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SUPPORT DE COURS
ECONOMIE GENERALE:
ECONOMIE INTERNATIONALE
ECS 2
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CHAPITRE 1 : LA BALANCE DES PAIEMENTS
Introduction
La balance des paiements est un document comptable qui retrace, sous une forme
comptable, l’ensemble des flux d’actifs réels, financiers et monétaires entre les résidents d’une
économie et les non-résidents au cours d’une année.
Un paiement qui se traduit par une entrée de devises est inscrit au crédit (une exportation de
marchandises, une subvention versée par un Etat étranger, un investissement d’une entreprise
étrangère sur le territoire national, un achat d’actions ou d’obligations effectué par un étranger
sur le marché financier national, etc.). Inversement, les opérations qui entraînent une sortie de
devises vers l’extérieur sont inscrites au débit de la balance des paiements (importations,
transferts et mouvements de capitaux vers l’étranger). La différence entre les crédits et les débits
donne le solde de la balance des paiements.
Nous procéderons dans la première section à une présentation de la balance des paiements et
dans la deuxième section, nous analyserons comment une balance des paiements déséquilibrée
peut éventuellement retourner vers l’équilibre, soit spontanément, soit à l’aide d’une variation
du taux de change.
Dans la pratique, la balance des paiements peut servir à toutes les analyses des relations
d’ensemble entre un pays et l’extérieur.
Les résidents sont les unités économiques qui ont un centre d’intérêt sur le territoire économique.
Le territoire économique comprend la Côte d’Ivoire, ses ambassades et consulats à l’étranger,
plus les détachements militaires ivoiriens à l’extérieur et les zones franches sous contrôle
ivoirien à l’extérieur.
La balance des paiements est un compte tenu en débit et en crédit. Les flux entrants sont
enregistrés au débit et se voient attribuer un signe négatif (-), tandis que les flux sortants sont
enregistrés au crédit et se voient attribuer un signe positif (+).
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1. Les Principaux Postes et les Soldes Significatifs de la Balance des Paiements
Les flux économiques et financiers entre résidents et non-résidents sont répartis dans la balance
des paiements en distinguant le compte courant, le compte de capital et le compte financier.
Au total la balance des paiements reste ainsi subdivisée en un certain nombre de postes.
- Les transferts courants : ils comprennent les dons, les transferts unilatéraux de fonds,
les transferts des administrations publiques aux institutions internationales telles que
l’ONU, ainsi que le rapatriement des mandats des travailleurs africains.
L’ensemble des transactions sur biens, services et revenus constitue la balance des transactions
courantes ou encore la balance des comptes courants.
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1.2. Le compte de capital
Ce compte ne concerne pas les mouvements de capitaux, mais les transferts en capital, c.-à-d. la
contrepartie comptable des remises de dette ou annulation de créances, ainsi que les achats
(acquisition) ou vente (cession) d’actifs non financiers (droits d’auteur, brevets ou marques
commerciales).
La somme du compte courant et du compte de capital représente la capacité de financement de
la nation (ou le besoin de financement s’il est négatif).
Le compte capital marque l’importance des problèmes liés à l’endettement des Etats.
- les produits financiers dérivés (contrats à terme) qui sont des instruments de gestion des
risques : intérêts sur swaps, primes sur options, gains ou pertes sur contrats négociés sur les
marchés à terme ;
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1.4.Les erreurs et omissions nettes
Le dernier poste de la balance des paiements reste le poste erreurs et omissions qui permet de
redresser les déséquilibres dans la balance des paiements. En effet, la balance des paiements est
un document comptable constitué à partir de nombreuses sources. En pratique, il y a toujours
des approximations, des erreurs de mesures qui viennent fausser l’identité fondamentale de la
balance des paiements qui stipule que :
Exerciced’application
On vous donne les informations suivantes, en milliards de francs CFA, concernant une
économie Y ouverte sur l’extérieur :
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- Les sociétés ont vendu des biens à des non-résidents pour 1325, elles ont acheté à ces
non-résidents des consommations intermédiaires pour 1030 et des biens d’équipement
pour 1382. Les produits importés ont été transportés par une société française pour 400
et assurés par une société ivoirienne pour 215 ;
- Des ménages non-résidents ont visité l’économie Y et y ont dépensé 923,
- Les administrations publiques ont reçu une aide budgétaire extérieure de 320,
- Les ménages ont acheté des actions des sociétés non résidentes pour 300,
- Les sociétés ont réalisé des investissements directs à l’étranger de 245, elles ont
également remboursé à des ménages non-résidents des obligations pour 75 et perçu des
intérêts sur des prêts en cours pour une valeur de 100,
- Les administrations publiques ont bénéficié d’une remise de dette des bailleurs
internationaux pour une valeur de 15 et d’un prêt des ménages pour une valeur de 24 ;
- Les entreprises d’assurance du pays Y ont prêté aux ménages à moyen terme 40.
- Les travailleurs émigrés de l’économie Y ont envoyé 840 F à leurs parents résidents
dans leur pays d’origine.
Travail à faire :
1) Enregistrez les opérations de la balance des paiements en donnant les principaux soldes.
REPONSES
1) Tableau : Balance de paiement de l’économie Y
1.3 Revenus
* Intérêts…………………………………………………………………...100
Solde revenu……………………………………………………………………….100 (3)
66
1.4 Transferts courants
* Transferts publics…………………………………………………………….320
* Transferts privés……………………………………………………………..-840
2. COMPTE CAPITAL
2.1 Transferts en capital…………………………………………………………….15 (5)
3. COMPTE FINANCIER
3.1 Flux financiers
* Investissements directs………………………………………………….. -245
* Investissements de portefeuille…………………………………………. -300
* Remboursements………………………………………………………… -75
Solde flux financier…………………………………………………………………-620 (6)
Solde de la balance des paiements……………………. ….(1)+(2)+(3)+(4)+(5)+(6)=-1804
Dans les deux (2) cas, la monnaie nationale sera dévaluée, celle-ci va augmenter le prix des
importations et réduire le prix des exportations, ce qui signifie une réduction du volume des
importations et une augmentation du volume des exportations, d’où une amélioration du solde
de la balance commerciale.
D’un point de vue macroéconomique, les échanges de biens et services d’un pays avec
l’extérieur dépendent des prix relatifs du pays par rapport à l’étranger et des variables
d’activités, revenu et demande intérieurs et extérieurs.
Dans cette partie du cours, pour établir les formules, nous utiliserons les notations suivantes :
e est défini comme le nombre d’unités de monnaie étrangère obtenu avec une unité de monnaie
nationale (cotation au certain). Ex : 1FCFA=0,0015€.
p eP
= M (Y , ) ; M une fonction croissante du revenu (Y) et du taux de change réel
p
M
e
eP
( )
p
On admettra aussi que l’offre d’exportations, qui émane des producteurs nationaux, est infiniment
élastique aux prix : le prix à l’exportation est égal au prix domestique :
eP
PX = P et X = X (Y , ) , X est une fonction croissante du revenu étranger (Y*) et
p
décroissantes du taux de change réel.
Une baisse du taux de change nominal e indique une dépréciation (en régime de change flexible)
ou une dévaluation (en régime de change fixe) de la monnaie nationale. Inversement, une
augmentation de e implique une appréciation ou une réévaluation de la monnaie nationale.
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eP
Le taux de change réel eR = est le nombre d’unités de bien étranger obtenu avec une unité
p
de bien national. Les variations du taux de change réel résultent conjointement de l’évolution du
taux de change nominal, du taux d’inflation national et du taux d’inflation étranger :
• •
e• R = e• + P − P
Compte tenu des déterminants des prix et des volumes des échanges, la balance commerciale
P
s’écrit : BC = PX (Y , eR ) − M (Y , eR ) .
e
- effet favorable : la baisse du taux de change améliore la compétitivité prix des produits
nationaux, ce qui augmente le volume des exportations (X) et réduit le volume des importations
(M) ;
- effet défavorable : la réduction du taux de change, en élevant le prix en monnaie nationale des
∗
produits étrangers augmente la valeur des importations.
Au total, l’amélioration est d’autant plus probable que les volumes réagissent davantage à la
variation de prix relatif induite par la dévaluation, donc que les élasticités prix des exportations et
des importations sont plus élevées, d’où le théorème des élasticités critiques encore appelée
condition de Marshall-Lerner qui indique que :
X + M 1
Il importe de noter que ce théorème n’est vérifié que sous l’hypothèse d’une parfaite élasticité de
l’offre de biens et services, à l’intérieur comme à l’étranger. C’est-à-dire que les mouvements de la
demande sont suivis de mouvements équivalents et instantanés de l’offre.
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3.2 La courbe en J
Un retard d’adaptation des quantités exportées et importées à la variation des prix relatifs induite
par la baisse du taux de change implique que les dévaluations et les dépréciations sont suivies
d’une dégradation du solde commercial, puis, après un délai variable pouvant dépasser l’année,
un redressement. Le profil d’évolution évoque un J majuscule.
Solde
commercial
O Temps
Figure 1 : Courbe en J
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la perte de compétitivité-prix des produits étrangers peut donc être compensée par une baisse
des marges des exportateurs étrangers.
L’importance de ces effets dépend des élasticités-revenus des importations et des exportations,
l’une jouant négativement et l’autre positivement.
La monnaie est créée par les banques qui, à la demande des agents non financiers, transforment
en monnaie scripturale trois types de créances : créances sur le trésor public, crédits à l’économie,
créances sur l’étranger. Les créances sur le Trésor et les crédits à l’économie constituent ensemble
le crédit interne à la nation (CIN).
Les créances sur l’étranger sont constituées par tous les moyens de paiement internationaux
détenus par le système bancaire (y compris la banque centrale) ; il s’agit des réserves de change
(RES).
La monnaie M=CIN+RES (1)
∆M ≡ ∆CIN + ∆RES (2)
Cette approche monétaire permet de préciser l’une des différences entre changes fixes et changes
flexibles. En régime de changes fixes, les réserves de change variaient en réaction aux
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mouvements des marchés des changes, alors qu’elles restent inchangées en régime de changes
flexibles ; par conséquent, la masse monétaire varie dans le premier cas alors qu’elle reste
constante dans le second. L’obligation de défendre une parité stable donne en théorie la politique
monétaire moins indépendante qu’en régime de changes flottants. Par ailleurs, on peut à présent
mieux comprendre les dangers d’un excédent prolongé de la balance des paiements en régime
de changes fixes.
D’une part, l’excédent entraîne un gonflement de RES et après conversion des devises, un
développement de la masse monétaire qui peut alimenter l’inflation.
D’autre part, accumuler un excédent permanent revient à accorder un crédit indéfini à l’étranger,
payé par les agents nationaux, pour le montrer, notons que (2) peut aussi s’écrire :
∆RES≡ ∆M - ∆CIN
Un excédent (∆RES > 0) signifie une création de monnaie supérieure aux besoins internes :
∆M > ∆CIN. Autrement dit, le pays accepte de créer de la monnaie non pas pour répondre aux
demandes de monnaie des agents résidents, mais pour financer les dépenses des agents étrangers,
et ce, au prix éventuel d’une inflation qui réduira le pouvoir d’achat des agents résidents.
En outre, si l’excédent vient de la balance des transactions courantes, il signifie, d’une certaine
façon, qu’il y a davantage de biens et services qui sortent du pays pour satisfaire les besoins des
étrangers qu’il n’y a de biens et services qui entrent dans le pays pour satisfaire les besoins
intérieurs. A la limite, l’excédent maximum est atteint quand la dépense intérieure est nulle et
que tout le produit intérieur est destiné aux étrangers.
Si la balance globale qui est la somme de la balance des transactions courantes (BTC) et de la
balance des mouvements de capitaux non monétaires (BCA) est excédentaire, cela signifie que la
résultante des échanges, des transferts et des mouvements de capitaux est une entrée nette de
devises dans le pays. Ces devises se retrouvent dans les réserves de change détenues par les
banques ou par la banque centrale : un solde positif de la balance globale entraîne une
augmentation d’un montant équivalent des réserves de change privées ou publiques. Inversement,
un déficit de la balance globale implique une sortie nette de devises et donc une diminution des
réserves de change pour un montant équivalent. La variation des réserves de change du pays est
donc égale au solde de la balance globale : ∆RES = BTC + BC
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CHAPITRE 2 : LES THEORIES DU COMMERCE INTERNATIONAL
Introduction
Les théories du commerce international cherchent à expliquer les flux d’échanges entre nations
ainsi que leur avantage à la spécialisation. Au sens strict, le commerce international concerne
toutes les opérations de vente et d’achat de marchandises réalisées entre espaces économiques
nationaux. Les exportations et les importations sont mesurées en volume ou en valeur, puis
enregistrées dans la balance commerciale. Au sens large, le commerce international inclut un
grand nombre de transactions internationales (services, assurances, tourisme) comptabilisées
dans la balance des transactions courantes, puis dans la balance des paiements. Depuis quelques
décennies, l’internationalisation des économies a engendré un vaste mouvement, appelé
mondialisation. A côté des flux de biens et services, on assiste à la montée en puissance des firmes
multinationales, des flux d’investissements à l’étranger (IDE) et de la finance internationale.
Traditionnellement, la théorie économique renvoie aux travaux d’Adam Smith, David Ricardo
et au théorème Heckscher – Ohlin – Samuelson (HOS) pour expliquer les avantages de la
spécialisation. Les études empiriques tendent toutefois à relativiser ces conclusions théoriques.
Si certains échanges correspondent effectivement à l’existence d’avantages, d’autres constituent
ème
au contraire des paradoxes. Cette indétermination théorique a relancé le débat amorcé au 16
siècle entre les tenants du libéralisme économique et les partisans du protectionnisme.
Dans son ouvrage, recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776),
Adam Smith démontre que les nations gagnent à l’échange international quand chaque nation se
spécialise dans les productions pour lesquelles elle est plus efficace, ainsi, les pays bénéficient
tous des coûts les moins chers.
Illustration : la maxime de tout chef de famille prudent est de ne jamais essayer chez soi une
chose qui lui coutera moins cher à acheter qu’à faire. Le tailleur ne cherche pas à faire ses souliers,
mais il achète au cordonnier, le cordonnier ne tâches pas à faire ses habits, mais il a recours au
tailleur ; le fermier ne s’essaye point à faire les uns, les autres, mais il s’adresse à ces artisans…
Ce qui est prudence dans la conduite de chaque famille en particulier ne peut guère être folie dans
celle d’un grand empire. Si un pays étranger peut nous fournir une marchandise à meilleur marché
que nous ne sommes en état de l’établir nous-mêmes, il vaut bien mieux que nous la lui achetions
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avec quelque partie de notre propre industrie, employée dans le genre dans lequel nous avons
quelque avantage ». Adam Smith, recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations,
1776
Selon Adam Smith, chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle il
possède un avantage absolu et s’approvisionner à l’étranger, les produits pour lesquelles il ne
possède aucun avantage.
Définition : un avantage absolu à l’échange international est le fait pour une nation de fabriquer
et de vendre un produit à un prix inférieur à celui des nations concurrentes.
Cependant, Adam Smith ne précise pas ce qui advient des pays qui ne bénéficient d’aucun
avantage absolu.
Exemple
Soient deux pays A et B et des biens X et Y produits à l’aide d’un facteur de production, le travail
Le tableau suivant, présente la quantité des deux biens produit par chaque pays en une heure de
travail
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Le pays B va plutôt se spécialiser dans la production des biens Y qu’il va exporter et importer des
biens X.
Chacun des pays, en abandonnant le produit dont la production revient plus chère en termes de
coût de facteur travail et en pratiquant le commerce, gagne beaucoup plus. Il y a donc avantage
absolu dans la production d’un bien par rapport au partenaire commercial, lorsqu’il y a infériorité
des coûts salariaux de production de ce bien par rapport au partenaire.
Dans son ouvrage « Principes de l’économie politique et de l’impôt », David Ricardo (1817)
avance que l’échange est souhaitable même dans des situations où il n’existe pas d’avantages
absolus. Pour lui si on prend en compte les coûts relatifs, c'est-à-dire les rapports de prix, alors
chaque pays pourra produire un des biens et l’échange sera mutuellement avantageux.
Ricardo, à partir des travaux de Smith, perfectionne la théorie des avantages absolus, en proposant
la théorie des avantages comparatifs ou relatifs. Toutes les nations auraient intérêt à se spécialiser
dans les productions pour lesquelles elles sont relativement ou comparativement les plus efficaces.
Définition : Un avantage comparatif à l’échange international : correspond à la spécialisation
dans les productions pour lesquelles chaque nation est comparativement ou relativement le plus
efficace.
Exemple
Soient deux pays A et B et des biens X et Y produits à l’aide d’un facteur de production, le travail
Le tableau suivant, présente la quantité des
PAYS PAYS A PAYS B
deux biens produit par chaque pays en une
BIENS
heure de travail
BIEN X 100 heures 90 heures
1515
Comme 100>90 donc le pays B a un avantage absolu dans la production du
bien X
Bien Y
PAYS A : 120
PAYS B : 80
Comme 120>80 alors le pays B a un avantage dans la production du bien Y
Conclusion : selon la théorie de l’avantage absolu d’Adam Smith, le pays B doit se spécialiser
dans la production des deux biens X et Y. Le pays A n’a pas de spécialisation, pourtant il est
souhaitable qu’il profite également au commerce international.
15
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3. Paradoxes ou réfutation de la théorie du commerce international
Wassily Leontieff (1954) analysa le contenu en travail et en capital des exportations américaines
et des productions des Etats-Unis concurrencées par les importations. Il obtint les résultats
suivants :
Rapport K/L 14 18
Les Etats-Unis qui disposent de beaucoup de facteur capital et où la main d’œuvre est
relativement rare, exportent des produits qui demandent moins de facteur capital et plus de travail
que n’en demandent les productions américaines concurrencées par les importations. Ce résultat
statistique constitue un paradoxe par rapport aux enseignements du Théorème HOS.
Selon ce dernier, les Etats-Unis devraient exporter des biens à forte intensité capitalistique
puisqu’ils possèdent ce facteur en abondance et importer des biens à forte intensité de travail.
Leontief explique cette contradiction théorique par la formation et l’organisation du travail aux
Etats-Unis. La main d’œuvre américaine (on parle également de capital humain) était en 1947
trois fois plus efficace en moyenne que la main-d’œuvre étrangère. L’apparente rareté du travail
masquerait donc une réelle abondance de ce facteur. Cette constatation a été vérifiée
ultérieurement par de nombreuses études statistiques montrant que les Etats-Unis incorporaient
relativement plus de travail qualifié.
15
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a. La hiérarchisation des avantages comparatifs
Un pays comme la France peut ainsi bénéficier d’avantages comparatifs différents selon les
pays. Il y aura donc dans la balance commerciale de la France des échanges croisés portant sur
des biens identiques.
A partir des années 1960, on assiste à une floraison de nouvelles analyses du commerce
international.
Selon Posner (1961), c’est donc l’avance technologique caractérisant un pays qui conduit à
déterminer les avantages comparatifs du pays. Le déterminant du commerce international, selon
Posner, réside alors dans l’écart technologique entre les pays :
- les pays en avance exportent des produits intensifs en nouvelles technologies,
- les pays en retard sont spécialisés et exportent essentiellement voire uniquement des produits
banalisés
- les pays du Nord innovent, ce qui permet de développer de nouveaux produits pour lesquels
le Nord dispose d’une situation de monopole et peut donc produire sur son territoire des biens
de haute technologie à un prix élevé.
- inversement, les pays du Sud ont des capacités d’innovation réduites. Dès lors, ils ne peuvent
que copier les innovations réalisées au Nord, mais avec un décalage plus ou moins long. Ils
fabriquent et exportent les produits banalisés à un prix réduit en raison de la concurrence.
15
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2. La théorie du cycle de vie des produits
- dans la première phase appelée démarrage ou lancement, le produit n’est pas très standardisé
(il en existe un grand nombre de modèles), sa technique de production est fortement utilisatrice
de travail (car les processus de fabrication ne sont pas encore très automatisés) et il est demandé
par les consommateurs nationaux disposant de hauts niveaux de revenus.
- dans la deuxième phase qualifiée de croissance exponentielle : le produit est fabriqué sur une
vaste échelle, avec une technique plus capitalistique. Son coût unitaire de production diminue.
Le nombre de modèles disponibles se réduit. Son prix de vente diminue et il est demandé par
les consommateurs à revenus moyens. On est dans la phase de consommation de masse sur le
marché intérieur.
- Dans une troisième phase, le produit pénètre les marchés des autres pays riches développés car
le pays précurseur dans la production du bien commence d’abord à exporter vers ces pays,
ensuite la production est réalisée dans ces pays par les filiales délocalisées.
- Dans une dernière phase, le produit est délocalisé dans les pays en développement (PED), les
pays riches arrêtent de produire ce bien en raison de l’apparition d’une production peu coûteuse
dans les pays en développement.
Il existe deux formes d’économies d’échelle, celles qui sont externes aux firmes, ne dépendant
pas des quantités de facteurs utilisés par les firmes et celles internes, qui en dépendent.
- L’échange avec économies d’échelles externes
Il existe des économies d’échelle externes lorsque l’efficacité d’une firme quelconque
est influencée positivement par une variable extérieure à la firme, comme la taille du
pays, la taille du marché mondial ou la taille de la branche dont elle fait partie.
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15
4. La théorie de la concurrence monopolistique
1. Le Libre-échange
Dans son ouvrage Economics (1980), Paul Samuelson précise que « le libre échange favorise
une division internationale du travail mutuellement profitable, accroît grandement les produits
nationaux réels susceptibles d’être obtenus dans tous les pays et permet d’élever les niveaux
d’existence dans le monde entier » (1983, p. 431).
La politique du Libre-échange est fondée sur la théorie des avantages comparatifs de Ricardo et
sur les effets bénéfiques de la concurrence. Chaque pays a intérêt à se spécialiser dans les
productions où il possède un avantage relatif en termes de coûts de production et à se procurer à
l’étranger les produits pour lesquels ses coûts de production sont comparativement trop élevés.
L’échange international n’est pas un jeu dans lequel il y aurait des gagnants et des perdants :
tous les participants au commerce international en retirent des gains. Les effets bénéfiques de la
concurrence permettent d’obtenir une réduction des prix de vente au profit des
consommateurs (d’une part, ces derniers peuvent acheter des produits étrangers à meilleur
marché, d’autre part les producteurs nationaux sont obligés de s’aligner sur des prix compétitifs)
15
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; une affectation optimale des ressources (la spécialisation internationale conduit à utiliser les
facteurs de production dans les secteurs où ils sont les plus productifs) ; un dynamisme de
l’appareil productif (la concurrence internationale permet d’assainir le système de production
national, disparition des secteurs en déclin, et oblige les entreprises à nationales à innover sans
cesse).
15
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1.3. Les conséquences du Libre-échange
a. Les avantages du libre-échange
➢ La diffusion des innovations à travers les transferts de technologie
Le libre-échange permet aux pays qui s’ouvrent de bénéficier de transferts de technologie donnant
ainsi l’occasion à de nombreux pays en développement, de profiter des innovations technologiques
des pays développés.
➢ L’accroissement des possibilités de choix des consommateurs à travers les échanges
de similitudes
Grâce à la concurrence provoquée par le libre-échange, les prix des produits baissent et leur
qualité s’améliore.
➢ L’augmentation de la production globale par le biais de la spécialisation
Grâce à la spécialisation préconisée par les théories du commerce international, le volume global
de la production s’accroit lorsqu’il y a libre-échange.
Le libre-échange conduit à une concurrence déloyale entre les firmes multinationales (FMN)
issues des pays développés et les industries nationales qu’on retrouve dans des pays en
développement. En effet, les FMN qui réalisent des économies d’échelle sont souvent en
concurrence dans les pays sous-développés avec des industries jeunes obligées de vendre leurs
produits chers pour couvrir leurs coûts.
➢ L’accentuation de la domination des pays pauvres par les pays riches.
Les économistes Arghiri Emmanuel et Samir Amin ont montré que le libre-échange conduit à une
inégalité des échanges entre pays en développement et pays développés.
15
22
Selon eux, lorsque les entreprises multinationales s’implantent dans les pays du tiers monde, elles
obtiennent sur place des gains de productivité qu’elles consacrent à la baisse des prix des produits
qu’elles réexportent vers leurs pays d s’implantent dans les pays du tiers monde, elles obtiennent
sur place des gains de productivité qu’elles consacrent à la baisse des prix des produits qu’elles
réexportent vers leurs pays d’origine sans augmenter les salaires dans les pays d’accueil. A
l’inverse, les gains de productivité obtenus dans les pays d’origine sont utilisés pour la hausse des
salaires qui est compensée par la hausse des prix à l’exportation vers les pays en développement.
➢ L’envahissement du marché local par les produits étrangers
➢ Risque de disparition des entreprises locales
➢ Il favorise l’entrée des produits prohibés sur les territoires nationaux
2. Le protectionnisme
Trois (3) raisons sont avancées pour justifier le protectionnisme, à savoir :
- l’inégalité des situations économiques des Etats, dans ce cas le protectionnisme permet de
protéger, de sauvegarder les industries naissantes dans la mesure où le libre échange favorise
les plus puissants ;
- la défense de l’emploi, dans ce contexte il faut protéger les secteurs de production menacés
par les importations de biens étrangers dans le but de sauvegarder des emplois ;
Enfin, dans la mouvance du théorème HOS, le théorème Stolper – Samuelson peut être
introduit afin d’établir une relation entre le libre-échange, le protectionnisme et la répartition
des revenus. Ce théorème considère qu’un accroissement du prix relatif d’un bien augmente la
rémunération du facteur de production intensif dans la production de ce bien et diminue la
rémunération du facteur de production non intensif. Quelles conséquences pour les gains tirés
du commerce international ? Le théorème Heckscher – Ohlin – Samuelson partait du principe
que les pays tendaient à exporter les biens pour lesquels la production est intensive dans les
facteurs dont ils sont dotés abondamment. Or, si l’on tient compte des conditions
sociopolitiques du pays et de la distribution des revenus, les propriétaires des facteurs
relativement abondants d’un pays auront tout intérêt à ce que le pays pratique le libre-échange
alors que les propriétaires des facteurs rares auront tout intérêt à ce que le pays pratique une
forme de protectionnisme. Dès lors, la force politique des groupes sociaux peut affaiblir les
conclusions du théorème HOS. Le choix entre le protectionnisme et le libre-échange sera
fonction du pouvoir ou des mécanismes de coalition entre groupes sociaux détenteurs de
ressources rares ou abondantes. Les détenteurs de ressources rares chercheront à faire pression
pour qu’un pays instaure un droit de douane ou des barrières à l‘entrée.
Par la suite, le protectionnisme s’est appuyé sur les effets négatifs du libre-échange pour
promouvoir ses préceptes. Trois types de risques sont relatifs au libre-échange :
- Les risques liés à l’imperfection de la concurrence et à l’existence de rendements d’échelle :
Si les marchés internationaux sont imparfaits, de grandes firmes de dimension internationale
peuvent imposer leurs prix et éliminer les concurrents de petite taille dans les secteurs où existent
des rendements d’échelle croissants. Ainsi pendant de nombreuses décennies, les firmes
aéronautiques européennes n’ont pu, en raison de séries trop limitées, rivaliser avec les
entreprises américaines comme Boeing ou Mc Douglass qui contrôlaient au départ la
quasi-totalité du marché de l’aviation civile. Le libre-échange peut donc condamner des
industries naissantes. Dans ces conditions, un protectionnisme éducateur peut s’imposer
15
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temporairement jusqu’à ce que les entreprises nationales aient une dimension suffisante pour
affronter la concurrence de grandes firmes (logique de secteurs abrités).
- Les risques de baisse des salaires ou de chômage liés à la concurrence des pays à bas coûts
de main d’œuvre : lorsque la concurrence oppose des pays à coûts salariaux différents, elle peut
remettre en cause l’existence de certaines industries dans les pays où les coûts sont les plus
élevés.
L’augmentation du chômage et la baisse de la consommation seraient ainsi les deux effets négatifs
d’un libéralisme trop zélé.
1 Le Zollverein comprenait la Prusse, le Wurtemberg, la Saxe, les États de Thuringe, puis Bade et Nassau
en 1835, Francfort en 1836, Brunswick en 1842. Les marchandises pouvaient circuler librement à l'intérieur
de la confédération, qui adopte le thaler prussien comme monnaie commune. Des droits élevés protègent
l'industrie allemande naissante de la concurrence des produits étrangers (notamment britanniques).
L'industrie et le commerce allemand connaissent, grâce au Zollverein, un très fort essor.
15
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2.1. Les raisons (enjeux) du protectionnisme
Le protectionnisme est pratiqué pour trois raisons majeures :
➢ La protection des industries naissantes
Selon les économistes Friedrich List et John Stuart Mill, les industries naissantes sont
pénalisées face aux industries mûres parce qu’elles ne bénéficient pas encore d’économie
d’échelle et d’effets d’expérience. Un protectionnisme temporaire est donc nécessaire pour aider
ces entreprises à réussir leur insertion dans le libre-échange. C’est la théorie du protectionnisme
éducateur.
Définition : les effets d’expérience sont des réductions de coûts obtenus grâce à l’ancienneté ou
l’habilité d’une entreprise dans la production d’un bien.
➢ La création d’un marché interne pour la production locale
Pour maintenir ou accroitre la productivité des entreprises nationales, l’Etats les soutiens,
parfois financièrement.
Ce sont les augmentations de droit de douane sur les produits étrangers arrivant à la frontière
visant à limiter l’entrée de ces produits sur le territoire national. Ces augmentations peuvent se
faire de façon spécifique ou en pourcentage ad valorem
b. Les barrières non tarifaires
Ce sont des mesures réglementaires qui limitent l’entrée des produits étrangers sur un territoire
national. On distingue différentes formes qui sont :
-Les contingentements qui sont des limitations quantitatives des importations sur une période
donnée. Il s’agit de fixer aux étrangers, des quotas d’importations ou des taux précis de pénétration
de marché intérieur.
- Les prohibitions commerciales qui sont des interdictions totales d’importations.
15
26
-Les normes qui sont des règles précisant les caractéristiques des produits autorisés à la
consommation sur un territoire national dans le but d’écarter les produits étrangers.
-Les formalités administratives qui sont des formalités ou des mesures complexes et coûteuses
réservées aux importateurs.
-Le dumping qui est une politique commerciale consistant à vendre pour un produit donné moins
cher à l’extérieur qu’à l’intérieur de ces frontières.
Ce sont des aides financières accordées par l’Etat aux entreprises nationales pour que celles-ci
soient compétitives face aux entreprises étrangères. Exemple : la politique commerciale
stratégique qui est une politique d’intervention de l’Etat pour soutenir les investissements des
entreprises nationales.
Cette politique se manifeste généralement par un soutien à la recherche de développement dans la
mesure où la recherche et développement possède un caractère de bien public générateur de
progrès techniques. Cependant, elle peut également se traduire par un simple soutien financier.
15
27
des prix à l’importation. Si ce résultat est strictement supérieur à 1, on dit qu’il y a amélioration
des termes de l’échange.
Par contre si ce résultat est strictement inférieur à 1, on dit qu’il y a détérioration des termes de
l’échange.
Il convient de souligner que l’on peut calculer également les termes de l’échange revenu, en
faisant le rapport de la valeur des exportations sur la valeur des importations.
15
28
CHAPITRE 3 : LES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE COMMERCIALE
Introduction
Ce chapitre étudie les conséquences des politiques commerciales mises en place par les
gouvernements, sur leur économie nationale, ainsi que sur les économies étrangères. Dans ce
cadre, il existe plusieurs instruments de protection : taxes sur les produits échangés, subventions,
ou limites légales aux volumes d’importation. On évaluera aussi théoriquement les effets de
chacun de ces instruments.
Un droit de douane est un impôt sur les importations. On en distingue deux catégories : un droit
de douane spécifique et un droit de douane ad valorem. Le premier correspond au prélèvement
d’un montant fixe par unité de bien importé (par exemple, 3 FCFA par baril de pétrole). Le second
est une taxe correspondant à une part de la valeur du bien importé (par exemple, une taxe de 25
FCFA appliquée à la valeur de chaque camion importé). Dans les deux cas, cette mesure de
protection tarifaire a pour conséquence d’augmenter le coût d’importation des biens.
Afin de déterminer le prix mondial et les quantités échangées, il est nécessaire de définir deux
nouveaux outils théoriques : la courbe de demande d’importation domestique et la courbe
d’offre d’exportation étrangère. Elles sont obtenue à partir des courbe d’offre et de demande
spécifiques à chaque pays.
Pour obtenir la courbe de demande d’importation domestique DM, on procède comme suit :
15
29
Au prix P1, les consommateurs domestiques demandent D1, alors que les producteurs n’offrent
qu’une quantité O1. La demande d’importation est alors D1-O1. Si le prix augmente de P1 à P2,
les consommateurs ne demandent plus que D2, alors que les producteurs augmentent les quantités
à O2. La demande d’importation diminue donc jusqu’à D2-O2. Au prix PA, la demande et l’offre
domestiques sont identiques : aucun échange n’a lieu. La courbe de demande d’importation
domestique coupe donc l’axe des prix en PA (cette demande est nulle pour un prix égal à PA).
15
30
Prix Prix
D O
PA A
2
P2
1
P1
DM
O1 O2 D2 D 1 Quantité D2-O2 D1-O1 Quantité
Lorsque le prix du bien augmente, la demande exprimée par les consommateurs domestiques
diminue, tandis que les quantités offertes par les producteurs augmentent. Cela entraîne de la
demande d’importation.
Quant à la courbe d’offre d’exportation étrangère, on l’obtient en partant du fait qu’au prix P 1,
les producteurs étrangers offrent O1* alors que les consommateurs ne demandent que D1* .
. A
Prix Prix OX
O*
P2
P1
P*A
D*
D*2 D*1 O*1 O*2 Quantité O*1-D*1 O*2-D*2 Quantité
31
120
L’équilibre mondial est atteint lorsque la demande d’importation domestique et l’offre
d’exportation étrangère s’égalisent, c’est-à-dire lorsque le prix atteint Pw (Figure 3).
A ce point, on observe alors :
Prix OM
Pw 1
DM
Qw Quantité
Figure 3 : Equilibre mondial
PT 2
PW t 1
3 P*T
D DM
D*
Un droit de douane augmente le prix d’un bien dans le pays importateur, et le réduit dans le pays
exportateur. Par conséquent, la situation des consommateurs du pays importateur se dégrade,
alors que les consommateurs du pays exportateur voient leur pouvoir d’achat s’élever.
A l’inverse les producteurs du pays importateur y gagne tandis que ceux du pays exportateur y
perdent. Quant au gouvernement qui instaure ce droit de douane, il bénéficie de rentrées fiscales
supplémentaires. Quel est alors l’effet total sur le bien-être de l’économie ? Pour répondre à cette
question, nous allons nous appuyer sur les concepts de mesure des surplus du consommateur et
du producteur.
122
33
Prix
a
P1
b
P2
D
Q1 Q2 Quantité
Le surplus du producteur mesure le montant du gain qu’il retire d’une vente. Un producteur qui reçoit
5 francs pour un bien qu’il serait prêt à vendre à 2 francs, réalise un surplus de 3 francs. Ce surplus
se calcule à partir de la courbe d’offre. Pour un prix P auquel correspond la quantité offerte Q, le
surplus du producteur est égal au produit de P par Q, moins l’aire située en dessous de la courbe
d’offre et délimitée par Q (voir figure 6). Si le prix est P1 et la quantité offerte Q1, le surplus est
égal à l’aire c. Si le prix et la quantité augmentent à P2 et Q2, le surplus du producteur s’élève
Prix
O
P2
d
P1
Q1 Q2 Quantité
Figure 6 : Représentation géométrique du surplus du producteur
L’analyse des surplus du consommateur et du producteur permet de mesurer les coûts et les
bénéfices des politiques commerciales. Il arrive cependant que ces surplus ne parviennent pas à
capter de façon adéquate l’ensemble des effets des barrières commerciales.
34
123
La protection peut notamment engendrer un bénéfice social, qui constitue l’un des arguments clés
en faveur du protectionnisme.
Les coûts et les bénéfices qu’un pays importateur peut retirer de l’instauration d’un droit de douane
dans un secteur. L’instauration d’un droit de douane a pour effet d’augmenter le prix domestique
et de réduire celui des exportations étrangères. La production domestique augmente, tandis que la
consommation diminue.
En plus des droits de douane il existe d’autres instruments de protection commerciale. Ce sont les
subventions à l’exportation, les quotas d’importation, les restrictions volontaires aux exportations,
les règles de contenu local, etc.
Une subvention à l’exportation est une aide publique versée à une entreprise qui vend une part de
sa production à l’étranger. A l’instar des droits de douane, elle peut être spécifique (somme allouée
à chaque unité vendue) ou ad valorem (proportion de la valeur exportée).
Avec la subvention, les entreprises du secteur visé préféreront exporter leurs produits, plutôt que
de les vendre sur le marché domestique, du moins jusqu’à ce que le prix domestique dépasse le
prix mondial d’un montant égal à la subvention.
Les effets de la subvention sont opposés à ceux des droits de douane (voir figure 7). Le prix du
pays exportateur augmente de Pw à Ps mais en raison de la baisse du prix étranger de Pw à Ps,
cette hausse est inférieure à la subvention. Dans le pays exportateur, les consommateurs voient leur
situation se dégrader. Les producteurs y gagnent, et le gouvernement y perd car il doit consacrer
une part de son budget au financement de la subvention. La perte du consommateur est égale à
l’aire a+b, le gain du producteur est a+b+c, et la subvention versée par le gouvernement (le montant
des exportations multiplié par le montant de la subvention) est b+c+d+e+f+g. La perte nette de
bien-être est alors égale à la somme des aires b+d+e+f+g.
La subvention à l’exportation dégrade les termes de l’échange, en réduisant le prix des exportations
sur le marché étranger de Pw à P*s, ce qui contraste avec le cas du droit de douane. Cet effet se
traduit par une perte supplémentaire de bien-être, e+f+g, qui est égale au produit de (Pw-Ps) par
124
35
la quantité exportée. Au total, la conséquence sur le bien-être de l’économie est sans ambiguïté : les
coûts supportés par les consommateurs et les pouvoirs publics excèdent largement les gains des
producteurs.
Prix O
Ps
Subvention Pw a c
b d
P*s e f g
Quantité
Exports
Gain du producteur (a+b+c)
Perte du consommateur (a+b)
Coût de la subvention publique (b+c+d+e+f+g)
Un quota d’importation est une limite légale des quantités importées. Les quotas d’importation
augmentent systématiquement le prix domestique dans le secteur protégé. Lorsque les volumes
d’importation sont restreints, la demande du bien au prix initial excède l’offre disponible sur le
marché domestique (c-à-d la production locale plus les importations). Il s’en suit une hausse des
prix jusqu’à ce que le marché s’équilibre à nouveau). In fine, l’instauration du quota augmente
les prix domestiques, d’un montant équivalent à celui généré par l’imposition d’un droit de
douane.
La principale différence entre un droit de douane et un quota est qu’avec ce dernier, les pouvoirs
publics ne perçoivent aucun revenu. Lorsqu’un pays remplace un droit de douane par un quota,
le montant correspondant aux recettes fiscales est récupéré par les agents qui ont obtenu une
licence d’importation.
125
36
Ceux-ci ont le droit d’acheter des produits étrangers, puis les revendre à un prix plus élevé sur le
marché domestique. Les profits qu’ils perçoivent constituent ce qu’on appelle des rentes de
quota.
Une alternative au quota d’importation est la restriction volontaire aux exportations (RVE). Il s’agit
d’un quota sur le commerce imposé non pas par le pays importateur, mais par l’exportateur lui-
même.
Selon la règle de contenu local, une fraction donnée d’un bien final vendu dans un pays doit être
produite sur le territoire national. Dans certains cas, elle est spécifiée en unités physiques mais,
en général, elle est exprimée en valeur : cette règle requiert donc que la valeur ajoutée locale
constitue une part minimale du prix d’un bien.
Du point de vue des producteurs domestiques, cette règle offre une protection comparable à celle
d’un quota. En revanche pour les entreprises contraintes d’acheter localement, cette
réglementation a un effet sensiblement différent. Les règles de contenu local ne fixent pas de
limites strictes aux niveaux d’importation : une société peut accroître ses importations dans la
mesure où elle achète aussi davantage de biens locaux. Pour elle, le prix effectif des biens
intermédiaires correspond donc à la moyenne des prix des biens importés et de ceux produits
localement.
37
126
5. Récapitulatif des effets des politiques commerciales
Surplus du
consommateur Diminue Diminue Diminue Diminue
127
38
CHAPITRE 4 : L’OFFRE ET LA DEMANDE DE MONNAIE
Introduction
I. L’offre de monnaie
En appelant M l’offre de monnaie, C les pièces et billets en circulation et D les dépôts à vue,
nous pouvons écrire
M=C+D
Pour comprendre l’offre de monnaie, nous devons bien voir l’interaction entre pièces et billets
en circulation et dépôts à vue d’une part et la manière dont la banque centrale influence ces deux
composantes de l’offre de monnaie d’autre part.
On appelle réserves bancaires, la partie des dépôts constitués auprès des banques que celles-
ci ne prêtent pas. Une fraction de ces réserves se trouve dans les coffres-forts de chaque banque,
mais la majeure partie est détenue par la banque centrale. Dans notre économie hypothétique,
tous les dépôts constituent des réserves : les banques reçoivent les dépôts, les placent en réserves
et les y laissent jusqu’au moment où un retrait est effectué ou un chèque émis. Un tel système
bancaire fonctionne avec réserves intégrales.
Supposons maintenant que l’ensemble de la population dépose 1 000 F qui constituent la totalité
des monnaies en circulation dans l’économie auprès de la Primobanque. Le tableau 1 présente le
bilan de la Primobanque, c’est-à-dire le relevé comptable de tout ce qu’elle possède (son actif)
et de tout ce qu’elle doit (son passif). L’actif de la banque est constitué des 1000F qu’elle détient
sous forme de réserves ; à son passif figurent les 1000F qu’elle doit aux déposants.
39
Au contraire des banques de l’économie réelle, la Primobanque ne consent pas de prêt et ne
tire donc aucun revenu de son actif. Tout au plus prélève-t-elle sur chaque dépôt une modeste
commission pour couvrir ses frais.
Actif Passif
Le bilan d’une banque exprime l’état comptable de son actif et de son passif. Avec des réserves
intégrales, les banques détiennent la totalité des dépôts sous forme de réserves. Dans notre
exemple, les 1000F de réserves sont exactement égaux aux 1000F de dépôts.
Quelle est l’offre de monnaie dans une telle économie ? Avant la création de la Primobanque,
l’offre de monnaie était faite des 1000F en circulation. Après la création de la Primobanque, ce
sont maintenant les 1000F de dépôts à vue qui constituent l’offre de monnaie. Si les banques
détiennent 100% des dépôts sous forme de réserves, le système bancaire n’affecte pas l’offre de
monnaie.
Imaginons maintenant que les banques se mettent à utiliser une partie de leurs dépôts pour
consentir des prêts, par exemple aux familles qui veulent acheter une maison ou aux entreprises
qui souhaitent investir en usines et équipements nouveaux. Ceci intéresse les banques, car elles
peuvent prélever un taux d’intérêt sur les prêts qu’elles consentent. Elles doivent pourtant
conserver une partie des dépôts, pour permettre à leurs clients de continuer à effectuer des retraits
lorsqu’ils le souhaitent. Cependant, si de nouveaux dépôts viennent régulièrement à peu près
compenser les quantités d’argent retirées par les clients, la banque peut ne conserver en réserves
qu’une partie de la totalité des dépôts. On parle alors d’un système bancaire avec réserves
fractionnaires.
A supposer que Primobanque octroie un prêt à Duobanque à hauteur de 800F. On suppose que le
coefficient de réserves (la partie des dépôts conservée par la banque à titre de réserves) est de
20%. La Primobanque conserve donc 200F, sur les 1000F de dépôts, en réserves et prête les 800
restants. En prêtant 800F, la Primobanque accroît l’offre de monnaie d’un même montant. Avant
ce prêt, l’offre de monnaie était égale à 1000F, équivalents aux dépôts détenus par la
Primobanque. Après le prêt, l’offre de monnaie est de 1800F : le déposant a toujours son dépôt à
40
vue de 1000F, mais l’emprunteur détient lui aussi maintenant 800F en espèces. On voit donc que,
dans un système bancaire avec réserves fractionnaires, les banques créent de la monnaie.
Cette création de monnaie ne s’arrête pas à la Primobanque. Si l’emprunteur dépose les 800F
qu’il a obtenus dans une autre banque, ou s’il les utilise pour payer un tiers qui les dépose à son
tour, le processus de création monétaire se poursuit. Le tableau (b) montre le bilan de la
Duobanque. Celle-ci reçoit les 800F en dépôt, en conserve 20% soit 160F en réserve et prête à
son tour 640F. La Duobanque crée donc 640F de monnaie. Lorsque ces 640F seront à leur tour
déposés auprès de la Triobanque, celle-ci en conservera 20% en réserves, soit 128F, et pourra en
reprêter 512F, accroissant d’autant, à son tour, l’offre de monnaie. Chaque dépôt ou prêt successif
crée donc de la monnaie.
Tableau 2 : Le bilan d’une banque avec réserves fractionnaires
640F
Prêts 512F
41
Quand les banques sont autorisées à prêter leurs dépôts, elles créent de la monnaie. Dans
cet exemple, le dépôt initial de 1000F à la Primobanque génère une quantité beaucoup
plus grande de dépôts.
Tout en pouvant se poursuivre indéfiniment, ce processus ne crée pourtant pas une quantité
infinie de monnaie. En dénotant le coefficient de réserves par t, on peut calculer comme suit
la quantité totale de monnaie qui sera créée avec un dépôt initial de 1000F :
Offre de monnaie
= 1 + (1 − t ) + (1 − t ) 2 + (1 − t )3 + ... + (1 − t ) n .1000 F
1
= .1000 F
t
Chaque 1F de dépôt génère (1/t)F de monnaie. Dans notre exemple, t= 0,2 et les 1000F initiaux
génèrent donc 5000F de monnaie.
Ce processus de transfert de fonds des épargnants vers les emprunteurs s’appelle intermédiation
financière. Le marché boursier, le marché obligataire et le système bancaire figurent parmi les
principales institutions qui réalisent cette fonction d’intermédiation financière. Parmi toutes les
institutions financières qui interviennent en ce sens, seules les banques ont le pouvoir légal de
créer des actifs constitutifs de l’offre de monnaie, tels que les comptes à vue. C’est pourquoi les
banques sont les seules institutions financières qui ont un impact direct sur l’offre de monnaie.
Sachant maintenant comment les banques créent de la monnaie, nous pouvons étudier de
manière plus détaillée les déterminants de l’offre de monnaie. A cette fin, nous construisons ci-
dessous un modèle de l’offre de monnaie avec réserves fractionnaires. Le modèle comporte trois
variables exogènes :
La base monétaire (B) est la somme des pièces et billets en circulation C, et des réserves
bancaires R. La banque centrale la contrôle directement.
42
Le coefficient de réserves (t) est la fraction des dépôts que les banques conservent sous
forme de réserves. Elle dépend des pratiques commerciales des banques et de la
réglementation bancaire.
Le coefficient d’encaisses (a) est la part de leurs dépôts à vue D que les gens souhaitent
détenir en espèces C. Il traduit les préférences des gens quant aux formes de détention
de la monnaie.
Notre modèle montre la manière dont l’offre de monnaie dépend de la base monétaire, du
coefficient de réserves et du coefficient d’encaisses. Il nous permet d’étudier comment la
politique de la banque centrale, d’une part, et les choix des banques et des ménages d’autre part,
affectent l’offre de monnaie.
Commençons par définir l’offre de monnaie et la base monétaire :
M = C +D
B = C+R
La première équation nous dit que l’offre de monnaie est la somme des pièces et billets en
circulation et des dépôts à vue. La deuxième équation indique que la base monétaire est la
somme des pièces et billets en circulation et des réserves bancaires.
Pour trouver l’offre de monnaie en fonction des trois variables exogènes, nous divisons tout
d’abord la première équation par la seconde pour obtenir :
M C+D
=
B C+R
C
+1
M D
=
B C+R
D D
Vous aurez remarqué que C/D est le coefficient d’encaisses a, et R/D le coefficient de réserves
t. En remplaçant les termes C/D et R/D respectivement par leur expression a et t et en déplaçant
B du membre de gauche vers le membre de droite de l’équation, nous obtenons :
a +1
M= .B
a+t
43
Cette équation nous montre comment l’offre de monnaie dépend des trois variables exogènes.
Nous voyons maintenant que l’offre de monnaie est proportionnelle à la base monétaire. On
dénote par m et on appelle multiplicateur monétaire, le facteur de proportionnalité
(a+1)/(a+t). Ceci nous permet d’écrire :
M =mxB
Chaque Franc de base monétaire produit m Francs de monnaie. C’est parce que la base
monétaire a cet effet multiplicateur sur l’offre de monnaie qu’on l’appelle quelquefois
monnaie à haute puissance.
Voici un exemple numérique inspiré de la situation aux Etats-Unis. La base monétaire B est
égale $400 milliards, le coefficient de réserves t est égal à 0,1 et le coefficient d’encaisses
aest égal à 0,4. Le multiplicateur monétaire est donc
0, 4 + 1
m= = 2,8
0, 4 + 0,1
Chaque dollar de la base monétaire produit 2,8 dollars de monnaie, pour constituer une offre
totale de monnaie de $1120 milliards.
Tournons-nous maintenant vers la manière dont les variations des trois variables exogènes, B,
t et a, modifient l’offre de monnaie :
2.Plus est faible le coefficient de réserves, plus les banques consentent de prêts et plus elles créent
donc de monnaie à partir de leurs réserves. En conséquence, toute baisse du coefficient de réserve
accroît le multiplicateur monétaire et donc l’offre de monnaie.
3.Plus est faible le coefficient d’encaisses, plus l’est également la part de la base monétaire que
les gens souhaitent détenir en espèces, plus est élevée la part de la base monétaire détenue en
réserves par les banques et plus celles-ci peuvent créer de la monnaie. En conséquence, toute
baisse du coefficient d’encaisses accroît le multiplicateur monétaire et donc l’offre de monnaie.
La banque centrale dispose de trois instruments de la politique monétaire : les interventions sur le
marché monétaire, les réserves obligatoires et les taux d’escompte.
44
3.1 Les interventions sur le marché monétaire
Cette opération appelée open-market consiste à l’achat ou à la vente des obligations d’Etat par la
banque centrale.
L’argent avec lequel la banque centrale achète ces obligations accroît la base monétaire et donc
l’offre de monnaie.
L’argent qu’elle reçoit lorsqu’elle vend ces obligations réduit la base monétaire et donc l’offre
de monnaie.
Elles désignent les réglementations par lesquelles les banques centrales obligent les banques
commerciales à respecter un coefficient de réserves minimal. Toute hausse de coefficients de
réserves obligatoires réduit le multiplicateur monétaire et donc l’offre de monnaie, toute baisse
de ces coefficients produit l’effet contraire.
Il représente le taux d’intérêt que prélève la banque centrale lorsqu’elle consent des prêts aux
banques commerciales. Celles-ci empruntent auprès de la banque centrale lorsque leurs réserves
sont insuffisantes pour respecter le coefficient de réserves obligatoires. Plus le taux d’escompte
est faible, moins il est coûteux d’emprunter auprès de la banque centrale et plus les banques
commerciales ont recours à cette modalité de financement. En conséquence, toute réduction du
taux d’escompte accroît la base monétaire et donc l’offre de monnaie.
Remarque : En dépit de ces trois instruments de contrôle de l’offre de monnaie, ce contrôle reste
imparfait. La liberté qu’ont les banques de fixer leurs pratiques commerciales suscite des
variations de l’offre de monnaie non voulues par la banque centrale. Ainsi, les banques peuvent
décider de détenir des réserves excédentaires, soit des réserves qui dépassent le niveau des
réserves obligatoires. Plus les réserves excédentaires sont élevées, plus l’est également le
coefficient de réserves, ce qui pèse négativement sur l’offre de monnaie. Par ailleurs, la banque
centrale ne contrôle pas avec précision les quantités d’argent empruntées par les banques
commerciales au guichet de l’escompte. Moins ces emprunts sont importants, plus est faible la
base monétaire, et donc l’offre de monnaie. Pour toutes ces raisons, l’offre de monnaie se modifie
quelquefois à l’encontre de la volonté de la banque centrale.
45
II. La demande de monnaie
Par la suite Keynes a formulé une fonction de demande de monnaie plus générale et plus
réaliste, dont l’hypothèse est que la demande d’encaisses réelles est fonction à la fois du taux
d
M
d’intérêt et du revenu : = L(i, Y )
P
Dans cette section nous allons affiner la fonction de demande de monnaie. Sachons que la
monnaie a trois fonctions : unité de compte, réserve de valeur et moyen d’échange. En tant
qu’unité de compte, la monnaie, par elle-même, ne fait l’objet d’aucune demande : il est
parfaitement possible de libeller les prix dans toute monnaie donnée sans pourtant en détenir une
seule unité. Par contre, la monnaie ne peut jouer ses deux autres rôles que si les gens en
détiennent. C’est pourquoi les théories de la demande de monnaie sont construites sur la monnaie
en tant que réserve de valeur ou en tant que moyen d’échange.
P
46
Toute hausse de rs ou de rb réduit la demande de monnaie en rendant plus attrayants les autres
types d’actifs financiers. Une hausse de πe réduit également la demande de monnaie, en rendant la
détention de celle-ci attrayante. Enfin une hausse de W accroît la demande de monnaie en
augmentant le volume global du portefeuille.
Les théories de la gestion du portefeuille nous aident-elles à mieux comprendre la demande de
Monnaie ? Tout dépend de la mesure de monnaie que nous utilisons. Les mesures restreintes
telles que M1 n’incluent que les pièces et les billets en circulation et les comptes à vue. Ces
formes de monnaie ne sont rémunérées que par un taux d’intérêt nul ou très faible.
Les économistes qualifient la monnaie M1 d’actif dominé : en tant que réserve de valeur, elle
coexiste avec d’autres actifs qui lui sont supérieurs. Il n’est donc pas optimal de détenir de la
monnaie dans son portefeuille, et les théories de la gestion du portefeuille n’expliquent pas la
demande de ces formes dominées de monnaie. Les théories de la gestion du portefeuille
deviennent plus plausibles en tant que théories de la demande de monnaie à mesure que nous
élargissons la définition de la monnaie aux actifs qui dominent les pièces et billets en circulation
et les comptes à vue. M2, par exemple, inclut les comptes d’épargne. Les considérations de risques
et de rendements qui sont à la base des théories de la gestion du portefeuille jouent sans doute un
rôle essentiel dans la décision de détenir de la monnaie sous forme de M2 plutôt que d’obligations
ou d’actions.
Nous retiendrons donc que ces théories de la gestion du portefeuille n’expliquent pas bien la
demande de monnaie M1, mais beaucoup mieux les demandes de monnaie M2 ou M3.
Les théories de la gestion des transactions mettent en avant le rôle de la monnaie en tant
qu’intermédiaire des échanges. Ce sont ces théories qui expliquent le mieux la détention de la
monnaie dans ces définitions étroites telles que pièces et billets ou compte à vue plutôt que des
actifs qui dominent ces définitions étroites de la monnaie, tels que les comptes d’épargnent ou
bons du trésor. Le point commun des théories de la gestion du portefeuille est qu’elles font
l’hypothèse que le coût de la détention de monnaie est le faible rendement que cela procure, et
son avantage l’aisance avec laquelle elle permet de réaliser des transactions. C’est l’arbitrage
entre ce coût et cet intérêt qui détermine la quantité de monnaie que l’on souhaite détenir. L’une
des plus célèbres théories explicatives de la fonction de demande de monnaie par la gestion
des transactions a été élaborée dans les années 1950 par les économistes William Baumol
et James Tobin.
47
3. Le modèle Baumol-Tobin de la gestion des liquidités
48
(a) La détention de monnaie avec
Détention de monnae
Moyenne=Y/2 Y/2
Moyenne=Y/4
1 1/2 1 Temps
Temps
Y/N
Moyenne=Y/2N
1/N 1 Temps
La détention de monnaie est fonction du nombre de visites que l’on est prêt à faire à la banque
chaque année. Quel est alors le choix optimal pour N ?
Supposons :
T=coût constant d’une visite à la banque (T représente la valeur du temps perdu pour effectuer
cette visite, soit le temps de déplacement et d’attente au guichet) ;
i=taux d’intérêt auquel renonce le détenteur de monnaie (i mesure le coût d’opportunité de cette
détention de monnaie).
Pour tout N donné, la quantité moyenne de monnaie détenue est Y/(2N), et l’intérêt perdu est
donc iY/(2N).
Le coût ces visites à la banque est : CB=T.N
Le coût d’opportunité des intérêts perdus est CO= iY/2N
Le coût total (CT) de la détention de monnaie est :
CT=iY/2N+TN
49
En dérivant cette fonction par rapport à N et en l’annulant, on obtient :
dCT iY 1
=− ( )+ F
dN 2 N2
dCT iY
= 0 donne N =
dN 2T
50
Y
La détention moyenne de monnaie est =
2N
En remplaçant N* par son expression ci-dessus, on obtient :
Y YF
=
2N 2i
Cette expression montre qu’on est amené à détenir d’autant plus de monnaie que le coût fixe T
de la visite à la banque est élevé, que la dépense annuelle globale Y est élevé, ou que le taux
d’intérêt i est faible.
Coût
Coût total
Intérêt perdu=iY/2N
N* N
N* = nombre de visites qui minimise le coût total
Figure 2 : Le coût de la détention de monnaie
51
A partir du XIVè siècle circulent les premières monnaies papier (billets, lettre de change,…) qui
reposent sur la confiance dans la personnalité de l’émetteur. La monnaie fiduciaire est née (du
latin fiducia : confiance).
1.2. Les formes actuelles de la monnaie
La monnaie se présente aujourd’hui sous deux formes principales : la monnaie fiduciaire et la
monnaie scripturale.
a. La monnaie fiduciaire
C’est une monnaie dont la valeur repose uniquement sur la confiance que lui accordent les agents
économiques. Elle est acceptée par tous comme moyen de règlement parce que les agents
économiques ont confiance dans l’institution (Banque Centrale) qui l’émet et qui garantit sa valeur
dans le temps. Cette garantie est nécessaire puisque la valeur intrinsèque de cette monnaie est
déconnectée de sa valeur faciale. Par exemple, un billet de 5000 FCFA a une valeur intrinsèque
très faible mais les agents économiques l’acceptent car la Banque centrale garantit cette valeur.
La monnaie fiduciaire se compose de : La monnaie divisionnaire ou monnaie métallique,
constituée de l’ensemble des pièces en circulation dans l’économie et de monnaie papier.
• Les pièces sont utilisées pour régler des achats de faible valeur ou en complément d’une
somme (faire l’appoint). Exemple : pour régler un achat de 10 125 FCFA, il faut un billet
de 10 000 FCFA et un appoint de 125 FCFA.
• La monnaie papier, composée de l’ensemble des billets de banque émis par la Banque
Centrale, et détenus par les agents économiques.
b. La monnaie scripturale
C’est la monnaie inscrite au crédit des comptes à vue dans les établissements de crédit (banques,
caisse d’épargne) et les centres de comptes postaux ou des comptes du Trésor Public. C'est une
monnaie immatérielle, que l'on ne peut pas toucher. Elle est constituée des dépôts à vue des agents
économiques non financiers (ménages, entreprises).
(Dépôts à vue : liquidités confiées à une banque par les agents économiques). Le terme scriptural
indique qu’il s’agit d’un simple jeu d’écritures, d’inscriptions dans les comptes.
La monnaie scripturale figure au crédit des comptes à vue des agents économiques dans les
banques. Mais il ne faut pas confondre la monnaie scripturale avec les instruments qui permettent
de faire circuler cette monnaie (le chèque, la traite, le virement, ...).
NB : L’histoire de la monnaie montre un processus constant de dématérialisation (processus au
cours duquel les moyens de paiement sont devenus de moins en moins physiques).
52
Ainsi, en plus de la monnaie scripturale, on parle de plus en plus aujourd’hui de la monnaie
électronique, qui se définit comme « toute valeur monétaire représentant une créance qui est
stockée sur un support électronique, y compris magnétique, non assimilable à un compte bancaire
traditionnel (la puce d'une carte ou d'un téléphone mobile) ou à distance sur un serveur (un compte
en ligne) ». Ce support électronique stocke directement la somme d'argent et n'est pas lié à un
compte bancaire. Dans cette définition, on remarque que la monnaie électronique s'apparente à la
monnaie papier mais avec un support différent.
2. La masse monétaire
La masse monétaire se définit comme l’ensemble des moyens de paiement en circulation dans une
économie plus les placements facilement transformables en liquidité (la liquidité d’un actif se
définit comme son aptitude à se transformer en moyen de paiement aisément, rapidement et sans
coût). La masse monétaire intègre donc les différentes formes de monnaie (fiduciaire, scripturale)
et de quasi-monnaie. Elle se décompose en différents agrégats monétaires dont les principaux sont
: M1, M2, M3 et L ou M4
➢ L’agrégat M1 (Disponibilité monétaire) est composé de la monnaie fiduciaire et de la
monnaie scripturale. M1 = Monnaie fiduciaire (MF) + Dépôts à vue (DAV).
➢ L’agrégat M2 (Disponibilité monétaire et quasi-monétaire) est égal à l’agrégat M1
augmenté des disponibilités quasi monétaires.
➢ La quasi-monnaie est moins liquide car elle ne constitue pas un moyen de paiement aussi
immédiat que M1. Il s’agit essentiellement des dépôts à terme, des dépôts d’épargne et des
certificats de dépôt ; c’est à dire des dépôts ne pouvant pas être retirés avant une échéance
convenue d’avance entre la banque et son client. M2 = M1 (MF + DAV) + Quasi-monnaie
(QM) = M1 + Dépôts d’épargne (comptes sur livrets) L’agrégat M3 adjoint à M2 les
obligations et emprunts à plus d’un an ; les épargnes projets d’investissements et l’épargne
logement. M3 = M2 + Comptes à terme, avoirs en devises et certains titres courts.
➢ Le dernier agrégat, L ou M4, contient M3 ainsi que l'épargne contractuelle (plan d'épargne
logement) et les autres titres du marché monétaire (billets de trésorerie pour les entreprises,
bons du Trésor négociables pour l'État).
53
➢ La fonction de mesure de valeur (fonction d’unité de compte) : en tant qu’unité de
compte, la monnaie permet de mesurer et de comparer la valeur des différents biens (c’est
un étalon).
➢ La fonction de réserve de valeur : en tant qu’instrument de réserve de valeur, la monnaie
peut être conservée pour une utilisation ultérieure. Elle offre ainsi la possibilité de différer
la consommation dans le temps, au moyen de l'épargne. Il faut toutefois noter que la
monnaie remplit ce rôle de façon imparfaite, car en période d'inflation elle perd de la
valeur.
Remarque :
✓ Certains auteurs disent que la capacité d'éteindre les dettes et les obligations, notamment
fiscales, constitue une quatrième fonction appelée « Pouvoir libératoire » de la monnaie ;
✓ Cours légal de la monnaie : un moyen de paiement a un cours légal sur un territoire veut
dire que personne ne peut refuser de le recevoir en règlement d'une dette libellée dans la
même unité monétaire. Le créancier doit accepter les moyens de paiement pour leur valeur
nominale.
✓ Cours forcé d’un moyen de paiement indique que le moyen de paiement ne saurait être
converti (échangé) contre tout autre bien pris comme étalon de référence de la valeur.
✓ Pour que la monnaie puisse jouer pleinement son rôle d'intermédiaire dans les échanges,
elle doit être facilement transportable, divisible pour permettre les transactions de faibles
montants, et difficile à contrefaire pour continuer à jouir de la confiance de tous les
utilisateurs.
54
En appelant k cette proportion et P le niveau général des prix, l’équation de cette demande de
monnaie est Md = k.PY (avec Md : demande de monnaie ; k : l'inverse de la vitesse de circulation
de la monnaie ; P : le niveau général des prix ; Y : le revenu réel).
La partie droite de l’équation (kPY) représente la demande d’encaisses monétaires dans laquelle
k traduit un véritable désir d’encaisses, c'est-à-dire la volonté de détenir de la monnaie en vue
d’une transaction. En somme, il apparaît selon les tenants de cette école, que la demande de
monnaie dépend de trois facteurs :
• elle est une fonction croissante du revenu réel (Y) ;
• elle est une fonction croissante du niveau général des prix (P) ;
• elle est une fonction décroissante de la vitesse de circulation de la monnaie.
NB : Dans l'optique néoclassique, la demande de monnaie ne dépend pas du taux d'intérêt dans la
mesure où les encaisses sont essentiellement affectées à la dépense (elle est supposée inélastique
au taux d'intérêt). Il n'y a donc pas d'arbitrage entre détention de monnaie et placements financiers.
55
2.2. Le motif de précaution
Selon Keynes, « le souci de parer aux éventualités qui exigent des dépenses inopinées, l’espoir de
profiter d’occasions imprévues pour réaliser des achats avantageux, et enfin le désir de conserver
une richesse d’une valeur immuable pour faire face à une obligation future stipulée en monnaie
sont autant de nouveaux motifs à conserver de l’argent liquide ». Ce motif de demande de monnaie
répond donc au besoin des agents de se prémunir contre l’imprévu, de saisir des opportunités
d’achat à prix favorable (qu’il s’agisse de biens réels ou de titres) ou de garder un avoir en valeur
nominale immuable pour faire face à une obligation future stipulée en monnaie. Il requiert alors
la détention d’encaisses supplémentaires.
Le revenu national est également la variable déterminante de cette demande d’encaisse,
notée : L1 = L1(Y) avec L1’ (Y) > 0.
NB : La demande de monnaie pour les transactions courantes et/ou imprévues (précaution) est
essentiellement fonction du revenu courant des agents économiques.
56
A la trappe de liquidité, les individus consacreront toute leur richesse à la détention de la monnaie
car plus tard le taux d’intérêt ne peut qu’augmenter. NB : La fonction de demande de liquidité ou
la demande totale de liquidité (L) est la somme de la demande de monnaie pour les transactions
et la précaution (L1) et la demande de monnaie pour le motif de spéculation (L2).
La demande de monnaie pour les transactions et le motif de précaution (L1) est fonction du niveau
du revenu nominal (Y ou pY), quand la demande de monnaie pour la spéculation (L2) est fonction
du taux d’intérêt (i).
La fonction de demande de monnaie (L) prend alors la forme : L = L 1 + L2 = L1(Y) + L2(i),
avec L1’(Y) > 0 et L2’(i) < 0.
Exemple : L = mY – bi (ou br)
Le rôle des politiques monétaires dans la régulation de la conjoncture a été depuis des années
l’objet de débat permanent. Celui-ci a évolué avec les problèmes des économies industrialisées,
et dans les premières années plus particulièrement avec ceux de l’économie américaine, puisque
la controverse s’est d’abord développée entre économistes américains.
Dans les années cinquante, l’économie américaine évolue au-dessous de ses capacités de
production et le chômage est supérieur au niveau considéré comme incompressible. En revanche,
les pays européens bénéficient d’une situation de plein emploi. Politique monétaire ou politique
budgétaire de relance ? Tel est l’objet principal à cette époque du débat sur la politique
conjoncturelle. A partir de 1967-1968 l’objet de la controverse va s’élargir à la question de
l’inflation et tenir compte de l’ouverture commerciale et financière des économies sur l’extérieur.
En présence d’inflation et de chômage, dans une situation dite de « stagflation », la politique
monétaire doit-elle expansive ou restrictive ? Existe-t-il un dilemme entre la lutte contre l’inflation
et celle contre le chômage ? Quels sont les mérites respectifs d’une politique de contrôle de la
demande globale (par la monnaie ou le budget) et d’une politique de contrôle direct des prix et
des revenus ? Tels sont les principaux enjeux du débat.
Dans les années 1971-1973 le flottement international des grandes monnaies du monde se
substitue au régime de fixité des changes établi par les accords de Bretton Woods. La question du
rôle de la politique monétaire est désormais étroitement liée à celle du choix du régime des
changes : l’efficacité de la politique monétaire nationale est-elle compatible avec la fixité du taux
de change ou exige-t-elle le flottement de la monnaie ?
57
Ainsi, au cours des quarante dernières années, la théorie monétaire a été confrontée à deux grandes
questions : quel rôle la politique monétaire expansive peut-elle jouer dans la lutte contre le
chômage ? Quel rôle la politique monétaire restrictive peut-elle jouer dans la lutte contre
l’inflation ?
A. Politique monétaire expansive et chômage
A.1. Politique monétaire expansive face au chômage keynésien ou les risques de blocage de
la politique monétaire
Keynes a affirmé sans ambiguïté que l’analyse macro-économique ne peut être que monétaire. Il
faut expliquer comment, paradoxalement, les économies qui ont fondé leur propre analyse sur la
théorie générale de Keynes en sont venues à une conception de la politique conjoncturelle qui
laisse très peu de place à une politique monétaire efficace.
1. L’importance du rôle de la monnaie dans la théorie générale
58
Une politique monétaire expansive se traduit sur ce graphique par un déplacement vers le bas de
la courbe LM qui passe de LM1 à LM2, ce qui entraîne simultanément une baisse du taux d’intérêt
et une augmentation du revenu.
LM1
i1 LM2
i2
IS
y1 y2 y
Pour les économistes keynésiens, les politiques monétaires de relance risque d’être inefficace
parce qu’il se peut qu’aucune des deux composantes de la demande globale (investissement et
consommation) ne réponde favorablement à une expansion monétaire.
2.1.Taux d’intérêt et investissement
Dans la théorie générale, seule la demande d’investissement est supposée réagir aux variations du
taux d’intérêt. Et Keynes lui-même a indiqué que l’investissement pouvait se révéler insensible
aux modifications du taux d’intérêt parce que l’efficacité marginale du capital a tendance à évoluer
parallèlement à ce taux. En effet, l’autorité monétaire abaisse normalement le taux de l’intérêt
dans les périodes de dépression, qui sont aussi le moment où l’efficacité marginale du capital
diminue. Celle-ci reflète en effet les prévisions des entrepreneurs qui dépendent du tempérament
de chacun et du climat psychologique général. En période de dépression, la tendance est au
pessimisme et à la sous-évaluation des chances de l’économie. Le risque est donc que, même si
l’autorité monétaire parvient à réduire le taux d’intérêt, la courbe de l’efficacité marginale du
capital en fonction du niveau de l’investissement ne baisse au fur et à mesure que diminue le taux
d’intérêt.
59
2.2.Taux d’intérêt, encaisse monétaire et consommation
Quant à la consommation qui est la seconde composante de la demande effective, elle est, selon
le schéma keynésien, fonction du revenu, mais non du taux d’intérêt. Certes, keynes a évoqué la
possibilité d’une augmentation de la consommation des ménages bénéficiant d’une plus-value de
leur portefeuille d’obligations consécutive à la baisse du taux d’intérêt, et inversement en cas de
hausse de ce taux. Mais il a considéré qu’en fin de compte cette action indirecte du taux de l’intérêt
sur la consommation était négligeable.
Une autorité monétaire qui désire abaisser les taux d’intérêt afin de relancer la demande globale
peut se heurter à des contraintes d’ordre interne ou externe, contraintes là encore déjà suggérées
par Keynes lui-même.
Keynes, en effet, dans la théorie générale a émis l’idée que, dans certaines circonstances, et
notamment dans une conjoncture dépressive marquée par un chômage involontaire important, le
taux d’intérêt nominal pouvait devenir rigide à la baisse. C’est « la fameuse trappe à liquidité »
3.1.La trappe à monnaie
Pour comprendre l’idée keynésienne d’un taux d’intérêt plancher, il convient de reprendre le
raisonnement par lequel Keynes explique que la demande de monnaie de spéculation est une
fonction décroissante du taux d’intérêt.
Le taux de l’intérêt, écrit Keynes, est « au plus haut degré un phénomène conventionnel car sa
valeur effective dépend dans une large mesure de sa valeur future telle que l’opinion dominante
estime qu’on la prévoit. Un taux d’intérêt quelconque, que l’on accepte avec une foi suffisante en
ses chances de durer, durera effectivement… ».
J. Marcus Fleming et Robert A. Mundell ont simultanément introduit le régime des changes dans
l’étude de l’efficacité relative de la politique monétaire et de la politique budgétaire, en distinguant
le régime de change fixe et le régime de change flottant. En effet, le choix entre ces deux régimes
de change n’affecte l’efficacité relative de la politique monétaire et de la politique budgétaire que
s’il existe une certaine mobilité internationale des capitaux.
60
a. Le modèle IS-LM en économie ouverte
L’analyse de Mundell-Fleming a été présentée dans le cadre du modèle IS-LM. L’extension de ce
modèle à une économie ouverte sur l’extérieur a entraîné trois modifications du modèle initial.
En premier lieu, les importations et les exportations de biens et de services ont été incluses dans
l’équation du marché des biens.
En second lieu, une nouvelle équation a été introduite représentant l’équilibre de la balance des
paiements ou l’équilibre sur le marché des devises. La balance des paiements est constituée, de
manière simplifiée, des importations et des exportations et des mouvements internationaux de
capitaux. Ceux-ci dépendent du rendement attendu des actifs financiers nationaux et étrangers.
Dans ce modèle, il est supposé qu’il n’y ait pas d’anticipation de variation du taux de change, ce
qui peut se concevoir dans un régime de change fixe. Dans ces conditions, les mouvements de
capitaux sont fonction uniquement des taux d’intérêt relatifs, nationaux et étrangers. Si l’élasticité
des mouvements de capitaux aux taux d’intérêt relatifs est infinie, il y aura égalité permanente des
taux d’intérêt nationaux et étrangers.
Enfin, le modèle implique de prendre en compte, en régime de change fixe, l’impact du solde de
la balance des paiements sur la création monétaire. En effet, en régime de change fixe, la Banque
centrale intervient sur le marché des changes afin de limiter les fluctuations du cours de la monnaie
nationale autour de la parité officiellement définie.
61
i BP
excédent déficit
LM
IS
y
Figure 4 : Faible mobilité des capitaux
LM
excédent
BP
déficit
IS
62
Si le pays considéré a un poids important dans l’économie mondiale, sa politique monétaire
contribue à déterminer la masse monétaire mondiale, et donc le niveau international des taux
d’intérêt et des prix ainsi que les revenus nationaux.
La mobilité internationale des capitaux accroît l’efficacité de la politique budgétaire en régime
de change fixe.
Si l’on raisonne en l’absence de mouvements de capitaux, le passage d’un régime de change fixe
à un régime de change flottant accroît en théorie l’efficacité de la politique expansive, qu’elle soit
monétaire ou budgétaire, puisque la Banque centrale n’a plus besoin de neutraliser l’effet de la
perte des réserves sur la masse monétaire.
Supposons maintenant qu’il y ait mobilité parfaite des capitaux. La flexibilité des changes modifie
radicalement l’impact de la politique monétaire par rapport à la situation de fixité du taux de
change. Les sorties de capitaux entraînent en effet une dépréciation de la monnaie nationale qui
améliore la balance commerciale et stimule le revenu et l’emploi. Ainsi, en raison de la mobilité
internationale des capitaux, la flexibilité du taux de change devient la condition d’une politique
monétaire autonome (la mobilité internationale des capitaux accroît l’efficacité de la politique
monétaire en régime de change flottant).
La politique budgétaire expansive provoque des entrées de capitaux (qui financent le déficit
budgétaire sans accroissement du taux de l’intérêt).
i LM
2
BP
A B
1
IS
63
Résumé du modèle Mundell-Fleming
L’ensemble des relations entre le régime des changes, la mobilité des capitaux et l’efficacité des
politiques monétaires et budgétaires peut être résumé dans le tableau suivant :
Fixité du change Flexibilité du change
Absence de mouvements Politique monétaire EM 1 Politique monétaire ER 2
de capitaux Politique budgétaire EM 1 Politique budgétaire ER 2
EM : Efficacité moyenne 1
ER : Efficacité renforcée 2
EN : Efficacité nulle 0
On comprend dès lors qu’à l’origine les économistes keynésiens, favorables à la politique budgétaire,
aient préconisé la fixité des changes, et les monétaristes, tenants de la politique monétaire, défendu
le flottement des monnaies.
Dès les années soixante, Milton Friedman montrait les dangers d’une politique monétaire
expansive en vue de lutter contre le chômage, en l’absence d’insuffisance de la demande effective.
Pour ce faire, il présentait une nouvelle version de la relation de Phillips prenant en compte les
anticipations d’inflation et développait le concept de « chômage naturel », nouvelle interprétation
du concept de « plein emploi » keynésien, ce qui lui permettait de dénoncer l’alternative
néokeynésien inflation ou chômage.
Dans le traité de la monnaie (1930), Keynes avait suggéré qu’un souci excessif pour la stabilité
monétaire risquait d’entraîner du chômage. Dès les années cinquante, l’idée d’une alternative
entre le plein-emploi et la stabilité des prix a été reprise par A. W. Phillips, à partir d’une étude
de la relation entre le taux de variation du salaire nominal et le chômage au Royaume-Uni entre
1861 et 1957.
64
1.1 La relation de Phillips
A.W. Phillips a présenté trois hypothèses pour expliquer le taux de variation annuelle du salaire
nominal.
La première, la plus importante, est que si la demande de travail est élevée et le chômage faible,
les taux de salaires nominaux augmentent rapidement parce que les employeurs sont incités à offrir
des salaires supérieurs aux salaires courants afin d’attirer ou de maintenir les meilleurs travailleurs
dans leurs entreprises. D’autre part, comme les travailleurs répugnent à s’engager pour les salaires
inférieurs aux salaires courants, si la demande de travail est faible et le chômage important, les
taux de salaires nominaux ne diminuent que très lentement. Ainsi, la relation entre le taux de
variation des taux de salaires nominaux et le chômage serait décroissante mais non linéaire (cf.
Fig 10).
En second lieu, qu’en expansion, lorsque le taux de chômage diminue, les employeurs élèvent
plus vite leurs salaires qu’en récession, où le taux de chômage augmente, même si les taux de
chômage sont identiques. Ainsi, la courbe représentative de la relation entre taux de variation du
salaire nominal et taux de chômage se situerait, en période d’expansion, au-dessus de sa position
en période de récession.
En troisième lieu, une hausse rapide des prix d’importation qui se répercute dans le coût de la vie
peut accélérer la hausse des salaires.
dw/w
2%
2,5%
5,5% u
65
1.2.La critique Friedmanienne de la relation de Phillips
Milton Friedman souligne que l’idée entre l’inflation et le chômage est ancienne puisque Irving
Fisher l’exprimait dès 1962. Pour cet auteur, une hausse de leurs prix de vente non prévue par les
entreprises pouvait inciter celles-ci à augmenter leur production, ce qui réduisait le chômage. La
causalité de la relation établie par Phillips est en sens inverse, puisque c’est la variation du taux
de chômage qui modifie le taux de variation du salaire nominal et donc le taux d’inflation. Et
contrairement à l’analyse de Fisher, celle de Phillips ne prend pas en compte les anticipations de
prix : selon Milton Friedman c’est là son erreur.
Lorsque employeurs et travailleurs fixent dans des contrats de travail le taux de salaire nominal,
ils le font en prévoyant l’évolution du niveau général des prix. C’est en fait, non pas le taux de
variation du salaire nominal, mais le taux de variation anticipée du salaire réel qui dépend de la
pression de la demande globale. Travailleurs et employeurs sont contraints à prévoir l’évolution
nominale des prix du fait que les contrats d’embauche ont une certaine durée. Celle-ci s’explique
d’abord par le coût de l’information relative au marché de l’emploi ; ensuite la formation
qu’acquiert le travailleur en exerçant son emploi rend sa présence dans l’entreprise plus rentable
que celle d’autres travailleurs éventuels ; de son côté le travailleur, en occupant un emploi, doit
faire certains investissements matériels et psychologiques. Employeurs et salariés ont donc
avantage à exiger une certaine durée des contrats de travail.
L’analyse de Milton Friedman comme les études empiriques ultérieures de la relation de Phillips
corrigée des anticipations inflationnistes étaient fondées sur l’hypothèse des anticipations
adaptatives pour le calcul du taux d’inflation anticipée. Selon cette hypothèse, les prévisions des
agents économiques sont révisées en fonction de la différence entre le taux effectif d’inflation et
le taux anticipé.
Soit :
ta − ta−1 = t −1 − ta−1
D’où t = t −1 + (1 − ) t −1
a a
= (1 − ) t −1−i
t
a
i =0
66
La conclusion de ces « nouveaux économistes classiques » est ici très pessimiste : toute politique
monétaire « systématique » c’est-à-dire préannoncée par l’autorité monétaire ou correspondant à
un comportement logique que les agents économiques peuvent anticiper, n’aura pas d’effet réel
sur l’économie. Le seul effet positif à attendre d’une politique monétaire expansive sur le chômage
résulte d’un « effet de surprise ».
Keynes avait montré dans le traité de la monnaie qu’il existait deux sortes d’inflation. « L’inflation
de revenu », rebaptisée ultérieurement « l’inflation par les coûts », résulte selon Keynes d’une
croissance des rémunérations (salaires, loyers, intérêts, profits) supérieure à celle de la
productivité des facteurs de production. « L’inflation de profit » dénommée dans la littérature
contemporaine « inflation par la demande », résulte d’un excès ex ante de l’investissement sur
l’épargne, autrement dit, de la demande sur l’offre, qui entraîne un superprofit pour les entreprises,
un gain au-delà de la rémunération normale du capital. De ces deux inflations seule la seconde est
d’origine monétaire. L’inflation de revenu quant à elle dépend des facteurs institutionnels ou
sociologiques qui déterminent la fixation des salaires nominaux, et notamment de l’action des
syndicats.
Keynes en tirait la conclusion que si l’autorité monétaire exerce une action directe (en élevant le
taux d’intérêt) sur l’inflation de profit, en revanche son action sur l’inflation de revenu est très
indirecte : c’est la montée du chômage en réponse à une réduction de la demande globale et de la
production qui permet de ralentir ce type d’inflation. Autrement dit, la stabilisation des prix passe
alors par une déstabilisation de l’économie. Keynes marque nettement sa préférence pour la
stabilité de l’économie (autrement dit le plein-emploi) plutôt que pour la stabilité parfaite des prix,
d’autant plus que, pour Keynes, l’inflation de revenu était de nature modérée.
Les difficultés de la politique monétaire de lutte contre l’inflation sont généralement étudiées dans
le cadre des économies industrialisées. Mais le problème de l’inflation est beaucoup plus grave
dans de nombreux pays en développement où la lutte contre « une inflation chronique » demeure
le défi essentiel de la politique macro-économique. L’inflation chronique est une inflation rapide
(supérieure à 20% par an et atteignant parfois plus de 100%), et persistante, contrairement à
« l’hyperinflation » qui ne dure jamais longtemps, parce que le processus inflationniste est
explosif et aboutit à une stabilisation brutale ou à une destruction de la monnaie.
Les pays d’inflation chronique se caractérisent par une structure monétaire spéciale. La masse
monétaire y est composée en grande partie de monnaies étrangères, phénomène connu sous le nom
de dollarisation de l’économie.
3.1. Dollarisation et crédibilité de la politique monétaire
Si l’on peut soutenir que l’inflation chronique est peu favorable à la crédibilité des politiques de
stabilisation, il semble en revanche que la dollarisation de l’économie (qui accompagne l’inflation
chronique) soit plutôt favorable à la crédibilité de la politique de stabilisation ; parce qu’elle
pousse les gouvernements à une politique budgétaire rigoureuse. La dollarisation de l’économie
est un facteur qui pousse les gouvernements à réduire les déficits par crainte de l’hyperinflation.
Mais un autre argument permet de penser que la dollarisation de l’économie affecte
défavorablement la crédibilité de la politique lorsqu’elle est basée sur une seule monnaie. En
régime de change flexible, tout déséquilibre monétaire (dû au choc exogène) entraîne une variation
des prix et du taux de change plus importante si l’économie est dollarisée. En effet, durant le
processus d’ajustement au déséquilibre monétaire, la masse monétaire (composée de la monnaie
nationale et de devises) n’est pas constante puisqu’elle varie en fonction de l’évolution du cours
du change pour la part composée en devises.
Si on appelle M la masse monétaire, C la monnaie nationale et L la demande de monnaie, le
M −L
taux d’inflation et e le taux d’appréciation des devises en monnaie nationale,
M
correspond au déséquilibre monétaire.
68
M −L M −C
= +e
M M
Si on suppose que = e , on peut écrire que :
M −LM M
= avec 1 dans une de dollarisation de l’économie.
M C C
Toutes les variables sont exprimées en logarithmes. Les variables exogènes sont surlignées. Les
variables sont les suivantes :
C Consommation privée
G Dépenses publiques
I Investissement privé
K Entrée nette de capitaux extérieurs
M Masse monétaire
X Exportations
Y Revenu
Z Importations
i Taux de l’intérêt dans le pays
iw Taux de l’intérêt dans le reste du monde
t Taux de change (cours de la monnaie nationale en devises)
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BIBLIOGRAPHIE
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MENENDIAN Claude, Fiches de macroéconomie, 2è édition mise à jour, ellipses, Paris, 2005,
168 P.
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