Vous êtes sur la page 1sur 42

Le puissant impôt social : la z-taxe

La z-taxe est l’opposée des intérêts bancaires. Le système économique préconisé ici est donc
l’opposé de tout système reposant sur la rémunération passive du capital. Au contraire, la z-taxe
pénalise l'accumulation superflue des richesses, en faisant une distinction entre les richesses
productives, et les richesses dormantes. Ainsi, cet impôt social permet de réduire les inégalités de
richesse.

La monnaie actuelle : arme de la dette usuraire et des spéculateurs

De nos jours, une grande majorité des dettes est tenue dans des registres qui sont la possession
exclusive des banques commerciales (SG, BNP…). Ce registre est aussi celui de la monnaie.

Les dettes sont créées par les banques, donnant droit à une créance sous forme de monnaie que
l’endetté peut utiliser par la suite.

Cependant, les banquiers sont rémunérés en fonction de la monnaie qu’ils créent, car tout
endettement rapporte des intérêts. Plus les banquiers endettent la société, et plus ils touchent de
surplus (les « intérêts bancaires »). La création monétaire revient donc à une actualisation au présent
de notre futur.

Ainsi, ceux qui vivent du fruit de leur travail présent voient leur pouvoir d’achat fortement dilué,
non seulement par la création monétaire des banquiers, mais aussi par ceux qui s’endettent en
gageant leur propre travail futur, ou qui spéculent financièrement sur l'avenir.

Notre économie repose sur le triptyque suivant : un endettement initial auprès des banques par
création monétaire, qui pousse à la surconsommation des ménages; il faut ensuite travailler pour
rembourser la dette et les intérêts du banquier. Cette situation est acceptée de tous, alors qu'il aurait
été plus naturel de travailler avant de penser à dépenser.

Quand tout va bien, les instigateurs de ce système profitent pleinement des gains financiers. Par
contre, en temps de crise, comme en 2008, les Etats et les banques centrales sont obligés
d’intervenir pour sauver un système vorace à la dérive. Ce sauvetage se fait au prix de
l’endettement des Etats, et de la création monétaire des banques centrales, dilutive de pouvoir
d’achat des salariés et des retraités. In fine, le coût des égarements d’institutions privées est
supporté par la collectivité dans son ensemble.
En résumé, les profits sont privatisés, mais les pertes sont mutualisées. Voilà en une phrase, une
description possible du capitalisme.

L’État doit reprendre la main en revenant à l’esprit originel

Ainsi, la tenue du registre des dettes par les banques est dangereuse pour l’intérêt commun car les
banques sont motivées par une création monétaire maximale (dans le cadre du respect des ratios
prudentiels), pour engendrer le maximum de surplus usuraire. Les banquiers sont prêts à vendre
notre futur commun car notre endettement crée sa propre richesse présente. Elle s’appuie même sur
des spéculateurs qui ont pour but de réaliser des futures entrées d’argent purement financières, et
non le fruit d’un travail réalisé. Ces richesses accumulées exponentiellement se font au détriment du
bien commun car elles créent des bulles financières et immobilières, engendrant des crises
économiques lorsque la voracité de ces acteurs est trop grande. Nous touchons là au cœur du
capitalisme.

Il est temps pour l’Etat de reprendre la main de ce registre des dettes qui a été trop injustement
monopolisé par les banquiers pour servir leurs intérêts, et contre l’intérêt commun. Il est temps de
mettre un arrêt à la vente de notre futur commun. Surtout, pour sortir de ce cercle vicieux, il faudrait
une loi stipulant que nul ne peut être rémunéré pour l’actualisation du futur : le temps n’est pas une
matière première comme les autres, il ne peut pas faire l’objet d’un commerce. En d’autres termes,
le temps représente notre futur commun, et il ne peut être monopolisé par qui que ce soit. Donc en
particulier l’usure, au sens originel, doit être interdite.

Originellement, lors du troc, la tenue d’un registre de dettes était liée à une non coïncidence des
désirs et à des fréquences de productions différentes. Pour pallier à ce décalage temporel à court
terme, et apporter de la liquidité aux échanges commerciaux, il a fallu mettre en place un système
d’avoirs, émis par l’autorité monétaire sous l’égide de l’Etat, qui permettait aux agents
économiques de se libérer de tout engagement lors des échanges au comptant.

Ainsi, la réalité économique des avoirs porte sur le court terme, et sur le travail. Il est donc temps de
recentrer les avoirs sur notre capacité de travail et non sur une activité purement financière. Le
travail doit être remis au cœur de notre monnaie, et non l’endettement. Par extension toutes
créations de valeurs tangibles (extraction de matières premières, agriculture, entreprises créatrices
d’activité) peuvent être éligibles à la création monétaire. En somme le travail et les richesses créent
la monnaie et non plus la dette et la consommation. Ainsi, peu importe si des sociétés privées
comme des banques ou des fintechs (un type d’entreprises de l’industrie des technologies
financières) administrent la monnaie au jour le jour, mais il est important que les règles qui
régissent la création monétaire soient légiférées et votées par le parlement. Ce n’est pas aux banques
de décider des règles mais à l’Etat en offrant des lignes directrices claires :

L’État dicte les règles de création de la monnaie. Le registre des dettes, et la monnaie émise sont la
responsabilité de l’Etat.

La création monétaire ne doit plus servir l’endettement purement financier, néfaste pour
l’économie: les mécanismes d’investissements doivent reposer sur des avoirs disponibles, c’est à
dire l’épargne. Nous verrons comment stimuler l’investissement de l’épargne disponible et
dormante grâce à un impôt social : la z-taxe.

Les fournisseurs de matières premières peuvent être à découvert d’avoirs monétaires en fonction de
leur production annuelle. Cette proportion peut être d’autant plus grande que la matière première est
écologique ou vitale pour la population. En particulier, les agriculteurs qui souffrent de période de
productions longues, et qui sont les principales victimes du système bancaire actuel, peuvent avoir
un accès à la monnaie privilégié. De même, les producteurs d’énergie propres et renouvelables
peuvent être favorisés par ce système monétaire.

L’Etat peut stimuler la création d’avoirs monétaires pour des projets qui ont pour but de créer de
l’activité économique réelle et de l’emploi. En particulier, de grands projets d’investissements
stratégiques de l’Etat peuvent être lancés par la création monétaire. Il est important que ces plans
stratégiques doivent être votés et encadrés. Ils doivent être lancés dans les cycles économiques
calmes pour relancer l’activité.

En résumé, la solvabilité et la protection des individus doivent être au centre des préoccupations de
l’Etat. Le travail doit être le coeur de l'économie et la monnaie son sang.

De même, l’épargne, et non l’endettement, doit être le moteur de l’investissement. Il faut limiter
l’investissement spéculatif qui s’endette pour générer des profits à partir d’une création monétaire
dilutive du pouvoir d’achat des possédants de monnaie, des salariés, et de nos retraites.

Ainsi, si l’État reprend la main sur ce registre, c’est tout le peuple et l’intérêt commun qui en sort
grandit
Financement de ce système monétaire

De nos jours, la tenue du registre des dettes coûte extrêmement cher à la collectivité. En effet, les
banquiers encaissent des intérêts d’emprunts à chaque création monétaire. Au final, les banquiers
encaissent un revenu exponentiel qui les poussent à allonger un maximum la durée et les montants
des crédits car leurs profits en dépendent. Pour cela, ils sont prêts à s’allier avec des spéculateurs
obnubilés par des profits purement financiers.

Pour l’année 2016, les profits bancaires pour les six principaux groupes français se sont élevés à
22,9 milliards d’euros.

Avec le nouveau système monétaire proposé plus haut, qui est contrôlé par l’État mais géré par des
sociétés privées, comme les avoirs empruntés sont fondés sur le travail ou des richesses réelles,
donc sur un engagement à court terme, le risque encouru des défauts est moins important.

Dans le système actuel, celui qui s’endette rémunére le système bancaire. Plus la personne ou
l’entreprise est fragile financièrement et plus son taux d’emprunt sera élevé. Par contre, les
personnes aisées sont favorisées par les banquiers, qui non seulement leur prêtent à des taux bas,
mais leur permettent surtout un accès à la monnaie attrayant pour spéculer dans la bourse ou dans
l’immobilier au détriment du bien commun.

Surtout, les plus pauvres payent une part importante des frais bancaires. Selon une étude de
l'association 60 Millions de consommateurs, parue en 2017, les frais bancaires pénalisent
particulièrement les personnes en difficultés financières. L'ensemble des frais liés aux incidents de
fonctionnement reste extrêmement lucratif, et rapporterait aux banques 4,9 milliards d'euros. Soit le
quart de leurs profits !

Les frais supportés par les accumulateurs d’avoirs

Or à y regarder de plus près, la tenue du registre de la monnaie devrait être soutenue par ceux qui
possèdent la monnaie, et non pas par ceux qui n’en ont pas. En revenant à l’origine des échanges,
l’accumulation de la monnaie est en quelque sorte l’accaparation honnête des richesses naturelles et
du travail de la collectivité. Il est de la responsabilité du possédants de la libérer à son tour dans le
circuit économique. Il est donc nécessaire de dépenser cette richesse acquise ou de la réinvestir dans
l’économie. Sinon ces possédants doivent accepter de contribuer à la tenue des avoirs monétaires en
rémunérant les acteurs qui gèrent le système monétaire.

Faire supporter les frais bancaires par ceux dont le compte est créditeur (et qui ainsi profitent de la
tenue du registre bancaire), serait plus équitable. Ce procédé est aux antipodes de la rémunération
du capital par le paiement des intérêts, qui favorise l’accumulation des richesses et les inégalités
sociales.

Donc une manière de rémunérer les acteurs monétaires privés, qui gèreront ce système monétaire
selon les lignes directrices régies par l’Etat, est de prélever quotidiennement des frais infimes sur les
avoirs accumulés.

La z-taxe : un impôt social peut se greffer à ces frais bancaires

Aussi, pour stimuler la vitesse de la circulation de la monnaie et ainsi dynamiser l’activité


économique, il faut pénaliser la richesse dormante et taxer la monnaie détenue et non utilisée (au-
delà d’un certain seuil accepté), sur le même principe que les frais bancaires. Cette taxe serait
distribuée aux catégories sociales dont l’utilité de l’argent est une réalité (besoins de bases).

Cette redistribution vers le bas des richesses accumulées est aussi saine pour la vigueur économique
car elle stimule la vitesse de circulation de la monnaie dans l’économie. En effet, l’utilité d’un
dollar pour un jeune américain en situation de précarité a plus de valeur que le même dollar pour
Apple et Google qui en date d’aujourd’hui dorment respectivement sur 250 et 100 Milliards de cash
stockés dans les paradis fiscaux !

La richesse produite par un pays sur une année, le produit intérieur brut (PIB), est proportionnelle à
cette vitesse de circulation de l’argent (dans un système ou la masse monétaire est stable). Donc
plus cette vélocité monétaire est grande et plus l’économie d’un pays est forte. Donc l’augmentation
de cette vélocité par l’intermédiaire de cette taxe est très saine pour l’économie.

D’ailleurs cette pénalisation des avoirs dormants pousserait les possédants, au cas où ils seraient
frileux, à investir dans l’économie réelle afin d’être exonéré de cet impôt. Cela permet donc de
stimuler l’épargne dormante pour qu’elle soit investie.

Cette taxe sur les richesses dormantes est concrète car déterministe, contrairement à la fable du
ruissellement (twickle down) vendue par le système actuel.

L’Etat peut donc se greffer à ces frais bancaires pour ponctionner un impôt social, appelons la « z-
taxe », censé redistribuer les richesses accumulées par les acteurs économiques les plus riches aux
plus démunis socialement.

Chiffrons approximativement les montants de ces frais bancaires et de la z-taxe pour la France, où
la masse monétaire est de 2200 milliards (sans compter les richesses évadées dans des paradis
fiscaux). Imaginons que pour chaque jour de la semaine sauf le dimanche, une infime part est
ponctionnée, soit 0,01%. Admettons que les gestionnaires du système monétaires gardent
l’équivalent d’un jour des frais et l’Etat récupère cinq jours de ces frais pour la z-taxe (l’impôt
social). La part bancaire ponctionnée annuellement serait d’environ 0,52% (52 jours), et la z-taxe
d’environ 2,60% (260 jours). Soit des revenus annuels de 11,5 milliards pour les acteurs bancaires
et de 57 milliards pour l’impôt social.

Imaginons un individu qui a constamment 5000 euros sur son compte. Fixons le seuil de tolérance
de la z-taxe à 3000 euros. Quels seraient les frais ? :

Les frais bancaires annuels s’élèveraient à 26 euros par an (5000*0,52%)


L’impôt social annuel de la z-taxe s’élèverait à 52 euros (2000*2,6%)
Ces montants sont très raisonnables au niveau des individus, comparés à la justice et l’équité
sociales qu’ils procureraient.

Ainsi, dans ce système, les possédants participent à la tenue du système monétaire contrairement au
système actuel où ils sont choyés et rémunérés pour leur accumulation monétaire.

Dans ce nouveau système monétaire proposé, la ponction des avoirs dormants est plus juste car elle
permet à la fois de redistribuer les richesses accumulées et de financer le système monétaire, mais
aussi de revigorer l’économie en stimulant la circulation des avoirs.

Actuellement, le système est fait de telle façon que c’est exactement le contraire qui se produit :
l’effet exponentiel du surplus usuraire lié à la rémunération du capital, et la tenue du système
bancaire qui est supporté par les plus pauvres, conduit à une inégalité des richesses insoutenable et
rarement atteinte dans l’histoire de l’humanité.

La z-taxe produit l’effet inverse de la rémunération du capital par des intérêts. Dans un cas le
surplus des richesses est redistribué, dans l’autre cas, les inégalités de richesses sont exacerbées.

En 2017, sur la base d’une masse monétaire de 2200 milliards d’euros en France, la taxe s’élèvera
approximativement à 57 milliards. Les calculs reposent sur deux hypothèses :

0,01% des avoirs est prélevé les jours ouvrés de la semaine (soit 260 jours)
100 milliards des épargnes des ménages sont protégés par le seuil d’épargne accepté, et ne rentrent
donc pas dans l’assiette de cet impôt.
Cette z-taxe est un impôt purement social qui peut aussi contribuer à aider les ménages en
surendettement. Mais il doit être ségrégué des dépenses régaliennes qui font l’objet d’une fiscalité
séparée.

Par extension, toutes richesses dormantes doivent aussi être taxées (lingots d’or, œuvre d’arts non
exposés, immobilier vide…)

En contrepartie, ce système reste avantageux pour les riches qui investissent dans l’économie : la
fortune active économiquement ou socialement n’est pas taxée (quand la richesse n’est pas
dormante). Ce système de taxe est plus équitable socialement. Il permet d’attirer les richesses active
dans le pays. En somme, une politique qui n’oppose pas le riche au pauvre, mais qui favorise
l’action sociale et économique à l’inaction.
L’idée sous-jacente de cet impôt social est de valoriser la richesse privée quand elle participe aux
dépenses nécessaires des individus et au rayonnement de l’activité économique, mais de pénaliser
cette richesse si elle devient superflue et dormante.

Cet impôt est principalement un impôt social qui doit être redistribué vers des catégories
d’individus donc l’utilité de l’argent est vitale. En transférant l’argent dormant des riches vers les
nécessiteux, la circulation de la monnaie augmente, et donc rend solide la vigueur de notre
économie.

Cet impôt vise à dépasser l’opposition entre le pauvre et le riche et à lui substituer une réalité plus
pertinente entre le « faiseur », celui qui dépense et investit son surplus d’argent et le « thésauriseur
», celui qui le laisse dormir.

Le riche entrepreneur qui, par sa dépense, ses investissements et ses activités économiques
contribue au dynamisme du système économique serait ainsi moins imposé que l’hériter craintif et
thésauriseur. L’idée de dynamisme économique est sous-jacente a cet impôt social.

La z-taxe, la solution contre l’exacerbation des inégalités de richesses

D’un côté, la z-taxe est un impôt censé pénaliser le superflu, c’est à dire l’accumulation des
richesses dormantes. A l’opposé, les intérêts du capital sont la gratification de ce même superflu.

Ces deux notions sont donc intimement liées. Ainsi, le but n’est pas de nier les inégalités, mais de
tendre à les atténuer avec cet impôt : la z-taxe.

Les intérêts bancaires quant à eux, exacerbent les inégalités car ils augmentent itérativement la
richesse des détenteurs de capital, au détriment des plus démunis.

La z-taxe est donc l’opposée des intérêts bancaires. Le système économique préconisé ici est donc
l’opposé de tout système reposant sur la rémunération passive du capital.
Pour résumé, le système monétaire prôné ici, est un modèle économique libéral permettant la
constitution des richesses, mais avec une force de rappel re-distributive du surplus des richesses par
l’intermédiaire de la z-taxe.

Alors que les économies reposant sur la rémunération passive du capital prônent une gratification
itérative du capital, un endettement poussé, et la surconsommation. Qui plus est, la charge de ce
système est supportée par les plus pauvres.

Comment réduire les inégalités de richesse ?

Il est courant d’entendre que la fiscalité française, source principale de financement du modèle
social, est perçue par les contribuables comme confiscatoire, dissuasive d’efforts et de prise de
risques accrus, finalement néfaste au développement économique. Cette opposition artificielle entre
fiscalité « redistributive » et croissance économique est infondée.

Il est possible, à travers une taxe contre l’immobilisme, de proposer un nouveau mécanisme
d’imposition des liquidités immobilisées. Ce procédé contribuerait, à la fois, à la justice sociale et à
la valorisation des initiatives économiques.

Pénaliser l’immobilisme économique

Cette taxe se calculerait à hauteur de 2.6% annuel sur la base des actifs possédés et dormants (e.g.
liquidités sur un compte en banque, biens immobiliers vides, œuvres d’art non exposées, des
métaux précieux stockés) par des particuliers ou des professionnels au-delà d’un certain seuil
autorisé.

Cet impôt aurait pour fonction d’inciter le redéploiement et la circulation des ressources
économiques immobilisées dans le circuit et de limiter ainsi par la taxation l’immobilisme
productif.

Cette mesure serait une taxe équitable et dialectique qui viserait à dépasser l’opposition actuelle
entre le pauvre et le riche et à lui substituer une réalité plus pertinente entre le « faiseur », celui qui
investit son argent et le « thésauriseur », celui qui le laisse dormir.
Le riche entrepreneur qui – par sa consommation, ses investissements et ses activités
entrepreneuriales – contribue au dynamisme du système économique serait ainsi moins imposé que
l’hériter craintif, thésauriseur et rentier.

Une taxe plus pertinente que l’ISF et les droits de succession

Contrairement à l’ISF (Impôt de solidarité sur la fortune) qui pénalise indistinctement la richesse et
couvre d’opprobre des entrepreneurs à succès, une telle taxe contribuerait à valoriser financièrement
et, de façon toute aussi importante, symboliquement leur contribution au développement
économique français.

Ce système d’imposition serait également un moyen de traiter la problématique des héritages et


droits de succession afférents.

Prenons l’exemple d’un héritier disposant de 100 millions d’euros et n’ayant pas les capacités et la
volonté de ses ascendants pour les gérer. S’il décide par sécurité de les laisser dormir, il se
retrouverait après 10 années avec 77 millions d’euros et après 20 années avec 60 millions d’euros.

Ce retour du capital dans le circuit économique par le biais de la taxe serait plus équitable que les
taxes sur les droits de succession.

La volonté de parents bâtisseurs de transmettre leur entreprise est respectée et la chance est donnée
à l’héritier de perpétrer le succès de ses ascendants.

Ce système d’imposition serait plus juste et plus efficace. Il permettrait de dépasser des oppositions
factices entre fiscalité et développement économique, en contribuant à davantage de redistribution
tout en stimulant l’activité économique.

Il cesserait de polariser la société française en opposant, à des fins souvent politiques, les citoyens
en fonction de leur richesse. Il contribuerait à redonner à l'économie française son esprit initial,
c’est-à-dire celui d’un souffle libérateur fondé sur la notion d’effort, de mérite et d’initiative.
Le paysan, le boulanger et le banquier

Nombreux justifient les pratiques bancaires par cette phrase : la rente financière est une manière
comme les autres de faire du profit. Comment en est-on arrivé à cette main-mise du monde de la
finance sur le reste de la société ?

La fable du boulanger et du paysan

La fable du boulanger et du paysan permet de comprendre le schéma du rapport de forces entre les
responsables du système financier et la masse des travailleurs.

Imaginons une situation impliquant un boulanger qui fabrique du pain, et un paysan, cultivant le blé
nécessaire pour produire ce pain. Le boulanger produit son bien quotidiennement, et le paysan
produit son blé annuellement.

Sans ce pain, le paysan ne pourrait plus se nourrir et éprouverait donc du mal à produire son blé.
Sans la future récolte de blé, le boulanger ne pourrait plus continuer son activité.

Imaginons qu’au milieu de l’année, le paysan est exceptionnellement à cours de blé après avoir
vendu tout son stock au boulanger.

Dans une démarche éthiquement acceptable, le boulanger devrait faciliter la vie du paysan en lui
vendant le pain à crédit. Puis il doit attendre patiemment que le paysan paye sa dette lors de la
prochaine récolte de blé.

Mais, si le boulanger est cupide, il pourrait demander un surplus de blé en échange de ce délai de
paiement. En effet, il est en position de force car ce pain est vital pour le paysan.

Comme la cupidité est sans limite, le boulanger peut augmenter progressivement le surcoût, lié aux
délais de paiements, sans dépasser un état de résignation du paysan, qui sous le poids de la dette
n’aurait plus l’envie et l’intérêt de travailler (notion moderne du décrochage social). Ce surplus de
blé demandé, doit correspondre à un seuil toléré par le paysan. C’est un taux "d'intérêt" optimal.
Si le boulanger est trop vorace, et que le paysan croulant sous la dette décide d’arrêter la production
de blé, le boulanger perd lui-même son activité commerciale. Sans ce pain, le village est en crise
alimentaire.

Dans ce cas, le boulanger trop vorace, en dépassant le taux d’usure toléré par le paysan, a essayé de
maximiser sa richesse personnelle au détriment de l’intérêt de la communauté.

Cet exemple d’échange commercial primitif est un cas simplifié pour illustrer comment en état de
force, le boulanger peut maximiser son gain en trouvant un coût de crédit correspondant à un taux
d’usure optimal toléré par le paysan.

En termes simples, un coût de crédit élevé, mais pas trop, pour que le paysan reste dans le jeu et ne
décroche pas, car sans lui, la partie est finie.

La position de force du boulanger est due au fait que sa fréquence de production est bien moins
longue que celle du paysan (un jour pour l’un, un an pour l’autre). C’est grâce à cela qu’il a pu
prendre l’ascendant psychologique sur le paysan.

La finance est en position de force grâce à son monopole de la création monétaire

Mais dans la vie réelle, la monnaie est produite instantanément par les banquiers, par un simple jeu
d’écriture comptable lors de l’octroi d’un crédit. Donc cette situation confère à celui qui détient le
monopole de la création monétaire, les banquiers, un ascendant psychologique bien plus puissant
que celui du boulanger et de son pain produit quotidiennement.

C’est pour cette raison que dans la vie réelle, le système bancaire et financier est hégémonique.

Cependant, le système bancaire doit ajuster le taux de surplus imposé à la population, pour
engranger assez de richesses sans que la partie ne s’arrête. Lorsque ce système bancaire est trop
vorace, le monde est en crise.

Pour palier à cette perversion de l’intelligence humaine, dès l’origine des temps, l’ordre divin se
veut protecteur de l’individu en position de faiblesse, et ne veut en aucun cas, voir le vendeur, en
position de force, profiter de l’ascendant psychologique qui est à son avantage.
Surtout, quand cet ascendant psychologique est utilisé pour s’accaparer les richesses et au final être
au détriment du bien commun.

Nous vivons une époque bien pire que les années 30 !

Peu de gens le savent, mais notre système monétaire et bancaire repose essentiellement sur
l’endettement. Sans crédits octroyés par les banques privées, il n'y aurait quasi plus de monnaie en
circulation. Sans monnaie, pas d’échange économique possible.

Ce modèle a bien entendu été pensé par les banquiers, car plus les individus, les entreprises et les
Etats sont endettés, et plus les profits des banquiers sont importants grâce à l’encaissement des
intérêts bancaires.

Cette création monétaire n’est qu’un simple jeu d’écriture comptable pour les banquiers. Par contre,
les intérêts bancaires une fois perçus, puis distribués en salaires, bonus et autres dividendes,
donnent à leurs acquéreurs un réel pouvoir d’achat. Ce pouvoir d’achat créé par les banquiers est
sans création de valeur tangible, et il dilue donc le pouvoir d’achat de ceux qui contribuent à
l’activité économique réelle de la cité.

Originellement, dans les trois Livres des religions monothéistes, les lois divines prescrivent
l’éthique dans les échanges commerciaux pour protéger les individus en difficulté et ainsi protéger
l’intérêt général. Ainsi, le prêt avec intérêt y est formellement interdit.

Cependant, les hommes ont progressivement pris leur distance avec cet interdit, jusqu’à s’en
émanciper complètement. La majorité des gens ne voit pas de mal à ce que l’homme recherche son
profit lors de l’octroi d’un prêt.

Nombreux sont ceux qui justifient la pratique de l’usure par cette phrase : l’usure est une manière
comme les autres de faire du commerce, ni plus, ni moins.

L’usure, un outil d’injustice sociale


L’activité bancaire telle que conçue de nos jours, est la principale cause de l’exacerbation des
inégalités sociales. En effet, le banquier fait une distinction entre ses clients fortunés et ses clients
plus précaires. Il prêtera plus facilement au riche, à un taux bas, alors qu’il prêtera difficilement au
pauvre, et à un taux élevé quand il se décide à le faire.

Bien entendu le banquier a sa logique : par le jeu des statistiques et des probabilités, le banquier va
classifier l’ensemble de ses clients en fonction de leurs risques de défaut, c’est-à-dire le risque
qu’ils ne remboursent pas, et demander ainsi des coûts de crédits plus importants… aux pauvres.

En effet, cette catégorie de la population a plus de chance de faire un défaut de paiement, donc dans
notre monde bancaire, il est mathématiquement justifiable d’encaisser une prime de risque de défaut
de l’emprunteur plus importante.

Cette méthode est justifiable mathématiquement, mais la vie n’est pas que mathématiques, et les
conséquences sociales de cette méthode sont bien réelles. C’est à ce moment précis que la réalité
des inégalités des classes s’exacerbe.

Personne ne peut nier que par nature, les individus ne sont pas égaux dans l’accès aux ressources.
Mais cette méthode bancaire fondée sur l’usure, accentue les inégalités de classes.

Donc, par le maniement des chiffres, les banquiers arrivent à la conclusion qu’il faut alourdir la
charge du coût d’emprunt d’un pauvre, car comme il est pauvre, il risque de ne pas rembourser.
Paradoxalement, plus cette charge est lourde et plus son risque de défaut de paiement augmente.

Du point de vue du riche, le mécanisme est inverse. Plus il est riche et plus le banquier lui facilitera
ses conditions de crédits et moins il aura de chance de faire un défaut de paiement.

Les banquiers donnent beaucoup d’importance à l’historique bancaire de leurs clients avant de
prendre leurs décisions d’octroyer des prêts ou pas.

Par construction de ce système bancaire, les riches auront en moyenne un historique solide et
pourront aisément avoir accès à un emprunt peu coûteux. Les pauvres auront en moyenne un
historique plus mauvais et auront plus de mal à emprunter, sauf à consentir à un coût d’emprunt
plus important.
La banque ne fait ni plus ni moins que de profiter de la situation des plus faibles pour leur faire
payer leur précarité sociale. Cette injustice sociale est au cœur des difficultés et des frustrations
sociales. Cette logique de rémunération par profil de risque est un des facteurs de l’explosion des
inégalités de richesses dans le monde. Elle confère au possédant du capital un coût faible
d’emprunt, alors que les profils plus fragiles sont lestés de coûts d’emprunts élevés.

Cette méthode bancaire crée un phénomène itératif dangereux : pour le pauvre un cercle vicieux, et
pour le riche un cercle vertueux. Ce phénomène d’exacerbation des inégalités de richesse s’amplifie
au cours du temps, jusqu’à ce que ces inégalités deviennent exponentielles.

Dans l’histoire, ces inégalités atteignent en général leur paroxysme jusqu’à ce que des phénomènes
violents viennent corriger les anomalies : des bulles financières ou boursières éclatent, entrainant
des crises économiques, qui poussent le monde dans le populisme et le désordre.

Une fois les injustices corrigées, ce système usuraire peut reprendre son cours, créant un nouveau
cycle et de nouvelles anomalies.

L’injustice est d’autant plus grande, qu’en cas de crise, les dégâts sont mutualisés puisque les Etats
sont prêts à s’endetter pour sauver un système bancaire à la déroute, et impose ensuite des
politiques d’austérité aux peuples. Là où les profits sont privés lorsque tout va pour le mieux, les
pertes sont partagées quand tout va mal.

Usure, raison, et sagesse divine

Par mansuétude, ou par malice, la raison pense détenir un argument sans faille pour justifier ce
système inégalitaire :

« Si le banquier ne juge pas bon le dossier du pauvre alors il ne lui prêtera pas. Donc le pauvre ne
pourra jamais emprunter. Vaut mieux lui donner une chance pour qu’il emprunte à un taux plus cher
et qu’il puisse avoir une chance de sortir de sa condition sociale et de devenir riche »
Ce qui semble logique peut parfois être dangereux pour le bien de l’humanité. Il est humble
d’accepter que des choses nous dépassent. Il est parfois nécessaire de reconnaître nos faiblesses et
nos limites :

La perception humaine est très linéaire et tend à sous-évaluer deux notions essentielles dans la
compréhension des choses : les phénomènes de convexité, et les phénomènes de corrélation.

Avec des mots plus simples, la nature humaine minimise deux choses :

D’abord, une décision peut avoir des conséquences minimes au départ, et donc peut sembler
intelligente en soi. Mais l’impact de cette décision sur le monde peut s’accélérer, et par effet de
boule de neige, grossir de plus en plus, jusqu’à ne plus s’arrêter, puis imploser.
Ensuite, une décision qui tend à améliorer une chose peut sembler intelligente car plus logique
quand elle est prise à part (indépendamment du reste du monde). Mais comme cette décision n’est
pas indépendante, l’impact négatif de ce changement sur d’autres variables du monde peut être un
désastre pour l’humanité.
C’est exactement ce manque de compréhension des phénomènes de convexité et de corrélation des
choses qui amène l’homme à s’émanciper de la sagesse divine et de (mal) penser le monde par lui-
même.

Les conséquences de l’usure sur la condition humaine est un exemple parfait pour illustrer cette
émancipation, par la raison, de l’homme envers la sagesse divine.

Ce système injuste de prêt bancaire avec intérêts fait en sorte que plus vous êtes riche est moins
vous payez, plus vous êtes pauvre et plus vous payez.

Par itérations successives, au cours du temps, les richesses vont se concentrer de plus en plus vers
les mêmes personnes. En même temps, la précarité sociale accable de plus en plus les plus fragiles
du système.

Donc, ce phénomène, mathématiquement exponentiel, va petit à petit créer des divergences de plus
en plus élevées entre pauvres et riches, jusqu’à atteindre de tels niveaux dans le monde que selon
une étude de deux économistes français, E. Saez et E. Piketty, les 10% les plus riches aux US
possèdent 50% des richesses du pays, et les 1% les plus riches quasiment 25% !
Selon une étude de l’ONG britannique Oxfam parue en 2017, les huit hommes les plus riches du
monde possèdent à eux seuls 426 milliards de dollars, soit plus que la moitié de l’humanité.

Ces niveaux d’inégalités de richesse sont plus élevés que les niveaux historiques de la fin années
20, qui ont mené le monde à la crise boursière de 1929, qui a eu pour effet, dans les années 30, une
crise économique et sociale planétaire. Cette misère sociale a amené au pouvoir le populisme nazi,
et la suite est connue de tous : une guerre planétaire meurtrière.

Comme par enchantement, après la guerre, ces inégalités de richesses ont dégonflé et repris des
niveaux raisonnables. Mais comme l’usure est un phénomène exponentiel, petit à petit les inégalités
de richesse sont reparties de plus belles, et ont accéléré de plus en plus au cours du temps, jusqu’à
atteindre leur paroxysme de nos jours.

Comme tout effet boule de neige, à tout moment la boule peut exploser. Créer autant d’inégalités
dans le monde sans agir, mènera l’humanité inexorablement vers une correction des anomalies.

La boule de neige du modèle bancaire construite au cours du XIX siècle, a permis à une minorité de
s’accaparer les richesses du monde sur le dos des classes sociales les plus précaires, et les richesses
des pays victimes de la conquête coloniale. Elle a atteint son paroxysme en 1929 et a explosé à la
face du Monde.

Une minorité d’individus est responsable de cette voracité, mais le prix a été payé collectivement.
Et quel prix ! Les peuples se sont fait la guerre et se sont entretués. Ils se sont tous trompés
d’ennemis. Comment se fait-il que le pouvoir décisionnaire de ce système bancaire et monétaire soit
concentré sur quelques hommes et organisations, alors que le prix de leur voracité est payé
tragiquement par tous ?

Ce système inégalitaire est cyclique. Donc si rien n’est fait, le monde peut se préparer à une
nouvelle crise économique, à des tragédies humaines. Seule différence notable par rapport aux
années 30, et pas des moindres : une bulle écologique inédite s’est formée depuis la fin des années
60. Et nul ne peut en connaitre les conséquences exactes quand celle-ci explosera, même si chacun
peut se faire une idée : multiplications des désastres écologiques comme les sècheresses, les
cyclones et la fonte des glaces ; déplacement des populations avec des phénomènes migratoires non
maitrisés ; renforcement du sentiment nationaliste contre les migrants…
Espérons que quelques hommes de raison sauront remettre en cause ce système bancaire qui détruit
écologiquement et humainement la planète. Pour l’instant, aucun homme politique ou économiste
de grande envergure n’ose remettre en cause ce système. Espérons que les choses changent…

Libérer l’humanité du poison de la dette

Commençons par la fin. Si la finance ne se détruit pas d’elle-même, elle détruira la planète et
l’humanité qui la peuple.

Bien sûr, on peut oser rêver qu’un mouvement populaire puissant, mené par des leaders honnêtes,
renversera démocratiquement cette puissance financière qui a pris en otage notre économie, et qui a
mis sous tutelle nos hommes politiques.

Ce rêve est utopique pour plusieurs raisons. Sans mouvement populaire, cette révolution n’est pas
possible. Or la sophistication de la finance rebute le grand public qui éprouve énormément de mal à
comprendre les mécanismes qui régissent la finance. Il est plus facile de comprendre et de réagir sur
des questions sociétales que sur les effets pervers du quantitative easing mené par les banques
centrales depuis une dizaine d’années.

Pour les prétendants au pouvoir politique, il est plus facile de parler de l’islamisation des quartiers
populaires pour haranguer les foules, ou de promettre de supprimer la taxe d’habitation pour
s’acheter les voix des classes moyennes, que de proposer de définanciariser notre économie sur un
horizon de trente ans.

Le rêve de définanciariser notre économie est aussi utopique, car par nature, au fil du temps, les
richesses se concentrent de plus en plus sur une minorité d’individus. Cette concentration devient si
forte, que le pouvoir de l’argent se mue petit à petit en pouvoir politique.

Aussi, les économistes n’arrivent pas à penser une économie sans finance. Aucun économiste ne
remet en cause le fait que notre économie repose essentiellement sur la dette.

Pourtant, si les dettes étaient toutes annulées par décret présidentiel, notre économie s’écroulerait,
car plus de 90% de la monnaie est de la dette via l’activité des crédits bancaires. Rendez-vous
compte, notre économie ne tient que parce que les individus, les entreprises, les Etats sont endettés.
Cette économie ne tient que grâce à l’emprise des banques sur chacun de nous. Comment peut-on
croire à une société libre et sereine quand ce fait est connu et compris ?

Cette dette est la matérialisation concrète de l’emprise de la finance sur l’économie réelle. Il n’est
pas question de revenir à une économie de troc en remettant en cause la monnaie. Mais il est
question de remettre en cause cette monnaie construite à partir de la dette : la monnaie-dette.

Tant qu’il est possible d’endetter les masses, pour les faire consommer et travailler, le business des
banques peut continuer. Donc la monnaie-dette n’est limitée que par notre capacité de consommer,
et notre capacité à accepter le travail pour payer les dettes et les intérêts bancaires.

Ces deux limites peuvent se traduire par une limite écologique, et une limite sociale. En d’autres
termes, jusqu’où notre planète peut supporter notre consumérisme, et jusqu’où les travailleurs
peuvent accepter le poids de la dette.

Même un travailleur peu endetté peut être victime de ce système, car là où la dette est détruite au fur
et à mesure de son remboursement, les intérêts bancaires restent. Or quand la croissance est faible,
ces intérêts qui ne créent aucune richesse réelle diluent le pouvoir d’achat de tous.

C’est pour cette raison que les élites nous bassinent avec la croissance, car elle permet de maintenir
le pouvoir d’achat des Français, et donc d’avoir la paix sociale. En même temps, cela permet aux
détenteurs de capital et à l’Etat de ponctionner et de se partager une grande partie de la croissance
via les intérêts bancaires, et les diverses taxes et impôts.

Or une économie qui ne peut tenir que par la croissance fait face tôt ou tard à une limite écologique.
La dette financière qui est au cœur de notre économie se transforme dans le monde réel en dette
écologique. Au cours du temps, celle dernière gonfle, jusqu’à créer une bulle écologique, qui peut
exploser à tout moment. Donc, si la finance ne se détruit pas d’elle-même, elle détruira le monde et
l’humanité qui la peuple.

Sauf si un mouvement populaire comprend qu’il est urgent de se doter collectivement d’une
monnaie dont la croissance est limitée. Une monnaie qui ne soit pas entre les mains des banques.
Une monnaie au service de tous, qui soit un support pour faire du commerce réel, et non pas une
monnaie fictive qui sert à la spéculation. Une monnaie qui cesse une bonne fois pour toute d’être la
coquille de l’endettement des masses. Une monnaie qui libère les peuples.
Pour cela, il est possible de penser à une monnaie qui serait une construction de l’esprit, et qui
pourrait répliquer les qualités de l’or : une quantité stable, qui croît modérément au fil du temps, au
rythme de la nature et de l’humain.

Les crypto-monnaies ont tenté ce tour de force, mais sans être à l’initiative de l’Etat. Il est possible
de travailler sur un protocole transparent, indépendant, démocratique, et écologique. La France est
riche de chercheurs de classe mondiale.

C’est au peuple de comprendre les enjeux, et à mettre à la tête de l’Etat des dirigeants honnêtes qui
sont prêts à faire face aux pouvoirs du vieux monde et planifier la transition progressive de la
monnaie-dette vers la nouvelle monnaie. Le but étant d’extraire de notre économie le venin de la
dette.

L'injustice sociale du crédit bancaire

Les partis politiques qui se réclament de gauche, acceptent sans broncher le caractère inégalitaire
des intérêts bancaires qui sont pourtant la racine de l’exacerbation des inégalités de richesse et des
inégalités sociales.

Il est un sujet qui n’est jamais remis en question par les économistes ou les hommes et femmes
politiques dits de gauche. Il s’agit de la création monétaire.

La monnaie est le sang censé irriguer notre économie. Le principal but de la monnaie est de
permettre la fluidité des échanges commerciaux et ainsi de donner de la vigueur à l’activité
économique du pays.

Cependant, depuis une révolution qui s’est opérée au début du XIXe siècle, le pouvoir de la création
monétaire a été accaparé par des institutions privées, qui en ont profité pour créer une monnaie à
leur service : la monnaie-dette.

En effet, 90% de la monnaie créée n’est pas le fait de la Banque Centrale, mais celui de banques
privées comme la Société Générale, ou la BNP. Celles-ci ont le pouvoir de créer de la monnaie au
moment de l’octroi d’un prêt.
Ce pouvoir énorme abandonné par le peuple à des institutions privées est la racine même des
inégalités de richesse. Pour illustrer ce propos, prenons l’exemple concret de l’achat d’un bien
vital : le logement.

En ce moment, les taux d’emprunt pour un crédit immobilier d’une durée de 25 ans varient de
1,25% pour un couple riche, pouvant aller jusqu’à 2,75% pour un couple modeste.

Si ces deux couples empruntent 100 000 euros chez le même banquier, le couple aisé paiera, sur
toute la durée du prêt, 16489 euros d’intérêts, alors que le couple plus modeste paiera 38396 euros !

Les plus modestes paieront donc un coût de crédit 2,3 fois plus élevé. Pourtant, ce besoin de
logement est vital. Qui plus est, la création monétaire opérée par le banquier, est d’intérêt général,
car le banquier ne possède en réalité qu’une partie infime des sommes prêtées. Le reste n’est qu’un
jeu d’écritures comptables.

Certains diront à tort que l’argent prêté appartient aux banques et qu’il est dans leur droit de le
prêter à qui leur semble. Il n’en est rien. Il est nécessaire d’insister sur le fait que 90% de l’argent
prêté n’existe pas au départ. La banque a accaparé contre la volonté des peuples le pouvoir de créer
la monnaie, et ne paye aucune redevance pour cela.

Quand tout va bien, les profits de cette activité est distribuée en salaires et en primes aux banquiers,
et en dividendes aux actionnaires. Quand tout va mal, comme en 2008, les Etats sont obligés de
sauver le système bancaire en endettant collectivement la communauté nationale.

S’en suit des politiques d’austérité : moins d’aides sociales, moins de services publics, plus
d’impôts et de plus de taxes !

Après tous ces efforts consentis collectivement pour sauver les banques, les plus modestes, les
"sans-dents", "ceux qui ne sont rien", sont toujours matraqués de frais bancaires, puisque d’après
une enquête publiée en 2016 par « 60 Millions de consommateurs », les commissions pour incidents
de paiements rapportent 6,5 milliards d’euros aux banques françaises. Soit le quart de leurs profits !

Revenons un instant sur le cas concret du prêt pour bien illustrer de quelle injustice il est question.
Un couple riche peut facilement emprunter 100 000 euros sur 20 ans à un taux de 1,25%. Il paiera
pour cela chaque mois 471 euros de mensualité.
Imaginons maintenant un couple modeste qui souhaiterait emprunter chez le même banquier, la
même somme de 100 000 euros, et souhaiterait aussi la même mensualité que le couple riche, soit
471 euros.

Malheureusement, car c’est bien un malheur, son taux d’emprunt est plus élevé. Il faut donc
rallonger la durée du crédit bancaire pour répondre à toutes ces exigences. Il faudra donc 25 ans et 4
mois au couple le plus modeste pour rembourser la même somme empruntée par le couple riche,
avec la même mensualité, mais sur une période réduite à 20 ans !

La logique bancaire pousse donc le couple le plus modeste à travailler 5 ans et 4 mois
supplémentaire, pour pouvoir avoir un accès à un droit vital : le logement.

Pendant que les pauvres sont à la besogne, les plus riches peuvent prendre des vacances, offrir des
cours particuliers à leurs petits-enfants, avoir le temps des plaisirs culturels…

Au bout de deux à trois générations, les inégalités de richesses s’exacerbent, se transmettent de


générations en générations, pour se transformer en inégalités sociales. Qu’en pense le peuple de
gauche ?

Aucun parti politique ne remet en cause cette racine des inégalités de richesse. Ni même les partis
de gauche dont l'ambition est pourtant de combattre des monstres abstraits, tels le libéralisme et le
capitalisme. Le mal n'est jamais nommé de manière explicite : les intérêts bancaires inégalitaires. Et
sans, peut-être, en être conscients, ces partis de gauche acceptent ce qui fait l'essence de ce qu'ils
pensent combattre.

Ne pas désigner concrètement le mal permet le statu quo qui profite aux pouvoirs de l’argent en
place. Cette logique bancaire est la racine du mal-être social. Sournoisement, cette logique
concentre au fil des générations les richesses sur une minorité d’individus.

Cette concentration des richesses se traduit au fil du temps par une concentration du pouvoir
politique et médiatique. C’est ce pouvoir de l’argent qui prend en otage nos démocraties.

Pour reprendre la main, le peuple se doit de récupérer le pouvoir de la création monétaire


abandonné aux banquiers. Rien ne changera sans ce sursaut démocratique.
Définir le capitalisme pour combattre ses dérives sociales et écologiques

Le capitalisme peut être défini comme un système de production qui repose sur la fructification du
capital. Mais il existe deux façons de faire du profit à partir du capital.

Le profit par l’endettement

La première façon, basique, consiste à faire de l'argent à partir de l'argent, via un prêt. La logique
financière veut que plus un projet est risqué, et plus les intérêts demandés seront élevés.

Cette manière passive de faire de l'argent est à l'origine de l'aggravation des inégalités de richesse.
En effet, cette logique classe les emprunteurs selon leur richesse. Plus une personne est riche et plus
elle sera favorisée. La situation est inversée pour le pauvre.

Par itérations successives, les riches accumulent de plus en plus de richesses (et de pouvoir), et les
pauvres de plus en plus de retard.

Cette logique inégalitaire est acceptée de tous : politiques et économistes de gauche ne la remettent
pas en cause.

Seules les religions étaient très strictes dans le passé sur ce mécanisme qui crée de l’injustice sociale
: le surplus gagné au détriment du pauvre lors d'un prêt était considéré comme une morsure.

Le profit par l’investissement

La deuxième façon de faire du profit à partir du capital, est d'investir dans un projet industriel ou
commercial, et de profiter des gains quand il y en a, mais d'être solidaire des pertes quand les
choses vont mal.

Cette manière de faire des profits est la démarche d'un investisseur dans un projet entrepreneurial,
mais aussi dans une autre mesure celle un peu plus passive d'un actionnaire.

Certains voient difficilement la différence entre les deux manières de faire du profit sur le capital.
Ils diront même que le prêt avec intérêts est une sorte de commerce.
Mais là où l'investissement libère les énergies, l'endettement aliène l'emprunteur. L'investisseur
accepte dans sa prise de risque l'échec éventuel de l’entreprise, le banquier quant à lui, détruira
socialement l'endetté s’il venait à faire défaut.

Le capitalisme porte en lui la noblesse de la prise de risque de l'investisseur, qui permet l'expression
des talents par le travail. Mais il porte aussi en lui la laideur de la logique bancaire qui en classant
les individus en fonction du statut social de chacun, exacerbe les inégalités de richesse.

Pour combattre le côté néfaste du capitalisme, il faut bien faire la distinction entre ces deux
manières de faire du profit à partir du capital. La logique bancaire est la racine du mal dans nos
sociétés.

La corruption d’un système

Il faut faire la différence entre le détenteur du capital, créateur de richesses tangibles source
d’activités. Et le détenteur de capital monétaire qui s’enrichit simplement en endettant les autres
pour en tirer profit.

Cependant, dans un système entaché d'usure bancaire, l'investisseur peut être considéré comme un
favorisé du système et il peut aussi se comporter de manière anti-sociale.

Comme le système bancaire favorise la classe des riches sur celles des pauvres, certains
investisseurs productifs peuvent être considérés comme des profiteurs du système, car ils ont un
accès privilégié à l'argent via les crédits bancaires. Il est donc nécessaire de faire une différence
entre l'investissement qui se fait à partir de l'épargne, et celui qui se fait à partir du crédit bancaire.

Aussi, la situation de précarité financière des travailleurs endettés peut être exploitée par des
dirigeants d’entreprises peu scrupuleux, sous la pression des actionnaires. La dette plonge les
travailleurs dans un état de servitude qui réduit leurs libertés d'actions. Les travailleurs sont pris en
étau par le patronat qui met la pression par le levier du travail, là où le banquier met la pression par
le levier financier.
Ainsi, à la voracité du banquier, il peut se greffer la voracité d’un patronat et d’actionnaires peu
scrupuleux. Ensemble, ils essaieront de trouver le seuil optimal de tolérance des travailleurs pour ne
pas arriver à un point de rupture néfaste pour leurs activités lucratives.

Cet intérêt commun entre banquiers, patronat et actionnaires, donne l’impression d’une connivence,
faisant d’eux des alliés aux intérêts communs. C’est cette connivence qui entache la réputation des
investisseurs faisant d’eux des profiteurs indirects de la pression bancaire. Mais sans endettement,
les travailleurs gagneraient en liberté d’action, et pourraient donc entretenir des relations bien plus
équilibrées avec le patronat et les actionnaires.

La solution pour sortir de cette impasse

Le principal levier d’action du capitalisme repose sur la capacité d’endetter les masses pour leur
permettre de consommer puis de travailler. Bien sûr les principaux profiteurs de cette situation
d’endettement sont les banquiers, grâce à l’encaissement des intérêts.

Cette emprise des banquiers sur notre économie est aussi néfaste pour l’écologie, car les crédits
bancaires sont le moteur de la surconsommation. Ces crédits créent de la « monnaie-dette » à la
capacité quasi infinie. D’ailleurs, plus de 90% de la monnaie en circulation est de la monnaie-dette
émise par les banques commerciales au moment de l’octroi des crédits.

Il est donc urgent de penser à une monnaie qui ne soit pas liée aux crédits, et qui n’endette pas les
masses en les poussant à la surconsommation néfaste pour notre planète.

Une monnaie à la croissance limitée, dans la mesure d’une croissance économique soutenable pour
notre environnement écologique.

Une monnaie émise par la banque centrale selon des directives démocratiques, et non pas comme
c’est le cas de nos jours, par des banques privées qui agissent dans les intérêts d’une minorité.

Le peuple, et la classe politique soumise aux pouvoirs de l'argent

L'homme s'est progressivement émancipé des religions, qu'il a remplacées par une autre servitude :
la soumission aux crédits bancaires. L'insurrection du peuple contre une classe politique soumise
aux pouvoirs de l'argent, ne peut être efficace sans reprendre le pouvoir abandonné aux banques,
celui de la création monétaire.

Les inégalités sont aussi vieilles que le monde. Mais il y a deux types de riches. Celui qui est
conscient de sa richesse, qui éprouve de l'empathie envers les plus modestes, et qui accepte de
partager son surplus de richesse.

Mais il y a surtout le riche qui ne se contente pas de ce qu'il possède, et qui n'accepte aucune limite
à l'accumulation des richesses. Le riche vorace qui est prêt à écraser les plus modestes, si cela peut
l'aider à devenir encore plus riche.

Historiquement, les religions monothéistes étaient le principal frein pour contrer cette voracité de la
nature humaine : il était vigoureusement interdit de faire de l'argent à partir de l'argent. Cela pour
éviter que les riches profitent de l'état de faiblesse des plus pauvres.

Mais les religieux, sous l'influence de la bourgeoisie médiévale, vont petit à petit s'émanciper de cet
interdit. Au XIIe siècle, des religieux israélites diront qu'il est interdit de pratiquer l'usure entre
coreligionnaires, mais que cette pratique est tolérée avec les autres.

Puis, au XVIe siècle, un prêtre, Jean Calvin, dira que l'usure entre riches est permise mais interdite
avec le pauvre. Sans le savoir, il venait de créer une des branches du protestantisme, mais surtout il
venait d'ouvrir la boîte de pandore qui nous mènera à la toute puissance des banques.

L'homme s'est émancipé des religions pour se libérer de ses contraintes. Mais cette émancipation
s'est aussi accompagnée du développement des "intérêts" bancaires qui sont une morsure faite aux
pauvres.

Cette émancipation des religions a été suivie d'une autre servitude, celle des pauvres envers les
possédants. La banque, quand elle mord sa victime, lâche un venin lent. Les effets sont pervers et
plus difficilement décelables qu'une augmentation soudaine des taxes par un Etat complice.

Tant qu'il sera accepté dans nos sociétés le système bancaire qui favorise les riches sur les pauvres,
les inégalités s'aggraveront, et les luttes de classes deviendront de plus en plus acharnées.
Notre système bancaire qui s'enrichit de l'endettement des masses, et de la misère des pauvres, est le
vrai poison de nos sociétés modernes.

Le pouvoir politique, qui a abandonné le pouvoir de la création monétaire depuis Napoléon, est à la
botte des banquiers. D'ailleurs, l'Europe que nos dirigeants mettent en place depuis 70 ans, n'est pas
l'Europe des Nations, mais l'Europe des banquiers.

Bien-sûr qu'il faut continuer à mettre la pression sur le Président Macron et le gouvernement pour
qu'ils arrêtent de pratiquer une politique antisociale, faite pour rendre les riches encore plus riches.

Mais il faut surtout comprendre que nos dirigeants politiques sont des pantins. Le pouvoir est
ailleurs. Le pouvoir est détenu par les forces de l'argent, dont l'épicentre se trouve à Francfort, où
siege la Banque Centrale Européenne.

Comment sortir proprement du capitalisme financier

Le fondement du capitalisme financier consiste à rémunérer l'argent par l'argent. La fiscalité à la


Française cherche à réduire les dérives inégalitaires de ce système à la fin du cycle économique, une
fois que le mal est fait. Et si on attaquait le mal à la racine en faisant d'une pierre, deux coups : taxer
légèrement l'argent empilé dans les comptes bancaires pour financer l'action sociale ?

« L’aide sociale et les minima sociaux coûtent environ 70 milliards d’euros par an aux finances
publiques, soit 3% du produit intérieur brut (PIB) ». Voilà comment un économiste chevronné
mesure le « coût » de l’entraide sociale.

Ces économistes ne jurent que par le PIB, ce concept qui guide nos politiques économiques depuis
l’après-guerre. La raison est simple, puisque le PIB est un indicateur qui mesure de manière simple
l'activité d'une économie. Qui plus est, les recettes de l’Etat en dépendent.

Mais au lieu de taxer l'activité économique pour garantir la solidarité avec les plus pauvres, en
rabotant les salaires et les retraites, et en pénalisant l’esprit d’entreprise et l’innovation, il serait plus
judicieux de taxer le surplus d'argent oisif accumulé sur les comptes bancaires. Et par le hasard des
choses, le PIB et les dépôts bancaires sont du même ordre de grandeur, autour de 2200 milliards
d'euros.
Ce système fiscal a fait ses preuves dans le passé, et il fut adopté entre autres, par le très puissant
Empire Ottoman. Il est directement inspiré d'un impôt religieux nommé zakat, qui veut dire
littéralement purification. Notre économie moderne a besoin de cette prurification, pour assainir un
système qui exacerbe de façon intenable les inégalités de richesse. D'ailleurs, la chute de l'Empire
coïncide avec la création de la Banque Ottomane au XIXe siècle, et l'introduction du système
bancaire franco-britannique fondé sur les intérêts, qui sont aux antipodes de la zakat.

La fiscalité française taxe le revenu du travail lourdement, la France étant championne d’Europe
dans ce domaine. En même temps, l’ISF peut paraître injuste par certains contributeurs, car cet
impôt ne fait pas de différence entre les richesses. Un entrepreneur français investissant les fruits de
son succès dans l’économie réelle, est taxé de la même manière qu’un rentier, dormant sur un
compte en banque. D’un point de vue fiscal, la richesse productive, et la richesse dormante sont
mises au même niveau.

Pour remédier à ces injustices fiscales, qui pénalisent les travailleurs et ceux qui investissent dans
l’économie réelle, une piste n’a jusqu’à aujourd’hui jamais été pensée en France : supprimer l'impôt
sur les revenus du travail, et créer un impôt sur les dépôts bancaires. Au lieu de prélever les 3% du
PIB sur le travail et la richesse productive, prélevons annuellement un peu moins de 3% sur le
surplus des dépôts bancaires. Comme le PIB et le montant des dépôts bancaires sont du même
ordre, autour de 2200 milliards d'euros, la somme prélevée serait aussi du même ordre, autour 70
milliards d’euros.

Le surplus des dépôts bancaire peut être défini comme l'argent inutilisé sur une année au-delà d'un
certain seuil, une sorte de matelas monétaire nécessaire, qui peut être fixé pour l’instant
arbitrairement à 3000 euros. L'idée de cette taxe est simple : à une date fixe, on revient sur l'année
passée, on enregistre quel a été le minimum d'argent présent sur l’ensemble de nos dépôts bancaires,
et on prélève 2,57% du montant entre cette somme et le seuil minimum décrit plus haut.

Concrètement, un individu qui a vu ses dépôts bancaires atteindre un minimum de 8000 euros sur
l’année, sera taxé à hauteur de 2,57% sur une base de 5000 euros, soit 128,5 euros à payer pour
cette année. Par contre, pour une entreprise qui accumule de longue date une trésorerie de 25
milliards d’euros, ce qui est le cas de Total, la taxe sociale serait d’environ 650 millions d’euros par
an !
Bien évidemment, ce prélèvement vise les accumulateurs de richesses, que ce soient les particuliers
ou les entreprises, et non pas les ménages des classes moyennes.

Les entreprises européennes empilent plus de 1000 milliards d'euros sur des comptes offshore. Faut-
il laisser cet argent dormir, ou pousser les dirigeants de ces entreprises à le réinvestir pour créer de
l'emploi et stimuler la recherche ?

Cette manne sociale est aussi importante que les 70 milliards d’euros de la part de la CSG prélevés
sur les revenus d'activité, et vingt fois plus puissante que les 3,5 milliards d'euros de l’ISF.

Surtout, le prélèvement de cette somme peut être effectué par les banques pour le compte de l’Etat,
d’une manière simple et transparente.

Cette logique qui permet de réduire les inégalités de richesse, est aux antipodes du fondement du
capitalisme : les intérêts bancaires qui rémunèrent l’argent par l’argent. Ces intérêts bancaires
s’opposent radicalement aux intérêts de la société. Ils sont la racine même de l’augmentation des
inégalités de richesse, et des inégalités sociales.

Les mentalités doivent se faire violence si nous souhaitons vraiment éradiquer le chaos que ce
monde capitaliste à bout de souffle nous promet. Pour cela, il faut des universitaires et des
dirigeants politiques à la hauteur du danger qui nous guette. Il faut oser remettre en cause la logique
bancaire qui détruit le lien social, et la remplacer par une logique qui pénalise l’argent dormant
accumulé sur des comptes bancaires.

La philosophie des anciens pour sauver l'Europe des griffes de la Finance ?

La sainte loi de la finance, qui repose sur la notion d'intérêts bancaires, creuse de plus en plus les
inégalités entre les États européens du Sud et du Nord. Pour comprendre ce phénomène, un petit
saut dans l'Histoire s'impose : faut-il nous réapproprier les idées philosophiques de nos anciens sur
la monnaie et l'usure, celles d'Aristote, de Saint-Augustin, ou de Thomas d'Aquin ?

Le XIIe siècle marque le début de l'ère capitaliste, avec la libération de l'usure dans les affaires
commerciales.
Thomas d'Aquin se lève alors contre le poison de l'usure. Il reprendra et approfondira la pensée
philosophique sur la monnaie d'Aristote et de Saint-Augustin.

De nos jours, la notion d'usure a dévié de son sens originel : elle désigne un taux d'intérêt
exorbitant. Pour comprendre la suite, nous garderons le sens originel : faire de l'argent à partir de
l'argent. L'usure commence au premier centime d'intérêt perçu.

La pensée de Thomas d'Aquin repose sur l'idée que la monnaie doit être une "juste mesure" : la
monnaie doit être un moyen (qui permet les échanges), et non une fin en soi (qui mesure la
richesse).

La thésaurisation qui consiste à emmagasiner la monnaie tel l'oncle Picsou, devrait être pénalisée,
car elle prive l'économie du pays de sa monnaie, du sang qui l'irrigue.

Nous sommes loin de cette conception du rôle de la monnaie. À titre d'exemple, depuis la
transformation de l'ISF en IFI, une montagne de cash dans un compte en banque n'est plus taxée, au
grand bonheur de ceux qui emmagasinent les richesses.

Mais la pensée la plus profonde de ce formidable philosophe reste sur l'usure bancaire. Il fut un
contemporain de la libération des activités d'usure dans les affaires commerciales du Moyen-âge,
qui est à mes yeux la racine du mal capitaliste.

Selon Thomas d'Aquin, il est un bien commun qui ne peut être commercialisé : le Temps. Cette
denrée, tout comme l'air qu'on respire, est considérée comme un bien commun à l'humanité, et ne
peut être accaparée par une élite pour en faire commerce.

Or la finance moderne repose principalement sur les calculs actuariels : la commercialisation du


Temps est au cœur de la finance et de notre système bancaire.

Concrètement, quand une banque vous fait un crédit, elle crée de la monnaie à partir de rien, puis
vous là prête sur la base de votre capacité de remboursement future.

En réalité, la banque a le pouvoir de ramener à aujourd'hui vos entrées d'argent futures. En échange
de ce tour de passe-passe, elle demande une rétribution qui dépend de la durée du prêt et de votre
précarité : les intérêts bancaires.
Plus la durée de la dette est longue et plus votre précarité est grande, et plus l'appétit de votre
banque sera grand. Rappelez-vous que jusqu'à là, la banque vous prête de l'argent qu'elle n'a pas.
Elle vous fait juste une avance sur votre travail futur grâce à une écriture sur ces comptes.

C'est exactement cette commercialisation du Temps qui est dénoncée par le philosophe Thomas
d'Aquin. Et c'est exactement cette commercialisation du temps qui est la base de la finance, et qui
est acceptée par tous les économistes modernes.

Cette commercialisation du Temps n'est pas sans incidence sur les travailleurs : avec des taux
d'intérêts bas (2%), et une durée d'emprunt assez longue (20 ans), la banque vous extrait plus de
20% de vos revenus futurs. Pour vous donner de l'argent qu'elle ne possède même pas !

Rien ne peut justifier cette accaparement des richesses des travailleurs, et encore moins un simple
jeu d'écriture comptable.

Cette domination bancaire est un des maux qui gangrène notre économie, et qui au fil du temps et
des générations, accentue les inégalités de richesse et le malaise social.

Il faut prendre le temps nécessaire pour comprendre et dénoncer cette entourloupe qui se produit de
nos jours. Celle-ci se produit avec le consentement de la plupart de nos dirigeants politiques, nos
économistes, nos universitaires, nos philosophes, nos penseurs, nos syndicalistes, nos hommes de
gauche et de droite !

Personne ne remet en cause la notion d'intérêts bancaires. Encore moins quand ces intérêts créent
des murs entre les États : la toute puissante finance décide en ce moment de rétribuer l'Allemagne
de 0,28% quand celle-ci emprunte sur les marchés financiers sur 10 ans; cette même finance décide
d'extirper 2,16% à l'Italie sur la même opération.

Par itérations, les richesses se concentrent sur l'Allemagne au détriment de l'Italie, la Grèce,
l'Espagne et bientôt la France. Plus le Temps avance, et plus les inégalités entre Européens se
creusent.
Ne laissons pas la logique bancaire créer des sentiments nationalistes dangereux pour la paix entre
les peuples. Il est urgent de revisiter et de nous réapproprier les idées philosophiques de nos anciens
sur la monnaie et l'usure : Aristote, Saint-Augustin, Thomas d'Aquin...
Nul besoin d'être économiste pour le faire.

Lettre d'Ibn Khaldoun au monarque

Dans le tome II de sa Muqaddima, Ibn Khaldoun, historien, économiste, et précurseur de la


sociologie, cite une de ses lettres envoyée à un prince.

« Dieu a été bon pour toi. Il t’a fait obligation d’être bon pour ceux de Ses Serviteurs dont Il a fait
tes sujets. Tu dois être juste envers eux, les défendre, protéger leurs familles et leurs femmes contre
toute effusion de sang, leur donner la sécurité et leur permettre de vivre en paix »

« Que tes sentiments et tes ressentiments ne t’éloignent jamais de la justice. Suis partout la
modération. La modération fait appel à la bonne voie. Celle-ci conduit au succès et le succès au
bonheur »

« Ne porte tes soupçons sur aucun de ceux que tu as chargé d’une tâche, avant d’être bien informé.
Car c’est un crime que de soupçonner et de juger mal les innocents »

« Que la bonne opinion que tu auras de ton entourage et ta bienveillance envers tes sujets ne
t’empêchent pas de faire des enquêtes, de bien étudier les problèmes, de t’occuper personnellement
du travail de tes fonctionnaires et de défendre tes sujets en veillant à leur avantage et à leur intérêt »

« Si tu prends un engagement, tiens-le. Si tu as fait la promesse d’une faveur, remplis-la. Garde-toi


des mensonges. Méprise les menteurs et chasse les calomniateurs. Aime les gens bons et droits. Sois
bienveillant envers les faibles »

« Ne sois pas avare. L’avarice ruinerait, plus vite que n’importe quoi, tes projets d’amélioration du
sort du peuple. Si tu veux amasser des trésors, que ce soient ceux de la piété, de la crainte de Dieu,
de la justice, de l’amélioration du sort de tes sujets, du développement de leurs terres, de
l’administration de leurs affaires, de leur sécurité et du secours aux affligés. Tu dois savoir que les
trésors accumulés ne fructifient pas, à moins d’être consacrés au bien-être du peuple, à lui assurer
ses droits et à le préserver du besoin »
« Consulte fréquemment les juristes. Prends les conseils des hommes pleins d’expérience et de
sagesse »

« Contrôle les registres et les contrats militaires. Augmente les soldes. Donne à tes soldats des
moyens d’existence suffisants, pour les tirer de la misère »

« Sache que les fonctions de juge tiennent une place incomparable aux yeux de Dieu. Les décisions
équitables, la justice au tribunal et en toute chose, tout cela contribue au bien-être des administrés.
Car, de cette manière, on peut circuler en toute sécurité. Les opprimés sont enfin soulagés. Chacun
rentre dans ses droits. Les vies humaines sont protégées. L’ordre est assuré »

« Abstiens-toi de toute corruption. Applique les peines légales. Traite le plaignant avec équité.
N’avantage aucun de tes sujets. Sois humain envers tous tes administrés »

« Voyons maintenant l’impôt foncier, auquel sont soumis tes sujets. Dieu l’a institué pour renforcer
et exalter l’islam, aider et protéger les musulmans. Tu dois donc répartir équitablement cet impôt
entre les contribuables. Pas de dispense pour les nobles, tes secrétaires, tes intimes ou ton
entourage. Pas de charges excessives. N’impose personne exagérément. Traite tout le monde avec
équité »

« Finis aujourd’hui ton travail quotidien et ne le remets pas à demain. Et fais-en une bonne partie
toi-même »

« Occupe-toi personnellement des pauvres et des indigents, de ceux qui ne peuvent te faire part
directement des injustices dont ils sont victimes, des humbles qui ne savent même pas qu’ils
pourraient faire valoir leurs droits. Pense encore aux victimes des accidents, à leurs veuves, à leurs
orphelins. Donne-leur des pensions sur le Trésor. Pensionne également les aveugles. Fonde des
hôpitaux pour les musulmans malades, avec des gardes pour s’occuper d’eux et des médecins pour
les soigner »

« Aie des réunions fréquentes avec les docteurs de la loi : recherche leur avis et leur compagnie »
Comment la finance a « intelligemment » pris le pouvoir sur notre économie ?

Anciennement, la finance, connue sous le nom d'usure, était catégoriquement interdite par les
anciens et les religions, car la dette fut l'outil de la domination des peuples et des personnes. Mais
au cours de l'histoire, la finance va faire sauter tous les interdits jusqu'à prendre le pouvoir sur
l'économie réelle.

Au temps du troc, les usuriers faisaient des avances de denrées alimentaires, et demandaient en
retour des quantités supérieures. Et si le contrat n'était pas respecté, c'était soit la guerre, soit
l'esclavage.

Puis avec la révolution de la monnaie, l'usure a pris une dimension nouvelle, critiquée notamment
par Aristote : il est immoral que de l'argent puisse faire de l'argent sans aucun effort.

Jusqu'alors, les usuriers faisaient accroître leur richesse grâce à des denrées ou de la monnaie qu'ils
possédaient physiquement. Mais la dématérialisation de la monnaie va changer la donne.

A partir du Moyen-âge, l'activité bancaire va connaître une révolution grâce à la dématérialisation


de la monnaie : pour éviter les vols, les commerçants déposent leur monnaie en or chez des
orfèvres, en échange de notes de dépôts. C'est la naissance du billet-monnaie en Europe.

La création de la monnaie-billet a permis aux banquiers de se retrouver avec des dépôts d'or dont la
quantité était assez stable dans le temps. Trop tentant pour les usuriers : ils ne peuvent éviter de
faire "travailler" cette manne qui ne leur appartient même pas, mais qui « dort » dans leurs coffres !

Donc pour la première fois, non seulement les usuriers prêtent en demandant des surplus, mais en
plus ils prêtent ce qui ne leur appartient pas, l'or des déposants !
L'ingéniosité des financiers prend alors une dimension nouvelle !

A partir du XVIIe siècle, avec l'essor de la monnaie-billet, les banquiers vont redoubler
d'ingéniosité : au lieu de prêter l'or des déposants, ils vont imprimer des billets qui ne font face à
aucun dépôt en or, et les prêter contre intérêts !
D'une certaine manière, depuis l'invention de la monnaie-billet, la richesse des banquiers est non
seulement construite sur l'usure, mais elle est aussi construite sur une fraude, la création de fausse
monnaie !

L'ingéniosité des banquiers va encore monter d'un cran au XXe siècle avec l'invention de la
monnaie fiduciaire, qui ne repose sur aucun dépôt en or, mais sur la confiance.
À partir de là, les banquiers créent de l'argent à partir de rien, au moment de l'octroi d'un crédit !

Ainsi la boucle est bouclée : la monnaie devient par construction la coquille du crédit qui rapporte
de juteux intérêts aux banquiers. Pour s'en rendre compte, si toutes les dettes étaient remboursées
simultanément par un coup de baguette magique, la quasi totalité de la monnaie disparaîtrait !

La confiance portée sur la monnaie fiduciaire est acquise avec la complicité des institutions
politiques. La création monétaire frauduleuse d'autrefois des banquiers est maintenant
institutionnalisée !

Maurice Allais, économiste et Prix Nobel, écrit dans un livre paru en 1999 (La Crise mondiale
d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires) : « Dans son
essence, la création monétaire ex nihilo actuelle par le système bancaire est identique, je n'hésite pas
à le dire pour bien faire comprendre ce qui est réellement en cause, à la création de monnaie par des
faux-monnayeurs, si justement condamnée par la loi. Concrètement elle aboutit aux mêmes
résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents ».

Ainsi, au cours de l'histoire, l'ingéniosité des usuriers d'autrefois, devenus les banquiers
d'aujourd'hui, a été de plus en plus sophistiquée. Ce qui était interdit par les anciens et les religions,
est devenu institutionnalisé aujourd'hui.

Cette activité bancaire fondée sur le prêt à intérêts est le fondement même du capitalisme financier,
qui exploite les travailleurs, qui exacerbe les inégalités sociales, et qui détruit notre planète. En
effet, la finance est la science du crédit, qui donne aux individus le pouvoir de consommer
aujourd'hui ce qu'ils auraient dû consommer dans le futur. Les crédits octroyés aux consommateurs
impatients, forment la dette écologique des générations futures !
De nos jours, aucun économiste moderne ne remet en cause le fondement de la finance, c'est à dire
le crédit à intérêts. Pire, aucun dirigeant politique ne semble avoir compris que ce que nos anciens
nous ont interdit, est la source de nos malheurs d'aujourd'hui.

L'ingéniosité des banquiers leur a non seulement permis de prendre en otage l'économie réelle, mais
aussi nos institutions politiques, et par ricochet nos démocraties : la puissance financière s'est muée
en puissance totale !

Le paradoxe du banquier

Je vais reproduire une discussion que je tenais souvent avec mes collègues en salle de marchés pour
illustrer un paradoxe bancaire.

- Pourquoi un pauvre devrait payer plus d'intérêts qu'un riche alors que tous les deux empruntent le
même montant ?
- parce que le pauvre est moins solide
- et donc ?
- il a plus de chance de faire un défaut de paiement sur ses mensualités. Il faut donc lui faire payer
ce risque
- comment ?
- en augmentant les intérêts bancaires
- pourquoi ?
- comme ça la banque s'y retrouve en moyenne sur cette classe d'emprunteurs
- ça semble logique mathématiquement !
- biensûr, la finance repose sur de vraies sciences : mathématiques, statistiques...
- donc je résume : si un pauvre veut emprunter, comme il est pauvre et qu'il aura plus de chance de
ne pas rembourser, il faut lui compliquer la tâche par rapport au riche, en augmentant les intérêts
bancaires ?
- oui
- t'en penses quoi humainement ?
- euh... (bug).
Dans un fameux sketch, "Le syndicaliste", Coluche ironisait parfaitement sur la logique du crédit :
"Moins tu peux payer, plus tu payes" ! (1)

Le pire est que la logique est inverse dans l'autre sens. Un riche peut emprunter dans des meilleurs
conditions qu'un plus pauvre :
pour un emprunt immobilier de 200 000 euros sur 25 ans, la différence de taux peut facilement
atteindre 1% entre un dossier solide, et un autre dossier moins solide, soit 27 000 euros d'intérêts
bancaires à payer pour le riche, contre 54000 euros pour le plus pauvre (2). La différence est de 27
000 euros tout de même.
Un ménage ayant un dossier plus fragile paye le double en intérêts bancaires !

Cette classification des emprunteurs joue un rôle non négligeable dans la condition sociale. Et sauf
exception, cette condition bancaire précaire est héritée de génération en génération.

Dans le cas de l'achat immobilier évoqué plus haut, il est question d'une différence de 27000 euros !
De quoi financer quelques cours particuliers qui peuvent faire la différence...

Cette logique est aussi vraie dans le monde des entreprises. Les multinationales profitent de la
politique de la Banque Centrale Européenne pour emprunter à des taux négatifs. Quand les PME
luttent pour emprunter à des taux plus chers, allant jusqu'à 4,5% ! (3)

Il ne faut pas perdre de l'esprit que sur les sommes prêtées, les banques n'en possèdent qu'une
infime partie. Le reste est de la pure création monétaire qui devrait être considéré comme de l'argent
public !

D'ailleurs, l'économiste français Maurice Allais, prix Nobel d'économie, préconise : "un système où
la création monétaire appartiendrait uniquement à un Banque centrale indépendante de l'État et des
partis politiques au pouvoir, et où les revenus correspondant à la création monétaire reviendraient
uniquement à l'État." (4)

En conclusion, la finance est régie par des logiques mathématiques et statistiques faisant fi de
l'humain et de l'écologie. Qui aura assez de courage pour contrecarrer cette logique mortifère ?
L’argent doit-il avoir un coût ?

La finance a toujours reposé sur l’idée que l’argent a un coût. L’argent doit faire de l’argent avec le
temps qui passe.

L'argent est donc considéré comme un privilège qui doit rapporter de l'argent à son détenteur, quand
celui-ci se décide à le prêter.

Dans cette vision du monde, un possédant peut faire de l'argent sans rien faire, pour la simple raison
qu'il possède un excédent de richesse qu'il peut faire "fructifier" en le prêtant avec intérêts.

Avec le temps, la création de la monnaie est devenue si ingénieuse que les banques n'ont pas eu
besoin de posséder la totalité de l'argent pour la prêter, mais juste une infime partie.

Les banques commerciales se sont données le pouvoir de créer de l'argent à partir de rien pour le
prêter et pour toucher des intérêts au détriment de la collectivité, en faisant payer aux plus fragiles
des intérêts plus élevés comparativement aux plus aisés.

La logique bancaire a sa raison : un pauvre a plus de probabilité de faire faux bond qu'un riche, il
doit donc payer plus d'intérêts bancaires pour compenser sa fragilité.

Résumons les règles sur lesquelles repose la finance :

- posséder de l'argent est un privilège qui doit rapporter de l'argent même sans rien faire

- pour posséder de l'argent, les banques se sont octroyées le pouvoir de le créer à partir de rien

- une fois cet argent créé, les banques le prêtent plus facilement aux riches (50 milliards d'euros
pour un seul homme, Drahi). Et quand elles se décident à le prêter aux plus fragiles, les banques
demandent aux pauvres des intérêts plus élevés.

- et comme si ce n'était pas assez, les banques font payer aux plus fragiles des pénalités élevées pour
les punir de leur incivilité bancaire : en 2016, ce racket a rapporté 6.5 milliards d'euros, soit un quart
des profits bancaires.
Avec ces quatre règles qui sont le fondement de la finance, on comprend mieux les raisons du
malaise social qui touche notre société.

Pourtant, la finance n'a pas toujours été acceptée dans notre société, et sa forme ancienne, l'usure,
était fortement critiquée par des philosophes comme Aristote, et même interdite dans les Livres
monothéistes.

Une autre vision de l'argent existe, avec des règles simples :

- l'argent n'est pas un privilège mais une responsabilité

- l'argent ne peut faire de l'argent sans rien faire : l'usure est interdite.

- l'argent en excès (au-delà d'un coussin de confort raisonnable), et détenu depuis assez longtemps
(1 an) sans être utilisé ou investi, doit être légèrement taxé (2,5%). De nos jours, on parlerait de taux
négatifs, ou de monnaie fondante.

- les revenus de cette taxe doit revenir aux plus fragiles

Pour résumé cette vision de l'économie :

- le surplus de richesse est une responsabilité qui doit être investi dans l'économie réelle.

- un taux d'intérêt négatif pénalise l'inaction économique, et le fruit de ces intérêts sert à l'action
sociale. La manne issue de cette inaction des possédants peut être qualifiée de dividende social.

- le but de cette pénalisation est de stimuler la circulation dans l'économie du superflu de richesses
accumulées, soit par l'investissement, soit par un prêt sans intérêt à l'État ou aux entreprises.

Ces deux visions de l'économie qui viennent d'être exposées sont aux antipodes l'une de l'autre : la
finance profite aux accumulateurs de richesses et exacerbe les inégalités sociales ; l'alternative à la
finance est un monde sans usure, qui responsabilise la richesse, et qui tend à réduire les inégalités
sociales.
Cette voie sans usure a été délaissée, et le capitalisme financier comme les autres alternatives
économiques de ces deux derniers siècles nous ont menés dans des impasses.

Notre économie doit continuer de reposer sur ce qui fait son dynamisme : commerce,
entrepreneuriat, recherche et innovation. La propriété privée doit être protégée. Il faut simplement
extirper de notre économie le cancer qui la ronge : le crédit avec intérêts.

Une étape préalable est tout de même indispensable : repenser notre monnaie qui par une
ingéniosité bancaire sans limite est devenue la coquille du crédit à intérêts.

L'économiste français Maurice Allais, prix Nobel d'économie, préconise une monnaie émise à 100%
par la Banque Centrale, et non pas une monnaie créée par les banques commerciales au moment de
l'octroi d'un crédit comme c'est le cas en ce moment de 90% de la masse monétaire. Il écrit même :
"En fait, sans aucune exagération, le mécanisme actuel de la création de monnaie par le crédit est
certainement le « cancer » qui ronge irrémédiablement les économies de marchés de propriété
privée." (1)

La prise de conscience doit être collective, et la transition de notre économie hyper-financiarisée


vers une économie épurée de l'usure, doit être réfléchie et se faire par étapes. La nationalisation de
la création monétaire doit être la première étape de cette transformation économique.

Anice Lajnef, Août 2019.

(1) La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et
monétaires., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1999, p. 74

Finance : "un fonctionnement inéquitable, sinon malhonnête" (Maurice Allais)

Le système bancaire est intransigeant quand il s'agit de ménages fragiles en situation d'échec, mais
accommodant quand il est question de banques en difficultés.

Quelques mensualités non payées, et le système bancaire est prêt à punir l'incivilité des ménages
endettés par une triple peine :
- frais pour incidents de paiements - 6,5 milliards en 2016 en France, soit un quart des profits
bancaires (1)
- saisie des biens
- interdiction bancaire - un million de personnes en France (2)

Ce jugement bancaire mène souvent à l'exclusion sociale. À titre d'exemple, aux États-unis, où le
système bancaire jouit d'une législation à son avantage, il y a plus de 550 000 sans-abris ! (3)

Cet agissement bancaire sans pitié génère une "sélection naturelle" qui met de côté les plus fragiles,
pour enrichir les banques sur le dos des plus dociles, ceux qui respectent les règles sans broncher.

Ce darwinisme financier est vendu par les libéraux comme un gage de la réussite collective qui nous
mène au progrès.

Mais que se passe-t-il quand le système bancaire est aux abois, comme ce fut le cas en 2008 ? Est-
ce que le système s'applique à lui-même ses propres principes, à savoir aucun droit à l'erreur pour
ceux qui échouent financièrement ?

La logique voudrait que les règles du darwinisme financier qui s'appliquent aux familles et au PME
en difficultés, s'appliquent aussi aux mastodontes bancaires en situation d'échec. Une sorte de
sélection naturelle qui débarrasse notre économie des banques mal gérées. Mais il en est rien !

Sous le slogan "too big to fail" (trop gros pour faire faillite), et profitant de la détresse des dirigeants
politiques pris au dépourvu, les banques s'offrent une immunité financière.

Les banques sont impitoyables quand il s'agit de leurs intérêts, et n'hésitent pas à assassiner
socialement des familles et des entrepreneurs en échec; par contre, quand il s'agit de leurs
défaillances, les banques se donnent le droit à l'erreur, et n'hésitent pas à appeler au secours la
collectivité !

Ainsi, en 2008, l'État français a dû agir vite pour sauver des banques qui se permettaient d'accaparer
en intérêts bancaires 18% de la richesse créée annuellement, soit 350 milliards d'euros !
Suite à ce sauvetage, la dette publique française a explosé, incitant les gouvernants à mettre en place
des politiques d'austérité : baisse de la dépense publique et augmentation de la fiscalité des classes
moyennes, qui a eu pour conséquence une baisse du pouvoir d'achat des classes moyennes.

Le mouvement des gilets jaunes est une conséquence directe du sauvetage des banques. Et pendant
que ce mouvement est réprimé violemment par les autorités, les actions en bourses sauvées du
marasme de 2008 avec l'argent public, et les dividendes, battent des records. Ce paradoxe alimente
les frustrations populaires légitimes, et met en danger nos démocraties.

Au final, les profits bancaires sont privés quand tout va bien, et les pertes sont supportées par tous
les Français quand tout va mal.

Malgré tous ces efforts publics consentis ces dix dernières années, la finance a dû faire appel en
plus à la Banque Centrale Européenne, qui a injecté quelques 4500 milliards dans les marchés
financiers, pour sauver un système à l'agonie. (4)

Et contrairement à l'argent avancé par les États, ces 4500 milliards "d'argent public" créés par la
BCE tournent toujours dans la haute sphère financière. Cette avance généreuse faite aux marchés
est continuellement reconduite. Une chance pour la finance puisque cela revient à profiter d'une
sorte de crédit sans date limite de remboursement.

Pour justifier ce traitement inéquitable, qui permet de sauver financièrement les mastodontes
bancaires et les multinationales, mais qui ne laisse aucune chance aux ménages en difficultés, la
BCE évoque la théorie du ruissellement : l'argent injecté dans les marchés finira tôt ou tard dans
l'économie réelle.

En réalité, cet "argent magique" crée à partir de rien, contribue à la hausse des cours de bourses et
de l'immobilier, et profite donc aux possédants. L'action de la BCE accentue donc les inégalités de
richesse, et crée des bulles prêtes à éclater.

Ainsi, nous laissons faire un système bancaire impitoyable avec les plus fragiles, et qui n'hésite pas
à détruire socialement ceux qui ne suivent pas le rythme effrénée qu'il impose à la société.

"En même temps", nous permettons à ce même système bancaire d'être sauvé financièrement quand
il vacille. Est-ce un fonctionnement équitable et honnête ?
Ce n'est pas l'avis du prix Nobel d'économie Maurice Allais : "En fait on doit proclamer qu'un droit
fondamental de l'homme c'est d'être protégé efficacement contre un fonctionnement inéquitable,
sinon malhonnête, de l'économie de marchés permis actuellement ou même favorisé par une
législation inappropriée." (5)

Pour instaurer plus d'équité, une première décision politique serait de nationaliser les banques, et
ainsi permettre au plus grand nombre de reprendre la main sur la création monétaire accaparée par
une minorité sans honneur.

Anice Lajnef, Août 2019

(1) : https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/frais-bancaires-des-milliards-sur-
le-dos-des-clients-en-difficulte-755667.html

(2) : https://www.capital.fr/votre-argent/interdit-bancaire-1313291

(3) https://www.bbc.com/news/world-us-canada-45442596

(4) : https://www.challenges.fr/finance-et-marche/ou-sont-passes-les-4-000-milliards-d-euros-
injectes-dans-l-economie-par-la-bce_520551

(5) : La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et
monétaires., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1999, p. 172

Vous aimerez peut-être aussi