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Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Université Virtuelle de Tunis

M1_Master Professionnel en Ingénierie Financière

Module: Politiques Economiques

Notes de cours et sujets d’examens

Volume Horaire: 21h_ Semestre 1

Samir Abdelhafidh
Professeur en Sciences Economiques, Université de Tunis El Manar, FSEGT.

Année Universitaire : 2022-23


Thème 3: Instruments de la politique économique conjoncturelle.

Les politiques économiques conjoncturelles sont fondamentalement basées sur deux


instruments: la politique monétaire et la politique budgétaire. L’objet de ce thème est de
présenter leurs principales caractéristiques, et nous commençons par la politique monétaire.
(I): La politique monétaire.

Objectifs :
Au terme de cette partie, l'étudiant devrait être capable :
- De définir ce qu'on entend par politique monétaire et de distinguer entre objectifs
ultimes, objectifs intermédiaires, indicateurs et instruments de la politique monétaire.

- D’identifier les canaux de transmission de la politique monétaire sur l'activité réelle.

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Introduction:
- La charge de la politique monétaire est généralement confiée à la Banque Centrale. Selon
les pays, cette dernière peut être plus ou moins indépendante des pouvoirs politiques.

- L’indépendance de la Banque Centrale peut être appréciée par des critères relatifs par
exemple à l’obligation qu’elle a de financer le déficit budgétaire, par rapport au mode de
désignation de ses responsables, ou par rapport à l’exercice de ses missions.

- Pour la BCT par exemple, l’article 2 de la loi N. 2016-35, portant fixation du statut de la
Banque Centrale de Tunisie dispose que « La Banque Centrale est indépendante dans la
réalisation de ses objectifs, l’exercice de ses missions, et la gestion de ses ressources ».

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2.Dispositifs de la politique monétaire:
On distingue quatre niveaux au sein des dispositifs de la politique monétaire : les objectifs
finaux, les objectifs intermédiaires, les indicateurs et les instruments.

2.1. Les objectifs finaux (ou ultimes)


- Ils représentent les buts ultimes poursuivis par la politique monétaire. Ce sont des
variables qui traduisent la fonction-objectif de la banque centrale et qui ne sont pas du
tout sous son contrôle.

- L’objectif final pour les Keynésiens est d’assurer la croissance économique et la réduction
du chômage. Par contre pour les monétaristes, c’est plutôt la stabilité des prix ou du PIB
nominal.

- De nos jours les objectifs finaux sont éclectiques, mais avec un ordre de priorités. Ils ne
sont pas forcément les mêmes d’une banque centrale à une autre.
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Exemples:
- La banque centrale des Etats Unis (la FED) est mandatée pour poursuivre deux objectifs à
la fois: un faible niveau de chômage et un faible taux d’inflation.

- Pour la banque centrale européenne (BCE), l’objectif principal est la stabilité des prix,
mais une fois cet objectif est atteint, la BCE, doit apporter son soutien aux autres
politiques économiques. Donc la stabilité des prix se présente comme l’objectif final
principal, donc non exclusif. La BCE est censée concourir à la bonne marche de
l’économie réelle (croissance, emploi…etc.) à condition que la stabilité des prix soit
garantie.

- La BCT se donne comme objectif final principal de préserver la stabilité des prix;
« L’objectif principal de la Banque Centrale consiste à maintenir la stabilité des prix ».
(Source: Art.7 de la loi N. 2016-35, portant fixation du statut de la Banque Centrale de Tunisie »)

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2.2. Les objectifs intermédiaires:
- Ils sont justifiés par l’incapacité de la Banque Centrale à exercer un contrôle direct sur
son (ses) objecti(s) final(s), comme la croissance, les prix, le chômage..

- Trois conditions devraient être réunis par un « bon » objectif intermédiaire:


• être un bon indicateur de l’évolution de l’objectif final ;
• être aisément contrôlé par les autorités monétaires ;
• être lisible par tous les acteurs économiques.

- Parmi les objectifs intermédiaires auxquels on fait souvent référence, on trouve le taux
d’intérêt et les agrégats monétaires.

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2.2.1. Le taux d’intérêt :
- La BC influe directement sur le taux d’intérêt sur le marché monétaire, à travers sa
détermination du taux directeur.

- Elle peut par conséquent agir sur son objectif final à travers le taux d’intérêt, qui serait
dans ce cas là son objectif intermédiaire. C’est un mécanisme de transmission largement
défendue par la théorie keynésienne, qui soutient qu’une baisse du taux d’intérêt
relancerai la demande de consommation et/ou de l’investissement, ce qui permettrait une
croissance plus élevée.

- Si ce dernier était l’objectif final de la Banque Centrale, cette dernière pourrait donc
l’atteindre à travers le taux d’intérêt.

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2.2.2. Les agrégats monétaires :
- La croissance des agrégats monétaires est un objectif intermédiaire défendue notamment
par les monétaristes pour atteindre un objectif final de stabilité des prix et de lutte contre
l’inflation.

- L’idée ici est que l’inflation est d’origine monétaire et qu’il existe une relation causale
entre masse monétaire et évolution des prix. Pour maîtriser l’inflation il faudra donc
maîtriser la croissance de la masse monétaire.

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2.3. Les indicateurs
- Ce sont des variables économiques qui fournissent à la banque centrale de l’information
sur l’état de l’économie, et notamment sur les perspectives de l’inflation. Comme exemple
d’indicateurs on peut citer:
• les prix à l’importation: s’ils augmentent, ils peuvent être des indicateurs de futures
pressions inflationnistes. Les coût de production augmenteront en effet au cas où une
bonne partie des consommations intermédiaires et des biens d’équipement est importée.
• la différence entre la production potentielle et la production réalisée (l’output gap): Plus
on s’approche de la production potentielle, plus les capacités de production sont proches
du plein emploi, et plus probables seront les pressions inflationnistes.

- Par conséquent, ce qui compte pour un indicateur, c’est son contenu informationnel.

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2.4. Les instruments
On les appelle aussi les objectifs opérationnels. Ce sont des variables qui sont directement
sous le contrôle de la banque centrale. On cite le réescompte, l’open market, l’encadrement
du crédit, et les réserves obligatoires.

2.4.1. Le réescompte.
- C’est l’opération par laquelle une banque centrale escompte les effets présentés par une
banque et déjà escomptés par celle-ci. Le réescompte est utilisé par les banques pour se
fournir en liquidités auprès de la banque centrale.
- En augmentant (diminuant) le taux de réescompte, la banque centrale amène les banques à
augmenter (diminuer) leur taux d’intérêt débiteurs et par là une diminution (augmentation)
de la demande de crédits par les agents non financiers.

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2.4.2. L’open market.
- Cette opération consiste en un achat ou une vente de titres de créance par la banque
centrale sur le marché interbancaire. Avec cette technique, la banque centrale fournit ou
reprend de la monnaie centrale au système bancaire. En modulant le volume de ses
interventions, la banque centrale oriente les taux du marché en fonction de ses objectifs.

-À la différence du réescompte, la banque centrale est libre d’acheter ou de ne pas acheter


des créances aux banques, elle n’est plus liée par l’obligation de réescompter les effets qui
lui sont présentés par les banques.

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2.4.3. L’encadrement du crédit.
- L'encadrement du crédit est une technique de politique monétaire consistant à contrôler la
progression du crédit distribué par les banques.
- Cette limitation est décidée par voie réglementaire et elle s’attaque à la source
fondamentale de création monétaire que représentent les crédits bancaires.

2.4.4. Les réserves obligatoires.


- Ce sont des avoirs en monnaie centrale que les banques sont tenues de détenir dans des
comptes courants auprès de la banque centrale. Leur montant est déterminé par le taux
des réserves obligatoires, fixé par la banque centrale.
- Une variation du taux de réserves obligatoires modifie la liquidité bancaire et par
conséquent les conditions du marché monétaire. Par exemple, en augmentant le taux de
réserves obligatoires, la banque centrale réduit la liquidité des banques et donc affecte
négativement leur capacité d’octroi de crédit.

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3. Les canaux de transmission de la politique monétaire:
Ce sont les voies par lesquelles les instruments à la disposition d’une banque centrale
modifient les comportements des agents dans le but d’atteindre ses objectifs. On cite les
canaux de taux d’intérêt, de crédit, et de taux de change.

3.1. Canal du taux d’intérêt


Ce mécanisme peut se résumer par le raisonnement suivant, qui illustre les effets d’une
expansion monétaire:

Une politique monétaire expansionniste aboutit à une baisse des taux d’intérêt, ce qui se
traduit par une baisse du coût du capital, et entraîne une augmentation des dépenses
d’investissement. Le résultat sera, par la suite, un accroissement de la demande globale et
de la production.

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3.2. Canal du crédit
Le canal du crédit bancaire agit de la façon suivante:
- Une politique monétaire expansive (restrictive), qui contribue à accroître (diminuer) les
réserves et les dépôts bancaires, augmente (réduit) la capacité des banques à accorder
des crédits.

- Si le montant des crédits augmente (diminue), on devrait s’attendre à une hausse


(baisse) des dépenses d’investissement (et éventuellement de consommation), et
partant à une augmentation (diminution) de la production.

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3.3. Canal du taux de change
- Si les mouvements des capitaux sont libres, une baisse (hausse) du taux d’intérêt
domestique réduit (augmente) l’attractivité des dépôts en monnaie nationale par rapport à
ceux en devises étrangères. Le résultat serait une baisse (hausse) de l’offre des devises sur
le marché des changes, et donc une dépréciation (appréciation) de la monnaie nationale.

- La dépréciation (l’appréciation) de la monnaie nationale diminue (augmente) les prix des


biens nationaux en monnaie étrangère et augmente (diminue) les prix des biens étrangers
en monnaie nationale. La conséquence probable serait une hausse (baisse) des exportations
et une baisse (hausse) des importations, c’est à dire que l’effet serait positif (négatif) sur la
balance commerciale. L’effet qui résulterait sur la production serait positif (négatif).

- Il est évident que ce raisonnement est simpliste car il ignore d’autres facteurs dont ceux
rattachés aux élasticités-prix des exportations et des importations (la condition de Lerner-
Marschall)
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