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UTC TSH

GE 22
ECONOMIE INTERNATIONALE

Automne 2022

Morgan Villette
Sommaire des dossiers de travaux dirigés

Dossier 1 : La France dans la mondialisation (page 3)


A- Situation macroéconomique de la France (p 8) ;
B- Indicateurs des échanges (p 13) ;
C- Forces et faiblesses de l’économie française (p 20) .
Débat : Les problèmes de la France : la faute à la mondialisation (p 31) ?

Dossier 2 : La division international du travail (page 33)


A- Production et échanges internationaux de biens et services (p 38) ;
B- Chaînes de valeurs internationales (p 46).
Débat : Entre compétitivité, sécurité des approvisionnement et réchauffement climatique : quels
choix énergétiques ? (p 49)

Dossier 3 : La libéralisation des échanges commerciaux (page 59)


A- Le Gatt et l’OMC (p 63) ;
B- Le retour du protectionnisme (p 67) ;
C- Les Accords Commerciaux Régionaux (ACR) (p 71).
Débat : Libre échange ou protectionnisme ? (p 76)

Dossier 4 : Facteur travail et mondialisation (page 84)


A- La mobilité des travailleurs (p 87) ;
B- Mondialisation et coût du travail (p 97) ;
C- Mondialisation et inégalités (p 101).
Débat : Pertes d’emplois : la faute aux délocalisations ? (p 105)

Dossier 5 : La circulation du facteur capital (page 109)


A- Les Investissements Directs à l’Etranger (IDE) (p 116) ;
B- Marchés financiers et investissements de portefeuilles (p 121) ;
C- Les fonds d’investissements (p 127) ;
D- Les paradis fiscaux (p 133).
Débat : faut-il et peut-on réguler la finance mondialisée ? (p 137)

Dossier 6 : Le système monétaire international (page 145)


A- Régimes de change et déterminants du taux de change (p 152) ;
B- L’impact du taux de change sur l’économie (p 160) ;
C- Les politiques monétaires en question (p 164) ;
D- Monnaie unique et évolution de l’Eurozone (p 167) ;
E- Les crypto-monnaies (p 170).
Débat : dette commune européenne, un nouveau départ pour la zone euro ? (p 173)

Ce fascicule est un support pour les TD d’économie internationale. Les documents permettent
d’illustrer et de compléter le cours. Ils offrent également la possibilité de s’entraîner à l’analyse
de documents qui est une des compétences évaluées lors des partiels.
Tous les documents ne peuvent être abordés en TD. Le chargé de TD opèrera une sélection en
fonction de ses objectifs et de l’avancée des séances tout en abordant les thèmes présents
dans les différents dossiers.
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Dossier 1

La France dans la mondialisation

I. Lexique

II. Documents
A- Situation macroéconomique de la France
B- Indicateurs des échanges
C- Forces et faiblesses de l’économie française

III. Le débat : les problèmes de la France, la faute à la mondialisation ?

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I. LEXIQUE (sources : Alternatives Economiques, ENS Lyon, Banque de France, La finance pour tous, Insee…)

Balance commerciale
Compte retraçant les échanges de marchandises (exportations, c'est-à-dire ventes, et importations, c'est-
à-dire achats) entre un pays et le reste du monde. Le solde de la balance commerciale mesure la différence entre
les ventes et les achats de marchandises : il permet de connaître la quantité de devises (ou monnaies étrangères)
qui sont entrées ou sorties du territoire au titre de son activité commerciale.
La balance commerciale est de moins en moins significative, en raison de la forte progression des échanges
internationaux de services, qui ne sont pas pris en compte par la balance commerciale : assurances, services
financiers, télécommunications, transports, tourisme, brevets, redevances (par exemple : ce qui est versé à Walt
Disney Company pour utiliser l'image des personnages créés par Walt Disney), etc., représentent désormais un
tiers des échanges de marchandises. On peut donc imaginer qu'un gros déficit de la balance commerciale soit
compensé par un excédent des échanges de services (appelés aussi invisibles), et inversement.
Balance des invisibles
Compte retraçant les sorties ou les entrées de devises liées à des services, des revenus de facteurs de
production et à des transferts unilatéraux.
Le terme d'invisibles signifie tout simplement que la contrepartie de ces paiements n'est pas matérialisable.
Lorsqu'il s'agit d'échanges de services, on achète ou on vend des droits de propriété (licences, brevets), des droits
d'exploitation (redevances), des prestations particulières (tourisme, transport, télécommunications, assurances,
gestion de fonds, etc.), des revenus de facteurs de production (salaires versés à des résidents étrangers, intérêts
de prêts, dividendes...). Bien qu'il s'agisse d'invisibles, il y a toujours, dans ce cas, une contrepartie en échange
du paiement. En revanche, dans le cas des transferts unilatéraux, cette contrepartie n'existe pas : dons publics ou
privés, rapatriements de salaires de travailleurs immigrés, etc.
Balance des transactions courantes (= compte courant)
Elle désigne le regroupement de la balance commerciale et de la balance des invisibles.
Dans l'analyse économique, la balance des paiements courants joue un rôle fondamental : elle indique dans quelle
mesure un pays vit au-dessus ou en dessous de ses moyens. Imaginons qu'elle soit déficitaire : les importations
de marchandises et de services, ainsi que le montant des transferts unilatéraux effectués à l'étranger, l'emportent
sur les mouvements inverses. Cela signifie que le pays dépense plus qu'il ne produit, donc plus qu'il ne gagne.
Donc que le financement de ses investissements dépend de l'épargne étrangère qui vient se placer dans le pays
(qu'elle soit à long terme, comme par exemple les investissements directs en provenance de l'étranger, ou qu'elle
soit prêtée à court terme).
C'est une situation qui ne peut durer très longtemps, car ces apporteurs de capitaux ne le font jamais à fonds
perdus, ils en attendent des revenus. Un déficit des paiements courants n'a donc de sens que de façon transitoire:
un pays recourt à l'épargne étrangère pour financer les investissements générateurs de croissance économique,
grâce à laquelle il pour- ra payer les revenus à l'étranger et, si nécessaire, rembourser les fonds empruntés. Mais
si la croissance n'est pas au rendez-vous ou, pire encore, si le déficit des paiements courants sert à financer des
opérations de consommation, et non des investissements générateurs de production supplémentaire, le pays vit
au-dessus de ses moyens ; il se prépare tôt ou tard une crise financière majeure, faute de pouvoir rembourser ce
qu'il doit. C'est exactement ce qui s'est passé pour les pays du tiers monde endetté : ils ont emprunté à des taux
d'intérêt exorbitants (responsabilité extérieure) pour financer un déficit des paiements courants qui n'était pas dû
à des opérations d'investissement rentables (responsabilité intérieure).
A l'inverse, certains pays dégagent régulièrement des excédents de leurs paiements courants (Japon, Allemagne),
ce qui leur permet d'accumuler des avoirs qu'ils prêtent ou investissent à l'étranger. Ces pays vieillissants se
constituent ainsi une sorte de portefeuille de placements étrangers qui leur permettra de verser ultérieurement à
leurs nationaux des revenus intérieurs plus élevés que leur production ne les y autoriserait.
Balance des paiements
La balance des paiements est un document de comptabilité nationale (un tableau) qui retrace l’ensemble
des flux économiques (biens, services, capitaux…) entre un pays et le reste du monde au cours d’une année. Elle
est composée de compte courant (lui-même composé de la balance commerciale et de la balance des invisible),
du compte de capital, du compte financier et des erreurs et omissions.
La balance des paiements est, par construction, toujours à l’équilibre : la somme des soldes du compte
courant et de capital est égale, aux erreurs et omissions près, au solde du compte financier. Si un pays présente
un déficit du compte courant, cela signifie (de façon simplifiée) qu’il a plus importé qu’exporté. Or, les
fournisseurs étrangers exigent d’être payés et les importateurs français devront se procurer les devises étrangères
nécessaires. L’obtention de ces devises étrangères est, ici, représentée par un solde du compte financier négatif.
Balance des paiements (et ajustement de la balance des paiements)
Dans balance des paiements les opérations sur biens et services, les flux de revenus le négoce
international et les transferts unilatéraux sont inscrits en haut dans la balance des transactions courantes, tandis
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que les opérations fi- nancières (achats de titres, prêts et emprunts) figurent en bas dans la balance des capitaux.
Puisque toutes les opérations économiques doivent être financées d’une manière ou d’une autre le total des flux
entrants et sortants s’annule sur une année.
Les mécanismes d'ajustement se font soit par le haut, soit par le bas.
- Par le bas : ajustement par la balance des capitaux. L'économie réelle commande les flux financiers, on emprunte
à l'étranger quand on est en déficit et on prête quand on est en excédent. Exemples : l’Allemagne qui a des
excédents de BTC prête, tandis que la Grèce qui est en déficit de BTC emprunte.
- Par le haut : ajustement par la balance des transactions courantes. Il s’agit d’une évolution caractéristique d'une
économie où la finance est très développée, signifiant que les agents résidents investissent et empruntent beau-
coup à l'étranger. Le compte financier détermine le solde de la BTC, on dit que la finance commande l'économie
ré- elle. Exemple : USA et leur BTC structurellement déficitaire du fait de l'importance des capitaux étrangers
placés aux Etats-Unis en raison du rôle du dollar.
Besoin de financement et capacité de financement
Un agent économique est en besoin de financement lorsque ses dépenses excèdent ses revenus. Pour
financer ses dépenses, il a dû faire appel à un financement extérieur (l’épargne d’autres agents) puisque son épargne
personnelle et ses revenus sont insuffisants. Au niveau d'une collectivité nationale, le besoin de financement
mesure l'insuffisance d'épargne qui résulte d'une dépense globalement supérieure aux revenus. Le besoin de
financement de la nation doit alors être couvert par le recours à de l'épargne étrangère, sous forme
d'investissements directs ou d'emprunts.
La capacité de financement désigne la situation d'un agent qui dépense moins qu'il ne gagne. Il peut
donc prêter le solde, ou l'apporter à d'autres agents sous forme de capital. Pour la collectivité tout entière,
l'existence d'une capacité de financement signifie que la collectivité en question dispose de plus d'argent qu'elle
n'en dépense, et qu'elle peut donc effectuer des placements ou des investissements directs à l'étranger. C'est donc
la situation inverse de celle du besoin de financement.
Brevet
Droit de propriété portant sur un bien (ou un élément de bien), une technique, un procédé de fabrication,
une matière, dont les inventeurs ont prouvé qu'il s'agissait d'une création originale et qu'ils étaient les premiers à
l'avoir conçue. De ce fait, le ou les inventeurs en question (il s'agit souvent d'une entreprise) disposent d'un droit
de propriété sur la technique, le bien, le procédé ou la matière, que nul ne peut copier sans autorisation préalable
(ce qui implique généralement une rémunération). Un brevet est en général valable vingt ans. L'entreprise qui en
est propriétaire peut soit le conserver pour elle por disposer d’un monopole dans ce domaine, soit le céder.
CAF (coût, assurance, fret) et FAB (franco à bord)
Expression indiquant que, dans le prix d'importation d'une marchandise, outre le prix du produit
proprement dit (coût), figurent également le montant de l'assurance et celui du port.
Les importations sont habituellement déclarées par les importateurs à leur montant CAF, puisque c'est ce qu'ils
doivent payer. Mais le port et l'assurance inclus dans la marchandise sont en réalité des services. Si l'on veut
connaître le montant des importations de marchandises stricto sensu, il est donc nécessaire de retirer des
importations déclarées la valeur du port et de l'assurance. Lorsque c'est le cas, on dit que l'importation est mesurée
FAB (franco à bord).
Chiffre d'affaires
Montant des ventes d'une entreprise.
Le chiffre d'affaires est en réalité un mauvais indicateur de l'activité d'une entreprise : par exemple, Carrefour
réalise un chiffre d'affaires à peu près comparable à celui de Renault, alors qu'elle emploie six fois moins de
salariés. Le véritable indicateur de l'activité d'une entreprise, c'est la part du chiffre d'affaires qui correspond à
des coûts de production internes, c'est-à-dire engagés pour payer des salariés ou amortir des équipements : ce
n'est pas autre chose que ce qu'on appelle la valeur ajoutée.
Compétitivité
Désigne la capacité d'un produit marchand (bien ou service) à attirer des clients au détriment des produits
concurrents.
La compétitivité a été longtemps réduite au seul facteur prix : était compétitive une entreprise qui vendait moins
cher que les autres. Dans cette conception traditionnelle, tout ce qui contribuait à augmenter les coûts était
soupçonné de nuire à la compétitivité. De plus en plus on remet en cause cette vision statique : l'acheteur ne
choisit pas forcément le produit le moins cher, mais aussi celui dont la fiabilité est la meilleure, la qualité
reconnue, le service après-vente performant, le contenu en innovation plus élevé, le financement mieux étudié,
etc. Bref, il existe une " compétitivité hors prix ", et pas seulement une " compétitivité prix " (ou " compétitivité
coût "). Le fait que l'Allemagne soit à la fois l’un des principaux exportateurs industriels du monde et le pays
dont les coûts salariaux sont parmi les plus élevés montre bien que la compétitivité hors prix joue aussi un rôle
important, surtout pour les produits dont les usagers exigent une totale fiabilité.
Compte de capital
Le compte de capital retrace les achats ou ventes d’actifs non financiers, comme les brevets ou les droits

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d’auteur. Les montants concernés sont généralement faibles. La somme des soldes du compte courant et de
capital correspond à la capacité ou au besoin de financement de la nation dans les comptes nationaux. Elle est
égale, aux erreurs et omissions près, au solde du compte financier.
Compte financier
Le compte financier représente la somme des flux financiers entre un pays et le reste du monde :
investissements directs, investissements de portefeuille (actions, obligations, etc.), ainsi que d’autres types
d’investissements (produits financiers dérivés, avoirs de réserve, etc.). Selon les normes comptables en vigueur,
un solde positif du compte financier signifie que le pays est prêteur net au reste du monde. À l’inverse, un solde
négatif traduit le fait que le pays est emprunteur net de capitaux.
Contrainte extérieure
Désigne le fait que la liberté de manœuvre économique et sociale d'un pays est limitée par son insertion
inter- nationale.
Cette limitation existe surtout dans deux domaines :
- la croissance économique intérieure est bornée par l'obligation d'équilibrer les comptes extérieurs. Par exemple,
si le rythme d'activité s'accélère, cela risque fort d'entraîner une hausse des importations (des revenus en
progression engendrent des achats accrus, y compris en provenance de l'étranger), tandis que les efforts à
l'exportation se réduisent (puisque les affaires vont bien dans le pays, pourquoi se fatiguer à chercher des
débouchés nouveaux à l'étranger ?). Ce double mouvement - progression des importations, stagnation ou baisse
des exportations - engendre à son tour un déficit extérieur qu'il faut bien résorber à terme : la contrainte extérieure
va donc obliger le pays à modérer son rythme de croissance économique pour l'amener à un niveau tel que
l'équilibre des comptes extérieurs soit assuré, rythme qui n'est pas forcément celui souhaitable du point de vue
de l'emploi ;
- par ailleurs, le niveau des taux d'intérêt doit être tel que les capitaux ne fuient pas le pays, attirés par des
rémunérations plus substantielles ailleurs. Là encore, le niveau des taux d'intérêt imposé par la contrainte
extérieure n'est pas forcément celui qui serait souhaitable d'un point de vue intérieur.
Croissance économique
On appelle croissance économique la mesure de la variation du PIB. Au sens strict, la croissance désigne
une augmentation du PIB (taux de variation positif), la récession une baisse du PIB (taux négatif). La notion de
ralentissement est utilisée pour évoquer une hausse du PIB qui tend à devenir de moins en moins forte.
Dette extérieure
La dette extérieure brute se compose des seuls passifs financiers vis‑à‑vis des non‑résidents en
instruments de dette (titres du marché monétaire, obligations, emprunts), ce qui exclut notamment les actions et
les instruments financiers dérivés. C’est une dette brute au sens où les actifs financiers des résidents français ne
sont pas soustraits des éléments de passif. En revanche, ces actifs sont soustraits pour calculer la dette extérieure
nette, qui se compose des positions nettes en instruments de dette
Excédent brut d'exploitation (EBE) :
Profit brut des entreprises avant le versement des revenus de la propriété.
FBCF (formation brute de capital fixe)
Dans le langage de la comptabilité nationale, désigne l'ensemble des investissements annuels.
Contrairement à ce que son nom semble indiquer, la FBCF ne prend pas seulement en compte les investissements
matériels (capital fixe), mais intègre également, certains investissements immatériels, principalement les achats
de programmes et logiciels informatiques, les achats de brevets et licence d’exploitation, les dépenses extérieures
de Recherche et Développement… Il s'agit en outre d'une formation brute, c'est-à-dire qu'on comptabilise
l'ensemble des acquisitions, sans se soucier de savoir quel est le montant de l'usure ou de l'obsolescence dont les
équipements existants sont amputés durant le même temps (notion d’amortissement). Lorsqu'on déduit de la
FBCF la consommation de capital fixe (c'est-à-dire le montant des amortissements), on obtient la formation nette
de capital fixe, qui mesure l'ajout net au stock d'équipements existant.
Part de marché
Mesure la place relative d'une entreprise ou d'un pays dans l'ensemble de l'offre d'un produit (bien ou
service) ou d'un ensemble de produits donnés. La part de marché reflète donc à la fois la compétitivité et la
notoriété d'un producteur donné par rapport à ses concurrents.
Une stratégie de parts de marché consiste, pour un producteur, à essayer d'augmenter sa part relative au détriment
de ses concurrents. Elle s'appuie habituellement sur des baisses relatives de prix, destinées à attirer des clients
jusqu'alors fidèles à d'autres marques : le pari consiste à estimer que l'augmentation du volume des ventes
permettra de compenser la baisse de prix unitaire, grâce à un effet d'économie d'échelle. Pour un pays, ce type
de stratégie s'appuie sur une baisse du taux de change (dévaluation compétitive), qui permet de rendre plus
compétitifs l'ensemble des produits exportés par le pays. Une telle stratégie est risquée : elle peut déclencher une
guerre des prix entre les producteurs, ou des réactions d'hostilité vis-à-vis d'un pays qui s'efforce de résoudre ses
problèmes sur le dos des autres.
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PIB (produit intérieur brut)
Agrégat de comptabilité nationale mesurant l'ensemble des activités économiques génératrices de
revenus.
Le PIB est désormais (depuis 1977) l'agrégat de base dans le système de comptabilité nationale préconisé par
l'Onu et dans celui retenu par l'Office statistique des Communautés européennes (OSCE). Le terme intérieur
signifie que sont retenues les valeurs ajoutées de toutes les entreprises opérant à l'intérieur du territoire (lequel
comprend pour la France, depuis 1997, les départements d'outre-mer, alors que, jusqu'à cette date, seul le
territoire métropolitain était retenu). Si des entreprises étrangères opérant en France versent à leurs propriétaires
des dividendes, ces derniers font donc partie du PIB. Il ne faut donc pas confondre PIB et RNB (revenu national
brut) : ce dernier, au contraire, intègre les revenus rapatriés par les nationaux résidant à l'étranger et retire les
revenus des étrangers versés dans leurs pays d'origine. Le terme brut signifie que les montants retenus le sont
avant amortissement des équipements. Tout le PIB n'est donc pas distribuable : sous peine de s'appauvrir, il faut
renouveler les équipements usés ou obsolètes.
Le PIB additionne l'ensemble des activités créatrices de revenus (en monnaie ou en nature, comme, par exemple,
les jardins familiaux ou la jouissance d'un appartement dont on est propriétaire). Pour éviter les doubles comptes,
l'activité de chaque agent est mesurée à partir de la valeur ajoutée qu'il crée : cette valeur ajoutée finit toujours
par être répartie en revenus, soit au profit des ménages, soit au profit des administrations (TVA, autres impôts
sur la production), soit au profit des entreprises elles-mêmes (bénéfices non distribués).
On a beaucoup critiqué le PIB comme indicateur de richesse, en soulignant, par exemple, qu'un accident de la
route ou la production d'une arme meurtrière rentraient dans son montant au même titre que d'autres activités
génératrices de bien-être. Il est vrai que le PIB ne prétend pas mesurer le bien-être, mais seulement le montant
des revenus, quelle qu'en soit l'origine productive. C'est donc un indicateur très réducteur, auquel il ne faut pas
faire dire plus qu'il ne dit : pour un pays, avoir un PIB élevé ne renseigne pas sur la qualité de vie de ses habitants,
sur la capacité du pays à offrir à tous un bien-être durable. En revanche, le PIB mesure le pouvoir d'achat
disponible dans une économie, c'est-à-dire, tout compte fait, sa puissance. C'est pourquoi, même s'il s'agit d'un
indicateur insuffisant, il demeure dans un monde où cette puissance permet de prendre la mesure des atouts dont
dispose une nation dans la compétition mondiale.
Revenus primaires et secondaires (au sens de la balance des paiements)
Les revenus primaires représentent les flux qui reviennent aux agents économiques pour leur
participation au processus de production (« Rémunérations des salariés »), pour la fourniture d’actifs financiers
(« Revenus d’investissement ») ou pour la location de ressources naturelles (« Loyers »). Par exemple, les profits
d’une entreprise étrangère implantée en France et rapatriés dans le pays d’origine apparaissent comme débit dans
les revenus primaires. À l’inverse, le salaire d’un Français allant chaque jour travailler en Suisse ou au
Luxembourg apparaîtrait au crédit des revenus primaires.
Les revenus secondaires retracent les transferts courants entre résidents et non‑résidents. Un transfert
est une écriture qui correspond à la fourniture d’un bien, d’un service, d’un actif financier ou d’un autre actif non
produit sans la contrepartie d’un élément de valeur économique. Par exemple, l’envoi par un immigré d’argent
à sa famille dans son pays d’origine pèse négativement sur le solde des revenus secondaires du pays d’accueil.
Taux de chômage
Nombre de personnes sans emploi à la recherche d’un emploi (critères du Bureau International du
Travail) rapporté à la population active.
Taux de marge
Excédent brut d'exploitation rapporté à la valeur ajoutée de l'entreprise.
Taux de prélèvements obligatoires
Désigne la part des prélèvements obligatoires dans le PIB.
Taux d'inflation (ou taux de variation des prix)
Mesure le rythme de variation des prix. On parle d’inflation (hausse généralisée des prix) lorsque ce taux
est positif et de déflation (baisse généralisée des prix) lorsqu’il est négatif. La désinflation désigne un ralentissement
de la hausse des prix. Par exemple quand l’inflation passe de 5 à 4 %.
Transactions courantes
Le compte des transactions courantes retrace les flux de biens, services, revenus primaires et revenus
secondaires entre la France et le reste du monde. Son solde est égal à la différence entre les exportations et
revenus à recevoir et les importations et revenus à payer par les résidents.

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II. Documents

A- La situation macroéconomique de la France


Le Produit Intérieur Brut (PIB)
Production du secteur marchand : calcul de la VAB marchande
Pour mesurer la production d’une organisation, on calcule la Valeur Ajoutée Brute (VAB).
Les entreprises constituent le secteur marchand dont la production est vendue à un prix économiquement
significatif (prix couvrant plus de 50 % du coût unitaire de production). Il est possible de partir du chiffre d’affaires.
Chiffre d’affaires = quantités vendues x prix de vente
VAB du secteur marchand = Chiffre d’affaires – Consommations intermédiaires
Les consommations intermédiaires représentent les biens non durables et les services que l’entreprise achète à
d’autres entreprises pour produire. Il s’agit des matières premières (fruits, sucre, eau…), services (électricité,
transport, publicité…), produits semi-finis (emballage, bâtonnets, carton…) et petites fournitures (stylos…).
La VAB mesure ainsi la richesse réellement créée par l’entreprise. C’est la valeur qu’elle ajoute aux biens et
services achetés à d’autres entreprises.
Production du secteur non marchand : calcul de la VAB non marchande
Pour mesurer la valeur des biens et services non marchands produits par les APU et les ISBLSM, on prend en
compte le coût de la production puisque la production est non vendue ou à un prix économiquement non
significatif, c'est-à-dire un prix couvrant moins de 50 % du coût unitaire de production.
VAB du secteur non marchand = Coûts de production – Consommations intermédiaires
Production totale d’un pays : calcul du PIB
Le Produit Intérieur Brut (PIB) est un indicateur de mesure de la production sur un territoire donnée (par
exemple un pays). Il enregistre toutes les productions déclarées réalisées par les résidents sur un territoire au cours
d’une période donnée.
PIB = somme des VAB marchandes et non marchandes + taxes sur les produits – subventions sur les
produits
= Σ VAB + taxes sur les produits nettes des subventions
Le PIB par habitant mesure la production moyenne par habitant qui détermine le niveau moyen de consommation
par habitant. Le PIB/hab constitue donc une façon de mesurer le niveau de vie moyen des habitants.
Il peut être calculé de trois manières :
- par la production. PIB = Σ VAB + taxes sur les produits nettes des subventions ;
- par la demande (les débouchés). PIB + M = C + FBCF + X + ∆ Stocks (c’est l’équilibre ressources- emplois);
- par les revenus issus de la production. PIB = salaires + revenus mixtes + EBE (revenus du patrimoine) +
impôts sur la production et les importations moins les subventions
Le PIB à parité pouvoir d’achat (PIB PPA)
Pour les comparaisons internationales, il est préférable d’utiliser le PIB PPA qui tient compte des différences de
prix d’un même bien ou service entre pays et des variations des taux de change. Le PIB PPA repose sur la méthode
du prix unique pour un même produit évalué dans une même monnaie (par ex le $ US) en tenant compte du taux
de change moyen sur une période donnée.
Le PIB réel
Pour mesurer l’évolution du PIB, on calcule le taux de variation du PIB = [(PIB t – PIBt-1) / PIB t-1] x 100
Pour mesurer la variation réelle de la production, il convient d’éliminer l’effet de la variation des prix. On calcule
alors la variation du PIB réel (= PIB en volume = PIB en € constants ≠ Pib nominal ou en valeur ou en €
courants) en divisant la variation du PIB par la variation des prix. On dit que le PIB a été déflaté, c’est-à-dire
corrigé de la variation des prix.
Le PIN (Produit Intérieur Net)
Pour produire, les agents économiques utilisent du capital fixe (machines-outils, bâtiments, moyens de transport,
ordinateurs…) qui s’usent avec le temps. On parle de la Consommation de Capital Fixe (CCF). Ainsi, une partie
de la production annuelle consiste à remplacer le stock de capital fixe usé ou obsolète (dépassé
technologiquement). A l’échelle d’une entreprise, cela constitue l’amortissement. La production de richesse
réellement créée par une entreprise est donc la VAB – CCF = valeur ajoutée nette (VAN).
A l’échelle du pays, on fait le même calcul. PIN = PIB – ΣCCF
Le PIN est une mesure plus précise de la création de richesse sur une année, mais il est difficile d’estimer la CCF.
Concernant les investissements, on distingue également l’investissement total de l’investissement net des
amortissements. FNCF = FBCF – CCF

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Doc 1- Taux de variation du PIB de la France en valeur et en volume (en %)
Source : Insee, 2022.

26,0
24,0
22,0
20,0
18,0
16,0
14,0
12,0
10,0
8,0
6,0
4,0
2,0
0,0
1960

1984

2008
1950
1952
1954
1956
1958

1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982

1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006

2010
2012
2014
2016
2018
2020
- 2,0
- 4,0
- 6,0
- 8,0

PIB en valeur PIB en volume

Doc 2- PIB de la France variation et niveau - Source : Insee, 2019.

9
Doc 3- Contributions à la croissance économique réelle (en points de pourcentage)
Source : INSEE, 2022.

Doc 4- Les 3 approches du PIB en 2021 (en milliards d’Euros) - Source : INSEE, 2022.

Produit intérieur brut (approche production) 2 500,9


Valeur ajoutée brute au prix de base 2 216,8
+ Impôts sur les produits 308,0
- Subventions sur les produits -23,9
Produit intérieur brut (approche demande) 2 500,9
Dépense de consommation finale 1 923,6
+ Formation brute de capital 625,9
+ Exportations de biens et de services 736,5
- Importations de biens et de services 785,0
Produit intérieur brut (approche revenus) 2 500,9
Rémunération des salariés 1 283,8
+ Excédent brut d'exploitation et revenu mixte brut 887,9
+ Impôts sur la production et les importations 421,0
- Subventions -91,7

Doc 5- La croissance réelle du PIB (en %) - Source : Banque Mondiale, 2022.

8
7
6
5
4
3
2
1
0
-1
-2
-3
-4
-5
-6
-7
-8

Zone euro France États-Unis Monde

10
Doc 6- PIB à parité pouvoir d’achat (PPA) en milliards de $ des 11 premières puissances
mondiales - Source : Banque Mondiale, 2022.

États-Unis 22996

Russie 4785

Japon 5397

Indonésie 3566

Inde 10218

Royaume-Uni 3344

France 3424

Union européenne 21648

Allemagne 4815

Chine 27312

Brésil 3436

0 3000 6000 9000 12000 15000 18000 21000 24000 27000

Doc 7- PIB/hab à parité pouvoir d’achat (PPA) en $ - Source : Banque Mondiale, 2022.

Monde 18722
États-Unis 69288
Russie 32803
Japon 42940
Indonésie 12904
Inde 7334
Royaume-Uni 49675
France 50729
Union européenne 48436
Allemagne 57928
Chine 19338
Brésil 16056

0 5000 10000 15000 20000 25000 30000 35000 40000 45000 50000 55000 60000 65000 70000

11
Doc 8- Prévisions de taux d’inflation en 2022 (en %) - Source : Statista d’après prévisions FMI,
Avril 2022.

Doc 9- Taux de chômage en juin 2022 (en % de la population active)


Source : OCDE, août 2022.

13
12
11
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0

12
B- Indicateurs des échanges
Les statistiques des relations économiques extérieures
Source : Commerce extérieur résultats 2016, Bureau du commerce extérieur, Trésor Public février 2017

Pays en capacité ou en besoin de financement :


Lorsque l’on ajoute le solde de la balance des transactions courantes (SBTC) au solde du compte de capital
(SCC), on peut déterminer si le pays est en capacité ou en besoin de financement.
Le compte de capital enregistre les ventes et achats de brevets avec le Rdm ainsi que les remises de dettes entre
agents résidents et agents du Rdm.
Si, (SBTC + SCC) > 0, alors le pays est en capacité de financement : l’ensemble des agents économiques
produisent et dégagent plus de revenus qu’ils ne dépensent. Le pays dispose donc d’un surplus d’épargne qui va
être prêté à des agents en besoin de financement à l’étranger.
Si, (SBTC + SCC) < 0, alors le pays est en besoin de financement : l’ensemble des agents économiques
produisent et dégagent moins de revenus qu’ils ne dépensent. Pour financer ce surplus de dépenses (leurs
investissements), les agents économiques vont devoir emprunter à l’étranger.
On peut retrouver ce résultat en partant de l’équilibre ressources-emplois en faisant l’hypothèse de stocks nuls :
Y + M = C + I + X  Y = C + I + (X – M)
La production intérieure Y est équivalente aux revenus distribués que l’on notera également Y. Avec ces revenus,
les ménages peuvent consommer ou épargner : Y = C + S
D’après les deux équations précédentes, on peut écrire :
C + I + (X – M) = C + S  X – M = S – I ou encore S = I + (X – M)
Ainsi, avec S > I alors Solde BTC > 0 et avec S < I alors Solde BTC < 0
Que signifie S > I ? Cela reflète le manque de revenus et d’épargne dans le pays pour financer l’ensemble des
dépenses. Ce n’est pas le pays qui emprunte ou prête à un autre pays (un pays n’est pas un agent économique !),
mais ce sont les agents économiques dans le pays qui prêtent ou empruntent à des agents non-résidents.
La position extérieure nette :
Dans le passé, les agents économiques (entreprises, APU, ménages, ISBLSM) ont contracté des dettes vis-à-vis
d’épargnants étrangers et, vice versa, certains ont accumulé des créances sur des emprunteurs étrangers.
Il est possible de faire le bilan des créances et des dettes des agents économiques d’un pays vis-à-vis du Rdm.
Position extérieure nette = Créances sur l’extérieur – dettes vis-à-vis de l’extérieur

13
Doc 10- Evolution des échanges de marchandises de la France, X, M et solde commercial,
en milliards d’euros courants, FAB/FAB - Source : Insee, 2022

600,0 40,0

500,0
20,0
400,0

300,0 0,0

200,0
- 20,0
100,0
- 40,0
0,0
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
2015
2017
2019
2021
- 100,0 - 60,0

- 200,0
- 80,0
- 300,0
-84,8
- 400,0 - 100,0

Solde (axe de droite) Exportations (axe de gauche) Importations (axe de gauche)

Doc 11- Soldes du commerce extérieur de la France, en milliards d’Euros constants - Source
: Insee, 2022

40,0
30,0 25,7
20,0
10,0
0,0
- 10,0
- 20,0
- 30,0
- 40,0
- 48,6
- 50,0
- 60,0
- 70,0
- 80,0 -74,2

Services Biens Ensemble

14
Doc 12- Echanges extérieurs de biens en 2021, en milliards d’Euros - Source : Insee, 2022

Importations
Produit Exportations
CAF
Biens alimentaires 71,4 62,8
Énergie 25,9 67,3
Matériels de
96,1 90,3
transport
Autres produits
316,3 382,9
industriels
Ensemble 509,7 603,2
Remarque : les importations totales FAB s’élevaient à 583,9 milliards d’€

Doc 13- Echanges extérieurs de services en 2021, en milliards d’Euros - Source : Insee, 2022

Produit Exportations Importations


Services (hors
189,4 172,0
tourisme)
Tourisme 37,4 29,2
Ensemble 226,8 201,1

Doc 14- Soldes des échanges extérieurs de la France et principales composantes, en milliards
d’Euros courants - Source : Insee, 2022

50,0

40,0

30,0

20,0

10,0

0,0
1971

1989

2007
1949
1951
1953
1955
1957
1959
1961
1963
1965
1967
1969

1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987

1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005

2009
2011
2013
2015
2017
2019
2021
- 10,0

- 20,0

- 30,0

- 40,0

- 50,0

- 60,0

- 70,0

Solde du commerce extérieur Biens alimentaires


Énergie Matériels de transport
Autres biens industriels Services

Note : les exportations de biens sont évaluées FAB, les importations de biens sont évaluées CAF

15
Doc 15- Exportations (gauche) et importations (droite) au 2ème trimestre 2022, en milliards d’Euros
courants - Source : Insee, 2022

Doc 16- Solde des transactions courantes et ses composantes, en milliards d’Euros constants et en
% du PIB - Source : Banque de France, Rapport annuel 2021, juin 2022

Doc 17- Soldes des revenus primaires et secondaires en 2021, en milliards d’Euros
Source : Banque de France, Rapport annuel 2021, juin 2022

16
Doc 18- Principaux soldes des transactions courantes, en milliards d’Euros constants - Source : Banque
de France, Rapport annuel 2021, juin 2022

Doc 19- Principales composantes de la balance courante en 2021 et solde du compte de capital (en
Md€) - Source : Banque de France, Rapport annuel 2021, juin 2022
40 36,4 40 En 2021, la France a
bénéficié d’une
subvention européenne
20 11,3 11,7 dans le cadre du plan
8,9
de relance coordonné
0 pour 10 milliards
Biens (hors Négoce Services Revenus Total solde Compte de d’euros, qui explique
négoce international courant capital l’essentiel du solde
-20 international)
positif de
11,7 milliards alors que
-40 le solde s’approchait
de 2 milliards au cours
des trois dernières
-60 années

-80 -78,8

17
Doc 20- Capacité/besoin de financement des secteurs institutionnels (en Md€)
Source : Banque de France, Février 2022 (https://www.banque-france.fr/statistiques/epargne-et-comptes-nationaux-financiers/comptes-nationaux-
financiers/capacite-besoin-de-financement-des-secteurs-institutionnels)

Doc 21- Position extérieure de la France en 2021, en milliards d’Euros et en % du PIB - Source : Banque
de France, Rapport annuel 2021, juin 2022

La position extérieure d’un pays permet de mesurer la taille des actifs qu’il détient à l’étranger ainsi que ses
dettes et engagements vis-à-vis du reste du monde. La position extérieure nette (PEN) représente la
différence entre les avoirs et les engagements et dresse donc le bilan de la situation patrimoniale du pays
vis-à-vis du reste du monde. La position extérieure se ventile selon ses supports fonctionnels
(investissements directs ou de portefeuille, produits financiers dérivés, prêts et dépôts et avoirs de réserve)
ou par secteur institutionnel (administrations publiques, autorités monétaires, banques et autres).
L’évolution de la position nette d’un pays au cours du temps dépend d’abord de l’évolution du solde des
transactions courantes de ce pays. Par exemple, un solde négatif dégrade la position nette, car il correspond
à un besoin supplémentaire de financement de ce pays. Mais il ne s’agit pas de la seule source d’évolution.
En effet, les transactions financières se traduisent par des positions de stock qui sont exposées à des
variations de prix notamment sur des taux de change et des prix de marché.

18
Doc 22- Position extérieure nette de la France en 2021 par secteur, en milliards d’Euros
Source : Banque de France, 2022

Doc 23- Dette extérieure nette de la France en 2021, ventilation par devise, en milliards d’Euros –
Source : Banque de France, 2022

Doc 24- Position extérieure nette de la France sur longue période, en milliards d’Euros constants et
en % du PIB – Source : Banque de France, 2022

19
C- Forces et faiblesses de l’économie française

Doc 25- Le commerce extérieur de la France chiffres clés en 2021 – Source : Rapport annuel du commerce
extérieur de la France, Trésor Public, 2022.

20
Doc 26- Structure géographique des échanges de la France en 2021, en % - Source: Rapport annuel du
commerce extérieur de la France, Trésor Public, 2022.

Doc 27- Principaux partenaires commerciaux de biens de la France en 2021, en milliards d’Euros -
Source : Insee, 2022

Allemagne

Italie

Belgique

Espagne

États-Unis

Royaume-Uni

Chine

Pays-Bas

Suisse

Pologne

0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0 60,0 70,0 80,0

Importations Exportations

21
Doc 28- Ventilation géographique des échanges de biens et de services en 2021 selon l’origine, en
milliards d’Euros - Source : Banque de France, 2022

Doc 29- évolution du solde des biens avec les principaux partenaires de la France, 2019 à 2021
(Md€, CAF/FAB) – Source : Rapport annuel du commerce extérieur de la France, Trésor Public, 2022.

22
Doc 30- Principaux soldes (hors militaire) des échanges de marchandises en milliards d’euros
CAF/FAB, en 2020 et 2021 – Source : Rapport annuel du commerce extérieur de la France, Trésor Public, 2022.

Doc 31- Soldes des échanges des ressources énergétiques en 2021, en Mds €
Source : Rapport annuel du commerce extérieur de la France, Trésor Public, 2022.

23
Doc 32- Soldes des échanges des ressources énergétiques en 2021, en Mds € - Source : Bilan de la
compétitivité française de la France en 2021, Rexecode, 2022.

Doc 33- Evolution des exportations de biens dans la zone Euro, indice base 100 en 2000
Source: Le Figaro d’après Eurostat, février 2022.

24
Doc 34- Flux entrants d’investissements directs étrangers, en Mds $
Source: Bilan de la compétitivité française de la France en 2021, Rexecode d’après Cnuced, 2022.

Doc 35- Nombre d’entreprises manufacturières de 20 salariés et plus, Indices base 100 en 2002 -
Source: Bilan de la compétitivité française de la France en 2021, Rexecode d’après Eurostat, 2022.

25
Doc 36- Coût salarial unitaire nominal, secteurs marchands, Indices base 100 en 2000
Source : Bilan de la compétitivité française de la France en 2021, Rexecode d’après Eurostat, 2022.

Doc 37- Compétitivité-coût et prix de la France par rapport à ses partenaires de l’OCDE et de la
zone euro- Source : Premier rapport du Conseil national de productivité, juillet 2019, d’après OCDE.

Note : l’évolution de la compétitivité-coût d’un pays dépend de l’ensemble des facteurs de production (travail et
capital), du poids de la fiscalité, et les coûts générés par la consommation intermédiaire de pro- duits issus de
secteurs non exposés jouent également dans la compétitivité des entreprises exportatrices.

26
Doc 38- Les entreprises françaises exportatrices. Source: Rapport annuel du commerce extérieur de la
France, Trésor Public février 2019.

Doc 39- Part des impôts de production des entreprises (sociétés non financières et financières) dans
le PIB en 2019, en % - Source : Bilan de la compétitivité française de la France en 2021, Rexecode d’après Eurostat,
2022.

27
Doc 40- Ratio de finances publiques en 2019, en % du PIB – Source : Bilan de la compétitivité française
de la France en 2021, Rexecode d’après Eurostat, 2022.

Doc 41- Dépenses intérieures brutes de recherche et développement, en % du PIB Source : OCDE,
2022.

Corée du Sud 4,8


Suède 3,5
Belgique 3,5
Etats Unis 3,4
Japon 3,3
Allemagne 3,1
OCDE 2,7
Chine 2,4
France 2,3
UE 27 2,2
Royaume Uni 1,7
Italie 1,5
Espagne 1,4
Russie 1,1

0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5

2020 1991

28
Doc 42- Les 54 pôles de compétitivité de la France en 2021 – Source : entreprises.gouv.fr, 2022.
(https://www.entreprises.gouv.fr/fr/innovation/poles-de-competitivite/presentation-des-poles-de-competitivite)

Doc 43- Pays qui comptent le plus de Licornes en Europe en décembre 2021 – Source : Satista, 2022

29
Doc 44- Montants levés par les start-up en France (en Mds €) – Source : https://www.ey.com/, 2022

Doc 45- Levées de fonds 1er semestre 2021 et 1er semestre 2022 pour le financement de start-up -
Source : https://www.ey.com/, 2022

30
III. Le débat : les problèmes de la France, la faute à la mondialisation ?
Doc 46- « La faute à la mondialisation ? C’est faux et vrai à la fois » - Source : Le Monde 18/03/2017 Jérôme
Creel et Francesco Saraceno (Sciences Po, OFCE et ESCP Europe).
« La mondialisation apparaît bien souvent comme la cause de tous les maux de la France : terrorisme, chômage,
désindustrialisation, décrochage dans les classements de toutes sortes, crises européennes ».
Les débats sur les effets néfastes de la mondialisation ressurgissent périodiquement, notamment lors des campagnes électorales.
La mondialisation apparaît bien souvent comme la cause de tous les maux de la France : terrorisme, chômage,
désindustrialisation, décrochage dans les classements de toutes sortes, crises européennes, tout serait la faute de la
mondialisation. C’est à la fois faux et vrai.
C’est faux car la mondialisation, mouvement historique d’ouverture sans précédent des frontières aux échanges, a permis aux
résidents français d’avoir accès à une multitude de marchandises et de services, à des tarifs toujours plus bas. La mondialisation,
parce qu’elle confronte les entreprises françaises à la concurrence internationale, les oblige à sans cesse se renouveler, à sans
cesse innover, et à ajuster leurs modes d’organisation quitte à en externaliser une partie.
Destruction créatrice chère à Schumpeter
Certes, cette course à l’innovation n’est pas aisée et elle met des entreprises en graves difficultés. C’est le principe cependant
bien connu de la destruction créatrice chère à l’économiste autrichien Joseph Schumpeter (1883-1950): les entreprises les moins
innovantes sont remplacées par celles qui le sont plus. La mondialisation, c’est aussi l’ouverture des frontières aux étudiants
français, qui se formeront dans les écoles et universités étrangères, et aux étudiants du monde entier qui se formeront dans les
écoles et universités françaises.
N’oublions pas que la région parisienne dispose d’une très grande concentration de scientifiques – beau- coup de
mathématiciens, notamment – dans ses écoles et universités prestigieuses : la mondialisation, c’est aussi la capacité pour la
France d’attirer les talents, d’où qu’ils viennent. Enfin, la mondialisation a témoigné de l’attractivité du territoire français aux
capitaux internationaux.
La France bénéfice d’entrées nettes de capitaux étrangers sous forme d’investissement de long terme, et se classe aujourd’hui
devant le Royaume-Uni et l’Allemagne pour les flux bruts d’investissements directs étrangers (IDE). La France est certes
derrière l’Irlande et les Pays-Bas qui, par leur politique fiscale agressive et très discutable, font beaucoup plus pour détourner
les IDE à leur profit. Enfin, il est des défis à relever pour notre société qui ne se limitent pas à nos frontières : la transition
écologique en fait partie. Face au bien public global qu’est notre environnement, il faut une réponse globale et non pas isolée.
Dire cela, est-ce faire preuve d’un optimisme béat face à la mondialisation ? A ce stade sans doute. Car aux arguments avancés
ici pour défendre la mondialisation, on trouvera autant de contre-arguments. L’accès à un plus grand nombre de produits est un
avantage, mais à condition que ces produits ne soient pas trop substituables et qu’ils ne soient pas programmés pour une
obsolescence précoce.
Que nous importe d’avoir le choix entre quinze lessives si elles ont des qualités identiques ? Que nous importe d’avoir accès à
une multiplicité de tablettes dont les systèmes d’exploitation ne peuvent pas être actualisés ? La destruction créatrice fonctionne-
t-elle vraiment ?
Si la France bénéficie effectivement de créations nettes d’entreprises chaque année (« L’état du tissu productif français», Policy
Brief n° 6, 9 novembre 2016, OFCE), la contribution nette de ces entreprises à la valeur ajoutée peut être moindre qu’attendu
car les nouvelles technologies produisent de nouveaux biens substituables aux précédents, tout en accélérant leur dévalorisation
(« Has Creative Destruction become more Destructive ? », John Komlos, 2016). Sans parler du contenu en emplois des nouvelles
entreprises, qui peut être loin de compenser celui des entreprises disparues. L’attractivité éducative de la France est d’autant
plus à la peine qu’au lieu de faire jouer ses avantages comparatifs – les enseignements en langue française -, l’éducation
supérieure rentre en concurrence directe avec le système anglo-saxon… qui a quelques longueurs d’avance dans la qualité de
ses cours en anglais !
La France peut-elle profiter de la mondialisation ? La réponse est oui, mais sous conditions ! Les partisans du libre-échange ont
toujours considéré qu’il était mutuellement bénéfique si les règles de concurrence étaient non faussées. C’est la raison pour
laquelle l’Organisation mondiale du commerce a été créée et aussi la raison pour laquelle il faut être vigilant sur les tribunaux
d’arbitrage et leurs prérogatives, comme le débat sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis l’a
montré.
Plus que la question des gains du commerce international, c’est celle de leur répartition au niveau national (et international) qui
est importante. Il faut donc s’interroger sur les politiques publiques à mettre en œuvre pour assurer une répartition des gains qui
correspondent aux principes sociaux en vigueur dans le pays : répartition plus égalitaire dans les pays qui attribuent de
l’importance à l’équité. Cela a longtemps été le cas de la France.
Cette dernière considération est particulièrement importante dans le contexte européen actuel. Une Union européenne qui n’offre
d’autre choix à ses Etats membres qu’une concurrence fiscale censée augmenter les parts de marché nourrit les aspects négatifs
de la mondialisation et les populismes xénophobes et nationalistes.
Des solutions existent, par exemple un impôt européen sur les sociétés, préconisé depuis longtemps par Jacques Le Cacheux
(université de Pau), pour limiter la concurrence (parfois déloyale) entre les Etats membres, et permettre de mieux répartir les
bénéfices des échanges avec le reste du monde sans renoncer aux spécificités des systèmes (notamment de protection sociale) de
chaque pays.
Il faut aussi des politiques actives de retour à l’emploi pour assurer une transition entre les anciennes et les nouvelles entreprises,
une politique de gestion des territoires qui puisse, par des transferts et le développe- ment de projets ciblés, compenser les pertes
d’emplois dans les régions touchées par les restructurations.
C’est plus facile à écrire qu’à faire, sans doute. Mais l’enjeu aujourd’hui n’est pas de tourner, ou pas, le dos au reste du monde,
il est d’accompagner les besoins de la population française par des politiques ambitieuses.

31
Doc 47- Toutes les dimensions de la compétitivité – Source : Dictionnaire économique Hatier

32
Dossier 2

Structure du commerce international

I. Lexique

II. Documents
A. Productions et échanges internationaux de marchandises et de
services
B. Chaînes de valeurs internationales

III. Le débat : Entre compétitivité, sécurité des approvisionnement et


réchauffement climatique : quels choix énergétiques ?

33
I. LEXIQUE (sources : Alternatives Economiques, ENS Lyon, Banque de France, La finance pour tous, Insee…)
Autarcie
Situation dans laquelle un pays n'achète rien à l'extérieur. Dans la réalité, l'autarcie complète n'existe pas.
Il s'agit donc d'une tendance, plus que d'une situation de fait. Mais l'exemple des pays à tendance autarcique - soit
par choix (Albanie dans les années 70, Corée du Nord au début de ce millénaire), soit par contrainte (blocus imposé
à Cuba, inexistence de moyens financiers, par exemple en Haïti) - montre que l'autarcie aggrave la pauvreté et les
difficultés d'un peuple, plus qu'elle n'aide à les résoudre.
Autosuffisance
Fait, pour une nation déterminée, de produire au moins de quoi satisfaire ses besoins. Par extension,
désigne la fraction de la demande d'une zone géographique donnée (une région, voire un bassin d'emploi) qui peut
être satis- faite par une production réalisée au sein de cette zone géographique (on parle alors de degré, ou de taux
d'autosuffisance).
Avantage comparatif
L'analyse de l'avantage comparatif a été développée par David Ricardo à propos du commerce
international. Elle continue à être la base de la spécialisation internationale : le pays se spécialise dans la production
pour laquelle il dispose de l'avantage comparatif le plus grand, et abandonne la production des autres produits aux
autres pays. Ce principe de spécialisation permet à tous les pays de participer à l’échange international ce qui
n’était pas le cas avec l’avantage absolu de Smith : seul le meilleur produisait, condamnant les autres à l'inactivité.
En théorie, la spécialisation selon l'avantage comparatif est à la fois plus efficace et plus juste : tout le monde peut
produire quelque chose, et chacun produit ce pour quoi il est relativement le plus doué. Mais la réalité est parfois
différente : celui qui perd une production au profit d'un autre plus efficace n'en retrouve pas forcément une autre à
effectuer. En outre - et surtout -, l'analyse des avantages comparatifs gomme les rapports de force et les évolutions
dynamiques : celui qui se spécialise dans l'informatique, par exemple, dispose d'une capacité d'innovation plus
forte que celui qui se spécialise dans les pantoufles charentaises ou dans les villages de vacances.
Coefficient de capital
Désigne le rapport entre le stock de capital (au sens technique du terme : ensemble d'équipements
productifs) et le flux de production. Dans l'ensemble de l'économie, ce coefficient est de l'ordre de 3 à 4, mais, dans
certaines activités (appelées pour cette raison capitalistiques), la valeur des équipements nécessaires pour produire
rapportée au montant de la production réalisée est beaucoup plus élevée : c'est le cas, par exemple, pour la
pétrochimie (raffinage) ou la sidérurgie, activités dans lesquelles l'essentiel des opérations productives est
automatisé, exigeant du même coup des équipements très coûteux.
Consommation d’énergie primaire
Elle est égale à l'ensemble des consommations d'énergie de l'économie sous forme primaire (c'est-à-dire
non transformée après extraction), et marginalement sous forme de dérivés non énergétiques (goudrons, bitume…).
Délocalisation
Désigne tout déplacement d'unité de production d'un pays vers un autre. La plupart du temps, une
délocalisation se traduit par un transfert d'activité, au sein d'une entreprise ayant une implantation multinationale,
d'un site vers un autre, situé dans un autre pays. Il peut arriver, cependant, que la délocalisation prenne la forme
d'une fermeture pure et simple d'une unité de production dans un pays (ou d'une fraction de cette unité), au profit
d'achats externes de produits analogues produits par une autre firme dans un autre pays. Dans ce cas, il ne s'agit
plus seulement de délocalisation (changement de lieu de production), mais aussi de restructuration (la production
est confiée en tout ou en partie à des sous-traitants).
La délocalisation d'une unité de production est liée à la recherche d'un coût de production plus bas. Ce peut être le
coût salarial (transfert d'activités vers des pays à salaires plus bas) ou le niveau fiscal. Mais il peut arriver aussi que
la délocalisation consiste à regrouper sur un même site des activités jusque-là effectuées dans des endroits
différents : le but de ce regroupement est alors de réaliser des économies d'échelle. L'un des exemples les plus
connus de ce type de délocalisation est le transfert de l'usine Hoover de Dijon, en 1992, vers une autre usine du
même groupe située en Ecosse. Bien que ce transfert ait été généralement présenté comme lié aux salaires écossais
plus bas que les salaires dijonnais, la raison principale de la direction du groupe, confronté à des pertes de part de
marché, était de regrouper en un seul site une production jusqu'alors effectuée dans deux usines différentes.
Les délocalisations ont été présentées par le rapport Arthuis comme une des principales sources potentielles de
pertes d'emplois en France : face à des écarts de coût salarial de l'ordre de 1 à 100, les entreprises auraient tendance
à privilégier cette forme de réduction des coûts. Dans des secteurs comme le textile, c'est sans doute vrai, et la
concurrence des pays à bas salaires (aussi bien comme sous-traitants que comme pays d'implantation de filiales
tournées vers l'exportation) est forte. Néanmoins, l'ensemble des études menées dans ce domaine montrent que
cette concurrence n'ex- plique qu'une partie minoritaire des suppressions d'emplois dans ces branches (au plus un
sur quatre depuis dix ans), la plupart ayant été supprimés en raison de gains de productivité particulièrement élevés.
En outre, les secteurs mena- cés sont finalement assez peu nombreux, pour des raisons de qualité, de difficultés de
communication ou de rapidité de livraison.
34
Démondialisation
Fait référence aux actions politiques, ou associatives mises en place pour diminuer l'influence du libre-
échange et de la finance internationale. La démondialisation est un concept prônant une nouvelle organisation de
l’économie mondiale.
L'origine du mot "démondialisation" est attribuée à Walden Bello, sociologue philippin qui a publié en 2002 un
livre intitulé "Deglobalization, Ideas for a New World Economy". Le mot y est utilisé pour dénoncer les pouvoirs
exorbitants des institutions internationales comme le FMI ou l'OMC avec une critique ferme du libre-échange et
de la dérèglementation financière et pour prôner un modèle alternatif. En France, le terme "démondialisation" est
apparu dans le discours politique avec la parution de l'ouvrage "Démondialisation" de Jacques Sapir en 2011, puis
avec celle de "Votez pour la démondialisation !" d'Arnault Montebourg la même année, thème repris par la gauche
radicale. La droite radicale est pour d’autres raisons également en faveur de la démondialisation en prônant la sortie
de l’euro et en l'intégrant dans sa doctrine anti-immigration.
DIT (division internationale du travail)
Désigne la situation où des pays se spécialisent dans des activités différentes, chacune de ces activités
donnant naissance à des exportations à destination des pays qui ne les exercent pas.
La division internationale du travail repose sur l'analyse des avantages comparatifs. Elle est censée apporter un
surplus d'efficacité à l'ensemble de la communauté mondiale. Néanmoins, elle est très débattue. La division
traditionnelle du travail oppose les pays qui exportent principalement des produits manufacturés à ceux qui
exportent principalement des produits bruts (ou matières premières). Les économistes du développement (Raoul
Prebisch et Hans Singer, notamment) ont fait remarquer qu'en raison des élasticités différentes de la demande, les
gains de productivité réalisés dans les matières premières tendaient à tirer les prix vers le bas, tandis que, pour les
biens manufacturés, les gains de productivité pouvaient être conservés par les producteurs et donc alimenter des
investissements et des hausses de pouvoir d'achat dans les pays de production. A cette division traditionnelle du
travail entre nations, on oppose de plus en plus une nouvelle division internationale du travail : les pays à bas
salaires et les autres, les premiers produisant des produits manufacturés incorporant du travail peu qualifié, les
seconds des produits manufacturés incorporant du travail moyennement ou fortement qualifié.
Ce n'est pas faux, mais la réalité paraît plus complexe que cela. L'essentiel du commerce mondial s'effectue en
effet entre des pays industrialisés de longue date, et concerne des échanges de marchandises d'une complexité
comparable ; c'est le modèle Clio-Polo : la France exporte des voitures d'un certain type, l'Allemagne également
des voitures, mais d'un autre type. La division internationale du travail porte donc sur des produits proches, et
s'explique davantage par des recherches d'économies d'échelle conduisant à des spécialisations internationales
fines, intrabranches (ici, les écrans, là, les processeurs), que par des considérations de coûts relatifs.
DIPP (division internationale des processus productifs)
Elle intervient dès le moment où un stade du processus de production se déroule dans un autre pays que
celui où est assemblé le produit fini.
Ce phénomène, qui correspond à une division verticale de la production, a donné naissance à un commerce
international de pièces et de composants et à des réexportations de produits finis après montage. Ces échanges se
réalisent entre filiales de firmes multinationales ou dans le cadre de sous-traitance ou d'accords inter-firmes.
La révolution de ces cinquante dernières années est venue de l'abaissement des droits de douane et de l'abaissement
considérable des frais de transport. Ce qui prime désormais c'est la possibilité de décomposer la fabrication des
pro- duits. Plus le produit est complexe et plus il comporte de composants et de sous-ensembles qui peuvent être
fabriqués de façon autonome les uns des autres. Une voiture, par exemple, comporte plus de 5000 pièces. Ces
composants sont progressivement réunis en sous-ensembles qui sont associés lors de l'assemblage final. Cette
décomposition du produit autorise alors la fabrication des diverses pièces dans des pays différents en fonction de
leurs avantages comparatifs.
Echange inégal
Concept d’Arghiri Emmanuel. Sa thèse repose sur l'idée que, à travers des flux monétaires équilibrés
d'échange international, les PED cèdent bien plus d'heures de travail qu'ils n'en reçoivent. De ce fait, ils sont
victimes d'une exploitation invisible, d'autant plus pernicieuse que les faibles gains du travail qui en résultent
empêchent les pays en question d'amorcer un processus de croissance, faute de demande suffisante.
Cette thèse, avancée au début des années 70, a connu un étonnant renversement : les très faibles salaires, qui étaient
présentés alors comme la raison du blocage de la croissance dans le tiers monde, sont devenus aujourd'hui
l'explication la plus souvent avancée du blocage de la croissance (et de la perte des emplois) dans les pays de
vieille industrialisation (voir le terme délocalisation).
Echange intra-branche
Désigne un flux d’échange croisé d’importation et d’exportation entre 2 pays dans une même branche.
Depuis la période des Trente Glorieuses et avec la consommation de masse on a vu se développer les flux
d’échange intra- branche entre pays avancés, ce qui peut s’expliquer par la différenciation des demandes des
consommateurs : exemple du commerce intra-branche automobile entre la France et l’Allemagne.
Contrairement à la vision classique de l’échange développée par Smith et Ricardo, le concept d’échange intra-
35
branche explique le fait qu’un pays puisse être à la fois exportateur et importateur d’un même produit.
Echanges intra-firmes
Désigne les échanges qui s'effectuent au sein d'une même entreprise, entre les différents établissements
ou unités de production.
Ce type d'échanges représenterait plus de 40 % du commerce mondial, chaque firme multinationale ayant, par
définition, des établissements dans plusieurs pays, lesquels effectuent entre eux l'essentiel de leurs activités de
vente.
Echange intra-zone
Désigne les échanges de biens et services ayant lieu à l’intérieur des grandes régions commerciales du monde.
Depuis la mise en place des principaux Accords Commerciaux Régionaux (ACR) la part du commerce intra-zone
n’a fait qu’augmenter dans un commerce mondial qui a lui-même décuplé depuis les années 60.
Economie d'échelle
On appelle ainsi le fait que, dans toutes les activités de production qui exigent de lourds investissements
et un important travail de préparation (recherche, organisation, circuit de commercialisation, etc.), la production
d'une unité supplémentaire ne coûte guère plus et permet d'amortir plus facilement ces dépenses initiales élevées.
Cela pousse à la concentration, puisque, à la limite, un seul producteur, en allongeant ses séries de production, peut
mieux amortir les coûts fixes élevés qu'impose la production, alors que plusieurs producteurs différents devront,
chacun, supporter ces coûts fixes, donc vendront chacun plus cher.
Les économies d'échelle sont une réalité fondamentale de l'économie industrielle moderne. Pour fabriquer un seul
Air- bus, il a fallu consentir des investissements considérables en recherche-développement, mise au point et
fabrication. En produire un deuxième, puis un troisième, etc., ne coûte pas grand-chose de plus et permet de réduire
sensiblement les prix de vente. Prévoir d'en vendre 1 000 permettra de diminuer le prix encore davantage, mais à
condition d'en vendre effectivement 1 000. On comprend pourquoi, dans ces conditions, la concurrence entre
grands producteurs s'effectue au couteau : dans un marché que la baisse des prix ne stimule pas ou guère (faible
élasticité de la demande), comme celui des avions commerciaux, chaque commande arrachée par Boeing est une
commande de moins pour Airbus, et inversement. Au contraire, sur les marchés pour lesquels l'élasticité-prix est
importante, comme celui des ordinateurs portables, chaque allongement des séries produites permet de réduire les
prix, donc d'augmenter le nombre de clients. Mais pour les producteurs qui cherchent à s'implanter sur le marché,
la tâche est rude : il leur faut, d'entrée de jeu, parvenir à trouver un nombre de clients leur permettant de bénéficier
des mêmes économies d'échelle que leurs concurrents installés depuis longtemps. Se faire un nom pour trouver
des clients en grand nombre, voilà sans doute la barrière à l'entrée la plus efficace dans l'industrie moderne des
produits de masse, celle où jouent les économies d'échelle.
Economie monde
Espace économiquement autonome. C'est un système organisé par un centre qui exerce une domination
ou une influence sur la périphérie.
Cette notion est définie par Fernand Braudel comme « un morceau de la planète économiquement autonome,
capable pour l'essentiel de se suffire à lui-même et auquel ses liaisons et ses échanges intérieurs confèrent une
certaine unité organique ». Plusieurs économies monde se sont succédées centrées sur un grand port :
-VIIIe s. avant notre ère : Phénicie, port de Tyr
-XVIe s. Méditerranée, port de Gênes
-XVIIe s. Amsterdam
-XVIII-XIXe s. mondialisation britannique (City à Londres, port fluvial)
-XXe s. USA port de New-York
-XXIe s. Shanghaï
La mondialisation contemporaine, depuis la fin du XXe siècle, peut être définie comme la formation d'une seule
économie-monde à l'échelle du monde, mais avec une structure multipolaire. I. Wallerstein schématise cette
situation avec la notion de système-monde, comprenant un centre dominant une périphérie.
Energie primaire et secondaire
L'énergie primaire est l'ensemble des produits énergétiques non transformés, exploités directement ou
importés. Ce sont principalement le pétrole brut, les schistes bitumineux, le gaz naturel, les combustibles minéraux
solides, la biomasse, le rayonnement solaire, l'énergie hydraulique, l'énergie du vent, la géothermie et l'énergie
tirée de la fission de l'uranium. L'énergie secondaire est toute l'énergie obtenue par la transformation d'une énergie
primaire (en particulier électricité d'origine thermique).
Externalisation
Fait, pour une entreprise, de confier une partie des opérations de production ou des opérations liées à la
production (paye, comptabilité, gardiennage, etc.) à des entreprises extérieures.
L'externalisation est à l'origine d'une partie non négligeable de la diminution des effectifs de l'industrie et du
gonfle- ment des effectifs du tertiaire. En effet, la plupart des activités externalisées par des entreprises industrielles
concernent des fonctions tertiaires, si bien que des emplois qui, jusqu'alors, étaient comptabilisés comme effectués

36
dans des entreprises industrielles, deviennent des emplois situés dans des entreprises de prestations de services. Le
but de l'externalisation est évidemment de réduire le coût des opérations ainsi sous-traitées. Cela s'obtient soit parce
que le re- cours à une entreprise spécialisée permet d'obtenir des prestations bénéficiant d'économies d'échelle
(exemple : le re- cours à une société de logistique pour assurer les transports permet d'éviter d'avoir à investir dans
du matériel de trans- port pas toujours correctement utilisé), soit, plus fréquemment, parce que le sous-traitant
n'accorde pas à ses salariés les mêmes niveaux de salaires et d'avantages sociaux que l'entreprise qui externalise.
Innovation
Terme popularisé par Joseph Schumpeter et désignant la transformation d'une invention en produits vendables.
L'invention est la découverte scientifique ou la formulation d'une nouvelle idée (par exemple, tel virus peut être
inhibé par telle molécule) ; l'innovation, quant à elle, est la traduction de ce principe dans des produits destinés à
la vente ou dans des procédés de production (matériels ou intellectuels). La même invention peut donner naissance
à de nombreux produits nouveaux : les circuits intégrés, par exemple, ont engendré une nombreuse famille d'objets
les plus divers. C'est ce que Schumpeter appelait des grappes d'innovation, ajoutant que les inventions
fondamentales (aujourd'hui, on parlerait plutôt de découvertes fondamentales) qui donnent naissance à de telles
grappes ne sont pas très nombreuses, et que leurs débouchés productifs finissent par s'épuiser progressivement,
donnant naissance aux cycles de longue durée.
Une innovation radicale ou majeure est une innovation de rupture par rapport aux technologies existantes. Elle est
féconde si elle est source d’autres innovations majeures et mineures (ex : l’électricité a donné lieu à l’éclairage
électrique, les appareils électroménagers…). La plupart des innovations sont incrémentales et mineures : il s’agit
simplement de compléments, d’améliorations ou de renouvellements de produits existants.
Intégration de la production ou de l’entreprise
Désigne le fait qu'une société fasse partie d'un groupe dont d'autres filiales achètent l'essentiel de sa
production ou recourent à ses services. Peut désigner aussi le fait que, à l'intérieur d'une même entreprise, des
fonctions jusqu'alors confiées à l'extérieur sont désormais effectuées en interne. C’est donc l’inverse du processus
d’externalisation.
Les grands groupes pétroliers sont intégrés du puits à la pompe, c'est-à-dire que l'ensemble des activités successives
(exploration, extraction, transport, raffinage, distribution), bien que confiées à des sociétés juridiquement
distinctes, sont effectuées par des sociétés dépendant du groupe, donc contrôlées. On précise parfois, pour désigner
ce type d'intégration, qu'il s'agit d'une intégration verticale, signifiant par la que ce sont des sociétés appartenant
au même groupe qui sont clientes les unes des autres et qui participent aux différentes étapes de l'élaboration du
produit final.
Au sein d'une entreprise, l'intégration s'oppose à l’externalisation et en particulier à la sous-traitance : l'entreprise
fait elle-même, au lieu de faire faire.
L'intégration économique désigne le fait qu'un sous-traitant est tellement dépendant de son donneur d'ordre, qu'il
en devient totalement dépendant, bien qu'il soit juridiquement indépendant. L'intégration financière désigne les
liens fi- nanciers qui peuvent exister au sein d'un ensemble de sociétés qui dépendent toutes, directement ou
indirectement, d'un même actionnaire principal.
OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole)
Organisation créée en 1962 par un certain nombre de pays producteurs en vue d'empêcher la baisse des
prix pratiquée alors par les compagnies exploitantes, qui contrôlaient totalement la commercialisation, donc la
demande, et l'essentiel de la production, donc l'offre. Les compagnies visaient à réduire les prix
d'approvisionnement (sur lesquels sont calculés les impôts et les royalties destinés à rémunérer l'Etat propriétaire
du sous-sol). L'Opep n'a pu influer sur les prix qu'à partir du moment - le début des années 70 - où une partie des
Etats membres de l'organisation, par le biais des nationalisations le plus souvent, ont pu contrôler l'offre.
L'OPEP est une organisation intergouvernementale réunissant 13 pays producteurs de pétrole (7 en Afrique, 5 au
Moyen-Orient et 1 en Amérique du Sud). Son objectif historique est l’orientation à la hausse des cours du pétrole
et la maîtrise de son cycle de production. En 2020, l’OPEP a compté pour 34,7% de la production mondiale de
pétrole. Les réserves prouvées de ses pays membres représentaient, fin 2020, 70,1% des réserves mondiales.
Réserves prouvées (de ressources non renouvelables)
Les réserves prouvées sont les quantités d'hydrocarbures, de charbon qui, selon les informations
géologiques et techniques disponibles, ont une forte probabilité (>90%) d'être récupérées dans le futur, à partir des
gisements connus et dans les conditions technico-économiques existantes. Cette estimation est donc
continuellement réévaluée en fonction des nouvelles découvertes de l'évolution des cours et de l'amélioration de
la récupération sur les champs existants.
Termes de l'échange
Désigne le rapport entre le prix unitaire à l'exportation et le prix unitaire à l'importation, chacun de ces
prix étant mesuré avec la même unité monétaire. Lorsque le premier augmente davantage que le second, les termes
de l'échange s'améliorent : les mêmes quantités exportées permettent d'acheter une quantité accrue de marchandises
importées. Lorsque, à l'inverse, les prix à l'exportation augmentent moins que les prix à l'importation, il y a
détérioration des termes de l'échange.
37
II. Documents

A. Productions et échanges internationaux de marchandises et de services

Doc 1- PIB PPA, exportations et population en 2021 (en % de répartition) - Source : World
Economic Outlook 2021, FMI, avril 2022.

Doc 2- Croissance du volume du commerce des marchandises et du PIB réel à l’échelle


mondiale, 2014-2020, (en %) - Source : Examen statistique du commerce mondial 2021, OMC, 2022.

38
Doc 3- Evolution en volume du PIB et du commerce mondial de marchandises
(exportations), indice base 100 en 2015 - Source: Examen statistique du commerce mondial 2021, OMC, 2022

120

100

80

60

40

20

0
1956

2014
1950
1952
1954

1958
1960
1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012

2016
2018
2020
Exportations PIB

Doc 4- Exportations mondiales de marchandises par régions et pays de 1948 à 2020 en Mds
de $ et en % - Source : Examen statistique du commerce mondial 2021, OMC, 2022.

39
Doc 5- Exportations mondiales de marchandises par régions et pays en 2021 en Mds de $
Source : Examen statistique du commerce mondial 2021, OMC, 2022.

Doc 6- Evolution des exportations mondiales de marchandises, indice base 100 en 2015
Source : Examen statistique du commerce mondial 2021, OMC, 2022.

120
110
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
1954

1958

2004

2008
1950
1952

1956

1960
1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002

2006

2010
2012
2014
2016
2018
2020

Produits Agricoles Combustibles et produits d'extraction Produits manufacturés

40
Doc 7- Evolution des exportations mondiales de marchandises par produits depuis 2010,
en Mds de $ - Source : Examen statistique du commerce mondial 2021, OMC, 2022.

Doc 8- Evolution des exportations mondiales de marchandises par pays depuis 2010, en
millions de $ - Source : Examen statistique du commerce mondial 2021, OMC, 2022.
6000000

5000000

4000000

3000000

2000000

1000000

0
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

United States of America European Union China India Japan

Doc 9- Débit mondial de conteneurs, janvier 2007-avril 2021 (Indice corrigé des variations
saisonnières, 2015 = 100) - Source : Examen statistique du commerce mondial 2021, OMC, 2022.

41
Doc 10- Principales données sur le commerce mondial en 2020 et sur l’impact de la
COVID-19, en Mds de $ et en % - Source : Examen statistique du commerce mondial 2021, OMC, 2022.

Doc 11- Les 10 principaux pays exportateurs et importateurs de produits manufacturés


en 2020 en Mds de $ et en % - Source : Examen statistique du commerce mondial 2021, OMC, 2022.

42
Doc 12- Principaux pays exportateurs et importateurs de marchandises en 2020 en Mds
de $ et en % - Source : Examen statistique du commerce mondial 2021, OMC, 2022.

43
Doc 13- Les 10 principaux pays exportateurs et importateurs de produits agricoles en 2020
en Mds de $ et en % - Source : Examen statistique du commerce mondial 2021, OMC, 2022.

Doc 14- Les 10 principaux pays exportateurs et importateurs de combustibles et de


produits des industries extractives en 2020 en Mds de $ et en % - Source : Examen statistique
du commerce mondial 2021, OMC, 2022.

44
Doc 15- Répartition des exportations mondiales de services commerciaux en 2021 (en %)
Source : Examen statistique du commerce mondial 2021, OMC, 2022.

Doc 16- Les 30 principaux pays exportateurs et importateurs de services commerciaux en


2020 en Mds de $ et en % - Source : Examen statistique du commerce mondial 2021, OMC, 2022.

45
B. Les chaînes de valeurs internationales
Doc 17- Les grandes tendances du commerce international – Source : World trade report OMC 2013
L’évolution du commerce international : l’éclairage de l’histoire économique
La mondialisation n’est ni inévitable, ni irréversible. La technologie – en particulier les transports et les
communications – a été le principal moteur de l’intégration économique mondiale au cours des 200 dernières
années. Mais les forces politiques ont également joué un rôle capital, en aidant parfois à gérer et à amortir les
pressions intégrationnistes, mais quelquefois aussi en leur résistant ou même en les inversant. Une grande part du
XIXe siècle et les premières années du XXe siècle ont été marquées par la première grande mondialisation. La
période de 1914 à 1945 se caractérise toutefois par une spectaculaire ≪ démondialisation ≪. Sous l’effet combine
des chocs de la Première Guerre mondiale, de la Grande Dépression et de la Seconde Guerre mondiale, les pays
se sont détournes de l’intégration mondiale pour privilégier des modèles économiques de portée plus nationale et
diriges par l’Etat. L’économie mondiale est devenue plus fragmentée, et le commerce international a diminué
pendant cette période. Ces tendances se sont inversées après 1945, l’économie mondiale se ≪ remondialisant ≪
progressivement après la dévastation engendrée par la guerre et la dépression. Fait nouveau, le deuxième âge de
la mondialisation a vu se créer des institutions internationales – l’Organisation des Nations Unies, le FMI, la
Banque mondiale, le GATT (puis plus tard l’OMC). Ces institutions avaient pour but de maintenir la paix, et de
mettre un frein au nationalisme économique et aux politiques du chacun pour soi qui avaient tant contribué a
détruire la stabilité internationale pendant la première moitié du XXe siècle. La mondialisation a peu de chances
de s’épanouir en l’absence de coopération politique internationale efficace.
Au cours des 30 dernières années, le commerce international a connu une croissance vertigineuse, dépassant
de loin celle de la production mondiale.
En chiffres bruts, la valeur en dollars du commerce mondial des marchandises a augmenté de plus de 7 % par an
en moyenne entre 1980 et 2011, atteignant un record de 18 000 milliards de dollars EU à la fin de cette période.
Les échanges de services commerciaux ont augmenté encore plus rapidement, a un taux annuel moyen d’environ
8 %, pour atteindre quelque 4 000 milliards de dollars EU en 2011. La croissance réelle du commerce des
marchandises (c’est-à-dire la croissance des échanges compte tenu des fluctuations de prix et de taux de change) a
été tout aussi impressionnante, puisque les volumes échanges étaient, en 2011, quatre fois supérieurs à ceux de
1980. Depuis 1980, au niveau mondial, le commerce a augmenté en moyenne près de deux fois plus rapidement
que la production. Les réductions des droits de douane et des autres obstacles au commerce ont contribué à
l’expansion pendant la période.
De nouveaux acteurs, plus particulièrement de grands pays en développement et des économies asiatiques
en cours d’industrialisation rapide, ont acquis une position prééminente dans le commerce mondial.
La part des économies en développement, qui représentait seulement 34 % des exportations mondiales en 1980,
atteignait en 2011 47 %, soit près de la moitié du total. Simultanément, la part des économies développées est
tombée de 66 % à 53 %.
L’essor des exportations de la Chine a fait passer la part de ce pays dans les exportations mondiales de 1% en 1980
à 11 % en 2011, ce qui le place au premier rang des exportateurs mondiaux si l’on considère séparément les
membres de l’Union européenne. Pendant ce temps, les Etats-Unis, le Japon et l’Union européenne ont enregistré
une baisse de leur part dans les exportations mondiales. Le tableau est analogue en ce qui concerne les importations.
L’augmentation de la part collective des économies en développement dans le commerce mondial est de plus en
plus attribuable à la croissance des échanges entre ces pays. C’est ainsi que la part des échanges ≪ Sud-Sud ≪
dans le commerce mondial est passée de 8 % en 1990 à 24 % en 2011. La part du commerce Nord-Sud a aussi
légèrement augmenté, passant de 33 % à 38 % pendant la même période, tandis que celle du commerce entre les
économies développées (c’est-à-dire le commerce Nord-Nord) a été ramenée de 56 % à 36 % à peine.
Avec le temps, les pays sont devenus moins spécialisés en ce qui concerne leurs exportations.
Les améliorations dans les domaines du transport, des télécommunications et des technologies de l’information,
conjuguées à une intégration économique plus poussée et une plus grande ouverture commerciale, ont abouti, avec
le temps, a des niveaux plus élevés de diffusion technologique, a une mobilité accrue et a une accumulation des
facteurs de production. De ce fait, les pays sont devenus moins spécialisés dans l’exportation de tel ou tel produit
et, en conséquence, plus proches les uns des autres en ce qui a trait à la composition de leurs exportations.
L’avantage comparatif, c’est-à-dire les différences internationales d’efficacités relatives entre les produits, s’est
amenuisé avec le temps dans de nombreux pays, tout en se déplaçant géographiquement.
Le commerce évolue vers une plus grande régionalisation depuis 1990, en particulier en Asie, mais la part
des échanges commerciaux intra régionaux en Europe et en Amérique du Nord est restée stable ou a
diminué.
La part du commerce intra régional dans les exportations asiatiques est passée de 42 % en 1990 à 52 % en 2011,
ce qui place l’Asie au premier rang mondial pour ce qui est de la part du commerce intra régional dans les
exportations, si l’on compte l’UE comme une seule entité. Si les pays de l’UE sont considérés séparément, la part
de l’Europe venait en tête en 2011 (75 %). La part du commerce intra régional dans les exportations nord-
américaines est passée de 41 % à 56 % entre 1990 et 2000, avant de retomber à 48 % en 2011. Si l’on exclut le
commerce intra UE, l’Europe a vu sa part du commerce intra régional dans les exportations chuter de 35 % en
1980 à 29 % en 2011. Les autres régions géographiques de l’OMC (Amérique du Sud, Afrique, Moyen-Orient et
Communauté d’Etats indépendants) exportent principalement des pro- duits primaires vers d’autres régions. Si
leurs parts du commerce intra régional dans les exportations ont augmenté, elles restent faibles par rapport aux
autres régions.
46
La nature véritable de l’interdépendance entre les pays, qui provient en grande partie des chaînes
d’approvisionnement internationales, ne peut être comprise que si le commerce est mesuré en termes de
valeur ajoutée par chaque site dans des processus de production à configuration internationale. Ces
nouvelles statistiques peuvent aider à concevoir de meilleures politiques commerciales.
Les chaines de valeur internationales jouent un rôle central dans l’économie mondiale actuelle : les marchandises
et les services échanges contiennent des biens intermédiaires qui peuvent provenir de nombreux pays différents,
et les statistiques commerciales traditionnelles attribuent à tort la totalité de la valeur de la transaction des produits
commercialises au dernier pays intervenant dans le processus de production. C’est pour cette raison que le
commerce doit être évalué en termes de valeur ajoutée et pas seulement en termes bruts. Des tableaux d’entrées-
sorties à l’échelle mondiale, combinant des tableaux d’entrées-sorties nationaux et les courants d’échanges
bilatéraux bruts, ont permis de décrire ces rapports de production entre les économies. Des estimations
préliminaires des échanges commerciaux mesures en termes de valeur ajoutée indiquent que près de 30 % du total
des échanges consistent en réexportations de biens intermédiaires, ce qui témoigne d’une interdépendance
internationale croissante par le biais des chaines de production internationales. Depuis le milieu des années 1990,
ce pourcentage a augmenté de près de 10 points.
Si elle est mesurée en termes de valeur ajoutée, la contribution des services au commerce international est
beaucoup plus élevée.
La contribution des services au commerce total, lorsqu’elle est mesurée en termes de valeur ajoutée, a été près de
deux fois plus élevée que la part correspondante mesurée en termes bruts, passant de 23 % à 45 % en 2008. Les
services contribuent grandement au commerce des marchandises, soit du fait de leur rôle facilitateur des
transactions internationales, soit par le biais de leur incorporation dans le cout de production total de la
marchandise. Les implications qui en découlent sont importantes pour les politiques industrielles et commerciales,
notamment pour celles qui régissent les marches des services, et pour ce qui concerne l’intégration des petites et
moyennes entreprises dans les chaines de valeur internationales.
L’approvisionnement efficace en biens intermédiaires est capital pour la compétitivité des exportations d’un
pays.
Les économies importent de plus en plus de biens et de services intermédiaires pour produire tant pour le marché
intérieur que pour l’exportation. Une corrélation positive a été observée entre l’accès aux biens intermédiaires
importes et les résultats à l’exportation – plus une économie s’intègre aux chaines d’approvisionnement
internationales, plus ses exportations augmentent. Un accès efficace aux importations de biens intermédiaires
améliore la capacité des entreprises d’accroitre leur productivité et de rester compétitives dans un monde
interconnecte.
*****************
La mesure des échanges en valeur ajoutée (source : OCDE)
Les biens et services de consommation sont composés d'intrants provenant de divers pays dans le monde.
Cependant, lorsqu'ils sont établis de manière conventionnelle, les échanges ne reflètent pas toujours les flux de
ces produits au sein des chaînes de production mondiales et n'offrent donc qu'une vision partielle du commerce
extérieur.
La mesure des échanges en valeur ajoutée remédie à ce problème car elle permet d'identifier la valeur que
chaque pays ajoute dans le processus de production de biens et services consommés dans le monde. Les
indicateurs TiVA offrent ainsi une approche complémentaire pour l'analyse des relations commerciales
internationales et constituent un outil d'information pertinent pour les responsables politiques.

Doc 18- Part de la valeur ajoutée étrangère (importations) dans les exportations des pays
(en %) - Source : Calculs d’après indicateurs TiVA, OCDE, 2022.
30

25

20

15

10

0
OCDE France Allemagne G20 Chine UE27 Etats-Unis

1995 2018

47
Doc 19- Part de la valeur ajoutée étrangère (importations) dans les exportations des pays
et part de la demande extérieure (exportations) dans la valeur ajoutée produite en 2018
(en %) - Source : Calculs d’après indicateurs TiVA, OCDE, 2022.

Note de lecture : En 2018, la production manufacturière française intègre un tiers de biens intermédiaires et de services
importés. 55 % de la production manufacturière française est destinée à l’exportation comme bien fini ou bien intermédiaire.

48
III. Le débat : Entre compétitivité, sécurité des approvisionnement et réchauffement
climatique : quels choix énergétiques ?

Doc 20- Evolution de la consommation mondiale d’énergie primaire par combustible (en
exajoules) - Source : BP Statistical Review of World Energy, juin 2022.

Doc 21- Evolution de la consommation mondiale d’énergie primaire par pays membres et
non membres de l’OCDE (en exajoules) - Source : Connaissance des Energies, d’après BP Statistical
Review of World Energy, juin 2022.

49
Doc 22- Evolution de la consommation mondiale d’énergie depuis 2000 (en Exa Joules)
Source : BP Statistical Review of World Energy, juin 2022.

Doc 23- Part des différentes sources d’énergie dans la consommation total d’énergie
primaire (en %) - Source : BP Statistical Review of World Energy, juin 2022.

50
Doc 24- Production et consommation mondiale de pétrole et gaz en 2021
Source : Connaissance des Energies, d’après BP Statistical Review of World Energy, juin 2022.

Doc 25- Consommation moyenne d’énergie primaire par habitant (en Giga Joules par
habitant) Source : Connaissance des Energies, d’après BP Statistical Review of World Energy, juin 2022.

51
Doc 26- Evolution du prix moyen du baril de pétrole brut (en $) - Source : BP Statistical Review
of World Energy, juin 2022.

Doc 27- Les 10 pays disposant des plus importantes réserves prouvées en pétrole et gaz fin
2020 - Source : Connaissance des Energies, d’après BP Statistical Review of World Energy, juin 2022.

52
Doc 28- Principaux échanges commerciaux de pétrole en 2021 (en millions de tonnes)
Source : BP Statistical Review of World Energy, juin 2022.

Doc 29- Principaux échanges commerciaux de gaz naturel en 2021 (en milliards de m3)
Source : BP Statistical Review of World Energy, juin 2022.

53
Doc 30- Evolution des émissions de GES dues à la consommation mondiale d’énergie
(variation annuelle en millions de tonnes équivalent CO2) - Source : BP Statistical Review of World
Energy, juin 2022.

Doc 31- Exportations mondiales de voitures électriques et hybride en milliards de dollars


et plus gros exportateurs mondiaux - Source: World Trade Statistical Review 2020, OMC.

54
Doc 32- Exportations mondiales de produits plastiques en milliards de dollars et % du
commerce mondial - Source: World Trade Statistical Review 2020, OMC
.

Doc 33- Exportations mondiales de matériel éolien en millions de dollars - Source: World Trade
Statistical Review 2020, OMC.

55
Doc 34- Exportations mondiales de matériel de production d’énergie solaire en milliards
de dollars - Source: World Trade Statistical Review 2020, OMC.

Doc 35- Perspectives énergies 2050 : la vision de Jean-Marie Chevalier Professeur émérite à
l’Université Paris-Dauphine Senior associé au Cambridge Energy Research Associates (IHS-
CERA) - Source : Connaissance des Energies, Perspectives énergies 2050, avril 2018.
La première caractéristique du système énergétique mondial, c’est sa rigidité. Il est organisé autour de lourdes
infrastructures qui acheminent l’énergie depuis le gisement jusqu’au consommateur final. Il est à plus de 80%
alimenté par les trois grandes énergies polluantes et non renouvelables: le pétrole (31%), le charbon (29%) et le
gaz naturel (22%). Tout ceci ne se change pas rapidement.
Et pourtant, nos systèmes énergétiques se heurtent violemment au réchauffement climatique puisque leur
fonctionnement est responsable de deux tiers des émissions de gaz à effet de serre. La gravité du réchauffement
climatique et la prise de conscience qui l’accompagne poussent et pousseront les systèmes énergétiques à se
transformer pour être moins intenses en carbone et davantage fondés sur les énergies renouvelables.
Une interrogation majeure concerne la vitesse de ce changement. Cette vitesse dépend d’un rapport de forces
complexe et mouvant entre de multiples facteurs qui relèvent de la géopolitique, de l’économie, de la technologie.
Ce que nous pouvons dire, c’est que le système énergétique mondial en 2050 sera plus décentralisé, plus intelligent,
plus diversifié mais probablement encore trop intense en carbone.
Plus décentralisé. Un peu partout dans le monde, on assiste à une certaine décentralisation des problématiques
énergétiques. Les collectivités locales, les villes accordent une priorité nouvelle au couple énergie-climat. Cette
préoccupation est large car elle englobe la production et l’utilisation de l’énergie, mais aussi la qualité de l’air et
de l’eau, les transports, le recyclage des déchets, l’aménagement du territoire, l’urbanisme et aussi les modes
d’organisation économique où une priorité est donnée aux productions locales et à l’économie circulaire. En
filigrane se trouvent des systèmes énergétiques plus décentralisés. C’est une démarche assez nouvelle. Elle s’est
clairement exprimée au moment des dernières COP où les organisations non gouvernementales ont affirmé leur
volonté d’agir pour limiter le réchauffement climatique.
Plus intelligent. Lorsque l’ex-président américain Barack Obama a parlé de smart grids (les réseaux intelligents),
une réaction assez générale de la part des opérateurs a été de dire «mais on est déjà intelligents». La formule a
toutefois entraîné une formidable intensification de la liaison entre l’énergie et les nouvelles technologies de
l’information et de la communication. Cette intégration est en mesure d’accroître considérablement l’intelligence
des systèmes en place. Le mot « smart » a ainsi été decliné: smart home, smart building, smart community, smart
city, smart regulation. Tout au long des filières énergétiques, une efficacité plus grande peut être atteinte par la
surveillance, la mesure, l’optimisation des flux d’informations, de chaleur, d’électricité. Par ailleurs, la
libéralisation des marchés, la déconstruction des chaînes de valeur traditionnelles multiplient les opportunités
d’innovation et de transformation pour une énergie de plus en plus digitalisée.
Plus diversifié. Les systèmes énergétiques se construisent et se modifient en fonction de la dynamique des coûts
qui leur est sous-jacente. Or, il est admis de façon plus ou moins implicite que les coûts des énergies renouvelables
vont diminuer de façon inéluctable et irréversible. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le prix des
panneaux solaires a baissé de 70% entre 2010 et 2015 et encore de 15% en 2016. Les plus récents contrats font
état d’un prix de moins de 30 centimes d’euro par kWh. Nous savons toutefois que le défaut majeur de l’éolien et
du solaire, c’est leur intermittence. On peut pallier cette lacune par le stockage. Il paraît très probable que le coût
des différentes technologies de stockage soit lui aussi soumis à une réduction continue et irréversible. Le système
actuel devrait donc se diversifier progressivement: moins de charbon et de pétrole, plus de renouvelables, y
compris de biomasse (notamment le biogaz), de géothermie et de petite hydraulique. Il devrait se diversifier

56
également par les technologies et les modes d’organisation mis en place.
Peut-être moins intense en carbone. Les engagements pris par plus de 150 pays pour réduire leurs émissions de
gaz à effet de serre dans le cadre de l’accord de Paris apparaissent comme une bonne nouvelle pour la santé de la
planète mais il convient de relativiser cet événement. La somme des engagements, à supposer qu’ils soient tenus,
ne brise pas la tendance actuelle à l’augmentation des émissions et au réchauffement climatique. Ceci est d’autant
plus vrai que les ressources fossiles restent très abondantes. On peut donc penser que, malgré les transformations
évoquées plus haut, le système énergétique de 2050 sera encore très dévastateur et les hausses de températures très
inquiétantes. Ceci aurait sans doute pour effet d’accélérer la prise de conscience de la gravité du réchauffement
climatique mais il faudrait que cette prise de conscience soit relayée par l’action très volontariste des organisations
non gouvernementales, des entreprises et des citoyens du monde entier.
Les transformations du système énergétique selon les tendances que nous venons de décrire sont en cours; elles
sont par ailleurs inscrites dans l’Histoire. Elles s’opèrent toutefois d’une façon très différenciée: plus rapides en
Europe, plus lentes dans les autres territoires, y compris aux États-Unis. Les forces de résistance sont fortes, les
forces de changement insuffisantes. On peut penser que le bilan énergétique mondial de 2050 sera encore très
intense en carbone avec une part des énergies fossiles supérieure à 50%.

Doc 36- Perspectives énergies 2050 : la vision de Christian de Perthuis Professeur


d’économie à l’Université Paris-Dauphine Fondateur de la Chaire Économie du Climat -
Source : Connaissance des Energies, Perspectives énergies 2050, avril 2018.
Pour l’économiste du climat, 2050, c’est demain. Le climat que connaîtront les habitants de la planète dans un peu
moins de 35 ans sera largement déterminé par le stock des gaz à effet de serre que nous avons déjà rejetés dans
l’atmosphère. Si des inflexions majeures sont apportées d’ici 2050 en matière de transitions énergétiques, elles
affecteront peu le climat de 2050, mais modifieront drastiquement les conditions climatiques que connaîtront les
générations suivantes. Ce n’est plus l’image de 2050 qu’il nous faut dès lors représenter, mais disons celles de
2085 ou 2120 pour conserver un pas de temps de 35 ans.
J’ai tenté de fournir trois images du système énergétique en 2050, en combinant trois variables : la quantité
d’énergie consommée par un Terrien moyen, la part de cette énergie venant de chacune des sources fossiles et les
émissions totales de CO2 en résultant. Les résultats des calculs sont consignés dans le tableau en fin de texte,
affublés d’une étiquette de couleur similaire à celles qui attestent de l’efficacité énergétique de nos équipements.
Pour l’économiste du climat, ce sont les images de 2085 et 2120 associées à chacune de ces couleurs qui révèlent
les implications de nos choix d’aujourd’hui.
Dans le scénario bleu, le Terrien moyen consomme autant d’énergie en 2050 qu’en 2015. La réduction des
gaspillages dans les pays riches a fait baisser leurs consommations unitaires, mais l’accès à l’énergie dans les pays
moins avancés a progressé, en particulier grâce à la pénétration des réseaux décentralisés fournissant l’électricité.
La part des fossiles a été ramenée à 50% des sources primaires. La place du pétrole et du charbon a été
drastiquement réduite, au profit des renouvelables et du gaz d’origine fossile. Le secteur des transports terrestres
s’est affranchi de son addiction au pétrole. Les émissions mondiales de CO2 d’origine énergétique ont diminué de
près de 30%.
Le monde en bleu est celui où nous conduit le «politiquement correct» résultant de l’application de l’accord de
Paris, somme d’engagements volontaires sans contraintes ou incitations suffisantes. En 2085, la température
moyenne associée à l’étiquette bleue se situe dans le bas de la fourchette 2°C à 4°C. Le cumul des émissions de
CO2 entre 2015 et 2050 a provoqué un dépassement de l’ordre de 35% du « budget carbone» mondial, le seuil à
partir duquel un réchauffement supérieur à 2°C devient très probable1 . En 2085, la débâcle des glaces du
Groenland est bien avancée. La montée du niveau de la mer vient d’atteindre 0,75 mètre. Les migrations internes
se multiplient depuis les zones côtières les plus vulnérables. Manhattan achève sa digue de protection d’un mètre
cinquante pour sauvegarder ses actifs et sa population. À l’horizon 2120, son combat semble incertain, car rien ne
permet d’affirmer que les 4°C ne seront pas atteints.
L’étiquette rouge indique la catastrophe annoncée, celle que nous éviterons si nous nous persuadons qu’elle va se
produire pour paraphraser la fameuse thèse de Jean-Pierre Dupuy. Le scénario rouge s’inscrit dans la parfaite
continuité des évolutions tendancielles. Le Terrien moyen continue d’augmenter sa consommation d’énergie,
malgré la lenteur des progrès de l’accès à l’énergie des plus pauvres: 1,5 milliard de personnes restent privées
d’électricité en 2050. Le recul des sources carbonées est lent, du fait de la résistance du charbon et surtout de
l’envolée des usages du gaz d’origine fossile dont on a vanté le rôle d’énergie de transition, en oubliant qu’il
émettait aussi du CO2! Les émissions sont de fait clairement dans le rouge: elles ont augmenté d’un quart depuis
2015.
Dans le scénario rouge, le monde a épuisé son « budget carbone» en moins de vingt ans entre 2015 et 2050. En
2085, le réchauffement se situe déjà dans le haut de la fourchette 2°C à 4°C. Du fait de la fonte plus rapide
qu’initialement anticipé des glaces continentales, la hausse du niveau de la mer avoisine 1,5 mètre. Les grandes
57
zones de delta deviennent invivables, provoquant des conflits d’une grande violence, notamment en Asie du Sud.
Manhattan a renoncé à protéger la partie basse de la ville, déjà désertée dans une grande panique par ses courtiers
et ses banquiers d’affaires. L’image de 2120 est difficile à représenter. Les multiples désordres résultant du
dérèglement climatique font chuter l’activité et avec elle, les émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, les
projets de géo-ingénierie sortent des laboratoires de recherche pour être lancés sans coordination, ni contrôle
international. Comment anticiper, dans ce contexte, le nombre de décennies nécessaires pour endiguer le
réchauffement?
À l’opposé du rouge, l’étiquette verte, celle de l’accélération de la transition bas carbone. Le Terrien moyen ne
consomme guère plus d’une tonne d’équivalent pétrole en 2050. Cette économie de la sobriété a été rendue possible
par une redistribution majeure des ressources. Dans les pays riches, la consommation d’énergie a été divisée par
plus de deux. L’accès à l’énergie des plus démunis a été dopé par la baisse cumulative des coûts du stockage et de
la production d’électricité décarbonée, technologies dont les rythmes de diffusion ont rappelé ceux de la téléphonie
mobile au début du siècle. Les utilisations énergétiques du pétrole ne sont plus qu’un sous-produit de ses usages
chimiques qui n’ont pas tous trouvé de substituts. Le charbon et le gaz ont fait plus de résistance, avec des poches
de compétitivité subsistant en dépit de la tarification du carbone qui a été généralisée. Les émissions de CO2 ont
été divisées par quatre relativement à 2015.
L’étiquette verte nous dirige vers un monde qui doit s’organiser en 2085 pour faire face à un réchauffement
climatique de l’ordre de 2°C. Le cumul des émissions de 2015 à 2050 a en effet épuisé le budget carbone donnant
deux chances sur trois de rester en dessous de 2°C. La gestion des impacts de ce réchauffement est plus complexe
qu’attendu. Les réorganisations spatiales des activités se heurtent à de fortes résistances. Le coût des extrêmes
climatiques a considérablement gonflé. Si le bas Manhattan n’est pas directement menacé par la montée des eaux,
les bilans de ses compagnies d’assurance ont subi un véritable tsunami. Dans le monde «en vert» de 2085, on ne
sait toujours pas s’il sera possible d’éviter de franchir la barrière des 2°C d’ici 2120. Il faudrait pour cela passer à
des émissions nettes négatives. Or, la réduction des émissions résiduelles de CO2 est bien plus complexe et
coûteuse que ne l’étaient celles opérées avant… 2050. Malgré l’incroyable mutation du paysage énergétique, le
temps a aussi manqué dans le scénario vert pour mettre les Terriens à l’abri du risque climatique.
Bleu? Rouge? Vert? Les conditions climatiques que connaîtront les Terriens à la fin du siècle dépendront de la
vitesse des transitions énergétiques opérées d’ici 2050. Pour viser la bonne couleur, la transition bas carbone doit
court-circuiter les cycles d’exploitation de la ressource fossile, pour s’opérer au rythme imposé par l’horloge
climatique. Or, le temps n’est pas extensible. Un défi majeur de la transition bas carbone est le temps qui manque.

1. Il s’agit du cumul mondial des émissions anthropiques de CO² d’origines énergétique et industrielle que l’humanité peut émettre pour réduire
à 1/3 la probabilité de dépasser un réchauffement moyen de 2°C. Calculé dans le 5e rapport d’évaluation du GIEC, ce budget carbone global
est actualisé chaque année dans le cadre du Global Carbon Project. De la dernière version de ce projet, on peut retenir trois grandeurs simples
: le budget carbone mondial donnant deux chances sur trois de limiter le réchauffement à 2°C s’élève à 2900 gigatonnes de CO². Près de 2100
gigatonnes ont déjà été envoyées dans l’atmosphère jusqu’en 2015. En 2015, il reste donc 22 années pour épuiser ce budget, à niveau
d’émissions inchangé (les émissions totales de CO² prises en considération sont de l’ordre de 36 Mt, elles dépassent celles de notre tableau qui
ne comprend pas les émissions liées aux process industriels: ciment à titre principal).

58
Dossier 3

La libéralisation des échanges commerciaux

I. Lexique

II. Documents
A. Le GATT et l’OMC
B. Le retour du protectionnisme
C. Les accords commerciaux régionaux

III. Le débat : Libre échange ou protectionnisme ?

59
I. LEXIQUE (sources : Alternatives Economiques, ENS Lyon, Banque de France, La finance pour tous, Insee…)
Accord Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM) ex Accord de libre-échange nord-américain (Alena)
Conclu en 1992, cet accord étend au Mexique un accord antérieur de libre-échange qui liait le Canada et
les Etats-Unis. Entré en vigueur le 1er janvier 1994, l’ALENA définit une zone de libre-échange entre le Canada,
les États-Unis et le Mexique. En 2018, il a été modifié et renommé Accord Canada–États-Unis–Mexique
(ACEUM).
L'Alena (Nafta, selon les initiales anglaises) n'est pas comparable à l'Union européenne : il ne prévoit aucune
politique commune, ni tarif extérieur douanier commun, mais seulement une suppression des droits de douane et
des restrictions à l'importation entre les pays membres. Il est donc d'essence libérale, non d'essence fédérale.
APEC (Asia Pacific Economic Cooperation)
Forum de coopération économique créé en 1989 entre les Etats-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le
Japon, la Corée du Sud, le Canada, la Chine (et Hongkong), Taiwan, le Mexique, la Nouvelle-Guinée, le Chili et
les pays de l'AFTA (Indonésie, Thaïlande, Malaisie, Philippines, Singapour et Brunei).
ASEAN
Association of Southeast Asian Nations, accord de libre-échange créé en 1992 entre les pays membres de
l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, c'est-à-dire l'Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie, les Philippines,
Singapour et Brunei.
Clause de la nation la plus favorisée
Règle consistant à étendre à l'ensemble des partenaires commerciaux d'un pays un avantage particulier
(par exemple une baisse des droits de douane à l'entrée d'importations qui viennent de chez lui) nouvellement
accordé à un pays tiers.
Cette clause a pour objet de favoriser la concurrence (puisque tous les pays liés commercialement bénéficient
automatiquement des mêmes avantages, par exemple sur les droits de douane applicables aux importations qui
viennent de chez eux) et d'empêcher que, par une politique commerciale habile, un pays ne fasse pression sur un
autre (en menaçant, par exemple, de le traiter moins bien que les autres). Toutefois, cette clause ne concerne que
les pays ayant signé des accords en ce sens, comme c'était le cas pour les accords du Gatt ou, désormais, pour
l'OMC (voir ces termes). En outre, il existe des exceptions à cette clause (dans le cas de groupements régionaux
notamment : par exemple les pays de l'Union européenne, bien que membres de l'OMC, ne sont pas tenus de faire
bénéficier les autres pays de l'OMC de la suppression des droits de douane qu'ils ont décidée entre eux).
Clauses de sauvegarde
Désigne les clauses qui permettent à un pays de suspendre provisoirement tout ou partie de l'application
d'un Traité auquel il a adhéré. Par exemple, dans le domaine du commerce international, un pays qui pourrait
prouver que telle branche d'activité intérieure est gravement mise en péril par des importations qui augmentent de
façon excessive peut, pendant une période maximale de six mois, prendre des mesures protectionnistes limitées,
alors que le Traité qui fonde l'Organisation mondiale du commerce interdit par principe de telles mesures
permanentes ou non justifiées par des raisons sérieuses. Ces clauses ont pour but de permettre une transition plus
douce, non d'éliminer la règle qui provoque le trouble manifeste. Par nature, les clauses de sauvegarde sont donc
limitées dans le temps.
Clause sociale
Désigne les éventuelles restrictions légales à l'importation en provenance de pays qui ne respecteraient
pas un certain nombre de conditions sociales en matière de production (limitation ou interdiction du travail des
enfants, liber- té syndicale, interdiction du travail carcéral, égalité des salaires entre hommes et femmes pour des
tâches similaires...). Pour l'instant, la mise en place d'une éventuelle clause sociale n'est qu'une proposition, non
encore suivie d'effet. Elle ne pourra le devenir que si l'Assemblée générale de l'Organisation mondiale du
commerce (OMC) l'adopte à l'unanimité, ce qui est loin d'être acquis.
Commerce équitable
Commerce dans lequel les prix fixés ne le sont pas en fonction de la situation du marché, mais de façon à
assurer aux producteurs une rémunération jugée décente.
Contingentement
Désigne habituellement une limitation quantitative des importations. Il peut arriver que le terme désigne
également une situation de pénurie de produits de base, dans laquelle les producteurs se voient attribuer un
contingent déterminé de matières premières ou d'énergie (la réduction des quantités de produits de consommation
s'appelant généralement rationnement). Cela a été le cas durant la guerre de 1939-1945 et, aux Pays-Bas, pour une
période de quelques mois, lorsque les importations de pétrole du Moyen-Orient se sont brutalement taries à
l'automne 1973.
Le contingentement douanier est formellement interdit par les traités commerciaux internationaux. Aussi, lorsqu'il
existe, il prend la forme d'un accord entre le contingenteur et le contingenté, le second étant évidemment conduit à
souscrire cet accord par crainte de représailles ou de conséquences négatives

60
Dépendance
Au sens économique du terme, désigne une relation asymétrique (généralement accompagnée de
domination) entre deux pays ou entre deux firmes. La théorie de la dépendance, développée notamment par des
économistes sud- américains, met l'accent sur ces phénomènes de dépendance pour expliquer que les gains de
productivité réalisés dans un pays dépendant sont en quelque sorte confisqués dans l'échange par le ou les pays
dominants, ce qui empêche le pays dépendant d'amorcer un développement, puisque, au fur et à mesure qu'il
améliore ses performances économiques, les résultats bénéficient aux autres, et pas à lui-même.
Développement durable
Désigne un type de développement compatible avec les exigences sociales, écologiques et
environnementales et qui, par conséquent, ne fait pas peser sur les hommes ou la nature un poids incompatible
avec la poursuite de ce type de développement à long terme.
Notre développement actuel est tout, sauf durable (on utilise aussi le terme supportable, traduction littérale de
l'anglais sustainable development), puisqu'il repose sur l'exploitation d'un stock de ressources non renouvelables
(pétrole, matières premières) et qu'il engendre des flux de déchets ou de rejets que l'environnement ne parvient pas
à absorber (nitrates dans les nappes phréatiques, accumulation de métaux lourds dans les sols, déchets radioactifs
à très longue période de vie, destruction de la couche d'ozone, etc.).
Droit de douane
Prélèvement fiscal opéré à l'entrée d'une marchandise sur le territoire national, dès lors que cette
marchandise n'est pas seulement en transit. Les droits de douane peuvent être ad valorem (calculés sur le montant
du prix déclaré et exprimés en pourcentage de ce prix) ou fixés en fonction du prix intérieur des marchandises
comparables, de manière à ramener le prix du produit importé à un niveau supérieur au prix du produit national.
Cette deuxième technique est évidemment interdite par les règles internationales, mais elle a été longtemps utilisée
par l'Union européenne dans le domaine agricole (système des prélèvements) et par les Etats-Unis pour les produits
chimiques (American Selling Prices). Les règles internationales de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)
interdisent également des augmentations de droits de douane, sauf si elles sont limitées dans le temps (six mois
maximum) et justifiées par un risque de désorganisation économique intérieure.
Dumping
Situation de concurrence dans laquelle un producteur vend volontairement à perte afin d'éliminer ses
concurrents.
Le dumping est évidemment interdit par les règles internationales. Il demeure cependant très difficile à démontrer,
puisqu'il implique une enquête approfondie sur les prix de revient des producteurs soupçonnés. De plus en plus on
parle de " dumping social " pour désigner une situation de concurrence dans laquelle le non-respect de règles
sociales permet à certains de vendre moins cher. En fait, le dumping social n'est pas exactement un dumping,
puisque les règles sociales internationales sont à peu près inexistantes : un pays qui, par exemple, ignore la Sécurité
sociale pour ses salariés n'est pas pour autant dans l'illégalité internationale.
GATT
Le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT, en français : accord général sur les tarifs douaniers
et le commerce, AGETAC) est un accord de libre-échange signé le 30 octobre 1947 par 23 pays, pour relancer le
commerce international et la croissance économique après la seconde guerre mondiale.
En huit cycles de négociation de 1947 à 1994 cet accord multilatéral (voir clause de la nation la plus favorisée)
s’est étendu de 23 à 120 pays et a fait considérablement régresser les droits de douanes sur les produits
manufacturés. Il a été remplacé par l’OMC en 1995.
Intégration économique
Selon la typologie élaborée par Béla Balassa, on retient, en ordre croissant, cinq degrés d'intégration
économique territoriale :
1. la zone de libre-échange
Les marchandises circulent librement, les barrières tarifaires ou non-tarifaires sont supprimées mais les pays
membres conservent leur propre système douanier vis-à-vis des pays tiers.
2. l'union douanière
C'est une zone de libre-échange accompagné de l'établissement d'un tarif douanier commun ou tarif extérieur
commun à l'égard des pays tiers.
3. le marché commun
C'est une union douanière compléter par une libre circulation des services, des capitaux et des personnes.
4. l'union économique
C'est un marché commun doublé d'une harmonisation des politiques économiques débouchant sur l'union
monétaire, voire la monnaie unique.
Quelques exemples d’intégration économique : AELE et ALENA sont des zones de libre-échange ; l'Union
douanière d'Afrique australe (Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Namibie et Swaziland) ; le marché commun
centraméricain (Guatemala, Honduras, Salvador, Nicaragua et Costa Rica) ; Union économique : Union

61
Européenne depuis le traité de Maastricht 1992, Union monétaire : Union Européenne depuis l’entrée en vigueur
de la zone Euro (UEM 1999).
On parle d’union politique quand il y a unification des politiques et transfert de souveraineté à un organisme
supranational. L’UEM a accompli quelques étapes dans cette direction avec des institutions telles que le Conseil
européen, la Commission européenne, le Parlement européen, le projet de constitution européenne.
Mercosur
Le Marché commun du Sud, couramment abrégé Mercosur (de l'espagnol Mercado Común del Sur) ou
Mercosul (du portugais Mercado Comum do Sul), est une communauté économique qui regroupe plusieurs pays
de l'Amérique du Sud. Il est composé de l'Argentine, du Brésil, du Paraguay, de l'Uruguay et du Venezuela
(suspendu depuis décembre 2016). On trouve également des pays associés tels que le Chili, la Colombie, le Pérou
ou l’Équateur.
Le Mercosur représente plus de 80 % du PIB total de l'Amérique du Sud et d'autre part, se constitue comme la
zone économique et la plateforme industrielle la plus dynamique et compétitive de tout l’hémisphère sud. Il est
considéré comme le 4e bloc économique du monde en termes de volume d'échange.
OMC (Organisation Mondiale du Commerce)
Organisation internationale qui a succédé au Gatt en 1995 et à laquelle adhèrent actuellement (août 2022)
164 pays, qui représentent 98 % du commerce mondial. L’OMC est la seule organisation internationale
intergouvernementale qui s'occupe des règles régissant le commerce entre les pays. Sa principale fonction est de
favoriser autant que possible la bonne marche, la prévisibilité et la liberté des échanges.
L'OMC, comme le Gatt, élabore ses règles par consensus, sur la base de concessions mutuelles, avec, cependant,
un caractère irréversible : une concession commerciale (par exemple une baisse de droits de douane), une fois
accordée, ne peut être remise en cause, sauf durant une période limitée (six mois) et dans des cas exceptionnels
(désorganisation du marché intérieur par exemple). La grande différence entre l'ancien Gatt et l'actuelle OMC tient
au fait que cette dernière dispose d'un système de règlement des différends (des conflits) et de détermination des
sanctions, alors que, au sein du Gatt, chaque pays se faisait justice lui-même.
Partenariat économique régional global
Ce partenariat (en anglais : Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP)) est un accord de
libre-échange entre quinze pays autour de l'océan Pacifique. C'est l'accord commercial le plus important du monde.
Il est entré en vigueur le 1er janvier 2022. L'accord vise à réduire les droits de douane et les formalités
administratives. L'accord permet d’éliminer les barrières sur 91 % des biens
Les quinze nations de l'Asie-Pacifique membres de l'accord sont les dix pays membres de l'ASEAN, à savoir : la
Birmanie, Brunei, le Cambodge, l'Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le
Vietnam, ainsi que cinq autres pays qui possèdent déjà un accord de libre-échange bilatéral avec l'ASEAN, à
savoir: l'Australie, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande.
Politique industrielle
Se dit des interventions publiques ayant pour objet (ou pour conséquence) d'encourager certaines
branches d'activité (par exemple au moyen d'une fiscalité adaptée, comme c'est le cas en France pour le textile) ou
d'inciter à la constitution de groupes, de fusions ou de mariages d'entreprises, etc. La politique industrielle peut
prendre la forme extrême des nationalisations (transfert à l'Etat de la propriété de certaines entreprises), mais elle
est généralement plu- tôt incitative.
Union européenne
Le traité de Maastricht est signé le 7 février 1992 et entre en vigueur le 1er novembre 1993. L'Union
européenne prend la suite du marché commun et de la Communauté économique européenne (CEE), devenue
Communauté européenne (CE). Elle est composée de 27 membres depuis la sortie du Royaume Uni de l’UE le 31
janvier 2020.

62
II. Documents

A. Le GATT et l’OMC

Doc 1- Evolution des taux de droits de douanes des pays membres du GATT
Source: B. Martin, OMC.

Doc 2- Droits de douanes moyens pratiqués en 2016 - Source: Statista d’après données de la Banque
mondiale.

63
Doc 3- Les rounds de négociation du GATT et de l’OMC – Source : OMC.
Pays
Année Lieu/ Appellation Domaines couverts
participants
1947 Genève Droits de douane 23

1949 Annecy Droits de douane 13

1951 Torquay Droits de douane 38

1956 Genève Droits de douane 26

1960-1961 Genève (Dillon Round) Droits de douane 26

1964-1967 Genève (Kennedy Round) Droits de douane et mesures antidumping 62

Droits de douane, mesures non tarifaires et


1973-1979 Genève (Tokyo Round) 102
“accord-cadres"
Droits de douane, mesures non tarifaires, règles,
services, propriété intellectuelle, règlement des
1986-1994 Genève (Uruguay Round) 123
différends, textiles, agriculture, établissement de
l'OMC, etc.

Notamment : agriculture, services, propriété


2001-2013 Doha ≈ 150
intellectuelle

Doc 4- Eléments fondamentaux sur l’OMC – Source : d’après OMC, 2022.


L’objectif primordial du système est de contribuer à favoriser autant que possible la liberté des échanges. L'OMC
a de nombreux rôles : elle administre un système mondial de règles commerciales, elle sert de cadre pour la
négociation d'accords commerciaux, elle règle les différends commerciaux entre ses Membres et elle répond aux
besoins des PED.
Les Accords de l'OMC sont longs et complexes parce que ce sont des textes juridiques qui portent sur un large
éventail d'activités. Mais ils s'articulent tous autour de certains principes fondamentaux simples qui constituent les
fondements du système commercial multilatéral.
Ouverture du commerce
L'abaissement des obstacles au commerce est une manière évidente d'encourager les échanges ; ces obstacles
comprennent les droits de douane (ou tarifs) et les mesures telles que les interdictions à l'importation ou les
contingents, qui limitent les quantités de façon sélective.
Non-discrimination
Un pays ne doit pas faire de discrimination entre ses partenaires commerciaux ; il ne doit pas non plus faire de
discrimination entre ses propres produits, services et ressortissants et ceux des autres pays.
➔ Clause de la nation la plus favorisée (NPF) : égalité de traitement pour les autres.
Aux termes des Accords de l’OMC, les pays ne peuvent pas, en principe, établir de discrimination entre leurs
partenaires commerciaux. Si vous accordez à quelqu’un une faveur spéciale (en abaissant, par exemple, le droit de
douane perçu sur un de ses produits), vous devez le faire pour tous les autres membres de l’OMC. Quelques
exceptions sont autorisées. Par exemple, des pays peuvent conclure un accord de libre-échange qui s’applique
uniquement aux marchandises échangées à l'intérieur du groupe — ce qui établit une discrimination contre les
marchandises provenant de l'extérieur. Ou bien ils peuvent accorder un accès spécial à leurs marchés aux pays en
développement. De même, un pays peut élever des obstacles à l’encontre de produits provenant de tel ou tel pays,
qui font l’objet, à son avis, d’un commerce inéquitable.
➔ Traitement national : égalité de traitement pour les étrangers et les nationaux.
Les produits importés et les produits de fabrication locale doivent être traités de manière égale, du moins une fois
que le pro- duit importé a été admis sur le marché. Il doit en aller de même pour les services, les marques de
commerce, les droits d’auteur et les brevets étrangers et nationaux.
Prévisibilité et transparence
Les entreprises, les investisseurs et les gouvernements étrangers devraient avoir l'assurance que des obstacles au
commerce ne seront pas érigés de façon arbitraire. La stabilité et la prévisibilité encouragent l'investissement et la
création d'emplois et permettent aux consommateurs de profiter pleinement des avantages de la concurrence -
comme un plus large choix et des prix plus bas.
64
Concurrence loyale
En décourageant les pratiques "déloyales" telles que les subventions à l'exportation et la vente de produits à des
prix de dumping, c'est-à-dire à des prix inférieurs à la valeur normale pour gagner des parts de marché; les
questions sont complexes, et les règles tentent d'établir ce qui est loyal et déloyal et d'indiquer comment les
gouvernements peuvent réagir, notamment en imposant des droits d'importation additionnels calculés de manière
à compenser le dommage causé par le commerce déloyal.
Soutien aux pays moins avancés
Plus des trois quarts des Membres de l'OMC sont des économies en développement ou sont en transition vers une
économie de marché. Les Accords de l'OMC leur accordent des périodes de transition pour leur permettre de
s'adapter aux dispositions de l'OMC et, dans le cas de l'Accord sur la facilitation des échanges, pour leur accorder
un soutien pratique en vue de la mise en œuvre de l'Accord.
Protection de l'environnement
Les Accords de l'OMC permettent de prendre des mesures pour protéger non seulement la santé des personnes et
des animaux et pour préserver les végétaux, mais aussi l'environnement. Toutefois, ces mesures doivent être
appliquées de la même manière aux entreprises nationales et aux entreprises étrangères : les Membres ne doivent
pas utiliser les mesures de protection de l'environnement comme un moyen de dresser des obstacles
discriminatoires au commerce.
Règlement des différends
La procédure de règlement des litiges commerciaux prévue dans le cadre du Mémorandum d’accord sur le
règlement des différends de l’OMC est indispensable pour faire respecter les règles et donc pour assurer le
déroulement harmonieux des échanges. Les pays soumettent leurs différends à l’OMC lorsqu’ils estiment qu’il est
porté atteinte aux droits que leur confèrent les Accords. Les décisions rendues par des experts indépendants
nommés spécialement sont fondées sur l’interprétation des Accords et des engagements pris par les différents pays.

Doc 5- L’accord de Bali - Source: franceinfo avec AFP 7 décembre 2013


Un échec aurait signé la fin de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais ses 160 membres ont conclu,
samedi 7 décembre, à Bali (Indonésie), après bien des retournements, un accord "historique". C'est le premier
signé depuis la création de l'organisation en 1995. "Pour la première fois de son histoire, l'OMC a vraiment tenu
ses promesses", a d'ailleurs admis son directeur général, le Brésilien Roberto Azevedo, estimant avoir sauvé
l'OMC. "Nous avons remis le mot 'mondial' dans l'Organisation mondiale du commerce", a-t-il ajouté. Le directeur
estime que l'accord de Bali est un "pas important" vers la réalisation du vaste programme de libéralisation des
échanges commerciaux, lancé en 2001 dans la capitale du Qatar, Doha.
Sur quoi porte cet accord ?
Ensemble de mesures a minima surnommé "Doha light", il concerne trois volets : l'agriculture (avec un engagement
à réduire les subventions à l'export), l'aide au développement (qui prévoit une exemption accrue des droits de
douane aux produits provenant des pays les moins avancés) et la "facilitation des échanges", qui ambitionne de
réduire la bureaucratie aux frontières.
L'Institut Peterson d'économie internationale, à Washington (Etats-Unis), chiffre l'impact de l'accord de Bali sur
l'activité économique globale à 960 milliards de dollars, ce qui permettrait selon lui la création de 21 millions
d'emplois, dont 18 millions dans les pays en développement. Mais l'association Attac, qui réclame la suppression
de l'OMC juge ces estimations "totalement fantaisiste", sur son blog sur le site Mediapart. (…)
Pourquoi l'OMC était-elle menacée ?
Au sein de l'organisation, tous les pays, même les plus petits, ont le même poids, les accords doivent être signés à
l'unanimité. Pendant longtemps, "cela ne gênait pas les grandes puissances comme l'Europe ou les USA, parce
que les petits pays acceptaient peu ou prou de signer les accords", explique notre professeur d'économie, sur le
blog Classe Eco. Mais depuis Doha, ces petits pays se sont organisés, et n'acceptent plus n'importe quoi. D'où de
nombreux blocages et l'absence d'accord depuis 1995.
Par conséquent, les grands pays se sont détournés de l'OMC, pour signer des accords de libre-échange bilatéraux,
au cas par cas. C'est le cas de l'accord de libre-échange transatlantique, discuté entre l'Union européenne et les
Etats-Unis depuis des mois, mais toujours pas abouti.
Cet accord est-il important ?
Symboliquement oui. Cette conclusion représente une victoire personnelle pour le nouveau directeur général de
l'OMC. Le Brésilien a pris les rênes de l'Organisation en septembre avec l'ambition de réussir là où son
prédécesseur, le Français Pascal Lamy avait échoué : faire avancer, même peu, le cycle de Doha. Avant Bali,
aucune réunion ministérielle n'avait abouti à une entente globale.
Concrètement, pas tant que ça. Le "paquet de Bali" porte sur tout juste 10% du premier projet évoqué à Doha.
"C'est un accord bienvenu mais limité. Nous sommes passés de 'Doha', à 'Doha Light', à 'Doha Light décaféiné'",
ironise Simon Evenett, expert de l'OMC à l'Université de St. Gallen, en Suisse. "Aucun progrès sérieux n'a été
réalisé sur les subventions agricoles à l'exportation, le commerce électronique ou les subventions concernant les
exportateurs de coton", souligne-t-il.
65
Doc 6- L’organe de règlement des différends de l’OMC - Source: https://www.wto.org/french/
tratop_f/dispu_f/dispu_f.htm
Le règlement des différends commerciaux est l'une des activités principales de l'OMC. Un différend naît lorsqu'un
gouvernement membre estime qu'un autre gouvernement membre viole un accord de l'OMC ou un engagement
contracté dans le cadre de l'OMC. L'OMC est dotée de l'un des mécanismes internationaux de règlement des
différends les plus actifs au monde. Depuis 1995, plus de 500 différends ont été soumis à l'OMC et plus de 350
décisions ont été rendues.

Doc 7- Nombre de plaintes déposées auprès de l’Office


de règlement des différends de l’OMC
Source: Rapport annuel 2020, OMC.

By the end of 2019, a total of 593 disputes had been initiated under the
WTO dispute settlement procedures since the entry into force of the WTO
agreements in 1995.

Doc 8 : Combien de temps faut-il pour régler un diffé-


Rend ? – Source: https://www.wto.org/french/tratop_f/dispu_f/ dispu_f.htm

60 jours Consultations, médiation, etc.


45 jours Établissement du groupe spécial et
désignation des membres du groupe

6 mois Présentation du rapport final du groupe


spécial aux parties
3 semaines Présentation du rapport final du groupe
spécial aux membres de l’OMC
60 jours Adoption du rapport par l’Organe de
règlement des différends (s’il n’y a
pas d’appel)
Total = 1 (sans appel)
an
60-90 jours Présentation du rapport d’appel

30 jours Adoption du rapport d’appel par l’Organe


de règlement des différends
Total = 1 (avec appel)
an et 3
mois

66
B. Le retour du protectionnisme

Doc 9- Les différents types de barrières aux échanges


Source: d’après classification CNUCED, 2005

Doc 10- Le nouveau visage du protectionnisme - Source: Jean-Marc Vittori, Extrait de « Le nouveau
visage du protectionnisme », Les Echos, 12/12/2017.
Des droits de douane faibles sont-ils la preuve d'une porte ouverte ? Simon Evenett et Johannes Fritz en doutent
dans le dernier rapport de Global Trade Alert , un observatoire du commerce international. A en croire ces deux
chercheurs de l'université suisse de Saint-Gall, « depuis bien trop longtemps, le G20 a maintenu une fiction
diplomatique, celle d'un domptage du protectionnisme en temps de crise. Mais ce n'est qu'une fiction - les
gouvernements ont juste tordu les règles commerciales d'une autre manière que dans les années 1930. Ceux qui
sont obnubilés par la nécessité d'éviter un nouveau Hawley-Smoot ne réussissent pas à voir, ou à agir contre, le
recours généralisé à d'autres distorsions ».
Les nouvelles barrières passent souvent par l'argent, ou plutôt par sa raréfaction. « Le protectionnisme financier
est le plus grand danger pesant sur le commerce mondial », estime Ludovic Subran , chef économiste de l'assureur-
crédit Euler Hermes. A l'échelle mondiale, le crédit bancaire transfrontalier progresse à peine alors qu'il bondissait
de 15 % l'an avant la crise de 2008. Or les prêts constituent un puissant levier de croissance des échanges. Quand
ils se tarissent, le coup de frein à l'export est brutal. Comme on l'a vu à l'automne 2008 et lors de la Grande
Dépression.
Dans le recensement minutieux d'Evenett et Fritz, les trois quarts des exportations du G20 sont frappées d'une
manière ou d'une autre par des restrictions, dix fois plus que dans les évaluations de l'OMC. Les droits de douane
ne figurent qu'au cinquième rang, derrière les incitations fiscales à l'exportation et les financements privilégiés
accordés aux entreprises qui vendent à l'étranger.
Trois grillages semblent promis à un bel avenir pour tempérer les ardeurs des importateurs. Le premier est
l'exigence de contenu local. Je signe un gros contrat si vous construisez une usine chez moi pour l'honorer ! Airbus
a ainsi ouvert sa première usine en Chine il y a une décennie, et Boeing a fini par se résigner à faire de même. Les
exigences de contenu local sont fréquentes pour l'achat de trains. Les rodomontades de Donald Trump ont poussé
les firmes européennes et chinoises à multiplier les projets de nouveaux sites industriels dans l'Amérique profonde.
Sa réforme fiscale comprend des dispositions qui pourraient avoir le même effet. Le Buy American Act, signé en
1933 par Hoover pour imposer l'achat de produits américains aux administrations, connaît un regain d'intérêt. Il
vient d'être étendu aux cantines scolaires. Et un Buy European Act figurait dans le programme électoral
d'Emmanuel Macron.
Le second grillage est la protection du capital des entreprises nationales. La Chine fait preuve en la matière d'un
grand naturel. Les rachats réussis de firmes chinoises par des firmes étrangères, comme l'opération de SEB sur le
fabricant d'autocuiseurs pour riz Supor, sont très rares. L'Amérique a créé il y a quarante ans un organisme défensif,
67
le CFIUS (Comité pour l'investissement étranger aux Etats-Unis), qui instruit les dossiers. Donald Trump a ainsi
bloqué le rachat d'un fabricant de puces, Lattice Semiconductor, par un groupe chinois. En Europe, l'idée d'une
protection avait été plombée en 2005 par la volonté française de contrer le rachat de Danone par Pepsi-Cola… au
nom de la sécurité nationale. Mais les Allemands s'y intéressent depuis qu'une de leurs pépites de la robotique,
Kuka, a été achetée par le chinois Midea en 2016. La Commission planche sur le dossier.
Le troisième grillage, lui, est une spécialité américaine : il s'agit de la condamnation d'entreprises étrangères pour
ne pas avoir respecté des règles nationales, fût-ce à l'autre bout du monde. Cette « extraterritorialité » est à la fois
une rançon prélevée sur des entreprises concurrentes des firmes du pays et une forme d'intimidation. Les firmes
françaises avancent ainsi très prudemment en Iran, car leurs banquiers hésitent à les suivre après la lourde amende
payée par BNP Paribas pour avoir travaillé avec le pays quand il était sous embargo américain.
Le protectionnisme a un nouveau visage. Un visage masqué, qui sera sans doute plus difficile à faire effacer que
de simples droits de douane.

Doc 11- Mesures protectionnistes américaines mise en place en 2018 - Source: ECB Economic
Bulletin, Issue 3/2019.

Doc 12- Produits chinois taxés par les Etats-Unis par catégorie en 2018 - Source: Chad Bown,
Euijin Jung, Zhiyao (Lucy) Lu, “Trump, China, and tariffs: From soybeans to semiconductors” Vox Co- lumn, 19
June 2018

68
Doc 13- Commerce en valeur, sanctions et représailles récentes – Flux bilatéraux les plus
touchés - Source: Cecilia Bellora et Lionel Fontagné, Lettre du Cepii n°398, avril 2019.

Doc 14- Le déficit commercial des Etats-Unis - Source: Douanes américaines in Quels premiers
impacts des mesures protectionnistes sur la balance commerciale américaine ? BSI Economics.

Doc 15- Quels premiers impacts des mesures protectionnistes sur la balance commerciale
américaine ? - Source: Pauline WIBAUX ,BSI-Economics.org .
Pour espérer une amélioration de la balance commerciale, il aurait fallu que cette hausse des prix soit suivie d'une
baisse des quantités importées, ce qui ne semble pas avoir été le cas. Ceci tient notamment au fait que l'économie
mondiale s'organise aujourd'hui autour d'une division internationale du travail. Un pays ne pro- duit pas un bien
de A à Z, il importe différentes pièces détachées nécessaires à la production de ce bien, de la même façon qu'il
produit lui-même des biens intermédiaires qu'il exportera ensuite : ce sont les chaînes de valeur internationales.
Enfin, même si ces mesures avaient pu diminuer les importations américaines, c'était sans compter sur les mesures
de rétorsion des économies partenaires. En effet, la moitié des exportations chinoises vers les Etats-Unis sont
touchées par ces droits de douane supplémentaires, ce qui explique la réponse protectionniste chinoise. Ainsi, dès
la fin de juillet 2018, la Chine, le Canada, l'Union Européenne, le Mexique, la Turquie et l'Inde ont augmenté leurs
droits de douane sur les produits agricoles en provenance des Etats-Unis, en réponse aux taxes sur l'aluminium et
l'acier. Au total, ce sont près de 27 mil- liards USD d'exportations américaines de produits agricoles qui sont
désormais taxées en représailles, ce qui n'aidera pas le solde commercial américain à se redresser.
69
Doc 16- Evolution du commerce extérieur de biens et services des Etats-Unis (en milliards
de $) - Source : Les Echos du 8/02/22 d’après US Census Bureau.
Dans une économie traditionnellement
moins ouverte que celle de nombreux
partenaires, le déficit commercial
record tempère les accents
protectionnistes de l'administration
Biden, du « Made in USA » au « Buy
American ». Les chiffres de 2021
actent aussi l'échec relatif de l'accord
de rééquilibrage des échanges entre
Washington et Pékin, signé il y a deux
ans et qui avait pour horizon la fin
2021.

De janvier 2020 à novembre 2021, la


Chine n'a rempli qu'environ 60 % de
ses engagements à acheter davantage
de produits américains, selon les
calculs du Peterson Institute . Pékin a
toutefois mieux rempli son
engagement d'achats (à hauteur
d'environ 80 %) en matière de
produits agricoles, avec une
accélération l'an dernier.

Malgré le changement de président, la


pandémie et les plans de relance
américains, ni Pékin ni Washington
n'ont voulu rediscuter les termes de
l'accord. Joe Biden a maintenu les
droits de douane appliqués aux
Doc 17- Evolution du solde du commerce extérieur de produits chinois par l'administration
biens et services des Etats-Unis (en milliards de $) Trump en 2018 et 2019 , ouvrant
Source: Les Echos du 8/02/22 d’après US Census Bureau. seulement la porte à des exemptions
ponctuelles. La Chine n'a toutefois pas
été le seul moteur des importations
américaines l'an dernier. Les achats de
biens en provenance de Chine ont
ainsi crû de 16,4 %, contre une hausse
globale de 21,3 %.

70
C. Accords commerciaux régionaux (ACR)

Doc 18- Les différents types d’accords commerciaux régionaux : la nomenclature de Béla
Balassa- Source: The theory of economic integration , B. Balassa, 1961.

Zone de libre-échange Elimination des droits de douanes et des limites


quantitatives aux échanges
Union douanière Zone de libre-échange avec un tarif extérieur commun Intégration
croissante
Maché commun Union douanière avec mise en œuvre des 4 libertés de
circulation: marchandises, services, travail, capital

Union économique Marché commun avec mise en place de politiques


harmonisées ou communes

Doc 19- Nombre d’accords commerciaux régionaux (Regional trade agreements RTA) en
vigueur de 1948 à 2020 - Source: Secrétariat OMC, 19/08/2020.

Doc 20- La régionalisation du commerce international


Source: Michael Freudenberg, Guil- laume Gaulier, Deniz Ünal-Kesenci, Centre d’études prospectives et
d’informations internationales, do- cument de travail 05/08/1998

La plupart des pays du monde sont engagés, ou projettent de le faire, dans des accords commerciaux régionaux.
Cet engouement relance le débat parmi les économistes et les politiques quant au bien-fondé de tels choix. La
régionalisation des échanges internationaux ne se limite pourtant pas à des accords commerciaux. Il s’agit avant
tout d’un phénomène structurel lié à un ensemble de facteurs de proximité : la distance géo- graphique, donc les
coûts de transports ; mais aussi les liens culturels, historiques et linguistiques ; la similarité des systèmes politiques,
des niveaux de vie, ou encore, des politiques commerciales. Les accords d’intégration régionaux qui réussissent,
sont ceux qui viennent compléter une intégration déjà bien avancée grâce à cette proximité, ils ne peuvent que
rarement s’y substituer.

71
Doc 21- Les accords commerciaux régionaux font-ils concurrence à l’OMC ? - Source : Les
relations internationales, 15/04/2020, Manon-Nour Tannous - Xavier Pacreau, La Documentation française.
Les ACR constituent des exceptions au système que souhaite construire l’OMC, fondé sur la liberté commerciale
et sur la non-discrimination entre les partenaires. En effet, si l’article XXIV du GATT dispose que l’accord
n’empêche pas la constitution d’unions douanières ou de zones de libre-échange, celles-ci dérogent à la clause de
la nation la plus favorisée. Elles apparaissent ainsi comme un système concurrent visant à contourner les contraintes
de l’OMC.
Les partisans de cette thèse avancent que le blocage du cycle de Doha de 2001 a été concomitant avec la
multiplication de négociations d’ACR. Issus de négociations plus restreintes, ces accords sont en effet supposés
assurer la protection des pays les plus vulnérables, noyés dans le cadre de l’OMC. De fait, l’OMC dénombrait 20
accords commerciaux régionaux en 1980 et 291 en 2019. Le commerce mondial serait aujourd’hui pour moitié un
commerce régional (et de plus en plus entre pays de zones géographiques distinctes). Le nombre de ces accords
complexifie la lisibilité de la scène commerciale internationale, par la superposition de normes parfois
contradictoires. Afin d’analyser leurs implications sur le système commercial multilatéral, l’OMC a mis en place
un Comité des accords commerciaux régionaux (CACR).
À l’inverse, certains auteurs considèrent qu’en imposant des règles plus rigoureuses que l’OMC, le régionalisme
peut apparaître comme un facteur d’intégration dans l’espace mondial, voire constituer un laboratoire
d’expérimentation. C’est ainsi le cas de l’Union européenne, construite selon les principes du libéralisme et de
l’absence de discrimination.

Doc 22- Les accords commerciaux régionaux et le commerce intra zone en pourcentage du
commerce total de la région en 2017 - Source : OMC, Examen statistique du commerce mondial, 2019

Communauté andine

Union économique et monétaire


ouest africaine
Communauté de développement
d’Afrique australe
Communauté économique des
Etats de l’Afrique de l’ouest
Marché commun de l’Afrique
orientale et australe
Communauté économique et
monétaire de l’Afrique centrale

Doc 23- Part des 3 principaux accords commerciaux régionaux dans le commerce
mondial - Source: Alternatives économiques 25/03/2019.
NB : la région « Usine Asie » est composée des
pays de l’Association des nations de l’Asie du
Sud-Est (Indonésie, Malaisie, Singapour,
Philippines, Thaïlande, Brunei, Viêt Nam, Laos,
Myanmar et Cambodge) et de six autres grands
pays d’Asie et d’Océanie (Chine, Corée du Sud,
Japon, Inde, Australie et Nouvelle-Zélande).

72
Doc 24- Carnet de bal des accords commerciaux régionaux - Source: La Lettre du CEPII, N° 387
– Avril 2018, L. Fontagné, G. Santoni.
Au cours des années 1990, le nombre d’accords régionaux actifs a quadruplé. Plusieurs raisons à cela :
1) les difficultés à avancer dans le cadre multilatéral compte tenu du nombre de pays prenant part aux négociations
;
2) l’abaissement généralisé des barrières douanières classiques amenant à faire porter les accords sur des mesures
non tarifaires, de nature réglementaire ;
3) le développement des chaînes de valeur transfrontières intensifiant les relations commerciales entre les pays et
les incitant à négocier des accords ;
4) la modification de la géographie économique mondiale impliquant de négocier de nouveaux accords, sans
nécessairement dénoncer les anciens. ...
Nos résultats concernant les déterminants de la probabilité de signer un accord pour une paire de pays rejoignent
les théories usuelles du commerce international. Plus les pays sont grands, plus ils gagnent à signer des accords
commerciaux, et ce en raison des économies d’échelle et des gains de variété (gains à disposer d’un plus grand
choix de produits) à réaliser. Ces gains sont d’autant plus forts que les pays signent des accords avec des partenaires
de taille économique similaire. Les pays proches géographiquement sont des partenaires naturels, et ceci d’autant
plus que leurs autres partenaires commerciaux sont distants (l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont des partenaires
naturels, par exemple). La possibilité pour les deux pays de se spécialiser (selon leur avantage comparatif) les rend
plus complémentaires, les incitant à signer un accord. Enfin, l’intensité du fractionnement des chaînes de valeur
joue bien le rôle attendu : plus les pays ont des chaînes de valeur imbriquées, plus leurs échanges en valeur ajoutée
sont importants, et plus ils gagnent à signer un accord commercial.

Doc 25- Les accords commerciaux régionaux signés par l’Union européenne - Source : Vincent
Lequeux et Adrien Palluet, Les accords européens de libre-échange en 3 minutes, https://www.touteleurope.eu, 2022.

Prévue dès le traité de Rome de 1957, la politique commerciale européenne a pris de l’ampleur à la fin des années
2000. D’un côté, la mondialisation a conduit les entreprises européennes à investir et échanger de plus en plus
avec les autres pays. De l’autre, la paralysie de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au cours de la
première décennie du siècle puis, plus récemment, le virage protectionniste des Etats-Unis sous la présidence de
Donald Trump de 2017 à 2021, ont amené l’Union européenne à multiplier les accords commerciaux.
Des accords, pour quoi faire ?
Un accord de libre-échange, c’est quoi ? Au sens large, il s’agit d’un traité international entre l’UE d’une part et
un État ou une autre organisation internationale d’autre part, qui réduit les obstacles commerciaux entre les deux
parties.
L’objectif est simple : augmenter les débouchés des entreprises en leur ouvrant d’autres marchés et ainsi donner
un coup de pouce à la croissance économique, voire à l’emploi dans les pays signataires…
Un accord de libre-échange comprend donc au moins la diminution des droits de douane dans certains secteurs.
Avec des volumes limités (quotas) pour certains secteurs jugés plus fragiles, comme le bœuf dans les accords UE-
Canada ou UE-Mercosur. Mais aussi l’ouverture mutuelle de marchés publics ou encore la reconnaissance de
normes et d’indications géographiques protégées chez chacun des partenaires, par exemple.
Les accords les plus récents comprennent également des systèmes de règlement des différends, notamment en cas
de conflit entre une entreprise et un Etat à propos d’une législation contraire à l’accord ou entre parties signataires.
Enfin, certains incluent des critères politiques (amélioration des droits fondamentaux…), sociaux ou
environnementaux, toutefois moins contraignants.
Quels reproches ?
Avec le projet (aujourd’hui avorté) de partenariat transatlantique entre l’Europe et les Etats-Unis (TTIP/TAFTA)
puis la signature d’accords avec le Canada (CETA) en 2016 ou le Mercosur en 2019 (non ratifié), les traités de
libre-échange ont été ces dernières années sous le feu des critiques.
Leurs détracteurs leur reprochent, pêle-mêle, d’avoir été négociés dans l’opacité, de niveler par le bas les normes
européennes (restrictions sur les OGM, principe de précaution…), de mettre en danger certains emplois
(notamment agricoles), voire de porter atteinte au fonctionnement démocratique des pays de l’UE (en permettant
aux entreprises de remettre en question les législations nationales).
Des accusations dont la Commission européenne, mandatée pour mener les négociations commerciales, se défend.
Tandis que certains Etats peuvent bloquer la conclusion de traités signés par l’exécutif européen : la France refuse
ainsi de ratifier l’accord avec le Mercosur en l’état, estimant qu’il ne contient pas assez de garanties
environnementales.
Quels projets ?
Déjà signataire d’une quarantaine d’accords commerciaux sur tous les continents, l’UE a récemment conclu de
nouveaux traités de libre-échange avec le Canada (Ceta, partiellement en vigueur depuis septembre 2017),
Singapour (en vigueur depuis novembre 2019), le Japon (Jefta, en vigueur depuis février 2020), le Vietnam (en
vigueur depuis août 2020), le Mercosur (accord de principe en juin 2019 mais en attente de signature et de
ratification) ou encore le Mexique (remplacement du traité de libre-échange en vigueur depuis 2000 : accord de
principe trouvé en avril 2020 qui attend d’être signé et ratifié).
73
En décembre 2020, l’UE a signé un accord de commerce et de coopération avec son unique ancien Etat membre,
le Royaume-Uni. Définitivement entré en vigueur le 1er mai 2021, le traité assure des échanges commerciaux
post-Brexit sans droits de douane ni quotas entre les deux parties.
D’autres négociations sont en cours, comme avec comme avec la Nouvelle-Zélande. Ou suspendues, comme avec
l’Australie depuis la crise des sous-marins de septembre 2021. Et avec la Chine : un accord de principe a été conclu
le 30 décembre 2020 pour faciliter les investissements réciproques, mais sa signature et sa ratification ont été
suspendues après les sanctions de Pékin contre des députés européens dénonçant les persécutions de la minorité
ouïghoure.
Les accords commerciaux signés par l’UE varient en fonction de leur contenu :
- les accords de partenariat économique (APE) - viennent en soutien du développement économique des
partenaires d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ;
- les accords de libre-échange (ALE) - permettent l'ouverture réciproque des marchés avec les pays développés
et les économies émergentes en accordant un accès préférentiel aux marchés ;
- les accords d'association (AA) - favorisent les accords politiques plus larges ;
- L'UE conclut également des accords commerciaux non préférentiels, dans le cadre d'accords plus larges tels
que les accords de partenariat et de coopération (APC).

Doc 26- La « mixité » des nouveaux accords commerciaux – Source : Commerce extérieur résultats
2016, Bureau du commerce extérieur, Trésor Public février 2017.
Les "accords commerciaux de première génération", dont la plupart ont été conclus avant 2006, tendaient à se
concentrer sur la libéralisation des tarifs.
Au contraire les accords commerciaux récents couvrent désormais un champ très large, dépassant les simples
échanges de marchandises et de services, couvrant par exemple des domaines tels que l’investisse- ment, les
marchés publics, la propriété intellectuelle, la concurrence ou encore le développement durable. La conséquence
en est la « mixité » des accords : ils portent sur des domaines relevant de la compétence exclusive de l’UE, mais
également sur des domaines de compétence partagée et/ou nationale investissement au sens large, transports,
protection des investissements…). Ainsi lorsqu’un accord contient des sujets re- levant de compétences de l’UE
et des compétences nationales, les Etats-membres sont parties à l’accord au même titre que l’Union européenne.
Cela implique que l’accord soit ratifié par chacun des Etats-membres.

Doc 27- Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (PTCI ; TTIP en


anglais) - Source : Wikipedia
Egalement connu sous le nom de traité de libre-échange transatlantique (TAFTA en anglais), le PTCI est un projet
d'accord commercial entre l'Union européenne et les États-Unis prévoyant la création d'une zone de libre-échange
transatlantique souvent appelée grand marché transatlantique.
Si le projet aboutissait, il instituerait la zone de libre-échange la plus importante de l'Histoire, couvrant 45,5 % du
PIB mondial. Ses défenseurs affirment que l'accord conduirait à une croissance économique pour les deux parties
tandis que les critiques soutiennent notamment qu'il augmenterait le pouvoir des entreprises face aux États et
compliquerait la régulation des marchés.
Ce traité était négocié concomitamment à une vingtaine d’autres négociations commerciales, dans le cadre de la
politique commerciale de l'Union européenne.
Les négociations sur le traité sont gelées depuis 2016, en raison de l'opposition de l'opinion publique européenne,
ainsi que de l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis.
En avril 2019, le Conseil de l'Union européenne charge la Commission européenne de relancer des négociations
en vue d'un nouvel accord commercial avec les Etats-Unis, malgré l'opposition de la France. Le nouvel accord, s'il
était conclu, est toutefois présenté comme plus limité que ne devait l'être le TTIP, du fait qu'il ne s'appliquerait ni
aux produits agricoles ni aux marchés publics Les Etats-Unis annoncent toutefois qu'ils souhaitent que l'agriculture
soit incluse dans le cadre de l'accord.

Doc 28- Accords de libre-échange et environnement, l’exemple UE-Mercosur- Source: Maxime


Vaudano, extraits de Tout comprendre à l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, Le Monde, 04 juillet 2019.

L’accord donne-t-il un blanc-seing à « Bolsonaro le déforesteur » ?


« Je ne vois pas comment on peut, sur un enjeu universel, signer un accord avec un pays qui bafoue, à ce point, [la
protection de l’environnement]. » Cette charge, signée de Nicolas Hulot, fait écho à une crainte exprimée par de
nombreux écologistes après l’annonce de l’accord UE-Mercosur : signer un traité commercial avec le président
brésilien Jair Bolsonaro, c’est, estiment-ils, donner un blanc-seing à un dirigeant d’extrême droite qui revendique
de n’avoir que faire de la protection de l’environnement, encourage la déforestation et les pesticides. Cette position
rejoint celle de plusieurs mouvements écologistes internationaux, qui appellent à boycotter les produits brésiliens
pour faire pression sur M. Bolsonaro.
Les partisans de l’accord UE-Mercosur assurent, au contraire, qu’il s’agit du meilleur instrument pour forcer le
Brésil à rentrer dans le rang. De fait, Jair Bolsonaro a dû renoncer à quitter l’accord de Paris sur le climat sous la
74
pression des Européens, car le traité demande aux signataires de respecter les engagements climatiques pris lors
de la COP21. L’accord impose également aux signataires de « lutter contre la déforestation ».
Aucune sanction dissuasive n’est prévue contre le Brésil s’il faillit à ses obligations climatiques
Au-delà des bonnes intentions, ces dispositions seront-elles suffisamment contraignantes pour être efficaces ? Rien
n’est moins sûr. Le résumé de l’accord diffusé par la Commission européenne suggère qu’aucune sanction
dissuasive n’est prévue contre le Brésil s’il faillit à ses obligations climatiques. Au mieux, un panel d’experts
pourra le réprimander publiquement et l’inviter à corriger le tir. Mais l’UE ne pourra en aucun cas appliquer des
sanctions commerciales en rétorsion. (…)
Les accords de libre-échange sont-ils compatibles avec la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre ?
Au-delà des dispositions précises de l’accord, les écologistes s’opposent au principe même de ces grands accords
qui favorisent les échanges commerciaux en réduisant les barrières douanières, et contribuent donc à augmenter
les émissions de gaz à effet de serre liées à la production et au transport de marchandises.
« Pourquoi on fait traverser l’Atlantique [à un bœuf élevé en Amérique du Sud] ?, s’interroge ainsi la directrice
d’Oxfam France, Cécile Duflot. Cette question de l’augmentation des échanges, (…) on sait que c’est la cause
principale du réchauffement climatique. »
« Ce ne sont pas les accords de libre-échange qui génèrent en tant que tel une dégradation de l’environne- ment et
du climat », lui répond le secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne. « Nous n’avons pas d’entente avec la Chine et
pourtant nous sommes envahis de “made in China”, donc de carbone importé. Un accord de libre-échange est là
pour tirer vers le haut un certain nombre de partenaires en matière environnementale, sociale et agricole », argue-
t-il.
Les règles sanitaires européennes et sud-américaines sont-elles conciliables ?
En ouvrant les frontières aux produits agricoles sud-américains, l’accord UE-Mercosur va-t-il mettre en danger la
santé des consommateurs européens ? C’est le chiffon rouge brandi par de nombreux agriculteurs et associations,
qui s’inquiètent de certaines pratiques, courantes dans les élevages brésiliens mais proscrites en Europe au nom du
principe de précaution, à l’instar des antibiotiques utilisés comme activateurs de croissance chez les bovins, qui
favorisent l’antibiorésistance.
Cette crainte est-elle fondée ? Aussi étonnant que cela puisse paraître, si cette pratique est interdite aux éleveurs
européens, la règle ne s’applique pas aux éleveurs étrangers qui exportent leur viande vers l’Union européenne.
Aujourd’hui déjà, rien n’empêche une ferme brésilienne d’envoyer en Europe un bœuf « soigné » aux antibiotiques,
à condition que les résidus ne dépassent pas un certain seuil.
Un règlement européen récent prévoit de mettre fin à cette situation ubuesque, en étendant l’interdiction aux
producteurs étrangers. Problème : les actes juridiques finalisant cette réforme n’ont pas encore été adoptés. Le
gouvernement français espère que ce sera chose faite « d’ici début 2022 », avant l’entrée en vigueur éventuelle de
l’accord UE-Mercosur, mais certains observateurs craignent que ce ne soit pas le cas. Ce faisant, l’Union
européenne prend en effet le risque de se mettre en infraction avec les règles de l’Organisation mondiale du
commerce.
L’UE devrait peiner à garantir l’absence de résidus de pesticides dans les denrées alimentaires importées
d’Amérique du Sud
L’UE peut-elle garantir l’absence de résidus de pesticides dans les denrées alimentaires importées d’Amérique du
Sud? Il sera difficile de faire confiance au système brésilien de traçabilité, qui a connu d’importantes défaillances
dans la période récente. Les autorités européennes procèdent bien à leurs propres contrôles sur les produits
importés, mais seulement sur des échantillons aléatoires.
Ce système suffira-t-il à contrôler les importations d’un pays friand en pesticides comme le Brésil, dont le président
a autorisé l’utilisation de 239 nouvelles molécules ces derniers mois ? L’eurodéputé macroniste Pascal Durand en
doute, objectant que l’« on a déjà du mal à contrôler les fraudes intra-européennes et la viande qui arrive de
Pologne ou de Roumanie ».
Pourquoi l’accord inquiète les agriculteurs ?
Si les agriculteurs européens sont vent debout contre l’accord UE-Mercosur, c’est principalement à cause de
l’ouverture d’un quota annuel de 160 000 tonnes de bœuf que le Mercosur pourra exporter vers l’UE avec des
droits de douane réduits. Une concession de taille qui pourrait, selon eux, déstabiliser le marché agricole européen.
Si cela peut sembler dérisoire par rapport aux 7,8 millions de tonnes de bœuf produites chaque année dans l’UE,
ce quota n’en demeure pas moins substantiel, quand on le compare à l’ensemble des importations en Europe : 340
000 tonnes. Les éleveurs craignent avant tout la concurrence déloyale d’une viande brésilienne beaucoup moins
chère, car produite avec des normes environnementales et sanitaires moins strictes.
« Il fallait faire des concessions »
Cette menace, relayée par les lobbys agricoles, est loin d’être illusoire : elle a été reprise à son compte par Didier
Guillaume, qui refuse d’être « le ministre de l’agriculture qui aura sacrifié l’agriculture française sur l’autel d’un
accord international ».
Une réticence que ne partage pas le commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan, qui assume « avoir concédé
un peu de bœuf parce qu’il fallait faire des concessions » pour obtenir en retour des baisses de droits de douane
pour l’industrie européenne. La Commission européenne a déjà provisionné un milliard d’euros d’aides pour aider
les éleveurs à faire face à cette nouvelle donne. En cas de crise, elle pourra également activer une clause de
sauvegarde et réduire temporairement les quotas d’importation afin de protéger les agriculteurs.

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III. Le débat : Libre-échange ou protectionnisme ?
Doc 29- Libre échange en schémas - Source: https://www.ecoenschemas.com/schema/faut-il-etre- protectionniste/

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Doc 30- Protectionnisme en schémas - Source: https://www.ecoenschemas.com/schema/faut-il-etre-
protectionniste/

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Doc 31- Libre-échange ou protectionnisme : quelle réalité dans un monde globalisé et
interconnecté ? - Source: https://www.citeco.fr/ 11 janvier 2019
Le protectionnisme demeure une réalité essentiellement sectorielle et non tarifaire
Dans les faits, les barrières tarifaires au commerce de marchandises restent assez peu élevées. Le niveau moyen
des droits de douanes a sensiblement baissé au cours des dernières décennies et se situaient en 2017, à 2,6%, à un
niveau faible même si des disparités existent en fonction du degré de développement des pays : dans les pays
développés, ils s’établissaient à 2% en moyenne en 2013, contre 4,3% dans les pays en développement et 9,8%
dans les pays les plus pauvres selon la Banque Mondiale.
Ces taux moyens cachent toutefois de fortes disparités sectorielles, les produits agricoles étant largement plus taxés
que les produits industriels.
Mais si les barrières tarifaires ont fortement diminué du fait des accords conclus dans le cadre du GATT puis de
l’OMC et des nombreux accords bilatéraux ou régionaux, cela ne signifie pas pour autant que les mesures
protectionnistes aient suivi le même mouvement. En fait, elles s’exercent essentiellement sous la forme de barrières
non tarifaires et représenteraient, dans la plupart des économies, l’équivalent du double des montants des droits de
douanes selon Cadot, Gourdon et Van Tongerem mais bien plus pour les économies développées comme les États-
Unis, l’Union européenne, le Canada et le Japon (OCDE, 2018).
Par ailleurs, les accords commerciaux régionaux qui se sont multipliés depuis le début des années 2000 contiennent
quasiment tous au moins une mesure non tarifaire (obstacles techniques au commerce, mesures sanitaires ou droits
anti-dumping) et depuis 2005 ceux qui les incluent entièrement sont devenus majoritaires. Ce constat montre bien
que pour les partenaires commerciaux concernés par ces accords régionaux, l’harmonisation des normes constitue
un enjeu important car elle se traduit par une plus grande intégration économique et donc la possibilité, pour les
entreprises de ces pays, de bénéficier d’un marché véritablement homogène et ainsi de réaliser de plus grandes
économies d’échelle, d’accroître le commerce intra-zone et de baisser les coûts d’accès au marché. Schmidt montre
que cette harmonisation des normes se concentre sur- tout dans les secteurs des matériaux, de l’ingénierie, de la
construction et de la santé, la sécurité et l’environnement.
L’image qui s’impose est donc celle qui, schématiquement, scinde en trois catégories les pays participant au
commerce mondial :
• D
’une part, les pays développés qui, au sein de bloc régionaux économiquement intégrés et spécialisés, n’imposent
pas de tarifs douaniers élevés aux importations de produits non agricoles. Ceci permet à leurs entreprises de
bénéficier de produits intermédiaires importés à moindre coûts, ce qui est favorable à leur compétitivité, et à leurs
consommateurs d’accéder à une plus large gamme de produits de consommation à des prix abordables. Cela permet
aussi de limiter les pressions inflationnistes. Par contre, les mesures non tarifaires en vigueur au sein de ces mêmes
blocs régionaux sont beaucoup plus protectionnistes. Elles visent à protéger de la concurrence extérieure à la fois
les entreprises des pays de la zone et les secteurs jugés stratégiques comme l’agriculture ou l’énergie, tout en
favorisant, via l’harmonisation des normes, une plus forte intégration économique. Elles peuvent aussi avoir
comme but la protection des consommateurs, notamment dans le domaine de la santé. Ces mesures non tarifaires
pénalisent cependant surtout les entre- prises des pays en développement, qui n’ont pas toujours les moyens
d’évaluer si leurs produits répondent bien aux normes exigées, et les petites et moyennes entreprises qui n’ont pas
toujours les capacités financières leur permettant de supporter les coûts engendrés par le respect des dispositions
réglementaires.
• D
’autre part, les pays en développement qui imposent des tarifs douaniers et non tarifaires élevés destinés à protéger
leurs producteurs et agriculteurs de la concurrence étrangère, et en particulier de celle en provenance des pays
développés.
• L
a Chine se situe quant à elle dans une position intermédiaire avec des mesures tarifaires globalement supérieures
à celles des pays développés, auxquelles il faut ajouter les effets de la sous-évaluation de son taux de change.
Depuis 2001, le protectionnisme douanier de la Chine a cependant sensiblement baissé avec une chute de plus de
10 points de pourcentage même si ses droits de douanes moyens (3,8% en 2017) restent encore un peu supérieurs
à la moyenne mondiale (2,6%) du fait notamment de tarifs douaniers particulière- ment élevés sur les importations
de produits agricoles.

Doc 32- Vers une nouvelle ère du protectionnisme - Source: Julien Bouissou, Le Monde, 6/06/20
Le protectionnisme se mondialise. Il se propage en Europe, aux Etats-Unis, en Chine. Interrogé mi-avril sur la
pénurie de matériel médical en pleine pandémie de Covid-19, Peter Navarro, le conseiller au commerce de Donald
Trump, a fustigé « la mondialisation de la production et les entreprises multinationales qui ne saluent pas le
drapeau, aiment la main-d’œuvre à bas coût dans les ateliers de misère et raffolent des subventions massives du
gouvernement chinois ». Pour le conseiller du président américain, la mondialisation serait « le péché originel »
de la crise actuelle.
Autre signe qui ne trompe pas : les Pays-Bas, connus pour leur attachement historique au libre-échange,
commencent à douter. Le Parlement néerlandais a rejeté, mercredi 3 juin, le traité avec le Mercosur. Leurs députés
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craignent que l’accord commercial avec le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay ne pénalise les agriculteurs
néerlandais et n’aggrave la destruction de la forêt amazonienne. Négocié pendant vingt ans, il risque de ne pas être
ratifié par l’Union européenne.
Enfin, la Chine n’hésite plus une seconde à se servir du protectionnisme comme d’une arme diplomatique. Pékin
n’a-t-il pas suspendu à la mi-mai ses importations de bœuf australien après que Canberra eut demandé une enquête
indépendante sur l’origine de la pandémie de Covid-19 ?
Nombreuses interventions des Etats
Fermeture des frontières, restrictions d’exportations de produits agricoles et médicaux… La crise sanitaire a
entraîné un repli sur soi commercial. Les nombreuses interventions des Etats pour sauver leurs économies, sous la
forme de subventions, d’aides ou de prises de participation dans des sociétés ont été unanimement saluées, même
dans les pays qui sont d’ordinaire récalcitrants à ces choix, à l’instar du Royaume-Uni ou des Etats-Unis.
« Les accords de l’OMC [Organisation mondiale du commerce] permettent de prendre des dispositions
exceptionnelles en situation de crise, mais les mesures de soutien aux entreprises poseront problème par rapport
aux engagements internationaux si elles durent », prévient toutefois Sébastien Jean, directeur du Centre d’études
prospectives et d’informations internationales (Cepii). Et ce, même si les règles du commerce mondial sont moins
contraignantes depuis que la Chine et les Etats-Unis multiplient les mesures de rétorsion commerciale et que
l’instance d’appel du règlement des différends de l’OMC est paralysée depuis décembre 2019.
Qu’il semble loin le temps où le président américain Bill Clinton vantait le libre-échange dans son ouvrage
Between Hope and History (« Quand histoire et espoir se rencontrent »), publié en 1996 ! « Nous n’avons pas
besoin de construire des murs, mais des ponts. Nous n’avons pas besoin de protection, mais d’opportunités. (…)
Nous avons besoin d’un commerce juste avec des règles justes. »
Depuis 1995, date de création de l’OMC, le volume du commerce mondial a été multiplié par 2,7 et la moyenne
des droits de douane a diminué de moitié. Cette « hypermondialisation », qui a fait sortir plusieurs pays en
développement de la pauvreté, est aujourd’hui fustigée pour avoir détruit les emplois dans les pays riches, accéléré
le réchauffement climatique et fragilisé les chaînes d’approvisionnement mondial, tout en augmentant la
dépendance vis-à-vis de la Chine.
Une fragmentation des chaînes de production
Ces dernières années n’ont pas vu seulement une augmentation du commerce mondial, mais une fragmentation
des chaînes de production éclatée entre plusieurs pays.
Les échanges de produits intermédiaires pour la fabrication d’un bien final ont compté pour l’essentiel de la hausse
du commerce mondial. Ils représentent désormais 70 % des échanges de marchandises sur la planète. Une étude
publiée en 2014 par la Saïd Business School de l’université d’Oxford a montré qu’une voiture sortie des usines
Toyota rassemblait des pièces fabriquées chez 2 192 sous-traitants différents.
A l’occasion de la pandémie, et alors qu’ils avaient des difficultés à s’approvisionner en masques et en équipement
médical, les pays ont découvert leur vulnérabilité. Ces interdépendances économiques tissées au fil des deux
dernières décennies se retrouvent également en contradiction avec la montée des nationalismes au Brésil, en Inde,
aux Etats-Unis, en Russie ou encore en Turquie. Comme le dit l’économiste Joseph Stiglitz, « la mondialisation
économique a avancé plus vite que la mondialisation politique ».
Dans ce contexte, la relocalisation, appelée en France de ses vœux par Bruno Le Maire, le ministre de l’économie
et des finances, ou par le Medef, qui dit vouloir « engager une politique de relocalisation ciblée des filières
stratégiques en France et en Europe », est-elle la solution ?
Plusieurs économistes en doutent. Pour Isabelle Méjean, professeure à l’Ecole polytechnique, c’est davantage la
concentration de la production qui pose problème, que ce soit en Chine ou ailleurs. Penny Goldberg, professeure
d’économie à l’université Yale, suggère tout simplement une hausse des stocks pour amortir les chocs. « La
production nationale n’est pas une garantie d’efficacité », expliquait-elle lors d’une conférence organisée par
l’université de Princeton, le 17 avril.
Une guerre commerciale qui a repris de plus belle
Autre critique adressée à la mondialisation des échanges : le réchauffement climatique causé par les émissions de
gaz à effet de serre des transports, et la délocalisation des industries polluantes. Bruxelles tente d’y répondre en
envisageant la mise en place d’une taxe carbone aux frontières de l’Europe, tout en continuant de négocier des
accords commerciaux.
La Commission européenne essaie aussi de sauvegarder le multilatéralisme, en créant une procédure d’appel
d’urgence fondée sur les règles de l’OMC. L’initiative a été rejointe par une quinzaine de pays dont la Chine,
l’Australie, le Brésil ou le Canada.
Difficile d’imaginer, toutefois, un renouveau du multilatéralisme à l’heure où les deux plus grandes puissances
mondiales se livrent une guerre commerciale qui a repris de plus belle ces dernières semaines : Washington menace
de suspendre des vols de compagnie chinoise aux Etats-Unis à partir du 16 juin et a interdit à ses entreprises de
vendre des équipements technologiques au géant chinois des télécommunications Huawei, qu’il soupçonne
d’espionnage.
Une escalade qui emprunte parfois à la rhétorique guerrière, lorsque Donald Trump a décrit le Covid-19 originaire
de Chine comme « une attaque sans précédent », « pire que Pearl Harbor ». « Il faut être conscient de la gravité
des menaces, s’alarme Sébastien Jean, les mesures protectionnistes entraînent des représailles qui peuvent
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déstructurer le cadre du commerce mondial et dégénérer. » Dans les années 1930, la hausse des barrières
douanières américaines avait provoqué un recul de 65 % des échanges internationaux et aggravé la Grande
Dépression.

Doc 33- L’OMC s’inquiète d’une fragmentation du commerce mondial - Source: Julien
Bouissou, Le Monde, 12/04/22
Sans surprise, la guerre en Ukraine et les récents confinements en Chine ont conduit l’Organisation mondiale du
commerce (OMC) à revoir à la baisse ses prévisions de croissance des échanges de marchandises pour 2022 à 3
%, contre 4,7 % précédemment. Ces prévisions, publiées mardi 12 avril, sont toutefois très incertaines, puisqu’elles
se situent dans un éventail très large, compris entre 0,5 % et 5,5 %.
« Malgré leurs faibles parts dans le commerce et la production au niveau mondial, la Russie et l’Ukraine sont des
fournisseurs majeurs de produits essentiels, y compris les produits alimentaires, l’énergie et les engrais », observe
l’organisation, basée à Genève. Les deux pays comptent pour 2,5 % du commerce mondial, mais ils assurent 25
% des approvisionnements en blé et de 45 % des produits dérivés du tournesol. Ces pénuries, qui à leur tour
entraînent une hausse des prix alimentaires, pourraient être aggravées par des restrictions aux exportations dans
d’autres pays. Celles-ci « menacent de la faim et de la pauvreté des millions de personnes », selon l’OMC, qui
appelle à « une coopération internationale » pour garantir la libre circulation des matières premières agricoles. «
Ce n’est pas le moment de nous replier sur nous-mêmes. Dans une crise, plus de commerce est nécessaire pour
garantir un accès stable et équitable aux produits de première nécessité », a insisté la directrice de l’organisation,
Ngozi Okonjo-Iweala.

Sanctions économiques
Malgré ces incertitudes, l’OMC attire l’attention sur la transformation en cours du paysage du commerce mondial
bouleversé par deux chocs successifs : la pandémie mondiale, qui a déréglé les chaînes d’approvisionnement, et la
guerre en Ukraine, qui prive une partie du monde de ses ravitaillements en denrées agricoles. L’organisation
redoute d’abord une « fragmentation » des échanges mondiaux en « blocs géopolitiques » distincts, ce qui pourrait
conduire les entreprises à réorganiser leurs chaînes d’approvisionnement pour faire face à ces risques et à un
découplage des économies. « Cela pourrait réduire le PIB mondial d’environ 5 % sur le long terme, notamment en
limitant la concurrence et en étouffant l’innovation », estime l’institution dans une note récente.
« La logique de bloc n’est pas encore installée, même si les préoccupations géopolitiques comptent davantage dans
les relations commerciales, tempère Sébastien Jean, titulaire de la chaire Economie industrielle au Conservatoire
national des arts et métiers, et la logique politique ne l’emportera que pour certains secteurs considérés comme
stratégiques. »
Les rivalités géopolitiques se traduisent désormais par des sanctions économiques ou par des mesures de rétorsion
commerciale, comme ce fut le cas en 2020 avec l’arrêt par la Chine de certaines importations venant d’Australie
en guise de représailles politiques. « L’histoire nous enseigne que le fait de diviser l’économie mondiale en blocs
rivaux et de tourner le dos aux pays les plus pauvres ne conduit ni à la prospérité ni à la paix », a souligné, mardi
12 avril, Mme Okonjo-Iweala.

Echanges commerciaux en hausse


Dans une note de blog ce mardi 12 avril, le Fonds monétaire international (FMI) ne cache pas son scepticisme vis-
à-vis des relocalisations, comme réponses aux ruptures de chaînes d’approvisionnement observées pendant la
pandémie ou aux tensions géopolitiques. « Le démantèlement des chaînes de valeur n’est pas une solution, écrit le
FMI, c’est plus – et non pas moins – de diversification qui améliore la résilience. » Une résilience qui, selon
l’institution basée à Washington, peut être renforcée par une plus grande diversification géographique des
approvisionnements ou par la possibilité de remplacer un intrant par un autre. En pleine pénurie de semi-
conducteurs, le constructeur automobile américain General Motors a, par exemple, annoncé qu’il allait standardiser
et uniformiser les modèles de puces électroniques pour pouvoir les remplacer plus facilement.
Autre enseignement des prévisions publiées mardi 12 avril : la mondialisation, mesurée par les échanges
commerciaux, n’a pas ralenti pendant la pandémie. Ces derniers devraient enregistrer une croissance 1,1 fois plus
rapide que celle du PIB dans le monde en 2022 et 2023, alors que les deux avançaient jusque-là au même rythme.
La phase d’accélération des échanges commerciaux s’est terminée il y a en réalité bien longtemps, avec la crise
financière de 2008-2009. « Au cours des vingt ans qui ont précédé la crise financière mondiale, le commerce
mondial des marchandises a augmenté environ 2 fois plus rapidement que le PIB mondial », rappelle l’OMC.
Alors que le commerce de marchandises a augmenté de 9,8 % en volume en 2021, il a bondi de 26 % en valeur
sur la même période, ce qui signifie que les prix à l’exportation et à l’importation ont progressé de 15 %, bien au-
delà de l’inflation enregistrée dans le monde. Une différence qui s’explique par le poids élevé des combustibles et
des biens durables – dont les prix ont flambé pendant la pandémie et continuent avec la guerre en Ukraine – dans
les échanges de marchandises. « Une augmentation des prix des intrants et de la production et une hausse des
délais de livraison en mars 2022 laissent entendre que les déséquilibres persistants de l’offre pourraient contribuer
à l’inflation dans les mois à venir », avertit l’OMC.

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Doc 34- « Le protectionnisme n’est pas une solution à la pénurie alimentaire » - Source:
Stéphane Lauer, Le Monde, 23/05/22
C’est un engrenage pernicieux qui s’est mis en branle depuis plusieurs semaines. Alors que les prix des denrées
alimentaires ont augmenté de 30 % en un an, selon l’indice de l’Organisation des Nation unies pour l’alimentation
et l’agriculture (FAO), les restrictions aux exportations se multiplient un peu partout dans le monde. Une vingtaine
de pays ont ainsi bloqué une trentaine de produits de base, qui représente 1/5 des calories échangées dans le monde.
Dernière initiative en date, celle de l’Inde, qui vient de décréter un embargo sur ses ventes de blé, provoquant de
vives tensions sur un marché déjà extrêmement chahuté depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie,
deux pays qui représentaient avant le conflit près d’un tiers des exportations mondiales.
Fin avril, l’Indonésie avait déjà réduit significativement ses exportations d’huile de palme, à la suite des
perturbations engendrées par la guerre en Ukraine sur le marché du tournesol. La Hongrie et la Serbie ont imposé
des restrictions sur les céréales, tout comme le Kirghizistan et le Kazakhstan. L’Argentine limite ses exportations
de bœuf, l’Iran celles de pommes de terre. Ce chacun-pour-soi menace l’équilibre alimentaire mondial. Le laisser
prospérer, c’est prendre le risque de voir se multiplier les famines.
Les gouvernements de ces pays pensent ainsi sécuriser leurs approvisionnements, tout en protégeant leur
population de la hausse des prix mondiaux. Sur le court terme, la solution a le mérite de ne rien coûter sur le plan
budgétaire, contrairement à des mécanismes de subventions plus coûteux.
Mais cette stratégie à courte vue ne fait qu’encourager la spéculation. Les échanges mondiaux sont une composante
essentielle de la sécurité alimentaire. Les restreindre exacerbe les tensions, entretient une spirale inflationniste,
sans résoudre pour autant les problèmes de ces pays.
D’abord, bloquer les exportations sur un produit ne protège pas des hausses des prix sur d’autres denrées qui ne
sont pas produites dans le pays et qui devront être importées. Dans la logique de l’arroseur arrosé, l’Inde, un mois
avant de prendre sa décision sur le blé, avait été la première à protester contre l’initiative indonésienne de limiter
ses exportations d’huile de palme. La réciprocité des échanges est un équilibre fragile qui supporte mal les entorses.
Ensuite, ce n’est pas parce qu’un pays bloque la nourriture chez lui que celle-ci va être distribuée automatiquement
à sa population la plus pauvre. Le protectionnisme ne fait pas disparaître comme par magie les obstacles de
logistique, de stockage et de conservation que ces pays ont déjà du mal à surmonter.
Surtout, ce type de décision déstabilise les chaînes d’approvisionnement. Les agriculteurs, qui sont empêchés par
leur gouvernement de vendre sur le marché mondial à bon prix, ne peuvent pas compenser leurs coûts de
production, qui explosent dans le même temps. Le marché des fertilisants fait l’objet d’une intense spéculation
depuis l’été 2021, lorsque la Chine a cessé ses exportations d’engrais. La situation a empiré en mars avec l’embargo
décidé par la Russie, le premier exportateur mondial du secteur.
Pris en étau, les agriculteurs finissent par renoncer à semer et préfèrent attendre des conditions plus favorables
pour relancer leur production. Ces politiques aboutissent à fragiliser durablement le secteur agricole et contribuent
à faire chuter l’offre mondiale.
L’Inde a des raisons objectives de s’inquiéter de son niveau de production de blé. La vague de chaleur que connaît
actuellement le pays aura sans doute un impact sur les rendements. Toutefois, New Delhi donne le sentiment de
céder à la panique après s’être engagé auprès de la communauté internationale à suppléer à la diminution des
exportations russes et ukrainiennes.
Le meilleur outil pour lutter contre cet emballement protectionniste, c’est l’information et la transparence sur l’état
réel du marché mondial. A ce stade, il n’y a pas de situation de pénurie globale. Si la production mondiale de blé
devrait bien chuter en 2022 pour la première fois depuis quatre ans, la baisse ne dépassera pas 1 %. Encore faut-il
que tous les pays intègrent cette donnée dans leur stratégie.
Le Système d’information sur les marchés agricoles, mis en place sous l’égide du G20 après les crises alimentaires
au tournant des années 2010, a rempli son rôle au cours de la pandémie de Covid-19 en calmant la nervosité de
certains exportateurs. Ce n’est plus le cas. « A l’époque, l’ensemble des acteurs se battait contre un ennemi
commun, le virus, souligne David Laborde, chercheur à l’International Food Policy Research Institute, à
Washington. Avec les tensions géopolitiques actuelles, l’appétence à coopérer n’est plus la même. »
La Chine est le cas le plus emblématique de ce manque de coopération. Pékin considère ses stocks alimentaires
comme un « secret d’Etat ». Le pays continue à remplir ses silos, alors qu’il disposerait déjà de la moitié des
réserves mondiales. Quand la deuxième économie du monde adopte ce type de comportement, elle entretient la
paranoïa des autres acteurs.
La Banque mondiale vient d’annoncer le déblocage de 12 milliards de dollars (11,4 milliards d’euros) pour la lutte
contre l’insécurité alimentaire. Le G7 tente de son côté d’améliorer la coopération sur l’aide alimentaire
internationale en s’inspirant de Covax, l’initiative lancée pendant la pandémie de Covid-19 pour garantir un accès
égal aux vaccins dans le monde entier. Il s’agit aussi, à plus long terme, d’aider les pays les plus fragiles à produire
localement.
Mais, tant que des pays comme l’Inde et la Chine n’accepteront pas de jouer le rôle de stabilisateur qui leur
incombe au regard du poids économique qu’ils ont acquis ces vingt dernières années, la récurrence des crises
alimentaires perdurera. Les famines sont rarement provoquées par une pénurie de nourriture, mais plutôt par
l’incapacité à l’acheminer là où elle est nécessaire. La faim justifie les moyens. Ceux-ci passent par des aides
financières mais, surtout, par une meilleure coopération internationale.
82
Doc 35- Avec sa taxe carbone aux frontières, l’Union européenne est accusée de
protectionnisme - Source : Julien Bouissou, Le Monde, 23/10/21
C’est une nouvelle source de tension entre les pays développés et les émergents dans la lutte contre le
réchauffement climatique. Le projet de taxe carbone aux frontières, présentée par Bruxelles comme une «
contribution à la diminution des émissions au niveau mondial », a été qualifié de mesure « protectionniste » et «
discriminatoire » par plusieurs pays émergents.
Présentée le 14 juillet, cette taxe, que Bruxelles préfère appeler « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières
», fixera un prix du carbone pour les importations de certains produits. Il s’agit d’éviter la délocalisation des
industries polluantes dans des pays où les normes sont moins strictes et où les émissions de CO2 ne sont pas taxées
comme elles le sont sur le Vieux Continent.
Ce dispositif, qui entrerait progressivement en vigueur à partir de 2026, doit remplacer à terme les quotas gratuits
d’émission aujourd’hui alloués à certaines entreprises polluantes comme les compagnies aériennes pour éviter
qu’elles soient pénalisées vis-à-vis de leurs concurrentes étrangères. « Ce mécanisme a aussi pour finalité
d’encourager les industries en dehors de l’Union, ainsi que nos partenaires internationaux, à prendre des mesures
allant dans le même sens », a précisé Bruxelles.
Selon la Cnuced, l’agence des Nations unies qui représente les pays en développement, la Russie, la Chine, la
Turquie, l’Ukraine, l’Inde et le Brésil seront les plus touchés par cette taxe, qui devrait s’appliquer dans un premier
temps aux importations d’engrais, d’acier, d’aluminium, d’électricité et de ciment. Celle-ci «pourrait rediriger les
flux commerciaux vers des pays où la production est moins polluante, mais aura peu d’effet sur le réchauffement
climatique», estime la Cnuced.
« Vive préoccupation »
D’après ses calculs, les exportations des pays en développement baisseraient de 1,4 % si le prix de la tonne de
carbone était fixé à 44 dollars (38 euros), et de 2,4 % s’il atteignait 88 dollars, tandis que les émissions de CO2
dans le monde diminueraient de 0,1 %. Moscou, qui évalue à 7,6 milliards d’euros le manque à gagner sur ses
exportations à destination de l’Europe, préparerait une taxe d’importation en guise de rétorsion.
Pour la Chine, cette mesure enfreint les règles de l’Organisation mondiale du commerce et pourrait même entraîner
une distorsion de la concurrence
En avril, les ministres de l’environnement de la Chine, du Brésil, de l’Inde et de l’Afrique du Sud sont montés au
créneau pour exprimer « leur vive préoccupation concernant le projet de mise en place de barrières commerciales
unilatérales, comme le mécanisme d’ajustement carbone, qui sont discriminatoires et contraires aux principes
d’équité et de responsabilités communes mais différenciées ». Ce dernier principe reconnaît les efforts
supplémentaires que les pays industrialisés doivent fournir, car ils ont une responsabilité historique dans la
dégradation de l’environnement et disposent de moyens plus importants pour protéger le climat. « Les mécanismes
d’ajustement carbone aux frontières sont, à plusieurs égards, des instruments modernes d’un impérialisme qui
punit les nations en développement, dont la transition vers une économie verte est plus lente », fustige Charmi
Mehta, chercheuse au sein du Finance Research Group, implanté en Inde.
Pour la Chine, cette mesure enfreint les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle pourrait
même entraîner une distorsion de la concurrence, dans la mesure où les pays pauvres n’ont pas accès aux
technologies leur permettant de réduire l’intensité carbone de leur production. « Bruxelles peut utiliser deux
arguments juridiques pour défendre sa mesure : d’abord, expliquer que c’est une réglementation qui est appliquée
aux producteurs et aux importateurs sans discrimination ; ensuite, invoquer l’article XX des règles de l’OMC
prévoyant que la préservation de l’environnement fait partie des exceptions générales », explique Sébastien Jean,
le directeur du Centre d’études prospectives et d’informations internationales.
Ngozi Okonjo-Iweala, la directrice générale de l’OMC, rejette les accusations de protectionnisme. « Dans chaque
secteur de notre économie, la production et la consommation suivent la variable du prix, écrivait-elle dans une
tribune publiée le 14 octobre par le Financial Times. Malheureusement, le carbone a trop souvent été une
exception, même si cela commence à changer. » Elle considère que l’« introduction d’un prix mondial du carbone
est essentiel » et déplore l’incohérence des systèmes de tarification, avec des prix qui varient de 1 dollar la tonne
en Ukraine à 130 dollars en Suède. « En l’absence d’accord, l’OMC, le FMI et l’OCDE ont le devoir de travailler
ensemble pour trouver des solutions », conclut Mme Okonjo-Iweala.

83
Dossier 4

Facteur travail et mondialisation

I. Lexique

II. Documents
A. La mobilité des travailleurs
B. Mondialisation et coût du travail
C. Mondialisation et inégalités

III. Le débat : pertes d’emplois la faute aux délocalisations ?

84
I. LEXIQUE (sources : Alternatives Economiques, Insee, Ined, OIM, ONU…)

Coût salarial
Ensemble composé du salaire net, des cotisations sociales (charges sociales salariales et patronales) et des
charges fiscales (ex : en France la CSG et la CRDS) liées à ce dernier. Le coût salarial est le coût que représente le
salarié pour l'employeur.

Coût salarial unitaire (CSU)


Coût salarial par unité produite, obtenu par le rapport de la masse salariale à la production, ou encore par le
rapport du coût salarial horaire à la productivité horaire du travail.

Dualisme du marché du travail


Terme employé pour décrire le marché du travail américain puis des autres pays développés à partir des
années 80.
Un marché du travail dual se caractérise par une forte polarisation des emplois, qualifiés, stables, et bien rémunérés
d’un côté, peu qualifiés, précaires et moins payés de l’autre. Ces deux segments du marché du travail fonctionnent
différemment l’un de l’autre : sur le marché primaire l’affectation des personnels aux postes de travail renvoie à
des mécanismes échappant au marché (emploi à vie, logique d’ancienneté, numérus clausus…) tandis que sur le
segment secondaire les mécanismes de concurrence et de marchandage jouent entre les personnels les recruteurs.

Migrant
Il n’existe pas de définition juridiquement reconnue du terme « migrant ». Toutefois, selon les Nations
Unies, ce terme désigne «toute personne qui a résidé dans un pays étranger pendant plus d’une année, quelles que
soient les causes, volontaires ou involontaires, du mouvement, et quels que soient les moyens, réguliers ou
irréguliers, utilisés pour migrer». Cependant, il est courant d’y inclure certaines catégories de migrants de courte
durée, tels que les travailleurs agricoles saisonniers qui se déplacent à l’époque des semis ou des récoltes.

Migration environnementale
La migration environnementale désigne tout mouvement de personnes ou de groupes de personnes qui,
essentiellement pour des raisons liées à un changement environnemental soudain ou progressif influant
négativement sur leur vie ou leurs conditions de vie, sont contraintes de quitter leur lieu de résidence habituelle ou
le quittent de leur propre initiative, temporairement ou définitivement, et qui, de ce fait, se déplacent à l’intérieur
ou hors de leur pays d’origine ou de résidence habituelle. La migration climatique est une sous-catégorie de la
migration environnementale.

Migration internationale
Mouvement de personnes qui quittent leur lieu de résidence habituelle pour se rendre dans un pays dont
elles n’ont pas la nationalité, franchissant par conséquent une frontière internationale.
La migration prend le nom d’immigration et d’émigration selon que le pays considéré constitue le lieu de
destination ou le lieu d’origine de ces migrations
Le solde entre les mouvements d’immigration et d’émigration est appelé solde migratoire.

Participation
Le Code du Travail en France impose que dans toutes les entreprises d’au moins 50 salariés, la
participation aux bénéfices soit appliquée. Ainsi, la loi a mis en place un certain nombre de conditions à respecter
afin de pouvoir répartir les bénéfices de l’entreprise avec les salariés.
Les entreprises concernées devront alors signer un accord avec les salariés ou leurs représentants afin de déterminer
le fonctionnement de la participation. L’accord devra alors déterminer les règles de calcul de la participation.
L’intéressement est un dispositif de même nature mais sa mise en place dans l’entreprise est facultative.

Productivité apparente du travail


Valeur ajoutée rapportée à la quantité de travail utilisée, désigne l'efficacité avec laquelle le travail humain
est utilisé dans une opération productive.
Pté du travail par tête = VAB / nbre de salariés
Pté du travail horaire = VAB / nbre total d’heures travaillées

Productivité apparente du capital


Valeur ajoutée rapportés à la quantité de capital utilisée.

Productivité globale des facteurs


Mesure de l’efficacité productive globale. C’est la production rapportée aux quantités de facteurs travail
et capital employés. Quand la PGF augmente, c’est qu’il y a eu progrès technique ou que l’entreprise a bénéficié
d’externalités positives.
85
Réfugié
Les réfugiés se trouvent hors de leur pays d’origine en raison d’une crainte de persécution, de conflit, de
violence ou d’autres circonstances qui ont gravement bouleversé l’ordre public et qui, en conséquence, exigent
une « protection internationale ». La Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, mais aussi des instruments
régionaux et les statuts du HCR permettent de donner une définition du réfugié.

SMIC
Salaire minimum interprofessionnel de croissance, plus connu sous l'acronyme SMIC, anciennement
salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), est, en France, le salaire minimum horaire en dessous duquel
aucun salarié du secteur privé de plus de 18 ans ne peut être payé. Il est réévalué au minimum tous les ans en
fonction de l’inflation.

Salaire
Rémunération du travail des travailleurs non indépendants
Salaire net : c’est la somme perçue par le salarié.
Salaire brut : c’est le salaire net, plus les cotisations salariales (CS) retenues sur la paie du salarié.
Coût du travail : salaire net + cotisations salariales + cotisations patronales et charges fiscales ; le salaire super-
brut : c’est le salaire brut, plus les cotisations sociales de l’entreprise.

Travailleur détaché
Le statut de salarié détaché concerne un salarié amené à travailler temporairement à l'étranger, pour le
compte de son employeur français, avec lequel il conserve un lien contractuel pendant le temps de sa mission.

Travailleur migrant
Personne qui va exercer, exerce ou a exercé une activité rémunérée dans un État dont elle n’est pas
ressortissante.

86
II. DOCUMENTS

A. La mobilité du travail

Doc 1- Relation entre les concepts de population résidente, migration internationale,


population active and travailleurs migrants - Source : UNITED NATIONS ECONOMIC COMMISSION
FOR EUROPE, Measuring International Labour Mobility, 2018.

Doc 2- Différence entre immigrés et étrangers : le cas de la France en 2018 (en millions)
Source : Insee, 2019.

87
Doc 3- État de la migration dans le monde 2000 et 2022 - Source : OIM ONU migration, Etat de la
migration dans le monde 2022.

Début 2021, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) estime à 84 millions le nombre de réfugiés
dans le monde, dont 1,47 million en l’Allemagne et 540 000 en France. Ce chiffre pourrait dépasser les 100
millions en 2022.

Doc 4- Proportion de migrants internationaux dans la population nationale selon les pays
en 2020 - Source : OIM ONU migration, Etat de la migration dans le monde 2020.

88
Doc 5- Vingt premiers pays de destinations (gauche) et d’origine (droite) des migrants
internationaux en 2020 (millions) - Source : OIM ONU migration, Etat de la migration dans le monde 2022,
d’après DAES 2021.

Doc 6- Travailleurs migrants par niveau de revenu des pays de destination (en %) - Source
: OIM ONU migration, Etat de la migration dans le monde 2022, d’après OIT 2021.

Doc 7- Travailleurs migrants, par sexe et par niveau de revenu des pays de destination,
2019 (millions et %) - Source : OIM ONU migration, Etat de la migration dans le monde 2022, d’après OIT
2021.

89
Doc 8- Répartition géographique des travailleurs migrants par sexe, 2019 (en millions)
Source: OIM ONU migration, Etat de la migration dans le monde 2022, d’après OIT 2021.

Doc 9- Les régions d’origine des immigrés dans l’OCDE, en 2015-2016 (en millions)
Source: Les migrants vers les pays de l'OCDE ont un niveau de formation de plus en plus élevé, Catherine Chatignoux,
Les Echos du 11/06/19, d’après OCDE.

90
Doc 10- Niveau moyen d’éducation des immigrés dans l’OCDE, en 2015-2016 (en % des
immigrés) - Source: Les migrants vers les pays de l'OCDE ont un niveau de formation de plus en plus élevé,
Catherine Chatignoux, Les Echos du 11/06/19, d’après OCDE.
Les migrants qui résident dans
les pays riches sont de plus en
plus diplômés. La population
immigrée disposant d'un diplôme
du supérieur a doublé en vingt
ans et elle serait plus nombreuse
désormais que celle disposant
d'un niveau d'éducation
équivalent au primaire. On la
trouve surtout dans les pays
d'accueil qui se montrent
exigeants sur leurs critères de
sélection comme le Canada,
l'Australie, l'Autriche ou la
Suisse. La part des diplômés du
supérieur est passée de 27 % à 35
% pour ceux nés en dehors de
l'OCDE et ce sont surtout les
petits pays en développement
d'Amérique centrale ou d'Afrique
qui ont les taux d'émigration de
leurs « cerveaux » les plus
élevés. A plus de 50 % pour l'île
Maurice ou la Jamaïque.

Doc 11- Etat des lieux de la mobilité étudiante dans le monde


Source: https://ressources.campusfrance.org/, d’après ISU (Institut Statistique de l’Unesco) janvier 2021.

91
Doc 12- Les 20 premiers pays d’accueil de la mobilité étudiante dans le monde
Source: https://ressources.campusfrance.org/, d’après ISU janvier 2021.

Doc 13- Les 20 premiers pays d’origine de la mobilité étudiante dans le monde
Source: https://ressources.campusfrance.org/, d’après ISU janvier 2021.

92
Doc 14- La mobilité étudiante par zone géographique
Source: https://ressources.campusfrance.org/, d’après ISU octobre 2020.

Doc 15- La politique migratoire de l’Union Européenne - Source: Vincent Lequeux et Adrien Palluet,
Migrations : la politique européenne en 3 minutes, https://www.touteleurope.eu/.
Depuis les années 1980, les arrivées sur le sol des 27 sont plus importantes que les départs : la différence entre
entrées et sorties (solde migratoire) oscille généralement entre 0,7 et 1,5 million par an depuis les années 2000.
Alors que la population de l’Union européenne (447 millions d’habitants au 1er janvier 2021) a légèrement
diminué pour la 2e année consécutive (-300 000 habitants en 2020), le solde migratoire s’est établi en 2020 à 827
122 personnes (il était de 1,3 million en 2019). Comme le nombre de décès dépasse depuis 2012 celui des
naissances dans l’Union européenne à 27, ce sont ces migrations qui contribuent à la relative stabilité du nombre
d’habitants dans l’UE.
Migrants ou réfugiés ?
La question migratoire recouvre un ensemble de réalités propices aux confusions. Aujourd’hui, le terme “migrant”
est souvent employé pour désigner, de fait, les demandeurs d’asile.
En réalité, ces demandeurs d’asile cherchent à être accueillis dans un autre État que le leur pour y être protégés.
Lorsque le pays d’accueil reconnaît que le demandeur a raison de craindre la persécution dans son État d’origine
(du fait de son appartenance ethnique, de sa religion, de sa nationalité, de son groupe social ou de ses opinions
politiques), celui-ci obtient un statut temporaire de réfugié.
Les migrants, eux, “choisissent de quitter leur pays non pas en raison d’une menace directe de persécution ou de
mort, mais surtout afin d’améliorer leur vie en trouvant du travail et, dans certains cas, pour des motifs d’éducation,
de regroupement familial ou pour d’autres raisons”, précisent les Nations Unies.
Circulation et citoyenneté
Les migrations au sens large recouvrent donc des phénomènes qui ne se limitent pas à l’asile. D’ailleurs, si plus
de la moitié des personnes qui arrivent dans les Etats membres de l’UE proviennent de pays extérieurs (2,7 millions
en 2019), de nombreuses migrations sont aussi intra-européennes. Au total, 23 millions de ressortissants de pays
hors UE vivaient sur son territoire au 1er janvier 2020, tandis que 17 millions de citoyens de l’UE vivaient dans
un Etat de l’Union autre que celui de leur naissance. 729 000 personnes sont également devenues citoyennes d’un
des pays membres de l’UE en 2020 (+ 3 % par rapport à 2019).
Politique migratoire et d’asile
Bien que leurs effets soient étroitement liés, les politiques européennes de la migration et de l’asile poursuivent
des objectifs distincts.
La première vise à encadrer l’immigration légale et, ce qui constitue aujourd’hui l’essentiel des moyens déployés,
à lutter contre l’immigration clandestine. La seconde s’efforce d’offrir une protection aux ressortissants de pays
tiers qui en ont besoin.
La grande variété des dispositifs mis en œuvre par l’une et l’autre nécessiterait un long développement. Mais
notons parmi leurs réalisations principales :
- la création de l’espace Schengen, qui abolit les contrôles aux frontières intérieures de ses membres. Il complète
le droit à la libre circulation (déplacement, travail, installation…) des Européens.
93
- la création de l’agence européenne Frontex, qui aide les États à limiter l’immigration clandestine aux frontières
extérieures de l’UE.
- la signature d’accords de réadmission pour faciliter le retour des personnes en séjour irrégulier dans leur pays
d’origine ou de transit. L’un des plus emblématiques a été signé avec la Turquie en 2016. La Commission
européenne entend renforcer ces accords de réadmission pour augmenter le nombre de retours dits “volontaires”
vers les pays d’émigration.
- le principe, fixé par le règlement Dublin III, selon lequel les demandes d’asile doivent être traitées par le premier
pays d’entrée dans l’UE. Dans les faits, l’Allemagne en gère une grande partie, suivie par la France, la Grèce,
l’Italie et l’Espagne. Cette disposition fait partie d’un cadre plus large, le régime d’asile européen commun
(RAEC), qui vise à harmoniser le droit d’asile (procédures, conditions d’accueil…).
Le 9 mars 2022, les dirigeants européens ont également activé un mécanisme de “protection temporaire”, défini
par une directive de 2001, afin d’accueillir les Ukrainiens fuyant l’invasion russe de leur pays depuis le 24 février.
Et maintenant ?
L’immigration et l’asile divisent profondément les pays européens, qui peinent à mettre en place des politiques
communes. Et plusieurs gouvernements préfèrent agir seuls, parfois de manière répressive vis-à-vis des migrants
et demandeurs d’asile extraeuropéens.
Parmi les nombreuses initiatives aujourd’hui sur la table figure l’amélioration du régime commun de l’asile. Le 23
septembre 2020, la Commission européenne a ainsi présenté le Pacte européen sur la migration et l’asile, lequel a
notamment pour objectif de modifier en profondeur le système de Dublin pour soulager les États soumis à une
pression migratoire trop importante. De ce pacte est née, le 19 janvier 2022, l’Agence de l’Union européenne pour
l’Asile (AUEA), en remplacement du Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO).

Doc 16- La diminution des barrières aux migrations au sein de l’UE (en %)
Source: Thierry Mayer, Lettre du Cepii n°420, septembre 2021.

94
Doc 17- La mobilité dans l’UE est similaire à celle observée aux États-Unis pour les biens
et les capitaux, mais inférieure pour les personnes (en %) - Source: Thierry Mayer, Lettre du Cepii
n°420, septembre 2021.

Doc 18- Les travailleurs détachés dans l’UE : explication et réforme


Source: d’après https://www.touteleurope.eu/.
Qu'est-ce que le détachement de travailleurs?
Un travailleur «détaché» est un salarié envoyé par son employeur dans un autre État membre en vue d’y fournir
un service à titre temporaire. Par exemple, un prestataire de services peut remporter un contrat dans un autre pays
et décider d'envoyer ses employés exécuter ce contrat sur place.
Contrairement aux travailleurs mobiles de l'UE qui s'installent dans un autre État membre pour y travailler ou
chercher un emploi, les travailleurs détachés ne séjournent que temporairement dans le pays d'accueil et n'intègrent
pas le marché du travail du pays. Les travailleurs mobiles, eux, ont droit à l'égalité de traitement avec les citoyens
du pays d'accueil en ce qui concerne l'accès à l'emploi, les conditions de travail et toutes les dispositions sociales
et fiscales. (…)
Qu’est-ce que la directive de 1996 sur le détachement des travailleurs ?
La directive de 1996 sur le détachement de travailleurs permet à toute entreprise de l’UE d’envoyer
temporairement ses salariés dans un autre pays membre. Ces travailleurs dits “détachés” bénéficient des conditions
de travail du pays d’accueil, mais les charges sociales restent celles du pays d’origine.
La directive prévoit notamment que les travailleurs détachés bénéficient d’un “noyau dur de droits” de l’Etat
membre qui les accueille. Il concerne les périodes de travail, de repos et de congés payés. Les pays d’accueil
doivent payer ces travailleurs au moins au salaire minimum.
Pourquoi la réformer ?
Les règles de la directive de 1996 peuvent engendrer des formes de “dumping social”. A l’heure actuelle, les
travailleurs détachés, lorsqu’ils sont originaires de pays de l’Est et travaillent à l’Ouest, coûtent en effet beaucoup
moins cher aux employeurs : ils ne sont généralement rémunérés qu’avec le salaire minimum du pays d’accueil et
leurs charges sociales relèvent de leur pays d’origine.
L’un des problèmes fréquemment évoqués est également la lutte contre les infractions pratiquées par certains
employeurs, contre le droit du pays d’accueil. Le travail le samedi et le dimanche, les heures supplémentaires non
rémunérées ou encore la non intégration des frais de transport et d’hébergement au salaire sont des entorses
fréquentes.
Les pratiques de faux détachement sont également nombreuses et sont assimilables à du travail illégal. Par
exemple, des établissements “boîte à lettres” sont créés par une entreprise française dans un autre Etat membre
avec des taux de cotisations sociales plus faibles, sans qu’ils exercent une activité réelle et afin de justifier du
détachement de travailleurs recrutés dans cet autre Etat.
Le 1er mars 2018, à l’issue d’une nouvelle séance de négociations marathon, Mmes Morin-Chartier et Jongerius,
ainsi que les représentants du Conseil et de la Commission, ont annoncé publiquement avoir trouvé un accord pour
la révision de la directive sur les travailleurs détachés. Parmi les principales dispositions retenues, figurent :
- La reconnaissance du principe “à travail égal, rémunération égale, sur un même lieu de travail”. Ce point ne
soulevait pas de divergence particulière entre les deux institutions.
- L’application des conventions collectives du pays d’accueil aux travailleurs détachés, qui pourront ainsi
bénéficier des mêmes primes ou encore des mêmes remboursements que les nationaux. Ici également, les positions
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du Conseil et du Parlement n’étaient pas différentes.
- La limitation à 12 mois du détachement. Le Conseil a ici obtenu gain de cause sur le Parlement.
- La limitation à 2 ans de la durée de transposition de la révision de la directive. En la matière, la position du
Parlement a été retenue alors que le Conseil préférait un délai de 4 ans.
- L’exclusion du secteur des transports routiers du champ d’application de la directive. Un texte législatif européen
spécifique, élaboré ultérieurement, encadre cette activité. Ici aussi, la position du Conseil a prévalu.

Doc 19- Les abus du système de travailleurs détachés dans l’UE - Source: Arnaud Emeriau,
Informations sociales 2021/2-3 (n° 203-204), https://www.cairn.info/.

Au sein de l’Union européenne (UE), le travail détaché est une exception au principe selon lequel la loi du pays
où le travailleur exerce s’applique (lex loci laboris). Il permet à un salarié envoyé par son employeur d’effectuer
une prestation de services à titre temporaire dans un autre État membre de l’UE tout en maintenant son affiliation
au système de sécurité sociale de son État d’envoi. Introduit pour permettre la libre circulation des services tout
en préservant un socle de droits sociaux minimal aux travailleurs, le statut du détachement peut, en France, faire
l’objet d’un usage dévoyé. Certains opérateurs économiques y recourent pour bénéficier de systèmes de sécurité
sociale nationaux qui proposent une couverture de protection moins large à leurs citoyens, jouant ainsi sur le
différentiel de taux et d’assiette de cotisations sociales. Ceux-ci sont en effet très hétérogènes d’un État membre à
l’autre, d’autant plus depuis les élargissements successifs de l’UE depuis 2004.
L’observation des pratiques et l’analyse des dernières données statistiques montrent que dans certains secteurs
l’exception est en passe de devenir la norme. On assiste par exemple à des détachements successifs, répétés et de
court terme ainsi qu’à des recours plus massifs au détachement par des entreprises de travail temporaire qui
construisent leur modèle économique sur cette possibilité; c’est par exemple le cas de la société espagnole Terra
Fecundis, spécialisée dans le placement de travailleurs saisonniers agricoles, qui fait l’objet de multiples
contentieux judiciaires en cours en France…

Doc 20- Les 10 principaux pays d’accueil (gauche) et d’origine (droite) des travailleurs
détachés dans l’UE, la Suisse et la Norvège en 2015 - Source: Ouest France, 9/10/2017.

96
B. Mondialisation et coût du travail

Doc 21- Coût du travail et mondialisation - Source : https://www.vie-publique.fr/fiches/270246-le- cout-


du-travail
Le coût du travail (ou coût salarial) correspond à l’ensemble des dépenses liées à l’utilisation du facteur travail. Il
s’agit de la somme des dépenses effectuées par une entreprise en contrepartie du travail fourni par un salarié.
La mesure du coût du travail
Le coût du travail peut s’exprimer de différente manière. On peut calculer le coût salarial par heure travaillée (coût
salarial horaire) ou bien sur l’année (coût salarial annuel). Le coût du travail peut être mesuré au niveau d’une
entreprise, d’une branche ou de la nation.
Le coût salarial unitaire réel permet d’effectuer des comparaisons internationales, en tenant compte des différences
de productivité du travail entre les branches ou les pays et en éliminant les effets de l’inflation (évolution de l’indice
des prix). Il se calcule en divisant le coût salarial réel (coût salarial divisé par l’indice des prix) par les quantités
produites. Le résultat obtenu est le coût salarial par unité produite.
Les enjeux du coût du travail
Dans le contexte de la mondialisation (ouverture internationale des économies), le niveau du coût du travail est un
facteur déterminant, car il a une influence sur la compétitivité des entreprises et des économies nationales.
Toutefois, un coût du travail élevé ne constitue pas nécessairement un obstacle à la compétitivité, si les salariés
sont plus productifs (productivité du travail élevée), si la qualité des biens produits ou leur va- leur sont les
déterminants de la compétitivité.
Un coût du travail élevé est considéré par certains économistes comme un facteur explicatif du chômage, en
particulier pour les emplois peu ou pas qualifiés. Dans ce cas, celui-ci peut en effet devenir un handicap pour
l’entreprise car la productivité de ce type d’employé est faible. Le coût du travail peut inciter l’entre- prise à limiter
les embauches, à délocaliser ses usines dans des pays où la main-d’œuvre coûte moins cher ou à faire le choix de
la robotisation contre l’emploi. Cette question du coût du travail est complexe car les cotisations sociales ou le
salaire minimum, qui augmentent le coût du travail, offrent également un filet de sécurité aux salariés les moins
qualifiés en leur garantissant un pouvoir d’achat minimum et une protection sociale.

Doc 22- Salaire horaire minimum de certains pays de l’OCDE en 2020 (en dollars PPA)
Source : Statista d’après OCDE, 2022.

97
Doc 23- Coût horaire de la main d’œuvre du secteur marchand en 2021 en euros
Source: Eurostat, 2022.

Norvège 51,1
Danemark 46,9
Luxembourg 43
Belgique 41,6
Suède 39,7
Pays-Bas 38,3
France 37,9
Allemagne 37,2
Irlande 33,5
Zone euro 32,8
Italie 29,3
UE 27 29,1
Royaume-Uni 28,5
Espagne 22,9
Portugal 16
Pologne 11,5
Roumanie 8,5
Bulgarie 7
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55
Note : données de 2019 pour le Royaume-Uni

Doc 24- Impôt sur le revenu et cotisations de sécurité sociale (CSS) des salariés et des
employeurs en 2021 - Source: La fiscalité sur les salaires repart à la hausse au niveau international, Les
Echos du 24/05/22, d’après OCDE.

98
Doc 25- Heures travaillées par habitant - Source: Troisième rapport du CNP, d’après OCDE 2021,
2022

Japon
Etats-Unis

Pays-Bas
Allemagne

France

Note : le nombre moyen d’heures annuelles travaillées désigne, pour une période annuelle donnée, le nombre total d’heures
travaillées divisé par le nombre d’habitants.

Doc 26– Productivité horaire du travail au sein de grands pays, de 1990 à 2017, en $ PPA
2010 - Source : Premier rapport du Conseil national de productivité, juillet 2019, d’après OCDE.

La productivité horaire est ici calculée par le ratio


PIB à prix constants ($ PPA 2010) / heures
travaillées

99
Doc 27– Évolution des salaires et de la productivité en France et en Allemagne en Indice
base 100 en 2000- Source : Premier rapport du Conseil national de productivité, juillet 2019, d’après Eurostat

SMPT: salaire moyen temps


plein

Doc 28- Zone euro : coûts salariaux unitaires base 100 en 2000 - Source : Premier rapport du
Conseil national de productivité, juillet 2019, d’après Eurostat.

100
C. Mondialisation et inégalités

Doc 29- Les effets de la mondialisation sur le facteur travail dans le modèle HOS
Source : Mondialisation et marché du travail dans les pays développés, Nadia Terfous Économie & prévision, n°172, 2006-1.

Hypothèses du modèle
• Les dotations factorielles entre les pays sont différentes, par exemple en travail qualifié et en travail peu qualifié.
• Il n’existe pas de différences technologiques entre les pays ; les fonctions de production ne dépendent donc que
du type de bien. La concurrence est parfaite et les rendements d’échelle sont constants.
• La mobilité des facteurs de production à l’intérieur de chaque pays se fait sans coûts d’ajustement.
• Les facteurs sont à leur plein-emploi, et leur rémunération est parfaitement flexible.

Résultats
1) Spécialisation des pays :
Selon ce modèle, chaque pays se spécialise dans le bien intensif dans le facteur dont il est relativement mieux doté:
les pays développés se spécialisent dans la production de biens intensifs en travail qualifié. En effet, le travail peu
qualifié étant relativement rare dans les pays développés, il est aussi relativement plus cher que dans les pays en
développement: le prix relatif des biens intensifs en travail peu qualifié est donc plus élevé dans les pays
développés. Ceux-ci ont donc intérêt à produire davantage de biens intensifs en travail qualifié et à les exporter, à
produire moins de biens intensifs en travail peu qualifié et à les importer.
2) Évolution des rémunérations des facteurs de production :
La réallocation de la production est possible grâce à une hausse du prix relatif des biens intensifs en travail qualifié
pour les pays développés. Cette hausse s’accompagne d’un accroissement de la rémunération relative du travail
qualifié dans les pays développés. Il s’ensuit que l’intensité en travail peu qualifié augmente dans les deux biens
(par phénomène de substitution), ce qui provoque une baisse de la productivité marginale (décroissante) du travail
peu qualifié et donc une baisse de sa rémunération réelle, l’inverse étant vrai pour le travail qualifié.
L’accroissement relatif du prix d’un bien à l’ouverture (ou même après l’ouverture, pour des raisons par exemple
liées à l’évolution des préférences des consommateurs) augmente la rémunération réelle du facteur qui est utilisé
intensivement par ce bien et abaisse celle de l’autre facteur (théorème de Stolper-Samuelson), et ce dans des
conditions très générales.
3) Évolution de l’offre d’un facteur de production
En admettant que l’offre de travail peu qualifié augmente, et en supposant que le prix relatif des biens reste
inchangé, il en est de même pour la rémunération relative des facteurs de production et donc pour le ratio entre la
quantité de travail non qualifié et la quantité de travail qualifié (du fait des rendements constants dans le modèle).
L’augmentation de la quantité disponible du travail peu qualifié conduit à une hausse de la production du bien qui
incorpore intensivement ce facteur ; celle-ci s’accompagne d’une augmentation de la quantité de travail qualifié
utilisée (ratio des quantités de facteurs constant). A l’inverse, la production du bien intensif en travail qualifié
diminue, ce qui réduit aussi la quantité de travail peu qualifié utilisée pour ce bien (ratio des quantités de facteurs
constant). L’accroissement de l’offre d’un facteur de production, par exemple par le biais de migrations ou de
formation des travailleurs peu qualifiés, augmente la production du bien qui utilise intensivement ce facteur et
diminue la production de l’autre bien, en l’absence de variation du prix relatif mondial, c’est-à-dire pour un pays
de taille petite ou moyenne (théorème de Rybczynski). Cependant, dans le cas d’une variation du prix relatif
mondial, le résultat sur la production reste le même mais la rémunération réelle du facteur dont l’offre s’est accrue
augmente (alors que celle de l’autre facteur diminue), en lien avec l’évolution des dotations factorielles relatives
des pays.

Doc 30- Mondialisation et marché du travail dans les pays développés - Source : Nadia Terfous,
Économie & prévision, n°172, 2006-1 (extraits).
1. Des phénomènes concomitants : mondialisation et détérioration de la situation des travailleurs peu qualifiés
dans les pays développés
La mondialisation est souvent tenue pour responsable des plans sociaux et des licenciements, de la montée du
chômage et des inégalités. Le sentiment d’anxiété et d’insécurité qu’elle a créé s’est sans doute même renforcé
avec l’intégration récente des grands pays émergents dans l’économie mondiale. Mais tandis que les opinions
publiques accusent la mondialisation de provoquer des restructurations douloureuses, les économistes louent les
bienfaits du commerce, source de gains agrégés. Ces différences de perception, qui ne sont pas nécessairement
irréconciliables, incitent à se poser la question des effets de la mondialisation sur le marché du travail et de la
redistribution des gains qu’elle génère.

101
2. Les théories économiques suggèrent que la mondialisation peut creuser les inégalités
• dans les modèles en concurrence parfaite fondés sur la théorie des avantages comparatifs, les gains pro- viennent
de la spécialisation qui s’effectue selon les avantages comparatifs de chaque pays, eux-mêmes dépendant des écarts
de productivité (modèle de Ricardo) ou des dotations factorielles (modèle Heckscher-Ohlin). Les écarts constatés
entre les prédictions théoriques du modèle Heckscher-Ohlin et les constatations empiriques, liés notamment aux
imperfections entravant souvent le jeu des marchés et à la lenteur des ajustements, ainsi que les développements
de la discipline «économie industrielle» ont conduit à une nouvelle théorie du commerce international. Elle
regroupe un ensemble de travaux portant sur le progrès technique, les rendements croissants et la différenciation
des produits, qui permet d’expliquer l’existence d’échanges intra-branche, c’est-à-dire de variétés d’un même bien,
en opposition au commerce inter-branche, qui porte sur des biens différents.
• dans les modèles en concurrence imparfaite (nouvelle théorie du commerce international), les gains proviennent
d’une réduction des imperfections de marché grâce à une plus forte concurrence, à des économies d’échelle et à
l’accroissement de la variété des produits. Ces gains agrégés ne sont toutefois pas incompatibles avec une
progression des écarts de salaires entre travailleurs qualifiés et peu qualifiés. La nouvelle théorie du commerce
international, qui s’applique davantage aux échanges entre pays développés, a un résultat en commun avec la
théorie des avantages comparatifs : l’accroissement des écarts de salaires est très probable. En revanche, les
travailleurs peu qualifiés ne perdent pas nécessairement à l’ouverture dans l’absolu : la rémunération réelle des
travailleurs peu qualifiés peut augmenter sous l’effet positif des économies d’échelle, qui compense l’effet négatif
lié au phénomène de substitution évoqué précédemment. Malgré tout, les travailleurs qualifiés restent susceptibles
d’être davantage gagnants que les travailleurs peu qualifiés. Par ailleurs, dans le cadre de cette théorie, l’égalisation
des rémunérations réelles des facteurs entre pays n’est plus valable.
En ne décrivant pas la trajectoire qui mène à l’équilibre de long terme, ces théories font l’impasse sur le court
terme : or il existe, à court terme, des freins à la mobilité intersectorielle et des rigidités nominales, qui créent du
chômage pour ceux qui sont confrontés à la reconversion. Par ailleurs, en retenant des hypo- thèses fortes, même
dans une perspective de long terme, comme le plein-emploi, elles ignorent des phénomènes comme le chômage
volontaire ou la sortie du marché du travail, consécutifs à une baisse de rémunération réelle. Ces théories
n’évoquent donc pas le risque de chômage ou de baisse de l’emploi des travail- leurs peu qualifiés, qui existe
pourtant. En introduisant dans le modèle Heckscher-Ohlin des rigidités freinant, à court terme, l’ajustement à la
baisse de la rémunération réelle des travailleurs peu qualifiés dans les pays développés, on peut constater des
incitations pour les travailleurs peu qualifiés des pays en développe- ment à migrer. En effet, dans ce cas, la
rémunération réelle des travailleurs peu qualifiés reste à un niveau supérieur dans les pays développés le temps
que l’ajustement se produise.
3. Les études empiriques relativisent le rôle de la mondialisation dans la montée des inégalités
Les études empiriques peinent à mettre en évidence les résultats des théories de commerce et l’opinion couramment
répandue au sein des populations des pays développés selon lesquels les échanges accroîtraient les inégalités.
La hausse de la demande relative de travailleurs qualifiés que la théorie suggère n’a pas été constatée

Doc 31- Les écarts mondiaux de PIB par habitant (en % de la moyenne mondiale)
Source : Thomas Piketty, Le capital au XXIème siècle, Editions du Seuil, 2013, Paris.

250%
225%
200%
175% Europe-
Amérique
150% Monde
125%
100%
75%
50%
25%
0%
1700 1820 1870 1913 1950 1970 1990 2012

102
Doc 32- Nombre de personnes vivant avec moins de 1,9 $ par jour seuil d’extrême
pauvreté
Source : Banque Mondiale, 2022.
45

40

35

30

25

20

15

10

2011

2018
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010

2012
2013
2014
2015
2016
2017
Doc 33- Les inégalités patrimoniales en Europe et aux Etats-Unis (part du patrimoine détenu
selon le niveau de richesse patrimoniale)
Source : Une brève histoire de l’égalité, Thomas Piketty, Seuil, 2021

Doc 34- Les salaires des grands patrons : l’exemple des Etats-Unis
Source : Une brève histoire de l’égalité, Thomas Piketty, Seuil, 2021

Les PDG des grandes entreprises américaines n'ont jamais aussi bien gagné leur vie. Leur rémunération moyenne
a en effet grimpé à 14,7 millions de dollars en 2021 selon une enquête du Wall Street Journal, qui porte sur 400
entreprises, publiée ce dimanche 15 mai. Soit un sixième record d'affilée.
Entre salaires, primes, avantages et stocks options, la rémunération totale d'un grand PDG a ainsi bondi l'année
dernière de 12% dans le sillage d'une hausse des bénéfices des sociétés, des rendements des actionnaires et de la
montée des cours de bourse.
Pour deux tiers des PDG, cette rémunération vient largement sous forme d'actions ou de stocks options investies
sur plusieurs années. Sans ces portefeuilles, le salaire moyen des grands patrons américains se situe à 3,1 millions
de dollars.
Les 25 premiers dirigeants ont touché une rémunération totale de 35 millions de dollars annuels. Les mieux payés
103
relèvent du secteur des technologies de l'information ou des médias. Depuis le début de l'année toutefois, les
marchés boursiers connaissent une sévère chute qui pourrait entamer ce classement en 2022. (…)
Une autre étude publiée le 18 avril dernier par le cabinet Equilat sur les 100 plus grosses entreprises américaines
indiquait que le revenu médian de leur directeur général a augmenté de 31% en 2021. Equilar a établi son
classement annuel à partir des 100 entreprises aux chiffres d'affaires les plus élevés ayant diffusé les informations
requises en amont de l'assemblée générale de leurs actionnaires au 31 mars. (…)
Conséquence de ces fortes augmentations : le rapport entre la paye des patrons et celle de leurs employés a aussi
grimpé. Les patrons ont en moyenne gagné 254 fois plus que leurs salariés en 2021, contre 238 fois l'année
auparavant. La paye médiane des salariés de ces 100 grandes entreprises a de son côté augmenté de 4%, à 71.869
dollars.

Doc 35- Niveau d’inégalités dans 10 pays selon le coefficient de Gini des revenus avant impôts
Source : https://www.inegalites.fr/Revenus-quels-sont-les-pays-les-plus-inegalitaires-au-monde

104
III. Le débat : pertes d’emplois la faute aux délocalisations ?

Doc 36- Les multinationales et l’emploi en France en 2019 - Source : Les entreprises en France,
édition 2021, INSEE.

Doc 37- Effectifs à l’étranger des multinationales sous contrôle français en 2018 - Source :
Les entreprises en France, édition 2021, INSEE.

Doc 38- Emplois en France sous contrôle étranger, par pays d’origine en 2018 en milliers
Source : Les entreprises en France, édition 2021, INSEE.

Doc 39- Internationalisation, performances des entreprises et emploi - Source : La Fabrique de


l’industrie - septembre 2012 - Internationalisation, performances des entreprises et emploi, Alexandre Ga- zaniol.
L’opinion publique assimile souvent l’internationalisation des entreprises aux délocalisations, aux ferme- tures
d’usine, à l’intensification de la concurrence étrangère, et plus globalement, à la destruction du tissu industriel
français. L’analyse des études les plus récentes fait apparaître une réalité plus contrastée. D’un côté,
l’internationalisation des entreprises a un effet positif sur leur chiffre d’affaires, leur innovation et leur emploi en
France, et contribue donc au développement de l’activité industrielle en France. D’un autre côté, elle profite surtout
aux emplois qualifiés (conception, fonctions supports) et provoque la destruction d’emplois peu qualifiés.
La mondialisation n’est pas la seule responsable de la désindustrialisation
Le poids décroissant de l’industrie dans l’économie française ne tient pas seulement à la mondialisation, mais aussi
à plusieurs évolutions naturelles des économies développées. Quand les entreprises industrielles externalisent
certains services (nettoyage, restauration, infogérance... des sites industriels), les emplois correspondants basculent
statistiquement dans le secteur des services sans aucun changement sur le terrain. Par ailleurs, les gains de
105
productivité de l’industrie font que les besoins de main d’œuvre de ce secteur diminuent. Bien que ces gains de
productivité aboutissent également à une baisse des prix des produits manufacturés, et donc à une hausse de leur
demande cette dernière n’est pas suffisante pour compenser le premier effet de réduction des besoins de main
d’œuvre. Enfin, la hausse du revenu des ménages, qui découle des gains de productivité réalisés dans l’ensemble
de l’économie, est davantage utilisée pour consommer des services que des biens industriels. Tous ces
phénomènes, observables dans toutes les économies développées, ne doivent rien à la mondialisation.
La principale motivation d’implantation à l’étranger est la conquête de nouveaux marchés.
L’accès à un marché porteur est le principal déterminant des choix de localisation des firmes multinationales,
devant l’optimisation des coûts de production ou du niveau de fiscalité. 87% des dirigeants d’entre- prises
françaises multinationales indiquent ainsi que la principale motivation de leur implantation étrangère est d’accéder
à des marchés en pleine croissance. L’intérêt de fabriquer à l’étranger ce qui sera ensuite ré- importé en France
n’est un motif très important que pour 10 % d’entre eux.
L’implantation des firmes à l’étranger crée de la valeur en France
Les études empiriques révèlent que les entreprises internationalisées sont plus grandes, plus productives et versent
des salaires plus élevés que les autres, indépendamment du pays, du secteur ou de la conjoncture. La question est
de savoir si ces bonnes performances sont plutôt la conséquence ou l’origine de leur décision de s’internationaliser.
En réalité, la causalité est double. S’implanter à l’étranger nécessite une taille critique, des produits innovants, un
personnel qualifié et une structure financière solide: il s’opère ainsi naturellement une sélection des firmes les plus
performantes sur les marchés étrangers. Cependant, les firmes qui investissent à l’étranger pour la première fois
consolident encore leur avantage ex-post: elles connais- sent, durant les trois années qui suivent leurs
investissements, une croissance plus rapide de leurs ventes, de leur valeur ajoutée, de leurs effectifs et de leurs
exportations que les firmes qui décident de rester sur le territoire national. On observe également un effet positif
sur l’innovation.

La fragmentation du processus productif à l’échelle mondiale génère des gains de productivité et un accroissement
des exportations des entreprises
Pour apprécier l’impact de la fragmentation du processus productif sur la productivité et les exportations, on
s’intéresse aux conséquences du commerce de biens intermédiaires. La hausse des importations de biens
intermédiaires peut accroître la productivité des entreprises grâce à trois mécanismes:
1) l’accroissement de la concurrence entre producteurs fait baisser le prix de ces biens,
2) l’accès à des biens intermédiaires plus variés, mieux adaptés aux processus de fabrication des entre-
prises, est facilité et
3) la possibilité de délocaliser certains segments de la chaîne de valeur permet d’accroître l’efficacité de
l’entreprise.

Du fait de son effet sur la productivité, la hausse des importations permet alors aux entreprises françaises d’accroître
leurs exportations.
Toutefois, la mondialisation touche de plein fouet certains bassins d’emplois, métiers ou secteurs d’activité
Bien que les délocalisations concernent un nombre limité d’emplois industriels détruits (1 sur 300), elles peuvent
violemment affecter les travailleurs les moins qualifiés ainsi que certains bassins d’emplois très spécialisés. Au
niveau microéconomique, les effets des délocalisations deviennent ainsi plus visibles et plus significatifs. Sans
surprise, les secteurs les plus concernés par les délocalisations vers les pays à bas salaires sont les plus intensifs en
main d’œuvre comme l’habillement, les équipements du foyer ou les composants électroniques. Les
délocalisations seraient surtout le fait de grands groupes: ceux de plus de 500 salariés, qui représentent la moitié
de l’emploi en France, regrouperaient les deux tiers des emplois délocalisés.
Les employés peu qualifiés ont donc davantage à craindre de l’internationalisation de leur entreprise
L’accroissement des délocalisations s’est accompagné d’une recomposition de la demande de main d’œuvre en
faveur des travailleurs qualifiés, au sein d’un même secteur d’activité. Les groupes multinationaux réorientent peu
à peu les activités de la maison-mère vers les fonctions supports et la R&D. Ainsi, la proportion de cadres et
d’ingénieurs au sein des entreprises s’accroit nettement avec leur degré d’insertion sur les marchés extérieurs.
En conclusion
Dissuader les entreprises de recourir à la production étrangère aurait des effets contreproductifs sur leur
compétitivité et sur l’emploi industriel. Cependant, les délocalisations contribuent à accroître les inégalités entre
travailleurs qualifiés et non qualifiés au sein de chaque secteur d’activité, tant en termes de sécurité de l’emploi
que de rémunération. C’est en recherchant un meilleur fonctionnement du marché du travail et des dispositifs de
formation que l’on peut espérer atténuer ces effets négatifs.

106
Doc 40- La part sombre de l’industrie : la relocalisation industrielle à l’heure du
capitalisme numérique (extraits) - Source: Les Possibles — No. 24 Été 2020, vendredi 26 juin 2020, par
Mireille Bruyère.

La crise sanitaire actuelle a mis à jour notre forte dépendance industrielle vis-à-vis d’autre pays, en particulier la
Chine. La désindustrialisation de l’économie française, mais aussi de toutes les économies occidentales, est un
phénomène bien connu et assez ancien puisqu’il démarre dès la fin des années 1970. Entre 1980 et 2007, l’industrie
française a perdu 1 913 500 emplois, soit 36 % de ses effectifs ; la part de l’industrie dans la valeur ajoutée est
passée de 24 % à 14 %. Ainsi, l’incapacité de l’industrie française à produire rapidement des masques et des tests
à grande échelle a fait prendre conscience de ce que constitue cette désindustrialisation en termes de perte
d’autonomie productive.
Malgré la déclaration d’Emmanuel Macron dans son discours du 12 mars 2020 proclamant que « déléguer notre
alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond, à d’autres, est une folie », rien
de significatif n’a encore été fait pour reprendre un tant soit peu le contrôle sur la production industrielle alors que
l’état d’urgence sanitaire autorise le gouvernement à agir vite. La seule usine de fabrication de bouteilles d’oxygène
médical LUXFER est restée fermée, bien que cette production soit essentielle et que l’état d’urgence sanitaire
autorisait légalement le gouvernement à agir dans le champ de la production industrielle. À la suite du discours du
12 mars, un débat sur la mondialisation industrielle s’est engagé et de nombreux économistes ont alors évoqué la
nécessité d’une relocalisation de certaines productions dites stratégiques, comme les médicaments ou le matériel
médical. Sans surprise, Jean Tirole volait au secours de la mondialisation dans une chronique parue dans Les Échos
en déclarant que « grâce à la globalisation, en effet, les consommateurs ont accès à de nouveaux biens et services
produits dans le monde en- tier ; et ils peuvent acquérir les biens déjà produits dans le pays à plus bas prix, car ils
ne sont plus captifs des monopoles domestiques, et bénéficient de coûts de production plus bas dans des pays
exportateurs. ». Il reprend ici un argument tout aussi ancien qu’erroné des défenseurs de la mondialisation, inspiré
des « avantages comparatifs» de Ricardo. Selon eux, la mondialisation serait toujours globalement efficiente. Elle
se présenterait comme une spécialisation productive des pays tirant partie d’avantages comparatifs territoriaux
(compétences, coût du travail, réglementation, infrastructures). Cette plus grande efficience productive de la
mondialisation permettrait en bout de course une augmentation globale du pouvoir d’achat des consommateurs et
du revenu des travailleurs nouvellement intégrés dans la mondialisation. Le seul point que reconnaissent les
libéraux est que les effets sociaux seraient mal pris en compte et mal réparé, mais ils pensent que ceux-ci pourraient
l’être. Nous avons dénoncé dans deux notes des Économistes atterrés cette vision erronée de la mondialisation
néolibérale.
La dynamique de la mondialisation est le fait de la stratégie globale des firmes multinationales qui construisent et
pilotent des chaînes de production étendues, fondées sur une multitude de segments productifs dispersés sur
l’ensemble de la planète. La mondialisation néolibérale actuelle est donc la mondialisation de systèmes productifs
intégrés plutôt qu’une mondialisation de la concurrence entre unités productives auto- nomes et nationales. Ces
systèmes productifs industriels intégrés s’appellent aussi chaînes globales de va- leur. Cette dénomination insiste
sur le caractère asymétrique des relations entre les différents maillons de la chaîne de production. Une part
importante de la valeur ajoutée produite dans la chaîne globale de valeur est captée par les firmes multinationales
qui pilotent l’ensemble de la chaîne et dictent les conditions productives aux segments productifs en amont de la
production (sous-traitants, franchises et filiales). Ces systèmes productifs intégrés ont pour contrepartie une
financiarisation des firmes multinationales soutenue par des marchés financiers en expansion depuis les années
1990, une financiarisation qui est un facteur d’endette- ment des entreprises privées dont la dette s’est envolée. La
dette des entreprises privées françaises s’élève à plus de 170 % de leur valeur ajoutée. Financiarisation et chaîne
globale de valeur sont donc les deux faces d’une même mondialisation néolibérale. Poser la question d’une
relocalisation industrielle doit donc prendre en compte l’agencement matériel de cette mondialisation. Il ne s’agit
pas seulement de relocaliser quelques entreprises industrielles en France, car, si ces entreprises ne sont qu’un
segment industriel intégré à un système productif mondial dominé par une firme multinationale, cela ne peut en
soi permettre une autonomie productive.

L’autonomie industrielle d’un territoire ne peut pas être pensée uniquement en termes de relocalisations de
quelques entreprises industrielles sous-traitantes. C’est l’ensemble des chaînes globales de valeur qu’il faut
questionner et réduire. Ces chaînes ont trois strates inséparables : la strate financière qui fait remonter la valeur
ajoutée vers la firme multinationale, la strate numérique qui contrôle les flux financiers, matériels et du travail et
la strate industrielle qui est la base productive et matérielle où s’effectue la production. Nous n’avons besoin que
de la dernière strate, mais, pour la désencastrer des deux autres, il faut prendre conscience de leur articulation.
Cantonner le débat sur la seule strate industrielle, comme c’est souvent le cas lorsqu’une usine ferme, c’est prendre
le risque de produire un discours jamais suivi d’effet. Une alternative industrielle sociale et écologique ne peut se
limiter à dénoncer la faiblesse des investissements industriels publics, et ainsi laisser penser que l’État protège
naturellement d’une dérive vers la société de contrôle du capitalisme numérique. L’histoire industrielle récente
nous enseigne plutôt l’inverse.
Si nous devons imaginer un monde d’après, plus solidaire et écologique, l’autonomie industrielle est nécessaire et
107
urgente. On ne peut plus se contenter de proposer un pôle public de financement des politiques industrielles pour
relocaliser et réindustrialiser. Le monde d’après doit passer par une remise en question des technologies de
production et des finalités productives. Reprendre la main, c’est produire des biens indus- triels en circuits courts,
permettre aux entreprises industrielles sur le territoire de produire des biens destinés aux ménages sur le territoire.
Une véritable politique industrielle ne peut se cantonner à nationaliser des industries ou taxer les firmes
multinationales du numérique. Elle doit s’atteler à la reconstruction de filières industrielles complètes. Cela ne
pourra pas se faire sans une bonne dose de sobriété numérique. C’est à-dire préférer un vélo plutôt qu’un vélo
électrique connecté ou des trains plus nombreux plutôt que d’une plate- forme de mobilité qui optimise
numériquement les déplacements des trains, des blablacars et des bus entre gares connectées. Une politique
industrielle alternative doit non seulement soutenir et développer les ré- seaux d’entreprises industrielles sur le
territoire, mais aussi démanteler les plateformes numériques comme Amazon, qui bloquent l’accès des entreprises
productrices aux consommateurs finaux.
L’autonomie industrielle devra passer par la création d’un tissu de petites et moyennes entreprises industrielles sur
le territoire, produisant des biens d’équipement ou de consommation pour le territoire, insérées dans un réseau
territorial de coopération sobre en outils numériques et riche en relations humaines et en compétences industrielles.
Mais, la politique industrielle ne peut pas tout, il faudra surtout une réelle réappropriation des moyens de
production par les salariés eux-mêmes et la relocalisation industrielle devra être écologique. La démocratie
productive, première idée du mouvement ouvrier du XIXe siècle dont le mouve- ment des communs et les
coopératives en sont les héritiers peuvent nous inspirer. Il faut conditionner les aides publiques à la reconversion
des entreprises en coopératives et proposer un revenu garanti aux salariés des industries qui doivent se reconvertir
et les engager ensemble dans une réflexion au long court sur leur lieu de travail pour la reconversion de leurs
compétences industrielles vers des biens durables, produits et consommés sur le territoire. Mais on voit qu’on
s’attaque là à un pilier du capitalisme : la propriété privée des moyens de produire qu’il faut remettre en question
pour les grosses entreprises.

Doc 41- La part sombre de l’industrie : la relocalisation industrielle à l’heure du


capitalisme numérique (extraits) - Source: Les Possibles — No. 24 Été 2020, vendredi 26 juin 2020, par
Mireille Bruyère.
Le travail à distance s’est imposé comme une nouvelle norme lors de la pandémie de Covid-19. Après la crise, ce
changement culturel pourrait permettre aux entreprises des économies matures de recruter par le biais du télétravail
dans les pays émergents, générant ainsi des économies en coût du travail. Coface estime que le nombre total
d'emplois télétravaillables dans les économies à revenu élevé est d’environ 160 millions alors que le nombre de
télétravailleurs potentiels dans les économies à revenus faibles et moyens avoisine les 330 millions. Par ailleurs,
Coface estime que les entreprises françaises économiseraient 7% de leurs côuts du travail si1 emploi
télétravaillable sur 4 était délocalisé

Plus une économie est basée sur des activités de services qualifiés, plus sa main-d'œuvre est susceptible de
travailler à distance. Dans une enquête menée sur les travailleurs américains en octobre 2020,62 % des diplômés
ont ainsi déclaré que leur travail pouvait être effectué à distance. D’après l’Organisation Internationale du Travail,
seulement 13% des emplois dans les pays en développement seraient télétravaillabes, contre 27% dans les pays à
revenu élevé.
Toutefois, cela ne signifie pas que tous ces emplois peuvent être virtuellement délocalisés. De nombreuses tâches
nécessitent une présence partielle sur place, un contact personnel avec les clients, ou une base de compétences et
de connaissances spécifiques aux travailleurs domestiques.
Par ailleurs, pour les pays riches, les délocalisations virtuelles pourraient devenir une source de risque politique, à
l’image de la désindustrialisation si déterminante pour la montée du populisme. La pression de la concurrence
mondiale peut être source d’anxiéte économique pour les cadres d’entreprise, alimentant ainsi la polarisation
politique.
Enfin, certains pays en développement sont mieux lotis que d’autres pour attirer les investissements associés aux
délocalisations virtuelles. Afin d’identifier les possibles gagnants de ce phénomène, Coface a construit un
indicateur sur la base de quatre critères clé : le capital humain, la compétitivité des coûts salariaux, l’infrastructure
digitale et l’environnement des affaires. Des pays comme l’Inde, l’Indonésie ou le Brésil ont un grand nombre de
télétravailleurs potentiels et des coûts de main d’œuvre très compétitifs. D’autres, tels que la Pologne, offrent un
environnement d’affaires très favorable et une infrastructure digitale robuste. Enfin, alors que la Chine et la Russie
seraient, en théorie, des destinations de délocalisation virtuelle idéales, les tensions géopolitiques et les enjeux en
cybersécurité croissants avec l'Occident constitueront un obstacle de taille.

108
Dossier 5

La circulation des facteurs de production : le capital

I. Lexique

II. Documents
A. Les investissements directs à l’étranger (IDE)
B. Marchés financiers et investissements de portefeuille
C. Les fonds d’investissement
D. Les paradis fiscaux

III. Le débat : faut-il et peut-on réguler la finance mondialisée ?

109
I. LEXIQUE (sources : Alternatives Economiques, ENS Lyon, Banque de France, La finance pour tous, Insee…)
Arbitrage
D'une manière générale, désigne tout choix entre deux utilisations concurrentes d'une même ressource
rare (temps, argent, énergie...). Sur le marché des changes (où l'on cote les cours des différentes monnaies
convertibles, deux à deux), la technique de l'arbitrage consiste à tenter de tirer partie d'écarts éventuels de cours
entre trois monnaies prises deux à deux ou entre deux monnaies cotées de façon légèrement différentes au même
moment entre deux places. Cette technique tend à imposer au même moment un prix unique entre deux devises
sur toutes les places et quelle que soit la combinaison d'achat.
Action
Titre de copropriété d'une société. L'ensemble des actions d'une société correspond à son capital social
(voir ce terme). La division de ce dernier en de nombreuses actions a pour but d'en faciliter l'achat et la revente.
Les actions des sociétés les plus importantes sont cotées en Bourse, parce que, chaque jour, les opérations d'achat
et de vente sur ces actions sont suffisamment nombreuses pour que le prix qui en résulte soit significatif.
La valeur d'une action ne dépend pas seulement de l'offre et de la demande, c'est-à-dire des appréciations que les
per- sonnes intéressées portent sur la société en question, mais aussi de sa rentabilité, c'est-à-dire des bénéfices
qu'elle effectue et, éventuellement, distribue en dividendes à ses copropriétaires, ainsi que des appréciations que
les éventuels acheteurs portent sur l'évolution des bénéfices à venir.
Il est fréquent que l'on mesure le price earning ratio (PER), c'est-à-dire le rapport entre le cours en Bourse et les
bénéfices nets réalisés. En France, le PER de la majorité des sociétés est compris entre 10 et 14 : cela signifie que
si les bénéfices à venir se maintiennent, c'est-à-dire si la rentabilité de la société par rapport à son capital social ne
change pas, il faudrait à l'acquéreur d'aujourd'hui entre onze et quatorze ans pour récupérer, en dividendes ou en
plus-values, le prix de l'achat de l'action. Au Japon, le PER a été longtemps compris entre 25 et 35, ce qui indiquait
que les exigences de rentabilité des actionnaires étaient moindres qu'en France. Cela correspondait en fait à un
capitalisme de réseaux, où les détenteurs principaux des actions d'une société étaient des banques ou d'autres
sociétés amies. La crise financière larvée qui existe au Japon depuis le début des années 90 a mis fin à cette "
surévaluation " des actions des sociétés cotées, et la baisse des cours qui s'est ensuivie a ramené le PER aux niveaux
européens (de l'ordre de 10-12). Aux Etats-Unis, le PER est encore plus bas : il est compris le plus souvent entre
8 et 11, chiffre peu élevé qui indique l'exigence de rentabilité imposée par les actionnaires, qui ne demeurent
fidèles à une société que si ses profits atteignent un montant régulièrement élevé.
Un autre indicateur, plus stable, était utilisé dans l’entre-deux-guerres et revient aujourd’hui, le cours de Bourse
rap- porté à la valeur de l’actif net (actif de l’entreprise moins ses dettes) : au-delà de 2 on considère qu’une action
est chère.
Attac (Association pour la taxation des transactions financières et l'aide pour les citoyens)
Créée en 1998 à l'initiative du Monde diplomatique, cette association avait originellement pour but de
militer en faveur d'une " taxe Tobin ", c'est-à-dire, comme le préconisait James Tobin (prix Nobel en 1981), de
taxer les mouvements de capitaux afin d'en réduire la volatilité. L'idée était que l'on pouvait faire alors d'une pierre
deux coups : atténuer le risque de crise financière lié à l'instabilité potentielle des capitaux et financer un transfert
de ressources en faveur du développement. Peu à peu, l'Association a élargi son objectif et devient désormais le
principal lobby anti- mondialisation libérale, implanté dans plus d'une trentaine de pays.
Autofinancement
Partie des investissements qu'une entreprise finance par ses propres ressources, sans avoir recours à
l'emprunt ou à une augmentation du capital apportée par ses actionnaires. Les ressources dont dispose l'entreprise
en propre sont constituées des bénéfices non distribués aux actionnaires, mais également des amortissements et
provisions, qui sont des charges calculées, mais qui correspondent à la récupération de sorties de fonds déjà
effectuées (amortissement) ou à venir (provisions). Le taux d'autofinancement est calculé en rapportant ces
ressources internes au montant des investissements effectués durant l'exercice. La capacité d'autofinancement, ou
marge brute d'autofinancement (terme plus exact que son homologue anglo-saxon cash-flow), désigne la somme
des dividendes distribués et de l'autofinance- ment : elle mesure l'enrichissement engendré par l'entreprise au profit
de ses propriétaires, que cet enrichissement soit distribué (dividendes) ou qu'il soit accumulé (autofinancement).
Big Bang
Expression anglaise désignant la réforme de la Bourse intervenue au Royaume-Uni en 1986.
Cette réforme a en effet été vécue comme un grand choc par les professions concernées, puisque les intermédiaires
qui bénéficiaient jusqu'alors d'un monopole de transaction (les agents de change pour les actions, par exemple) ont
perdu ce monopole. D'une manière générale, le Big Bang a consisté à faire sauter les compartimentages entre les
différents marchés financiers (marché des actions en Bourse, marché des obligations, marché des autres titres)
pour permettre aux spécialistes qui intervenaient sur chacun de ces marchés de pouvoir intervenir sur les autres.
Ce qui a eu pour effet de créer des titres nouveaux de nature mixte : par exemple, des obligations convertibles en
actions, des titres à rémunération partiellement variable, etc.

110
Blanchiment
Ensemble des techniques utilisées pour transformer des revenus clandestins ou illégaux (argent tiré de
trafics, de vols, de pots-de-vin, d'activités criminelles...) en revenus légaux.
Le terme tirerait son origine du fait que les laveries automatiques (où l'on paye avec des pièces), très usitées aux
Etats- Unis, auraient été utilisées pour transformer de l'argent sale en revenus issus d'une activité légale. Cette
forme artisanale a depuis longtemps cédé la place à des techniques plus sophistiquées : casinos (il suffit de déclarer
plus de paris qu'il n'y en a eu en réalité), fausses factures, multiplication de chèques bancaires encaissés par des
sociétés fictives qui font circuler l'argent de compte à compte, entre paradis fiscaux qui ne prélèvent pas (ou fort
peu) de taxes... D'où l'importance de contrôler les paradis fiscaux et de les contraindre à rendre publics certains
mouvements de fonds. Depuis 1995, dans l'Union européenne, toute banque est tenue de signaler les opérations
qui lui paraissent suspectes de pou- voir cacher des opérations de blanchiment. Le groupe des sept plus grands pays
industrialisés (qu'on appelle G7) a mis en place un Groupe d'action financière internationale (Gafi), auquel
participent 29 pays, chargé de lutter contre le blanchiment et d'établir la liste des pays les moins coopératifs dans
ce domaine.
Bons du Trésor
Titres d'emprunts émis par le Trésor public pour se financer. Leur durée peut aller de quelques mois à
trente ans (aux Etats-Unis, où les bons à trente ans sont émis à coupon zéro, c'est-à-dire que les intérêts dus par
l'emprunteur sont décomptés dès l'émission : un bon remboursable 10 000 dollars dans trente ans est émis, par
exemple, à 3 000 dollars). Il peut s'agir de bons négociables (matérialisés par des titres, donc revendables avant
l'échéance sur un marché financier) ou de bons en comptes (non négociables). En France, les bons du Trésor à
durée longue (sept ans ou plus) sont désormais appelés obligations assimilables (ce dernier terme signifiant que,
même émis à des dates différentes, les différents emprunts ont une même date de remboursement et un même taux
d'intérêt, ce qui permet d'organiser une cotation unique de tous les titres assimilés). Ces bons sont tous sur formule,
pour en faciliter la cotation, donc la revente sur un marché secondaire (dit de l'occasion). Ainsi les obligations
assimilables du Trésor (OAT) bénéficient-elles à la fois d'une grande sécurité (il est exclu que le Trésor public
fasse faillite) et d'une grande liquidité (on peut les revendre très facilement, tant le marché secondaire est actif), ce
qui facilite leur placement et, en même temps, permet au Trésor de les émettre à des taux un peu inférieurs à ceux
du marché.
Bourse
La Bourse des valeurs mobilières est un marché financier sur lequel on cote les prix des titres de propriété de
sociétés privées (actions, droits de souscription d'actions). Pour assurer au marché (achat et vente d'un type
d'actions) une taille minimale, en dessous de laquelle le prix (la cote) ne signifierait pas grand-chose, seules les
entreprises d'une certaine importance sont acceptées à la cotation. Il faut en outre qu'une fraction significative des
actions qui compo- sent leur capital social soit vendue sur le marché. A la Bourse des valeurs mobilières, il existe
également un compartiment où sont cotées les obligations (notamment les obligations émises par le Trésor public
et par les entreprises publiques). Il existe également une Bourse de commerce (pour les lots de matières premières).
Bulles spéculatives
Apparaissent sur les marchés financiers, immobiliers, des devises, des matières premières ou des tulipes
comme en Hollande en 1637 … Elles sont caractérisées par une (trop) forte hausse du prix d’un actif ou d’un en-
semble d’actifs, qui atteint alors des niveaux excessifs par rapport à sa valeur intrinsèque. C’est la « phase
d’euphorie» selon Kindleberger. Puis arrive une phase de retournement, le « moment Minsky », « l’instant vil
coyote » : tout le monde se rend compte que le prix de l’actif est « trop cher pour ce que c’est » et tout le monde
cherche à vendre cet actif, entraînant alors une baisse très rapide de la valeur de l’actif et la bulle éclate… C’est
le krach.
Il y a bulle à partir du moment où la logique de formation des prix devient essentiellement « auto-référentielle »
sous le jeu de croyances des acheteurs et où le raisonnement d'arbitrage entre les différents actifs ne s'applique
plus : un prix démesurément élevé aujourd'hui se justifie uniquement par la croyance qu'il sera plus élevé demain,
comme le montrent deux exemples récents : la « bulle internet » (avec les NTIC) 2001, la bulle de l’immobilier en
2008 (#subprimes).
L’engouement soudain des acteurs pour un actif est étudié par de nombreux économistes, et c’est le point central
du débat sur les bulles : sont-elles « logiques » ou irrationnelles ? Pour les économistes du courant libéral, oui : il
s’agit de bulles rationnelles faites par un comportement rationnel (théorie d’Olivier Blanchard : comme on compare
les cours sur les marchés à terme avec celui du moment, on achète ou on vend de manière rationnelle…). Pour les
« autres », c’est non : on s’emballe pour des anticipations qui sont plus ou moins fantaisistes : rumeurs, idées
fausses, mimétisme… Il s’agirait alors d’un défaut de fonctionnement inhérent au marché lui-même et à ce titre il
doit être régulé.
Cac 40
" Cotation assistée en continu " des quarante valeurs (actions de sociétés cotées en Bourse sur le marché du
"règlement différé", voir Bourse) les plus échangées à la Bourse de Paris. Sur ces quarante valeurs, le flux des
ordres de vente et d'achat est en effet suffisant pour que fonctionne un système électronique de compensation,
permettant de déterminer à chaque moment le cours (la cote) résultant des ordres d'achat et de vente. De ce fait,
111
on peut à tout mo- ment calculer un indice sur la base de ces quarante valeurs, et l'importance de ces dernières
permet de considérer que cet indice est représentatif des fluctuations de l'ensemble des valeurs cotées en Bourse.
D'où le rôle du Cac 40, censé exprimer les fluctuations de la Bourse française dans son ensemble.
Capitalisme financier
Concept développé par un économiste marxiste du début du XXe siècle, Rudolf Hilferding, et repris par
Lénine pour caractériser l'évolution du capitalisme au sein duquel les banques (et les institutions financières)
détiennent une part croissante du capital.
L'hypothèse sous-jacente à l'hypothèse d'un capitalisme financier est que le contrôle du capital par des organismes
financiers (banques, sociétés d'assurances, fonds de pension...) modifie profondément le fonctionnement même du
système économique : lorsque les propriétaires sont aux commandes, ils s'efforcent de ne pas sacrifier le long terme
au court terme. Au contraire, la logique strictement financière amènerait les institutions financières à privilégier
les bénéfices immédiats, fût-ce au détriment de la croissance future. Rudolf Hilferding estimait, en outre, que la
puissance des organismes financiers allait engendrer inévitablement des combats de géants entre groupes
financiers, et Lénine y voyait la source des luttes impérialistes en vue d'un partage du monde et de ses ressources.
Il n'est pas sûr que le capitalisme financier engendre tous ces maux, mais, incontestablement, il contribue à modifier
le fonctionnement même du système économique : il suffit de comparer la façon dont sont gérées les entreprises
américaines (largement contrôlées par le capital financier) et les entreprises allemandes (dans lesquelles les
groupes financiers jouent un rôle très mineur). Certains (Michel Albert, par exemple) opposent ainsi un capitalisme
rhénan et un capitalisme anglo-saxon.
Capitalisme managérial
Concept forgé dans les années 30 par Adolf Berle (économiste américain) pour désigner le fait que les
propriétaires du capital délèguent de plus en plus fréquemment leur rôle de gestionnaires à des salariés de haut
niveau chargés de développer l'entreprise. Cette évolution est d'autant plus accentuée que, avec la vente sur le
marché boursier d'une partie souvent importante des actions détenues initialement par les familles propriétaires, le
capital des grandes entreprises devient très émietté et que la montée des managers en est facilitée, puisque aucun
actionnaire ne détient plus réellement le pouvoir.
Le capitalisme managérial est parfois appelé en France capitalisme technocratique. L'exemple type est celui de
Danone, firme dans laquelle aucun actionnaire ne détient plus de 3 % du capital, ce qui a permis à Antoine Riboud
(et désormais à son fils Franck) de contrôler et de gérer l'entreprise avec très peu d'actions. Il convient cependant
de remarquer que, même s'ils n'exercent plus effectivement le pouvoir, les actionnaires conservent la capacité de
se révolter et de se coaliser pour démettre un manager qui, à leurs yeux, effectue des choix qui réduisent l'espoir
de profits, pour le remplacer par un autre. Cette révolte des actionnaires a été particulièrement importante aux
Etats-Unis, pourtant patrie du capitalisme managérial.
Capital-risque
Placement effectué dans le capital d'une entreprise qui, n'ayant pas encore ou pas suffisamment fait ses
preuves, engendre pour l'épargnant le risque de perdre tout ou partie de son avoir.
En contrepartie de ce risque élevé, le profit peut lui-même être élevé si l'entreprise réussit. On désigne sous le nom
de société de capital-risque les sociétés financières spécialisées dans la collecte d'épargne en vue d'investir dans
des entreprises en développement, mais à risque élevé. L'intérêt de ces sociétés de capital-risque est de mutualiser
le risque en question : si l'une des entreprises dans lesquelles le placement est effectué disparaît, tandis qu'une
autre fait des affaires fructueuses, la société de capital-risque qui avait financé les deux entreprises peut compenser,
et les détenteurs du capital de cette société, dont la seule finalité est financière, subissent moins de risques.
FCP (fonds commun de placement)
Désigne un organisme proposant aux épargnants des produits financiers (on parle de parts de FCP) dont
la valeur est déterminée par le portefeuille de titres (actions, obligations...) géré par le fonds.
Un FCP, comme une Sicav, est un organisme de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM). Ce type de
structure permet une gestion collective - réalisée par des professionnels - des placements des épargnants, mais
égale- ment une certaine mutualisation de ces derniers. En souscrivant des parts de FCP, un épargnant s'évite le
soin de gérer lui-même son portefeuille, ce qui peut être à l'origine d'une meilleure gestion et, surtout, d'économies
d'échelle (l'achat ou la vente de titres en grand nombre coûte moins cher par unité que lorsqu'il s'agit de quelques
titres). La différence entre Sicav et FCP est que ce dernier est une copropriété : les risques sont donc partagés entre
les copropriétaires, et le gérant se borne à gérer pour le compte des copropriétaires. Au contraire, dans une Sicav,
on a affaire à une société, soumise à des contraintes de gestion plus strictes et à des coûts plus élevés, mais avec
des risques moindres pour les épargnants.
Déréglementation
Henri Bourguinat a identifié les « trois D » à l'origine de la globalisation financière : déréglementation,
dé- cloisonnement, désintermédiation.
La déréglementation désigne le processus d'assouplissement ou de suppression des réglementations nationales

112
régissant, et restreignant, la circulation des capitaux (contrôle des changes, encadrement du crédit, etc.). Partie des
États- Unis et du Royaume-Uni, elle s'est progressivement étendue à tous les pays industrialisés dans les années
1980.
Le décloisonnement désigne l'abolition des frontières segmentant les marchés financiers : segmentation des divers
marchés nationaux, d'une part ; mais aussi segmentation, à l'intérieur d'un même pays, entre divers types de
marchés financiers : marché monétaire, marché obligataire, marché des changes, marché à terme, etc. Aujourd'hui,
les marchés financiers nationaux sont interconnectés, constituant un vaste marché global. Et les différents
compartiments du marché financier ont été unifiés, pour créer un marché plus large et profond, accessible à tous
les intervenants à la re- cherche d'instruments de financement, de placement, ou de couverture.
La désintermédiation, enfin, désigne la possibilité offerte aux opérateurs désireux de placer ou d'emprunter des
capitaux, d'intervenir directement sur les marchés financiers, sans être obligés de passer par ces intermédiaires
financiers traditionnels que sont les banques. Dans des pays comme l'Allemagne ou la France, le financement des
entreprises a longtemps été massivement intermédié, c'est-à-dire assuré par les banques ; mais la part du crédit
bancaire dans le financement des entreprises a fortement diminué dans ces deux pays, passant des deux tiers à la
fin des années 1970 à environ 50 % aujourd'hui.
Dow Jones
Indice boursier calculé pour rendre compte de l'évolution des cours des actions cotées au New York Stock
Exchange (la Bourse de New York, située à Wall Street).
Firme multinationale
Entreprise ayant une ou plusieurs filiales de production à l'étranger. Longtemps réservé aux grandes entre-
prises qui cherchaient à être présentes dans tous les pays où un marché important existait, des entreprises moyennes
voire petites sont devenues multinationales, avec le développement de la conteneurisation et le développement du
libre-échange.
Il existe différents types de firmes multinationales correspondant à différents objectifs d’implantation :
-les firmes primaires (années 20-50): On implante les succursales dans le pays présentant des stock de ressources
et de matières premières.
-les firmes multidomestiques (années 60): Implantation des filiales près des consommateurs, multinationalisation
horizontale.
-les firmes multinationale (années 70-80): Implantations de filiale atelier: Multinationalisation verticale
-les firmes globales (depuis 80's): d'approvisionnement, de marché et de production rationalisée on parlera aussi
de firmes technico-commerciales.
Fonds de couverture (hedge funds)
Fonds d’investissement spéculatif utilisant des techniques sophistiquées d’arbitrage et d’effets de levier.
Ils interviennent sur tous les marchés (actions, obligations, matières premières, produits dérivés, de- vises), en
privilégiant une gestion très active et la liquidité des actifs.
Les fonds spéculatifs s’adressent à une clientèle, composée de personnes physiques ou morales, disposant d’un
patri- moine élevé et présentant une plus grande tolérance à l’égard du risque (on parle de « risk lovers »). En plus
des frais de gestion de l’ordre de 2% des actifs gérés, les gestionnaires perçoivent en général une rémunération
(autour de 20%) directement liée aux performances de leur fonds dont ils détiennent des parts. A la fin de 1997, il
y avait environ 3 000 fonds spéculatifs, la plupart américains, dont les avoirs propres atteignaient près de 400
milliards de dollars, ce qui est faible (autour de 1%) par rapport à l’ensemble des actifs gérés par les investisseurs
institutionnels.
Bien que certains d’entre eux aient défrayé la chronique comme le fonds de George Soros ou dans le cas de Long
Term Capital Management (LTCM), ces fonds ne sont pas bien connus dans leur mode de fonctionnement.
Globalisation
Néologisme d'origine anglaise désignant la mondialisation financière, c'est-à-dire l'existence d'un marché
mondial du capital. Par extension, tend à désigner le fait que les décisions stratégiques des entreprises
multinationales visent parfois à réaliser une intégration productive mondiale : production de tel composant ici, de
tel autre là, assemblage ailleurs, etc.
D'une certaine manière, " globalisation " s'oppose à " multinationalisation ". Ce dernier terme sous-entend qu'une
entreprise, bien qu'ayant une implantation dans plusieurs pays, demeure attachée principalement à un pays en
particulier, en général son pays d'origine. Au contraire, le terme globalisation sous-entend que l'entreprise est
détachée d'une base territoriale particulière, que le monde est son territoire, et qu'elle décide de sa stratégie
productive en fonction des coûts de production relatifs des différents pays, et en vue de la mise au point d'un produit
vendu dans le plus grand nombre de pays possibles.
Investissement direct à l'étranger (IDE)
Désigne tout investissement transfrontalier dont le résultat est soit d'acquérir (ou de contrôler) une société
existante, soit de créer de nouvelles capacités de production par le biais d'une filiale. On oppose souvent les IDE
aux investissements de portefeuille, c'est-à-dire aux achats de titres sur des marchés financiers : dans le premier
113
cas, l'investissement est durable et se traduit par une augmentation de la capacité de production contrôlée par la
firme qui effectue l'IDE, dans le deuxième cas, il ne s'agit que d'investissements à finalité financière, susceptibles
d'être liquidés à tout moment par revente sur le marché financier où ils ont été acquis.
Les IDE matérialisent la tendance à l'essor des firmes multinationales. Dans leur chiffrage, on compte les
réinvestissements effectués sur place par les filiales détenues : il s'agit donc moins de chiffrer les flux effectifs
transférés que le patrimoine contrôlé par des firmes multinationales.
On peut mesurer les IDE de deux manières :
- la mesure des IDE peut se faire à un moment donné ; c'est une photographie, un stock. Le stock exprime donc un
niveau constaté à une date donnée.
- la mesure des IDE peut se faire pendant une certaine période de temps donné (mois, année) ; le résultat de cette
me- sure est une variation (augmentation, diminution) : c'est un flux. Le flux exprime un mouvement entre deux
dates.
Stock et flux sont liés : le stock se modifie en fonction du flux ; ainsi, si les flux d'investissements directs étrangers
en France augmentent, le stock d'investissements directs étrangers en France augmentera.
Nasdaq
La « National Association of Securities Dealers Automated Quotation » est un marché boursier
électronique créé aux Etats-Unis en 1971. Il avait la particularité d’introduire ce qui se généralisa ensuite : la
cotation automatisée et donc à terme la possibilité pour des spéculateurs d’intervenir à distance sur le marché. Il
s’agissait d’un marché hors cote où se négociaient les titres non pris en compte sur les grands marchés traditionnels
de Wall-Street. C’est pourquoi s’y sont retrouvés très vite les titres de firmes récentes liées à aux NTIC. L’indice
synthétique NASDAQ est ainsi devenu représentatif de l’évolution des cours de la Nouvelle Economie.
Notation
Terme désignant l'appréciation portée par une agence spécialisée sur la structure financière d'une société
(éventuellement d'une collectivité locale), donc sur ses capacités à honorer ses engagements (dettes) et le risque
pris par les créanciers.
Les agences de rating (le terme anglais pour notation) ont pris une place croissante avec la montée de la
mondialisation financière. En effet, les prêteurs potentiels ont besoin de connaître avec précision les risques
auxquels ils s'expo- sent en souscrivant les titres de dette émis par telle société ou par telle collectivité territoriale,
qu'ils ne connaissent souvent quasiment pas. Pour les emprunteurs, la notation détermine le taux d'intérêt auxquels
ils devront émettre leurs titres : plus le risque est élevé, plus le taux d'intérêt proposé doit être également élevé. Les
deux principales agences de notation sont Standard & Poor's et Moody's.
Obligation
Une obligation est une valeur mobilière qui constitue une créance sur son émetteur, elle est donc
représentative d'une dette financière à moyen, long terme, parfois même à perpétuité. Cette dette est émise dans
une devise don- née, pour une durée définie et elle donne droit au paiement d'un intérêt fixe ou variable, appelé
coupon qui est parfois capitalisé jusqu'à sa maturité.
En 2014, le marché obligataire mondial représentait environ 150 000 milliards de dollars, soit plus de 50 % du
marché total des actifs financiers, et 66 % du marché de la dette. En comparaison le marché des actions n'est que
de moitié environ (69 000 milliards de dollars) du marché obligataire.
Offre publique d'échange (OPE)
Proposition conditionnelle d'achat d'actions d'une société cotée en Bourse effectuée auprès de l'ensemble
des détenteurs de ce titre, à un prix déterminé et valable durant une période déterminée (en général trois semaines
à un mois).
Offre publique d'achat (OPA)
Offre publique d'achat dans laquelle tout ou partie du paiement est effectué par remise d'actions de la
société lançant l'offre.
Produit dérivé
Désigne un titre financier dont la valeur de base est déterminée par l'évolution des cours d'une
marchandise, d'un autre titre ou d'un ensemble d'autres titres. Les transactions sur les produits dérivés sont en forte
croissance depuis le début des années 1980 et représentent désormais l'essentiel de l'activité des marchés financiers.
C'est donc un marché sur lequel règne une forte spéculation, qui est régulièrement à l'origine de scandales
retentissants, car, bien évidemment, bon nombre d'opérateurs qui pratiquent la spéculation utilisent pour cela des
fonds qui ne leur appartiennent pas : trésoriers d'entreprise, gestionnaires de fonds de pension, correspondants de
banque, etc.
Raider
Terme anglais désignant l'initiateur d'une offre publique d'achat (OPA) ayant pour mobile de réaliser une
plus- value sur la société visée.
Le mécanisme du raid peut prendre deux formes. Dans la première, le raider va jusqu'au bout, et une fois qu'il a
114
acquis la société visée, il la revend par morceaux, afin de faire apparaître les plus-values latentes qu'elle pouvait
receler. Par exemple, une société pétrolière dispose de concessions d'exploitation dont la valorisation au bilan est
moindre que la valeur marchande. Ou encore, des terrains ou des immeubles sont dans ce cas : la revente " par
appartements " permet d'encaisser au total plus d'argent que le raider n'en a dépensé pour réussir son OPA. Mais
le raider peut aussi se borner à faire peur, et négocier ensuite l'abandon de son OPA contre une substantielle
rémunération, ou le rachat au prix fort des actions déjà acquises. Cette technique revient à alourdir les charges de
la société visée, puisque cette dernière, pour éviter le dépeçage ultérieur, doit consacrer à se défendre et à payer au
raider des sommes qu'elle aurait pu investir de façon plus productive. A l'inverse, il est vrai, la crainte d'un raid
incite les dirigeants à faire attention à la rentabilité de leur société et à éviter que les cours en Bourse ne baissent
ou ne progressent pas.
Stock-options
Terme anglais désignant une forme de rémunération des cadres dirigeants : si le chiffre d'affaires, ou les
profits, ou les cours en Bourse des actions de la société qu'ils dirigent augmente au moins d'une certaine proportion
durant l'année, les dirigeants en question reçoivent un certain montant d'options sur les actions de la société, qu'ils
peu- vent acquérir à une date ultérieure et à un prix fixé dans l'option.
Titrisation
Technique financière qui consiste classiquement à transférer à des investisseurs des actifs financiers tels
que des créances (par exemple des factures émises non soldées, ou des prêts en cours), en transformant ces créances,
par le passage à travers une société ad hoc, en titres financiers émis sur le marché des capitaux.
Une telle titrisation s'opère en regroupant un portefeuille (c'est-à-dire un lot) de créances de nature
similaire (prêts immobiliers, prêts à la consommation, factures monothématique, ...) que l'on cède alors à une
structure ad hoc (société, fonds ou trust) qui en finance le prix d'achat en plaçant des titres auprès d'investisseurs.
Les titres (obligations, billets de trésorerie, ...) représentent chacun une fraction du portefeuille de créances titrisées
et donnent le droit aux investisseurs de recevoir les paiements des créances (par exemple quand les factures sont
payées, ou quand les prêts immobiliers versent des mensualités) sous forme d'intérêts et de remboursement de
principal.
La titrisation peut également viser à ne transférer aux investisseurs que le risque financier lié aux actifs
con- cernés, auquel cas les actifs ne sont pas vendus, mais le risque ou partie du risque transféré grâce à une
titrisation synthétique.
Née aux États-Unis dans les années 1980, la titrisation a connu une expansion importante également en
Europe à partir de 2000, tandis que les produits et les structures devenaient de plus en plus complexes. La crise des
subprimes survenue en 2007 a provoqué un ralentissement du marché, tandis que les autorités de marché
considèrent la question de savoir si la titrisation devrait être mieux encadrée.

115
II. Documents

A. Les Investissements directs à l’étranger (IDE)

L’investissement direct étranger (IDE) est un élément central du processus d’intégration économique
internationale, qui évolue rapidement. L’IDE crée des liens directs, stables et durables entre les économies. Il
favorise les transferts de technologies et de savoir-faire entre les pays, et il permet à l’économie d’accueil de
promouvoir plus largement ses produits sur les marchés internationaux. Enfin, l’IDE représente une source de
fonds supplémentaire pour l’investissement productif, et dans un cadre d’action publique adéquat, il peut
constituer un vecteur important de développement des entreprises.
L’IDE se définit comme un investissement réalisé par une entité résidente d’une économie dans le but
d’acquérir un intérêt durable dans une entreprise résidente d’une autre économie. La notion d’intérêt durable
implique l’existence d’une relation à long terme entre l’investisseur direct et l’entreprise, dans le cadre de
laquelle l’investisseur exerce une influence notable sur la gestion de l’entreprise. Cette influence est évaluée à
l’aune de la participation au capital, qui doit représenter au moins 10 % des droits de vote. Il n’est donc pas
nécessaire que l’investisseur étranger ait un contrôle absolu (c’est-à-dire qu’il détienne plus de 50 % du droit
de vote).
Les stocks d’investissements entrants sont les investissements directs détenus par des non-résidents ; les stocks
d’investissements sortants sont les investissements directs détenus dans d’autres économies.
Le tableau sur les stocks d’IDE indique aussi leur ventilation entre grands secteurs d’activité, c’est-à-dire entre
les industries manufacturières et les services.
Des flux négatifs reflètent généralement des cessions d’actifs ou l’impact de remboursements substantiels au
titre de prêts interentreprises.
Source : OCDE, Panorama des statistiques 2010.

Doc 1- IDE entrants par région en milliards de dollars et en pourcentage, 2008-2021


Source : CNUCED, World Investment Report 2022.

116
Doc 2- Les 20 principaux pays d’accueil des IDE entrants en 2021 (en milliards de dollars)
Source : CNUCED, World Investment Report 2022.

France : 14 Mds $.
En 2020, la France
occupait la 18ème place
et la 15ème en 2019.

Doc 3- Les 20 principaux pays d’origine des IDE sortants en 2021 (en milliards de dollars)
Source : CNUCED, World Investment Report 2022.

France : - 23 Mds $.
En 2020, la France occupait la
7ème place et la 9ème en 2019.

117
Doc 4- IDE dans les énergies renouvelables par région en 2021 (en nombre de projets)
Source : CNUCED, World Investment Report 2022.

Doc 5- Nature des projets d’IDE dans les énergies renouvelables, 2011-2021 (en milliards de
$) - Source : CNUCED, World Investment Report 2022.

118
Doc 6- IDE greenfield (création d’entreprise ou de filiale à l’étranger) par les 100 plus
grandes FMN du digital, 2016-2021 (en milliards de $)
Source : CNUCED, World Investment Report 2022.

Doc 7- Stocks d’IDE sortant et entrant en 2021 des PA et PED (en Mds de $)
Source : d’après CNUCED, World Investment Report 2022.

Pays en développement

Pays avancés

0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000

Stock d'IDE sortants Stock d'IDE entrants

119
Doc 8- Les 30 pays disposant des plus importants stocks d’IDE entrants en 2021.
Comparaison avec leurs stocks d’IDE sortants. (en Mds de $)
Source : d’après CNUCED, World Investment Report 2022. 14000
13000
12000
11000
10000
9000
4000
3750
3500
3250
3000
2750
2500
2250
2000
1750
1500
1250
1000
750
500
250
0

Singapour
Indonésie
Israël

Brésil
Belgique

France
Canada
Japon

Arabie Saoudite

Suède

Australie

Pays-Bas
Pologne

Chypre

Inde
Russie
Iles Caïmans (RU)
Mexique

Espagne

Iles Vierges (RU)

Allemagne
Suisse

Hong Kong (Ch)


Chine

Etats-Unis
Corée du sud

Thaïlande

Luxembourg
Italie

Royaume-Uni
30 29 28 27 26 25 24 23 22 21 20 19 18 17 16 15 14 13 12 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1

Stock d'IDE entrants Stock d'IDE sortants

Doc 9- Flux d’IDE entre la France et l’étranger entre 2000 et 2020 (en Mds d’€)
Source : Banque de France, 2022.

180,0

160,0

140,0

120,0

100,0

80,0

60,0

40,0

20,0

0,0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
-20,0

Solde net des investissements directs IDE en France


Investissements français à l'étranger

120
B. Marchés financiers et investissements de portefeuille

Doc 10- Les différents marchés financiers - Source : https://www.lafinancepourtous.com.

121
Doc 11- Marchés organisés et marchés OTC - Source : https://www.lafinancepourtous.com.

122
123
Doc 12- Le coût du capital - Source : Premier rapport du Conseil national de productivité, juillet 2019.
Le coût total du capital peut être défini comme le coût moyen pondéré des capitaux propres et de la dette. Les
entreprises françaises font face à des coûts des capitaux propres similaires à ceux des autres entreprises européennes
et leurs coûts d’emprunt sont parmi les plus faibles en Europe. Le coût des fonds propres (COE, pour « cost of
equity») est défini comme le rendement attendu par un investisseur pour acquérir ou conserver les actions d’une
entreprise compte tenu de leur risque. Ce coût est central pour toutes les entreprises et particulièrement pour celles
qui portent des projets innovants dont l’horizon de rentabilité est plus incertain. Pour ces projets incertains, le
financement par endettement est peu adapté et les entreprises de type « start-up » se financent principalement par
fonds propres. En pratique, le COE n’est pas directement observable, contrairement au coût de la dette. Pour une
entreprise, comme pour l’ensemble de l’économie, on ne peut l’évaluer qu’en l’estimant à partir de données
boursières dans le cadre d’un modèle de valorisation des actions. Les résultats de ces estimations montrent que le
coût des fonds propres des entreprises européennes est proche de son minimum historique et que le coût en France
se distingue peu de ses voisins européens. Concernant le coût de la dette, la situation actuelle est marquée par des
taux bancaires historiquement bas du fait de la politique monétaire très accommodante de la Banque centrale
européenne (BCE). Les taux d’emprunt pour les entreprises françaises sont inférieurs aux taux allemands, italiens
et espagnols selon la mesure synthétique de la BCE.

Doc 13- Les investissements de portefeuille sont à la fois intéressants et risqués pour les
entre- prises qui en bénéficient. Pourquoi ? – Source : http://ses.webclass.fr/notion/investissement-
portefeuille.
Les investissements de portefeuille permettent aux entreprises de financer leurs investissements grâce à l'épargne
provenant d'un autre pays. C'est très intéressant, notamment pour les pays en développement qui manquent souvent
des moyens nécessaires au financement de leur croissance. De plus, ce type de placement ne remet pas en cause le
contrôle des entreprises, puisque les investissements de portefeuille n'ont qu'une logique financière. Le revers de
la médaille est que ceux qui effectuent ces placements sont par définition peu attachés au devenir de l'entreprise,
et qu'ils peuvent revendre brutalement leurs titres, si la rentabilité ne les satisfait pas ou si le risque de pertes leur
paraît trop grand. Si tous les épargnants vendent leurs titres en même temps, la valeur de l'action s'effondre et
l'entreprise devient la proie d'un rachat par un concurrent. Quand cette défiance s'étend à toutes les actions d'un
pays, alors cela provoque un krach boursier qui peut laisser durablement le pays sans ressources financières pour
asseoir sa croissance et son développement.
L'autre fait d'importance à propos des placements financiers internationaux est le développement des fonds de
placement et fonds de pensions. Ces entreprises gèrent l'épargne de leurs clients, soit pour financer plus tard une
retraite (fonds de pension), soit dans une simple logique de placement, voire de spéculation (fonds de placement).
La logique de ces entreprises est celle du financement indirect : étant spécialisée dans la finance et
professionnalisées, elles sont mieux à même d'effectuer de bons placements que leurs clients, qui trouvent donc
plus de sécurité et un meilleur rendement en passant par des fonds de pensions ou de placements. Parallèlement,
ces fonds, parce qu'ils gèrent des sommes considérables, sont à même de « faire la pluie et le beau temps » sur les
124
marchés financiers : quand ils vendent ou achètent les actions d'une entreprise, le cours s'effondre ou s'envole. Les
directions d'entreprises, pour ne pas ruiner leurs actionnaires, sont donc contraintes de satisfaire les critères de
gestion particulièrement contraignants et les objectifs de rentabilité particulièrement élevés qu'imposent les fonds
de placements et les fonds de pensions.

Doc 14- A quoi servent les opérations de couverture : exemple des couvertures de change
Source : M. Didier, Politique de change de l’euro, Rapport pour le CAE, 2008.
L’objectif des entreprises industrielles et commerciales est de désensibiliser autant que possible leurs résultats aux
variations des taux de change. Une entreprise européenne qui attend une recette en dollars dans le futur, par
exemple dans un an, est exposée au risque de change. Si au cours de l’année le dollar baisse de 10 %, la valeur de
la recette en euros aura perdu 10 %. Le projet qui était initialement viable peut se trouver déficitaire. L’entreprise
peut se couvrir contre ce risque. Les couvertures de change présentent deux dimensions complémentaires, la
couverture des flux financiers futurs et la couverture des situations nettes. L’horizon de la couverture des flux
dépend du calendrier des flux attendus (à supposer qu’il soit connu). L’horizon de la couverture des bilans est par
nature indéterminé. Plusieurs solutions sont a priori possibles pour couvrir le risque de change, les contrats de
change à terme et l’achat d’options de change. Elles sont d’intérêt différent et souvent complémentaire :
• un contrat à terme permet de fixer immédiatement le taux de change qui sera appliqué lors du dénouement de
l’opération, un an plus tard dans notre exemple. Il existe un vaste marché à terme des changes très liquide pour les
premières échéances (jusqu’à trois ans environ). Cependant, les contrats à terme présentent l’inconvénient
d’impliquer des engagements fermes alors que les sous-jacents sont souvent incertains ;
• une autre technique de couverture consiste à négocier des options de change avec un prix d’exercice fixé. Le
marché des options de change s’est développé et répond à une large gamme de besoins des entreprises.

Doc 15- Taux de détention du CAC 40 par les non-résidents - Source Banque de France et
Euronext, https://publications.banque-france.fr, 2022.

Note : 11 sociétés françaises sur 37 sont détenues majoritairement par des intérêts étrangers.

Doc 16- Marché : les chiffres inimaginables du marché des produits dérivés
Source:https://www.tradingsat.com/actualites/marches-financiers/les-chiffres-inimaginables-du-marche-des-
produits- derives-674823.html
Quel est le montant exact de produits dérivés présents en ce moment sur les marchés financiers ? La réponse à
cette question fait chauffer les calculatrices et les cerveaux, tant on en arrive aux limites de l’entendement humain
en matière de mathématiques et de finance.
Savez-vous ce que les anglo-saxons entendent par "Quadrillion" ? Un terme mathématique théorique, appliqué aux
sciences essentiellement, et à un seul segment des marchés financiers, celui des produits dérivés, selon une enquête
de Marketwatch. L’ensemble des encours sur ce type de produit représente… un million de milliards de dollars
1.000.000.000.000.000.000). Un montant incroyable qui pose différents problèmes, ne serait-ce que
d’appréhension même de ce qu’il peut représenter. Même poser ce chiffre sur la calculatrice d’un téléphone mo-
bile standard est impossible.
Plus que l’ensemble des bourses mondiales
Du coup, impossible de diviser ce chiffre par quoi que ce soit de représentatif (Rolls Royce, Airbus A 380, réacteurs
EPR ou PIB d’un pays), puisque la donnée de base est même impossible à afficher… Et pourtant, c’est la somme
totale des produits dérivés qui existent sur le marché. 1,2 "Quadrillion" très précisément, soit
125
1.200.000.000.000.000.000 dollars. Largement plus que l’ensemble des pièces, billets et comptes de dépôt cash de
l’ensemble de la planète, estimés à 81.000.000.000.000 dollars (81 "Trillions")
Avantage aux options
Et bien au-delà de toutes les entreprises et entités cotées sur l’ensemble des places boursières mondiales
(70.000.000.000.000 dollars au total, 70 "Trillions"). Un chiffre vertigineux donc, qui exprime également
l’engouement et la frénésie qui entoure ce marché. Preuve aussi combien les investisseurs sont plus friands

Doc 17- Le trading à haute fréquence - Source : https://www.lafinancepourtous.com


Le Trading Haute Fréquence (THF) consiste à transmettre automatiquement et à très grande vitesse des ordres
sur les marchés financiers, sans intervention humaine, à l’aide de programmes informatiques complexes, appelés
algorithmes.
Des techniques de trading complexes…
Ces programmes analysent en permanence les carnets d’ordres électroniques des places boursières afin d’anticiper
leurs micro-mouvements de marché pour en tirer profit. Si une opportunité est détectée, le THF permet alors de se
positionner, dans ce même carnet d’ordres, pour bénéficier ainsi de la tendance des prix qui est en train de se
dessiner. Cette stratégie est mise en œuvre sur un horizon de détention très court.
En pratique, les transactions sont réalisées dans un laps de temps éclair, de l’ordre de la micro seconde, expliquant
l’efficacité de ces nouvelles techniques de trading à intercaler des ordres parmi ceux des autres intervenants de
marché.
À ce titre, l’infrastructure informatique joue un rôle clef pour expliquer cette efficacité. C’est la raison pour
laquelle, l’élaboration des programmes informatiques de passage d’ordre du THF demandent des machines
puissantes, généralement installées géographiquement au plus près des serveurs des principales places boursières,
afin d’augmenter la rapidité d’envoi des instructions au marché.
D’ailleurs, le nombre d’intervenants financiers utilisant ces techniques de trading est très restreint, tant les
investissements technologiques nécessaires sont coûteux dans ce domaine. L’objectif visé par le trading haute
fréquence est en effet de générer des gains très faibles à chaque opération tout en multipliant dans le même temps
les transactions, faisant en sorte qu’au final des profits substantiels soient générés. On comprend dès lors un peu
mieux l’importance croissante du THF ces dernières années, passant de 9 % à 40 % des volumes échangés
quotidiennement sur les marchés actions européens entre 2007 et 2011, d’après les données de Tabb Group. La
proportion varie selon les marchés, mais le trading à haute fréquence représenterait, actuellement, plus de 80 %
des transactions mondiales
…Qui sont loin de faire l’unanimité
Le trading haute fréquence est loin de faire l’unanimité, notamment au sein des organes de réglementation et de
contrôle des marchés financiers et notamment de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF). Selon ses partisans le
THF apporte davantage de liquidité au marché, contribuant ainsi à améliorer son degré d’efficience, bénéfique à
l’ensemble des investisseurs. Pourtant, outre de possibles pannes ou erreurs informatiques de nature à déstabiliser
le marché, le trading haute fréquence pose la question du risque de manipulation de cours. En effet, les outils
technologiques utilisés dans le cadre du THF permettent une analyse des cours de Bourse, à une vitesse
inaccessible aux autres intervenants, de nature à créer une asymétrie d’information entre les différentes parties
prenantes.
Le trading haute fréquence créerait une sorte de « concurrence déloyale » de nature à chasser les autres acteurs du
marché. Ces derniers pourraient penser que, de toute façon, les meilleures opportunités leur échappent, étant prises
par des acteurs plus rapides qu’eux, avant qu’ils ne puissent y avoir accès.
D’autre part il y a une grande différence d’ampleur entre les ordres initiés par les THF et les ordres effectivement
exécutés. Selon l’AMF, les ratios d’exécution seraient de l’ordre de 1 à 5 % seulement.
Cela renforce les soupçons de manipulation de marchés liés au THF, même s’ils sont cependant aux dires même
de l’ex président de l’Autorité des Marchés Financiers, Jean-Pierre Jouyet, « quasiment impossible à démontrer. »
Pour le président de l’AMF le THF est « un dispositif qui est hors de proportion par rapport aux avantages que -
peut-être -il procure en termes de financement de l’économie. D’un outil censé fournir des liquidités, on est passé
à un outil extrêmement coûteux pour les banques et les infrastructures -qui sont obligées de s’équiper pour
maintenir leur part de marché -et extrêmement déstabilisant pour les marchés » (Les Echos, 23/11/2011). Selon
lui, « l’intégrité du marché ne pourra être assurée qu’en le supprimant ou le limitant ».

126
C. Les fonds d’investissement

Doc 18- Les sociétés de gestion de portefeuille (ou fonds d’investissement)


Source : https://www.lafinancepourtous.com.

127
128
Doc 19- Retraite par répartition et retraite par capitalisation
Source : https://www.vie-publique.fr.
Dans un système de retraite par répartition, les cotisations, versées par les actifs au titre de l’assurance vieillesse,
sont immédiatement utilisées pour payer les pensions des retraités. Ce système repose donc sur une forte solidarité
entre générations. Son équilibre financier dépend du rapport entre le nombre de cotisants et celui des retraités. Les
taux de croissance des revenus et de la population active occupée constituent dès lors les deux principaux facteurs
d’évolution.
Dans un régime de retraite par capitalisation, la logique est différente : les actifs d’aujourd’hui épargnent en vue
de leur propre retraite. Les cotisations font l’objet de placements financiers ou immobiliers, dont le rendement
dépend essentiellement de l’évolution des taux d’intérêt. Cette capitalisation peut être effectuée dans un cadre
individuel ou collectif (ex. : accords d’entreprise), ce qui peut permettre de réintroduire une dose de solidarité.
Les premières assurances sociales mises en place dans les années 1930 reposaient sur un système de retraite par
capitalisation. Mais, au sortir de la guerre, l’idée de solidarité s’est imposée. Les ordonnances de 1945 créant la
Sécurité sociale ont institué un régime par répartition, qui prévaut encore aujourd’hui pour les régimes de base et
complémentaires.
Toutefois, plusieurs pays, face notamment aux difficultés de financement des retraites, ont décidé d’introduire une
dose de capitalisation privée dans leurs systèmes de protection sociale. La France a, pour l’instant, privilégié les
dispositifs publics, à travers la mise en place, en 1999, d’un Fonds de réserve pour les retraites, érigé en
établissement public de l’État à caractère administratif par la loi no 2001-624 du 17 juillet 2001. Par ailleurs, ce
système par répartition a été réaffirmé par le président de la République Emmanuel Macron lorsqu’il a souhaité
réformer le système actuel de retraite.

Doc 20- Répartition mondiale des actifs des fonds de pension par pays (en % en fonction des
millions de $ d’actifs gérés) - Source : d’après OCDE, 2022

Doc 21- Actifs des fonds de pension des Etats-Unis (en millions de $) - Source : d’après OCDE,
2022

21000000
20 230 Mds $
19000000
17000000
15000000
13000000
11000000
9000000
7000000
5000000
2015
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014

2016
2017
2018
2019
2020

129
Doc 22- Montée en puissance des fonds de pension - Source : Pierre Noël Giraud, CERNA, Centre
d’économie industrielle, Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris, Revue Etudes, Tome 394, n° 2, Février
2001, extrait, remanié, d’un livre de l’auteur, aux Editions du Seuil : « Le Commerce des Promesses. Petit Traité
sur la Finance Moderne ».
En France les fonds de pension ont été et restent sur la sellette. Pour certains, ce sont eux qui partout imposent
désormais la loi implacable et destructrice du profit maximum. D’autres y voient cependant, paradoxalement, un
espoir de socialisation du capital. A leurs yeux, les fonds de pension et, plus généralement, les gestionnaires des
autres formes d’épargne salariale seraient la seule voie moderne d’une maîtrise retrouvée des rapports entre capital
et travail, la voie étatique étant désormais barrée par la globalisation. Examinons donc, d’abord, ce que sont ces
fonds de pension et d’où vient leur montée en puissance.
Les fonds de pension et les autres investisseurs institutionnels sont devenus des acteurs majeurs de la finance de
marché globale. Leur montée en puissance est d’abord le résultat d’un phénomène démographique. La génération
nombreuse du « baby boom » des pays riches est arrivée à l’âge (40-60 ans) où les ménages épargnent,
particulièrement les ménages aisés. Ces ménages étant déjà majoritairement propriétaires de leur logement, qu’ils
ont acquis dans la période antérieure ou reçu par héritage, leur épargne est très largement financière. Dans les pays
où les systèmes de retraite par capitalisation jouent un rôle important, tels les Etats-Unis, une partie de cette épargne
est destinée à financer la retraite. Elle est gérée par les fonds de pension.
Les avocats de l’introduction progressive de fonds de pension dans le système français de retraite font valoir quatre
types d’arguments : ils stimuleraient l’épargne financière ; ils permettraient à notre système de retraite de mieux
amortir le choc démographique que vont subir tous les pays riches ; la retraite par répartition serait structurellement
moins « rentable » que la retraite par capitalisation (il faut cotiser plus pour obtenir la même retraite) ; enfin, en
investissant dans des entreprises « françaises », les fonds « français » réduiraient la place

Doc 23- Principaux fonds souverains selon les actifs gérés dans le monde en octobre 2021 (en
Mds de $) - Source : Statista, 2022.

130
Doc 24- Les fonds souverains - Source : https://www.lafinancepourtous.com.
Un fonds souverain est un fonds d’investissement détenu ou contrôlé par un Etat. Concentrés en Asie et dans les
pays du golfe, ils inquiètent les Etats européens qui craignent de voir partir à l’étranger leurs plus beaux fleurons
tout en les appelant parfois à la rescousse en cas de besoin de financement.
Avec un poids de 7 900 milliards de dollars fin 2018 selon le Sovereign Wealth Fund Institute, les fonds souverains
sont parmi les grands acteurs de la globalisation financière avec 37 190 milliards de dollars (source Investment
Company Institute) et les fonds de pension dont les actifs totalisent 24 225 milliards de dollars (source OCDE).
La taille des fonds souverains a plus que doublé depuis 2007.
En 1953, Kuwait, à l’époque premier exportateur de pétrole du golfe persique et protectorat britannique, devient
le premier pays au monde à créer un fonds souverain, le Kuwait Investment Authority pour gérer les surplus de
l’exportation de l’or noir.

Des fonds essentiellement en provenance de pays émergents


Les ressources des fonds souverains proviennent principalement des ressources pétrolières (plus de 50 % des
fonds) et des excédents commerciaux des pays asiatiques (40 % des fonds). C’est donc logiquement que les
principaux fonds souverains sont norvégien, chinois, aboudabien, saoudien, koweïtien, singapourien ou qatari.
(…) De 2011 à 2018, les actifs gérés par les fonds souverains chinois sont passés d’environ 1 billions de dollars
(c’est à dire 1 000 milliards) à 1,8 billions de dollars (2,3 billions si on prend en compte les fonds de Hong Kong)
et le fonds souverain norvégien « Government Pension Fund Global » a doublé son bilan, de 0,5 à 0,9 billion de
dollars pour devenir le plus important au monde.

Une stratégie qui pose question


La stratégie des fonds souverains s’oriente de moins en moins vers la détention d’obligations ou d’actions mais
davantage vers des actifs réels (immobilier, participation au capital, voire prise de contrôle, d’entreprises
occidentales). C’est à ce titre qu’ils font l’actualité d’autant que la nature politique de ces fonds peut alimenter des
craintes sur la souveraineté du pays. C’est pour ces raisons que les pays occidentaux s’opposent généralement aux
rachats d’actifs qu’ils jugent stratégiques (énergie, défense, infrastructures, finance).
Mais ils n’en ont pas toujours la possibilité, en particulier quand les Etats occidentaux, endettés, n’ont plus les
moyens de conserver et d’investir dans ces actifs lorsqu’ils rencontrent des difficultés. L’opportunisme des fonds
chinois pendant la crise financière de 2008 qui leur ont permis de racheter des parts dans plusieurs banques
l’illustre bien. Leur approche est bien souvent de prendre le contrôle d’actifs de taille moyenne ou des
participations minoritaires pour ceux de dimension plus importante pour ne pas susciter d’inquiétudes et
d’oppositions.

Les fonds souverains : porteurs de changement


Le fonds norvégien, le plus grand au monde, qui gère près de 900 milliards d’euros d’actifs a décidé en 2019 de
se débarrasser de 12 milliards d’euros d’investissements dans les énergies fossiles. De plus, sous mandat du
parlement, le fonds doit investir 18 milliards d’euros dans les énergies renouvelables, en particulier dans l’éolien
et le solaire dans les pays développés.
D’une autre part, l’Etat saoudien avait dévoilé en 2018 sa nouvelle stratégie visant à utiliser le Fonds Public
d’Investissement (PIF) pour financer la transformation technologique du royaume pétrolier.
Ces fonds souverains, en plus de pouvoir agir en tant que coussins contracycliques en cas de récession, possèdent
la capacité de devenir des acteurs majeurs de l’économie mondiale, spécialement sur les marchés financiers, en
encourageant les investissements « verts » et les entreprises innovantes, entre autres.

Des acteurs de la diplomatie des pays émergents ?


L’opacité de la stratégie et le manque de transparence des règles éthiques de certains de ces fonds peuvent faire
craindre que l’objectif inavoué de ces structures soit d’être le bras financier d’une politique diplomatique
expansionniste. Celle-ci ne se limiterait d’ailleurs pas à ces fonds souverains mais passerait également par de
grands groupes industriels proches des pouvoirs politiques comme lorsque Dubai Ports World a tenté en 2006 de
prendre le contrôle des six ports américains dont celui de New York. Mais ces tentatives ne se soldent pas toujours
par un échec, comme l’illustre le rachat du port du Pirée en Grèce par le chinois Cosco début 2016 ou plus près de
nous, en 2014, la prise de participation par Dong Feng de 14 % du constructeur automobile Peugeot.
Alors simple démarche industrielle ou volonté politique d’étendre son influence ? L’un n’empêche sans doute pas
l’autre.

131
Doc 25- Les fonds spéculatifs ou hedge funds - Source : http://www.lafinancepourtous.com
Les hedge funds sont des fonds d’investissement d’un type particulier. Il n’existe pas de définition légale, précise
et formelle du terme. Le terme lui-même est trompeur. La traduction littérale en français est « fonds de couverture
», c’est-à-dire se livrant à des placements de protection contre les fluctuations des marchés considérés. Une telle
définition devrait les faire pencher du côté des fonds sans risque ; or, au contraire il s’agit de fonds particulièrement
risqués, beaucoup plus risqués que les fonds communs de placement (OPCVM).
Pourquoi ?
Ils sont peu ou pas réglementés. A la différence des fonds d’investissement destinés au grand public, une part
importante des fonds peut être investie en actifs illiquides ou complexes. Ils utilisent massivement les techniques
permettant de spéculer sur l’évolution des marchés, à la baisse comme à la hausse (utilisation massive de produits
dérivés, de la vente à découvert et de l’effet de levier). Ils sont peu transparents et souvent implantés dans les
paradis fiscaux.
Leurs gérants y investissent une part de leur patrimoine et prélèvent des commissions très importantes en fonction
de la sur performance du fonds. Cela les incite à faire prendre aux fonds des risques de marché importants.
En général, les investisseurs ayant déposé de l’argent sur ces fonds, ne peuvent réduire leur participation à tout
moment mais seulement à certaines périodes prédéterminées.
Au cours des dix dernières années, les hedge funds ont enregistré une croissance rapide.

Doc 26- Les 5 plus grands hedge funds au monde (en milliards de dollars d’actifs gérés)
Source : https://www.cafedelabourse.com/actualites/plus-importants-fonds-gerants-hedge-funds, 2021.
1. Bridgewater Associates : hedge fund le plus important au monde
Actifs sous gestion : 100 milliards de $ (30 juin 2020)
Fondateur : Ray Dalio - Date création : 1975
2. Renaissance Technologies : stratégies d’investissement dans les high tech
Actifs sous gestion : 70 milliards de $ (30 juin 2020)
Fondateur : James Simons - Date création : 1982
3. Man Group : plus grand hedge fund coté en Bourse
Actifs sous gestion : 62 milliards de $ (30 juin 2020)
Fondateur : James Man - Date création : 1783
4. Millenium Management : hedge fund à la gestion de risque optimisée
Actifs sous gestion : 45 milliards de $ (30 septembre 2020)
Fondateurs : Israel Englander - Date création : 1989
5. Eliott Management : hedge fund à l’approche diversifiée
Actifs sous gestion : 41 milliards de $ (31 juillet 2020)
Fondateurs : Paul Singer - Date création : 1977

Doc 27- Les hedges funds veulent profiter de la déroute des entreprises fragilisées
Source : Capital, 27/03/2020

132
D. Les paradis fiscaux

Doc 28- Qu’est-ce qu’un paradis fiscal ? – Source : La Tribune, 04/04/2013, X. Harel journaliste et
auteur d’un ouvrage sur les paradis fiscaux en 2010.
C'est un concept englobant qui a quatre dimensions.
Une fiscalité faible sur les plus-values immobilières ou sur les bénéfices.
Une grande opacité qui consiste à refuser de communiquer à l'administration des éléments d'information sur ses
clients. C'est l'élément le plus important et le plus recherché. L'instrument c'est le secret bancaire, qui existe en
Suisse, mais pas seulement. Il existe aussi en Autriche, au Luxembourg, en Belgique. L'opacité peut aussi être
cherchée dans le Delaware aux Etats-Unis où plus de 950.000 sociétés sont enregistrées. Ce n'est pas le seul moyen.
Il y a aussi la création de trusts. Il s'agit de confier des biens - qui peuvent être matériels comme des maisons, des
tableaux... à un trustee qui en devient le propriétaire officiel, d'où le terme de "trust" en anglais qui signifie
confiance. Et bien sûr, il n'y a pas de registre des bénéficiaires de ces trusts, on ne peut donc pas savoir qui est
derrière puisqu'il n'y a pas de coopération. Dans l'affaire Wildenstein par exemple (le célèbre marchand d'art Guy
Wildenstein a été mis en examen le jeudi 24 janvier pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, NDLR),
entre un et dix milliards de dollars de tableaux étaient confiés à des trusts. Certains étaient accrochés dans des
musées mais appartenaient à des trusts domiciliés aux Caïmans.
Le troisième élément est une législation peu contraignante pour les activités financières (conditions d’installation
des sociétés, d’ouverture des comptes…). Ce sont des paradis réglementaires où les exigences prudentielles sont
très faibles. C'est la raison pour laquelle de très nombreux hedge funds américains sont enregistrés aux Caïmans.
En Europe, le Luxembourg est un paradis fiscal pour les Sicav.
Le quatrième élément est l'absence ou la faible coopération judiciaire. Si un soupçon de fraude pèse sur quelqu'un
et qu'une commission rogatoire est lancée, il sera très difficile au juge français par exemple d'obtenir des
informations. Ainsi, à Singapour, il faut d'abord demander son autorisation au titulaire du compte pour divulguer
ses informations à la justice...
Il est rare de trouver des territoires où ces quatre éléments soient tout réunis fois. Mais certains restent encore plus
attractifs que d'autres comme les Bermudes ou les îles Vierges britanniques.
Qu’est-ce qu’une zone, une banque ou un compte « off-shore » ?
Les territoires « off-shore » ou « en dehors de la côte » échappent à la régulation bancaire des grands pays
pour leurs clients non-résidents : exemple un compte ouvert dans une banque aux Bermudes par un
français sera « off-shore » mais pas un compte ouvert dans cette même banque par un bermudien.
Source : www.lafinancepourtous.com

Doc 29- Quels sont les paradis fiscaux ? – Source : www.lafinancepourtous.com


Il n’existe aucune liste officielle des pays considérés comme des paradis fiscaux.
Dans le rapport « Towards Global Tax Co-operation: Progress in Identifying and Eliminating Harmful Tax
Practices » publié en 2000, l’OCDE établit une première liste de paradis fiscaux. 31 pays apparaissant sur cette
liste s’engagent à prendre des mesures pour améliorer la transparence et faciliter l’échange d’informations fiscales,
ce qui leur permettent d’être rayés de cette liste de paradis fiscaux non coopératifs. À partir de 2009, l’OCDE
classe les paradis fiscaux en trois listes :
- la liste noire regroupe les États qui ne coopèrent pas fiscalement.
- la liste grise concerne les États « qui ont promis de se conformer aux nouvelles règles sans les appliquer et ceux
qui s’y conforment substantiellement ».
- la liste blanche pour les États qui ont fait un effort réel et dont les règles sont « conformes aux standards
internationaux de l’OCDE ».
Aujourd’hui, seul Trinité et Tobago figure sur la liste noire et les Îles Marshall sur la liste grise de l’OCDE.
Ne pas confondre non plus paradis fiscaux et territoires permettant une optimisation fiscale.
Car il existe, au sein même de l’Europe, des États pratiquant le « dumping » fiscal, c’est-à-dire prévoyant
des taux d’imposition particulièrement faibles, parfois seulement au profit des étrangers, de manière à
attirer des capitaux et des sièges sociaux dans leur territoire.
Le groupe Tax Justice Network considère que les critères retenus par l’OCDE sont insuffisants. Se focalisant sur
un indice rendant compte des possibilités offertes aux multinationales pour réduire leur imposition (The Corporate
Tax Haven Index), ce réseau identifie régulièrement les 10 principaux paradis fiscaux. En 2021, il s’agissait des
territoires suivants : les Îles Vierges britanniques, les Îles Caïmans, les Bermudes, les Pays-Bas, la Suisse, le
Luxembourg, Hong-Kong, Jersey, Singapour et les Émirats Arabes Unis.
La France a elle aussi établi une liste des États et territoires non coopératifs (ETNC). En 2021, la France recensait
133
13 paradis fiscaux : les Îles Vierges britanniques, Anguilla, le Panama, les Seychelles, Vanuatu, Dominique, Fidji,
Guam, les Îles Vierges américaines, Palaos, les Samoa américaines, Samoa, Trinité et Tobago (arrêté du 26 février
2021). Le Panama, après avoir été retiré de cette liste en 2012, l’a réintégrée en avril 2016 suite à l’affaire des «
Panama Papers ».
La Commission européenne a également défini en juin 2015 une nouvelle « liste noire » des paradis fiscaux qui
recense les États ou territoires non coopératifs.
Enfin, le GAFI expose 24 États ou juridictions sur des critères bien plus larges : 22 sous surveillance (liste grise)
et 2 considérés comme étant à hauts risques (liste noire).

En 1989, à l’initiative du G7, le GAFI (Groupe d’action financière) a été créé afin de lutter contre le
blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Le GAFI vise à créer des normes non impératives,
qui constituent des lignes de conduite que les gouvernements doivent suivre afin de promouvoir la lutte
contre le blanchiment de capitaux. Ces normes sont regroupées sous la forme de 40 recommandations.

Qui utilise les paradis fiscaux ?


Les utilisateurs des paradis fiscaux (au sens large) sont très divers. Il peut s’agir de grandes entreprises qui y
installent des filiales, de fonds spéculatifs, de filiales de banques, de riches particuliers, ou encore de sociétés
d’investissement.
Toutes les entreprises françaises du CAC 40 sont présentes (au moins à travers certaines de leurs filiales) dans les
pays offrant des services financiers de type « paradis fiscal au sens large », comme la Suisse ou le Luxembourg
par exemple.
Les réseaux criminels internationaux s’en servent également, notamment à des fins de blanchiment d’argent.
Est-ce légal de détenir un compte à l’étranger ?
L’optimisation fiscale, principalement utilisée par les grandes entreprises internationales, n’est pas
illégale. En revanche, la fraude fiscale est illégale. Par exemple, un particulier peut détenir légalement un
compte dans n’importe quel pays du monde mais il doit le déclarer aux impôts. Pour le personnel politique
et les dirigeants d’organismes publics, s’ajoute une obligation de déclaration auprès de la Commission
pour la transparence financière de la vie politique.

Doc 30- Carte des paradis fiscaux identifiés par la Commission Européenne en 2021 ?
Source: www.lafinancepourtous.com d’après Commission Européenne, 2022.

l’annexe I composée des juridictions considérées comme non coopératives en matière fiscale ;
l’annexe II regroupant les anciennes juridictions de l’Annexe I ayant répondu favorablement aux demandes de la
Commission.

134
Doc 31- Quels sont les montants en jeu ? Quelles conséquences ?
Source : www.lafinancepourtous.com
Il est, par définition, très difficile de chiffrer les montants qui transitent par les paradis fiscaux. Selon le FMI, 50%
des transactions internationales transiteraient par des paradis fiscaux.
Une étude menée par le Tax Justice Network estime le montant des actifs financiers cachés dans les paradis entre
21 000 et 32 000 milliards de dollars. Cela pourrait représenter entre 30 % et 45 % du PIB mondial.
Les paradis fiscaux ont des conséquences à plusieurs niveaux.
- La dégradation des finances publiques car c’est un manque à gagner pour les États. On estime que ces fuites
représentent un manque de revenus fiscaux de plus de 200 milliards d’euros de revenus fiscaux en moins ;
- Une perte d’autonomie des politiques fiscales, car les États sont poussés à s’aligner sur les taux d’imposition les
plus faibles pour limiter l’évasion fiscale ;
- L’opacité et l’instabilité financière : les pertes peuvent être plus facilement sorties du bilan, ce qui empêche le
contrôle du régulateur, mais aussi des actionnaires et agences de notation. Les grands acteurs financiers peuvent
ainsi plus facilement prendre des risques inconsidérés ;
- L’injustice : ce sont les entreprises et les contribuables les plus mobiles, c’est-à-dire les plus riches, qui peuvent
profiter de l’aubaine que constituent ces endroits et ainsi se soustraire à l’impôt ;
- La criminalité : en proposant des instruments juridiques permettant d’occulter l’origine de fonds, les paradis
fiscaux et judiciaires constituent des boîtes noires précieuses pour la criminalité transnationale.
Pertes dues à l’évasion fiscale en France
Estimer le montant des pertes dues à l’évasion fiscale est, par définition, un exercice périlleux et hautement
incertain. Les fourchettes proposées peuvent alors varier considérablement en fonction des définitions et
des hypothèses retenues. Un rapport parlementaire de 2013 concluait, par exemple, que l’évasion fiscale
s’élevait à 3 % du PIB en France. Dans son ouvrage La richesse cachée des nations, l’économiste Gabriel
Zucman estimait à 17 milliards d’euros (soit quasiment 1 % de PIB) le coût pour la France du seul secret
bancaire. Un rapport de l’ONG Tax Justice Network de 2020 donnait, quant à lui, un chiffre de 16,8
milliards d’euros pour les pertes subies par la France du fait de l’évasion fiscale.

Doc 32- Estimation des montants cachés dans les paradis fiscaux par les ménages ?
Source : www.lafinancepourtous.com
Gabriel Zucman, doctorant à l’École d’Économie de Paris et rédacteur en chef de la revue Regards croisés sur
l’économie, est l’auteur d’une étude remarquée sur les paradis fiscaux. Il a effectué un important travail sur ce
qu’il a appelé la « richesse manquante des nations », c’est-à-dire le patrimoine des ménages qui n’apparaît pas
dans les statistiques nationales et mondiales, parce que caché dans les paradis fiscaux. S’agissant des ménages et
de leur gestion de patrimoine, un paradis fiscal peut être défini comme un pays qui offre aux particuliers la
possibilité de frauder le fisc simplement en ne déclarant pas sur leur feuille d’impôt les revenus les patrimoines
gérés dans ce pays.
Des pays comme la Suisse, Singapour, les îles Caïman offrent ce service. Un particulier de nationalité française
par exemple qui possède en Suisse 100 millions d’euros investis dans des parts d’un fonds d’investissement
luxembourgeois perçoit chaque année plusieurs millions d’euros de dividendes. Ce flux de millions d’euros de
dividendes n’est pas taxé au Luxembourg, il n’est pas non plus taxé en Suisse (Les dividendes versés par des
sociétés étrangères sur des comptes en Suisse ne sont pas imposés).
Or, en raison du secret bancaire très strict existant en Suisse comme à Singapour et ailleurs, le fisc français n’aura
pas le moyen de savoir que cet argent et ces revenus existent. En revanche, si ce particulier confie son argent à un
banquier allemand, il n’échappera pas à l’impôt en France, car il y a un échange automatique d’informations entre
la banque et le fisc français.
A partir de son étude, Gabriel Zucman évalue qu’environ 8 % du patrimoine financier des ménages à l’échelle
mondiale est détenu dans des paradis fiscaux. Les ménages détiennent environ 6 000 milliards de dollars dans les
paradis fiscaux. Selon lui un tiers de ces 6 000 milliards est détenu en Suisse dont environ la moitié appartient à
des Européens. Ces 6 000 milliards correspondent à la différence statistique que l’on constate entre tous les passifs
que les pays enregistrent et tous les actifs que les pays enregistrent.
Il y a aujourd’hui un consensus pour dire que cet énorme trou (plus de passif que d’actif) reflète la valeur des
fortunes que les particuliers détiennent dans les paradis fiscaux.
Les Français possèdent au moins 8 % de leur patrimoine dans les paradis fiscaux. 8 % du patrimoine financier des
ménages en France c’est environ 250 milliards d’euros. Selon Gabriel Zucman, les Européens, en particulier les
Français utilisent plus les paradis fiscaux que les autres pays. Ils détiendraient donc plus que 250 milliards d’euros
dans les paradis fiscaux. Mais ajoute -t-il, « à ce stade je ne peux dire précisément combien ».
Les particuliers qui ont des comptes en Suisse ou à Singapour, explique Gabriel Zucman, ne laissent pas leur argent
dormir sur leurs comptes. Ils achètent en général des parts de fonds d’investissement qui sont eux-mêmes

135
domiciliés principalement dans trois pays : le Luxembourg, les Iles Caïman et l’Irlande.
En fait presque automatiquement, si un particulier étranger ouvre un compte en Suisse dans une banque, celle-ci
va lui proposer d’investir dans un fonds luxembourgeois. Dans les statistiques financières internationales cela va
se traduire par une anomalie qui au total va être considérable.
La valeur des parts émises par les fonds d’investissement luxembourgeois est d’environ 2 000 milliards de dollars.
À son passif, le Luxembourg enregistre 2 000 milliards. Mais le montant total des avoirs sur les fonds
d’investissement luxembourgeois enregistrés dans la balance des paiements de tous les pays du monde (à l’actif)
est de seulement 1 000 milliards de dollars. Il manque 1 000 milliards de dollars (Ces 1 000 milliards de dollars
font partie des 6 000 milliards qui sont détenus offshore).
Donc, rien que le Luxembourg explique déjà une fraction très importante de l’anomalie globale entre actifs et
passifs mondiaux. Le même mécanisme joue pour l’Irlande ou pour les Iles Caïman. Les anomalies dans les
statistiques internationales nous révèlent ce schéma type très simple : investisseurs européens → comptes en Suisse
→ parts de fonds luxembourgeois (ou Irlande ou Iles Caïman…).
Mais, note Gabriel Zucman, il est possible d’affiner à partir des statistiques existantes sur les détenteurs de comptes
en Suisse. 60 % des comptes en Suisse appartiennent à des pays tels que Panama ou les Iles vierges britanniques.
« À première vue, c’est assez troublant, mais en fait c’est assez simple à comprendre » affirme Gabriel Zucman.
Les particuliers qui ont des comptes dans les paradis fiscaux, en Suisse mais pas seulement, ne détiennent en
général pas directement leurs comptes, ils les détiennent par l’intermédiaire de sociétés écran et ces sociétés écran
ont souvent des adresses au Panama ou aux Iles vierges britanniques. 60 % des comptes en Suisse, sur le papier,
appartiennent au Panama ou aux Iles vierges britanniques, mais si on essaye de regarder qui se trouve derrière
Panama et les Iles vierges britanniques, on comprend assez vite que ce sont surtout des Européens.
En 2005, dans le cadre de la directive épargne, l’Union européenne a introduit un impôt pour taxer les européens
qui avaient des comptes en Suisse. Mais cet impôt s’applique seulement sur les avoirs détenus directement dans
les banques suisses et non à ceux qui sont détenus par l’intermédiaire de sociétés écran. Lorsque cet impôt a été
introduit en 2005, la part des comptes en Suisse qui appartiennent à des Européens d’après les statistiques de la
banque centrale suisse s’est effondrée, mais de façon parfaitement symétrique, la part des comptes en Suisse qui
appartiennent à Panama ou aux Iles vierges britanniques a explosé.
Il est donc assez raisonnable d’en conclure que derrière Panama et les Iles vierges britanniques, il y a des
Allemands, des Français, des Italiens, des Britanniques, des Grecs, des Portugais, des Espagnols.
Les moyens d’actions
Selon Gabriel Zucman, ce qui est fait actuellement pour lutter contre les paradis fiscaux ne marche pas très bien.
En avril 2009, les pays du G20 ont affiché l’ambition de mettre fin à la fraude fiscale liée aux paradis fiscaux.
L’idée était de forcer les paradis fiscaux à signer des traités d’échange d’informations fiscales avec les pays du
monde entier. Mais concrètement, rien n’a changé, les chiffres montrent que les fortunes dans les paradis fiscaux
en 2012 n’ont pas diminué par rapport à 2009.
En réalité, les traités d’échanges d’informations qui ont été signés ne prévoient que l’échange d’informations
fiscales à la demande. Le fisc français par exemple peut obtenir maintenant des informations de la Suisse, ce qui
n’était pas possible avant, mais à des conditions draconiennes. Il faut qu’il ait déjà des soupçons très précis, très
étayés au sujet de personnes bien identifiées. Le volume d’informations échangé par les paradis fiscaux reste en
fait négligeable.
Le standard promu par le G20, c’est-à-dire l’échange d’informations à la demande, n’est pas adapté au problème.
Ce n’est pas d’une centaine d’informations dont on a besoin, c’est de dizaines de milliers d’informations par an.
Pour Gabriel Zucman, une façon de s’attaquer efficacement au problème de la fraude fiscale des paradis fiscaux
serait d’exiger un échange automatique d’informations des banques dans les paradis fiscaux, sur le modèle de ce
qui existe au sein de chaque pays ou à l’intérieur de l’Union européenne, entre l’Allemagne et la France, entre
l’Espagne et la France… Étendre ce modèle d’échange automatique d’informations aux paradis fiscaux est
techniquement très simple et cela constitue la seule solution vraiment fiable pour mettre un terme à la fraude fiscale
offshore (= à l’étranger). Si l’Europe et les États-Unis parlaient d’une seule voix, ou même si seulement l’Europe
ou seulement les États-Unis imposaient cette règle au lieu de la règle d’échange d’informations à la demande, les
paradis fiscaux ne pourraient pas dire grand-chose parce que personne ne peut s’opposer à la volonté d’économies
aussi importantes que l’Union européenne ou les États-Unis. C’est pourquoi Gabriel Zucman se dit « assez
optimiste sur les possibilités de mettre un terme définitif à la fraude fiscale des paradis fiscaux. Les moyens
techniques sont connus et éprouvés. Il s’agit juste d’une question de volonté politique ».

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III. Débat : doit-on et peut-on réguler la finance mondialisée

Doc 33- Comment lutter contre les paradis fiscaux ? – Source : www.lafinancepourtous.com
L’harmonisation des régimes fiscaux à l’échelle internationale serait un moyen assez radical de rendre inutile les
paradis seulement fiscaux. Elle parait à ce stade difficile à obtenir et ne supprimerait pas pour autant les paradis
bancaires et judiciaires.
Toutefois, la Commission européenne a récemment obtenu le soutien des 27 pays membres de l’Union pour que
les grandes entreprises publient leurs profits et impôts pays par pays. À l’heure actuelle, les données statistiques
sont très insuffisantes sur ce sujet. Mais l’initiative de la Commission européenne devrait permettre de favoriser
la transparence sur la localisation des profits dans certains pays aux fiscalités les plus clémentes, comme les
Bermudes ou l’Irlande. Une avancée bienvenue en matière de lutte contre les paradis fiscaux, puisque malgré les
nombreux discours ayant eu lieu depuis 2009, les progrès visibles ont été minces.
Le principal frein à la lutte contre la fraude fiscale que l’on puisse identifier à ce jour est le principe d’échange
d’informations à la demande. En effet, il très insuffisant et rend la lutte contre la fraude inefficace.
Actuellement, l’échange d’informations entre administrations fiscales se fait principalement sur la base du
volontariat. Par exemple, si l’administration fiscale française souhaite obtenir des informations sur un présumé
fraudeur ayant ouvert un compte à l’étranger, elle s’adresse à l’administration fiscale du pays en question. Cette
dernière décide ensuite librement de fournir ou non les informations demandées.
Avec un système d’échange automatique d’informations fiscales, pour toute ouverture de compte effectuée par un
non-résident sur un territoire donné, l’administration fiscale de son pays d’origine serait automatiquement
informée.
Certains souhaitent donc la mise en place d’un FATCA en Europe (loi américaine, de son vrai nom Foreign
Account Tax Compliance Act), qui obligerait les établissements financiers du monde entier à communiquer les
transactions des ressortissants européens.
Le FATCA est une loi américaine entrée en vigueur au début de l’année 2014. Grâce à des accords
conclu avec de nombreux pays, l’administration fiscale américaine est désormais informée de toute
transaction effectuée par un citoyen américain sur un territoire étranger. Les établissements financiers
qui ne coopéreraient subiraient des fortes sanctions financières.
Toutefois, pour le spécialiste des paradis fiscaux Gabriel Zucman, le texte mis en place par les américains n’est
pas aussi contraignant qu’il en a l’air. Certes, il prévoit des mesures de rétorsion pour les pays qui n’accepteraient
pas de coopérer (forte taxation des transactions sur le territoire américain), mais certains établissements de petite
taille peuvent tout à fait renoncer à travailler sur le sol américain et se concentrer sur les fonds issus de l’évasion
fiscale.
Gabriel Zucman préconise donc une application stricte de l’échange automatique d’informations entre États, ce
qui est le nouveau standard de l’OCDE. Il faudrait envisager des mesures de rétorsion plus générales que celles
prévues par le FATCA, car celles-ci seraient applicables à tous les territoires non coopératifs, y compris les petits
pays, comme les Lichtenstein, Andorre, Monaco, les Bermudes…
Pour aller plus loin, la mise en place d’une instance de coopération fiscale internationale est évoquée par quelques
États. Il s’agirait, via cette institution, d’échanger des données internationales ou des informations sur des schémas
d’évasion fiscale. La coopération aurait ainsi lieu en permanence et ne se ferait plus par des échanges purement
ponctuels. Mais cette idée est simplement évoquée à l’heure actuelle et ne fait pas l’objet d’un projet concret et
solide.

Doc 34- Evasion fiscale et révélations par des lanceurs d’alertes et le réseau international
de journalistes ICIJ – Source : d’après « Avant les Pandora Papers : Panama, Paradise, LuxLeaks… Les nombreuses
révélations en série de l’ICIJ », Sud Ouest du 04/10/21 ; « Pandora Papers et évasion fiscale : que sait-on de cette enquête qui
vise des dirigeants du monde entier ? », Sud Ouest du 04/10/21 ; « Panama papers : une plongée inédite dans la « boîte noire »
des paradis fiscaux. », Le Monde , 03/04/2016.

Avant les « Pandora Papers » publiés en octobre 2021, le réseau international de journalistes ICIJ a dévoilé, grâce
à des fuites de documents, une série de montages d’évasion fiscale ou de blanchiment. Retour sur les précédentes
révélations :
Offshore Leaks
L’ICIJ (International consortium of investigative journalists) se procure 2,5 millions de documents (emails, mémos
internes, pièces comptables…) concernant 122.000 sociétés offshore, gérées à Singapour et aux îles Vierges
britanniques. En 2013, les médias partenaires révèlent quelques-uns des milliers de détenteurs d’intérêts dans les
paradis fiscaux, parmi lesquels le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev.
China Leaks
C’est le deuxième volet de révélations des « Offshore Leaks », publié en 2014 en raison des difficultés de
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traduction. Le consortium dévoile les placements dans les paradis fiscaux de dignitaires chinois, dont plusieurs
proches du chef de l’Etat Xi Jinping. En représailles, les autorités bloquent l’accès aux sites de l’ICIJ et des médias
collaborateurs.
Luxleaks
Fin 2014, l’ICIJ dénonce un système d’accords fiscaux entre le Luxembourg et 340 multinationales, dont Apple,
Amazon ou Ikea, afin de minimiser leurs impôts. Les accords avaient été passés entre 2002 et 2010 lorsque Jean-
Claude Juncker était Premier ministre. Même fragilisé, il est maintenu à la tête de la Commission européenne.
L’enquête s’appuie sur des documents transmis par deux lanceurs d'alerte, Raphaël Halet et Antoine Deltour,
anciens employés du cabinet d’audit PwC, au journaliste Edouard Perrin. Inculpés au Luxembourg notamment
pour vol et violation du secret d’affaires, Raphaël Halet a écopé d’une amende de 1.000 euros en appel en 2017.
Antoine Deltour a vu sa peine de six mois de prison avec sursis et 1.500 euros d’amende suspendue en 2018.
Edouard Perrin a été acquitté.
SwissLeaks
En 2015, l’ICIJ dévoile les pratiques d’évasion fiscale de clients de la banque HSBC, à partir de données datant
de 2005 à 2007. Des milliards détenus sur des comptes non déclarés à Genève étaient cachés derrière des structures
offshore, parfois constituées par la banque elle-même. De nombreuses personnalités sont impliquées.. Les
journalistes ont eu accès à une partie des documents subtilisés par l’ex-informaticien franco-italien de HSBC Hervé
Falciani, condamné par défaut à cinq ans de prison par la justice suisse en 2015 pour espionnage économique.
Panama Papers
La fuite de 11,5 millions de documents du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca permet une gigantesque
enquête qui révèle l’argent caché de dizaines de responsables politiques, de milliardaires ou encore de stars du
football, ainsi que l’implication de grandes banques dans la création de sociétés offshore. Les publications
entamées en 2016 provoquent entre autres la démission du Premier ministre islandais Sigmundur David
Gunnlaugsson et la destitution du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif. Suite aux Panama Papers, au moins
150 enquêtes ont été lancées dans plus de 70 pays pour évasion fiscale ou blanchiment d’argent supposés, selon
l’ICIJ.
Paradise Papers
Fin 2017, les « Paradise Papers », basés sur 13,5 millions de documents financiers provenant notamment d’un
cabinet international d’avocats basé aux Bermudes, révèlent des circuits planétaires d’optimisation fiscale utilisés
par des personnalités (le chanteur Bono, la reine Elizabeth II, le coureur automobile Lewis Hamilton…) et par
certains grands groupes internationaux (Nike, Apple, Uber…). Ils affirment avoir eu recours à des montages
légaux.
Luanda Leaks
L’ICIJ publie début 2020 les « Luanda Leaks », accusant Isabel dos Santos, fille de l’ancien président angolais
Jose Eduardo dos Santos, d’avoir « siphonné l’économie angolaise ».
Pandora Papers
Publiée en octobre 2021 par l’ICIJ, cette enquête, à laquelle ont collaboré environ 600 journalistes s’appuie sur
quelque 11,9 millions de documents provenant de 14 sociétés de services financiers et a mis au jour plus de 29
000 sociétés offshores. Au total, des liens ont été établis par l’ICIJ entre des actifs offshore et 336 dirigeants et
responsables politiques de premier plan qui ont créé près de 1.000 sociétés dont plus des deux tiers aux Iles Vierges
britanniques. Environ deux millions des 11,9 millions de documents proviennent du cabinet d’avocats panaméen
Alcogal (Aleman, Cordero, Galindo & Lee) qui selon l’ICIJ a joué « un rôle majeur dans l’évasion des taxes » et
est impliqué dans la création de comptes pour dissimuler l’argent de plus de 160 personnalités.
[Parmi les personnalités visées, on trouve] le roi Abdallah II de Jordanie qui a créé au moins une trentaine de
sociétés offshore, c’est-à-dire dans des pays ou territoires à fiscalité avantageuse, et acheté par leur biais 14
propriétés de luxe aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, pour plus de 106 millions de dollars. Le Premier ministre
tchèque, Andrej Babis, a placé selon l’enquête 22 millions de dollars dans des sociétés écran pour financer l’achat
du château Bigaud, une grande propriété à Mougins dans le Sud de la France. Le président équatorien, Guillermo
Lasso, a, lui, logé des fonds dans deux trusts dont le siège se trouve aux Etats-Unis, dans le Dakota du Sud, selon
l’ICIJ qui épingle également les présidents du Chili et de République dominicaine.
Parmi les personnalités exposées figurent également la chanteuse colombienne Shakira, le mannequin allemand
Claudia Schiffer ou la légende indienne du cricket Sachin Tendulkar. Apparaissent aussi les noms de l’ancien
Premier ministre britannique Tony Blair, pour l’achat d’un bien immobilier à Londres, et de l’ancien ministre
français Dominique Strauss-Kahn. L’ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI) a fait transiter
plusieurs millions de dollars d’honoraires de conseil à des entreprises par une société marocaine exempte d’impôts.
Au total, selon le quotidien français Le Monde partenaire de l’ICIJ, 600 Français apparaissent dans l’enquête dont
« un conspirationniste d’extrême droite » qui a recouru à une société aux Seychelles « pour vendre livres et pilules
miracles ». Dans la plupart des pays, ces faits ne sont pas susceptibles de poursuites.

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Doc 35- Panama Papers : les paradis fiscaux hors-jeu - Source : Le Monde, 04/04/2017, éditorial.
Grâce aux révélations des « Panama papers », il y a un an, la lutte contre le blanchiment d’argent a connu un
important coup d’accélérateur. C’était il y a un an, le 3 avril 2016, autant dire hier. La vague des « Panama papers
» déferlait sur le monde, jetant une lumière crue sur les 212 000 sociétés-écrans immatriculées dans des paradis
fiscaux opaques par un cabinet d’avocats panaméen alors parfaitement inconnu, Mossack Fonseca, pour le compte
de hauts responsables politiques et de grandes fortunes mais aussi de ré- seaux criminels et de dirigeants de pays
corrompus.
C’était hier, et pourtant que de chemin parcouru. Grâce aux révélations de cette enquête sur l’argent noir du
Panama, coordonnée par le consortium de journalisme d’investigation indépendant ICIJ, à laquelle a contribué Le
Monde, la lutte contre le blanchiment d’argent a connu un énorme coup d’accélérateur. Le processus, engagé après
la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008, fut amorcé dès 2009 par l’administration Obama qui fit, de
facto, tomber le secret bancaire suisse. Il n’a pas été interrompu depuis. Les fraudeurs pensaient avoir gagné
l’impunité en quittant la Suisse pour des caches exotiques ? Ils ont été rattrapés par le fisc et la justice de leurs pays
d’origine, qui ont lancé des enquêtes tous azimuts, avec notamment plus de 500 contrôles fiscaux engagés en
France, dont 415 pourraient aboutir à des redressements.
La pression internationale sur les Etats et les territoires non coopératifs est telle qu’elle fait progresser la régulation
comme jamais jusqu’ici. De fait, pour éviter le fichage sur liste noire et la mise au ban de leur économie, les
dernières places fortes du secret bancaire tombent une à une. Jusqu’au Panama, qui vient lui aussi de signer l’accord
sur l’échange automatique de données financières entre Etats (comptes bancaires, parts de sociétés…), l’outil le
plus efficace pour enrayer la fraude et l’évasion fiscales, comme plus d’une centaine de juridictions avant lui.
L’étape d’après, déjà lancée elle aussi, verra la mise en place de registres de bénéficiaires réels des sociétés
offshore, un peu partout dans le monde. Une réforme qui permettra en fait d’ouvrir ces boîtes noires de la finance,
dans lesquelles vient se cacher l’argent issu de la fraude fiscale et du crime organisé. Le sujet est à l’agenda du
G20 comme à celui de l’Union européenne, et le fait qu’il suscite un consensus politique est suffisamment rare
pour être souligné.
Certes, il s’agit d’un processus de long terme, et les engagements des paradis fiscaux à coopérer devront être suivis
d’effet et contrôlés. Mais la reddition sur le papier de ces centres offshore toxiques pour la marche du monde
constitue déjà une victoire.

Doc 36- Taxe sur les transactions financières, l’histoire d’une idée - Source : Interview, D. Plihon,
la finance pour tous, 2012.

La taxation des transactions financières est suggérée au lendemain de la crise de 1929, par l’économiste John
Maynard Keynes – fondateur de la macroéconomie et défenseur d’un certain interventionnisme. Il envisage cette
taxe dans le but de ralentir les opérations spéculatives des investisseurs.
L’idée a été reprise en 1972 et développée par un économiste keynésien, James Tobin. Le but était de frapper
la spéculation sur les marchés des changes fragilisés par l’effondrement du système monétaire international de
Brettons Woods qui imposait une parité fixe des changes.
Ce projet, explique Dominique Plihon, est tombé dans l’oubli jusqu’en 1998, date de fondation de l’association
ATTAC – Association pour la taxation des transactions financières et l’aide citoyenne. L’objectif était de lutter
contre la spéculation, qui cette fois-ci accablait les pays émergents, certains altermondialistes intégrant cette taxe
dans un ambitieux projet politique.
Le principe de la taxe Tobin
James Tobin avait imaginé d’imposer chaque opération d’achat et de vente de devise, à 0,1 %.
139
Il s’agissait de décourager les cambistes – les opérateurs sur les marchés de change – et leurs multiples va- et-vient
journaliers. En effet selon les calculs de James Tobin, le montant annuel de la taxe serait supérieur au gain espéré
par les spéculateurs.
La « taxe Tobin » est revenue sur le devant de la scène lors de la crise des subprimes en 2007-2008. Elle
correspondait à deux nécessités : lutter contre la spéculation à l’échelle internationale, et dans le cadre de la crise
des finances publiques, trouver de nouvelles sources de financement pour les états.
Le projet d’Attac
La proposition d’ATTAC repose sur une taxation de l’ensemble des transactions financières – changes, actions,
obligations, options, produits dérivés etc. – à 0,1 %. Elle a un double objectif : réguler la finance en luttant contre
la spéculation, et financer, grâce à une partie de l’argent collecté, les biens publics mondiaux. Aux yeux de
Dominique Plihon, les biens publics mondiaux – programmes d’éducation, de lutte contre les pandémies ou de
partage et de conservation de l’eau – sont au cœur de la construction d’un nouvel ordre mondial ; tout comme
l’éducation a pu être un bien public national au cœur de la fondation de la République française. (…)
Le projet de taxation des transactions financières ne fait pas consensus. Une perte de compétitivité pour les
marchés européens ?
Certains opposants, comme le Premier Ministre du Royaume Uni, David Cameron, disent que cette taxe est contre-
productive, car elle va affaiblir les places financières – dont la City – à l’avantage des Etats-Unis ou des pays
asiatiques.
Une nuisance pour le marché ?
D’autres opposants, dont feu Milton Friedman – prix Nobel d’économie en 1976 -, craignent un coup porté contre
un bon fonctionnement des marchés. Milton Friedman pensait que cette taxe allait réduire la liquidité des marchés
– c’est-à-dire réduire le nombre d’acheteurs et/ou de vendeurs et détruire le bon fonctionnement des marchés.

Doc 37- Taxe sur les transactions financières, où en est-on ? - Source : la finance pour tous,
27/05/2019.

En février 2013, la Commission européenne a adopté le projet de Taxe sur les Transactions Financières (TTF).
Des discussions restent néanmoins en cours sur les modalités d’application de cette nouvelle taxe, appliquée en
France depuis 2012.
La taxe sur les transactions financières au niveau européen
La Taxe sur les Transactions Financières (TTF) consiste à prélever un pourcentage d’une transaction réalisée entre
les institutions financières sur le marché secondaire. Les produits concernés sont les actions, les obligations, les
produits dérivés, les prêts-emprunts de titres et les rachats de parts d’OPC. La Commission européenne prévoit un
taux de 0,1 % du montant de la transaction sauf pour les produits dérivés qui se- raient taxés à 0,01 %.
Ce projet de taxation avait été adopté initialement par 11 pays : la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Autriche, le
Portugal, la Slovénie, la Grèce, l’Italie, l’Espagne, l’Estonie et la Slovaquie. Depuis, l’Estonie a renoncé à ce
projet. Il n’y a donc plus que 10 pays européens sur les 28 que compte l’Union européenne favorables à
l’instauration commune d’une taxe sur les transactions financières (TTF).
À ce stade, la destination des fonds récoltés n’est pas encore décidée par la Commission. Cette taxe pourrait être
partagée entre l’Union Européenne et les États membres ou encore versée à un fonds européen. Les divergences
sont profondes sur ce sujet. Les discussions entre les 10 pays européens concernés par le projet de TTF se poursuit
et la mise en place d’une telle taxe reste incertaine.
Selon l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), cette taxation pourrait rapporter entre 5 et 6 milliards d’euros par
an de recettes fiscales. Mais il reste une interrogation sur les modalités pratiques d’application de cette taxe. En
effet, cela représentera un coût pour les organismes collecteurs.
Un projet décrié par la profession
Les professionnels de la finance ont rapidement donné de la voix contre ce projet européen.
Le premier argument avancé est celui du coût. Selon l’EFAMA (association européenne de la gestion financière),
la mise en place de cette taxe aurait coûté 13 milliards d’euros si elle avait été appliquée en 2011. Les fonds
monétaires sont particulièrement inquiets car leur gestion nécessite de nombreuses transactions. Les fonds
monétaires sont sûrs mais peu rentables. Une taxe rendrait leur rentabilité négative. Mais l’argument le plus utilisé
est celui des délocalisations. Si les gestionnaires d’actifs sont trop durement taxés, la tentation est grande de
s’installer dans un des pays qui n’appliquera pas cette taxe, notamment à Dublin ou au Luxembourg. Dans ce cas,
c’est le coût social qu’il faudra prendre en compte.
Les discussions sont encore en cours, aucun texte définitif n’a été arrêté. En attendant la mise en place de cette taxe
au niveau européen, la France a déjà adopté une taxe sur les transactions financières.
La taxe sur les transactions financières au niveau français
En France, la taxe sur les transactions financières a vu le jour le 1er août 2012. Instituée par la loi de finances
rectificative de mars 2012, cette taxe fut fixée à ses débuts à 0,2 % des transactions concernées. A partir du 1er
janvier 2017, la taxe est de 0,3 %. Elle s’applique aux achats d’actions des groupes dont le siège est en France et
dont la capitalisation boursière dépasse 1 milliard d’euros au 1er janvier de l’année d’imposition (134 sociétés en
2019). Le produit de cette taxe est affecté à 75 % au financement de l’aide au développement.
140
Les produits concernés par la taxe sur les transactions boursières
Elle concerne tous les titres donnant accès au capital, c’est-à-dire : les achats d’actions en direct, par échange,
conversion ou remboursement, les bons et droits préférentiels de souscription, les certificats d’investissement, les
droits de vote, ainsi que les certificats représentatifs d’actions.
En revanche, seront bien exclus de cette taxe, même si les entreprises font partie de la liste des sociétés concernées:
les achats d’actions dans le cadre de l’épargne salariale, l’achat d’actions dans le cadre d’une augmentation de
capital, les obligations d’Etat et celles émises par les entreprises, les obligations convertibles en actions, les Fonds
communs de placement (FCP), les Sicav, les trackers, ainsi que les contrats fi- nanciers (options, futures, turbos et
warrants).
Les conséquences la taxe sur les transactions financières française
La TTF française devrait rapporter 1 milliard € en 2016, et 1,5 milliard € en 2017 grâce à la hausse du taux à 0,3%,
et 1,6 milliards € en 2018. En revanche, l’AMF estime que la TTF réduit à long terme de 10 % les volumes
échangés.

Doc 38- Optimisation fiscale des FMN. L’exemple du double irlandais avec sandwich
hollandais des GAFAM - Source : www.lafinancepourtous.com, 2016.
Les grosses entreprises américaines utilisent des systèmes très perfectionnés pour limiter au maximum le montant
de leur imposition. Rien d’illégal, mais un énorme manque à gagner pour les États qui auraient bien besoin de ces
recettes fiscales.
Le rapport de l’OCDE sur l’optimisation fiscale des multinationales publié le 12 février 2013 pointe du doigt un
certain nombre de pays européens : l’Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas, Chypre. Ces pays, où la fiscalité sur
les bénéfices des entreprises est particulièrement légère, sont au cœur des mécanismes qui permettent à certaines
multinationales de pratiquer l’optimisation fiscale à grande échelle et de ne payer que 5 % d’impôts sur leurs
bénéfices effectifs alors que les PME en payent 30 %.
Ils ne sont certes pas les seuls à accueillir un grand nombre de filiales ou de holdings de multinationales ayant pour
particularité de réaliser des profits considérables et peu taxés sans personnel ni activité économique réelle. Les
Bermudes, les Iles Caïman, les Iles Vierges et différents pays d’Asie font également partie du lot.
Mais ils pèsent particulièrement lourd dans l’optimisation fiscale des firmes multinationales en Europe, comme le
montrent les exemples d’Apple, Google, Facebook, Starbucks, Amazon…

Doc 39- Face à l’optimisation fiscale, le projet de taxe sur le chiffre d’affaires des GAFAM
Source : Justine Daniel et Vincent Lequeux, Qu’est-ce que la taxe GAFA ?, www.touteleurope.eu, 18/01/22.
Les géants du numérique sont deux fois moins imposés que les entreprises traditionnelles en Europe. Une situation
qui a poussé plusieurs Etats membres à plaider en faveur d’une plus grande justice fiscale. Malgré le manque de
consensus au niveau européen, les négociations internationales sur un impôt mondial pourraient aboutir à une
taxation des GAFA.
Au sein de l’Union européenne, chaque Etat membre décide, pour l’essentiel, de sa politique fiscale. L’impôt sur
141
les sociétés peut ainsi constituer un levier d’attractivité pour certains pays de l’UE qui proposent aux entreprises
une fiscalité particulièrement avantageuse. D’une façon générale, la concurrence fiscale tend à faire baisser les
taux d’imposition des entreprises depuis les années 1980, et pousse certains Etats membres à adopter une politique
de dumping fiscal, créant d’importants écarts en la matière au sein du marché intérieur.
Les géants du numérique profitent largement de ces écarts pour minorer leurs impôts. Car même si les Gafa
(Google, Apple, Facebook, Amazon), et plus largement les multinationales de l’économie numérique (Uber,
Airbnb, etc.), se déploient dans des secteurs différents, ils ont une particularité commune : proposer leurs services
sur le web leur permet de localiser leur siège social dans un pays différent de celui où se trouvent leurs utilisateurs,
ou a minima de pouvoir déclarer tout ou partie des bénéfices enregistrés dans le pays de leur choix.
Or dans les pays européens, les règles actuelles d’imposition des bénéfices sont fondées sur le principe de
l’établissement stable. Autrement dit, l’entreprise paye des impôts sur ses bénéfices dans le pays où elle est
présente physiquement. Une présence qui se mesure par le nombre d’employés ou encore le montant des actifs
corporels : usines, terrains, machines, etc.
En l’absence d’harmonisation fiscale européenne, les Gafa peuvent donc implanter leurs filiales européennes - et
donc leur présence physique - dans les Etats qui proposent les taux d’imposition les plus faibles, tout en limitant
leur présence physique dans les autres.
Par exemple, Google France n’a déclaré en 2018 qu’un chiffre d’affaires de 411 millions d’euros et a payé en
France 17 millions d’euros d’impôts. Pourtant, les seules recettes publicitaires réalisées en France auraient rapporté
à Google environ 2 milliards d’euros, estime le Syndicat des régies internet.
Résultat : en moyenne dans l’UE, les entreprises du numérique sont soumises à un taux d’imposition effectif deux
fois moins élevé que celui applicable aux entreprises traditionnelles, selon la Commission européenne. Ce qui crée
des conditions de concurrence défavorables et prive les Etats membres d’importantes recettes fiscales.
Dès lors, la question d’une taxe spécifique à ces entreprises s’est posée, afin qu’elles payent leur “juste part”
d’impôt dans les juridictions où elles exercent une activité économique.
Pourquoi le premier projet européen a-t-il échoué ?
Poussée par un élan commun des ministres de l’Economie français et allemand, soutenus par leurs homologues
italien et espagnol, la Commission européenne avait dévoilé le 21 mars 2018 un projet de taxe sur les services
numériques (TSN) qui définissait justement ces critères pour parvenir à un impôt plus juste.
L’idée était de taxer à hauteur de 3 %, dans tous les Etats membres de l’UE, le chiffre d’affaires (et non pas les
seuls bénéfices comme dans le système classique) généré par certaines activités numériques : la vente de données
personnelles, celle d’espaces publicitaires en ligne ciblant les utilisateurs selon les données qu’ils ont fournies,
ainsi que les services qui permettent les interactions et qui facilitent le commerce de biens et de services entre les
utilisateurs. En partant du principe que ce sont les utilisateurs qui créent la valeur de ces services, cette taxe aurait
donc été due dans chaque Etat membre, en proportion de l’utilisation des services numériques qui y sont offerts.
Cette taxe devait frapper les très grandes entreprises de l’économie numérique (et donc les plus susceptibles de se
livrer à une planification fiscale agressive), qui réalisent un chiffre d’affaires mondial annuel supérieur à 750
millions d’euros, dont 50 millions imposables dans l’UE. Soit 120 à 150 entreprises seulement (des géants de la
tech, avant tout américains, mais aussi asiatiques et européens principalement). Et ce pour des recettes fiscales
conséquentes : 5 milliards d’euros par an, dont 500 millions pour la France.
Mais les Vingt-Sept ne sont pas parvenus à un compromis. L’Allemagne aurait fait marche arrière par crainte de
représailles américaines sur les importations, notamment automobiles. Les pays nordiques préféraient une solution
globale sous l’égide de l’OCDE, faute de quoi une telle taxe jouerait “contre les intérêts de l’Europe en
compliquant la coopération internationale en matière de fiscalité”. Mais surtout, les Etats membres qui accueillent
les sièges de ces géants de la tech n’ont aucun intérêt à les taxer davantage. Ces pays, à l’instar de l’Irlande, où
Facebook et Google sont implantés, ou du Luxembourg, où Amazon a son siège européen, fondent leur attractivité
économique sur une fiscalité très avantageuse.
Pourquoi la France et d’autres pays européens ont-ils mis en place leur propre taxe sur les services numériques?
Faute d’accord européen, la France a adopté, le 11 juillet 2019, sa propre taxe sur les services numériques. Celle-
ci se base - comme la proposition européenne initiale - sur l’idée que l’activité de l’utilisateur crée la valeur pour
l’entreprise. La taxe française s’applique à deux types de services numériques. Les interfaces numériques (ou
services d’intermédiation) d’une part, qui permettent à un utilisateur localisé en France d’entrer en contact avec
d’autres utilisateurs en vue de la livraison de biens ou de la fourniture de services. La vente de services publicitaires
ciblés par une plateforme d’autre part, qui s’appuie sur les données récoltées lorsque des utilisateurs la visitent.
Les entreprises concernées sont celles dont le chiffre d’affaires annuel obtenu pour ces services est supérieur à 750
millions d’euros à l’échelle mondiale et 25 millions d’euros à l’échelle de la France. Le montant de la taxe est
calculé en appliquant un taux de 3 % sur ce chiffre d’affaires réalisé en France.
Le projet a fait l’objet d’un rare consensus au sein de la classe politique française, bien qu’il ne s’agisse pour
certains que d’un petit pas dans la lutte contre l’évasion fiscale. La taxe a rapporté 350 millions d’euros aux caisses
de l’Etat en 2019.
Cette loi a profondément contrarié les Etats-Unis, dont sont issus nombre des géants du secteur. Fin 2019,
142
l’administration Trump avait menacé de surtaxer jusqu’à 100 % un certain nombre de produits français comme le
champagne ou le fromage. Avant qu’une trêve ne soit conclue en janvier 2020, la France s’engageant à geler sa
taxe afin de laisser les négociations internationales sur le projet d’impôt mondial se dérouler. Mais suite à l’échec
des discussions, Bercy avait fait savoir en octobre que la taxe allait bien être perçue à partir de décembre 2020.
D’autres pays européens comme le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie ou encore la République tchèque et
l’Autriche, ont mis en place leur propre taxe sur les géants du numérique.
Pourquoi le Covid-19 a-t-il relancé le projet européen… avant de l’enterrer ?
La question d’une taxe européenne sur les géants du numérique est revenue sur le devant de la scène avec la crise
du Covid-19. Les Vingt-Sept s’étant accordés le 21 juillet 2020 sur un plan de relance pour financer la relance
économique, ils ont également prévu de nouveaux instruments pour rembourser les 390 milliards d’euros de
subventions prévus dans ce cadre.
Le projet consistait à mettre en place de nouvelles ressources propres, en l’occurrence des taxes au niveau
européen. Parmi elles, les dirigeants européens citaient “une redevance numérique”, qui devait être élaborée par
la Commission en 2021 pour être mise en place “au plus tard le 1er janvier 2023″.
Une option qui a depuis évolué. Au printemps 2021, le président américain nouvellement élu Joe Biden a relancé
les négociations sur le projet d’impôt mondial sur les multinationales, en cours depuis 2010 au sein de l’OCDE
mais bloqué par l’administration précédente. Cette réforme s’annonçant plus ambitieuse que la taxation des seuls
géants du numérique (avant tout américains), les Etats-Unis ont poussé l’Union européenne à suspendre son projet
de taxe Gafa le 12 juillet 2021. Le 21 octobre, les pays européens qui ont lancé leur propre taxe, dont la France, se
sont engagés à la retirer une fois que l’impôt mondial serait mis en place.
Deux des recettes initialement prévues (issues du marché du carbone étendu et du mécanisme d’ajustement
carbone) figurent bien dans le projet de nouvelles ressources présenté le 22 décembre 2021 par la Commission
européenne. Ce n’est pas le cas en revanche de la redevance numérique. A sa place, l’exécutif européen propose
de réserver pour le budget de l’UE une part des financements récoltés grâce à l’impôt mondial et reversés d’abord
aux Etats membres. Une option qui doit désormais être discutée par ces derniers, au sein du Conseil de l’Union
européenne.
Le projet d’impôt mondial sur les multinationales
L’évasion fiscale des grandes entreprises du numérique ne préoccupe pas que les Européens. L’Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE) mène plusieurs batailles contre l’érosion de la base fiscale
des Etats (projet BEPS) depuis le début des années 2010. Sous son égide et celle du G20, 137 Etats ont signé un
accord visant à mettre en place l’impôt mondial sur les multinationales à partir de 2023.
Celui-ci contient deux piliers. Le premier doit permettre un meilleur partage de l’impôt des 100 multinationales
les plus rentables, non plus en fonction de leur seule présence physique dans un pays mais des activités - et des
bénéfices - qu’elles y réalisent. Sont visés non seulement les géants du numérique mais aussi les grandes
entreprises d’autres secteurs. Le second oblige les sociétés des Etats signataires à payer un impôt minimal de 15%
quelle que soit la localisation de leurs filiales.

Doc 40- Taxation des multinationales : un accord sur un taux de 15 % signé par 136 pays
Source : Anne Michel, Le Monde du 8 octobre 2021.
Vingt jours d’ultimes négociations au couteau, de tensions diplomatiques au plus haut niveau, d’appels croisés
d’un bout à l’autre de la planète et de tactiques sur la corde raide, arbitrées par l’Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE) : il fallait ça pour accoucher d’un impôt minimum mondial sur les plus
grandes et les plus rentables des multinationales dont, au départ, peu d’Etats voulaient.
Ce vendredi 8 octobre, le projet final qui fixe le calibrage des toutes premières règles fiscales taillées pour
l’économie mondialisée est fin prêt, dans ses moindres détails. Il pourra donc être soumis, comme prévu, à l’aval
des chefs d’Etat et de gouvernement du G20 (les 19 pays les plus riches, plus l’Union européenne) lors du sommet
de Rome, qui doit se tenir les 30 et 31 octobre.
L’instauration d’un taux minimum mondial, conçu comme une arme contre les paradis fiscaux et les stratégies de
dumping, constitue le point névralgique de cette réforme. Or, selon le compromis arraché par l’OCDE, il est fixé
à 15 %, avec, soulignent les négociateurs, « une base robuste et des exemptions limitées », et n’oublie aucun des
GAFA (les géants américains de la technologie, Google, Apple, Facebook et Amazon).
Avec 136 pays signataires dont les Etats-Unis, la Chine et l’Inde, ralliée in extremis quelques minutes avant
l’officialisation du compromis, l’accord sur la future réforme fiscale dévoilé vendredi est véritablement mondial.
Quatre pays manquent à l’appel : le Kenya, le Nigeria, le Pakistan et le Sri Lanka. L’Irlande, la Hongrie et l’Estonie
ont, pour leur part aussi, signé tardivement.
S’il s’applique comme prévu à l’horizon 2023, cet impôt minimum fera rentrer 150 milliards de dollars (129
milliards d’euros) dans les caisses des Etats chaque année. Une ressource bienvenue pour les finances publiques
de la planète, asphyxiées par les plans de relance post-crise sanitaire. Selon le Fonds monétaire international (FMI),
les pays avancés ont dépensé, en 2020, l’équivalent de 6 % de leur produit intérieur brut pour soutenir leur
économie.
Certes, d’importantes concessions ont été faites afin d’embarquer le maximum de pays à bord de l’accord en vue
143
d’aboutir à ce compromis. Ainsi, sur la réglette, le curseur de l’impôt minimum mondial s’est arrêté à 15 %, donc
en deçà de la formule d’« au moins 15 % » envisagée, qui laissait clairement la porte ouverte à un futur relèvement
du taux. Des exemptions transitoires sont prévues, mais limitées en montant.
Il en va de même pour l’autre pilier de la réforme, qui doit organiser de la redistribution entre Nord et Sud, sur une
partie des « supers profits » des 100 plus grandes multinationales, exclusion faite du secteur minier extractif et des
services financiers (affichant plus de 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel), en faveur des pays dits «
de marché » – ces Etats où les multinationales ont des clients et font des affaires sans y avoir d’implantation
physique, et donc sans y être imposés.
Un projet de compromis avait été validé en juillet, pour redistribuer de 20 % à 30 % de ces profits jugés
excédentaires (au-delà d’une marge de 10 %). Principe de réalité oblige, l’OCDE a dû revoir sa copie finale pour
fixer le taux à 25 %. Mais le nombre de multinationales éligibles pourrait grossir au bout de quelques années, avec
un seuil ramené de 20 milliards d’euros à 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Dès lors, in fine, sur le plan financier comme sur le plan de la justice fiscale, l’économie mondiale devrait sortir
largement gagnante : en effet, en créant un taux plancher de 15 % pour imposer les grandes entreprises de plus de
750 millions d’euros de chiffre d’affaires, la réforme fiscale neutralise de facto les petits paradis fiscaux à taux
zéro. Surtout, l’impôt minimum contraint les grands centres financiers offshore pour multinationales, comme
l’Irlande, à relever leur taux national d’imposition des sociétés de plusieurs points, pour atteindre cette future
norme de 15 %. (…)
De surcroît, la réforme pilotée par l’OCDE devrait bénéficier aux pays en développement, en Afrique et en Asie,
même s’ils auraient pu espérer davantage, comme le demandaient les ONG et des économistes de renom tel
l’Américain Joseph Stiglitz. L’OCDE ne désespère pas d’obtenir le ralliement tardif du Nigeria, notamment, qui,
s’il se décidait à signer, pourrait y gagner entre 200 et 300 millions de dollars par an, selon les dernières
estimations.
D’une manière globale, la réforme qui sera soumise au G20 aura pour effet de faire entrer la fiscalité mondiale
dans une nouvelle ère, en substituant une régulation internationale à des règles restées jusqu’ici nationales. A
travers elle, la communauté internationale se donne donc les moyens de respecter le principe de base selon lequel
l’impôt est payé là où les activités sont réalisées.
Toutefois, il restera aux pays à respecter les nouvelles règles du jeu et aux multinationales à accepter la nouvelle
donne, sans stratégie de contournement. L’impact financier des zones d’exemption et des secteurs protégés,
prévues par le projet, devra aussi être mesuré. Tous les Etats seront-ils gagnants, et de combien ? Plusieurs
estimations ont été faites, dont celle de l’OCDE, qui devront être ajustées. La France devrait récupérer pour sa part
entre 4 milliards et 5 milliards d’euros de recettes fiscales.
A la veille de la conclusion de l’accord international, Bruno Le Maire insistait sur la portée d’une réforme soutenue
de longue date par Paris. Cela « permettra d’éviter des taux d’imposition attractifs de l’ordre de 2 %, 5 % ou 6 %,
qui sont des taux effectifs réels pratiqués par certains Etats, y compris dans l’Union européenne », déclarait le
ministre de l’économie.

144
Dossier 6

Le système monétaire international : encore le roi dollar ?

I. Lexique

II. Documents
A. Régimes de change et déterminants du taux de change
B. L’impact des taux de change sur l’économie
C. Les politiques monétaires en question
D. Monnaie unique et évolution de l’Eurozone
E. Les crypto-monnaies

III. Le débat : dette commune européenne, un nouveau départ pour la zone


euro ?

145
I.LEXIQUE (sources: Alternatives Economiques, ENS Lyon, Banque de France, La finance pour tous, Insee…)
Banque centrale
Banque détenant le monopole de l'émission de monnaie banque centrale (dont les billets). De ce fait, les
banques commerciales (dites aussi de second rang) sont contraintes de s'approvisionner en monnaie centrale (en
liquidités) auprès de cette banque centrale, laquelle peut leur imposer un prix d'approvisionnement (taux d'intérêt)
élevé ou des restrictions quantitatives, de manière à les contraindre à pratiquer une politique de crédit moins
dynamique auprès de leur clientèle. Le monopole de la banque centrale constitue donc le support de ce qu'on
appelle la politique monétaire.
La banque centrale n'est pas forcément unique : jusqu'en 1850, la Banque de France partageait son monopole
d'émission avec une autre banque. Aux Etats-Unis, douze banques disposent de la possibilité d'émettre des billets
: elles se sont constituées en un Système de réserve fédéral (d'où l'appellation Fed, pour désigner cet ensemble
qu'on appelle improprement la banque centrale américaine). La banque centrale n'est pas forcément publique : en
France, elle n'a été nationalisée qu'en 1936.
La banque centrale ne se borne pas à exercer, via la politique monétaire et les règles qu'elle édicte, son contrôle sur
les banques de second rang. Elle est également chargée d'être le prêteur en dernier ressort, c'est-à-dire l'organisme
de refinancement des banques, destiné à empêcher ces dernières d'être victimes d'une éventuelle panique qui
inciterait les déposants à retirer une proportion importante de leurs dépôts. Enfin, elle est fréquemment chargée de
gérer les devises du pays. Depuis la création de la Banque centrale européenne (BCE), une partie des réserves de
devises a été confiée à cette dernière.
Banque centrale européenne (BCE)
Depuis 1999, les pays faisant partie de la zone euro se sont dotés d'une Banque centrale européenne (BCE),
à laquelle les banques centrales nationales (qui demeurent et se sont constituées en un système européen de banques
centrales, car elles exercent d'autres fonctions que l'approvisionnement en monnaie centrale, comme la surveillance
des règles bancaires nationales) ont transféré leur pouvoir monétaire : détermination du taux d'intérêt applicable
aux banques qui empruntent de la monnaie centrale et politique monétaire.
C'est donc désormais la BCE qui fixe le taux d'intérêt applicable aux opérations d'approvisionnement en euros des
banques de la zone. Installée à Francfort, la BCE, bien qu'institution publique, jouit d'une grande indépendance à
l'égard du pouvoir politique, comme c'était le cas précédemment pour la Bundesbank allemande. Ses
administrateurs (qui désignent le président de la BCE) sont les gouverneurs des différentes banques centrales
nationales, auxquels s'ajoutent cinq personnes désignées pour six ans par le Conseil européen, l'instance politique
de l'Union européenne composée des chefs d'Etat ou de gouvernement. Une fois nommés, ces administrateurs sont
inamovibles et n'ont pas de compte à rendre au Conseil européen, ni de consignes à recevoir de sa part.
Cette indépendance à l'égard du pouvoir politique a suscité de nombreuses controverses, de même que les missions
de la BCE : le traité de Maastricht, qui les définit, n'évoque que la stabilité monétaire, alors que certains auraient
souhaité que, comme aux Etats-Unis, la BCE soit amenée à prendre officiellement en considération la croissance
économique ou la situation de l'emploi.
Change
Passage d'une monnaie à une autre. Le taux de change mesure la quantité de monnaie initiale nécessaire
pour obtenir une unité de la monnaie finale.
Le régime de change est organisé par des règles internationales. Les pays qui acceptent des règles déterminées
constituent un système monétaire international marqué par un régime de change commun. Dans un régime d'étalon
(or, argent, ou toute autre marchandise jouant le rôle d'étalon), chaque monnaie est définie par une quantité de
marchandise- étalon, et cette définition légale est doublée d'une obligation concrète : une banque (la banque
centrale) est chargée de fournir aux porteurs d'unités monétaires qui le désirent le montant de marchandise-étalon
correspondant à la définition légale, et inversement. De ce fait, le système monétaire avec étalon est stable.
Dans un régime de changes flottants, il n'y a pas d'étalon, donc pas de définition légale et pas de convertibilité
indirecte. Entre deux monnaies, le change est déterminé par des procédures de marché : certains vont vendre la
monnaie qu'ils possèdent contre celle qu'ils souhaitent obtenir, d'autres vont acheter, si bien qu'il en résultera un
prix, qui peut varier d'un instant à l'autre. Dans un système de ce type, la variabilité du change engendre à la fois
incertitude et instabilité. Pour y faire face, les opérateurs ont tendance à se couvrir, c'est-à-dire à transférer sur des
opérateurs particuliers (et des instruments particuliers) le risque de change. Ces opérateurs ne sont autres que les
spéculateurs, qui tentent de tirer parti des fluctuations de cours sur le change entre deux monnaies. Mais, ce faisant,
il arrive souvent qu'ils influencent à leur tour le niveau et l'évolution du change, si bien que les opérations de
couverture aboutissent à réduire le risque pour un opérateur particulier (celui qui s'est couvert) en l'augmentant
pour tous les autres (en raison des fluctuations accrues engendrées sur le marché par les opérations spéculatives).
Communauté économique européenne (CEE)
Ce fut le premier nom de la construction institutionnelle créée par le traité de Rome (1957) organisant
une union douanière entre les six pays signataires (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas),
devenus neuf (en 1972, avec l'entrée du Danemark, de l'Irlande et du Royaume-Uni), puis douze (en 1985, avec
l'entrée de l'Es- pagne, de la Grèce [entrée en 1981] et du Portugal) et enfin quinze (en 1994, avec l'entrée de la
146
Suède, de l'Autriche et de la Finlande). Ce nom a été abandonné en 1965, lors de la fusion des trois institutions
qu'étaient respectivement la Communauté économique du charbon et de l'acier (Ceca), la Communauté européenne
de l'atome (Euratom) et la CEE : le nouvel organisme s'est appelé Communautés européennes (au pluriel), mais
l'habitude a été conservée de dire CEE, tant le volet économique l'emportait sur les autres. Enfin, avec la ratification
du traité de Maastricht (en 1993), l'extension des domaines de compétence des institutions européennes a provoqué
un dernier changement de nom : les Communautés européennes sont devenues l'Union européenne.
Contrainte de change
Le change d'une monnaie détermine le niveau des prix de l'ensemble des produits issus du pays sur le
marché mondial. A ce niveau de prix, certaines productions sont compétitives, d'autres pas : c'est ce qu'on appelle
la contrainte de change. Plus le change d'une monnaie est élevé, plus les entreprises doivent être efficaces, et plus
la productivité du travail doit être élevée.
C'est en grande partie par le biais d'un deutschemark surévalué que les autorités allemandes ont contraint les entre-
prises du pays à viser des niveaux d'efficacité productive toujours plus élevés. A l'inverse, une monnaie sous-
évaluée favorise l'emploi, puisque, à ce niveau de change, toute une gamme d'activités demeurent compétitives,
qui ne le seraient plus avec un taux de change plus élevé.
Contrôle des changes
Limitation du droit d'acheter (et éventuellement de vendre) librement des devises, imposée par les
autorités monétaires à leurs résidents.
Le contrôle des changes peut prendre de nombreuses formes, plus ou moins draconiennes : achat de devises limité
au paiement de certaines importations (dans ce cas, les autorités délivrent également des licences d'importation
dont seule la détention peut permettre l'achat de devises auprès de la banque centrale, qui les gère), achat de devises
limité à des sommes maximales déterminées, revente des devises gagnées dans un délai maximum déterminé, etc.
Dans tous les cas, il s'agit de restreindre les possibilités de dépenser à l'étranger, de manière à réduire la contrainte
extérieure. Mais l'expérience montre qu'il existe de nombreux effets pervers (instauration d'un marché noir des
devises, compensations privées, fraudes diverses...), qui réduisent d'autant l'efficacité apparente de ces mesures.
Si bien que, en général, le contrôle des changes a été progressivement allégé, puis supprimé dans tous les pays
dont les monnaies sont librement convertibles sur le marché des changes. En France, les dernières mesures ont été
levées en 1985.
Convertibilité
Désigne la possibilité légale de passer d'une monnaie à une autre, ou d'une monnaie à la marchandise-
étalon dans laquelle elle est officiellement définie. La convertibilité peut être limitée ou illimitée, à taux fixe ou à
taux variable (en fonction du marché).
Crise bancaire
Illiquidité voire insolvabilité d’un ou de plusieurs établissements financiers en raison de créances
douteuses pouvant aller jusqu’à la mise en danger de l’ensemble du système financier national, régional, voire par
contagion international (crise systémique).
Crise d’endettement
Situation dans laquelle un pays ne peut plus faire face au remboursement de sa dette extérieure.
Crise monétaire
Chute du cours de la monnaie nationale occasionnée par des ventes massives sur le marché des changes.
Critères de convergence
Expression utilisée dans le traité de Maastricht (l'un des deux traités qui organisent l'Union européenne)
pour définir les conditions à remplir pour qu'un pays membre puisse entrer au sein de l'union monétaire constituée
depuis 1999 entre certains des pays de l'Union.
On utilise le terme convergence pour désigner le fait que plusieurs de ces critères sont des critères relatifs, définis
par rapport à la moyenne observée : par exemple, le taux d'inflation dans un pays ne doit pas s'écarter de plus de 2
% de la moyenne de l'inflation mesurée dans l'ensemble des pays de l'union. Le but de ces critères est en effet
moins de fixer des normes absolues (encore qu'il en existe certaines, comme, par exemple, le déficit budgétaire
public qui ne doit pas dépasser 3 % du PIB) que d'inciter les pays membres souhaitant intégrer l'union monétaire
à observer des scores économiques (en matière de taux d'inflation et de taux d'intérêt) proches les uns des autres.
Dépréciation
Baisse de la valeur d'une monnaie par rapport à d'autres devises sur un marché des changes dans le cadre
d’un régime de change flottant. Plus généralement, désigne la perte de valeur d'un bien ou d'une créance (si le
créancier se révèle incapable de rembourser en totalité).
Dévaluation
Baisse du taux de change décidée par les autorités compétentes dans le cadre d'un régime de change fixe.

147
Devise
Monnaie étrangère convertible, c'est-à-dire dont les autorités émettrices acceptent qu'elle soit achetée ou
vendue contre d'autres monnaies sur un marché des changes. Le dollar constitue la principale devise : environ la
moitié des échanges de monnaies qui s'effectuent dans le monde mettent en jeu le dollar contre une autre monnaie.
L'euro vient en deuxième position (environ 30 %), suivi du yen (12 %), de la livre sterling (5 %), les autres
monnaies se partageant le reste.
Effet Tequila
Réveil douloureux après une soirée très arrosée: terme employé pour la crise de change du peso mexicain
mexicaine de 1994 qui a succédé à une période d’euphorie.
Fed
Abréviation usuelle de Federal System of Reserve (système de réserve fédéral), qui comprend douze
banques chargées par l'Etat fédéral d'émettre la monnaie américaine. La Fed est donc une banque centrale à
plusieurs têtes, l'équivalent de notre Banque de France. L'ensemble est coiffé par un organisme public, le Federal
Reserve Board, au sein duquel se prennent les décisions de politique monétaire.
Bien que les douze banques d'émission soient privées, le Federal Reserve Board est présidé par un gouverneur
nommé par le président des Etats-Unis, ce qui en réduit l'indépendance.
Flottement
Régime de change qui prévaut en absence d'étalon.
Lorsqu'il n'existe pas de lien fixe entre une monnaie nationale et un étalon qui sert de support à la monnaie
internationale, la seule façon de savoir ce que vaut une monnaie donnée par rapport à une autre monnaie est
d'organiser un marché, le marché des changes, sur lequel l'offre et la demande respectives pour chacune des deux
monnaies détermineront un prix. Mais, par construction, ce prix est changeant, puisque l'offre et la demande
peuvent à tout moment se modifier. D'où le terme de flottement pour désigner ces modifications incessantes de
taux de change. Quand les banques centrales s’abstiennent effectivement de toute intervention on parle de
flottement pur. Ce qui se passe en général est que les banques centrales interviennent sans y être contraintes : le
flottement est qualifié d’« impur ».
FMI (Fonds monétaire international)
Créé en 1944 avec la signature des accords de Bretton Woods, le FMI avait pour rôle d'assurer la police
du nouvel ordre monétaire international, bâti sur le principe de changes fixes.
Il était donc chargé de veiller à ce que les pays signataires des Accords ne procèdent pas à des dévaluations
sauvages ou compétitives. Mais le FMI avait aussi une fonction de cagnotte, conformément à son nom : chaque
pays membre devait, au moment de son adhésion, verser une cotisation dont une partie devait être en or (étalon du
système de Bret- ton Woods) ou en dollars, le reste en monnaie nationale. En contrepartie, en cas de besoin, chacun
des pays avait le droit de tirer sur ce compte, sous forme de crédits remboursables à moyen terme (moins de trois
ans), dans la monnaie de son choix. La première tranche de tirage (le quart de la cotisation) était automatique, les
tranches suivantes (par quart successif, jusqu'à cinq quarts de la cotisation) étant soumises à une conditionnalité
croissante. Autant dire que la dernière tranche revenait à donner aux experts du FMI la mainmise sur la politique
économique du pays. Avec les accords de la Jamaïque, la mission du FMI s'est transformée : il n'a plus à veiller
sur les taux de change, qui, désormais, sont flottants. En revanche, le Fonds a retrouvé une nouvelle jeunesse en
veillant à la liquidité du système monétaire international : concrètement, cela signifie qu'il se fixe pour tâche que
les dettes extérieures souveraines (celles contractées par un Etat ou garanties par lui) soient payées. Pour cela, des
mécanismes d'ajustement ont été mis en place, prévoyant des prêts spéciaux (destinés aux pays en difficulté)
conditionnels.
Fondamentaux
Anglicisme pour désigner les données fondamentales d'une économie, c'est-à-dire son état de santé tel
qu'on peut le mesurer à partir des indicateurs classiques (taux d'inflation, taux d'investissement, commerce
extérieur, compétitivité...). Il arrive aussi que l'on parle des fondamentaux d'une entreprise.
Open Market
Les interventions des autorités monétaires sur le marché interbancaire, dites «opérations d'open market»
se situent au cœur de la politique monétaire. Il s'agit d'interventions des autorités monétaires (la BCE dans la zone
Euro) sur le marché monétaire consistant à fournir ou retirer des liquidités aux établissements financiers via des
achats ou des ventes de titres et ainsi influencer à la baisse ou à la hausse le taux du marché monétaire.
Quand une banque a besoin de liquidités pour honorer les paiements effectués par ses clients (si ses clients
retirent plus d'argent de leurs comptes qu'ils n'en déposent), elle les emprunte à une autre banque. De l’autre côté,
quand une banque a des liquidités disponibles (ses clients remettent plus d'argent sur leurs comptes qu'ils n'en
retirent), elle les propose aux autres banques. C'est ce que l'on appelle le marché interbancaire. Les banques se
prêtent pour des durées très courtes, parfois seulement pour 24 heures, et jusqu'à un an. Les paiements entre
banques se font exclusivement par l'intermédiaire des comptes qu'elles détiennent à la banque centrale. C'est
pourquoi on parle de « monnaie banque centrale ». Cette monnaie n'est utilisée par les banques que sur le marché

148
interbancaire et ne circule donc pas dans l'économie.
Les taux d'intérêt sur le marché interbancaire servent de référence aux banques pour fixer les taux d'intérêt des
crédits qu'elles accordent à leurs clients.
Mais quand une banque ne trouve pas le montant nécessaire auprès des autres banques, elle peut s’adresser à la
BCE qui va lui prêter ces liquidités à un taux d'intérêt appelé « taux des opérations principales de refinancement
». La banque doit pour cela apporter à la BCE des garanties sous la forme de titres de créances de qualité qu'elle
détient. On dit qu’elle se « refinance » auprès de la Banque centrale. C’est le mode principal d’intervention de la
BCE.
Si la BCE augmente le taux de ses opérations de refinancement, les banques vont répercuter cette hausse sur le
coût des crédits qu’elles accordent. Les agents économiques vont être plus réticents à emprunter et vont alors
réduire leur consommation (pour les particuliers) ou leur production (pour les entreprises).
Inversement, si la BCE diminue le taux de refinancement, les banques vont diminuer le taux d’intérêt de leurs
crédits. Les agents économiques vont être plus enclins à emprunter et vont alors augmenter leur consommation
(pour les particuliers) ou leur production (pour les entreprises).
En cas de tensions sur le marché interbancaire (les banques ne veulent plus se prêter), la Banque centrale peut
aussi fournir des liquidités (octroi de prêts temporaires garantis par des titres par exemple) ce qui a pour effet de
faire baisser le taux du marché monétaire. En sens inverse, elle peut également intervenir pour retirer des liquidités
(elle vend aux banques des titres de dette publique par exemple) et orienter le taux du marché monétaire à la
hausse.
.
Parité de pouvoir d'achat (PPA)
Mode de calcul du taux de change entre deux ou plusieurs monnaies, qui consiste à mesurer le coût d'un
panier de biens et de services identiques achetés dans chacune des monnaies des pays concernés et à en déduire un
taux de change. Dans l'Union européenne, l'organisme statistique chargé de ce calcul utilise le terme de standards
de pou- voir d'achat (SPA).
Le calcul d'un taux de change en PPA permet de gommer les différences de prix qui peuvent exister d'un pays à
l'autre. Faibles d'un pays industrialisé à l'autre, ces différences sont parfois très importantes entre pays
industrialisés et pays du Sud, car, dans ces derniers, une partie non négligeable des biens et services de première
nécessité sont produits à l'aide de travail peu rémunéré, voire non rémunéré (travail familial). Par exemple, dans
le cas de la Chine, le calcul d'un taux en PPA aboutit à tripler la valeur de l'unité monétaire chinoise : cela signifie
que le pouvoir d'achat en biens et services nationaux du yuan (monnaie chinoise) est trois fois plus important que
son pouvoir d'achat international.
Il est évident que ce triplement fait de la Chine un géant économique autrement plus fort que le calcul en taux de
change nominal ne permettait de le penser. Il en est de même de la plupart des pays du Sud, si bien que le calcul
en PPA revient à augmenter très sensiblement leur part dans le produit mondial, et réduit non moins sensiblement
leur pauvreté apparente. Le FMI et l'Onu utilisent désormais systématiquement ces modes de calcul pour toutes les
compa- raisons internationales, et certains se sont demandé s'il n'y avait pas là une manœuvre destinée à réduire
l'importance de l'écart entre pays riches et pays pauvres, ou à majorer le rythme de rattrapage des premiers par les
seconds. C'est évidemment possible, mais il ne faut pas perdre de vue qu'il était illogique de calculer la production
et le niveau de vie d'un pays à partir d'un indicateur (le taux de change nominal) reflétant uniquement les échanges
extérieurs et, donc, l'écart de productivité entre le pays étudié et les pays industrialisés.
Le vrai problème du calcul en PPA (ou SPA) est qu'il s'agit d'un calcul somme toute complexe, qui doit s'effectuer
avec des précautions méthodologiques importantes, donc qui est discutable. Au contraire, le taux de change
nominal est connu de tous : il ne résulte pas d'un calcul mais d'une observation directe (même lorsqu'il s'agit d'un
taux de change au noir).
Pétrodollar
Terme inventé par les médias pour désigner les dollars gagnés par les pays exportateurs de pétrole suite à
l'augmentation forte des prix du brut imposée par l'Opep en 1973 puis en 1979.
En réalité, il n'existe pas plus de pétrodollars que de textilodollars. Certes, les pays exportateurs de brut ont
bénéficié d'une forte augmentation de leurs revenus et ont disposé, de ce fait, d'un pouvoir d'achat international
sensiblement accru. Mais ces dollars ont été en grande partie déposés dans des institutions financières qui les ont
prêtés à nouveau à d'autres pays. Ce recyclage des fonds a permis d'éviter que le prélèvement pétrolier ne se
transforme en un engrenage déflationniste. C'est donc simplement la répartition du revenu mondial qui a été
modifiée, non son montant.
Politique budgétaire
Dans une économie de marché, désigne l'utilisation du budget de l'Etat (dépenses et recettes) en vue d'agir
sur le rythme de croissance économique.
La politique budgétaire agit par l'intermédiaire du solde des dépenses et des recettes. Une même politique
budgétaire - par exemple expansionniste - peut résulter soit d'une réduction des recettes (allégement d'impôts), soit
d'une augmentation des dépenses : on devine que les bénéficiaires de la stimulation ne seront pas les mêmes dans
les deux cas. Et c'est pourquoi une même politique budgétaire peut être mise en œuvre dans le cadre de politiques
sociales fort différentes.
149
Le traité de Maastricht, puis le pacte de stabilité et de croissance, en plafonnant le déficit budgétaire des pays
mettant en œuvre la monnaie unique, ont réduit par là même l'ampleur des politiques budgétaires expansionnistes
qui pour- raient être pratiquées dans chaque Etat membre. A moins de renoncer à ce type de politique économique,
cela pose le problème de voir le budget communautaire se substituer, comme outil de politique économique, au
maniement des budgets nationaux.
Politique monétaire
Mode d'intervention publique dans l'économie visant à régulariser l'activité économique et à éliminer les
déséquilibres en augmentant ou en réduisant les quantités de monnaie centrale dont disposent les agents
économiques.
La politique monétaire est l'un des leviers essentiels (avec la politique budgétaire) de la politique économique. En
émettant ou en détruisant de la monnaie centrale, en effet, on encourage ou on dissuade les banques d'effectuer du
crédit, donc on stimule ou on freine les achats. Pour parvenir à augmenter ou à réduire (ou plutôt à accélérer ou à
freiner) l'émission de monnaie centrale, deux grands moyens sont concevables :
- soit on agit directement sur les quantités, en augmentant ou en restreignant les plafonds de réescompte et les
réserves obligatoires à destination des banques commerciales ;
- soit on agit sur les prix (taux d'intérêt), ce qui provoque indirectement une diminution ou une augmentation du
recours à la monnaie centrale.
La politique monétaire privilégie désormais plutôt le deuxième mode d'action, après avoir longtemps utilisé le
premier. Placée sous le contrôle du gouverneur de la BCE (actuellement M. Draghi), elle est dorénavant unique
pour tous les membres de la zone euro.
Prêteur en dernier ressort
Se dit de la banque centrale, dont le rôle est d'approvisionner en liquidités les banques commerciales et
qui, de ce fait, est chargée de veiller à ce que ces dernières en disposent suffisamment pour faire face aux demandes
de retrait d'argent liquide qui, à certains moments de l'année (avant Noël, par exemple) ou dans certaines
circonstances (rumeurs, paniques) se gonflent fortement.
L'existence d'un prêteur en dernier ressort caractérise un système monétaire solide, puisqu'elle garantit que ce
système dispose de la souplesse nécessaire pour faire face aux imprévus. C'est justement parce que le système
monétaire inter- national actuel ne dispose d'aucun prêteur en dernier ressort - en d'autres termes, parce qu'il n'existe
aucune institution chargée de réguler la liquidité mondiale - qu'il est instable et source potentielle de déséquilibres.
Ratio Cooke
Norme de prudence que les banques doivent respecter et qui est définie par un rapport (d'où le terme de
ratio) entre le montant des fonds propres et celui des engagements figurant au bilan ou hors bilan (par exemple les
cautions données). Ce rapport doit être au moins de 8 %. Il est désormais complété par les "normes McDonough",
qui portent davantage sur la qualité des créances détenues par les banques, ce qui pose le problème de la notation
de ces créances.
Longuement discuté au sein d'un comité présidé par M. Cooke, le ratio de prudence (prudentiel) qui porte ce nom
a été élaboré sous l'égide de la Banque des règlements internationaux (BRI), qui est en quelque sorte l'institution
chargée de veiller au bon fonctionnement des marchés internationaux sur lesquels les banques prêtent ou
empruntent dans des monnaies autres que la leur. Sise à Bâle, la BRI est discrète, mais efficace. Le ratio Cooke a
pour but d'empêcher que n'apparaissent comme opérateurs internationaux des banques qui se financeraient avec
une proportion excessive d'emprunts, qu'elles risqueraient de ne pouvoir rembourser en cas de pertes.
Refinancement
Désigne l'opération qui consiste à substituer un mode de financement à un autre.
Par exemple, lorsqu'une banque commerciale réescompte un effet de commerce ou lorsqu'elle vend des titres sur
le marché monétaire, elle se refinance, puisqu'elle transforme de la monnaie bancaire (scripturale) en monnaie
centrale (fiduciaire). De même, lorsque le Trésor public rembourse des emprunts à court terme en empruntant à
long terme, il se refinance, l'opération ayant généralement pour but de réduire le coût des emprunts en question.
Les banques passent une partie de leur temps à se refinancer sur les marchés financiers, en vendant des titres et en
en achetant d'autres, soit pour améliorer la valeur de leur portefeuille, soit pour réduire le coût de leurs ressources.
Réserves obligatoires
Obligation faite aux banques commerciales de déposer auprès de la banque centrale une proportion
déterminée de leurs actifs (en général, il s'agit d'une proportion des prêts qu'elles consentent) ou des dépôts qu'elles
gèrent.
Spread
Anglicisme désignant un supplément de taux d'intérêt imposé à un emprunteur considéré comme risqué,
par rapport à un emprunteur jugé sans risque.
Union bancaire
Système de surveillance des banques et de résolution de leurs défaillances mis en place au niveau de l'UE
et soumis à des règles uniformes dans l'ensemble de l'UE.
150
Elle vise à garantir la sûreté et la fiabilité du secteur bancaire dans la zone euro et dans l'UE en général et la
résolution des défaillances des banques non viables sans recours à l'argent des contribuables et avec une incidence
minimale sur l'économie réelle. L'union bancaire poursuit les objectifs suivants :
• Faire en sorte que les banques soient solides et capables de résister à toute crise financière future ;
• Éviter que l'argent des contribuables ne serve à sauver des banques en difficulté ;
• Réduire la fragmentation du marché en harmonisant les règles régissant le secteur financier ;
• Renforcer la stabilité financière dans la zone euro et dans l'UE en général.
Un Mécanisme de supervision unique (MSU) a été mis en place au niveau de la BCE pour surveiller les banques
avec la mise en œuvre de « stress test » et de « testaments bancaires ». D’ici 2025 cet organisme devrait posséder
un fond de 55 milliards alimenté par les banques pour financer les interventions en cas de sauvetage bancaire.
Union économique et monétaire
Il s'agit du principal chapitre du traité de Maastricht, qui régit notamment les conditions et le calendrier
de mise en place d'une monnaie unique au sein de l'Union européenne. La condition d'adhésion est le respect de
certains critères (dits de convergence). Le volet monétaire de l'Union n'est cependant pas obligatoire : le traité
prévoit qu'un ou plusieurs pays peuvent rester à l'écart (clause dite opting out). Dans ce cas, le traité indique
seulement que les pays non-membres de la monnaie unique doivent accepter de respecter des règles établies d'un
commun accord, pour stabiliser leur taux de change par rapport à la monnaie unique. En revanche, le volet
économique de l'Union est contraignant pour tous les signataires : il prévoit notamment une coordination des
politiques économiques des pays membres de l'Union.
Union européenne
Nom donné par le traité de Maastricht à l'ensemble des pays qui ont ratifié ce traité et le traité de Rome
qui l'a précédé (et qui organise l'ensemble des changes et de la politique agricole au sein de l'Union). Voir
Communauté économique européenne (CEE).
Le terme s'est substitué à l'ancien nom (Communauté européenne) pour bien marquer le fait que, dans le traité de
Maastricht, il existe des dispositifs de nature fédérale : vote à la majorité, acceptation d'une autorité monétaire indé-
pendante des Etats, etc.
Zone Euro ou Eurozone ou Euroland
Zone qui comprend les 19 des 27 Etats membres de l’Union Européenne ayant adopté l’Euro comme
monnaie. La politique monétaire commune est mise en place par la BCE.

151
II. Documents

A. Régimes de change et déterminants du taux de change

Doc 1- Taux de change et régimes de change - Source : ABC, l’éco en Bref, Banque de France,
novembre 2019.

Le taux de change (on dit aussi le cours ou la parité de change) d’une monnaie (ou devise) est le prix de celle-ci
par rapport à une autre. Dire que le taux de change euro/dollar (EUR/USD) est de 1,11 signifie que 1 euro permet
d’obtenir 1,11 dollar. En sens inverse, le taux de change dollar/euro (USD/EUR) est alors de 0,90 (avec 1 dollar,
on peut obtenir 0,90 euro).
Le taux de change s’observe sur le marché des changes, qui désigne l’ensemble des achats et ventes de monnaies
qu’effectuent chaque jour entre eux les acteurs de ce marché (banques commerciales, banques centrales, grandes
entreprises, investisseurs institutionnels, etc.).
Depuis 1976, la plupart des grandes économies (États-Unis, zone euro, Japon, etc.) ont adopté un régime de
change flottant : le taux de change n’est pas administré ; il évolue librement en fonction de l’offre et de la demande
sur le marché. Lorsque le cours d’une monnaie augmente, on parle d’appréciation ; s’il baisse, il y a dépréciation.
Certains pays ont adopté un régime de change fixe. C’est le cas du Danemark ou des pays de la Zone franc dont
les monnaies ont des cours fixes par rapport à l’euro. Les banques centrales de ces pays s’engagent donc à fournir
des devises étrangères contre la monnaie nationale au cours officiel ; le prix est totalement administré. En régime
de change fixe, les gouvernements peuvent toutefois dévaluer ou réévaluer leur monnaie, c’est-à-dire baisser ou
augmenter son prix par rapport à d’autres monnaies, si le cours officiel est jugé inadapté.
Enfin, d’autres pays choisissent un régime de change intermédiaire, comme la Chine dont le yuan (ou renminbi)
est indexé sur un panier de devises composé du dollar, de l’euro, du yen et du won coréen. Le taux fluctue sur le
marché des changes mais de manière limitée, autour de la valeur du panier. Le cours de change est géré par les
autorités chinoises qui achètent et vendent leur monnaie sur le marché.
Quel que soit le régime de change, le taux de change influe sur la compétitivité des produits et des services d’un
pays, donc sur ses échanges extérieurs, mais aussi sur le pouvoir d’achat des entreprises et des citoyens, ces
derniers en tant que consommateurs de produits et services étrangers et en tant que touristes voyageant à l’étranger.
Le taux de change impacte également les flux financiers qui entrent ou sortent d’un pays. Son importance pour
l’économie, et notamment pour le commerce extérieur, pousse parfois certains pays à se lancer dans une « guerre
des devises », par exemple en s’efforçant de baisser le cours de leur monnaie pour favoriser leurs exportations et
pénaliser leurs importations.

152
Doc 2- Transactions quotidiennes sur le marché des changes - Source : lafinancepourtous.com

153
Doc 3- Le marché des changes (FOREX) - Source : lafinancepourtous.com
Le marché des changes est le marché sur lequel se retrouvent tous les participants désireux de vendre ou d’acheter
une devise contre une autre. Dans le jargon financier, il est souvent question du Forex pour désigner le marché
des changes ; contraction des termes anglais FOReign EXchange.
Comme tout marché il a aussi pour fonction de déterminer les prix d’échanges, c’est-à-dire le taux de change entre
chaque couple de devises.
En 2019, le rapport de la Banque des Règlements Internationaux (BRI) sur l’enquête triennale des banques
centrales estime le volume quotidien des échanges à près de 6 590 milliards de dollars. Les volumes échangés sur
ce marché ont, ainsi, progressé de près de 30 % depuis la précédente enquête (2016) et de plus de 65 % au cours
de la décennie 2010. Cela en fait le marché le plus vaste et le plus liquide au monde en termes de volume de
transactions. À titre de comparaison, le volume journalier des transactions sur le marché des changes est plus de
deux fois supérieur à la valeur du PIB annuel français !
Un marché dominé par la City de Londres
S’il existe bien des pièces et des billets de banques dans tous les pays, le marché des changes est entièrement
dématérialisé et décentralisé. Il n’est rattaché à aucune place boursière en particulier. La quasi-totalité des
opérations y sont réalisées de gré à gré. Il permet d’effectuer des transactions sur les devises quasiment 24h/24
tous les jours de la semaine alors que les autres titres financiers sont souvent rattachés à une place financière
déterminée (Paris, New York, Tokyo, Londres…) avec des horaires quotidiens d’ouverture et de clôture.
Même si, en théorie, le marché des changes est ouvert en permanence, dans la pratique il clôt une fois par semaine
pendant les heures qui séparent la fermeture de la Bourse le vendredi soir à 22h GMT sur la côte Ouest des États-
Unis et l’ouverture le dimanche soir à 22h GMT de la Bourse de Wellington en Nouvelle-Zélande qui entame la
semaine. En effet, les principales banques sont fermées le weekend et les volumes échangés sur ce marché sont
très faibles les samedis, dimanche et jours fériés.
En 2019, le marché des changes est largement dominé par la City de Londres. Cette place financière représente
plus de 50 % des opérations de changes dans le monde. Le poids des places asiatiques est en croissance mais reste
inférieur à Londres. La France, quant à elle, n’accueille que 2 % des échanges mondiaux de devises.
Qui intervient sur le marché des changes ?
Le marché des changes réunit des participants extrêmement divers. On y trouve :
- des particuliers (très rarement) et des entreprises (PME et multinationales) qui ont besoin de vendre et d’acheter
différentes devises selon leurs activités ;
- des banques commerciales, des banques d’investissement et des courtiers qui exécutent les ordres de leurs clients
et agissent aussi pour leur compte propre ;
- les autorités monétaires, notamment les banques centrales qui sont des participants majeurs sur le marché des
changes. Elles gèrent leurs réserves de change et interviennent le cas échéant, sur le cours des devises dont elles
ont la charge.
- des institutions internationales (comme le FMI et la Banque Mondiale) ;
- des fonds d’investissement dont certains sont même spécialisés sur les devises.
Quelques caractéristiques notables sur le marché des changes
Le marché des changes est un marché où la quasi totalité des opérations sont réalisées de gré à gré. Les courtiers
et les banques négocient directement les uns avec les autres, sans intermédiaire boursier. Les particuliers comme
les entreprises doivent faire appel à leur banque pour avoir accès au marché des changes. Le Forex est donc un
marché non régulé. Il existe cependant dans le Forex des compartiments régulés – de taille très restreinte – qui
offrent des produits dérivés (par exemple des warrants) comme instruments de couverture et de spéculation.
Depuis la libéralisation des échanges dans les années 1990, les intervenants sur le marché des changes se sont
fortement concentrés, notamment au niveau des banques. Ils mettent à disposition des autres participants du marché
des instruments permettant de se couvrir ou de spéculer sur les variations de cours des devises. Ils jouent également
un rôle dans la fixation d’un taux de change unique pour chaque couple de devises.

Doc 4- Un marché dominé par le dollar - Source : lafinancepourtous.com


Le dollar américain (USD) reste la monnaie de référence sur le marché des changes. L’édition 2019 de l’enquête
de la BRI a montré que sur la totalité des opérations réalisées sur le marché des changes, 88,3 % portaient sur le
dollar américain et 32,3 % sur l’euro.
Puisque deux monnaies sont impliquées dans chaque transaction, si l’une est achetée, l’autre est forcément vendue.
Chaque monnaie (dollar, euro, yen…) étant comptée deux fois, la somme des pourcentages de toutes les monnaies
dans les échanges atteint 200 %. En revanche, quand on considère des paires de monnaies (euro/dollar,
dollar/yen…) le double comptage disparait et la somme des pourcentages de toutes les paires dans les échanges
atteint 100 %. Le couple EUR/USD est ainsi celui qui s’échange le plus dans le monde : en 2019, il représentait
24 % des échanges de monnaies considérées par paires.

154
Doc 5- Le yuan fait son entrée officielle dans le panier de devises du FMI - Source : Le
Monde Economie, 30/09/2016, M. de Vergès.

En rejoignant le dollar, l’euro, la livre sterling et le yen, la monnaie chinoise permet à l’ex-empire du Milieu
d’affirmer sa place de première puissance commerciale mondiale. Un an après l’annonce, fin 2015, c’est chose
faite : samedi 1er octobre, le renminbi (RMB ou yuan) devait officiellement intégrer le panier de devises servant à
fixer la valeur des droits de tirages spéciaux (DTS), l’actif de réserve international du Fonds. Il y rejoint le dollar,
l’euro, la livre britannique et le yen japonais.
La mesure – essentiellement technique – a d’abord une valeur symbolique. Mais pas des moindres.
« C’est une reconnaissance internationale et publique des efforts que la Chine a entrepris pour internationaliser
sa monnaie depuis environ six ans », explique Christophe Destais, directeur ad- joint du Centre d’études
prospectives et d’informations internationales (Cepii).
Pour Pékin, il est donc avant tout ici question de prestige et de réputation, alors même que les DTS jouent un rôle
limité. Créés en 1969, ils permettaient alors de compléter les avoirs de réserve des Etats membres aux côtés du
dollar et de l’or. Mais la fin du régime de changes fixes en 1973 et l’essor des marchés de capitaux leur ont fait
perdre cette attribution, réduisant leur importance.
Pékin n’en a pas moins cherché activement à intégrer ce panier des grandes monnaies d’élite. Un club fermé dont
le droit d’entrée est théoriquement soumis à deux critères : le pays émetteur de la devise doit être un grand
exportateur, et la devise être « librement utilisable ». Si la puissance de l’économie chinoise ne fait guère de doute,
la seconde exigence n’est qu’à moitié remplie. Le yuan est certes utilisé dans la facturation de transactions
internationales et presque un tiers du commerce extérieur de l’empire du Milieu est libellé dans la monnaie
chinoise. Mais il n’est pas librement convertible : il n’est autorisé à fluctuer que dans une fourchette, de part et
d’autre d’un taux pivot déterminé chaque jour.
Pour autant, les autorités chinoises ont commencé à assouplir le régime de change. La dévaluation surprise du yuan
à l’été 2015, à l’origine d’un emballement sur les marchés mondiaux, a été l’un des jalons de ce plan audacieux
mais risqué de libéralisation financière. La banque centrale chi- noise (PBOC pour People’s Bank of China)
annonçait vouloir mieux prendre en compte les tendances du marché et l’évolution des autres monnaies. Un geste
alors salué par le FMI.
Pour gagner son entrée dans le panier du Fonds, la Chine a pris d’autres mesures. En 2015 toujours, Pékin a autorisé
des banques centrales étrangères à accéder au marché des changes chinois. Depuis plusieurs années, des places
offshore développent l’offre de yuans à l’international.
L’intégration dans les DTS va-t-elle donner un nouvel élan à la libéralisation financière ?
« A court terme, peu de changements importants sont envisageables, estime Thuy Van Pham, économiste chez
Groupama Asset Management. La PBOC n’est pas prête à laisser le cours de sa monnaie librement déterminé par
les forces du marché et le chemin reste très long d’ici à une convertibilité totale du yuan. »
Pékin n’est pas prêt à lâcher trop de lest sur un outil, le taux de change, essentiel à la régulation de son économie
domestique. « La Chine franchit une étape très symbolique avec les DTS mais elle n’a pas pris d’engagements
publics auprès du FMI en matière de réformes financières, renchérit Bei Xu, analyste chez Exane. Même si la
volonté de libéraliser est bien là, elle a maintenant la maîtrise du calendrier. »
Certains observateurs voient aussi un moyen de faire pencher la balance du côté du camp des ré- formateurs
chinois. Et d’inciter Pékin à continuer à travailler dans le cadre du système monétaire multilatéral né à Bretton
Woods.

Doc 6- Les motifs des transactions sur le Forex - Source : lafinancepourtous.com


L’adoption d’un régime de changes flottants par de nombreux pays à partir des années 1970, combinée aux progrès
techniques (notamment avec les logiciels de Trading Haute Fréquence pour les opérations d’arbitrage notamment,
et l’accès quasi-continu au marché des changes) expliquent en grande partie pourquoi ce marché est aujourd’hui
le plus actif et le plus volumineux au monde.
Les opérations au comptant et les opérations à terme
La transaction la plus simple sur le marché des devises est l’opération au comptant, dite opération « spot ». Elle
consiste à acheter une devise contre une autre au prix actuel du marché avec une livraison à J+2 jours. Le marché
au comptant (marché spot) représente 30,2 % des transactions quotidiennes.
La majeure partie des transactions a lieu sur le marché à terme.
Une opération à terme consiste à fixer le prix, la quantité et la date de l’échange futur dès le jour de l’opération.
Son utilité réside dans le fait qu’elle offre une couverture contre les fluctuations des taux de change. En effet, quel
que soit le prix à l’échéance (c’est-à-dire à la date fixée pour l’échange de devises) la transaction se fera selon les
termes du contrat fixés plus tôt.
Quel que soit l’objectif d’un participant au marché des changes, une couverture ou une spéculation, les différents
intervenants se rencontrent quotidiennement sur ce marché en tant que « contreparties » de transactions. Ainsi, par
exemple, afin de se couvrir contre une baisse du taux de change euro/dollar américain, la banque d’une société
155
française doit trouver sur le marché des changes une personne qui au même moment désire acheter des euros contre
des dollars américains.
Un industriel de la zone euro achète du pétrole en dollars dont la livraison sera effectuée et payée dans trois mois.
Pour couvrir son risque de change, il achète du dollar à terme à un taux de change garanti. Cette personne peut
aussi bien être un spéculateur achetant des euros car il mise sur une hausse de cette devise, qu’une personne
souhaitant se couvrir contre une hausse de l’euro vis-à-vis du dollar américain. On comprend donc l’intérêt de
l’opération à terme pour des entreprises ou des institutions dont les activités se déclinent à l’international.
On parle en anglais de forwards pour les opérations à terme réalisées sur un marché de gré à gré, et de futures pour
les opérations à terme réalisées sur un marché organisé. Il existe d’autres types de produits dérivés permettant de
se prémunir contre les effets des fluctuations des taux de change : il s’agit des swaps, des options sur devises et de
certains produits structurés plus complexes. Sur les 6 950 milliards de dollars d’échanges quotidiens sur le marché
des changes, 3 310 milliards de dollars concernent les swaps, soit 50 % des volumes échangés.
L’accès au marché des changes permet à la plupart des participants de se protéger contre un risque de change sur
leurs recettes et leurs dépenses, en utilisant notamment le marché à terme comme le montre l’exemple plus haut.
Mais il offre aussi la possibilité de spéculer sur les taux de change des différentes devises.
Couverture et spéculation
Si bon nombre d’entreprises et de banques commerciales participent au marché des changes avant tout pour se
couvrir, d’autres participants, notamment des fonds spéculatifs et des banques d’investissement agissant pour leur
compte propre participent au marché des changes afin de tirer bénéfice des mouvements quotidiens des taux de
change. En effet, depuis les années 1970 et la fin des changes fixes, une explosion du volume de transactions sur
les devises est observée, quoique cette hausse ait pris fin ces dernières années. Les devises sont considérées comme
des actifs financiers ordinaires permettant de réaliser des gains ou des pertes en spéculant sur les variations de taux
de change. Si le marché des changes n’est pas en lui-même un marché à, les produits dérivés qui s’y sont
développés à grande échelle, comme les options et les swaps par exemple, ont renforcé son attractivité, notamment
pour les spéculateurs.
La spéculation peut avoir des effets bénéfiques car elle permet notamment d’assurer la liquidité d’un marché. En
effet, si un investisseur veut se prémunir contre la hausse d’une devise, il doit acheter cette devise. Cela ne peut
être possible que s’il trouve une contrepartie, c’est-à-dire un investisseur qui parie sur la baisse de cette devise,
sinon, le marché est bloqué. Mais la spéculation peut aussi provoquer des mouvements violents à la hausse comme
à la baisse de certaines devises. Lorsque les fluctuations s’emballent, la lecture des taux de change devient difficile
et cela peut déclencher des crises économiques graves nécessitant des interventions concertées des Banques
Centrales. Il est intéressant de noter que la volatilité (la rapidité et l’amplitude des variations de cours) sur un
marché, comme celui des changes, favorise les spéculateurs car il n’y a rien à gagner dans un marché atone alors
que cette volatilité dessert les autorités monétaires et les intervenants en couverture de change. Ceci étant dit, les
crises de change qui malmènent une ou plusieurs devises ne font bien souvent que révéler une faiblesse réelle du
(des) pays considéré(s).

Doc 7- Les déterminants des taux de change - Source : d’après https://www.africmemoire.com.


1- Les déterminants économiques :
2-

11- L’évolution comparée entre les pays de la productivité du travail et, par extension, de la croissance
économique par habitant (selon la théorie PPA absolue de Cassel)
Introduite par Ricardo (1817) puis développé par Cassel (1916), la théorie de la parité des pouvoirs d'achat défend
l'idée que la « valeur de la monnaie est partout la même ». Autrement dit, à l'équilibre le cours de change doit refléter
l'égalité du pouvoir d'achat de deux devises considérées. Dans un régime de change flottant, les taux de change
convergeraient à terme vers les taux respectant la parité pouvoir d’achat. Dans un régime de change fixe, si le prix réel
de biens diffère d'un pays à l'autre, la demande supplémentaire des biens dans le pays où ils sont «le moins cher» va
engendrer un accroissement des prix : il y a ajustement au taux de change par le prix.
12- L’évolution du différentiel d’inflation entre pays (selon la théorie PPA relative de Cassel)
Dans le taux de changes flottants, il y a ajustement au différentiel des prix par la variation des cours de change : les
variations du taux de change reflètent alors le différentiel d'inflation.
Des recherches ont permis de dégager des facteurs permettant d’expliquer les différences entre les taux de change
effectifs et les taux de change à PPA : la non correspondance serait due aux coûts d'ajustement, à la rigidité des prix
nominaux, au fait que les biens échangés ne sont pas parfaitement substituables...
13- L’évolution comparée du solde de la balance des transactions courantes
L'analyse théorique la plus utilisées jusqu'au début des années 70 se base sur la situation des balances commerciales
ou des balances courantes pour expliquer les mouvements des taux de change. Mundell (1960) et Fleming (1962) deux
auteurs d'inspiration Keynésienne, ont développé les modèles dans lesquels la dynamique des taux de change est
fonction de l'état du solde des échanges extérieurs, lui-même lié au niveau de la demande domestique et à celui de taux
d'intérêt. L'observation empirique montre en effet, qu'en moyenne période, les pays à monnaie faible sont ceux dont la
balance courante a tendance à être déficitaire. De manière symétrique, les pays à devise forte sont ceux dont le solde
extérieur est positif. Le cas typique du Japon qui accumulait des excédents structurels au cours des décennies 80 et 90,

156
notamment vis-à-vis des Etats -Unis. Le Yen s'est alors apprécié par rapport au dollar.
2- Les déterminants financiers et monétaires
*

21- L’évolution du différentiel de taux d’intérêt entre pays


Développé par Keynes, la théorie de la parité des taux d’intérêt s'explique par les possibilités d'arbitrage sur les marchés
financiers. Un taux d’intérêt qui augmente dans un pays, toute chose égale par ailleurs, devrait entraîner une
augmentation des capitaux entrants (investissements de portefeuille) et vice versa.
Le différentiel des taux d'intérêt entre deux pays doit compenser l'évolution des cours de change. Elle exprime l'idée
que la différence entre le cours de change au comptant et à terme, exprimée en pourcentage, tend à égaliser l'écart de
taux d'intérêt entre les placements à des termes similaires dans les monnaies en cause ; soit :
Y(1+i)= Y(1+i*)*F/S Ou encore i-i*= (F-S)/S Où:
Y représente un capital exprimé en monnaie domestique ;
i et i* les taux d'intérêt respectifs domestique et étranger ;
F le taux de change à terme et S le taux de change courant.
Il s'agit de comparer le rendement en monnaie domestique d'un placement en actifs domestiques et d'un placement en
actifs étrangers après couverture à terme. L'investisseur sera indifférent à détenir l'un ou l'autre des actifs lorsque leurs
rendements sont égaux.
22- La politique monétaire
Dans la mesure où elle agit sur le niveau des taux d’intérêt et a un impact sur le niveau d’inflation, tout changement
dans la politique monétaire d’un pays a un impact sur l’évolution de son taux de change.
23- La politique de change
En vue de soutenir le taux de change sur le marché, la banque centrale peut acheter sa propre monnaie contre des
devises étrangères en puisant sur ses réserves de change (objectif d’appréciation de son taux de change) ou en vendre
contre des devises étrangères (objectif de dépréciation de son taux de change).
Tant que l’intervention vise à modifier un déséquilibre conjoncturel, l’opération peut paraître efficace. Ce n’est
certainement pas le cas, s’il s’agit d’un déséquilibre de type structurel. La parité ne peut être imposée de manière
unilatérale par la Banque centrale. Elle doit être crédible afin de donner entière satisfaction aux milieux financiers
internationaux.
24- L’évolution des prix des actifs sur les marchés
Lorsque les actifs financiers sur les marchés d’un pays sont à la hausse, les épargnants étrangers sont incités à investir
dans ce pays. L’entrée de capitaux entraîne alors une augmentation du taux de change.
25- Les anticipations des cambistes (traders spécialisés sur le Forex)
Les traders scrutent l’ensemble des facteurs pouvant conduire à une variation des taux de change. Afin de réaliser des
plus-values ou d’éviter tout risque de change, ils sont amenés à anticiper l’évolution de ces différents facteurs. Ainsi,
leurs achats ou ventes sur le marché sont fonction des anticipations majoritaires des traders, au risque de provoquer
des prophéties autoréalisatrices (l’anticipation majoritaire modifie le taux de change et confirme cette anticipation) et
des corrections brutales en cas d’erreurs manifestes d’anticipations.
3- Autres déterminants
*

31- Le rôle de la devise sur les marchés internationaux


Le poids de la devise dans les transactions commerciales, son histoire, sa réputation, la crédibilité des autorités
monétaires… sont des déterminants essentiels. Ils expliquent pourquoi les déterminants économiques et financiers ne
jouent pas pleinement.
*

32- Le régime de change


Evidemment, ces facteurs jouent à court terme plus ou moins selon le régime de change du pays.

157
Doc 8- Evolution du cours de l’Euro en dollars de 1999 à 2019 - Source : ABC, l’éco en Bref,
Banque de France, novembre 2019.

Doc 9- Evolution du principal taux directeur de la FED et de la BCE depuis janvier 1999
Source : https://france-inflation.com, août 2022.

Doc 10- Evolution du cours de l’Euro en dollars de janvier 2019 à août 2022 - Source :
https://www.xe.com/fr/, 16 août 2022.

1,23392 le
07/01/21
1,00256 le
15/07/22

158
Doc 11- Indice des prix à la consommation depuis 1999 en zone Euro (à 19 depuis 2015)
et aux Etats-Unis (Indice base 100 en 2015) - Source : Eurostat, 2022

115,00

110,00

105,00

100,00

95,00

90,00

85,00

80,00

75,00

70,00

Zone euro - 19 pays (à partir de 2015) États-Unis

Doc 12- Solde de la balance des transactions courantes depuis 1999 de la zone Euro et
des Etats-Unis (en millions de dollars) - Source : FMI, 2022

350000

150000

-50000

-250000

-450000

-650000

-850000

Zone Euro Etats-Unis

159
B- L’impact des taux de change sur l’économie

Doc 13- De l’avantage comparatif à l’avantage compétitif selon le taux de change - Source :
Gérard Lafay Économie prospective internationale, revue du Centre d'études prospectives et d'informations
internationales (CEPII) numéro 29 (1er trimestre 1987).
L'avantage comparatif est généralement considéré comme la base de l'échange international, et la dé- monstration
théorique de Ricardo est aussi solide aujourd'hui que lorsqu'elle fut formulée au début du XIXème siècle. En
revanche, les applications en ont été profondément modifiées : non seulement, en effet, le caractère imparfait de la
concurrence est devenu de plus en plus évident à l'échelle internationale, mais surtout le flottement accentué des
monnaies depuis 1973 a profondément transformé la nature de la compétitivité par les prix. Aujourd'hui, l'avantage
comparatif et la compétitivité sont totalement dissociés.
Rôle de la monnaie
A ce stade, on peut faire différentes remarques :
- à l’exclusion des formules de troc, les espaces économiques nationaux sont mis en communication par les taux
de change entre leurs monnaies respectives. Après conversion dans un même numéraire, les coûts salariaux
unitaires sont alors susceptibles d'atteindre des ordres de grandeur comparables (même entre des pays très
dissemblables), à condition que les écarts de salaires reflètent dans une certaine mesure les écarts globaux de
productivité du travail ;
- peut-on envisager une stricte égalisation des prix nationaux exprimés dans le même numéraire? Pour chacun des
produits, la loi du prix unique à l'échelle mondiale suppose l'existence d'une concurrence pure et parfaite ;
- sans aller jusqu'à une telle extrémité, beaucoup d'économistes pensent que les niveaux de prix doivent tendre à
s'égaliser, non pas pour chacun des produits pris isolément, mais en moyenne pour tel ou tel agrégat (panier de
produits). Tel est le principe de parité des pouvoirs d'achat des monnaies (PPA), qui est souvent considéré comme
un postulat;
- dans cette version restreinte de la PPA, les avantages comparatifs ricardiens et la compétitivité par les coûts
coïncident ex-post, puisqu'un produit bénéficiant d'un avantage comparatif dans un pays donné (coût relativement
faible par rapport aux autres produits) doit, simultanément, être compétitif sur le plan international (coût
relativement faible par rapport à la production des autres pays). Liée à un contexte très particulier, cette coïncidence
est à la source d'une confusion fréquente entre avantage comparatif et compétitivité ;
- pour vérifier l'application du principe de PPA, il convient de calculer le taux de change réel de chaque monnaie
par rapport à un numéraire, c'est-à-dire de mesurer le rapport entre taux de change nominal observé sur le marché
et le taux de change théorique qui assurerait la parité; lorsque cet indice est différent de 100 %, il marque une dis-
parité des pouvoirs d'achat; en l'occurrence, il s'avère que la PPA n'est vérifiée ni à court-moyen terme, ni à long
terme, même en la limitant aux produits qui font l'objet d'échanges internationaux.
Taux de change réel et seuil de compétitivité
Dès que l'on se trouve dans une situation où la PPA n'est pas vérifiée, l’avantage comparatif ricardien est
dissocié de la compétitivité par les coûts et les prix. Dans chacun des pays, la loi des avantages comparatifs permet
seulement de hiérarchiser les produits, en comparant la structure de coût des entreprises nationales à celle de leurs
partenaires. Mais c'est le taux de change réel qui, selon son niveau, va déterminer la compétitivité de chacune des
activités par rapport à l'étranger, en situant les coûts de production en dessous ou au-dessus de la moyenne
mondiale.
Ce mécanisme peut être représenté schématiquement (schéma 1). Plutôt que de se limiter au seul coût salarial
direct, suivant l'analyse ricardienne, le raisonnement peut être fait sur le coût total. Toutefois, pour simplifier, on
supposera ici que, dans un pays donné, les coûts relatifs des produits sont indépendants du niveau de son taux de
change réel. On part alors des relations d'équivalence entre les quantités produites, telles qu'elles sont fixées par
les prix mondiaux : pour des quantités équivalentes, l'échelle des avantages comparatifs du pays est déterminée en
classant les coûts relatifs de ses différentes productions.
Par construction, l'échelle des avantages comparatifs ricardiens reste inchangée dans les trois cas de figure
présentés sur le schéma 1. Les coûts relatifs les plus faibles, marquant les avantages comparatifs les plus nets,
apparaissent pour les produits 1 et 2 ; les coûts relatifs les plus élevés, marquant les désavantages comparatifs les
plus nets, apparaissent pour les produits 7 et 8 ; les autres produits (3, 4, 5 et 6) sont situés dans une position
intermédiaire.
En revanche, la compétitivité des productions nationales va varier en fonction du niveau du taux de change réel.
Pour le pays considéré, et par rapport à la moyenne des coûts mondiaux (exprimés dans un numéraire de référence),
les productions sur-compétitives ont des coûts inférieurs à la moyenne, et les productions sous- compétitives des
coûts supérieurs.

160
Doc 14- Schéma simplifié des effets d’une variation du taux de change - Source : ABC, l’éco en
Bref, Banque de France, novembre 2019.

161
Doc 15- La courbe en J - Source: Notes de Luc Mezza et infographie in Alternatives économiques n°314,
01/06/2012.

La "courbe en J", montre les limites de la stratégie de baisse du taux de change menée par l’Etat pour relancer les
exportations d'un pays en déficit commercial, dite « dévaluation compétitive ».
La banque centrale du pays en question dévalue sa monnaie. Comme la monnaie est moins chère, les prix sont plus
bas exprimés en devises étrangères et à nouveau compétitifs par rapport à la concurrence étrangère. Du coup, les
exportations augmentent et redressent la balance commerciale. De plus les importations coûtent plus cher pour les
consommateurs locaux donc ils ont tendance à consommer des produits de substitution fabriqués localement, donc
les importations baissent. Le solde commercial va donc se redresser du fait de la montée des exportations et de la
baisse des importations.
Si l’on trace la courbe du solde commercial on obtient une « courbe en J » car :
- dans un premier temps le solde se détériore du fait du coût immédiatement plus élevé des importations (effet-
prix)
- puis après un certain délai qui dépend de la vitesse de réaction des consommateurs étrangers à nos prix plus bas,
le solde se redresse du fait de l’augmentation des quantités exportées (effet volume).
L’efficacité globale de la désinflation compétitive va dépendre des élasticité-prix : si l’élasticité-prix des
exportations est plus forte que l’élasticité-prix des importations, l’effet volume sera supérieur à l’effet prix et le
solde sera amélioré. C’est la condition dite de « Marshall-Lerner ».

Les dévaluations compétitives ont été fréquemment utilisées pendant les Trente Glorieuses et jus- qu’aux années
80, puis tendent à être remises en cause en raison du changement de l’environnement monétaire international car
il faut un régime de taux de change fixes, pour que la banque centrale puisse fixer le taux de change de la monnaie.
Or c'est de moins en moins le cas (bascule vers des taux de change flottants ou hybrides).
De plus cette stratégie a montré ses limites en terme d’efficacité : en effet il s'agit d'une politique de court terme,
les problèmes de compétitivité-prix n'ayant pas été réglés. Le différentiel d'inflation qui existe entre le pays
considéré et ses concurrents n’est pas résorbé et au cours des mois va faire reperdre l’avantage en termes de baisses
des prix obtenues par la dévaluation de la monnaie nationale. Au bout de quelques mois le déficit commercial
réapparaît et il faudrait alors recommencer une nouvelle dévaluation. On voit que cela ne mène nulle part sauf à la
perte du pouvoir d’achat international de la monnaie du pays qui devient de plus en plus faible.
Ces dévaluations visent à améliorer la compétitivité prix, mais il y a aussi la compétitivité hors prix (qualité des
produits...) qui est de plus en plus importante et qui n’est pas traitée si elle était la cause du déficit initial. Les
produits nationaux ne correspondent peut-être pas à la demande mondiale, où les produits de substitution aux
importations n’existent pas, rendant la baisse des prix exportés et la montée des prix importés inefficaces. Ainsi
avec la même monnaie que les allemands et donc le même taux de change la France n’a pas du tout le même solde
commercial !
Enfin la dévaluation compétitive peut être considérée comme une politique agressive par les partenaires étrangers
et susciter « une guerre des monnaie ».

162
Doc 16- Les effets du taux de change ne se limitent pas au solde commercial - Source : M.
Didier, Politique de change de l’euro, Rapport pour le CAE 2008.

Les mouvements du taux de change ont un impact sur l’économie par plusieurs canaux.
L’effet sur la croissance passe notamment par deux canaux principaux : la compétitivité et les termes de l’échange.
Une hausse de l’euro, par exemple, a toutes chances de conduire à une hausse des prix européens sur les marchés
étrangers et par conséquent à une baisse du volume des ventes (effet défavorable à l’activité et à la croissance).
Simultanément, une hausse de l’euro améliore les termes de l’échange, c’est-à-dire l’écart entre prix des
exportations et prix des importations. Elle augmente donc le pouvoir d’achat des Européens (effet favorable à
l’activité).
L’impact sur l’inflation passe par trois mécanismes. En premier lieu, un effet direct par les prix des biens importés.
Une hausse de l’euro diminue le prix des biens de consommation importés (effet sur les prix à la consommation),
mais aussi les coûts d’approvisionnement des entreprises en énergie, matières premières et biens intermédiaires
(effet sur les prix de revient).
À ces effets directs sur les flux d’échanges s’ajoutent des effets directs sur les bilans des agents économiques et
sur la valeur de leurs actifs nets. Par exemple, une hausse de l’euro augmente pour les non-Européens la valeur des
actifs réels qu’ils détiennent sur le territoire de la zone euro ou des actifs financiers qu’ils détiennent en euros ainsi
que des revenus de ces actifs. Elle diminue en revanche la valeur en euros des actifs détenus par les Européens à
l’étranger et des revenus de ces actifs.

Doc 17- Des effets différenciés selon les secteurs - Source : M. Didier, Politique de change de l’euro,
Rapport pour le Conseil d’Analyse Economique 2008.
Les effets d’une appréciation du change sont différents selon les secteurs d’activité. Certains secteurs peuvent
gagner à la hausse de l’euro. Ce sont les secteurs fortement utilisateurs de biens importés cotés en dollars.
Toutes choses égales par ailleurs, une hausse de l’euro permet une baisse de prix de ces biens sur le territoire
européen et une éventuelle hausse des prix internationaux de ces biens est en effet en partie compensée par la
hausse de l’euro. C’est le cas des secteurs consommateurs d’énergie s’ils produisent principalement pour le marché
européen, notamment des transports et de certaines activités de services. Cependant, des secteurs apparemment
moins exposés à la concurrence internationale peuvent aussi subir une perte d’activité de manière indirecte car ils
sont sensibles au niveau général de l’activité et notamment à l’activité de leurs clients industriels affectée par une
hausse de l’euro.
L’industrie est le secteur le plus directement exposé aux effets négatifs de la hausse du change dans la mesure où
les produits industriels sont directement confrontés à la concurrence mondiale, l’industrie exportant la moitié de sa
production.

163
C- Les politiques monétaires en question

Doc 18- La politique de change - Source : ABC, l’éco en Bref, Banque de France, novembre 2019.

Doc 19- La politique monétaire d’open market. L’exemple de la politique de la BCE ces
dernières années. - Source : cours GE22, 2021.

164
Doc 20- La politique monétaire non conventionnelle, notamment le quantitative easing.
L’exemple de la BCE face à la crise du Covid. - Source : cours GE22, 2021.

Doc 21- Politique monétaire de la BCE et taux de change (Note) - Source: Victor Lequillerier,
http://www.bsi-economics.org/605-politique-monetaire-de-la-bce-et-taux-de-change
Depuis plusieurs années maintenant, la Banque Centrale Européenne (BCE) joue un rôle central et décisif dans la
Zone euro. Même si elle intervient toujours dans le cadre de son mandat, qui vise à s'assurer du maintien de la
stabilité des prix en Zone euro, la BCE ne cesse de redoubler d'inventivité et d'efforts pour sortir définitivement la
Zone euro de la stagnation économique qu'elle traverse.
Pourquoi souhaiter un euro faible ?
Une dépréciation continue et soutenue de l'euro améliorerait la compétitivité prix des exportations hors de la Zone
euro (55 % des exportations en moyenne en France selon l'INSEE) et permettrait aux entreprises exportatrices de
gagner des parts de marché à l'international et voir leurs marges progresser. Cependant, un euro faible a tendance
à augmenter le coût des importations, mais dans le contexte actuel où les prix des matières premières, et surtout
celui du pétrole, restent à des niveaux peu élevés, un effet change positif pour les entreprises pourrait être attendu
en cas de dépréciation de l'euro. De plus, une dépréciation de l'eu- ro en renchérissant le coût des importations
permettrait de stimuler l'inflation (taux d'inflation qui a fait son retour en territoire négatif en février 2016 à -0,2
%), via de l'inflation importée.
Quel impact des politiques monétaires non conventionnelles ?
Le principal canal de la politique monétaire en Zone euro passe actuellement par le taux de change. Une politique
monétaire expansionniste a un impact direct sur la valeur de la monnaie. En injectant des liquidités, la BCE
maintient donc des pressions baissières sur l'euro par un mécanisme relativement simple : le stock de liquidités
(libellées en euro) en circulation augmente et sa valeur a donc tendance à baisser. Ce mécanisme de base se retrouve
au centre des politiques monétaires usuelles mais également non conventionnelles.
Le QE (quantitative easing), un des outils que la BCE a lancé en mars 2015, ne poursuit pas comme objectif direct
de faire baisser la valeur de l'euro mais les rachats massifs d'actifs (80 Mds de rachats mensuels d'actifs financiers)
sur le marché secondaire constituent une injection de liquidités de grande ampleur, qui se traduit à terme par une
dépréciation de l'euro. De manière moins directe, en favorisant la baisse des rendements obligataires souverains
de la Zone euro sur des maturités de plus en plus longues, le QE contribue à maintenir des pressions baissières sur
le taux de change en favorisant l'émergence d'un « environnement des taux d'intérêt » faibles.
Avec un taux de refinancement bas (0 % depuis mars 2016), les banques de la Zone euro peuvent se refinancer
à court terme à moindre coût auprès de la BCE, lors de ses opérations hebdomadaires d'open market. Un taux de
refinancement bas facilite ainsi l'accès à la liquidité centrale pour les banques en besoin de liquidités et augmente
(au moins théoriquement) la quantité d'euros en circulation, jouant à la baisse sur le cours de l'euro.
Un taux de dépôt négatif a un impact décisif sur le taux de change. Actuellement le taux de dépôt est de - 0,40
165
%, suite à la dernière réunion de la BCE du 10 mars 2016. Un taux de refinancement faible combiné à un taux de
dépôt également faible, voire négatif, favorise la création d'un « environnement de taux d'intérêt » faibles. En
effet, ces deux taux d'intérêt servent de taux de référence, par conséquent en étant extrême- ment bas ils
maintiennent des pressions baissières sur l'ensemble des taux d'intérêt au sein de la Zone euro.
Ainsi, un « environnement de taux d'intérêt » faibles rend la Zone euro moins attractive pour les capitaux étrangers.
En effet les flux de capitaux internationaux sont souvent guidés par une recherche de rémunération forte et donc
par des taux d'intérêt élevés. Les pays faisant face à une entrée importante de capitaux voient mécaniquement leur
taux de change s'apprécier. Mais dans le cas contraire, des taux d'intérêt faibles (surtout quand ils sont inférieurs
ou égaux à 0) semblent moins attractifs et attirent dès lors moins de capitaux internationaux, le taux de change ne
s'apprécie donc pas.

Doc 22- Principaux canaux de transmission du quantitative easing - Source : ABC, l’éco en
Bref, Banque de France, septembre 2019.

Doc 23- Evolution des bilans de l’Eurosystème, de la FED et de la Banque du Japon


(en % du PIB) - Source : ABC, l’éco en Bref, Banque de France, septembre 2019.

166
D- Monnaie unique et évolution de l’Eurozone
Doc 24- Les critères de convergence de Maastricht – Source : Luc Mezza, rappel du cours.
Ces critères ont été établis par le traité de Maastricht signé le 7 février 1992 dans le cadre de la mise en place de
l’Union économique et monétaire (UEM).
Pourquoi ? Ces critères ont été mis en place pour que les Etats européens se mettent en capacité de pouvoir
supporter un même taux de change et une même politique monétaire. Entre la fin des années 1970 et la signature
du traité de Maastricht en 1992, les performances macroéconomiques des différents états européens étaient
suffisamment différentes pour juge nécessaire de mettre en place un certain nombre de règles communes, afin
d’éviter les comportements de passager clan- destins dans le cadre de la monnaie unique.
Quels sont ces critères ? Le traité de Maastricht retient quatre domaines dans lesquels une con- vergence des Etats
adoptant la monnaie unique doit être réunie : la stabilité des prix, les finances publiques, le taux de change, les taux
d’intérêt à long terme.
- L’Etat membre doit avoir participé au mécanisme de change les deux années précédentes (SME) sans
modification de sa parité monétaire
- Les taux d’intérêt à long terme ne doivent pas excéder de plus de 2 points de % ceux des trois pays les plus
vertueux en matière d’inflation
- Le taux d’inflation d’un Etat membre ne doit pas excéder de plus de 1,5 points de % celui des trois Etats membres
les plus vertueux l’année précédant son examen.
- La dette publique ne doit pas excéder 60 % du PIB ; si ce n’est pas le cas, le rythme de désendettement doit être
suffisant
- Le déficit public ne doit pas dépasser 3 % du PIB (absence de déficit public excessif)
Le respect de ces critères de convergence pour l’année 1997 au plus tôt et 1999 au plus tard était la condition sine
qua non pour intégrer le groupe de pays qui cinq ans plus tard allait mettre en place la monnaie unique.
Une fois entrés, les pays membres doivent continuer à respecter ces critères, sous peine d’avertissements puis de
sanctions (Traité d’Amsterdam 1997) : c’est le Pacte de Stabilité et de Croissance.

Doc 25- Le pacte budgétaire européen. – Source : Luc Mezza, rappel du cours.
Officiellement appelé traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), le pacte budgétaire
européen est un mécanisme sur lequel se sont accordés 25 des 28 États membres de l'Union européenne sur la
convergence de leur union économique et monétaire, notamment la zone euro. Le texte du traité, signé le 2 mars
2012 par les chefs d'État et de gouverne- ment, est entré en vigueur le 1er janvier 2013. Le pacte budgétaire
européen charge la Commission européenne de veiller à la mise en application des règles adoptées en proposant un
calendrier de convergence aux États signataires.
Ce pacte prévoit que les Etats de l'UE doivent disposer de budgets équilibrés. L'équilibre budgétaire signifie que
le déficit structurel - nettoyé donc des effets de la conjoncture économique - ne doit pas dépasser 0,5 % du PIB.
Cette « règle d'or » européenne devra devenir réalité en 2018. En cas de non respect de cette règle, la Commission
pourra sanctionner le pays concerné à hauteur de 0,1 % du PIB. Là aussi, seule une « majorité qualifiée inversée »
pourra bloquer une telle décision
L'esprit de ces réformes est clair : il s'agit de limiter le plus possible l'autonomie budgétaire des Etats. Certes, en
théorie, nul ne peut contraindre directement un parlement à voter un budget qui accroit son déficit et ne respecte
pas les recommandations de la Commission ou le pacte budgétaire. Mais désormais, un tel comportement est un
revers infligé à la volonté du conseil européen, donc à la solidarité européenne. Et à ce titre, elle se paie directement
par des sanctions quasi- automatiques. Les Etats sont donc contraints désormais de négocier avec Bruxelles et de
suivre ses recommandations. La marge de manœuvre des Etats membres est très réduite. Chaque Etat doit « faire
ses devoirs », comme on dit en Allemagne et ne dispose pas d'éléments de solidarité ou d'aides à la croissance pour
y parvenir. La solidarité n'intervient que de façon conditionnelle en cas de crise grave, notamment d'absence d'accès
aux marchés pour se financer.

Doc 26- Coordination des politiques économiques en Europe. – Source : Laurence Boone, Revue
d’économie financière, mars 2011, N°103..
…Zone euro : une coordination a minima des politiques économiques
La mise en place de l’euro a été accompagnée d’un débat de courte durée sur la nécessité d’une gouvernance de la
zone euro, celle-ci ayant été écartée assez rapidement par une partie des États. Si le traité stipule que « les États
membres considèrent leurs politiques économiques comme une question d’intérêt commun et les coordonnent au
sein du Conseil » (art. 121), le principe « pratique » qui a dicté les liens entre les politiques économiques des États
membres a été celui de subsidiarité : ne peut être politique commune qu’une politique touchant directement
167
l’économie de la zone ou de l’union. Tout le reste demeure de la souveraineté nationale. Ainsi, seule la politique
monétaire est commune pour les pays de la zone euro et la politique de la concurrence pour les vingt-sept membres
du grand marché intérieur. La mise en place du cadre de politique économique a été totalement conditionnée par
ce principe fondateur.
La coordination des politiques budgétaires et de la politique monétaire : une menace pour l’indépendance de la
BCE
Le taux de change est un instrument régulateur des déséquilibres macroéconomiques. En changes flottants, un pays
s’engageant sur la voie de dépenses excessives voit ses taux d’intérêt s’élever, ce qui évince les investissements
privés et entraîne l’appréciation de la monnaie. La dépression de la demande interne et externe qui s’ensuit
provoque une réduction de l’activité économique. En union monétaire, le problème est différent et une attitude de
free riding est possible : la hausse des dépenses publiques d’un pays ne se traduit pas par une hausse aussi
importante des taux d’intérêt. Il peut n’y avoir aucune hausse (c’est bien ce que l’on a vu pendant toute cette
période depuis la naissance de l’euro), ce qui ne pénalise pas autant ou pas du tout le(s) pays dépensier(s). Chacun
a donc intérêt à soutenir sa demande puisque personne n’en paie le prix par une appréciation des taux d’intérêt et
de change. Le risque est que tous les pays optent pour une telle politique, les finances publiques de l’ensemble de
la zone se détériorent et l’ensemble de la zone subit des taux d’intérêt plus élevés, une appréciation de la monnaie
unique et une détérioration de la compétitivité. Le comportement de free riding qu’autorise la disparition du change
peut donc déséquilibrer les économies de la zone euro. (…)
Face à ces menaces, les arguments positifs d’un policy mix plus favorable à la croissance que créerait une
coordination intelligente entre politiques budgétaires multiples et politique monétaire unique ont eu peu de poids.
Le dialogue entre la BCE et les autorités budgétaires a fait peur en alimentant les risques de tentative d’influence
des gouvernements sur la BCE. Et l’argument minimaliste prônant que chacun conduise rigoureusement sa
politique budgétaire et ôtant toute nécessité de coordination a dominé. Dans ce cadre, la politique monétaire
s’occupe des chocs conjoncturels symétriques, la politique budgétaire des chocs conjoncturels asymétriques, dans
les normes fixées.

Doc 27- La zone euro en 2020 - Source : https://www.touteleurope.eu/

Doc 28- Menacée dans son existence, l’Eurozone contrainte de se réformer - Source : Le Monde
Economie, 06/07/2017, C. Ducourtioux (Bruxelles, bureau européen).
La crise des « subprimes » (crédits immobiliers à risque), partie des Etats-Unis, a agi comme un révélateur des
faiblesses de la zone euro. Quand cette vague dévastatrice touche le continent, entre l’été 2007 et l’été 2008, et se
mue en crise des dettes publiques dans certains Etats membres, elle ébranle une construction politique et
économique largement imparfaite.
Sa gouvernance (l’Eurogroupe) restait informelle et totalement opaque, la coordination des poli- tiques
économiques entre pays membres balbutiante. Pis : les traités interdisaient à l’Union européenne (UE) ou à un de
ses membres de prendre en charge les engagements d’un des leurs (il s’agit de la clause de non-renflouement,
l’article 125 du traité sur le fonctionnement de l’UE, le TFUE).

168
Pour sauver la monnaie unique, menacée par les faillites de la Grèce, du Portugal, de Chypre ou de l’Irlande, des
décisions ont dû être prises dans l’urgence. Incomplètes, mais représentant tout de même un saut considérable dans
ce qu’à Bruxelles on appelle « l’intégration européenne ».
Instruments peu orthodoxes, mais indispensables
La priorité a d’abord été de contourner cette interdiction du « renflouement » des Etats par des in- novations
institutionnelles. En mai 2010, les Européens créent un Fonds européen de stabilisation financière (FESF),
complété, début 2011, par un Mécanisme européen de stabilisation fi- nancière (MESF). Ces deux dispositifs
se fondent sur l’article 122 du TFUE, permettant au Conseil (la réunion des Etats membres), de décider, « dans un
esprit de solidarité, des mesures appro- priées à la situation économique, en particulier si de graves difficultés
surviennent dans l’approvisionnement de certains produits ».
Ces instruments peu orthodoxes, mais indispensables, viennent en aide au Portugal et à l’Irlande. A partir de 2012,
conçus comme temporaires, ils sont remplacés par un nouvel instrument de stabilité financière, le Mécanisme
européen de stabilité (MES), une structure intergouvernementale dotée d’un capital de 80 milliards d’euros
apportés par les Etats membres et d’une capacité de prêts de 700 milliards d’euros. Principal bailleur de la Grèce,
le MES pourrait devenir un futur FMI (Fonds monétaire international) européen. C’est ce que plaide une partie de
son management, mais aussi Jeroen Dijsselbloem, l’actuel président de l’Eurogroupe.
Autre réforme majeure de ces années chahutées : la mise sur les rails de l’Union bancaire, un mécanisme de
surveillance et de résolution des établissements européens, représentant un abandon important de souveraineté de
la part des Etats membres. L’idée était d’éviter qu’à l’avenir ce soient eux, donc les contribuables, qui soient
sollicités pour renflouer une banque en perdition. Laborieux, l’accouchement de cette Union a donné lieu à
d’interminables négociations. En mars 2013, les membres de l’Eurozone s’accordent enfin sur le mécanisme de
surveillance unique. En 2014, ils valident celui de la « résolution unique ».
Reste, aujourd’hui, à achever le troisième étage de la fusée : une garantie européenne des dépôts. Les discussions
sont au point mort depuis dix-huit mois. Les Allemands et les Néerlandais exigent des pays aux systèmes bancaires
fragilisés (Italie, Grèce) qu’ils réduisent d’abord les risques inhérents à ces secteurs. Même incomplète, l’Union
bancaire a déjà été mise à l’épreuve ces derniers mois (avec les sauvetages de l’espagnole Banco Popular et des
établissements italiens Popolare di Vicenza et Veneto Banca) sans révéler trop de failles.
Les dirigeants de l’Eurozone ont aussi complété le pacte de stabilité et de croissance (avec sa fameuse règle d’un
plafond de déficit public à 3 % du produit intérieur brut) et doté la Commission de nouveaux pouvoirs de contrôle.
L’objectif était de mieux coordonner les politiques économiques et budgétaires de l’Union.
Le « semestre européen » oblige désormais à un dialogue continu entre Bruxelles et les gouvernements, tout au
long de l’élaboration du budget. La procédure dite du Six Pack autorise la Commission à exiger des modifications
dans les projets de budgets des Etats membres, et celle du Two Pack requiert que ces projets soient soumis, au
plus tard, le 15 octobre de chaque année (pour les budgets de l’année suivante). Mais ces réformes tardent à prouver
leur efficacité. Et elles sont aussi complexes que rares, même à Bruxelles, sont ceux qui en maîtrisent toutes les
arcanes…

Doc 29- Union bancaire – Source : http://www.europarl.europa.eu/


L’union bancaire a été créée en réaction à la crise financière et comporte actuellement deux éléments : le
mécanisme de surveillance unique (MSU) et le mécanisme de résolution unique (MRU). Le MSU surveille les
banques les plus grandes et les plus importantes de la zone euro directement au niveau européen, tandis que
l’objectif du MRU est de résoudre les défaillances des banques en difficulté de façon ordonnée et à un coût minimal
pour les contribuables et pour l’économie réelle. Un troisième élément, le système européen d’assurance des dépôts
(SEAD), fait actuellement l’objet de discussions.
Mécanisme de surveillance unique (MSU)
(…) Le MSU, opérationnel depuis le 4 novembre 2014, a été intégré à la BCE et est chargé de la surveillance
directe des groupes bancaires les plus grands et les plus importants (127 entités en novembre 2016), tandis que les
autorités de surveillance nationales continuent d’assurer la surveillance de toutes les autres banques.
Mécanisme de résolution unique (MRU)
(…) L’objectif principal du MRU est de veiller à ce que les défaillances bancaires qui sont susceptibles de se
produire à l’avenir au sein de l’union bancaire soient gérées efficacement et engendrent le moins de coûts possible
pour les contribuables et l’économie réelle.
Fonds de résolution unique (FRU)
(…) Une fois que le FRU aura atteint son niveau cible de financement, il sera doté de quelque 55 milliards d'euros,
ce qui équivaut à environ 1 % des dépôts couverts dans la zone euro. Les contributions au FRU seront versées par
les banques sur 8 ans.
Système européen d’assurance des dépôts (SEAD)
Le 24 novembre 2015, la Commission a présenté une proposition législative en vue d’intégrer un nouvel élément
à l’union bancaire, à savoir le système européen d’assurance des dépôts (SEAD), qui doit se fonder sur les systèmes
de garantie des dépôts existants dans les États membres.
169
E- Les crypto-monnaies

Doc 30- Le bitcoin en bref - Source : l’auteur d’après « La stabilité des “blockchains” n’est en réalité pas
garantie », Le Monde 20.07.2017, Christophe Bisière (Chercheur au Centre de recherche en management (CRM)
de Toulouse)
Création : Le bitcoin tire son origine d’un logiciel conçu par un ou plusieurs informaticiens dissimulés sous le
pseudonyme Satoshi Nakamoto. Cette technologie, baptisée « blockchain », a été conçue en 2007 et mise en œuvre
en janvier 2009 au lendemain de la crise financière.
Fabrication : L’émission des bitcoins – le « minage » – est pilotée par un programme informatique qui en génère
automatiquement et en nombre décroissant, jusqu’à ce que leur nombre, aujourd’hui de 16 millions, atteigne 21
millions.
Architecture : Une transaction effectuée dans ce système décentralisé doit être gravée dans le marbre, afin que
personne ne puisse, à aucun moment, nier son existence ou l’annuler. Des registres partagés, reconnus par tous et
inviolables, telle est la promesse centrale de ce système. L’envolée du bitcoin, même si son cours reste
extrêmement volatil, laisse penser que beaucoup y croient.
S’en procurer : On peut l’acheter sur des plate-formes contre des devises au cours du jour ou en gagner en louant
du temps machine utilisé par le système.
Usage : La e-devise peut être échangée contre des services, des marchandises ou d’autres devises grâce à un
système de transaction sans frais. Pour ses détracteurs, il est l’instrument de trafics illégaux du fait de l’anonymat
des paiements

Doc 31- Quelques chiffres sur les crypto-actifs en 2018 - Source : ABC, l’éco en Bref, Banque de
France, juillet 2018.

Doc 32- Fonctionnement de la Blockchain - Source : ABC, l’éco en Bref, Banque de France, juillet 2018.

170
Doc 33- Cours du Bitcoin en Dollars de janvier 2015 au 14 juillet 2022 - Source : Statista, 2022.

Doc 34- Crypto-actifs ou crypto-monnaies ? - Source : ABC, l’éco en Bref, Banque de France, juillet
2018.
Les crypto-actifs ne peuvent pas être qualifiés de monnaie car ils n’en remplissent pas les trois fonctions
essentielles :
• réserve de valeur : la valeur des crypto-actifs n’est pas suffisamment stable pour que celui qui en détient soit
certain de conserver sa richesse dans le temps ;
• instrument de transaction : les crypto-actifs n’ont pas de cours légal, donc rien n’oblige les commerçants, les
entreprises ou les administrations à les accepter en paiement, contrairement à l’euro qui est la seule monnaie légale
en France ;
• unité de compte : du fait de leur très grande volatilité, les crypto-actifs ne peuvent pas servir à exprimer et à
comparer de façon fiable la valeur de biens et de services courants. Dans les faits, très peu de biens ou de services
ont un prix libellé en crypto-actifs.
Pourquoi la valeur des crypto-actifs est-elle très volatile ?
La valeur des crypto-actifs ne repose sur aucun sous-jacent économique réel, à l’inverse par exemple des actions
qui représentent des parts de capital d’une entreprise. De ce fait, cette valeur peut évoluer très rapidement à la
hausse comme à la baisse, indépendamment des évolutions de l’environnement économique. Ils subissent donc
une forte volatilité.

Doc 35- Les cryptoactifs en tant que monnaie nationale ? Un pas à ne pas franchir selon
le FMI - Source : Tobias Adrian et Rhoda Weeks-Brown, https://www.imf.org, 26/07/21
(…) Certains pays pourraient être tentés d’adopter trop rapidement des cryptoactifs comme monnaie nationale. En
effet, nombre de ces cryptoactifs sont sûrs, faciles d’accès et réduisent le coût des transactions. Néanmoins, nous
considérons que, dans la plupart des cas, les risques et les coûts surpassent les éventuels bénéfices.
Les cryptoactifs sont des jetons, qui sont émis par des prestataires privés, fondés sur des techniques
cryptographiques et libellés dans leur propre unité de compte. Leur valeur peut être extrêmement volatile. Ainsi,
le Bitcoin a culminé à 65 000 dollars EU en avril 2021 et valait moins de la moitié deux mois plus tard.
Mais il reste pourtant attrayant aux yeux de ses utilisateurs. Pour certains, il présente l’avantage de pouvoir
effectuer des opérations de façon anonyme, qu’elles soient légitimes ou non. Pour d’autres, il s’agit d’un moyen
de diversifier des portefeuilles et de détenir un actif spéculatif susceptible d’engendrer des gains importants, mais
également de fortes pertes. (…)
Il est peu probable que les cryptoactifs s’enracinent dans les pays où l’inflation et les taux de change sont stables
et qui sont dotés d’institutions crédibles. Les ménages et les entreprises ne seraient pas vraiment encouragés à
épargner ou à fixer les prix dans un cryptoactif tel que le Bitcoin, même s’il a cours légal ou qu’on lui confère le
statut de monnaie. La valeur des cryptoactifs est trop volatile et n’a pas de lien avec l’économie réelle.
Même dans les pays relativement moins stables, l’utilisation d’une monnaie de réserve reconnue à l’échelle

171
mondiale, comme le dollar ou l’euro, constituerait probablement une alternative plus attrayante à l’utilisation de
cryptoactifs.
Les cryptoactifs pourraient être adoptés par des personnes non bancarisées pour effectuer des paiements, mais pas
comme réserve de valeur. Ils seraient ensuite immédiatement échangés contre une monnaie effective à la réception
du paiement. (…)
Le risque le plus direct de l’adoption généralisée d’un cryptoactif, tel que le Bitcoin, concerne la stabilité
macroéconomique. Si les prix des biens et des services étaient fixés à la fois en monnaie effective et en cryptoactif,
les ménages et les entreprises consacreraient beaucoup de temps et de ressources à choisir quelle monnaie détenir,
au lieu de s'engager dans des activités productives. De même, les recettes de l’État seraient exposées au risque de
change si le produit des impôts était libellé en cryptoactif, alors que les dépenses restaient principalement
effectuées en monnaie locale, ou vice versa.
En outre, la politique monétaire serait moins efficace. Les banques centrales ne peuvent pas fixer les taux d’intérêt
d’une monnaie étrangère. (…)
Les banques et les autres institutions financières pourraient également être exposées à des fluctuations
considérables des prix des cryptoactifs. (…)
En outre, l’usage généralisé des cryptoactifs nuirait à la protection des consommateurs. Le patrimoine des ménages
et des entreprises pourrait fortement souffrir des fluctuations sensibles de la valeur des cryptoactifs, de fraudes ou
d’attaques informatiques. (…)
Enfin, les cryptoactifs minés, comme le Bitcoin, nécessitent une énorme quantité d’électricité pour alimenter les
réseaux d’ordinateurs qui vérifient les opérations.

Doc 36- Le Salvador a-t-il eu raison d’adopter le Bitcoin comme monnaie officielle ?
Source : www.lafinancepourtous.com, 04/05/22.
Par une loi du 7 septembre 2021, dite « Loi Bitcoin », le Salvador devenait le premier pays au monde à adopter un
crypto-actif comme monnaie officielle. Depuis cette date, le Bitcoin a, en effet, cours légal au Salvador, ce qui
signifie que tous les paiements peuvent être effectués directement en Bitcoin et que tous les commerçants sont
donc tenus d’accepter d’être réglés avec ce crypto-actif. Il est, par exemple, possible pour un résident salvadorien
de régler ses impôts en Bitcoin.
Les avantages attendus d’une telle réforme, portée notamment par le président du Salvador, Nayib Bekule, étaient
nombreux :
- Tout d’abord, elle devait permettre de réduire la dépendance à l’égard du dollar américain, monnaie officielle du
pays depuis l’abandon du colon salvadorien en 2001, et donc de la politique monétaire menée par la Réserve
Fédérale (FED).
- Ensuite, cette réforme monétaire devait améliorer les conditions d’accès au système bancaire et financier de la
population salvadorienne, jusque-là peu bancarisée.
- Enfin, l’adoption du Bitcoin comme monnaie officielle devait permettre de faciliter les transferts de fonds,
notamment de la part de Salvadoriens installés à l’étranger.
Les premières leçons de l’expérience Bitcoin au Salvador
Une étude récente rédigée par F. Alvarez, D. Argente et D. Van Pattan, trois chercheurs d’universités américaines,
permet de dresser un premier bilan de l’adoption du Bitcoin au Salvador. (…) Le constat est clair : malgré son
adoption comme monnaie officielle et les incitations mises en œuvre par le gouvernement du Salvador, le Bitcoin
reste peu utilisé comme moyen de paiement.
Afin d’inciter la population salvadorienne à adopter le Bitcoin comme moyen de paiement, le gouvernement a
développé une application – Chino Wallet – permettant d’échanger, sans frais, Bitcoins et dollars et a offert 30
dollars en Bitcoin – soit l’équivalent de 0,7 % du PIB par habitant – à tout nouvel utilisateur de celle-ci.
(…)
De plus, malgré la loi de septembre 2021, seules 20 % des entreprises interrogées ont déclaré accepter les paiements
en Bitcoin et seules 11 % d’entre elles ont affirmé avoir déjà reçu un règlement en Bitcoin. Au total, les auteurs
de cette étude estiment qu’environ 5 % des ventes sont réglées, au Salvador, par l’intermédiaire de Bitcoins. Autre
signe de la méfiance envers le crypto-actif : 88 % des entreprises ayant reçu des Bitcoins déclarent les convertir
immédiatement en dollars.
Enfin, contrairement aux attentes suscitées par la réforme monétaire de septembre 2021, le Bitcoin n’est,
aujourd’hui, guère utilisé par les Salvadoriens en matière de transferts de fonds. Selon la Banque centrale du
Salvador, seul 1,6 % des transferts de fonds de Salvadoriens depuis l’étranger a, en effet, été effectué en Bitcoin
au cours de février 2022. Les transferts de fonds personnels depuis l’étranger constituent une source de revenus
majeure pour la plupart des Salvadoriens. À l’échelle agrégée, la Banque mondiale estime que ces transferts
représentaient, en 2020, près de 24 % du PIB.
L’adoption du Bitcoin comme monnaie officielle au Salvador est donc loin, pour le moment, d’avoir eu les effets
escomptés.

172
III. Le débat : dette commune européenne, un nouveau départ pour la zone euro ?

Doc 37- Pourquoi le plan de relance européen est une petite révolution. -Source : Le Monde
22/07/2020.
Il aura fallu, pour y parvenir, un sommet qui restera « historique » également par sa durée exceptionnelle. Les chefs
d’Etat et de gouvernement européens se sont finalement mis d’accord, mardi 21 juillet, sur le plan de relance qui
doit les aider à affronter les conséquences ravageuses de la pandémie de Covid-19.
Face à l’ampleur des dégâts provoqués par le virus, qui a fait plus de 200 000 morts sur le Vieux Continent et
plongé l’économie européenne dans une récession sans précédent, les Vingt-Sept ont adopté un dispositif inédit,
qui ébauche les contours d’une Europe plus fédérale, plus solidaire et plus intégrée.
Première révolution : pour se procurer les 750 milliards d’euros qu’elle prévoit d’affecter à la relance, la
Commission (à qui le classement triple A par les agences de notation financière assure des conditions de
financement très intéressantes) va s’endetter au nom de tous les pays membres.
Deuxième révolution : cette dette commune sera d’abord un outil de solidarité, qui fait franchir à l’Europe un
nouveau pas vers une Union de transferts, dont le principe a longtemps été rejeté par l’Allemagne. En effet, sur les
750 milliards d’euros affectés au plan de relance, 360 milliards seront prêtés aux Etats membres qui le souhaitent
– ceux-là y trouveront le moyen de s’endetter à de meilleures conditions qu’en allant seuls sur les marchés, mais
ils devront rembourser ces sommes – et 390 milliards leur seront transférés d’ici à 2023, sous forme de subventions
qui, elles, seront remboursées par les Vingt-Sept.
L’argent, qui viendra abonder le budget communautaire (de 1 074 milliards au total sur la période 2021- 2027),
doit aider en priorité les pays les plus touchés par la crise, comme l’Italie, l’Espagne, ou dans une moindre mesure
la France, et il sera distribué selon une clé de répartition tenant compte d’éléments structurels de ces économies,
ainsi que de l’ampleur de la récession qui sera constatée. (…)
Qui dit emprunt dit remboursement. De ce point de vue, les Vingt-Sept ont laissé le chantier en suspens, sachant
que l’échéance est lointaine. En l’état actuel, soit leur contribution nationale devra être augmentée, soit les dépenses
européennes devront être réduites. A moins qu’ils décident d’affecter des « ressources propres » à l’Europe. En
clair, la Commission lèverait des impôts.
Aujourd’hui, hormis l’instauration d’un prélèvement sur les plastiques non réutilisables à l’horizon 2021, rien n’est
dans les tuyaux. Nombre de pays, à commencer par l’Allemagne, ne souhaitent pas aller beau- coup plus loin dans
cette logique. Il est donc prévu que la Commission travaille sur deux hypothèses – l’introduction d’une taxe
numérique et la création d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières pour les biens importés de l’extérieur
de l’Union, et dont l’empreinte carbone ne correspondrait pas aux standards communautaires.

Doc 38- Niveau des dettes publiques en % du PIB avant la crise du Covid en Europe et
ailleurs -Source : Statista d’après FMI, 2019.

173
Doc 39- Les principaux bénéficiaires du plan de relance post-Covid de l’UE (en Mds d’€)
-Source : AFP, d’après Commission Européenne.

Doc 40- Les nouvelles montagnes de dette : Japon et Chine hors limites ? Source : M. Fouquin,
04/06/2020, https://asialyst.com/fr/2020/06/04/europe-chine-montagnes-dettes-sans-limite/.
… des années 1960 jusqu’au second choc pétrolier, les dettes des pays développés tournent en moyenne autour de
40 % avec peu de dispersion. À partir de 1979, leur endettement s’accroît jusqu’à atteindre 65 % en 1986, puis,
après une pause, une seconde phase de hausse pour atteindre un palier autour de 75 % jusqu’à la crise de 2008. Le
niveau de la dette atteint son maximum à 105 % en 2013. La décrue sera faible, sauf en Allemagne et aux Pays
Bas.
Le choc provoqué par l’épidémie de Covid-19 intervient donc dans une phase d’endettement élevé mais pas inédit.
Des pays parviennent très bien à vivre avec des niveaux de dette très élevé : l’archétype est le Japon dont la dette
atteint en 2019 près de 250 %, sans provoquer de crise financière… jusqu’à présent. La progression de la dette
japonaise suit les mêmes étapes que celles des autres pays développés mais en l’exagérant de manière inattendue
à partir de 1990. Date à partir de laquelle le Japon se met aux normes financières internationales et doit procéder à
une réduction drastique du surendettement de ses entreprises et de leur surévaluation boursière. Il s’agit
évidemment d’un choix politique imposé par les États-Unis qui, après la guerre commerciale menée contre les
excédents japonais, sont irrités de l’offensive de rachats d’entreprises américaines sans contrepartie d’accès aux
marchés financiers nippons. Pour lutter contre les effets d’un tel choc, le gouvernement de Tokyo met en place des
plans massifs de soutien de son activité économique. La soutenabilité de la dette japonaise tient à deux facteurs
principaux : l’économie du Japon dispose d’excédents courants et de réserves financières considérables et sa dette
est détenue à 95 % par des institutions japonaises, dont 70 % par la banque centrale. Celle-ci a pour mission depuis
1998 de maintenir à tout prix des taux d’intérêt à long terme proches de zéro en nominal.
Autre cas à part, la Chine s’endette massivement depuis 1995. Le niveau déclaré de la dette chinoise, entre- prises
d’État incluses, atteignait déjà plus de 250 % du PIB fin 2019, contre 77 % pour le Brésil, 63 % pour la Russie ou
55 % pour l’Inde. La dette de la Chine, comme celle du Japon, est détenue par son système financier qui est sous
le contrôle de l’État. Elle dispose du plus fort montant de réserves internationales qui la met à l’abri de la
spéculation. Cependant, la guerre commerciale et le ralentissement de la croissance sensible dès la fin de 2019
pourrait la mettre en difficulté.
Les dettes ont atteint des niveaux exceptionnellement élevés dans le monde développé et le coût de la pandémie
devrait s’échelonner à 30 % supplémentaires. Le risque de crise financière est donc élevé. Mais l’expérience de la
crise de 2008 a contraint les banques à accroître significativement leurs fonds propres ; l’action des États visant à
protéger les entreprises de la faillite et le maintien de nombreux travailleurs en chômage partiel sont autant de
mesures qui peuvent permettre d’écarter la crise à court terme jusqu’au redémarrage des économies qui permettrait
de stabiliser les dettes et d’envisager leur réduction.
Deux risques subsistent néanmoins. Le premier est propre à l’Europe et au manque de solidarité qui pourrait faire
exploser la zone euro. Seule une mutualisation de ces dettes pourrait permettre d’éviter son implosion. Les
solutions sont multiples sous la forme d’obligations à très long terme à taux faibles. L’autre risque est celui d’une
deuxième vague de contamination qui pourrait déclencher une crise pire par son extension

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Dette publique des grands
pays développés 1951-2018
en pourcentage du PIB

Doc 41- Rachat des dettes publiques par la BCE dans le cadre du quantitative easing
Source : cours GE22.

Doc 42- Conséquences des opérations de quantitative easing en zone Euro et au Japon-
Source : ABC, l’éco en Bref, Banque de France, septembre 2019.

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Doc 43- Ratio dette publique/PIB dans la zone euro et ses principaux pays (axe de gauche)
et évolution du bilan de l’Eurosystème/PIB (axe de droite) - Source : Par Jean Barthélemy, Katja
Schmidt et Giulia Sestieri, Billet n°251, Bloc-notes Eco, Banque de France, 18/01/22. D’après Eurostat, comptes
nationaux, données de l’Eurosystème. Calculs des auteurs.

Doc 44- Taux d’inflation dans les pays de l’UE en juillet 2022 - Source : www.touteleurope.eu,
03/08/22.

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