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CHAPITRE 1 : La politique monétaire

1. Définition et objectifs de la politique monétaire


1.1. Définition

La politique monétaire est l’ensemble des interventions (décisions) par lesquels,


les autorités monétaires à savoir (les banques centrales) agissent sur la masse
monétaire et les actifs financiers en vu d’orienter l’activité économique dans un
sens jugé souhaitable par tous. L’organisme responsable de la conduite de la
politique monétaire dans une nation est en général la banque centrale.

1.2. Objectifs de la politique monétaire

De manière générale, on dénombre 6 objectifs possibles de la politique monétaire :

- La stabilité des prix

- La croissance économique

- La lutte contre le chô mage

- La stabilité des taux d’intérêt

- La stabilité des marchés financiers

- La stabilité des taux de change

a) La stabilité des prix

Elle est considérée aujourd’hui comme l’objectif prioritaire de la politique


monétaire. La stabilité des prix est souhaitable parce qu’une augmentation
continue du niveau général des prix crée une incertitude dans l’économie qui peut
être préjudiciable à la croissance économique.

b) La lutte contre le chômage

La montée en puissance du chô mage peut générer des rébellions, les guerres
civiles, les difficultés financières que subissent les ménages, la hausse de la
criminalité, le terrorisme, les vols, etc….

c) La croissance économique

La recherche d’une forte croissance conduit à une situation de plein emploi. En


effet quand on se rapproche de celui-ci, les entreprises augmentent leurs dépenses
d’équipement en capital pour améliorer la productivité, ce qui est bien pour la

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croissance. A l’inverse, si le chô mage est élevé et le taux d’utilisation des capacités
faible, les entreprises n’ont pas intérêt à augmenter leur capacité de production et la
taille de leur équipement.

d) La stabilité des taux d’intérêt

La stabilité des taux d’intérêt est souhaitable parce que leurs fluctuations peuvent
créer une incertitude dans l’économie et rendre plus difficile la prise de décision pour
le futur.

e) La stabilité des marchés financiers

Les crises financières peuvent affecter la capacité des marchés de capitaux à


transférer des fonds vers les agents à besoin de financement. Ce qui peut causer un
fort un fort ralentissement de l’activité économique.

f) La stabilité des marchés de change

La valeur du taux de change peut être une préoccupation majeure pour une banque
centrale en raison des répercussions de ses variations sur l’économie (une
appréciation de la monnaie nationale détériore la compétitivité des secteurs
exposés à la concurrence internationale, alors que sa dépréciation est un facteur
inflationniste).

2. Les instruments de la politique monétaire

La banque centrale peut agir de manière indirecte sur les crédits accordés, en
jouant sur le besoin de refinancement des banques en monnaie centrale grâ ce à
diverses techniques. Elle peut aussi imposer directement aux banques des normes de
distribution des crédits. De manière générale, les banques centrales disposent de 4
catégories d’instruments de politique monétaire :

- Le taux directeur

- Les réserves obligatoires

- Les opérations d’Open market

- Les facilités permanentes

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1- Le taux directeur

C’est le prix de l’argent au jour le jour fixé par la banque centrale d’un pays ou d’une
zone monétaire et qui permet à celle-ci de réguler l’activité économique. ces taux
directeurs servent de référence pour les taux d’intérêt du marché monétaire et sa
gestion est au cœur de la politique monétaire si bien que dans la plupart des pays, le
seul fait de relever ou d’abaisser le taux directeur entraine soit le resserrement ou
l’assouplissement de la politique monétaire.

Dans certains pays le taux d’intérêt directeur est tout simplement le taux de
réescompte auprès de la banque centrale.

2- Les réserves obligatoires

Cet instrument permet d’agir sur le besoin structurel du système bancaire en


monnaie scripturale. Les autorités monétaires obligent les banques à déposer à la
banque centrale des réserves en monnaie centrale qui ne sont pas rémunérées et
donc le montant est accordé à partir des dépô ts qu’elle a accordés. La contrainte
représentée par ces réserves obligatoires varie avec l’assiette sur laquelle elles
sont calculées. Cette assiette est en effet constituée par les postes à l’actif et au
passif du bilan bancaire servant de base au calcul du montant des réserves.

En augmentant les réserves obligatoires, la banque centrale alourdi donc la


contrainte de refinancement des banques et exerce ainsi un contrô le indirect sur la
création de la monnaie scripturale.

3- Les opérations d’Open market

Elles constituent l’une des modalités d’interventions des banques centrales pour
améliorer ou réduire la liquidité bancaire.

La banque centrale échange en effet des titres sur le marché contre sa propre
monnaie. Ces opérations, par l’intermédiaire d’une variation de la quantité de
monnaie centrale disponible sur le marché, font varier le taux du marché dans le sens
souhaité par les autorités monétaires.

Cela dit, la banque centrale peut envisager de freiner la progression de la masse


monétaire en rendant difficile le refinancement des banques sur le marché
monétaire. Dans ce cas elle vend des titres sur le marché et reçoit en paiement la
monnaie centrale. Cette intervention a un effet de quantité c’est-à -dire
la diminution de la monnaie centrale sur le marché. Elle a aussi un effet prix puisque

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la limitation de la quantité de monnaie centrale augmente le prix taux d’intérêt sur le
marché.

Inversement, si la banque centrale met en œuvre une politique moins restrictive, elle
achète des titres sur le marché et leur paiement se traduit par un apport de
monnaie centrale sur ce marché qui tend à faire baisser le taux d’intérêt.

Dans la zone CEMAC, la politique monétaire s’exerce seulement par les


interventions de la BEAC sur le marché monétaire, notamment dans son 2éme
compartiment au moyen des taux directeurs qui constituent le plafond (taux de
prise en pension) et le plancher (taux d’intérêt des appels d’offres) entre lesquels
fluctuent les taux au jour le jour.

1. Les facilités permanentes

Il s’agit des concours accordés à des banques centrales ou des banques ordinaires
soit à des taux inférieurs à ceux du marché délimitant ainsi un taux planché, soit à des
taux supérieurs à ceux du marché délimitant alors un taux plafond.

La grande différence avec les opérations d’Open market est qu’elles ne donnent pas
lieu à des opérations de marché, elles sont réalisées dans le cadre de relations
bilatérales entre la banque centrale qui en fixe les modalités et un établissement de
crédit qui en a l’initiative. Il existe 2 types de facilités permanentes :

- la facilité de prêt marginale qui permet aux banques d’obtenir des liquidités en
24 heures

- la facilité de dépô t marginal qui permet aux banques de constituer des


dépô ts en 24 heures.

3. Les canaux de transmissions de la politique monétaire

En théorie l’analyse traditionnelle des canaux de transmission de la politique


monétaire retient généralement qu’une décision de politique monétaire peut se
repercuter sur le taux d’intérêt (le canal du taux d’intérêt), le cours des actions (le
canal des prix des autres actifs), la quantité de prêt offerte par les banques
commerciales (le canal du crédit).

3.1. Le canal du taux d’intérêt

Il s’agit d’un thème classique de l’analyse économique depuis plus de 50 ans et


aussi du principal mécanisme de transmission de la politique monétaire dans les
modèles keynésiens de base. La conception keynésienne traditionnelle du

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mécanisme de transmission de la politique monétaire peut se résumer comme
suit :

 Expansion monétaire

↑ 𝑚𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑚𝑜𝑛𝑒𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒→ ↓ 𝑖𝑟→ ↑ 𝐼→ ↑ 𝑌𝑑

 Restriction monétaire

↓ 𝑚𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑚𝑜𝑛é𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒→ ↑ 𝑖𝑟→ ↓ 𝐼→ ↓ 𝑌𝑑

(ir est le taux d’intérêt réel)

Dans une perspective de court terme et en supposant une baisse non anticipée des
taux d’intérêt, 3 effets peuvent être mis en évidence sur les comportements de
dépenses des ménages :

- L’effet substitution : les modifications du taux d’intérêt conduisent les


agents à revoir l’arbitrage entre consommation immédiate et épargne. Ainsi
une baisse de taux diminue la valeur de la consommation future et incite à
consommer aujourd’hui puisque l’épargne devient moins intéressante et le
crédit moins chère.

- L’effet revenu : une baisse de taux entraine une hausse de la valeur


actualisée des dépenses de consommation anticipée pour les périodes
futures. Dès lors, la consommation future est plus couteuse et les ménages
préfèrent par conséquent épargner davantage et réduire leur
consommation immédiate pour faire face à cette situation.

- L’effet de richesse : il traduit qu’une baisse des taux d’intérêt entraine une
hausse de la valeur actualisée des revenus futurs des ménages. Cette
augmentation s’applique au capital physique, humain et financier. Ainsi
pour cet effet, les agents peuvent décider de vendre une partie
du portefeuille des titres pour obtenir davantage de biens et services.

3.2. Les canaux du crédit

Il existe 2 canaux de base pour la transmission de la politique monétaire découlant

des problèmes d’information sur le marché du crédit bancaire :

- Le canal du crédit bancaire

- Le canal du bilan

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a) Le canal du crédit bancaire

Il est fondé sur l’idée que les banques jouent un rô le spécifique au sein du système
financier car elles sont particulièrement bien placées pour résoudre les problèmes
d’asymétrie d’information sur le marché du crédit.

↑ 𝑚𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑚𝑜𝑛é𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒→ 𝑑é𝑝𝑜𝑡𝑠 𝑏𝑎𝑛𝑐𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠↑ → prêts 𝑏𝑎𝑛𝑐𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠↑ →↑ 𝐼→ ↑ 𝑌

Une conséquence importante du canal du crédit bancaire est que la politique


monétaire a une incidence plus forte sur les dépenses des petites entreprises qui
dépendent davantage des prêts bancaires que les grandes entreprises qui ont

directement accès au marché des capitaux sans avoir à solliciter les banques

b) Le canal du bilan

Ce canal trouve aussi son origine dans l’existence des problèmes d’asymétrie
d’information sur le marché du crédit. En effet plus la situation d’une entreprise est
mauvaise, plus les problèmes d’anti sélection (sélection adverse) et le risque moral
(aléa moral) sont accentués lorsqu’il s’agit de lui octroyer des prêts.

3.3. Le canal du prix des autres actifs

a) Le canal du taux de change

Compte tenu de l’internationalisation croissante des économies et du passage aux


taux de change flexible, on s’est davantage intéressé à la transmission de la
politique monétaire à travers l’influence des taux de change sur les exportations
nettes.

Ce canal fait également intervenir les effets du taux d’intérêt car la baisse des taux
d’intérêt réels nationaux réduit l’attrait des dépô ts nationaux en
monnaie nationale par rapport aux dépô ts libellés en monnaie étrangère, ce qui
entraine une chute de la valeur des dépô ts en monnaie nationale par rapport aux
dépô ts en devises c’est dire une dépréciation de la monnaie nationale.

La dépréciation de la monnaie nationale abaisse le prix des biens nationaux par


rapport aux biens étrangers , ce qui se traduit par une augmentation des
exportations nettes. Le schéma du mécanisme de transmission de la politique
monétaire par le canal du taux de change est le suivant :

↑ 𝒎𝒂𝒔𝒔𝒆 𝒎𝒐𝒏é𝒕𝒂𝒊𝒓𝒆→ 𝒊𝒓→ 𝑬↓ →↑ 𝑵𝑿→ ↑ 𝒀

E= taux de change

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NX= exportations nettes

b) Le canal du cours des actions

Il existe 2 canaux importants faisant intervenir les cours des actions pour le
mécanisme de transmission de la politique monétaire : il se réfère à la théorie de
l’investissement de Tobin (coefficient q) et aux effets de richesse sur la
consommation. D’après la théorie du coefficient q de Tobin, la politique monétaire
affecte l’économie par le canal de ses effets sur la valorisation des actions.

CHAPITRE 2 : LA DEMANDE DE MONNAIE


Les premières théories de la demande de monnaie ont mis l’accent sur le caractère
transactionnel de la monnaie. La monnaie n’est pas détenue pour elle-même mais

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