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CHAPITRE 7 : LA MONDIALISATION FINANCIERE : FORCES ET FAIBLESSES

Dans ce chapitre, nous allons aborder les relations financières à l’international. Nous analysons tour à
tour les marchés des capitaux et bancaire, les mécanismes de régulation de l’activité bancaire et nous
nous attardons sur la situation des pays en développement.

SECTION 1 : MARCHE DES CAPITAUX ET MARCHE BANCAIRE

Ici, il est question d’entrevoir comment les marchés de capitaux permettent de tirer avantage des gains
engendrés par le commerce international, d’exposer les raisons de la forte croissance des marchés de
capitaux, de ressortir les dangers de la globalisation financière et de ressortir comment il est possible
pour les Etats de faire face aux différents problèmes de ces évolutions sans en perdre les bienfaits.

A) Le marché international des capitaux

Le marché international des capitaux est un marché sur lequel les résidents de chaque pays échangent
des actifs. Il comprend notamment le marché des changes. Dans le commerce international, les gains
pour chaque pays sont d’autant plus élevés que les coûts de transaction sont faibles. Les banques
jouent à cet effet un rôle primordial dans la mesure où l’état du système de paiement dont elles
assurent la gestion est un déterminant majeur des coûts de transaction. Sur le marché des capitaux,
on distingue les titres de dette et les titres de propriété.

Les titres de dette tels que les bons du trésor, les obligations et les dépôts bancaires précisent les
conditions dans lesquelles l’émetteur doit rembourser le capital emprunté et payer les intérêts (sous
forme de coupon dans le cas des obligations).

Les titres de propriété, c’est-à-dire les actions et les parts de sociétés, constituent les fonds propres
des entreprises. A la différence des créanciers qui détiennent des titres de dette, les actionnaires
bénéficient du droit de vote en assemblée générale et d’une part sur les profits, versée sous forme de
dividende.

La rentabilité des titres de de dette est parfois très incertaine. Même lorsque la rentabilité nominale
est connue avec certitude, la rentabilité réelle des titres de dette dépend toujours du niveau général
des prix (et du taux de change lorsqu’il s’agit d’actifs libellés en monnaie étrangère). Les émetteurs
peuvent en outre faire défaut, c’est-à-dire se retrouver dans l’impossibilité de payer les intérêts ou de
rembourser la totalité du capital. Dans ce cas, la détention des titres de dette peut devenir aussi
risquée que la détention d’actions.

B) Les acteurs du marché internationaux des capitaux

Les principaux acteurs du marché international des capitaux sont : les banques, les institutions
financières non bancaires, les banques centrales, les grandes entreprises et les administrations
publiques.

Les banques commerciales : sont au cœur du marché international des capitaux d’abord parce qu’elles
sont en charge du système de paiement, ensuite parce qu’elles servent d’intermédiaires. La banque,
en rapprochant des agents dont les exigences sont opposées (des placements liquides et à court terme
face à des besoins de financement qui s’inscrivent dans la durée), a pour principale activité la
transformation d’échéances. Elles sont cependant présentes dans de nombreuses autres activités :

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introduction en bourse pour garantir le succès, gestion d’actifs pour le compte des individus et des
institutions financières non bancaires.

Les institutions financières non bancaires : Les sociétés d’assurance, les fonds de pension, les fonds
de placement collectifs et les hedge funds sont devenus en l’espace de quelques années des acteurs
majeurs du marché international des capitaux. Ces institutions financières octroient peu de crédits et
ne collectent que très peu de dépôts à vue. Ils sont à l’exemple des banques d’affaires comme Goldman
Sachs ou Lazard Group. Elles investissent principalement sur les marchés.

Les firmes : surtout les grands groupes internationaux (Coca-Cola, IBM, Danone) financent
régulièrement leurs investissements en faisant appel à des capitaux étrangers. Ces sociétés accèdent
de plus en plus directement aux marchés des capitaux.

Les Banques centrales : sont également présentes sur les marchés financiers internationaux ; Elles
détiennent tous les avoirs en monnaies étrangères et interviennent parfois sur le marché de change
pour soutenir ou infléchir le cours de leur monnaie.

Les Etats, les collectivités territoriales et les administrations publiques : se financent aussi sur les
marchés internationaux, principalement les pays en développement qui empruntent auprès
d’investisseurs étrangers.

C) Le développement des marchés internationaux de capitaux

Depuis le début des années 1970, le volume des transactions sur le marché international des capitaux
a augmenté beaucoup plus rapidement que le PIB mondial. Avant la libéralisation et l’ouverture des
marchés, ce sont les différences de réglementations au niveau international qui ont stimulé les
marchés internationaux de capitaux. En effet, de nombreuses banques réalisaient à l’étranger, où les
règles étaient plus souples, les activités qu’elles ne pouvaient pas entreprendre dans leur pays
d’origine.

En renonçant au régime de Bretton Woods, les pays industrialisés ont adopté un système qui leur
permettait de combiner la liberté des mouvements internationaux de capitaux avec des politiques
monétaires orientées vers des objectifs internes. C’est dans ce contexte que se sont développés les
activités bancaires et financières hors frontières (offshore). Le terme d’activité bancaire hors frontières
revêt deux sens. D’une part il fait référence aux opérations enregistrées dans les paradis fiscaux et
d’autre part il est utilisé pour décrire les opérations bancaires réalisées en dehors du pays d’origine.

Le développement du commerce mondial et des sociétés multinationales a fortement contribué au


développement de l’activité financière hors frontières. Les banques locales disposent certes d’une
meilleure connaissance du marché et des règles en vigueur dans le pays d’accueil, mais le suivi que les
banques étrangères offrent à leurs clients est un atout indéniable. Les entreprises importatrices ont
aussi souvent besoin de conserver des dépôts en monnaies étrangères pour régler leurs achats.

L’essor du commerce mondial ne suffit pas à justifier toute la croissance de l’activité bancaire
internationale depuis les années 1970. Cela s’explique aussi par le désir des banques d’échapper aux
réglementations nationales.

Sur un tout autre plan, la réglementation ou, plus exactement, les asymétries réglementaires ont
suscité le développement d’un système financier parallèle appelé shadow banking system ou en
français système financier fantôme. En effet, de nombreux établissements peuvent de nos jours, offrir

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des services analogues à ceux des banques commerciales sans être aussi rigoureusement contrôlés.
Face à cette concurrence, les banques ont réagi en se redéployant sur les marchés et en développant
elles-mêmes de nouveaux supports afin de contourner certaines règles parmi les plus contraignantes.
La titrisation constitue le cas le plus emblématique de transformation de l’activité bancaire et en même
temps un des facteurs essentiels de développement du système bancaire parallèle. En effet, dans les
années 1990, les banques ont développé à grande échelle un système leur permettant de se défaire
des crédits accordés et donc des risques associés : c’est le modèle d’origination-distribution. Le plus
souvent, dans ce cas, la banque cède ces actifs à un véhicule spécifique ou encore conduit. Celui-ci
finance ces acquisitions en émettant des titres sur les marchés.

SECTION 2 : LA REGLEMENTATION DE L’ACTIVITE BANCAIRE

De par ses activités (transformation des échéances, gestion des risques, etc.) le secteur bancaire est
intrinsèquement vulnérable. De par son positionnement (au cœur du système de paiement et du
circuit de financement, maillon essentiel dans la transmission de la politique monétaire), il est de
surcroît vital au bon fonctionnement de l’économie, d’où la nécessité d’un encadrement et d’un
contrôle stricts. La crise financière de 2007-2009 montre, à l’évidence, que la régulation financière
n’était pas à la hauteur de la fragilité du système bancaire international et que la menace d’une crise
d’envergure était bien réelle.

A) Le risque de faillite bancaire

Une banque fait faillite lorsqu’elle est incapable de remplir ses obligations envers ses déposants et
autres créanciers. L’activité des banques consiste à opérer une transformation d’échéances, ce qui les
expose à un risque de liquidité. L’incapacité de certains emprunteurs à rembourser leurs prêts ou la
forte baisse de la valeur des actifs détenus par les banques peut en effet, les conduire à une situation
où il leur devient impossible d’honorer leurs engagements à court terme, en particulier de restituer
leurs dépôts aux ménages.

La relation entre la banque et ses clients repose sur la confiance. Or les activités de placements et de
financements sont sujettes à de nombreuses asymétries d’information. Les déposants qui anticipent
une baisse de la valeur de leurs actifs vont avoir tendance à retirer leurs fonds et les placer ailleurs.
D’autre part, les actifs des banques ne sont pas liquides au même degré. Certains ne peuvent être
vendus rapidement. De ce fait, une banque tout à fait saine peut se retrouver dans l’incapacité de
répondre à des demandes de retraits massifs de la part des déposants.

Les différents établissements bancaires et financiers nouent des relations étroites les uns avec les
autres. La fragilité d’un seul suffit à provoquer une véritable réaction en chaîne, et une perte de
confiance généralisée parmi les déposants peut complètement ruiner le système de paiement.

Pour éviter le risque de propagation encore appelé risque systémique, de nombreuses


réglementations ont été mises en place.

B) Le filet de sécurité financière

Les principales mesures de protection et de sauvegarde du système portent le nom de filet de sécurité
financière et sont :

- Les réserves obligatoires. Ce sont des instruments de politique monétaires, mais de moins en
moins utilisés.

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- La réglementation prudentielle. Elle repose sur les fonds propres des banques qui offrent une
marge de sécurité supplémentaire en cas de dépréciation des actifs.
- La supervision bancaire. Les autorités de supervision (banque centrale ou autres) surveillent
de près l’activité des banques, notamment les documents comptables pour s’assurer du
respect de certains rations de solvabilité, de liquidité, d’exposition aux risques de marché. Il
peut aussi contraindre les banques de vendre les actifs trop risqués.
- L’assurance dépôt. C’est un mécanisme qui vise essentiellement à dissuader les ruées aux
guichets, les déposants sachant leurs fonds assurés.
- Le prêteur en dernier ressort, rôle très souvent joué par la banque centrale qui apporte son
soutien à une banque en difficulté sous forme de prêts exceptionnels. Ainsi l’intervention du
PDR est d’abord curative dans la mesure où elle évite qu’une faillite isolée ne débouche, par
simple effet domino, sur une crise systémique.
- Les sauvetages bancaires (bailout). En dernier recours, la banque centrale ou l’Etat peuvent
organiser le rachat d’une institution en difficulté par une ou plusieurs autres institutions
financières jugées plus solides. L’Etat peut aussi procéder par recapitalisation sous forme
d’une prise de participation ou par nationalisation.

C) La régulation de l’activité bancaire internationale

Les réglementations nationales sont souvent inefficaces, car inadaptées à la globalisation des activités
bancaires et financières. L’internationalisation de l’activité bancaire réduit l’efficacité de la supervision
et des réglementations nationales, et rend absolument nécessaire la mise en place des nouvelles
mesures de sauvegarde. Désormais, un problème touchant une banque peut très vite se répercuter au
plan mondial. Pour faire face à cette menace, dès 1974, les banques centrales de 11 pays ont mis en
place le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire, sous l’égide de la Banque des règlements
internationaux. Son rôle est d’obtenir une meilleure coordination de la surveillance exercée par les
autorités nationales sur le système bancaire international. Le premier accord, connu sous le nom de
Concordat est conclu en 1975, puis révisé en 1983, prône un partage des responsabilités et des tâches
entre le pays d’origine et le pays d’accueil et appelle aux échanges d’informations relativement aux
banques. En 1988 est instauré le ratio Cooke qui prévoit que les banques détiennent sous forme de
fonds propres et de quasi fonds propres un montant équivalent à 8% de leurs engagements pondérés
selon la nature de l’emprunteur.

En 1997, le Comité de Bâle a édicté, en coordination avec les représentants de nombreux pays en
développement, 25 principes essentiels concernant l’agrément des banques, les méthodes de
supervision, les obligations de rapportage qui doivent être imposées aux banques, ainsi que l’activité
bancaire transfrontière (Core Principles for Effective Banking Supervision). Le 26 juin 2004, l’Accord de
Bâle II est conclu. Il prévoit un dispositif plus élaboré de couverture du risque crédit, du risque de
marché et du risque opérationnel. Le ratio Cooke est remplacé par le ratio McDonough.

D-s le commencement de la crise de 2007, tout ce système s’est montré fragile. En conséquence, les
accords de Bâle III ont été proposés en fin 2010. Ils prévoient notamment de rehausser le ratio de
fonds propres, de mettre en place des ratios de liquidité et un ratio dit « de levier », ainsi que des
mesures contracycliques. Le développement des institutions financières non bancaires, de la titrisation
ou des marchés dérivés constituent autant de défis supplémentaires pour les autorités de supervision.

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Section 3 : Le cas des pays en développement

Il existe des écarts très importants de niveau de revenu par habitant entre les pays. Expliquer pourquoi
certains restent dramatiquement pauvres et identifier quelles sont les politiques susceptibles de
promouvoir la croissance demeurent un des défis importants de la science économique.

Les PED forment un groupe très hétéroclite, d’autant qu’ils ont opté pour des politiques économiques
très différentes. La plupart ont cependant des caractéristiques communes : l’implication de l’Etat dans
l’économie, un niveau élevé d’inflation dû au seigneuriage, des institutions financières fragiles et un
marché des capitaux peu développés, un régime de changes fixes et des contrôles sur les échanges de
capitaux internationaux, une économie très dépendante des exportations des matières premières,
l’ampleur de la corruption et le niveau élevé de pauvreté.

Puisque les PED offrent de nombreuses opportunités d’investissement, il est naturel qu’ils dégagent
un déficit du compte courant et empruntent auprès des pays industrialisés. En principe, les flux de
capitaux transfrontaliers sont mutuellement avantageux pour les prêteurs et les emprunteurs.
Cependant, en pratique, les emprunts internationaux se sont souvent soldés par des défauts, combinés
à des crises de change et des crises bancaires. Tout comme ces dernières, les crises de la dette ont une
dimension autoréalisatrice. Elles commencent souvent par un arrêt brutal des entrées de capitaux
(sudden stop).

Dans les années 1970, au moment de l’effondrement du système de Bretton Woods, les pays
d’Amérique Latine entrent dans une période de mauvaises performances macroéconomiques, à la fois
en termes d’inflation et de croissance. L’emprunt extérieur excessif se traduit, au début des années
1980, par une crise généralisée de la dette des PED, qui touche particulièrement les pays d’Amérique
du sud et d’Afrique. Les économies latino-américaines, à commencer par le Chili, entament alors des
réformes économiques pour juguler l’inflation, limiter les dépenses publiques, privatiser les grandes
entreprises, déréglementer les marchés, réformer les politiques commerciales. Mais toutes les
économies d’Amérique latine ne réussissent pas à renforcer leurs banques et nombre d’entre elles
font faillites.

En dehors de leurs bonnes performances macroéconomiques, avec une faible inflation, un déficit
budgétaire contrôlé et surtout un rythme de croissance élevé, les économies du sud-est asiatique ont
été touchées par une crise profonde en 1997.

Les propositions avancées afin de réformer l’architecture financière internationale peuvent être
classées en mesures préventives (ex ante) et mesures curatives (ex post). Les dernières servent à
limiter l’ampleur de la crise lorsque les premières échouent. La prévention des crises passe par une
plus grande transparence, un renforcement de la réglementation et de la supervision bancaire, des
lignes de crédit étendues et financées à la fois par des fonds privés et par le FMI. Les mesures curatives
incluent une extension des prêts du FMI, couplée à une plus grande flexibilité.

Les travaux récents sur les déterminants de la croissance économique des PED se sont penchés sur les
caractéristiques géographiques (l’enclavement, l’importance des maladies infectieuses), les
caractéristiques institutionnelles (la protection des droits de propriété) et les dotations en capital
humain. Les flux de capitaux des pays industrialisés vers ces pays sont également fonction de ces
facteurs.

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