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RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN FACULTÉ DES SCIENCES

REPUBLIC OF CAMEROON ECONOMIQUES ET DE GESTION


Peace – Work - Fatherland

UNIVERSITÉ DE DSCHANG FACULTY OF ECONOMICS AND


MANAGEMENT
UNIVERSITY OF DSCHANG *
BP 110 Dschang (Cameroun)
Scholae Thesaurus Dschangensis Ibi Cordum
Tél./Fax (237)233 45 16 86E-mail : fseg@univ-dschang.org
BP 96, Dschang (Cameroun) – Tél./Fax (237) 233 45 13 81
Website : http://www.univ-dschang.org.
E-mail :udsrectorat@univ-dschang.org

COURS D’ANALYSE MONETAIRE


LICENCE FONDAMENTALE 2

Semestre 4
Année Académique 2019/2020
Lieu : Amphi 452
Jour et horaire : JEUDI de 13H à 17H

ENSEIGNANTS :
Pr ONGO Emmanuel, Maître de Conférences Agrégé
Dr KOS À MOUGNOL Alice, Chargé de Cours

1
PLAN DU COURS 1

CHAPITRE 1 : La politique monétaire ................................................................................................ 3 1.


Définition et objectifs de la politique monétaire ........................................................................ 3
1.1. Définition ........................................................................................................................................... 3 1.2.
Objectifs de la politique monétaire ......................................................................................... 3
2. Les instruments de la politique monétaire ................................................................................... 4 3.
Les canaux de transmissions de la politique monétaire .......................................................... 6
3.1. Le canal du taux d’intérêt............................................................................................................ 6 3.2.
Les canaux du crédit ..................................................................................................................... 7 3.3.
Le canal du prix des autres actifs ............................................................................................. 8
Chapitre 2 : la demande de monnaie .................................................................................................. 9
Section 1 : le concept de demande de monnaie ................................................................................ 10
Section 2 : la demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative (TQM) .. 10
2.1. l’analyse de Fisher (1911) ....................................................................................................... 10 2.2.
l’approche cambridgienne (Marshall-Pigou) ................................................................... 12
Section 3 : L’étude et l’analyse de la préférence pour la liquidité de John Maynard Keynes
(1936) ............................................................................................................................................................... 13
2.1. Les motifs de la détention de monnaie (préférence pour la liquidité) .................. 13 2.2.
La demande globale de monnaie et son rô le sur l’activité économique ................ 15
Section 4 : Demande de monnaie et diversification du patrimoine : l’analyse de Milton
Friedman .......................................................................................................................................................... 16
4.1. La richesse détermine la demande de monnaie .............................................................. 17
4.1.1. Les actifs ................................................................................................................................ 17
4.2. Les préférences des agents déterminent la demande de monnaie.......................... 18
Section 5 : La demande transactionnelle de monnaie : L’analyse de W-BAUMOL et J-TOBIN
............................................................................................................................................................................. 19
CHAPITRE 3 : Déséquilibre monétaire / inflation .................................................................... 22 4.
Notion d’inflation et concepts liés à l’inflation ......................................................................... 22
4.1. Notion d’inflation ........................................................................................................................ 22 4.2.
Concepts liés à l’inflation ......................................................................................................... 23
5. Les types d’inflation ............................................................................................................................ 23 5.1.
Selon le degré (niveau atteint par son taux) .................................................................... 23 5.2.
Selon les modalités ..................................................................................................................... 24 5.3.
L’inflation par l’excès des coû ts de production ............................................................... 24 5.4.
L’inflation selon le contexte .................................................................................................... 24
6. Causes et conséquences de l’inflation .......................................................................................... 25 6.1.
Causes de l’inflation ................................................................................................................... 25 6.2. Les
conséquences de l’inflation ............................................................................................. 25
6.2.1. Inflation et incertitude ..................................................................................................... 25 6.2.2.
Inflation et compétitivité ................................................................................................. 25 6.2.3.
Inflation et arbitrage consommation/épargne ....................................................... 25 6.2.4.
Inflation et répartition de richesse .............................................................................. 26
7. Les politiques de lutte contre l’inflation ..................................................................................... 26 7.1.
Les instruments de gestion de la conjoncture ................................................................. 26

1
Les chapitres 1 et 2 ont déjà été dispensés en classe. En fichier numérique c’est la suite du cours.

2
CHAPITRE 1 : La politique monétaire
1. Définition et objectifs de la politique monétaire
1.1. Définition

La politique monétaire est l’ensemble des interventions (décisions) par lesquels,


les autorités monétaires à savoir (les banques centrales) agissent sur la masse
monétaire et les actifs financiers en vu d’orienter l’activité économique dans un sens
jugé souhaitable par tous. L’organisme responsable de la conduite de la politique
monétaire dans une nation est en général la banque centrale.

1.2. Objectifs de la politique monétaire

De manière générale, on dénombre 6 objectifs possibles de la politique monétaire :

- La stabilité des prix

- La croissance économique

- La lutte contre le chô mage

- La stabilité des taux d’intérêt

- La stabilité des marchés financiers

- La stabilité des taux de change

a) La stabilité des prix

Elle est considérée aujourd’hui comme l’objectif prioritaire de la politique


monétaire. La stabilité des prix est souhaitable parce qu’une augmentation
continue du niveau général des prix crée une incertitude dans l’économie qui peut être
préjudiciable à la croissance économique.

b) La lutte contre le chômage

La montée en puissance du chô mage peut générer des rébellions, les guerres
civiles, les difficultés financières que subissent les ménages, la hausse de la
criminalité, le terrorisme, les vols, etc….

c) La croissance économique

La recherche d’une forte croissance conduit à une situation de plein emploi. En


effet quand on se rapproche de celui-ci, les entreprises augmentent leurs dépenses
d’équipement en capital pour améliorer la productivité, ce qui est bien pour la

3
croissance. A l’inverse, si le chô mage est élevé et le taux d’utilisation des capacités faible,
les entreprises n’ont pas intérêt à augmenter leur capacité de production et la taille de leur
équipement.

d) La stabilité des taux d’intérêt

La stabilité des taux d’intérêt est souhaitable parce que leurs fluctuations peuvent
créer une incertitude dans l’économie et rendre plus difficile la prise de décision pour le
futur.

e) La stabilité des marchés financiers

Les crises financières peuvent affecter la capacité des marchés de capitaux à


transférer des fonds vers les agents à besoin de financement. Ce qui peut causer un fort un
fort ralentissement de l’activité économique.

f) La stabilité des marchés de change

La valeur du taux de change peut être une préoccupation majeure pour une banque
centrale en raison des répercussions de ses variations sur l’économie (une
appréciation de la monnaie nationale détériore la compétitivité des secteurs
exposés à la concurrence internationale, alors que sa dépréciation est un facteur
inflationniste).

2. Les instruments de la politique monétaire

La banque centrale peut agir de manière indirecte sur les crédits accordés, en
jouant sur le besoin de refinancement des banques en monnaie centrale grâ ce à
diverses techniques. Elle peut aussi imposer directement aux banques des normes de
distribution des crédits. De manière générale, les banques centrales disposent de 4
catégories d’instruments de politique monétaire :

- Le taux directeur

- Les réserves obligatoires

- Les opérations d’Open market

- Les facilités permanentes

4
1- Le taux directeur

C’est le prix de l’argent au jour le jour fixé par la banque centrale d’un pays ou d’une
zone monétaire et qui permet à celle-ci de réguler l’activité économique. ces taux
directeurs servent de référence pour les taux d’intérêt du marché monétaire et sa gestion
est au cœur de la politique monétaire si bien que dans la plupart des pays, le seul fait de
relever ou d’abaisser le taux directeur entraine soit le resserrement ou l’assouplissement
de la politique monétaire.

Dans certains pays le taux d’intérêt directeur est tout simplement le taux de
réescompte auprès de la banque centrale.

2- Les réserves obligatoires

Cet instrument permet d’agir sur le besoin structurel du système bancaire en


monnaie scripturale. Les autorités monétaires obligent les banques à déposer à la banque
centrale des réserves en monnaie centrale qui ne sont pas rémunérées et donc le montant
est accordé à partir des dépô ts qu’elle a accordés. La contrainte représentée par ces
réserves obligatoires varie avec l’assiette sur laquelle elles sont calculées. Cette assiette
est en effet constituée par les postes à l’actif et au passif du bilan bancaire servant de
base au calcul du montant des réserves.

En augmentant les réserves obligatoires, la banque centrale alourdi donc la


contrainte de refinancement des banques et exerce ainsi un contrô le indirect sur la
création de la monnaie scripturale.

3- Les opérations d’Open market

Elles constituent l’une des modalités d’interventions des banques centrales pour
améliorer ou réduire la liquidité bancaire.

La banque centrale échange en effet des titres sur le marché contre sa propre
monnaie. Ces opérations, par l’intermédiaire d’une variation de la quantité de
monnaie centrale disponible sur le marché, font varier le taux du marché dans le sens
souhaité par les autorités monétaires.

Cela dit, la banque centrale peut envisager de freiner la progression de la masse


monétaire en rendant difficile le refinancement des banques sur le marché
monétaire. Dans ce cas elle vend des titres sur le marché et reçoit en paiement la monnaie
centrale. Cette intervention a un effet de quantité c’est-à -dire la diminution de
la monnaie centrale sur le marché. Elle a aussi un effet prix puisque

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la limitation de la quantité de monnaie centrale augmente le prix taux d’intérêt sur le
marché.

Inversement, si la banque centrale met en œuvre une politique moins restrictive, elle
achète des titres sur le marché et leur paiement se traduit par un apport de monnaie
centrale sur ce marché qui tend à faire baisser le taux d’intérêt.

Dans la zone CEMAC, la politique monétaire s’exerce seulement par les


interventions de la BEAC sur le marché monétaire, notamment dans son 2éme
compartiment au moyen des taux directeurs qui constituent le plafond (taux de prise en
pension) et le plancher (taux d’intérêt des appels d’offres) entre lesquels fluctuent les taux
au jour le jour.

1. Les facilités permanentes

Il s’agit des concours accordés à des banques centrales ou des banques ordinaires
soit à des taux inférieurs à ceux du marché délimitant ainsi un taux planché, soit à des taux
supérieurs à ceux du marché délimitant alors un taux plafond.

La grande différence avec les opérations d’Open market est qu’elles ne donnent pas lieu à
des opérations de marché, elles sont réalisées dans le cadre de relations bilatérales
entre la banque centrale qui en fixe les modalités et un établissement de crédit qui en a
l’initiative. Il existe 2 types de facilités permanentes :

- la facilité de prêt marginale qui permet aux banques d’obtenir des liquidités en 24
heures

- la facilité de dépô t marginal qui permet aux banques de constituer des dépô ts
en 24 heures.

3. Les canaux de transmissions de la politique monétaire

En théorie l’analyse traditionnelle des canaux de transmission de la politique


monétaire retient généralement qu’une décision de politique monétaire peut se
repercuter sur le taux d’intérêt (le canal du taux d’intérêt), le cours des actions (le canal
des prix des autres actifs), la quantité de prêt offerte par les banques
commerciales (le canal du crédit).

3.1. Le canal du taux d’intérêt

Il s’agit d’un thème classique de l’analyse économique depuis plus de 50 ans et


aussi du principal mécanisme de transmission de la politique monétaire dans les modèles
keynésiens de base. La conception keynésienne traditionnelle du

6
mécanisme de transmission de la politique monétaire peut se résumer comme suit :

 Expansion monétaire

↑ 𝑚𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑚𝑜𝑛𝑒𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒→ ↓ 𝑖𝑟→ ↑ 𝐼→ ↑ 𝑌𝑑

 Restriction monétaire

↓ 𝑚𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑚𝑜𝑛é𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒→ ↑ 𝑖𝑟→ ↓ 𝐼→ ↓ 𝑌𝑑

(ir est le taux d’intérêt réel)

Dans une perspective de court terme et en supposant une baisse non anticipée des taux
d’intérêt, 3 effets peuvent être mis en évidence sur les comportements de dépenses des
ménages :

- L’effet substitution : les modifications du taux d’intérêt conduisent les


agents à revoir l’arbitrage entre consommation immédiate et épargne. Ainsi une
baisse de taux diminue la valeur de la consommation future et incite à consommer
aujourd’hui puisque l’épargne devient moins intéressante et le crédit moins chère.

- L’effet revenu : une baisse de taux entraine une hausse de la valeur


actualisée des dépenses de consommation anticipée pour les périodes
futures. Dès lors, la consommation future est plus couteuse et les ménages
préfèrent par conséquent épargner davantage et réduire leur
consommation immédiate pour faire face à cette situation.

- L’effet de richesse : il traduit qu’une baisse des taux d’intérêt entraine une hausse
de la valeur actualisée des revenus futurs des ménages. Cette
augmentation s’applique au capital physique, humain et financier. Ainsi pour
cet effet, les agents peuvent décider de vendre une partie du
portefeuille des titres pour obtenir davantage de biens et services.

3.2. Les canaux du crédit

Il existe 2 canaux de base pour la transmission de la politique monétaire découlant

des problèmes d’information sur le marché du crédit bancaire :

- Le canal du crédit bancaire

- Le canal du bilan

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a) Le canal du crédit bancaire

Il est fondé sur l’idée que les banques jouent un rô le spécifique au sein du système
financier car elles sont particulièrement bien placées pour résoudre les problèmes
d’asymétrie d’information sur le marché du crédit.

↑ 𝑚𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑚𝑜𝑛é𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒→ 𝑑é𝑝𝑜𝑡𝑠 𝑏𝑎𝑛𝑐𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠↑ → prêts 𝑏𝑎𝑛𝑐𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠↑ →↑ 𝐼→ ↑ 𝑌

Une conséquence importante du canal du crédit bancaire est que la politique


monétaire a une incidence plus forte sur les dépenses des petites entreprises qui
dépendent davantage des prêts bancaires que les grandes entreprises qui ont

directement accès au marché des capitaux sans avoir à solliciter les banques

b) Le canal du bilan

Ce canal trouve aussi son origine dans l’existence des problèmes d’asymétrie
d’information sur le marché du crédit. En effet plus la situation d’une entreprise est
mauvaise, plus les problèmes d’anti sélection (sélection adverse) et le risque moral (aléa
moral) sont accentués lorsqu’il s’agit de lui octroyer des prêts.

3.3. Le canal du prix des autres actifs

a) Le canal du taux de change

Compte tenu de l’internationalisation croissante des économies et du passage aux taux de


change flexible, on s’est davantage intéressé à la transmission de la politique
monétaire à travers l’influence des taux de change sur les exportations nettes.

Ce canal fait également intervenir les effets du taux d’intérêt car la baisse des taux
d’intérêt réels nationaux réduit l’attrait des dépô ts nationaux en monnaie
nationale par rapport aux dépô ts libellés en monnaie étrangère, ce qui entraine une chute
de la valeur des dépô ts en monnaie nationale par rapport aux dépô ts en devises c’est
dire une dépréciation de la monnaie nationale.

La dépréciation de la monnaie nationale abaisse le prix des biens nationaux par rapport
aux biens étrangers , ce qui se traduit par une augmentation des exportations
nettes. Le schéma du mécanisme de transmission de la politique monétaire par le
canal du taux de change est le suivant :

↑ 𝒎𝒂𝒔𝒔𝒆 𝒎𝒐𝒏é𝒕𝒂𝒊𝒓𝒆→ 𝒊𝒓→ 𝑬↓ →↑ 𝑵𝑿→ ↑ 𝒀

E= taux de change

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NX= exportations nettes

b) Le canal du cours des actions

Il existe 2 canaux importants faisant intervenir les cours des actions pour le
mécanisme de transmission de la politique monétaire : il se réfère à la théorie de
l’investissement de Tobin (coefficient q) et aux effets de richesse sur la
consommation. D’après la théorie du coefficient q de Tobin, la politique monétaire affecte
l’économie par le canal de ses effets sur la valorisation des actions.

CHAPITRE 2 : LA DEMANDE DE MONNAIE


Les premières théories de la demande de monnaie ont mis l’accent sur le caractère
transactionnel de la monnaie. La monnaie n’est pas détenue pour elle-même mais

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parce qu’elle est utile pour effectuer des transactions (théorie quantitative de la
monnaie, Ecole de Cambridge). L’une des composantes essentielles de la «
révolution keynésienne » aura été de montrer que toute l’épargne n’est pas
nécessairement placée sous une forme rémunérée et de faire émerger l’importance de la
demande de monnaie.

Section 1 : le concept de demande de monnaie

C’est la quantité de monnaie qu’un agent souhaite détenir à une période. La


demande de monnaie n’est pas le retrait en billet ou en pièce sur le compte d’un
particulier.

La demande d’encaisse monétaire peut être définie soit en terme nominaux


exprimés en unité de compte = encaisse monétaire nominale, soit, on peut
l’exprimer en pouvoir d’achat = encaisse monétaire réelle.

Encaisse réelle : quantité « moyenne » de biens et services que permet d’acquérir une
quantité donnée d’encaisse nominale.

Par définition, l’encaisse réelle = 𝑀𝑑


𝑝
avec P = le niveau général des prix et Md la
demande de monnaie. Si les agents sont rationnels, ils ne sont pas victimes de
l’illusion monétaire, leur demande de monnaie sera plutô t une demande d’encaisse
réelle.

Quand on parle de demande de monnaie, on fait référence à la quantité moyenne


de monnaie que désire détenir un agent économique sur une période.

Section 2 : la demande de monnaie selon l’approche de la


théorie
quantitative (TQM)

la théorie quantitative de la monnaie est une théorie économique fondée sur la


relation de causalité entre la quantité de monnaie en circulation et le niveau
général des prix. De manière un peu schématique, cette théorie quantitative de la
monnaie dit que le niveau général des prix est influencé par la quantité de monnaie
en circulation et toutes choses égales par ailleurs, plus la quantité de monnaie est
grande et plus le niveau général des prix va s’élever.

2.1. l’analyse de Fisher (1911)

Pour cet auteur, la monnaie est avant tout un intermédiaire des échanges : par nature,
la monnaie doit circuler dans l’économie par le biais des diverses

10
transactions qui ont lieu c’est-à -dire, pour effectuer des règlements relatifs à ces
transactions. L’analyse de Fisher est macroéconomique et l’objet de cette analyse est de
déterminer la masse monétaire (quantité de monnaie en circulation) M1 nécessaire
pour assurer un volume donné de transactions marchandes.

On considère une économie quelconque avec N biens et services échangés dans cette
économie, indicés : I = 1, 2,…,n.

Les prix sont exprimés en unité de compte. Le prix monétaire du bien I est désigné par Pi.

On désignera par Xi, la quantité de biens échangés dans cette économie pendant la
période.
. et des transactions au cours de la période = P1X1 + P2 X2+
La valeur globale des𝑖=1échanges
…+PnXn =∑𝑛 𝑃𝑖𝑋𝑖
M : la quantité de monnaie qui a permis d’effectuer ces transactions au cours de la
période

V : le nombre de fois où la monnaie change de mains, en moyenne au cours de la


période (vitesse de la monnaie).

M et V sont des indicateurs macroéconomiques. Tout comme P : le niveau général


des prix

Il va désigner par T : un indicateur macroéconomique de la quantité de biens

transactions d’où , T est tel que la somme de i=1 à n de PiXi* = P*T

Par définition, le produit du niveau général des prix par T est la recette totale sur les biens
et services, dans l’économie, au cours de la période.

Recette totale = le total des ventes de biens et services vendus au cours de la période
par des agents à d’autres agents = P*T.

Valeur totale des achats de biens et services = la quantité de monnaie existante que
l’on doit adapter au nombre de fois que cette monnaie a changé de main au cours de la
période = M*V.

Comme dans toutes transactions, un acheteur et un vendeur donc la valeur totale des
achats et égale à la valeur totale des ventes d’où : 𝑀𝑉=𝑃𝑇 (équation des échanges.

11
A partir de ces équations, on a :
indicateur technique qui décrit la capacité transactionnelle de la monnaie (la
𝑉= (𝑃𝑇)
monnaie est avant tout un intermédiaire des échanges) qui est la première
formulation sous cette forme de la théorie quantitative.

Cette approche vise à expliquer le niveau général des prix par la quantité de
monnaie en circulation P par Q. Cette théorie quantitative découle de l’équation des
échanges de Fisher qui fait intervenir 4 grandeurs :

1. La quantité M, selon Fisher, est une variable indépendante des autres au cours de la
période, c’est une grandeur exogène parce qu’elle est contrô lée directement ou
indirectement par les autorités monétaires.

2. T : le volume des transactions. Fisher s’inscrit dans le cadre de l’école classique qui croit
aux vertus du marché et donc, à la concurrence sur les marchés.

3. V : qui est la vitesse de circulation de la monnaie. Fisher considère que la vitesse de


circulation de la monnaie est une variable exogène qui varie peu dans le temps. A court
terme, on considère que c’est une grandeur stable et qui dépendrait des habitudes de
paiements des agents économiques au cours de la période.

4. Il en résulte, d’après Fisher, que le niveau général des prix P est uniquement
déterminé par la quantité de monnaie en circulation et la relation est
proportionnelle :

L’équation des échanges fait apparaître cette relation :

𝑃= 𝑉
*M avec P la variable expliquée, T et V donnés d’où , une relation linéaire
𝑇
entre la quantité de monnaie en circulation (M) et le niveau général des prix (P). Si
la M augmente de 10%, P augmente de 10%.

2.2. l’approche cambridgienne (Marshall-Pigou)

Ces auteurs mettent en avant, le comportement de choix des individus, notamment


en matière d’encaisses monétaires. Selon ces auteurs, les individus désirent détenir
de la monnaie sous forme d’encaisses en raison de son cô té pratique pour les
transactions et au sens où elle est universellement acceptée contre des biens et des
services, en échange.

Comme pour Fisher, la fonction principale de la monnaie est d’être un


intermédiaire des échanges : plus l’individu effectue des transactions, plus il

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désirera détenir de la monnaie. La différence essentielle entre Fisher et Marshall- Pigou est
que chez Marshall-Pigou, on met l’accent sur la volonté de détenir de la monnaie plutô t
que sur la nécessité de la détenir comme c’était le cas chez Fisher.

La demande de monnaie des agents (Md) selon l’école l’école de Cambridge est la suivante
:

𝑀𝑑 = 𝑘∗𝑃∗𝑌

Avec 𝑌 : le revenu global réel et 𝑘 : le coefficient de proportionnalité, « coefficient


d’utilisation monétaire » => la part de leur revenu que les agents désirent détenir sous
forme de monnaie au cours de la période. Il dépend des désirs des agents, de la volonté,
des préférences des agents économiques. Donc 𝑘 est la traduction d’une volonté des agents
de détenir sous forme monétaire une partie de leur revenu.

L’offre de monnaie qui émane des autorités monétaires et des banques


commerciales, est considérée comme exogène dans la mesure où elle est contrô lée
directement (pièces) ou indirectement (monnaie scripturale) par les autorités
monétaires (Ms = M).

De ces analyses, sortent deux conséquences qu’on peut tirer :

1. On a une dichotomie nette entre deux sphères : la sphère monétaire-financière et la


sphère réelle : production et utilisation des biens et services.

2. D’autre part, la neutralité de la monnaie fait que « la monnaie n’est qu’un voile » sur la
sphère réelle qui est la sphère la plus importante. En effet, la monnaie est neutre : elle
sert à faciliter les échanges, à déterminer le niveau des prix (unité de compte) mais elle n’a
aucune influence sur la sphère réelle.

Section 3 : L’étude et l’analyse de la préférence pour la liquidité de John Maynard


Keynes (1936)

La demande de monnaie est déterminée dans un cadre dans le cadre d’une gestion de
portefeuille d’actifs comprenant en concurrence des actifs réel, des actifs financiers
et des actifs monétaires. Les actifs réels vont jouer un rô le secondaire : la concurrence va
se faire entre actifs monétaires et financiers et la variable d’arbitrage, de
répartition, sera le taux d’intérêt.

2.1. Les motifs de la détention de monnaie (préférence pour la liquidité)

La préférence pour la liquidité exprime le choix de l’agent pour la monnaie ou un substitut


étroit de la monnaie. Keynes distingue 3 principaux motifs de détention

13
de la monnaie : le motif de transaction, le motif de spéculation et le motif de
précaution.

- Le motif de transaction fait référence aux disponibilités nécessaires aux agents pour
effectuer leurs transactions. Appliqué aux ménages, ce motif est appelé motif de revenu.
Il correspond à la détention de monnaie rendue nécessaire par l’existence d’un
intervalle de temps entre le moment où les manges perçoivent leurs revenus et celui où
ils les dépensent. Appliqué aux entreprises, ce motif est appelé motif professionnel. Les
entreprises doivent en effet posséder de la monnaie afin de combler l’intervalle de temps
qui sépare les dépenses engagées dans le processus productif et les recettes (on parle
également de motif professionnel).

On retrouve ici l’essentiel des fondements de la demande de monnaie de l’Ecole de


Cambridge. Pour des habitudes de paiement données, l’encaisse de transaction est
fonction du produit (revenu) national Y.

Soit : L1 (Y) avec L1‘ (Y) > 0

- Le motif de précaution répond au besoin des agents de se prémunir contre


l’imprévu, de saisir des opportunités d’achat à prix favorable (qu’il s’agisse de biens
réels ou de titres) ou de garder un avoir en valeur nominale immuable pour faire face à
une obligation future stipulée en monnaie. La variable revenu national est également la
variable déterminante de cette demande d’encaisse (Ep) pour motif de précaution.

Ep = L1 (Y) avec L1‘ (Y) > 0

- Le motif de spéculation incite les agents économiques à opérer des arbitrages entre
monnaie et titres, avec l’objectif de réaliser des plus-values en capital sur les marchés
financiers. L’individu peut en effet préférer garder son épargne sous forme monétaire
(la monnaie est un actif non rémunéré mais sans risque) que placer cet argent en
titres avec un risque de perte en capital. L’encaisse de spéculation (Es) correspond
donc à une épargne conservée sous forme monétaire, compte tenu du niveau du taux
d’intérêt.

Es = L2 (i) avec L2’(i) < 0

A ces trois motifs, J-M Keynes ajoute un facteur supplémentaire : le degré de


préférence pour la liquidité, fonction de l’état de confiance qu’ont les agents dans l’avenir
du système. A ce titre, la détention de monnaie est un moyen d’apaiser l’inquiétude
des agents face à un avenir incertain et non probabilisable. La

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préférence pour la liquidité (la monnaie) est donc un baromètre mesurant le degré de
confiance des agents dans l’évolution de l’économie.

La fonction de demande de monnaie prend alors la forme suivante :

L = L (Y, i ) avec L’ (Y) > 0 et L’ (i) < 0

2.2. La demande globale de monnaie et son rôle sur l’activité économique


Contrairement à la vision classique des libéraux, des partisans de l’économie de marché
pour qui la monnaie est neutre c’est-à -dire qu’elle n’a pas d’effet sur le secteur réel,
pour Keynes, la monnaie est active au sens où elle a un effet sur l’économie réelle,
sur l’activité. Pour lui, la demande globale de monnaie = la demande de monnaie
pour motif de transaction et de précaution + la demande de monnaie pour
motif de spéculation.

Si on raisonne en termes d’encaisse réelle :

Md : demande de monnaie nominale ; Y : le revenu

𝑀𝑑/𝑃 = L1 (Y) : fonction croissante du revenu + L2 (i) : relation décroissante d’où 𝑀𝑑/𝑃 = L
(Y, i)

Avec L = L1 + L2.

L’hypothèse est que chez Keynes, du fait de l’existence de certaines institutions, les prix
sont rigides à court terme (les prix nominaux comme les salaires nominaux).

P : niveau général des prix est lui-même aussi fixé, rigide à court terme ; il ne varie pas : P
est donné et par simplification : on pose que P = 1 et à court terme, il ne varie pas de cette
valeur. Par contre, Keynes nous dit que le taux d’intérêt : « taux de renonciation à la
liquidité » n’est pas un prix rigide : il est variable et varie en fonction de la quantité de
monnaie demandée et de la quantité offerte. Le taux d’intérêt est déterminé sur le
marché de la monnaie où s’exprime une demande de monnaie globale et une offre de
monnaie (Ms est exogène s’est-à -dire contrô lée par les autorités monétaires).

Pour un niveau de revenu donné, un niveau de PIB donné, le taux d’intérêt est
déterminé sur le marché de la monnaie lorsque la demande de monnaie
correspond à l’offre de monnaie. Pour Y donné, ceteris paribus, « i » est
déterminé lorsque Ms = Md c’est-à -dire lorsque Ms = L (Y, i).

D’où Md = L1 (Y) + L2 (i)

15
Section 4 : Demande de monnaie et diversification du patrimoine : l’analyse de
Milton Friedman

FRIEDMAN entend reformuler la théorie quantitative de la monnaie (Fisher,


Marshall, Pigou) en affirmant fermement que la théorie quantitative est une théorie
de la demande de monnaie. Cette reformulation se fait également en lui donnant des
fondements microéconomiques.

L’analyse proposée par Friedman se rapproche de manière assez paradoxale de


l’analyse keynésienne dans la mesure où elle conçoit la demande de monnaie comme
résultat d’un choix de composition d’un patrimoine, comme un choix de composition
d’actifs composant ce patrimoine. Chez Keynes, le choix était un arbitrage entre
monnaie et titres. Chez Friedman, le choix d’actif est plus large puisque l’arbitrage
porte sur divers actifs mais également sur les actifs réels (biens immobiliers en particulier
et le capital humain). Il se situe dans le prolongement de l’analyse keynésienne.

Pour Friedman, la demande de monnaie des agents économiques va dépendre de trois


séries de facteurs :

- La richesse totale qui peut être détenue sous diverses formes (monétaires,
financières, etc.) : c’est l’équivalent en terme micro, de la contrainte de budget.

- Le prix et le taux de rendement de chaque forme de détention de la richesse :


substitution possible entre différents actifs pouvant composer le patrimoine des agents.

- Les préférences des agents et notamment leur attitude vis-à -vis du risque.

Friedman se sépare de l’analyse keynésienne car l’encaisse monétaire, chez


Friedman est unique : pour lui, la détention de monnaie résulte d’un seul motif : le motif
de transaction. Ce qui justifie la détention de monnaie, c’est qu’elle rend des services :
services qui sont liés à l’échange : fonction d’intermédiaire des échanges est
privilégiée.

- La richesse est définie par Friedman comme l’ensemble des sources de revenus que
possède un individu, y compris la capacité productive de l’individu lui-même,

16
donc son capital humain. Dans la richesse, il y a les revenus des actifs monétaires,
financiers, des actifs réels mais également les revenus issus du capital humain : revenu
issu du travail.

De façon plus précise, la richesse totale de l’agent est représentée par la valeur
actualisée de tous les revenus que peut recevoir l’individu dans la futur y
compris, d’un point de vue théorique et pratique, par ses descendants.

Soit W : la richesse totale et Y1, Y2, …, Yn : les revenus que l’individu reçoit dans le futur y
compris par ses descendants.

4.1. La richesse détermine la demande de monnaie

Le revenu permanent est le revenu qu’on peut consommer sans s’appauvrir en


consommant les intérêts de la richesse.

On va substituer à la richesse, le revenu permanent. Pour Friedman, la demande de


monnaie va dépendre du niveau de la richesse mais aussi de sa composition, soit du
rapport de la richesse humaine à la richesse non humaine

chesse humaine : issue du revenu du travail (capital humain)

L’hypothèse de Friedman est que plus le rapport W est grand, plus les agents
économiques ont tendance à détenir de la monnaie. Ceteris paribus, la demande de
monnaie est une fonction croissante de W.

4.1.1. Les actifs

Les actifs monétaires : le rendement pécuniaire est nul en termes d’intérêts mais
Friedman dit qu’il existe un rendement non pécuniaire qui est lié au service que la
monnaie rend du fait de sa détention car elle permet l’échange.

Les services rendus par la monnaie peuvent être représentés par le prix de la
monnaie Pm qui représente la quantité moyenne de biens et services que permet
d’acheter une unité monétaire ; de manière générale, c’est le niveau général des prix.
Plus le prix de la monnaie est élevé, plus les services rendus par la monnaie sont
importants et plus les agents voudront détenir de l’argent dans leur
patrimoine. Donc, le rendement non pécuniaire de la monnaie est inversement
proportionnel au niveau général des prix (plus le niveau général des prix est élevé, plus les
agents auront tendance à détenir moins de monnaie dans leur patrimoine) : 𝑃𝑚= 1/𝑃 avec
P : le niveau général des prix.

17
Les actifs financiers et les actifs réels sont en concurrence avec les actifs
monétaires.

Il y a deux catégories d’actifs financiers :

1. Les actifs financiers à revenu fixe

L’obligation est l’actif type qui génère un revenu constant de période en période. Le fait
de détenir ce type d’actif génère, selon Friedman, un rendement global qui comprend deux
éléments : le taux d’intérêt associé à cet actif mais aussi les plus values, moins values en
capital liées à la revente éventuelle de cet actif sur les marchés financiers.

2. Les actifs financiers à revenu variable

Il y a les actions et les obligations indexées sur le niveau général des prix. Le
rendement va dépendre du taux d’inflation. Si le taux d’inflation est positif, le
rendement est affecté positivement. Monnaie, Banque, Finance I Chapitre 2 22

Le taux de rendement global, selon Friedman, de l’actif à revenu variable. La


demande de monnaie est en sens inverse du taux de rendement global de l’actif à revenu
variable.

Les actifs réels : par exemple, biens immobiliers. Ce sont des stocks et des actifs
physiques. C’est leur valeur multipliée par leur prix. Pour une quantité donnée d’actif
immobilier, la valeur de ces actifs évolue en fonction de leur prix. Le prix des actifs réels
évolue dans le même sens que le niveau général des prix. Le taux de rendement des
actifs réels est assimilé au taux d’inflation (ceteris paribus) Plus le taux de
rendement des actifs réels augmente, plus les individus désirent détenir cette forme
d’actif au détriment des autres. La demande de monnaie varie en sens inverse du
taux d’inflation et donc en sens inverse du taux de rendement des actifs réels.

4.2. Les préférences des agents déterminent la demande de monnaie

Cela dépend des périodes : guerre, crise financière (crise de 1929), etc.

Pour Friedman, le besoin de monnaie des agents économiques dépend de la façon dont ils
apprécient subjectivement le service rendu par la monnaie (intermédiaire des échanges).
Ce service se traduit par l’introduction d’une variable dans la fonction de demande
de monnaie : la variable utilité U. Friedman va opérer par simplifications successives.
L’idée est que la demande d’encaisse monétaire serait fonction du rendement de l’actif
monétaire.

18
Les agents économiques sont rationnels, ils ne sont pas soumis à l’illusion
monétaire. Leur demande de monnaie sous forme d’encaisse réelle doit être
indépendante des unités nominales de mesure. L’hypothèse de Friedman est que la
demande de monnaie doit être homogène de degré 1 au niveau général des prix et par
rapport au revenu nominal permanent. Ceteris Paribus, si le revenu nominal permanent
double et que le niveau général des prix double, la demande de monnaie double
aussi.

L’offre de monnaie pour Friedman est une variable exogène. Ms=M barre c’est à dire
qu’elle est contrô lée par les autorités monétaires directement ou
indirectement. On suppose aussi la flexibilité des prix : On aura un équilibre sur le marché
de la monnaie.

Si on veut maîtriser le niveau général des prix, il faut maîtriser la quantité de


monnaie en circulation (théorie quantitative de la monnaie).

Friedman simplifie encore plus l’analyse avec les données d’Anna SCHWARTZ. Il a
observé que la variable prépondérante de la demande de monnaie des agents
économiques sur longue période était le revenu permanent. Les autres variables jouant
un rô le secondaire.

Section 5 : La demande transactionnelle de monnaie : L’analyse de W-


BAUMOL et J-TOBIN

Il s’agit d’approfondir les analyses de demande de monnaie pour la fonction


d’intermédiaire des échanges.

Leurs modèles sont très voisins.

On va s’intéresser à l’analyse de William BAUMOL qui consiste à appliquer à la


monnaie, la théorie de la gestion des stocks qui est la même que la théorie de
l’inventaire.

L’une des raisons de la gestion des stocks est qu’elle réduit les coû ts de transaction. Cet
économiste analyse le comportement d’un agent économique (ménage ou entreprise)
et fait l’hypothèse que l’agent économique reçoit du fait de son activité, un revenu par
période. On suppose que cet agent dépense son revenu par période de façon constante de
telle sorte qu’en fin de période, il n’ait plus rien. Jusqu’au dernier jour, l’agent dégage
une épargne positive correspondant à la fraction non consommée de son revenu.

19
Hypothèse : il existe des institutions financières qui proposent deux instruments de
placement :

1. La monnaie parfaitement liquide : un compte non rémunéré

2. Les titres financiers rémunérés, non risqués qui sont par définition «
illiquides » mais sont transformables en monnaie moyennant un coû t de
transformation.

Quand la monnaie est placée en épargne, il n’y pas de consommation mais un coû t
d’opportunité lié à la détention de monnaie représenté par le taux d’intérêt associé à l’actif
financier.

Les frais de transformation, de transaction sont des coûts de courtage. Ce sont des
commissions demandées par les institutions plus les coûts subjectifs (trajets,
communication…)

Le problème de l’agent économique, supposé rationnel, consiste à déterminer le partage


optimal, l’arbitrage entre la monnaie et les titres. Plus précisément, il consiste à
déterminer l’encaisse monétaire moyenne optimale à détenir au cours de la période
sachant qu’il existe des titres financiers non risqués qui procurent un intérêt à l’agent et il
existe un coû t lié à la conversion. Pour des raisons pratiques, les coûts de conversion
sont des coûts fixes. Les frais de courtage sont nuls mais il existe un coû t d’opportunité
lié à la détention de monnaie.

Supposons que l’agent investisse tout son revenu en titres en début de période, et il
transforme n fois des titres en monnaie et cela se fait à intervalle régulier, et pour une
valeur égale à C (cela pour faire face aux dépenses régulières).

On va désigner :

- par T le montant des dépenses sur la période, qui est aussi égal au montant du
revenu (réel) Y

- par i le taux d’intérêt sur la période (rendement moyen des titres) : c’est la valeur
monétaire de la transformation des titres en monnaie

Donc par déduction : n x C = T = Y

EX.: T = Y = 1000 e ; n = 4 fois ; C = 250

b = coû t de transformation des titres en monnaie

Coût de courtage = b x n = b x T/C

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Puisque les dépenses sont continues est régulières, l’encaisse moyenne va être la surface
des 4 triangles.

Or détenir de la monnaie pour transaction a un coût d’opportunité = i x Md = i x C/2

Donc coû t total de transaction lié à l’arbitrage monnaie / titres = b x T/C + i x


C/2=CC+CO

Problème de l’individu : quel est le montant optimal de monnaie à détenir au court de la


période ? C’est déterminer C*/2= Md* Monnaie, Banque, Finance I Chapitre 2 25

C* : min f (C)= b x T/C + i x C/2

Condition de 1er ordre : f ’(C) = 0

f ’(C) = - bT/C² + i/2 = 0

avec : i/2 = b x T/C² , i x C² = 2 b x T, C² = 2 b T / I

C = +/− √2𝑏𝑇
𝑖

½
C = √2𝑏𝑇 entraîne Md = C/2 = √ 2𝑏𝑇
𝑖 𝑖

Trois implications :

- La demande de monnaie Md augmente quand Y augmente ceteris paribus

- La demande de monnaie augmente quand b augmente

- La demande de monnaie diminue quand le coût d’opportunité de la monnaie


augmente (quand i augmente)

Donc Md est une fonction de Y, i, et b :

Md= g(Y, i, b), elle dépend du comportement rationnel des agents économiques, tout
comme la demande de tout autre bien ou actif. Cette demande de monnaie dépend
aussi des prix relatifs. On retrouve des éléments de la demande
transactionnelle de la monnaie au niveau macro tel que celle issue de la théorie
quantitative de la monnaie, mais également de l’analyse keynésienne.

21
Prolongement de cette analyse par d’autres auteurs (modèle de Baumol et Tobin qui fonde
le motif de transaction) pour analyser la demande de monnaie pour le motif de
précaution.

CHAPITRE 3 : Déséquilibre monétaire / inflation


L’inflation est un phénomène aussi vieux que l’argent lui-même. Dans le cadre de ce
chapitre, il sera question de définir l’inflation et présenter les concepts liés à la notion
d’inflation. Ensuite nous nous intéresserons aux causes de l’inflation tout en insistant
brièvement sur ses conséquences qu’elle peut avoir l’économie et les
politiques de lutte contre cette dernière.

4. Notion d’inflation et concepts liés à l’inflation


4.1. Notion d’inflation

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L’inflation est un processus de hausse cumulative, durable du niveau général des prix de
tous les biens et services et auto entretenu (une hausse qui entraine d’autres) dans
un espace géographique donné.

Les économistes attribuent cette hausse soit à l’accroissement de la masse


monétaire en circulation, soit au déficit budgétaire ou au mauvais ajustement de l’offre et
de la demande des biens et services.

L’inflation se mesure généralement au moyen de l’indice de prix à la


consommation basé sur :

- Un panier de consommation type

- La moyenne des prix des différents biens et services pondérée par leur poids
dans la consommation des ménages

L’inflation se traduit par une diminution du pouvoir d’achat de l’unité monétaire

c’est-à -dire de sa valeur en terme de bien et service.

4.2. Concepts liés à l’inflation

La déflation qui est une baisse durable du niveau des prix

La désinflation renvoie à un ralentissement durable et auto-entretenu du rythme du


niveau général des prix (baisse de taux d’inflation)

La stagflation est un déséquilibre économique caractérisé par la coexistence de


l’inflation et une stagnation de la production.

L’hyperinflation est un excès d’inflation qui rend la monnaie quasiment sans valeur
et responsable de nombreux problèmes économiques et sociaux.

5. Les types d’inflation


5.1. Selon le degré (niveau atteint par son taux)

On distingue

- L’inflation rampante

La hausse des prix est inférieure à 5% par an, ce qui est considéré comme un
minimum incompressible dans une économie dynamique.

- L’inflation déclarée

Son taux se situe entre 3% et 6%

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- L’inflation ouverte

Le rythme de hausse des prix atteint 5% à 20% par an.

- L’inflation galopante

Il s’agit d’une inflation à plusieurs chiffres, 100% et plus par an qui annonce

généralement la faillite d’une économie, les prix augmentent d’heure en heure.

5.2. Selon les modalités

On distingue l’inflation par la demande et l’inflation par les coû ts de production.

- L’inflation par la demande

Elle résulte d’un excès de la demande par rapport à l’offre afin de satisfaire la
demande excédentaire, les producteurs vont investir au délà de leur capacité ce qui
engendre la hausse des prix sur le marché. Parmi les principales causes de
l’augmentation de la demande par rapport à l’offre , on peut citer :

 La faiblesse de la productivité liée principalement à :

- La sous-qualification due à la formation insuffisante

- Le sous-équipement de certains secteurs

 La pression démographique

 L’insuffisance d’infrastructures

 Les pénuries

 L’augmentation des revenus

 L’augmentation des dépenses de l’Etat

5.3. L’inflation par l’excès des coûts de production

Pour les keynésiens, l’inflation est due à l’augmentation des coû ts de production
(coû ts salariaux, coû ts de la matière première, coû ts des produits intermédiaires qui
provoquent automatiquement et par la suite une hausse des pris de vente).

5.4. L’inflation selon le contexte

On distingue l’inflation de prospérité de l’inflation de pénurie.

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6. Causes et conséquences de l’inflation
6.1. Causes de l’inflation

 L’excès des dépenses publiques

 L’excès de crédit car les banques créent de la monnaie lorsqu’elles accordent


des crédits si la masse des moyens de paiement ainsi crée croit plus que celle de la
production réellement offerte sur le marché, se qui entraine l’inflation.

 La situation monopolistique des marchés via l’existence de structures


productives ou de distribution de types monopolistique.

 L’inflation importée (qui dépend des caractéristiques de l’économie


national) qui est liée à l’évolution de l’environnement international.

 L’excèdent de la balance commerciale


6.2. Les conséquences de l’inflation
6.2.1. Inflation et incertitude
Une forte inflation est source d’incertitude pour les agents car une forte variabilité
du taux d’inflation entraine :
- La difficulté à connaitre le niveau des prix
- Pénalise l’allocation efficiente des ressources (le contenu informationnel du prix est
altéré)
- Pénalise les contrats de longues durée (prêt/emprunt, car accroit le coû t de
l’emprunt à travers la prime de risque)
- Freine l’investissement
6.2.2. Inflation et compétitivité
La différence d’inflation entre pays peut pénaliser les exportations et favoriser les
importations (ceci est valable dans un régime de change fixe sinon ce dernier le corrige)
6.2.3. Inflation et arbitrage consommation/épargne
Soit l’inflation favorise la consommation pour anticiper une perte du pouvoir
d’achat soit elle pénalise la consommation car elle amène l’agent à augmenter son épargne.

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L’inflation modifie également le support d’épargne en faveur des actifs réels et au
détriment des actifs financiers. Ce qui risque d’impacter négativement sur le
financement des entreprises et donc sur la consommation.
6.2.4. Inflation et répartition de richesse
L’impact de l’inflation est très différent selon le type d’agent. L’inflation a des
inconvénients sur les détenteurs de revenus fixes (salariés et retraités) ainsi que sur les
épargnants (qui voient leur pouvoir d’achat s’éroder) et elle est avantageuse
pour les emprunteurs à taux fixe).
7. Les politiques de lutte contre l’inflation
La réussite de la lutte contre l’inflation dépend des politiques menées et du
contexte international.
7.1. Les instruments de gestion de la conjoncture
Il s’agit de l’utilisation de la politique monétaire et de la politique budgétaire.

a) La politique monétaire restrictive

Il s’agit d’un ensemble de mesure visant à limiter la création monétaire à travers :


- L’augmentation du taux des réserves obligatoires
- L’augmentation des taux directeurs
- L’encadrement du crédit
- La crédibilité des autorités monétaires (via l’indépendance de la banque
centrale notamment)
b) La politique budgétaire restrictive
Elle vise à freiner la demande à savoir la limitation de la demande publique (freiner le
financement monétaire des dépenses publiques) et privée.
c) Politique de revenu
L’inflation par les coû ts est la conséquence d’une incapacité à parvenir à un
compromis dans le partage salaire-profit. La politique de revenu cherche à
maitriser la répartition de revenu afin de lutter contre la hausse des prix.
d) La politique de concurrence
L’existence de concurrence entre les entreprises conduit à une baisse des prix pour
attirer le maximum de clientèles.

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