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CHAPITRE I.

L’OFFRE DE LA MONNAIE ET LA CREATION


MONETAIRE
1. De l'économie de troc à l'économie monétarisée
Définitions de la monnaie :
La monnaie permet le remboursement d'une dette, le règlement d'un achat.
Exemple pratique : Lorsque vous achetez une maison à crédit, la monnaie vous
permet de rembourser progressivement votre dette envers la banque, qui a
initialement financé l'achat.
La monnaie est tout moyen de paiement généralement accepté pour la livraison
de biens ou le règlement des dettes.
Exemple pratique : Lorsque vous payez votre loyer chaque mois, le propriétaire
accepte la monnaie, qu'elle soit sous forme de chèque, de virement bancaire ou
de paiement en espèces, pour liquider la dette du loyer.
La monnaie est l'instrument d'échange qui permet l'achat immédiat de tous les
biens, services et titres, sans coûts de transaction, ni coûts de recherche, et qui
conserve la valeur entre deux échanges. C'est un phénomène social car elle
repose sur la confiance des agents dans le système qui la produit.
Exemple pratique : Lorsque vous effectuez des achats en ligne avec une carte de
crédit, la monnaie électronique facilite les transactions instantanées, sans avoir
à rechercher des biens équivalents pour le troc.
Économie de troc :
Avant l'émergence de la monnaie, les échanges se faisaient par troc, où les
produits étaient échangés directement contre d'autres produits.
Exemple pratique : Dans une communauté rurale, un menuisier pourrait
échanger des meubles qu'il a fabriqués avec un agriculteur qui fournit des
produits alimentaires. Cependant, ce système peut devenir compliqué lorsque
les besoins ne sont pas directement compatibles.
Opération d’échange :
Une opération d'échange comporte trois parties : le contrat, la livraison de la
marchandise et le paiement effectif.
Exemple pratique : Lorsque vous achetez une voiture, le contrat est le contrat de
vente signé, la livraison de la marchandise est la remise des clés et la prise en
charge du véhicule, et le paiement effectif se fait généralement par chèque,
virement ou financement.

2. Les formes de la monnaie


2.1 La monnaie primitive :
Dans les sociétés primitives, la monnaie prenait des formes diverses telles que
des barres de sel, des coquillages, des plumes, voire même des cigarettes en
milieu carcéral.
Exemple pratique : Les coquillages cowries (un genre de coquillage du Pacifique
Sud) étaient utilisés comme monnaie en Afrique de l'Ouest pendant des siècles.
Les chefs locaux et les commerçants les acceptaient pour des biens et services.

2.2 La monnaie métallique :


La monnaie métallique, telle que l'or et l'argent, est l'une des formes les plus
anciennes de monnaie.
Exemple pratique : Les pièces d'or et d'argent romaines étaient largement
utilisées pour les échanges commerciaux dans l'Empire romain. Elles avaient une
valeur intrinsèque en tant que métaux précieux.

2.3 La monnaie fiduciaire :


La monnaie fiduciaire repose sur la confiance du public plutôt que sur une valeur
intrinsèque.
Exemple pratique : Les billets de banque émis par les banques centrales, tels que
l'euro ou le dollar, sont acceptés dans le monde entier en raison de la confiance
en la stabilité économique des pays émetteurs.

2.4 La monnaie scripturale :


La monnaie scripturale est une monnaie virtuelle, enregistrée sous forme de
comptes.
Exemple pratique : Lorsque vous effectuez un paiement par carte de crédit dans
un restaurant, la transaction est enregistrée électroniquement, et la monnaie
n'est jamais physique. Les soldes de compte sont ajustés en conséquence.
Ces exemples supplémentaires illustrent comment la monnaie est essentielle
dans notre économie moderne et comment elle a évolué au fil du temps pour
faciliter les échanges et les transactions économiques.

La monnaie scripturale représentative :


La monnaie scripturale représentative est une forme de monnaie virtuelle qui
est essentiellement une représentation numérique de l'argent réel. Voici
comment elle fonctionne :
Opération de versement d'espèces : Lorsqu'un client dépose de l'argent liquide
dans sa banque ou à la poste, cet argent est physiquement déposé dans un
coffre-fort ou une caisse. Cependant, au lieu de remettre de l'argent liquide au
client en échange, la banque ou la poste effectue une écriture comptable.
Créditer le compte du client : L'écriture comptable consiste à créditer le compte
du client du montant déposé. Par exemple, si un client dépose 100 euros en
espèces, la banque créditera son compte bancaire de 100 euros. Cette opération
n'entraîne pas la création de nouvelle monnaie, car le montant déposé est déjà
de l'argent réel en circulation.
Ce crédit sur le compte du client est maintenant considéré comme de la monnaie
scripturale représentative. En d'autres termes, le client peut utiliser ces fonds
pour effectuer des paiements électroniques, des virements ou des retraits, tout
en sachant que la monnaie scripturale représente une somme équivalente
d'argent réel stocké par la banque ou la poste.
Il est important de noter que dans ce cas, il n'y a pas de création monétaire. La
monnaie scripturale représentative est simplement une forme plus pratique de
l'argent liquide, facilitant les transactions électroniques.
La monnaie scripturale fiduciaire :
La monnaie scripturale fiduciaire est liée à la création de crédit par les
institutions financières. Voici comment elle fonctionne :
Accord de crédit : Lorsqu'un client demande un prêt à sa banque, par exemple,
un prêt personnel ou un crédit immobilier, la banque peut accorder ce crédit en
fonction de la solvabilité du client.
Création monétaire : Lorsque la banque accorde ce crédit, elle crée de la
monnaie scripturale fiduciaire. Concrètement, elle enregistre un montant sur le
compte du client équivalent au montant du prêt accordé. Par exemple, si la
banque accorde un prêt de 10 000 euros, elle crédite le compte du client de 10
000 euros.
Utilisation du crédit : Le client peut maintenant utiliser cet argent dans
l'économie réelle, par exemple, pour acheter une maison ou une voiture. Cette
monnaie scripturale fiduciaire circule dans l'économie comme de l'argent réel.
Apparition au bilan de la banque : Au bilan de la banque, cette création
monétaire apparaît comme une ressource, car elle représente une dette que le
client devra rembourser à la banque à l'avenir. En même temps, elle apparaît
comme une augmentation du passif de la banque, car elle représente une dette
qu'elle a créée envers le client.
En résumé, la monnaie scripturale fiduciaire est créée lorsque les banques
accordent des crédits, tandis que la monnaie scripturale représentative est
simplement une forme numérique de l'argent liquide existant. Les deux types de
monnaie scripturale sont importants dans notre système financier moderne,
facilitant les transactions et le crédit.

2. LA MASSE MONETAIRE : LES AGREGATS MONETAIRES


La masse monétaire peut être définie comme l’ensemble des moyens de
paiement qui circulent dans un pays donné à un moment donné entre les
agents non financiers. Ces derniers ont, de nos jours, à leur disposition un
ensemble d’actifs monétaires plus ou moins liquides qui peuvent leur permettre
de réaliser les transactions sur les marchés. Ainsi, un agent peut régler ses achats
en utilisant les billets de banque ou des pièces de monnaie, il peut également
utiliser un chèque lorsque son compte est bien approvisionné, il peut aussi
retirer l’argent de son compte sur livret ou carnet d’épargne ou encore utiliser
l’argent résultant de la vente des actifs financiers.
– les agrégats monétaires
Pour pouvoir suivre l’évolution de la masse monétaire, la réflexion scientifique
sur l’économie monétaire et les autorités monétaires ont mis en place un
ensemble d’instruments de mesures appelées « agrégats monétaires », dont les
principaux sont : M1 – M2-M3 et M4.
 M1 – regroupe l’ensemble des moyens de paiement directement
utilisables dans le règlement des transactions. Autrement dit, M1 est
constitué du total des pièces et des billets en circulation, et des dépôts
bancaires à vue (monnaie scripturale). M1 représente la masse monétaire
la plus liquide, c'est-à-dire les fonds les plus facilement accessibles. Il inclut
la monnaie en circulation (pièces et billets en circulation) ainsi que les
dépôts à vue dans les banques commerciales (compte courant bancaire
CCB) et les comptes courant postales (CCP)
 M2 – regroupe M1 et les dépôts sur carnet et livrets dans les banques et
les caisses d’épargne (quasi – monnaie). Donc, Il inclut tous les éléments
de M1 (monnaie en circulation et comptes courants) ainsi que d'autres
types de dépôts bancaires, tels que les comptes d'épargne et les contrats
de dépôt à court terme (inférieur à 2 ans).
 M3 – cet agrégat est composé de M2, des placements monétaires dans les
comptes à terme d’une durée supérieure à deux ans.
 M4 : M3 + les titres de créances négociables émis par les agents non
financier et l’état tels que les emprunts de l’Etat (des obligations d'État
pour un besoin de financement à LT ou des bons du Trésor pour des
besoins de financement à CT) + titres de créances inter-entreprises (billets
de trésoreries) émis sur le marché monétaire.
A travers l’analyse de ces agrégats, nous pouvons constater que les composantes
de M1 sont de la monnaie liquide immédiatement disponible pour le paiement,
alors que les composantes de M2, M3 et M4 sont plutôt des actifs financiers qui
servent de réserve de valeur non immédiatement disponibles comme moyen de
paiement. Il faut cependant préciser que ces actifs, en tant que composante de
la masse monétaire, peuvent être facilement transférables en monnaie
(Virement dans le compte client ou vente des titres sur le marché monétaire ou
financier). C’est pourquoi, ils sont qualifiés d’actifs semi- liquides.
La portée économique de la masse monétaire ne se mesure pas seulement par
la quantité de la monnaie en circulation, elle se mesure également par la vitesse
de circulation de la monnaie à un moment donné. En effet, dans une économie
donnée à un moment donné, la valeur des transactions peut dépasser la valeur
de la monnaie en circulation. S’il se trouve qu’il y a moins de pièces disponibles
que la somme en valeur des transactions, cela signifie qu’une même pièce a servi
de moyen de paiement dans plusieurs transactions. D’où l’expression de «
vitesse de circulation de la monnaie » qui peut être définie comme le nombre de
fois qu’une unité de monnaie est utilisée dans les transactions au cours d’une
période donnée. "V" représente la vitesse de circulation de la monnaie, c'est-à-
dire le nombre de fois qu'une unité monétaire moyenne change de mains ou est
utilisée pour effectuer des transactions au sein de l'économie pendant une
période donnée. En d'autres termes, elle mesure la rapidité avec laquelle l'argent
circule dans l'économie. Cette vitesse de circulation de la monnaie se mesure
généralement par le rapport entre une valeur représentative de l’activité
économique, généralement le volume des échanges, et la quantité de monnaie
en circulation à un moment donné, selon la formule suivante :

V = (y*p) /m
Y = production vendue dans une économie à un moment donné
P = prix réel d’échange (niveau des prix)
M = quantité de monnaie en circulation à un moment donné.
Exemple : si la quantité de monnaie en circulation est de 2000, la production
est de 5 et le niveau des prix est de 3000 : V= 5*3000/2000
V = 7,5
Plus concrètement, une valeur élevée de "V" indique que l'argent est utilisé
rapidement et fréquemment pour réaliser des transactions. Cela peut être
interprété comme un signe de dynamisme économique, car l'argent est
activement dépensé et circule rapidement dans l'économie. Une économie avec
une vitesse de circulation de la monnaie élevée peut être considérée comme
efficace dans l'utilisation de sa monnaie pour faciliter les échanges et stimuler la
croissance économique. À l'inverse, une valeur faible de "V" suggère que l'argent
circule lentement et moins fréquemment dans l'économie. Cela peut indiquer
une économie moins active, où les gens sont réticents à dépenser leur argent ou
où les transactions sont rares. Une faible vitesse de circulation de la monnaie
peut résulter en une utilisation inefficace des ressources économiques et peut
être un signe de stagnation économique. Il est essentiel de prendre en compte
que la vitesse de circulation de la monnaie est un concept théorique et ne fournit
pas une mesure précise de l'activité économique. Elle est souvent utilisée en
conjonction avec d'autres données économiques pour obtenir une image plus
complète de la santé économique d'une région ou d'un pays (taux de croissance).

3. LA CREATION DE MONNAIE PAR LA BANQUE CENTRALE


La Banque centrale est responsable de l'émission de la monnaie centrale1, qui se
présente sous deux formes : les billets et les comptes tenus dans ses registres,
réservés aux institutions financières (dépôts obligatoires) . Sa principale fonction
est d'être la banque des banques, et elle remplit cette mission en fournissant du
refinancement aux banques et au Trésor public2. En d'autres termes, elle leur
fournit les liquidités dont ils ont besoin. Ce processus de refinancement a donc
une influence indirecte sur la masse monétaire. En revanche, la Banque centrale
est à l'origine de la création de la base monétaire de cette masse monétaire.
Autrement dit, elle met en place les moyens permettant aux banques de créer la
monnaie scripturale. La Banque centrale ait un rôle direct dans la création de la
monnaie de base (sous forme de billets de banque et de réserves bancaires), elle
peut également influencer la création de la masse monétaire de manière
indirecte en contrôlant les facteurs qui affectent les activités de prêt des
banques commerciales tel que le plafonnement des crédits et la fixation des taux
d’intérêt et le taux des réserves obligatoires.
La Banque centrale intervient dans la création monétaire à l'occasion des
opérations suivantes :

1. Les opérations sur les devises et l'or.


Les opérations sur devises sont, la plupart du temps, effectuées par les banques.
Ces dernières achètent les devises et les présentent, par la suite, à la Banque
Centrale qui crédite alors leur compte courant. Dans ce cas, la monnaie

1
L’expression monnaie centrale provient du fait que cette catégorie de monnaie est émise
exclusivement par la banque centrale. La monnaie centrale est composée de deux éléments :
- La monnaie fiduciaire formée des pièces et des billets
- La monnaie scripturale utilisée seulement par les banques qui la déposent sur le compte
courant qu’elles détiennent auprès de la banque centrale. Cette monnaie centrale est inscrite
au passif du bilan de la banque centrale parce qu’elle correspond à une dette de cette
dernière.
2
Le Trésor Public tunisien est l'organisme gouvernemental chargé de la gestion des finances
publiques en Tunisie. Il collecte les recettes fiscales et gère les dépenses gouvernementales
pour garantir la stabilité financière de l'État.
nouvellement créée est essentiellement de la monnaie centrale scripturale ;
c’est-à-dire elle prend la forme d’une écriture au crédit des comptes courants
des banques auprès de la Banque Centrale. Il va de soi que les banques peuvent
convertir cette monnaie scripturale en monnaie centrale en effectuant des
retraits de billets.
Ainsi, toute entrée de devises correspond à un accroissement de la quantité de
monnaie en circulation (la masse monétaire). Voilà, pourquoi les exportations de
marchandises, les entrées de touristes, les transferts des travailleurs immigrés,
les rentrées de capitaux entraînent tous un accroissement de la masse
monétaire.
Les opérations sur l'or concernent le stock d'or détenu par la Banque centrale.
La valeur de cet or fluctue quotidiennement sur les marchés internationaux.
Lorsque la valeur de l'or augmente, la Banque centrale peut réviser à la hausse
la valeur de son stock d'or dans ses registres. Cette augmentation de la valeur de
l'or se traduit par une plus-value pour la Banque centrale, et cette plus-value est
versée au Trésor public. Cela équivaut à une création de monnaie centrale, car
le Trésor public obtient de la monnaie centrale supplémentaire en échange de
cette plus-value.
En revanche, si la valeur de l'or diminue et que la Banque centrale révise à la
baisse la valeur de son stock d'or, cela entraîne une destruction de monnaie
centrale. En d'autres termes, la Banque centrale retire de la monnaie centrale de
la circulation.

2. Les concours financiers accordés au Trésor public.


Lorsque le Trésor public dépense plus d'argent qu'il ne perçoit de recettes (ce
qui constitue un déficit budgétaire), il peut avoir besoin de fonds
supplémentaires pour couvrir ses obligations financières, telles que le paiement
des salaires des fonctionnaires ou le remboursement de la dette publique. Dans
cette situation, le Trésor peut faire appel à la Banque centrale pour obtenir une
avance en compte courant.
La Banque centrale accorde alors au Trésor une avance en créditant le compte
courant du Trésor. Cette avance est une écriture comptable qui est créée par la
Banque centrale au profit du Trésor. Le trésor peut utiliser ses fonds de
différentes manières :
 Retraits en billets : Le Trésor peut décider de retirer une partie de cette
somme sous forme de billets. Lorsqu'il le fait, cela entraîne la conversion
de la monnaie centrale scripturale en billets physiques.
 Virements aux banques : Le Trésor peut également effectuer des
virements de cette somme au profit des banques commerciales. Lorsqu'il
transfère de la monnaie centrale scripturale aux banques, cela augmente
leurs réserves, ce qui leur permet de prêter davantage d'argent à leurs
clients.
Ainsi, l'avance en compte courant accordée par la Banque centrale au Trésor
dans le cas d'un déficit budgétaire conduit à la création de monnaie nouvelle.
Cette monnaie nouvellement créée est injectée dans l'économie sous forme de
billets physiques ou est mise à disposition des banques commerciales pour
stimuler la création de monnaie scripturale. Ce mécanisme permet au
gouvernement de financer ses dépenses excessives, mais il doit être utilisé avec
prudence pour éviter une inflation excessive et préserver la stabilité monétaire.

3. Le refinancement des banques.


Lorsque les banques commerciales accordent des prêts ou des crédits à leurs
clients, cela entraîne souvent une demande de billets de la part de ces clients.
Les emprunteurs peuvent préférer recevoir une partie de leur prêt sous forme
de billets physiques plutôt que sous forme de soldes électroniques dans leurs
comptes bancaires. Les banques doivent donc faire face à cette demande de
billets pour satisfaire les besoins de leurs clients.
Pour répondre à cette demande de billets, les banques commerciales s'adressent
à la Banque centrale. La Banque centrale intervient en émettant de la monnaie
centrale en contrepartie de l'acquisition d'une partie des créances des banques.
Il existe deux principales méthodes par lesquelles cela peut se produire :
Réescompte : Dans cette méthode, les banques vendent directement à la
Banque centrale une partie de leurs créances, généralement des effets de
commerce ou des titres de créance négociables. La Banque centrale achète ces
titres à un taux préférentiel, souvent inférieur aux taux du marché, ce qui permet
aux banques de se refinancer à moindre coût tout en obtenant de la monnaie
centrale pour satisfaire la demande de billets de leurs clients.
Achat de titres sur le marché monétaire : La Banque centrale peut également
acheter des titres privés émis par les banques sur le marché monétaire.
Lorsqu'elle achète ces titres, elle paie aux banques le montant correspondant en
monnaie centrale, à un taux aligné sur les taux du marché monétaire. Cela
permet aux banques de se débarrasser de certains de leurs actifs, d'obtenir de
la monnaie centrale en échange, et ainsi de répondre à la demande de billets de
leurs clients.

3 - LA CREATION DE MONNAIE PAR LES BANQUES


COMMERCIALES :
A. LES OPERATIONS CREATRICES DE MONNAIE SCRIPTURALE
La banque commerciale crée de la monnaie scripturale nouvelle à l’occasion de
trois sortes d’opérations :

1. La création de la monnaie par acquisition de devises


étrangères
Toute entrée de devises étrangères dans l'économie nationale engendre une
création de monnaie nouvelle, car elle permet aux détenteurs de ces devises
d'obtenir de la monnaie nationale utilisable localement.

2- Règlement du Trésor public :


Lorsque le Trésor public ne peut pas couvrir la totalité de ses charges par ses
propres ressources, il est obligé de faire appel à une création de monnaie
nouvelle, soit par la Banque centrale, soit par les banques commerciales. La
création de monnaie au profit du Trésor se fait par incorporation d’effets publics
(bons du Trésor).

3. Création de monnaie par monétisation d’actifs financiers :


C’est l’activité la plus importante de la banque, à savoir le crédit. Ce dernier met
en relation les entreprises et les banques et se fait par le moyen de l’escompte.
L’escompte est une opération qui consiste pour la banque à acheter des effets
de commerce escomptables en contrepartie du crédit consenti. Les effets de
commerce sont des titres de créances à court terme qui s’établissent entre des
particuliers lors des transactions et qui deviennent mobilisables par le biais de
l’escompte lorsqu’ils parviennent à un certain délai de leur échéance (90 jours
ou moins) Le bénéficiaire des effets de commerce, que l’on appelle le "porteur",
peut désirer entrer en possession de ses fonds avant l’échéance. Dans ce cas, il
peut demander la mobilisation de son titre en le portant à l’escompte de sa
banque. Le bénéficiaire vend alors son titre à la banque. Cette dernière lui remet
en contrepartie la valeur de l’effet diminuée d’un intérêt calculé à partir du taux
d’escompte fixé par la banque.
La destruction de monnaie : intervient lorsque la banque procède aux
opérations inverses. Autrement dit, lorsqu’elle vend des devises ou lorsqu’elle
se fait rembourser par le Trésor public ou par les particuliers et les entreprises,
ces opérations entraînent une diminution de la monnaie en circulation, ce qui
correspond à une destruction de monnaie. Dans une économie, il y a, en
général, un excédent des crédits sur les remboursements et, par conséquent, il
y a une création nette de monnaie par les banques.

B - LA CREATION DE MONNAIE ET LES REGLEMENTS


INTERBANCAIRE
Chaque fois que le titulaire d’un compte dans une banque effectue un transfert
d’une fraction de ses avoirs au profit du titulaire d’un compte dans une autre
banque, il se pose le problème de règlement entre les banques. Les
représentants des différentes banques se réunissent quotidiennement pour
participer aux séances de compensation. C’est pendant ces séances que les
banques arrêtent et règlent leurs soldes. Le règlement des soldes de
compensation se fait par l’intermédiaire d’un compte courant que chaque
banque détient auprès de la Banque centrale.

C- LES LIMITES DE LA CREATION DE LA MONNAIE SCRIPTURALE


La création de monnaie scripturale, qui est essentiellement la création d'argent
électronique par les banques commerciales lorsqu'elles accordent des prêts,
comporte certaines limites et peut présenter des risques pour l'économie. Voici
quelques-unes des limites et des préoccupations associées à la création de
monnaie scripturale :
Inflation : L'une des principales préoccupations est l'inflation. Si les banques
créent trop de monnaie scripturale en accordant des prêts de manière excessive,
cela peut entraîner une augmentation de la demande globale de biens et de
services, ce qui peut faire grimper les prix à la hausse. Une inflation élevée peut
dévaluer la valeur de la monnaie et perturber l'économie.
Stabilité financière : L'expansion excessive de la monnaie scripturale peut
également contribuer à des bulles d'actifs, notamment dans le secteur
immobilier ou financier. Cela peut entraîner des crises financières et des
perturbations économiques majeures.
Création d'argent sans réserve : Les banques commerciales créent de la monnaie
scripturale en prêtant de l'argent qui n'existe pas sous forme de réserves
physiques. Cela signifie que le système bancaire peut potentiellement créer plus
d'argent qu'il n'y en a de disponible, ce qui peut entraîner des déséquilibres et
des problèmes de liquidité.
Risques de crédit : Les prêts excessifs peuvent également entraîner des risques
de crédit pour les banques si les emprunteurs ne peuvent pas rembourser leurs
prêts. Cela peut affecter la stabilité financière et la solvabilité des banques.
Politique monétaire : Les autorités monétaires, comme les banques centrales,
peuvent avoir du mal à contrôler la masse monétaire et à mettre en œuvre une
politique monétaire efficace lorsque les banques commerciales créent de la
monnaie scripturale de manière excessive.
Pour atténuer ces risques et limites, les banques centrales et les régulateurs
financiers mettent en place des politiques de régulation et de surveillance, telles
que les ratios de réserves obligatoires et les exigences en matière de capital,
pour contrôler la création de monnaie scripturale et maintenir la stabilité
financière.

D- LE PROCESSUS DE CREATION DE LA MONNAIE : LE


MULITIPLICATEUR DE CREDIT :
1. La notion de multiplicateur de crédit

La formule M = k * RE
Soit :
M : accroissement de la masse monétaire correspondant à l’octroi des nouveaux
crédits.
RE : le supplément de monnaie dont dispose la banque
k : le multiplicateur de crédit
Supposons que nous ayons une économie où le taux de réserve obligatoire est de
10 % (ce qui signifie que les banques doivent conserver 10 % des dépôts en
réserve) et qu'une banque commerciale reçoive un dépôt de 1 000 euros de la
part d'un client.
Supplément de Monnaie de la Banque (RE) : La banque commerciale doit
conserver 10 % de ce dépôt en réserve, soit 100 euros (1 000 euros * 10 %). Cela
signifie que la banque dispose de 900 euros (1 000 euros - 100 euros) qu'elle peut
prêter à d'autres clients.
Multiplicateur de Crédit (k) : En utilisant le multiplicateur de crédit, qui est
l'inverse du taux de réserve obligatoire, nous pouvons calculer combien de fois
cette monnaie peut être multipliée dans l'économie. Dans cet exemple, le taux de
réserve obligatoire est de 10 %, donc le multiplicateur de crédit est de 10 (1 /
0,10).
Accroissement de la Masse Monétaire (M) : Maintenant, nous utilisons la formule
M = k * RE pour calculer l'augmentation de la masse monétaire. M = 10 * 900
euros = 9 000 euros.
Cela signifie que le dépôt initial de 1 000 euros a permis à la banque de créer un
prêt de 900 euros, et ce prêt à son tour a été déposé dans une autre banque, qui
peut également utiliser un multiplicateur de crédit de 10 pour créer de nouveaux
prêts. Au total, l'augmentation de la masse monétaire résultant de ce dépôt initial
de 1 000 euros est de 9 000 euros.
Ce processus se poursuit à mesure que les prêts sont accordés et que de
nouveaux dépôts sont créés, ce qui permet à la masse monétaire de croître de
manière significative grâce à la création de monnaie scripturale par les banques
commerciales. Cependant, il est important de noter que ce processus est
réglementé par le taux de réserve obligatoire fixé par la banque centrale pour
maintenir la stabilité financière.

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