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Cours Finance Internationale Mraihi Fayçal

Chapitre 5 : Les déterminants du taux de


change

Si les taux de change sont déterminés d’une manière générale par la loi de l’offre et de la demande, ils
dépendent de facteurs économiques et financiers, principalement les taux d’inflation, les taux d’intérêt
et le solde de la balance des paiements. Différentes théories macro-économiques expliquent la
formation des taux de change.

Section 1 : Les parités internationales

I. La parité des pouvoirs d’achat (PPA)


La PPA est fondée sur la loi du prix unique. Trois hypothèses sont nécessaires pour la vérification de
cette théorie.

1. Hypothèses :
H1 : Les marchés financiers sont parfaits : absence de contrôle des changes, de coûts de transactions et
d’impôts.

H2 : Les marchés des biens sont parfaits : expédition libre et instantanée des biens sans coût de
transport et tarifs douaniers, les biens domestiques et étrangers sont parfaitement homogènes
(substitution parfaite), pas de pratiques monopolistiques faisant que des biens identiques seraient
vendus à des prix différents selon les pays.

H3 : Il existe un seul bien de consommation commun à tous les pays. Dans le cas de plusieurs biens,
tous les pays consomment le même panier de biens et la structure de consommation des agents
économiques est identique entre les différents pays (même habitudes et mêmes goûts de
consommation).

2. Versions de la PPA
a) La loi du prix unique :
Cette loi stipule que sur les marchés parfaits, un même bien doit avoir le même prix dans tous les pays,
sinon un arbitrage physique aura lieu (acheter le bien là où il est le moins cher pour le revendre là où il
est le plus cher). L’opération d’achat revente a le caractère d’un arbitrage car elle joue un rôle
régulateur sur le prix. En effet, l’augmentation de la demande dans le pays où le prix est le moins élevé
implique une augmentation du prix du bien alors que l’augmentation de l’offre dans le pays où le prix
est le plus élevé entraîne une diminution du prix de ce bien. En définitive, on aboutit à une égalité des
prix de ce bien dans les deux pays.

Selon la loi du prix unique :


𝑡
𝑝𝑖,𝐿
𝑡
𝑝𝑖,𝐿 = 𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 × 𝑡
𝑝𝑖,𝐸 ⇒ 𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 = 𝑡
𝑝𝑖,𝐸

Avec :
𝑡
𝑝𝑖,𝐿 : le prix d’un bien i dans le pays local à la date t

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𝑡
𝑝𝑖,𝐸 : le prix du même bien i dans le pays étranger à la date t

𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 : le taux de change à l’incertain au comptant à la date t

La loi du prix unique apparaît limitée car elle s’applique à des biens individuels et conduit donc à
calculer un taux de change pour chaque bien.

b) La PPA absolue :
Si on fait l’hypothèse que chaque pays consomme le même panier de biens plutôt que le même bien,
nous parlons de PPA absolue. Cette théorie s’applique aux niveaux de prix d’un panier de biens
représentatif de la consommation de deux pays et indique qu’une unité de monnaie donnée a le même
pouvoir d’achat dans chaque pays. L’idée de base est que la valeur d’une monnaie est déterminée par
la quantité de biens qu’elle permet d’acheter dans son pays local par rapport à ce qu’elle permet
d’acheter à l’étranger, c’est-à-dire par son pouvoir d’achat relatif.

La PPA absolue implique qu’une unité de monnaie locale doit avoir le même pouvoir d’achat dans le
pays domestique et dans le pays étranger compte tenu du cours de change qui prévaut entre les deux
pays.

c) La PPA relative :
La PPA relative transforme la PPA absolue d’un énoncé sur les niveaux de prix et de taux de change à
un énoncé sur les changements dans les prix et les taux de change. Cette version de la PPA est
importante car elle peut être vérifiée même lorsque la PPA absolue ne l’est pas. En effet, si des
facteurs causant des déviations de la PPA absolue sont stables dans le temps, les changements dans les
niveaux relatifs des prix égaliseront les changements dans les taux de change.

Selon la PPA relative, les différences dans les taux de variation des prix, c’est-à-dire des taux
d’inflation différents, doivent finalement induire des variations compensatoires des taux de change
pour maintenir l’égalité des prix. La variation du taux de change d’une date à une autre doit refléter le
différentiel d’inflation entre les deux pays. La monnaie du pays qui connaît la plus forte inflation va se
déprécier et la monnaie du pays qui connaît la plus faible inflation va s’apprécier.

3. Formalisation
𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 : Taux de change à l’incertain au comptant à la date t qui exprime le prix d’une unité de monnaie
étrangère en termes de monnaie locale.
𝑡
𝑝𝑖,𝐿 : Niveau du prix local d’un panier de biens à la date t.

𝑡
𝑝𝑖,𝐸 : Niveau du prix à l’étranger d’un panier de biens à la date t.

𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 : Taux de variation du niveau des prix locaux, de t à t+1, anticipé à la date t.

𝐼𝐸𝑡,𝑡+1 : Taux de variation du niveau des prix étrangers, de t à t+1, anticipé à la date t.

Les niveaux des prix anticipés pour t+1 sont :

𝑡+1
𝑝𝑖,𝐿 𝑡
= 𝑝𝑖,𝐿 (1 + 𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 )

et

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𝑡+1
𝑝𝑖,𝐸 𝑡
= 𝑝𝑖,𝐸 (1 + 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1 )

La PPA absolue exige une égalité des prix des biens dans différents pays, à toute date.

A la date t : égalité des niveaux des prix locaux et étrangers (convertis en monnaie locale) :

𝑝𝐿𝑡
𝑝𝐿𝑡 = 𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 × 𝑝𝐸𝑡 ⇒ 𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 =
𝑝𝐸𝑡

Pour qu’il y ait égalité à la date t+1 :

𝑝𝐿𝑡+1 𝑝𝐿𝑡 (1 + 𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 )


𝑝𝐿𝑡+1 = 𝑆𝐸𝑡+1 𝑡+1
⁄𝐿 × 𝑝𝐸 ⇒ 𝑆𝐸𝑡+1
⁄𝐿 = =
𝑝𝐸𝑡+1 𝑝𝐸𝑡 (1 + 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1 )

(1 + 𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 ) 𝑆𝐸𝑡+1
⁄𝐿 (1 + 𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 )
𝑆𝐸𝑡+1 𝑡
⁄𝐿 = 𝑆𝐸 ⁄𝐿 × ⇒ =
(1 + 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1 ) 𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 (1 + 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1 )

En retranchant 1 de part et d’autre de cette relation, on obtient :

𝑆𝐸𝑡+1
⁄𝐿 (1 + 𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 ) 𝑆𝐸𝑡+1 𝑡
⁄𝐿 − 𝑆𝐸 ⁄𝐿 𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 − 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1
−1= −1⇒ =
𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 (1 + 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1 ) 𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 1 + 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1

Il s’agit de la formulation de PPA relative

1er cas :

On a :

(1 + 𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 )
𝑆𝐸𝑡+1 𝑡
⁄𝐿 𝑜𝑏𝑠𝑒𝑟𝑣é = 𝑆𝐸 ⁄𝐿 ×
(1 + 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1 )

𝑆𝐸𝑡+1
⁄𝐿 observé est un taux d’équilibre.

2ème cas :

Si on a :

(1 + 𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 )
𝑆𝐸𝑡+1 𝑡
⁄𝐿 𝑜𝑏𝑠𝑒𝑟𝑣é < 𝑆𝐸 ⁄𝐿 ×
(1 + 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1 )

Il y a un déséquilibre à t+1

Dans ce cas, la monnaie locale est surévaluée et la monnaie étrangère est sous-évaluée. Le retour à
l’équilibre se fait par un arbitrage sur le marché des biens par le biais d’importations. Les arbitragistes
vont se procurer des biens à l’étranger dans le but de les revendre dans le pays local (car le bien est
moins cher à l’étranger). Comme les achats à l’étranger doivent être payés en monnaie étrangère, donc
la demande de cette monnaie va augmenter. Il y aura alors une appréciation de la monnaie étrangère
par rapport à la monnaie locale (𝑆𝐸𝑡+1⁄𝐿 augmente). D’autre part, la baisse de la demande de biens locaux
fera chuter l’inflation locale, tandis que la demande supplémentaire de biens étrangers devrait induire
une hausse du taux d’inflation étranger.

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3ème cas :

Si on a :

(1 + 𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 )
𝑆𝐸𝑡+1 𝑡
⁄𝐿 𝑜𝑏𝑠𝑒𝑟𝑣é > 𝑆𝐸 ⁄𝐿 ×
(1 + 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1 )

Il y a un déséquilibre à t+1

Dans ce cas, la monnaie étrangère est surévaluée par rapport à la monnaie locale. Le retour à
l’équilibre se fait par un arbitrage sur le marché des biens par le biais d’exportations. Les arbitragistes
vont acheter des biens localement dans le but de les revendre à l’étranger, d’où la demande de
monnaie locale augmente (l’offre de monnaie étrangère augmente). Il y aura donc une appréciation de
la monnaie locale par rapport à la monnaie étrangère (𝑆𝐸𝑡+1 ⁄𝐿 diminue). D’autre part, la hausse de la
demande de biens locaux va induire une hausse de l’inflation locale tandis que la baisse de la demande
des biens étrangers va entraîner une baisse de l’inflation étrangère.

II. La parité des taux d’intérêt (PTI)


La PTI formalisé par J.M. Keynes en 1930 suppose la vérification de l’hypothèse H1 : les marchés
financiers sont parfaits.

1. Formalisation
La théorie de la PTI stipule qu’à l’équilibre, la valeur à la date t+1 de A unités de monnaie locale
placées au taux d’intérêt 𝑟𝐿𝑡 de t à t+1 est égale à la valeur à t+1 de A unités de monnaie locale
converties au comptant en monnaie étrangère, placées au taux d’intérêt 𝑟𝐸𝑡 de t à t+1 et converties sur
le marché à terme en monnaie locale au taux 𝐹 𝑡 pour le terme de 1 an. Le recours au marché à terme
s’explique par le fait que l’opérateur, en plaçant sur le marché monétaire étranger, s’expose à un risque
de change. Pour éviter ce risque, il doit se couvrir en vendant à terme dès maintenant (c’est-à-dire à t)
la somme en devises étrangères qu’il recevra à t+1.

L’opérateur doit être indifférent entre un placement local et un placement à l’étranger. Cette situation
d’équilibre peut être formalisée comme suit :

1
𝐴 × (1 + 𝑟𝐿𝑡 ) = (𝐴 × )× (1 + 𝑟𝐸𝑡 ) × 𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿
𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿

Avec :

A : nombre d’unités de monnaie locale

𝑟𝐿𝑡 : taux d’intérêt annuel à la date t sur le marché monétaire local pour un terme de 1 an

𝑟𝐸𝑡 : taux d’intérêt annuel à la date t sur le marché monétaire étranger pour un terme de 1 an

𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 : taux de change au comptant à l’incertain à la date t

𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 : taux de change à terme à l’incertain à la date t, pour le terme de 1 an.

En simplifiant par A et en réorganisant, on obtient :

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(1 + 𝑟𝐿𝑡 )
𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 = 𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿
(1 + 𝑟𝐸𝑡 )

Si on a :

(1 + 𝑟𝐿𝑡 )
𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 𝑜𝑏𝑠𝑒𝑟𝑣é = 𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿
(1 + 𝑟𝐸𝑡 )

Alors 𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 est un taux d’équilibre

Si on a :

(1 + 𝑟𝐿𝑡 )
𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 𝑜𝑏𝑠𝑒𝑟𝑣é > 𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿
(1 + 𝑟𝐸𝑡 )

Il y a déséquilibre à t

Sur le marché à terme, la monnaie étrangère est surévaluée par rapport à la monnaie locale.

Si on a

(1 + 𝑟𝐿𝑡 )
𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 𝑜𝑏𝑠𝑒𝑟𝑣é < 𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿
(1 + 𝑟𝐸𝑡 )

Il y a déséquilibre à t

Sur le marché à terme, la monnaie étrangère est sous-évaluée par rapport à la monnaie locale.

L’équation précédente peut également s’écrire sous la forme suivante :

𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 (1 + 𝑟𝐿𝑡 )
=
𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 (1 + 𝑟𝐸𝑡 )

En retranchant 1 de part et d’autre, on obtient :

𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 − 𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 (𝑟𝐿𝑡 − 𝑟𝐸𝑡 )


= ⇒ 𝑓𝑜𝑟𝑚𝑢𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑃𝑇𝐼
𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 (1 + 𝑟𝐸𝑡 )

Exemple : Si le taux de change au comptant de l’euro aux Etats-Unis est : EUR / USD = 0,9250 et les
taux d’intérêt annuels sont de 5% aux USA et 4% dans la zone Euro, quel sera le taux de change à
terme à 1 an, selon la PTI ?

Selon la PTI
𝑡 )
(1 + 𝑟𝑈𝑆𝐷 (1 + 0,05)
𝑡 𝑡
𝐹𝐸𝑈𝑅 ⁄𝑈𝑆𝐷 = 𝑆𝐸𝑈𝑅 ⁄𝑈𝑆𝐷 𝑡 ) = 0,9250 × = 0,9339
(1 + 𝑟𝐸𝑈𝑅 (1 + 0,04)

Le taux de change à terme est supérieur au taux de change au comptant. L’EUR est en report à 1 an
par rapport au USD. Donc le USD est en déport à 1 an par rapport à l’EUR. Selon la PTI, le report de

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l’EUR est expliqué par le fait que le taux d’intérêt dans la zone Euro est inférieur au taux d’intérêt aux
USA.

Le taux d’intérêt dans la zone euro est inférieur au taux d’intérêt aux Etats-Unis : un opérateur
détenant des USD bénéfice d’une moindre rémunération en investissant ses fonds par exemple à Paris,
mais en se couvrant à terme, il vend à terme des EUR à un prix supérieur au cours au comptant, ce qui
compense la perte en intérêts subie en plaçant à Paris.

Ainsi, lorsque la PTI est vérifiée. Ce que l’opérateur perd en intérêts, il le gagne en change.
Inversement, ce qu’il gagne en intérêts, il le perd en change.

III. La parité des taux à terme (PTT)


Deux hypothèses sont nécessaires pour établir la théorie de la parité du taux à terme et du taux au
comptant futur :

H1 : les marchés financiers sont parfaits

H4 : le futur est connu avec certitude et les cours sur le marché des changes reflètent toute
l’information disponible (marché des changes efficient).

Cette théorie établit que le cours de change à terme est le meilleur estimateur du cours de change au
comptant futur.

1. Formalisation
𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 = 𝑆𝐸𝑡+1
⁄𝐿 formulation de la PTT

Avec :

𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 : le taux de change à terme observé à t, pour le terme t+1

𝑆𝐸𝑡+1
⁄𝐿 : le taux de change au comptant futur, à t+1, anticipé avec certitude à t.

1er cas :

Si 𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 observé à t = 𝑆𝐸𝑡+1


⁄𝐿 anticipé à t, il y a équilibre selon la PTT

2ème cas :

Si 𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 observé à t > 𝑆𝐸𝑡+1


⁄𝐿 la monnaie étrangère est surévaluée à terme par rapport à la monnaie
locale.

Les arbitragistes vont vendre à terme la monnaie étrangère et à l’échéance ils vont acheter la monnaie
étrangère contre la monnaie locale au taux de change au comptant futur observé. Si ces opérations
d’arbitrage se multiplient, il y aura une baisse du taux de change à terme jusqu’à ce qu’il atteigne le
taux au comptant futur prévu.

3ème cas :

Si 𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 observé à t < 𝑆𝐸𝑡+1


⁄𝐿 la monnaie étrangère est sous-évaluée à terme par rapport à la monnaie
locale.

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Les arbitragistes vont acheter à terme la monnaie étrangère et à l’échéance ils vont vendre la monnaie
étrangère contre la monnaie locale au taux de change au comptant futur observé. Si ces opérations
d’arbitrage se multiplient, il y aura une hausse du taux de change à terme jusqu’à ce qu’il atteigne le
taux au comptant futur prévu.

Exemple :

Taux de change au comptant futur dans 3 mois : USD/CAD = 1,49

Taux de change à terme (à 3 mois) : USD/CAD = 1,52


𝑡 𝑡+3 𝑚𝑜𝑖𝑠
𝐹𝑈𝑆𝐷 ⁄𝐶𝐴𝐷 à 3 mois observé > 𝑆𝑈𝑆𝐷 ⁄𝐶𝐴𝐷 anticipé ; selon la PTT, le USD est surévalué par rapport au
CAD pour le terme de 3 mois.

L’arbitrage consiste à vendre à terme (à 3 mois) des USD contre des CAD et à acheter à l’échéance,
des USD contre des CAD au taux de change au comptant.

Pour un arbitragiste qui détient 1 USD, la somme en USD obtenue dans 3 mois s’élève à :

1,52
1 𝑈𝑆𝐷 → 1,52 𝐶𝐴𝐷 → 𝑈𝑆𝐷 = 1,02 𝑈𝑆𝐷
1,49

Le rendement de cette opération d’arbitrage est de :


1,52
( )−1
1,49
= 2,01%
1

En n’immobilisant ses fonds que le jour de l’échéance.


𝑡
Si ces opérations d’arbitrage se multiplient, les ventes massives de USD au taux 𝐹𝑈𝑆𝐷 ⁄𝐶𝐴𝐷 vont faire
𝑡+3 𝑚𝑜𝑖𝑠
baisser ce taux jusqu’à le ramener au niveau d’équilibre, soit 𝑆𝑈𝑆𝐷 ⁄𝐶𝐴𝐷 anticipé.

IV. La relation de Fisher (RF) et la relation de Fisher internationale

La relation de Fisher (1930) établit le lien entre le taux d’intérêt nominal et le taux d’inflation anticipé.
Cette relation a été étendue au niveau international pour prévoir le taux de change au coptant futur.

Les relations de Fisher nécessitent la vérification des hypothèses H1, H2, H3 et H4.

1. La relation de Fisher (RF)


La RF stipule que le taux d’intérêt nominal dans chaque pays doit être égal au taux d’intérêt réel
augmenté du taux d’inflation futur anticipé.

𝑟 𝑡 ≅ 𝑅𝑡 + 𝐼𝑡,𝑡+1 version approximative de la RF

Avec :

𝑟 𝑡 : taux d’intérêt nominal observé à t pour un terme de t+1

𝑅𝑡 : taux d’intérêt réel à t pour un terme de t+1

𝐼𝑡,𝑡+1 : taux d’inflation entre t et t+1, anticipé à t

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Cette relation exacte est souvent approximée par :

𝑟𝐿𝑡 − 𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 ≅ 𝑟𝐸𝑡 − 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1

⇒ 𝑟𝐿𝑡 − 𝑟𝐸𝑡 ≅ 𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 − 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1 version approximative de la RF généralisée

Selon la version approximative de la RF généralisée, le différentiel de taux d’intérêt nominal devrait


être égal à la différence des taux d’inflation anticipés entre les deux pays. Exemple : si le taux d’intérêt
nominal aux USA est de 5% et il est de 3% au Canada ; selon la RF généralisée, ceci s’explique par
une inflation anticipée plus élevée aux USA qu’au Canada ; l’écart étant de 2%.

Selon la RF, le pays ayant le taux d’inflation le plus fort devrait enregistrer le taux d’intérêt nominal le
plus élevé, et inversement.

Deus cas sont possibles :

- Si le différentiel d’intérêt est inférieur au différentiel d’inflation, le taux d’intérêt réel du pays
étranger est supérieur à celui du pays local. L’arbitrage se fait par une fuite de capitaux locaux
vers le pays étranger.
- Si le différentiel d’intérêt est supérieur au différentiel d’inflation, l’arbitrage se fait par une
entrée de capitaux étrangers vers le pays local.
Cette RF a été étendue au niveau international pour anticiper le taux de change au comptant futur.

2. La Relation de Fisher Internationale (RFI)


Le RFI établit que le différentiel des taux d’intérêt nominaux entre deux pays devrait refléter le taux
d’appréciation ou de dépréciation anticipé de la monnaie étrangère par rapport à la monnaie locale.

La RFI peut être formalisée de la façon suivante :

𝑆𝐸𝑡+1 𝑡
⁄𝐿 −𝑆𝐸⁄𝐿
≅ 𝑟𝐿𝑡 − 𝑟𝐸𝑡 version approximative de la RFI
𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿

Exemple : Si le différentiel de taux d’intérêt nominaux entre les Etats-Unis et la Suisse est de 2%, on
devrait s’attendre à une dépréciation du USD par rapport au CHF d’environ 2% selon la RFI
approximative.

Si la RFI n’est pas respectée, il y aura des possibilités d’arbitrage :

- Si le différentiel d’intérêt est inférieur au différentiel de taux de change, l’arbitrage se fait par
une fuite de capitaux locaux vers l’étranger.
- Si le différentiel d’intérêt est supérieur au différentiel de taux de change, l’arbitrage se fait par
une entrée de capitaux étrangers dans le pays local.

Conclusion :

Si l’on accepte ces relations, il en résulte que le taux de change au comptant futur, 𝑆𝐸𝑡+1
⁄𝐿 , peut être
anticipé à la date t :

- Soit par le différentiel des taux d’inflation anticipés à t (PPA)


- Soit par le taux de change à terme connu en t (PTT)
- Soit par le différentiel de taux d’intérêt connu en t (RF)

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Exercices

Exercice 1 :

Le taux de change au comptant S = 1, CHF / 1 EUR.

Les taux d’intérêt à 3 mois sont :

 𝑟 𝐶𝐻𝐹 = 5%
 𝑟 𝐸𝑈𝑅 = 3%
Quel doit être le taux de change à terme à 3 mois ?

Solution

D’après la PTI, on a :

𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 (1 + 𝑟𝐿𝑡 )
=
𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 (1 + 𝑟𝐸𝑡 )

(1 + 𝑟𝐿𝑡 )
𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 = 𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿
(1 + 𝑟𝐸𝑡 )

𝑡
(1 + 0,05(90⁄360))
𝐹𝐸𝑈𝑅 ⁄𝐶𝐻𝐹 = 1,6 = 1,6079 𝐶𝐻𝐹 ⁄1 𝐸𝑈𝑅
(1 + 0,03(90⁄360))

Exercice 2

On a le taux spot à la date 0 : 𝑆0 = 1,6 𝐶𝐻𝐹 ⁄1 𝐸𝑈𝑅, les taux d’inflation : 𝐼𝐸𝑈𝑅 = 5%, 𝐼𝐶𝐻𝐹 = 3%

Quelle est la valeur anticipée de 𝑆1 .

Solution :

D’après la PPA, on a :

(1 + 𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 )
𝑆𝐸𝑡+1 𝑡
⁄𝐿 = 𝑆𝐸 ⁄𝐿 ×
(1 + 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1 )

(1 + 0,03) (1 + 0,03)
𝑆1 = 𝑆0 × = 1,6 × = 1,5696 𝐶𝐻𝐹 ⁄1 𝐸𝑈𝑅
(1 + 0,05) (1 + 0,05)

Exercice 3

Les pays A et B sont des grands pays et ont des marchés monétaires et des capitaux efficients ; leurs
monnaies sont respectivement nommés A et B. les conditions de parité internationales sont respectées
et sont censées rester à l’équilibre.

Les taux de change au comptant, les taux d’inflation anticipés et les taux d’intérêt sont donnés dans le
tableau suivant :

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Pays A Pays B
Taux de change au comptant B / A 8,0000 A / B 0,1250
Taux d’inflation anticipée 5% 11%
Taux d’intérêt à 12 mois 10% ?

Quel est le taux d’intérêt à 12 mois dans le pays B ?

Donnez les taux de change à terme à 12 mois dans les deux pays.

Solution

a) D’après la relation de Fisher, on a :


𝑟𝐿𝑡 − 𝑟𝐸𝑡 ≅ 𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 − 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1

𝑟𝐵𝑡 − 𝑟𝐴𝑡 = 𝐼𝐵𝑡,𝑡+1 − 𝐼𝐴𝑡,𝑡+1

𝑟𝐵𝑡 = 𝑟𝐴𝑡 + (𝐼𝐵𝑡,𝑡+1 − 𝐼𝐴𝑡,𝑡+1 )

𝑟𝐵𝑡 = 0,10 + (0,11 − 0,05) = 16%

b) D’après la parité des taux d’intérêt, si la monnaie B est la monnaie directrice :


𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 − 𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 (𝑟𝐿𝑡 − 𝑟𝐸𝑡 )
=
𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 (1 + 𝑟𝐸𝑡 )
𝐹𝐵𝑡 ⁄𝐴 − 𝑆𝐵𝑡 ⁄𝐴 (𝑟𝐴𝑡 − 𝑟𝐵𝑡 )
=
𝑆𝐵𝑡 ⁄𝐴 (1 + 𝑟𝐵𝑡 )
(𝑟𝐴𝑡 − 𝑟𝐵𝑡 )
𝐹𝐵𝑡 ⁄𝐴 = 𝑆𝐵𝑡 ⁄𝐴 + 𝑆𝐵𝑡 ⁄𝐴
(1 + 𝑟𝐵𝑡 )
(0,10 − 0,16)
𝐹𝐵𝑡 ⁄𝐴 = 8 + 8 = 7,5862
(1 + 0,16)
A terme, la monnaie B se déprécie et la monnaie A s’apprécie.

Exercice 4

Le prix d’un hamburger chez MacDonald est égal à 2 euros en France et à 2 dollars aux Etats-Unis.
a) En se fondant sur la parité des pouvoirs d’achat, quel devrait être le cours du dollar ?
b) Si l’on estime que le prix d’un hamburger devrait dans un an être égal à 2,2 euros en
France et 2,5 dollars aux Etats-Unis, quel devrait être le cours à terme d’un an du dollar ?
c) Si par ailleurs le taux d’intérêt annuel en Europe est égal à 10%, quel devrait être le taux
d’intérêt annuel aux Etats-Unis ?
Solution

a) Le cours du dollar US devrait être égal à 1 USD / 1 EUR.


b) Le cours du dollar US à terme 1 an devrait être égal à 2,5/2,2 USD / 1 EUR, soit 1,1363
USD / 1 EUR.
c) D’après la parité des taux d’intérêt :

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(1 + 𝑟𝐿𝑡 )
𝐹𝐸𝑡 ⁄𝐿 = 𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿
(1 + 𝑟𝐸𝑡 )
𝑡 )
(1 + 𝑟𝑈𝑆𝐷
𝑡 𝑡
𝐹𝐸𝑈𝑅 ⁄𝑈𝑆𝐷 = 𝑆𝐸𝑈𝑅 ⁄𝑈𝑆𝐷 𝑡 )
(1 + 𝑟𝐸𝑈𝑅
𝑡
𝐹𝐸𝑈𝑅 ⁄𝑈𝑆𝐷 𝑡 ) 𝑡
𝑡
(1 + 𝑟𝐸𝑈𝑅 − 1 = 𝑟𝑈𝑆𝐷
𝑆𝐸𝑈𝑅 ⁄𝑈𝑆𝐷

𝑡
1,1363
𝑟𝑈𝑆𝐷 = (1 + 0,10) − 1
1
𝑡
𝑟𝑈𝑆𝐷 = 25%

Exercice 5

Le 1er janvier, les indices de prix sont respectivement égaux en Europe et au Japon à 110 et 120, le
cours du yen est égal à 100 JPY / 1 EUR. SI, le 31 décembre, les indices des prix sont respectivement
égaux à 115 et 130, quel devrait être le cours du yen contre l’euro ?

Solution

D’après la parité du pouvoir d’achat, on a :

𝑆𝐸𝑡+1 𝑡
⁄𝐿 − 𝑆𝐸 ⁄𝐿 𝐼𝐿𝑡,𝑡+1 − 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1
=
𝑆𝐸𝑡 ⁄𝐿 1 + 𝐼𝐸𝑡,𝑡+1

𝑡+1 𝑡 𝑡,𝑡+1 𝑡,𝑡+1


𝑆𝐸𝑈𝑅 ⁄𝐽𝑃𝑌 − 𝑆𝐸𝑈𝑅 ⁄𝐽𝑃𝑌 𝐼𝐽𝑃𝑌 − 𝐼𝐸𝑈𝑅
𝑡 = 𝑡,𝑡+1
𝑆𝐸𝑈𝑅 ⁄𝐽𝑃𝑌 1 + 𝐼𝐸𝑈𝑅

𝑡,𝑡+1 𝑡,𝑡+1
𝑡+1 𝑡
𝐼𝐽𝑃𝑌 − 𝐼𝐸𝑈𝑅 𝑡
𝑆𝐸𝑈𝑅 ⁄𝐽𝑃𝑌 = 𝑆𝐸𝑈𝑅 ⁄𝐽𝑃𝑌 ( 𝑡,𝑡+1
) + 𝑆𝐸𝑈𝑅 ⁄𝐽𝑃𝑌
1 + 𝐼𝐸𝑈𝑅

𝑡,𝑡+1 130 − 120


𝐼𝐽𝑃𝑌 = = 0,0833
120

𝑡,𝑡+1 115 − 110


𝐼𝐸𝑈𝑅 = = 0,0455
110

𝑡+1 0,0833 − 0,0455


𝑆𝐸𝑈𝑅 ⁄𝐽𝑃𝑌 = 100 ( ) + 100 = 103,61 𝐽𝑃𝑌⁄1 𝐸𝑈𝑅
1 + 0,0455

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