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Une autre acception de la monnaie la présente comme une institution. En effet, dans le
cadre des échanges, la nécessité d’une échelle de valeur servant d’intermédiaire dans les
transactions, et en lequel les partis à la transaction ont pleinement confiance se pose. La
monnaie constitue donc ce moyen d’intermédiation dans les échanges, obéissant à des normes
acceptées et reconnus de tous1. Afin de maintenir la confiance dans cet instrument, l’Etat
garanti le cours légal de la monnaie.
En langage courant, la monnaie renvoi aux moyens de paiement que sont les pièces et
les billets de banques, communément entendu comme « argent liquide ». Du point de vue des
sciences économiques, cet entendement est limitatif, car l’argent liquide ne correspond qu’à
une composante de la monnaie généralement appelée numéraire. En effet, outre le numéraire,
les chèques, les dépôts en compte courants, les dépôts en compte postaux, sont autant de
moyens de paiement qui rentre dans la définition de ce que représente la monnaie.
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En effet, la monnaie est une conception n’a théoriquement de valeur non nulle qu’une fois que les individus
vont à l’échange.
Ainsi, les économistes définissent la monnaie comme tout moyen utilisé pour le
paiement des biens et services ou le remboursement des dettes, accepté de tous au sein
d’un espace monétaire donné, et ayant de ce fait, un pouvoir libératoire immédiat et
illimité.
Avant l’apparition des signes monétaires, les échanges s’opéraient par troc. Le troc est
une transaction où les biens et les services s’échangeaient directement contre d’autres biens et
services. Le principal inconvénient de ce système réside dans la contrainte de la double
coïncidence des besoins.
Cette contrainte voudrait que l’individu souhaitant acquérir un bien, puisse d’une part,
trouver une personne qui possède le bien qu’il désire, et d’autre part, que la personne
possédant le bien désiré, puisse au même moment, être intéressée par l’acquisition des biens
que l’individu a à offrir. Le temps passé à rechercher une situation de coïncidence des besoins
est constitutif de coûts de transaction, élevés et néfastes à l’échange.
Afin d’éviter ces contraintes négatives, les organisations sociétales ont recherché un
moyen de procéder aux transactions avec plus de célérité, mettant au point un bien
« tampon », contre lequel tous les biens pourraient être échangés, et qui à son tour, pourrait
être échangé contre des biens, séparant ainsi les transactions de ventes de celles d’achat, d’où
la monnaie2. La monnaie remplit donc la fonction d’intermédiaire lorsqu’elle est utilisée
comme moyen d’échange universel et unique, garantit par un Etat (ou communauté d’Etat),
qui lui assure un cours légal et un pouvoir libératoire immédiat sur son espace de
souveraineté.
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L’introduction de la monnaie sépare donc l’échange en deux transactions distinctes, à savoir d’une part la vente
de biens contre la monnaie en retour, et d’autre part l’achat de bien avec de la monnaie (M contre M’=troc ; A
contre M= vente ; M contre A=Vente)
La majeure partie du temps, recettes et dépenses des acteurs économiques ne sont pas
simultanées. Malgré la perception d’un revenu, un individu peut avoir le temps et le désir de
dépenser bien plus tard que le moment de la perception du revenu. Ainsi, la monnaie est une
réserve de valeur car elle sert à épargner du pouvoir d’achat entre le moment où un revenu est
perçu et le moment où on souhaite le dépenser. Il existe plusieurs autres réserves de valeurs,
plus sûres3 et plus rentables que la monnaie. Toutefois, la monnaie est de loin la réserve de
valeur la plus demandée du fait de sa plus grande « liquidité ». La liquidité d’un actif est la
facilité et la vitesse avec laquelle cet actif peut être converti en instrument d’échange. Etant
elle-même l’instrument d’échange, la monnaie est donc plus liquide que les autres actifs.
A ses premières heures, la monnaie s’est tout d’abord révélé sous la forme de biens
précieux. Elle a progressivement muté vers des formes métalliques au début du 17 e siècle,
puis vers ses formes papier suite à l’essor du système bancaire. Avec l’ère du numérique, la
monnaie est de plus en plus utilisée sous ses formes électroniques.
Depuis l’antiquité jusqu’au début des temps modernes, différents biens ont fait office
de moyen de paiement dans les échanges. Ainsi, une monnaie constituée de biens ou d’objets
désirables pour eux-mêmes, donc de marchandises, est appelée monnaie marchandises. Afin
qu’un objet serve de monnaie, il faudrait qu’il soit universellement acceptable par tous
comme moyen de paiement et qu’il puisse avoir une valeur évidente pour tout un chacun.
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La monnaie ne remplit complètement sa fonction de réserve de valeur qu’en cas de stabilité du niveau général
des prix. En cas d’inflation, le pouvoir d’achat détenue en monnaie diminue et la détention de monnaie est donc
une perte de valeur. La situation s’inverse en cas de réduction des prix.
Suivant ces caractéristiques, des biens tels que le blé, les têtes de bétail, ou encore les koris,
ont été utilisés comme monnaie, avant d’être progressivement remplacés par les métaux
précieux.
La monnaie métallique fait référence aux différents métaux qui ont été utilisés comme
moyens de paiement dès le 17e siècle. Les métaux dits « non précieux » tels le cuivre, le
bronze ou encore le zinc, ont été les premiers métaux à faire objet de monnaie. Par la suite, ils
ont été remplacés par des métaux dit « précieux » que sont l’or et l’argent. Se sont ainsi
succédées l’ère du bimétallisme or et argent, puis celle du monométallisme or. Dans les
systèmes bimétalliques et monométallique, le métal-monnaie pouvait être pesé sous forme de
lingots et l’on parlait ici de « monnaie pesée », ou encore être fractionné en morceaux pour
donner cours à la « monnaie comptée » ou encore réduite sous forme de pièces, dite
« monnaie frappée ».
En ce qui concerne les pièces de monnaie métallique, il est à noter qu’à ses débuts, la
production de ses dernières était ouverte à tous (régime de frappe libre) avec pour seule
contrainte que leurs valeurs intrinsèques devaient correspondre à la quantité de métal
contenue dans la pièce. Cependant en absences de standards, le système de frappe libre a
donné lieu à un système hétéroclite, marqué par la circulation d’une multitude de types de
pièces, de diverses provenances et très souvent de valeur inégales, pour les mêmes
transactions. Ces limites vont contraindre l’Etat à intervenir, par l’apposition d’un sceau sur
toutes les pièces, censé garantir le poids et la teneur en métal précieux, d’où l’origine de la
fonction de l’Etat dans la sphère monétaire.
La monnaie métallique ci-dessus évoquée, avait pour inconvénients entre autres, son
poids et sa grande exposition aux pillages lors des transports. Afin d’y faire face, les
détenteurs de monnaie ont mis sur pied un système leur permettant de déposer leur or ou
argent auprès d’orfèvres contre un reçu nominatif, ou certificat de dépôt, convertible en métal
à tout moment. Ces reçus constituaient ainsi la monnaie-papier. Par la suite, les monnaie-
papier va devenir anonyme et se substituer progressivement à la monnaie métallique sous
forme de billet. Ces billets vont connaître un essor rapide, mais vont également très vite
perdre de la valeur du fait que les orfèvres, en plus du simple gardiennage, vont se mettre à
prêter ces billets sans pour autant disposer de leur équivalent en or ou argent.
Ce phénomène va entraîner une fuite devant les billets, conduisant l’Etat à intervenir
de nouveau. En effet, afin de garantir la valeur des billets en circulation, il sera donné à l’Etat
monopole de l’émission des billets, dans lesquels tous les agents économiques pourront avoir
confiance, et donc accepté de tous. Ce monopole sera étendu aux pièces de monnaie et
transféré à une banque d’émission, sous la surveillance étroite de l’Etat. L’ensemble formé
par ces pièces de monnaie encore appelée monnaie divisionnaire et les billets de banque
constitue la monnaie fiduciaire. La monnaie fiduciaire tire donc toute sa valeur du niveau de
confiance qu’inspire son Institution émettrice.
La monnaie fiduciaire est garantie par le cours légal qui consiste en l’obligation légale
d’accepter un instrument monétaire en paiement ou en remboursement de dettes. La monnaie
fiduciaire peut être convertible ou inconvertible. L’inconvertibilité est l’impossibilité
d’obtenir conversion à prix fixe, d’une monnaie en une marchandise ayant une utilité
intrinsèque et un usage monétaire, c’est-à –dire en pratique, en métal précieux ou en devises
étrangères. Par ailleurs, les différentes périodes de guerres qu’ont connu plusieurs pays au
début du 20e siècle, ont mis en exergue la notion de cours forcé, consistant en l’imposition
simultanée par l’Etat, du cours légal et de l’inconvertibilité. La convertibilité en métaux
précieux est aujourd’hui restreinte au système de Bretton wood, tandis que la convertibilité en
devise est aujourd’hui largement répandue, généralement à prix flexible.
Au rang des supports classiques, l’on peut distinguer en premier lieu le chèque. Le
chèque est un ordre adressé par une personne appelée « tireur », à un établissement ou une
banque nommée « tirée », de payer une somme déterminée à une tierce personne appelée
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Le terme « scripturale » vient du latin «scriptus » qui veut dire écriture en français contemporain
« bénéficiaire » ou « porteur ». Le chèque constitue aussi un titre émis par une banque ou un
autre organisme assimilé. Le chèque, extrait généralement d’un carnet à souche délivré par le
banquier, permet à une personne de retirer de l’argent ou de régler des paiements. Le chèque
n’est pas une monnaie, il n’est qu’un support permettant de faire circuler les dépôts à vue
transférable. Plusieurs types de chèque sont à distinguer : Le chèque ordinaire, le chèque sans
provision, le chèque barré, le chèque postal, le chèque endossable, etc.
Un autre support de la monnaie scripturale est le virement, qui est l’ordre donné à une
banque par le titulaire d’un compte, de prélever une somme de son compte et de la faire porter
au compte d’un tierce, appelé bénéficiaire.
Outre le chèque et le virement, il existe d’autres supports classiques, utilisés dans une
proportion moindre, tels que la lettre de change, le billet à ordre ou encore le titre
interbancaire de paiement.
Lettre de change : Titre par lequel un fournisseur (le tireur) donne l’ordre à son client
(le tiré) de payer une certaine somme à une date donnée à une troisième personne (le porteur).
Bons du trésor : Titres financiers, émis par le Trésor public, sous forme d’obligations à
court ou à moyen terme (inférieur à 5 ans), qui ont pour objectifs de faciliter le financement
des besoins courants de l’Etat. On distingue les bons destinés aux particuliers dit « bons sur
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Au sens strict la monétique n’est pas une monnaie, mais au sens large, la monétique renvoi à la monnaie
électronique
formule » et les bons destinés à être négociés et échangés sur le marché monétaire, d’un
montant généralement plus élevé, dits « bons en compte courant ».
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monnaie virtuelle servant à effectuer des transactions directes entre des usagers reliés par un réseau
informatique
La quasi-monnaie auprès des institutions financières bancaires (I.F.B) sont les dépôts
bancaires qui ne sont pas immédiatement utilisables dans les règlements, mais pouvant être
aisément transformés sans perte de capital. Il s’agit principalement :
- des comptes sur livret : qui sont des compte d’épargne, assortis d’un intérêt, dont les avoirs
sont remboursables à vue, mais qui ne peuvent être utilisables par chèque.
-des dépôts à terme : qui sont des dépôts bancaire faisant l’objet d’un blocage en compte pour
une période déterminée d’avance (Trois mois, six mois, un an,..).contre perception d’un
intérêt.
-Les bons de caisse : qui sont des titres émis par la banque, constituant un engagement de la
banque (émetteur) de payer une certaine somme à échéance déterminée en remboursement
d’un prêt à court terme, productif d‘intérêt. Les bons de caisse sont souscrits par les déposants
soit au porteur soit à ordre.
Les dépôts auprès des caisses d’épargne : qui sont semblables aux comptes sur livrets ouverts
auprès des banques, mais à la différence d’une durée obligatoire de dépôt plus longue.
Les bons de trésor : qui sont des titres représentatifs d’emprunt à court terme émis par le
trésor public.
Afin d’éviter différents types de déséquilibres sur les marchés, les Banques Centrales
ont pour tâche importante de mesurer au mieux la quantité de monnaie en circulation. A cet
effet, les BC utilisent des agrégats monétaires pouvant s’entendre comme des mesures des
différents stocks de monnaies mis à la disposition des agents économiques non financiers pour
effectuer leurs transactions7. Différents ensembles de formes de monnaie en circulation
renvoient à différents agrégats monétaires, s’emboîtant les uns dans les autres et allant du plus
liquide au moins liquide. La somme des agrégats forme la masse monétaire c’est-à-dire
l’ensemble des liquidités et des actifs susceptibles d’être convertis en liquidité.
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Mesure de l’offre de monnaie
La définition et l’étendue des agrégats varie en fonction des Banques Centrales. Dans
le cadre de la BEAC, quatre agrégats sont utilisés pour la mesure de la monnaie.
Le taux de liquidité de l’économie est le rapport entre le total des encaisses détenues
par les agents non financiers (M1, M2, M3, M4 en fonction des cas) et une grandeur
représentative du niveau de l’activité économique (PIB nominal). Lorsque ce ratio est élevé,
l’économie est très liquide et les agents non financiers (ménages, entreprises) détiennent un
volume important de monnaie qui peut alimenter une forte demande de consommation et
provoquer par là des tensions inflationnistes. Au contraire, lorsque ce ratio est faible,
l’économie manque de liquidité, et il peut en résulter des tensions sur le financement des
entreprises, tensions qui risquent de compromettre la croissance économique. En fonction de
l’agrégat utilisé, le calcul du taux peut également révéler une préférence pour un type de
monnaie.