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‫المدرسة الوطنية للتجارة والتسيير – الدار البيضاء‬

Ecole Nationale de Commerce et de Gestion de Casablanca

Polycopié d’Economie Monétaire


& Techniques Bancaires

Chapitre II
La création monétaire par le système bancaire
« L’offre de la monnaie »

Elément du module : Economie Monétaire & Techniques Bancaires


Semestre : S3 – Groupe B & E

Polycopié réalisé par :


Pr. KEHEL Mohammed

Année Universitaire
2022/2023
Economie monétaire et techniques bancaires | Pr. KEHEL Mohammed

Chapitre II
La création monétaire par le système bancaire
« L’Offre de la monnaie »

La monnaie utilisée n’est pas un objet particulier spécifiquement créé pour sa fonction
monétaire, mais plutôt un objet ou une marchandise déjà existante, auquel on va attribuer plus
ou moins progressivement la fonction de « monnaie ». De ce fait, sa valeur économique pour
son détenteur s’en trouvera profondément modifiée. Le statut monétaire confère à un objet
économique une valeur qui dépasse largement sa valeur intrinsèque, c’est-à-dire celle des
matériaux qui le composent.
De nos jours, avec le développement des activités économiques et des mécanismes des
échanges, les agents économiques ont besoin de plus en plus d’une quantité croissante de
moyens de paiement. D’où, l’existence d’une « offre de monnaie ».
I - Les mécanismes de la création monétaire
L’offre de la monnaie ou la création monétaire dépend des comportements de certains agents
économiques financiers ou non. Ces agents sont la banque centrale, les banques commerciales
et également certains acteurs du secteur non bancaire tels que l’Etat, les collectivités
territoriales, les entreprises et les ménages.
Si les capacités de financement < Besoins de financement => le recours à la création
monétaire s’avère donc nécessaire
1.1 Définition de la création monétaire
La création monétaire est définie par la mise en circulation d’une nouvelle quantité de
monnaie dans une économie et non la substitution d’une forme de monnaie à une autre. Il s’agit
essentiellement d’augmenter la quantité de monnaie détenue par les agents économiques non
financiers.
Quant à la destruction monétaire, elle consiste à diminuer la quantité de monnaie. Par
exemple, le cas d’un remboursement des crédits à l’Etat ou à l’économie ou une sortie de
devises.
En général, dans toute opération de création ou de destruction monétaire, il y a nécessairement
l’intervention d’une part, d’un agent non financier (Etat, Entreprise ou Ménage) et d’autre part,
d’un intermédiaire financier.
Communément, lorsqu’on parle de création monétaire on fait référence juste à la création de billets de
banque et pièces métalliques (créé par la banque centrale) alors comme on a vu que la grande partie qui
constitue la masse monétaire au sens large est une monnaie scripturale c’est les dépôts à vue (créée par
les banques commerciales).
1.2 Qui crée la monnaie ?
La création monétaire est assurée principalement par le système bancaire à travers deux
institutions financières :

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 La banque centrale (Bank Al-Maghreb) : Émission de billets et de pièces (la monnaie


fiduciaire).
 Les banques commerciales (ou de second rang) : Octroi de crédit (la monnaie
scripturale).
1.3 Les principes de la création monétaire
Le système bancaire crée de la monnaie :
 en distribuant des crédits aux agents économiques non financiers (Etat, entreprise et
ménage) ;
 en souscrivant aux titres émis par ces agents (obligation & action) ;
 en monétisant les devises ;
 en achetant des actifs réels (immeuble, terrain…).
En général, les banques ne créent de la monnaie qu’en monétisant les titres de créances des
agents économiques non financiers (Ménages, entreprises, Etat, et l’extérieur), c-à-d que la
création monétaire passe par un processus de transformation d’une créance en moyens de
paiement.
1.4 La création monétaire par les banques commerciales
Considérons le cas d’un client qui dépose des billets (1000 UM) à la banque et établissons les
bilans de ces deux agents (Banque et client).

Le dépôt de monnaie (billets de banque) sur un compte à vue dans une banque n’entraîne pas
une création monétaire, mais simplement le transfert d’une monnaie fiduciaire qui disparaît en
monnaie scripturale qui apparaît, la quantité de monnaie en circulation ne change pas. Il s’agit
simplement de la substitution d’une forme de monnaie à une autre.
La création monétaire sous forme de monnaie scripturale (dépôts à vue) est liée principalement
à la détention d’une monnaie particulière dénommée monnaie centrale créée par la banque
centrale.
Deux cas se présentent : La création de la monnaie scripturale par les banques commerciales
est soit spontanée ou provoquée selon que la banque joue un rôle actif ou passif dans cette
fonction.

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1.4.1 La création spontanée de la monnaie scripturale


Dans ce 1er cas, la banque commerciale joue un rôle de simple intermédiaire (rôle passif). Deux
situations sont à l’origine de cette création monétaire : une entrée de devises ou un règlement
du Trésor public.

1.4.2 La création provoquée de la monnaie scripturale


C’est le mécanisme le plus important qui met en valeur le pouvoir dont dispose les banques
commerciales dans la création monétaire sur le plan quantitatif que qualitatif. Dans ce cas, la
banque commerciale joue un rôle actif en accordant des crédits. Le principe de base est le
suivant : sur un simple octroi de crédit par la banque commerciale que la quantité de monnaie
en circulation dans un circuit économique augmente.
Ici, on va présenter les mécanismes modernes de création monétaire en octroyant un crédit
bancaire. Aujourd’hui, une banque ne prête plus des sommes préalablement déposées.

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 Cas d’un système bancaire avec une seule banque

Application 1 :
Soit une entreprise Alpha qui sent l’incapacité de payer son fournisseur Beta à l’occasion d’un
achat d’une quantité de marchandise d’une valeur de 25 000 DH. Pour conclure cette
transaction, Alpha décide de demander à sa banque A de lui octroyer un crédit d’une valeur de
35 000 DH.
1- Dressez les bilans de l’entreprise Alpha et de sa banque A.
L’entreprise Alpha a réglé sa facture d’achat de 25 000 DH, en payant son fournisseur Beta
avec le montant reçu du crédit (Virement bancaire).
2- Sachant que Beta est un client de la banque A, dressez les bilans de l’entreprise Alpha,
du fournisseur Beta et de la banque A.

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Application 2 :
Soit une entreprise Alpha qui demande à sa banque A de lui octroyer un crédit d’une valeur de
15 000 DH.
1- Dressez les bilans de l’entreprise Alpha et de sa banque A.
À terme du crédit, l’entreprise Alpha décide de régler sa dette envers la Banque A en utilisant
ses fonds inscrits sur son compte courant.
2- Dressez les nouveaux bilans de l’entreprise Alpha et de sa banque A et expliquez la
conséquence de cette opération.

« Les crédits font les dépôts »


La création monétaire repose donc sur le principe suivant « Les crédits font les dépôts » :
quand un client demande un crédit à sa banque, celle-ci lui crédite son compte courant du
montant emprunté (la somme est inscrite en dépôt à vue) en échange d’une promesse de
remboursement aux échéances prévues par le prêt. La banque inscrit à son actif la créance
qu’elle a contractée avec son client.
Suivant ce mécanisme où la banque crédite le compte du montant du prêt, tout crédit donne
lieu à la création d’un dépôt, d’où l’expression « les crédits font les dépôts ».

La création monétaire à l’occasion du crédit (ou de l’achat d’un titre de dette) n’est que
provisoire – quand le crédit, ou la dette, est remboursé, il y a destruction monétaire. Il y a
création monétaire, car il y a accroissement de la quantité de monnaie détenue par les agents
économiques non financiers (ANF), qui représente une capacité de dépense supplémentaire (ici
pour l’entreprise), sans que personne d’autre n’ait renoncé à son pouvoir d’achat.
Remarque :
 Le crédit bancaire a permis de créer un pouvoir d’achat supplémentaire dont le client X
est bénéficiaire et qui lui a permis de payer son fournisseur Y.
 Si le dépôt créé restait toujours au sein de la banque, celle-ci pourrait créer autant de
monnaie qu’elle le souhaite, puisque le crédit augmente les ressources de la banque d’un
même montant. Elle n’aurait pas dans ce cas à se préoccuper d’une fuite de monnaie
hors de ses propres comptes.
 En pratique, il existe plusieurs banques dans l’économie, et la monnaie créée par une
banque peut être redéposée dans d’autres banques.
En général, lors d’une création monétaire, la banque commerciale va subir une fuite sous forme
de transfert de fonds dans d’autres banques au moment d’utilisation des crédits. Ainsi, le
banquier prêteur ne va conserver qu’une faible partie des dépôts crées en accordant des crédits.
Cependant, ses clients vont lui apporter une partie des dépôts créés par d’autres banques.
 Cas d’un système bancaire avec plusieurs banques
Ce système est appelé également « système hiérarchisé » et les crédits accordés par les banques
sont la principale source de création monétaire. Au contraire du système simplifié (1 seule
banque), les banques rencontrent des limites exogènes à leur pouvoir de création monétaire.
Ainsi, une banque seule a un pouvoir de création monétaire limité au pourcentage de dépôts qui
restent dans son bilan, c’est-à-dire à sa part dans la collecte de liquidités du système bancaire.
Le système bancaire dans son ensemble, en revanche, a un pouvoir de création monétaire
potentiellement illimité. En effet, si les fuites d’une banque limitent sa propre création

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monétaire, elles s’effectuent au profit d’autres banques, favorisant la création monétaire de ces
dernières. Si l’on raisonne sur le bilan consolidé de l’ensemble des banques, le crédit initial est
toujours à l’origine d’un dépôt du même montant au sein du système bancaire.
Pour simplifier, on va considérer seulement un système bancaire composé de deux banques.

Dans le cas d’un système à banques multiples, on constatera généralement une certaine
inégalité des parts de marché dans la distribution des crédits comme la collecte des dépôts.
Suite de l’exemple : Calculez les parts de marché pour les deux banques A & B.
Dans notre exemple, le marché de la banque B en matière de distribution des crédits est de 66%
(20000 DH / 30000 DH) alors que sa part dans la collecte des dépôts n’est que de 63% (19000
DH / 30000 DH). Il y a donc une fuite de 1000 DH (3%) dans le retour des dépôts de la banque
B. Pour respecter la contrainte de l’équilibre du bilan, la banque B est obligée à se refinancer,
c’est-à-dire à emprunter les 1000 DH auprès de la banque A.

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Dans certains cas, la banque peut se trouver dans la situation suivante :

Incapacité
• Manque de liquidité (pas assez
d’exécuter un ordre de dépôts)
de virement
• Emprunter sur le marché
interbancaire
Deux solutions • Refinancement auprès de la
banque centrale

• Le refinancement est payant à


l’aide du taux interbancaire et
Dans les deux cas du taux d’intérêt appelé taux
directeurs fixés par la BC

Un système à plusieurs banques peut comprendre 3 types de banques :

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Application :

Si la banque A octroie de nouveaux crédits à sa clientèle (1200 DH), il se produira des fuites
interbancaires de A vers B. Les clients de A vont dépenser les nouveaux crédits auprès de
l’ensemble des agents non financiers de l’économie.
Calculez la part des dépôts qui va rester dans le réseau de la banque A et celle qui va fuir
vers le réseau de la banque B.
Pour assurer une croissance équilibrée du secteur bancaire, c’est-à-dire que les parts de
marché sur les dépôts et les crédits restent inchangées, il est nécessaire que le montant des
crédits accordés par B à sa clientèle vient compenser les fuites que A enregistre lorsqu’elle a
distribué ses propres crédits.
Solution :
La banque B doit réagir en octroyant à son tour des crédits à sa clientèle, ce qui entraînera des
fuites interbancaires de la banque B vers la banque A.
Quel sera le montant du crédit que la banque B doit accorder à sa clientèle ?
Calculer à nouveau les parts de marché pour les deux banques sur les dépôts et les crédits.
Que constatez-vous ?
Il convient de respecter l’égalité suivante :
Fuites bancaires de A vers B = Fuites bancaires de B vers A
FA = FB (1)
Fuite de la banque A : FA = CA – (CA x dA) = CA (1 –dA) (2)
Fuite de la banque B : FB = CB – (CB x dB) = CB (1-dB) (3) avec dB + dA = 1
CA, CB les crédits ; dA et dB les parts de marchés.
Selon les équations (1), (2) et (3), on peut calculer le montant des crédits que la banque B devra
accordée à ses clients :
Soit FA = FB => FA = CB (1-dB) => CB = FA / (1-dB)
1.5 La création monétaire par la Banque centrale
La banque centrale est la seule institution financière qui peut émettre des pièces monétaires et
des billets de banque. Pour cette fonction, elle détient le monopole. Elle les vend aux banques
commerciales contre des actifs financiers ou contre la monnaie des autres pays (devises). Les

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banques à leur tour les mettent à la disposition de leurs clients en débitant le compte de ces
derniers.
La banque centrale a le pouvoir de création de deux types de monnaie :
 La monnaie fiduciaire : elle crée cette monnaie sur la base d’une demande des agents
économiques non financiers qui souhaitent détenir une partie de leurs encaisses sous
forme de billets. Il s’agit de la préférence pour la liquidité (billets).
 La monnaie scripturale : elle crée cette monnaie selon les mêmes mécanismes de la
création monétaire des banques commerciales en monétisant un titre de créance
(devises, bons de Trésor, effets de commerce…).

L’ensemble de la monnaie créée par la Banque centrale est appelé monnaie de Banque centrale
ou monnaie centrale (par opposition à la monnaie créée par les banques commerciales, appelée
monnaie de banque). Elle est ainsi composée de billets en circulation et des avoirs détenus
par les banques sur leur compte à la Banque centrale. La monnaie centrale est également
appelée liquidité bancaire.
De la même manière que les agents économiques non financiers ont des comptes bancaires, les
banques ont un compte (les réserves bancaires) à la Banque centrale qui leur permet
d’effectuer leurs règlements réciproques en monnaie centrale. Une partie de ces réserves peut
être rendue obligatoire par les autorités monétaires, ce sont les réserves obligatoires. L’autre
partie constitue les réserves excédentaires dont les banques choisissent elles-mêmes le
montant selon leurs besoins.
Exemple : Soit un ménage qui demande à sa banque de lui convertir une partie de ses avoirs en
billets (1000 DH). Cette opération oblige la banque de se procurer de la monnaie Banque
Centrale puisque les banques commerciales n’ont pas le pouvoir de créer ce type de monnaie.
Présentez les bilans de la banque centrale, la banque commerciale et le client.

Les billets constituent des titres de créance sur la Banque centrale. De nos jours, les billets ne
sont plus convertibles en métaux précieux. Mais la Banque centrale détient toujours une

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contrepartie à la monnaie qu’elle émet sur l’économie. Trois types de sources de la création
monétaire :
 Créances sur l’Etat (créance sur le Trésor public)
 Créances sur l’étranger
 Créances à l’économie
Les billets et les pièces ne constituent qu’une petite partie de la masse monétaire. L’essentiel
de la monnaie est créé par les banques commerciales.
1.6 La création monétaire du trésor
Le trésor public, personnification financière de l’Etat, a une place importante dans le système
financier marocain. Sa mission principale : Assurer la couverture quotidienne des dépenses
publiques et la réception des recettes publiques. Le trésor présente deux statuts :
 Agent non financier : car il reçoit des crédits des institutions financières.
 Agent financier : puisqu’il reçoit et gère les dépôts monétaires comme les institutions
financières (entreprises et établissements publics).
Le trésor public a un double pouvoir monétaire : direct (création monétaire par le trésor) et
indirect (création monétaire pour le trésor).
1.6.1 La création monétaire par le trésor
Le trésor public crée directement la monnaie scripturale à chaque fois que l’Etat règle ses dettes
envers des agents non financiers détenteurs des comptes à vue auprès du trésor (paiement des
fonctionnaires ou un fournisseur de l’Etat). Le trésor dispose d’un circuit de monnaie scripturale
comparable à celui de la monnaie créée par les banques commerciales. Ce circuit utilise les
mêmes supports (chèque, virement…) et connaît les mêmes fuites que les banques (billets,
virements). La création de monnaie par le trésor est très faible par rapport aux banques et à la
banque centrale pour deux aspects :
 Statut du Trésor : Agent non financier et agent financier
 Part de la création est faible dans la masse monétaire.
1.6.2 La création monétaire pour le trésor
En cas de besoin de financement de ses opérations, le trésor public n’est pas considéré comme
un client ordinaire. Il a un statut particulier, il peut toujours obtenir le financement souhaité.
Deux opérations sont à l’origine de la création monétaire pour le compte du trésor :
 Emprunt auprès des banques commerciales sous forme de souscriptions en bons de
trésor en monnaie centrale.
 Emprunt auprès de la banque centrale sous forme d’avances directes ou facilités de
caisse.
II – La relation entre la monnaie centrale et la création monétaire
Question :
Les banques disposent-elles d’un pouvoir illimité de création monétaire ?
Réponse :
Pour pouvoir octroyer des crédits, les banques commerciales ont besoin de détenir une monnaie
particulière dite « monnaie centrale ». Cette monnaie est émise par la banque centrale, comme

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pour les banques commerciales, quand un moyen de paiement apparaît en contrepartie d’une
créance inscrite à son actif.
La détention d’une monnaie centrale par les banques permet également la possibilité de faire
face aux éventuelles fuites de cette monnaie centrale (fuites naturelles ou artificielles).
2.1 La création de la monnaie centrale
La banque centrale détient le monopole dans la création de la monnaie centrale. Cette monnaie
est également appelée liquidité bancaire. Il existe 3 types de sources de l’émission de la monnaie
centrale :

 Opération d’Open Market


Les opérations d'open-market, comme instruments de la politique monétaire, consistent pour la
banque centrale à intervenir sur le marché monétaire en achetant et en vendant des titres en
payant avec la monnaie centrale. C’est-à-dire en créditant le compte des banques qui lui ont
vendu des titres. La banque centrale crée de la monnaie scripturale (Monnaie centrale) au titre
du refinancement des banques commerciales (octroi de crédit, opérations de réescomptes des
effets de commerce) ou du trésor. C’est un moyen pour contrôler et réguler la masse monétaire.

 Refinancement auprès de la Banque Centrale


Exemple : soit une banque commerciale A qui constate une baisse de ses avoirs en monnaie
banque centrale. Elle décide de se refinancer auprès de la Banque Centrale pour un montant de
10 000 DH.

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 Opération de change
La banque centrale achète des devises étrangères auprès des banques commerciales et paye avec
la monnaie centrale. La banque centrale va créer de la monnaie centrale en créditant le compte
courant de la banque commerciale. Les devises constituent une créance sur une BC étrangère
ou sur des banques étrangères.

2.2 Les fuites monétaires et le besoin de la monnaie centrale


 Fuites naturelles
La création d’un dépôt à vue implique que son détenteur peut réclamer des billets ou payer
une personne ayant un compte dans une autre banque.

 Fuites artificielles : « Réserves obligatoires »


La banque centrale oblige les banques à déposer auprès d’elle une
quantité déterminée de monnaie centrale, calculée selon un certain
pourcentage de leurs dépôts à vue. On parle des « réserves obligatoires » : plus ces réserves
obligatoires sont importantes, plus les banques sont limitées dans leurs possibilités de créer de
la monnaie puisqu’il leur faut détenir un montant important de monnaie centrale pour chaque
unité de dépôt à vue gérée.
2.3 Comment une banque peut-elle obtenir un excédent de monnaie centrale ?
On peut avancer cinq moyens :
 Un apport de billets de la part de ses déposants ;
 Une réception de devises convertit en monnaie centrale auprès de la banque centrale ;
 Une compensation positive avec une autre banque ;

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 Un remboursement de prêt par un client (diminution du dépôt à vue)


 Une décision de réduire l’encaisse nécessaire pour faire face aux fuites en billets et vers
les autres banques.
2.4 Les limites de la création monétaire
Trois raisons principales limitent le pouvoir de création monétaire des banques :
 La demande de monnaie
 Les besoins en billets des banques
 L’intervention de la banque centrale
La demande de monnaie : Les banques créent de la monnaie, mais seulement en réponse à
une demande des agents non financiers. Une faible demande des ANF implique une faible
création monétaire.
Les besoins en billets des banques : Les banques commerciales ne créent pas les billets, mais
seulement la monnaie scripturale. Mais leur clientèle demande souvent une partie de la monnaie
scripturale sous forme de monnaie fiduciaire. Pour satisfaire cette demande, les banques doivent
se financer auprès de la banque centrale. La création de la monnaie doit se faire sur la base des
avoirs des banques commerciales dans des comptes à la banque centrale.
L’intervention de la banque centrale : La banque centrale exerce un contrôle indirect sur la
création monétaire à travers deux instruments le taux directeur et le taux de réserve. La banque
centrale intervient sur le marché monétaire pour prêter sa monnaie centrale contre une créance
ou contre un intérêt.
III - Le comportement des banques
La quantité de monnaie en circulation dépend du comportement de crédit des banques et de la
liquidité fournie par la Banque Centrale. Il existe une vieille controverse pour savoir :
 Si c’est la Banque Centrale qui, en fixant la base monétaire (monnaie centrale),
détermine le montant des crédits et donc de la masse monétaire,
Ou
 Si, au contraire, ce sont les banques qui en fixant leur offre de crédit déterminent le
montant de liquidité que doit fournir la Banque Centrale, c’est-à-dire la base monétaire.
3.1 Le multiplicateur et le diviseur de crédit
Le débat sur le caractère endogène et exogène de l’offre de la monnaie remonte au 19ème siècle.
Pour les classiques, néoclassiques et les monétaristes : L’offre de monnaie est exogène : elle
ne dépend pas de la demande.
Pour les keynésiens et les post-keynésiens : L’offre de monnaie est endogène : elle dépend
de la demande, donc de l’activité économique.
Cette controverse a donné naissance à deux approches : le multiplicateur de crédit et le
diviseur de crédit. Le multiplicateur de crédit ou le diviseur de crédit est un rapport qui relie
la monnaie centrale et la monnaie créée par les banques ordinaires.
Les 2 approches offrent des réponses différentes à la question : Qui détient le rôle déterminant
au niveau de la création monétaire ?

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3.1.1 Le multiplicateur de crédit : le rôle moteur de la banque centrale


La création monétaire dépend des réserves excédentaires
Pour être en mesure de distribuer une certaine quantité de crédits (et donc créer de la monnaie),
la banque commerciale doit avoir en sa possession une quantité déterminée de monnaie centrale
excédentaire et de manière préalable à la distribution des crédits. Chaque fois que le système
bancaire dispose de réserves excédentaires, il doit les distribuer sous forme de crédit jusqu’à
leur épuisement total.
Présentation de la théorie du multiplicateur de crédit
Soit M la masse monétaire au sens étroit composée des billets B émis par la banque centrale et
des dépôts à vue bancaire D
On a M = B + D (monnaie en circulation)
Soit H la monnaie centrale (ou base monétaire) qui comprend les billets B et les réserves totales
des banques de second rang R
on a H = B + R (monnaie banque centrale)
Soit b = B/M, la part de la masse monétaire détenue par les agents économiques sous forme de
billets ou bien c’est le coefficient de préférences du public pour les billets.
Soit r = R/D, le taux des réserves obligatoires sur les dépôts à vue ou bien c’est le coefficient
de réserves en monnaie centrale détenues par les banques.
b = B/M => B = bM r = R/D => R = rD
On constitue la base monétaire (Monnaie Banque Centrale) H = B + R = bM + rD
On a M=B+D
D’où D = M - B = M – bM = (1 - b) M ; ce qui n’est pas détenu en billets
H = bM + rD = bM + r (1 - b) M = [b + r(1 - b)] M = (b + r - rb) M
=> M = 1/(b + r - rb) H
d’où M = kH
k = 1/(b + r - rb) est appelé le multiplicateur de crédit.
Il met en évidence la limite de la création monétaire des banques commerciales en tenant
compte d’un excédent de monnaie centrale.
k = 1/(b + r - rb) b et r sont positifs et largement inférieurs à 1
On a : 0 < b < 1 et 0 < r < 1 ; (b + r - rb) < 1 => k>1
M = kH exprime donc la relation entre masse monétaire et base monétaire
La monnaie de la banque centrale est ainsi à l’origine, à la base, de la création monétaire, d’où
on l’appelle base monétaire.
Monnaie créée = Monnaie centrale x multiplicateur (k)
Une hausse de la base monétaire d’une unité entraîne une hausse de la masse monétaire de k
unités.
C/c : L’offre de monnaie est exogène, car la création monétaire ne dépend pas de la demande
de crédit des agents non financiers, mais plutôt de la réserve excédentaire des banques. Le

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contrôle de la quantité de monnaie centrale en circulation permet aux autorités monétaires


(politique monétaire) de maîtriser la masse monétaire.
Le multiplicateur de crédit est d’autant plus élevé que si b et r sont faibles, cela veut dire que
les sommes octroyées sous forme de prêts reviennent au système bancaire sous forme de dépôts
et donc les dépôts servent à prêter et non à accumuler des réserves de la banque centrale.
Exemple :
Si b = 10% et r = 5% k=? Base monétaire = 10 000 DH
1
k = 0,1 + 0,05 − 0,005 = 6,9

Base monétaire = 10 000 DH => Masse monétaire créée = 69 000 DH


Si b = 10% et r = 10% k=? Base monétaire = 10 000 DH
1
k = 0,1 + 0,1 − 0,01 = 5,26

Base monétaire = 10 000 DH => Masse monétaire créée = 52 600 DH


Exercice :
Le bilan équilibré d’une banque commerciale à l’instant t 0 se présente ainsi :

Si on suppose que la banque commerciale décide d’accorder un prêt supplémentaire à un client


d’une valeur de 5000 DH sans tenir compte de l’existence d’un excédent en monnaie centrale.
T.A.F :
 Dressez le bilan de cette banque à l’instant t1 après l’octroi du crédit 5000 DH.
 Sachant que la banque à l’habitude de conserver une proportion de 25% de ses
dépôts à vue en terme de monnaie centrale afin de faire face aux trois fuites en
billets, vers d’autres banques et en réserves obligatoires, calculer la valeur de la
réserve à conserver sous forme de monnaie centrale suite à l’octroi du crédit.
Quelle remarque pouvez-vous en tirer ?

Exemple : (création monétaire par vagues de crédit)


Une personne fait un dépôt en billet d’une valeur de 1 000 DH dans son compte bancaire.
La Quantité initiale de monnaie en circulation = 1000 DH
Coefficient de réserve = 10%

Étape 1 : Monsieur A emprunte 900 DH pour acheter un bien à Monsieur B qui dépose ces 900
DH à la banque.

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Étape 2 : Monsieur C emprunte 810 DH pour acheter un bien à Monsieur D qui les dépose à la
banque
Étape 3 : Monsieur E emprunte 729 DH pour acheter un bien à l’entreprise F qui les dépose à
la banque.

Avec une masse monétaire de 1000 DH au départ et un coefficient de réserves de 10%, la


création monétaire est au maximum de 9000 DH.
Principales critiques de la théorie du multiplicateur de crédit
 L’existence préalable des réserves excédentaires dans un système bancaire n’est pas une
condition suffisante et donc d’augmentation de la masse monétaire.
 Les banques n’accordent de crédit que sur la base d’une demande de financement déclarée
de la part des agents non financiers et après satisfaction des conditions (solvabilité et
rentabilité).
 Le sens de causalité (base monétaire vers création monétaire) défendue par la théorie du
multiplicateur est contestable surtout que l’inverse est plus proche de la réalité.
 Si le coefficient des réserves obligatoires est contrôlé par la Banque Centrale (et donc
présente une certaine stabilité), ce n’est pas le cas pour le taux de préférence pour les billets
qui est très volatile (variable). En modifiant leur préférence pour les billets, les agents non
financiers peuvent entraîner une variabilité du multiplicateur.
3.1.2 Le diviseur de crédit
La création monétaire ne dépend pas des réserves excédentaires
L’analyse du diviseur implique une logique inverse du multiplicateur du crédit. Les banques
commerciales prennent l’initiative de la création monétaire (demande des agents non
financiers) sans pouvoir se soucier de l’existence préalable de réserves excédentaires. Les
banques commerciales octroient les crédits et recherchent ensuite la monnaie centrale => c’est
le mécanisme de refinancement des banques commerciales auprès de la banque centrale.
La création de la monnaie centrale s’effectue en fonction de la création monétaire (monnaie
scripturale) réalisée par les banques commerciales. Dans ce cas, la quantité de monnaie centrale
que les banques peuvent obtenir serait une fraction (1/k) du crédit dont elles ont pris l’initiative
d’octroyer.

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C/c : L’offre de monnaie est dans ce cas serait endogène, elle dépend de la demande et de
l’activité économique.
Exemple :
Si le diviseur de crédit est égal à 1/5, cela veut dire que la banque centrale sera amenée à créer
1000 DH chaque fois que les banques commerciales octroient 5000 DH de crédit
supplémentaire.
Mécanisme du diviseur de crédit :
Lorsque les ANF demandent des crédits auprès du système bancaire, ce dernier après
vérification des conditions liées à la rentabilité et la solvabilité de la demande, accorde des
crédits (création de la monnaie scripturale) sans se préoccuper de l’existence d’une réserve
excédentaire. Ce n’est qu’après que les banques vont chercher à se financer auprès de la banque
centrale en monnaie centrale dont elles ont besoin pour faire face le cas échéant aux fuites
qu’elles subissent.
M = kH
H = (1/k) M
H = (b + r - rb) M
1/k = (b + r - rb) est appelé le diviseur de crédit. Il mesure le besoin de refinancement en
monnaie centrale suite à l’octroi d’1 DH de crédit supplémentaire.
Exemple :
Si b = 10% et r = 20% => Diviseur de crédit = 1/k = 0,1 + 0,2 – (0,2 x 0,1) = 0,28
Une banque commerciale qui a octroyé un crédit de 100 DH à un ANF doit se procurer de la
monnaie centrale auprès de la banque centrale d’une valeur égale à 28 DH (soit 100 DH x 0,28).
Le mécanisme du diviseur de crédit implique les résultats suivants :
 Le rôle secondaire octroyé à la banque centrale : cette dernière n’a juste que le statut de
prêteur en dernier ressort et la monnaie centrale qu’elle va créer est égale à une fraction
des crédits accordés par les banques commerciales.
 La mise en évidence des rapports de force entre les banques commerciales en matière de
création monétaire et donc de maintien ou de développement de leurs parts de marché
(concurrence, maximisation des profits).
 L’introduction du taux d’intérêt comme un facteur régulateur dans l’octroi des crédits. Cet
instrument peut être utilisé par les banques commerciales et également par la banque
centrale pour réguler la création monétaire.

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Economie monétaire et techniques bancaires | Pr. KEHEL Mohammed

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Economie monétaire et techniques bancaires | Pr. KEHEL Mohammed

Application :

2. Si on suppose que la banque centrale décide de diminuer le taux des réserves


obligatoires à 6%. Calculer le montant des réserves excédentaires.

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