Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Je dédie ce travail
A ma mère Wahida,
A qui je dois tous mes succès et toutes mes réussites. Aucune dédicace
compenser pour les efforts inestimables, fournis jour et nuit pour mon
A ma femme Marwa
Qui a toujours été à mes côtés dans les moments difficiles et qui m’a
toujours appuyé et réconforté. Elle n’a jamais dit non à mes exigences
mon travail
la vivacité.
Et à tous ceux qui ont cru en moi et qui me donnent envie d’aller de
SOMMAIRE
INTRODUCTION
2
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
I. INTRODUCTION
Le secteur immobilier est considéré comme un secteur central pour toute économie.
Ce secteur représente la pierre angulaire de l’analyse économique vu le nombre
d’emplois (directs et indirects) qu’il absorbe et l’importance de la valeur ajoutée qu’il
génère.
Le métier du promoteur immobilier peut créer certaines confusions1. Le promoteur
immobilier conçoit et finance les projets immobiliers. Il dirige également leur
construction en tant que commanditaire, ce qui fait de lui un maître d’ouvrage. Le
but final de toute l’opération est de revendre les logements ou les bureaux ainsi
construits, avec une plus-value2.
Le promoteur immobilier investit dans des terrains avant d’assigner aux entreprises
de BTP la mise en œuvre du projet qu’il a imaginé. Il doit tout d’abord analyser les
facteurs susceptibles de rendre le projet réalisable et plus rentable. Il peut également
se charger des financements nécessaires pour le projet, tels que les emprunts
bancaires, les levées de fonds… Il est également amené à trouver le bon terrain pour
la construction du bien à vendre.
1
Le blog de l’immobilier « quel est le métier d’un promoteur immobilier », Site internet :
https://leblogimmobilier.org/2019/01/21/quel-est-le-metier-dun-promoteur-immobilier/, consultation le
04/02/2021.
2
Je vend mon terrain « Différence entre agent et promoteur immobilier », Site internet :
https://jevendsmonterrain.com/conseils-immo/difference-agent-et-promoteur-immobilier, consultation le
05/02/2021.
3
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
En effet, le SCE a prévu deux normes pour la comptabilisation des revenus, à savoir
la norme comptable NCT 9 « Contrats de construction » et la norme comptable
NCT.3 « Revenus ».
Les prestations de service qui ne sont pas directement liées aux contrats de
constructions sont traitées selon la norme comptable NCT 3 « Revenus ». Toutefois,
les contrats de prestations de services qui sont directement liées aux contrats de
constructions sont traités en conformité avec les dispositions relatives à la norme
comptable NCT 9 « aux contrats de constructions ».
La norme comptable NCT 9 et l’IAS 11, traite la comptabilisation dans les états
financiers des entrepreneurs inhérents aux contrats de construction sans tenir compte
du maître d’ouvrage.
3
Nadhir Ben Ammar, dans EcoMag sur la situation du secteur immobilier en Tunisie et ses perspectives
4
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
2008 a clarifié leur position afin de résoudre les problèmes de comptabilisation des
produits et des charges correspondantes.
4
Deloitte Canda « Une vision claire des IFRS : Perspectives sectorielles sur IFRS 15 », 2016, page 3.
5
BDO « Options de transition vers la nouvelle norme revenu » , septembre 2016 , page 4.
5
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
La problématique ainsi présentée nous incite à apporter des éléments de réponse aux
questions suivantes :
6
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
A cet effet, ce mémoire permettra d’étudier d’une manière approfondie les règles
comptables et fiscales et de proposer une méthodologie afin de déterminer la
performance des sociétés de promotion immobilière.
7
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
PREMIERE PARTIE
8
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Les produits des activités ordinaires sont traités en Tunisie par deux normes à savoir
la norme NCT 03 « Les revenus » et la norme NCT 11 « les contrats de construction ».
Sur le plan international, on trouve aussi deux normes qui ont traité les produits des
activités ordinaires dont le système comptable tunisien s’est largement inspiré à
savoir IAS 18 « Revenus » et IAS 09 « Contrats de construction ».
Les revenus sont les produits provenant des activités ordinaires dans le cadre de
l’exploitation centrale ou principale de l’entreprise.
La norme comptable tunisienne relative aux revenus (NCT 03) est comparable à celle
de l’IASC (IAS 18) tant au niveau de l’évaluation des revenus que de la
comptabilisation des ventes de biens, de prestation de services, et des intérêts,
redevances et dividendes.
Toutefois la technique de comptabilisation des incertitudes relatives à la
recouvrabilité des revenus diffère. En effet le référentiel comptable tunisien prévoit la
constatation d’une provision pour dépréciation, alors que l’IAS 18 prévoit la
constatation d’une charge sans préciser la technique utilisée. 6
La NCT 09 et l’IAS 11 relatives aux contrats de construction sont comparables.
Toutefois il existe certaines différences notamment au niveau :
de la constatation des irrécouvrabilités d’un produit déjà constaté
de la constatation des pertes futures
des informations à fournir
En plus, l’IAS 11 fournit une liste d’éléments exclus du coût qui n’a pas été prévue
par la NCT 09 et traite aussi le cas des coûts engagés se rapportant à une activité
future7.
Dans ce mémoire, nous n’allons pas nous attarder sur l’étude des normes
internationales IAS 18 « Produits des activités ordinaires » et IAS 11 « Contrats de
6
Procompta, Omar Abid, Comparaison des normes comptables tunisiennes avec les normes internationales
7
Procompta, contrat de construction page 1
9
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
construction » qui ont déjà été remplacées par IFRS 15 « Produits des activités
ordinaires tirés des contrats conclus avec des clients » depuis le 1er janvier 2018 mais
nous allons plutôt nous focaliser sur les normes comptables tunisiennes – les sociétés
tunisiennes étant concernées actuellement par le passage aux normes IFRS –. La
migration de la Tunisie vers les normes comptables internationales (IFRS), devra
avoir lieu progressivement à partir de 2021.
En effet, l’objectif annoncé par la banque centrale de Tunisie (B.C.T) est que les
Entités à Intérêt Public (EIP) comprenant les sociétés cotées à la Bourse de Tunis, les
établissements financiers ainsi que les sociétés d'assurance et de réassurance sont
appelées à établir leurs états financiers consolidés selon les normes IFRS à partir du
1er janvier 2021. Et c’est dans ce cadre que la BCT vient de publier la circulaire 2020-
01 relative aux mesures préalables pour l’adoption des normes internationales
d’information financière (IFRS).
Un pays comme la Tunisie dont l'économie est ouverte sur l'économie internationale
et qui veut attirer les investisseurs internationaux (bailleurs de fonds, investisseurs
institutionnels, fonds d'investissement, etc.) et dynamiser la bourse (dont le poids des
investisseurs étrangers reste faible) ne peut pas rester isolé par rapport au
mouvement de convergence international aux normes IFRS. La migration vers les
normes IFRS constitue donc un plan pour la relance de l'économie et l'une des
réformes importantes pour attirer les investisseurs étrangers.
10
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
8
Norme Comptable Tunisienne NCT 3. 1
11
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Vente de biens :
Les revenus doivent être évalués à la juste valeur de la contrepartie reçue ou à
recevoir. Il s’agit donc du montant de trésorerie reçu ou d’équivalent de trésorerie
reçu ou à recevoir diminué de toute remise commerciale, rabais ou escompte (NCT 3-
6).
Afin de pouvoir comptabiliser une vente de bien, il est nécessaire que les quatre
critères ci-dessous soient satisfaits :
1. Transfert à l'acheteur des principaux risques et avantages inhérents à la
propriété (par l’entrepreneur).
- Généralement, les risques et avantages importants sont transférés à la date de
transfert de propriété ou lors de l‘entrée en possession du bien par l’acheteur
(la livraison). Toutefois, dans certains cas, ces dates sont différentes et il est
nécessaire d’analyser avec attention les conditions générales de vente et les
clauses particulières de vente (NCT 3.12).
Application des critères de comptabilisation des produits résultant de la vente des biens :
Une société vend des photocopieurs, la vente étant assortie d’un contrat de garantie
d’un an. Les critères ci-après permettent-ils de comptabiliser le produit ?9
- Le produit de la vente est encaissé par l’entreprise : critère de probabilité que
les avantages économiques iront à l’entreprise ;
- Le prix de vente est indiqué sur la facture, le montant du revenu peut être
donc évalué de manière fiable : critère du revenu mesuré d’une manière fiable;
9
Francis Lefebvre, Momento Expert : IFRS 2017 – Produits des activités ordinaires (IAS 18).
12
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
- Le transfert des risques et avantages a lieu lors de la livraison. C’est à cette date
que le client bénéficie des avantages de l’utilisation des photocopieurs et supporte les
risques en cas de dysfonctionnement, à l’exception toutefois des risques couverts
par le contrat de garantie : critère de transfert à l’acheteur des risques et
avantages importants inhérents à la propriété des biens ;
- La société n’a plus le contrôle sur les photocopieurs une fois que ces derniers
ont été livrés. Critère d’arrêt de l’implication du vendeur dans la gestion ou le
contrôle effectif des biens cédés ;
- La société est capable avec une certaine fiabilité (grâce à un historique)
d’évaluer les coûts du service après vente générés par le contrat de garantie :
critère d’évaluation fiables des coûts encourus ou à encourir concernant la
transaction.
- Les quatre critères définis par la norme NCT 3 étant satisfait, le revenu de la
vente de photocopieurs peut être comptabilisé.
13
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
d’avancement peut être mesuré de façon fiable à l’aide de diverses méthodes. Ces
méthodes peuvent inclure :
- L’examen des travaux effectués ;
- Les services rendus à la date considérée exprimés en pourcentage du total des
services à exécuter ;
- La proportion des coûts encourus à la date considérée par rapport au total des
coûts estimés de la transaction.
La norme comptable NCT 9, traite la comptabilisation dans les états financiers des
entrepreneurs des contrats de construction et n’inclut pas le maître d’ouvrage.
Les prestations de service qui ne sont pas directement liées aux contrats de constructions sont
traitées selon la norme comptable NCT 3 « Revenus ». Toutefois, les contrats de prestations
de services qui sont directement liés aux contrats de constructions sont traités en conformité
avec les dispositions relatives à la norme comptable NCT 9 « aux contrats de constructions ».
14
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
- Les réclamations ;
Les produits du contrat doivent être évalués à la juste valeur de la contrepartie reçue ou à
recevoir, avec révision des estimations réalisées lorsqu’il existe des incertitudes qui
dépendent des événements futurs, à mesure que ces événements se produisent et que les
incertitudes sont résolues
c. Le montant du produit du contrat peut diminuer par suite des pénalités infligées à
l’entrepreneur en raison des retards dans l’exécution du contrat.
Les coûts relatifs aux contrats de construction comprennent le coût des matières consommées
et une juste part des coûts directs et indirects. Ils sont déterminés conformément aux règles de
détermination des coûts d’acquisition et de production selon la NCT 02 relative aux stocks.
Les coûts d’un contrat comprennent :
15
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Les coûts attribuables à l’activité du contrat et qui peuvent lui être affectés :
Ces coûts incluent les coûts d’assurance, les coûts fixes et les coûts de conception, et
d’assistance technique qui ne sont pas directement attribuables au contrat (ces coûts
seront affectés en utilisant des méthodes systématiques et rationnelles).
Donc les principes de constatation des produits et des charges diffèrent selon que le résultat à
terminaison du contrat peut ou non être estimé de façon fiable.10
Lorsque le résultat d'un contrat de construction peut être estimé de façon fiable, les produits
du contrat et les coûts du contrat associés au contrat de construction doivent être
comptabilisés respectivement en produits et en charges en fonction du degré d'avancement de
l'activité du contrat à la date de clôture.11
Exception : lorsqu’il est probable que le contrat dégagera une perte, celle-ci doit être
immédiatement comptabilisée en charges. (Paragraphe 36).
La méthode de l’avancement est désormais la seule méthode autorisée par NCT 09.
L’objectif de la norme NCT 09 est d’établir une parfaite cohérence entre le travail effectué et
la progression équivalente des coûts qui sont rattachés. Cette cohérence suppose donc une
bonne fiabilité de l’information communiquée par l’entité (bonne visibilité de l’avancement
des travaux, existence d’un bon système de comptabilité analytique).
10
Abderrazak GABSI, cours contrat de construction IHEC, 2016
11
IAS 11 contrat de construction
16
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Dans le cas où la fiabilité de l’information n’est pas sûre, en vertu du principe de prudence
(qui n’a pas encore perdu tous ses droits) il est interdit de reconnaitre aucun profit.
Les coûts sont habituellement constatés en charges dans l’état de résultat des exercices au
cours desquels les travaux auxquels ils se rattachent ont été effectués.
Lorsque des coûts engagés se rapportent à des activités futures liées au contrat, ils sont portés
en actif, à condition qu’il soit probable qu’ils pourront être recouvrés.
Ils représentent un montant dû par le client et sont souvent classés en travaux en cours. Ils
n’entrent pas dans la détermination du degré d’avancement.12
- Le rapport entre les coûts encourus et les coûts estimés (méthode fondée sur les
inputs : ressources consommés, heures de travail effectuées, heures machines
utilisées…) ;
- Un examen des travaux exécutés (sur la base de suivi des travaux d’un expert
indépendant (service technique, architecte par Illustration)) ;
- L’estimation en terme physique d’une partie des travaux (ex : km d’autoroute, étage
d’immeuble,..).
12
Abderrazak GABSI, cours contrat de construction NCT 9 , IHEC, 2016
13
En principe, pour les contrats à long terme dont le résultat à terminaison est estimé comme bénéficiaire,
aucun retraitement comptable n'est à opérer.
Cependant, un récent jugement du tribunal administratif de Montreuil (jugement du 13 avril 2015, n° 1307208)
apporte des précisions sur la pratique de la méthode à l'avancement. Il vient de confirmer le redressement
fiscal d'une entreprise ayant pratiqué la méthode à l'avancement et ayant dans le même temps procédé à une
facturation partielle des heures de travail effectuées.
Les faits : L'affaire concerne une société d'ingénierie et d'études techniques en matière de nucléaire. 2 contrats
à long terme ont été constatés selon la méthode à l'avancement.
Pendant la réalisation du contrat à long terme, la société a facturé son client au cours d'un exercice en fonction
du travail déjà réalisé. A la clôture de cet exercice, en application de la méthode à l'avancement, elle a
constaté un produit constaté d'avance en compte 487 annulant une partie du produit facturé de manière à ne
retenir dans le bénéfice de l'année que les produits correspondants à son calcul de chiffre d'affaires partiel en
fonction de son calcul de pourcentage d'avancement.
Jugement du Tribunal : Au cours d'un contrôle fiscal, l'administration a rejeté cette approche. Le tribunal
administratif de Montreuil lui a donné raison. Selon la législation fiscale, les prestations de services sont à
rattacher à l'exercice au cours duquel elles sont effectivement rendues.
L'administration fiscale et le tribunal ont considéré que les montants facturés au cours de l'exercice par
l'entreprise en fonction des heures de travail réalisées correspondaient à des services rendus. Ils ont ainsi
estimé que ce chiffre d'affaires avait déjà été constaté à l'avancement et devait être par conséquent maintenu
dans le résultat fiscal. Le produit constaté d'avance n'avait donc pas lieu d'être d'un point de vue fiscal.
17
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Illustration :
Une entreprise de travaux publics a conclu un contrat avec un client au forfait qui porte sur la
construction d’un barrage pour un montant de 3 000 000 DT.
Le démarrage du projet a débuté en juillet 2018 et prendra normalement un an. Une pénalité
de retard de 30 000 DT sera infligée à la société pour chaque mois de retard.
Au 31/12/2018, les coûts des travaux engagés s’élèvent à 1760 000 dont 200 000 de matières
premières en stock.
Au cours de 2019, une nouvelle estimation des coûts totaux le ramène à 2 900 000.
Suite à de nombreuses grèves, la société n’a pu achever le projet que fin novembre 2019.
Solution :
1) Au 31/12/2018 :
Au cours de l’exercice les charges de l’ordre de 1 720 000 ont été portées au compte de
résultat, les 200 000 de matières premières en stock seront virés en travaux en cours par le
compte variation de stock.
18
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
En cours d'exercice
60xxx Charges 1 760 000
401xxx Fournisseurs 1 760 000
Fin d'exercice
532000 Banque 1 785 000
419000 Client, avance et ac 1 500 000
436700 TVA collec 285 000
Encaissement du décompte
370000 stock de matières premières 200 000
7xxxxx Variation des stocks 200 000
419000 Client, avance et acompte 1 500 000
704000 Travaux 1 500 000
2) Au 30 /11 /2019 :
Dans la pratique, les décomptes facturés au client ne reflètent pas le degré d’avancement des
travaux. Ceci signifie qu’ils ne constituent pas une référence pour déterminer le CA Partiel.14
Cela revient à dire que la constatation du chiffre d’affaires se fera selon l’avancement
des travaux, mais pas en se fondant sur des acomptes éventuellement versés par le client.
14
Abderrazak GABSI , support pédagogique IHEC « Contrat de construction NCT 09 et IAS 11 ,page 10».
19
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Le CA Partiel est déterminé sur la base d’une comptabilité analytique fiable, le contrôleur de
gestion travaillera en étroite collaboration avec les équipes opérationnelles en charge du
contrat. Il enregistra directement dans les systèmes d’information les éléments nécessaires
pour le calcul du coût.
La détermination des coûts de production peut être complexe à réaliser. Le contrôle de gestion
éventuellement mis en place dans l’entreprise sera très utile pour procéder à l’évaluation des
en-cours.
L’évaluation des en-cours et des stocks de produits est effectuée au coût de production qui
correspond :
iii) Contrat de construction dont le résultat ne peut être estimé de façon fiable
Lorsque le résultat à terminaison ne peut être estimé de façon fiable, aucun profit ne peut être
dégagé, le chiffre d’affaires comptabilisé à la clôture doit être égal au coût des travaux
effectués.
15
Jean Luc Payet, Norme IAS/IFRS-contrat de construction, édition d’organisation ,2016.
20
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Le surplus constitué par la perte totale à terminaison est enregistré en compte « provision pour
pertes sur contrat ».
A noter que la position fiscale est différente de la position comptable, le montant fiscalement
déductible est limité à la perte effectivement réalisée.
Illustration :
Au 31/12/2017, les coûts engagés pour ce contrat s’élèvent à 0.8 millions de dinars.
21
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
La norme ne fournit pas de facteurs stricts mais plutôt des principes généraux, illustrés par
des illustrations. Lorsque le prix de vente d'un bien inclut des prestations au titre des services
futurs (entretien, mise à jour du produit livré, ..), le revenu relatif à ces prestations sera
différé et étalé sur la période au cours de laquelle le service sera exécuté.
Principes de division de contrats énoncés par NCT 3
Traitement de l'opération
Illustration
Illustration:
Un garage vend une voiture au prix de 45.000 DT, le contrat inclut un entretien pendant 2 ans.
Le prix de vente de l’entretien, s’il a été vendu seul, aurait été de 800 par an.
Solution : la voiture et le contrat d’entretien sont des éléments séparables puisque la vente de
la voiture peut être réalisée indépendamment de la vente du service, les conditions de
comptabilisation séparée requises par la norme IAS18.13 sont satisfaites.
Actualisation du prix de l’entretien : 800/1.1+ 800/(1.1)² = 1.388. ce revenu sera étalé sur la
durée du contrat.
Prix de vente de la voiture : 43.622 (45.000-1.388) constaté à la livraison.
Si le contrat relève de la NCT 9, la norme énonce des critères précis de séparabilité qui
prennent en compte les modalités de déroulement de la négociation. Ainsi, un contrat est
relatif à la construction de plusieurs éléments distincts lorsque :
- Des propositions distinctes ont été soumises à chaque actif ;
- Chaque actif a fait l’objet d’une négociation séparée ;
- Les produits et les coûts de chaque actif peuvent être identifiés
22
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Les normes en vigueur NCT 3 et NCT 9 faisaient souvent l’objet de critiques, vu qu’elles
contiennent diverses lacunes réglementaires. Elles étaient fortement inspirées des normes
internationales IAS 18 et IAS 11 qui ont été rédigées sous forme de principes, très généraux
en déconnection avec l’évolution économique des entreprises.
Sur le plan international, l’existence de plusieurs interprétations SIC et IFRC pour combler les
lacunes des normes IAS 11 « contrats de construction » et IAS 18 « produits des activités
ordinaires » ont permis pour les entreprises tunisiennes une marge de manœuvre et
d’appréciation dans la comptabilisation des revenus. Les marges de manœuvre dans le secteur
de grande distribution sont plus importantes que dans le cas des sociétés dans le secteur
industriel par illustration.
Il manque aussi les dispositions nécessaires à la comptabilisation de produits dans les contrats
à éléments multiples, la détermination et la répartition du revenu entre plusieurs prestations,
qui se manifestent abondement sur une échelle multisectorielle.
Ci-après, nous allons présenter les principales limites qui entourent les normes actuelles.
Afin de préciser ce principe, la norme définit pour chaque type de revenu (ventes de biens,
prestations de services, intérêts, redevances et dividendes) une liste de critères qui doivent être
remplis au moment de la reconnaissance du revenu considéré.
Outre les deux critères prévus par le cadre conceptuel, la norme NCT 3 fixe des critères de
reconnaissance du revenu qui dépendent du transfert des risques et avantages associés à la
transaction. En application du principe de rattachement des charges et des produits, la norme
prévoit également que les coûts directement liés à la transaction soient pris en compte, ce qui
nécessite une évaluation fiable lors de la reconnaissance du revenu. Enfin, dans le cas des
ventes de biens, la notion de contrôle effectif sur le bien transféré intervient également
puisque le transfert du contrôle conditionne le transfert des risques et avantages
inhérents à la propriété.
23
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Il est également important de noter que seules les ventes de biens donnent lieu à une
reconnaissance totale du revenu à un moment donné, les revenus des prestations de services
devant être reconnus progressivement en fonction de l’avancement de la prestation. Quant aux
redevances, il est intéressant de constater que la norme ne prévoit pas une reconnaissance «sur
la durée de l’utilisation » mais « au fur et à mesure que les redevances sont acquises », ce qui
implique de déterminer à quel moment les redevances sont « acquises ». Sur ce point, la
norme est particulièrement floue puisqu’elle établit que « les redevances sont acquises selon
les termes de l’accord applicable », « à moins qu’une autre méthode soit plus appropriée », ce
qui laisse une très large place à l’interprétation.
En dépit des règles énoncées par la norme, les critères de reconnaissance restent peu
contraignants et permettent de nombreuses interprétations, notamment en ce qui concerne
l’exécution des obligations prévues au contrat.
Si les critères de reconnaissance fixés par IAS 18 restent généraux et sujets à interprétation,
les critères déterminant les modalités d’évaluation du revenu, particulièrement succincts lors
de la publication initiale de la norme, ont fait l’objet d’un amendement qui les a
considérablement précisés.
IAS 18 rappelle que les revenus doivent être « évalués à leur juste valeur de la contrepartie
reçue ou à recevoir », et précise que les « produits des activités ordinaires » s’entendent
uniquement des « revenus reçus ou à recevoir par l’entité pour son propre compte »,
établissant ainsi que les produits collectés pour le compte de tiers dans le cadre d’un mandat
ne constituent pas un produit pour le mandataire. Le paragraphe définit également que dans le
cadre d’une relation de mandataire, « les produits des activités ordinaires correspondent au
montant des commissions ».
Il est en outre intéressant de noter que jusqu’en 2009, la notion de revenus perçus « pour son
propre compte » n’avait fait l’objet d’aucun Illustration d’application dans l’annexe, laissant
ainsi la place à toutes les interprétations.
24
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
En 2009, l’IASB a finalement apporté des précisions, sans toutefois leur donner un caractère
obligatoire puisque ces précisions ont été incluses dans l’annexe illustrative et non dans le
corps de la norme.
Après avoir défini que le principal est « l’entité qui est exposée aux risques significatifs et qui
bénéficie des principaux avantages liés à la vente du bien ou à la prestation de service », une
liste non exhaustive de quatre critères est proposée pour permettre de confirmer ce statut :
La norme précise, en outre, qu’un indice déterminant pour qualifier un agent est la présence
d’une rémunération prédéterminée en fonction des volumes (prix fixe par unité ou
pourcentage des ventes).
Ces critères, très largement inspirés du référentiel US GAAP n’en présentent toutefois pas le
niveau de précision puisque le référentiel US GAAP définit huit critères au lieu de quatre et
en explicite systématiquement le sens, à l’inverse d’IAS 18 qui se contente de les énumérer.
Il ressort dans ce cas des critères proposés par l’annexe à IAS 18 que le distributeur est, dans
la grande majorité des cas, le principal de l’opération. en effet :
25
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
permissive que les US GAAP et ne permet donc pas de garantir, à priori, la comparabilité des
états financiers des groupes des sociétés.
Le terme de contrats à éléments multiples n’est pas défini d’une manière claire, ni de la part
du normalisateur ni de la part d’une autre instance. Les normes actuelles ont défini un contrat
à éléments multiples comme étant un contrat entre l’entité et un acheteur, dont l’objet peut ne
pas comporter une seule obligation de prestation mais plusieures voire même une série de
prestations.
Déjà, les facteurs d’identification des biens ou services séparables différent selon que le
contrat relève de la norme NCT 9 « contrat de construction » ou NCT3.
La norme NCT 9 énonce des critères spécifiques relatifs à la façon de découper un contrat
alors que les instructions de la norme NCT 3 relatives à la division des contrats restent
générales.
NCT 3 distingue deux types d’éléments identifiables et pour chaque transaction une
comptabilisation spécifique lui est réservée :
- Vente assortie d’une obligation16 : Si après la livraison de l’actif, la société a
l’obligation d’encourir des charges directement liées à cet actif, une provision
correspondant aux charges à encourir doit être comptabilisée. (En cas de décalage
temporel entre la livraison et l’installation, l’entreprise ayant l’obligation
contractuelle de livrer et d’installer le matériel constate une provision pour les coûts
qu’elle n’a pas encore encourus. Sinon dans la majorité des cas où l’installation se fait
en même temps, l’opération est constatée en totalité lors de l’acceptation de la
livraison).
- Prestations de services futurs : le montant relatif à ces prestations doit être étalé sur la
durée de celle-ci.
Les pratiques actuelles ne sont pas homogènes ce qui permet aux entreprises une grande
marge d’interprétations et présentent des difficultés particulières quant à leur
16
On parle de vente assortie d’obligation c-à-d on exclut les opérations simples où la société n’a pas une
obligation contractuelle de terminer l’opération, le cas le plus pertinent est celui où la société est tenue
d’installer le matériel qu’elle a vendu.
26
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
application. IFRS 15 a inclus une guidance précise sur l’identification des éléments
séparables. En effet les enjeux sont importants :
- Avoir une marge distincte au niveau de chaque obligation de prestation ;
- Ensuite, déterminer le fait générateur du chiffre d’affaires pour chaque
obligation de prestation.
Selon les normes actuelles, lorsque les biens et service s’effectuent en parallèle avec la
comptabilisation des produits sur plusieurs périodes comptables, l’inscription au bilan d’une
telle affaire à composantes multiples reste problématique ; plusieurs approches bilancielles
sont en effet possibles comme « le concept de répartition des revenus », le « concept de la
comptabilisation différée des revenus » et « le concept de la délimitation des frais » Dans ce
cas, et à cause des différentes modalités d’évaluation de chaque obligation en tant qu’une
transaction entière, ou bien en tant qu’une transaction commerciale indépendante des autres, il
nous manque les données nécessaires établies par le législateur ou le normalisateur afin de
fixer un bilan comptable uniforme. La norme NCT 3 ne nous fournit que des données
insuffisantes : les conditions pour la comptabilisation de réalisation de produis sont adaptées
« séparément à chacune des transactions commerciales » . Comme déjà décrit, une transaction
commerciale peut contenir dans un contrat à multiples composantes une autre transaction. La
NCT 3 indique dans le contrat de vente d’éléments multiples, les accords concernant les
services futurs à fournir. Dans de tels cas la comptabilisation de réalisation de produits
s’effectue dans la période comptable correspondante à la prestation du service en question.
Les règles de la norme NCT 3 se limitent néanmoins sur ce critère d’identification. Le fait
d’avoir des transactions commerciales dans le cadre d’un contrat à composantes multiples,
dont les parties correspondent à différentes normes qu’on ne peut pas comptabiliser à partir de
la NCT 3 réalisation de produits, reste équivoque.
En premier lieu, on trouve l’obligation de prestation principale, par la suite on trouve une
seule ou bien un certain nombre de sous-prestations. Il existe ainsi une certaine hiérarchie
dans chacune des obligations de prestations. Ces obligations peuvent être aussi intégrées dans
des contrats différents avec les mêmes partenaires contractuels. Un contrat de vente d’un
software (prestation principale) est un bonne Illustration à mentionner dans ce contexte. Cette
prestation principale s’étend sur les sous-prestations suivantes : l’installation du software dans
l’entreprise du client, la formation de l’utilisateur de ce Software et les futures mises à jour du
software en question.
27
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
On peut aussi trouver ces contrats à composantes multiples dans d’autres activités ; à titre
d’illustration dans le secteur de vente des téléphones mobiles lors de la vente d’un téléphone
mobile et la conclusion simultanée d’un contrat de téléphonie mobile, ou bien dans l’industrie
quand la vente des équipements complexe est accouplée par un contrat de maintenance. Ainsi
la distinction par rapport à la norme NCT 9 « contrats de construction » résulte de l’existence
d’une multitude d’obligations de prestation et de la possibilité de régler toutes les obligations
au sein d’une seule période comptable.
Ce qui est déterminant, lors de l’application des normes NCT 9 et NCT 3 sur les contrats de
construction d’un bien immobilier, est de savoir à quel point l’acheteur exerce une influence.
Par conséquence, on peut appliquer le standard NCT 9 quand l’acheteur exerce une influence
notable sur la création de l’immobilier, par illustration quand il peut avoir une influence au
préalable sur la construction des éléments essentiels de l’immobilier ou bien quand le contrat
garantit à l’acheteur la possibilité de faire des modifications lors de la construction, sans
prendre en considération les termes de la jouissance effective de cette possibilité. Si l’acheteur
possède un droit de décision limité concernant le design du bien immobilier par illustration et
que son influence sur la construction est négligeable, on procède à l’application de la Norme
NCT 3, vu qu’il s’agit bel et bien dans ce cas d’une vente de biens.
28
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
L’anticipation des bénéfices dans les exercices précédant la réception se fait sur la base
d’estimation d’où la naissance d’un risque de comptabiliser prématurément des bénéfices sur
des produits bruts, qui plus tard pourront s’avérer fictifs 17.
Les travaux réalisés entre la date de la dernière situation contractuelle et la date de clôture
sont à enregistrer dans la rubrique « Travaux en cours ». Par prudence, les produits non
Ainsi, une mesure de l’avancement basé sur les unités produites ou livrées ne serait pas
représentative de la performance de l’entreprise au cas ou il existerait des travaux en cours
et les stocks de produits finis significatifs entre chaque jalon technique.
17
Le risque peut être limité par :
- Un enregistrement adéquat et ponctuel pour un calcul judicieux du coût de revient
- Si possible décomposer le projet en sous projet individuellement et identifiables
29
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
30
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
31
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Par la suite, un accord de convergence des normes IFRS/US GAAP a été conclu le
2 octobre 2002 (accord de Norwalk) afin de réduire les divergences entre les deux
référentiels. Depuis 2007, les travaux se sont accélérés, mais une première
échéance fixée à 2011 n’a pu être respectée.
En effet, les États-Unis semblent faire marche arrière et sont de plus en plus
réticents à adopter les normes comptables internationales IFRS. Dans une ébauche
de son plan stratégique 2014-2018, la SEC n'évoque plus l'adoption d'un jeu unique
de normes au niveau mondial que comme une lointaine hypothèse alors que c'est
pourtant un des objectifs fixés par le G20 réuni à Saint-Pétersbourg en septembre
201318 .
Néanmoins, en mai 2014, la nouvelle présidente de la SEC, Mary Jo White19,
a rappelé l’importance d’une convergence internationale des normes comptables et
a présenté l’intégration des IFRS dans le référentiel américain comme l’une des
priorités. Cette étape semble conditionnée par la préservation de certains intérêts
des investisseurs et organismes normatifs américains au travers des trois points
importants suivants :
Les deux institutions travaillent donc depuis 2007, à rapprocher leurs standards
sur plusieurs sujets tels que les instruments financiers, les contrats de location, le
18 Solenne Poulennec « Les Etats-Unis prennent encore leurs distances avec les normes IFRS », AGEFI
32
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
chiffre d'affaires et l'assurance, mais faire converger les vues des deux
normalisateurs s'est révélé très compliqué.
Sans évoquer de calendrier précis, la SEC sera ainsi amenée, sous la pression des
organismes comptables et réglementaires internationaux, à statuer sur la poursuite
ou non du rapprochement avec les normes internationales.
Le référentiel IFRS est doté de deux normes générales relatives aux produits, l’IAS
18 et l’IAS 11, ainsi que leurs interprétations connexes (l’IFRIC 13, l’IFRIC 15,
l’IFRIC 18 et la SIC-31).
Pour les ventes de biens, IAS 18 prévoit une comptabilisation du chiffre d’affaires
au transfert des avantages et risques liées à la propriété. Pour les contrats de
construction et les prestations de services, IAS 11 et IAS 18 prévoient une
comptabilisation à l’avancement, généralement en fonction de l’activité productive
du prestataire.
Le guide d’application d’IAS 18, exagérément simplificateur, laisse les entreprises
face à des incertitudes sur les modalités d’application des dispositions principielles
de la norme.
Enfin, ces textes déjà anciens (les versions en vigueur ont été adoptées en 1993) se
révèlent peu précis et très insuffisants sur les modalités de segmentation d’un
contrat à éléments multiples.
En revanche, dans les US GAAP, plus d’une centaine de textes, souvent sectoriels,
détaillent les règles de constatation des produits. Les textes américains servant de
33
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
34
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Atteindre cet objectif à partir d'un cadre comptable national ne paraît pas possible.
Il est, en effet, nécessaire de penser à l’échelle internationale et non pas uniquement
à l’échelle nationale ; ceci conduira à l'établissement d'états financiers fiables et
pertinents dans le respect des normes homogènes dans le cadre d'un véritable
référentiel comptable international. L’objet de cette convergence est de satisfaire les
besoins des investisseurs financiers abstraction faite des contraintes nationales
qu’elles soient juridiques, fiscales ou autres.
Face à ce constat, les deux « Boards » ont décidé, depuis 2007, de lancer un projet
conjoint de rapprochement de leurs normes sur la reconnaissance des revenus. La
publication de deux exposés sondages en juin 2010 et novembre 2011 marque
l’aboutissement des premières étapes du projet.
Il s’agit d’un domaine majeur pour la convergence entre l’IFRS et l’US GAAP, et
donc pour la comparabilité au niveau international des groupes européens et des
groupes américains.
L’IFRS 15 s’inscrit dans cette logique et présente un nouveau modèle unique de
reconnaissance du chiffre d’affaires, fondé sur des principes, applicable à tous les
contrats conclus avec les clients et à tous les secteurs d’activité, conduisant ainsi à
une plus grande comparabilité des états financiers.
35
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Figure 1 : Les cinq étapes relatives à la comptabilisation du revenu selon IFRS 1520
20
KPMG « IFRS 15 : Le top départ est donné », page 4 Edition 2016
36
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
réalisation d’un contrat qui ne sont pas abordées dans d’autres normes, par
Illustration, les stocks.
Pour certaines entités, il y aura éventuellement un léger changement de date et
de montant pour le revenu comptabilisé. Par ailleurs, une conclusion pareille
requiert la compréhension du nouveau modèle et l’étude de son impact sur les
transactions particulières.
La nouvelle norme est applicable aux exercices ouverts à partir du 1er janvier
2018.
L’IASB a modifié la nouvelle norme en 2016 pour clarifier les questions
d’application identifiées par les parties intéressées. Les clarifications
concernent principalement l’identification des obligations de prestations
(étape 2), la comptabilisation des licences de propriété intellectuelle (étape 5)
et l’analyse agent/principal.
L’impact de la nouvelle norme sera variable en fonction du secteur d’activité.
Les étapes du modèle les plus susceptibles d’impacter la pratique actuelle de
certains secteurs, sont résumées comme suit :
Figure 2 : Impact IFRS 15 par secteur21
Etape
1 2 3 4 5
Industrie aérospatiale et défense ● ● ●
Gestions d'actifs ●
Construction ● ●
Contrats de sous traitance ●
Secteur de la santé ● ●
concédants de licences (média,
● ● ●
franchisseurs,…)
Immobilier ● ● ●
Editeurs de logiciels, SSII ● ● ●
Télecommunications(Réseaux mobilies,
● ●
cable)
21
KPMG « IFRS 15 : Le top départ est donné », page 4 Edition 2016
37
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Oui
Non Non
22
KPMG « IFRS 15 : Le top départ est donné », page 6 Edition 2016
38
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Les conseils ont déterminé qu’une évaluation fondée sur le transfert du contrôle
plutôt que sur le transfert des risques et des avantages inhérents à la propriété
était plus appropriée pour différentes raisons. En effet, une évaluation fondée sur
le transfert du contrôle permet de déterminer avec plus de cohérence le moment
où les biens et services sont fournis. En pratique, il est souvent difficile de
déterminer si un niveau approprié de risques et d’avantages inhérents à la
propriété a été transféré au client, en particulier lorsque l’entité vendeur conserve
une partie des risques et des avantages (par Illustration les risques conservés
pendant le transport en vertu d’ententes stipulant des conditions « franco à bord
(FOB) départ »).23
Dans IFRS 15, nous avons retenu la notion de « contrôle » qui repose sur la
définition attribuée à un actif dans les deux référentiels (les IFRS et les PCGR des
États-Unis). Par conséquent, dans IFRS 15, les biens et les services sont des actifs
23
CPA Canada « IFRS 15 produits des A.O , questions à vos réponses »
39
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Une entité expédie un bien à son client « FOB départ ». Cependant, l’entité a pour
pratique commerciale habituelle d’indemniser les clients pour toute perte ou tout
dommage subi pendant l’expédition (elle remplace le bien perdu ou endommagé),
ce que l’on appelle généralement des conditions d’expédition « FOB destination
synthétique ». En vertu d’IAS 18, on n’aurait probablement pas comptabilisé de
produits des activités ordinaires (même si les conditions stipulent « FOB départ »)
tant que le lieu de livraison n’aurait pas été atteint, étant donné que l’entité assume
le risque de perte pendant le processus d’expédition. Cependant, en vertu d’IFRS
15, l’entité devra procéder à une évaluation plus poussée pour déterminer si
l’acheteur a obtenu le contrôle. Plus précisément, elle devra évaluer si l’acheteur a
40
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Obligation Transfert
Possession Titre de Acceptation
actuelle de des risques
matérielle propriété par le client
régler et avantages
41
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Avec l’introduction de cette nouvelle notion, les entités sont obligées de décomposer
chaque contrat et d’identifier séparément plusieurs biens ou service promis au client
dans le même contrat. Cependant, l’application de ce nouveau modèle requiert un
investissement important en terme de jugements et de temps.
Avec cette nouvelle notion d’ « Obligation de performance » les entités sont obligées
d’analyser tous les contrats conclus avec les clients et les modalités de
reconnaissance du revenu s’analysent ensuite pour chaque obligation de
performance distincte.
24
Béji Chayma, mémoire mastère professionnel d’expertise comptable « Comptabilisation des revenus en IFRS :
Apport de l’IFRS 15 »,2018.
42
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Avec la nouvelle norme, la reconnaissance des revenus issus de ces contrats sera sans
doute accélérée ou différée -par rapport à ce qui est fait aujourd’hui.
4. Le modèle en 5 étapes
Le principe général du modèle est que les entités doivent comptabiliser le revenu sur
la base du transfert des biens du service promis aux clients, et le montant du
revenu doit refléter la contrepartie qu’elles s’attendent à recevoir en échange de
ces biens ou services.
L’IFRS 15 présente un modèle unique de reconnaissance du chiffre d’affaires qui
repose sur cinq étapes. C’est un modèle applicable à tous les types de contrats
conclus avec les clients et à tous les secteurs d’activité.
*Étape 1 : identifier le contrat avec le client, établissant les droits et les obligations
de chacune des parties.
*Étape 2 : identifier les différentes obligations de prestation distinctes dans le
contrat.
*Étape 3 : déterminer le prix de vente global en échange du transfert de l’ensemble
des biens et services prévus au contrat.
43
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Aujourd’hui avec IFRS 15, cette étape consistera à s’assurer que les contrats signés
avec des clients sont valides et correspondent à des vraies transactions. Un contrat
entre dans le champ d’application de l’IFRS 15 s’il crée des droits et obligations
exécutoires entre deux parties ou plus. Ces contrats doivent remplir les conditions
suivantes :
approbation par les parties par la voie de plusieurs formes (écrit, oral ou
pratiques commerciales habituelles) ;
identification des droits et obligations de chacune des parties ;
existence d’une substance commerciale au contrat ;
identification des conditions de paiement ;
probabilité de recouvrement, par l’entité de la contrepartie au
commencement du contrat. Ce critère s’apprécie au regard de l’intention
et de la capacité financière du client à payer la contrepartie.
44
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
N.B :
IAS 18 ne définit pas ce qu’est un contrat toutefois elle se focalise sur les transactions,
mais en IFRS 15 les parties au contrat ont approuvés le contrat (par écrit,
verbalement, etc..) et se sont engagées à exécuter leurs obligations respectives.
Donc dans la pratique, l’application actuelle d’IAS 18 implique que les entreprises
peuvent avoir enregistré des produits qui ne répondent pas à la définition du
« contrat ».
Avec IAS 18, le chiffre d’affaires suivait la livraison du produit ou service,
aujourd’hui il s’agit d’un contrat ou les 5 conditions doivent être remplies. C’est un
accord qui crée des droits et obligations exécutoires donc si par Illustration le
recouvrement n’est pas certain il n’y aura pas de chiffre d’affaires à comptabiliser.
Conformément à la publication de EY de juin 2014 intitulée « Regardons de plus près
la nouvelle norme de comptabilisation des produits », les clauses de résiliation
peuvent être un élément important à prendre en compte pour déterminer si les deux
parties s'engagent à exécuter leurs tâches en vertu d'un contrat et, par conséquent, si
un contrat existe. Si chaque partie a le droit unilatéral de résilier un contrat
«entièrement non exécuté» sans indemniser la contrepartie, ce contrat ne sera pas
couvert par IFRS 15.
Selon le paragraphe 10 de l’IFRS 15, un contrat peut être écrit ou verbal, ou découler
implicitement des pratiques commerciales habituelles de l’entité. Les pratiques et les
procédures d’établissement de contrats avec les clients varient selon les lois
applicables, les secteurs d’activité et les entités. Elles peuvent aussi varier au sein
d’une même entité (en fonction par illustration, de la catégorie de clients ou de la
nature des biens ou des services promis). L’entité doit tenir compte de ces pratiques
et procédures pour déterminer si un accord avec un client crée des droits et des
obligations exécutoires pour l’entité et, le cas échéant, à quel moment.
45
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
25 Momento Expert PWC « IFRS arrêté des comptes 2019 » Francis Lefebvre édition 2020, page 533
46
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
A.1.2 La recouvrabilité :
La probabilité du recouvrement est très importante en vertu d’IFRS 15 26. Elle vise à
intégrer l’évaluation du risque de crédit que présente le client à la détermination de
la validité d’un contrat et de l’authenticité de l’opération. En IFRS, un évènement est
probable s’il est plus probable qu’improbable qu’il se produira ». L’évaluation de la
probabilité tient compte de « la capacité et de l’intention » du client à payer la
contrepartie à laquelle l’entité s’attend à avoir droit. Si la condition relative à la
recouvrabilité n’est pas remplie, l’entité na comptabilise pas des produits des
activités ordinaires et toute contrepartie reçue est comptabilisée en tant que passif
(produit différé) jusqu’à réalisation de l’une de ces situations.
Ile est à rappeler que selon l’IAS 18 et la NCT 3, ils énonçaient déjà la notion de
« plus probable qu’improbable qu’il se produira », et l’introduction d’un tel seuil
oblige les entités à déterminer si un contrat est valide et représente une opération
authentique. Bien que cette conclusion soit subjective et repose sur le jugement, IFRS
15 fournit tout de même des indications et précise que cette évaluation tient compte
« de la capacité et de l’intention » du client de payer le montant de contrepartie à
laquelle l’entité s’attend à avoir droit.
1. Dans le cas de nombreux contrats, l’effet du risque de crédit du client sur le prix de
transaction est non significatif. L’entité évalue alors le prix de transaction au montant de la
facture d’origine.
Par contre, dans le cas de certains autres contrats, il existe une possibilité que le client ne paie
pas la contrepartie pour des raisons autres que la non-exécution de la part de l’entité. Il peut
s’agir des situations ou l’entité conclut des contrats avec différents clients et s’attend à une
défaillance de la part d’une certaine proportion d’entre eux, sans savoir lesquels exactement.
Dans le cas de ces contrats, la nouvelle norme impose à l’entité de réduire le montant de la
contrepartie promise pour refléter la possibilité que la totalité ou une partie de cette
contrepartie ne lui soit pas versée. Le prix de la transaction doit donc refléter le montant de la
26
Ridha ZARROUK « IFRS 2021» Produits des A.O tirés de contrats conclus avec des clients – IFRS 15, page 862
27
IASCF « Produits des A.O tirés de contrats conclus avec des clients – exposé sondage Juin 2010 »
47
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Illustration 1 :28
Le service d’urgence d’un hôpital reçoit un patient non assuré. L’hôpital n’a pas
encore fourni de prestations médicales à ce patient, mais à l’obligation légale de le
faire. En raison de l’état du patient à son arrivé, l’hôpital lui prodigue les soins
nécessaires immédiatement avant de savoir si le patient est déterminé à s’acquitter de
ses obligations pécuniaires envers l’hôpital
Le contrat ne répond pas aux critères de comptabilisation du chiffre d’affaires
énoncés par la norme IFRS 15 notamment concernant les conditions prévues
28
Price Waterhouse Coopers. IFRS Training , Ahmed Sahnoun, « Séminaire de formation thème IFRS 15 du 18
Janvier 2018 ».
48
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Illustration 2 :29
Un contrat prévoit la livraison immédiate d’un équipement, pour un prix inférieur à
sa juste valeur, avec possibilités d’acheter une série de pièces détachées et de
consommables dans le futur selon des prix convenus à la date de conclusion du
contrat.
Hypothèse 1 : Le contrat n’impose au client aucune quantité minimum sur les
pièces et consommables. En revanche, l’entité considère comme hautement probable
la vente future d’une quantité minimale de pièces et de consommable compte tenu
du fait que :
L’entité à été nommée fournisseur exclusif des pièces et consommables, et que
Ceux-ci sont indispensable au fonctionnement durable de l’équipement.
Hypothèse 2 : le contrat prévoit une quantité minimum de pièces à commander, ainsi
qu’une pénalité dégressive à payer par le client en cas de non respect de cet
engagement (calculée comme un montant fixe par unité manquante).
Solution :
H1 : Le client n’a pas une obligation exécutoire d’acheter les pièces et consommables
qui sont purement optionnelles et doivent, à ce titre être exclues du périmètre du
contrat pour l’étape 1 du modèle IFRS 15, même si l’exercice de l’option est
hautement probable.
H2 : Pour savoir si on va comptabiliser le prix des pièces de rechange en tant que
chiffre d’affaires, on procédera à ce raisonnement :
Si les pénalités couvrent le prix : On lie les deux prestations et on a un contrat
unique
29
Price Waterhouse Coopers. IFRS Training, Ahmed Sahnoun, « Séminaire de formation thème IFRS 15 du 18
Janvier 2018 »
49
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Si les pénalités est inférieur au prix : les pièces seront considérées comme
optionnelles et sont donc exclus du périmètre du contrat.
- les contrats ont été négociés en bloc et visent un objectif commercial unique
ou ;
- le prix d’un contrat dépend du prix ou de l’exécution de l’autre contrat ou ;
- les biens et services promis dans les contrats constituent une seule
obligation de prestation.
30
Ridha ZARROUK « Produits des A.O tirés de contrats conclus avec des clients – IFRS 15 » cours ISCAE/ Avril
2017
31
MAZARS « IFRS 15 : Panorama des nouveaux principes de reconnaissance du chiffre d’affaires », 2016.
50
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Illustration : Vente d’un équipement à un prix inférieur au prix du marché soit 50 dinars au
lieu de 100 dinars en (N), et la vente des Pièces de Rechanges en N+1 (on considère que la
condition de l’engagement du client d’acheter les pièces de rechange étant remplie).
Selon IFRS 15, les trois conditions requises pour le regroupement des deux contrats sont
remplies :
Les deux contrats sont conclus à des dates proches et avec le même client,
Comptabilisation :
Selon IFRS 15 Le Prix de l’équipement sera comptabilisé en (N) pour 100 selon la
règle de la comptabilisation du « à une date donnée » et la comptabilisation de la vente
des PR seront constatés au fur et à mesure de la livraison.
Selon IAS 18, on aurait constaté 50 en (N), et le prix des PR seront comptabilisé en
(N+1) à un prix supérieur à celui pratiqué sur le marché. En N minoration du Chiffre
d’affaires
32
Selon les anciennes normes, les services combinés ou gratuits du contrat ont été inclus dans le montant
global, avec IFRS 15 si conditions vérifiées ils seront traités comme des obligations de prestations distinctes.
51
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
avec d’autres ressources que le client peut obtenir séparément ( le fait que
l’entité vende régulièrement un bien ou un service séparément est un indicateur
de ce critère)
à titre d’illustration : la vente d’une imprimante et son consommable spécifique
qui peut facilement être procurés isolément ;
b) distinct dans le contrat : le bien ou le service peut être identifié séparément des
autres promesses contenues dans le contrat parce qu’il n’existe pas un fort degré
d’interdépendance ou d’intégration entre cet élément et les autres biens ou
services promis au contrat.
33
IFRIC Update mars 2018 : comptabilisation des produits dans un contrat immobilier incluant le transfert de
terrain
52
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
34
KPMG’s global IFRS « First impressions : Produits des activités ordinaires issus des contrats clients » 2016,
page 11
35
Momento Expert PWC « IFRS arrêté des comptes 2019 » Francis Lefebvre édition 2020, Page 540
53
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
le logiciel.
L’entité en conclut que le logiciel et le service d’installation sont « distinct dans
l’absolu » mais ne sont pas « distincts dans le cadre d’un contrat ».
L’IFRS 15.24 énonce : Un contrat conclu avec un client énonce en général de manière
explicite les biens ou les services que l'entité promet de fournir au client.
Cependant, les obligations de prestation contenues dans un contrat conclu avec un
client peuvent ne pas se limiter aux biens ou aux services énoncés de manière
explicite dans le contrat. La raison en est qu'un contrat conclu avec un client peut
également comprendre des promesses découlant implicitement des pratiques
commerciales habituelles, de la politique affichée ou de déclarations précises de
l'entité si, au moment de la conclusion du contrat, ces promesses amènent le client à
s’attendre à ce que l'entité lui fournisse un bien ou un service
Toutefois, compte tenu de ces pratiques commerciales habituelles, l'entité établit, au moment
de la passation du contrat, qu'elle a implicitement promis de fournir un service d'entretien.
54
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
55
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Avec les IFRS actuelles, la norme n’est pas précise quant au traitement des
différents éléments de variabilité du chiffre d’affaires, qu’il s’agisse de bonus à
recevoir, de pénalités à verser, de clause d’indexation de prix, etc.37
Les groupes optent souvent pour des approches très prudentes quand il s’agit
d’appréhender ces éléments.
Tout d’abord, l’entité doit estimer « les contreparties variables » à inclure dans le
prix de la transaction. Deux approches sont envisageables en utilisant soit :
Pour chaque contrat examiné (voire pour chaque type de contreparties variables
identifiées au sein d’un contrat, si le contrat en prévoit plusieurs), l’entité doit
37
MAZARS « IFRS 15 : Les 10 points clés pour les industriels du contrat long terme »,2015, page 15.
56
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Par ailleurs, cette estimation est plafonnée au montant pour lequel il est hautement
probable38 que le chiffre d’affaires ne donnera pas lieu à un ajustement significatif à
la baisse lorsque l’incertitude associée au montant variable sera levée.
Les bases de conclusion (cf. IFRS 15. BC201) permettent notamment de comprendre
qu’IFRS 15 n’impose pas nécessairement de mettre en place une analyse
quantitative très poussée. En particulier, il n’est pas demandé de rechercher
exhaustivement toutes les occurrences des différents montants de contrepartie
possibles en cas d’application de la méthode de la valeur attendue. De même, en cas
d’utilisation de la méthode du montant le plus probable, il n’est pas nécessaire de
quantifier les résultats les moins probables. L’IASB considère ainsi qu’il n’y a
souvent pas lieu de mettre en place des modèles ou des techniques d’estimation
complexes et donc coûteux.39
La notion des « contreparties variables » est extrêmement vaste et recouvre tous les
cas où le prix du contrat est variable ou incertain et peut faire l’objet d’ajustements
ultérieurs à la hausse ou à la baisse. Cela peut notamment recouvrir les éléments
suivants :
38
La version IFRS de la norme utilise le terme « hautement probable » qui est un seuil significativement plus
important que « plus probable qu’improbable » dans l’intention de converger avec le sens « probable » retenu
en US GAAP.
39
Les cahiers MAZARS « l’essentiel de la norme sur le chiffres d’affaires en 100 questions/réponses » 2015,
page 37.
57
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Les pénalités ;
Les royalties, …
40
Momento Expert PWC « IFRS arrêté des comptes 2019 » Francis Lefebvre édition 2020, Page 546
58
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Une entité vend une machine pour 100 MD et peut percevoir un bonus jusqu’à 5%
du prix fixe.
Solution :
Au 31 Mars 2017, Big A vend 80 lits au client, elle estime que l'achat du client ne va
pas dépasser le seuil de 1000 lits requis pour pouvoir bénéficier du rabais dans
l'année civile.
conclu qu'il est hautement probable que le revenu ainsi comptabilisé ne fera pas
ultérieurement l’objet d’un ajustement significatif à la baisse (400U.M par lit). Cela
ne se produira pas lorsque l'incertitude est résolue (à savoir lorsque le montant total
des achats est connu). Par conséquent, l'entité comptabilise les revenus de 32 000
U.M (80 lits x 400 U.M) pour le premier trimestre arrêté au 31 Mars 2017.
Au début de juin 2017, le client acquiert une autre société et à la fin du deuxième
trimestre, soit le 30 Juin 2017, Big A a vendu 500 lits supplémentaires pour le client. À
la lumière de ce fait nouveau, Big A estime que les achats du client dépasseraient le
seuil de 1000 lits pour l'année civile, et il serait pertinent donc de réduire
rétrospectivement le prix par unité. Le prix par unité sera donc réduit
rétrospectivement.
Big A reconnaît donc des revenus de 188 400 U.M pour le trimestre terminé le 30 Juin 2017 à
savoir : Le montant est calculé à partir de 190 000 U.M (500 lits x 380 U.M), moins la
variation de prix de transaction de 1 600 $ (80 lits x 20 U.M de réduction de prix) pour la
réduction des lits vendus au premier trimestre.
41
Ridha ZARROUK « IFRS 2021» Produits des A.O tirés de contrats conclus avec des clients – IFRS 15, page 875
60
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
En pratique, le produit des activités ordinaire est comptabilisé au fur et à mesure des
ventes ou de l’utilisation de la licence par le client et ce même si l’entité peut estimer
le montant minimum des redevances qui est hautement probable.
Les pratiques actuelles sont assez hétérogènes s’agissant de la prise en compte des
éléments financiers inclus dans les transactions avec les clients. Ainsi, très peu de
groupes retraitent le chiffre d’affaires à comptabiliser lorsque les avances sont
versées par les clients.
42
Ridha ZARROUK « IFRS 2021» Produits des A.O tirés de contrats conclus avec des clients – IFRS 15, page 878
43
MAZARS « IFRS 15 : Les 10 points clés pour les industriels du contrat long terme »2015, p.17 .
61
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
62
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Début N
532000 Trésorerie 220 000,000
420000 Passifs sur contrat 220 000,000
Fin N
650000 Charge financiére 11 000,000
420000 Passifs sur contrat 11 000,000
Fin N+1
650000 Charge financiére 11 550,000
420000 Passifs sur contrat 11 550,000
420000 Passifs sur contrat 242 550,000
705000 Produits des activités ordinaires 242 550,000
NB : la société reconnait un passif sur contrat du fait qu’elle n’a pas encore
transféré le contrôle du produit au client début N.
44
Deloitte « Une vision claire des IFRS - perspectives sectorielle sur IFRS 15, secteur immobilier », 2014, page3.
63
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
offrent une période d’entretien « gratuite » à leurs clients dans le cadre d’une
transaction.
Autre illustration : la licence d’un logiciel. Une société devra procéder à une évaluation si
des services ultérieurs, comme prodiguer des conseils pour l’adaptation ou l’installation et
fournir les mises à jour, représentent des éléments distincts auxquels les produits des
activités ordinaires devraient être affectés séparément. Lorsque l’entité conclut que certains
éléments doivent être comptabilisés séparément, elle utilise le prix de vente spécifique
relatif pour affecter le montant pertinent du prix de transaction à chacun des éléments
distincts du contrat.
45
Ichrak Belhadj Massoud « Incidence d’application de l’IFRS 15 sur la qualité de l’information
financière »mémoire mastère professionnel en comptabilité 2019, page 36
64
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Commentaires :
Les règles actuelles de la norme IAS 18 disent que les sociétés devraient appliquer
les critères de comptabilisation des produits aux éléments séparément identifiables
afin de refléter la substance de cette transaction (IAS 18.13).
65
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
La société a identifié les deux éléments, mais a limité le chiffre d’affaires alloué au
téléphone au montant reçu du client (zéro dans ce cas) « méthode du contingent
cash up ».
Le chiffre d’affaires est alors constaté sur une base mensuelle pour le montant de
100 dinars et en débitant créance client.
Maintenant, la société doit répartir ce prix de transaction sur la base des prix de
vente spécifiques relatifs à chaque obligation de prestation distincte (étape 4) ;
66
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
67
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Aucun indicateur n’est déterminant à lui seul et les entités devront faire preuve de
jugement pour évaluer si une obligation de prestation est remplie d’une manière
continue ou à une date précise.
La norme ne fait aucune distinction entre les biens et services et les contrats de
construction (tels qu’ils étaient antérieurement définis dans IAS 11 et IAS 18). Par
conséquent, cette grille unique d’analyse doit être appliquée à tous les types
d’ « obligations de performance »quelle que soit leur nature. Cette grille d’analyse
est schématisée de la façon suivante :
Figure 6 : Comptabilisation d'un produit lorsque l'obligation de prestation est remplie46
Non
A une dat spécifique
A l'avancement
Non
46
BEJI Cheyma, « comptabilisation des revenus en IFRS : apport de l’IFRS 15 » mémoire mastère professionnel de l’expertise
comptable ISCAE, Manouba 2015
68
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
69
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Une analyse juridique doit être menée pour déterminer si ce droit existe.
70
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Remarque :
Si l’un des 3 critères est rempli, l’entité est tenue de comptabiliser les produits des
activités ordinaires progressivement selon la méthode qui décrit le mieux le transfert
des biens ou des services au client.
La question est de savoir si l’entité comptabilise des produits des activités ordinaires
sur la durée de fabrication d’un bien ou à la livraison au client et cela dépendra des
conditions prévues au contrat.47
Ainsi, pour certains contrats de fabrication, l’entité sera tenue de comptabiliser les
produits des activités ordinaires au moment de la fabrication (plutôt qu’au moment
de la livraison) des composants si les biens ne peuvent être utilisés à d’autres fins et
si, en vertu du contrat, le client ne peut éviter de payer le travail de fabrication
effectué par l’entité. Commentaires 48
Les obligations de performance peuvent être satisfaites à un instant donné (at a point
in time ) ou de façon continue dans le temps (over time ). On trouve dans cette seconde
catégorie les contrats à l’avancement. Pour bénéficier de la reconnaissance over time, le
fournisseur doit, entre autres, avoir à tout moment le droit au règlement à hauteur de
la performance réalisée à date. Ce droit doit être prévu au contrat , ce qui implique
probablement de devoir revoir certains contrats actuels (ex : construction ou
développement de logiciels).
47
Abderrazek GABSI « Cours Révision Comptable - iFRS 15 IHEC Carthage 2018/2019 : Produits des A.O tirés des
contrats conclus avec des clients». Page 12.
48I
IFRS 15 – Sept éléments à retenir en première lecture, Emmanuelle Cordano, 2015, Page web :
https://www.voxfi.fr/ifrs-15-sept-elements-retenir-en-premiere-lecture/
71
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
49
Neeon « IFRS 15 : la notion du chiffre d’affaires », 2016
72
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
73
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
5. Modifications de contrats
Par ailleurs, les prescriptions sur les modifications et les réclamations posent comme
condition essentielle à la comptabilisation du chiffre d’affaires la probabilité que le
client accepte la modification ou la réclamation.
Mais selon L’IFRS 15, du §18 au §21 elle prévoit de quelle manière doivent être
comptabilisées les modifications de contrats selon que ces modifications entrainent
des modifications du contrat existant ou l’émission d’un nouveau contrat. Si les
modifications doivent être rattachées au contrat initial, IFRS 15 précise les cas où ces
modifications doivent être comptabilisées de manière prospective (annule et
remplace) ou de manière rétrospective (avec un ajustement cumulatif à la date de la
modification).
Une modification de contrat est un changement qui touche l’étendue et/ou le prix
d’un contrat et qui est approuvé par les parties au contrat. Il y a modification de
contrat lorsque :
74
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
2. Si les conditions ne sont pas remplies, mais que les biens et services restants
sont distincts de ceux qui ont été fournis jusqu’à la date de la modification
du contrat, l’entité doit traiter la modification comme s’il s’agissait d’un
nouveau contrat (qui inclura à la fois les biens et services restants du contrat
initial et, le cas échéant, les biens et services additionnels promis en vertu de
la modification). De fait, le contrat initial est résilié. L’incidence sur le plan
comptable d’une telle modification est entièrement prospective. Bien que ces
modifications soient comptabilisées prospectivement et que l’on considère
que le contrat initial est résilié, la contrepartie restante du contrat initial qui
n’a pas été comptabilisée en produits des activités ordinaires et la
contrepartie découlant de la modification du contrat sont regroupées et
comptabilisées à mesure que les obligations de prestation restantes sont
remplies.
3. Toutefois, si les biens et les services restants ne sont pas distincts de ceux qui
ont été fournis jusqu’à la date de la modification du contrat, la modification
sera traitée comme si elle faisait partie de l’obligation de prestation qui reste
75
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Le diagramme qui suit illustre la façon dont les modifications de contrat sont
comptabilisées selon la nouvelle norme.
Oui
Est ce que cela ajoute des
biens et des services Non Est-ce que les biens ou
distincts qui sont facturés à services restants sont
prix comparable à leur prix distincts de ceux déja
de vente individuel ? transférés ?
ILLUSTRATION :
Une entité conclut un contrat de vente de 120 unités pour un prix de 12.000 UM (100
UM par unité) sur une période de 6 mois. Le transfert du contrôle de chaque unité se
fera à la livraison. Après le transfert de 60 unités, le contrat a été modifié pour inclure
une livraison supplémentaire de 30 unités (soit un total de 150 unités).
51
KPMG « IFRS 15 : Le top départ est donné », page 18 Edition 2016
76
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
En vertu d’IFRS 15, il s’agit d’un nouveau contrat étant donné que :
L’entité:
En vertu d’IFRS 15, il ne s’agit pas d’un nouveau contrat étant donné que :
Ce nouveau prix est à allouer à l’ensemble des biens ou services restants à livrer.
77
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
S’il s’agit d’une modification de contrat », une baisse de prix du contrat doit normalement
être traitée prospectivement si les biens et services restants à livrer sont distincts de ceux déjà
livrés.
En revanche, si l’entité a accepté de consentir une baisse de prix sur des produits futurs pour
compenser le client au titre d’un litige sur des produits déjà livrés (qualité, retard, etc.,…)
cette baisse de prix contractuel des livraisons futures est en substance un avoir relatif à des
livraisons passées. L’entité ne devrait alors pas appliquer le modèle des « modifications de
contrat » mais devrait appliquer le modèle des « contreparties variables », conduisant à un
ajustement cumulatif du revenu dés que le risque de litige est identifié.
78
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Le guide d’application fournit également des indications et des Illustrations illustratifs sur
des questions spécifiques telles que les obligations de prestations remplies d’une manière
continue et les méthodes d’évaluation pour déterminer le degré d’avancement de
l’obligation de prestation remplie.
Dans cette partie, nous allons essayer d’analyser quelques cas particuliers à savoir :
1. LICENCES :
Selon le §B56.IFRS 15 : lorsque la licence est distincte des autres promesses de
fourniture de biens ou de services prévues au contrat et qu'elle constitue par
conséquent une obligation de prestation distincte, l'entité doit déterminer si la
licence est fournie au client à un moment précis ou progressivement. Pour ce faire,
l'entité doit examiner si la nature de sa promesse d'octroyer la licence au client
consiste à accorder à celui-ci l'un ou l'autre des droits suivants:
a) un droit d'accès à la propriété intellectuelle de l'entité telle qu'elle existe tout au
long de la période couverte par la licence; ou
b) un droit d'utilisation de la propriété intellectuelle de l'entité telle qu'elle existe
au moment précis où la licence est octroyée.
79
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
80
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Illustrations pratiques :
PWC « IFRS 15 Produits des activités ordinaires tirés de contrats conclus avec des clients »
81
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Illustration :
2. Ces actions auront des effets positifs sur le licencié, puisque son chiffre
d’affaire en dépend ;
53
CPA Canada « IFRS 15 produits des A.O , questions à vos réponses », page 50.
82
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Il arrive que dans le cadre d’un contrat une entité accorde au client l’option
d’acquérir des biens ou des services supplémentaires gratuitement ou à rabais, sous
la forme de programmes de fidélisation, d’octroi de points-cadeaux, d’incitations à
la vente, d’options de renouvellement de contrat, etc.
Dans les IFRS actuelles, les indications les plus pertinentes à cet égard se trouvent
dans IFRIC 13 Programmes de fidélisation de la clientèle, mais ces indications visent
précisément les programmes de fidélisation. Elles seront remplacées par les
indications d’IFRS 15 relativement aux « biens ou services supplémentaires offerts au
client en option ». Si l’option confère au client un droit qu’il n’aurait pas obtenu s’il
n’avait pas conclu le contrat (par Illustration un droit qui s’ajoute aux droits accordés
à d’autres clients de la même région ou du même marché), le client paie
effectivement à l’avance pour des biens ou des services à venir. Si l’option confère
au client un « droit significatif », elle doit alors être comptabilisée comme une
obligation de prestation distincte. Cependant, si l’option confère simplement au
client la capacité d’acquérir des biens ou des services supplémentaires à un prix
correspondant au prix de vente spécifique, cette option ne confère pas un « droit
significatif » même si on ne peut obtenir le droit qu’en concluant un contrat.
54
Price Waterhouse Coopers Tunisie. Ahmed Sahnoun, IFRS Training « formation theme IFRS 15 du 18 Janvier
2018 »
83
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Le montant des ventes réalisées avec coupon de remise est de 1.000 UM. Le magasin
compte lancer une promotion de 10% durant la période de validité des coupons. Sur
la base des données historiques (compagne similaire) , le magasin estime que 75%
des coupons de remises seront exercés et que le volume des achats additionnels est
de l’ordre de 400 UM.
Le montant des ventes réalisées en N devrait être alloué entre les deux composantes
comme suit :
Les revenus à comptabiliser en N seraient de 870 UM (au lieu de 1.000 avec les
anciennes IFRS); un montant de 130 UM sera différé et sera constaté en revenus lors
de l’exercice des coupons de remise (ou à l’expiration de la période contractuelle
d’exercice de l’option).
84
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
85
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
A noter que le constater immédiatement n’est pas justifié car l’entreprise n’a encore
rendu aucun service.
Pour identifier les obligations de prestation découlant de tels contrats, l'entité doit
apprécier si les frais sont liés à la fourniture d'un bien ou d'un service promis. Bien
souvent, même si les frais initiaux non remboursables sont liés à une activité que
l'entité est tenue de réaliser à la date de passation du contrat ou à une date voisine
pour remplir le contrat, cette activité ne se traduit pas par la fourniture d'un bien ou
d'un service promis au client. Les frais initiaux sont plutôt un paiement anticipé
pour des biens ou des services à venir, et ils sont donc comptabilisés en produits
des activités ordinaires lorsque ces biens ou services sont fournis. (IFRS 15.B49)
55
Norme Internationale d’Information Financière IFRS 15, Illustration 53,IE272 s
86
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Cette activité n'entraîne pas la fourniture d'un bien ou d'un service au client et, par
le fait même, ne donne pas lieu à une obligation de prestation.
87
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
L’entité doit comptabiliser une perte de valeur en résultat net si la valeur comptable de
l’actif excède le montant que l’entité s’attend à recevoir en échange des biens et services
auxquels l’actif est lié, diminué des coûts restants à payer.
Illustration :
Une entité procède à la construction d’un actif pour un client. Pour l’exécution des
travaux sur le chantier, elle a dû installer une cabine pour les ouvriers.
Le coût des travaux réalisés, (matériaux consommés, main d’œuvre, etc..) qui
constitue un stock, comptabilisé selon la norme IAS 2.
La cabine doit être amortie selon IAS 16 et pour toute dépréciation éventuelle selon
IAS 36, alors que la dépréciation éventuelle des travaux en cours obéira aux règles
de IAS 2.
88
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
7. INFORMATION A FOURNIR
La norme prévoit ainsi que l'entité fournisse une information qualitative et quantitative
sur tous les éléments suivants :
Pour tous les contrats avec les clients qui entrent dans le champ d’application de l’IFRS
15, les entités doivent présenter le montant des PAO distinctement des autres sources de
revenus ainsi que toute perte de valeur constatée sur les créances ou actifs du contrat, à
présenter séparément des pertes de valeur des autres contrats (IFRS 15.113).
Les soldes d'ouverture et de clôture des créances, actifs et passifs des contrats :
Les revenus reconnus dans la période qui étaient inclus dans le solde d'ouverture des
passifs du contrat ;
Les revenus reconnus dans la période qui sont liés à des obligations de performance
qui avaient été satisfaites au cours de périodes antérieures (par exemple, l'effet des
réajustements des prix des contrats) (IFRS 15.116) ;
Une explication sur les décalages entre l'exécution des obligations de performance et
leur paiement ainsi que l'effet de ces décalages sur les soldes des actifs et passifs des
contrats (IFRS 15.117) ;
89
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Une analyse des variations significatives des soldes des actifs et passifs du contrat, de
manière qualitative et quantitative (IFRS 15.118).
Une variation significative peut être causée, par exemple, par un changement de
périmètre, une perte de valeur d'un actif de contrat, un changement d'estimation, un
changement des délais d'exécution d'une catégorie d'obligation de performance .
Nature des biens ou services que l'entité s'est engagée à fournir (également dans le cas
où l'entité agit comme agent) ;
Il s’agit des informations concernant les jugements exercés et les modifications apportées
à ces jugements, notamment (IFRS 15.123) :
Lorsque l'entité retient les mesures de simplification proposées par la norme concernant
l'existence d'une composante financière significative ou bien la constatation en charges de
certains coûts d'obtention du contrat, elle doit le mentionner (IFRS 15.129)
Il s’agit des jugements effectués pour déterminer les coûts pour obtenir ou satisfaire un
contrat, la méthode d'amortissement retenue, le montant des soldes de clôture des coûts
90
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
capitalisés, ainsi que le montant des charges d'amortissement et de perte de valeur reconnues
dans la période (IFRS 15.127.)56
8. DISPOSITIONS TRANSITOIRES
Les sociétés tunisiennes qui vont faire le passage aux IFRS doivent appliquer la norme IFRS
1, en effet IFRS 1 « Première application des IFRS » s’applique lorsque une entité applique la
première fois les IFRS par une déclaration explicite et sans réserve de conformité aux
référentiel IFRS.
Application rétrospective modifiée : selon cette méthode, plutôt que de retraiter les chiffres
de l’exercice comparatif (par Illustration l’exercice 2017), l’entité peut comptabiliser l’effet
cumulatif de l’application d’IFRS 15 comme un ajustement du solde d’ouverture des résultats
non distribués dans l’exercice de première application.
56
Momento Expert PWC « Comptable 2019 » Francis Lefebvre édition 2018, page 520
91
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
DEUXIEME PARTIE
LES ENJEUX COMPTABLES ET FISCAUX DE LA NORME
« IFRS 15 » POUR LA PROMOTION IMMOBILIERE
92
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
1. Présentation du secteur
par l’ajout d’un nouveau taux de TVA de 13% et qui sera porté à 19% en 2021 ;
Les dispositions de l'article 79 de la loi n° 2018-56 portant loi de finances pour
l'année 2019, ont prévu le report de l'application de la taxe sur la valeur
ajoutée au taux de 19% aux opérations de ventes des immeubles bâtis à usage
exclusif d'habitation ainsi que leurs dépendances réalisées par les promoteurs
immobiliers au 1er janvier 2021 au lieu du 1er janvier 2020.
la suppression de l’avantage de l’enregistrement au droit fixe pour toute
opération d'acquisition qui dépasse en valeur les 200.000 dinars va être
assujettie à une taxe de 3%57 au lieu du 0% habituel sur les opérations d'achats
auprès des promoteurs immobiliers, qui était une mesure incitative à l'achat
des nouvelles constructions ;
l'arrêt de la subvention sur l'énergie pour les industries énergivores, ce qui a
entraîné la flambée des prix des matériaux de construction 58.
Et aussi l’augmentation du coût d’emprunt opéré par la hausse du taux
directeur passant de 5% pour atteindre 7.83% fin 2019.
57
NOTE COMMUNE N° 11/2019 : Cette mesure entre en vigueur à partir du 1er janvier 2019, par conséquent le
contrat portant première mutation à titre onéreux de logements construits par des promoteurs immobiliers qui
sont rédigés à partir du 1er janvier 2019 et qui répondent aux conditions prévues par les dispositions de
l’article 23 bis mentionné seront soumis au droit d’enregistrement proportionnel liquidé comme suit :
- De 0 à 300.000 : 0%
- Supérieur à 300.000 : 3%
58
Nadhir Ben Ammar, EcoMag sur la situation du secteur immobilier en Tunisie et ses perspectives
93
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
D’autre part, La plupart des projets immobiliers sont financés par des crédits avec un
ratio d’endettement élevé du coût, la principale cause de faillite du promoteur
immobilier est le manque de liquidité car le délai qui sépare le commencement du
projet et la vente des immeubles est assez longue et la récupération du besoin en
fonds de roulement est par conséquent retardée.59
La nouvelle TVA imposée sur l’immobilier et non récupérable, a été un coup de
massue pour les promoteurs. Alors que le secteur souffrait déjà des hausses des
différents intrants, il subit une nouvelle taxe dont les textes applicatifs ont été publié
3 ou 4 mois après la loi, le tout conjugué aux hausses successives du TMM, plombant
de ce fait l’activité. Les chiffres des sociétés cotées en bourse jusqu’à fin septembre
sont assez éloquents. Ainsi, en cherchant à avoir le beurre, l'argent du beurre et le
sourire de la crémière, le gouvernement a perdu sur tous les plans avec des recettes
en moins et surtout un secteur en crise systémique 60.
Autre facteur déterminant, la hausse de tous les intrants sans exception, que ce soit à
cause du glissement du dinar ou de la hausse ou la création de nouvelles taxes. Ainsi,
les promoteurs, confrontés à la rareté et la cherté des terrains constructibles, ont fait
flamber les prix. L’indice des prix des terrains nus est passé de 98,5 à 141,2 entre 2011
et 2015, selon les chiffres de l’INS et l’indice général des prix de l'immobilier est passé
de 95,7 à 151,1, pour cette même période. Certains promoteurs dénoncent, d’ailleurs,
l’absence de l'Agence foncière de l'habitat (AFH), qui "ne joue pas son rôle" en leur
proposant de nouveaux lotissements.
59
Mohamed TRIKI, Régime fiscal des entreprises de promotion immobilières, mémoire d’expertise comptable,
ISCAE 2012.
60
Imed NOUIRA : Promotion immobilière, un secteur entrain de sombrer , mai 2018
http://www.businessnews.com.tn/promotion-immobiliere--un-secteur-en-train-de-sombrer,519,83604,3
94
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Le secteur est aussi entravé par l’aspect fiscal. Ainsi, à la panoplie d’impôts et taxes
auxquelles est déjà soumis le secteur, les dispositions de 2017 alourdissant les droits
d’enregistrement des biens immobiliers (3% pour les logements dépassant les 200.000
dinars, 2% en plus pour ceux compris entre 500.000 et 1 MD et 4% en plus pour ceux
qui dépassent le 1 MD), le secteur subit une nouvelle TVA de 13% qui sera portée à
19% en 2020. Pire, au départ ils ont été privés de leur droit à la déduction de la TVA.
Il s’agit tout bonnement d’une nouvelle taxe, la TVA étant récupérable.
95
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Ainsi, les décisions de gros investissements tels que l’achat de biens immobiliers sont
ajournées voire même annulées. S’ajoute à ceci un durcissement de la réglementation
vis-à-vis des acquéreurs de biens immobiliers avec présentation des 3 dernières
déclarations des revenus lors de l'enregistrement des contrats d'achat par les clients
et la menace de redressement fiscal pour plusieurs professions réputées fortunées.
2. Evolution du secteur
La promotion immobilière est bel et bien en crise, preuve à l’appui, les résultats
réalisés à cette heure. D’où l’urgence de prendre des décisions rapides, pour sauver
ce secteur et ses emplois d’une crise systémique qui peut impacter l’ensemble de
l’économie nationale. Le nombre des investisseurs en biens immobiliers a diminué de
manière importante, les revenus locatifs ayant baissé outre le fait que la forte hausse
du prix des logements et le coût des crédits ont rendu leur amortissement, sur une
période généralement admise pour le secteur (20 ans), impossible.
Comme porte de sortie à cette crise qui se profile, la Chambre syndicale nationale des
promoteurs immobiliers a émis un ensemble de recommandations, notamment
61
Imed NOUIRA : Promotion immobilière, un secteur en train de sombrer, mai 2018, lien du site :
http://www.businessnews.com.tn/promotion-immobiliere--un-secteur-en-train-de-sombrer,519,83604,3
96
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
l’imposition d’une TVA de 7%, que certains promoteurs veulent qu’elle soit étendue
à tous (promoteurs et particuliers). L’imposition d’un droit d’enregistrement fixe de
25 dinars par page et par copie à l’acquisition d’un bien immobilier auprès d’un
promoteur et d’annuler toutes autres taxations, puisque le secteur est désormais
assujetti à la TVA.
En outre, une réflexion doit être faite au niveau de la chambre des promoteurs
immobiliers avec le ministère de tutelle pour moderniser les méthodes et le choix des
matériaux de construction qui peuvent abaisser le coût de la construction. Il faudrait
aussi penser à renforcer la formation professionnelle de la main d’œuvre.
62
Imed NOUIRA : Promotion immobilière, un secteur en train de sombrer ,2018, lien du site :
http://www.businessnews.com.tn/promotion-immobiliere--un-secteur-en-train-de-sombrer,519,83604,3
97
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Le gouvernement a prévu dans le projet de la Loi de finances 2019 que les biens
immobiliers réalisés par les prometteurs en dessous de 300.000 dinars soient exonérés
de droits d’enregistrement, pour permettre aux ménages de la classe moyenne et
celle défavorisée d’acquérir un logement. Une mesure qui reste malheureusement
insuffisante pour le sauvetage de ce secteur.
3. Principaux acteurs
L’activité de promotion immobilière fait naître une relation juridique complexe de
par le nombre d’intervenants. Toutefois, elle met en rapport direct trois acteurs
principaux, à savoir : le promoteur immobilier, le client acheteur et l’administration.
Cette relation a été théoriquement bien régie et clarifiée par le législateur.
Cette relation fait l’objet de l’attention du législateur dans le cadre de la loi n° 90-17
du 26 février 1990 ainsi que dans les textes d’application, dont notamment le cahier
de charges approuvé par le décret n° 91-1330 du 26 août 1991.63
63 Maître Taoufik Chabchoub, avocat à la cour de Cassation : « Faut-il réformer le droit de la promotion
immobilière ? » l’immobilier 2010.
98
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Le législateur est intervenu à maintes reprises pour apporter des modifications aux
textes régissant la promotion immobilière afin de prendre en considération
l’évolution de cette d’activité
64
Mahmoud GDOURA, « pour une nouvelle stratégie de l’habitat : diagnostics et recommandations » octobre
2014, page 6.
99
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Cependant, les relations entre les trois acteurs cités ci-haut, n’ont pas encore atteint
l’équilibre escompté ; elles sont restées dominées par un climat de « méfiance
généralisée » surtout à l’égard du promoteur immobilier65 , sans pour autant que les
intérêts des acquéreurs soient préservés.
Ces relations sont dominées par un climat très tendu surtout à l’égard du promoteur
immobilier. Le texte initial ainsi que les réformes postérieures visaient à encadrer le
promoteur immobilier de manière aussi étroite que possible, soit dans sa relation
avec l’administration, soit dans sa relation avec le client.
Cette discordance entre le texte et la pratique se vérifie à plus d’un titre et il y a lieu de revoir
cette relation et de l’adapter au nouveau contexte.
65
Maître Taoufik Chabchoub, avocat à la cour de Cassation : « Faut-il réformer le droit de la promotion
immobilière ? » l’immobilier 2010
100
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
De plus, la promotion immobilière d'un secteur stratégique est régie depuis des années par des
cahiers de charge pour l’exercice d’activités. En cas de non-respect du cahier des charges ou
des obligations légales à la charge du promoteur immobilier, l’administration peut faire
preuve d’intransigeance.
La loi interdit de disposer par la vente ou autrement d’un bien immeuble sur plan. En effet, la
loi a autorisé la vente suite aux promesses de vente exclusivement aux promoteurs
immobiliers. (la vente sur plan).
Vendre un bien qui n’existe pas encore suscite la méfiance. Cette méfiance est justifiée par le
fait que ledit bien pourrait ne jamais exister, ou bien exister tardivement ou encore exister
non-conforme au descriptif conventionnel (soit en termes de matériaux, soit en termes de
finition).
La méfiance peut également résulter du risque d’insolvabilité de l’acheteur.
2. Le.risque.de.l’acheteur.face.à.un.promoteur.immobilier.défaillant:
101
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
2-.Le.risque.du.promoteur.immobilier.face.à.un.acheteur.récalcitrant:
Cette mesure ne protège le promoteur immobilier qu’en apparence. En effet et pour se délier
de la promesse de vente, le promoteur immobilier doit demander la résiliation judiciaire de la
promesse de vente. Cette procédure peut s’avérer préjudiciable au promoteur en ce qui
concerne le temps et les coûts de procédures. Sa seule consolation c’est la possibilité
d’obtenir la réparation de son préjudice dans la limite de 10% du montant des avances
consenties.
La discordance qui prévaut depuis des décennies entre les textes régissant la promotion
immobilière et la réalité du secteur appelle à une réforme en profondeur de cette activité dont
la.mission.est.à.la.fois,.économique,,sociale.et.politique.
Il faudrait rompre avec les pratiques du passé quant à la manière de réformer les textes. La
réforme, si elle est encore une fois conçue dans l’enceinte de l’administration, ne débouchera
que.sur.des.textes.qui,.à.peine.promulgués,.tomberont.en.désuétude.
La consultation de tous les professionnels de l’immobilier est le seul gage d’une réforme
durable de nature à contribuer à l’évolution du secteur. Toute autre démarche sera vouée à
l’échec.
102
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Il faudrait, à notre avis prévoir un contrat qui dispose d’une protection de la part du législateur
que ce soit pour le promoteur ou pour l’acquéreur. On peut se référer au droit comparé, où ces
problématiques ont été résolues par le législateur français qui prévoyait les contrats de vente
en l’état futur d’achèvement (VEFA).
Dans les contrats de VEFA, l’acquéreur devient propriétaire du terrain dés la signature du
contrat et .propriétaire.des.ouvrages au fur et à mesure.de leur construction et qu’il ne peut
généralement refuser la construction (qu’elle soit achevée ou non), notamment en cas de
défaillance de l’entrepreneur.
Dans le cadre des VEFA66, l’entité transfère juridiquement à l’acquéreur la propriété du
terrain dés la signature du contrat, et la propriété de la construction au fur et à mesure de
l’avancement des travaux. L’acquéreur obtient alors des droits réels sur les biens, et peut
céder ces droits à un tiers. En outre, les contrats de VEFA prévoient généralement qu’en cas
de défaillance de l’entrepreneur, la construction est remise en l’état à l’acheteur et
l’entrepreneur doit être payé pour les travaux réalisés.
Selon l’article 1601-3 du code civil français « La vente en l'état futur d'achèvement est le
contrat par lequel le vendeur transfère immédiatement à l'acquéreur ses droits sur le sol ainsi
que la propriété des constructions existantes. Les ouvrages à venir deviennent la propriété de
l'acquéreur au fur et à mesure de leur exécution ; l'acquéreur est tenu d'en payer le prix à
mesure de l'avancement des travaux. Le vendeur conserve les pouvoirs de maître de l'ouvrage
jusqu'à la réception des travaux.
La VEFA fait peser sur l’acquéreur un risque puisque cet acte porte par définition sur un bien
qui n’existe pas (ou n’est pas encore achevé) au moment de sa signature. Les dangers
encourus par l’acquéreur sont essentiellement un défaut d’achèvement par le vendeur alors
que le prix aurait été payé pour partie, ou la livraison d’un bien non conforme aux prévisions
contractuelles, voire comportant des vices de construction. C’est pour cette raison que la
VEFA fait l’objet d’une règlementation spécifique et impérative pour les biens immobiliers à
usage d’habitation ou à usage d’habitation et professionnel (on parle de « secteur protégé »).
67
66
Momento Expert PWC « IFRS arrêté des comptes 2019 » Francis Lefebvre édition 2020, IAS 18, page 520.
67
Notaires paris iles de France « La vente en l’état d’achèvement futur VEFA », 2016, page 2.
103
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
4. Cadre légal régissant le secteur : loi n°90-17 du 26 Février 1990 et ses textes
d’application
Le secteur de la promotion immobilière est un secteur qui est régi, en plus des dispositions de
droit commun, par les textes suivants :
La loi n°90-17 du 26 Février 1990 portant refonte de la législation relative à la
promotion immobilière
Le décret n°90-2165 du 19 Décembre 1990 fixant les attributions, la composition et
les conditions de fonctionnement de la commission consultative de la promotion
immobilière
Le décret n°91-1330 du 26 Août 1991 portant approbation du cahier des charges
générales de la promotion immobilière
L’arrêté du Ministre de l’Equipement et de l’Habitat du 27 Novembre 1991, précisant
les critères d’agrément des promoteurs immobiliers
68
Karim MASMOUDI : Formation thème « les spécificités de l’audit d’une société de promotion immobilière »,
Juin 2017, page 3
104
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
D’après l’article 1 de la loi, est promoteur immobilier toute personne physique ou morale qui,
en vue de la vente ou de la location, réalise à titre habituel ou professionnel et conformément à
la réglementation en vigueur des opérations de :
lotissement et d’aménagement de terrains destinés principalement à l’habitat
Pour exercer l’activité de promotion immobilière, les promoteurs doivent être agrées. Les
promoteurs sont agrées par décision du ministre chargé de l’habitat sur avis d’une commission
consultative de la promotion immobilière.
Le ministère suite à un contrôle peut retirer à tout moment l’agrément (Illustration : lorsque la
condition du personnel qualifié est non remplie…).
69
Mahmoud GDOURA « pour une nouvelle stratégie de l’habitat : diagnostics et recommandations » octobre
2014, page 6.
70
Mahmoud GDOURA, « pour une nouvelle stratégie de l’habitat : diagnostics et recommandations » octobre
2014 : Parmi les cas d’infractions cités par l’Observatoire « ILEF », Observatoire de la défense du
consommateur, on relève :
- la non-conformité des plans et la qualité présumée des matériaux de construction avec le produit final,
- la discordance au niveau des superficies livrées par rapport aux superficies payées,
- la transformation d’usage illégale du rez-de-chaussée conçue pour l’habitat en commercial tout en le
spécifiant habilement au niveau des contrats sans que les acquéreurs s’en aperçoivent du moins lors de la mise
en possession,
- la non-indemnisation des retards de livraison des logements avec un comportement insensé de la part de
certains qui obligent leurs clients avant la mise en possession à signer un document de renonciation à leur droit
de l’indemnité de retard,
- l’allongement malintentionné des délais de livraison pour obliger quelques acquéreurs pressés à renoncer à
l’acquisition de leur bien et, du coup, le promoteur en en profite doublement : d’une part, par la déduction des
10% sur l’avance reçue, et d’autre part, par la revente du bien à un autre acquéreur à un prix plus cher.
105
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Selon les conditions d’obtention de l’agrément, le promoteur doit jouir de ses droits civiques
et politiques et n’avoir pas été condamné pour agissements contraires à l’honneur ou pour
abus de confiance et n’avoir pas été frappé de faillite et doit justifier :
d’un capital minimum de 150.000 Dinars ;
C’est une incitation pour que le secteur soit envahi par les non professionnels. En effet, peut
devenir promoteur immobilier qui veut.
C’est peut-être la raison qui explique le fait que sur un total de 2.040 promoteurs agréés seuls
500 promoteurs immobiliers soient en activité.
Il y a lieu de porter le capital minimum à une somme plus importante pour que l’accès à la
profession soit réservé à des professionnels qui disposent de fonds suffisants pour assurer la
réalisation de projets immobiliers dans des conditions satisfaisantes. A ce titre, il faut penser
fonds propres et non pas uniquement au capital, et ce à l’instar de plusieurs institutions:
banques, intermédiaires en Bourse.
3. La promesse de vente
Seul le promoteur immobilier peut effectuer la vente d’un immeuble dans le cadre d’un projet
immobilier avant sa réalisation.72
En effet, la loi a autorisé la vente suite aux promesses de vente exclusivement aux promoteurs
immobiliers, car ceux-ci disposent d’un agrément donc d’un capital suffisant. En plus ce sont
des sociétés réglementées donc une garantie pour les clients pour éliminer le risque de
détournement
71
Maitre TAOUFIK CHABCHOUB « Faut-il réformer le droit de la promotion immobilière », page 3
72
Karim MASMOUDI : Formation thème « les spécifiés de l’audit d’une société de promotion immobilière »,
Juin 2017, page 4
106
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
C’est à dire qu’une vente sur plan ne peut être réalisée que par un promoteur immobilier. Une
société ou une personne physique qui ne dispose pas de l’agrément n’ a pas le droit de vendre
avec la promesse de vente.
La promesse de vente fixe alors les garanties du promoteur et de l’acquéreur. Elle doit
comporter :
L’origine de la propriété du terrain, le numéro du titre foncier, s’il y a lieu
Le promoteur ne peut exiger ni accepter aucun versement, aucun dépôt, aucune souscription,
aucun effet de commerce, avant la signature de la promesse de vente73.
73
Refontes et remaniements ont marqué ces dernières années cette profession ! Le décret n°2009/3588 du 18
novembre 2009 a porté approbation de la modification du cahier des charges générales de la promotion
immobilière approuvé par le décret du 26 août 1991.
Selon ce texte, le promoteur immobilier doit présenter une caution bancaire ou une caution émise par une société
d’assurance pour les avances qui lui sont accordées par l’acquéreur, et ce dans un délai maximum d’un mois à
compter de la signature de la promesse de vente par référence à une convention de cautionnement conclue entre
le promoteur immobilier et une institution bancaire ou d’assurance.
En vertu de cette convention, le promoteur immobilier s’oblige de restituer les avances payées par l’acquéreur en
cas de non-respect des délais contractuels.
L’objectif est de permettre à l’acheteur de récupérer les avances remises au promoteur, et ce dans plusieurs cas. Il
s’agit notamment du non-respect des clauses du contrat et du dépassement du délai de retard toléré (une année),
exception faite des retards générés en cas de force majeure, la résiliation du contrat, soit à l’amiable soit
conformément à un verdict des tribunaux, la cessation de paiement et la faillite.
Décret n°2009-3588 du 18 novembre 2009, portant approbation de la modification du cahier des charges générales
de la promotion immobilière approuvé par le décret n°91-1330 du 26 août 1991.
107
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Si lors d’un audit, on trouve des avances avant signature de la promesse, il s’agit d’un cas
d’infraction à la loi et on peut retirer l’agrément au promoteur.
Dans le rapport du commissaire aux comptes, on insère une opinion si l’irrégularité est
importante.
Le promoteur immobilier, en établissant une promesse de vente, accepte d’immobiliser le
local exclusivement au profit de l’acheteur. L’acquéreur peut s’abstenir de régler les
échéances du prix. La loi oblige le promoteur à lui adresser une sommation par voie d’huissier
de justice qui.doit.rester.sans.réponse.pendant.soixante.jours.
Cette mesure ne protège le promoteur immobilier qu’en apparence. En effet et pour se délier
de la promesse de vente, le promoteur immobilier doit demander la résiliation judiciaire de la
promesse de vente. La procédure au fond peut s’avérer préjudiciable au promoteur en ce qui
concerne le temps et les coûts de procédures. Sa seule consolation c’est la possibilité
d’obtenir la réparation de son préjudice dans la limite de 10% du montant des avances
consenties.
La discordance qui prévaut depuis des décennies entre les textes régissant la promotion
immobilière et la réalité du secteur appelle à une réforme en profondeur de cette activité dont
la.mission.est.à.la.fois,.économique, sociale.et.politique.
Il faudrait rompre avec les pratiques du passé quant à la manière de réformer les textes. La
réforme, si elle est encore une fois conçue dans l’enceinte de l’administration, ne débouchera
que.sur.des.textes.qui,.à.peine.promulgués,.tomberont.en.désuétude.
La consultation de tous les professionnels de l’immobilier est le seul gage d’une réforme
durable de nature à contribuer à l’évolution du secteur. Toute autre démarche sera vouée à
l’échec.
108
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
La pratique en Tunisie, la vente sur plan, est effectuée par les promoteurs immobiliers par
l’établissement d’une promesse de vente ou on trouve la nomination de l’appartement
« A12 », et si le client s’avère défaillant, l’avance ne lui sera pas remboursée.
C’est un document officiel dressé par les services municipaux qui atteste que l’immeuble est
conforme.
Dans la pratique, les S.P.I ont des difficultés par rapport à ce point, car le permis d’occuper
(les locaux) prend beaucoup de temps pour être délivré par les services municipaux donc les
S.P.I se trouvent bloquées par la vente.
5. Le transfert de propriété
Le promoteur doit conclure un contrat de vente dans un délai d’un mois à partir du paiement
du prix de l’immeuble, objet de la vente.
Remarque : la S.P.I ne signe un contrat de vente qu’après encaissé le prix total de la vente.
Lors d’un audit, la rubrique client n’est pas importante, car la société ne signe un
contrat qu’après encaissement du prix.
6. Titre foncier
109
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Etape n°4 : Morcellement du titre foncier en plusieurs titres par local au nom de la
société de promotion
Etape n°5 : Vente des locaux aux clients
Etape n°6 : Titre foncier de chaque local au nom du client
Dans le cas ou les procédures précitées se sont succédé dans cet ordre et d’après l’article 15
nouveau de la loi 90-17 du 26 Février 1990 stipule que « si l’objet de la vente consiste en un
immeuble immatriculé, le contrat doit contenir les mentions prévues par l’article 377 du code
des droits réels.
Or, en pratique et dans la majorité des cas, il arrive que l’étape n°5 précède dans le temps
l’étape n°4. De ce fait, et lors de la conclusion du contrat de vente, le local objet de la vente
n’a pas encore de titre foncier individuel extrait du titre original. C’est pour cela que l’article
15 prévoit que « néanmoins, le promoteur peut, avant la réalisation du plan de lotissement par
l’office de la topographie et de la cartographie ou par un géomètre agréé dans les formes
légales en vigueur, conclure le contrat de vente en se référant au projet de lotissement.
Le promoteur est tenu d’entreprendre les démarches nécessaires relatives à l’accomplissement
des formalités légales et réglementaires nécessaires à la création d’un titre foncier
indépendant pour chaque immeuble vendu. puis chaque client est tenu de signer un acte de
précision en sus du contrat de vente pour pouvoir déposer le dossier auprès des services de la
conservation foncière.74
74
Karim MASMOUDI : Formation thème « les spécificités de l’audit d’une société de promotion immobilière »,
Juin 2017, page 5
110
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
- les étrangers qui acquièrent ou louent des locaux construits situés dans des zones
industrielles ou touristiques en vue de la réalisation d’un projet économique.
- Les Libyens dont le montant dépasse 200 MD.
Dans la pratique, le promoteur vend avant d’attendre l’autorisation du gouverneur ( délai ˃ 6
mois) donc le contrat de vente reste en attente et l’étranger commence à habiter.
Mention dans la lettre du contrôle interne si existe et opinion dans le rapport du commissaire
aux comptes.
111
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
IAS 11 contient des indications sur le moment où deux ou plusieurs contrats doivent être
combinés, en se concentrant sur la façon dont le groupe contrats a été négocié, l'étendue de
toute interrelation entre eux, et si elles sont effectuées simultanément.
Il y a un nouveau langage à considérer sous IFRS 15, mais les principes sous-jacents sont
similaires. En vertu d’IFRS 15, une entreprise est obligée de combiner deux ou plusieurs
contrats et compte pour eux comme un seul contrat s’ils sont conclus à peu près aux mêmes
dates et répondent à l'un des critères suivants :
• les contrats ont été négociés en bloc avec un même objectif ; ou
• le montant du prix à payer en vertu du contrat A dépend du prix de B ou de
l’exécution de B ; ou
• les biens ou services promis au titre de A et B constituent une « obligation de
performance » unique.
En conséquence, nous jugeons que la pratique actuelle ne changera pas de manière
significative de la nouvelle norme.
Illustration 1 :
Ces accords sortent du champ d’application de la norme IFRS 15. Dans ce cas, B ne serait pas
un client de A.
112
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
La société A conclut un contrat avec un client pour la vente de terrains pour 1 million d'UM.
À la même réunion avec les mêmes représentants présents, la société A conclut un deuxième
accord avec le même client pour construire un bâtiment sur ce terrain pour 500 000 UM
supplémentaires.
Les contrats doivent être combinés. Les deux contrats ont été conclus à peu près au même
moment et semblent avoir été négociés comme un paquet avec un seul objectif commercial à
l’esprit. En conséquence, le modèle IFRS 15 doit être appliqué pour identifier les obligations
de performance contenues dans les contrats et répartir la contrepartie totale entre elles. Dans
la plupart des cas, cela entraînera des modifications au moment de la comptabilisation des
produits.
Les principes de répartition dans IFRS 15 (voir l'étape 4) ne peuvent être contournés par le
recours à plusieurs contrats soit pour dissimuler un chiffres d’affaires sur deux exercices (le
cas se présente souvent lors de la vente d’un terrain à un prix préférentiel puis un deuxième
contrat ou il y a une construction à un prix supérieur).
Actuellement, les revenus provenant de la vente de biens entrant dans le champ d'application
d'IAS 18 sont comptabilisés lorsque, entre autres critères, l'entité a transféré à l'acheteur les
risques et avantages importants inhérents à la propriété. Selon cette approche, qui diffère de la
nouvelle norme, les revenus sont généralement comptabilisés au moment où les risques et
avantages sont transférés plutôt qu’au moment du transfert du contrôle.
IFRIC 15 a introduit le fait que les critères de comptabilisation d'une vente de biens
pourraient également être remplis progressivement dans le temps (comptabilisation au
moment du contrôle), donnant lieu à la comptabilisation des revenus dans le temps.
Cependant, cette approche n'est généralement pas appliquée, sauf dans les circonstances
spécifiques envisagées dans IFRIC 15.
Pour les contrats de construction entrant dans le champ d’application d’IAS 11 (généralement
les entreprises de bâtiments BTP et les entreprises de travaux publics) et les contrats de
prestation de services qui respectent les critères de comptabilisation dans le temps définis
113
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
dans la nouvelle norme, le revenu est comptabilisé en fonction du degré d’avancement des
travaux à la date de clôture - c'est-à-dire évaluer la performance de l'entité pour satisfaire son
obligation de prestation.
La nouvelle norme applique une approche basée sur le contrôle (le contrôle peut être transféré
dans le temps ou à une date donnée) à tous les accords, quel que soit le type de l’opération.
la capacité du client à diriger l’utilisation d'un actif et d'en obtenir la quasi-totalité des
avantages restants. Cela inclut également la capacité d'empêcher d'autres entités de
diriger l'utilisation d'un actif et d'en obtenir les avantages.
Pour déterminer le moment précis ou le client obtient le contrôle d’un actif promis, l’entité
doit prendre en compte les éléments indicatifs d’un transfert de contrôle énoncés au
paragraphe 38 de l’IFRS 15, qui comprennent les éléments suivants 75:
(a) L'entité a un droit actuel à un paiement au titre de l'actif — Si le client est actuellement
tenu de payer l'actif, cela peut indiquer qu'il a obtenu en échange la capacité de décider de
l'utilisation de l'actif et d'en tirer la quasi-totalité des avantages restants.
(b) Le client a le titre de propriété de l'actif — Le titre de propriété peut indiquer quelle
partie a la capacité de décider de l'utilisation de l'actif et d'en obtenir la quasi-totalité des
avantages restants, ou de restreindre l'accès d'autres entités à ces avantages. De ce fait, le
transfert du titre de propriété peut indiquer que le client a obtenu le contrôle de l'actif. Si
l'entité conserve le titre de propriété à seule fin de se protéger contre un défaut de paiement
75
Paragraphe 38 de la Norme Comptable Internationale IFRS 15
114
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
de la part du client, les droits ainsi conservés n'empêchent pas le client d'obtenir le contrôle
de l'actif en cause.
(e) Le client a accepté l'actif — L'acceptation d'un actif par le client peut indiquer que ce
dernier a obtenu la capacité de décider de l'utilisation de l'actif et d'en obtenir la quasi-totalité
des avantages restants. Pour évaluer l'effet d'une clause contractuelle d'acceptation par le
client sur la détermination du moment où le contrôle d'un actif est transféré, l'entité doit tenir
compte des indications fournies dans les paragraphes B83 à B86.
Le secteur immobilier est caractérisé par les contrats à éléments multiples. Par conséquent,
l’identification des différentes obligations de prestation constitue un challenge et contraindra
les entreprises à changer leurs politiques comptables. Par illustration, une entreprise peut
vendre un terrain en s’engageant à l’aménager en concevant et en construisant un centre
115
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Plusieurs questions ont été posées au comité de l’IFRIC afin de clarifier le caractère séparable
ou non du terrain au cours de la réunion du 12 septembre 2017 77. Lors de la réunion en date du
76
Mazars « IFRS 15 : Panorama des nouveaux principes de reconnaissance du chiffre d’affaires », 2015, page 5
77
Le comité de l’IFRIC a reçu des questions concernant la comptabilisation du chiffre d’affaires lié à un contrat
immobilier incluant la vente d’un terrain et d’un immeuble à construire.
Au cours de sa réunion du 12 Septembre 2017, la question posée portait sur un contrat qui présentait les
caractéristiques suivantes :
a) le promoteur immobilier et le client concluent un contrat pour la vente d'une unité immobilière dans un
complexe résidentiel à logements multiples avant que l'entité ne démarre la construction.
b) L’obligation de l’entité consiste à livrer l'unité immobilière achevée comme spécifié dans le contrat (elle
ne peut pas changer ou substituer l'unité convenue dans le contrat). L'entité conserve la propriété de l’unité
immobilière (et de tout terrain qui lui est attaché) jusqu'à la fin de la construction.
Identifier l'obligation de prestation
La nature de la promesse dans le contrat est de livrer une unité immobilière complète au client. Les terrains
attribués à l'unité immobilière ne sont pas distincts en application des paragraphes 22 à 30 d'IFRS 15. Par
conséquent, le Comité a observé qu'il y a une obligation unique de prestation dans le contrat.
116
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
13 mars 2018,78 L’IFRS IC a apporté des clarifications sur cette notion d’interdépendance en
précisant qu’une entité devait considérer le niveau d’intégration des différents éléments du
contrat. Plutôt que de considérer si un élément, par nature, dépend de l’autre (c’est-à-dire si
deux éléments ont une interdépendance fonctionnelle), une entité devrait évaluer s’il existe
une relation de transformation entre les deux éléments dans le processus d’exécution du
contrat. Dans l’analyse, seule compte l’existence d’une interdépendance transformative (et
non pas fonctionnelle).
Dans une autre question posée 77 dans la réunion en date du 13 Mars 2018, La Fondation IFRS a publié l'IFRIC
Update (qui résume les décisions de l'IFRS Interpretations Committee) afin de clarifier le caractère séparable ou
non du terrain.
78
La Fondation IFRS a publié l'IFRIC Update de mars 2018 qui résume les décisions de l'IFRS Interpretations
Committee (le Comité) au cours de sa réunion du 13 mars dernier.
Lors de l'évaluation du critère de l'alinéa 27(b) et de son objectif sous-jacent expliqué au paragraphe 29
(déterminer si la nature de la promesse, dans le cadre du contrat, est de transférer le terrain et le bâtiment
individuellement ou plutôt un élément combiné), le Comité explique que l'entité doit considérer ce qui suit :
(a) sa performance dans la construction du bâtiment serait la même, que le client ait acheté le terrain auprès
de l’entité ou auprès d'une autre partie ; et
(b) l’entité (i) serait en mesure de remplir sa promesse de construire le bâtiment même si le client avait acheté
le terrain auprès d'une autre partie et (ii) serait en mesure de remplir sa promesse de transférer le terrain
même si le client achetait les services de construction d'un autre promoteur.
117
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
A notre avis, le caractère séparable du terrain doit faire l’objet d’une analyse au cas par cas,
tant que chaque contrat prévoit des faits et circonstances propres :
Remarque :
La sous-traitance ne devrait pas influer sur la question de savoir si le bien ou le service est
distinct. En effet, les contrats de construction ou de fabrication supposent la fourniture au
client de nombreux biens ou services qui peuvent exister de façon distincte (par Illustration
les matériaux, la main d’œuvre ou les services nécessaires à la construction ou les services de
gestion du projet).
Cependant, en considérant chaque bien ou service comme une promesse, on ne donnerait
pas une image fidèle de la nature de la promesse de l’entité au client ni de la prestation de
l’entité.79
Illustration :
Un constructeur conclut avec un client un contrat portant sur la construction d’une maison.
Divers biens et services sont nécessaires tout au long du processus de construction.
Dans un projet de construction, les différents biens et services sont en général intégrés de telle
sorte que le client obtient un seul extrant et que le contrat dans son intégralité est considéré
comme une seule obligation de prestation. Supposons dans ce cas particulier que le
constructeur ne s’acquitte pas lui même de la prestation de tous les services nécessaires à la
79
Ridha ZARROUK « Produits des A.O tirés de contrats conclus avec des clients – IFRS 15 » cours ISCAE/ Avril
2017, page 9
118
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
production des extrants prévues dans le contrat. Ainsi, il confie en sous-traitance les travaux
relatifs à l’électricité et à la plomberie à un entrepreneur tiers indépendant. La sous-traitance
de certains des services modifie-t-elle l’évaluation de telle sorte que le contrat n’est plus une
seule obligation de prestation ? La capacité de sous traiter des services signifie-t-elle que les
services représentent des obligations de prestations distinctes ? Dans le présent Illustration,
même si les services relatifs à l’électricité et à la plomberie sont fournis par un sous traitant
(et donc ils peuvent exister de façon distincte), le promoteur réalise néanmoins un travail
d’intégration, car la nature de la promesse est la livraison des extrants prévus dans le contrat
(c’set-à-dire une maison).
Donc comptablement, le contrôle peut être transféré dans le temps ou à une date donnée et la
sous traitance sera comptabilisée parmi les charges relatives au contrat par le promoteur.
Le secteur immobilier est très concerné par les éléments variables, puisqu’il fait face à des
revenus dont le caractère est incertain ou potentiel80.
En effet, les contrats pour la vente d’un bien immobilier comprennent souvent des clauses qui
affecteront le montant à recevoir du client. En effet, si le bâtiment est terminé avant la date
prévue, un bonus peut être versé ou, si les travaux prennent plus de temps que prévu, des
pénalités peuvent être demandées.81
Ainsi, les montants variables, sont estimés en utilisant soit la méthode de la valeur attendue ou
le montant le plus probable, l’entité peut enregistrer la partie variable dans le prix de
transaction uniquement lorsqu’il est très probable que le montant à comptabiliser ne fera pas
l’objet d’importantes reprises dans le futur, résultant d’une estimation ultérieure.
Une fois la méthode sélectionnée, elle doit être appliquée de manière cohérente pendant toute
la durée de chaque contrat.
La valeur attendue est la somme des montants pondérés en fonction des probabilités dans une
plage de montants de contrepartie possibles. Cette approche peut être appropriée si le
fournisseur a un grand nombre de contrats ayant des caractéristiques similaires.
80
BDO « Options de transition vers la nouvelle norme revenu », septembre 2016 , page 4.
81
BDO « Options de transition vers la nouvelle norme revenu », septembre 2016, page 5.
119
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Le montant le plus probable parmi une gamme de montants de contrepartie possibles peut être
approprié si un contrat a deux résultats possibles, tels qu'une prime à la performance qui sera
ou ne sera pas reçue.
La méthode choisie n'est pas censée être un choix libre, mais plutôt celle qui devrait
permettre de mieux prévoir le montant de la contrepartie à laquelle un vendeur s'attend à avoir
droit.
Un client fait appel à une société immobilière pour l’achat d’un entrepôt d’un montant de 100
000 TND Si l'entrepôt est terminé à temps, la société immobilière recevra une prime de
performance de 10 000 TND. Ce montant est réduit de 1 000 dinars par semaine de retard.
À temps 25%
Réponse
Nous utiliserions la méthode de la valeur attendue dans cette illustration, car l'utilisation
du montant le plus probable violerait le principe de l'inversion significative (aucun des
scénarios ci-dessus ne dépasse 75-80% et entraînerait donc très probablement une
120
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
(c) Pénalités
De nombreux contrats de ventes immobiliers contiennent des clauses de pénalité liées à la
date d'achèvement ou aux périodes de garantie / défaut. Celles-ci font partie de la contrepartie
variable et doivent être prises en compte dans le prix de transaction.
Immobilier and Co a signé un contrat pour l’achat d’une Résidence dans une zone balnéaire
d’un montant de 100 000 dinars. Si la Résidence n'est pas terminée à temps, une pénalité de
20 000 dinars sera appliquée. Star immobilière a déjà vendu des résidences similaires et il y a
90% de chances que celle-ci soit achevée à temps.
Question
Quel est le prix de la transaction?
Réponse
Il n'y a que deux montants possibles de contrepartie:
121
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
significatif du chiffre d'affaires car le respect historique du délai est de 90% (supérieur à 75-
80%).
La pratique actuelle consisterait en un revenu de 100 000 dinars avec 20 000 dinars en
charges.
- Prime de performance / Les pénalités Les primes doivent être inclus dans les
revenus du contrat lorsque les normes
Les primes de performance sont des paiements
de performance spécifiées sont
incitatifs octroyés à l’entrepreneur.
probables d'être atteintes ou dépassées
Les pénalités peuvent être considérées comme et le montant peut être mesuré d’une
paiements incitatifs négatifs. manière fiable
122
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
123
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
La question qui se pose dans le secteur de la promotion immobilière est la suivante : pour la
comptabilisation du chiffre d’affaires d’une société de promotion immobilière, doit-on
appliquer la méthode à l’avancement ou à l’achèvement. Le SCE a prévu deux normes pour la
comptabilisation des revenus à savoir, la NCT 3 « Revenus » (équivalente à IAS 18) et la NCT
9 « Contrats de construction » (équivalente à IAS 11) Le choix entre les deux méthodes
comptables est ambiguë tant sur plan national qu’international.82
Le promoteur immobilier investit dans des terrains avant de charger des entreprises de BTP de
réaliser le projet qu’il a imaginé. Il doit analyser les facteurs qui rendront le projet réalisable
et plus rentable. Il peut également se charger des financements nécessaires pour le projet, tels
que les emprunts bancaires, les levées de fonds… Il est également amené à trouver le bon
terrain pour la construction du bien à vendre.
124
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Dans un projet immobilier, le promoteur immobilier est le maitre d’ouvrage et les entreprises
de BTP ont la qualité de maitre d’œuvres.
- Pour la NCT 9 / IAS 11, son champ d’application n’inclut que le maître d'œuvre des
contrats de construction. En général, les contrats à long terme ne concernent que les
entreprises de bâtiments BTP, les sociétés de travaux publics, les entreprises
d’ingénierie, les entreprises de construction navale, aéronautiques et spatiale85.
Les trois premières conditions ne posent pas de problèmes dans la pratique et toute la
difficulté réside dans la dernière condition. Seule la notion de « transfert des
principaux risques et avantages » mérite d’être définie avec précision.
85
Contrat à long terme, Compta facile, Site internet : https://www.compta-facile.com/contrats-a-long-terme-
definition-gestion/, Consultation le 10/10/2020.
86
Mohamed TRIKI mémoire d’expertise comptable « Régime fiscal des entreprises de promotion immobilière »
page 40.
125
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Ainsi, le revenu lié aux contrats de construction ou aux prestations de services ne serait
constaté au fur et à mesure de l’avancement que si le client contrôle les biens (les en-cours).
Pour l’application de ce critère de contrôle, il ya lieu de considérer la législation de chaque
pays régissant les activités de promotion immobilières et la vente d’immeubles.87
En France, il est possible dans le cas d’un contrat de vente en état d’achèvement futur
(VEFA) de dissocier le transfert du risque du transfert de propriété. Dans ce cas, une prise en
compte des produits se fera à l’avancement, dans la mesure ou l’acquéreur devient
propriétaire du terrain dés la signature du contrat et propriétaire des ouvrages au fur et à
mesure de leur construction et qu’il ne peut refuser la construction (qu’elle soit achevée ou
non), notamment en cas de défaillance de l’entrepreneur.
Selon l’article 160-3 du code civil « La vente en l'état futur d'achèvement est le contrat
par lequel le vendeur transfère immédiatement à l'acquéreur ses droits sur le sol ainsi
que la propriété des constructions existantes. Les ouvrages à venir deviennent la
propriété de l'acquéreur au fur et à mesure de leur exécution ; l'acquéreur est tenu
d'en payer le prix à mesure de l'avancement des travaux.
Le vendeur conserve les pouvoirs de maître de l'ouvrage jusqu'à la réception des
travaux ».
87
Karim MASMOUDI : Formation thème « les spécifiés de l’audit d’une société de promotion immobilière », 3
Juin 2017
126
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Au niveau international, c’est la nouvelle norme IFRS 15 qui vient de remplacer les
interprétations de l’IFRIC 15 et IAS 11. Les directives d’IFRS 15 sont beaucoup plus
spécifiques que celles précédemment utilisées. L’IFRS 15 énonce de nouvelles exigences, la
complexité de la mise en application de cette approche et de la production des informations
détaillées qu’impose la nouvelle norme aux entités du secteur de l’immobilier pourrait
entraîner des modifications des processus comptables actuels et certaines entités peuvent
constater que les produits d’exploitation précédemment constatés à un moment donné doivent
désormais être comptabilisés au fil du temps, ou vice versa. Pour déterminer si le revenu est
reconnu à un moment donné ou dans le temps, il est important pour une entité de prendre en
compte les trois critères énoncés par IFRS 15:
Le premier de ces critères est le plus souvent (et le plus facilement) satisfait lorsqu’il
s’agit de services de routine comme l’entretien des bâtiments, le nettoyage des
bureaux. Mais pour certaines activités de construction, il peut être moins clair que le
bénéfice de ces services est reçu et consommé au moment où les services sont rendus.
Le deuxième de ces critères est utile dans les situations où il est clair que le client
contrôle l'actif au fur et à mesure qu'il est créé ou valorisé. Par illustration, cela
pourrait être le cas pour certains contrats (mais pas pour tous) prévoyant la
construction d'un bâtiment sur un terrain appartenant au client, des travaux de
réfection d’un immeuble appartenant au client ou un transfert de propriété au client au
fur et à mesure de la construction de l’actif (ventes en l’état futur d’achèvement d’un
bien immobilier à construire). Il peut être plus difficile pour les contrats pour lesquels
l'acheteur n'a pas un droit permanent d'accès au chantier, ainsi que le titre légal et
transfert de possession physique seulement lorsque le contrat est terminé.
Dans ces cas, les entreprises devront examiner attentivement les droits spécifiques
identifiés dans le contrat pour déterminer si l'acheteur a la capacité de diriger l'utilisation de
l’actif et d'obtenir substantiellement tous les avantages restants de l'actif alors qu'il est
encore sous construction. Lors de cette évaluation, le contrôle est défini lorsque l’acheteur
peut effectuer les décisions sur l’actif et reçoit les avantages économiques de ce dernier.
127
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Il faut faire ATTENTION, cela ne correspond pas entièrement au principe de transfert des
risques et avantages. L’IFRS 15.33 énumère des illustrations :
• utiliser l’actif ou services (par illustration occuper les étages inférieurs d'un bureau
partiellement terminé alors que le travail continue sur les étages restants ci-dessus) ;
• utiliser l’actif pour rembourser des dettes ou diminuer des charges financières ;
• détenir l'actif.
A noter que, selon l’interprétation de l’IFRIC 15, le vendeur transfère à l’acheteur le contrôle,
ainsi que les risques et avantages liés aux travaux en cours. Selon cette interprétation,
l’acheteur peut prendre le contrôle des travaux afin de désigner une nouvelle entreprise pour
terminer la construction.
Avec la nouvelle norme IFRS 15, on parle de la notion du contrôle lorsque l’acheteur a la
capacité de diriger l'utilisation, et d'obtenir substantiellement tous les avantages restants de
l'actif alors qu'il est encore sous construction. Cette nouvelle interprétation désigne que
l’acheteur peut interrompre le chantier et vendre le bien.
En conclusion, la nouvelle norme est plus précise quant à la question du contrôle, avec
l’IFRIC 15, l’acheteur avait le transfert du contrôle des opérations c’est à dire, contrôler les
opérations, par illustration, changer la société qui réalise les travaux, mais il n’avait pas le
droit de faire interrompre les travaux.88
88
Le comité d’interprétation des normes IFRS s’est prononcé sur ce sujet au cours de la réunion de Mars 2018 :
« Le second critère est considéré par le comité comme rempli dans le cas où l’entité transfère de manière
irrévocable à un client unique, au commencement du contrat, le titre de propriété juridique relatif au terrain
sur lequel l’immeuble va être construit. En effet, la construction est réalisée sur le terrain du client et ce dernier
a généralement la possibilité de modifier les caractéristiques de l’immeuble en cours de construction ».
128
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
L’IFRS IC précise que, pour remplir ce deuxième critère selon lequel le client doit contrôler
l’actif au fur et à mesure de sa construction, il faut que le client ait un droit de diriger
l’utilisation de l’actif en cours de construction, par illustration :89
– ou encore qu’il ait le droit de modifier les spécificités essentielles de l’actif en cours de
construction.
Précisions de l'IFRIC :
le client doit avoir le droit de diriger l'utilisation de l'actif en cours de
construction
Indicateurs :
Faculté de revendre ou de donner en garantie le Indicateur non
droit à recevoir à terme l'actif achevé. pertinent
Remarque :
L’IFRS IC précise également que, dans un contrat d’une vente d’un bien immobilier, l’actif à
considérer est le bien immobilier lui-même et non le droit d’obtenir ce bien dans un futur
proche. Ainsi, le droit qu’un client aurait de revendre l’actif une fois la construction achevée
n’est pas un élément permettant de conclure que le client contrôle le bien pendant sa
construction.
89
PWC – Editions Francis Lefebvre- Dossier pratique, FRC 7/18 , 2018, page 46.
90
PWC – Editions Francis Lefebvre- Dossier pratique, FRC 7/18 , 2018, page 47.
129
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Faire cette évaluation pour le deuxième critère peut être difficile, et dans de nombreux cas,
cela ne sera pas clair si un actif en construction est contrôlé par le client et quand ce contrôle
est précisément transféré. Pour cette raison, nous nous attendons à ce que de nombreuses
entreprises de construction soutiennent la reconnaissance des revenus au fil du temps
avec une analyse du troisième critère.
Le troisième critère est composé de deux parties, qui doivent toutes les deux être
remplies pour reconnaître les revenus au fil du temps à savoir que l’entité ne pourrait
pas avoir un autre usage pour l’actif en vertu du contrat de construction et le droit de
l’entité à être payée pour les travaux exécutés à ce jour.
Pour évaluer si un actif (par illustration construction en cours) n'a pas une utilisation
alternative au vendeur, une entreprise examine toutes les limitations, contractuelles ou
pratiques, cela l'empêcherait le transfert de l'actif partiellement réalisé à un autre acheteur.
Selon IFRS 15, pour comptabiliser les bénéfices sur la vente de biens immobiliers résidentiels
avant la fin de la construction (à l’avancement) et avant que les acheteurs individuels aient
commencé à occuper leurs unités, le vendeur doit remplir l’un des trois critères énoncés ci-
dessus indiquant que le contrôle de l'unité est transféré dans le temps.
Lors de l'évaluation du troisième critère « pas d’utilisation alternative », une société doit
envisager toute possibilité de ou limitations pratiques qui l'empêcheraient de rediriger l'unité à
un autre client. Celles-ci pourraient inclure des clauses contractuelles telles que :
Des coûts des modifications importants qui seraient difficiles pour rediriger la
construction à un autre client.
En ce qui concerne son droit au paiement pour les services rendus à ce jour, une
entreprise détermine si elle est habilitée à exiger le paiement au cas où le client met fin
au contrat pour des raisons autres que celles qui sont propres à l'entreprise. Pour
satisfaire à ce critère, le droit de recevoir un paiement devrait aller au-delà du simple
remboursement des coûts encourus et doit refléter un prix de vente normal des biens ou des
services transférés à ce jour (c'est-à-dire comprenant une marge bénéficiaire raisonnable). A
130
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
noter également que l'existence d'un calendrier de paiement ne signifie pas nécessairement
qu'une entreprise a droit à un montant au moins égal à l’indemnisation pour les travaux
achevés à ce jour si ces montants sont remboursables ou devraient être en retard sur la
performance.
En vertu des IFRS existantes, un accord pour la construction de biens immobiliers doit être
compris dans le champ d’application de IAS 11 ou 18. Cette détermination est une question
de jugement qui dépend des termes de l'accord, des faits liés et des circonstances. IFRIC 15
fournit des indications pour évaluer si un produit contrat de construction de biens immobiliers
entre dans le champ d’application de l’IAS 11 ou 18 et si les produits correspondants doivent
être constatés à un moment similaire à celui d’une vente de biens, ou au fil du temps.
Nous basant sur la manière dont les contrats de vente d’unités résidentielles hors plan typique
sont actuellement structurés, nous pensons que les nouvelles orientations pourraient
contraindre les entreprises à changer leurs pratiques. La chose importante à retenir est qu’avec
l’introduction d’un nouveau guidage, la limite peut s’être déplacée et un examen minutieux
des faits et des circonstances, y compris les termes du contrat, l'environnement juridique local
et les pratiques commerciales habituelles sera nécessaire.
En règle générale, les biens immobiliers vendus hors plan répondent au critère de l’absence
d’utilisation alternative car une unité en particulier ne peut pas être redirigée par contrat.
Cependant, toute indemnité contractuelle ou statutaire permettant au client de résilier le
contrat sans payer le prix intégral peut amener une entité à conclure qu'elle n’a droit au
paiement.
En particulier, les entités devraient veiller à évaluer le cadre juridique dans lequel elles
évoluent, car les tribunaux de certaines juridictions peuvent ne pas appliquer les conditions
91
PWC : IFRS 15 en détail pour le secteur immobiliers,2016, page 18.
131
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
contractuelles qui exigent que le client effectue le paiement intégral et reçoive le bien en
construction. Par illustration, les tribunaux de certains pays peuvent avoir une pratique établie
d'annuler des contrats et d'imposer simplement une pénalité au cas où un client manquerait de
manière sélective à son obligation. Le droit de prendre le bien et une pénalité inférieure au
prix total du contrat ne constituent pas un droit de paiement pour le développeur. 92
La norme IFRS 15 présente les méthodes de reconnaissance du chiffre d’affaires selon deux
grandes catégories :
92
Le comité d’interprétation des normes IFRS s’est prononcé sur ce sujet au cours de la réunion de Mars
2018 : Concernant le troisième critère, le comité précise de quelle manière l’existence d’un droit exécutoire à
paiement pour les travaux réalisés à date doit être apprécié dans le cadre des critères du paragraphe 35(c) sur
le transfert du contrôle en continu. Ainsi, selon le comité, il convient de tenir compte :
• des éléments de preuve au titre d’une jurisprudence existante qui viendrait manifestement remettre en
cause les termes contractuels, comme des décisions des tribunaux permettant au client d’annuler un contrat
(pour d’autres raisons qu’un défaut d’exécution de la part de l’entité) en versant une simple indemnité de
résiliation et non un montant correspondant approximativement au prix de vente des travaux réalisés à date
(le troisième critère du paragraphe 35 précité ne serait alors pas rempli),
• uniquement des montants qui seraient versés par le client dans le cadre du contrat considéré. Ainsi, il ne faut
pas retenir une approche globale des montants qui seraient perçus en incluant, par illustration, les paiements
que l’entité pourrait percevoir en cas de nouvelle commercialisation du bien auprès d’un autre client.
93
Etude Cabinet Mazras : La nouvelle norme IFRS 15 pour la comptabilisation du chiffre d’affaires, page 7.
132
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Il peut ne pas y avoir de relation directe entre vos intrants et le transfert du contrôle de biens
ou de services à un client. Par conséquent, on doit exclure de la méthode des coûts les effets
de tout intrant ne décrivant pas la performance en matière de transfert du contrôle de biens
ou de services au client (par. B19 d'IFRS 15). Ceci vise les situations ou certains éléments du
contrat à la fois significatifs dans lequel ils seront installés, sont acquis auprès des
fournisseurs, et le client obtient le contrôle sur ces éléments avant que ceux-ci ne soient
intégrés (installés) par l’entité lors de la construction.
La norme IFRS 15 permet d'utiliser des méthodes de coûts consommées pour calculer le
montant des produits à comptabiliser. Une méthode de outputs permet de comptabiliser les
produits sur la base d'une mesure directe de la valeur des biens ou des services transférés à ce
jour, tandis que les méthodes des coûts entraînent une comptabilisation des produits sur la
base de mesures telles que les ressources consommées, les coûts encourus ou les heures-
machine.
Il est noté explicitement que lorsque les méthodes des coûts sont utilisées, il peut ne pas y
avoir de relation directe entre les entrées utilisées et le transfert de biens ou de services à un
client. Par conséquent, toute donnée non directement liée à la performance du promoteur en
matière de transfert de ces biens et services est exclue lors de la mesure du degré
d’avancement réalisés à ce jour.
En outre, les prévisions couvrent et affectent non seulement la comptabilisation des produits,
mais également la comptabilisation des bénéfices. Par illustration, un contrat de construction
peut impliquer que le promoteur achète des éléments de grande valeur pour l'installation, tels
que des ascenseurs. Selon IFRS 15, bien qu'il soit approprié de comptabiliser les produits de
la vente des ascenseurs au moment où le contrôle est transféré au client, il n'est pas approprié
de comptabiliser les bénéfices. En effet, les obligations de performance du promoteur sont
liées à la construction du bâtiment et à l'installation d'éléments tels que des ascenseurs. La
fourniture de composants n'entraîne la fourniture d'aucune partie de ce service.
133
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
En conclusion, les contrats à long terme doivent être comptabilisés, soit selon la méthode à
l'achèvement, soit selon la méthode à l'avancement qui était la méthode préférentielle.
Désormais, la méthode à l'avancement n'est ni une méthode préférentielle ni la méthode de
référence selon la nouvelle terminologie.
IFRS 15 précise notamment que la méthode utilisée doit refléter le transfert progressif du
contrôle des biens et services au client. La méthode des jalons techniques utilisée sous IAS 11
et NCT 9, ne sera plus acceptée sous la nouvelle norme, car elle conduit à maintenir dans les
comptes des travaux en cours des montants significatifs déjà contrôlés par le client.
En vertu de IFRS 15, pour le cas des sociétés de promotion immobilière, le calcul de
l’avancement, qui se faisait en une seule fois, intègre désormais les coûts liés aux terrains au
début ou à la fin de leur commercialisation, comme cela se faisait jusqu’à ici, entrainant ainsi
134
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
une constatation de chiffre d’affaires et de marge plus importante en début de contrat par
rapport à la pratique actuelle 94
En effet, les travaux en cours sont déterminés sur la base d’une comptabilité analytique fiable.
Le contrôleur de gestion travaillera en étroite collaboration avec les équipes opérationnelles
en charges du contrat. Il enregistra directement dans les systèmes d’information les éléments
nécessaires pour le calcul du coût.
La détermination des coûts de production peut être complexe à réaliser. Le contrôle de gestion
éventuellement mis en place dans l’entreprise sera très utile pour procéder à l’évaluation des
en-cours.
Parmi la nature des charges qui entrent dans la valorisation des contrats immobiliers (coûts du
contrat), on trouve :
Le coût du terrain
Les frais qui incombent à l'acquéreur tels que les frais d'actes authentiques pris en
charge par le promoteur ou les frais de commercialisation non imputables à un contrat
de VEFA précis sont exclus du coût de production.
Pour les frais de commercialisation qui ont la nature d'immobilisation et les frais de
lancement d'un programme, la question de leur comptabilisation reste en suspens et
l'ANC a été saisie.
94
LiMM Consulting Group IFRS 15 et votre chiffre d’affaires, 2020, page 4.
95
Francid Lefebvres « comptabilité immobilière : les dernières nouveautés », 2019
135
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Tous ces éléments montrent bien à la fois la complexité du sujet et la nécessité de se former
en comptabilité immobilière, car « le secteur des promoteurs et des marchands de biens est
le secteur qui reste le plus original et nécessite des compétences très larges ».
Pour déterminer si un actif comptabilisé pour l’exécution d’un contrat, doit être déprécié,
la norme IFRS 15 renvoie à la norme IAS 2 « stocks ».
Il est courant que l’étendue et / ou le prix des contrats de construction soient modifiés en
raison de modifications de l’étendue des travaux ou du fait que des biens ou des services
supplémentaires sont ajoutés au contrat. Les IFRS ont actuellement des indications limitées
quant aux conséquences comptables de ces modifications. En revanche, IFRS 15 contient des
indications détaillées à appliquer pour déterminer si, d’un point de vue comptable, les
modifications de contrat entraînent des modifications du contrat existant ou l’émission d’un
nouveau contrat. Cela permet de savoir s'il existe un ajustement du montant des produits
comptabilisés à ce jour (ce qui entraîne une «actualisation» du compte de résultat) ou des
produits à comptabiliser à l'avenir. Ces nouvelles exigences pourraient entraîner des
changements importants dans la structure de comptabilisation des produits et des bénéfices.
A NOTER que les produits associés aux modifications ne peuvent être comptabilisés selon
IFRS 15 tant qu’ils n’ont pas été approuvés par les parties au contrat. En première lecture,
cette exigence semble impliquer un accord écrit entre les parties. Toutefois, la norme IFRS
15.18 stipule qu’ « une modification du contrat peut être approuvée par écrit , par accord
verbal ou implicitement par les pratiques commerciales habituelles ».
En tant que tel, il faudra du jugement pour déterminer le moment où une modification de
contrat est approuvée.
136
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Cependant, dans la plupart des cas les modifications ne fourniront pas des biens et
services distincts et seront comptabilisées comme un ajustement des obligations déjà
existantes. Lorsque une entité applique la méthode du pourcentage d’avancement,
l’ajustement des produits qui en résulte (nouveau % d’avancement * total des produits
ajusté – produits précédemment constatés) à la date où les modifications sont
approuvées.
Le 1er janvier 2019, un client engage une société de promotion immobilière (S.P.I) à fournir
des services de construction pour la construction d'une maison au prix de 500 000 Dinars
(coût estimé à 300 000 Dinars).
La société de promotion immobilière (S.P.I) construit régulièrement des piscines sur une base
individuelle et le prix standard pour cela est de 60 000 D. La société (S.P.I) a comptabilisé les
produits selon l'état d'avancement des travaux et au 1er janvier 2020, 50% de la valeur du
contrat d'origine était finalisée.
Question
Comment cette modification de contrat doit-elle être comptabilisée?
Réponse
La construction de la piscine est un bien distinct qui doit être comptabilisé comme une
obligation de performance distincte. Le prix du contrat pour la piscine étant de 50 000 TND,
ce qui est inférieur au prix de vente autonome de 60 000 TND, la modification est traitée
comme une résiliation du contrat initial et un nouveau contrat est créé. Cela signifie que tout
travail non exécuté sur l'ancien contrat est combiné au nouveau contrat de piscine. À ce titre,
le montant total du «nouveau contrat» s'élève à 300 000 TND (250 000 TND + 50 000 TND).
Les produits sont ensuite répartis entre les deux obligations de prestation de la manière
suivante:
137
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
241 935 D
Maison 250 000 D 250 000 D
250 000 D x (300 000 D / 310 000 D)
58 065 D
Piscine 50 000 D 60 000 D
60 000 D x (300 000 D / 310 000 D)
Produits constatés avant la modification du contrat: 250 000 D (500 000 D x 50%)
• maison D 241,935
• Piscine 58 065 D
Cela signifie que, pour les services de construction restants à effectuer dans la construction de
la maison, les revenus seront de 241 935 TND au lieu de 250 000 TND, en raison du rabais
sur la piscine affecté aux deux obligations de performance (le reste de la maison et la nouvelle
piscine).
Selon la norme NCT 9, la pratique courante était de comptabiliser ces deux contrats
séparément et de comptabiliser les produits selon le stade d’avancement des travaux pour
chaque contrat.
Le 1er janvier 2019, un client engage la société de promotion immobilière (S.P.I) à fournir
des services de construction pour la construction d'une maison au prix de 500 000 TND (coût
estimé à 300 000 TND). Le 1 er janvier 2020, la société de promotion immobilière (S.P.I) et
le client conviennent de modifier le contrat de modernisation de la cuisine pour un montant
supplémentaire de 100 000 TND (coût estimé à 50 000 TND). La société de promotion
138
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
immobilière (S.P.I) a comptabilisé les produits selon l'état d'avancement des travaux et au 1er
janvier 2020, 50% de la valeur initiale du contrat était terminée.
Question
Comment cette modification de contrat doit-elle être comptabilisée?
Réponse
La cuisine modifiée ne représente pas un bien ou un service distinct. Par conséquent, la
société de promotion immobilière (S.P.I) doit poursuivre le contrat et ajuster les produits
constatés à ce jour à l'aide d'un ajustement de rattrapage cumulé.
Fin d'année 1
Total des coûts engagés à ce jour 150 000 D (50% x 300 000 D)
Total des coûts prévus mis à jour 350 000 D (300 000 D + 50 000 D)
Produits constatés sur la base d'un contrat modifié 257 143 D (600 000 D x 42,86%)
L'écriture de journal suivante sera traitée par Construction Co le 1er janvier 2020:
Cr Revenu 7 143 D
Les directives comptables actuelles sont limitées, mais la pratique courante consisterait à
comptabiliser les modifications de manière prospective.
139
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
En plus des indications beaucoup plus détaillées sur la comptabilisation des produits, IFRS 15
contient des critères prescriptifs à appliquer pour déterminer si les coûts associés à
l’acquisition d’un contrat doivent être comptabilisés en tant qu’actif, ou comptabilisés en
charges lorsqu’ils sont engagés. Cela couvre tous les coûts d'acquisition du contrat, tels que
les coûts de soumission engagés avant l'attribution du contrat.
IFRS 15 est restrictive par ce qu’elle ne permet que des coûts supplémentaires pour obtenir
un contrat.soient capitalisés. Par conséquent, seuls les coûts qui n'auraient pas été engagés si
le contrat n'avait pas été obtenu sont éligibles. A titre d’illustration, une commission de vente
dans le cas où un contrat est obtenu. En revanche, les coûts courants de gestion de l'entreprise,
tels que ceux d'un service juridique ne sont pas éligibles, car ils auraient été supportés, qu'un
contrat spécifique ait été obtenu ou non.
Une fois que les coûts d’obtention ont été identifiés, ils sont comptabilisés en tant qu’actifs si
l’on s’attend à ce qu’ils soient recouvrés, généralement au moyen des bénéfices générés par le
contrat correspondant. Cet actif est ensuite amorti sur une base compatible avec le transfert
des biens ou des services spécifiés dans le contrat. Il faudra faire preuve de jugement pour
déterminer une période d’amortissement et un profil appropriés.
SPI remporte un appel d'offres pour la construction d'un entrepôt pour un client. Pour obtenir
le contrat, ils engagent les coûts suivants:
140
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Question
Réponse
Total 75 000
Ecriture de journal
141
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Les normes comptables actuelles donnent très peu d'indications sur les types de coûts
autorisés à être capitalisés, mais dans la pratique, la plupart des entités capitaliseront la
majorité des coûts liés à la réussite d'un appel d'offres si celui-ci est retenu. IFRS 15 sera
beaucoup plus restrictif en ce qui concerne les coûts qui peuvent être capitalisés.
142
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Plusieurs interprétations retenues par l’administration fiscale parfois abusive ont lésé
le contribuable dont notamment :
La question soulevée par la norme comptable tunisienne (NCT 9), l’IFRIC 15 et l’IFRS
15 est l’affectation des produits et des coûts du contrat de construction aux périodes
96
Mohamed TRIKI, Régime fiscal des entreprises de promotion immobilière, mémoire d’expertise comptable
2012, page 44.
143
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
au cours desquelles les travaux de construction sont exécutés. Or, la doctrine fiscale a
subi des évolutions importantes ces dernières années, au début, la DGELF 97 qui a
défini que le fait générateur de la reconnaissance des revenus pour les promoteurs
immobiliers est celui de l’établissement de la promesse de vente, lorsque ladite
promesse remplit toutes les conditions de l’article 580 COC ou lors de la rédaction du
contrat de vente définitif. Par la suite, la DGELF a précisé que les promesses de vente
qui remplissent les conditions de l’article 580 COC doivent être constatées au fur et à
mesure de l’avancement des travaux. Selon le degré d’avancement, les travaux à la
date de clôture 98et finalement, lorsque les travaux sont réalisés conformément aux
exigences du client, les revenus sont enregistrés selon la méthode d’avancement des
travaux99.
97
Dans une prise de position (661) du 26 avril 2000, la DGELF a défini le fait générateur de la prise en compte
des revenus pour les promoteurs immobiliers :
1) D'une façon générale, l'exercice de rattachement de la vente est celui de l'établissement de la promesse de
vente lorsque ladite promesse remplit toutes les conditions de l'article 580 du COC.
2) A défaut de promesse de vente, l'exercice de rattachement est celui de la rédaction du contrat de vente
définitif.
3) Si l'immeuble est livré avant l'élaboration de la promesse de vente ou du contrat de vente, l'exercice de
rattachement est celui de la livraison de l'immeuble.
98
Prise de position DGELF (1863) du 6 Aout 2005, la DGELF a précisé le fait générateur des revenus
pour les promoteurs immobiliers en matière d'IS et de TVA.
Impôt sur les sociétés : En application du principe des créances acquises, le chiffre d'affaires servant
de base à la détermination du bénéfice imposable au titre d'un exercice donné comprend les
résultats de toutes les opérations réalisées au cours de la même année indépendamment du mode
de règlement.
Pour le secteur de la promotion immobilière et concernant les contrats de longue durée (supérieure
à une année), les revenus relatifs audit contrat doivent être comptabilisés au fur et à mesure que les
travaux sont exécutés par référence au degré d'avancement des travaux à la date d'arrêté des états
financiers.
TVA : Le fait générateur de la TVA est constitué par :
1) La promesse de vente si elle remplit les conditions de la vente (prévues par l'article 580 du COC).
2) Le contrat de vente.
3) A défaut, le transfert de propriété.
99
Prise de position DGELF (1863) du 6 Aout 2009, la DGELF a précisé que le revenu est rattaché à
l'exercice au cours duquel le transfert de propriété a lieu lorsque la vente est faite sur stocks. En
revanche, la doctrine administrative fait la confusion entre les entreprises de travaux et les
promoteurs immobiliers en préconisant d'enregistrer les revenus chez les promoteurs immobiliers
selon la méthode de l'avancement lorsque la vente est réalisée sur la base d'une promesse et que
l'immeuble est réalisé selon les exigences du client.
Dans les autres cas, la DGELF retient à juste titre la délivrance de l'immeuble comme fait générateur
de la constatation du revenu de promotion immobilière.
144
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
100
La confusion de l’administration fiscale réside dans le fait que l’article 585 du COC exclut l’application de la
méthode de l’avancement pour les promoteurs immobiliers.
145
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Une nouvelle taxe sur la valeur ajoutée a été appliquée sur les ventes des immeubles bâtis
à usage exclusif d’habitation et réalisés par les promoteurs immobiliers ; cette TVA va
atteindre un taux de 19% d’ici 2021. Craignant les effets inflationnistes qui pourraient
résulter de ce nouveau régime applicable aux opérations de ventes des immeubles bâtis à
usage d’habitation, les promoteurs immobiliers ont dénoncé au départ le principe même
de l’imposition.102
La nouvelle taxe sur la valeur ajoutée (TVA) imposée en 2018 sur l’immobilier et non
récupérable (tout au long de 2018 jusqu’à l’amendement de la loi avec la LF2019), a été
un coup de massue pour les promoteurs.103
101
Rapport CAC « SIMPAR » KPMG 2017 « Le chiffre d'affaires des sociétés de promotion immobilière est
constitué par des cessions définitives matérialisés par des contrats de ventes signés et ayant donné lieu à la
liquidation intégrale du prix de vente et des cessions financées en partie par des crédits et dont l'accord de
principe du financement partiel est formellement notifié ».
102
Solidar : Vente des logements par les Promoteurs immobiliers, 2019. Page 2
103
Crise immobilière : des chiffres éloquents - Site internet - https://www.businessnews.com.tn/crise-
immobiliere--des-chiffres-tres-éloquents,519,85295,3 visité le 02/12/2020
146
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Cette variation constitue une charge pour le promoteur immobilier et est donc incluse dans
le prix de revient de l’immobilier. En 2017, le promoteur immobilier a payé la TVA aux
différents intervenants dans l’opération de construction (sociétés d’ingénierie et
fournisseurs des biens et équipements…), alors que le gouvernement a privé les
promoteurs immobiliers de la déduction de cette taxe, par le biais d’une note stipulée le 2
avril 2018, ce qui a engendré une hausse du prix de l’immobilier.104
Plusieurs observateurs diront que ce son quand même des recettes en plus, mais
concrètement et compte tenu de la baisse des revenus, le fisc perd l’impôt sur les
bénéfices de ces sociétés (IS) qui risque de diminuer sensiblement : les bruits de couloirs
dans le secteur laissent entendre que plusieurs sociétés de promotions immobilières
risquent d’être déficitaires.
La promotion immobilière est bel et bien en crise. Et avec elle, c’est tout le secteur du
bâtiment qui est touché (BTP, menuiserie bois et aluminium, raccordement en eau et
électricité, marbre, etc.) outre les prestataires de services publics (STEG, SONEDE,
Municipalités, Gouvernorats, ONAS, Protection civile, …) qui seront également
impactés avec un manque à gagner qui se traduira tôt ou tard par des pertes d’emplois.
D’où l’urgence de prendre des décisions rapides pour sauver ce secteur et ses emplois
d’une crise systémique qui peut impacter l’ensemble de l’économie nationale.
Comme porte de sortie à cette crise qui se profile, l’imposition d’une TVA de 7%, que
certains promoteurs veulent voir étendue à tous (promoteurs et particuliers). L’imposition
d’un droit d’enregistrement fixe de 25 dinars par page et par copie à l’acquisition d’un
bien immobilier auprès d’un promoteur et l’annulation de toutes autres taxations, puisque
le secteur est désormais assujetti à la TVA.
La promesse de vente synallagmatique comme son nom l’indique est un contrat par
lequel une personne promet de vendre un bien à une autre personne qui s’engage à
l’acquérir moyennant un prix et avec des conditions déterminées à l’avance.
104
LF 2019 : les promoteurs se réjouissent de la déduction de la TVA - Site internet-
https://www.espacemanager.com/lf-2019-les-promoteurs-immobiliers-se-rejouissent-de-la-deduction-de-la-
tva.html dernière visite le 02/12/2020
147
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Face à cet embrouillement juridique, le législateur est intervenu par la loi n°2000-94
du 11 novembre 2000 pour abroger l’article 15 de la loi relative à la promotion
immobilière et abandonner la notion de transfert de propriété. Désormais, « le
promoteur doit conclure un contrat de vente dans un délai d’un mois à partir du
paiement du prix de l’immeuble objet de la promesse de vente… ». Ceci donne une
certaine légitimité aux décisions de la Cour de cassation qui ont affirmé que la
promesse de vente confère un droit personnel et non un droit réel n’entraînant pas
transfert de propriété.
148
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Présentation de l’IAS 12
IAS 12, Impôts sur le résultat met en place une méthode globale axée sur le bilan
pour comptabiliser les impôts sur le résultat selon laquelle sont comptabilisées les
conséquences fiscales actuelles des transactions et autres événements et les
conséquences fiscales futures du recouvrement ou du règlement futur de la valeur
comptable des actifs et des passifs d’une entité. Les écarts entre la valeur comptable
et la valeur fiscale des actifs et des passifs, et les pertes fiscales ainsi que les crédits
d’impôt reporté en avant, sont comptabilisés, sauf dans quelques rares exceptions, à
titre de passifs ou d’actifs, d’impôt différé, ces derniers étant assujettis à un test des
bénéfices probables.
Les actifs d’impôt différé sont les montants d’impôts sur le résultat
recouvrables au cours de périodes futures au titre de différences temporaires
149
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Les passifs (actifs) d'impôt exigible de la période et des périodes précédentes doivent
être évalués au montant que l'on s'attend à payer aux (recouvrer auprès des)
administrations fiscales en utilisant les taux d'impôt (et les réglementations fiscales)
qui ont été adoptés ou quasi adoptés à la date de clôture106.
Les actifs et passifs d'impôt différé doivent être évalués aux taux d'impôt dont
l'application est attendue sur la période au cours de laquelle l'actif sera réalisé ou le
passif réglé, sur la base des taux d'impôt (et des réglementations fiscales) qui ont été
adoptés ou quasi adoptés à la date de clôture.
105
Manuel de CPA canada – comptabilité – partie I, IAS 12
106
Focus IFRS - IAS 12 Compagnie National des Commissaires aux Comptes CNCC
150
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Pour les ventes de résidence sur plan, la comptabilisation d'un impôt différé est
Les contrats pour la vente d’un bien immobilier comprennent souvent des
clauses qui affecteront le montant à recevoir du vendeur. En effet, si le bâtiment
est terminé avant la date prévue, un bonus peut être versé ou, si les travaux
prennent plus de temps que prévu, des pénalités peuvent être demandées. Sous
IFRS 15, comme le seuil de probabilité de la partie variable a été relevé pour
permettre sa comptabilisation, il peut en résulter une imputation différée du
revenu par rapport au traitement comptable actuel.107
Les arrangements financiers avec les clients sont communs au sein du secteur et
sont caractérisés par une entrée de trésorerie qui ne correspond pas à la date de
comptabilisation du revenu. La norme IFRS 15 est bien plus stricte que les
normes actuelles à ce sujet. L’entité doit comptabiliser les éléments financiers de
l’arrangement, tels que les paiements en avance ou les arriérés, séparément du
revenu quand leurs montants sont significatifs.
Le traitement comptable des impôts différés est ambigu. En effet, les produits
(charges) sont reconnus comptablement mais ne sont pas reconnus fiscalement
durant la même année qui engendrera une différence temporelle.
107
Grant Toronto, Get ready for IFRS 15, Août 2016. p 9.
151
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Illustration :
Une société de promotion immobilière, qui s’est arrangée avec le client que si le
bâtiment sera terminé avant la date prévue, un bonus de 5% peut être versé, estime
que le bonus serait perçu à 95%.
Un produit constaté d’avance sera constaté comptablement au 31/12/2020
pour la valeur de 5 milles dinars.
Fiscalement, ce produit est imposable lors de la constatation du bonus donc à
réintégrer dans le décompte fiscal de l’exercice 2020.
Ce décalage a engendré une différence temporelle imposable : on va annoncer
aux utilisateurs des états financiers qu’on a enregistrés un produit comptable
qui ne va pas être imposé durant l’exercice 2020 mais l’impôt sera payé en
2021 lorsque le bonus sera perçu.
152
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
En Tunisie, et à l’état actuel des textes, l’application des IFRS dans les comptes
sociaux n’est pas permise. A défaut de critère précis de reconnaissance du chiffre
d’affaires dans les normes comptables tunisiennes (NCT), ce sont les précisions
apportées par la jurisprudence fiscale qui conduisent le cas échéant à réajuster le
traitement du produit des contrats, à le décaler ou au contraire à l’anticiper. Ces
précisions sont fortement inspirées des IFRS et des interprétations connexes. Il n’y
a pas de doute que celles-ci évolueront sous l’impulsion des nouvelles pratiques en
matière de détermination du prix d’une transaction et de comptabilisation du revenu
qui va susciter l’application de la norme IFRS 15.
153
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Introduction
La norme IFRS 15, reconnaissance du revenu, est d’application obligatoire pour les
exercices ouverts à compter du 1er janvier 2018. La présentation du chiffre d’affaires et des
charges opérationnelles semble être un enjeu majeur pour les sociétés de promotion
immobilière et aura une incidence directe sur la présentation du revenu dans le compte de
résultat en normes IFRS .De nombreux autres sujets ont également été identifiés dans ce cas
empirique dans le cadre de la mise en œuvre de la norme IFRS 15 : la méthode de transition
retenue , l’identification des obligations de performance dans les contrats, la capitalisation
des coûts d’obtention des contrats, le timing de la comptabilisation, l’identification de la
partie variable, la valeur temps de l’argent, les modifications des contrats etc.…,
154
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Compte tenu de la somme des nouveautés et précisions introduites par l’IFRS 15, il est
important d’identifier les principaux changements par rapport aux normes actuelles relatives
à la comptabilisation du chiffre d’affaires et d’anticiper les conséquences comptables.
Même si l’IFRS 15 a le mérite de fournir des principes clairs et des précisions pour
comptabiliser les transactions complexes, il n’en demeure pas moins que ces principes
peuvent ne pas être compris et laisser la place à des difficultés d’application pour les
professionnels comme en atteste la mise en place d’un groupe de travail commun par le
FASB et l’IASB dénommé TRG « Transition Ressource Group » 39 ; son rôle est
d’identifier et d’analyser les difficultés d’application que pourrait poser IFRS 15 et de les
communiquer à l’IASB et au FASB.
À cet égard, l’objectif de ce chapitre est de fournir des zones de mise au point et
d’éclaircissement de l’application de la nouvelle norme d’un point de vue comptable sur le
secteur immobilier et d’identifier les divergences par rapport à la pratique actuelle.
Les Illustrations et les discussions qui vont suivre sont destinées à aider les entités du secteur
immobilier à l’application de l’IFRS 15 pour les contrats types du secteur.
Les contrats de projet immobilier sont des contrats qui portent sur la construction d’un bien
immobilier, directement ou par l’intermédiaire des sous-traitants.
Présentation de la société
155
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
II - SYSTEME COMPTABLE
Les états financiers au 31 décembre 2018, de la société « ARTUS IMMOBILIERE » ont été
arrêtés selon les dispositions du système comptable tunisien tel que promulgué par la loi
96/112 du 30 décembre 1996.
Méthode comptables appliquées
Les bases des mesures et les principes comptables spécifiques adoptés pour la préparation et
la présentation de ses états financiers se résument comme suit :
Stock
Les terrains à bâtir ou à lotir sont comptabilisés au coût, qui se compose du prix d’acquisition,
des droits d’enregistrement, des frais d’acte, des dépenses directement engagées pour rendre
le terrain prêt à la construction ou à la vente et des charges d’emprunt éventuellement
encourues durant la période de son acquisition, de son aménagement ou de sa détention en
vue de sa construction ou de sa vente (élaboration des plans et obtention des autorisations de
bâtir préalablement à la construction physique des constructions).
Travaux en cours
Les projets de promotion immobilière en cours d’achèvement sont évalués à leur coût de
production à la date de clôture. Ce coût comprend, en plus de celui du terrain tel que décrit ci-
dessus, les rémunérations des architectes, des bureaux d’études et des géomètres, les coûts
relatif aux travaux de construction et d’équipement des biens immobiliers (confiés aux
entrepreneurs ou engagés directement par la société).
Travaux terminés
Les biens immobiliers achevés et non encore vendus à la date de clôture (lots de terrains
viabilisés, locaux à usage commercial ou d’habitation, cellier, place de parking, etc.) sont
évalués à leur coût de production.
156
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Une provision pour garanties conférées aux clients est constituée pour couvrir les dépenses de
réparation qui seront éventuellement engagées par la Société sur les projets de promotion
immobilière commercialisés. Le montant de cette provision représente un pourcentage du
chiffre d’affaires réalisé, par catégorie de projets.
Revenus
Les ventes de biens immobiliers sont comptabilisées, sur la base des contrats de vente conclus
avec les clients, lorsque l'ensemble des conditions suivantes ont été satisfaites :
- La Société a cessé d'être impliquée dans la gestion, telle qu'elle incombe normalement au
propriétaire, et dans le contrôle effectif du bien immobilier cédé ;
- Il est probable que des avantages économiques associés à la transaction iront à la Société
(l’encaissement du produit de la vente est raisonnablement sûr) ; et
- Les coûts encourus ou restant à encourir concernant la transaction peuvent être évalués de
façon fiable.
Pour être pris en compte en résultat, les contrats de vente doivent être signés par les deux
parties et leurs montants doivent être payés intégralement, ou faire l’objet d’un accord de
financement par un établissement de crédit spécialisé (banque, société de leasing, etc.).
Nous vous présentons ci-après l’état de résultat comparé des exercices 2018 et 2017.
157
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
ARTUS IMMOBILIERE
RES IMMOBILIERE RUE DU LAC TOUBA
1053 BERGES DU LAC
ETAT DE RESULTAT
(Exprimé en dinars )
2018 2017
Au 31/12/2018 % Au 31/12/2017 %
PRODUITS D'EXPLOITATION
Revenus 14 361 792 100% 19 490 352 100.00%
Autres produits d'exploitation 65 798 0.46% 66 108 0.34%
Production immobilisée 0 0% 0 0.00%
Total des produits d'exploitation 14 427 590 100.46% 19 556 460 100.34%
CHARGES D'EXPLOITATION
Variation des stocks des produits finis et des encours (+ou-) 15 306 535 106.58% 15 799 691 81.06%
Achats de terrain déstinés à la construction -8 840 369 -61.55% -11 732 386 -60.20%
Achats Etudes et prestations -537 815 -3.74% -945 085 -4.85%
Achats de matériels, équipements et travaux -12 608 165 -87.79% -11 967 243 -61.40%
Charges de personnel -2 319 062 -16% -2 118 058 -10.87%
Dotations aux amortissements -94 255 -0.66% -93 623 -0.48%
Dotations aux provisions 122 509 0.85% -1 130 670 -5.80%
Autres charges d'exploitation -968 503 -6.74% -804 869 -4.13%
Total des charges d'exploitation 9 939 125 -69.21% 12 992 243 -66.66%
RESULTAT DES ACTIVITES ORDINAIRES AVANT IMPOT 3 005 556 50.77% 6 405 031 41.06%
Impôt sur les bénéfices -904 556 -6.3% -1 378 928 -7.07%
RESULTAT DES ACTIVITES ORDINAIRES APRES IMPOT 2 101 000 57.07% 5 026 103 48.13%
RESULTAT APRES MODIFICATIONS COMPTABLES 2 101 000 57.07% 5 026 103 48.13%
158
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
En Tunisie :
Traitement des contrats selon les normes actuelles (NCT 9 et NCT 11)
L’article 15 de la loi 90-17 du 26 Février 1990 relative à la promotion immobilière stipule que
« Le promoteur doit conclure un contrat de vente dans un délai d'un mois à partir du paiement
du prix de l'immeuble objet de la promesse de vente ». De son côté, l’article 585 du code des
obligations et des contrats stipule que « Dès la perfection du contrat, l’acheteur doit supporter
les impôts, contributions et autres charges qui grèvent la chose vendue, s’il n’y a pas
stipulation contraire; les frais de conservation de la chose sont également à sa charge, ainsi
que ceux de perception des fruits. En outre, la chose vendue est aux risques de l’acheteur,
même avant la délivrance, sauf les conventions des parties».
Il en résulte de la lecture combinée de ces deux articles que le transfert de contrôle est
concomitant avec le transfert de propriété, ce qui exclut l’application de la méthode de
l’avancement pour les sociétés de promotion immobilière en Tunisie.
Les conditions de comptabilisation de la vente d’un bien immobilier sont vérifiées lorsque
le contrat de vente est signé par les deux parties et soumis à la formalité d’enregistrement, le
bien immobilier est livré à l’acquéreur (établissement d’un procès-verbal de mise en
possession et/ou de remise des clés) et le prix de vente est intégralement encaissé par la
Société ou que cette dernière dispose de documents probants montrant clairement que
l’encaissement intégral du prix de vente est raisonnablement sûr à très court terme (attestation
d’octroi d’un prêt pour le financement de l’acquisition du bien immobilier émanant d’un
établissement de crédit).
L’IFRS 15 nous impose de suivre les 5 étapes pour la comptabilisation des produits des
activités ordinaires :
159
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Il est clair qu’il s’agit d’une vente des unités résidentielles, nous avons l’accord contractuel
explicite entre les clients et la société, qui crée des droits et obligations exécutoires, les
modalités de paiement pour la vente de l’unité résidentielle sont identifiables dans le contrat
et la société estime que la probabilité du recouvrement du montant est élevée.
Au regard de l’IFRS 15, une société de promotion immobilière doit comptabiliser un service
comme une obligation de prestation distincte seulement si elle est distincte dans l’absolu et
dans le contrat.
Il est clair que le prix de la transaction est indiqué dans le contrat avec le client, mais en
réalité la société peut avoir une certaine variabilité, comme des bonus de performance ou
pénalité pour les retards de délivrance des appartements. La société doit tenir compte de ces
estimations qui doivent être intégrées dés le départ dans la valeur de la transaction.
Selon IFRS 15, pour comptabiliser les bénéfices sur la vente de biens immobiliers résidentiels
avant la fin de la construction (à l’avancement) et que, avant que les acheteurs individuels
aient commencé à occuper leurs unités, le vendeur doit remplir l’un des trois critères énoncés
par la nouvelle norme indiquant que le contrôle de l'unité est transféré dans le temps.
160
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
La comptabilisation du revenu provenant des ventes résidentielles sur plan sera directement
affectée, donc la société « ARTUS IMMOBILIERE » devra conduire une analyse spécifique
des termes du contrat afin de déterminer si le revenu devra être enregistré de manière continue
ou à un moment donné. La façon de comptabiliser le revenu dépendra fortement de
l’éventualité que la société donne un usage alternatif à l’actif en construction et du droit de
l’entreprise à être payée pour les travaux réalisés. Pour satisfaire à ce critère, le droit de
recevoir un paiement devrait aller au-delà du simple remboursement des coûts encourus et
doit refléter un prix de vente normal des biens ou des services transférés à ce jour (c'est-à-dire
comprenant une marge bénéficiaire raisonnable).
A notez que pour « ARTUS IMMOBILIERE », tous les promesses de ventes concluent ne
prévoyaient pas le droit au paiement pour les travaux réalisés, donc le troisième critère n’est
pas établit et la société reconnaitra le revenu à l’achèvement.
a) Principales divergences
Le premier changement majeur concerne le rythme de comptabilisation des revenus ; il
peut y avoir un décalage dans le temps de la comptabilisation des produits. Selon
l’évaluation des contrats, ARTUS IMMOBILIERE qui comptabilisait leurs produits à
l’achèvement pourraient être amenée à les comptabiliser progressivement avec
l’application du référentiel international IFRS 15.
161
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Le second changement concerne les coûts liés aux contrats, la pratique actuelle étant de les
comptabiliser directement en charges. En application de l’IFRS 15, il convient d’activer
ces coûts s’ils vérifient certaines conditions définies par la norme pour ensuite les amortir
selon le même rythme que le revenu. Il en résulte des charges moins élevées pour la
première période.
Les principaux changements par rapport à la pratique actuelle pour un contrat de services
sont résumés dans le tableau qui suit :
Normes
Nouvelle Norme
Contrats de Services actuelles (NCT
IFRS 15
9 et NCT 3)
Le fait générateur
Date du transfert des Modèle fondé sur la notion de
de
risques et avantages contrôle
comptabilisation
La détermination du Juste valeur de la Montant que la société
prix de transaction contrepartie reçue ou à s'attend à recevoir
recevoir
La méthode de Méthode à l’achèvement sauf si
comptabilisation Méthode à l’achèvement condition établie
Activation possible
La comptabilisation des
Inscription en charges conditionnée à des critères et
coûts aux contrats
amortissement selon le
rythme du revenu
162
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Le groupe Altrea, à la fois développeur et investisseur, est présent sur les trois
principaux marchés de l’immobilier (Commerce, Logement et Immobilier
d’entreprise) lui permettant d’être leader des grands projets mixtes de
renouvellement urbain en France.
Ces trois groupes ont communiqué leurs états financiers retraités arrêtés au
31/12/2018.
L’étude qui va suivre est destinée à dresser un panorama des nouveautés appliquées
par lesdites sociétés, puis à mesurer l’impact de l’application de la nouvelle norme
sur leurs états financiers afin d’aider les sociétés de promotion immobilière à
l’application de l’IFRS 15 pour les contrats immobiliers.
163
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Par application de la norme IFRS 15, Groupe Nexity a intégré le coût du terrain dans
le coût de la construction (contrairement à la précédente pratique), le dégagement du
chiffre d’affaires se réalise sur l’avancement de la totalité des coûts stockables ce qui
se traduit par une accélération du rythme de dégagement du revenu et de la marge.
Pour le groupe Bouygues, Les coûts liés aux terrains et la vente des appartements ne
sont pas distincts dans le cadre du contrat.
Conclusion : Comme énoncé à l’IFRS 15, les sociétés ont identifié le terrain et la
construction comme une obligation de performance unique.
En effet, dans le cadre d’un contrat de VEFA le client obtient le contrôle de l’actif au
fur et à mesure de sa création et dans le cadre d’un contrat de CPI, le promoteur ne
164
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
peut pas utiliser le bien pour un autre usage et a droit au paiement des travaux déjà
effectués.
Pour ces programmes, le chiffre d’affaires des ventes notariées est comptabilisé,
conformément à la norme IFRS 15 « Produits des activités ordinaires tirés des
contrats », proportionnellement à l’avancement technique des programmes, mesuré
par le prorata des coûts directement rattachables à la construction (le prix de revient
du foncier est inclus au calcul) engagés par rapport au budget total prévisionnel
(actualisé à chaque clôture) et à l’avancement de la commercialisation déterminé par
le prorata des ventes régularisées sur le total des ventes budgétées. Le fait générateur
de la reconnaissance du chiffre d’affaires est donc l’achat du terrain combiné à la
signature d’actes authentiques de vente (ventes régularisées).
Pour Bouygues Immobilier, notamment sur les contrats de type VEFA (vente en l’état
futur d’achèvement). Le principe de dégagement du chiffre d’affaires et de marge ‘’à
l’avancement’’ n’est pas remis en cause, le calcul de l’avancement du chantier
(Logement et Immobilier d’entreprise) intègre désormais les coûts liés aux terrains,
entraînant une constatation de chiffre d’affaires et de marge plus importante en
début de contrat par rapport à la pratique antérieure. Ce retraitement se traduit par
une augmentation des capitaux propres au 31 décembre 2016 de 64 millions d’euros,
nets d’impôts différés.
Pour Nexity, Les actifs de contrats qui représentent le chiffre d’affaires comptabilisé
à l’avancement sans droit immédiat à facturation.
165
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Les passifs de contrats, c’est-à-dire les prestations ayant fait l’objet d’un acte de vente
inconditionnel mais non encore reconnues en chiffre d’affaires, sont inscrits en
produits constatés d’avance.
Ces actifs et passifs étaient inclus dans les postes « Clients et autres créances » et
« Dettes fournisseurs et autres dettes » et sont désormais présentés sur des lignes
isolées. L’état de la situation financière a été retraité pour l’exercice clos au 31
décembre 2018).
Dans les états financiers du groupe Bouygues, deux nouvelles rubriques ont été
créées dans le bilan consolidé :
166
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
La norme IFRS 15 est appliquée par le groupe Bouygues au 1er janvier 2018, avec
application rétrospective et présentation de comparatifs.
Dans le cas de retraitement complet, la société publie ses chiffres pour l’exercice 2018
en intégrant la norme IFRS 15 et recalcule ses chiffres 2017 avec IFRS 15 pour
proposer une comparaison fidèle.
Dans le cas de retraitement partiel, la société publie toujours ses chiffres pour
l’exercice 2018 en intégrant la norme IFRS 15 et fait figurer en annexe les chiffres
2018 calculés selon l’ancienne méthode rendant la comparaison possible entre les
exercices 2017 et 2018 via «l'ancien calcul».
A l’issue de l’application de l’IFRS 15 en 2018, les groupes objet de notre étude ont
affiché des impacts sur le chiffre d’affaires, le résultat net et les capitaux propres dans
des proportions qui varient entre 5% et 10% (Annexe 2).
Suite aux états financiers publiés par les groupes, il est clair que le secteur de
l’immobilier fera face à de nombreux défis concernant l’identification des obligations
de performance, la comptabilisation des offres combinées, le moment de la
constatation du chiffre d’affaires, etc.
167
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Pour l’ensemble des sociétés objet de notre étude, tous les contrats de vente
résidentielle sur plan comportaient une seule obligation de performance, à savoir la
promesse de transférer une fraction du terrain au client et le bâtiment sur ce terrain.
2. Le process de contractualisation
Ces sociétés ont dû revoir les termes de leurs contrats ainsi que leurs pratiques
commerciales, même si elles appliquent les contrats VEFA108 (vente à l’état futur de
l’achèvement ) qui sont presque similaires aux indications énoncées par l’IFRS 15.
Mais la différence réside dans le droit aux paiements qui oblige les sociétés à
mentionner dans le contrat un droit égal aux travaux exécutés plus une marge.
3. Moment de la comptabilisation :
Pour le cas des groupes français objet de notre étude, le chiffre d’affaires des lots
vendus est comptabilisé à l’avancement conformément aux dispositions de la norme
IFRS 15 qui ne remet pas en cause le principe de comptabilisation du chiffre
d’affaires et du résultat à l’avancement pour les activités de promotion immobilière
française car elles sont réalisées sous forme de VEFA (vente en l’état futur
d’achèvement).
En effet, dans le cadre d’un contrat de VEFA le client obtient le contrôle de l’actif au
fur et à mesure de sa création, le promoteur ne peut pas utiliser le bien pour un autre
usage et a droit au paiement des travaux déjà effectués.
108
Selon l’article 1601-3 du code civil français « La vente en l'état futur d'achèvement est le contrat par lequel le
vendeur transfère immédiatement à l'acquéreur ses droits sur le sol ainsi que la propriété des constructions
existantes. Les ouvrages à venir deviennent la propriété de l'acquéreur au fur et à mesure de leur exécution ;
l'acquéreur est tenu d'en payer le prix à mesure de l'avancement des travaux. Le vendeur conserve les pouvoirs
de maître de l'ouvrage jusqu'à la réception des travaux.
168
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
A noter que, pour les juridictions qui ne disposent pas des contrats VEFA comme la
Tunisie, la comptabilisation du revenu provenant des ventes de propriétés
immobilières sur plan sera directement affectée par la nouvelle norme. L’entreprise
devra conduire une analyse spécifique des termes du contrat afin de déterminer si le
revenu devra être enregistré de manière continue ou à un moment donné .La façon
de comptabiliser le revenu dépendra fortement de l’éventualité que l’entité donne un
usage alternatif à l’actif en construction et du droit de l’entreprise à être payée pour
les travaux réalisés.
Conformément à la norme IFRS 15, les 3 Groupes ont présenté au sein de leurs états
de la situation financière, les actifs et passifs sur contrats sur deux lignes distinctes à
l’actif et au passif.
Ces actifs et passifs étaient inclus dans les postes « Clients et autres créances » et «
Dettes fournisseurs et autres dettes » et sont désormais présentés sur des lignes
isolées. Les actifs sur contrats sont principalement constitués des factures à établir,
aux avances versés aux fournisseurs et aux retenues des garanties. Les passifs sur
contrats correspondent aux avances reçues et des produits constatés d’avance.
5. Méthode de transition
169
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
la comparaison des montants entre deux périodes comptables différentes est une
étape très importante dans la prise de décision de l’investisseur.
Interprétations
Suite à la migration vers la nouvelle norme IFRS 15, nous constatons que ces
entreprises n’affichent pas d’impacts significatifs suite à l’adoption de la nouvelle
norme IFRS 15. L’analyse approfondie de la composition des revenus de ces trois
groupes nécessite de s’arrêter sur deux points essentiels :
Ces trois groupes comptabilisent déjà leurs revenus selon le type des contrats
VEFA (vente à l’état futur d’achèvement), qui est très similaire aux indications
prescrites par l’IFRS 15, ce qui ne remet pas en cause la méthode déjà utilisée
par les groupes, la différence observé se situe dans le calcul de l’avancement
qui intègre désormais les coûts liés aux terrains, ce qui se traduit par une
constatation de chiffre d’affaires et de marge plus importante en début de
contrat par rapport à la pratique antérieure (ce qui explique l’impact sur le
chiffre d’affaires et des capitaux propres lié à l’application de l’IFRS 15
enregistré par les groupes).
Une partie des revenus provient des loyers, qui ne sont pas impactés par la
nouvelle norme, cela s’explique par le fait que l’activité de la location est régie
par la norme IFRS 16 sur les contrats de location.
170
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
1. Méthode d’échantillonnage
Les critères de sélection sont subjectifs et pratiques ; cela implique nécessairement que
certains membres de la population auront moins de chances d’être sélectionnés que d’autres.
L’échantillon choisi : Le questionnaire est une méthode qui convient bien pour les études qui
demande d’interroger un grand nombre de personnes. Du fait que nous devions questionner
des experts comptables, comptables et des directeurs financiers des sociétés de promotion
immobilière, il est donc judicieux d’utiliser cette méthode. De plus, l’un des principaux
avantages de l’enquête par questionnaire est qu’elle permet d’obtenir des réponses venant de
professionnels maitrisant les techniques comptables et immobiliers, qu’il est ensuite possible
d’analyser et de mettre en relation. Dans notre recherche, il s’agira, en effet, de croiser les
réponses des experts comptables d’une part et des professionnels de l’immobilier d’autre part.
Toutefois, cette méthode présente également certaines limites qu’il est nécessaire de prendre
en compte. Tout d’abord, il y a le danger de ne pas avoir un échantillon représentatif de la
population visée. Cela signifie donc que les résultats d’une enquête par questionnaire ne
peuvent souvent pas être généralisés à l’ensemble de la population.
Nous présentons dans ce qui suit les principaux résultats observés à partir de notre
échantillon.
171
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Oui
Non
Indifférent
60% jugent qu’il existe une difficulté de déterminer si un contrat conclu entre un
promoteur immobilier et son client est régi par la norme IAS 11ou la norme IAS 18.
Oui
Non
Indifférent
70% jugent les dispositions de l’IFRIC 15 ont bien résolu la difficulté quant à la
détermination du champ d’application de tous les contrats conclus en vue de la
construction des biens immobiliers.
Q3 : Est-ce-que l’existence de plusieurs normes comptables internationales (IAS 11, IAS 18)
et les interprétations connexes (IFRIC 15) aident les utilisateurs à appliquer le même
traitement comptable ?
172
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Oui
Non
Q4 : Estimez-vous que les normes internationales actuelles (IAS 11, IAS 18) relatives à la
comptabilisation des sujets particuliers dans les contrats immobiliers (segmentation,
regroupements, modifications des contrats) sont assez détaillées et suffisantes ?
Oui
Non
72 % des personnes interrogées, prévoient que les normes actuelles ne sont pas
suffisamment détaillées
173
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Ap réc i
Oui
Non
Je ne sais pas
Q7 : Avec la publication des comptes selon IFRS 15 est-ce que vous anticipez des problèmes
lors de son application ?
174
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Pas de problémes
Quelques
problèmes
Plusieurs
problèmes
Avec la publication de la nouvelle norme IFRS 15, 50% des personnes interrogés
voient que cette norme ne posera que quelques problèmes alors que 33.33 % pensent
que cette norme posera beaucoup de problèmes.
Q9 : Pense- vous que les directives d’IFRS 15 soient suffisantes pour déterminer le moment
de transfert du contrôle d’un bien immobilier au client (progressivement ou à un moment
précis) ?
175
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Suffisantes
Peu suffisantes
pas suffisantes
Q10 : Pour une société de construction immobilière qui constate son revenu à l’avancement,
qu’elle est la méthode la plus pertinente pour mesurer le degré d’avancement parmi les deux
méthodes préconisées par IFRS 15 ?
La méthode
basée sur
lesinputs
La méthode
basée sur les
ouput
Oui
Non
83.3 % pensent que les normes comptables tunisiennes NCT 3 Revenus et NCT 9
Contrats de construction sont dépassées et ne peuvent plus répondre aux exigences des
utilisateurs du secteur immobilier.
176
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Complétement
différents
2nd Qtr
3rd Qtr
Q13 : Pensez-vous qu'une réforme de la loi n°90-17 du 26 février 1990 portant sur la
promotion immobilière et de quelques dispositions relatives doivent accompagner la réforme
de la NCT 3 et NCT 9 pour harmoniser les pratiques comptables avec les règles juridiques ?
Oui
Non
177
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
CONCLUSION
Le FASB et l’IASB ont publié conjointement la nouvelle norme IFRS 15 relative aux
produits des activités ordinaires tirés des contrats conclus avec des clients. Cette nouvelle
norme est appliquée aux sociétés soumises aux normes IFRS à compter du 1er janvier 2018
Pour répondre à la problématique, la démarche que nous avons adoptée consiste à étudier
l’impact de l’IFRS 15 sur la mesure de la performance des entreprises en fonction du secteur
d’activités, c’est ce qui nous a mené à tirer la conclusion suivante :
178
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
BIBLIOGRAPHIE
2. Le deuxième exposé sondage de juin 2011 publié par l’IASB en novembre 2011
3. Norme comptable internationale : IFRS 15 « Produits des activités ordinaires tirés des
contrats conclus avec des clients »
179
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
17. Code des droits d'enregistrement et de timbre (Promulgué par la loi n° 93-53 du 17
mai 1993) ;
18. Code de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme (Promulgué par la loi n° 94-122
du 28 novembre 1994) ;
19. Loi n° 90-17 du 26/02/1990, portant refonte de la législation relative a la promotion
immobilière tel que modifiée et complétée par la loi n° 91-76 du 02/08/1991, les
articles 56, 57 et 58 de la 1oi n° 91-98 du 31/12/1991, l’article 5 de la loi n° 93-120 du
27 décembre 1993, la loi n° 2000-94 du 11/11/2000 et la loi n° 2009-62 du 31 juillet
2009 ;
20. Loi n° 2005-40 du 11/05/2005 complétant le décret du 4 juin 1957, relatif aux
opérations immobilières ;
21. Décret n° 91-1330 du 26/09/1991, portant approbation du cahier des charges générales
de la promotion immobilière, tel que modifié par le décret n° 2009-3588 du 18
novembre 2009 ;
22. Arrête du ministre de l’Équipement et de l'habitat du 27 novembre 1991, précisant les
critères d'agrément des promoteurs immobiliers ;
23. Arrêté du ministre de l’Équipement et de l'habitat du 27 novembre 1991 portant
définition de l'habitat social ou prioritaire ;
24. Arrêté du ministre de l’Équipement, de l'habitat et de l'aménagement du territoire du 2
décembre 2009, portant approbation des prix des logements neufs réalisés par les
promoteurs immobiliers et financés par le fonds de promotion des logements pour les
salariés.
Ouvrages
1. Momento Expert PWC « IFRS arrêté des comptes 2019 » Francis Lefebvre édition
2020.
2. Ridha ZARROUK « Comptabilité financière internationale IFRS 2021 » Edition 2021.
3. Moez CHAABEN, Achraf MAALOUL « Ce qu’il faut retenir des normes IAS/IFRS »
1ére édition 2018.
4. Dunod, Robert Obert édition Février 2017 « Pratique des normes IFRS ».
5. CPAC - Comptables professionnels agrées Canada « IFRS 15 Produits des activités
ordinaires tirés des contrats conclus avec des clients. Réponses à vos
questions »Edition 2016.
180
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Thèses et mémoires
181
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
1. DELOITE
IFRS 15 Perspectives sur le secteur immobilier : la nouvelle norme sur les produits des
activités ordinaires pourraient avoir des répercussions importantes sur le profil de
comptabilisation des produits et des bénéfices, le 2 Mai 2016
La nouvelle norme IFRS 15 sur la comptabilisation du chiffres d’affaires : secteur du
BTP et de la promotion immobilière
IFRS 15 : Les 10 points clés pour les industriels du contrat long terme »
2. PWC:
3. MAZARS
182
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
4. KPMG
5. Autres articles
Olivier LAMARAUD : IFRS 15, Revenus des contrats avec les clients : Impacts défis
et actions à entreprendre
183
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
ANNEXE
184
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Selon NCT3 et IAS 18, une clause La nouvelle norme ne prévoit pas que
Clauses de
de garantie standard dans un la présence d’une garantie empêcherait
garanties
contrat de vente implique que le la comptabilisation de la totalité des
185
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
186
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
187
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
188
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
iii) Contrat de construction dont le résultat ne peut être estimé de façon fiable ......... 20
3. Absence de méthodologie pour identifier les éléments des offres groupées ................................. 26
5. Lissage automatique des résultats et limites de la méthode d’avancement des travaux ................ 29
189
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
Section 1 : Les objectifs de la nouvelle norme IFRS 15 sur la reconnaissance du revenu ............. 30
1. Une volonté d’harmonisation entre l’IASB et le FASB ......................................................... 30
1.1. Le référentiel comptable international ................................................................ 30
190
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
4. Cadre légal régissant le secteur : loi n°90-17 du 26 Février 1990 et ses textes
d’application ................................................................................................................................... 104
2. Les conditions générales requises pour l’exercice de l’activité de promotion immobilière. 105
Section 2 : Analyse de la norme IFRS 15 et son application pour le secteur immobilier ............ 112
1. La particularité des contrats dans le secteur immobilier ............................................................. 112
191
L’IFRS 15 vers une meilleure mesure de la performance financière 2021
de l’entreprise : cas d’une société de promotion immobilière
La TVA relative aux opérations réalisées par les promoteurs immobiliers ...... 146
o Dossier pratique « Cas des sociétés de P.I cotées en France » .......................................... 163
1. Première application de l’IFRS 15......................................................................................... 164
192