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Universitaire d'Abidjan
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Chapitre 1. Le financement de l’économie
Le financement de l’économie fait interagir deux types d’agents : des agents à capacité de
financement (qui ont des excédents financiers ou épargne) et des agents à besoin de
financement (qui sont déficitaires et qui cherchent des financements pour leurs
investissements).
Ce chapitre vise à amener les étudiants à comprendre le processus de financement de
l’économie. A l’issue de ce chapitre, l’étudiant sera en mesure de:
Définir la monnaie selon ses formes et fonctions.
Expliquer l’intermédiation financière et son lien avec l’asymétrie
d’information.
Présenter les différents types d’asymétrie d’information.
Distinguer les deux types d’intermédiation financière et les marchés
financiers.
Différencier l’économie de marché de l’économie d’endettement
Décrire les différentes formes de financement externe.
Comparer les obligations et les actions.
Citer les acteurs de l’intermédiation financière active et leurs rôles.
Discuter des mesures de performance et de solvabilité d’une banque
Présenter les objectifs intermédiaires et finaux de la politique monétaire,
expliquer ses instruments, ses canaux de transmission, citer ses acteurs et
leurs rôles.
Plan du chapitre
1. La monnaie : Définition, fonctions et formes
2. Les principes de l’intermédiation financière
3. Les différentes formes de financement externe
4. Les principes de la politique monétaire
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1. La monnaie : définition, fonctions et formes
1.1. Définition
La monnaie peut se définir comme un actif généralement accept é pour le paiement de
biens, de services ou pour le remboursement de dettes. Elle se constitue de l’ensemble des
moyens de paiement dont disposent les agents économiques pour régler leurs transactions. La
monnaie a une dimension sociale car elle suppose une relation de confiance de la part des
individus qui la détiennent dans le système institutionnel qui la produit. Pour les agents, la
monnaie est donc une créance vis-à-vis de la banque centrale (monnaie fiduciaire) et des
banques commerciales (monnaie scripturale). En présence d’incertitude et de risque, la
monnaie reste l’actif dont la valeur est la plus stable et demeure, par conséquent, le moyen
d’échange privilégié sur un territoire national ou dans une zone monétaire et ce, tant que les
agents lui accordent leur confiance.
1.2. Les fonctions de la monnaie
Les trois grandes fonctions de la monnaie sont :
- La monnaie comme unité de compte : la monnaie permet de mesurer la valeur d’un
bien ou d’un service et permet de comparer les biens et services entre eux. Elle est un
numéraire ou unité de compte, ce qui permet de réduire le nombre de prix dans
l’économie. Au lieu de mesurer la valeur de chaque bien par rapport à un autre
(comme dans le troc), la présence d’une unité de compte reconnue sur un territoire
facilite la comparaison de la valeur des biens et services entre eux.
- La monnaie comme moyen d’échange : la monnaie est également un instrument de
règlement des transactions. La monnaie sert de contrepartie unique au bien ou au
service échangé. Par rapport au troc, qui nécessite de trouver que la contrepartie à
l’échange propose un bien qui correspond à ce que l’on désire, que la valeur des biens
échangés soit équivalente et que les décisions d’échanges soient simultanées,
l’utilisation de la monnaie facilite et multiplie les échanges. En effet, grâce à la
monnaie, il n’est pas nécessaire de céder une marchandise pour en acheter une autre ;
l’échange peut avoir lieu entre deux individus dont les marchandises à céder
correspondent aux désirs de chacun ; et les échanges n’ont pas besoin d’être
simultanés.
- La monnaie comme réserve de valeur : comme la monnaie permet de dissocier la
vente d’un bien ou service et l’achat d’un autre bien ou service, elle permet aux agents
économiques de la conserver sous forme de réserve pour décaler dans le temps un
achat. Lorsque la détention de monnaie sous forme d’épargne est rémunérée, l’agent
qui renonce à une consommation immédiate peut être récompensé par sa patience en
obtenant une quantité achetée supérieure dans le futur.
1.3. Les Formes de la monnaie
Dans l’histoire et à des moments différents dans l’espace, la monnaie est apparue sous la
forme d’instruments monétaires de nature très différente (marchandise, ornement, etc.).
Puis progressivement, les agents économiques ont cherché à concevoir des instruments
monétaires plus faciles d’utilisation. Les différentes formes d’existence que la monnaie
a prise sont :
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satisfaisant un besoin particulier et une utilité universelle en tant qu’instrument
d’échange.
- La monnaie métallique : Les premiers métaux utilisés comme monnaie furent des
métaux non précieux (fer, cuivre, bronze), mais très rapidement, les métaux précieux
se sont imposés (or, argent).
- La monnaie fiduciaire : Le qualificatif fiduciaire provient du fait que cette monnaie
ne peut être utilisée que si les agents économiques ont confiance en elle. On distingue
dans ce groupe les monnaies divisionnaires (les pièces) et les billets.
- La monnaie scripturale : L’appellation monnaie « scripturale » vient de ce qu’elle est
matérialisée par des écritures sur les livres des banques. Elle est constituée par les soldes
créditeurs des comptes à vue avec carnet de chèque, qui sont appelés dépôts à vue (DAV)
monétaires. Elle circule à l’aide d’instruments :
Le chèque : En faisant un chèque, le titulaire d’un compte (le tireur) donne
l’ordre au gestionnaire de son compte (le tiré) de payer la somme indiquée sur
le chèque au bénéficiaire du chèque et cela en débitant son compte à vue ; le
compte du bénéficiaire étant crédité du même montant à l’issue de l’opération.
La carte bancaire : C’est un instrument équivalent à un carnet de chèque mais
qui fonctionne de manière totalement informatisée. Le titulaire de la carte
peut effectuer des paiements qui se traduisent par un débit sur son compte et
retirer des espèces dans les distributeurs automatiques de billets.
L’ordre de virement : En établissant un ordre de virement, un client d’une
banque donne l’ordre au gestionnaire de son compte de débiter son compte de
la somme indiquée et de transférer cette somme au titulaire du compte qui est
mentionné.
- Les crypto-monnaies : La Banque centrale européenne distingue trois formes de
monnaies virtuelles :
Des monnaies virtuelles non échangeables contre de la monnaie officielle et
qui permettent uniquement des transactions dans un monde virtuel, comme il
peut en exister dans certains jeux électroniques ;
Des monnaies virtuelles, que l’on obtient avec de la monnaie légale et qui
permettent des transactions dans le monde réel et dans le monde virtuel, là
aussi elles existent dans des jeux électroniques avec mise de fonds ;
Des monnaies virtuelles que l’on obtient avec de la monnaie légale et qui sont
échangeables contre cette dernière et qui permettent des transactions dans le
monde réel et dans le monde virtuel, comme le bitcoin. Lorsqu’elles reposent
sur une technique de cryptographie, elles sont qualifiées de crypto-
monnaies.
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sans que personne d’autre n’ait renoncé à son pouvoir d’achat. Il n’y a pas eu de transfert de
ressources entre agents, ce qui serait le cas si par exemple l’entreprise qui a besoin de
financement, pour se financer, émettait un titre souscrit par un ANF. La monnaie peut être
également créée lorsque les banques achètent des devises étrangères à leurs clients.
Inversement, la monnaie sera détruite lorsque les crédits seront remboursés ou lorsque la
banque convertira de la monnaie nationale en devises étrangères. La création monétaire est
contrôlée par la banque centrale à travers la politique monétaire et la politique de change. La
politique monétaire contrôle la création monétaire par la fixation des taux d’intérêt directeurs
et des taux de réserves obligatoires ou par des politiques non conventionnelles
d’assouplissement quantitatif leur permettant de créer de la « monnaie banque centrale » via
des opérations dites d’open market. Par la politique de change, la banque centrale peut aussi
contrôler la création de monnaie en agissant sur le taux de change de la monnaie nationale par
rapport aux monnaies étrangères. Cette action n’est possible qu’en régime de change flexible
ou de flottement administré. En régime de change fixe, la banque centrale doit maintenir le
taux de change à sa parité officielle. Maintenir le taux de change fixe a également un effet sur
la quantité de monnaie en circulation dans l’économie. Par exemple, si la monnaie a tendance
à se déprécier, la banque centrale devra défendre la parité en réduisant ses réserves de change
via la vente de devises, ce qui diminuera la masse monétaire.
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2.3. Les deux types d’intermédiation financière
On appelle intermédiation financière l’opération consistant à mettre en contact les agents non
financiers ayant une capacité de financement, appelés aussi prêteurs, et les agents non
financiers ayant un besoin de financement, appelés emprunteurs, afin de réaliser l’équilibre
épargne-investissement. Gurley et Shaw (1960) opposent deux types d’intermédiation :
La finance directe (ou intermédiation de marché ou intermédiation passive) : dans ce
cas, les agents à besoin de financement vont céder des titres aux agents à capacité de
financement en contrepartie des fonds demandés via un marché financier (comme les
Bourses des valeurs ou les marchés obligataires).
La finance indirecte (ou intermédiation de bilan ou intermédiation active) : dans ce
cas, le financement est intermédié par une institution financière qui, d’une part,
collecte les ressources excédentaires des agents à capacité de financement et d’autre
part, octroie des prêts pour financer les besoins des agents à besoin de financement.
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2.5. Economie de marché financier et économie d’endettement
Selon l’importance d’un type d’intermédiation financière (directe via le marché financier ou
indirecte via des institutions financières), on distinguera entre une économie de marché
financier et une économie d’endettement. Cette distinction a été proposée par Hicks (1974)
qui appelle économie de marché financier une économie dans laquelle le financement
des investissements se fait de manière prédominante par intermédiation directe.
À l’inverse, l’économie d’endettement est une économie dans laquelle les institutions
financières ont un rôle central et le crédit assure de manière prédominante le financement des
investissements.
Comme vu précédemment, les capitaux des prêteurs atteignent les emprunteurs via deux
canaux :
Financement direct par les marchés financiers : cette forme de financement implique
que l’emprunteur émette des titres qui seront acquis par le prêteur. Ces transactions
interviennent sur différents types de marchés financiers :
– les marchés monétaires (financements de court terme) : marchés où les fonds sont prêtés et
empruntés pour une durée allant de quelques jours jusqu’à un an, principalement à travers
des prêts interbancaires. Les types de titres échangés sur ce marché incluent les certificats
de dépôts, les bons du Trésor ou les papiers commerciaux ;
– les marchés des capitaux (financements de long terme) : marchés où les fonds sont
échangés pour le financement de projets grâce à l’émission de titres (obligations et actions).
Financement indirect par des intermédiaires financiers: cette forme de financement
implique que l’emprunteur s’adresse à une institution financière (établissement de
crédit ou autre type d’institutions financières ou monétaires) pour obtenir un crédit. Le
prêteur de son côté placera ses excédents (épargne) auprès de l’intermédiaire contre
une rémunération (intérêts).
3.1. Obligations
Les obligations peuvent être émises par les entités suivantes :
– États souverains et organismes publics ;
– entreprises ;
– institutions internationales.
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L’émission d’obligations se fait sur les marchés primaires, c’est-à-dire « l’endroit » où les
émetteurs proposent leurs obligations à des investisseurs en échanges de capitaux.
Les plus grands marchés obligataires sont ceux de la dette d’État. Les obligations se
distinguent selon différentes caractéristiques : leur taux d’intérêt, leur maturité et leur lieu
d’émission.
Taux d’intérêt (ou coupon) : le coupon correspond au taux d’intérêt que l’émetteur
doit payer au détenteur de l’obligation. Il peut être fixe (c’est-à-dire le taux d’intérêt
reste constant tout au long de la vie de l’obligation) ou flottant (le taux d’intérêt
change périodiquement).
Maturité : la maturité est la date à laquelle l’émetteur est obligé de rembourser le
principal (le montant levé à l’émission). Les obligations, qui sont des titres de long
terme, ont des maturités supérieures à 7 ans, généralement pour des périodes de 25 à
30 ans.
Lieu d’émission : les obligations peuvent être émises en monnaie nationale ou en
devises selon trois types :
– Obligations domestiques : émises dans le pays et dans la monnaie de
l’émetteur par un consortium de banques et d’investisseurs domestiques.
– Obligations étrangères : souscrites par un consortium de banques d’un pays
étranger, libellées dans la monnaie de ce pays et vendu principalement dans ce
pays.
– Euro-obligations (Eurobonds) : similaires aux obligations étrangères sauf
qu’elles sont souscrites par un consortium international de banques et vendues
dans des pays autres que celui de la monnaie dans laquelle elles sont émises.
Ces différentes caractéristiques nous permettent de distinguer cinq grands types
d’obligations :
– Obligations à taux fixe : le taux d’intérêt est fixé à l’émission de l’obligation et
reste constant jusqu’à maturité.
– Obligations à taux variables (FRNs ou Floating-Rate Notes) : le taux d’intérêt
est indexé sur un taux d’intérêt de référence comme l’EURIBOR.
– Obligations à coupon zéro : ces obligations ne possèdent pas de coupon et sont
émises à escompte en dessous de leur valeur nominale. Par exemple, si une
obligation est émise à un prix de 85 %, il sera remboursé à sa valeur nominale
à maturité (à 100 %). Le gain de 15 % est traité comme intérêt.
– Obligations à haut rendement ( high-yield bond) : ces obligations sont émises
par des émetteurs ayant une notation de crédit faible.
– Obligations convertibles : ces obligations ont un taux de coupon fixe, des
maturités entre 10 et 15 ans et sont émises par une entreprise. Elles sont
convertibles dans le sens qu’elles donnent le droit à son détenteur de l’échanger
contre des actions de cette même entreprise.
Comme tout actif financier, le prix d’une obligation correspond à la somme actualisée des
flux de revenus futurs (coupons et paiements à maturité). La formule utilisée pour
N
C CF
l’actualisation des flux est la suivante : P= ∑ ( n )n + ( N)N
n=1 1+i 1+i
La méthode de valorisation d’une entreprise se base ainsi sur le principe que son prix est
déterminé par ses dividendes futurs. Le prix d’une action aujourd’hui ( P0) est donc la valeur
actualisée des dividendes attendus dans les périodes futures, E0 ( DPS t ), et ce, sur une durée
de vie infinie :
∞
E (DPS t )
P 0= ∑ 0
t =1 (1+ k )t
E0 est l’anticipation en 0 (aujourd’hui) et DPS t est le dividende par action (dividend per share).
L’actualisation se fait au taux de rentabilité exigé par les actionnaires (k), c’est-à-dire la
rentabilité anticipée minimale rémunérant la prise de risque correspondante à l’investissement
et en tenant compte des opportunités du marché à la date de l’investissement.
En utilisant le principe que le prix d’une action correspond à l’actualisation des flux de
revenus futurs générés par l’entreprise, plusieurs méthodes ont été proposées pour évaluer ces
prix. La plus simple est celle de Gordon et Shapiro (1956) pour qui le prix d’une action
correspond à la somme actualisée des dividendes futurs de l’entreprise. Ce modèle est simple
car il suppose que les dividendes distribués tous les ans augmentent à un taux constant (g) sur
une période de durée infinie. La valeur de l’action aujourd’hui est égale à :
E0 ( DPS1 )
P 0=
( k −g )
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Le modèle de Gordon-Shapiro est peu réaliste car, dans les faits, le taux de croissance d’une
entreprise n’est pas constant dans le temps. Des extensions prévoient néanmoins l’utilisation
de ce modèle avec des phases de croissance différentes dans la vie de l’entreprise (par
exemple une croissance élevée dans les premières années et une croissance plus modérée par
la suite). Ce modèle reste attractif par sa simplicité et son intuition sous-jacente. Les
dividendes représentent les seuls flux de revenus tangibles pour les investisseurs. De plus, ils
sont relativement plus faciles à prévoir que les flux de trésorerie disponibles (free cash-flows),
qui sont par nature plus volatils. Malgré tout, il existe des méthodes de valorisation des
entreprises basées sur l’estimation des free cash-flows, telle la méthode DCF (Discounted
Cash-Flow).
La méthode DCF calcule la valeur de l’entreprise (V), c’est-à-dire, pour reprendre les
notations ci-dessus, le prix de l’action P fois le nombre d’actions. La valeur de l’entreprise est
la somme actualisée des flux de trésorerie disponibles futurs :
n−1
CF t CF n
V 0= ∑ t
+
t =1 ( 1+ k ) ( 1+ k )n
Les free cash-flows sont les excédents nets de trésorerie après financement des
investissements d’exploitation et de distribution (dividendes). Ils correspondent à l’excédent
dégagé par l’entreprise qui peut être mis à la disposition des investisseurs. Dans cette
méthode, ces excédents ( CF 1… … ,n−1 ) sont calculés à partir des données prévisionnelles de
CF n
l’entreprise. La valeur terminale, ou la valeur de long terme de l’entreprise, , est
( 1+ k )n
calculée à partir du modèle de Gordon-Shapiro, détaillé ci-dessus.
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Crédits à la clientèle 700 Dette de court terme 100
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appelle le produit net bancaire. En retirant les charges d’exploitations (salaires, coûts
informatiques et frais généraux), on obtient le résultat brut d’exploitation. Ces charges
peuvent aussi venir de pertes liées aux procédures judiciaires (litiges), interruption d’activité,
fraudes d’employés, etc. Le risque associé à ce type de pertes est appelé risque opérationnel.
La ligne suivante correspond au coût du risque dont une grande partie est composée de
créances irrécouvrables ou pertes sur crédit. Il correspond à ce que l’on appelle le risque de
crédit. Le résultat net est enfin obtenu une fois pris en compte les gains ou pertes sur autres
actifs ainsi que les impôts sur les bénéfices.
propres (ROE ou return on equity). Le ROE est le rapport entre le résultat avant impôts (5
dans l’exemple du tableau 2) et les capitaux propres (50 dans l’exemple du tableau 1), soit 10
%. Pour augmenter le ROE, la banque peut donc soit augmenter le résultat (numérateur),
c’est-à-dire augmenter les revenus, soit baisser le niveau des capitaux propres (dénominateur).
Cependant, le niveau de capitaux propres va déterminer dans quelle mesure la banque peut
absorber des chocs défavorables et assurer sa survie.
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4.1. Des objectifs finals aux objectifs intermédiaires de la politique monétaire
Les objectifs de la politique monétaire sont ceux de toute politique économique (croissance
économique, stabilité des prix, plein emploi et équilibre des échanges extérieurs). La
réalisation simultanée de ces quatre objectifs est représentée par ce qu’on a appelé le « carré
magique » de l’économiste britannique N. Kaldor.
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hypothécaire qui fournit le rendement des titres représentant des créances sur l’habitat d’une
durée supérieure à 10 ans.
Quant aux taux pratiqués par les institutions financières, on distingue les taux d’intérêt qu’elles
exigent pour les prêts qu’elles accordent à leur clientèle (ce qu’on appelle les taux débiteurs)
et ceux qu’elles consentent sur les ressources qu’elles collectent (par exemple, livrets
d’épargne) auprès de leur clientèle (ce qu’on appelle taux créditeurs). Les taux d’intérêt
peuvent constituer un bon objectif intermédiaire dans la mesure où ils sont facilement
mesurables. Par ailleurs, si les autorités monétaires ne peuvent intervenir directement sur ces
taux, elles peuvent, en revanche, se fixer comme objectif intermédiaire un certain niveau de
ces taux et agir sur eux indirectement au travers des taux de refinancement, c’est-à-dire au
travers des taux auxquels les banques obtiennent de la monnaie centrale.
Enfin, le niveau des taux d’intérêt de même que l’évolution de ces taux influencent le
comportement des agents.
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4.2.1. La politique d’action directe sur le crédit
Puisque ce sont les crédits qui font les dépôts, l’idée est de limiter directement l’octroi de
crédits aux ANFR-AIF, cela afin de limiter la croissance de la quantité de monnaie en
circulation. En effet, la quantité de monnaie en circulation s’accroît lorsqu’il y a création
monétaire; or le crédit à l’économie est une des sources de la création monétaire. Cette action
a pour objectif de réglementer l’octroi de crédits par le système bancaire aux ANFR-AIF. Le
contrôle direct sur le crédit s’opère au travers de l’encadrement du crédit. La Banque centrale
fixe une norme de progression des crédits par rapport à l’année précédente. Si la Banque
centrale décide que les crédits accordés par une banque ne doivent pas croître de plus de 5 %
durant l’année en cours et si cette banque a accordé l’année précédente pour 1 000 de crédit,
cette banque ne pourra accorder plus de 1 050 de crédits durant cette période (1 000 ⋅ 5 % + 1
000).
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transmission de la politique monétaire via le canal des taux d’intérêt se fait davantage par un
changement des taux d’intérêt réels que par les taux nominaux.
Les taux d’intérêt réels se définissent par la relation de Fisher,
r t =i t −Et ( π t +1 )
qui montre que le taux d’intérêt réel r t est égal au taux d’intérêt nominal i t corrigé des
anticipations d’inflation Et ( π t +1 ).
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pour rétablir l’équilibre entre prix et rendements pour des actifs de risques similaires. La
transmission de la hausse des prix d’actifs à l’économie réelle se fait par deux canaux
principaux selon le type d’agents.
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l’autorité à revenir sur l’annonce faite initialement, ce qui peut être perçu par les agents
comme une volonté de les tromper). À la suite de Kydland et Prescott (1977), Barro et
Gordon (1983) se réfèrent aussi à l’utilisation d’une règle « optimale » ou « pré-engagée »,
tandis que la discrétion est considérée comme « incohérente » ou « à courte vue ».
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publics et privés. L’objectif principal des politiques monétaires non conventionnelles est de
faire augmenter le prix des actifs et de favoriser les conditions de financement.
La principale des politiques dites « non conventionnelles » dont les banques centrales des
pays occidentaux ont eu recours à la suite de la crise financière de 2007-2008 est le
quantitative easing (QE) ou assouplissement quantitatif.
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Chapitre 2. Théories monétaires et financières
Les agents non financiers détiennent de la monnaie (appelée « encaisses monétaires ») parce
que celle-ci remplit les fonctions que nous avons étudiées précédemment. Mais poser la
question des motifs de détention de la monnaie, c’est aussi poser la question de la nature de la
monnaie : est-ce un bien comme les autres, que l’on va détenir parce qu’il satisfait un besoin
ou bien est-ce un bien particulier ? Schématiquement, on peut distinguer trois grandes
approches théoriques de la demande de monnaie, l’approche classique puis néoclassique,
l’approche keynésienne et l’approche monétariste.
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1.2. La demande de monnaie de l’école de Cambridge : équation des encaisses de
Cambridge
Une deuxième formulation de la théorie quantitative de la monnaie date de 1917 et émane de
deux économistes anglais : Alfred Marshall et Arthur Cecil Pigou.
Pour Marshall (1922) et Pigou (1917), la demande de monnaie naît de la volonté des
individus de détenir des liquidités leur permettant d’effectuer des transactions. On retrouve
donc toujours l’idée selon laquelle la monnaie est exclusivement transactionnelle. Dans cette
analyse, la demande de monnaie Md est une fonction du PIB en volume Y et du niveau des
prix P ainsi que d’un coefficient k.
Md
Soit Md−k . P . Y ou −k . Y
P
Md
étant défini par Pigou comme les encaisses réelles (représentent les encaisses déflatées du
P
niveau général des prix, c’est-à-dire le pouvoir d’achat de ces encaisses) qui dépendent de Y et du
coefficient k .
Pigou va montrer que si le niveau des prix augmente, les agents vont chercher à maintenir
leurs encaisses réelles afin que leur pouvoir d’achat ne varie pas, la demande de monnaie va
donc s’accroître. Les agents vont ainsi accroître la part de leur revenu qu’ils détiennent en
encaisses monétaires : c’est l’effet d’encaisse réelle ou effet Pigou.
Ces agents rationnels ne sont pas victimes de l’illusion monétaire (comportement qui consiste
à confondre accroissement des encaisses monétaires et accroissement du pouvoir d’achat.
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(1) Mt=Mt(Y) avec la dérivée première positive. Cette demande de monnaie transactionnelle
est totalement indépendante du taux d’intérêt.
2.2. La demande de monnaie spéculative
À la demande de monnaie transactionnelle, Keynes ajoute une seconde composante qui est
indépendante du revenu, mais reliée au taux d’intérêt : la demande de monnaie spéculative. Le
motif de spéculation donne à la monnaie un rôle de réserve de valeur. Il résulte de la
possibilité pour un spéculateur de conserver une partie de ses avoirs financiers sous forme
liquide pour bénéficier au mieux des fluctuations du marché des titres. Ce motif de
spéculation conduit à une relation décroissante entre la demande de monnaie spéculative et le
taux d’intérêt. Cette relation tient au fait que le taux d’intérêt et le cours des titres à revenu
fixe varient en sens inverse.
La demande de monnaie spéculative (Ms) est ainsi une fonction décroissante du taux d’intérêt
: (2) Ms=Ms (i) avec la dérivée première négative.
Keynes souligne cependant deux particularités à cette fonction :
– il existe un taux d’intérêt maximum (i
- Il existe un taux d’intérêt maximum (imax) au-delà duquel la demande de monnaie
spéculative est nulle. Le taux d’intérêt est tellement élevé que tous les agents
économiques sont persuadés qu’il ne peut que baisser. Chacun d’eux anticipe une
hausse du cours des titres et échange la totalité de ses encaisses spéculatives contre des
titres. La préférence pour la liquidité est nulle, alors que celle pour les titres est totale ;
– il existe un taux d’intérêt minimum (i
- Il existe un taux d’intérêt minimum (imin) en deçà duquel la demande de monnaie
spéculative est infinie. Le taux d’intérêt est tellement bas que tous les agents sont
persuadés qu’il ne peut que monter. Chacun d’eux anticipe une baisse du cours des
titres et échange la totalité de ses titres contre des encaisses spéculatives. La
préférence pour la liquidité est totale, alors que celle pour les titres est nulle. Keynes
appelle cette situation extrême la trappe à liquidité.
La demande globale de monnaie est la somme de la demande de monnaie transactionnelle et
de la demande de monnaie spéculative. Elle est exprimée en termes réels. On parle de
demande d’encaisses réelles (MD): (3) MD=Mt + Ms
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4. La monnaie selon l’approche des « nouveaux classiques » : les anticipations
rationnelles
La neutralité de la monnaie sera reprise par les économistes de la nouvelle
macroéconomie classique, qui fonderont la théorie du cycle réel ( Real Business Cycle ou
RBC) dans laquelle les agents sont rationnels et les fluctuations économiques ne sont que
le résultat de leur réaction à des chocs de productivité exogènes. L’introduction
d’anticipations rationnelles a modifié l’hypothèse de neutralité de la monnaie à long terme.
En effet, sous anticipations rationnelles, les agents sont capables d’anticiper parfaitement les
effets de la politique monétaire sur l’économie. Lucas (1972) propose un modèle avec
anticipations rationnelles dans lequel les cycles découlent de réponses rationnelles des agents
à des chocs monétaires non anticipés.
1. La liquidation des dettes conduit à des ventes en catastrophe pour obtenir rapidement
des liquidités.
2. La liquidation des dettes entraîne aussi une contraction des dépôts (les prêts étant
remboursés) et une baisse de la vitesse de circulation de la monnaie.
3. Les ventes en catastrophe et la contraction des dépôts et de leur vitesse de circulation
amène à la déflation (chute du niveau général des prix).
4. La déflation entraîne une chute importante de la valeur nette des entreprises, entraînant
des faillites.
5. La déflation entraîne aussi une chute des profits.
6. Les entreprises qui font des pertes procèdent à des réductions de production,
d’échanges et d’emplois, créant une baisse de la croissance et une hausse du chômage.
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7. La hausse des faillites et du chômage ébranle la confiance et augmente le pessimisme
des agents économiques.
8. Ce pessimisme amène une augmentation de l’épargne (thésaurisation) et une baisse
supplémentaire de la vitesse de circulation de la monnaie. Le secteur bancaire se
trouve alors en danger (panique bancaire), les banques vendant leurs actifs et réduisant
les prêts pour se protéger.
9. Les huit étapes précédentes amènent une baisse des taux d’intérêt nominaux et une
hausse des taux d’intérêt réels.
Comme expliqué par Fisher, l’ordre chronologique observé dans la réalité peut différer de cet
ordre « logique » en fonction des circonstances et des pays. De plus, il mentionne qu’une
représentation linéaire des enchaînements est « inadéquate » et avance qu’il serait plus facile
de les représenter sous la forme d’un « réseau interactif dans lequel chaque facteur peut être
représenté comme influençant et étant influencé par tout ou partie des autres facteurs ».
Enfin, Fisher explique que si l’on exclut la première et la dernière étape de sa liste
« logique », toutes les évolutions de variables sont dues à la déflation. Ainsi, lorsque le
surendettement n’entraîne pas de chute des prix, alors le cycle sera beaucoup moins sévère.
De même, si la déflation est liée à d’autres facteurs que le surendettement, les conséquences
sont également moins graves. C’est bien la combinaison des deux « maladies »
(surendettement et déflation), ainsi que leurs interactions, qui causent les dépressions les plus
sévères.
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encourager ainsi l’investissement. Par l’effet d’accélérateur, l’augmentation de
l’investissement va stimuler l’activité économique.
Dans l’article sur la « finance », Keynes ajoute aux trois motifs de demande de monnaie
(transaction, précaution et spéculation), un nouveau, le motif de finance, qu’il définit de la
manière suivante : « Pendant la période de transition – et pendant cette période seulement –
entre la date où l’entrepreneur met en place son financement et la date où il investit
réellement, il y a une demande additionnelle de liquidités sans qu’aucune offre additionnelle
ne survienne nécessairement » (Keynes, 1937, p. 218).
Dans ce cas, les projets d’investissement nécessitent l’intervention de la finance via le crédit,
qui entraîne une augmentation de la demande de monnaie et ainsi du taux d’intérêt. La
« finance » joue alors le rôle d’un mécanisme d’avance monétaire, offert par les banques entre
la planification et l’exécution d’un projet d’investissement, et conforme au modèle de
l’économie monétaire de production.
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faible risque et d’actifs dont le niveau de risque est plus élevé. Dans l’exposé de sa théorie,
Tobin ne considère que deux classes d’actifs, la monnaie et les obligations.
La fonction de demande de monnaie peut donc s’écrire :
Les entreprises seront incitées à investir lorsque q > 1, puisqu’il sera relativement bon marché
pour les entreprises de remplacer leur capital (par exemple en faisant une augmentation de
capital pour obtenir des fonds supplémentaires). Le niveau d’équilibre de l’investissement
sera atteint lorsque q =1.
Au niveau de l’économie, en additionnant toutes les variables q des entreprises, on obtient la
valeur Q agrégée. Si la valeur des actions sur les marchés augmente, la variable Q va
augmenter aussi, ce qui signifie qu’il est relativement bon marché pour les entreprises
d’investir. Ceci amène à une croissance de l’investissement agrégé qui a un impact positif sur
la croissance.
La contribution de Tobin à la macroéconomie financière se résume ainsi au rôle important
joué par les marchés financiers comme source d’information et comme mécanisme
d’allocation de l’épargne et de l’investissement dans une économie.
5.4. L’hypothèse d’instabilité financière de Minsky
Hyman Minsky (1982) offre une interprétation de la Théorie générale de Keynes à travers son
hypothèse d’instabilité financière. Le point de départ de son apport se réfère à l’argument de
Keynes selon lequel l’économie se caractérise non seulement par un chômage persistant mais
aussi par une instabilité persistante. Cette instabilité est systématique et non le fruit de chocs
exogènes aléatoires. Elle est liée aux forces déséquilibrantes des marchés financiers qui
affectent principalement la valorisation des actifs par rapport au coût de l’investissement.
Lorsque les anticipations pour le futur sont optimistes, le prix des actions augmente, ce qui
rend possible l’accès à la finance pour les agents à besoin de financement. En d’autres termes,
26
le prix des actions, en tant que somme actualisée des profits futurs, joue le rôle de collatéral
contre lequel des entreprises peuvent emprunter sur les marchés financiers ou auprès des
banques. Cependant, la valorisation des actions se base sur des éléments incertains et est donc
très sensible au degré de confiance des marchés quant au futur de l’économie. Ainsi, lorsque
les marchés estiment que la performance économique réalisée est moindre que celle anticipée
dans les cours d’actions, les cours d’actions sont perçus comme surévalués et les marchés
financiers qui étaient jusque-là un stimulant se mettent à freiner l’économie. Initialement tirée
par la dette, l’économie devient accablée par son endettement excessif.
L’hypothèse de Minsky met en avant trois types d’emprunteurs (et donc trois types de
financement) dans leur relation entre endettement et revenus :
Le système financier va générer des cycles économiques en alternant des phases de stabilité,
dans lesquelles le financement couvert est dominant, et des phases d’instabilité, caractérisée
par des financements spéculatifs ou de Ponzi. De ce constat découle le premier théorème de
l’hypothèse d’instabilité financière.
27
Chapitre 3. Crises bancaires et bulles de prix d’actifs
( pt +1 +d t +1 )
r t +1= −1
p t+ 1
28
pt +1=E t
[ pt +1 +d t +1
1+r t +1 ]
L’on est en présence d’une équation différentielle où le prix d’une action dépend du prix futur
anticipé. Cette équation admet une infinité de solution.
En effet, en supposant pour simplifier que Et [ r t+ 1 ] =r . On peut résoudre l’équation
différentielle par substitutions itératives et obtenir :
[ ] [ ]
T −t
1 1
pt =Et ∑ τ
+ Et p
T −t T
τ=1 ( 1+r ) ( 1+r )
Le prix de l’action à la période t est donc la somme actualisée des dividendes futurs plus la
valeur actualisée de la valeur de l’action à la période T.
Le prix correspondra à la somme actualisée des dividendes futurs, que l’on appelle aussi la
[
valeur fondamentale ν t, si lim E t
T→∞
1
(1+ r )T−t
p T =0
]
1.3. Bulles avec asymétries d’information
En présence d’asymétrie d’information, une condition pour qu’une bulle existe est qu’elle ne
soit pas connue de tous (Brunnermeier, 2001). Ainsi, des bulles peuvent apparaître parce que
les investisseurs ne connaissent pas les croyances des autres investisseurs (absence de
connaissance commune). S’il était au contraire communément connu que l’économie se
trouve initialement à un optimum de Pareto, alors des bulles rationnelles ne pourraient pas se
former car tout le monde saurait qu’il n’y a aucun gain à l’échange et l’acheteur d’un actif
surévalué saurait que le vendeur rationnel ferait un gain à ses dépens (Tirole, 1982). Si, au
contraire, il n’est pas communément connu que l’on se trouve à l’équilibre (asymétrie
d’information), alors même si tous les investisseurs croient que la valeur d’un actif est
supérieure à sa valeur fondamentale, ils peuvent tous croire rationnellement qu’ils pourront la
revendre à quelqu’un d’autre à un prix plus élevé.
29
alors que les pessimistes ne peuvent pas rééquilibrer le marché puisqu’ils sont contraints par
les ventes à découvert.
30
grande mesure sur les marchés de financement de gros (« wholesale funding markets ») et
sous forme de prêts garantis (« securitized lending ») et de pensions livrées (« repo markets
»). Outre la liquidité obtenue par les dépôts, une banque peut en effet générer de la liquidité
en allant sur un marché financier et vendre des actifs à des acheteurs en échange de liquidités
ou via le marché interbancaire. Dans les pays avancés, le marché interbancaire est la source la
plus importante de liquidités, échangées entre banques seulement. La banque peut enfin
obtenir de la liquidité auprès de la banque centrale.
Le risque de financement dépend donc de la disponibilité des quatre sources de financement
d’une banque (dépôts, marché interbancaire, marché d’actifs, banque centrale).
L’illiquidité d’une banque, liée à un choc idiosyncratique, peut se généraliser à l’ensemble du
système bancaire lors d’une crise via deux canaux de transmission :
- Le marché interbancaire
- Les marchés des capitaux
4. Facteurs déclenchant les crises financières, dynamiques des crises et impact sur
l’économie réelle
Les éléments théoriques vus précédemment sont typiques des crises financières et bancaires
des pays avancés. Il existe en effet de nombreuses similarités entre les différentes crises
financières au niveau des facteurs à la base de leur déclenchement et des mécanismes de
propagation. Mishkin (2018) en recense quatre grands types.
Les études empiriques montrent que les récessions liées à une crise financière sont plus
sévères que les récessions normales et que plus le crédit contribue à la phase ascendante du
cycle, plus la récession qui s’en suivra sera sévère et la reprise plus lente. De plus, lorsque les
bulles de prix d’actifs sont alimentées par un boom de crédit, les risques de crises
financières sont plus forts et lorsqu’elles éclatent, elles tendent à être suivies par des
récessions plus profondes et des reprises plus lentes.
32
Chapitre 4. Crises financières internationales, Stabilité financière
et politique économique
Certaines crises financières ont une dimension internationale, impliquant des mouvements
brutaux de capitaux et des fluctuations importantes des taux de changes. Elles sont souvent
associées à des crises bancaires ainsi que des pressions sur les dettes souveraines. Ces crises
financières internationales concernent principalement les pays émergents, notamment ceux
qui font face à une libéralisation financière mal gérée. Ces crises peuvent ensuite s’étendre à
d’autres pays émergents via des phénomènes de contagion financière.
Les causes des crises internationales peuvent être diverses. Elles dépendent des motifs du
retrait des flux de capitaux. Ces sorties de capitaux peuvent être liées à quatre causes majeures
(Lorenzoni, 2015) :
- Des mauvais fondamentaux économiques (mauvaises nouvelles sur les prévisions de
croissance future) ;
- Des inquiétudes sur les politiques monétaire et budgétaire à venir ;
- Des doutes sur la capacité des agents du pays en crise à rembourser des dettes
accumulées dans le passé ;
- Une aversion généralisée pour le risque et une fuite vers des valeurs sûres (« flight to
safety ») sur les marchés internationaux des capitaux.
Comme les crises financières vues dans le chapitre précédent, les crises financières
internationales sont également associées le plus souvent à des problèmes domestiques liés au
secteur bancaire. La crise de change et de balance des paiements se couple ainsi très souvent
à une crise bancaire. On parlera alors de crise jumelle (« twin crisis »). Les liens entre dette
publique et système bancaire, lorsque les déséquilibres budgétaires deviennent sévères,
peuvent entraîner également une crise de la dette souveraine (« sovereign debt crisis »). On
parle alors de crise triple (« triplet crisis »).
33
une dévaluation (en change fixe) de la monnaie du pays en crise. Avec les crises au Mexique
et en Asie au cours des années 1990, les crises jumelles (crise bancaire et crise de change)
sont devenues plus courantes. Ainsi, Dornbusch (2002) parle de « old style crises » pour
qualifier les crises de change liées aux déséquilibres extérieurs insoutenables et les distingue
des « new style balance sheet crises » qui sont davantage liées aux fragilités du système
bancaire des pays en crise. Eichengreen et al. (1995) distinguent ainsi plusieurs générations de
modèles de crises. Aux théories des crises de change de la première génération (Krugman,
1979) et de la deuxième génération (Obstfeld, 1994), se sont succédées les théories de la
troisième génération intégrant le rôle des flux de capitaux et les fragilités du secteur bancaire
(Kaminsky et Reinhart, 1999).
Krugman (1979) développe un modèle de crise de change dans lequel l’abandon d’un taux de
change fixe résulte d’une politique budgétaire insoutenable. Dans la version proposée par
Flood et Garber (1984), ce modèle combine une condition d’équilibre sur le marché de la
monnaie (1) et la parité non-couverte des taux de change (2).
M
=a0−a1 i , a1 >0 (1)
P
¿ Ṡ
i=i + (2)
S
Dans l’équation (1), M est l’offre de monnaie qui se compose de deux éléments : le crédit
domestique, C , et les réserves officielles, R , c’est-à-dire, M =C + R. P est le niveau de prix
¿
domestique, i et i sont respectivement le taux d’intérêt nominal domestique et étranger (avec
¿
i supposé constant). S est le taux de change coté à l’incertain et Ṡ est la variation du taux de
change. Le modèle suppose aussi la vérification de la parité des pouvoirs d’achat est la
variation du taux de change. Le modèle suppose aussi la vérification de la parité des pouvoirs
¿ ¿
d’achat (« Purchasing Power Parity »), c’est-à-dire P=P S , avec P le niveau de prix
étranger, supposé constant. Enfin, l’économie est supposée suivre des politiques monétaire et
budgétaire insoutenables (mauvais fondamentaux) sous forme d’expansion du crédit
domestique par la banque centrale (à un taux de croissance µ), afin de financer les dépenses.
¿
En régime de changes fixes, S=S et Ṡ=0 . De l’équation (2) on en déduit que i=i
et que P est constant (en raison de la PPA). L’équation (1), dans ce cas, implique que la
quantité de monnaie M est constante. Comme le crédit domestique croît de manière continue
au taux µ, le fait que M soit constante implique une réduction des réserves de change
équivalente à la croissance du crédit.
Le processus se termine par une perte discrète des réserves de change lors d’une attaque
spéculative anticipée et qui, à l’équilibre, annule toute opportunité de profit. Lors de l’attaque
spéculative, qui intervient au temps T, les réserves de change sont épuisées et M =C . Le taux
~
de change flotte et prend pour valeur S de sorte que :
C~
¿ S=a0 −a1 ¿)
P
34
~
Le taux de change post crise S est aussi appelé taux de change virtuel ( « shadow exchange
rate »). En simplifiant les expressions ci-dessus, on peut voir que le taux de change virtuel est
une fonction du crédit domestique :
~
S=α 0+ α 1 C
*
¿
μ a1 P 1
Avec α 0= et α 1= ¿ ¿
( P ( a0−a1 i ) )
¿ ¿ 2
P ( a 0−a1 i )
Le taux de change virtuel ne dépend pas des réserves car celles-ci sont supposées avoir atteint
leur limite nulle en régime flottant.
~
Tant que S> S , le régime de change fixe est soutenable car les spéculateurs qui achèteraient la
~
devise au taux S pour la revendre au taux de marché S feraient des pertes.
~
Pour faire des gains, les spéculateurs doivent donc attendre que S<¿ S . Cependant, en raison
de la concurrence entre spéculateurs, l’attaque spéculative va intervenir au temps T où il n’y a
~
ni gain ni perte, c’est-à-dire lorsque S=¿ S
!
Les modèles de la première génération ont assez bien décrit les crises de change des pays
d’Amérique latine dans les années 1980, au cours desquelles une augmenta tion du
crédit domestique s’est accompagnée d’une baisse symétrique des réserves de changes de
sorte à maintenir le taux de change fixe et l’offre de monnaie constante.
Ainsi, des politiques budgétaires et monétaires non soutenables et incohérentes font l’objet de
corrections par les forces de marché. Dans ces conditions, les modèles de la première
génération prédisent que le régime de change fixe doit inévitablement prendre fin.
Dans le modèle d’Obstfeld (1996), les autorités évaluent les coûts et les bénéfices de défendre
la parité de change et sont prêtes à l’abandonner si les coûts sont supérieurs aux bénéfices.
Dans les modèles de ce type, les doutes sur la capacité des autorités de maintenir la parité de
change peuvent amener à l’existence d’équilibres multiples et une attaque spéculative peut
réussir même si les politiques économiques ne sont pas incohérentes vis-à-vis du régime de
change. L’attaque réussit en validant les croyances initiales des investisseurs. La crise de
change n’est pas causée par une détérioration des fondamentaux mais par un mécanisme auto-
entretenu. On dit que les attaques spéculatives sont auto-réalisatrices.
La contribution d’Obstfeld (1996) se présente sous forme de théorie des jeux. Le jeu inclut
trois agents : deux investisseurs dans la monnaie domestique et une autorité de politique
35
économique. Les investisseurs (traders) ont le choix soit de vendre la monnaie (attaque
spéculative) soit de la garder dans leur portefeuille (pas d’attaque). L’autorité de politique
économique possède R réserves de change pour défendre la parité-cible.
Chaque trader dispose de six unités de monnaie domestique qui peuvent être vendues contre
les réserves de change. Lors de la vente (et ainsi une prise de position contre l’autorité), le
trader doit payer un coût de transaction de 1 (supposé constant quel que soit le montant
vendu). Dans le cas où l’autorité abandonne la parité de change, la monnaie domestique est
dévaluée de 50 %. Dans ce cas, les traders obtiennent ainsi la moitié de chaque unité détenue.
Nous allons voir trois cas selon le niveau des réserves de change. Dans le cas 1, l’autorité
détient 20 unités en réserves, de sorte que même si les deux traders vendent leurs 6 unités de
monnaie domestique, le niveau de réserves reste suffisant pour maintenir le taux de change à
sa parité-cible (R = 8 si les deux traders vendent en même temps).
Dans ce cas, le trader qui a spéculé contre la monnaie (attaque) reçoit un rendement négatif de
− 1 et celui qui ne vend pas fait un gain nul. La spéculation est une stratégie dominée et le
seul équilibre de Nash est celui du coin nord-est du tableau, à savoir le maintien du taux de
change à sa parité fixe. Dans le cas 2, les réserves sont faibles (R = 6), ce qui signifie que
chaque trader peut à lui seul forcer l’autorité à abandonner la parité fixe (dévaluation de 50
%). Le trader qui a vendu ses 6 unités de monnaie domestique fait un gain en capital de 3 (en
termes de monnaie domestique) et un gain net de 2 après avoir payé les coûts de transaction
de 1. Si les deux traders attaquent en même temps, chacun ne reçoit que la moitié des réserves
(3/2), ce qui après le paiement du coût de transaction, équivaut à un gain net de 1/2 (3/2 − 1).
Ne pas vendre est une stratégie dominée et le seul équilibre de Nash est le coin sud-est,
impliquant la dévaluation de la monnaie.
Enfin, le cas intermédiaire est le plus intéressant (R = 10) car seule une attaque jointe pourra
obliger l’autorité à abandonner la parité fixe. En effet, un trader à lui seul ne peut pas réussir
l’attaque spéculative et l’attaque échouée a un coût (−1), l’autre ne participant pas à l’attaque
reste à 0. Au contraire, si les deux attaquent, alors l’autorité n’a pas suffisamment de réserves
et chacun récupèrent 5/2 − 1 =3/2. Dans ce cas, il existe deux équilibres de Nash. Dans le
premier, au coin sud-est, les deux traders attaquent et la monnaie est dévaluée. Mais si aucun
des deux traders ne croient que l’autre va attaquer, alors le coin nord-est est également un
équilibre de Nash dans lequel la parité fixe est maintenue. Dans ce type de modèle à
équilibres multiples, l’équilibre qui mène à l’attaque spéculative est auto-réalisateur car la
monnaie n’est dévaluée qu’en cas d’attaque ; sans attaque, le taux de change fixe demeure et
ce, quels que soient les fondamentaux de l’économie. L’état des fondamentaux est néanmoins
important (ici des réserves de changes au niveau intermédiaire) pour rendre l’attaque possible,
mais ce n’est en aucun cas une nécessité économique.
En résumé, le niveau des fondamentaux peut se situer dans trois zones différentes :
– une zone sûre avec des fondamentaux solides pour lesquels aucune attaque
spéculative ne peut réussir quelles que soient les croyances ;
– une zone de crise avec des fondamentaux faibles pour lesquels une attaque
intervient dans tous les cas ;
– une zone intermédiaire où les fondamentaux ne sont ni assez forts pour rendre
une attaque impossible ni assez faibles pour la rendre inévitable. Dans ce cas,
une attaque peut être auto-réalisatrice, dépendant de la coordination des
spéculateurs sur l’équilibre d’attaque spéculative.
Dans les modèles de la deuxième génération, les politiques mises en place pour défendre la
parité, comme augmenter les taux d’intérêt domestiques, peuvent aussi compromettre les
objectifs macroéconomiques. Ainsi, dans ces modèles, une attaque spéculative a davantage de
chance de réussir si une hausse des taux d’intérêt détériore un peu plus les situations
domestiques déjà critiques en termes d’emploi ou de conditions financières.
Dans les modèles de la deuxième génération, les crises deviennent imprévisibles lorsque
l’économie se trouve dans la zone intermédiaire, c’est-à-dire si les fondamentaux sont
vulnérables à une hausse des taux d’intérêt nominaux, notamment en termes de chômage, de
dette publique ou de santé du système bancaire par exemple. Le gouvernement doit donc
arbitrer entre sa préférence de défendre sa parité-cible de change à court terme et ses objectifs
macroéconomiques à plus long terme. Les anticipations des agents ne dépendent donc pas
forcément de l’état des fondamentaux à court terme mais de la façon dont ceux-ci risquent de
se détériorer dans le futur si les autorités maintiennent leur engagement en termes de taux de
change à court terme et dont le coût (augmentation des taux d’intérêt nominaux) risque de
mettre en danger les objectifs macroéconomiques des autorités.
37
Cette baisse de profits fait baisser leur capacité d’emprunt en présence de contraintes de
crédit. La baisse du crédit se répercute en baisse de l’investissement et de la production, ce
qui réduit la demande pour la monnaie domestique et enclenche une crise de change. D’autres
modèles mettent l’accent sur le rôle de la libéralisation financière et des garanties publiques
de dettes privées dans l’émergence de crises, en raison d’une augmentation de l’aléa de
moralité et de l’insoutenabilité des finances publiques.
Pour McKinnon et Pill (1997), la libéralisation financière, associée à la mise en place d’un
système d’assurance des dépôts, incite les banques à alimenter un boom de crédit (via la
hausse des prêts domestiques et étrangers), ce qui peut déboucher sur une crise bancaire et
une crise de change. Burnside et al. (2004) montrent que les garanties publiques au système
bancaire incitent les banques à contracter des emprunts vis-à-vis du reste du monde, les
mettant dans une situation de vulnérabilité face à une attaque spéculative. La fragilité du
secteur bancaire rend la tâche de défense de la parité de change, via des hausses de taux
d’intérêt domestiques, encore plus difficile et peut ainsi entraîner un effondrement de la
monnaie domestique.
Enfin, Chang et Velasco (2001) mettent le lien entre fragilités du système bancaire et risque
d’illiquidité internationale au cœur des crises de change. Dans un modèle de ruée bancaire à la
Diamond et Dybvig (1983), ils montrent qu’une panique bancaire des déposants domestiques
peut interagir avec une panique des créanciers étrangers. La nature de cette interaction dépend
de la structure de la dette internationale et du degré d’engagement des banques à rembourser
leurs créances vis-à-vis du reste du monde.
38
Les chocs communs : des chocs affectant tous les pays, comme des variations de taux
d’intérêt (ou de change) dans un grand pays avancé, des variations de prix de matières
premières et une réduction de la croissance mondiale, peuvent entraîner des sorties de
capitaux des pays émergents et engendrer des crises financières. Ces chocs communs
se traduisent par une hausse des co-mouvements des prix d’actifs et des flux de
capitaux.
Les relations commerciales : une crise dans un pays entraîne une réduction de ses
revenus et donc de sa demande en importation. Cette baisse des importations affecte
les exportations de ses partenaires commerciaux via des relations commerciales
directes. Pour des économies ouvertes, cette baisse des exportations altère leurs
fondamentaux et peut ainsi générer une crise également dans leurs pays. Outre ces
effets via les exportations, les crises financières peuvent aussi entraîner une
dévaluation de la monnaie du pays en crise, ce qui détériore la compétitivité des autres
économies. Cet effet des « dévaluations compétitives » peut à son tour forcer les autres
pays à dévaluer leur monnaie. Ces interactions peuvent entraîner des mouvements de
taux de change plus importants que nécessaire.
Les relations financières : une crise dans un pays peut réduire sa capacité à fournir des
prêts bancaires ou des investissements à un autre pays. La réduction des flux de
capitaux vers les autres pays peut, lorsqu’ils sont dépendants des financements
externes, entraîner une hausse de leurs coûts de financement et exercer des pressions
sur leur taux de change (dépréciation). Les banques et autres intermédiaires financiers jouent
un rôle central dans ce type de contagion, à la fois au sein du pays en crise mais aussi
vers d’autres pays. Au niveau international, si des banques font face à une
détérioration de la qualité des prêts dans un pays, elles peuvent être amenées à réduire
le risque total de leurs portefeuilles de prêts en réduisant leur exposition à d’autres
investissements à haut risque, notamment dans les pays émergents. Elles peuvent le
faire pour restaurer les exigences réglementaires en termes d’adéquation des fonds
propres ou en réponse à des ajustements d’exposition suggérés par des modèles VaR
(« value at risk »). De plus, le rôle des banques dans la contagion peut être aggravé par
les liens qui peuvent exister entre le système bancaire et le financement de la dette
publique. Un choc sur le système bancaire d’un pays peut ainsi entraîner des
phénomènes de contagion directement via les prêts bancaires, mais aussi indirectement
via les risques que cela pose à la solvabilité du pays.
39
des problèmes similaires et les inciter à vendre des actifs de ces pays-là. Les
problèmes d’asymétrie d’information peuvent aussi donner lieu à des
comportements moutonniers («herding behaviour»). En effet, les investisseurs
non-informés vont trouver avantageuses les stratégies visant à suivre les tendances en
matière d’investissement des investisseurs mieux informés. Ces comportements ont
plus de chance d’apparaître lorsque les investisseurs (gestions de fonds notamment)
sont évalués en fonction de la performance relative de leurs portefeuilles par rapport à
un indice.
Réévaluation des risques (« wake-up call ») : une crise dans un pays peut inciter les
investisseurs à rechercher des faiblesses ou des politiques similaires dans d’autres
pays. Par exemple, une crise de change dans un pays peut amener les investisseurs à
réévaluer leur exposition au risque dans d’autres pays qui ont un taux d’inflation
similaires ou des déficits de compte courant comparables, causant un phénomène de
contagion parmi plusieurs pays similaires en même temps. Cette réévaluation des
risques (appelée « wake up call ») peut intervenir parce que les investisseurs ignorent
initialement certains types de vulnérabilités ou parce que certains fondamentaux ne
deviennent problématiques que pendant des périodes de crises, générant ainsi des
équilibres multiples.
Ouverture financière
Indépendance de la politique monétaire
40
Stabilité des taux de change
41
et ceux de la monnaie de référence va entraîner des afflux de capitaux pour bénéficier du
différentiel de rendements transfrontaliers. Cet afflux va avoir tendance à annuler la hausse
initiale des taux d’intérêt. Dans ce contexte, le régime de change fixe va exporter la politique
monétaire du pays de la monnaie de référence vers le pays qui ancre sa monnaie sur cette
référence.
4. Réglementation financière
4.1. Réglementation des systèmes bancaires : les accords de Bâle
4.1.1. Le but de la réglementation
Le but de la réglementation bancaire est de s’assurer qu’une banque détient suffisamment de
capital par rapport aux risques qu’elle prend. Même s’il est illusoire d’éliminer le risque
qu’une banque fasse faillite, les autorités de politique économique souhaitent que la
probabilité de défaut soit aussi faible que possible. En maintenant un risque de défaut d’un
établissement financier faible, les autorités contribuent à créer un environnement économique
stable dans lequel les agents économiques peuvent maintenir leur confiance dans le système
bancaire.
L’inquiétude principale des autorités de politique économique est que la faillite d’un
établissement bancaire entraîne la faillite d’autres banques, menant in fine à l’effondrement du
système financier. Il existe en effet de nombreux liens entre les différentes banques à travers
des transactions interbancaires. Ces liens sont soit directs, via des expositions bilatérales entre
deux banques, soit indirects, via des expositions à une troisième banque. La faillite d’une
banque entraîne des pertes sur les expositions des autres banques, créant des difficultés
financières pouvant déclencher une succession de faillites. Le système financier a jusqu’à
présent survécu aux faillites de grands établissements bancaires, tels Drexel en 1990, Barings
en 1995 ou Lehman Brothers en 2008, mais les régulateurs restent inquiets vis-à-vis du risque
systémique. Lors de la crise financière mondiale de 2007-2008, de nombreux établissements
financiers ont été sauvés plutôt que d’être autorisés à faire faillite. Ceci provient en grande
partie de la crainte des gouvernements des effets catastrophiques qu’une série de faillites
bancaires aurait pu entraîner. En revanche, le sauvetage des grandes institutions financières
risque aussi d’envoyer des signaux négatifs aux marchés financiers. Il existe en effet le danger
que les grandes institutions financières soient moins vigilantes dans la gestion des risques en
raison de leur taille. En étant « trop grande pour faire faillite » (« too big to fail »), elles
peuvent être amenées à prendre davantage de risques car elles savent que le gouvernement les
sauvera toujours. La réglementation bancaire vise à inciter les banques à gérer correctement
les risques pris sans mettre en danger l’ensemble du système financier.
4.1.2. Bâle I
4.1.3. Bâle II
4.1.4. Bâle III
42
financier. Au Sommet de Londres en 2009, le G20 a défini quatre objectifs principaux à
mettre en œuvre sous l’égide du Comité de stabilité financière (Financial Stability Board –
FSB) :
1. Rendre les institutions financières plus résilientes (BâleIII – voir plus haut).
2. Mettre fin au problème du too big to fail en traitant les risques propres aux institutions
1. Rendre les institutions financières plus résilientes (Bâle III – voir plus haut).
2. Mettre fin au problème du too big to fail en traitant les risques propres aux institutions
systémiques (appelées en anglais « systematically important financial institutions » ou SIFIs)
3.Sécuriser les marchés de dérivés de gré à gré (over the counter ou OTC).
4. Transformer le financement parallèle de marché ou shadow banking en financement sain.
3. Sécuriser les marchés de dérivés de gré à gré (over the counter ou OTC).
4. Transformerlefinancementparallèledemarchéou shadow banking enfinancementsain.
3. Sécuriser les marchés de dérivés de gré à gré (over the counter ou OTC).
4. Transformerlefinancementparallèledemarchéou shadow banking enfinancementsain.
3. Sécuriser les marchés de dérivés de gré à gré (over the counter ou OTC).
4. Transformerlefinancementparallèledemarchéou shadow banking enfinancementsain.
3. Sécuriser les marchés de dérivés de gré à gré (over the counter ou OTC).
4. Transformerlefinancementparallèledemarchéou shadow banking enfinancementsain.
3. Sécuriser les marchés de dérivés de gré à gré (over the counter ou OTC).
4. Transformerlefinancementparallèledemarchéou shadow banking enfinancementsain.
3. Sécuriser les marchés de dérivés de gré à gré (over the counter ou OTC).
4. Transformerlefinancementparallèledemarchéou shadow banking enfinancementsain.
3. Sécuriser les marchés de dérivés de gré à gré (over the counter ou OTC).
4. Transformerlefinancementparallèledemarchéou shadow banking enfinancementsain.
Au niveau du traitement des risques des SIFIs (too big to fail), des exigences supplémentaires
ont été faites :
- Exigences de fonds propres supérieures : les banques systémiquement importantes au
niveau mondial (G-SIBs ou «Globally systematically Important Banks ») doivent
détenir des fonds propres supplémentaires à la demande des régulateurs nationaux
(jusqu’à 3,5% des fonds propres). La liste des banques globalement systémiques est
publiée sur le site du FSB.
- Exigences de fonds propres supplémentaires pour les banques domestiques
systémiques (O - S I I s o u « Other Systematically Important Institutions ») :
le but est similaire à celui des exigences supplémentaires demandées aux G-SIBs, mais
concernent, à la discrétion de l’autorité nationale, les banques qui sont importantes
pour le fonctionnement de l’économie domestique.
- Coussin pour risque systémique (SRB ou « Systemic Risk Buffer ») : le coussin de
risque systémique ne vise pas des institutions individuelles mais soit toutes ou un
groupe d’institutions afin de réduire le risque systémique. Généralement, les banques
doivent seulement satisfaire l’un des trois coussins (SRB, coussin pour les G-SIBs ou
O-SIIs).
- Des exigences en matière d’absorption des pertes (TLAC ou « Total Loss
Absorption Capacity ») : les banques doivent constituer des ressources
supplémentaires qui peuvent être mobilisées en cas de recapitalisation d’un
établissement bancaire systémique. Ce dispositif a pour but de mettre en place la
résolution d’un établissement bancaire sans menacer la stabilité financière ni
exposer les contribuables aux pertes. Dans le cadre de la Directive européenne
sur la résolution et le redressement (BRRD), l’Union européenne a défini un
mécanisme similaire, appelé MREL (« Minimum requirement for own funds and
43
eligible liabilities »). TLAC et MREL sont des éléments de passifs des banques
qui peuvent être convertis en CET1 lors de la résolution d’un établissement
bancaire.
Au-delà des exigences réglementaires, des fonds propres additionnels spécifiques à chaque
banque peuvent être exigés de la part du superviseur sous le Pilier 2. Les banques elles-
mêmes peuvent décider d’avoir un niveau de fonds propres supérieurs à celui exigé par la
réglementation (coussin volontaire).
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Solvency II considère également les risques d’investissement et les risques opérationnels.
La structure de Solvency II ressemble dans une large mesure à celle de Bâle II.
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vulnérabilités liées aux asymétries de maturités ou de devises (« maturity and foreign
currency mismatches »). Pour évaluer les dimensions transversales et structurelles des risques
au sein du système financier, il est nécessaire de contrôler les risques liés aux relations
existantes entre les intermédiaires systémiques et évaluer l’impact qu’un défaut de l’une de
ces institutions pourrait avoir sur l’ensemble du système.
Les autorités macroprudentielles disposent d’un grand nombre d’outils quantitatifs pour
mesurer les risques d’instabilité financière et la résilience du système financier en cas de
matérialisation de ces risques. On peut distinguer les indicateurs qui mesurent le niveau de
risque systémique de ceux qui sont plus prospectifs, ayant pour but une évaluation de la
probabilité de crise (système d’alerte précoce). Pour mesurer la résilience du système
financier, les tests de résistance macroprudentiels sont les outils qui font actuellement l’objet
de développements au sein des institutions en charge de la politique macroprudentielle.
Ces indicateurs mesurent l’ampleur des contributions des banques au risque total du système
financier et identifient celles à considérer comme systémiques. Ces approches demeurent ainsi
microéconomiques dans la mesure où elles se concentrent sur le rôle des institutions
financières significatives prises de manière individuelle dans le risque systémique total.
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capture des symptômes de stress financiers, tels que l’incertitude des investisseurs, leurs
désaccords, les asymétries d’information ou les effets de fuite vers la qualité ou vers la
liquidité.
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La dimension dynamique des bilans bancaires : contrairement aux tests de résistance
microprudentiels qui supposent que les bilans bancaires restent statiques sur l’horizon
de prévision, les tests de résistance macroprudentiels prennent en compte la réaction
des banques qui peut passer en cas de stress par un désendettement, une augmentation
de capital ou une gestion des prêts non-performants.
L’interaction avec l’économie réelle : les tests de résistance macroprudentiels prennent
en compte les relations existant entre les banques et l’économie réelle, notamment
l’impact sur la macroéconomie du possible désendettement des banques sur le crédit
agrégé, qui à son tour peut affecter l’investissement et la croissance.
Les interconnexions entre institutions financières : la modélisation macroprudentielle
doit prendre en compte les interconnexions existant entre les institutions financières
pour évaluer les effets de contagion et d’amplification des chocs au sein du système
bancaire. Les modèles d’analyses macroprudentielle incluent par exemple des effets
de contagion via le canal interbancaire. Des modèles incluant les non-banques
(assurances et shadow banks) sont également en développement.
L’intégration des stress liés au problème de liquidité : il existe une relation très étroite
entre liquidité et solvabilité des institutions financières, qu’il convient de prendre en
compte pour évaluer la résilience aux risques de l’ensemble du système financier. Les
problèmes de liquidité jouent également un rôle important dans la diffusion des chocs
via des effets de réseaux et d’interconnexions au sein du système financier.
Les interactions avec les secteurs non-financiers : une évaluation plus fine des
vulnérabilités des ménages et des entreprises non-financières à des stress
macrofinanciers peut également être intégrée dans les modèles d’analyses
macroprudentielle pour rendre compte des probabilités de défaut (« probability of
default » ou PD) et du montant des pertes en cas de défaut (« loss given default » ou
LGD) des agents non-financiers qui sont centraux dans les méthodes de gestion du
risque de crédit des établissements financiers.
Une description détaillée ainsi que l’utilisation de ces outils dans le cadre de tests de
résistance macroprudentiels est disponible dans Dees et al. (2017).
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- Sa longueur et son amplitude dépendent des régimes de politiques économiques (Borio et
Lowe, 2002a).
Des mesures du cycle financier ont été proposées entre autres par Drehman et al. (2012).
Il est intéressant de pouvoir observer que certains épisodes se caractérisent par une certaine
corrélation entre les cycles propres à chaque pays et le cycle mondial. Cette observation tend
à se renforcer au cours des périodes les plus récentes. Néanmoins, les cycles financiers gardent
souvent une composante nationale importante, qui justifie la conduite de politiques
macroprudentielles par les autorités de chaque pays.
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de réduire les phénomènes de contagion en augmentant la résilience des institutions dites
systémiques. Rentrent dans cette catégorie les surcharges en fonds propres pour ces institutions
significatives (G-SIBs ou O-SIIs) et les mesures facilitant l’absorption des pertes (TLAC et
MREL). Les autres mesures prudentielles, telles l’augmentation des pondérations en fonction
du risque (« risk weights ») ou les limites aux expositions importantes (« large exposure limits
») peuvent être utilisées pour décourager des prises de risques excessives au sein du système
financier.
Parmi ces instruments, le coussin de fonds propres contra-cyclique (counter-cyclical capital
buffer, CCyB) possède une place importante car il permet de jouer à la fois sur la résilience et
sur la modération du cycle financier. Il montre aussi comment la réglementation peut
s’adapter selon la phase du cycle financier. Le CCyB vise à réduire la procyclicité du système
financier et, plus spécifiquement, à protéger le secteur bancaire des périodes de croissance
excessive du crédit qui sont souvent associées à l’émergence de risques systémiques. Le
CCyB est une exigence en fonds propres supplémentaire au cours des périodes de croissance
forte du crédit pour augmenter la résilience du secteur bancaire avant que les périodes de stress
n’apparaissent, c’est-à-dire avant que les pertes se matérialisent. Le coussin sera ensuite réduit
pendant les phases de récessions en vue de limiter les restrictions d’offre de crédit au secteur
privé. Les indicateurs de risque systémique vus plus haut servent de références aux autorités
macroprudentielles pour augmenter ou réduire le CCyB.
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baisse du prix de l’immobilier participe à la modération du cycle financier. Ces mesures
affectent aussi positivement la capacité de résilience des institutions financières via une gestion
des risques plus stricte et via une baisse du risque porté. En effet, ces limites à l’emprunt
excluent les emprunteurs les plus fragiles et, par conséquent, les probabilités de défaut (PD) et
les pertes en cas de défaut (LGD) sont plus faibles.
L’un des objectifs de la politique macroprudentielle est de modérer le cycle financier, et ses
instruments opèrent via les actifs, les passifs et l’effet de levier des intermédiaires financiers.
Ainsi, politique macroprudentielle et politique monétaire partagent des similarités. Tout
d’abord, les deux politiques affectent la demande de crédit en réallouant les dépenses dans le
temps, soit en retardant les dépenses (en incitant les agents à besoin de financement
d’emprunter moins via des limites à l’emprunt pour la politique macroprudentielle ou en
augmentant le coût du crédit pour la politique monétaire), soit en avançant les dépenses (en
incitant les agents à besoin de financement à emprunter davantage, en relâchant les
instruments de politique monétaire ou macroprudentielle).
Les deux politiques affectent également l’offre de crédit en influençant les coûts de
financement des intermédiaires financiers et, partant, leur levier. Pourtant, les deux politiques
poursuivent des objectifs différents : la stabilité financière pour la politique macroprudentielle
et la stabilité des prix pour la politique monétaire. Selon le principe de Tinbergen, deux types
d’instruments distincts permettent la mise en place de deux politiques différentes ayant
chacun son propre objectif. Si l’on suit l’argument de Mundell (1962) selon lequel « les
politiques doivent être associées avec les objectifs sur lesquels elles ont le plus d’influence »,
on peut raisonnablement allouer la stabilité des prix à la politique monétaire et la stabilité
financière à la politique macroprudentielle (Beau et al., 2012).
Une telle allocation des instruments de politiques économiques à des objectifs distincts
évacue en principe les problèmes de coordination. Pourtant, en pratique, il existe des
situations où les deux politiques peuvent être complémentaires et d’autres où elles peuvent
être en conflit. Cela tient principalement au fait que la politique macroprudentielle utilise les
mêmes canaux de transmission que la politique monétaire, à savoir le canal du crédit et le
canal de bilan des banques et qu’elle vise principalement le système bancaire, relais central de
la politique monétaire. Beau et al. (2012) identifient les situations de complémentarité, de
conflits et d’indépendance des politiques monétaire et macroprudentielle (tableau 7.6). Dans
les cas où l’un des deux objectifs est atteint ainsi que le cas où les deux sont atteints, politique
monétaire et politique macroprudentielle sont indépendantes. Elles sont complémentaires
lorsque le cycle d’affaire et le cycle financier sont synchrones, soit un boom financier
accompagné d’un haut de cycle économique (inflation au-dessus de sa cible), soit une
contraction du cycle du crédit accompagnée d’un ralentissement ou récession (inflation au-
dessous de sa cible). L’exemple typique de la situation conflictuelle est celle où l’inflation
reste en dessous de sa cible, nécessitant une accommodation monétaire, alors que des risques
de bulle financière ou de boom de crédit ont été identifiés, nécessitant un resserrement de la
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politique macroprudentielle. Or chaque politique affecte l’efficacité de l’autre, d’où conflit.
En effet, dans cet exemple, l’accommodation monétaire encourage la hausse du crédit, qui lui-
même alimente la bulle de prix d’actifs et participe aux déséquilibres financiers en stimulant
le canal de la prise de risque. De son côté, le resserrement de la politique macroprudentielle,
en restreignant l’octroi de crédit, limite l’investissement et l’activité économique et accroît les
risques à la baisse sur la stabilité des prix.
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