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Année universitaire 2021/ 2022

Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (UCAD)

Faculté des Sciences Économiques et de Gestion (FASEG)

Département d’Economie

Master Monnaie Banque Finance (MBF)

MACROECONOMIE INTERNATIONALE

Dr. Malick DIOP

Enseignant-Chercheur FASEG/UCAD

Contact : malick.diop@ucad.edu.sn

Introduction Générale

C’est la disponibilité limitée des ressources dans le cadre national qui conduit
à une interdépendance économique multiforme se traduisant par des
relations économiques internationales. Celles-ci se manifestent par des
mouvements démographiques, des échanges de biens et services et de
capitaux. Les aspects commerciaux et monétaires sont en fait
inexplicablement liés mais la présentation académique des relations
économiques internationales s’effectuent en deux parties en considérant
d’une part les relations commerciales internationales et d’autre part les
relations monétaires et financières internationales.

Nous nous intéressons principalement dans le cadre de ce cours des aspects


monétaires et financiers. L’enseignement de ce cours se subdivise en quatre
(4) chapitres.

Chapitre 1 : Balance des paiements et ses ajustements

Chapitre 2 : Politique économique en économie ouverte

Chapitre 3 : La détermination des taux de change

Chapitre 4 : Régimes et crises de change

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CHAPITRE 1 : Balance des paiements et ses ajustements

Les nations s’échangent des biens (matières premières, biens intermédiaires,


biens finis), des services (tourisme, transport, assurance etc.…), des facteurs
de production (connaissance, travail, etc.) ainsi que des capitaux (mouvement
de fonds).

Cet échange soulève fondamentalement deux problèmes :

✓ Un problème d’équilibre entre les nations, analysé à travers l’étude de


la balance des paiements.
✓ Un problème de change entre les différentes monnaies nationales.

Section 1 : Elaboration de la balance des paiements

Le passage de l’économie fermée à l’économie ouverte s’effectue par


l’intermédiaire de la balance des paiements. Il est un document comptable qui
enregistre toutes les opérations commerciales, financières et monétaires
intervenues au cours d’une période (mois, trimestre ou année) entre les
résidents et les non-résidents d’un pays. L’élaboration de la BP est soumise à
des conventions et obéit à des règles strictes : les opérations sont enregistrées
selon des méthodes précises et sont réparties entre différents comptes et sous
comptes.

I.1. Principes et conventions d’élaboration de la Balance des Paiements


a. La distinction entre résidents et non-résidents : les résidents d’un pays
désignent les personnes physiques de nationalité domestique ou étrangère qui
vivent de façon permanente ou habituelle depuis plus de deux dans le pays,
ainsi que les personnes morales domestiques ou étrangères installées
durablement dans le pays. Les représentations diplomatiques et consulaires
sont exclues.

b. La Balance des paiements est tenue dans la monnaie du pays considéré.


Elle enregistre des flux ou des variations de stocks.

c. Le principe fondamental de la construction de la balance des paiements est


l’enregistrement en partie double. Toute opération est à la fois un acte d’achat
et de vente c’est à dite qu’elle ouvre un crédit et un débit. Le crédit est placé

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à gauche et compté positivement (+) et le débit est placé à droite et compté


négativement (-).

✓ L’inscription au crédit traduit une diminution d’actifs réels


(exportations), financiers (sorties de titres de propriétés et de créances)
ou monétaires (sorties de devises ou de monnaies nationales).
✓ Une inscription au débit représente une augmentation d’actifs réels
(importations), financiers (entrées de titres de propriétés ou de
créances) ou monétaires (entrées de monnaie étrangère ou nationale).

d. Selon le principe de la comptabilité en parie double, toute opération donne


lieu à deux inscriptions. Celle qui représente sa nature économique
(exportation ou importation) ou financière (achat ou ventes de titres). Celle
qui représente son mode de règlement financier ou monétaire. A cet égard, la
balance des paiements comme document comptable est toujours équilibrée,
car le total des crédits est égal au total des débits et le solde général est nul.

Exercice d’application : Passer les écritures suivantes relatives à des opérations


entre résidents et non-résidents au Sénégal.

1. Au cours de l’année 2020, des touristes français au Sénégal ont dépensé


14,33 millions d’euro. Ils ont échangé la totalité de cette somme contre
des FCFA dans des banques sénégalaises (1 Euro = 655,957).
2. La Sunéor exporte pour 700000 USD de bouteilles d’huile d’arachide aux
USA. Le règlement s’effectue au comptant en USD (1 USD = 500 FCFA).
3. « Sen indus » (société sénégalaise) achète 70% du capital d’une société
malienne pour 124.000.000 FCFA. Le règlement a lieu en FCFA.
4. Des guinéens résidents au Sénégal envoient 50.000.000 FCFA à leurs
familles résidant dans leur pays.
5. La société nigériane « Dangoté », ayant emprunté 5 ans auparavant à
banque la SGBS Sénégal, remplit son échéance annuelle : 14 millions de
FCFA, réglés en FCFA, dont 10 millions de remboursement de capital.
6. Un grand magasin sénégalais achète pour 90.000 de franc suisse (F CH)
de chocolat à une société suisse. Le règlement s’effectue à 98% au
comptant en F CH, 2% en crédit commercial accordé par une banque
suisse à 18 mois (1 F CH = 485).

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7. Un touriste sénégalais à Bamako dépense 200.000 FCFA en frais d’hôtel


et de repas.
8. Un français achète 25.000.000 FCFA d’actions de la SONATEL et règle
cet achat par le débit d’un compte courant en FCFA qu’il possède à
Ecobank Sénégal.
9. Un sénégalais achète des actions pour 3.000.000 FCFA dans une
entreprise ivoirienne et paie avec un chèque tiré sur une banque
sénégalaise.
I.2. Structure de la balance des paiements
Selon, le 6ème manuel du FMI, la balance des paiements se présente comme suit :

Crédit Débit Solde

I. Compte des transactions courantes


I-1 Biens
Marchandises générales, or non monétaire
I-2 Services
Transports, Services de télécommunication, d’informatique et
d’information, voyages, Assurances, services d’entretien et de
réparation, services culturels et relatifs aux loisirs, services
financiers, etc.
I-3 Revenus primaires
- Rémunérations des salariés
- Revenus des investissements (Intérêts, dividendes etc.)
I-4 Revenus secondaires
- Secteur des administrations publiques : aide publique, contribution
au financement des institutions internationales
- Secteur privé : envois de fonds des travailleurs immigrés, transferts
courants divers
II. Compte capital :
II.1. Transferts en capital (remises de dette, aides à l'investissement)

II.2. Acquisitions et cessions d’actifs non financiers non produits


(brevets, droits d’auteurs, licences etc.)

III. Compte financier


III.1. Investissements directs (au moins 10% du capital social,
bénéfices réinvestis)
III.2. Investissements de portefeuille (actions, titres de créances.)
III.3. Autres investissements (crédits commerciaux, prêts bancaires,
numéraire et dépôts)
III.4. Produits financiers dérivés (options, swap, futures)
III.5. Avoirs de réserve (or, DTS, devises, position de réserve sur FMI)
IV- Erreurs et omissions

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I.3. Les principaux soldes de la balance des paiements

✓ Le solde commercial : égal à la différence entre exportations et importations


de marchandises. Il permet de calculer le taux de couverture (part des
importations de biens couverte par les exportations de biens).

𝐸𝑥𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝑚𝑎𝑟𝑐ℎ𝑎𝑛𝑑𝑖𝑠𝑒𝑠
𝑇𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑢𝑣𝑒𝑟𝑡𝑢𝑟𝑒 =
𝐼𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝑚𝑎𝑟𝑐ℎ𝑎𝑛𝑑𝑖𝑠𝑒𝑠

✓ Le solde des échanges de biens et services est égal à la différence entre les
exportations et les importations de biens et services. On l’appelle encore
solde commercial sens large ; il est égal au solde commercial augmenté du
solde des services. Ce solde est un indicateur de la compétitivité de
l’économie. On retient les opérations de biens et services pour calculer le
degré d’ouverture de l’économie :

(𝐸𝑥𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝑚𝑑𝑖𝑠𝑒𝑠 + 𝐼𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝑀𝑑𝑖𝑠𝑒𝑠)/2


𝑇𝑎𝑢𝑥 𝑑′𝑜𝑢𝑣𝑒𝑟𝑡𝑢𝑟𝑒 =
𝑃𝐼𝐵

Ou
(𝐸𝑥𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝑚𝑑𝑖𝑠𝑒𝑠 + 𝐼𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝑀𝑑𝑖𝑠𝑒𝑠)
𝑇𝑎𝑢𝑥 𝑑′𝑜𝑢𝑣𝑒𝑟𝑡𝑢𝑟𝑒 =
𝑃𝐼𝐵

Le degré d’ouverture permet d’évaluer la vulnérabilité d’un pays en cas de


crise économique internationale ou de ralentissement de la demande externe.

✓ Le solde des transactions courantes : il est égal au solde des échanges de


biens et services + le solde des revenus primaires + le solde des revenus
secondaires. En effet, il permet d’évaluer le besoin ou la capacité de
financement d’un pays. Ce solde permet de faire le lien entre l’épargne et
l’investissement domestique.
✓ La position extérieure (PE) d’un pays est égale au solde de ses créances et
de ses engagements à l’égard du reste du monde à un moment donné. Un
PE positif désigne un pays créditeur net par rapport au reste du monde
alors qu’un PE négatif désigne un pays débiteur net.
✓ Le solde à financer est égal au solde des transactions courantes + solde du
compte capital + solde des investissements directs. On regroupe ici les

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opérations économiques les stables et les plus durables. Ce solde permet


de mesurer l’insertion d’un pays dans les échanges mondiaux.

Section 2 : Les ajustement de la balance des paiements

A la différence de la BP qui est équilibrée par construction même, les balances


partielles peuvent être en déséquilibre, c’est dire déficitaires ou excédentaires.
La théorie de l’ajustement de la BP fait plus précisément référence aux
mécanismes de correction des déséquilibres des soldes partiels, notamment
du solde commercial et du solde des transactions courantes. Les principaux
mécanismes d’ajustements sont, d’une part, l’ajustement par le taux de
change et, d’autre part, l’approche en termes d’absorption.

II. 1. L’ajustement par le taux de change

Dans ses relations économiques avec l’extérieur un pays est conduit à utiliser
les monnaies des autres pays. L’existence de ces relations internationales
entraine la conversion d’une monnaie nationale contre d’autres monnaies
nationales. Ces opérations sont dénommées opérations de change.
✓ Le rapport d’échange entre deux monnaies est le taux de change
nominal qu’on va noter e.
𝒆𝑷
✓ Le taux de change réel (r = 𝑷∗ ) est une mesure du prix relatif de la

production nationale par rapport à la production étrangère. C’est


aussi un indicateur de la compétitivité-prix des produits nationaux
: une baisse de r, qui peut résulter d’une baisse de e, ou d’une
réduction du taux d’inflation national par rapport au taux d’inflation
étranger, signifie une amélioration de la compétitivité-prix pour le
pays étudié.
Les échanges de biens et services d’un pays avec l’extérieur dépendent des
prix relatifs du pays par rapport à l’étranger et des variables d’activité, revenu
et demande intérieurs et extérieurs.
Nous allons analyser dans cette partie, les effets des seuls prix relatifs, dont
la variation est déterminée par les évolutions du taux de change et/ou des
prix intérieurs et étrangers.

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A ces effets-prix dont le sens dépend des élasticités et qui peuvent jouer avec
d’important retards, s’ajoutent des effets revenus liés aux fluctuations des
revenus nationaux et des demandes du pays et de l’étranger.
II.1.1. La condition d’efficacité d’une dévaluation / dépréciation : Le
théorème des élasticités critiques ou condition d
On pourrait penser qu’une dévaluation / dépréciation de la monnaie
nationale, puisqu’elle réduit le prix relatif des produits nationaux, améliore
systématiquement la balance commerciale. Or, les effets d’une variation du
taux de change sur le solde commercial sont plus complexes qu’il n’y parait
en premier abord. Cette question revêt une importance particulière dans le
cadre d’un régime de change fixe, puisqu’il s’agit d’une question de politique
économique : pour un pays dont les échanges commerciaux sont déficitaires,
la dévaluation est-elle un moyen efficace de rétablir l’équilibre ?
L’effet global d’une dépréciation de la monnaie nationale est la résultante de
deux effets de sens contraire :
• Les effets de la dévaluation / dépréciation
Effets favorables : la baisse du taux de change améliore la compétitivité prix
des produits nationaux, ce qui augmente le volume des exportations (X) et
réduit le volume des importation (M).
Effet défavorable : la réduction du taux de change, en élevant le prix en
𝑃∗
monnaie nationale des produits étrangers ( 𝑒 ) augmente la valeur des

importations.
Au total, l’amélioration est d’autant plus probable que les volumes réagissent
davantage à la variation des prix relatif induite par une dévaluation, donc que
les élasticités prix des exportations et des importations sont plus élevées.
• Démonstrations du théorème des élasticités critiques
Soit l’équation suivante de la balance commerciale :
𝑷∗
BC = PX (Y*, r) – M (Y, r) (1) ; avec BC : la balance commerciale, X les
𝒆

exportations et M les importations ; P le prix domestique en monnaie


nationale ; 𝑷∗ le prix étranger en monnaie en devises et e le taux de change
nominal défini au certain.

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𝒆𝑷
r = 𝑷∗ est le taux de change réel ; Y est le revenu national ; Y* est le revenu
étranger.
La différentiation de l’équation (1) permet de mieux voir les effets d’une
dévaluation. Supposons fixes toutes les variables autres que le taux de
change nominal e et désignons respectivement par ɛx (négatif) et ɛm (positif)
les élasticités prix des exportations et des importations.

𝑷∗ 𝑷𝑿 𝒅𝒆
On a: dBC = M [𝑷∗ |ɛx|- ɛm + 1]
𝒆 M 𝒆
𝒆

𝒅𝒆
▪ Une baisse de e, donc une dévaluation ( 𝒆 <0) améliore la balance
𝑷𝑿
commerciale (dBC > 0), si, 𝑷∗ |ɛx| + ɛm > 1
M
𝒆

𝑷∗
▪ Si initialement, BC = 0 (équilibre), 𝑷𝑿 = M, la conditio devient:
𝒆

|ɛx| + ɛm > 1

Cette condition, établie dans les années 1930, est connue sous le nom de
théorème des élasticités critiques, ou condition de Marshall-Lerner (ML).

Théorème des élasticités critiques, ou condition de Marshall-Lerner

Si les élasticités-prix des offres d’exportations et d’importations sont infinies


et si la balance commerciale, évaluée en monnaie nationale, est initialement
équilibrée, une dévaluation (dépréciation) de la monnaie nationale améliore la
balance commerciale à condition que la somme des valeurs absolues des
élasticités-prix des demandes d’exportations et d’importations soit supérieure
à l’unité.
• Quelques remarques :
1. Si la BC est initialement déficitaire, la condition ML, ne garantit pas
l’amélioration. L’effet prix négatif s’applique à des importations dont le
volume est au départ, beaucoup plus important que celui des
exportations. Toutefois, si le déficit est limité en termes relatifs, et si les
élasticités sont assez élevées, la dépréciation peut redresser le solde
commercial.
2. Dans un régime de change fixe, la dévaluation dite compétitive, puisque
destinée à redresser la compétitivité des produits nationaux, peut être

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mal acceptée par les partenaires commerciaux. Si ceux-ci répliquent


par une dévaluation de leur propre monnaie, le gain initial de
compétitivité peut être sévèrement entamé.
3. Les raisonnements précédents supposent que les prix nationaux
demeurent fixes. Or, cette hypothèse de rigidité ne vaut qu’à court
terme. A plus long terme, les rigidités nominales disparaissent, et la
dévaluation (ou la dépréciation) avive l’inflation. La hausse des prix est
provoquée par l’augmentation des prix des consommations
intermédiaires importées qui élève les coûts de production ainsi que
l’augmentation du prix des biens de consommation importés qui
entrent dans la composition de l’IPC. Ces hausses des prix s’auto
entretiennent par le biais des hausses de salaires dans la mesure où
ceux-ci sont indexés sur les prix. Progressivement, l’inflation intérieure
𝒆𝑷
élève le taux de change réel (r = 𝑷∗ ) et vient anéantir le bénéfice initial

de compétitivité crée par la dévaluation.


• Limites de la condition ML

La portée de l’analyse en termes d’élasticités demeure limitée :

✓ Elle ignore l’influence des facteurs autres que les variations de prix
relatifs sur le solde commercial, en particulier les effets des variations
de revenu national.
✓ Elle suppose des adaptations sans délai des prix et des volumes
échangés aux modifications du cours du change.
✓ Elle suppose certains types de comportements dans la fixation des prix.

II.1.2. Les obstacles à l’ajustement de la Balance des Paiements par


le taux de change

L’ajustements de la balance des paiements peut faire face à des obstacles


de court et de long termes
a. Les obstacles à court terme

Il s’agit ici d’analyser la courbe en J et le comportement de marge des


entreprises des pays partenaires suite à une dévaluation du pays domestique.

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a.1. La courbe en J

Si les modifications du taux de change se répercutaient rapidement sur le


solde commercial, on constaterait, dans les mois qui suivent la dévaluation,
une amélioration du solde. Or, on a observé, dès la fin des années 70, que les
dévaluations et les dépréciations sont suivies d’une dégradation du solde,
puis, après un délai variable pouvant dépasser l’année, d’un redressement.
Ces mécanismes peuvent être illustrés par le graphique suivant appelé courbe
en J.

L’explication proposée repose sur un retard d’adaptation des quantités


exportés et importés à la variation des prix relatifs induite par la baisse du
taux de change. Cette inertie dans l’adaptation des flux commerciaux peut
résulter de différents facteurs :

✓ Les transactions ont été fixées par contrat avant la dévaluation, et les
clauses demeurent valables dans les mois qui suivent le changement
de parité.
✓ Dans la mesure où les importations sont indispensables,
l’augmentation de leur prix ne peut immédiatement engendrer une
baisse de quantités.

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✓ Les exportateurs mettent un certain temps pour conquérir les parts de


marché crées par l’amélioration de la compétitivité induite par la
dévaluation.

a.2. Le comportement de marge

On considère jusqu’à présent que la dévaluation / dépréciation se répercutait


entièrement sur les prix des échanges (Px* et Pm); or ce n’est pas toujours le
cas. Dans la réalité, les entreprises adoptent souvent des comportements de
marge en modifiant le prix de leurs produits exprimé dans la monnaie de leur
pays (Px et Pm*). L’arbitrage marges contre parts de marché va alors avoir
des répercussions sur l’efficacité de la dévaluation / dépréciation.

b. Les obstacles à long terme :


b.1. L’effet d’hystérésis

Il y a hystérésis lorsqu’un phénomène économique persiste alors que sa cause


principale a disparu. Le phénomène d’hystérésis permet d’expliquer, entre
autres, la non réaction des comptes extérieurs à une variation du taux de
change. Dans ce cas précis, on est en présence d’hystérésis lorsque
l’appréciation d’une monnaie suivie d’une dépréciation de même ampleur, ne
s’accompagne pas d’un retour de la balance commerciale à son niveau
originel. En théorie, le retour à l’équilibre initial ne se réalisera plus jamais.

Graphique 1 : effet d’hystérésis

Taux de change (e), Balance commerciale (BC)

Appréciation de e Dépréciation de e

Hystérésis

BC = 0

BC

t =0 t=1 Temps

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b.2. Les effets inflationnistes

Une dévaluation/ dépréciation provoque une augmentation de l’inflation dans


le pays domestique via deux types d’effets : un effet direct et des effets
indirects.

• Effet direct :

la hausse du prix, en monnaie nationale, des importations, induite par le


changement de parité entraîne une hausse des prix à la consommation. Mais
dans la réalité, cet effet est souvent limité par les comportements de marge
des producteurs étrangers et la faible part des biens importés dans l’indice
des prix à la consommation

• Effets indirects :

En premier lieu, les coûts de production des entreprises, qui consomment à


titre intermédiaire des biens importés, augmentent. Si les entreprises
répercutent ces hausses de coûts sur leurs prix de vente, les prix à la
consommation vont à leur tour augmenter.

En deuxième lieu, les prix des biens domestiques concurrents des biens
étrangers peuvent augmenter (hausses de contagion). Cet effet se produit
lorsque la demande interne se reporte sur des biens domestiques, dont la
production ne peut augmenter en l’absence de capacités de production
excédentaires.

Enfin, en troisième et dernier lieu, lorsque les salaires sont indexés sur les
prix, une boucle prix-salaire se met en place : hausse des prix à la
consommation -- hausse des salaires -- hausse des coûts des entreprises –
hausse des prix de vente – hausse des prix à la consommation – hausse des
salaires, etc.

II.2. L’ajustement par le revenu : l’approche en termes d’absorption

Développée par Alexander, la théorie de l’absorption part justement de la


remise en cause de ce rôle exclusif du taux de change et des prix dans la
recherche de l’équilibre externe. Elle résulte de travaux menés dès le début

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des années 1950 pour ouvrir sur l’international le modèle keynésien de base.
L’apport majeur de cette approche est de mettre l’accent sur la politique des
revenus et de dépense d’un Etat.

L’absorption représente la part du produit utilisée à la dépense intérieure,


soit : A = C + I+ G

L’équilibre ressources-emplois des biens et services donne :

Y = C + I+ G+ (X-M) avec BC = X-M : la balance commerciale

On a Y = A + BC, ce qui donne BC = Y – A ; soit en variation dBC = dY – dA

La conséquence de la dévaluation (dépréciation) de la monnaie domestique


sur la balance commerciale peut alors être décomposée en deux effets :

✓ Un accroissement du produit (dY), à condition que l’économie dispose


de ressources oisives (situation initiale de sous-emploi).
✓ Une réduction de l’absorption (dA), indispensable lorsque l’on est en
situation initiale de plein emploi. La réduction de l’absorption dégage
ainsi des ressources. C’est sur cette réduction dA que se concentre la
théorie de l’absorption

Pour conclure, il faut remarque qu’à la différence de l’approche par les


élasticités critiques, l’approche de l’absorption est une approche synthétique
de l’ajustement de la balance des paiements, combinant les effets prix et les
effets revenus d’une dévaluation

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