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Université Mohamed V de Rabat ‫جامعة محمد الخــامس بالرباط‬

Faculté des Sciences Juridiques ‫كلية العلوم القانونية و االقتصادية‬


Economiques et Sociales – Salé ‫ ســــال‬- ‫و االجتماعية‬

Cours
Économie
monétaire et
financière 1
Semestre 3
2018/2019

Pr. El Kasmi

1
L’économie monétaire et financière est un domaine de l’analyse économique dont le principal objet
d’étude est la monnaie et les mécanismes de financement de l’économie. Elle s’intéresse aux aspects
monétaires et financiers de la vie économique.

L’intérêt d’étudier cette matière : l’étude de cette matière est indispensable pour tout étudiant quel
que soit son domaine d’étude d’une part, et d’autre part, elle est plus qu’indispensable pour les
étudiants d’économie et de gestion. Intérêt d’ordre général : tout agent économique ou financier se
trouve confronté à la monnaie d’une façon quotidienne. Intérêt d’ordre spécifique : la monnaie est
partout, elle est omniprésente, elle fait partie intégrante de l’analyse économique.

Chapitre 1 : Fonctions, formes et instruments de mesure de la


monnaie
I. Fonctions de la monnaie
1. Unité de compte (étalon de valeur) :
Une économie est dite monétaire lorsque l’usage d’un moyen de paiement est devenu la norme.
L’emploi de la monnaie dans les transactions est alors systématique.
𝒏(𝒏−𝟏)
- Prix relatifs dans une société de troc avec n bien : 𝑪𝟐𝒏 =
𝟐
- Prix relatifs dans une société de troc avec n bien où 1 est choisi comme unité de compte : (𝒏 − 𝟏)
La monnaie à travers sa fonction d’unité de compte, permet de mesurer la valeur des biens et services
dans une unité commune. Elle permet à la fois d’harmoniser les multiples évaluations et de réduire d’une
manière très significative le nombre de prix à déterminer, ce qui est de nature à favoriser les échanges.
2. Intermédiaire des échanges (instrument de paiement, instrument de règlement) :
La monnaie a pour rôle de fournir une contrepartie aux flux de biens et services. La monnaie est un
instrument de règlement d’une transaction ou d’extinction d’une dette. A travers cette fonction
d’intermédiaire des échanges, la monnaie peut être définie comme :

- Instrument de paiement indéterminé : qui permet d’acquérir n’importe quel bien ou service et de
régler n’importe quelle dette.
- Instrument de paiement général : qui est admis par tout le monde et en toutes circonstances dans un
espace géographique donné, généralement national.
- Instrument de paiement immédiat : signifie que le simple transfert de ce moyen de paiement permet
d’une manière définitive d’annuler la dette.

Les conditions nécessaires pour qu’il y ait échange dans une économie de troc, il faut :
- Que les deux agents soient dans un même endroit.
- Au même moment, où (A) souhaite acheter un bien x et vendre un bien y, (B) souhaite acheter y et vendre x
- De se mettre d’accord sur un rapport d’échange.
- Une divisibilité des biens.
3. Réserve de valeur :
La fonction de réserve de valeur fait référence à la capacité que doit avoir la monnaie à préserver sa
valeur, c’est-à-dire à maintenir son pouvoir d’achat dans le temp. La valeur de la monnaie évolue en
fonction de l’inflation. En période de hausse des prix, le pouvoir d’achat de la monnaie diminue ce qui
altère son rôle de réserve de valeur. Une nouvelle approche consiste à considérer la monnaie comme un
instrument de réserve de valeur liquide commode pour les transactions courantes et de réserve de
précaution contre l’imprévu.

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II. Formes de la monnaie
1. Du troc aux formes actuelles de la monnaie :
Dans une économie de troc, les marchandises s’échangent directement les unes contre les autres.
Les inconvénients du troc : découlent du fait qu’il nécessite la réunion des conditions telles que :
- La détermination et connaissance d’un grand nombre de rapports de prix.
- La double coïncidence des désirs.
- Divisibilité et inaltérabilité des biens.

a. Monnaies marchandises ou paléo monnaies :


Pour qu’un bien soit accepté comme monnaie par tous les individus d’une communauté, il faut qu’il soit
très utilisé dans la vie courante et/ou très symbolique.
 Monnaies marchandises consommables : sucre, sel, blé, café, têtes de bétails, … (double nature  usage
monétaire et usage non monétaire).
 Monnaies marchandises non consommables : cauri, pièces de terre cuite, … (elles n’ont qu’une fonction
monétaire)

Les monnaies marchandises ne pouvaient remplir convenablement et durablement leurs rôles de


monnaie en raison de leur caractère hétérogène, indivisible et périssable :
- Hétérogène (unité de compte et intermédiaire des échanges) : qui est composé d’éléments de taille et
de nature différente.
- Indivisible (intermédiaire des échanges et réserve de valeur) : par exemple pour les têtes de bétails et
coquillage. Comment régler des transactions de faibles valeurs ?
- Périssable (surtout réserve de valeur) : qui a une durée de vie finie ou limitée, conditions climatiques.

b. Monnaies métalliques :
Une monnaie métallique est une pièce de monnaie en métal dont la valeur nominale correspond à celle
du métal contenu dans la pièce. La valeur de la monnaie est définie par un poids en métal, sa valeur
intrinsèque correspond à sa valeur nominale ou faciale.
La monnaie métallique est passée par trois grandes étapes :
1) La monnaie pesée : les métaux circulaient à l’état brut, naturel – présence d’un peseur expert
2) La monnaie comptée : les métaux sont transformés en boules, disques, rondelles, … La monnaie
comptée n’excluait pas les possibilités de falsification quant au poids et au contenu du métal, ainsi
pour les paiements importants qui nécessitaient la présence du peseur expert.
3) La monnaie frappée : la frappe de monnaie est une opération qui consiste à fabriquer des pièces de
monnaie et pendant la phase de fabrication à produire des empreintes sur les deux faces de la pièce :
d’un côté (face) figurait un relief, un symbole gravé (tête du prince, …), … de l’autre (pile) figurait une
marque (signature, …) indiquant la valeur et le poids de la pièce.
L’intérêt de la frappe de monnaie : le contenu en métal des pièces de monnaie était garanti, ce qui
rendait inutile la présence du peseur expert et les transactions s’en trouvaient d’autant plus facilitées.
La frappe de monnaie est passée par deux phases :
La frappe libre et la frappe légale : Au départ, la frappe de monnaie était libre dans le sens où elle n’était
soumise à aucun contrôle, d’où l’appellation de frappe libre. La frappe était laissée à l’initiative des
détenteurs de métaux précieux. La différence de poids entre le métal brut et les pièces correspond au
prix de la transformation, prix du monnayage ou coût de fabrication. Devant le pouvoir qui s’attache à la
possession et donc à la fabrication de la monnaie, le Prince va s’accorder le privilège de frapper la
monnaie (droit régalien), c’est le passage vers la frappe légale. Lors de la frappe légale, la différence de
poids entre le métal brut et les pièces correspond au coût de fabrication et au seigneuriage, taxe
prélevée par le pouvoir politique pour le droit de battre monnaie.
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La monnaie métallique s’est principalement caractérisée par deux grands systèmes (monétaires) :
1) Le bimétallisme (18ème/ début 19ème siècle) : c’est un système où seuls l’or et l’argent circulent en
tant que monnaie et ils ont un rapport légal. L’or et l’argent se partagent les fonctions monétaires.
Le bimétallisme peut-il fonctionner durablement ?
Il ressort du système du bimétallisme une difficulté de fonctionnement. En effet, la valeur commerciale
de l’or et l’argent évolue au fil des découvertes des gisements de ces deux métaux. Plus il y a de
découvertes de gisements d’argent, plus les individus anticipent une baisse de la valeur marchande de
l’agent, dans une telle situation, il devient avantageux de garder ou d’acheter de l’or.
Ce système était qualifié de bimétallisme boiteux ?
La coexistence de ces deux métaux n’était pas très commode, du fait que la monnaie devait être
exprimée par rapport à un poids d’or et un poids d’argent. Il était beaucoup plus pratique que la
monnaie soit exprimée en un seul métal et celui-ci remplisse toutes les fonctions monétaires.
2) Le monométallisme (début 19ème – début 20ème siècle) : c’est un système dans lequel la valeur de la
monnaie est définie par rapport à un seul métal l’or ou l’argent.

c. Le billet de banque :
Le billet de banque est à distinguer du papier-monnaie ou du billet d’Etat (le papier-monnaie ou billet d’Etat
était émis par l’Etat, avec comme contrepartie des créances sur l’Etat, il avait cours légal et cours forcé).
Afin d’illustrer le cas des certificat, l’exemple des orfèvres londoniens est présenté :
• Expérience des orfèvres londoniens : (1640 le roi Charles I)
Les marchands de Londres commençaient à déposer leurs métaux précieux dans les coffres-forts des
orfèvres afin de se prémunir contre les risques de vol. Ils recevaient en contrepartie de leurs dépôts un
certificat de dépôt ou reçu qui au départ était nominatif et détaillé. Ce certificat permettait aux marchands
de récupérer à tout moment, après avoir payé un droit de garde très faible, les mêmes objets déposés.

Progressivement, les orfèvres londoniens se sont transformés en banques de dépôts, dès lors que sur les
reçus, ne figurait plus que la valeur en livres sterling des objets déposés.
A partir de 1655, les reçus sont devenus au porteur et portaient sur des sommes rondes. Les commerçants
qui reçoivent ces reçus en règlement peuvent les remettre directement en guise de paiement, car ces
certificats sont plus faciles à dissimuler, à transporter et à manier. La valeur des certificats correspond
exactement à la valeur des métaux précieux déposés dans les coffres-forts des orfèvres. Il y avait une
couverture totale (à 100%) des certificats en circulation par le stock de métaux précieux.
Les orfèvres se rendent compte que la part des certificats qui était réellement convertie en métaux
précieux est faible et qu’il était possible d’émettre de nouveaux reçus parfaitement identiques aux
précédents en contrepartie de reconnaissances de dettes. La couverture des certificats en circulation
par l’encaisse métallique est devenue donc partielle.

• Expérience de la banque de Stockholm :


En effet, Johan Palmstrush commerçant et banquier suédois, fondateur de la banque de Stockholm en
1656, a proposé en 1661 l’émission de billets. Mais, dès le départ, ces billets sont en tous points identiques
à ceux émis par les orfèvres londoniens. (Au porteur, portant sur des sommes rondes, convertibles à tout
moment en métaux précieux/cuivre, émis en contrepartie d’un dépôt en métaux précieux ou d’une
reconnaissance de dette)
Aussi bien les billets émis par les orfèvres londoniens que ceux émis par la Banque de Stockholm étaient
convertible à tout moment en métaux précieux d’une part, et d’autre part à cours libre.

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De quoi dépend la viabilité de ce système d’émission de billets ?
Ce système était viable tant que les porteurs de billets ne demandaient pas tous en même temps à être
remboursés en métaux précieux. C’est-à-dire, tant que leur confiance, en la capacité des émetteurs à
assurer la conversion des billets, n’est pas remise en doute.

Dans ce contexte qu’est né en Grande-Bretagne (début du 19ème siècle) un débat concernant la


réglementation de l’émission de billets entre deux écoles :
• École de la circulation « Currency School » :
Pour les partisans de l’école de la circulation, le billet n’est qu’un substitut commode à l’or et à l’argent et
facilite la circulation de la monnaie et les transactions. D’où le nom attribuait à cette école, celle de la
circulation.
Le principe de la circulation supposait une couverture totale des billets en circulation par les réserves en
or, condition très difficile à réaliser dans un contexte qui se distinguait par une demande de monnaie
sans cesse croissante d’une part, et d’autre part, par des gisements en or très limités. Les tenants du
principe de la circulation voient dans l’intervention de l’Etat un moyen de limiter l’émission de billets et
d’assurer la stabilité de la monnaie.

• École de la banque « Banking School » :


Les partisans de l’école de la banque, sont pour la liberté d’émission des billets de banque. L’idée est
que la banque peut émettre des billets pour une valeur supérieure à ses réserves en or. Pour les tenants
du principe de la banque, la liberté d’émission est parfaitement compatible avec la stabilité monétaire.

Quant au principe de la banque dont la logique de fonctionnement supposait une couverture partielle
des billets en circulation par le stock d’or, il reposait sur la confiance des détenteurs de billets de la
banque émettrice à convertir les billets en or.

 Les deux écoles sont d’accord sur la nécessité de limiter le droit d’émission des banques privées et de
préparer le monopole de la banque d’Angletette en matière d’émission des billets.
Dès que l’Etat s’accapare le monopole d’émission des billets, il les dote du cours légal, ils ont de fait un
pouvoir libératoire illimité donc acquièrent la qualité de monnaie.
Force de constater, que ce soit le principe de la circulation ou celui de la banque, aucun n’a donnée
pleinement satisfaction dans le sens où il ne pouvait fonctionner durablement, en raison du développement
très important du commerce, des guerres, … qui ont caractérisé la deuxième moitié du 19ème siècle et le
début du 20ème siècle.
d. Origine de la monnaie scripturale (Ancêtre de la monnaie scripturale) :
Vers le 4ème siècle avant J.C, en Grèce, circulait une très grande diversité de monnaies métalliques, ce qui
nécessitait lors du règlement des transactions la présence de changeurs essayeurs de monnaie ou
trapézistes, qui vont se fixer et ouvrir des boutiques dans lesquelles les clients vont prendre l’habitude de
déposer des sommes en espèces en vue de plusieurs paiements indéterminés ou de retraits successifs.
La technique de paiement par simple jeu d’écriture est reprise vers le 12 ème siècle par les changeurs
banquiers Génois et s’est diffusée par la suite à toute l’Europe marchande des grandes foires.
Dès le 16ème siècle, l’insécurité des routes et l’ouverture par les changeurs banquiers de succursale dans
les principales villes européennes permettaient aux paiements par écriture de supplanter dans les
transactions entre grands marchands.
Cependant, il faut attendre le 19ème siècle quand les banques centrales ôtent aux banques la possibilité
d’émettre des billets et surtout la deuxième moitié du 20ème siècle pour assister au niveau des pays
développés à une généralisation des paiements scripturaux à l’ensemble des catégories de la population.

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2. Formes actuelles de la monnaie :
a. Monnaie fiduciaire :
La monnaie fiduciaire ou manuelle correspond à la monnaie divisionnaire et aux billets. Elle est émise par
Bank Al-Maghrib et à seule cours légal et pouvoir libératoire sur l’ensemble du territoire du Royaume du
Maroc. (Elle a également cours forcé depuis longtemps)

1) Monnaie divisionnaire :
Il correspond au Maroc à des pièces de faible montant. La monnaie divisionnaire a cours légal et un
pouvoir libératoire limité.
Au Maroc, un agent économique n’est tenu d’accepter un paiement en pièces que jusqu’à 50 fois la
valeur faciale de celles-ci. (Exemple : 10dhs à 500dhs). Au Maroc, les pièces de monnaie sont frappées
par DAR AS-SIKKAH.
2) Billets :
Bank Al-Maghrib a le monopole d’émission des billets, lesquels ont un pouvoir libératoire illimité.
b. Monnaie scripturale :
Le terme « scripturale » provient du mot latin « scriptum » qui signifie écriture. Donc la monnaie
scripturale est une monnaie d’écriture, elle s’exprime par un simple jeu d’écriture. Il s’agit par un simple
jeu d’écriture de débiter ou de créditer des comptes principalement au niveau des banques (du Trésor
et de Bank Al-Maghrib). Elle est constituée par les sommes inscrites au niveau des dépôts à vue détenus
auprès de certaines institutions financières.

Dépôt à vue : Il s’agit au Maroc d’un dépôt non rémunéré auprès des institutions financières (exception
de Trésor) que le détenteur, peut à tout moment, soit retirer sous forme de monnaie fiduciaire soit
utiliser par un des moyens de circulation ou de mobilisation de la monnaie scripturale. (Il est possible de
distinguer parmi les dépôts à vue, les comptes courants des comptes de chèques ou de dépôts)
Les raisons d’utilisation de la monnaie scripturale : commodité, maniabilité et absence de risque de vol.

Le développement de la monnaie scripturale s’explique en partie par les progrès en matière


d’informatique, d’électronique, de télécommunication, de télécompensation et surtout par le fait
qu’elle présente principalement trois avantages par rapport à la monnaie fiduciaire :
- Elle permet le règlement de transactions sans déplacement physique des personnes grâce au virement
bancaire, carte bancaire, …
- Elle offre des garanties plus grandes contre la perte ou le vol.
- Elle entraine des écritures dans la comptabilité bancaire qui sont sources de preuves en cas de contestation.
Les principaux moyens de paiements scripturaux :
• Le chèque : c’est un ordre de paiement écrit adressé à sa banque (tiré), trésor, Bank Al-Maghrib, que le
payeur (tireur) remet à un tiers (bénéficiaire), celui-ci peut se faire payer directement auprès de la banque
de tireur ou le remettre à sa propre banque pour créditer son compte (il peut également l’endosser).
• Le virement : c’est un ordre écrit donné à sa banque par un client de débiter son compte et de créditer le
compte du bénéficiaire dans ses livres ou de faire créditer ce compte s’il est tenu par une autre banque.
• L’avis de prélèvement (prélèvement) : permet à un débiteur qui a donné à sa banque une autorisation
permanente de prélèvement, de régler son créancier émetteur de l’avis automatique, sans avoir à
renouveler l’ordre pour chaque opération. L’avis de prélèvement automatique est sur l’initiative du
créancier qui opère un prélèvement dans le cadre d’une autorisation donné par le titulaire du compte.
• La carte bancaire : c’est un moyen de paiement sous forme de carte plastique, équipée d’une bande
magnétique et/ou puce électronique. Elle permet à son détenteur d’effectuer des retraits auprès des
distributeurs automatiques de billets (DAB) ou des guichets automatiques de banques (GAB) et
d’enclencher un processus de paiement de proximité ou à distance (télépaiement via internet).

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Les inconvénients de la carte bancaire :
- L’absence d’un code secret lors des paiements.
- Le risque de vol ou de perte de la carte.
- Les pannes des GAB.
- GAB vident de billets.
- Lenteur d’exécution des opérations au niveau des terminaux de paiement électronique (TPE).
• Monnaie électronique : on peut la définir selon l’article 6 de la loi bancaire marocaine comme étant
toute valeur monétaire représentant une créance sur l’émetteur, qui est :
- Stockée sur un support électronique.
- Émise en contrepartie de la remise de fonds d’un montant dont la valeur n’est pas < à la valeur émise
- Acceptée comme moyen de paiement par des tiers autres que l’émetteur de la monnaie électronique.
La monnaie électronique est circulée à travers deux nouveaux instruments : le porte-monnaie
électronique et le porte-monnaie virtuel.

Principaux avantages de la monnaie électronique :


- Rapidité d’exécution.
- Absence de risque d’impayés.
- Faible coût.
- Réduction des dangers de fraude
- Inclusion financière.

III. Les instruments de mesure de la monnaie


1. Intérêt de mesurer la quantité de monnaie :
La stabilité des prix constitue un des objectifs de la politique économique, mais objectif prioritaire de la
politique monétaire. Elle contribue de manière significative au bien-être général, à un niveau élevé
d’activité économique et d’emploi.

2. Méthodologie de construction des agrégats de monnaie :


L’inflation dépend de la demande, plus précisément de celle des biens et services. En effet, l’inflation se
manifeste par une hausse généralisée et durable des prix au niveau du marché des biens et services.
La catégorie d’agents économique ayant pour vocation principale d’intervenir au niveau du marché des
biens et services est-elle celle des agents non financiers (secteurs détenteur de la monnaie). Il s’agit de
mesurer uniquement la quantité de monnaie détenue par les agents non financiers, puisque la quantité
de monnaie détenue par les agents financiers (secteur émetteur de la monnaie : banques, banque
centrale, …) ne sert pas généralement à l’achat de biens et services, elle est plutôt utilisée dans les
relations entre eux et avec la banque centrale.

Les agrégats de monnaie doivent tenir compte, que de la quantité de monnaie détenue par les agents
non financiers résidents et Marocains Résidents à l’Étranger (MRE).

- Le 1èr critère utilisé, dans la construction des instruments de mesure de la monnaie, est un critère
fonctionnel permettant de distinguer entre ce qui est moyen de paiement immédiat et ce qui ne l’est pas.
De ce fait, plus un actif est liquide, plus il est possible de le considérer comme monétaire et donc
l’assimiler à de la monnaie.
- Aussi, le 2ème critère utilisé est-il celui de liquidité, il va permettre de classer les actifs selon un degré
décroissant de liquidité.
- Il est nécessaire de recourir un 3ème critère de nature institutionnel, qui va permettre de ne retenir
parmi les actifs liquides, que ceux qui sont émis par une institution financière monétaire, et plus
particulièrement par un établissement bancaire.

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3. Les instruments de mesure de la monnaie au Maroc :
a. Instrument de mesure de la monnaie avant 1997 :
Avant 1997, la masse monétaire au sens large était composée de :
- Disponibilités monétaires englobent outre les moyens de paiement immédiats, les dépôts à vue sous
forme de comptes sur carnet auprès des banques.
- La quasi-monnaie était constituée des avoirs sous forme de dépôts à terme auprès des banques.
Les critères utilisés par les autorités monétaires (avant 1997) lors de l’élaborations des instruments de
mesure de la monnaie :
L’utilisation du critère fonctionnel et liquidité permet d’identifier les avoirs monétaires présentant
l’ensemble des caractéristiques de la monnaie, quel que soit leur émetteur et/ou leur gestionnaire
d’une part, et d’autre part, l’utilisation combinée du critère de liquidité et du critère institutionnel
permet d’identifier et de classer par degré décroissant de liquidité les instruments de paiements différés
émis uniquement par une banque et susceptible d’être transformés en moyens de paiement immédiats,
sans délai important, ni risque de perte en capital.

b. Les agrégats monétaires avant juin 2010 :


Les principales qualités d’un agrégat de monnaie :
- La représentativité : les agrégats de monnaie doivent refléter de la manière la plus fidèle et la plus
précise possible la capacité globale ou potentielle de dépense des agents non financiers.
- La disponibilité et la fiabilité : Les agrégats doivent être disponibles rapidement et à une fréquence
relativement élevée. En outre, les données ainsi collectées doivent être aussi précises que possible afin
d’en assurer la fiabilité.
- La cohérence : il s’agit de regrouper en sous-ensembles des actifs monétaires présentant une certaine
homogénéité.

Limites : les instruments de mesure de la monnaie, tels qu’ils étaient confectionnés par les autorités
monétaires marocaines à la veille de 1997, présentaient un faible degré de cohérence et surtout ils
n’étaient plus représentatifs de la capacité de dépense globale ou potentielle des agents non financiers.
La refonte des indicateurs statistiques de la monnaie a concerné aussi bien la forme que le fond :
• La forme : Il y a trois agrégats de monnaie. M1 correspond à la définition la plus étroite de la masse
monétaire. En ajoutant successivement des actifs supplémentaires, on élargit la définition statistique afin
d’aboutir à M2. Enfin, M3 correspond à la masse monétaire au sens large du terme.
• Le fond :
L’agrégat M1, à l’inverse des disponibilités monétaires, ne regroupe plus que les moyens de paiements
immédiats quel que soit leur émetteur et/ou leur gestionnaire (critère liquidité et fonctionnel).
M1 = monnaie fiduciaire + monnaie scripturale
Monnaie fiduciaire = monnaie divisionnaire + billets
Monnaie scripturale = dépôts à vue auprès des banques, du trésor, du Centre des Chèques postaux et de BAM

L’agrégat M2 comprend en plus de M1, des actifs liquides (critère liquidité est seule privilégié) à savoir des
placements à vue sous formes de comptes sur carnets (ou comptes d’épargne) auprès des banques et de
comptes sur livrets auprès de la caisse d’épargne nationale (CEN). (Actifs moins liquides que celle de M1)
M2 – M1 = placements à vue sous forme de comptes sur carnets (ou comptes d’épargne) auprès des
banques + placements à vue sous forme de comptes sur livrets auprès de la CEN.
L’agrégat M3 intègre en plus de M2 (critère institutionnel et liquidité), les placements à terme sous
forme de comptes à terme et de bons à échéance fixe (ou de bons de caisse) auprès des banques et de
certificats de dépôt. M3 correspond donc à la définition de la masse monétaire au sens large.
M3 – M2 = placements à terme sous forme de comptes à terme auprès des banques + bons à échéance
fixe + certificats de dépôt
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Agrégat de placement liquides : les agrégats de placements liquides recensent les actifs financiers des
détenteurs de la monnaie qui présentent un risque de perte en capital et qui sont jugés quelque peu
liquides mais pas suffisamment pour être inclus dans la définition nationale de la monnaie au sens large.
- PL1 : Il s’agit des bons de Trésor négociables, des autres titres de créances négociables (exception faite
des certificats de dépôt) et des titres émis par les OPCVM « contractuels ».
- PL2 : Titres émis par les OPCVM « monétaires ».
- PL3 : Titres émis par les OPCVM obligations (« court », « moyen et long terme »)
- PL4 : Titres émis par les OPCVM « actions » et « diversifiés »
La liquidité de l’économie est composée de la masse monétaire au sens large (M3) et des agrégats de
placement liquides (PL1, PL2, PL3 et PL4)

c. Les agrégats monétaires après juin 2010 :


Bank Al- Maghrib a renformé les instruments de mesure de la monnaie principalement pour deux raisons :
- Pour qu’ils soient conformes aux prescriptions du Manuel des statistiques monétaires et financières du
FMI de 2000.
- Pour qu’ils reflètent au mieux la capacité de dépense globale ou potentielle du secteur détenteur de la
monnaie. (Représentativité)
Secteur détenteur de la monnaie : il inclut tous les secteurs résidents, à l’exception des institutions de
Dépôts et de l’Administration Centrale. Il comprend :
- Les sociétés non financières publiques et privées ;
- Les collectivités locales ;
- Les administrations de sécurité sociale ;
- Les ménages composés des particulières, des entrepreneurs individuels et des MRE
- Les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) ;
- Les autres sociétés financières (ASF)
Secteur émetteur de la monnaie : il comprend l’ensemble des sociétés financières résidentes (Institutions
de Dépôts) qui ont pour principale fonction d’assurer l’intermédiation financière et qui comptent dans leur
passif des éléments entrant dans la définition nationale de la monnaie au sens large. Au Maroc, ce secteur
est composé de : Bank Al-Maghrib – Banques commerciales – OPCVM monétaires

Secteur neutre : l’Administration Centrale est considérée comme un secteur neutre dans la mesure où
ses dépôts ne réagissent pas aux phénomènes macroéconomiques de la même manière que les dépôts
des secteurs détenteurs de la monnaie.
Critère de résidence : le concept de résidence se base sur la notion du centre d’intérêt économique.

Les agrégats de monnaie : les agrégats de monnaie recensent les moyens de paiement et les actifs
financiers qui peuvent être rapidement et facilement transformés en moyens de paiement sans risque
important de perte en capital. Ils sont classés par ordre décroissant du degré de liquidité des actifs
financiers les constituant.

- L’agrégat M1 :
M1 = monnaie fiduciaire (en circulation nets des encaisses des banques) + monnaie scripturale
Monnaie fiduciaire = monnaie divisionnaire + billets -- les encaisses des banques
Monnaie scripturale = dépôts à vue auprès des banques (environ 90 %), du trésor (environ 9 %) et de
Bank Al-Maghrib (1 %).

- L’agrégat M2 :
M2 – M1 = placements à vue (non transférables) sous forme de comptes d’épargne auprès des
banques
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- L’agrégat M3 qui correspond à la masse monétaire au sens large, regroupe, en plus de M2, les actifs
monétaires moins liquides, avec des coûts de transaction significatifs, non transférables et/ou non
divisibles et rapportant un rendement. Ces derniers sont regroupés au niveau d’un agrégat dénommé
« autres actifs monétaires » qui se compose principalement des :
- Comptes à terme et bons à échéance fixe
- Dépôts en devises
- Valeurs données en pension
- Certificats de dépôts d’une durée résiduelle inférieure ou égale à deux ans
- Titres d’OPCVM monétaires
- Dépôts à terme ouverts auprès de la TGR (Trésorerie Générale du Royaume)
M3 – M2 = autres actifs monétaires = comptes à terme et bons de caisse auprès des banques + titres
émis par les OPCVM monétaires + dépôts en devises (à vue et à terme auprès des banques) + valeurs
données en pension + certificats de dépôt ayant une durée résiduelle inférieure ou égale à 2 ans +
dépôts à terme auprès du Trésor + autres dépôts

Agrégats de placement liquides :


- L’agrégat PL1 :
PL1 = titres émis par les OPCVM contractuels + bons du Trésor négociables (émis par adjudication) +
bons de sociétés de financement + billets de trésorerie

- L’agrégat PL2 :
PL2 = titres émis par les OPCVM obligations (cout, moyen et long terme)

- L’agrégat PL3 :
PL3 = titres émis par les OPCVM actions et les OPCVM diversifiés
La liquidité de l’économie est composée de la masse monétaire au sens large (M3) et des agrégats de
placement liquides (PL1, PL2, et PL3)
Il est très important de noter que la frontière tracée aujourd’hui, entre actifs monétaires (agrégat de
monnaie) et actifs non monétaires (agrégats de placement liquides) n’est pas définitive, figée et qu’au
fur et à mesure du développement des innovations financière d’une part et d’autre part des mutations
de comportement des agents économiques en matière de placements, cette limite est appelée à être
déplacée.

Chapitre 2 : L’offre de monnaie


I. Les mécanismes de la création monétaire :
La création monétaire : est le processus par lequel s’accroit la masse monétaire. Il y a une création
monétaire lorsqu’il y a une variation positive de la masse monétaire, c’est-à-dire un accroissement de la
quantité de monnaie détenue par le secteur détenteur de la monnaie.
Quelles sont les institutions financières (les acteurs) qui créent de la monnaie (au sens strict du terme) ?
Seules trois institutions ont le pouvoir de créer de la monnaie, à savoir les banques, la banque centrale
(Bank Al-Maghrib) et accessoirement le Trésor.
1. Les processus de création monétaire :
La monnaie figure à l’actif de l’unité institutionnelle qui la possède, et au passif de celle qui l’a émise (gère).
Le secteur détenteur de la monnaie détient de la monnaie fiduciaire et de la monnaie scripturale donc
des créances sur la banque centrale, les banques commerciales et le Trésor.

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a. La création monétaire des banques :
Il y a création monétaire lorsqu’une banque commerciale effectue, avec des unités institutionnelles du
secteur détenteur de la monnaie une des opérations suivantes :

- Achat d’un actif réel ou financier : Afin de s’acquitter de sa dette, la banque n’utilise pas la monnaie
qu’elle possède, mais elle en crée. Cette capacité est propre à la banque qui peut transformer un actif
réel ou financier en monnaie (monétisation). Inversement, il y a destruction de monnaie lorsqu’une
banque vend un actif réel ou financier au secteur détenteur de la monnaie.
- Achat de devises : la banque monétise les devises, c’est-à-dire qu’elle les transforme en moyens de
paiement immédiatement utilisables. Inversement, lorsqu’une société importatrice marocaine achète
des devises à sa banque, il y a destruction de monnaie.
- Escompte d’un effet de commerce : la banque monétise l’effet de commerce et il y a bien création
monétaire mais provisoire.
- Opérations de crédit : l’octroi de crédit par une banque au secteur détenteur de la monnaie se traduit
par une création de monnaie. Dans ce cas, ce sont bien les crédits qui font les dépôts et non l’inverse.
A l’inverse, le remboursement d’un crédit se traduit par une destruction de monnaie.

 Dans le cas de la création monétaire par les banques à l’occasion d’escompte d’effets de commerce ou
de distribution de crédit n’est que provisoire, on parle de monnaie interne ou de monnaie de crédit.
 Dans le cas d’achats de devises, la création de monnaie est définitive, on parle de monnaie externe
ou de monnaie libre.
La création monétaire implique le passif et l’actif des banque : le passif retrace la monnaie créée tandis
que l’actif retrace les causes de la création de monnaie.
Les banques ne créent que la monnaie scripturale, appelée aussi monnaie bancaire, monnaie de banque
ou monnaie privé. Toute la monnaie créée par les banques fait partie de la masse monétaire et plus
précisément de l’agrégat de monnaie M1.
b. La création monétaire du Trésor :
Le Trésor crée directement de la monnaie scripturale lorsqu’il paie ses dettes envers des unités
institutionnelles du secteur détenteur de la monnaie ayant leurs dépôts à vue auprès de lui (Trésor).
(Versement des salaires)
Pour financer son déficit budgétaire, le Trésor peut émettre des bons du Trésor auprès des banques et
auprès du secteur détenteur de la monnaie, emprunter sur le marché interbancaire ou recourir aux
avances de Bank Al-Maghrib.

Il y a création de monnaie indirecte par le Trésor, si la monnaie centrale reçue par le Trésor est utilisée
pour effectuer des paiements auprès des unités institutionnelles du secteur détenteur de la monnaie.
Il y a bien création monétaire par le système bancaire, mais c’est le Trésor qui en a pris l’initiative.

c. La création monétaire de la Banque Centrale :


Quelle est la nature de la monnaie créée par la banque centrale ?
Bank Al-Maghrib émet de la monnaie de banque centrale. La monnaie de banque centrale se compose
des billets et pièces en circulation et de la monnaie centrale. La monnaie centrale est constituée des
avoirs détenus par les titulaires de comptes sur les livres de l’Institut d’émission, principalement par les
banques et par le Trésor.
Il y a donc création monétaire (monnaie centrale), lorsque Bank Al-Maghrib effectue avec les banques
ou le Trésor un certain nombre d’opérations :
• Achats de devises par Bank Al-Maghrib aux banques (ou au Trésor).

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• Refinancement des banques par Bank Al-Maghrib : Il y a création de monnaie centrale à chaque fois
que les banques se refinancent auprès de la banque centrale. A l’inverse, il y a destruction de monnaie
centrale, lorsque les banques remboursent leurs crédits à l’institut d’émission.
Il y également création de monnaie centrale, lorsque la banque du premier rang achète aux banques des
bons du Trésor sur le marché secondaire dans le cadre de la conduite de la politique monétaire.
• Financement direct de l’Etat par Bank Al-Maghrib : Il y a création de monnaie centrale, lorsque le
Trésor recourt à la banque centrale pour financer principalement les décalages dans le temps entre ses
recettes et ses dépenses.

L’institut d’émission crée de la monnaie fiduciaire, principalement, lorsque les banques et/ou le Trésor
en font la demande pour répondre aux besoins des unités institutionnelles du secteur détenteur de la
monnaie. Dans ce cas, la quantité de monnaie de banque centrale reste inchangée, juste sa structure se
modifie.
La création de monnaie centrale par la banque centrale implique son passif qui retrace la monnaie de
banque centrale créée, et son actif qui retrace les causes de la création de monnaie centrale.

Principaux postes du bilan de BAM


Avoirs et placements en devises Billets et monnaies en circulation

Concours financiers à l’Etat Dépôts et engagements en dirhams


- Compte courant du Trésor public
Créances sur les établissements de crédit et
assimilés marocains - Dépôts et engagements en dirhams envers
- Avances aux banques les banques marocaines
- Comptes courants
Bons du Trésor – Opérations d’open market

COMPTE DU PATRIMOINE DE BAM (aujourd’hui)


Créances sur les non-résidents (74%) Billets et monnaies en circulation (79%)

Crédits accordés aux résidents (25%) Engagements envers les non-résidents


- Banques Engagements envers les résidents (12%)
- Administration centrale - Banques
- Autres secteurs - Administration centrale

Actif immobilisé Actions et autres titres de participation


- Capital et réserves
Autres actifs
Autres passifs

Le compte de patrimoine (de BAM) : Il s’agit de l’état de la valeur des actifs détenus et des
engagements contractés, (par BAM), dressé à un moment donné à partir de ses documents comptables.
2. Les contreparties de la masse monétaire :
a. Détermination des contreparties de la masse monétaire :
Démarche avant juin 2010 : Pour identifier les contreparties de la masse monétaire, il suffit de cumuler
puis de consolider les bilans de BAM et des banques.

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BILAN CUMULÉ ET CONSOLIDÉ DE BAM ET DES BANQUES
Avoirs extérieurs nets Billets et monnaies divisionnaires détenus (par les ANF)
Comptes créditeurs à vue de la clientèle auprès des
Créances sur l’État Banques et de BAM

Concours à l’économie Comptes d’épargne auprès des banques


Comptes à terme et bons à échéance fixe
Certificats de dépôt détenus par des agents non financiers
Emprunts contractés par les banques
Provisions
Fonds propres nets
Solde des éléments divers

b. Principales rubriques des contreparties de la masse monétaire :


Les contreparties sont définies par rapport à l’agrégat de monnaie M3. Elles sont regroupées en 2 rubriques :
• Celle qui concerne la création monétaire d’origine externe, avoirs extérieurs nets (BAM et banques).
• Celle qui concerne la création monétaire d’origine interne, crédit intérieur global qui se décompose à
son tour en trois postes :
- Créances sur l’État.
- Concours à l’économie.
- Contrepartie des avoirs (sous forme de comptes sur livret) auprès de la CEN

• Ressources à caractères non monétaires = emprunts contractés par les banques, fonds propres nets de
BAM et des banques et provisions constituées par les banques
• Total des contreparties = avoirs extérieurs nets + créances sur l’État + concours à l’économie +
contreparties des avoirs en comptes sur livrets auprès de la CEN – ressources à caractère non monétaire
c. Principales rubriques des contreparties de la masse monétaire à partir de mai 2013 :
Démarche à partir de mai 2013 : Pour identifier les contreparties de la masse monétaire, il suffit de
cumuler puis de consolider les comptes de patrimoine des institutions de dépôt (BAM, banques et
OPCVM monétaires).

Total des contreparties = réserves internationales nettes + créances nettes des institutions de dépôts sur
l’administration centrale + créances sur l’économie – ressources à caractère non monétaire + autres
contreparties de M3 (il s’agit principalement de la contrepartie des dépôts auprès du Trésor)

II. Les limites à la création monétaire :


Il est important de faire distinction entre les fuites interbancaires (entre banques, à l’intérieur du circuit
bancaire ou du système bancaire) et les fuites hors du circuit bancaire (vers le circuit du trésor, fuites sous
forme de devises, fuites sous forme de monnaie fiduciaire et fuites sous formes de réserve monétaire).
1. Le pouvoir de création monétaire illimité ?
• Système avec une seule banque et une seule monnaie, la monnaie bancaire (monnaie scripturale) :
Dans ce premier cas irréaliste, le pouvoir de création de monnaie de cette banque (CIH) est illimité, car la
seule monnaie qui existe est créée par elle seule d’une part, et d’autre part étant l’unique banque, toute la
monnaie qu’elle émet se retrouve, chez elle, sous forme de dépôts au niveau de son passif. La seule
limitation à la création monétaire qu’il est possible d’avancer est celle relative à la demande de crédits, en
effet, cette banque (CIH) ne distribue des crédits que si les acteurs du secteur détenteur de la monnaie lui
en font la demande.

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• Système non hiérarchisé à deux banques et une seule monnaie, la monnaie bancaire (scripturale) :
Il est possible de parler de croissance équilibrée du secteur bancaire à chaque fois que les fuites entre ces
deux banques se compensent parfaitement (F Ba = F Bb). Dans le cadre d’un système non hiérarchisé avec
une seule monnaie et lorsque la création monétaire individuelle de chacune des banques est
proportionnelle à sa part de marché, le pouvoir de création de monnaie est illimité, pour la simple raison
que les fuites interbancaires sont égales (ou se compensent parfaitement).

• Système hiérarchisé : banque centrale, banques, monnaie bancaire et monnaie centrale :


Un système bancaire comprend plusieurs banques. Pour régler les différents mouvements résultant des
opérations de leurs clients, les banques procèdent à une compensation multilatérale (Opération permettant
d’éviter de multiples transferts de monnaie centrale en contrebalançant les créances par les dettes).

Le pouvoir de création monétaire du système bancaire pris dans sa globalité est « illimité » car toutes les
fuites qu’il subit se retrouvent à l’intérieur de son circuit (circuit bancaire, fuites interbancaires).

SIMT (Système Interbancaire Marocain de télécompensation) à partir de 2002/2003 jusqu’au 2010 …


CMI (Centre Monétique Interbancaire) / HPS Switch (Hightech Payment Systems Switch) juillet 2016
SRBM (Système des Règlements Bruts du Maroc, 2006)
2. Facteurs de la liquidité bancaire :
Dans la réalité, le système bancaire, dans son activité de distribution de crédits (création de monnaie
scripturale), se trouve limiter par un certain nombre de fuites. La limitation provient du fait que ces
fuites hors du circuit bancaire sont en monnaie de banque centrale, monnaie dont uniquement la
banque centrale a le monopole d’émission.

• Fuites sous forme de monnaie fiduciaire : la monnaie fiduciaire constitue un facteur permanent de
pression sur la liquidité bancaire, puisqu’à chaque fois que les banques créent de la monnaie scripturale,
une partie est transformée en monnaie fiduciaire.
• Besoins en devises : à chaque fois que les banques se procurent des devises auprès de l’institut
d’émission, dans le but de répondre aux besoins en devises de leurs clients (ou peur eux), il se produit
une diminution de leurs avoirs en monnaie centrale.
• Fuites vers le circuit du Trésor : toute amélioration du solde du compte courant du Trésor public se
traduit par une détérioration de la liquidité bancaire.
Ces trois premiers facteurs sont qualifiés de facteurs autonomes de la liquidité bancaire, car ils
échappent au contrôle de la banque centrale.

• Fuites sous formes de réserve monétaire (ou réserve obligatoire) : Bank Al-Maghrib impose aux banques
commerciales de détenir auprès d’elle sous forme de réserve obligatoire, 4% (depuis 2016) de leurs
exigibilités libellées en dirhams. Ces avoir peuvent être (depuis 2016) rémunérés par Bank Al Maghrib.
La réserve monétaire est qualifiée de facteur non autonome de la liquidité bancaire, car cette réserve
monétaire dépend de la banque centrale.
III. Multiplicateur ou diviseur de crédit :
1. Multiplicateur de crédit (ou multiplicateur de base monétaire) :
Selon la théorie du multiplicateur de crédit, à chaque fois que le système bancaire dispose de réserves
excédentaires, il les distribue sous forme de crédits. La monnaie de banque centrale est ainsi à la base de la
création monétaire d’où l’appellation de base monétaire.
𝟏
𝐤 = (𝐛+𝐫−𝐫𝐛)

- 𝐛 : la part de M1 détenue par les acteurs du secteur détenteur de la monnaie sous forme de billets.
- 𝐫 : le taux de la réserve obligatoire sur les dépôts à vue bancaire.

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a. Présentation et fonctionnement du multiplicateur de crédit :
𝑺= 𝑬∗𝒌
𝐒 : total des crédits distribués – 𝐄 : les réserves excédentaires initiales – 𝐤 : multiplicateur de crédit = 1⁄𝑏 + 𝑟 − 𝑟𝑏

Vague Réserves Crédit Demande Retour de dépôt Réserve Total des fuites
de excédentaires nouveaux = de billets monétaire
crédit monnaie créée
(1) (2) = (1) (3) = b*(2) (4) = (1-b) *(2) (5) = r*(4) (6) = (3) + (5)
1ère E E bE (1-b) E R(1-b) E bE+r(1-b) E
2ème E(1-b) (1-r) E(1-b) (1-r) bE (1-b) (1-r) (1-b) E (1-b) (1-r) r(1-b) E (1-b) (1-r) b E(1-b) (1-r) +
r(1-b) E (1-b) (1-r)
3ème E((1-b) (1-r)) 2 … … … … …
… … … … … … …
Ni ème 0 0 0 0 0 0
Total S … … … …

Pour les partisans de l’école de la circulation (pensée positive), l’offre de monnaie est exogène, car la
création de monnaie ne dépend pas de la demande de crédit émanant des unités institutionnelles du
secteur détenteur de la monnaie, elle est plutôt tributaire de la trésorerie excédentaire des banques.
b. Principales limites du multiplicateur de crédit :
• Les banques n’octroient des crédits (crée de la monnaie), que si les unités institutionnelles du secteur
détenteur de la monnaie expriment un besoin de financement bancaire. Il faut que la demande de
crédits présente pour le secteur bancaire des conditions de solvabilité et de rentabilité.
• Tout besoins de financement exprimé de la part des entreprises n’est pas forcément synonyme de
création monétaire, car ces dernières peuvent le satisfaire, par exemple, par émission de titres de
créances auprès d’autres acteurs du secteur détenteur de la monnaie.
• Tout excédent de liquidité bancaire n’est pas forcément à l’origine d’octroi de crédits et d’expansion
monétaire.
• Tant que le multiplicateur que le diviseur de crédit ne tiennent pas compte des autres fuites en monnaie
centrale ou des autres facteurs de la liquidité bancaire.

2. Diviseur de crédit :
Le mécanisme du diviseur de crédit est similaire à celui du multiplicateur de crédit, la seule différence
consiste dans le début du processus. En effet, le processus commence lorsque les unités
institutionnelles du secteur détenteur de la monnaie demandent des crédits au système bancaire.

𝐄 = 𝐒 ∗ 𝟏⁄𝐤 (𝑬 : refinancement – 𝑺 : total des crédits distribués – 𝟏⁄𝒌 : diviseur de crédit = 𝑏 + 𝑟 − 𝑟𝑏)

Pour les partisans de l’école de la banque, l’offre de monnaie est endogène, car la création de
monnaie dépend de la demande de crédit émanant des unités institutionnelles du secteur détenteur
de la monnaie, elle n’est pas tributaire de la trésorerie excédentaire des banques.

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