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Chapitre 5 : La politique monétaire : clarification conceptuelle et objectifs 1

CHAPITRE 5 : LA POLITIQUE MONETAIRE : CLARIFICATION


CONCEPTEULLE ET OBJECTIFS

Les autorités gouvernantes disposent de deux piliers principaux de politique


économique générale pour mener les économies dans un sens souhaité pour tous, à savoir la
politique budgétaire et la politique monétaire. La politique monétaire dont il sera
principalement question dans ce chapitre, peut s’entendre comme l’ensemble des mesures
prises par les autorités monétaires (Banques Centrales/ Etats) pour réguler la quantité et le
coût de la monnaie, afin de maintenir la stabilité des prix et influencer le niveau d’activité
économique. De cette définition, on peut donc déduire que la politique monétaire cherche à
atteindre un certain nombre d’objectifs, en recourant à des instruments ou moyens de
politique monétaire.

SECTION 1 : LES OBJECTIFS DE POLITIQUE MONETAIRE

La politique monétaire tout comme la politique budgétaire, poursuit de manière


globale les objectifs généraux de politique économique. Toutefois, l’atteinte de ces objectifs
généraux suppose une action continue des autorités monétaires, qui se fixent des objectifs
spécifiques à leur champ de compétence, pouvant se subdiviser en objectifs intermédiaires et
objectifs opérationnels.

1.1. Les objectifs généraux.

La politique monétaire cherche principalement à faire en sorte que l’économie dispose


de liquidités nécessaires et adaptées à une croissance équilibrée. A ce titre, la politique
monétaire poursuit des objectifs macroéconomiques communs aux autres politiques
économiques, que sont : la croissance économique, la réduction du chômage (la recherche du
plein-emploi), la stabilité des prix, l’équilibre de la balance de paiement. De manière
schématique ces objectifs constituent les angles du « carré magique de Kaldor ». Dans les
faits ces objectifs sont dans plusieurs situations antagonistes et difficilement atteignables
simultanément, représentant donc plutôt un idéal, d’où le terme « magique »1.

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En effet, la poursuite de certains objectifs peut engendrer dans la pratique, des effets induits néfastes quant à
l’atteinte d’autres objectifs généraux, faisant plutôt penser à une incompatibilité des objectifs.

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Ceci dit, la monnaie ayant une influence plus essentielle sur la stabilité des prix et le
taux de change, les objectifs généraux s’y rapportant relève principalement de la conduite de
la politique monétaire. De manière encore plus spécifique, la majorité des spécialistes
s’accorde sur le fait que dans les économies modernes, la stabilité des prix (la stabilité du
pouvoir d’achat de la monnaie) constitue l’objectif central de politique monétaire. Les enjeux
de cette stabilité des prix peuvent se comprendre au moins à deux niveaux.

Tout d’abord au niveau de la quantité des moyens de paiement en circulation. En effet,


au plan intérieur, une offre de monnaie insuffisante face à une demande de liquidités soutenue
se traduit par une hausse des taux d’intérêt, renchérissant ainsi le coût de l’emprunt, et donc
une rareté de capital pour l’investissement, pouvant déboucher in fine sur un ralentissement
de l’activité économique2. Aussi, sur le plan extérieur, la hausse des taux d’intérêt provoque
une attraction des capitaux spéculatifs extérieurs à la recherche de meilleurs rendements, et
partant, un accroissement de la demande la devise locale et donc de son cours, renchérissant
de fait le prix des exportations. Cette tension inflationniste à l’export est potentiellement
néfaste à la compétitivité, à l’emploi et à la croissance économique3.

Toutefois, une surabondance des liquidités n’est pas plus souhaitable. La supériorité de
l’offre de monnaie par rapport à la demande occasionne l’inflation, qui est à l’origine de
nombreuses perturbations sur les marchés. La juste régulation des moyens de paiements est
donc au centre de plusieurs enjeux économiques tant internes qu’externes, qui relève des
autorités monétaires et de leur choix de politique monétaire.

Ces dernières années, avec notamment la survenance des crises financières tirant leurs
sources des comportements à risque élevé des institutions financières et bancaires, un nouvel
enjeu de politique monétaire réside dans la qualité et la fiabilité des banques et des institutions
financières. Afin d’éviter la déstabilisation des systèmes financiers et leurs effets induits
importants sur l’économie réelle, les politiques monétaires se doivent d’assurer un contrôle
sur les décisions de ces institutions.

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Les taux d’intérêts élevés dissuadent les détenteurs de liquidités à investir dans de nouveaux projets de
production, les incitant plutôt à faire des placements spéculatifs, ce qui assèche davantage le marché en
liquidités. Cette rareté de liquidités et ces taux d’intérêt élevés empêchent aux entreprises d’investir, ce qui
ralentit la croissance économique.
3
la monnaie local sera alors plus demandée, augmentant ainsi son cours et ainsi, le prix relatif des exportations,
pouvant conduire à une perte de compétitivité, une réduction des ventes des entreprises exportatrices et le
chômage des employés de ces filières.

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Eu égard à ce qui précède, et notamment des contradictions qui peuvent survenir entre
différents objectifs, la question de la prépondérance d’un objectif sur les autres, pourrait se
poser. En d’autres termes, quel est l’objectif prioritaire de la politique monétaire ? Afin de
répondre à cette préoccupation, plusieurs économies ont opté de conférer à leur banque
centrale, un mandat hiérarchique. Dans ce cadre, les actions de la Banque centrale doivent
être orientée en priorité vers la stabilité des prix (Ex : la BEAC). L’atteinte des autres
objectifs peut être engagée seulement si celui de la stabilité des prix est réalisé. D’autres
économies mettent plutôt en œuvre un mandat dual, c’est – à-dire donne mandat à leur
banque centrale de poursuivre, outre la stabilité des prix, un autre objectif général de politique
économique, et ce suivant une importance égale. Dans l’exemple des Etats- Unis, la FED se
doit de rechercher à la fois, la stabilité des prix et le plein-emploi.

1.2. Les objectifs intermédiaires et les objectifs opérationnels

Afin d’atteindre les objectifs généraux de politique économique, les autorités


monétaires se fixent des buts stratégiques propres à leur champs d’action, appelés objectifs
intermédiaires. Ces objectifs stratégiques supposent eux-mêmes la réalisation de cibles
opérationnelles.

1.2.1. Les objectifs intermédiaires

Les objectifs intermédiaires sont attribués à différents types de mesures portant sur des
variables, susceptibles de modifier l’offre et la demande globale et d’impacter ainsi les
indicateurs d’objectifs généraux. Ils concernent donc généralement les taux d’intérêt, le crédit
bancaire, les agrégats monétaires et le taux de change.

1.2.1.1. Les taux d’intérêt

La hausse où la baisse des taux d’intérêt a un impact final certain sur le niveau des
prix, le déficit courant, l’emploi et la croissance, qui constitue des objectifs finaux. Afin de
pouvoir atteindre ces objectifs, les BC vont donc essayer d’influencer l’évolution des taux
d’intérêt pour une répercussion souhaitée sur les objectifs généraux. En règle générale, la BC
agit sur trois types de taux d’intérêt. Les taux d’intérêt des marchés des capitaux, les taux
de crédit bancaires, et les taux administrés.

Les taux d’intérêt des marchés des capitaux peuvent être classés suivant les
marchés auxquels ils correspondent, notamment :

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- le taux du marché monétaire qui est le taux auquel les institutions financières mais
éventuellement les entreprises se procurent des liquidités. Le secteur le plus actif de
ce marché est celui de l’argent au jour le jour, où les établissements de crédit
échangent leurs excédents et leurs déficits de trésorerie dans un intervalle de 24h, à
un taux d’intérêt appelé taux de l’argent au jour le jour. Ce taux constitue en fait,
le prix journalier de la monnaie centrale pour les banques de second rang, et que la
BC cherche à contrôler par divers instruments de politique monétaire ;
- le taux du marché obligataire qui donne le rendement des obligations
nouvellement émises sur le marché primaire ;
- le taux du marché hypothécaire qui donne le rendement des titres à plus de dix
ans, représentatifs de créances sur l’habitat.

Les taux de crédit bancaire qui sont les taux appliqués aux emprunteurs, librement
déterminés par les banques. Les banques, sur la bases d’un taux de base qu’elles arrêtent
librement, tenant compte du taux du marché interbancaire et du taux d’inflation, déterminent
des gammes de taux de crédit, en fonction des échéances, de la qualité de l’emprunteur, de la
forme du crédit, des garanties etc.

Les taux administrés, qui sont fixés et règlementés par les autorités monétaires. On y
distingue les taux créditeurs et les taux débiteurs. Les taux créditeurs sont ceux qui
rémunèrent l’épargne. Ce taux est taux est fixé par le Ministère en charge des Finances, de
manière équilibrée, dans le but de drainer l’épargne vers les banques et permettre la
disponibilité de ressources pour l’investissement. Les taux débiteurs, sont les taux des
emprunts généralement très faible, accordés à certaines entreprises évoluant dans un secteur
d’activité que les autorités souhaitent promouvoir.

L’action de la BC et des gouvernements sur les différents taux d’intérêts venant d’être
présentés, vise donc à influencer les stratégies des établissements de crédit en matière de
financement de l’économie, à amener les agents non financiers à changer leurs demandes de
crédits, et à modifier le comportement des détenteurs de capitaux non-résidents.

1.2.1.2. Le contrôle des agrégats monétaires et de la vitesse de


circulation de la monnaie

De manière générale, il est établi que la quantité de monnaie disponible n’est pas sans
effet sur l’économie, d’où la nécessaire action des autorités monétaires pour s’employer à
contrôler son évolution. Spécifiquement à l’objectif final de la stabilité des prix, la théorie

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monétariste évoque la quantité de monnaie comme principale source d’inflation. L’atteinte de


cet objectif passe donc de manière causale, par l’objectif intermédiaire de la maîtrise de
l’évolution de la masse monétaire et de ses composantes. Ceci dit, l’action de la banque BC
sur la masse monétaire suppose la prise en compte de trois contraintes.

Tout d’abord, le choix des agrégats. En effet, il convient de choisir le/les agrégat sur
le/lesquels il sera efficace d’agir. Toutefois, la BC se doit de surveiller l’évolution de
l’ensemble des agrégats et non pas seulement les plus liquides. Il serait en effet préjudiciable
à l’action de la BC que ses interventions sur un des agrégats soient contrecarrées par les
fluctuations non maitrisées d’autres agrégats. Ensuite, les modalités de contrôle ou la
sélection des instruments (cf. section2). Enfin, pour être efficace, l’action sur les agrégats
monétaires doit prendre en compte la vitesse de circulation de la monnaie.

1.2.1.3. L’allocation des ressources financières

Suivant la rationalité économique, les autorités monétaires orientent les ressources


financières vers des secteurs rentables, économiquement efficaces. Toutefois, la rentabilité
peut être diversement appréciée. Tandis que les marchés ont tendance à privilégier la
rentabilité à horizon court, les autorités monétaires peuvent être amenées à soutenir des
secteurs qui ne pourrait pas se financer sur les marchés car rentables seulement à long termes.
Il s’agit généralement de secteur jugé prioritaires pour les gouvernements. A cet effet, les
autorités monétaires auront recours à des politiques contraignantes, pour garantir un accès de
ces secteurs aux crédits.

1.2.1.4. Le niveau et la stabilité du taux de change

Dans les économies ouvertes, les mouvements de capitaux à travers les frontières
peuvent modifier le cours de la monnaie locale et ainsi influencer négativement la
compétitivité-prix des produits locaux, ce qui se répercute sur l’activité économique
intérieure. Afin de soutenir la compétitivité des exportations mais également pour la limitation
des importations, la banque centrale est donc amenée à agir pour influencer la demande et
l’offre de monnaie locale, de manière à maintenir ou faire varier le taux de change dans un
sens favorisant l’amélioration de la balance commerciale.

1.2.2. Les objectifs opérationnels

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Les objectifs opérationnels sont des variables qui sont directement sous le contrôle de
la banque centrale, se confondant dans la pratique aux instruments de politiques monétaires. Il
s’agit ici principalement des cibles que se fixent la BC sur :

1. La liquidité bancaire : la banque centrale contrôle la liquidité bancaire des


banques commerciales en les alimentant plus ou moins en monnaie centrale, et en modifiant le
taux des réserves obligatoires, et peut donc ainsi se fixer des seuils de liquidité bancaire.

2. Les taux directeurs : qui sont les taux d'intérêt auxquels la BC accorde des
crédits à court terme aux banques commerciales. La BC fixe unilatéralement ces taux en
fonction de ses objectifs. Il existe classiquement trois types de taux directeurs, dont
l'utilisation varie d'un pays à l'autre :

 Le taux principal ou taux de refinancement : qui est le taux utilisé pour les prêts de
la BC aux établissements bancaires qui ont besoin de liquidités à court terme (une
semaine). Elles peuvent en demander chaque semaine, à condition de rembourser le
prêt de la semaine précédente. Les banques sont ensuite censées répercuter l’évolution
du taux de refinancement minimum sur les taux d’intérêt qu’elles accordent à leurs
clients, particuliers ou entreprises.

 Le taux de prêt marginal : il est similaire au taux de refinancement, dans le sens où il


s’applique quand une banque a besoin de liquidités, à la différence que ces prêts sont
quotidiens et doivent être remboursés le jour suivant. Le taux de prêt marginal est
toujours plus élevé que le taux de refinancement.

 Le taux de rémunération des dépôts correspond à ce que rapportent aux banques


commerciales les réserves dont celles-ci déposent auprès de leur Banque centrale. Un
taux négatif est censé inciter les banques à ne pas laisser « dormir » cet argent auprès
de la banque centrale mais à le prêter à leurs clients. Un taux positif est censé produire
l’inverse.

1.3. Critères de choix des objectifs opérationnels

Le choix des objectifs opérationnels (également valable pour les objectifs intermédiaires),
repose sur trois critères principaux que sont, l’observabilité et la mesurabilité, la
contrôlabilité, et la prévisibilité des effets sur l’objectif final.

Dans le cadre l’observabilité et de la mesurabilité, il est nécessaire pour la Banque Centrale


de disposer rapidement d’une mesure exacte de la variable retenue comme cible

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opérationnelle. En effet, celle-ci s’avère pertinente si, et seulement si, elle donne rapidement
un signal mesurable sur l’évolution de la politique monétaire. En prenant pour exemple le
choix entre les taux d’intérêt d’une part et la quantité de monnaie centrale d’autre part, l’on
pourra remarquer que la quantité de monnaie centrale en circulation est facile à mesurer, mais
le montant total de la quantité de monnaie en circulation ne peut être disponible qu’avec un
certain décalage. Les taux d’intérêt, notamment sur le marché monétaire, est également facile
à mesurer et de plus immédiatement observable. Toutefois, il s’agit généralement des taux
nominaux, donnant une mauvaise mesure du coût réel des emprunts. Le taux d’intérêt aurait
été une meilleure mesure, mais sont généralement plus long à calculer en raison du temps
long, nécessaire à avoir une bonne mesure de l’inflation. A ce niveau et pour le cas d’espèce,
il est difficile de choisir entre ces deux objectifs en se fondant uniquement ce critère et il est
donc nécessaire de tenir compte d’autre critère.

L’objectif opérationnel doit aussi être sélectionner au regard de la contrôlabilité. En effet,


une banque centrale doit être capable d’exercer un contrôle effectif sur une variable pour
qu’elle soit un objectif opérationnel utile. En reprenant notre exemple, on remarquera que la
BC exerce un contrôle important sur la liquidité bancaire, mais ce contrôle n’est pas total en
raison de la possibilité des banques commerciales de se refinancer par les marchés, et sur
lequel leur influence est limitée. Par ailleurs, en considérant les taux d’intérêt, et comme
rappelé plus haut, les BC sont limitées dans l’anticipation des taux d’inflation et donc dans le
calcul des taux d’intérêt réels.

La prévisibilité de l’effet sur les objectifs, est le critère le plus important à prendre en
compte pour le choix des objectifs intermédiaires, dans la mesure où il constitue la
caractéristique la plus utile que doit avoir cet objectif.

SECTION 2 : LES OBJECTIFS DANS L’ORIENTATION DES STRATEGIES DE


POLITIQUE MONETAIRE

Les banques centrales conduisent la politique monétaire afin de remplir leur mandat et donc
d’atteindre les objectifs qui lui ont été fixés pour l’économie considérée. A cet effet, elles
élaborent différents types de stratégies, généralement centrées sur des cibles indicatives des
objectifs arrêtés.

2.1. La politique d’objectif monétaire quantitatif

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La stratégie d’objectif monétaire quantitatif encore appelée « ciblage monétaire » suppose


pour la banque centrale de se fixer pour but central, l’atteinte ou le maintien d’un niveau
croissance donnée pour un ou plusieurs agrégats monétaires (M1, M2 ou alors M3). Il s’agit
donc de se fixer une règle de croissance strict pour un agrégat monétaire. Cette stratégie
s’inspire des recommandations de Milton Friedman, à savoir le suivi d’une croissance à taux
constant d’un agrégat monétaire de référence. Généralement la Banque Centrale annonce
publique sa stratégie d’objectif suivant un communiqué de politique monétaire.

L’avantage de cette stratégie est qu’elle permet une meilleure maîtrise de la masse monétaire
nationale et donc un meilleur ajustement en cas de chocs économiques interne. Par ailleurs,
étant beaucoup plus à portée locale, la réalisation ou non de l’objectif annoncé par la BC est
plus rapidement disponible, ce qui permet en cas de succès, de rassurer les agents
économiques sur la maîtrise de la masse monétaire, et ainsi ancrer les anticipations d’inflation
et limiter la hausse des prix.

L’inconvénient de cette stratégie, tient dans le risque d’une mauvaise identification de


l’agrégat de référence. En effet, pour que le ciblage monétaire fonctionne, il est impératif qu’il
y ‘ait une relation étroite entre l’agrégat choisi et le niveau d’inflation, c’est-à-dire que
l’agrégat choisi ait une réelle influence sur l’inflation.

2.2. La stratégie de ciblage de l’inflation

La stratégie de ciblage de l’inflation s’observe généralement dans le cadre des BC à mandat


hiérarchique, et consiste principalement pour la BC à se fixer un/des objectif(s) chiffré(s) pour
l’inflation à moyen terme. Ce type de stratégie suppose un certain nombre de conditions de
mise en œuvre à savoir un engagement ferme et une responsabilisation élevée de la BC quant
à l’atteinte de l’objectif ainsi qu’une grande transparence, notamment par la communication
au public et aux marchés des intentions des autorités monétaires.

Cette stratégie a également pour avantage de mieux répondre aux préoccupations nationales et
de plus sa réussite n’est pas conditionnée par l’existence d’une relation stable entre un agrégat
monétaire donné et l’inflation. D’autre variables et tout type d’informations disponibles
peuvent être utilisées pour influencer l’inflation dans cette stratégie. Enfin, cette stratégie
présente l’atout d’avoir une plus grande transparence vis-à-vis du public.

D’autre part cette stratégie peut présenter l’inconvénient d’un retard dans la transmission des
signaux à l’économie. En effet, en raison de la longueur des délais existant dans la

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transmission des effets de la politique monétaire, il faut attendre un délai considérable pour
savoir quelles sont les conséquences de cette stratégie sur l’inflation, d’où un retard dans les
signaux donnés à l’endroit du public et des marchés. Il est également souvent reproché au
ciblage d’inflation, une rigidité excessive, laissant peu de marge de manœuvre face aux
circonstances imprévues.

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