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Pr.

Amath NDIAYE
Enseignant Chercheur, FASEG/UCAD

CHAPITRE I : LES COMPTES NATIONAUX


Les Comptes Nationaux fournissent une information complète sur les activités
économiques et financières réalisées au sein d’une économie au cours d’une
année donnée. Le système développé des Comptes Nationaux décrit des
opérations effectuées par les différents secteurs institutionnels. Les comptes
de flux des secteurs institutionnels peuvent être repris et synthétisés dans un
compte unique appelé Tableau Economique d’Ensemble (T.E.E). Mais
également l’ensemble du système des comptes peut être synthétisé à travers
ce qu’on appelle les comptes consolidés de la Nation.
I. Les Comptes Consolidés de la Nation
Ils comprennent quatre comptes : (Production, Revenu et Consommation,
Accumulation, Reste du monde). L’égalité entre les opérations de débit et de
crédit dans chaque compte permet de décrire les identités et équations
macroéconomiques fondamentales d’une économie nationale
Ces comptes consolidés sont des bilans comptables comprenant le débit d’un
côté et le crédit de l’autre. Chaque opération fait l’objet d’une double
inscription : l’une au débit du compte qui reçoit ou acquiert, l’autre au crédit
du compte qui vend ou fournit.
Le débit correspond à un emploi ou à un flux net de créances, le crédit à une
ressource ou à un flux net de dettes.
- Le compte du produit intérieur brut
Il enregistre en ressource les ventes des biens de consommation,
d’investissement et les exportations de biens et service. Du côté des emplois
on enregistre le PIB et les Importations de biens et services.

Emplois / Débit Ressources /Crédit

PIB (Y) Vente Biens de Cons. (C)

Importations (M) Vente de Biens d’Investissement (I)


Exportations de Biens et Services
(X)

- Compte de Revenu et de Consommation


Débit /Emplois Crédit/Ressources

 Achat de biens de consommation (C)  Revenu brut issu du PIB (Y)


 Solde des transferts courants entre la
nation et le reste du monde (TRA)
Epargne Nationale brute (SN) Solde des revenus de facteurs entre la
nation et le reste du monde (RF)

- Compte de capital ou compte d’accumulation

Il retrace les mouvements relatifs au patrimoine : les opérations en capital


pour la partie dite réelle et les opérations financières pour les mouvements de
créances et de dettes. Le solde SN (Epargne Nationale Brute) est transféré au
crédit

Débit ou Emplois ou FN Créances Crédit ou Ressources ou FN


Dettes

 Investis (I)  E. N. Brute (SN)


 Besoin de financement (BFn)

- Compte du Reste du Monde


Débit / Emplois Crédit /Ressources

 Exportations (X) Importations (M)

 Solde des revenus des facteurs


entre nation et reste du monde
(RF)
 Solde des transferts courants
entre la nation et le reste du
monde (TRA)
 Capacité de financement du reste
du monde (CFE)
Si le système consolidé respecte le principe de la partie double, il ne donne
aucune information détaillée par secteur institutionnel ; les flux internes à la
nation sont également ignorés. Cependant à partir de ces quatre comptes
consolidés ont peut montrer que l’économie nationale est un circuit fermé sur
lui-même.

Importations (M)
Solde du revenu des facteurs
Rev. Con.
Revenus nets de f. provenant du Rdm.

Consom.
en Solde des transferts courants Rdm.
Production
Retour

Achat des biens


d’Invest.
Accumulation
Capacité de finance du Rdm.

Exportations (X)

II. La Balance des Paiements

La balance des paiements agrège l’ensemble des échanges économiques sur une période donnée
entre la Nation représentée par les agents résidents, et le Reste du Monde que sont les agents
non-résidents. Cette agrégation n’est pas faite uniquement sous un angle transactionnel
puisqu’elle résulte d’une comptabilité d’engagements qui dépasse le simple enregistrement des
flux de trésorerie. Les créances et les dettes d’une économie nationale vis-à-vis du reste du
monde sont ainsi une composante de la balance des paiements, ceci permettant de distinguer si
un Etat est créancier ou débiteur à l’égard de ses partenaires étrangers.
La balance des paiements est établie selon des normes édictées par le Fonds Monétaire
International (FMI). Celles-ci sont strictes et à respecter par tous les pays pour des impératifs
de comparabilité entre les Etats.

Les flux entre agents résidents d’un pays et non-résidents se traduisent par des entrées et des
sorties de devises du territoire concerné. Une entrée est enregistrée au crédit de la balance des
paiements, une sortie au débit. La contrepartie de ce flux est la nature de la transaction, c’est-
à-dire l’opération réelle.

Dans une présentation analytique (FMI), les créances et dettes (ou actifs et passifs) sont
enregistrées, par convention, respectivement au crédit (+) et au débit (-). Dans la balance des
paiements dressée par la BCEAO, les augmentations ou diminutions d'actifs sont retracées en termes
nets (+/-) à la colonne « accroissement net d’actifs » et les variations nettes de passifs à la colonne «
accroissement net de passifs ».
II.1 Présentation de la Balance des Paiements

La balance des paiements est composée de 3 comptes + le poste d’ajustement « Erreurs et


Omissions »

I- Comptes des Transactions - Biens


courantes - Services Crédit
- Revenus (+) Débit
- Transferts courants (-)

I- Compte de capital

- Transferts en capital (remises


de dette)
- Acquisition d’actifs non
financiers (Brevets et licences)

II- Compte financier - Investissements directs


- Investissements de portefeuille
- Produits financiers dérivés
- Autres investissements (prêts
bancaires)
- Avoirs de réserve (Variation
des réserves en devises)
III- Erreurs et Omissions

Le compte des transactions courantes, aussi dénommé balance commerciale, intègre les
exportations et les importations de biens et de services, les rémunérations des salariés résidents
reçus d’employeurs non-résidents, les revenus perçus des investissements réalisés à l’étranger.
Des transferts courants complètent le solde des transactions courantes, s’agissant pour
l’essentiel de sommes versées au titre de la coopération internationale, ou bien encore de
contributions payées à des organismes supranationaux.

Le compte de capital recense l’ensemble des flux relatifs aux actifs non financiers (acquisitions,
cessions) entre les agents résidents et les non-résidents. S’ajoutent à ces mouvements les
remises de dettes consenties par des créanciers du reste du monde à des agents résidents, et des
aides à l’investissement reçues ou versées.

Le compte financier retrace l’ensemble des opérations financières relatives aux investissements
directs (entrées et sorties de capitaux pour la création d’entités, le rachat ou la prise de
participations), aux investissements en portefeuille (entrées et sorties de capitaux pour
l’acquisition de titres dans une optique de placement), aux instruments dérivés. Le compte
financier comprend également les prêts et emprunts entre les agents résidents et non-résidents,
les crédits commerciaux, les flux relatifs aux réserves de change (stock de devises) et d’or.
II.2 Interprétation des soldes et Analyse de la balance des paiements

La différence entre le total des entrées et des sorties de devises génère un solde. Si l’on s’en
tient uniquement aux échanges commerciaux, ce solde peut être excédentaire si les exportations
sont supérieures aux importations, ou à l’inverse déficitaire. Cependant, c’est un abus de
langage que de dire d’une balance des paiements qu’elle est déséquilibrée. En effet, un solde
commercial excédentaire produit une épargne, donc une ressource, qui ensuite est disponible
pour les agents non-résidents. A contrario, une économie déficitaire en devises au titre de ses
échanges commerciaux avec le reste du monde trouvera à financer son déficit auprès des agents
non-résidents. L’écart entre les exportations et les importations est ainsi compensé par d’autres
flux qui additionnés au solde commercial assurent l’équilibre de la balance des paiements.

Lorsque le solde total des comptes de transaction et de capital est inférieur à 0, la Nation a un
besoin de financement compte tenu du fait que l’épargne domestique est insuffisante pour
couvrir tous les besoins de l’économie. Les agents résidents doivent donc s’adresser aux non-
résidents pour compléter leur financement par le moyen d’investissements directs et de crédits.
A défaut la banque centrale devra alors piocher dans les réserves de change. Le recours aux
non-résidents et/ou aux réserves de change est constaté au travers du compte financier.

Lorsque la balance des transactions courantes et le compte de capital génèrent un solde total
positif, il y a une entrée nette globale de devises. Une hausse de ces avoirs est alors enregistrée
au débit du compte financier.

Ainsi, par convention, un chiffre négatif au titre des avoirs de réserve, signifie que les réserves
ont augmenté. Les réserves de change sont des avoirs à la disposition des autorités monétaires
pour leur permettre de financer le déficit de la balance des paiements.

La balance des paiements se trouve donc globalement équilibrée, les éventuels écarts entre
comptes étant résorbés par le poste « Erreurs et omissions ».

Le sens commun nous conduit à considérer qu'un solde excédentaire est un avantage pour le
pays et à contrario un désavantage s’il est déficitaire. Mais il faut analyser plus précisément les
flux qui expliquent le déficit. Par exemple si le pays rentre en récession il est fort probable que
les importations baissent par manque de pouvoir d'achat dans le pays. Cela se traduira par une
augmentation du solde de la balance commerciale.

Un pays peut enregistrer un déficit de sa balance commerciale si les investissements directs


étrangers entrainent des importations de biens d’investissements. Dans ce cas, le déficit est
vertueux puisqu’il va booster la production et la croissance de l’économie. A titre d’exemple,
au Sénégal, le démarrage de la production pétrolière et gazière prévu en 2023 entraine une
augmentation sensible du déficit commercial.

La balance des transactions courantes est un document statistique qu'il faut savoir relativiser
Ainsi, avec la mondialisation, les échanges n'ont plus le même sens.
Prenons l'exemple d'une entreprise coréenne qui exporte en France. Cela augmente le déficit
commercial français. Par contre, si cette entreprise coréenne délocalise sa production en France,
cela se traduira par une augmentation de son PIB et une amélioration de sa balance
commerciale.
En synthétisant l’ensemble des flux réels, financiers, monétaires entre les agents résidents et les
agents non-résidents, la balance des paiements est un document incontournable pour évaluer la
compétitivité d’un pays. Elle est également indispensable pour identifier la position d’une
économie au sein de l’environnement mondial, savoir si celle-ci est globalement débitrice ou
créditrice à l’égard du reste du monde. Cette information ne présente pas qu’un intérêt
comptable. La position extérieure d’une économie, donc d’un Etat, produit des effets politiques.
Un pays particulièrement endetté sur un plan international perd un peu, voire parfois beaucoup,
de sa souveraineté au profit de ses créanciers étrangers.

III. Les relations macroéconomiques fondamentales


L’équilibre comptable des comptes consolidés de la nation permet d’écrire les
relations suivantes :

Y+M=C+I+X (1)
C + SN = Y + RF + TRA = YD (2)
YD : revenu national disponible
I – SN = BFn =CFE (3)
I – SN = gap de ressources
CFE = M – (X + RF + TRA) (4)

En outre le solde de la balance des paiements est défini comme


∆AEN = X – M + TR + MC (5)
∆AEN =variation des avoirs extérieurs nets
TR = TRA + RF
MC = solde des mouvements de capitaux (toutes les opérations financières)

I –SN = M – X – TR (6)
M – X – TR : déficit du compte courant de la balance des paiements.

I- SN = BFn = -∆AEN + MC (7)


L’équation (7) signifie que le besoin de financement de l’économie nationale
(gap de ressources) est couvert par la diminution de réserves en devises et/ou
l’afflux de capitaux extérieurs.
Les flux nets de capitaux MC peuvent être divisés entre le secteur public MCG
et le secteur privé MCP.
Ainsi la situation monétaire, qui est un bilan consolidé de système bancaire
aboutit à l’identité suivante :

∆AEN + PNG + CE = M + QM + OEN (8)


PNG : position nette du gouvernement
M : monnaie fiduciaire et dépôts à vue
QM : quasi – monnaie
OEN : autres éléments nets (ou élément d’actif du système bancaire)
CE : Crédit à l’économie

Enfin, à partir du bilan consolidé du trésor public on peut déterminer comme


suit la position nette de l’Etat :
G-T = PNG + MCG + FDNB (9)
G – T = déficit budgétaire
PNG = financement bancaire domestique
MCG = financement extérieur
FDNB : financement domestique non bancaire

L’équation (9) indique que le déficit du budget de l’Etat a pour contrepartie les
différentes formes de financement (domestique et extérieur).Cependant il
convient de noter que l’Etat peut être amené à recourir à un mode de
financement exceptionnel, l’accumulation d’arriérés.

IV. Agrégats et Indicateurs macroéconomiques

IV.1 Agrégats
Les agrégats sont des grandeurs synthétiques qui mesurent le résultat de
l’activité économique de l’ensemble des secteurs résidents. Les agrégats
normalisés (calculés selon une méthode identique) surtout lorsqu’ils sont
exprimés par tête d’habitant, sont souvent interprétés comme des indicateurs
de bien être ou de niveau de vie et font l’objet de comparaison dan l’espace et
dans le temps. Nous retiendrons le PIB, le PNB et le RND.
- Le Calcul du PIB
Le PIB peut être calculé aux prix courants ou constants, on parle ainsi de PIB
nominal ou courant par opposition au PIB en volume ou réel.

Il peut être calculé selon trois optiques : de la production, du revenu et de la


dépense.
 Dans l’optique de la production le PIB est calculé à partir du solde des
comptes de production.
PIB = ∑VABSR + Impôts sur les produits (TVA + DD + autres)-les
subventions sur les produits.
 Dans l’optique du revenu le PIB est obtenu à partir des comptes
d’exploitation ; il correspond à la somme des revenus distribués à
l’occasion de la production :

PIB = RSV + EBE + Impôts sur la production et les importations – les


Subventions sur les produits et les subventions d’exploitation.
RSV = revenus salariaux et EBE = excédent brut d’exploitation.

 Dans l’optique de la dépense. Le PIB est calculé à partir de la somme


des emplois finals ; dont on déduit les importations.
PIB = CF + FBCS + ∆S + X – M

- Le PIB réel
Le PIB en valeur courante est la somme des quantités de biens et services
produits, multipliée par leurs prix courants. Cette définition fait apparaître
que le PIB en valeur peut croître dans le temps pour deux raisons :
- La production de la plupart des biens et services s’accroît avec le temps
- Le prix de la plupart des biens et services augmente

Pour mesurer l’évolution de la production réelle au cours du temps, il faut


éliminer l’effet de la hausse des prix. C’est pourquoi on définit le PIB en
volume comme le PIB ajusté de l’évolution générale des prix à la hausse,
c'est-à-dire de l’inflation. Lorsque l’on retire l’effet de l’inflation, on dit que
l’on déflate.

Pour calculer le PIB en volume, on utilise l’indice des prix à la consommation (IPC). Cet indice
joue le rôle de déflateur.
PIB en milliard € courants en tn
PIB en milliards € constants en tn = X100
Indice des prix à la consommation en tn

Exemple :

Source: INSEE, base 2001, comptes nationaux, PIB et grands indicateurs économiques 2014

2008 2009 2010 2011 2012 2013

PIB en (milliard € courants) 1995,8 1939,0 1998,5 2059,3 2091,1 2113,7

Indice des prix (base 100 en 2010) 98,8 98,9 100 100,9 102,2 103,0

PIB (en milliards € constants) 2019,4 196 1999 2040,0 2046,9 2052,7
0 ;1
960,
;,0

𝑃𝐼𝐵 𝑒𝑛 𝑚𝑖𝑙𝑙𝑖𝑎𝑟𝑑𝑠 € 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑎𝑛𝑡𝑠 2009 1939,0


X100 = X100 = 1960,0
𝐼𝑛𝑑𝑖𝑐𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑝𝑟𝑖𝑥 2009 98,9

Les expressions PIB en valeur et PIB en volume ont chacune beaucoup de synonymes, que vous
êtes susceptibles de rencontrer au cours de vos lectures:

PIB en valeur courante PIB en volume

PIB nominal PIB réel

PIB en € courants PIB en € constants

PIB aux prix courants PIB aux prix constants

PIB au prix de l’année N

- Le PNB
PNB = PIB + RF (revenu des facteurs en provenance de l’extérieur – revenu des
facteurs versé à l’extérieur).
- Le RND
RND = ∑RDB des différents secteurs résidents (solde des comptes de revenu)
ou bien à la somme de la consommation finale et de l’épargne nationale, ou
encore à : PNB + Transferts courants reçus du reste du monde -transferts
courants versés au reste du monde).

IV.2 Quelques indicateurs macroéconomiques


Les informations fournies par les comptes nationaux permettent de construire
une batterie d’indicateurs qui rendent aisée l’analyse de la situation
économique. Nous retiendrons les indicateurs suivants.

FBCF FBCF+ ∆S
1) Le taux d’investissement : ou
PIB PIB

Investissement : I = FBCF + ∆S
FBCF = FBCFmen +FBCFetat + FBCFadm
C = Cmen + Cadm. public
Epargne Nationale ou Epargne intérieure
2) Le taux d’épargne nationale (intérieure) : PNB ou PIB
Epargne Nationale SN
3) Le taux d’autofinancement national : ou
FBCF FBCF+ ∆S
X
4) Le taux de couverture des M par les X = M
Les pays excédentaires ont un taux > 1
X+M
5) : indicateur d’ouverture ou "openess"
PIB

Il mesure le degré d’ouverture de l’économie nationale au reste du monde. On


admet généralement en théorie que le degré d’ouverture est positivement
corrélé à la performance économique du pays.
Impôts
6) Pression fiscale qui est : PIB
Généralement elle est faible dans les pays en voie de développement et
nettement plus élevée dans les pays développés.

L’indicateur en un temps t a une portée analytique très limitée. Il faut observer


l’évolution de l’indicateur dans le temps pour faire une bonne analyse de la
dynamique économique d’un pays.

Par ailleurs les indicateurs sont standardisés pour permettre de faire des
comparaisons internationales.

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