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La monnaie et ses mécanismes - Dominique Plihon

Résumé de livre

La monnaie, instrument de paiement

Dans "La Monnaie et ses Mécanismes", Dominique Plihon explique l'utilité fondamentale de
la monnaie dans les échanges marchands. La monnaie est un moyen d'échange accepté
par tous les membres d'une société pour faciliter les transactions commerciales. Elle permet
de surmonter les limitations du troc en fournissant un moyen plus efficace d'effectuer des
échanges.

L'utilité de la monnaie dans les échanges marchands réside dans plusieurs aspects clés :

1. Facilitation des échanges : La monnaie agit comme un intermédiaire dans les


transactions commerciales en permettant aux individus d'acheter des biens et des
services sans avoir besoin d'échanger des biens directement. Cela rend les
échanges plus rapides, plus pratiques et plus efficaces.
2. Standardisation de la valeur : La monnaie fournit une unité de compte commune
qui permet de mesurer la valeur des biens et des services de manière standardisée.
Cela facilite la comparaison des prix et la prise de décision pour les consommateurs
et les entreprises.
3. Stockage de valeur : La monnaie permet aux individus de conserver leur richesse
sous forme liquide, ce qui leur donne la flexibilité d'utiliser ces fonds pour des
transactions futures. Cela offre une forme de sécurité financière et de souplesse
dans la gestion des ressources économiques.
4. Transmission de valeur dans le temps et l'espace : La monnaie permet de
transférer la valeur d'un lieu à un autre et d'un moment à un autre. Les individus
peuvent utiliser la monnaie pour acheter des biens et des services à distance, ainsi
que pour épargner et investir dans l'avenir.

Dans le livre l’auteur aborde différentes catégories de monnaie, notamment la monnaie


fiduciaire, la monnaie scripturale et la monnaie électronique.

La monnaie fiduciaire est la forme traditionnelle d'argent physique que nous utilisons au
quotidien, comme les billets de banque et les pièces de monnaie. Cette monnaie tire sa
valeur de la confiance (fiduciaire) que les individus ont envers l'autorité émettrice,
généralement la banque centrale de leur pays. Par exemple, lorsque nous utilisons un billet
de 10 chf pour acheter quelque chose, sa valeur repose sur la confiance que tout le monde
acceptera ce billet comme moyen de paiement.

La monnaie scripturale, en revanche, existe sous forme électronique dans les systèmes
informatiques des banques. Elle se compose des soldes en compte courant et des dépôts
bancaires, créés lorsqu'une banque accorde un prêt à un client. Les transactions sont
effectuées par transfert électronique de fonds entre les comptes bancaires. Par exemple,
lorsque vous utilisez une carte de débit pour payer vos achats, vous effectuez une
transaction en monnaie scripturale.

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Enfin, la monnaie électronique est une forme plus récente de monnaie qui peut être stockée
sur des appareils électroniques, tels que des cartes prépayées ou des portefeuilles
électroniques. Elle peut être utilisée pour effectuer des paiements en ligne ou via des
appareils mobiles. Un exemple courant de monnaie électronique est l'utilisation de services
comme PayPal ou les paiements sans contact avec une carte de crédit.

Le processus de création monétaire par une banque lorsqu'elle accorde un crédit est crucial
pour comprendre le fonctionnement du système financier moderne. Voici une explication
détaillée de ce processus :

1. Demande de crédit : Le processus débute lorsque quelqu'un, que ce soit un individu


ou une entreprise, souhaite emprunter de l'argent à une banque pour financer un
projet, un achat ou toute autre nécessité financière. Cette personne contacte la
banque et soumet une demande de crédit.
2. Création de monnaie scripturale : Lorsque la banque approuve la demande de
crédit, elle crée de la monnaie scripturale en créditant le compte de l'emprunteur du
montant du prêt. Cette création monétaire est virtuelle et ne nécessite pas que la
banque dispose de fonds physiques équivalents. En d'autres termes, la banque crée
de l'argent à partir de rien au moment où elle accorde le prêt.
3. Déploiement des fonds : Une fois que le prêt est accordé et que le contrat est
signé, la banque transfère les fonds au compte de l'emprunteur. L'emprunteur peut
ensuite utiliser ces fonds comme il le souhaite pour réaliser ses projets ou effectuer
ses achats.
4. Remboursement du prêt : Au fil du temps, l'emprunteur rembourse le prêt à la
banque conformément aux termes du contrat. Cela comprend le remboursement du
capital emprunté ainsi que les intérêts accumulés sur la durée du prêt.
5. Fin de la création monétaire : Lorsque le prêt est remboursé intégralement, la
monnaie scripturale créée par la banque est annulée. Cela signifie que l'argent virtuel
créé lors de l'accord du prêt est détruit, et le processus de création monétaire prend
fin.

Ce processus de création monétaire par les banques lorsqu'elles accordent des crédits est
au cœur du fonctionnement du système financier moderne. Il illustre comment les banques
ont le pouvoir de créer de l'argent et d'influencer la quantité de monnaie en circulation dans
l'économie.

Ce pouvoir de création monétaire des banques n’est pas illimité; il est contraint par les
besoins en liquidités des banques lorsqu’elles doivent assurer la conversion de leur monnaie
dans une autre forme de monnaie, i.e. lorsqu’elles doivent transformer de la monnaie
scripturale en monnaie fiduciaire. Ainsi, les banques doivent répondre aux demandes de
retraits en billet et assurer la conversion de monnaies scripturales en billet.

point de vocabulaire: Une banque centrale est une institution financière qui agit en tant
qu'autorité monétaire et financière dans un pays ou une zone économique. Elle est chargée
de mettre en œuvre la politique monétaire, de réguler le système financier et de maintenir la
stabilité économique. Chaque pays est doté d’une banque centrale: en Suisse, la banque
centrale est appelée la Banque Nationale Suisse (BNS).

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Dans un système financier avec plusieurs banques, les individus peuvent posséder des
comptes bancaires dans plusieurs établissements. Dans le cadre d’un prêt, un individu peut
demander à la banque émettrice de ce prêt de verser une partie (ou la totalité) de ce prêt à
un compte appartenant à une autre banque. Pour ce faire, la banque émettrice doit recourir
à la banque centrale: étant donné que l’argent du prêt a été créée à l’instant où le prêt a été
accordé, la banque émettrice du prêt n’a pas (en théorie) l’argent du prêt. Ce prêt est inscrit
au passif de la banque comme une dette et à son actif comme une créance client. Au
moment où l’individu ayant demandé le prêt souhaite transférer une partie du montant de
l’emprunt à une autre banque, la banque émettrice ne peut verser de fonds directement car
tout ce qu’elle a est une écriture comptable désignant une créance client. Pour verser cet
argent à une autre banque, la banque émettrice demande d’abord un prêt à la banque
centrale, et verse ensuite le montant de ce prêt à la banque désignée. Lorsque le client
rembourse la banque émettrice, la banque rembourse alors son prêt à la banque centrale et
annule la créance client dans ses comptes. Ainsi, toutes les banques commerciales ont
comme obligation d’avoir un compte à la banque centrale, qui leur permet entre autres de
faire ce genre d’opérations.

Afin d’éviter que ça parte en couille, la banque centrale exige de la part des banques
commerciales qu’elles constituent des réserves. Cela signifie qu'une partie des dépôts des
clients détenus par les banques commerciales doit être conservée sous forme de réserves
auprès de la banque centrale. Ces réserves sont utilisées pour garantir la stabilité du
système financier et assurer que les banques disposent de suffisamment de liquidités pour
faire face à d'éventuelles demandes de retrait de fonds des clients. Aussi, si une partie des
emprunts qu’elle a accordés ne sont pas remboursés, la banque commerciale est protégée
(en partie) contre la faillite car elle pourra utiliser ses réserves pour couvrir ses pertes.

point de théorie : Le multiplicateur monétaire, aussi appelé l’effet multiplicateur du crédit,


est un concept utilisé pour illustrer le processus de création monétaire par les banques
commerciales à partir des réserves initiales détenues par la banque centrale. Le
multiplicateur monétaire représente le ratio par lequel un montant initial de réserves peut
être multiplié pour générer une quantité plus importante de monnaie en circulation dans
l'économie. Il est déterminé par la relation entre les dépôts des banques et les réserves
requises par la banque centrale.

Par exemple, supposons qu'une banque centrale impose un ratio de réserves obligatoires
de 10 % aux banques commerciales. Cela signifie que pour chaque 100 chf de dépôts
qu'une banque reçoit, elle doit conserver 10 chf en réserves et peut prêter les 90 chf
restants. Si la personne emprunteuse dépense ces 90 chf dans l'économie, ils finiront par
être déposés dans une autre banque, où cette dernière conservera à son tour 10 % en
réserves (9 chf) et prêtera le reste. Ce processus se répète, et à chaque étape, une partie
des dépôts est conservée comme réserves et le reste est prêté, créant ainsi de nouveaux
dépôts. Le multiplicateur monétaire est calculé en prenant l'inverse du ratio de réserves
obligatoires, donc dans ce cas, le multiplicateur serait de 100/10 = 10.

En résumé, le multiplicateur monétaire montre comment une augmentation des réserves


initiales peut entraîner une expansion de la masse monétaire grâce au processus de prêt
des banques commerciales.

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La monnaie, actif de patrimoine et ses substituts

Chaque agent économique détient un patrimoine qui se décompose en deux éléments: ses
actifs et ses dettes. Les risques liés à la détention d’un patrimoine sont de quatre ordres:
1) Le risque d’insolvabilité correspond à la perte qui se matérialise en cas de
non-remboursement du débiteur. Ainsi en est-il lorsqu’une entreprise fait faillite et
que les dettes émises par cette entreprise perdent tout ou partie de leur valeur.
Autrement dit, le risque d’insolvabilité est le risque de ne pas pouvoir rembourser
toutes les dettes, même en vendant tous les actifs de l’entreprise/personne/banque.
2) Le risque de taux d’intérêt provient des pertes de revenus liées à une
augmentation des taux d’intérêts, en particulier sur les dettes dûes.
3) Le risque de capital découle des pertes liées aux fluctuations brutales des prix des
actifs réels et financiers. De tels risques apparaissent, par exemple, lorsque les prix
des actifs baissent brutalement lors d’un krach immobilier ou financier. Dans ces cas,
les entreprises/personnes/banques peuvent être forcés de vendre à bas prix des
actifs achetés antérieurement plus cher.
4) Le risque d’illiquidité correspond à la situation où un agent ne dispose pas de
liquidités suffisantes pour assumer ses charges, c’est-à-dire des moyens de
paiement pour payer une dépense ou rembourser une dette. Il encourt alors des
frais, provenant de la vente urgente d’une partie de ses actifs à un prix inférieur de
leur valeur, ou provenant du coût supplémentaire d’une levée de fonds faite dans
l’urgence (donc à des taux d’intérêt plus élevés dans le cas d’un emprunt).

La monnaie se distingue des autres actifs parce qu’elle ne présente en principe aucun des
risques mentionnées précédemment. C’est un actif sans risque, car c’est l’actif le plus
liquide. Un actif liquide a deux caractéristiques principales:
- sa valeur est stable: il ne présente pas de risque de variation (absence de risque de
capital)
- il est immédiatement disponible pour le règlement des transactions: un actif liquide
peut être converti, sans coûts et sans délai, en moyens de paiement (absence de
risque d’illiquidité)
La monnaie possède pleinement ces deux propriétés. À la différence des autres actifs, dont
la valeur, représentés par leur prix sur le marché, fluctue en fonction de l’offre et de la
demande. La valeur de la monnaie est stable, déterminée hors marché et supervisée
(directement ou indirectement) par l’État.

Des nuances doivent être apportées. Premièrement, la valeur de la monnaie est stable dans
le sens qu'un billet de 10chf aujourd’hui vaudra toujours 10chf dans 2 mois. Par contre, la
capacité de transformer ce billet de 10chf en des biens et services, lui n’est pas stable.
Autrement dit, la valeur nominale de la monnaie est stable, mais non sa valeur réelle,
exprimée en fonction des biens que celle-ci permet d’acquérir. Dans le cas d’actions
d’entreprise par exemple, leur valeur nominale est déterminée en fonction de l’offre et de la
demande et donc peut fluctuer beaucoup.

Deuxièmement, la valeur nominale de la monnaie ne tient que dans son pays d’émission.
Lorsqu’on souhaite échanger une monnaie contre une autre (par exemple des francs
suisses contre des euros), le taux auquel ces deux monnaies d'échange peut, lui, varier

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énormément! Détenir donc une monnaie comme actif comporte tout de même certains
risques.

Afin d’expliquer le comportement des agents économiques, les économistes ont élaboré une
théorie de la demande de monnaie. La théorie de la préférence pour la liquidité de Keynes
en constitue le point de départ. Pour Keynes, la détention d’actifs monétaires répond à trois
motifs principaux:

1) le motif de transaction recouvre le besoin de disponibilités monétaires pour faire


face aux dépenses courantes
2) le motif de précaution: la détention de monnaie permet de faire face aux imprévus
budgétaires pendant la forme d’une perte soudaine de revenus, ou d’une hausse non
anticipées des dépenses
3) le motif de spéculation désigne le choix des agents économiques entre liquidité et
placement. Les placements financiers sont plus risqués (notamment leur valeur
nominale qui fluctue beaucoup) mais peuvent avoir un plus grand rendement par
rapport aux placements monétaires (p.ex. compte d’épargne) qui sont très peu
risqués mais qui ont un rendement très faible.

En somme, les agents économiques arbitrent ainsi entre monnaie, biens et titres en fonction
de considérations de risque et de rendement, et c’est au terme de cette comparaison qu’il
définissent la structure réelle, financière et monétaire de leur patrimoine.

La notion d’agrégats monétaires est un concept qui divise la masse monétaire d'une
économie en différentes catégories ou agrégats en fonction de leur liquidité et de leur
proximité avec l'utilisation comme moyen de paiement. Ces agrégats fournissent une vue
d'ensemble de la quantité de monnaie en circulation dans une économie et sont souvent
utilisés pour analyser la politique monétaire et ses effets.

Les économistes divisent les actifs monétaires en trois catégories (agrégats): M1, M2 et M3.
Les agrégats monétaires M1, M2 et M3 sont composés différemment en fonction de la
liquidité des actifs financiers inclus, et sont définis comme suit:

● M1 : M1 est le plus liquide des agrégats monétaires, comprenant la monnaie


fiduciaire en circulation (billets et pièces) ainsi que les dépôts à vue (appelé aussi
comptes courants) dans les banques commerciales. En d'autres termes, il s'agit de la
monnaie directement disponible pour les paiements immédiats. En Suisse, M1
inclurait les billets de banque suisses (francs suisses) en circulation et les soldes des
comptes courants dans les banques suisses.
● M2 : M2 élargit la définition de M1 en y ajoutant les dépôts à terme ou les comptes
épargne dans les banques commerciales. Ces dépôts sont moins liquides que ceux
inclus dans M1 car ils nécessitent souvent un délai de préavis pour être retirés ou
transférés. En Suisse, M2 inclurait les dépôts à terme et les comptes épargne en
plus des éléments de M1.
● M3 : M3 est le plus large des agrégats monétaires, comprenant M2 ainsi que
d'autres instruments financiers à court terme qui sont facilement convertibles en
monnaie liquide, tels que les certificats de dépôt et les titres du marché monétaire.
M3 offre donc une mesure encore plus large de la liquidité dans l'économie. En

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Suisse, M3 inclurait les certificats de dépôt et les titres du marché monétaire en plus
des éléments de M2.

Il est important de noter que les définitions exactes des agrégats monétaires peuvent varier
d'un pays à l'autre et sont parfois ajustées par les autorités monétaires en fonction des
caractéristiques spécifiques de chaque économie. De plus, ces agrégats peuvent être
utilisés pour évaluer la politique monétaire, surveiller la stabilité financière et analyser les
tendances économiques.

En résumé, la théorie des agrégats monétaires divise la masse monétaire en différentes


catégories en fonction de leur liquidité et de leur proximité avec l'utilisation comme moyen de
paiement. Les agrégats M1, M2 et M3 fournissent une vue d'ensemble de la quantité de
monnaie en circulation dans une économie, avec M1 étant le plus liquide, suivi de M2 et M3.
En prenant la Suisse comme exemple, M1 inclurait la monnaie fiduciaire en circulation et les
dépôts à vue dans les banques, tandis que M2 et M3 élargiraient cette définition pour inclure
d'autres types de dépôts et d'instruments financiers à court terme.

Actifs financiers : actions, obligations et taux d’intérêts

Les actions et les obligations sont deux types d'instruments financiers utilisés par les
entreprises et les gouvernements pour lever des fonds sur les marchés financiers. Voici une
explication détaillée de chaque type d'instrument :

1. Actions :
○ Les actions représentent une forme de propriété partielle dans une
entreprise. Lorsqu'une entreprise décide de lever des fonds en émettant des
actions, elle offre aux investisseurs la possibilité d'acheter des parts de
propriété de l'entreprise. Chaque action représente une part de propriété,
appelée une action, dans l'entreprise.
○ Les détenteurs d'actions, appelés actionnaires, ont le droit de participer aux
bénéfices de l'entreprise sous forme de dividendes et ont également le droit
de voter lors des assemblées générales annuelles pour élire le conseil
d'administration et prendre des décisions importantes pour l'entreprise.
○ La valeur d'une action fluctue en fonction de la performance financière de
l'entreprise, de la demande sur le marché boursier, des attentes des
investisseurs et d'autres facteurs économiques et financiers. Les
investisseurs peuvent acheter et vendre des actions sur le marché boursier
pour réaliser des profits ou des pertes en fonction des variations de prix.
2. Obligations :
○ Les obligations représentent une forme de dette contractée par une
entreprise ou un gouvernement. Lorsqu'une entreprise ou un gouvernement
émet des obligations, il emprunte de l'argent aux investisseurs en échange de
la promesse de rembourser le montant emprunté, appelé le principal, à une
date future prédéterminée, en plus de verser des intérêts périodiques,
appelés coupons, jusqu'à l'échéance de l'obligation.
○ Contrairement aux actions, les obligations ne confèrent pas de propriété ou
de droits de vote aux investisseurs. Au lieu de cela, les détenteurs
d'obligations sont créanciers de l'entreprise ou du gouvernement émetteur et

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ont droit à des paiements d'intérêts réguliers et au remboursement du
principal à l'échéance.
○ Les obligations sont généralement considérées comme moins risquées que
les actions, car les paiements d'intérêts et le remboursement du principal sont
généralement contractuellement garantis par l'émetteur. Cependant, le
rendement des obligations est généralement inférieur à celui des actions en
raison de leur profil de risque moindre.

Les taux d'intérêt et la valeur des obligations sont liées et évoluent dans des directions
inverses. Voici comment cela fonctionne :

Lorsqu'une obligation est émise, elle offre généralement un taux d'intérêt fixe, appelé
coupon, qui représente le paiement périodique que l'émetteur de l'obligation s'engage à
verser aux détenteurs d'obligations. Ce taux d'intérêt est généralement fixé au moment de
l'émission de l'obligation et reste constant pendant toute la durée de vie de l'obligation.

La valeur d'une obligation sur le marché secondaire, c'est-à-dire sa valeur sur le marché
après son émission initiale, est influencée par les fluctuations des taux d'intérêt sur le
marché. Si les taux d'intérêt augmentent après l'émission de l'obligation, la valeur de
l'obligation diminue, et si les taux d'intérêt diminuent, la valeur de l'obligation augmente.

La raison de cette relation inverse est que les investisseurs sur le marché secondaire
recherchent un rendement compétitif. Lorsque les taux d'intérêt augmentent après l'émission
d'une obligation, les investisseurs peuvent acheter de nouvelles obligations offrant des
rendements plus élevés que ceux de l'obligation existante. Par conséquent, l'obligation
existante, offrant un rendement inférieur par rapport aux nouvelles obligations émises,
devient moins attrayante sur le marché secondaire. Les investisseurs exigent alors une
réduction du prix de l'obligation pour compenser le rendement inférieur par rapport aux
nouvelles obligations. La baisse de la valeur de l'obligation sur le marché secondaire
compense la différence entre le rendement fixe de l'obligation et le rendement plus élevé
offert par les nouvelles obligations émises, ce qui permet aux investisseurs d'obtenir un
rendement compétitif. De même, lorsque les taux d'intérêt diminuent, les obligations
existantes avec des taux d'intérêt plus élevés deviennent plus attrayantes, ce qui fait
augmenter leur valeur sur le marché.

Exemple: Supposons qu'une obligation soit émise avec un taux d'intérêt de 5 % lorsque les
taux d'intérêt du marché sont également de 5 %. Dans ce cas, la valeur nominale de
l'obligation est égale à sa valeur de marché, car le taux d'intérêt de l'obligation correspond
au taux d'intérêt du marché. Si les taux d'intérêt du marché augmentent à 6 % après
l'émission de l'obligation, les investisseurs préféreront désormais acheter de nouvelles
obligations offrant un rendement plus élevé de 6 % plutôt que de conserver l'ancienne
obligation offrant un rendement inférieur de 5 %. Par conséquent, la valeur de l'obligation sur
le marché secondaire baissera pour refléter le rendement inférieur par rapport aux nouvelles
obligations. À l'inverse, si les taux d'intérêt du marché diminuent à 4 %, l'obligation existante
avec un taux d'intérêt de 5 % deviendra plus attrayante, car elle offre un rendement plus
élevé que les nouvelles obligations émises à 4 %. Par conséquent, la valeur de l'obligation
sur le marché secondaire augmentera pour refléter le rendement supérieur par rapport aux
nouvelles obligations.

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En résumé, les taux d'intérêt et la valeur des obligations sont inversement liés : lorsque les
taux d'intérêt augmentent, la valeur des obligations diminue, et lorsque les taux d'intérêt
diminuent, la valeur des obligations augmente. Cette relation est due à la recherche par les
investisseurs d'un rendement compétitif par rapport aux nouvelles obligations émises sur le
marché.

La monnaie dans l’économie

point de vocabulaire: L'inflation est une augmentation généralisée et continue du niveau


des prix des biens et des services dans une économie sur une période donnée. Elle se
traduit par une baisse du pouvoir d'achat de la monnaie, ce qui signifie que les
consommateurs peuvent acheter moins de biens et de services avec la même quantité
d'argent.

Prenons un exemple pour illustrer l'inflation : supposons qu'aujourd'hui, le prix moyen d'un
panier de biens et de services courants coûte 100 chf. Si l'inflation est de 2% par an, cela
signifie que l'année suivante, ce même panier de biens et de services coûtera 102 chf en
moyenne. En d'autres termes, avec 102 chf, les consommateurs pourront acheter le même
panier de biens et de services qu'ils auraient pu acheter auparavant avec seulement 100
chf. Cela reflète une diminution du pouvoir d'achat de la monnaie due à l'inflation.

L'inflation peut être causée par divers facteurs, notamment une augmentation de la
demande globale par rapport à l'offre disponible, des coûts de production plus élevés pour
les entreprises, des pressions inflationnistes dues à la politique monétaire expansionniste,
ou encore des facteurs externes tels que les chocs pétroliers.

Circuit de la monnaie

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Dans le schéma simplifié du circuit de la monnaie, les flèches représentent les flux de
monnaie entre les différents agents économiques, à savoir les ménages, les entreprises et
les banques. Voici une explication du sens des flèches dans ce schéma :

1. Des ménages vers les entreprises (achat de biens et services) : Les ménages
fournissent de la monnaie aux entreprises lorsqu'ils achètent des biens et des
services produits par les entreprises. Cela représente les dépenses de
consommation des ménages pour acheter des produits tels que de la nourriture, des
vêtements, des voitures, etc.
2. Des entreprises vers les ménages (revenus) : Les entreprises versent des
salaires et des revenus aux ménages en échange du travail fourni par ces derniers.
Ces revenus comprennent les salaires, les dividendes sur les actions détenues par
les ménages, les intérêts sur les obligations, etc.
3. Des ménages vers les banques (dépôts) : Les ménages déposent une partie de
leurs revenus et de leur épargne dans les banques sous forme de dépôts. Ces
dépôts peuvent être effectués dans des comptes courants, des comptes d'épargne
ou d'autres produits bancaires.
4. Des banques vers les entreprises (prêts) : Les banques accordent des prêts aux
entreprises pour financer leurs investissements en capital, leurs dépenses
d'exploitation, leurs projets d'expansion, etc. Ces prêts fournissent aux entreprises
les fonds nécessaires pour développer leurs activités.
5. Des entreprises vers les banques (remboursement des prêts) : Les entreprises
remboursent les prêts accordés par les banques, remboursant le capital emprunté
ainsi que les intérêts associés. Ce remboursement des prêts constitue un flux de
monnaie des entreprises vers les banques.
6. Des banques vers les ménages (crédits et services financiers) : Les banques
fournissent également des crédits aux ménages sous forme de prêts hypothécaires,
de prêts automobiles, de cartes de crédit, etc. Les ménages peuvent également
payer des frais de services pour l'utilisation de produits bancaires tels que des
comptes courants ou des services de conseil financier.

En résumé, le circuit de la monnaie représente les interactions économiques entre les


ménages, les entreprises et les banques, illustrant comment la monnaie circule à travers
l'économie via des échanges de biens et de services, des revenus, des dépôts, des prêts et
d'autres transactions financières.

Le circuit monétaire présenté ci-dessus a le mérite d'être simple et de mettre en lumière des
résultats fondamentaux, Mais ce circuit doit être complété: le nombre d'agents et
d'opérations est évidemment plus important dans la réalité. Deux agents supplémentaires
doivent être pris en compte: en premier l’État qui est l’agent dont le poids est le plus
important dans l’économie, en raison de ses fonctions budgétaires et monétaires. Le
système bancaire (banques commerciales et banque centrale) entretient des relations
financières multiples avec l’État. Pour financer son déficit, l’État émet entre autres des
obligations à court, moyen et long termes. Les obligations à court terme (remboursement
sous moins d’un an) sont appelées des bons du Trésors.

Les obligations émises par l’État peuvent être achetées par n'importe quel agent
économique. Lorsque c’est une banque, un individu ou un fonds d’investissement

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institutionnel (p.ex. une caisse de pension) qui achète des obligations, il n’y a pas création
monétaire si l’argent de cet achat vient de leur caisse (par contre, comme précédemment, si
l’argent pour acheter le titre financier en question vient de la création d’une dette, alors là oui
il y a création monétaire). Par contre, si les obligations émises sont achetées par la banque
centrale du pays, avec de l’argent qu’elle crée pour l’occasion, alors il y a création monétaire
et on parle de monétisation de la dette. Cela conduit à une augmentation directe de la
masse monétaire en circulation, car la banque centrale crée de la monnaie pour acheter les
titres de dette du gouvernement. Ainsi, les banques ont un rôle fondamental concernant le
financement du budget de l’État, pour couvrir le déficit budgétaire.

Le second agent qu'il convient d’introduire dans le circuit monétaire est le monde extérieur:
l’économie de la Suisse est largement ouverte sur l’économie mondiale. Aussi, une part non
négligeable de la création monétaire a un lien direct avec les opérations avec l’étranger. On
reviendra sur les liens entre la monnaie et les opérations avec l’étranger lorsqu’on traitera
des taux de change.

On constate que la création et la circulation de la monnaie sont directement liées au


fonctionnement de l’économie: elles sont endogènes à l’économie. Il y a, en particulier, un
lien direct entre l’offre de monnaie des banques et les besoins de financement du secteur
productif. La création monétaire est déterminée (en partie, justement l’objet de débats) par le
niveau de l’activité économique. Par leurs prêts, les banques permettent aux entreprises
d’anticiper sur leurs revenus à venir. Elles partagent de ce fait les risques pris par les
entreprises et qui sont liés à l’incertitude du futur. Les banques et la création monétaire
jouent donc un rôle actif dans le développement de l’activité économique: la monnaie n’est
pas neutre.

En réalité, la question de l’influence de la création monétaire sur l’économie et la production


fait l'objet de grands débats (dont l’auteur a pris partie). Le débat sur la neutralité de la
monnaie est une discussion centrale entre différentes écoles de pensée économique,
notamment les néoclassiques, les keynésiens et les monétaristes. Voici un aperçu des
principaux arguments de chaque courant, dont le détail est donné plus loin :

1. Néoclassiques : Les économistes néoclassiques soutiennent généralement la


neutralité de la monnaie à long terme. Selon leur perspective, les changements dans
la quantité de monnaie en circulation n'affectent pas les variables économiques
réelles à long terme, telles que le niveau de production, l'emploi et la croissance
économique. Ils affirment que les ajustements automatiques du marché, tels que les
variations des prix relatifs, ramènent l'économie à son équilibre naturel après une
perturbation monétaire.
2. Keynésiens : Les économistes keynésiens contestent la neutralité de la monnaie,
en particulier à court et à moyen terme. Ils soutiennent que les changements dans la
quantité de monnaie peuvent avoir des effets réels sur l'économie en influençant la
demande globale et en affectant ainsi la production, l'emploi et les prix. Selon la
théorie keynésienne, une augmentation de la masse monétaire peut stimuler la
demande globale et encourager la croissance économique, tandis qu'une diminution
peut entraîner une contraction économique.
3. Monétaristes : Les économistes monétaristes sont généralement en faveur de la
neutralité de la monnaie à long terme, mais ils reconnaissent souvent son impact à

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court terme. Ils soulignent l'importance de la politique monétaire dans le contrôle de
l'inflation à long terme, mais ils mettent également en garde contre les effets néfastes
de l'expansion monétaire excessive, qui peut entraîner une instabilité des prix et des
distorsions économiques à court terme.

La théorie quantitative de la monnaie

La théorie quantitative de la monnaie, associée aux monétaristes, établit un lien entre la


masse monétaire, les prix, les quantités échangées pendant une période donnée et la
vitesse de circulation de la monnaie. Le point central de cette théorie est l’équation de la
quantité de monnaie. La théorie quantitative de la monnaie est souvent formulée sous la
forme de l'équation de la quantité de monnaie, qui est représentée comme : M·V=P·Q, où :

● M représente la masse monétaire en circulation dans l'économie.


● V est la vitesse de circulation de la monnaie, c'est-à-dire le nombre de fois où une
unité monétaire change de mains au cours d'une période donnée.
● P représente le niveau des prix dans l'économie.
● Q représente la quantité de biens et de services échangés dans l'économie.

Selon la théorie quantitative de la monnaie, une augmentation de la masse monétaire M


entraînera proportionnellement une augmentation des prix P, tout en laissant les quantités
échangées Q et la vitesse de circulation de la monnaie V inchangées. Cette relation
implique que les changements dans la masse monétaire n'ont pas d'impact réel sur
l'économie. Une augmentation de la quantité de monnaie en circulation conduirait
uniquement à un changement de label de prix, sans autre impact sur l’économie.

Raisonnement derrière la neutralité de la monnaie : Les monétaristes soutiennent que la


neutralité de la monnaie découle du fait que les ajustements automatiques du marché, tels
que les variations des prix relatifs, compensent les effets à court terme des changements
dans la masse monétaire. Par exemple, une augmentation de la masse monétaire
entraînera une augmentation des prix, ce qui réduit la valeur réelle de la monnaie et
encourage les gens à demander moins de monnaie, ramenant ainsi la demande monétaire à
son niveau d'équilibre. En conséquence, bien que la politique monétaire puisse influencer
les prix à court terme, elle ne peut pas modifier les variables réelles telles que la production
et l'emploi à long terme, comme le prétend la neutralité de la monnaie.

En résumé, la théorie quantitative de la monnaie, défendue par les monétaristes, établit un


lien entre la masse monétaire, les prix, les quantités échangées et la vitesse de circulation
de la monnaie. Elle soutient que les changements dans la masse monétaire n'ont pas
d'impact réel sur l'économie, ce qui conduit à la conclusion de la neutralité de la monnaie.

La théorie keynésienne de la monnaie

Le point de vue keynésien sur l'interaction entre la création monétaire et les autres variables
économiques diffère de celui des monétaristes. Voici une présentation du point de vue
keynésien à court et à moyen terme :

1. Court terme : Selon Keynes, à court terme, la demande globale de biens et services
est le principal déterminant de la production et de l'emploi. Dans cette perspective,

11
l'augmentation de la masse monétaire peut stimuler la demande globale en
augmentant les dépenses de consommation et d'investissement. Une expansion
monétaire peut avoir un effet positif sur la demande effective, car elle augmente la
liquidité des agents économiques, réduisant ainsi les taux d'intérêt et encourageant
les dépenses de consommation et d'investissement. L'effet stimulant de l'expansion
monétaire sur la demande globale peut entraîner une augmentation de la production
et de l'emploi à court terme, contribuant ainsi à réduire le chômage.
2. Moyen terme : À moyen terme, les keynésiens reconnaissent que l'économie peut
atteindre des contraintes de capacité, où une expansion monétaire excessive peut
entraîner une augmentation des pressions inflationnistes (i.e. une augmentation de
l’inflation). Cependant, même à moyen terme, les keynésiens soutiennent que la
politique monétaire peut influencer positivement l'activité économique en stabilisant
les fluctuations de la demande globale et en réduisant le chômage involontaire. Ils
insistent sur l'importance d'une politique monétaire active pour réguler l'économie et
atténuer les fluctuations conjoncturelles, même si elle peut ne pas être aussi efficace
qu'à court terme en raison des contraintes de capacité.
3. Long terme: Le point de vue keynésien de la monnaie à long terme est caractérisé
par l'idée que la monnaie peut avoir des effets réels persistants sur l'économie.
Contrairement à la perspective néoclassique de la neutralité de la monnaie à long
terme, les keynésiens soutiennent que les changements dans la masse monétaire
peuvent continuer à influencer les variables économiques réelles même sur le long
terme.

En résumé, le point de vue keynésien met l'accent sur le rôle de la demande globale dans la
détermination de la production et de l'emploi à court terme. Les keynésiens soutiennent que
la politique monétaire peut influencer positivement l'activité économique en stimulant la
demande globale, même si elle peut être limitée à moyen terme en raison des contraintes de
capacité et des risques inflationnistes.

Le point de vue néoclassique

La théorie néoclassique, souvent associée à la neutralité de la monnaie à long terme,


propose une perspective différente sur l'interaction entre la création monétaire et les autres
variables économiques. Voici une présentation de la théorie néoclassique :

1. Court terme : À court terme, les néoclassiques reconnaissent que la création


monétaire peut avoir un effet sur les variables économiques réelles, telles que la
production et l'emploi, mais ils soutiennent que ces effets sont temporaires et se
dissipent à mesure que l'économie retrouve son équilibre à long terme. Ils affirment
que les changements dans la masse monétaire peuvent entraîner des ajustements
temporaires des prix et des taux d'intérêt, mais que ces ajustements ne modifient pas
les variables réelles à long terme, car les agents économiques ajustent leurs
comportements en réponse aux changements monétaires.
2. Long terme : À long terme, les néoclassiques soutiennent généralement la neutralité
de la monnaie. Selon leur perspective, les changements dans la masse monétaire
n'ont pas d'impact sur les variables économiques réelles, telles que la production,
l'emploi et le niveau de vie. Les néoclassiques argumentent que les ajustements
automatiques du marché, tels que les variations des prix relatifs, ramènent

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l'économie à son équilibre naturel après une perturbation monétaire. Par conséquent,
bien que l'expansion monétaire puisse temporairement influencer les prix et les taux
d'intérêt, elle n'affecte pas les variables réelles à long terme.

En résumé, la théorie néoclassique propose que la création monétaire n'affecte pas les
variables économiques réelles à long terme, en raison des ajustements automatiques du
marché qui ramènent l'économie à son équilibre naturel. Bien que la création monétaire
puisse avoir des effets temporaires à court terme, elle est considérée comme neutre à long
terme, ce qui signifie qu'elle n'a pas d'impact sur la production, l'emploi ou d'autres variables
réelles.

La dimension internationale des monnaies

point de vocabulaire: 1) La cotation au certain est une méthode d'expression des taux de
change dans laquelle le taux de change indique combien d'unités de monnaie étrangère
sont nécessaires pour acheter une unité de monnaie nationale. Par exemple, si la cotation
au certain pour le franc suisse par rapport à l’euro est de 1,10 EUR/CHF, cela signifie qu'il
faut 1,10 euros pour acheter 1 franc suisse. À l'inverse, la cotation à l'incertain indique
combien d'unités de monnaie nationale sont nécessaires pour acheter une unité de monnaie
étrangère. Par exemple, si la cotation à l'incertain pour le franc suisse par rapport à l’euro
est de 0,91 CHF/EUR, cela signifie qu'il faut 0.91 francs suisse pour acheter 1 euro.
Généralement, les populations de pays importateurs (i.e. qui importent plus qu’ils
n’exportent) utilise la cotation à l’incertain car ce qui les intéresse est de savoir le coût de
l’achat d’un bien à l’étranger. Donc utiliser la cotation à l’incertain fait sens: il suffit de
multiplier le prix du bien étranger par la cotation à l’incertain pour obtenir le prix en monnaie
national. Par exemple, si je fais mes courses en France j’aimerais certainement savoir
combien ça va me coûter en franc suisse. Pour le savoir, je prends mon ticket d’Intermarché
indiquant par exemple 100€, et je multiplie ce montant par la cotation à l’incertain du jour,
par exemple 1 EUR = 0.91 CHF, et j’obtiens le prix en francs suisse de mes courses, i.e. 91
CHF. Pour les populations de pays exportation (i.e. qui exportent plus qu’ils n’importent), la
tendance est d’utiliser au contraire la cotation au certain, car ce qui est important est de
connaître le prix du bien qu’on vend aux consommateurs étrangers. Pour ça, il suffit de
multiplier le prix du bien en monnaie local (par exemple en francs suisse) par le taux en
cotation certain pour obtenir le prix que payent les consommateurs étrangers. Ça permet de
comparer le prix du bien qu’on exporte aux autres biens étrangers, qui sont en concurrence
avec le bien en question. Pour passer de la cotation au certain à l’incertain (et
réciproquement) il suffit de prendre le taux de change et de l’inverser. I.e. on a la relation

Taux de change à l’incertain = 1 / Taux de change au certain

2) L'appréciation d'une monnaie se produit lorsque sa valeur augmente par rapport à une
autre monnaie. Par exemple, si le taux de change EUR/CHF passe de 1,10 à 1,20, cela
signifie que l'euro s'apprécie par rapport au franc suisse, car il faut désormais moins de
francs suisses pour acheter 1 euro. À l'inverse, la dépréciation d'une monnaie se produit
lorsque sa valeur diminue par rapport à une autre monnaie. Reprenons l'exemple précédent
: si le taux de change EUR/CHF passe de 1,20 à 1,10, cela signifie que l'euro se déprécie
par rapport au franc suisse, car il faut désormais plus de francs suisses pour acheter 1 euro.
Lorsqu’on regarde l’évolution du taux de change d’une monnaie, il est très important de

13
savoir si on côte la monnaie au certain ou à l’incertain. Par exemple, si on utilise la
cotation au certain pour le francs suisse face à l’euros, par exemple 1 CHF = 1.20 EUR
(noté souvent par taux de change = 1.20 EUR/CHF), alors une augmentation du taux de
change indique une appréciation du franc suisse par rapport à l’euro: Imaginons qu’on
passe d’un taux de change de 1.20 EUR/CHF à 1.25 EUR/CHF, alors cela veut dire que 1
CHF permet d’acheter plus d’euros, et donc que la monnaie suisse est devenu plus forte,
plus chère. Au contraire, si on utilise la cotation à l’incertain pour le francs suisse face à
l’euros, par exemple 1 EUR = 0.8 CHF (noté souvent par taux de change = 0.8 CHF/EUR),
alors une augmentation du taux de change indique une dépréciation du franc suisse par
rapport à l’euro: Imaginons qu’on passe d’un taux de change de 0.8 CHF/EUR à 0.9
CHF/EUR, alors cela veut dire que 1 EUR permet maintenant d’acheter plus de francs
suisse, et donc que l’euro s’est renchéri, ou, formulé de manière équivalente, que le franc
suisse s’est affaibli, qu’il a perdu de la valeur (par rapport à l’euro).

Attention: une monnaie peut à la fois s’apprécier par rapport à une monnaie et se déprécier
par rapport à une autre monnaie. Par exemple, le franc suisse peut s’apprécier (devenir plus
cher, plus fort) par rapport à l’euro et se déprécier (devenir meilleur marché, plus faible) en
même temps par rapport au dollars.

(Pour s’entraîner, ça peut être pas mal de regarder l’évolution de taux de change du CHF en
d’autres monnaies sur google et de déterminer si l’évolution du taux change indique une
appréciation du CHF ou une dépréciation du CHF par rapport aux autres monnaies.)

3) Une monnaie est considérée comme surévaluée lorsque sa valeur nominale (i.e. dictée
par le marché) sur le marché des changes est plus élevée que ce que les fondamentaux
économiques du pays indiquent. Cela signifie que la monnaie est plus forte que ce que
l'économie du pays peut justifier, ce qui peut entraîner des déséquilibres dans les échanges
commerciaux, des pertes de compétitivité pour les exportateurs et une réduction de la
demande extérieure pour les produits et services du pays concerné. Une surévaluation peut
résulter d'une forte demande spéculative pour la monnaie, de politiques monétaires
restrictives ou de conditions économiques externes favorables. À l'inverse, une monnaie est
considérée comme sous-évaluée lorsque sa valeur nominale sur le marché des changes
est inférieure à ce que les fondamentaux économiques du pays soutiennent. Cela signifie
que la monnaie est plus faible que ce que l'économie du pays pourrait justifier, ce qui peut
rendre les exportations plus compétitives sur les marchés internationaux, stimuler la
croissance économique et favoriser la création d'emplois. Une sous-évaluation peut résulter
d'une faible demande pour la monnaie, de politiques monétaires expansionnistes ou de
conditions économiques internes défavorables.

4) Une dévaluation d’une monnaie est une baisse délibérée par un gouvernement (à
travers la banque centrale) de la valeur d'une monnaie par rapport à d'autres devises
étrangères sur les marchés des changes. Cela signifie que le taux de change d'une monnaie
nationale est abaissé par rapport à une autre devise, ce qui rend les biens et services
produits dans le pays moins chers pour les acheteurs étrangers, tout en rendant les biens et
services étrangers plus chers pour les résidents nationaux. Une dévaluation peut être
réalisée de différentes manières, notamment par l'intervention de la banque centrale sur le
marché des changes, par des modifications de la politique monétaire ou par des décisions
gouvernementales. Au contraire, une réévaluation d’une monnaie est une hausse délibérée

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par une banque centrale de la valeur d’une monnaie par rapport à d'autres devises
étrangères sur les marchés des changes. Ces termes sont surtout utilisés dans le cadre de
taux de change fixes (i.e. des taux de change décidés par les autorités monétaire d’un
pays, et non par le marché), lorsqu’un pays décide de changer le taux de change de sa
monnaie à la hausse ou à la baisse. Dans le cadre de taux de change flottants, on utilisera
plus les termes d’appréciation et de dépréciation de la monnaie pour parler de son évolution.

Le marché des changes est le plus important des marchés financiers, du fait de sa
dimension planétaire. Il y a, en effet, qu’un seul marché des changes dans le monde. Les
transactions sur une devise (par exemple le franc suisse) peuvent prendre place aussi bien
à Paris, à Londres ou à New York. La confrontation des offres et des demandes de devises
n’implique pas que les offreurs et demandeurs se rencontrent physiquement, grâce aux
technologies modernes de communication, et des technologies propres au monde financier
qui accélèrent l’échange d’informations. De plus, le marché des changes fonctionne en
continu, étant ouvert successivement sur chacune des principales places financières en
Extrême-Orient, en Europe et en Amérique du Nord. Les cours de change sont ainsi côtés
24 heures sur 24. Autre caractéristique, le marché des changes est une organisation
économique largement auto-réglementée.

Puisque les monnaies circulent à l’échelle mondiale, elles sont comparées les unes aux
autres en permanence. Aussi, l’analyse économique a-t-elle cherché à établir les relations
entre les monnaies, et on distingue deux approches. La première utilise le pouvoir d’achat
dans chaque pays pour prédire le taux auquel les monnaies s'échangent et s’appelle la
théorie de la parité de pouvoir d’achat des monnaies (PPA). La seconde utilise les taux
d’intérêts en vigueur dans chaque pays pour prédire le taux auquel les monnaies
s’échangent.

La théorie de la parité de pouvoir d’achat (PPA)

La théorie de la parité de pouvoir d'achat (PPA) est un concept fondamental en économie


internationale qui cherche à expliquer les mouvements des taux de change entre les
monnaies des différents pays. Cette théorie repose sur l'idée que les taux de change
devraient s'ajuster de manière à ce que le prix d'un panier de biens et de services soit le
même dans tous les pays une fois converti dans une même monnaie.

En d'autres termes, la PPA stipule que le pouvoir d'achat d'une monnaie devrait être
équivalent à celui d'une autre monnaie lorsqu'on compare des biens similaires dans
différents pays. Cette théorie repose sur deux versions principales : la PPA absolue et la
PPA relative.

Selon la PPA absolue, les taux de change entre deux monnaies doivent s'ajuster de manière
à ce que le prix d'un panier de biens et de services soit identique dans tous les pays une fois
converti dans une même monnaie. Cela signifie que le coût relatif des biens et services
devrait être le même, quelle que soit la monnaie utilisée. Par exemple, si un panier de biens
coûte 100 euros en France et que le taux de change entre l'euro et le dollar est de 1,2, alors
ce même panier de biens devrait coûter 120 dollars aux États-Unis pour respecter la PPA
absolue.

15
La PPA relative prend en compte les variations des taux de change en fonction des
différences d'inflation entre les pays. Selon cette version de la théorie, les taux de change
doivent évoluer pour compenser les différences d'inflation afin de maintenir le pouvoir
d'achat relatif des monnaies. Par exemple, si l'inflation est plus élevée en France qu'aux
États-Unis, la PPA relative suggère que l'euro devrait se déprécier par rapport au dollar pour
compenser cette différence d'inflation et maintenir le pouvoir d'achat relatif des monnaies.

Un exemple concret d’utilisation de la PPA absolue: Le Big Mac Index est un indicateur
économique qui illustre la théorie de la parité de pouvoir d'achat (PPA) de manière pratique
et accessible. Cet indice a été créé par le magazine The Economist dans les années 1980
pour évaluer si les taux de change des différentes monnaies sont alignés avec la théorie de
la PPA.

Le principe du Big Mac Index est simple : il compare le prix du Big Mac, le hamburger
emblématique de McDonald's, dans différents pays à travers le monde. Puisque le Big Mac
est produit de manière standardisée et vendu dans de nombreux pays, il offre une
comparaison pertinente des niveaux de prix entre ces pays.

En utilisant le Big Mac Index, on peut voir si le prix du Big Mac est sensiblement le même
dans tous les pays une fois converti dans une même monnaie, comme le prédit la PPA. Si
ce n'est pas le cas, cela suggère que les taux de change des devises sont surévalués ou
sous-évalués par rapport à leur valeur réelle en fonction des écarts de prix.

Par exemple, si le prix d'un Big Mac est plus élevé dans un pays que dans un autre après
conversion dans la même monnaie, cela signifie que la monnaie de ce pays est
probablement surévaluée par rapport à la monnaie du pays où le Big Mac est moins cher,
selon la théorie de la PPA. Cette disparité des prix peut indiquer des opportunités d'arbitrage
sur le marché des changes.

Imaginons que le prix d'un Big Mac aux États-Unis soit de 5,65 dollars américains. En
Suisse, le même Big Mac coûte 6,50 francs suisses. Pour simplifier le calcul, supposons que
le taux de change actuel entre le dollar américain (USD) et le franc suisse (CHF) soit de 1
USD = 1,10 CHF.

En utilisant le Big Mac Index pour prédire le taux de change entre le dollar et le franc suisse,
nous pouvons établir une comparaison des prix :

Prix du Big Mac aux États-Unis en USD : 5,65 USD


Prix du Big Mac en Suisse en CHF : 6,50 CHF

Si la théorie de la PPA est juste, le prix du Big Mac en Suisse converti en dollars en utilisant
le taux de change actuel devrait être de 5.65 USD. On constate, en utilisant le taux de
change cité plus haut qu’on a:

6,50 CHF / 1,10 = 5,91 USD

Maintenant, nous avons deux estimations du prix d'un Big Mac, l'une en dollars américains
(5,65 USD) et l'autre en dollars américains après conversion depuis les francs suisses (5,91

16
USD). Idéalement, ces prix devraient être égaux si la parité de pouvoir d'achat est
respectée.

Cependant, dans cet exemple, le prix du Big Mac en Suisse (5,91 USD) est légèrement plus
élevé que celui aux États-Unis (5,65 USD), ce qui suggère que le franc suisse est
légèrement surévalué par rapport au dollar américain. Selon la PPA, le taux de change
véritable, noté X, devrait donner

6.50 CHF / X = 5.65 USD

C’est-à-dire, Prix du Big Mac en Suisse / X = Prix du Big Mac aux USA. Donc, pour trouver X
il suffit de faire:

X = Prix du Big Mac en Suisse / Prix du Big Mac aux USA = 6.50/5.65 = 1.15

En d'autres termes, selon le Big Mac Index, le taux de change implicite/véritable devrait être
plus proche de 1 USD = 1.15 CHF plutôt que de 1 USD = 1.10 CHF. Selon la PPA, le franc
suisse devrait se déprécier face au dollar dans le futur, et passer de 1 USD = 1.10 CHF à 1
USD = 1.15 CHF. On parle de dépréciation du franc suisse, car le dollar devrait permettre
d’acheter plus de franc suisse par rapport à avant (1.15 CHF plutôt que 1.10 CHF),
autrement dit le franc suisse devrait perdre de la valeur, être moins cher.

C'est une simplification de la réalité, mais cela illustre comment le Big Mac Index peut être
utilisé pour évaluer si les taux de change reflètent correctement la parité de pouvoir d'achat
entre les deux pays. On pourrait utiliser d’autres biens que le Big Mac pour faire exactement
la même chose, ou mieux, en combiner plusieurs pour obtenir un panier de biens de
référence afin de faire une analyse plus correcte. La PPA relative, elle, utilise l’évolution du
prix d’un panier de biens de référence pour calculer le taux de change véritable plutôt que
de comparer directement les prix, comme dans l’exemple précédent. Pour rappel, l’évolution
du prix d’un panier de biens de référence s’appelle l’inflation. Par exemple, si l’inflation des
États-Unis est supérieure à l’inflation de la Suisse, la PPA relative prédit que le dollar va se
déprécier face au franc suisse. La logique est la suivante: l’inflation indique la perte de
valeur d’une monnaie. Avec un même franc suisse, on achète moins de choses après
inflation qu’avant. La monnaie qui subit le plus d’inflation perd donc le plus de valeur, et donc
devrait s’échanger moins favorablement contre d’autres monnaies à terme.

La théorie de la parité des taux d’intérêts

La théorie de la parité des taux d'intérêt suggère que les différences dans les taux d'intérêt
entre deux pays peuvent influencer les taux de change entre leurs devises respectives.
Selon cette théorie, les investisseurs chercheront à maximiser leurs rendements en
investissant dans les devises offrant les taux d'intérêt les plus élevés.

Supposons que le taux d'intérêt en Suisse soit de 1 % et que le taux d'intérêt en Europe soit
de 0,5 %. Selon la théorie de la parité des taux d'intérêt, les investisseurs préféreront investir
en Suisse pour bénéficier du taux d'intérêt plus élevé. Cela signifie qu'ils convertiront leurs
euros en francs suisses pour investir en Suisse.

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Le processus de conversion de l'euro (EUR) en franc suisse (CHF) entraînera une demande
accrue de francs suisses sur le marché des changes, ce qui fera augmenter la valeur du
franc suisse par rapport à l'euro. En conséquence, le taux de change EUR/CHF
augmentera.

En utilisant des chiffres, supposons que le taux de change actuel entre l'euro et le franc
suisse soit de 1 CHF = 1.05 EUR. En raison de l'augmentation de la demande de francs
suisses causée par le taux d'intérêt plus élevé en Suisse, le taux de change EUR/CHF
pourrait augmenter, par exemple, à 1 CHF = 1.10 EUR.

Ainsi, la théorie de la parité des taux d'intérêt suggère que les différences dans les taux
d'intérêt entre deux pays peuvent influencer les mouvements des taux de change entre leurs
devises respectives. Cependant, il est important de noter que d'autres facteurs, tels que les
anticipations de croissance économique, les flux commerciaux et les politiques monétaires,
peuvent également avoir un impact sur les taux de change réels.

L’histoire des régimes de change et l’arbitrage entre flux de capitaux, stabilité des
taux de change et autonomie de la politique monétaire

L'histoire des régimes de change est marquée par une évolution constante des approches
adoptées par les économies mondiales pour gérer leurs devises et réguler les flux de
capitaux. Ces régimes varient en fonction du degré de flexibilité accordé aux taux de change
et de l'intervention des autorités monétaires.

Étalon-or et Bretton Woods : Avant la Première Guerre mondiale, de nombreux pays


utilisaient un étalon-or (gold standard) où les monnaies étaient liées à une quantité fixe d'or.
Cependant, ce système s'est effondré avec la guerre. Après la Seconde Guerre mondiale,
les accords de Bretton Woods ont été établis, où les monnaies étaient fixées par rapport au
dollar américain, qui était lui-même convertible en or à un prix fixe. Cela a créé un système
de change fixe avec des taux ajustables, garantissant une stabilité relative des taux de
change. Par contre, sous le système de Bretton Woods, les flux de capitaux étaient limités et
les contrôles des changes étaient courants pour maintenir la stabilité financière et garantir le
bon fonctionnement du système de taux de change fixes.

Flottement contrôlé et flottement libre : Au fil du temps, les contraintes du système de


Bretton Woods ont conduit à des pressions sur le dollar américain, aboutissant à son
abandon en 1971. Cela a ouvert la voie à l'émergence de régimes de flottement contrôlés,
où les taux de change étaient autorisés à fluctuer mais avec une certaine intervention des
autorités monétaires pour stabiliser les devises. Plus tard, de nombreux pays sont passés à
un régime de flottement libre, où les taux de change sont déterminés par l'offre et la
demande sur le marché des changes, avec peu ou pas d'intervention des autorités.

En économie de la monnaie, on énonce un arbitrage (un choix) à faire pour chaque pays
entre avoir des taux de change stables entre sa monnaie et les autres, avoir une
liberté totale sur sa politique monétaire et permettre librement aux capitaux d’entrer et
de sortir du pays. On ne peut pas posséder pleinement les trois: il faut nécessairement
renoncer à l’un. L'arbitrage entre flux de capitaux, stabilité des taux de change et autonomie
de la politique monétaire est un dilemme complexe auquel les pays sont confrontés dans le
cadre de leurs politiques économiques. Chacune de ces caractéristiques peut avoir des

18
avantages et des inconvénients pour une économie, et le choix entre elles dépend des
objectifs et des circonstances économiques spécifiques de chaque pays.

1. Liberté des flux de capitaux : Permettre une liberté des flux de capitaux facilite
l'entrée et la sortie de capitaux étrangers dans l'économie d'un pays. Cela peut
stimuler l'investissement, favoriser la croissance économique et améliorer l'efficience
du marché financier en permettant aux capitaux de se déplacer là où ils sont le plus
nécessaires. Cependant, une liberté excessive peut également rendre l'économie
vulnérable aux chocs externes, tels que les crises financières ou les fuites de
capitaux, et peut compromettre la capacité des autorités monétaires à contrôler les
taux de change et à mettre en œuvre des politiques macroéconomiques. Permettre
donc les flux libres de capitaux, c’est contraindre sa politique monétaire afin de
stabiliser les taux de change (la banque centrale contrôle la masse monétaire pour
empêcher la monnaie de perdre de la valeur ou en gagner suite aux mouvements en
capitaux), ou de renoncer à la stabilité des taux de change (mais en échange de
garder la liberté de la politique monétaire).
2. Stabilité des taux de change : Maintenir la stabilité des taux de change est
essentiel pour encourager le commerce international, réduire l'incertitude pour les
entreprises et les investisseurs, et promouvoir la confiance dans l'économie. Des
taux de change stables facilitent également la planification à long terme des
politiques économiques et la stabilité financière. Cependant, maintenir des taux de
change stables peut nécessiter des interventions sur le marché des changes, ce qui
peut être coûteux et peut limiter la flexibilité de la politique monétaire pour atteindre
d'autres objectifs économiques. On peut soit renoncer à la politique monétaire
autonome (on contraint la banque centrale de réguler la masse monétaire afin de
stabiliser les taux de change) afin d’avoir en même temps des taux de change stable
et une liberté des flux de capitaux, soit renoncer au libre mouvement des capitaux
(on contrôle les flux sortant et rentrant dans l’économie nationale) afin de garder une
politique monétaire autonome.
3. Politique monétaire autonome : Une politique monétaire autonome permet à un
pays de contrôler ses taux d'intérêt et sa masse monétaire pour atteindre des
objectifs économiques tels que la stabilité des prix, la croissance économique et le
plein emploi. Cela donne aux autorités monétaires une marge de manœuvre pour
réagir aux chocs économiques internes et externes. Cependant, une politique
monétaire autonome peut être compromise en présence de flux de capitaux volatils,
car les mouvements de capitaux peuvent influencer les taux de change et limiter la
capacité des autorités monétaires à atteindre leurs objectifs. On peut soit renoncer
au libre mouvement des capitaux afin d’avoir une politique monétaire autonome et
une stabilité des taux de change, soit renoncer aux taux de change stables afin
d’avoir une liberté de mouvement de capitaux et une politique monétaire autonome.

Prenons quelques exemples d’arbitrage. Par exemple, la France, l’Allemagne et les autres
pays de l’union monétaire européenne ont renoncé à leur propre monnaie au profit d’une
monnaie commune, l’euro. Ce faisant, chaque pays a renoncé à une politique monétaire
autonome. Les banques centrales de chaque pays ont perdu la capacité de créer et de
réguler de la masse monétaire, au profit d’une stabilité absolue de change et une liberté
totale de flux de capitaux entre les pays de l’union monétaire européenne. Par exemple, la
banque de France, qui avant avait une place de premier plan dans la politique monétaire

19
française, a perdu quasi tout pouvoir. À présent, c’est la banque centrale européenne, la
BCE, qui s’occupe de ces questions pour l’ensemble de l’union monétaire européenne.

Afin d’avoir des taux de change stables, certains pays ont même abandonné leur monnaie
locale au profit du dollars. Ce faisant, ils ont perdu le contrôle total de leur masse monétaire
mais ont gagné une liberté totale de mouvements de capitaux et une stabilité absolue des
taux de change de leur monnaie. C’est le cas de l’équateur par exemple. D’autres pays ont
choisi de fixer leur monnaie au dollars, sans supprimer pour autant leur monnaie nationale.
Le résultat est le même, mais un changement de régime est plus facile (il suffit de supprimer
le taux de change fixe). C’est le cas de Hong-Kong par exemple.

L’arbitrage entre ces trois caractéristiques est résumé par le schéma ci-dessous

En fin de compte, chaque pays doit trouver un équilibre entre ces trois caractéristiques en
fonction de ses priorités économiques, de ses conditions nationales et de son intégration
dans l'économie mondiale. Certains pays peuvent choisir de privilégier la stabilité des taux
de change pour favoriser le commerce et l'investissement, tandis que d'autres peuvent opter
pour une politique monétaire plus autonome pour atteindre des objectifs de croissance
économique ou de stabilisation macroéconomique. Dans tous les cas, il s'agit d'un
compromis délicat qui nécessite une analyse approfondie des avantages et des
inconvénients de chaque approche.

La politique monétaire

Les politiques monétaires sont mises en œuvre par les banques centrales afin d'atteindre
plusieurs objectifs économiques. Voici quelques-uns des principaux objectifs des politiques
monétaires :

20
1. Stabilité des prix : L'un des objectifs primordiaux des politiques monétaires est de
maintenir la stabilité des prix, c'est-à-dire de contrôler l'inflation et d'éviter la déflation.
Une inflation modérée et stable est généralement considérée comme favorable à une
croissance économique saine, car elle encourage les dépenses et les
investissements sans entraîner une perte de valeur excessive de la monnaie.
2. Plein emploi : Les politiques monétaires visent également à favoriser le plein emploi
en stimulant la croissance économique et en encourageant la création d'emplois. En
ajustant les taux d'intérêt et en influençant les conditions de crédit, les banques
centrales peuvent chercher à soutenir l'activité économique pour favoriser la création
d'emplois.
3. Stabilité financière : Les politiques monétaires peuvent également avoir pour
objectif de promouvoir la stabilité du système financier en régulant les marchés
financiers et en atténuant les risques systémiques. Cela peut inclure la supervision
des institutions financières, la réglementation des activités bancaires et la gestion
des crises financières potentielles.
4. Croissance économique durable : Les politiques monétaires sont souvent conçues
pour favoriser une croissance économique durable et équilibrée à long terme. Cela
peut impliquer de soutenir les investissements productifs, d'encourager l'innovation
et de créer un environnement favorable aux entreprises et à l'entrepreneuriat.
5. Stabilité des taux de change : Dans les économies où les taux de change sont
flexibles, les politiques monétaires peuvent viser à maintenir la stabilité des taux de
change afin de favoriser la prévisibilité des échanges internationaux et des flux de
capitaux. Dans les régimes de change fixes ou de taux de change ciblés, les
objectifs de stabilité des taux de change peuvent être plus explicites.

En résumé, les politiques monétaires sont conçues pour atteindre une série d'objectifs
économiques, y compris la stabilité des prix, le plein emploi, la stabilité financière, la
croissance économique durable et la stabilité des taux de change, selon les priorités et les
conditions économiques de chaque pays.

Les banques centrales disposent de plusieurs instruments de politique monétaire pour


influencer la création monétaire et les taux d'intérêt. Voici quelques-uns des principaux
leviers à leur disposition :

1. Taux d'intérêt directeurs : Les banques centrales peuvent fixer et ajuster les taux
d'intérêt directeurs, tels que le taux d'escompte ou le taux des fonds fédéraux aux
États-Unis. Ces taux servent de référence pour les taux d'intérêt pratiqués dans
l'économie. En augmentant ou en diminuant ces taux, les banques centrales peuvent
influencer le coût du crédit, ce qui peut stimuler ou freiner l'activité économique et la
création monétaire.
2. Opérations d'open market : Les banques centrales peuvent mener des opérations
d'open market, qui consistent à acheter ou vendre des titres sur le marché financier.
Lorsqu'elles achètent des titres, elles injectent des liquidités dans le système
financier, augmentant ainsi la création monétaire. À l'inverse, lorsqu'elles vendent
des titres, elles retirent des liquidités du système, réduisant la création monétaire.
3. Facilités de prêt : Les banques centrales peuvent offrir des facilités de prêt aux
banques commerciales, telles que des prêts à court terme ou des lignes de crédit. En
ajustant les conditions de ces prêts (comme les taux d'intérêt ou les exigences en

21
matière de garanties), les banques centrales peuvent influencer la disponibilité du
crédit dans l'économie et donc la création monétaire.
4. Réserves obligatoires : Les banques centrales peuvent fixer des exigences en
matière de réserves obligatoires, c'est-à-dire le montant minimum de fonds que les
banques commerciales doivent détenir sous forme de réserves. En augmentant ou
en diminuant ces exigences, les banques centrales peuvent contrôler la quantité de
liquidités que les banques commerciales peuvent prêter, ce qui influence également
la création monétaire.
5. Communication et orientation des attentes : Enfin, les banques centrales peuvent
utiliser leur communication et leur orientation des attentes pour influencer les
anticipations des acteurs économiques en matière de politique monétaire. Par
exemple, en communiquant sur leurs objectifs en matière d'inflation ou en faisant des
déclarations sur leurs intentions futures en matière de politique monétaire, les
banques centrales peuvent influencer les attentes des marchés et des entreprises,
ce qui peut avoir un impact sur les taux d'intérêt et la création monétaire.

En combinant ces différents instruments, les banques centrales cherchent à atteindre leurs
objectifs de politique monétaire, tels que la stabilité des prix, le plein emploi et la stabilité
financière, tout en gérant les conditions économiques et financières globales.

L’action sur les taux de change

Dans la plupart des pays, les autorités monétaires, garantes de la stabilité monétaire,
surveillent et régularisent les cours de change. Pour atteindre leur objectif de change, les
autorités monétaires réalisent, entre autres, des interventions sur les marchés. Les
interventions sur les marchés sont de deux ordres:

1) Le maniement des taux d’intérêt, destiné à attirer (ou à décourager) les capitaux
internationaux; par exemple, les autorités monétaires doivent pratiquer une hausse
des taux d'intérêts domestiques afin de compenser des anticipations de dépréciation
de leur monnaie et d’enrayer des sorties de capitaux. Il s’agit ici de respecter la
relation de parité des taux d’intérêt présenté plus haut, selon laquelle l’équilibre sur
les marchés est atteint lorsque le taux de dépréciation anticipé d’une monnaie est
égal à la différence entre le taux d’intérêt de cette monnaie et le taux d’intérêt sur la
devise étrangère. Autrement dit, la banque centrale ajuste son taux d’intérêt en
fonction de l’évolution anticipé de sa monnaie, afin que la parité des taux d’intérêt
soit respectée, afin d’éviter des flux brutaux d’entrée ou de sortie de capitaux.
2) Les interventions sur le marché des changes. Leur principe est simple: elles
consistent à acheter ou à vendre des devises contre de la monnaie nationale afin
d'agir sur l’équilibre du marché. Le montant et la nature de ces interventions
dépendent du régime de change. En changes fixes, les banques centrales sont
amenées à intervenir sur les marchés pour assurer la stabilité de leur monnaie: sans
une surveillance active, les pressions à l’achat ou à la baisse de la monnaie
nationale pourrait entraîner une rupture brutale de la parité imposée et créer une
crise monétaire.

Les canaux de transmission de la politique monétaire

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Nous avons considéré précédemment les instruments à disposition d’une banque centrale
pour influencer l’économie. Nous abordons à présent par quelle moyen ces instruments
interagissent avec l’économie. On distingue trois canaux de transmission de la politique
monétaire:

1) Le canal des taux d’intérêts et des prix d’actifs


2) Le canal du cours des actions
3) Le canal des taux de change

1) Dans les effets induits par l’action de la banque centrale sur les taux d’intérêts, on
considère trois types “d’effets-prix”:

- l’effet de substitution: à la suite d’une modification des taux d’intérêts à court et à


long terme, les agents économiques modifient leur choix d’actifs économiques en
fonction des nouveaux rendements.
- l’effet de revenu: les variations des taux d’intérêts affectent les revenus des
détenteurs d’actifs financiers; ainsi, à la suite d’une hausse des taux d’intérêt, les
agents créanciers voient leurs revenus financiers augmenter tandis que,
réciproquement, les agents débiteurs subissent une perte de revenu.
- l’effet de richesse: La valeur des actifs détenus par les agents économiques se
modifie suite à la variations des taux d’intérêts. Par exemple, en cas de hausse des
taux d’intérêts, le prix des obligations baissent. Le modèle du cycle de vie de
Modigliani prédit que les dépenses de consommation sont liées à la valeur de
patrimoine, et donc devrait baisser par exemple en cas de hausse des taux
d’intérêts. Cette relation se voit plus vérifiée dans les pays où le système de retraite
est faible ou inexistant, comme aux États-Unis, et donc où la retraite est financée par
de l’épargne.

2) Alors que le modèle de Modigliani est centré sur le comportement des ménages, la
théorie de l’investissement de Tobin décrit comment la politique monétaire affecte les
entreprises par le biais de ses effets sur la valorisation des actions. Tobin établit le rapport
entre la valeur boursière des entreprises et le coût de renouvellement du capital (i.e. le coût
de se financer). Le rapport entre ces deux quantités est appelé le “q” de Tobin. Lorsque q
augmente, cela veut dire que la valeur boursière des entreprises s’accroît par rapport au
coût de se financer. Le coût de se financer (en demandant des prêts ou en émettant des
actions) baisse donc en le mettant en comparaison à la valeur des entreprises. La théorie de
Tobin prédit alors que les entreprises vont augmenter les investissements car les conditions
de financement se sont améliorés: une entreprises gagnant en valeur boursière peut
négocier de meilleurs prêts, si elle choisit un financement par la dette, ou vendre plus chers
de nouvelles actions qu’elle émet, si elle choisit un financement par capitalisation. À
l’inverse, une baisse du q de Tublin prédit une baisse des investissements car les conditions
du financement se détériorent.

point de vocabulaire: Le financement par capitalisation est une méthode utilisée par les
entreprises pour collecter des fonds en émettant des actions sur le marché boursier. Émettre
des actions signifie que l'entreprise offre une partie de sa propriété à d'autres personnes en
échange de leur investissement financier. Ces investisseurs deviennent alors actionnaires
de l'entreprise, ce qui signifie qu'ils possèdent une partie de celle-ci. En émettant des

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actions, une entreprise peut lever des fonds nécessaires à son fonctionnement, à ses
investissements ou à sa croissance. Lorsqu'une entreprise émet de nouvelles actions, cela
peut diluer la valeur des actions déjà en circulation. La dilution se produit parce que
l'entreprise augmente le nombre total d'actions en circulation, ce qui répartit la même valeur
globale sur un plus grand nombre d'actions. En d'autres termes, chaque action existante
représente désormais une part plus petite de la propriété de l'entreprise. Cette dilution peut
être perçue négativement par les actionnaires actuels, car elle réduit leur proportion de
propriété et peut diminuer la valeur de leurs actions sur le marché. Cependant, si l'argent
obtenu grâce à l'émission d'actions est utilisé de manière efficace pour financer la
croissance de l'entreprise et augmenter sa valeur, cela peut éventuellement compenser la
dilution et même conduire à une augmentation de la valeur des actions à long terme.

3) Le canal du taux de change fait également intervenir les effets du taux d’intérêt: pour un
état donné des anticipations, la baisse du taux d’intérêt du pays considéré fait baisser le
rendement des obligations dans la monnaie de ce pays par rapport aux obligations dans
d’autres pays, et donc dans d’autres monnaies. En conséquence, les agents économiques
vendent des obligations en devise nationale pour changer cet argent dans la devise d’un
autre pays pour acheter des obligations avec un meilleur taux d’intérêt, et donc un meilleur
rendement. En conséquence, la monnaie nationale perd de la valeur, i.e. la monnaie se
déprécie. La dépréciation de la monnaie baisse le prix des biens nationaux par rapport aux
biens étrangers, ce qui se traduit à termes par une augmentation des exportations du pays,
c.f. la courbe de Marshall-Lerner (courbe en J).

L’importance des anticipations des agents économiques

Les décisions de la banque centrale, telles que les changements de taux d'intérêt ou les
mesures de quantité de monnaie en circulation, sont souvent précédées ou accompagnées
de communications publiques qui donnent des indications sur les intentions futures de la
banque centrale. Ces annonces peuvent influencer les attentes des entreprises, des
ménages et des investisseurs quant à l'évolution future de la politique monétaire, des taux
d'intérêt et de l'inflation.

Les agents économiques prennent leurs décisions en fonction de ces anticipations. Par
exemple, si la banque centrale annonce qu'elle prévoit de réduire les taux d'intérêt dans le
futur pour stimuler l'économie, cela peut inciter les entreprises à investir davantage et les
ménages à dépenser plus, anticipant des conditions de financement plus favorables. De
même, si la banque centrale annonce qu'elle va resserrer sa politique monétaire pour
contrôler l'inflation, les agents économiques peuvent ajuster leurs comportements en
conséquence, ce qui peut avoir des répercussions sur les marchés financiers, les
investissements et la consommation.

Les effets d'annonce peuvent également jouer un rôle important dans la gestion des attentes
des agents économiques. Une communication claire et transparente de la part de la banque
centrale peut contribuer à stabiliser les marchés financiers et à réduire la volatilité
économique, car elle permet aux agents économiques de mieux anticiper et de se préparer
aux changements de politique monétaire. En revanche, des annonces imprévisibles ou mal
interprétées peuvent créer de l'incertitude et de la volatilité sur les marchés, ce qui peut avoir
des effets néfastes sur l'économie.

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Dans la perspective keynésienne, les anticipations jouent un rôle central dans l'évolution des
variables macroéconomiques. Selon ce modèle, les agents économiques prennent des
décisions en fonction de leurs anticipations concernant l'avenir, notamment en ce qui
concerne les revenus, les prix, les taux d'intérêt et les politiques gouvernementales.

Prenons l'exemple d'une politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE)


visant à stimuler l'économie. Supposons que la BCE annonce une baisse des taux d'intérêt
pour encourager les investissements et la consommation. Les entreprises anticipent que les
coûts de financement seront plus bas à l'avenir, ce qui les incite à accroître leurs
investissements en équipements et en embauches. Les ménages, quant à eux, prévoient
des conditions de crédit plus favorables, ce qui peut les encourager à augmenter leurs
dépenses de consommation et d'investissement.

Cependant, l'efficacité de cette politique dépendra largement de la façon dont les


anticipations des agents économiques évoluent en réponse aux annonces de la BCE. Si les
agents économiques ont confiance dans les perspectives économiques et anticipent une
reprise solide, leurs comportements peuvent renforcer les effets positifs de la politique
monétaire expansionniste. En revanche, si les anticipations restent pessimistes ou si les
agents économiques ne sont pas convaincus de l'efficacité des mesures de la BCE, les
effets positifs sur l'investissement et la consommation peuvent être atténués.

Ainsi, dans le cadre keynésien, les anticipations des agents économiques sont un élément
essentiel à considérer lors de l'élaboration et de la mise en œuvre des politiques
économiques, car elles influencent fortement les résultats macroéconomiques.

Liens entre la balance des paiements et la création monétaire d’un pays

La création de monnaie extérieure peut avoir un impact sur la situation de la balance des
paiements d'un pays, en particulier sur les comptes de la balance des paiements courants et
des capitaux. Voici comment cela fonctionne, avec un exemple impliquant la Suisse :

Supposons que la Suisse bénéficie d'un afflux important de capitaux étrangers, par exemple,
des investisseurs étrangers décident d'acheter des obligations suisses en grande quantité.
Cela crée une demande accrue pour la monnaie suisse sur les marchés internationaux, ce
qui entraîne une appréciation du franc suisse par rapport aux autres devises.

1. Effet sur la balance des paiements courants : L'appréciation du franc suisse rend
les exportations suisses plus chères pour les pays étrangers, ce qui peut réduire les
exportations nettes de la Suisse. Les importations suisses peuvent devenir moins
chères pour les consommateurs nationaux, ce qui peut augmenter les importations et
réduire l'excédent commercial de la Suisse. Par conséquent, l'afflux de capitaux
étrangers peut contribuer à un déficit commercial ou à une réduction de l'excédent
commercial, affectant ainsi la balance des paiements courants.
2. Effet sur la balance des paiements des capitaux : L'achat d'obligations suisses
par des investisseurs étrangers représente une entrée nette de capitaux en Suisse,
ce qui est enregistré comme un crédit dans le compte des capitaux de la balance des
paiements. Cette entrée de capitaux peut contribuer à renforcer les réserves de

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change de la Suisse et à financer des investissements nationaux, tels que des
projets d'infrastructure ou des investissements dans des entreprises suisses.

En résumé, la création de monnaie extérieure, comme illustré par l'exemple de l'achat


d'obligations suisses par des investisseurs étrangers, peut influencer la situation de la
balance des paiements d'un pays en affectant les flux commerciaux et les entrées nettes de
capitaux.

La courbe de Marshall-Lerner (Courbe en J)

Les modifications de parités sont une arme de politique économique largement utilisée, dont
l’objectif premier est d'agir sur l’équilibre de la balance des paiements. Un pays recourt
généralement à la dévaluation pour améliorer la compétitivité-prix de ses entreprises et
redresser son solde commercial. Les dévaluations produisent deux types d’effets: elles
agissent d’abord sur les prix des importations et des exportations, puis sur les volumes (les
quantités) importés et exportés. Dans la réalité, la dynamique des dévaluations résulte du
jeu de ces deux types d’effets et de leur décalage dans le temps. Elle s’ordonne autour de
trois phases:

1) À court terme (moins d’un an), une dépréciation commence par aggraver le déficit
commercial car le prix en monnaie nationale des importations, généralement libellées
dans la monnaie du pays vendeur, augmente rapidement, tandis que le prix des
exportations reste constant. Il y a une dégradation des termes de l’échange, définis
comme le rapport: prix des exportations / prix des importations
2) À court-moyen terme (entre un et quatre ans), la dévaluation a des effets
favorables sur la balance commerciale car les échanges en volumes bénéficient
progressivement des gains de compétitivité: le pays importe moins de biens
étrangers devenus plus coûteux, et accroît ses exportations dont les prix exprimés
en monnaies étrangères ont baissé.
3) À moyen-long terme, les effets de la dévaluation s’atténuent progressivement, le
bénéfice initial de compétitivité étant rogné par la propagation de l’inflation importée
à la suite de la hausse des prix des importations.

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Les deux premières phases définissent ce qu’on appelle la courbe en J, qui décrit la
trajectoire du solde commercial à la suite d’une dévaluation, marquée par une dégradation
suivie d’une amélioration. En cas de réévaluation d’une monnaie, les effets sont en principe
symétriques; on a un processus inversé dit de courbe en crosse.

La théorie économique a établi des conditions pour qu'une dévaluation soit efficace. Selon le
théorème de Marshall-Lerner, une dévaluation réussie se produit lorsque la combinaison
des réactions des quantités importées et exportées par rapport au changement du taux de
change est supérieure à un. En termes simples, cela signifie que pour que la dévaluation
soit bénéfique, l'augmentation des échanges en volume doit compenser plus que
suffisamment l'augmentation du coût des importations, qui sont payées en devises
étrangères.

La plupart des pays semblent satisfaire les conditions de Marshall-Lerner. Pourtant, les
politiques dévaluationnistes ont été remises en cause par suite des effets défavorables que
celles-ci exerceraient sur la qualité de la spécialisation internationale: compter sur une parité
faible, ce serait favoriser le développement des secteurs les plus sensible à la concurrence
par les prix qui sont, en général, les moins innovants. Comme les effets bénéfiques des
dévaluations disparaissent progressivement, le risque est grand de se retrouver pris dans un
cercle vicieux de dévaluations successives et éphémères. La création de l’euro, qui revient à
figer définitivement les parités intra-européennes, peut être interprétée comme la volonté de
renoncer à l'arme des modifications de parités au sein de la zone euro.

Exemple: Imaginons que la banque nationale suisse (BNS) augmente la masse monétaire
de francs suisse brutalement, en faisant par exemple des opérations d’open-market, afin de
déprécier le franc suisse sur le marché des changes. Les effets d'une dépréciation sur le
solde commercial et la balance des capitaux de la Suisse peuvent être les suivants :

Impact sur les exportations et les importations : Dans un premier temps, la dépréciation
du franc suisse rend simplement les importations plus chers et les exportations moins chers.

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Le solde commercial se détériore en conséquence (effet prix). Par la suite, étant donné que
la dépréciation du franc suisse a rendu les produits suisses moins chers pour les acheteurs
étrangers, cela a pour effet de stimuler les exportations suisses. Les produits suisses
deviennent plus compétitifs sur les marchés internationaux, ce qui peut entraîner une
augmentation des exportations. En revanche, les importations deviennent plus coûteuses
pour les résidents suisses, ce qui peut réduire les importations. En conséquence,
l'augmentation des exportations et la réduction des importations peuvent contribuer à
améliorer le solde commercial de la Suisse (effet volume). Si l’augmentation du volume des
exportations dépasse la hausse du prix des importations (théorème de Marshall-Lerner), le
solde commercial de la Suisse sera amélioré, ce qui peut être favorable à la situation
économique du pays.

Impact sur les flux de capitaux : Maintenant, une dépréciation a également un impact sur
la balance capitaux du pays. Lorsque le franc suisse se déprécie, les investisseurs étrangers
perdent du rendement. En effet, pour connaître leurs rendements, les investisseurs
étrangers doivent convertir les revenus qu’ils tirent des actions et obligations suisses en leur
monnaie nationale. Vu que le franc suisse a perdu de la valeur, le montant obtenu après
conversion dans leur monnaie nationale baisse nécessairement. Par exemple, si un
investisseur français a acheté des obligations totalisant 100’000chf en Suisse avec un taux
d’intérêt de 5%, et que le taux de change passe de 1 CHF = 1 EUR à 1 CHF = 0.9 EUR,
alors les taux d’intérêts que l’investisseur perçoit, une fois converti en euros, passent de
5000 EUR à 4500 EUR. En conséquence, les investisseurs étrangers seront tentés de
vendre leurs actifs financiers suisse au profit d’autres actifs financiers étrangers. Cela
produit une sortie de capitaux, donc à une détérioration de la balance des capitaux de la
Suisse. Pour compenser, il faudra par exemple augmenter les taux d’intérêts des obligations
suisse (avec certains effets néfastes en conséquence, comme par exemple l’augmentation
du coût de se financer par de la dette en Suisse).

En résumé, une dépréciation du franc suisse peut avoir des effets complexes sur le solde
commercial et la balance des capitaux de la Suisse, affectant à la fois les échanges
commerciaux, les flux de capitaux et les finances publiques. Cependant, ces effets peuvent
être mitigés par d'autres facteurs économiques et politiques en jeu.

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