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Suite de la correction des questions du DOSSIER N°5 sur la politique monétaire – Madame TROUILLET

(Il faut relire les définitions données précédemment pour compléter cette correction.)

1) Pour les Monétaristes, la monnaie n'est qu'un voile sur les échanges (« neutralisme monétaire ») et l'inflation
est toujours d'origine monétaire (texte n°1 p.1). Il est donc fondamental pour eux et pour Milton FRIEDMAN
(1912-2006) notamment, de contrôler l'augmentation de la masse monétaire (texte n°3 p.7) . En effet, si les
banques commerciales accordent beaucoup de crédits à leurs clients et donc mettent plus de monnaie scripturale
en circulation, alors la demande sur le marché va augmenter. Les agents économiques qui ont emprunté vont
pouvoir dépenser plus. Sur le marché des biens d'équipement par exemple pour les ménages ou sur le marché des
machines, les acheteurs vont être plus nombreux. Cependant, à court terme, selon la théorie quantitative de la
monnaie (texte n°2 p.3), les quantités produites ne peuvent pas augmenter (T constant). Il va donc y avoir une
situation de déséquilibre sur ces marchés, où l'offre sera inférieure à la demande. Les produits à vendre
deviennent rares et alors leur prix s'accroît. Ce phénomène au niveau macroéconomique correspond alors à
l'inflation. Et cette inflation est néfaste puisqu'elle fait perdre de la valeur à la monnaie.
Selon les Monétaristes, il convient donc de combattre l'inflation et cette lutte contre l'inflation passe par la mise
en place d'une politique monétaire restrictive qui limite le pouvoir de création monétaire des banques
commerciales (en augmentant les taux d'intérêt notamment). C'est ce point de vue qu'avait adopté la B.C.E.
depuis sa création et jusqu'en 2009.

2) Pour les Keynésiens et leur chef de file ( J.M. KEYNES ;1838-1946), les entreprises n'embauchent que si
celles ont des anticipations optimistes. Il faut prévoir les débouchés futurs et adapter les capacités de production
au niveau des ventes envisagées pour l'avenir. Dans un contexte favorable, les employeurs doivent investir et
embaucher pour être en mesure de produire plus. Le chômage keynésien est un chômage conjoncturel dû à une
insuffisance de la demande effective (anticipée) que les patrons imaginent pour les six à douze mois à venir. Pour
résoudre ce problème et pour stimuler la croissance économique dans le même temps, en donnant le moral aux
patrons, il faut créer de la monnaie. On se situe donc dans une perspective radicalement opposée à la précédente.
Il est nécessaire que les banques commerciales accordent massivement des prêts à la fois aux entreprises pour
leur permettre de financer les investissements et les embauches nécessaires à une production plus forte (et en
produisant plus, les entreprises créent de la valeur ajoutée donc le P.I.B. augmente) et aussi aux ménages afin
qu'ils disposent d'un plus grand revenu disponible pour acquérir les biens que les entreprises auront par avance
produit en plus grand nombre. Ainsi, la demande sur les différents marchés va augmenter (machines, voitures,
électroménager, ….) et le chômage va baisser car des emplois seront créés. Les décideurs seront alors portés par
ce contexte économique de reprise et se projetteront de manière favorable dans le futur. Cela enclenche donc un
cercle « vertueux » de croissance économique.
Selon les Keynésiens, il convient donc de combattre le chômage et l'insuffisance de la demande effective et cette
volonté passe par la mise en place d'une politique monétaire expansive qui donne aux banques commerciales un
rôle central. Avec leur pouvoir de création monétaire important (en baissant les taux d'intérêt notamment), c'est
tout le circuit macroéconomique qui est concerné et l'on retrouve alors une croissance économique soutenue
grâce à une hausse de la masse monétaire. Ce point de vue a été adopté par la B.C.E. après la dépression de
2009 dans la Zone euro.

3) Les objectifs finals de la politique monétaire sont résumés à travers ce que l'on appelle le « carré magique »
que l'on doit à Nicholas KALDOR (1908-1986). Cette représentation graphique (avec quatre axes) met en avant
la nécessité d'avoir une inflation faible, une croissance économique élevée ( taux de variation du P.I.B. réel),  un
solde extérieur excédentaire et un taux de chômage faible. Si tous ces indicateurs ont atteint un niveau excellent
(faible taux de chômage, faible taux d'inflation, fort taux de croissance économique et excédent extérieur élevé),
alors la situation économique est la meilleure possible (la surface dessinée sur le graphique est un carré
« parfait »). Cependant, dans la pratique, il est difficile de concilier ces quatre domaines et donc il convient de
faire des choix et de privilégier certains domaines. La politique monétaire a donc plutôt fait en sorte de
rechercher d'abord à maitrîser l'inflation pour que la monnaie conserve sa valeur puis elle peut aussi vouloir
rechercher une bonne croissance économique afin que la monnaie reste forte et inspire confiance.
Le courant théorique auquel se rattachent ces choix est le courant des Monétaristes qui met en avant la lutte
contre l'inflation et la volonté de contrôler la quantité de monnaie en circulation pour que cette dernière garde sa
valeur et que son pouvoir d'achat ne soit pas déprécié.
4) Pour mener à bien les objectifs de la politique monétaire choisie, la Banque centrale dispose de plusieurs types
d'instruments. Il existe tout d'abord les instruments qui agissent directement sur la liquidité et ceux qui vont
intervenir indirectement (texte n°4 p.10). La Banque centrale peut aussi utiliser des instruments agissant sur la
quantité de monnaie centrale en circulation nécessaire pour le refinancement des banques commerciales ou des
moyens permettant d'intervenir sur le coût de ce refinancement qui peut augmenter ou diminuer.
L'encadrement du crédit est l'instrument qui permet d'agir directement sur la quantité de monnaie scripturale
que peuvent créer les banques commerciales. Il a un impact sur la masse monétaire qui va s'accroître si cet
encadrement est faible, voire nul (politique expansionniste), ou elle augmentera très faiblement d'une année sur
l'autre, si cet encadrement est renforcé pour contrôler plus sévèrement l'octroi de crédit par les banques
commerciales (politique restrictive).

5) L'encadrement du crédit a été abandonné en tant qu'instrument de contrôle de la politique monétaire le


premier janvier 1987 en France car il avait un certain nombre de limites (texte n°4 p.10). Nous allons envisager
les quatre principales. La première critique adressée à cet instrument est le fait qu'il a empêché une baisse des
taux d'intérêt pratiqués par les banques. En effet, dans une logique de concurrence, les banques devaient baisser
leurs taux d'intérêt pour attirer de nouveaux emprunteurs. Mais cela ne se produisit pas car les banques limitées
dans le montant des crédits nouveaux à accorder n'avaient aucun avantage à réduire leurs taux, sous peine d'être
sanctionnées en cas de dépassement des plafonds fixés par l'encadrement du crédit. Les taux d'intérêt sont donc
restés élevés au détriment des emprunteurs, notamment les entreprises qui voulaient financer de nouveaux
investissements. Deuxièment, les banques peuvent sélectionner leurs emprunteurs puisqu'elles n'accorderont pas
de prêts à tout le monde. Il vaut donc mieux pour elles, octroyer des crédits aux clients les plus solvables. Ainsi,
les emprunteurs les plus solides obtiennent des prêts comme les grandes entrepises et les PME,qui en ont le plus
besoin, se voient, elles, refuser de nouveaux crédits. La troisième limite porte sur les sources de création de
monnaie. Les banques commerciales créent de la monnaie scripturale lorsqu'elles accordent des prêts aux
ménages et aux entreprises mais elles créent aussi des euros lorsqu'elles effectuent des opérations de change (des
dollars par exemple contre des euros). L'encadrement du crédit n' affecte pas cette source de création de
monnaie scripturale. Et enfin, l'encadrement du crédit n'est pas adapté à une économie où le financement externe
direct se développe. Si les entreprises, qui ont un besoin de financement passent par le marché boursier et
vendent des titres (actions et obligations) aux agents à capacité de financement (sur le marché primaire), les
banques ne sont plus concernées (on parle d'un financement désintermédié) et on ne peut pas contrôler
l'évolution de la masse monétaire par ce moyen qui devient du coup inutile.

6) Les autorités monétaires, ou la Banque centrale, peuvent réguler la liquidité bancaire ( le fait qu'elle soit plus
abondante ou plus rare) sur le marché interbancaire de deux façons.
Soit là encore, la Banque centrale veut agir sur la quantité de monnaie centrale disponible pour le refinancement
des banques commerciales, soit elle intervient sur le prix de cette monnaie centrale.
La Banque centrale peut donc choisir de mettre plus de monnaie centrale en circulation ou au contraire d'en
retirer. Si elle veut « injecter » de la monnaie centrale, elle va acheter des titres aux banques commerciales qui
obtiendront en paiement de la monnaie centrale sur leur compte qui sera crédité (donc plus de liquidité). C'est
une politique monétaire expansive.
À l'inverse, si elle souhaite retirer de la liquidité du circuit bancaire, elle vend des titres aux banques
commerciales et celles-ci paieront en monnaie centrale, leur compte à la Banque centrale sera débité (donc
moins de liquidité disponible) avec une politique monétaire restrictive. Ce sont donc des interventions sur le
marché interbancaire qui correspondent aux opérations d'Open-market. Ces actions ont des conséquences sur les
taux d'intérêt payés par les banques commerciales par exemple qui vont se refinancer. Elles permettent donc
aussi d'agir sur le prix de la monnaie centrale (la question des taux directeurs est envisagée dans le dossier n°6).

7) Si la Banque centrale décide de vendre des titres sur le marché monétaire (ou interbancaire) alors les banques
commerciales qui le veulent vont acheter ces titres et la monnaie centrale sera moins abondante. Les banques qui
devront se refinancer trouveront moins facilement cette monnaie centrale donc si elles empruntent, les taux vont
être plus élevés. Cela accroît donc le coût du refinancement. Les banques commerciales doivent dépenser plus
dépenser plus et réalisent moins de bénéfices. Elles accorderont alors moins de crédits à leurs clients pour avoir à
moins se refinancer. Si, à l'inverse, la Banque centrale décide d'acheter des titres sur le marché monétaire, alors
les banques commerciales qui lui vendent vont obtenir plus de monnaie centrale. Cette dernière plus abondante
permettra un refinancement moins coûteux. Les banques accorderont alors plus de crédits à leurs clients.

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