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i

Université d’Etat d’Haïti


(UEH)

Faculté D’Agronomie et de Médecine Vétérinaire


(FAMV)

Département d’Economie et de Développement Rural


(EDR)

Effets de la Dépréciation de la Gourde par rapport au Dollar Américain


sur les Prix des Produits Alimentaires Distribués sur le Marché Haïtien
Cas du Riz, Maïs, Poulet et Haricot sec
(Période : 1990-2004)

Mémoire
Présenté par LETANG Gardy
Pour l’obtention du diplôme d’Ingénieur-Agronome
Option : Economie et Développement Rural

Janvier, 2007
i

Effets de la Dépréciation de la Gourde par rapport au Dollar Américain sur


les Prix des Produits Alimentaires Distribués sur le Marché Haïtien
Cas du Riz, Maïs, Poulet et Haricot sec
(Période : 1990-2004)
ii

DÉDICACES

Ma maman Erèse BORGELLAS LETANG pour son courage, sa rigueur, son


amour immense et irréprochable en ma faveur ;

Mon amie inoubliable MAIGNAN Nancie pour son support affectif ;

Aux paysannes, force motrice de l’économie haïtienne, particulièrement celles


qui ont accepté de m’héberger chez elles durant mes stages en exploitations
agricoles.
iii

Remerciements

Ce travail de recherche a été rendu possible grâce à l’encouragement de mes


collègues de la promotion Référence, de ma famille et de mes amis. Par leurs
remarques combien importantes, j’ai dû souvent me remettre au travail avec ardeur.
Ce travail est le fruit de l’effort de mes professeurs à la FAMV qui m’ont initiés dans
l’agronomie.
Je remercie avec toute gratitude :
• Dieu qui n’a jamais cessé de me bénir et m’envahir d’intelligence et de
compréhension ;
• VINCENT Nemours Ing-Agr., le conseiller scientifique de l’étude, qui a
contribué inlassablement à sa réussite, son intérêt pour ce sujet d’étude
macroéconomique, sa rigueur scientifique, ses remarques pertinentes et
constructives m’ont beaucoup catalysés ;
• Les responsables du Bureau des Prix de l’IHSI, les bibliothécaires de l’UNIQ,
l’IHSI, la FAMV et le MARNDR qui, par leur collaboration, m’ont permis de
travailler avec efficacité. Qu’ils sachent combien m’a été précieux, utile et
bénéfique leur soutien et qu’ils mériteraient d’être gratifiés ;
• Tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, ont contribué à ma formation.
Mes remerciements pleins de sincérité vont spécialement à l’endroit de :
• DAMEUS Alix Dr., Directeur du Département de l’Economie et du
Développement Rural et au corps professoral dudit département;
• L’Etat haïtien en général et la FAMV en particulier ;
• La famille LETANG toute entière, particulièrement mes frères Jacques,
Daniel, Jean Donès, Jonas, Léonès et mes sœurs Rose Claire et Magarette;
• Mon cousin BOISGUENE Rogavil et mes amis LUNDY K. P. Pascal Ing-
Agr, AUGUSTIN Rosenite, DESTILUS Carline, EXUME P. Marcelle,
JEAN BAPTISTE Nancy;
• Mes collègues JOSEPH J. Washington, SIMON Rodrigue, LOUIS
JACQUES J. Ulrick et ALCINDOR Ewald.
iv

Résumé

De 1990 à 2004, une hausse significative a été enregistrée au niveau des prix à la
consommation des produits alimentaires de base de la consommation des ménages
haïtiens: riz, maïs, poulet et haricot sec. Cette situation a débouché sur l’inflation
alimentaire variable avec le produit en question parallèle à une dépréciation de la
gourde par rapport au dollar. Cette situation minant le pouvoir d’achat et contribuant à
aggraver la vulnérabilité alimentaire surtout chez les catégories sociales à bas revenu a
incité la conduite de la présente étude ayant comme objectif global : " Isoler certains
facteurs faisant varier périodiquement les prix du riz, du maïs, du poulet et du haricot
sec sur le marché haïtien tout en mettant en évidence les incidences sur l’évolution
continuelle des prix de ces produits de 1990 à 2004 de la dépréciation de la gourde
par rapport au dollar américain de même que la relation causale entre ces deux
variables".
La méthodologie adoptée consistait à effectuer des recherches
bibliographiques, collecter les données sur les prix et taux de change moyens annuels,
des volumes d’importations des produits et la consommation alimentaire locale. Ces
deux derniers ont été utilisés pour calculer la part de la consommation de ces produits
satisfaite par leurs importations.
Les coefficients d’élasticité calculés ont permis de constater que les
consommateurs substituent ces produits l’un à l’autre pour réagir aux tendances
haussières de leurs prix à l’alimentation, à un niveau plus élevé pour le riz - maïs que
le poulet - haricot sec.
Les prix moyens des produits ont été soumis à un test d’analyse de variance.
Ceci a permis de voir que les prix du riz et du maïs, deux produits substituts, suivent
une même tendance centrale contrairement ceux du poulet et le haricot sec.
Les indices simples de prix des produits et du taux de change une fois calculés
ont été soumis à une analyse économétrique pour l’estimation d’un modèle pour
chaque produit. Ensuite, l’analyse économétrique utilisant l’indice de prix des
produits (riz, maïs, poulet et haricot sec) et l’indice du taux de change gourde/USD
respectivement comme variable endogène et exogène a permis d’estimer le modèle
suivant de régression linéaire simple pour chaque produit :
v

Riz : Yt = 5.113 + 0.842 X t + ε t

Maïs : Yt = −15.616 + 1.026 X t + ε t

Poulet : Yt = 20.46 + 0.864 X t + ε t

Haricot sec : Yt = −9.435 + 1.212 X t + ε t


Ces modèles une fois testés isolément, à partir des tests de normalité des
erreurs, de Student, de signification d’ensemble de la régression, de détection de
l’autocorrélation des résidus de Durbin-Watson, ont permis de constater qu’il existe
une relation positive entre l’indice du taux de change de la gourde/USD et l’indice de
prix des produits dans cette série temporelle. Les coefficients de détermination ajustés
en témoignent. Ils sont de 0.835, 0.843, 0.899 et 0.918 respectivement pour le riz,
maïs, poulet et haricot sec pour lesquels le coefficient de corrélation partielle accuse
les valeurs suivantes : 0.914, 0.918, 0.948 et 0.960. Ce qui a permis de conclure que la
dépréciation de la gourde par rapport au dollar influe dans l’ordre croissant la hausse
des prix du riz, du maïs, du poulet et du haricot sec.
vi

Table des Matières

DÉDICACES……........................................................................................................... ii
Remerciements……….................................................................................................... iii
Résumé…………............................................................................................................ iv
Table des Matières.......................................................................................................... vi
Liste des graphiques ....................................................................................................... xi
Liste des figures……. ..................................................................................................... xi
Liste des sigles et abréviations...................................................................................... xiii

I. INTRODUCTION........................................................................................................ 1

1-1-. Problématique ......................................................................................................... 3


1-2-. Objectifs .................................................................................................................. 5
1-2-1-. Objectif général ........................................................................................ 5
1-2-2-. Objectifs spécifiques ................................................................................. 5
1-3-. Hypothèses de l’étude ............................................................................................. 6
1-4-. Cadre théorique de l’étude...................................................................................... 6
1-5-.Justification et limites de l’étude ............................................................................. 7

II : REVUE DE LITTERATURE ................................................................................... 8

2-1-. Le marché des changes........................................................................................... 8


2-1-1-. Système monétaire international et les régimes de change ....................... 8
2-1-2-. Importance quantitative des marchés de change ..................................... 8
2-1-3-. Fonctionnement du marché de change ..................................................... 8
2-1-4. Typologies des acteurs du marché de change et leur motivation ......... …..9
2-1-4-1-. Typologie de Frankel et Froot........................................................................... 9
2-1-4-2-.Typologie de BAILLIU et KING ....................................................................... 10
2-1-5-. Les modèles de détermination des taux de change.................................. 10
2-2-. Le système de change flottant ............................................................................... 11
vii

2-2-1. Mécanisme du système ............................................................................. 11


2-2-2-. Détermination graphique du taux de change .......................................... 11
2-2-2-1-. Rôle économique des taux de change .............................................................. 12
2-2-3. Avantages et inconvénients du système de change flottant..................... 12
2-2-4-. La description du phénomène de la courbe en J ………………………..13
2-3-. La situation monétaire haïtienne.......................................................................... 14
2-3-1-. La monnaie haïtienne : nature et rôle..................................................... 14
2-3-2. La Banque Centrale et le contrôle de change ......................................... 15
2-3-3. Historique de l’adoption du système de change flottant........................... 15
2-3-4. Dilemme gourde/dollar américain ........................................................... 15
2-4-. Le marché des produits alimentaires de l’étude ................................................... 17
2-4-1-. La situation dans le cas du riz ................................................................ 17
2-4-1-1-. La production locale de riz ............................................................................. 17
2-4-1-2-. Importance commerciale et alimentaire du riz en Haïti .................................. 17
2-4-1-3-. Les axes et les circuits de distribution du riz local .......................................... 18
2-4-1-4-. Axes et circuits de distribution du riz importé ................................................. 18
2-4-2-. La situation dans le cas du maïs ............................................................. 19
2-4-3-. La situation dans le cas du poulet........................................................... 19
2-4-3-1. Evolution de la production de poulet de chair.................................................. 19
2-4-3-2. Evolution de la production de poulet créole ..................................................... 20
2-4-3-3-. Evolution des importations de poulet .............................................................. 20
2-4-3-4-. Axes et Circuits de distribution des poulets..................................................... 20
2-4-4-. La situation dans le cas du haricot sec ................................................... 21

III : CADRE MACROÉCONOMIQUE DE LA PRODUCTION AGRICOLE


HAÏTIENNE ......................................................................................................... 22

3-1-. La situation alimentaire du pays .......................................................................... 22


3-1-1-. Dimension politique................................................................................ 22
3-1-2-. Dimension économique........................................................................... 22
3-1-3-. Dimension sociale .................................................................................. 23
3-2-. La crise du secteur agricole haïtien et ses origines ............................................. 24
viii

3-2-1-. Importance économique du secteur ........................................................ 24


3-2-2-. Les origines de la crise du secteur.......................................................... 25
3-2-2-1-. L’environnement physique des exploitations ................................................... 25
3-2-2-2-. Baisse des prix aux producteurs et baisse d’intérêt......................................... 25
3-2-2-3-. Libéralisation des importations alimentaires .................................................. 25
3-2-2-4-. La tertiarisation de l’économie ....................................................................... 27
3-2-3-. Les conséquences de la crise .................................................................. 28
3-2-3-1-. Baisse de la production et des exportations et hausse des importations
alimentaires.................................................................................................................... 28
3-2-3-2-. La dollarisation de l’économie haïtienne ........................................................ 30
3-2-3-3-. Cercle vicieux de la libéralisation de l’économie............................................ 32
3-3. La disponibilité globale .......................................................................................... 32
3-3-1-. Disponibilité alimentaire ........................................................................ 33
3-3-1-1. Les importations commerciales ........................................................................ 33
3-3-1-2. L’aide alimentaire ............................................................................................ 34

IV : METHODOLOGIE................................................................................................ 35

4-1-. Revue bibliographique .......................................................................................... 35


4-2-. Choix de la période et des produits ....................................................................... 35
4-3-. Collecte des données ............................................................................................. 36
4-4-. Traitement des données ........................................................................................ 36
4-5-. Méthodes d’analyse des données et procédés de calcul........................................ 37
4-5-1. Part du produit importé dans la consommation alimentaire locale ......... 37
4-5-2. Analyse de variance ................................................................................. 37
4-5-3. Les indices de prix à l’alimentation et de taux de change ........................ 37
4-5-4-. Elasticités d’arc et élasticités croisées ................................................... 38
4-5-5-. Modélisation........................................................................................... 38
4-5-5-1-. Présentation des modèles ................................................................................ 38
4-5-5-2-. Tests sur le modèle .......................................................................................... 39
4-5-5-2-1-. Tests de normalité des erreurs .................................... 39
4-5-5-2-2-. Test de coefficient des modèles (test du t-student) ..... 40
ix

4-5-5-2-3-. Test de signification d’ensemble de la régression


(test de Fisher Snedecor) ............................................... 40
4-5-5-2-4-. Test de détection de l’autocorrélation ........................ 41
4-5-5-2-5-. Coefficient de détermination et coefficient de
corrélation partielle ....................................................... 41

V : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS ........................................... 42

5-1-. Part des importations des produits dans la consommation alimentaire


locale.............................................................................................................................. 42
5-2-. Evolution des prix des produits............................................................................. 43
5-2-1. Cas du riz – maïs pris comme produits substituables............................... 44
Tableau 3: Résultats des analyses de variance............................................................... 44
5-2-2-. Cas du poulet et du haricot sec pris comme substituables ...................... 45
5-3-. Analyse évolutive des prix à la consommation et du taux de change
gourde/USD................................................................................................................... 46
5-4-. L’approche d’élasticités de la demande................................................................ 50
5-4-1-. Elasticités d’arc des produits ................................................................. 50
5-4-2-. Elasticités croisées de la demande des produits ..................................... 50
5-5-. Modélisation.......................................................................................................... 52
5-5-1-. Présentation des modèles ....................................................................... 52
5-5-2-. Hypothèses des modèles ......................................................................... 52
5-5-3-. Estimation des modèles........................................................................... 53
5-5-3-1-. Présentation des modèles de régression linéaire............................................. 53
5-5-3-2-.Tests sur les modèles ........................................................................................ 54
5-5-3-2-1-. Tests de normalité des erreurs .................................... 54
5-5-3-2-2-. Test de coefficient des modèles .................................. 55
5-5-3-2-3-.Test de signification d’ensemble des modèles
de régression ................................................................. 56
5-5-3-2-4-.Détection de l’autocorrélation des erreurs ................... 56
5-5-3-2-5-.Test d’ajustement et coefficient de détermination
(corrélation) .................................................................. 57
x

5-5-4-. Conclusion partielle 578

VI: CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ........................................................ 59

VII : BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................... 63


xi

Liste des tableaux


Tableau 1: Évolution de l’Aide alimentaire livrée en Haïti (en TM) ........................... 34
Tableau 2 : Evolution de la part des importations des produits dans la
consommation alimentaire locale......................................................................... 43
Tableau 3 : Résultats des analyses de variance ............................................................ 45
Tableau 4: Evolution en points et en pourcentage de l’indice du prix à
l’alimentation des produits .................................................................................... 48
Tableau 5: Coefficient d’élasticités d’arc du riz, maïs, poulet et haricot sec ............... 51
Tableau 6: Coefficients d’élasticités croisées................................................................ 51

Liste des graphiques


Graphique 1 : Détermination du taux de change en système de change flottant....... 12
Graphique 2: Effets de la courbe en J ......................................................................... 14
Graphique 3 : Évolution du taux de change nominal gourde-USD ............................. 16
Graphique 4: Contribution du secteur agricole au PIB réel ........................................ 14
Graphique 5 : Compétitivité du secteur agricole haïtien relativement aux USA ......... 27
Graphique 6: Valeur des importations alimentaires par habitant en USD .................. 28
Graphique 7 : Évolution de la part des différents secteurs dans le PIB....................... 28
Graphique 8 : Part des exportations agricoles et des importations alimentaires ......... 30
Graphique 9 : Production agricole par tête (base 100=1980)....................................... 31
Graphique 10 : Evolution des dépôts en dollar par rapport à ceux en gourde............. 31
Graphique 11 : Evolution comparative des prix des produits et du taux de change
gourde/ USD .......................................................................................................... 47
Graphique 12 : Evolution comparée de l’indice de prix des produits et de l’indice du
taux de change ...................................................................................................... 48
Graphique 13 : Evolution de l’indice du taux de change en points et en pourcentage 50

Liste des figures


Figure 1 : Cercle vicieux de paupérisation de l’économie par la libéralisation........... 32
xii

Liste des annexes

Annexe A : Glossaire
Annexe B : Circuits de distribution du riz, maïs, poulet et haricot sec
Annexe C : La dévaluation monétaire et la balance commerciale : effets et facteurs
Annexe D : Evolution tendancielle de certaines variables pour le riz, maïs, poulet et
haricot sec
Annexe D-1 : Production, importation, consommation alimentaire, prix et indice de
prix du riz
Annexe D-2 : Production, importation, consommation alimentaire, prix et indice de
prix du maïs
Annexe D-3 : Production, importation, consommation alimentaire, prix et indice de
prix du poulet
Annexe D-4 : Production, importation, consommation alimentaire, prix et indice de
prix du haricot sec
Annexe E : Evolution du taux de change nominal gourde par rapport au dollar
américain sur le marché de change haïtien
Annexe F : Résultats de l’analyse de régression obtenus sur SPSS pour les produits
Annexe F-1 : Résultats de l’analyse de régression pour le riz
Annexe F-2 : Résultats de l’analyse de régression pour le maïs
Annexe F-3 : Résultats de l’analyse de régression pour le poulet
Annexe F-4 : Résultats de l’analyse de régression pour le haricot sec
Annexe G : Les Tables Statistiques
Annexe G-1 : Table de la loi de Student
Annexe G-2 : Table de la loi de Fisher Snedecor
Annexe G-3 : Table du Chi-deux
Annexe G-4 : Table de la Statistique de Durbin et Watson
xiii

Liste des sigles et abréviations

AGD : Administration Générale des Douanes


AHPEL : Association Haïtienne pour la Promotion de l’élevage
BC : Banque Centrale
BNRH : Banque Nationale de la République d'
Haïti
BRH : Banque de la République d'
Haïti
CA : Consommation Alimentaire
CAF : Coûts Assurances Frets
CE : Communauté Européenne
CNSA : Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire
EBCM : Enquête Budget Consommation des Ménages
EDR : Economie et Développement Rural
EMMUS : Enquête Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services
FAMV : Faculté d'
Agronomie et de Médecine Vétérinaire
FAO : Food and Agricultural Organization
FMI : Fonds Monétaire International
FOB : Free on Board
IDE : Investissement Direct Etranger
IRE : Indice de Restriction des Echanges
IDH : Indice de Développement Humain
IGSM : Indices Globaux de Sécurité Alimentaire
IHSI : Institut Haïtien de Statistique et d'
Informatique
IPA : Indice de Prix à l’Alimentation
IPC : Indice des Prix à la Consommation
M : Millions
MARNDR : Ministère de l'
Agriculture des Ressources Naturelles et du
Développement Rural
MCI : Ministère du Commerce et de l'
Industrie
PAPDA : Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement
Alternatif
PIB : Produit Intérieur Brut
xiv

PIB /ha : Produit Intérieur Brut par habitant


PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PVD : Pays en Voie de Développement
PPi : Part du Produit importé
SMI : Système Monétaire International
SPSS : Statistical Package for the Social Sciences
TC : Taux de Change
TEC : Tonne Equivalent – Céréale
TM : Tonne Métrique
UEH : Université d'
Etat d'
Haïti
UNIQ : Université Quisqueya
US : United States
USA : United States of America
USD : United States Dollar
USDA : Département de l’Agriculture des Etats-Unis
VPi : Volume du Produit Importé
Var. IP. Glis. Ann. Maïs : Variation de l'
Indice de Prix du maïs en Glissement
Annuel
Var. IP. Glis. Ann. Haricot sec : Variation de l'
Indice du Prix du haricot sec en
Glissement Annuel
Var. IP. Glis. Ann. Poulet : Variation de l'
Indice du Prix du poulet en Glissement
Annuel
Var. IP. Glis. Ann. Riz : Variation de l'
Indice du Prix du riz en Glissement
Annuel
Var. ITC. Gliss. Ann. : Variation de l'
Indice du Taux de Change Gourde/USD
en Glissement Annuel
1

I. INTRODUCTION
Le marché de change est le lieu où s’échangent les monnaies des nations les unes
contre les autres. Le système qui régit les transactions est désigné sous le nom de
système de taux de change. La conversion d’une monnaie nationale contre une devise
étrangère est régie par le taux de change. Ce dernier constitue le prix de la monnaie et
représente du même coup la quantité de monnaie nationale nécessaire à l’acquisition
d’une unité de cette devise. Cette conversion a une importance capitale du fait qu’elle
permet les échanges commerciaux entre nations et confère un pouvoir libératoire aux
monnaies de leurs partenaires commerciaux comme la gourde dont la valeur d’échange
ne réside que dans des transactions à l’échelle nationale. De cette manière, la gourde peut
être transformée en dollar afin de régler les transactions internationales lorsque celles-ci
se font en cette dernière monnaie.
La politique monétaire varie d’un pays à l’autre. Selon l’approche monétariste
traditionnelle, les variations des taux de change sont des phénomènes monétaires. Un
pays, selon sa politique monétaire, peut adopter l’un ou l’autre des deux systèmes de
change suivants pour réagir aux déséquilibres monétaires: le système de taux de change
fixe et le système de taux de change flottant. Dans ce dernier cas, deux situations sont
possibles à savoir un flottement pur et un flottement impur. C’est le premier qui est en
vigueur officiellement sur le marché de change haïtien depuis les années 90.
La monnaie en tant que moyen d’échange a une valeur réelle. Celle-ci exprime son
pouvoir d’achat c’est-à-dire la quantité de biens et services qu’une unité de cette
monnaie peut acquérir. Elle varie inversement par rapport à l’IPC (Indice Général des
prix à la Consommation). Dans les PVD (Pays en Voie de Développement), caractérisés
surtout par de faibles capacités productives, leur monnaie est convertie en USD ou autre
pour participer aux échanges commerciaux internationaux. Ceux-ci concernent les biens
échangeables parmi lesquels on classe les produits alimentaires importés et exportés.
Parfois, pour acquérir certains biens dans l’espace économique international, on est
obligé de se procurer une certaine quantité de devises comme le USD. A noter que plus
le cours du USD augmente face à la monnaie nationale, plus le pouvoir d’achat de celle-
ci à l’étranger se détériore. D’où l’émergence du concept de dépréciation de monnaie en
économie.
2

Toutes les fois que la gourde demeure la monnaie utilisée pour acheter les biens sur
le marché local et le USD pour ceux échangés sur le marché international, la dépréciation
de la gourde par rapport au dollar se répercutera directement sur les prix des biens
importés et aura un impact sur les prix des biens produits localement. En effet, la
production de biens et services sur le marché national n’est possible sans l’utilisation de
produits importés tels que carburant, machines etc. Cette dépendance peut être
accompagnée d’une part d’une hausse continue et durable du niveau général des prix et
d’autre part, le taux d’inflation (s’il y en a un) des pays qui exportent vers Haïti peut
contribuer aussi à alimenter la hausse des prix en Haïti.
L’inflation a donc deux sources, une qui est importée et l’autre qui est la résultante
du faible niveau de productivité de l’économie nationale affectant la valeur relative de la
monnaie nationale.
Selon Milton Friedman, chef de file de l’École de Chicago, l’inflation est, si on
ose donner une explication assez simpliste, un état de déséquilibre entre la quantité de
monnaie en circulation dans une économie donnée et le niveau de production de cette
économie c’est-à-dire c’est la résultante de l’inadaptation de la masse monétaire à la
productivité. Pour les keynésiens, il existe une inflation par la demande globale si dans
des accroissements de dépenses se heurtent à une offre rigide. En Haïti, pays à économie
dualiste, elle affecte beaucoup plus les agents du secteur traditionnel peu productif que
ceux du secteur moderne à haute productivité, les portant à anticiper certaines décisions
financières.
En Haïti, la plupart des individus sont victimes d’un déficit quantitatif et qualitatif
dans leur alimentation. Le coût élevé sur le marché des principaux produits de
consommation tels que riz, maïs, sucre, légumes, viandes, fruits, poulet et haricot sec
rend leur accès difficile aux petites bourses. Face à cette situation les céréales surtout le
riz et le maïs s’arrangent comme la principale source d’énergie alimentaire. D’un autre
côté, le prix du haricot sec, relativement faible par rapport à celui des viandes, le place
comme la principale source de protéine des ménages. Face à cette situation, nombreux
sont les ménages qui utilisent souvent dans leur consommation les abats de poulets
importés vendus sous forme de cuisses, d’ailes et autres. Sa consommation sans cesse
croissante est déterminée de plus en plus par les importations. Elle est passée de 6.35 TM
3

en 1990 à 25.71 TM en 20041. Le riz, aliment de base de la population haïtienne, ajouté


aux haricots et sauce de viande, constitue le plat national d’Haïti. Selon le USDA cité par
JEAN BAPTISTE (2005)2, la consommation annuelle de riz passe de 36.000 tonnes
métriques en 1961 à 360.000 en 2002 soit un accroissement de 5.64% pour la période,
celle du maïs de 139.32 TM en 1990 à 159.44 en 2004. Selon IHSI (1994) cité par
BONHEUR (1996), le haricot et le pois congo constitue 40% de la production des
légumineuses dans le pays. Le haricot sec bien qu’il soit produit partout dans le pays, sa
consommation malgré complétée par des importations a connu une baisse passant de
90.53 TM en 1990 à 75.67 en 2004.

1-1-. Problématique
L’inflation est définie comme une érosion du pouvoir d’achat de l’unité monétaire,
de sa valeur en termes de biens et services se manifestant sous la forme d’une hausse
générale, cumulative et durable des prix dans l’économie (DOURA, 2003). Toutefois,
l’augmentation du niveau général des prix ne s’accompagne nécessairement pas d’une
augmentation des prix de tous les produits sur le marché. Selon CAMPBELL, BRUE et
TREMBLAY (1994) dans toutes les économies, même en période d’hyperinflation, les
prix ne suivent pas le même rythme d’évolution pour tous les biens et services. Il en
résulte une modification des prix relatifs.
L’inflation peut être expliquée par plusieurs variables. L’école monétariste la
considère comme la conséquence d’une création monétaire excessive. Cette approche
repose sur la théorie quantitative de la monnaie3 mettant en évidence la vitesse de
circulation de la monnaie et le niveau de stabilité des transactions qui s’opèrent au niveau
de l’économie. Ce déséquilibre économique se manifeste lorsque la diminution de la
quantité de biens affectée à la vente n’est pas compensée par une diminution de la
quantité de monnaie affectée aux achats.
Le contexte macroéconomique haïtien est marqué par un taux d’inflation élevé
depuis plus d’une décennie, une relative stagnation de l’offre locale dont le taux moyen
annuel de croissance de 1,28% (PNUD, 2000) entre 1970-1999 est insuffisant pour
accommoder un taux de 2,2% de croissance démographique (IHSI, 2003). L’agriculture,
1
Disponible sur http://faostat.fao.org/faostat/collections?version=ext.&hasbulk=o&subset=agriculture
2
Disponible sur http://www.indexmundi.com/en/commodities/agricultural/rice_milled/
3
Cette théorie a été énoncée par I. Fischer en 1907
4

principale base de l’économie nationale est en chute libre et cela tend à provoquer une
criante paupérisation. Sa part dans le PIB ne cesse de diminuer au profit de celle du
secteur tertiaire et pour une moindre part de celle du secondaire. Elle résulte de
l’instabilité politique et institutionnelle, des substitutions, de l’inefficience et des
distorsions économiques imputables aux réformes économiques entreprises depuis 1986-
87. Dès lors, l’offre alimentaire globale est déterminée à plus de 50% par les
importations et le système de change flottant est adopté depuis le début des années 90.
L’adoption par les autorités monétaires du système de change flottant mettant fin
à la parité fixe n’a fait que connaître au taux de change nominal gourde-USD de fortes
variabilités par suite de l’accentuation des déséquilibres internes et externes. La
fluctuation à la hausse de ce taux de change induit la dépréciation de la gourde par
rapport au USD. Ce phénomène engendre une modification importante des prix relatifs.
Ainsi, est constaté un renchérissement des prix des produits alimentaires distribués sur le
marché haïtien par suite de l’incorporation du taux de change gourde/USD dans ces prix.
Ce phénomène en touchant à priori les variétés importées se répercutent par conséquent
sur les variétés locales. Toutefois, les modifications de l’IPA (Indice des Prix à
l’alimentation) pour les dits produits sont opérées suivant un rythme d’évolution
spécifique d’un groupe à un autre.
En régime de change flexible, les désajustements monétaires se répercutent sur la
variation des taux de change. Par suite d’un déséquilibre monétaire, le mécanisme des
prix et des flux d’espèces entraîne une demande de devises favorable aux importations
des biens et services. Un excès de la demande de devise sur l’offre s’accompagne d’une
hausse des taux de change. Un accroissement de l’offre de la gourde par suite d’une
augmentation de la demande de dollar américain entraîne une appréciation de ce dernier.
La dépréciation de la gourde est un élément déterminant de l’inflation alimentaire
d’Haïti, pays à déficit vivrier et alimentaire fortement dépendant des importations.
L’offre locale étant faible par rapport aux importations alimentaires, la gourde se révèle
un instrument important dans les échanges et la détérioration de sa valeur par rapport au
USD, monnaie utilisée pour l’acquisition des produits importés sur le marché
international, se répercute de façon négative sur le pouvoir d’achat alimentaire des
5

consommateurs locaux. Face à cette situation, les consommateurs locaux sont victimes
de la vulnérabilité alimentaire compromettant sa sécurité alimentaire.
Cette vulnérabilité afflige tous les ménages haïtiens particulièrement ceux à bas
revenus détenteurs d’un pouvoir d’achat faible ou instable. Elle devrait se révéler
préoccupante puisque l’alimentation demeure l’un des aspects les plus essentiels des
droits de l’homme. Cette préoccupation est partagée par tous (nutritionnistes, organismes
internationaux de développement à caractère humanitaire, cadres techniques de
l’agriculture, économistes, etc…). Elle est posée en termes d’inaccessibilité aux produits
alimentaires de base par suite de la faiblesse du pouvoir d’achat de la gourde et de la
déficience du secteur productif. De tout ce qui précède, il est nécessaire de faire une
analyse judicieuse et objective de ces questions:
1. Une variation à la hausse du taux de change gourde/USD provoque t-elle une
variation significative du prix des produits considérés ?
2. Pour les produits riz, maïs, poulet et haricot sec, dans quel ordre varie le niveau de
sensibilité du prix par rapport au taux de change?

1-2-. Objectifs

1-2-1-. Objectif général


Isoler certains facteurs faisant varier périodiquement les prix du riz, du maïs, du
poulet et du haricot sec sur le marché haïtien tout en mettant en évidence les incidences
sur l’évolution continuelle des prix de ces produits de 1990 à 2004 de la dépréciation de
la gourde par rapport au USD de même que la relation causale entre ces deux variables.

1-2-2-. Objectifs spécifiques

1. Étudier le comportement des prix de chacun de ces produits alimentaires à partir


de la série temporelle considérée;
2. Présenter l’évolution du taux de change de la gourde par rapport au USD sur la
période ;
3. Présenter l’évolution de la consommation alimentaire de chacun de ces produits et
calculer la part annuelle de celle-ci satisfaite par les importations;
4. Calculer les élasticités d’arc et croisées de la demande - prix de ces produits dans
la série temporelle considérée ;
6

5. Calculer l’indice de prix à l’alimentation pour ces produits et celui du taux de


change de la gourde par rapport au USD
6. Déterminer le niveau de corrélation existant entre ce taux de change et les prix
pratiqués sur le marché local pour les dits produits.

1-3-. Hypothèses de l’étude

H1 : En se basant sur les données d’une série temporelle allant de 1990 à 2004, les
prix des principaux produits de consommation alimentaire locale en l’occurrence
riz, maïs, poulet et haricot sec ont augmenté de façon significative sur le marché
local. Les prix des substituts : riz et maïs, poulet et haricot sec suivent la même
tendance.

H2 : Caeteris paribus, les fluctuations à la hausse du taux de change gourde par


rapport au dollar américain sont la variable explicative qui détermine de façon
significative la hausse incessante des prix de ces produits alimentaires.

1-4-. Cadre théorique de l’étude

Cette étude s’inspire des théories de l’économie internationale, de la


microéconomie et de l’économie agro-alimentaire. En économie internationale, plusieurs
théories ont été développées :

• Selon cette branche de l’économie, la dépréciation de la monnaie d’une nation


rend ses exportations meilleur marché pour les pays étrangers et ses importations plus
coûteuses pour ses résidents.

• La théorie de la courbe en J mettant en évidence l’ajustement dans le temps de la


balance courante d’un pays suite à une dépréciation réelle de sa monnaie aboutissant
à la baisse de la compétitivité de l’économie. La condition de Marshall-Lerner ou
théorèmes des élasticités critiques tient compte des élasticités prix de l’offre
d’exportation et de la demande d’importation.

• Aux côtés de ces théories, il y a la nouvelle théorie du comportement du


consommateur développée par Kelvin LANCASTER vers les 1970 et les théories de
7

l’économie agro-alimentaire relatives aux substitutions des produits par suite d’une
variation de leur prix.

1-5-.Justification et limites de l’étude

Les mesures prises par les autorités monétaires et le gouvernement en libérant les
échanges au niveau de l’économie ont été à la base des distorsions qui ont émergé. La
substitution du système de change flottant au système de change fixe engendre une
dégringolade sans précédent de la gourde face au dollar dans l’espace de moins de deux
décennies et avec comme effet pervers le plein épanouissement du marché parallèle de
change. L’augmentation du taux de change de la gourde par rapport au dollar renforce le
renchérissement des prix des produits alimentaires de base : riz, maïs, poulet et haricot
sec. Ainsi, depuis la rentrée en vigueur de ce système de change et la libéralisation des
échanges commerciaux opérés en deux étapes 1987 et en 1995, les prix compétitifs des
produits alimentaires importés ont fortement influencé les prix à la consommation
affectant directement la compétitivité de l’économie locale. Une approche d’indice de
prix à l’alimentation et de celui du taux de change gourde/USD permet d’apprécier cette
situation.
Cette étude s’avère nécessaire car elle permet de déceler les relations de causalité
entre le taux de change et les prix à la consommation prévalant respectivement sur le
marché monétaire et alimentaire pour le riz, maïs, poulet et haricot sec rentrant dans la
catégorie des aliments de base.
Quoique justifiée, cette étude ne saurait être considérée comme parfaite. D’une
part, elle ne permet pas de comprendre l’influence des variables sociales dans
l’explication du phénomène et d’autre part elle se révèle limitée par le manque de
fiabilité des données statistiques.
8

II : REVUE DE LITTERATURE

2-1-. Le marché des changes

2-1-1-. Système monétaire international et les régimes de change


Ce système a beaucoup évolué dans le temps. Son évolution historique est divisée
en quatre (4) périodes. La première (1870-1914) marquée par l’instauration de l’étalon-
or correspondait à un ensemble de parités fixes et axée sur la convertibilité en or des
monnaies. En second lieu, suite à la conférence de Gênes en 1922, l’on a assisté à
l’établissement progressif du système alternatif "étalon de change or ". Celui-ci
permettait aux banques centrales de garantir la convertibilité de leur monnaie à la
détention d’or ou de réserve de monnaie en or. La troisième période s’étendait de 1944 à
1971 et est marquée par la création du FMI. L’étalon de change or est maintenu mais
assoupli. La variation de plus ou moins 1% était définie pour chaque devise au USD.
Enfin, dès 1971 le système de change flottant entériné par les accords de Kingston en
1976 est entré en vigueur.

2-1-2-. Importance quantitative des marchés de change


Les marchés de change sont de loin les plus importants en termes de volumes
échangés. Selon la dernière enquête de la Banque des Règlements Internationaux (BRI,
2001)4, le volume moyen échangé sur les marchés de change traditionnel atteint 1 200
milliards de USD/jour soit environ le PIB annuel de la France ou 200 $US/jour/habitant
de la planète. Ensuite, ce chiffre doit être complété de 875 milliards $ US/jour, montant
échangé des produits dérivés du dit marché.

2-1-3-. Fonctionnement du marché de change


Le marché de change fonctionne quotidiennement de façon continue en termes de
conclusion d’actes d’achat ou de vente de devises. C’est un marché de gré à gré en
d’autres termes, les opérations qui y sont conclues ne sont pas officiellement
standardisées, centralisées ou garanties par une quelconque autorité.

4
Rapporté sur le site de la FMI
9

2-1-4. Typologies des acteurs du marché de change et leur motivation


Selon KRUGMAN et OBSTFELD (2001), les principaux types d’acteurs intervenant sur
le marché de change sont :
Les banques commerciales qui constituent le centre du marché. Elles y
interviennent par leur activité de market making qui consiste à proposer un cours de
change à l’achat et à la vente et à se porter contrepartie dans des transactions initiées par
d’autres acteurs soit pour leur propre compte ou celui de leurs clients. Par l’intermédiaire
des grandes banques commerciales s’effectuent les opérations de base sur instructions
des importateurs et exportateurs, des instituts d’investissement, des assurances, des fonds
de pension ainsi que des investisseurs privés.
Les sociétés commerciales qui de leur côté, opèrent dans plusieurs pays et font ou
reçoivent des paiements en devises autres que la monnaie en cours dans le pays de leur
siège social.
Les institutions financières non bancaires qui offrent un large éventail de services
à leurs clients dont la plupart sont offertes aussi par les banques.
Les courtiers qui sont des participants actifs au marché. En tant
qu’intermédiaires entre les nombreuses banques, les fonds, les places de bourses etc, leur
rôle consiste à trouver des contreparties aux demandes qui leur sont adressées,
moyennant une commission.
Les banques centrales, bien qu’en nombre réduit, interviennent sur le marché
suivant un volume de transactions pouvant exercer un impact important sur ce dernier.
Elles y interviennent suivant un schéma régulateur, soit pour corriger une distorsion de la
valeur de leur monnaie par rapport aux autres, soit pour influencer la compétitivité de
l’économie nationale, soit pour augmenter leurs réserves monétaires.
Motivations des acteurs du marché
Celles-ci sont au nombre de cinq qui sont : la spéculation, la couverture, l’arbitrage,
la transaction et la constitution de réserves monétaires en devises jugées fortes.

2-1-4-1-. Typologie de Frankel et Froot


Sur le marché de change, FRANKEL et FROOT (1988) distinguent deux types
d’agents : les chartistes et les fondamentalistes. Les chartistes obéissent à une règle de
10

décision mécanique axée sur l’évolution passée du taux de change. Leur activité est
manifestée en période calme. De leur côté, les fondamentalistes dont la règle de décision
reflète les modifications de la situation macroéconomique, dominent le marché en
période agitée.

2-1-4-2-.Typologie de BAILLIU et KING


Ils sont parvenus à distinguer trois types d’agents sur le marché de change :
1) Les teneurs de marché qui oeuvrent généralement au sein des grandes banques
commerciales et d’investissement. Ils proposent un prix acheteur et un prix vendeur pour
les quantités de monnaie qu’ils sont disposés à échanger. Selon LYONS (2005) rapporté
par BAILLIU et KING (2005), ces agents sont dépeints comme neutres au risque ou peu
enclins au risque obtenant surtout leurs gains des écarts entre cours acheteur et vendeur.
2) Les courtiers n’ont pas une fonction de tenue de marché. Ils sont plutôt des
facilitateurs des transactions anonymes entre les contreparties.
3) Les clients finaux desquels EVANS ET LYONS (2005) cité par BAILLIU et KING
(2005) distinguent les clients non financiers, les institutions financières sans levier
financier et les institutions à levier financier. Ces agents sont les plus significatifs du
marché à l’échelle macroéconomique. Ils constituent les principaux fournisseurs de
liquidité sur le marché sous base journalière. Selon ces mêmes auteurs, le flux d’ordre de
ces clients reflète fidèlement l’évolution du taux de change à de faibles fréquences en
matière d’opération de change.

2-1-5-. Les modèles de détermination des taux de change


1-. Le modèle monétaire
Selon BAILLIU et KING (2005), il s’est révélé le plus pertinent vers 1970. Liant
le taux de change aux offre et demande relatives de deux monnaies échangées, le modèle
repose sur : a) la parfaite flexibilité des prix b) la parfaite substituabilité des actifs
nationaux et étrangers c) la parité des pouvoirs d’achat et d) la parité des taux d’intérêt
sans couverture. Selon ce modèle, les taux de change et les taux d’intérêt contrebalancent
la rigidité des prix et permettent une surréaction du taux de change par rapport à son
niveau d’équilibre de long terme.
11

2-. Le modèle de porte feuille


Selon BAILLIU et King (2005), ce modèle rejette l’hypothèse de parfaite
substituabilité entre actifs nationaux et étrangers. Le taux de change est déterminé
par l’offre et la demande de tous les actifs nationaux et étrangers et non uniquement par
l’offre et la demande de monnaie.
3-. Les modèles centrés sur les écarts de productivité
Ils visent à expliquer les mouvements du taux de change réel. Ils sont issus des
travaux de BALASSA (1964) et de SAMUELSON (1964). Selon eux, le taux de change
réel dépend du prix relatif des biens non échangeables qui, de son côté, est fonction des
écarts de productivité.
4-. Les modèles microstructurels
Ils sont apparus pour corriger les imperfections des modèles précités qui ne
permettaient d’expliquer que les tendances à long terme. Ces modèles présentant un
grand intérêt pour les macro économistes permettent d’expliquer la dynamique de court
terme des taux de change et d’aider à mieux prévoir l’évolution des variables
macroéconomiques déterminantes pour l’activité économique.

2-2-. Le système de change flottant


2-2-1. Mécanisme du système
Dans ledit système de change, les taux de change fluctuent librement en fonction
du libre jeu de l'
offre et de la demande ou, à tout le moins, ils fluctuent dans les limites
de marges fort larges. Toutefois, les banques centrales peuvent en effet être amenées à
intervenir dans le cadre de fluctuations trop importantes.

2-2-2-. Détermination graphique du taux de change


Dans un tel système, le taux de change, laissé à lui-même sans interventions
compensatrices des autorités monétaires, se détermine conformément à la loi de l'
offre et
de la demande. Par l'
ajustement du taux de change, la quantité demandée de devises doit
être égale à la quantité offerte.
Le graphique ci-après illustre le mécanisme de fixation du taux de change dans
un système à taux de change flexibles. Le taux de change d'
équilibre est le prix T1, qui
permet d'
égaler les quantités offerte et demandée de devises.
12

Graphique 1: Détermination du taux de change en système de change flottant

Dans le cas d’une demande excédentaire de devises (D0) sur les marchés par
rapport à l'
offre (O0), la valeur de la devise a tendance à s'
apprécier et inversement.
Théoriquement, il y a appréciation de la devise ou dépréciation selon que la balance des
paiements est excédentaire ou déficitaire.

2-2-2-1-. Rôle économique des taux de change


Les taux de change agissent sur les prix à l'
importation et à l'
exportation, et sur le
sens des flux de capitaux entre zones économiques. Ainsi, le taux de change exerce un
rôle prépondérant dans le processus de développement d'
une économie en déterminant
l'
équilibre des comptes extérieurs et la compétitivité de l'
économie, en influençant la
capacité à exporter, à importer et à attirer les capitaux étrangers dans un pays. De ce fait,
les pays et zones économiques manipulent les taux de change dans le but d'
influencer: la
compétitivité de leurs produits et services et leur attractivité en matière de flux de
capitaux.
2-2-3. Avantages et inconvénients du système de change flottant
Les avantages qu’offre le régime de change flottant sont les suivants :

• Un ajustement constant et plus rapide aux chocs externes;


• Une plus grande flexibilité des politiques monétaire et fiscale des pays qui
l’appliquent.
13

• Les Banques Centrales n'


ont plus besoin de conserver des réserves importantes de
devises pour défendre le cours de la monnaie.

Par contre, les principaux inconvénients dudit régime de changes sont :


• Une plus grande volatilité des cours de change pouvant entraîner une influence
négative sur le commerce international ;
• Un tel système peut être inflationniste dans la mesure où il entraîne moins de
contraintes dans les politiques monétaires des pays ;
• Importantes fluctuations dues aux mouvements de capitaux à court terme;
• La devise du pays peut inspirer moins de confiance qu'
une devise à taux de
changes fixes.
2-2-4-. La description du phénomène de la courbe en J
Elle montre que la balance courante d'
un pays se détériore immédiatement après la
dépréciation réelle de sa monnaie. Elle ne commence à s'
améliorer que quelques mois à un
an plus tard. L'
illustration du graphique suivant permet de mieux saisir l'
effet de la courbe en
J. Le niveau de la balance courante est placé en ordonné. Le temps écoulé est en abscisse. On
se place dans la situation d'
une dépréciation réelle brutale engendrée par une dépréciation
nominale instantanée de la monnaie locale.
Graphique 2 : Effet de la courbe en J
14

Au moment de la dépréciation réelle, la balance courante se détériore brusquement


(déplacement de A à B), puis met un certain temps à se rétablir jusqu'
à son ancien niveau
(déplacement de B à C) avant de connaître une amélioration. Ce phénomène a plusieurs
causes.
Le déplacement de A à B est une conséquence mécanique de la dépréciation
monétaire. La majeure partie des exportations et des importations étant effectuée d’avance
sous commande, la dépréciation va donc accroître automatiquement la valeur des
importations et réduire la balance courante. C'
est l'
effet-prix de la dépréciation.
Par ailleurs, le redressement de la balance commerciale commandé par la
dépréciation des termes de l'
échange nécessite un certain délai malgré l’exécution des
contrats antérieurs de commande. Les exportateurs doivent mettre en place de nouvelles
capacités de production et embaucher pour faire face à l'
excédent de demande étrangère pour
leurs produits. De même, la réduction de consommation des produits importés devenus plus
coûteux oblige les producteurs locaux à accroître leur offre de produits substituts et à
trouver des techniques plus économes en biens intermédiaires importés. Cette réallocation
des ressources productives aboutit à l'
effet-volume de la dépréciation.

2-3-. La situation monétaire haïtienne


2-3-1-. La monnaie haïtienne : nature et rôle
Par définition, la monnaie est tout objet accepté et utilisé pour régler des
transactions financières ou pour échanger des biens et des services. En Haïti, la gourde
est l’unité monétaire nationale. Elle est définie par les trois principales fonctions qu’elle
remplit au niveau de l’économie : moyen d’échange, étalon, réserve de valeur. Etant
considéré comme moyen d’échange, la gourde sert à l’achat et à la vente des biens et des
services, comme étalon ou unité de compte, elle est utilisée pour évaluer les prix des
biens et services et enregistrer les dettes. Enfin, par sa fonction de réserve de valeur, elle
permet de conserver la valeur et transférer le pouvoir d’achat du présent au futur. Selon
COHEN (Alter Eco., Hors Série # 45) rapporté par DOURA (2003), la monnaie est un
jeu à somme négative; personne n’y gagne. Servant de pouvoir d’achat, la gourde
contribue à lier socialement les haïtiens et est très influencée par la politique monétaire
de la Banque Centrale quand son acceptation est contestée.
15

2-3-2. La Banque Centrale et le contrôle de change


Selon CHATELAIN (1954) rapporté par DOURA (2003), la Convention de 1919
stipulait, l’obligation faite à la Banque Nationale de la République d’Haïti (BNRH) de
maintenir en contrepartie de son émission une couverture de 100% composée pour le
tiers, en monnaie légale des Etats-Unis et pour le solde des effets de commerce à court
terme et présentant des garanties certaines de remboursement à échéance. D’où le rôle de
régulation conféré à la Banque Centrale qui, par son intervention sur le marché,
contrôlera et maintiendra fixe ce taux de change. Cette convention faisait de la gourde
une monnaie forte à l’instar du dollar américain.
La constitution de 1987 à travers son article 226 confère à la Banque Centrale le
pouvoir exclusif d’émission du papier monnaie et des pièces métalliques selon le titre, le
poids, la description, le chiffre et l’emploi sur tout le territoire national. Le cours forcé de
la gourde est ainsi institué.

2-3-3. Historique de l’adoption du système de change flottant


Par la convention monétaire du 12 avril 1919, la gourde a été définie par rapport
à l’étalon dollar (TCO : 1/5 c’est-à-dire 1 USD = 5 gdes). La gourde était émise selon
une stricte réglementation de manière à assurer cette parité officielle. Ce taux de change
fixe a perduré plusieurs décennies mais la persistance des déficits structurels de la
balance commerciale ont porté la BC à adopter le système de taux de change fluctuant en
1991. Cette mesure a mis fin au segment officiel du marché de change et a augmenté
considérablement la part du marché de change parallèle.

2-3-4. Dilemme gourde/dollar américain


La dualité gourde / dollar USD n’est pas une pratique nouvelle en Haïti. Plus
d’un demi siècle, soit en décembre 1919, cité par Châtelain (1954) et rapporté par
DOURA (2003), le gouvernement haïtien accordait le pouvoir libératoire illimité sur le
territoire de la République à la monnaie des USA. D’où son statut de monnaie nationale.
Désormais, l’accès au dollar paraît difficile car la gourde dépréciée éclipse le
dollar. Ce qui est en conformité avec la loi de Gresham5 selon laquelle lorsque dans

5
Tiré de G. GUISLAIN, P. LE PAUTREMAT et J. M. LE TALLEC, 500 Citations de Culture Générale
16

l’économie d’un pays donné, deux monnaies ont droit de cité, l’une étant considérée
comme bonne et l’autre comme mauvaise, la mauvaise monnaie chasse la bonne celle qui
n’est pas dépréciée.

Graphique 3 : Évolution du taux de change nominal6 gourde-USD


(Nombre de gourdes pour 1 USD)

Source: COUHARDE, 2005


Depuis l’adoption par la BRH du système de change flottant en 1991, le taux de
change a connu de très fortes variabilités à la hausse dues aux effets d’annonce et à
l’accentuation des anticipations pessimistes qu’alimentait la cascade d`événements
politiques de la période de crise. Entre 1991-1994, la gourde se dépréciait
progressivement par rapport au dollar. Le taux de change de référence passait de 7,45
gdes en 1991 à 10.18 gdes en 1992, 12.40 gdes en 1993 et 15.10 en 1994 pour des taux
d’inflation de 22.8% et 40% respectivement en 1991 et 1994. Entre 1994-1999 la
stabilité du taux de change a entraîné une faible appréciation de la gourde
comparativement à 1991-1994. Cette situation peut être due à la reprise timide des
activités économiques dans le pays et à l’assistance économique externe après les trois
ans de marasme économique.

6
Taux de référence de la BRH, une hausse de ce taux de change correspond à une dépréciation de la gourde vis-à-vis du dollar
américain.
17

De 1999 à 2003 le taux de change gourde -USD a cru de façon


exponentielle. Selon BOYER (2004), la rentrée en vigueur dudit système de change a fait
flotter la gourde pour enfin couler en octobre 2002. Le taux record de 1 USD = 50
gourdes a été enregistré le 11 février 2003, du jamais vu dans l’histoire monétaire
haïtienne depuis le 12 Avril 1919. Cette période de crise politique et économique a été
animée par les débats "de la nécessité de dollariser l’économie haïtienne comme mesure
palliative". Cette dégringolade de la valeur de la gourde face au dollar est liée au déficit
du commerce extérieur et au volume des transactions internes effectué en dollar.

7
2-4-. Le marché des produits alimentaires de l’étude
2-4-1-. La situation dans le cas du riz

2-4-1-1-. La production locale de riz

Elle est faite sous régime pluvial, en terres irriguées et en terres inondées dans
différents départements du pays8. Selon IHSI (1994 :34) cité par BONHEUR (1996), la
vallée de l’Artibonite, la zone avec le meilleur potentiel de production fournit à elle seule
entre 60 et 80% de la production locale soit à peu près 18% de la consommation locale
sur une superficie de 20-30.000 ha de terres irriguées. Cette production connaît
d’énormes fluctuations inter annuelles. Cette situation alarmante est surtout liée aux
mesures prises par Haïti visant le passage des taxes douanières sur le riz de 35 à 3 % en
1995 suite aux pressions du FMI favorisant l’écoulement du riz du dumping américain.

2-4-1-2-. Importance commerciale et alimentaire du riz en Haïti

Le riz est préféré aux céréales traditionnelles. Désormais, le riz est la céréale la plus
consommée dans le pays par les différentes couches sociales. Sa consommation
augmente avec l’augmentation de la population parallèlement à une baisse de sa
production et une hausse de son importation. La pénétration d’un grand volume
d’importation influe le commerce des variétés produites en Haïti en créant une

7
Le circuit de distribution de chaque produit présenté est donné en annexe B
8
60.000 has de terre sont exploitées par (70-80.000) producteurs dont 50.000 soit 60% Artibonitiens et 20-
30.000 des autres régions, ouvriers agricoles (28.000), marchands (8.000) et autres
18

compétitivité accrue. Ce faisant, le prix à la consommation des variétés locales est en


quelque sorte déterminé par le comportement des prix de celles qui sont importées.

Le riz constitue la denrée alimentaire la plus importante en Haïti bien que sa


production représente environ 20% de sa consommation. Son poids dans l’IPA en
témoigne. Vu son importance commerciale, le développement de sa filière commerciale
peut largement contribuer à améliorer les conditions de vie des paysans démunis.

2-4-1-3-. Les axes et les circuits de distribution du riz local


Le riz local est commercialisé suivant deux principaux circuits de
commercialisation. Il s’agit d’un circuit court ayant comme agents : les producteurs, les
sara locales, les détaillants, les consommateurs, et d’un circuit long mettant en
interaction en plus les agents susmentionnés, les sara régionales et les sara urbaines.
Dans le circuit court, le producteur remplit la fonction de production du riz,
ensuite procède au stockage pour enfin offrir le produit sur le marché par sac. La Sara
locale achète des producteurs du riz paddy, procède à sa transformation pour enfin
revendre le produit fini aux détaillants qui le distribuent aux consommateurs tout en
réalisant une marge commerciale.

2-4-1-4-. Axes et circuits de distribution du riz importé


Le riz importé distribué sur le marché local arrive par sept (7) grands ports du
pays, ouverts au commerce extérieur. Il s’agit des ports de : Port-au-Prince, Petit Goave,
Miragoâne, Gonaïves, Cap Haïtien, Fort Liberté et Port de Paix. Le volume importé est
d’abord stocké pour enfin livrer à l’échelle régionale. Les axes sont nombreux.
Toutefois, les principaux axes sont: de Port-au-Prince il est acheminé vers Jacmel,
Jérémie, Mirebalais, Hinche et Cayes ; de Miragoâne vers Cayes, Port-au-Prince ; de
Petit-Goâve vers Aquin et Jacmel, du Cap-Haïtien vers Ouanaminthe et Capotille ; de
Port-de-Paix vers Jean-Rabel
Le riz importé est commercialisé suivant un circuit long. Les principaux agents
qui y interviennent sont les importateurs, les grossistes, les sara régionales, les sara
locales, les détaillants et les consommateurs.
Les importateurs effectuent une demande d’importation. Le riz une fois arrivé au
pays est entreposé puis offert sur le marché. Les grossistes achètent des importateurs,
19

après un court entreposage, revendent aux sara régionales et /ou urbaines. Ces dernières
revendent généralement aux sara locales parfois directement aux consommateurs tandis
que les détaillants achètent des sara locales pour revendre directement aux
consommateurs. A chaque maillon de la filière, le prix du produit est formulé de façon à
permettre aux agents de générer leur marge commerciale.

2-4-2-. La situation dans le cas du maïs

Axes et Circuits de distribution du maïs


Le maïs est la céréale de base produite en Haïti. Sa production varie
significativement d’une région à une autre et d’une saison à une autre. Ces fluctuations
du volume produit entraînent le recours à l’importation pour combler l’offre déficitaire.
Les importations arrivent sous deux formes : commerce et aide alimentaire. La
production locale circule suivant de nombreux axes pour atteindre les marchés de
consommation. Quatorze axes principaux sont identifiés9.
Les circuits de commercialisation du maïs sont nombreux. Parfois, ils traversent
les frontières, cas du maïs produit dans les zones frontalières, en ce sens sont intégrées
du circuit les sara dominicaines. Toutefois, le circuit le mieux structuré et le plus
retrouvé est un circuit court (cf. annexe B).

2-4-3-. La situation dans le cas du poulet

2-4-3-1. Evolution de la production de poulet de chair


L’élevage traditionnel de poulet est pratiqué sur la quasi-totalité des exploitations
agricoles. Selon PNUD/FAO (1996) cité par CHANCY (2005 a) cet élevage est fait par
95% des 800.000 exploitations familiales paysannes. Selon AHPEL (2004), cité par
CHANCY (2005a) le volume de production se situe entre 100 à 125 000 poulets par
mois, soit 1 200 000 à 1 500 000 poulets par an. Cette production est fortement
influencée par le climat. Elle fluctue à la hausse en période fraîche et à la baisse en
période sèche.
L’industrialisation du dit élevage remonte à 1976-1978 avec l’apparition
successive d’un couvoir à la HANASA et d’une usine d’aliment pour bétail, la

9
Disponible sur www.cnsahaiti.org
20

SONUAM. Il a fallu attendre la fin de la première moitié des années 1980 pour voir
l’expansion de cet élevage en terme d’infrastructures et volume de production. Toujours
selon CHANCY, le volume de production passe d’une moyenne mensuelle de 300 000
poulets entre 1980-1985 à 500 000 à la fin des années 90.
Depuis l’année 1991, la production avicole a connu un véritable déclin. Actuellement, le
maximum de production mensuelle est de 125000 poulets et le secteur retombe donc à
son niveau de production obtenue en 1976.

2-4-3-2. Evolution de la production de poulet créole


La production moyenne annuelle est estimée à 6,500.000 de têtes de poules
(BRH, 2001 et 2002). La production de poules en Haïti a peu varié pour la période allant
de 1985-2002, elle gravite autour de 5.000.000 têtes, avec une baisse au cours des années
1996 et 1997 où l’on comptait 3.800.000 têtes de poules dans le pays (CHANCY,
2005b).Ce faisant, pour la dite période (1985-2002), la production de viande de poulet a
augmenté en passant de 7 985 TM à 8 646 TM avec une baisse importante en 1996 et
1997 (CHANCY, 2005b).

2-4-3-3-. Evolution des importations de poulet


Selon CHANCY (2005), pour combler le déficit de la production locale pendant
la période 1990-2000, les importations de viande de poulets (cuisses, ailes, pattes et dos)
ont été, au moment de l'
embargo commercial, estimées à 120 TM en moyenne entre 1990
et 1994. Pour la seconde moitié de la période 1994-2000, elles ont été de 15 946,67 TM
en moyenne annuelle.

2-4-3-4-. Axes et Circuits de distribution des poulets


Les poulets fermiers sont majoritairement élevés dans les départements de
l’Ouest et du Centre. La consommation est surtout locale et dépasse rarement les limites
départementales. Les zones potentielles de production (Plateau Central, Cornillon et Petit
Goâve) écoulent leur production sur le marché de Port-au-Prince.
Ce produit est commercialisé suivant un circuit mettant en relation les éleveurs,
les sara locales et les consommateurs. Les poulets industriels sont produits à petite
21

échelle sur des fermes spécialisées de Port-au-Prince et sont commercialisés sous deux
formes :
• D’une part, les consommateurs s’approvisionnement en poulets congelés vendus
en détail par livre au niveau des super-marchés ;
• D’autre part, des poulets sur pattes sont vendus par unité dans les marchés de
consommation par des détaillantes s’approvisionnant des fermes précitées.

Une simple relation fait interagir ces différents acteurs10. Généralement, le


producteur vend au négociant/vendeur de poulets vivants et parfois aux vendeurs de
poulets abattus. Le négociant/vendeur revend les poulets vivants aux petits
marchands/détaillants et le vendeur de poulets abattus revend la viande de poulet aux
super-marchés. Les petits marchands/détaillants et les super-marchés, quant à eux,
revendent au consommateur final les poulets vivants ou la viande de poulets.

2-4-4-. La situation dans le cas du haricot sec


Axes et Circuits de distribution du haricot sec
Le haricot sec est produit partout sur le territoire. En fonction du volume de
production, il convient de citer les principales zones de production suivantes : Sud (Les
Anglais, Rendel, Camp Perrin, Ducis et Chantal), Grand’Anse (Anse-d’Hainault, Dame-
Marie, Chambellan, Moron, Abricot, Pestel et Beaumont), Sud Est (La Vallée de Jacmel,
Marbial, Peredo) et Nord Est (Capotille et Acul des Pins). La plus grande part de la
production de toutes ces zones transitent au marché de production, un marché de
regroupement pour enfin atteindre Port-au-Prince.
De tous ces produits, le haricot sec présente la plus grande variabilité en termes
de circuit de commercialisation allant du plus court au plus long.
Le producteur assure deux fonctions principales : la production et la mise en
marché. Les sara locales acquièrent des producteurs pour revendre aux sara régionales et
ou urbaines. Ces dernières une fois approvisionnées supportent des frais de transport
pour revendre aux détaillants qui, de leur côté, revendent directement aux
consommateurs.

10
CHANCY, Septembre 2005 b
22

III : CADRE MACROÉCONOMIQUE DE LA PRODUCTION


AGRICOLE HAÏTIENNE

3-1-. La situation alimentaire du pays


Au cours de ces deux dernières décennies, la situation alimentaire du pays
marquée par le déséquilibre soutenu entre croissance démographique et croissance de la
production a détérioré progressivement tenant compte de l’évolution de la structure des
disponibilités alimentaires internes. Cette situation peut être élucidée par une analyse
tridimensionnelle : politique, économique et sociale (VINCENT, 2003).
3-1-1-. Dimension politique
De tous les pays du continent américain, Haïti est le plus instable sur le plan
politique au cours de ces deux dernières décennies. La chute en 1986, des régimes
dictatoriaux apparus dans le pays en 1957 et qui ont régné pendant environ trente ans,
constituait le point de départ d’une période sombre dans la situation politique haïtienne.
Celle-ci a été surtout marquée par le départ forcé de la plupart des gouvernements lequel
a débouché sur l’embargo économique de (1991-1994) et à deux occupations étrangères
en moins de 10 ans. Cette instabilité qui a perduré deux décennies a eu des retombées
négatives dans l’économie nationale telles que : l’insécurité sociale et alimentaire, le
blocage économique (la cessation de l’aide externe), la baisse drastique des
investissements privés, l’arrêt des IDE, le déficit chronique de la balance commerciale
suite à la crise du système productif haïtien, le non contrôle des changes et une
augmentation exacerbée du coût de la vie causant de graves difficultés à la population.
Cette crise politique a eu des répercussions négatives sur la production nationale
se traduisant par la dépendance accrue du pays vis-à-vis de l’extérieur particulièrement
sur le plan alimentaire. Les besoins de consommation alimentaire sont pour la plupart
satisfaits par les importations (importations commerciales et non commerciales) suite à
une baisse incessante de la production nationale des principaux produits alimentaires de
base : riz, maïs, poulet et haricot sec.
3-1-2-. Dimension économique
Haïti, le 1/3 de l’île d’Hispaniola situé sur le passage direct des cyclones s’étend
sur une superficie de 27.750 km². Seulement 2% de la superficie totale sont irriguées soit
23

70.000 ha. Il reste le plus pauvre de l’hémisphère occidental et est classé parmi les pays à
faible revenu et à déficit vivrier. Selon PNUD (2003), Haïti est classée au 150ème rang sur
175 pays selon l’Indicateur de Développement Humain (IDH) avec un PIB/ha de 361
USD.
Force est de constater qu’en dépit de tout, l’économie haïtienne évolue dans une
situation de quasi stagnation. De 1960 à nos jours, le pays se paupérise progressivement
suite à une chute du PIB/ha. Les gens, en particulier les ruraux, vivent pour la plupart à
partir d’un pouvoir d’achat misérable ne leur permettant pas de satisfaire certains besoins
primaires. Selon IHSI (1999-2000), 48% de la population haïtienne soit 3,8 M
d’habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté de moins de 1 USD / jour / personne11.
3-1-3-. Dimension sociale
Haïti est l’un des pays du continent américain où les inégalités sont les plus
marquantes. Facteur important dans l’analyse de la situation économique nationale, elles
engendrent une lutte perpétuelle entre les classes sociales. Les thèmes nèg anwo et nèg

anba en sont des indicateurs. Ces contradictions sociales scindent la société en une
minorité riche de 2% de la population détenteur de 44% du revenu national12 et une
majorité constituée de pauvres et d’extrêmement pauvres.
De 1986 à nos jours, les grands changements opérés dans le système économique
haïtien marchent de pair avec la détérioration de la situation alimentaire. Celle-ci
s’apprécie par l’évolution des Indices Globaux de Sécurité Alimentaire (IGSM) passant
de 67,50 en 1988-90 à 26,50 en 1991-93. Ce faisant, les catégories sociales les plus
vulnérables victimes des problèmes de faible revenu, de malnutrition, de mauvaises
conditions sanitaires et d’analphabétisme sont les plus exposées et sont marginalisées
davantage.
Selon EMMUS III (2000) cité par CNSA (2002), 20 % des enfants de moins de 5
ans sont victimes de malnutrition chronique, 5% émaciés et 17% accusent une
insuffisance pondérale par rapport à leur âge, 12% des femmes ont une déficience

11
Seuil défini par la Banque Mondiale (BM)
12
www.agora.qc.ca/mot.nf/dossiers/haiti
24

énergétique chronique (21% chez les femmes de 15 à 19 ans). Le taux de malnutrition


chronique13 est d’environ deux fois plus élevé en milieu rural qu’en milieu urbain.
Face aux effets négatifs de la détérioration progressive des conditions de vie,
nombreux sont les gens qui migrent. D’un côté, les paysans, force motrice des activités
agricoles se détachent de l’agriculture, de l’autre côté, bon nombre de cadres dudit
secteur migrent vers l’étranger. En conséquence, l’on assiste à une réduction des
capacités productives du pays et l’accroissement de sa dépendance externe.

3-2-. La crise du secteur agricole haïtien et ses origines

3-2-1-. Importance économique du secteur

En Haïti, 2/3 des ménages résident en milieu rural où l’agriculture occupe un actif
sur deux, mais la plupart ont également d’autres sources de revenus. L’agriculture
représente 26% du PIB, 7% des exportations en 2003-04 (BRH, 2004). Elle a permis la
survie de ses dépendants et à favoriser la rentrée de devises dans le pays via exportations.
Graphique 4 : Contribution du secteur agricole au PIB réel

Source : COUHARDE, 2005 d’après BRH, 2004

13
La malnutrition chronique contribue à des taux de mortalité infantile et infanto-juvénile. Les déficiences en micro nutriments (fer et
l’acide folique) entraînent des anémies par carence et des anémies sévères aux taux respectifs de 75% et 2% chez les enfants de moins
de cinq (5) ans.
25

3-2-2-. Les origines de la crise du secteur

3-2-2-1-. L’environnement physique des exploitations


Le secteur agricole constitué essentiellement de petites exploitations agricoles
absorbe près de 45% de la population active. Ces exploitations évoluent dans un
environnement caractérisé par de multiples contraintes (PNUD, 2005) telles que la
mauvaise organisation du travail, la non protection du droit de propriété, l’émiettement
du foncier14, l’utilisation des techniques culturales rudimentaires, le déficit
d’infrastructure, la déforestation accélérée, la quasi inexistence de crédit agricole, les
aléas climatiques etc. Tout ceci est à la base de la faible productivité du secteur
connaissant une contraction de l’ordre de 1,5% (BRH, 2001). Malgré tout, son poids
dans le PIB réel reste important, environ 25% en 2002-03 (BRH, 2004).

3-2-2-2-. Baisse des prix aux producteurs et baisse d’intérêt


Une forte part de la population rurale active se caractérise par de petits revenus,
un taux élevé de sous-emploi et de chômage déguisé. Plus de 1.2 millions d’actifs
évoluent dans l’agriculture, où l’on enregistre une baisse notable de productivité due à
une baisse d’intérêt, conséquence d’une baisse des prix réels aux producteurs. Face à
cette situation, les producteurs ont tendance à réduire l’intensification des cultures de riz,
maïs et haricot sec aussi bien que l’élevage de poulet. La valeur ajoutée des producteurs
est à la baisse, et l’offre locale de ces produits a connu sur la période 1980-1998 un
fléchissement sensible (CNSA, 2001). Parallèlement, on assiste à un accroissement de la
dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur.

3-2-2-3-. Libéralisation des importations alimentaires

Les causes de cette récession sont aussi liées aux mesures de politique commerciale
entreprises et qui ont conduit à la mise à la casse de nombreuses entreprises, contracter la
demande locale et réduire tout intérêt à produire ou à rechercher la productivité agricole.
De ces mesures, l’ouverture aveugle de l’économie joue un rôle prépondérant.

14
75% des exploitations ont une superficie de moins de 2 ha, d’où la limitation de l’économie d’échelle
26

Conséquemment, elle favorise la contrebande quasi-légale et oriente l’économie


nationale vers la priorité de la consommation alimentaire.
Le démantèlement des barrières tarifaires dans le secteur agricole a été rapide et de
grande ampleur15 (IRAM, 1998). La libéralisation des échanges a changé la rentabilité
des divers actifs du secteur agricole et livre les producteurs locaux à une concurrence
accrue. Malgré la suppression des taxes à l'
exportation, ils n'
ont pas pu profiter de
nouveaux créneaux. Cette incapacité à s'
ajuster à l'
accroissement de la concurrence et à
pouvoir profiter des opportunités actuelles est imputable en grande partie à l’handicap de
la compétitivité dont souffre le secteur agricole.
Graphique 5 : Compétitivité du secteur agricole haïtien relativement aux USA

Source : COUHARDE, 2005 ; d’après OCDE et BRH

Mécanisme de la libéralisation des importations alimentaires

Vu la vitesse de la libéralisation des échanges, Haïti est classé dans le groupe des
pays champions de la libéralisation des importations et parmi ceux ayant libéralisé le
indice de restriction aux échanges (IRE)16,
plus rapidement leur économie. Suivant l'
l’économie haïtienne est quatre fois plus ouverte que celle des Etats-Unis et du Canada.
Ce phénomène a été déroulé en deux périodes : la prise de certaines mesures en 1986-87

15
/ IRAM ; tarification des produits agricoles en Haïti ; 1998.
16
Cet indice calculé par le FMI porte ce dernier et la Banque mondiale à citer Haïti comme un exemple d’excellent réformateur.
27

puis la révision de la structure tarifaire et des protections non tarifaires en 1995-96.


élimination des restrictions quantitatives17 à l'
Ainsi, l' importation et des taxes à
l'
exportation, le remplacement des droits de douane spécifiques par des droits ad valorem
et l'
abaissement du niveau général de protection ont été adoptés.

Graphique 6 : Valeur des importations alimentaires par habitant en USD

Source: COUHARDE, 2005 d'


après BRH et FAO

3-2-2-4-. La tertiarisation de l’économie


Elle constitue un second phénomène à la base de la dégradation de la situation
économique locale.
Graphique 7 : Évolution de la part des différents secteurs dans le PIB
50%
45%
40%
35%
30% Primaire
25% Secondaire
20% Tertiaire
15%
10%
5%
0%
6

8
/7

/8

/8

/9

/9
75

80

85

90

97
19

19

19

19

19

Source : IHSI, Comptes Nationaux

17
Les tarifs douaniers sur les produits agricoles ont été réduits; ils avoisinent 5,9% en moyenne dont 3% pour le riz, avec un taux de
droit maximal de 15%.
28

La part du secteur tertiaire dans le PIB a crû au détriment de celle des secteurs
primaire et secondaire. Elle a augmenté de 11% entre 1975/76 et 1997/98 contre une
diminution de 10,3% et d’environ 1% respectivement pour celle des secteurs primaire et
secondaire. L’agriculture, secteur clef de l’économie nationale, n’a qu’une valeur ajoutée
de 27% du PIB contre 16% et 57% respectivement pour l’industrie et les services. Eu
égard à ces données théoriques, l’agriculture en absorbant 2/3 des actifs devrait être
considérée comme une branche déterminante dans la lutte contre l’insécurité alimentaire.
En dépit de tout, cette tertiairisation de l’économie n’a pas entraîné une croissance
substantielle du PIB. Pour PAULVIN cité par EXANTUS (2000), cette tertiairisation est
orientée vers des services peu productifs18 non incitatifs de la performance économique.
Par exemple, dans le secteur réel, entre septembre 1991 et septembre 1994, période de
marasme économique, le PIB a décrû d’environ 25% de son niveau antérieur pour une
baisse moyenne annuelle de 10% du PIB per capita. En 1999, le taux de croissance du
PIB était estimé à 1.8% contre 4.4% en 1995. Son taux moyen de 2.8% est faiblement
supérieure au taux de 2.4% de la croissance démographique du pays pour la période
1990-98 (PNUD, 2000).

3-2-3-. Les conséquences de la crise


Cette crise sectorielle a engendré de nombreuses conséquences dont les plus flagrantes
sont :
1. Baisse de la production et des exportations alimentaires locales et hausse des
importations ;
2. La dollarisation partielle de l’économie nationale ;
3. Le cercle vicieux de paupérisation de l’économie par la libéralisation.

3-2-3-1-. Baisse de la production et des exportations et hausse des importations


alimentaires
La balance alimentaire montre qu’en 2004 la disponibilité alimentaire est
déterminée à 51% par les importations alimentaires et 40% par la production nationale.
En 2003, ces chiffres étaient respectivement de 49% et de 38% (CHARLES, 2005). Les

18
Des secteurs clés à haute valeur ajoutée (tourisme, restauration-hôtellerie) restent inexploités.
29

sorties ou fuites de devises nécessaires à la couverture des importations alimentaires


croissent de jour en jour, elles représentent 81% de la valeur totale des exportations en
2003.

Graphique 8 : Part des exportations agricoles et des importations alimentaires

Source : COUHARDE, 2005 ; d’après BRH

Les déficits du commerce extérieur (375M dollars en 1998) ont mené à des
problèmes de dévaluation inévitable de la gourde. Ce déficit a porté les responsables à
prendre des mesures de surévaluation de la gourde dont la plupart non-incitatrices ou
défavorables aux exportations agricoles.
La production alimentaire locale a crû à un faible rythme moyen annuel de 0,6%.
Parallèlement, le taux de croissance démographique est de 2, 2 % l’an entre 1986 et 2002
(IHSI, 2003). Il en résulte un déséquilibre entre l’offre et la demande de produits
alimentaires. Sur ce, la production par habitant baisse de 14%, passant de 268 Kg en
1988/90 à 230 Kg en 2000/2002, contre 309 Kg en 1978/1980 (CNSA, 2002).
30

Graphique 9 : Production agricole par tête (base 100=1980)

Source: COUHARDE, 2005, d’après Statistiques FAO

3-2-3-2-. La dollarisation de l’économie haïtienne


La substitution du dollar américain à la gourde est croissante. Elle renforce la
dollarisation de l’économie et sa dépendance vis-à-vis de l’économie américaine. Les
facteurs de l’eurodollarisation de l’économie sont : le ratio des prêts en dollar / dépôts en
dollar, la part des dépôts en dollar par rapport aux dépôts en gourde et le ratio des dépôts
en dollar par rapport à M3 et l’utilisation du dollar comme instrument d’échange à
l’intérieur du pays. La part des dépôts et le ratio de ces derniers en dollar accuse une
tendance croissante.
Graphique 10 : Evolution des dépôts en dollar par rapport à ceux en gourde
35000

30000

25000

20000
Dépôts en dollars

15000
Dépôts en gourdes

10000

5000

0
91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05

Source : BRH, 2005


31

D’après BRH (2001), la part des dépôts en dollar par rapport à ceux en gourde est
passée de 29,34% en 1998 à environ 40% en juin 2001, le ratio des dépôts en dollar de
31% en juin 2000 à 33% en juin 2001 en glissement annuel. Selon DOURA (2003), les
dépôts en USD comptaient pour 47,5 % du total des dépôts en janvier 2003 contre 38%
en juin 2000 alors qu’en juin 2003, 52,5 % des prêts consentis par les banques
commerciales au secteur privé étaient libellés en USD contre 41% en juin 2000.
Les principaux facteurs responsables dudit phénomène sont l’incertitude relative
à la situation politico-économique, l’utilisation de certains instruments de politique
monétaire, l’imposition d’un coefficient obligatoire de réserve particulièrement élevé sur
les dépôts en gourdes par rapport à ceux en devises (DOURA, 2003).
Le USD remplit actuellement le rôle que devrait jouer la gourde. Il est à la fois
vecteur d’échange, unité de compte et réserve de valeur. Cette substitution progressive
du dollar à la gourde traduit déjà une dollarisation partielle de l’économie haïtienne.

Conséquences d'
une éventuelle dollarisation intégrale de l’économie
Une éventuelle dollarisation intégrale engendrait des effets positifs et négatifs au
niveau de l’économie haïtienne à l’instar de l’Argentine vers les années 1990.
Effets positifs d’une éventuelle dollarisation
• Elle évite la dévaluation de la gourde par rapport au dollar due à la stabilité
monétaire générée au niveau du pays favorable aux IDE (Investissements Directs
Etrangers) ;
• Elle entraîne un accroissement des dépôts dans les banques locales accompagné
de taux d’intérêt plus faible sur les investissements ;
• Une diminution du risque d’inflation car les déficits publics ne pourraient plus se
financer par création monétaire
Effets négatifs d’une éventuelle dollarisation

Elle réduit l’autonomie monétaire conduisant à la perte de l’indépendance de la


politique monétaire d’Haïti. Les autorités monétaires nationales seraient dans
l’impossibilité de se servir du taux de change pour amortir les chocs externes. De Bernis
considère la dollarisation comme le cas pathologique d’une nation dominée et
désarticulée au point que sur son espace géographique circule une monnaie étrangère qui
32

y sert de moyen d’échange. Enfin, la dollarisation induirait une vassalisation de


l’économie haïtienne à celle des USA.

3-2-3-3-. Cercle vicieux de la libéralisation de l’économie


Il est retenu dans cette étude comme la troisième conséquence de cette crise. Ce
cercle vicieux de marginalisation et de vulnérabilité croissante érodant les atouts socio-
économiques, infrastructuraux et environnementaux provient des tensions sociales et
politiques croissantes ajoutées aux mesures fiscales et douanières. Plus de 3,8 millions
d’individus, en majorité les ruraux, souffrent de la faim. La prévalence de cette crise
contribue à amplifier les tensions inflationnistes au niveau de l’économie nationale.
Figure 1 : Cercle vicieux de paupérisation de l’économie par la libéralisation
L ib éralisation aveugle d e l’écono m ie

F erm eture usines, p etits ateliers


puis b aisse p ro ductivité agrico le
P auvreté d e m asse

P erte d ’em p lo i, b aisse d e


revenus et m igratio n m assive
D éséq uilib re accéléré

A ugm entatio n p ro d uits im p o rtés


N o n incitatio n à la p ro d uctio n
et à l’exp o rtatio n, p ort lib re

E cono m ie d e co nso m m atio n

A rrêt d es investissem ents p rivés

D éficit d u co m m erce extérieur

Inflatio n, taux d ’intérêt élevé

D ép réciatio n d e la go urd e

Source : Conception de l’auteur, 2006, d’après PNUD, 2002

3-3. La disponibilité globale


Le pays connaît une détérioration progressive des capacités de ses exportations à
financer ses importations19. Cela augmente l’insécurité alimentaire du pays surtout si l’on
se réfère au rapport entre importations alimentaires et le total des exportations comme

19
Ce niveau de financement varie de 70% en 1970 à 54% en 1991, 35% en 1996 et 47% en 1998 et en 1998 le total des importations
était de USD 640M soit USD 234M en produits alimentaires contre des exportations de USD 299M (BRH, 1999).
33

mesure du degré de cette insécurité. Les importations de produits alimentaires


absorberaient 78% des devises (hormis les narcodollars) produites par les exportations.

3-3-1-. Disponibilité alimentaire


La situation alimentaire haïtienne est caractérisée par une disponibilité
alimentaire insuffisante. Pour nourrir convenablement la population locale de 8 millions
d’habitants en l’an 2000 et répondre aux normes de la FAO (2260 calories/ personne/
jour), il fallait un total de 1,8 millions de tonnes d’équivalent-céréale (TEC) soit 225
kg/personne/an. La production nationale contribuait à environ 980.000 TEC (CNSA,
1996), soit un peu plus de 50% des calories requises, les importations commerciales
500.000 TEC, et l’aide alimentaire entre 100.000-150.000 TEC. La disponibilité
alimentaire est instable dans l’espace et dans le temps, avec un déficit structurel
chronique qui se situe autour de 200.000 TEC suite à la limitation de la production
alimentaire locale due à nombreux facteurs20.

3-3-1-1. Les importations commerciales


Les importations alimentaires et les exportations agricoles ont évolué en sens
inverse. En moins de vingt ans (1981-1999), ces importations ont plus que triplé pendant
que les exportations continuent de baisser. Il n'
a donc eu aucun effet multiplicateur pour
les exportations agricoles. Ces dernières ont drastiquement baissé au profit des
importations alimentaires qui désormais occupent une part importante dans les
importations totales (cf. graphe 8).
Depuis 1995, les importations alimentaires excèdent les exportations agricoles
totales qui n'
arrivent à couvrir parfois qu’entre 75% et 90% de ces importations. Suite à
la seconde baisse générale des tarifs dans le cadre du programme d'
ajustement structurel,
les importations alimentaires occupent le tiers des importations totales. La baisse
croissante de la production céréalière (plus de 30% de la production par habitant 1992-
2001), amplifie la dépendance alimentaire du pays et rend difficile sa sortie de cette
situation d'
asphyxie des importations.

20
http://www.50years.org/factsheets/haiti.html, ces facteurs sont : surface cultivée (déclivité des pentes, eau, situation foncière),
main d’œuvre agricole, microclimats, intrants agricoles, mécanisation agricole, politiques fiscales et douanières, absence de politique
de soutien-stabilisation des prix aux producteurs et de soutien à la demande.
34

3-3-1-2. L’aide alimentaire


Le volume d’aide alimentaire subit des fluctuations inter annuelles. Selon le tableau
ci-dessous, il passe de 68.000 TM en 1991 à 159.000 TM en 1994. Cette aide est fournie
principalement par les USA, La Communauté Européenne (CE), le Japon, le Canada et la
France.

Tableau 1: Évolution de l’Aide alimentaire livrée en Haïti (en TM)


Année 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
Total 126.890 105.154 68.117 99.993 105.250 159.200 139.060 129.030 122.230 114.670

Source: CNSA, 1999 d’après Système International d’Information sur l’Aide


Alimentaire, PAM, Juin 1998,

Pour la décade, selon la CNSA (1999), les Etats-Unis ont contribué à un taux allant
de 42% à 85% soit 70% du total pour la décade, celle de la CE représente 9% du total et
dépasse les 10,000 TM par an depuis 1992. De leur côté, le Japon, le Canada et la France
ont fourni respectivement 7%, 6% et 4% du total de l’aide de la décade.
35

IV : METHODOLOGIE

Pour atteindre les objectifs poursuivis dans la présente étude, la méthodologie suivante a
été adoptée:

4-1-. Revue bibliographique


Elle consiste en la collecte et la consultation des documents relatifs au travail.
Divers documents ont été sélectionnés et consultés à cet effet. La revue bibliographique a
permis de collecter des données quantitatives sur les marchés des produits alimentaires
et de change, données qui étaient nécessaires pour les analyses statistiques et
économétriques. De plus, elle a permis dans une large mesure d’aborder la problématique
et grâce aux données qualitatives de rédiger la revue de littérature.

4-2-. Choix de la période et des produits


La période s’étendant de 1990 à 2004 pourrait être considérée comme une
période de crise macroéconomique en Haïti. De tous les secteurs vitaux de l’économie
frappés par cette situation alarmante, le secteur alimentaire a été l’un des plus affectés.
La détérioration croissante de la situation alimentaire est un facteur clef de la
marginalisation des haïtiens. Cette période a été marquée par l’accroissement de la part
des importations alimentaires dans l’offre alimentaire locale, des bouleversements
d’ordre social, politique et économique : coups d’état politique, embargo économique,
flambée des prix des produits alimentaires et la rentrée en vigueur du système de change
fluctuant21.
Quant aux produits alimentaires considérés, le choix a été fait de façon
exhaustive sur la base de leur poids respectif dans le calcul de l’Indice de Prix à
l’Alimentation (IPA). Soixante onze (71) produits composent le groupe « Alimentation,
Boissons et Tabacs » et sont retenus par l’IHSI (Institut Haïtien de Statistique et
d’Informatique) pour le calcul de l’IPA. Ce dernier c’est-à-dire l’IPA a un poids de
49,42% dans l’Indice de Prix à la Consommation (IPC). De ces 49,42%, la pondération
est de 4,84%, 1,64%, 5,65% et 1,09% respectivement pour le riz, le maïs, le poulet et le
haricot sec. Ainsi, deux facteurs ont motivé le choix de ces produits: leur coefficient de

21
Mesure de politique monétaire prise par la BRH depuis 1991
36

pondération dans l’IPA et leur importance nutritionnelle dans la diète alimentaire de la


population.

4-3-. Collecte des données


Les données collectées pour la réalisation de l’étude sont :
• Les données de prix moyens annuels à la consommation des produits
alimentaires : riz, maïs, poulet, haricot sec. Les séries de données utilisées sont
celles suivies par l’IHSI.
• Le taux de change nominal moyen gourde - USD suivi par la BRH ;
• Les données sur le volume annuel des importations alimentaires, des productions
locales, de la consommation alimentaire pour les dits produits suivies par la FAO
(Food Agricultural Organization) et celles relatives aux aides alimentaires suivies
par la CNSA.
Ces données quantitatives ont été amplement utilisées et interviennent dans les analyses
statistiques et économétriques. Elles ont été collectées sur la série chronologique 1990-
2004.
Par contre, les données qualitatives ont été utilisées pour rédiger la revue de littérature.

4-4-. Traitement des données


Les données collectées ont été soumises à une analyse en fonction des objectifs
poursuivis dans la présente étude ou pour confirmer ou infirmer les hypothèses émises.
Pour parvenir à cette fin, des outils statistiques et économétriques ont été utilisés. Les
analyses économétriques sont réalisées avec SPSS puis vérifiées avec Eviews. Par
ailleurs, Excel a été utilisé pour les calculs de base dans les analyses économiques.
Les résultats sont présentés sous forme d’équations obtenues à partir des analyses
régressives résumant la situation qui a prévalu au cours de la période considérée. Pour
chaque produit, des modèles de régression simple ont été construits expliquant la relation
existant entre l’indice de prix du produit (riz, maïs, poulet et haricot) et le taux de change
gourde/USD.
37

4-5-. Méthodes d’analyse des données et procédés de calcul

4-5-1. Part du produit importé dans la consommation alimentaire locale


La connaissance de la part des produits alimentaires importés dans la
consommation alimentaire locale est un outil important dans toute analyse de la situation
alimentaire. Elle a permis de se renseigner sur le niveau de dépendance alimentaire
nationale vis-à-vis de l’extérieur laquelle est importante dans la détermination du prix
intérieur. Elle est calculée sur une base annuelle pour chaque produit considéré par la
formule suivante : V pi × 100
Ppi =
CA
Avec : Ppi : part du produit importé en pourcentage
Vpi : volume du produit importé par année par Haïti en TM
CA : consommation alimentaire par année en TM de ce produit

4-5-2. Analyse de variance


Elle a été réalisée pour tester l’égalité des moyennes des prix des produits
substituables en considérant les populations normales et les variances inconnues
avec n < 30 . Le rapport critique a été calculé puis comparé au t de la table de Student au
seuil de 5% pour les produits pris deux à deux riz - maïs, poulet - haricot sec.
__ __
( X 1 − X 2 ) − ( µ1 − µ 2 )
t= avec n1+ n2-2 degrés de liberté.
( n1 − 1 )s12 + ( n2 − 1 )s22 1 1
+
n1 + n2 − 2 n1 n2

Le critère de décision est de rejeter H 0 si t < tα / 2 ; n1 + n2 − 2 ou t < −tα / 2 ; n1 + n2 − 2

sinon ne pas rejeter H 0 .

4-5-3. Les indices de prix à l’alimentation et de taux de change


Dans le travail, l’indice de prix à l’alimentation calculé pour chaque produit est
un indice simple22. Il permet d’apprécier l’inflation alimentaire. La formule utilisée pour

calculer cet indice est la suivante : Indice de prix du produit = Pr ix annee en cours
Pr ix annee de base × 100 23

22
Indice simple ou élémentaire est égal à (valeur courante/valeur de base)*100 selon TRUDEL et ANTONIUS (1991)
23
Cet indice est calculé séparément pour le riz, le maïs, le poulet et le haricot sec
38

Par ailleurs, l’indice taux de change gourde par rapport au USD est une mesure
du niveau d’appréciation et / ou de dépréciation de la gourde par rapport au dollar. Il
varie en fonction du taux de change nominal de ces deux monnaies et est calculé ainsi :
Indice taux de change = Taux de change annee en cours
Taux de change annee de base
× 100 24

4-5-4-. Elasticités d’arc et élasticités croisées

Elles ont permis de comprendre le degré selon lequel la demande des


consommateurs pour un produit répond à une variation de prix de ce produit ou d’un
autre produit quand il y a une variation significative de prix (LECAILLON et
PONDAVEN, 1998). Elles sont calculées selon la formule :
qi +1 − qi pi +1 + pi
η =[ ]{ }
pi +1 − pi qi +1 + q1

Où qi est la quantité demandée du produit à l’ancien prix pi et qi +1 celle au nouveau

prix pi +1 .
Cependant l’élasticité partielle de l’un des produits (riz, maïs, poulet et haricot
sec) par rapport à un autre a été calculé pour les couples de produits substituts (exemple
riz - maïs) et les couples de produits complémentaires en vue d’appréhender au cours de
la série la logique du consommateur. En considérant le riz et le maïs désignés par le
couple (x, y), selon MALASSIS et GHERSI (1992), cette élasticité est calculée ainsi :
δCx Py
η x / Py = ×
δPy C x

Où η x / Py désigne l’élasticité croisée de la demande du riz par rapport au maïs, δC x la

variation de la consommation du riz, δPy la variation du prix du maïs, Py le prix du maïs

et C x la consommation du riz

4-5-5-. Modélisation
4-5-5-1-. Présentation des modèles
Yt = a0 + a1 X t + ε t pour t = 1990…………2005

t : La ième observation faite sur la variable considérée


24
Il s’agit d’un indice simple prenant en compte l’échange entre gourde et USD
39

Yt : Variable expliquée ou dépendante représentant la tième observation faite sur l’indice


de prix pour le produit considéré ;
a0 , a1 : Paramètres ou estimateurs du modèle

X t : Variable explicative représentant la tième observation faite sur l’indice du taux de


change de la gourde (cotation à l’incertain) par rapport au USD
ε t : Le terme d’erreur
Sachant que le prix à la consommation d’un bien est lié positivement au taux de change,
conformément à la théorie économique le signe attendu est a1 > 0 .

4-5-5-2-. Tests sur le modèle


4-5-5-2-1-. Tests de normalité des erreurs
Ces tests nous ont permis de vérifier l’hypothèse de la normalité des erreurs et
d’effectuer les tests de Student sur les paramètres conduisant à la validité des modèles.

a) Tests du Skewness et du Kurtosis


1 n _
Soit µ k = ( xt − x) k le moment centré d’ordre k, le cœfficient de
n i =1

1 µ3
Skewness (coefficient d’asymétrie) est β1 2 = et celui de Kurtosis (coefficient
µ 23 / 2
µ4
d’aplatissement) est β 2 = . Pour vérifier les hypothèses d’existence
µ 22
d β 1
1 / 2
− 0 e symétrie et d’aplatissement normal, les statistiques suivantes ont été
v1 =
6
n

construites : β 1 / 2
− 0 et β2 − 3 puis comparées à la valeur de la loi normale
v1 =
1 v2 =
6 24
n n

au seuil de signification α = 0.05 .


40

b) Test de Jarque et Bera


1
Si β1 2 et β 2 obéissent toutes deux à des lois normales alors la quantité
n n
s= β1 + ( B2 − 3) 2 suit un X2 à deux degrés de liberté ; avec comme critère de
6 24
décision, l’acceptation de l’hypothèse H0 de normalité des résidus au seuil α au
détriment de H1 sinon rejeter H0 au profit de H1.

4-5-5-2-2-. Test de coefficient des modèles (test du t-student)


Ce test statistique valable pour les petits échantillons de taille n < 30 choisis
d’une population normale et de variance inconnue a une importance capitale en analyse
statistique et économétrique. Il consiste à calculer un t nommé t de Student selon
a1 − a1
l’équation ta1 =
*
qui suit une loi de Student à n-2 degrés de liberté. Le t calculé
σa1

sera ensuite comparé au t tabulaire pour tester la signification du paramètre a1.

4-5-5-2-3-. Test de signification d’ensemble de la régression (test de Fisher Snedecor)


La distribution de Fisher ou Test de Fisher a aussi une grande importance en
analyse de variance et en analyse de régression. Autrement appelé distribution du F de
Fisher, le test de Fisher s’obtient par le rapport de F variance expliquée et variance
SCE
inexpliquée. Il est calculé par les formules suivantes : F * = 1 avec F* = (t*) 2
SCR
(n − 2)
avec t* Student empirique, où F* suit une loi de Fisher à 1 et n-2 degrés de liberté. En

F* = (1−R2R) /(n−2)
2
fonction du coefficient de détermination R2 , F* se calcule ainsi (n étant

le nombre d’observations).
Si F * > F10, n.05− 2 , on rejette l’hypothèse d’égalité des variances, la variable xt est

significative, dans le cas contraire on accepte l’hypothèse d’égalité des variances et la


variable xt n’est pas explicative de la variable yt.
F* : Fisher empirique
SCE : Somme des Carrés Expliqués (Variabilité expliquée)
SCR : Somme des Carrés des Résidus (Variabilité des résidus)
41

4-5-5-2-4-. Test de détection de l’autocorrélation (test Durbin-Watson)


L’autocorrélation existe quand le terme d’erreur d’une période est corrélé avec
celui d’une autre période. Fréquente dans l’analyse des données obtenues suivant une
série temporelle, elle conduit à des estimateurs du MCO sans biais et convergents, aux
erreurs types biaisées et par conséquent à des tests statistiques inexacts et des intervalles
de confiance biaisés. D’où une explication inadéquate des variations de la variable Y par
le modèle. Pour la détecter l’autocorrélation on a calculé la statistique "d" de Durbin-
n
( et − et −1 )2
Watson: d = t=2
n où d est la statistique de Durbin et Watson, e t : l’erreur au temps
e T2
t =1

t, e t −1 : l’erreur au temps t décalé d’une année et e t2 : la carré de l’erreur au temps t.


Cette valeur calculée est comparée aux valeurs théoriques de d notées d1 et d2 de
la table de Durbin et Watson au seuil de signification = 0,05.

4-5-5-2-5-. Coefficient de détermination et coefficient de corrélation partielle


Le coefficient de détermination est noté R2. Il permettra de juger de la qualité de
l’ajustement du modèle. Son pouvoir explicatif du modèle est d’autant plus grand que sa
et2
valeur est élevée. Il est calculé ainsi : R 2 = 1 − t
. Tandis que pour juger du degré
( yt − y )2
t

de corrélation existant entre les deux indices on a procédé au calcul du coefficient de


corrélation partielle (nombre pur variant entre -1 et +1) suivant la formule :
Cov( X , Y ) n X t Yt − Xt Yt
r= =
s( X ) s(Y ) n X t2 − ( X t )2 n Yt 2 − ( Yt ) 2

X : indice du taux de change de la gourde par rapport au USD


Y : indice du prix à l’alimentation du produit
Cov(X, Y) : covariance entre X et Y ;
s(X) et s(Y) : écart type de X et écart type de Y ;
n : nombre d’observations.
42

V : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS


Les prix à la consommation utilisés pour le calcul de l’indice de prix pour chaque produit
sont des prix moyens des prix des variétés importées et des variétés locales.
Conformément aux objectifs, il importe d’étudier la part des importations dans la
consommation alimentaire humaine tout au long de la série temporelle.

5-1-. Part des importations des produits dans la consommation alimentaire locale
Le pays évolue dans une situation de déficit alimentaire chronique depuis plus de
deux décennies particulièrement pour le riz, maïs, poulet et haricot sec. Ce déficit est
d’autant plus important en période de mauvaises récoltes et de troubles socio-politiques.
Entre 1990 et 2004, il y a eu une amplification graduelle de cette tendance
principalement pour le riz et le poulet. Ainsi, les importations alimentaires, malgré
utilisées comme mesure palliative de ce déficit, ont amplifié l’implication du taux de
change dans la formation du prix à la consommation des dits produits.

Tableau 2: Evolution de la part des importations des produits dans la consommation


alimentaire locale
Part Importation Part Importation Part Importation Part Importation
Année Ppi (riz) Ppi (maïs) Ppi (poulet) Ppi (haricot sec)
1990 60.32% 1.18% 0.79% 8.84%
1991 67.04% 0.91% 0.72% 19.35%
1992 86.31% 2.79% 2.04% 17.34%
1993 64.65% 4.04% 0.00% 16.93%
1994 57.66% 2.30% 3.23% 22.80%
1995 83.77% 21.45% 48.78% 50.46%
1996 73.40% 4.43% 63.36% 17.44%
1997 81.14% 7.30% 72.29% 20.41%
1998 79.34% 5.91% 73.26% 29.49%
1999 82.85% 6.83% 82.34% 29.52%
2000 79.55% 5.84% 66.44% 24.10%
2001 60.69% 3.76% 68.17% 26.82%
2002 84.87% 5.65% 75.14% 21.09%
2003 86.58% 4.99% 77.97% 28.77%
2004 76.04% 14.38% 67.13% 32.19%
Source : Calcul de l’auteur, 2006 selon les données de FAO, FOASTAT, 2006
43

La consommation locale du riz est fortement dépendante de l’extérieur à l’instar


du poulet. Dans cette série temporelle, la part des importations commerciales passe d’un
minimum de 57.66% en 1994 pour atteindre un maximum de 86.58% en 2003. La
révision des tarifs douaniers en 1995 a amplifié la situation. Dès lors, les besoins de
consommation sont satisfaits à plus de 73% par le riz importé sauf pour l’année 2001 où
ce chiffre était de 60.69%.

Durant toute la période, le pays a une demande d’importation pour le maïs


relativement faible. La demande locale est satisfaite en grande partie par la production
locale. La part des importations dans la consommation alimentaire n’atteint pas les 8%
sauf pour l’année 1995, date de la révision des structures tarifaires sur les importations
alimentaires et l’année 2004 marquée par des agitations socio-politiques, des
catastrophes naturelles, elle a atteint respectivement 21.45% et 14.38%.

Pour le haricot sec, sur toute la série, la part de la consommation locale satisfaite
par les importations n’a pas pu atteindre les 30% sauf pour les années 1995, 1998, et
2004, les importations ont contribué respectivement à 50.46% et 32.19% à la satisfaction
de la demande locale.

Pour ces quatre produits, après le riz, le poulet est celui pour lequel la demande
locale est fortement déterminée par les importations suite à la restructuration des tarifs
douaniers à l’importation alimentaire entreprise en 1995. De 1990 à 1994, le poulet
importé contribuait en dessous de 3.23% à la satisfaction de la demande locale.
Cependant, de 1995 à 2004, la part des importations a varié d’un minimum de 48.78% en
1995 à un maximum de 82.34% en 1999.

5-2-. Evolution des prix des produits


Selon la théorie économique, le rythme d’évolution des prix des produits
alimentaires se fait généralement par groupe ou catégorie de produits selon que les
produits en question sont considérés comme substituables ou complémentaires. Dans la
présente étude, les quatre produits sont considérés deux à deux substituables plus
précisément le riz peut se substituer au maïs tandis que le poulet en partie au haricot sec
dépendant de la classe sociale en question (niveau de revenu de l’individu). Ainsi, l’on a
44

supposé que le prix suit une même tendance pour les produits substituables. Pour
confirmer ou infirmer cette hypothèse, une analyse de variance basée sur la comparaison
de deux moyennes s’est révélée impérative. Elle consiste à faire une analyse de tests
d’hypothèses de deux moyennes dont les variances des populations sont inconnues et
supposées égales.

5-2-1. Cas du riz – maïs pris comme produits substituables


La procédure adoptée pour parvenir à cette conclusion est la suivante :
H 0 : µ riz = µ mais
• Hypothèses à tester au seuil =0.05
H 1 : µ riz ≠ µ mais

• Les échantillons sont petits n1 et n2 = 15<30 (n1et n2 respectivement le nombre


d’observations pour le riz et le maïs)
• La statistique sur laquelle porte le test est la différence entre les moyennes des
deux séries d’observations ( X 1 − X 2 ) respectivement la moyenne du prix du riz
de la série et celle du maïs.
• Eu égard à l’hypothèse de base, le rapport critique a été calculé ainsi :

__ __
( X 1 − X 2 ) − ( µ riz − µ mais )
t=
( n1 − 1 )s 12 + ( n 2 − 1 )s 22 1 1
+
n1 + n 2 − 2 n1 n 2

Ce t est distribué suivant la loi de Student avec n1+ n2-2 degrés de liberté.
Tableau 3: Résultats des analyses de variance
Produits Moyenne Variance T calculé T lu
Riz 5.405 8.758 1.932 2.0484
Maïs 3.58 4.633
Poulet 21.22 109.847 7.608 2.0484
Haricot sec 8.395 21.397
Source : Calcul de l’auteur, 2006 d’après les données du Bureau des Prix de l’IHSI,
2006, BAILLARGEON et RAINVILLE, 1978
Avec les critères de décision suivants : rejeter H0 si t>t /2 ; n1+ n2-2 ou t< -t /2 ; n1+

n2-2 sinon ne pas rejeter H0. On déduit que pour le riz et le maïs, deux céréales
parfaitement substituables l’un à l’autre, le t calculé (1.932) par la formule précédente est
45

inférieur à la valeur du t lu dans la table de Student : t>t 0.025; 28 (soit 2.0484). Ce faisant,
il y a suffisamment d’évidence statistique pour avancer l’hypothèse que le prix a suivi la
même tendance centrale pour le riz et le maïs dans la série chronologique.

5-2-2-. Cas du poulet et du haricot sec pris comme substituables


En utilisant la même procédure ci-dessus pour le poulet et le haricot sec, on
parvient à une conclusion contraire pour les dits produits c’est-à-dire le prix du poulet est
différent de celui du haricot sec dans la série temporelle. En ce sens, on rejette
l’hypothèse H0 de l’égalité des moyennes de prix de ces produits au profit de H1 de la
différence des dites moyennes puisque le t calculé (7.608) pour ces deux produits est
supérieur au t>t 0.025; 28 lu sur la table de Student. Cela ne veut pas dire pour autant que
ces deux produits ne sont pas substituables. Comme on l’avait signalé, cette
substituabilité n’est pas parfaite. Elle est limitée et est fonction de la classe sociale en
question. D’autant plus, ces deux produits font partie de deux groupes différents de
produits alimentaires. Théoriquement, cette conclusion pourrait trouver son appui sur les
travaux de MALASSIS et GHERSI (1996) disant que suite à une augmentation du
revenu des consommateurs et une hausse des prix, on assiste à une substitution de
produits appartenant à des groupes différents (produit supérieur, produit inférieur).
En résumé, la première hypothèse de l’étude ainsi déclarée: "de 1990-2004, axée
sur une tendance égale de l’augmentation significative du prix de ces principaux produits
de la consommation alimentaire locale plus précisément les substituts : riz et maïs, poulet
et haricot sec" est confirmée en partie. Elle est vérifiée ou confirmée pour le riz-maïs,
toutefois elle est infirmée dans le cas du poulet-haricot sec. Finalement, on infirme cette
hypothèse de l’étude.
46

5-3-. Analyse évolutive des prix à la consommation et du taux de change


gourde/USD

Graphique 11 : Evolution comparative des prix des produits et du taux de change


gourde/USD

60

50 Prix en gourde/livre de riz

40 Prix en gourde/livre de maïs

Prix en gourde/livre de poulet


30

Prix en gourde/livre de haricot


20 sec
Taux de change gourde/USD
10

0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15

Source : Calcul de l’auteur, 2006


Des quatre produits pris en compte par l’étude, le poulet étant considéré comme
supérieur par rapport aux trois autres produits a connu une augmentation plus rapide de
son prix. La dépréciation continuelle de la gourde au USD souvent intercalée
d’appréciation peu considérable a été accompagnée d’une tendance haussière des prix à
la consommation des produits riz, maïs, poulet et haricot sec. Cependant, cette
augmentation de prix à la consommation varie selon un ordre croissant des produits dits
inférieurs (maïs puis riz) aux produits supérieurs (haricot sec puis poulet). Il importe de
remarquer que la diminution du taux de change ne s’accompagne pas nécessairement
d’une baisse des prix de ces produits car depuis 2003, la valeur du USD chute par rapport
à celle de la gourde parallèlement à une hausse vertigineuse des prix de ces produits.
Les courbes ci-dessus montrent que le riz et le maïs sont les deux produits pour
lesquels les prix ont augmenté modérément d’une année à l’autre. Ces produits pouvant
se substituer entre eux, l’évolution du prix de l’un a un impact sur celle de l’autre.
D’autant plus, la demande locale de riz, étant fortement déterminée par le riz importé du
dumping américain livré sur le marché à un prix relativement faible, contribue à
influencer tant le prix des variétés de riz locales que celui des substituts du riz.
47

Graphique 12 : Evolution comparée de l’indice de prix des produits et de l’indice du


taux de change
250

200

150

V a r .I P . G lis . A n n .riz
100 V a r .I P . G lis . A n n .m a ï s
V a r .I P . G lis . A n n . p o u le t
50 V a r .I P . G lis . A n n . h a ric o t s e c
V a r . I T C .G lis s . A n n .

0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15

-5 0

-1 0 0

Source : Calcul de l’auteur, 2006


Ce graphique montre la tendance de deux variables plus précisément les deux
indices simples (indices élémentaires) de la série temporelle. Les courbes de variation de
l’indice du prix alimentaire des différents produits considérés (riz, maïs, poulet et haricot
sec) en glissement annuel ont connu une même allure dans la série chronologique. La
variation de l’indice de prix des produits a été positive pour toute la série temporelle,
exception faite pour les deux premières années de l’ouverture totale du marché local aux
importations alimentaires en l’occurrence entre 1994-1995 et 1995-1996 et un rare cas
pour le haricot sec entre 1998-1999. Cette variation est généralement à la hausse et
rarement à la baisse. Depuis 2002, elle est à la hausse.

L’indice du taux de change (gourde/USD) a suivi quasiment un même cycle que


les indices de prix des produits alimentaires de l’étude. Toutefois, entre 2003-2004, les
indices de prix des produits ont augmenté de façon exponentielle (inflation alimentaire)
et parallèlement l’on a assisté à une baisse exponentielle de la variation (jamais négative
au cours de la série) de l’indice du taux de change gourde/USD (appréciation de la
gourde par rapport au dollar).

Le tableau suivant permet de comprendre le rythme de détérioration du pouvoir


d’achat alimentaire. Par exemple, la gourde nécessaire à l’acquisition d’une livre de riz
48

en 1994 ne valait que 0.91 gourde en 2000 (Indice de prix en 1994 :206.40 et celui de
2000 :227.60) avec base 1990=100.

Tableau 4 : Evolution en points et en pourcentage de l’indice du prix à l’alimentation


des produits (1990=100)
Variation indice Variation Variation Variation Variation indice
de prix du riz indice de prix indice de prix indice de prix du taux de
du maïs du poulet du haricot sec change

Année En En % En En En En En En En points En
points points % points % points % %
1990-91 0.40 0.4 20.8 20.8 8.2 8.2 14.7 14.7 18.8 18.8
1991-92 16.8 16.7 35.6 29.4 31.4 29.0 -6.7 -5.8 42.4 35.7
1992-93 14.8 12.6 0.00 0.00 42.2 30.3 60.4 55.8 0.00 0.00
1993-94 74.4 56.4 77.2 49.4 58.9 32.4 91.6 54.4 33.0 20.5
1994-95 -18.0 -8.7 -26.2 -11.2 -28.4 -11.8 -25.9 -10.0 -5.0 -2.6
1995-96 -45.2 -24.0 -83.9 -40.5 -38.8 -18.3 -39.3 -16.8 20.4 10.8
1996-97 32.4 22.6 69.1 56.0 11.2 6.4 71.6 36.8 2.7 1.31
1997-98 23.6 13.4 16.1 8.36 17.1 9.3 56.5 21.2 8.8 4.12
1998-99 12.0 6.0 2.7 1.30 20.5 10.1 -20.4 -6.3 -3.1 -1.4
1999-00 16.4 7.8 28.2 13.3 18.2 8.2 9.8 3.3 44.5 20.4
2000-01 25.2 11.1 36.9 15.4 38.6 16.0 47.4 15.2 49.4 18.8
2001-02 22.0 8.70 22.2 8.01 36.8 13.2 108.4 30.2 43.6 14.0
2002-03 74.8 27.2 134.2 44.9 88.9 28.2 80.0 17.1 175.1 49.3
2003-04 215.2 61.5 231.5 53.5 147.2 36.4 110.5 20.2 -15.4 -2.9
Source : Calcul de l’auteur 2006

Les variations en point et en pourcentage calculées respectivement par la


différence entre l’indice de prix du produit pour l’année 2 et celui de l’année 1 et le
rapport (indice de prix du produit année 2 – indice de prix du produit année 1) /indice de
prix du produit année 1 montrent que leurs valeurs sont majoritairement positives pour
tous les produits. Il faut remarquer qu’elles sont négatives pour les deux premières
années de la libéralisation totales des importations, suite à la hausse spontanée de la part
des importations dans la consommation alimentaire locale. Cependant, pour le haricot
sec, cette variation a été négative pour les années 1992 et 1999.
49

Graphique 13: Evolution de l’indice du taux de change en points et en pourcentage

200

150

100

50

0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15

-50
V ariation ITC en points

V ariation ITC en
pourc entage

Source : Calcul de l’auteur, 2006

ITC : Indice du taux de change gourde/USD

Dans la série chronologique 1990-2004, le taux de change de la gourde par


rapport au dollar a connu de fortes fluctuations à la hausse et à la baisse. Sur la base du
graphique précédent, les variations en points et en pourcentage évoluent dans le même
sens. La variation en points permet de voir la prise ou la perte de valeur des deux
monnaies (gourde et dollar américain) de l’une par rapport à l’autre. Entre 1990 et 1999,
on a constaté une alternance de dépréciation (allure vers le haut) et d’appréciation (allure
vers le bas) de la gourde par rapport au dollar. Entre 1999 et 2003 (période
d’intensification des troubles socio-politiques), la gourde s’est dépréciée suivant un
rythme exponentiel par rapport au USD. Cependant entre 2003-2004, la gourde a pris
rapidement de la valeur en points et en pourcentage par rapport au dollar d’où son
appréciation.
50

5-4-. L’approche d’élasticités de la demande


5-4-1-. Elasticités d’arc des produits
Applicables dans le cas des variations significatives de prix, comme c’est le cas
pour les produits ici considérés, elles ont permis de trouver les valeurs suivantes pour les
coefficients dans la série.
Tableau 5: Coefficients d’élasticités d’arc du riz, maïs, poulet et haricot sec
Année riz maïs poulet haricot sec
1990-91 - infini 0.83% -1.65% 0.96%
1991-92 -0.20% 0.97% 0.21% -0.95%
1992-93 3.05% -0.42% -0.08% -0.48%
1993-94 0.10% 0.09% 1.33% 0.20%
1994-95 -0.25% -0.28% -3.03% -0.06%
1995-96 -0.43% -0.07% -0.90% 0.66%
1996-97 0.28% 0.05% 4.45% 0.25%
1997-98 -0.75% 0.09% 3.62% -0.37%
1998-99 1.93% 0.12% 4.24% -0.52%
1999-00 0.81% 0.30% -6.78% -3.10%
2000-01 0.24% 0.94% 0.36% -0.17%
2001-02 1.38% -4.65% 2.17% -0.25%
2002-03 0.49% 0.18% 0.49% 0.35%
2003-04 -0.29% -0.34% -1.15% -0.21%
Source : Calcul de l’auteur, 2006, d’après les données de FAOSTAT 2006, IHSI, 2006.
Pour le riz, en un seul point la demande du riz est parfaitement élastique par rapport au
prix. Elle est élastique en 1, 3 et 6 point (s) respectivement pour le maïs, le poulet et le
haricot sec. En ces points, une augmentation du prix de 1% a entraîné une diminution de
la demande de plus de 1%. Elle accuse une relative inélasticité en 5, 4, 2 et 8 points
respectivement pour le riz, le maïs, le poulet et le haricot sec. Ces points supposent
qu’une augmentation du prix de 1% a été traduite par une diminution de la demande de
moins 1%. En tous les autres points, 8 pour le riz, 9 pour le maïs, 8 pour le poulet et 5
pour le haricot sec, la demande a été inélastique conformément à la théorie économique
relative à la demande alimentaire.

5-4-2-. Elasticités croisées de la demande des produits


Elles sont utilisées pour quantifier les effets du jeu des rapports de prix sur les
demandes relatives de ces produits. Les valeurs des coefficients présentés dans le tableau
suivant ont été calculées suivant cette logique : le riz et le maïs, le poulet et le haricot sec
51

sont considérés comme des substituts tandis que, le riz et le haricot sec, le maïs et le
haricot sec, le riz et le poulet, le maïs et le poulet comme des complémentaires.

Tableau 5: Coefficients d’élasticités croisées


Année ηriz / Pmais ηpoulet / Pharicot ηmais / Phari cot secη riz / Phari cot ηriz / Ppoulet η mais / P poulet

1990-91 -0.55 -0.82 2.11 -0.79 -1.44 2.11


1991-92 -0.20 -0.91 0.50 0.51 -0.10 0.50
1992-93 3.30 -0.04 -0.17 0.77 1.42 -0.17
1993-94 0.10 0.83 0.11 0.09 0.14 0.11
1994-95 -0.22 -4.69 -0.26 -0.23 -0.20 -0.26
1995-96 -0.31 -1.18 -0.20 -0.74 -0.68 -0.20
1996-97 0.11 0.88 0.36 0.16 0.92 0.36
1997-98 -1.14 1.80 0.07 -0.42 -0.96 0.07
1998-99 7.37 -8.21 0.02 -1.71 1.05 0.02
1999-00 0.48 -13.01 0.45 1.92 0.76 0.45
2000-01 0.16 0.36 0.96 0.17 0.16 0.96
2001-02 1.70 1.03 -2.21 0.43 0.98 -2.21
2002-03 0.28 0.75 0.24 0.73 0.44 0.24
2003-04 -0.24 -1.49 -0.37 -0.64 -0.36 -0.37
Source : Calcul de l’auteur, 2006 selon les données de FAOSTAT 2006, IHSI, 2006
Ce tableau montre que le maïs a des coefficients de substitution élevés dans la
série temporelle par rapport au riz. Etant substituables l’un à l’autre, sur la base des
valeurs positives, on constate qu’une augmentation de 10% du prix du maïs a dû
entraîner une augmentation de la demande du riz de 33%, 1.1%, 73.7%, 4.8%, 1.6%,
17% et 2.8% respectivement les périodes 1992-93, 1993-94, 1996-97, 1998-99, 1999-00,
2000-01, 2001-02 et 2002-03 pour la série prise en compte dans l’étude.
Pour les cœfficients de substitution poulet et haricot sec, presque le même constat
a été fait. Mais dans ce cas précis, une augmentation du prix du haricot sec de 10% a
provoqué une augmentation de la consommation du poulet de 8.3%, 8.8%, 18%, 3.6%,
10.3% et 7.5% respectivement pour les périodes 1993-94, 1996-97, 1997-98, 2000-01,
2001-02 et 2002-03.
Les coefficients de complémentarité entre maïs et haricot sec accusent des
valeurs élevées (5 valeurs négatives). En ce sens, une croissance du prix du haricot sec
de 10% a entraîné une diminution respective de la consommation du maïs de 1.7%,
2.6%, 2%, 22.1% et 3.7% pour les périodes 1992-93, 1994-95, 1995-96, 2001-02 et
52

2003-04. Un raisonnement analogue à celui fait pour le maïs et haricot sec peut être fait
pour les trois (3) autres colonnes du tableau où les coefficients calculés concernent des
produits complémentaires.
Ces produits tout en les supposant comme substituables deux à deux, montrent
qu’ils sont aussi complémentaires entre eux et vice-versa tenant compte du nombre de
coefficients positifs (substituabilité) et négatifs (complémentarité) obtenus. Cette
situation pourrait être expliquée par la diversité des variétés qui existent dans chacun de
ces produits alimentaires (variétés importées, variétés locales) et aussi aux prix utilisés
qui sont des prix moyens agrégés.

5-5-. Modélisation
5-5-1-. Présentation des modèles
Quatre produits ayant une pondération importante dans le calcul de l’indice des
prix à l’alimentation ont été choisis pour conduire cette étude. Les modèles de base
utilisés sont des modèles linéaires simples dont la présentation générale est la suivante :
Yt = a0 + a1Xt + t pour t = 1990…………2005
ième
t : La t observation faite sur la variable considérée
Yt : Variable expliquée ou dépendante représentant la tième observation faite sur l’indice
de prix du produit considéré ;
a0 , a1 : Paramètres ou estimateurs du modèle

X t : Variable explicative représentant la tième observation faite sur l’indice du taux de


change de la gourde (cotation à l’incertain) par rapport au USD
ε t : Le terme d’erreur
5-5-2-. Hypothèses des modèles
Le modèle de régression linéaire pour chaque produit sera accepté comme
valable que si les hypothèses suivantes sont vérifiées en accord au principe général de la
régression linéaire simple (BOURBONNAIS, 2005)
H1 : le modèle est linéaire en Xt (ou n’importe quelle transformation de Xt)
H2 : les valeurs Xt sont observées sans erreur (X, non aléatoire)
H3 : E ( t) = 0, l’espérance mathématique de l’erreur est nulle : en moyenne le
modèle est bien spécifié et donc l’erreur moyenne est nulle
53

2
H4 : E ( ε t2 ) = , la variance de l’erreur est constante : le risque de l’amplitude
de l’erreur est le même quelle que soit la période
H5 : E ( t t’) = 0 si t t’, les erreurs sont non corrélées ou indépendantes : une
erreur à l’instant t n’a pas d’influence sur les erreurs suivantes
H6 : Cov (xt, t) = 0 l’erreur est indépendante de la variable explicative.

5-5-3-. Estimation des modèles


Les modèles sont estimés pour chaque produit pris isolément. Sur ce, un modèle
de régression linéaire simple mettant en relation l’indice de prix (année 1990=100) pour
le riz, le maïs, le poulet et le haricot sec et l’indice de taux de change nominal
gourde/USD (Année 1990=100) a été construit.
Pour chacun de ces produits, l’indice de son prix, noté Yt, est analysé par rapport
à l’indice du taux de change de la gourde /USD (Xt). Ces deux indices sont deux indices
simples ayant tous deux leur poids respectif dans le calcul des indices composites
suivant : Indice des Prix à la Consommation et l’Indice de Taux de Change Effectif de la
gourde. Pour y parvenir les prix moyens annuels de l’IHSI et les taux de change moyens
de la gourde par rapport au dollar américain de la BRH ont été utilisés pour calculer les
deux indices susmentionnés notés Yt et Xt considérés respectivement comme variable
endogène et variable exogène.

5-5-3-1-. Présentation des modèles de régression linéaire


Les résultats obtenus sur SPSS à partir de l’analyse de régression ont conduit à la
construction des équations de régression linéaire simple suivantes :
Riz : Yt = 5.113 + 0.842 X t + ε t

Maïs : Yt = −15.616 + 1.026 X t + ε t

Poulet : Yt = 20.46 + 0.864 X t + εt

Haricot sec : Yt = −9.435 + 1.212 X t + ε t

Où Yt désigne l’indice de prix à l’alimentation du produit en question, X t celui du taux de

change de la gourde par rapport au USD et ε t le terme d’erreur mesurant la proportion


de la variabilité non expliquée par le modèle.
54

Pour les quatre produits : riz, maïs, poulet et haricot sec, les signes attendus du
coefficient de la variable exogène sont tous conformes à la théorie économique avancée.
Les valeurs du paramètre du coefficient du paramètre a1 de la variable endogène sont
toutes positives. Elles sont de 0.842, 1.026, 0.864 et 1.212 respectivement pour le riz, le
maïs, le poulet et le haricot sec. Partiellement, elles confirment sous toute réserve25
l’hypothèse d’existence d’une relation positive entre l’indice de prix à la consommation
de chacun des produits considérés et l’indice du taux de change gourde par rapport au
USD. En d’autres termes, la dépréciation de la gourde haïtienne peut être retenue comme
l’une des principales causes de la hausse des prix des prix des dits produits sur le marché
haïtien.

5-5-3-2-.Tests sur les modèles


5-5-3-2-1-. Tests de normalité des erreurs
a)Test du Skewness et du Kurtosis

Les hypothèses sur lesquelles sont fondés ces tests sont:

H 0 : v1 = 0 ; v2 = 0 Normalité des erreurs


H 1 : v1 ≠ 0 ; v2 ≠ 0 Erreurs ne sont pas normales
Les écarts moyens utilisés pour le calcul des moments centrés réduits, µ 2 , µ3 et

µ 4 respectivement d’ordre 2, 3 et 4 ont permis d’obtenir les valeurs suivantes 1.18 pour
le coefficient d’asymétrie et 3.40 pour le coefficient d’aplatissement. A partir de ces
coefficients, on a obtenu les statistiques suivantes v1 = 0.936 et v1 = 0.316 .
Ces deux coefficients étant largement inférieurs à 1.96, les conditions de symétrie
et d’aplatissement sont vérifiées. Donc, les distributions sont normales et l’hypothèse de
normalité des erreurs est confirmée.

b) Test de Jarque et Bera


Les distributions étant normales, les valeurs des cœfficients du Skewness et du
Kurtosis ont permis de calculer la statistique de Jarque et Bera. Sa valeur est s = 3.58.

25
Elles la confirmeront définitivement qu’après avoir testé les modèles de chacun des produits.
55

Cette dernière étant largement inférieure à 5.99 valeur de X 22;0.05 , on accepte l’hypothèse

de normalité des erreurs.


Somme toute, ces deux tests ont conduit à une conclusion identique qui est la
normalité des résidus au seuil de signification

5-5-3-2-2-. Test de coefficient des modèles


Pour y parvenir, il consiste à faire un test du T-Student visant à vérifier si le
coefficient a1 de chacun de ces modèles est significativement différent de 0. La réponse à
ce problème renvoie à éprouver l’une des deux hypothèses qui suivent :
H 0 : a1 = 0
H 2 : a1 ≠ 0
La règle de décision au seuil = 0.05 (test bilatéral) a été la suivante :
• Accepter H 1 au détriment de H 0 , le coefficient a1 du modèle de régression linéaire

du produit considéré est alors significativement différent de 0 si ta*1 > t130.025

• Accepter H 0 c’est-à-dire a1 = 0 au détriment de H 1 , en ce sens, le coefficient a1


du modèle de régression linéaire du produit considéré n’est pas significativement
différent de zéro si t a*1 ≤ t130.025 .

L’analyse de régression linéaire sur SPSS fournit les valeurs calculées suivantes
pour le ratio empirique du T de Student : t a*1 = 8.121 , t a*1 = 8.352 ,

t a*1 = 10 . 755 et t a1 = 12.348 respectivement pour riz, maïs, poulet et haricot sec. Par
*

ailleurs, la valeur tabulaire sur la table de la loi de Student t130.025 est de 2.1604. En
comparant séparément la valeur calculée de t pour chacun de ces produits à sa valeur
tabulaire, on constate que celui-là est supérieur à celui-ci pour les quatre produits en
question. Sur ce, on accepte l’hypothèse H 1 et on conclut que la variable explicative X t

est contributive à l’explication de Yt de chacun de ces produits (riz, maïs, poulet et


haricot sec).
56

5-5-3-2-3-.Test de signification d’ensemble des modèles de régression


Ici, il revient de prendre une décision sur la statistique F de Fisher Snedecor. Pour
y parvenir, on procède à la comparaison de sa valeur calculée par rapport à sa valeur
tabulaire sous les hypothèses statistiques suivantes :
H 0 : E ( SCE ) = E ( SCR ) => la régression est non significative

H 1: E ( SCE ) E ( SCR ) => la régression est significative


Au seuil de signification = 0.05 (test unilatéral).
L’analyse de régression sur SPSS donne 65.956, 69.763, 115.675 et 152.464
comme valeurs calculées du F* empirique de Fisher respectivement pour les produits
suivants : riz, maïs, poulet et haricot sec. Cependant, la table de la loi de Fisher Snedecor
permet de lire 4.67 comme valeur de F10,13.05 . Par comparaison, le F* empirique pour

chacun de ces produits est supérieur à F10,13.05 .

Comme décision, on accepte H 1 au détriment de H 0 . L’évidence statistique

permet de dire que le coefficient a1 est significatif au seuil de signification = 0.05 pour
chacun de ces produits pris isolément. Ce faisant, la régression linéaire est significative
pour tous les produits sous étude.

5-5-3-2-4-.Détection de l’autocorrélation des erreurs


Pour éprouver l’existence d’une autocorrélation positive d’ordre 1, on a dû
recourir au test de Durbin et Watson.
Ainsi, ces hypothèses de base ont été mises à l’épreuve :
H 0 : ρε = 0
H1 : ρε > 0
Par suite, le DW calculé pour chaque produit séparément a été comparé à d1
(1.08) et d2 (1.36) théoriques de la statistique de Durbin-Watson pour k =1 (nombre de
variable indépendante) et n = 15 (nombre d’observations pour chaque série) afin
d’aboutir à l’une des décisions suivantes :
1. DW > d 2 : l’hypothèse d’indépendance des erreurs est confirmée (on accepte H0)
2. DW < d1 : l’hypothèse d’autocorrélation des résidus est confirmée
57

3. d1 < DW < d 2 : l’hypothèse d’indépendance des résidus demeure douteuse.


Ce test a été fait avec SPSS puis vérifié sur Eviews. Il a permis d’obtenir pour
DW les valeurs qui suivent : 2.065, 1.811, 1.924 et 2.093 respectivement pour le riz, le
maïs, le poulet et le haricot sec. En comparant ces valeurs aux valeurs théoriques lues sur
la table de Durbin-Watson au seuil =0.05, on accepte H0 au détriment de H1. Enfin,
l’hypothèse de l’inexistence d’aucune autocorrélation positive d’ordre 1 entre les résidus
des modèles estimés pour ces produits (riz, maïs, poulet et haricot sec) est confirmée.

5-5-3-2-5-.Test d’ajustement et coefficient de détermination (corrélation)


Les valeurs du coefficient de détermination ajusté sont 0.835, 0.843, 0.899 et
0.921 respectivement pour le riz, le maïs, le poulet et le haricot sec. En ce sens, la
variation de l’indice du taux de change de la gourde par rapport au dollar américain
explique 83.50%, 84.30%, 89.90% et 92.10% de la variabilité totale de l’indice de prix
respectivement pour le riz, le maïs, le poulet et le haricot sec. Les valeurs respectives de
16.50%, 15.70%, 10.10% et 7.90% restant pour les modèles pris dans le même ordre
peuvent être attribuées à des facteurs inclus dans les termes d’erreurs.
Utilisant la relation existant entre le coefficient de détermination et celui de
corrélation en analyse de régression et sachant que ce dernier est lié à la pente de la
droite de régression et au signe de l’estimateur a1, on peut présenter les valeurs du
coefficient de corrélation. Celles-ci sont les suivantes : 0.914, 0,918, 0.948 et 0.960 et
sont tous positifs.
En référence aux résultats, il existe une corrélation positive forte entre les deux
variables de tous les modèles estimés pour les différents produits. Ce faisant, il existe
selon toute évidence une relation de cause à effet entre l’indice de prix de ces produits et
l’indice de taux de change nominal de la gourde par rapport au USD conformément à la
théorie économique.

5-5-4-. Conclusion partielle


Les distributions étant normales selon les tests de normalité, le paramètre a1 des
différents modèles étant significativement différent de zéro pour les différents produits
selon les tests de Student, de signification d’ensemble des régressions, ensuite, le test de
58

détection d’autocorrélation des erreurs de Durbin et Watson a permis de voir qu’il


n’existe aucune corrélation des résidus et enfin, l’analyse faite sur le coefficient de
corrélation partielle a révélé l’existence d’une forte corrélation positive entre l’indice de
prix de chaque produit et l’indice du taux de change gourde-USD avec l’année 1990
prise comme année de base, on est finalement amené à conclure que les fluctuations à la
hausse des prix de ces produits est fonction de la détérioration de la valeur de la gourde.
En d’autres termes la dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain est
contributive de la hausse des prix de ces produits distribués sur le marché haïtien.
59

VI: CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Haïti, petit pays insulaire du continent américain, fait face à des problèmes socio-
économiques majeurs. L’offre agricole ne pouvant s’adapter à la demande conduit la
population vers une situation d’insécurité alimentaire chronique. Bien que l’agriculture
absorbe 66% des actifs, à cause des goulots d’étranglement auxquels sont confrontées les
exploitations, elle n’arrive pas à assurer adéquatement la survie de ses dépendants. Cette
situation provoque la non reproduction de la quasi-totalité des exploitations agricoles
débouchant sur une migration massive des ruraux, une baisse drastique de la production
locale, une hausse incontrôlable des importations alimentaires depuis les années 1995,
une chute des exportations agricoles et alimentaires se traduisant par un déficit chronique
de la balance commerciale.
Pour pallier aux déséquilibres internes et externes, nombreuses sont les
mesures de politique économique qui ont été prises par les autorités haïtiennes en vue de
répondre aux nouvelles exigences du marché international. Parmi ces mesures, l’on
retient la libéralisation des importations alimentaires, l’adoption du système de change
flottant. Cette première mesure affecte le niveau de compétitivité de la production
agricole et alimentaire de ce pays à déficit vivrier et alimentaire. De l’autre coté, le
déficit commercial engendre une sortie importante de capital, une dépréciation de la
monnaie nationale par rapport à celle des USA, une instabilité du taux de change et des
prix et la détérioration progressive du pouvoir d’achat de la population. Face à cette
tendance contrastée, l’on a assisté à une dollarisation partielle de l’économie de 1990-
2004. Il est susceptible que celle-ci paupérise davantage l’économie nationale si l’on
n’envisage pas des mesures adéquatement adaptées.
Selon CAMPBELL, BRUE et TREMBLAY (1994), même en période
d’hyperinflation, les prix ne suivent pas le même rythme d’évolution pour tous les
produits. Tel a été le cas d’Haïti de 1990 à 2004 puisque conformément à cette théorie
économique relative à l’inflation, parmi les quatre (4) produits pris en compte dans la
présente étude, les prix de deux d’entre eux en l’occurrence le riz et le maïs, deux
céréales de base dans la consommation alimentaire locale et substituables l’un à l’autre
ont augmenté suivant un même rythme. Par ailleurs, les prix du poulet et du haricot sec,
60

deux substituts, ont augmenté de façon indépendante. Ceci traduirait des possibilités
limitées de substitution entre ces deux derniers produits car ceux-ci n’exercent pas les
mêmes fonctions physiologiques (Malassis et GHERSI, 1992).
Utilisant 1990, date du démarrage des premières expériences du pays avec le
régime politique démocratique et la fin du fragment officiel du marché des changes,
comme année de référence pour le calcul des indices simples du prix des produits (riz,
maïs, poulet et haricot sec) et du taux de change gourde /USD, on est parvenu à estimer
quatre (4) modèles significatifs de régression linéaire simple dont un (1) pour le riz, un
(1) pour le maïs, un (1) pour le poulet et l’autre pour le haricot sec. Chacun de ces
modèles met en relation l’indice de prix du produit à l’indice du taux de change gourde
par rapport au dollar (année 1990=100) pour la série temporelle 1990-2004.
La consommation alimentaire (riz, maïs, poulet et haricot sec) locale étant
fortement tributaire des importations particulièrement celles provenant des USA, leurs
prix à la consommation pour ces produits sont par conséquent fortement liés au taux de
change gourde/USD. Cela est en conformité avec les théories économiques car les
entreprises importatrices d’aliments dans leurs échanges commerciaux avec les USA sont
contraintes d’utiliser le USD comme monnaie de facturation entraînant une incorporation
du taux de change dans la formation du prix à la consommation. Toutefois, la corrélation
partielle entre les deux variables de l’analyse varie d’un produit à l’autre. Elle varie de
façon croissante dans l’ordre suivant pour les produits : riz - maïs- poulet- haricot sec
dont les valeurs respectives sont 91.4%, 91.8%, 94.8% et 96.0%. Cela montre clairement
que cette variation est plus faible pour les céréales que pour les deux autres produits. Ce
faisant, la hausse du taux de change a entraîné directement un renchérissement du prix de
ces produits importés entraînant un gonflement des prix sur le marché local de ces quatre
produits alimentaires puisque localement c’est le USD qui norme les prix alimentaires de
1990 à 2004. Tout compte fait, la dépréciation de la gourde par rapport au dollar
américain peut être retenue sans aucun doute comme un facteur déterminant des tensions
inflationnistes alimentaires dans un contexte économique marqué par une relative
stagnation de l’offre alimentaire face à une demande excédentaire satisfaite par les
importations induite par la croissance démographique.
61

Cette situation n’est pas sans conséquence sur les conditions


d’approvisionnement des ménages. Celles-ci sont variables suivant les catégories socio-
économiques. Ainsi, chez les ménages les plus pauvres, la hausse de prix de ces produits
alimentaires imputable essentiellement à la détérioration de la valeur de la gourde par
rapport au dollar diminue incontestablement leur accessibilité à ces produits.

En ce qui a trait aux habitudes alimentaires, des substitutions se sont opérées. Il


s’agit le plus souvent des substitutions du maïs au riz importé, du haricot sec au poulet à
consommation réduite chez les ménages à très faible revenu et le recours à l’alimentation
de rue par bon nombre d’entre eux. Dans cette substitution, la place du riz importé est
devenue importante en préparation avec du haricot sec surtout dans la restauration
populaire.

Dans l’ensemble, cette étude nous a permis de mieux comprendre la relation


causale existant entre la dépréciation de la gourde et la hausse des prix de ces produits
alimentaires. De plus, elle peut être considérée comme un outil permettant de
comprendre la consommation de ces produits d’une part sur la base de l’interdépendance
des prix ou des prix relatifs (élasticité croisée de la demande) et d’autre part, par suite
d’augmentation des prix de ces produits pris isolément (élasticité demande - prix).
N’étant pas prises en compte toutes les variables explicatives de la relation
existant entre l’érosion du pouvoir d’achat alimentaire et l’érosion monétaire au cours de
la période d’étude, marquée surtout par des bouleversements socio-politiques intenses et
répétitifs, d’autres études en ce sens s’avéreraient nécessaires afin de parvenir à une
conclusion beaucoup plus pertinente.
Face à cette situation marquée par la dépendance alimentaire externe du pays,
l’instabilité incessante du taux de change de la monnaie locale, la hausse continuelle des
prix de ces produits alimentaires, il est impérieux de formuler les recommandations
suivantes :
• Renforcer, par les différents acteurs du secteur, les capacités productives des
branches suivantes : riz, maïs, poulet et haricot sec en vue de favoriser la
compétitivité de ces produits dans les échanges commerciaux à l’échelle
nationale et atténuer le problème d’inaccessibilité alimentaire à laquelle font face
62

la plupart des consommateurs, particulièrement ceux évoluant en dessous du seuil


de pauvreté ;
• Développer des créneaux d’exportation avec les principaux partenaires
commerciaux du pays particulièrement les USA pour les produits alimentaires
biologiques présentant une demande forte à l’échelle internationale tels que riz
local et mangues, pour lesquels le pays est doté d’un certain avantage comparé en
vue de contrebalancer le déficit de la balance commerciale, de favoriser
l’injection de USD au niveau de l’économie haïtienne et de permettre au pays de
bénéficier des avantages de la libéralisation.
• Relever le tarif douanier sur ces quatre produits alimentaires à l’instar du
CARICOM en vue de protéger l’agriculture locale. Cette mesure freinerait la
chute de la production et des pertes d’emplois dans le secteur. La mise en place
d’un cadre légal ajouté à cette mesure stopperait les importations massives par
contrebande et leurs répercussions négatives sur la balance commerciale ;
• Renforcer les capacités institutionnelles du Ministère du Commerce en vue de lui
permettre de remplir efficacement sa fonction.
63

VII : BIBLIOGRAPHIE

A) Liste des Ouvrages

1. ALBERTINI Jean-Marie et SILEM Ahmed. Lexique d’Economie. 8e Edition


Dalloz., Toulouse, 713p., Juin 2004.
2. ALLIARD, Jacques. Concepts Fondamentaux de la Statistique. Editions
Addison-Wesley. Université de Moncton, Canada, 585p., 1992.
3. BOYER Jean Claude. De Dures Réalités Economiques en Haïti. Essai, Port-
au-Prince, 2004.
4. BALASSA, B. The Purchasing-Power Parity Doctrine: A Reappraisal, Journal
of Political Economy. Vol.72. no 6. p.584-596, 1964.
5. BAILLARGEON, Gérald. Techniques Statistiques. Les Editions SMG.
Université du Québec à Trois Rivières, 542p., 1984.
6. BAILLARGEON Gérald et RAINVILLE Jacques. Statistique Appliquée:
Tests Statistiques, Régression et Corrélation. Les Editions SMG, tome
2, 594 p., 1978.
7. BAILLIU Jeannine et KING Michael R. Quels sont les Déterminants des
Taux de Change. Revue de la Banque du Canada, p. 30-42, Automne
2005.
8. BONHEUR J. L. La Production de Riz dans la Vallée de l’Artibonite. Port-au-
Prince : Coordination Nationale de Sécurité Alimentaire (CNSA),
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9. BOURBONNAIS Régis. Manuel d’Econométrie et Exercices Corrigés. 6e
Edition, Dunod, Paris, 352p., 2005.
10. BOYER Jean Claude. De Dures Réalités Economiques en Haïti. Essai, Port-
au-Prince, 2004.
11. BRH. Rapport Annuel. 2000, 2001, 2002, 2003, Disponibles sur www.brh.net
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Rurales Haïtiennes (HA-T1008/ATN-FC-9052, Filière Avicole
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2005a.
14. CHANCY Michel. Identification de Créneaux Potentiels dans les Filières
Rurales Haïtiennes (HA-T1008/ATN-FC-9052, Filière Volailles
Traditionnelles (Poules et Pintades). MARNDR, Port-au-Prince,
Septembre 2005b.
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Disponible sur www.cnsahaiti.org
17. COUHARDE Cécile. Caractéristiques du Cadre Macro-économique de la
Production Alimentaire en Haïti et Analyse de son Impact sur la
Compétitivité de l’Agriculture Haïtienne ; Identification de Créneaux
Potentiels dans les Filières Rurales Haïtiennes. MARNDR / BID. Juin
2005.
18. DOURA Fred. Economie d’Haïti, Dépendance, Crises et Développement. 3
tomes, Les Editions DAMI. Montréal, Mars 2003.
19. EXANTUS Douby. Effets de la Décote de la Gourde sur le Prix du Riz sur le
Marché de la Croix des Bossales. Mémoire 54p., FAMV, 2001
20. FRANKEL, J. et FOOT K. Chartists, Fundamentalists and the Demand for
Dollars. Greek Economic Review, Vol.10, No 1, p. 49-102, 1988.
21. GUISLAIN Gilbert, LE PAUTREMAT Pascal et LE TALLEC Jean-Marie.
500 Citations de Culture Générale. Studyrama Perspectives, 232 p., 4è
Trimestre 2005.
22. Groupe C.J. Consultants. Etude des Marchés Ruraux en Haïti. Port-au-Prince,
Mars 1998. Disponible sur www.cnsahaiti.org.
23. IHSI. Recensement Général de la Population et de l’Habitat. 2003
24. IHSI. Les Indicateurs Conjoncturels. Bulletin Trimestriel
65

25. IHSI. Enquête Budget Consommation des Ménages 1999-2000


26. IRAM. Tarifaction des Produits Agricoles. Port-au-Prince, 1999
27. JEAN BAPTISTE Bony. Libéralisation Commerciale et Production Agricole :
Le Cas du Riz en Haïti, Université d’Anvers, 2005.

28. KRUGMAN Paul R. et OBSTFELD Maurice. Economie Internationale,


Traduction de la 5e édition américaine par HANNEQUART Achille et
LELOUP Fabienne. 3e édition. Editions Ouvertures Economiques,
872p., Bruxelles 2001.
29. LECAILLON Jacques et PONDAVEN Claude. Analyse Micro-
Economique : Théories Economiques, cours et Exercices corrigés.
Paris. 332 p., 1998.
30. MALASSIS, Louis et GHERSI, Gérard. Initiation à l’Economie
Agroalimentaire. Editions Cujas, Paris, 335p., 1992.
31. PADILLA Martine et MALASSIS Louis. Traité d’Economie Agro
Alimentaire, Les Politiques Alimentaires. Editons Cujas, Paris, 258 p.,
1992.
32. PNUD. Situation Economique et Sociale d’Haïti en 2004, Port-au-Prince, Août
2005, p. 51-71
33. PNUD. Haïti-Bilan Commun de pays & Plan Cadre des Nations Unies pour
l’Aide au Développement, (UNDAF), 2000.
34. RATHON Wadson. Déficits Extérieurs et Dépréciation Monétaire en Haïti.
CTPEA, Mémoire 61 p., Port-au-Prince, Haïti, Novembre 1991.
35. RIVIERE Steve. Déséquilibres Monétaires et Taux de Change Parallèle,
Estimation d’un Modèle Macroéconomique dans le cas d’Haïti.
CTPEA, Mémoire 71 p., Port-au-Prince, Haïti, Février 1994.
36. SAMUELSON, Paul. Theoretical Notes on Trade Problems. Review of
Economics and Statistics, Vol. 46, No 2, p.145-154, 1964.
37. TRUDEL Robert et ANTONIUS Rachad. Méthodes Quantitatives Appliqués
aux Sciences Humaines. Canada, 545p., 1991.
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38. VINCENT, Jean Emmanuel. Une Analyse de l’Importation du riz en Haïti


entre 1986 et 2001. Mémoire, FAMV, 51p., Juillet, 2003.
39. WAYNE, D. Purcell. Agricultural Marketing: Systems, Coordination, Cashand
Futures Prices. University of Massachausset, 1979, 472 p.

B) Liste des Sites Internet consultés

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2. www.fao.org
3. www.cnsahaiti.org
4. www.agora.qc.ca/mot.nf/dossiers/haiti
5. www.papda.org
6. http://www.wikipedia.org
7. http://www.skyminds.net/economie/23_finance_internationale.php
8. ww.diplomatie.gouv.fr
9. www.imf.org
10. http://www.indexmundi.com/en/commodities/agricultural/rice_milled/
11. http://faostat.fao.org/faostat/collections?version=ext.&hasbulk=o&subset=agricul
ture
Annexe A : Glossaire

Année de base Référence (date ou lieu) par rapport à laquelle la variation


relative d’un indice est mesurée
Arbitrage Prise de position sur plusieurs marchés ou devises afin de tirer
parti d’anomalies de prix passagères et de dégager un profit sans
risque immédiat
Balance courante Compte récapitulant les opérations enregistrées dans la balance
commerciale et la balance des invisibles
Change fixe Système de marché libre des changes qui se distingue ainsi du
cours forcé où le marché des changes est supprimé, et où l’Etat
fixe unilatéralement la valeur de sa monnaie
Change flottant Système dans lequel le taux de change entre deux monnaies est
défini par le marché. Syn. Système de taux de change fluctuants
Coefficient de corrélation Nombre résultant du calcul d’une mesure d’association entre
deux variables ordinales ou quantitatives
Couverture Prise de position visant à rendre certaine ou quasi certaine la
situation de l’intervenant quelle que soit l’évolution des cours de
change
Déflateur Un déflateur est un instrument permettant de corriger une
grandeur économique des effets de l'
inflation. Il s'
agit ici de
corriger le PIB des effets de l'
inflation.
Déflateur du PIB Différence entre le PIB nominal et le PIB réel, donne une image
plus globale et plus exacte de l'
inflation, mais ses délais
d'
établissement sont beaucoup plus longs. Il a donc surtout une
valeur historique. Déflateur du PIB = PIB nominal / PIB réel
Corrélation Intensité de la relation entre deux ou plusieurs variables.
Disponibilité alimentaire Quantité suffisante et stable de nourriture nécessaire à
l’alimentation de la population humaine pour un pays donné
Droit de douane Le droit de douane ad valorem ou tarif nominal est la taxe
imposée sur les importations en pourcentage de leur valeur
Effet multiplicateur Processus suivant lequel l’augmentation initiale d’une grandeur
macroéconomique produit en fin de période une augmentation
plus importante de cette même grandeur ou de la variable qu’elle
détermine
Rapport de la variation d’une variable et la variation d’une autre
Elasticité variable
Elasticité d’arc Mesure d’élasticité moyenne permettant d’évaluer l’élasticité
prix de la demande à partir des valeurs observées des quantités et
des prix sur la courbe de demande perçue pour chaque produit
Eurodollars Avoirs bancaires libellés en dollars circulant à l’extérieur des
USA entre des non résidents aux USA.
Flottement impur Flottement du cours de change imputable à l’intervention de la
banque centrale.
Flottement pur Flottement du cours de change, exclusif de toute intervention
officielle ou non de la banque centrale
IDH (Indice de Indicateur composite calculé par le PNUD depuis 1990
Développement Humain) combinant le PIB réel par tête en PPA, le niveau de scolarisation
de la population adulte et l’espérance de vie à la naissance
Indice composite Variation relative d’un ensemble d’éléments composant un
phénomène plus complexe entre deux moments différents
Indice élémentaire Simple rapport entre la valeur observée d’une même grandeur à
deux moments ou en deux lieux différents.
Inflation Déséquilibre économique caractérisé par une hausse générale,
durable, cumulative et plus ou moins forte des prix ou par
l’allongement des délais de livraison ou des files d’attente pour
un grand nombre de produits dans les pays pratiquant la fixation
administrative des prix.
Insécurité alimentaire Incapacité qu’a un pays d’approvisionner régulièrement sa
population en aliments nécessaires résultant de la production
nationale et/ ou des importations
IPC Indice qui cherchant à mesurer la hausse (inflation) ou baisse
(déflation) du coût de la vie, et donc l'
évolution de la valeur de la
monnaie (la valeur de la monnaie diminue lorsque les prix
augmentent). Il est aussi appelé déflateur du PIB
Libéralisation des Suppression ou limitation des obstacles douaniers (tarifs
échanges douaniers, contingentements, etc.….)
Motivation de transaction Prise de position visant à obtenir les devises nécessaires pour
honorer un paiement
PIB nominal Valeur des biens et services mesurée à prix courants
PIB réel Valeur des biens et services mesurée à prix constants
Série chronologique Succession de données construites concernant un phénomène et
évaluées de la même façon pour les différentes périodes
Seuil de signification Probabilité de faire une erreur de type 1 c’est-à-dire de rejeter
l’hypothèse nulle, alors qu’elle est vraie
SMI Ensemble des mécanismes et des procédures permettant
d’ajuster l’offre et la demande de devises pour aboutir à la
formation d’un « prix cours de change »
Spéculation Prise de position sur un marché et une devise en fonction
d’anticipation concernant l’évolution de la valeur de cette devise
Taux de change Le prix relatif d’une monnaie nationale par rapport à une devise
Terme d’erreur Variable aléatoire non observable régi par l’influence d’autres
variables indépendantes non prises en considération dans un
modèle
Test d’hypothèses Processus de validation d’hypothèse
Vulnérabilité alimentaire Fragilité ou manque de résistance vis-à-vis des forces naturelles,
politiques, économiques, sociales et culturelles, capable de se
manifester tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’espace
géographique considéré
Annexe B : Circuits de commercialisation du riz, maïs, poulet et haricot sec

A) Circuits de commercialisation du riz


A-1). Circuit-type du Riz local (circuit long)
Producteur Sara locale Sara régionale ou urbaine Détaillant
Consommateur

A-2). Circuit court de commercialisation du riz local


Producteur Sara locale Détaillants

A-3). Circuit de commercialisation du Riz importé

Importateur Grossistes Sarah régionales et /ou locales Sarah locales


Détaillants Consommateurs

B) Circuits de commercialisation
B-1). Circuit de commercialisation du maïs
Producteurs Sara locales Détaillants Consommateurs

C). Circuit de commercialisation du pois


Producteur Sara locale Sara régionale/ urbaine Détaillant
Consommateur
D) Circuits de commercialisation du poulet

D-1) Circuit de commercialisation du poulet créole

Producteurs paysans de poulets créoles

Producteurs au Marchés de production ou de collecte

Négociants au Marchés de regroupement ou de transit

Détaillants au marché de consommation Super-marchés

Consommateurs

D-2). Circuit de commercialisation des poulets de chair

P ro d u c t e u r s d e p o u le t

N é g o c ia n t s

D é t a illa n t s /v e n d e u r s
d e p o u le t s v iv a n t s V e n d e u r s d e p o u le t a b a tt u s

C o nso m m ateu rs S u p erm arc hés

C o nso m m ateu rs
Annexe C : La dévaluation monétaire et la balance commerciale : effets et facteurs
Annexe D : Evolution tendancielle de certaines variables pour le riz, maïs, poulet et
haricot sec

Annexe D-1) Production, importation, consommation alimentaire, prix et Indice de


prix du riz

(Année 1990=100 pour le calcul de l’Indice de prix)

Année Production Importation en consommation Prix en IPA du riz


locale en TM TM alimentaire en TM gourde/livre
1990 129.9 170.59 282.8 2.5 100.00
1991 120 167.41 249.73 2.51 100.40
1992 125.48 209.08 242.23 2.93 117.20
1993 110 224.02 346.52 3.3 132.00
1994 105 209.06 362.57 5.16 206.40
1995 100 310.79 371.02 4.71 188.40
1996 120 306.25 417.23 3.58 143.20
1997 160 358.57 441.93 4.39 175.60
1998 101.32 319.4 402.55 4.98 199.20
1999 125 369.13 445.55 5.28 211.20
2000 130 376.47 473.22 5.69 227.60
2001 103 294.66 485.48 6.32 252.80
2002 104 465.23 548.2 6.87 274.80
2003 105 533.51 616.19 8.74 349.60
2004 102 407.67 536.13 14.12 564.80
Source : FAOSTAT, FAO 2006, Bureau des Prix de l’IHSI 2005 et BRH 2005

Annexe D-2) Production, importation, consommation alimentaire, prix et Indice de


prix du maïs
(Année 1990=100 pour le calcul de l’Indice de prix)

Année Production Importation Consommation Prix en IPA du maïs


en TM en TM alimentaire en TM gourde/livre
1990 163.00 1.65 139.36 1.49 100.00
1991 190.00 1.49 163.34 1.8 120.81
1992 226.32 5.23 187.15 2.05 156.38
1993 210.00 7.17 177.68 2.33 156.38
1994 230.00 4.23 184.26 3.48 233.56
1995 220.00 40.76 189.99 3.09 207.38
1996 204.06 8.73 196.86 1.84 123.49
1997 230.00 14.70 201.39 2.87 192.62
1998 206.10 11.98 202.77 3.11 208.72
1999 250.00 13.87 203.13 3.15 211.41
2000 202.50 12.30 210.64 3.57 239.60
2001 180.00 9.13 243.11 4.12 276.51
2002 185.00 9.74 172.29 4.45 298.66
2003 198.00 9.19 183.99 6.45 432.89
2004 180.00 22.93 159.44 9.9 664.43
Source : FAOSTAT, FAO 2006, Bureau des Prix de l’ IHSI 2005
Annexe D-3 : Production, importation, consommation alimentaire, prix et Indice de
prix du poulet

(Année 1990=100 pour le calcul de l’Indice de prix)

Année Production en Importation en Consommation Prix en IPA du poulet


TM TM alimentaire en TM gourde/livre
1990 6.30 0.05 6.35 8.95 100.00
1991 5.94 0.04 5.58 9.68 108.16
1992 5.76 0.12 5.88 12.49 139.55
1993 5.76 0.00 5.76 16.27 181.79
1994 8.1 0.27 8.37 21.54 240.67
1995 6.3 6.00 12.3 19 212.29
1996 5.4 9.34 14.74 15.53 173.52
1997 5.4 14.09 19.49 16.53 184.69
1998 7.2 19.73 26.93 18.06 201.79
1999 7.2 33.57 40.77 19.89 222.23
2000 7.92 15.68 23.6 21.52 240.45
2001 7.92 16.96 24.88 24.97 278.99
2002 8.1 24.48 32.58 28.26 315.75
2003 8.1 28.66 36.76 36.22 404.69
2004 8.01 17.26 25.71 49.39 551.84
Source : FAOSTAT, FAO 2006, Bureau des Prix de l’IHSI 2005

Annexe D-4) Production, importation, consommation alimentaire, prix et Indice de


prix du haricot sec

(Année 1990=100 pour le calcul de l’Indice de prix)


Année Production enImportation en Consommation Prix en IPA du haricot sec
TM TM alimentaire en TM gourde/livre
1990 95 8 90.53 2.85 100.00
1991 97 20 103.38 3.27 114.74
1992 103.52 19 109.57 3.08 108.07
1993 85 15 88.62 4.8 168.42
1994 85 22 96.5 7.41 260.00
1995 60 49 97.11 6.67 234.04
1996 82.2 15 86 5.55 194.74
1997 85 19 93.1 7.59 266.32
1998 71.7 25.6 86.8 9.2 322.81
1999 74 26.5 89.78 8.62 302.46
2000 71.65 19.6 81.34 8.9 312.28
2001 67.9 21.3 79.42 10.25 359.65
2002 68 15.69 74.41 13.34 468.07
2003 65.5 22.62 78.63 15.62 548.07
2004 61 24.36 75.67 18.77 658.60
Source : FAOSTAT, FAO 2006, Bureau des Prix de l’IHSI, 2005 et calcul de l’auteur 2005
Annexe E : Evolution du taux de change nominal gourde USD sur le marche des
changes haïtiens

(Année 1990=100 pour le calcul de l’indice du taux de change gourde /USD)


Taux de change Indice du taux
Dépôts annuels en Dépôts annuels nominal moyen de change
Année dollars en gourdes annuel gourde/USD
1990 7.66 100.00
1991 84.56 3574.99 9.10 118.80
1992 269.06 4339.84 12.35 161.23
1993 635.55 5514.52 12.35 161.23
1994 707.27 6608.28 14.88 194.26
1995 1981.86 8280.22 14.50 189.30
1996 2654.07 8496.33 16.06 209.66
1997 3544.32 9514.42 16.27 212.40
1998 4492.17 10866.31 16.94 221.15
1999 5699 12361.04 16.70 218.02
2000 10821.13 14084.11 20.11 262.53
2001 10725.43 15395.44 23.89 311.88
2002 13766.12 16810.28 27.23 355.48
2003 21252.16 21902.73 40.64 530.55
2004 22252.16 25823.64 39.46 515.14
2005 29451.09 28292.05 40.45 528.07
Source : BRH, 2005 et calcul de l’auteur 2005
Annexe F : Résultats de l’analyse de régression obtenus sur
SPSS pour les produits
Annexe F-1 : Résultats de l’analyse de régression pour le riz donnés par SPSS
Régression
Correlations
Descriptive Statistics
yt xt
Pearson Correlation yt 1,000 ,914
xt ,914 1,000
Mean Std. Deviation N
Sig. (1-tailed) yt . ,000
yt 216,2133 118,37711 15
xt ,000 .
xt 250,7753 128,52790 15 N yt 15 15
xt 15 15

Model Summary b

Change Statistics
Adjusted Std. Error of R Square Durbin-
Model R R Square R Square the Estimate Change F Change df1 df2 Sig. F Change Watson
1 ,914 a ,835 ,823 49,84704 ,835 65,956 1 13 ,000 2,065
a. Predictors: (Constant), xt
b. Dependent Variable: yt

ANOVA b

Sum of
Model Squares df Mean Square F Sig.
1 Regression 163882,5 1 163882,505 65,956 ,000 a
Residual 32301,452 13 2484,727
Total 196184,0 14
a. Predictors: (Constant), xt
b. Dependent Variable: yt
Coefficientsa

Unstandardized Standardized
Coefficients Coefficients 95% Confidence Interval for B Correlations Collinearity Statistics
Model B Std. Error Beta t Sig. Lower Bound Upper Bound Zero-order Partial Part Tolerance VIF
1 (Constant) 5,113 29,005 ,176 ,863 -57,549 67,775
xt ,842 ,104 ,914 8,121 ,000 ,618 1,066 ,914 ,914 ,914 1,000 1,000
a.
Dependent Variable: yt

Coefficient Correlationsa Collinearity Diagnosticsa

Model xt
1 Correlations xt 1,000 Condition Variance Proportions
Covariances xt ,011 Model Dimension Eigenvalue Index (Constant) xt
a. Dependent Variable: yt 1 1 1,896 1,000 ,05 ,05
2 ,104 4,273 ,95 ,95
a. Dependent Variable: yt
Normal P-P Plot of Regression Standardized Residual Histogram

Dependent Variable: yt Dependent Variable: yt


1,0

0,8

5
Expected Cum Prob

0,6
Frequency

0,4 3

2
0,2

0,0 Mean = 1,67E-16


Std. Dev. = 0,964
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 0 N = 15
Observed Cum Prob -3 -2 -1 0 1 2 3

Regression Standardized Residual


Residuals Statisticsa

Minimum Maximum Mean Std. Deviation N


Predicted Value 89,2918 451,7255 216,2133 108,19378 15
Residual -102,125 126,04657 ,00000 48,03381 15
Std. Predicted Value -1,173 2,177 ,000 1,000 15
Std. Residual -2,049 2,529 ,000 ,964 15
a. Dependent Variable: yt

Casewise Diagnosticsb

Predicted
Case Number Std. Residual yt Value Residual Status
1 ,215 100,00 89,2918 10,70816
2 -,095 100,40 105,1175 -4,71753
3 -,474 117,20 140,8348 -23,63477
4 -,177 132,00 140,8348 -8,83477
5 ,758 206,40 168,6392 37,76083
6 ,480 188,40 164,4639 23,93612
7 -,770 143,20 181,6028 -38,40277
8 -,167 175,60 183,9093 -8,30928
9 ,159 199,20 191,2750 7,92504
10 ,453 211,20 188,6402 22,55985
11 ,030 227,60 226,1083 1,49168
12 -,298 252,80 267,6508 -14,85076
13 -,593 274,80 304,3529 -29,55290
14 -2,049 349,60 451,7255 -102,125
15 2,529 564,80 438,7534 126,04657
16 . . . . Ma
a. Missing Case
b. Dependent Variable: yt
Annexe F-2 : Résultats de l’analyse de régression pour le maïs pour le maïs donnés par SPSS
Correlations
Descriptive Statistics yt xt
Pearson Correlation yt 1,000 ,918
Mean Std. Deviation N
yt xt ,918 1,000
241,5227 143,57636 15
xt Sig. (1-tailed) yt . ,000
250,7753 128,52790 15
xt ,000 .
N yt 15 15
xt 15 15

ANOVAb

Sum of
Model Squares df Mean Square F Sig.
1 Regression 243266.7 1 243266,716 69,763 ,000a
Residual 45331,692 13 3487,053
Total 288598.4 14
a. Predictors: (Constant), xt
b. Dependent Variable: yt

Model Summaryb

Change Statistics
Adjusted Std. Error of R Square Durbin-
Model R R Square R Square the Estimate Change F Change df1 df2 Sig. F Change Watson
1 ,918a ,843 ,831 59,05128 ,843 69,763 1 13 ,000 1,811
a. Predictors: (Constant), xt
b. Dependent Variable: yt
a
Coefficients

Unstandardized Standardized
Coefficients Coefficients 95% Confidence Interval for B Correlations Collinearity Statistics
Model B Std. Error Beta t Sig. Lower Bound Upper Bound Zero-order Partial Part Tolerance VIF
1 (Constant) -15,674 34,361 -,456 ,656 -89,906 58,559
xt 1,026 ,123 ,918 8,352 ,000 ,760 1,291 ,918 ,918 ,918 1,000 1,000
a. Dependent Variable: yt

Collinearity Diagnosticsa
Coefficient Correlationsa
Condition Variance Proportions
Model xt
Model Dimension Eigenvalue Index (Constant) xt 1 Correlations xt 1,000
1 1 1,896 1,000 ,05 ,05
Covariances xt ,015
2 ,104 4,273 ,95 ,95
a. Dependent Variable: yt
a. Dependent Variable: yt

Casewise Diagnostics b

Predicted
Case Number Std. Residual yt Value Residual Status
1 ,222 100,00 86,8868 13,11319
2 ,248 120,81 106,1682 14,64183
3 ,113 156,38 149,6846 6,69543
4 ,113 156,38 149,6846 6,69543
5 ,847 233,56 183,5603 49,99971
6 ,490 207,38 178,4733 28,90671
7 -1,285 123,49 199,3546 -75,86460
8 -,162 192,62 202,1648 -9,54475
9 -,041 208,72 211,1388 -2,41879
10 ,059 211,41 207,9286 3,48135
11 -,237 239,60 253,5783 -13,97831
12 -,469 276,51 304,1919 -27,68189
13 -,851 298,66 348,9082 -50,24824
14 -1,618 432,89 528,4608 -95,57082
15 2,570 664,43 512,6563 151,77374
16 . . . . Ma
a. Missing Case
b. Dependent Variable: yt
Residuals Statisticsa

Minimum Maximum Mean Std. Deviation N


Predicted Value 86,8868 528,4608 241,5227 131,81879 15
Residual -95,57082 151,77374 ,00000 56,90323 15
Std. Predicted Value -1,173 2,177 ,000 1,000 15
Std. Residual -1,618 2,570 ,000 ,964 15
a. Dependent Variable: yt

Histogram Normal P-P Plot of Regression Standardized Residual

Dependent Variable: yt Dependent Variable: yt


1.0

0.8
6

Expected Cum Prob


5
0.6
Frequency

0.4
3

2
0.2

1
Mean = 4.72E-16
Std. Dev. = 0.964 0.0
0 N = 15
-2 -1 0 1 2 3 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0

Regression Standardized Residual Observed Cum Prob


Annexe F-3 : Résultats de l’analyse de régression pour le poulet donnés par SPSS

ANOVAb
Descriptive Statistics Sum of
Model Squares df Mean Square F Sig.
Mean Std. Deviation N
1 Regression 172586.1 1 172586,140 115,675 ,000a
yt 237,0940 117,10253 15
Residual 19395,903 13 1491,993
xt 250,7753 128,52790 15
Total 191982.0 14
a. Predictors: (Constant), xt
b. Dependent Variable: yt

Model Summaryb

Change Statistics
Adjusted Std. Error of R Square Durbin-
Model R R Square R Square the Estimate Change F Change df1 df2 Sig. F Change Watson
1 ,948a ,899 ,891 38,62632 ,899 115,675 1 13 ,000 1,924
a. Predictors: (Constant), xt
b. Dependent Variable: yt

Coefficientsa

Unstandardized Standardized
Coefficients Coefficients 95% Confidence Interval for B Correlations Collinearity Statistics
Model B Std. Error Beta t Sig. Lower Bound Upper Bound Zero-order Partial Part Tolerance VIF
1 (Constant) 20,460 22,476 ,910 ,379 -28,096 69,017
xt ,864 ,080 ,948 10,755 ,000 ,690 1,037 ,948 ,948 ,948 1,000 1,000
a. Dependent Variable: yt
Residuals Statisticsa

Minimum Maximum Mean Std. Deviation N


Predicted Value 106,8458 478,7791 237,0940 111,02964 15
Residual -74,08912 86,37290 ,00000 37,22125 15
Std. Predicted Value -1,173 2,177 ,000 1,000 15
Std. Residual -1,918 2,236 ,000 ,964 15
a. Dependent Variable: yt
Correlations

yt xt
Pearson Correlation yt 1,000 ,948
xt ,948 1,000
Sig. (1-tailed) yt . ,000
xt ,000 .
N yt 15 15
xt 15 15

Histogram

Coefficient Correlationsa

Dependent Variable: yt Model xt


1 Correlations xt 1,000
Covariances xt ,006
10
a. Dependent Variable: yt

8
Frequency

6
a
Collinearity Diagnostics

Condition Variance Proportions


Model Dimension Eigenvalue Index (Constant) xt
2
1 1 1,896 1,000 ,05 ,05
Mean = -8.88E-16 2 ,104 4,273 ,95 ,95
Std. Dev. = 0.964
0 N = 15 a. Dependent Variable: yt
-2 -1 0 1 2 3

Regression Standardized Residual


Normal P-P Plot of Regression Standardized Residual

Casewise Diagnosticsa

Predicted Dependent Variable: yt


Case Number Std. Residual yt Value Residual
1.0
1 -,177 100,00 106,8458 -6,84577
2 -,386 108,16 123,0863 -14,92627
3 -,523 139,55 159,7397 -20,18970
4 ,571 181,79 159,7397 22,05030 0.8

5 1,357 240,67 188,2729 52,39713

Expected Cum Prob


6 ,733 212,29 183,9881 28,30186
7 -,726 173,52 201,5763 -28,05626 0.6
8 -,498 184,69 203,9432 -19,25322
9 -,251 201,79 211,5020 -9,71197
10 ,348 222,23 208,7981 13,43190 0.4
11 -,176 240,45 247,2483 -6,79834
12 -,282 278,99 289,8797 -10,88965
13 -,305 315,75 327,5438 -11,79379
0.2
14 -1,918 404,69 478,7791 -74,08912
15 2,236 551,84 465,4671 86,37290
a. Dependent Variable: yt
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0

Observed Cum Prob


Annexe F-4 : Résultats de l’analyse de régression pour le haricot sec donnés par SPSS

Correlations

yt xt
Descriptive Statistics Pearson Correlation yt 1,000 ,960
xt ,960 1,000
Mean Std. Deviation N Sig. (1-tailed) yt . ,000
yt 294,5513 162,30628 15 xt ,000 .
xt 250,7753 128,52790 15 N yt 15 15
xt 15 15

Residuals Statisticsa

Minimum Maximum Mean Std. Deviation N


Predicted Value 111,7833 633,6907 294,5513 155,79993 15
Residual -85,62073 64,17013 ,00000 45,49405 15
Std. Predicted Value Coefficient Correlationsa
-1,173 2,177 ,000 1,000 15
Std. Residual -1,814 1,359 ,000 ,964 15 Model xt
a. Dependent Variable: yt 1 Correlations xt 1,000
Covariances xt ,010
a. Dependent Variable: yt

Coefficientsa

Unstandardized Standardized
Coefficients Coefficients 95% Confidence Interval for B Correlations Collinearity Statistics
Model B Std. Error Beta t Sig. Lower Bound Upper Bound Zero-order Partial Part Tolerance VIF
1 (Constant) -9,435 27,472 -,343 ,737 -68,784 49,913
xt 1,212 ,098 ,960 12,348 ,000 1,000 1,424 ,960 ,960 ,960 1,000 1,000
a. Dependent Variable: yt
ANOVAb

Sum of
Model Squares df Mean Square F Sig. Normal P-P Plot of Regression Standardized Residual
1 Regression 339830.7 1 339830,655 152,464 ,000a
Residual 28975,924 13 2228,917
Total 368806.6 14
a. Predictors: (Constant), xt Dependent Variable: yt
b. Dependent Variable: yt 1.0

0.8

Expected Cum Prob


0.6

0.4

0.2

0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0

Observed Cum Prob


Histogram

Dependent Variable: yt

4 Collinearity Diagnosticsa

Condition Variance Proportions


3
Model Dimension Eigenvalue Index (Constant) xt
1 1 1,896 1,000 ,05 ,05
Frequency

2 ,104 4,273 ,95 ,95


a. Dependent Variable: yt
2

Mean = -9.58E-16 Casewise Diagnosticsa


Std. Dev. = 0.964
0 N = 15 Predicted
-2 -1 0 1 2 Case Number Std. Residual yt Value Residual
1 -,250 100,00 111,7833 -11,78334
Regression Standardized Residual
2 -,420 114,74 134,5725 -19,83247
3 -1,651 108,07 186,0056 -77,93559
4 -,372 168,42 186,0056 -17,58559
5 ,719 260,00 226,0441 33,95585
6 ,297 234,04 220,0317 14,00831
7 -1,058 194,74 244,7118 -49,97183
8 ,387 266,32 248,0332 18,28677
9 1,359 322,81 258,6399 64,17013
10 1,009 302,46 254,8457 47,61428
11 ,074 312,28 308,8002 3,47981
12 -,190 359,65 368,6217 -8,97165
13 ,987 468,07 421,4730 46,59696
14 -1,814 548,07 633,6907 -85,62072
15 ,923 658,60 615,0109 43,58909
a. Dependent Variable: yt
Annexe G : Les tables statistiques

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