifie par :
- L'absence de synchronisation entre les recettes et les dépenses : si à chaque fois qu'un
agent voulait dépenser son argent, il bénéficiait d'une rentrée de fonds, il n'aurait pas
besoin de détenir une encaisse, cet argent passerait de mains en mains. Or dans la réalité,
les périodicités des dépenses et des recettes sont généralement différentes.
- L'Incertitude concernant certaines dépenses futures imprévues a priori et certaines
recettes futures dont la valeur n'est pas garantie. Mais a priori, la plupart des biens
durables peuvent constituer une réserve de pouvoir d'achat. Mais la préférence des
réserves monétaires s'explique par au moins deux arguments : la liquidité et le risque.
La liquidité est la propriété qu'ont certains biens d'être immédiatement disponibles sans
coût de transformation ni risque. En termes de risque de perte en capital, la monnaie,
ayant une valeur étable hors marché, conserve le pouvoir d'achat à court terme de
meilleur façon que les actifs financiers (actions, obligations etc.) qui peuvent à tout
moment perdre de leur valeur.
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En résumé, l'instrument dans lequel les agents acceptent de mettre en réserve du pouvoir
d'achat doit être à la fois liquide et sans risque. Ces deux propriétés étant le mieux vérifiées dans
le cas de la monnaie, cette dernière sera définie comme la liquidité par excellence (J .M.
Keynes, 1936).
Par cette fonction, la monnaie se définit comme un actif financier, elle est immergée
dans le spectre d'une multiplicité d'actifs financiers dont elle constitue un substitut.
C- La monnaie comme unité de compte
La monnaie a une troisième fonction : celle d'unité de compte. Sans monnaie, dans une
économie marchande, il y a autant de prix que de paires de biens, de types d'échanges entre
deux biens. Le rôle d'unité de compte est celui de la monnaie comme instrument de mesure de
la valeur relative de biens hétérogènes. S'il y a n biens, Il y a n (n-1) /2 prix relatifs dans une
économie de troc. Pour opérer ses arbitrages dans un système de troc, chaque consommateur
doit avoir en tête tous ces prix. Si un de ces biens est utilisé comme étalon des valeurs, alors le
système des prix est profondément simplifié. La présence de monnaie permet de ramener le
nombre de n (n-1) /2 à (n-1) : le prix de chaque produit, exprimé en monnaie, moins le prix de
la monnaie par rapport à elle-même (soit 1 nécessairement). Il suffit alors de connaître les n-1
expressions de la valeur des autres biens dans le bien choisi comme monnaie pour connaître
l'ensemble des rapports de valeurs des n biens. La monnaie permet donc d'établir une échelle
de prix simple et unique, exprimée en unités monétaires.
Dans un second temps, on achète au moyen de la monnaie gagnée les produits que l'on désire à
ceux qui le possèdent. [...] La monnaie se présente donc comme un bien intermédiaire qui
facilite l'échange. La monnaie permet alors non seulement de décomposer l'échange, mais aussi
de comparer la valeur de biens entre eux (par exemple, X unités de monnaie = un sanglier = une
hache en bronze).
Mais cette approche n'explique pas la nature de la monnaie. C'est cette dimension
essentielle de la monnaie que nous abordons à présent.
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A- Le dépassement des dimensions traditionnelles de la monnaie
La dimension fonctionnelle se contente de dire ce que fait la monnaie et non ce qu'elle
est. Pour certains économistes, pour définir la monnaie, on doit procéder comme le fait l'analyse
microéconomique pour tout bien, en étudiant le marché des services qu'elle rend.
Dans sa dimension institutionnelle, la monnaie serait apparue progressivement à travers
un processus de rationalisation des comportements humains, il y aurait eu le troc, ensuite les
hommes auraient compris l'intérêt des échanges sur des marchés, puis grâce à une monnaie-
marchandise, enfin par le biais d'une monnaie totalement dé matérialisée. Dans sa dimension
purement individuelle, la monnaie offre la liberté de choisir le bien, l'offreur de celui-ci, le
temps et le lieu de toute transaction.
Dans sa dimension temporelle, elle constitue le « lien par excellence entre le présent et
le futur » (Keynes 1936). Elle est un moyen d'apaiser notre inquiétude face à un avenir incertain
et non probabilisable.
B- Les différentes approches essentielles de la monnaie
En effet, l'homme est la créature qui, au-delà, des besoins essentiels, désire intensément mais
sans savoir vraiment quoi : il en vient donc à désirer ce que l'autre désire
Dès lors, la rareté inhérente à la condition humaine fait que chaque bien est susceptible d'être
convoité par plusieurs individus, qui risquent d'utiliser la violence pour en exclure les autres («
rivalité mimétique »).
Par l'avènement du sacré, les sociétés vont parvenir à transformer ce mimétisme d'appropriation
en mimétisme d'exclusion. Le stratagème consiste à trouver une victime émissaire, sur laquelle
sera focalisée la violence, ainsi exclue du champ social quotidien. Cette logique expliquerait
des pratiques extrêmement diverses, telles que les rites sacrificiels (Abraham sacrifiant un bélier
pour épargner son fils, ou les assertions du grand prêtre CAÏPHE dans la passion du Christ "il
vaut mieux qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas toute entière"
Évangile selon St Jean), ou la prohibition de l'inceste.
2) La monnaie comme une créance à vue
La monnaie est une créance à vue des agents économiques sur le système bancaire ; c'est
quelque chose que la banque nous doit. Du point de vue des Institutions financières monétaires,
c'est une dette qui circule dans l'économie. De ce point de vue, il est impossible de dissocier la
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monnaie du système monétaire d'où d'ailleurs l'Importance des banques dans une économie
monétaire de production.
3) La monnaie comme un fait social
La monnaie a une dimension sociale. La monnaie est en effet, le mode spécifique de
socialisation du travail, lorsque ce dernier s'effectue sur la base d'une production privée. La
monnaie est certes une technique mais c'est aussi un phénomène social qui met en jeu des
relations humaines et pas simplement une technique. L'enjeu principal de la monnaie est
toujours l'appartenance à une communauté de valeurs. Or, cette appartenance s'inscrit dans des
formes relativement différentes selon les époques et les sociétés.
4) La dimension conventionnelle de la monnaie
La monnaie apparaît en définitive, comme une convention, dans la mesure où elle
constitue un accord de fait pour l’ensemble des individus, qui se révèle, à l’usage, d’une grande
commodité pratique, mais dont il est impossible d’expliquer de façon expérimentale (donc
scientifique), l’essence (H. POINCARE). Elle est un signe qui est l'émanation du social : "la
valeur de la monnaie n'est autre chose que ce que la société décide d'y voir" (J-B. RUFFINI).
La monnaie est générée par une convention marchande : J'accepte la monnaie car autrui
l'accepte. La qualité d'une monnaie se mesurera, dès lors, à l'aune de son aptitude à conserver
sa valeur d'une période à l'autre et de sa capacité à inspirer confiance à ses utilisateurs. Ce
minimum de cohésion sociale et de confiance, qui est au fondement même de toute monnaie,
émane soit d'un acte de foi (acceptation générale du numéraire par la communauté), soit d'un
édit des autorités qui l'établit comme cours légal dans un territoire donné.
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CHAPITRE 2 : LES FORMES ET LES MESURES DE LA MONNAIE
Parmi les formes monétaires, après avoir distingué les moyens de paiement et les
moyens d'épargne, nous préciserons les différentes mesures de la monnaie en présentant les
agrégats monétaires.
1) La monnaie manuelle
Durant des siècles, sous la forme de l'or ou de l'argent, la monnaie manuelle a été la
forme prépondérante de la monnaie à l'échelle nationale comme à l'échelle internationale. La
monnaie manuelle ou fiduciaire correspond aux pièces métalliques et aux billets. Dans le passé,
l'usage simultané de l'or et de l'argent comme monnaie (Le bimétallisme or-argent) a été institué
en France par une loi des 7 et 17 germinal an XI (28 mars et 7 avril 1803). Les deux métaux
circulaient librement et étaient liés par une parité fixe. La loi de Germinal établissait deux
égalités entre le franc F (qui n'était qu'une unité de compte) et les métaux : 1 F = 5 g d'argent
; 1 F = 0,333 g d'or.
Le bimétallisme a été abandonné en 1876 au profit d'un monométallisme, dans le cadre
du système de l'étalon or (gold standard) ou, plus précisément, du système de l'étalon espèce-
or-gold spécial standard) en raison de la circulation effective des pièces d'or ; ce dernier fut le
système monétaire universel jusqu'en 1914.
1.1- Les billets
Les premiers billets apparaissent en Chine, pays où fut inventé le papier (3e siècle avant J.C.) -
Les plus anciens billets sont émis en Chine au début de la dynastie des Song du Nord (960-
1127) et leur emploi va se généraliser entre le 12 et le 14ème siècles. Aujourd'hui le billet,
monnaie « légale » que l'on ne peut pas refuser en paiement, reste important dans les transactions
courantes et son usage est grandement facilité par le développement des cartes bancaires et des
distributeurs automatiques de billets.
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1.2- Les pièces métalliques
Billets de Trésorerie ou
Entreprises 7jours-2ans
commercial paper
Institutions financières
Bons des établissements financiers 7 jours- 7 ans
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Source : BCEAO
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Le secteur détenteur de monnaie recouvre l'ensemble des non-IFM résidentes de la zone
UEMOA, soit : les ménages, les sociétés non financières, les gouvernements d'Etats fédérés
(s'ils existent), les collectivités locales et les administrations de sécurité sociale.
2) Le critère de classement
Les autorités ont retenu le critère le plus simple permettant d'harmoniser le classement des
dettes utilisées. Ce critère est celui du degré de liquidité des instruments. Les agrégats
monétaires permettent de classer les différents actifs monétaires. La banque centrale définit trois
agrégats emboîtés, notés de M1 à M3, du plus étroit au plus large. Le degré de liquidité peut se
traduire par la fréquence avec laquelle les agents économiques transforment ces actifs en moyen
de paiement. La banque centrale a défini un agrégat étroit, monnaie au sens strict, (M1), un
agrégat « Intermédiaire », monnaie et quasi monnaie (M2) et un agrégat élargi (M3),
Monnaie fiduciaire X X X
Dépôts à vue X X X
Dépôts à terme jusqu'à 3 ans X X
M2 = M1+ dépôts avec préavis inférieur à 3 mois (livrets ordinaires, livret A, livret Bleu, livrets
jeunes, livret d’épargne, compte d’épargne logement etc) + dépôts à terme durée inférieure à 2
ans (compte à terme, plan épargne populaire, plan épargne logement, des bons de caisse etc).
M3 = M2 + prises en pensions de titres + titres d’Opcvm monétaires + titres de court terme du
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marché monétaire d’une durée inférieure à 1 an émis par les IFM + titres de créances de durée
inférieure à 2 ans émis les résidents de la zone.
M4 = M3 + certains avoirs monétaires (Bons du Trésor, billets de Trésorerie) : liquidation assez
rapide des placements mais risque de perte en capital.
Les agrégats monétaires sont utilisés par les autorités monétaires pour suivre l'évolution
de la masse monétaire et, à travers elle, la dépense future et les prix. Mais ce sont des indices
très approximatifs de l'évolution des ressources disponibles des ménages à cause de leur forte
substituabilité avec les actifs non monétaires.
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DEUXIÈME PARTIE : L'OFFRE DE LA MONNAIE
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CHAPITRE 3 : LES MÉCANISMES DE LA CRÉATION MONÉTAIRE
Dans ce monde imaginaire, il n'existe qu'une seule banque émettant la monnaie unique
auprès des agents non financiers qui n'ont pas la possibilité d'émettre des titres (actions,
obligations ou « papier commercial » à court terme) pour se financer. Le circuit monétaire que
forment la banque, l'ensemble de ses clients et la monnaie utilisée, est donc unique.
La banque unique peut être un établissement privé, dont le capital appartient à des
actionnaires privés, ou un établissement public détenu par l'État. Comme nous l'avons déjà
mentionné, la forme de la monnaie importe peu maïs, pour simplifier l'exposé, nous supposerons
ici qu'il s'agit d'une monnaie scripturale. Chaque agent détient un compte auprès de la banque
unique et toutes les transactions donnent lieu à un paiement se déroulant nécessairement à l'aide
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de la monnaie de cet établissement. La monnaie étant une dette à vue de la banque (son
possesseur peut la mobiliser à tout moment pour procéder à un paiement), voyons comment se
déroule un paiement de l'agent (X) auprès de l'agent (Y) qui se fait avec un crédit de la banque
de 1000 : dans ce cas, le compte courant de (X) à la banque est débité, celui de (Y) est crédité
de la même somme. Dans le bilan très simplifié ci-dessous, nous ne porterons que les opérations
décrites ici : le bilan sera donc tenu en termes de variations d'actif et de passif.
∆Actif ∆Passif
Supposons maintenant qu'un agent non financier, par exemple une entreprise, ait besoin
de monnaie pour régler un fournisseur, sa trésorerie étant insuffisante. L'entreprise en question
sollicite un crédit (de 100000 FCFA dans l'exemple ci-dessous) à la banque et elle est disposée à
payer le taux d'Intérêt en vigueur. Le banquier étudie le dossier de l'emprunteur (II s'assure de
l'honorabilité de l'entreprise, de sa solvabilité...) et, s'il donne son accord à l'octroi du crédit, il
crédite le compte de l'emprunteur. Les comptes en T (toujours tenus en termes de variations
d'actif et de passif) des deux protagonistes s'établissent donc ainsi :
2) Bilan de la banque après création monétaire
∆Actif ∆Passif
∆Actif ∆Passif
La lecture des comptes montre que, d'un seul trait de plume, ou par une pression sur la
touche d'un ordinateur, la banque a inscrit un montant de 100000 FCFA au compte courant du
bénéficiaire (montant qui figure au passif de son bilan, parmi ses engagements) et,
simultanément, à figurer à l'actif de son bilan l'origine ou, comme on la désigne parfois la «
contrepartie » de cette monnaie nouvelle, c'est-à-dire l'acquisition d'une créance (par exemple
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un effet commercial) sur l'entreprise. Les deux écritures qui figurent dans le compte de la
banque (de même que les deux écritures symétriques qui figurent dans le compte de l'entreprise)
ne sont pas disjointes dans le temps, car elles représentent une seule et même opération : la
monétisation d'une créance par la banque. Dans cette mécanique, peu importe l'identité de
l'emprunteur : il pourrait aussi bien s'agir d'un ménage ou de l'État (auquel cas, l'actif immobilisé
par la banque pourrait être un bon du Trésor) : on parlera donc généralement d'un agent non
bancaire (ANB). Peu importe également la nature de l'actif acquis par la banque : la création
monétaire est initiée par le crédit dès lors que l'emprunteur est jugé solvable. Les Inscriptions
portées dans les deux comptes en T (de la banque et de l'emprunteur) appellent plusieurs
remarques :
En conséquence, et contrairement à une idée reçue, les banques fonctionnent à l'envers.
Elles ne collectent pas les dépôts pour les prêter, mais ce sont les crédits qu'elles accordent qui
constituent les dépôts dont use le public comme monnaie. L'adage de Withers « les prêts font
les dépôts » témoigne du caractère indissociable de la monnaie et du crédit : ils apparaissent en
même temps.
B- Cas d'une économie à banque multiples
Situation de la banque A
∆Actif ∆Passif
Prêt 100000 FCFA D.V.X -100000 FCFA
D.V.Y 100000 FCFA
Situation de la banque A
∆Actif ∆Passif
Prêt 100000 FCFA D.V.X -100000 FCFA
Dette vis-
à-vis de B 100000 FCFA
Situation de la banque B
∆Actif ∆Passif
Créance sur
A 100000 CFA D.V.Y 100000 FCFA
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Il reste donc à comprendre comment sont effectués les paiements interbancaires, c'est-à-dire ici
le règlement entre (A) (l'établissement débiteur) et (B) (le créancier). On pourrait imaginer que
la banque créancière accepte d'être payée dans la monnaie de la banque débitrice. Dans notre
exemple, la banque (B) ouvrirait un compte auprès de la banque (A), compte qui serait crédité
du montant dû par (A) à (B) (bilan 6).
6) A paye B à l'aide de sa propre monnaie
Situation de la banque A
∆Actif ∆Passif
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Bilan de la banque A
Actif Passif
Bilan de la banque B
Actif Passif
Supposons que Y tire un chèque de 30 FCFA à l'ordre de X, et qu'à la suite d'une autre
transaction, X tire un chèque de 20 FCFA à l'ordre de Y. Des opérations de règlement vont
devoir être effectuées entre les deux banques. Après compensation (c'est à dire annulation des
créances et des dettes), la banque B doit 10 FCFA à la banque A. Au terme des transactions,
l'agent X possède un dépôt de 110 FCFA à la banque A et l'agent Y dispose d'un dépôt de 190
FCFA à la banque
Actif Passif
Actif Passif
Dans le cas d'un système à banques multiples, on constatera généralement une certaine
inégalité des parts de marché dans la distribution des crédits comme la collecte des dépôts.
Dans notre exemple, le marché de la banque B en matière de crédits est de 66% (200/
300) alors sa part dans la collecte des dépôts n'est que de 63% (190 /300). Il y a donc une fuite
de 10 FCFA dans le retour des dépôts de la banque B, le respect de la contrainte de l'équilibre
du bilan obligera la banque B à se refinancer, c'est à dire à l'emprunt auprès de la banque A des
10 FCFA de ressources financières nécessaires à l'équilibre de son bilan.
En généralisant, un système à banques multiples peut être composé par trois sortes de
banques : (I) Des banques qui équilibrent leurs opérations de crédits et de dépôts. Une banque
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C distribuerait 1000 FCFA de crédits et capterait 1000 FCFA de dépôt, (II) Des banques qui
distribuent beaucoup plus de crédits que de dépôts. L'équilibre du bilan leur Impose un
endettement (donc une obligation de se refinancer). (III) Des banques qui captent plus de dépôts
qu'elles n'accordent de crédits. Elles peuvent assurer le bouclage financier du système en
permettant aux autres banques de se refinancer. Elles procéderont à l'acquisition de créances sur
celles-ci. De cet exemple, nous pouvons tirer deux enseignements. D'une part, chaque banque
commerciale crée sa propre monnaie scripturale en accordant des crédits aux titulaires de
comptes. D'autre part, les banques sont tenues d'assurer la circulation de la monnaie scripturale
entre les comptes de leur client. Dès lors toute banque qui crée et fait circuler de la monnaie
scripturale, se trouve confronter à des fuites hors de son circuit monétaire. Si les fuites du réseau
bancaire A vers le réseau bancaire B sont juste compensées par les fuites du réseau bancaire 8
vers le réseau bancaire A. Il y a une parfaite compensation des dettes que les banques ont l'une
envers l'autre et nulle opération de refinancement n'est nécessaire. Ce résultat est mis en
évidence par le principe de croissance équilibrée du système bancaire. Pour assurer une
croissance équilibrée du secteur bancaire, c'est à dire que les parts de marché sur les dépôts et
les crédits restent inchangées, il est nécessaire que le montant des crédits accordé par B à sa
clientèle vienne compenser les fuites que A enregistre lorsqu'elle a distribué ses propres crédits.
En d'autres termes, il convient de respecter l'égalité suivante :
Fuites bancaires de A vers B = Fuites bancaires de B vers A
FA=FB (1)
Le montant des fuites pour chacune des banques s'écrit :
FA = CA (1 – dA) (2)
FB=CB (l – dB) (3)
Avec dB + dA = 1
Compte tenu des équations (1), (2) et (3), on peut calculer le que la banque B devra accordée à
ses clients :
Soit FA = CB (l – dB) => CB = FA/ (l – dB)
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Bilan de la banque A
Actif Passif
Crédits 6000 Dépôts 6000
Bilan de la banque B
Actif Passif
Crédits 4000 Dépôts 4000
La banque A octroie un crédit de 1200 FCFA et la banque B 800 FCFA. Sur les 1200
FCFA de la banque A, une proportion (1200 x (1-60%) soit 480 FCFA fuit hors du réseau de
A. Et sur les 800 FCFA de crédit de B, une proportion (800 x (1 – 40%) soit 480 fuit hors du
réseau B. En fait, sur ces 800 FCFA, une proportion égale à 40%, soit 320 FCFA resteront dans
le réseau bancaire de B, le reste (soit 480 FCFA) se retrouvera dans le réseau bancaire de A,
compensant exactement les fuites qui ont eu lieu lors de l'octroi des 1200 FCFA de crédits par
A.
À terme, aucune banque n'est créancière ou débitrice de l'autre. La masse monétaire est
passée de 10 000 FCFA à 12 000 FCFA (la hausse de 2000 FCFA correspondant aux crédits
accordés par le banques A et B). Les parts de marché sur les crédits (et les dépôts) n'ont pas
changé.
Bilan de la banque A
Actif Passif
Bilan de la banque B
Actif Passif
En généralisant, on peut déduire des équations (1) (2) et (3), une règle simple qui exprime les
conditions de croissance équilibrée du secteur bancaire.
CA / CB = dA/dB
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La création monétaire des deux banques doit être proportionne à leur part de marché
respective. Dans le cas d'un système bancaire généralisé, cette règle rappelle que la croissance
de ce dernier sera équilibrée si chaque banque crée de la monnaie proportionnellement à sa part
de marché. Ajoutons que les banques ont intérêt à respecter cette règle. Une banque ne cherchera
pas à limiter sa création monétaire en deçà de sa part de marché (raréfaction du crédit), elle se
priverait en effet de la rémunération des opérations de crédits (Intérêt) et risquerait de perdre
des clients (qui iraient obtenir des crédits chez les concurrents). De la même façon, une banque
ne cherchera pas à accorder davantage de crédits (stratégie agressive pour déstabiliser les autres
banques) que sa part de marché ne lui permet, ses concurrents réagiraient aussitôt en accordant
à leur tour des crédits (or les stratégies de course aux clients détériorent le bilan des banques et
accroissent les risques vis à vis des emprunteurs. N'en concluons pas pour autant que la règle
de croissance équilibrée limite la concurrence entre les banques. Ces dernières ont d'autres
armes à leur actif (différenciation des produits, tarification des services, stratégies de
régionalisation, de diversification, ...).
C- La création monétaire en présence de la banque centrale
Ce qui caractérise principalement la banque centrale est qu'elle n'a plus aujourd'hui de clientèle
particulière, qu'elle ne répond donc à aucune demande de crédit de la part des ANB, et qu'elle
émet la monnaie centrale, sous forme de billets utilisés par les ANB et de monnaie interbancaire
(sous forme scripturale), utilisée par les banques et l'ensemble des Institutions financières (y
compris le Trésor public) pour leurs paiements réciproques. La présence de la banque centrale
pèse sur le pouvoir de création monétaire des banques commerciales pour plusieurs raisons :
- elle alimente le système bancaire en liquidités Interbancaires et en règle le coût
puisqu'elle fixe unilatéralement les taux directeurs de ses refinancements;
- elle fournit seule les billets demandés par les ANB. Les demandes de billets constituent
une fuite hors du circuit bancaire commercial, exactement comme la conversion de la
monnaie (A) en monnaie (B) constitue une fuite pour la banque (A);
- elle peut contraindre les banques commerciales à détenir des réserves obligatoires" en
monnaie centrale.
Lorsque le refinancement est accordé par la banque centrale (10 millions d'euros dans
l'exemple ci-dessous), celle-ci crédite dans ses livres la banque commerciale à hauteur du
refinancement accordé. De la monnaie interbancaire a été créée. Les sommes prêtées figurent
donc au passif du bilan de la banque centrale et le crédit qu'elle a consenti figure à l'actif dans
l'une des rubriques « concours aux établissements de crédit ». En ce qui concerne la banque de
27
second rang, le passif de son bilan retrace le montant de ses engagements à l'égard de la banque
centrale et l'actif les sommes que cette dernière a porter au crédit de son compte.
Enfin, II apparaît que la banque centrale n'intervient qu'après coup, une fois la création de
monnaie scripturale réalisée par les banques de second rang, et sans avoir elle-même la
possibilité d'exercer une influence directe sur le montant des agrégats monétaires. C'est donc de
manière très abusive que l'on parle du pouvoir de création monétaire de la banque centrale.
(8) retrait de 1000 FCFA en billets de l'ANB (X) au guichet de sa banque (A)
28
Situation de la banque A
∆Actîf ∆Passif
Avoir en compte à la banque centrale Dépôt à vue de X - 1000 FCFA
- 1000 FCFA
Situation de l'agent X
∆Actif ∆Passif
Avoir en billets 1000 FCFA
Avoir à la banque centrale - 1000 FCFA
3) la moindre propension manifestée par le public, depuis plusieurs décennies, à utiliser des
billets dans ses règlements réduit les besoins de refinancement des banques commerciales
auprès de la banque centrale. Celle-ci est-elle donc condamnée à l'impuissance puisque les
banques paraissent, grâce à la baisse des fuites en billets, en mesure de s'affranchir de sa tutelle?
4) puisque la création monétaire émane des banques commerciales, et non de la banque
centrale, le rôle exercé par cette dernière sur le pouvoir bancaire ne peut être qu'indirect. Il n'en
demeure pas moins essentiel et fera l'objet d'un exposé approfondi dans le chapitre 6 relatif à la
politique monétaire.
La banque centrale peut se montrer plus ou moins restrictive dans ses opérations de
refinancement :
- soit en contingentant le volume des effets pris en portefeuille. Tel est le principe des
plafonds de réescompte appliqués jadis par la Banque de France ou la politique de base
monétaire fugitivement mise en œuvre par le Fédéral Reserve System en 1979'- Dans ce cas,
les banques commerciales vont anticiper les difficultés de leur approvisionnement en liquidités
et peuvent faire dépendre le volume de leur création monétaire du montant de liquidités en
monnaie interbancaire qu'elles sont susceptibles d'obtenir;
Section II : Les facteurs de la liquidité bancaire
29
Bilans 1
Bilan de B
Actif Passif
Bilan de X
Actif Passif
Contraint de remettre 150 FCFA de billets à sa clientèle, le système bancaire doit s'adresser à
l'organisme qui émet ces billets, c'est-à-dire la banque centrale BC.. Ce qui suppose que B ait
un compte auprès de BC (DB) et maintenir sur celle-d une provision suffisante en monnaie
centrale. Dans notre cas de figure, nous Ignorons les taux d'intérêt, ce qui veut dire que
l'alimentation de ce compte ne peut se faire que par emprunt auprès de BC. Deux solutions au
moins s'offrent au système bancaire.
La première consiste à céder à BC (réescompter) 150 FCFA de créances détenues sur
X, ce qui modifierait les bilans comme il suit :
Bilans 2
Bilan de B
Actif Passif
Créances sur X : + 850 FCFA Dépôts de X :+ 1000 FCFA
Dépôts de B : +150 FCFA
Bilan de BC
Actif Passif
Bilans 3
Bilan de B
Actif Passif
30
Bilan de BC
Actif Passif
Actif Passif
Créances sur X : + 1000 FCFA Dépôts de X: +1000 FCFA
Dépôts de B: + 150 FCFA Créances sur B :-150 FCFA
Bilan de BC
Actif . Passif
31
Il en découle que les banques n'ayant pas de réserves (de dépôts) à la banque centrale,
peuvent ne pas pouvoir accorder de crédits. En fait, la circulation des billets fait l'objet de cycles
relativement bien connus :
- sur la longue période, le public manifeste une moindre préférence pour le billet du fait de
son accoutumance à la monnaie scripturale et à la commodité (et la sûreté) des paiements par
chèques, cartes, prélèvements, etc. Cette évolution rend la progression de la circulation
fiduciaire plus lente que celle de !a monnaie scripturale et réduit tendanciellement le besoin de
liquidité,
- il existe par ailleurs des cycles infra-annuels, saisonniers, d'Intensification ou de
raréfaction de l'usage des billets : les vacances sont généralement propices à une plus forte
utilisation des billets, ceux-ci refluent vers les banques en fin de mois...
Actif Passif
32
Bilan de X
Actif Passif
Dépôts de X: + 900 FCFA Créances sur X: + 1000 FCFA
B1 : +150 FCFA
De : - 50 FCFA
Or que gagne le système bancaire à conserver de la monnaie centrale oisive (ici 50 FCFA) et
payer des intérêts sur les emprunts déjà contractés auprès de la banque centrale (ici 150 FCFA),
Le système bancaire peut gagner en se désendettant en partie, en soldant son compte à la banque
centrale (sa dette cb baissant à 100 FCFA).
La position de X restant inchangée, les bilans se présentent de la façon suivante Bilans
6
Bilan de B
Actif Passif
Créances sur X : +1000 FCFA Dépôts de X : + 900 FCFA
DB : 0 FCFA Créances sur B : +100 FCFA
Bilan de BC
Actif Passif
Actif Passif
33
Bilans 7
Bilann de B
Actif Passif
Créances sur X: +1000 FCFA Dépôts de X: +900 FCFA
DB: + 20FCFA Créances sur B : +150 FCFA
BT : 30 FCFA
Bilan de BC
Actif Passif
Créances sur B: +150 FCFA Dépôts de B : +20 FCFA
De : +50 FCFA DTP: +30 FCFA
B1: +150 FCFA
Bilan de TP
Actif Passif
DTP: + 30 FCFA BT: +30 FCFA
Il se trouve que le TP ayant emprunté 30 FCFA dans le but, par exemple, de régler les
fonctionnaires de l'Etat (noté X), eux-mêmes clients du système bancaire B, cette opération se
traduira par un débit de 30 FCFA du compte du Trésor et par un crédit d'un montant équivalent
du compte de X et de celui des banques B ; soit la situation suivante :
Bilans 8
Bilann de B
Actif Passif
Créances sur X : + 1000 FCFA Dépôts de X: +930 FCFA
Dépôts de B : +50 FCFA Créances sur B : +150 FCFA
BT : +30 FCFA
Bilan de BC
Actif Passif
Créances sur B : +150 FCFA Dépôts de B: +50 FCFA
De : +50 FCFA DTP: 0 FCFA
B1 : +150 FCFA
Bilan de TP
Actif Passif
34
Il y a bien eu une création monétaire de 30 FCFA. La masse monétaire, somme des
billets et des dépôts, passe ainsi de 1050 FCFA à 1080 FCFA. La liquidité des banques est
revenue à sa position Initiale. Toutefois, celles-ci disposent alors d'une double possibilité :
- Solder leur compte à la banque centrale dans le but de se désendetter pour un montant de
50 FCFA;
- Vendre leurs bons du Trésor à la banque centrale ; leur compte étant à nouveau crédité de
30 FCFA, elles peuvent se désendetter pour un montant équivalent.
Au terme de ces opérations, les bilans se présentent ainsi :
Bilans 9
Bilan de B
Actif Passif
Créances sur X: +1000 FCFA Dépôts de X: +930 FCFA
Dépôts de B : o FCFA Créances sur B:70 FCFA
BT : 0 FCFA
Bilan de BC
Actif Passif
Créances sur B : +70 FCFA Dépôts de B: +OFCFA
BT : +30 FCFA B1 : +150 FCFA
De : +50 FCFA DTP: 0 FCFA
Bilan de TP
Actif Passif
DTP: 0 FCFA BT: +30 FCFA
Dans le cas inverse où le Trésor public encaisse plus qu'il ne dépense (au moment par
exemple du recouvrement de l'Impôt), que la liquidité bancaire se détériore puisque le compte
des banques à la banque centrale est alors débité du montant des impôts prélevés, au profit du
compte du Trésor public. A partir des bilans 8, si X payait 30 FCFA d'Impôts, son dépôt
baisserait à 900 FCFA, et les comptes de B et du TP passeraient respectivement à 20 FCFA et
30 FCFA et on retrouverait ainsi les bilans 7.
- lorsqu'au contraire le Trésor effectue un paiement au bénéfice d'un ANB (par exemple,
quand il verse une subvention), le compte du Trésor à la Banque de France et débité et
celui de la banque gérant les avoirs de l'ANB est crédité. L'opération améliore la liquidité
de l'établissement considéré.
35
D. Les coûts de la liquidité bancaire
BC
De B
T R
RF
MC MC
La monnaie centrale (MC) a deux composantes :
- Les billets B ;
- Les comptes créditeurs (ou réserves R) des établissements de crédits et du Trésor
public (dont les réserves obligatoires RO).
-
Cette monnaie centrale créée a essentiellement trois contreparties inscrites à l'actif:
- Les devises acquises par la banque centrale De ;
- Les concours apportés au Trésor public T ;
- Les créances sur te système bancaire résultant d'opérations de refinancement RF.
On sait que la liquidité bancaire L se compose des billets en caisse dans les banques, des
avoirs de celles-ci en monnaie du Trésor et de leurs réserves R à la banque centrale. Comme
les banques détiennent peu de billets en caisse et que leur compte au Trésor, toujours
créditeur, n'est jamais imposant, on peut déduire que la liquidité bancaire se compose
essentiellement de réserves, soit: L = R.
Par ailleurs, l'égalité comptable tirée du bilan de la banque centrale nous permet d'écrire
:
B + R = De + T + RF
Il en découle que:
L = De + T + RF – B
Ainsi, la liquidité bancaire qui conditionne la capacité des banques en matière de
création monétaire, s'améliore :
- Lorsque la banque centrale acquiert des devises ;
- Lorsque le Trésor public s'endette ;
- Lorsque les concours aux banques, au titre des opérations de refinancement, s'élèvent ;
- Lorsque les demandes de billets de la clientèle des banques diminuent
36
CHAPITRE 4 : LES RELATIONS ENTRE LA BANQUE CENTRALE ET LE
SYSTÈME BANCAIRE
Il s'agit de voir qui des banques centrales et des banques commerciales détient le rôle
moteur en matière de création monétaire et quels en sont en définitive les déterminants majeurs
de l'offre de monnaie. Deux réponses sont le plus souvent données. Dans l'optique dite du
multiplicateur, c'est la banque centrale qui a un rôle premier. Dans l'optique dite du diviseur,
l'accent est mis sur la relative autonomie des banques en matière d'octroi de crédit et donc de la
création monétaire.
Par contre, si le montant de monnaie Banque centrale détenu par une banque
commerciale est supérieur à ce qui lui est nécessaire pour satisfaire la demande de ses clients et
38
pour constituer d'éventuelles réserves obligatoires, elle a la possibilité d'accroître le volume de
crédits qu'elle accorde.
L'opération de réescompte d'un effet de commerce peut être introduite de la manière
suivante : la société X doit une somme d'argent à une société Y, X signe donc une
reconnaissance de dettes, si Y a besoin de cette somme avant l'échéance, elle peut porter ce
papier (traite, effet de commerce) à sa banque qui lui échangera contre des moyens de paiement
disponibles immédiatement, moyennant un coût qui est le taux d'escompte. La banque peut à
son tour escompter ce papier auprès de la Banque centrale; par le réescompte, la Banque centrale
crée de la monnaie au profit de la banque. La dette de la société X est ainsi transférée à l'actif
de la Banque centrale. Nous voyons ici que la création monétaire de la Banque Centrale n'est
que transitoire dans la mesure où le remboursement du refinancement (effet de commerce)
donne lieu à une destruction de monnaie identique.
40
Bilan de la banque centrale
Actif Passif
Billets : + 71,4
Comptes créditeurs des banques : - 71,4
Dont RO : +28,6
RE : - 100
En généralisant cet exemple, on obtient :
C RE 1 b r (1 b) RE 1 b r (1 b) ...
2
Avec a 1 b f (1 b) r (1 b f (1 b)
41
banques ont des réserves R. elles sont composées pour partie de réserves obligatoires R0, liées
via le taux r aux dépôts de leur clientèle, et pour partie, elles peuvent être excédentaires RE.
On sait par ailleurs que la masse monétaire M est la somme des billets B et des dépôts
D, et la monnaie centrale étant la somme des billets et des réserves R, la relation entre les
différentes formes de monnaie peut être établie de deux manières.
1. Présentation du modèle
La première consiste à préciser les comportements en référence aux dépôts. En notant h
le rapport que les agents non financiers souhaitent maintenir entre les billets détenus et leurs
dépôts en banque (h = R/D), nous pouvons écrire :
MC = B + R = hD + rD = (h+r) D avec r et h compris entre 0 et 1.
M = B+D = hD + D = (h+1) D
M h 1
De ces deux relations, nous déduisons que :
MC h r
(h 1)
Soit enfin M MC mMC
(h r )
Compte tenu de la valeur des paramètres h et r, le terme en crochets (le multiplicateur) est
supérieur à l'unité. La masse monétaire est un multiple de la monnaie centrale.
La seconde façon d'établir cette relation consiste à reprendre la décomposition de la
masse monétaire et, en raison des préférences de la clientèle, à supposer un rapport b entre les
billets détenus et la masse monétaire (b = B/M) et B = b.M.
RO le montant des réserves obligatoires ; g le coefficient de réserves obligatoires ;
D = d.M = (1 - b).M, d la fraction des dépôts dans la masse monétaire.
La base monétaire H= RO + B = gD + bM = g (1- b).M + bM
H = (g - gb + b).M
1
M H
g gb b
La masse monétaire est donc un multiple de la base monétaire. On dira également que
la Banque Centrale est capable de contrôler la masse monétaire en circulation et que l'offre de
monnaie est exogène (La Banque centrale peut imposer la masse monétaire de son choix).
42
2. Les conditions de mise en œuvre du multiplicateur de crédit
L'idée qui domine dans la théorie du multiplicateur est que la monnaie centrale constitue la base
d'une pyramide qui correspond à l'ensemble des moyens de paiement détenus par les ANB. Les
théoriciens établissent un lien de cause à effet entre ces deux grandeurs (monnaie centrale
monnaie bancaire), la monnaie centrale disponible (au-delà du montant immobilisé par les
réserves obligatoires) étant le facteur permissif de la création monétaire des banques. Sans
critiquer dès à présent le fondement même de cette conception, Il convient déjà de préciser les
conditions du fonctionnement du multiplicateur de crédit.
i) L'existence des réserves excédentaires
La présence de réserves excédentaires, d'avoirs en monnaie centrale dépassant les réserves
obligatoires est essentielle puisqu'elle est la condition même de toute création monétaire. C'est
en ce sens que la monnaie centrale est qualifiée de « base monétaire » ou de « monnaie à haute
puissance » (highpowered money).
Ces réserves excédentaires peuvent avoir plusieurs origines : apport de devises, moindre
utilisation des billets, drainage de liquidités aux dépens du circuit du Trésor. La banque centrale
peut également « libérer » des réserves bancaires en réduisant le taux, ou l'assiette, des réserves
obligatoires qu'elle exige des établissements de crédit. Une fraction des liquidités en compte à
ta banque centrale alimente ainsi le contingent de réserves « libres » que les banques de second
rang utiliseraient pour consentir de nouveaux crédits.
La conclusion est donc que, dès le départ, le processus de multiplication est entravé par
l'absence de « matière première » (les réserves libres), c'est-à-dire de multiplicande.
Le phénomène d'expansion des crédits ne se déroule pas sans Interruption. Les banques
conservent parfois volontairement des réserves excédentaires auprès de la banque centrale, ou
peuvent avoir l'assurance d'être refinancées sans être amenées à utiliser pleinement cette facilité.
La première raison évoquée est que la création monétaire ne peut se faire qu'en réponse
à des demandes de crédits. C'est toujours la volonté d'endettement des agents non financiers qui
est à la base de la création monétaire : le multiplicateur indique seulement le maximum de
monnaie qui peut être créée par les banques ; de même le diviseur ne trouve sa valeur que si !a
demande de crédit est suffisamment importante pour que le processus aille jusqu'à son terme.
La seconde raison tient au fait que les banques sont des entreprises presque comme les
autres. De ce point de vue elles sont soumises par leurs actionnaires à une contrainte de
rentabilité. Elles cherchent à maximiser leur taux de marge, c'est-à-dire l'écart entre la
rémunération des crédits accordés et le coût résultant des opérations de refinancement. En
conséquence, leur création monétaire sera bornée d'un côté par les risques de défaillance des
emprunteurs et de l'autre côté par le coût des fuites hors de leur circuit monétaire : fuites nettes
vers les autres banques commerciales et fuites en monnaie centrale. Il en résulte un partage des
bénéfices qui vient grever le taux de marge de la banque : les intérêts versés par la clientèle sont
diminués des intérêts versés pour refinancement auprès d'autres banques et/ou de la banque
centrale.
45
Section II : Le contrôle de la monnaie et les limites de la création monétaire A. Le
contrôle de la monnaie par la banque centrale
La somme des postes figurant au passif constitue la monnaie banque centrale : MBC= B + R
Avec MC la monnaie banque centrale, B les billets et pièces (monnaies divisionnaires) en
circulation, et R les réserves des banques. Dans ce cadre, la banque centrale peut contrôler
parfaitement le montant de la monnaie banque centrale par ses opérations d'open market.
Actif Passif
Actif Passif
46
Actif Passif
Réserves (monnaie centrale) : +100 Dépôts à vue : + 100
L'effet sur le bilan de la banque centrale est le suivant : à l'actif, la détention d'obligations d'Etat
augmente de 100; au passif, les réserves des banques augmentent du même montant :
Variation du bilan de la banque centrale
Actif Passif
Actif Passif
Titres d'Etat: + 100 Billets en circulation : + 100
Cette analyse montre que l'effet d'un achat à l'open market sur la monnaie centrale, la liquidité
bancaire dépend de la forme (billets ou dépôts bancaires) de détention du produit de la vente du
titre par le vendeur. L'effet d'un achat à l'open market sur la monnaie centrale n'est pas aussi sûr
que son effet sur la monnaie banque centrale.
3- Les ventes à l'open market
Si la banque centrale vend des obligations d'Etat d'une valeur de 100 à une banque ou à
un agent privé non bancaire, la monnaie banque centrale diminue du même montant.
Les banques ne créent pas de la monnaie pour le plaisir, mais en réponse à une demande de
monnaie. La création monétaire est donc bornée par les besoins de liquidités des agents non
47
financiers, et ces besoins eux-mêmes sont élevés durant les périodes de forte activité, mais
réduits dans les périodes de ralentissement de l'activité.
La contrepartie «créances sur l'économie» est source de création monétaire si la consommation
des ménages, l'investissement des entreprises et des ménages jouent un rôle moteur dans
l'économie (demande de crédit pour la consommation, pour l'Investissement). La contrepartie «
créances sur l'extérieur » pèse sur la liquidité des banques commerciales, elle l'améliore en cas
d'excédent commercial et donc entrée de devises (apports de. celles-ci à la Banque Centrale),
elle la détériore dans le cas inverse. La contrepartie « créance sur le Trésor Public » détériore la
liquidité bancaire lorsque le budget de l'Etat est excédentaire (notamment au moment du
recouvrement de l'impôt), le compte des banques à la Banque Centrale est en effet débité du
montant des impôts prélevés, au profit du compte du Trésor public.
48
CHAPITRE 5: LA DEMANDE DE MONNAIE
50
incertain, elle l'incite à conserver un pouvoir d'achat liquide supérieur à ses besoins normaux
d'encaisses de transaction.
ii) Les propriétés de la monnaie
La préférence pour la liquidité, en entendant par ce terme la préférence pour la détention de
monnaie, découle également des propriétés propres à la monnaie telles que Keynes les définit
dans le chapitre XVII de la Théorie générale. La monnaie a une élasticité de production et de
substitution nulle et, des coûts de conservation négligeables par rapport aux services qu'elle
rend à l'économie. La demande de monnaie est donc toujours suffisamment élevée pour que sa
valeur soit stable. En fait comme nous allons le voir il existe un mécanisme qui adapte la
demande à l'offre et évite à la monnaie de perdre de sa valeur.
b) Les motifs de détention de la monnaie
Keynes distingue trois motifs de détention de la monnaie qui déterminent à leur tour
trois types d’encaisses.
Le premier est le motif de transactions, qu'il subdivise en deux, le motif de revenu pour
les particuliers et le motif d'affaires pour les entreprises. L'encaisse demandée par les
particuliers dépendra de l'importance et de la périodicité de leur revenu, l'encaisse des
entreprises, des dépenses de la production, des besoins d'Investissement et des décalages entre
recettes et dépenses. Quoique le taux d'intérêt joue un rôle dans la constitution de cette encaisse,
le facteur déterminant en est le revenu.
Le deuxième motif est un motif de précaution, qui est le désir de se constituer une
réserve de pouvoir d'achat d'une valeur immuable. Il est clair que le taux d'intérêt peut ici encore
Jouer un rôle, mais Keynes considère finalement que l'agent détermine son encaisse de
précaution en fonction de sa dépense habituelle. Le revenu sera donc ici encore une variable
déterminante.
La troisième encaisse, l'encaisse de spéculation, déjà analysée, dépendra du désir de
faire des gains (ou d'éviter des pertes) sur la valeur patrimoniale des actifs, principalement de
ceux qui s'échangent sur le marché boursier. Dans ce cas le taux d'intérêt jouera un rôle
déterminant.
A ces trois motifs Keynes s'ajoute un élément de décision supplémentaire, le degré de
préférence pour la liquidité. Celui-ci dépend de « l'état de la confiance ». Ces termes
s'appliquent au degré de certitude avec lequel les agents prévoient l'avenir. Certains
phénomènes qui se produiront dans l'avenir sont probabilisables et la prévision qui les concerne
peut être appréhendée avec un degré suffisant de certitude. Par contre, il existe des phénomènes
qui d'après Keynes sont totalement incertains : leur degré de certitude est insuffisant pour fonder
51
une décision rationnelle. Il établit alors un lien entre le degré de certitude et la préférence pour
la liquidité. Celle-ci sera d'autant plus forte que le degré de certitude est faible et
réciproquement.
c) La fonction keynésienne de demande de monnaie
La fonction de demande de monnaie établit une relation entre l'offre M et la demande
correspondant à la fonction de préférence pour la liquidité L. On peut regrouper les deux
premiers motifs (transaction, précaution) dépendant du niveau du revenu et isoler le troisième
(spéculation) dépendant du taux d'intérêt.
On obtient la relation suivante :
M = M1 + M2 = L1(Y) + L2 (r)
spéculation (1.II) est une fonction décroissante du taux d'intérêt Le taux est le taux au-
dessous duquel aucun agent ne place plus ses disponibilités. L'encaisse de transaction-
précaution est considérée comme indépendante du taux d'intérêt.
52
La somme des deux encaisses nous donne la fonction de demande de monnaie (1-III),
dont nous allons analyser les différentes composantes,
Supposons maintenant que les anticipations des agents deviennent plus pessimistes et
que leur crainte de l'avenir augmente entraînant avec elle le facteur exogène lo. Désormais pour
un taux d'intérêt donné et pour un niveau de dépense donné, les agents désirent augmenter leurs
encaisses de thésaurisation. La demande de monnaie s'accroît globalement sous l'influence de
ce facteur exogène (alors même que le revenu et le taux d'intérêt restent Inchangés).
On considère que U est toujours positif, le degré de confiance n'étant Jamais total. Ainsi, d'après
l'analyse de Keynes, un même taux d'intérêt r1 peut être associé à des demandes de monnaie
53
différentes selon le revenu Y et selon le degré de préférence pour la liquidité, propension
psychologique qui constitue un facteur exogène de détermination de la demande de monnaie
(L0). Par ailleurs un même revenu Y peut être associé à des demandes de monnaie différentes
selon le taux d'Intérêt et le degré de préférence pour la liquidité. La demande de monnaie est
donc un phénomène instable.
On distingue trois parties dans cette courbe ;
- La partie haute : anticipation unanime par les agents d'une baisse des taux. Personne ne
veut céder ses actifs et la demande de monnaie pour le motif de spéculation est nulle.
- La partie centrale : diversité d'opinions à l'égard des niveaux futurs des taux. Les
transactions sur les marchés financiers sont donc Importantes.
- La partie inélastique : anticipation unanime d'une hausse des cours. Tout le monde se
débarrasse des titres actuels pour obtenir de la monnaie afin d'acheter dans le futur des
titres émis à des taux plus attrayants, c'est la trappe à liquidité.
La forme de la courbe peut s'expliquer par l'influence de plusieurs phénomènes :
- La baisse du taux d'intérêt réduit le coût d'opportunité de détention des liquidités, donc
accroît la demande de monnaie ;
- Une politique monétaire laxiste de la banque centrale et une forte croissance de la
quantité de monnaie peuvent provoquer une telle incertitude à l'égard du futur que le
motif de précaution soit considérablement renforcé. En outre, les agents peuvent
également redouter la hausse des taux d'intérêt et accroître leur demande d'encaisses
spéculative.
- Enfin, si le taux d'intérêt diminue, un surcroît de monnaie sera nécessaire pour satisfaire
le motif de transaction car la baisse du taux d'intérêt doit favoriser l'accroissement du
revenu national et donc les transactions.
54
Le second choix consistera à déterminer la part de cette épargne qui sera conservée sous
forme monétaire, et la part qui sera consacrée aux achats de titres. Ici le taux d'intérêt jouera un
rôle déterminant.
Nous avons vu que tout titre ancien procurant un revenu a une valeur qui dépend du taux
d'intérêt courant. Lorsque l'agent fait un placement et qu'il s'intéresse à la valeur patrimoniale
des actifs qu'il acquiert il tient compte à la fois du rendement du placement déterminé par le
taux courant, et de la variation ultérieure de la valeur capitalisée de ce placement qui dépend du
taux d'intérêt qu'il anticipe. En période de bas taux d'intérêt, l'agent anticipe une hausse
ultérieure de ce taux et une baisse du cours des titres, par contre lorsque les taux d'intérêt sont
élevés, placer son argent devient avantageux car on ne peut qu'anticiper une hausse du cours
des titres.
Dans le premier cas, l'agent sera tenté de conserver de la monnaie, dans le second cas il
préférera acquérir des titres.
e) Le taux d’intérêt, phénomène monétaire
Pour Keynes, le taux d'intérêt est un phénomène de nature monétaire car, contrairement à ce
qu'affirmé la théorie «classique», l'intérêt ne récompense pas l'épargne en soi; l'Intérêt
récompense la renonciation à la liquidité, c'est-à-dire le passage d'une épargne liquide à une
épargne placée et donc temporairement Immobilisée. Selon la théorie traditionnelle, le taux
d'intérêt est le prix qui équilibre l'offre d'épargne et la demande d'investissement: il est donc un
phénomène réel puisqu'il dépend des préférences inter temporelles des consommateurs et de la
fonction d'investissement des entreprises.
Pour Keynes, les agents économiques Individuels sont amenés à prendre deux décisions
concernant l'utilisation de leurs revenus :
- Tout d'abord ils doivent décider quelle part de leur revenu sera consacrée à la
consommation Immédiate et quelle part sera conservée pour une consommation
ultérieure.
- Puis, pour la part du revenu qui n'est pas consommée, Keynes explique qu'une nouvelle
décision doit être prise; sous quelle forme les droits sur une consommation future seront-
ils conservés ? deux possibilités sont envisageables : conserver des droits utilisables à tout
moment (la détention de monnaie) ou renoncer à ces droits immédiats en laissant le soin
au marché de fixer les conditions dans lesquelles on pourra ultérieurement accéder aux
droits immédiats.
- 2. La théorie friedmanienne de la demande de monnaie
55
Milton Friedman publie, en 1956, un article fondamental, la théorie quantitative de la monnaie,
une nouvelle présentation. C'est le fondement du renouveau libéral en t économie. C'est la base
de l'école de Chicago. C'est la base du monétarisme traditionnel qu'on oppose aux
ultramonétaristes.
a) La fonction de la demande de monnaie i) La présentation générale du cadre
d’analyse
On va appliquer la théorie pure du consommateur, on considère donc la monnaie comme un
actif dont on va mesurer l'utilité. Cette utilité est fonction d'un service rendu par la monnaie
(possibilité de dépenser, d'échanger). On applique la théorie néo-classique de base, la monnaie
est substituable aux autres biens et la décision de sa demande va provenir de la confrontation
entre l'utilité de la dernière unité de monnaie détenue et le rendement marginal des actifs
concurrents. Friedman réunifie les motifs d'encaisse : Il ne considère que le seul motif de
transaction. La monnaie est avant tout un Intermédiaire des échanges. En même temps, II
reprend les apports keynésiens notamment il va accepter l'Idée que le taux d'intérêt peut
Influencer la demande de monnaie mais en restant dans le cadre de l'encaisse de transaction.
ii) La formulation de la demande de monnaie
Friedman raisonne surtout sur une demande de monnaie des ménages. Trots ensembles de
facteurs influencent la demande de monnaie, la richesse totale, le prix et les rendements des
actifs alternatifs à la monnaie, les goûts et préférences des individus.
C'est un revenu stable donc cela n'a rien à voir avec le Y de court terme keynésien qui est
susceptible d'évoluer.
- Les prix et rendements de la monnaie et des placements alternatifs. On a un portefeuille
où se mêlent monnaie et autres actifs. Ce choix va être lié au rendement anticipé des différents
actifs alternatifs. Friedman considère qu'il y a cinq actifs envisageables, monnaie, obligations,
actions, biens physiques, capital humain. A partir de là, il va Introduire une nouvelle variable
dans la demande de monnaie, le niveau général des prix P. Quand on a une augmentation du
niveau général des prix, on va réduire le pouvoir d'achat de la monnaie. On retrouve aussi le
taux d'intérêt sur le marché des obligations rb, le taux d'intérêt sur les actions (dividendes) rc, le
capital humain et son rendement w. Il prend en compte cette variable car il considère que les
agents n'ont pas le même comportement si on tire son revenu du capital ou du travail. Cela
permet de prendre en compte la proportion respective des deux formes de revenu. Le rendement
anticipé des actifs physiques est représentatif de la plus ou molns-value des actifs
immobiliers.
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- Les goûts et préférences de l'agent type. Les individus détiennent de la monnaie car cela
procure un service, parce qu'elle a une utilité. Le montant de l'encaisse monétaire va être
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