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DCG1-UE5-Economie-Finance intermédiée

Le financement intermédié ou finance indirecte :


création monétaire, transformation des échéances et risques.

I- L’intermédiation bancaire et la création monétaire

1.1- les deux formes de l’intermédiation bancaire :

L’intermédiation bancaire consiste pour une entreprise à s’adresser aux banques pour obtenir un prêt  ; du
point de vue de la banque, ce prêt a pu être octroyé :
- sur la base de ressources préalablement collectées (dépôt, épargne)
- ou faire l’objet d’une création monétaire pure. Dans ce dernier cas, la monnaie est créée ex nihilo sans
limite.

1.2- le mécanisme de la création monétaire par les banques commerciales ou banques


de second rang

Il existe pour une banque trois occasions au cours desquelles elle crée de la monnaie scripturale (çàd de la
monnaie par jeu d’écritures comptable) :

▪ l’octroi de crédits aux agents économiques (entreprises, ménages) : en prêtant des sommes qu’elles
n’a pas préalablement collectées auprès des ménages sous forme de monnaie, la banque crée de la
monnaie ex nihilo. Ces crédits ont en effet pour contrepartie un dépôt bancaire, à partir duquel le
client pourra effectuer des règlements  : de la monnaie a donc été créée, selon le principe «  les
crédits font les dépôts »
▪ l’acquisition de titres émis par le Trésor public : il s’agit d’achat d’obligations ou de bons du Trésor,
réalisé par création monétaire. L’opération est similaire à celle d’un prêt à un ménage ou à une
entreprise.
▪ l’acquisition de devises  : lorsqu’un client dépose des devises à la banque, cette dernière émet en
contrepartie de la monnaie scripturale libellée en monnaie nationale.

A chaque fois, les euros créés n’existaient pas avant l’octroi du prêt ou l’achat de devises  : c’est bien la
preuve qu’il y a eu création monétaire. Symétriquement, au fur et à mesure que les prêts sont remboursés, il
y a destruction de monnaie.

1.3- La création de monnaie par la banque centrale

La banque centrale crée deux types de monnaies :


▪ la monnaie fiduciaire, par l’impression de nouveaux billets de banque, dont elle a le monopole
d’émission (« planche à billets » au sens propre).
▪ la monnaie scripturale, à chaque fois qu’elle acquiert des créances sur l’économie (achat de prêts
réalisés par les banques de second rang dans le cadre d’opérations de refinancement), des créances
sur l’Etat, ou des devises. Cette création de monnaie scripturale correspond à l’idée de « planche à
billets », mais cette fois-ci de façon imagée.

La somme de ces deux types de monnaies créées par la banque centrale est appelée la « monnaie centrale ».

S’il existe deux agents principaux capables de créer la monnaie, la banque centrale et les banques de second
rang, il faut rappeler que l’essentiel de la création monétaire est le fait des banques commerciales, à
l’occasion des prêts qu’elles accordent.

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1.4- Les limites au processus de création monétaire par les banques secondaires

En théorie, la création monétaire par les banques de second rang est illimitée, puisqu’il s’agit d’un jeu
d’écritures, réalisé lors de prêts de liquidités que la banque ne possédait pas au préalable. En pratique, la
création monétaire par les banques commerciales se heurte cependant à plusieurs limites :

▪ le besoin en monnaie fiduciaire des agents  : quand une banque crée 1.000 euros de monnaie à
l’occasion d’un prêt, elle sait que statistiquement, 10% de la monnaie créée, soit 100 euros, seront
convertis en billets de banque, càd en monnaie fiduciaire, pour effectuer certains règlements. La
banque se doit donc de les posséder puisque le client les exigera. Or, la banque ne peut créer la
monnaie fiduciaire, la fabrication de celle-ci étant le monopole de la banque centrale. La banque ne
peut donc pas prêter plus 1/10% = 10 fois le montant des billets de banque qu’elle possède. Si elle
veut prêter au-delà, elle doit acheter les billets manquants auprès de la banque centrale, ce qui pour
elle est coûteux. Le besoin de monnaie fiduciaire des agents va donc avoir un impact sur la création
monétaire des banques : plus il sera élevé, plus ce pouvoir sera faible.

▪ Les réserves obligatoires : les banques centrales, pour contrôler la création monétaire des banques de
second rang, les obligent à constituer des réserves obligatoires, çàd à déposer de la monnaie centrale
sur le compte que chacune d’entre elles possèdent à la banque centrale. Si par exemple ce taux de
réserves obligatoires est de 2%, elles doivent pour chaque prêt de 100 euros, déposer sur un compte
non rémunéré à la banque centrale la somme de 2 euros. Si a = 10% (le besoin en monnaie fiduciaire
des agents) et b=2% (le pourcentage de réserves obligatoires), le pouvoir de création monétaire, à
partir de la monnaie centrale possédée, est limité à 1/(a+b) = 8,3.

▪ Le ratio prudentiel de fonds propres du Comité de Bâle  : il impose un minimum de fonds propres
équivalent à 11% du total du bilan. Une banque ne peut donc prêter plus de 9 fois le montant de ses
capitaux propres. Une fois ce seuil atteint, le seul moyen de développer l’activité de crédit, çàd la
création monétaire, est d’augmenter les fonds propres.

▪ Le risque : une banque qui prêterait sans mesurer le risque de ses clients s’exposerait à un montant
important d’impayés, qui remettrait en cause sa rentabilité et éventuellement sa solvabilité.

1.5- Création et destruction monétaire

On a vu que la création monétaire correspondait à des prêts aux agents économiques (entreprises, ménages,
Etats). Cette croissance de la masse monétaire coïncide avec les phases haussières du cycle économique,
caractérisées par une hausse de l’investissement et de la consommation (financés à crédit), de la production,
de l’emploi et des prix (lien masse monétaire-prix d’après la TQM). Réciproquement, dans la phase de
récession, le « crédit crunch » gèle l’octroi de nouveaux prêts par les banques : comme les agents continuent
(tant bien que mal) à rembourser leurs dettes bancaires, de la monnaie est détruite, sans que cela soit
compensé par une création monétaire nouvelle. Cette contraction de la masse monétaire entraîne une baisse
des prix et de la production : c’est la phase de déflation (1929, 2008).

1.6- La masse monétaire et ses contreparties

Les contreparties de la masse monétaire

On a vu que la banque centrale émet de la monnaie centrale (billets et monnaie scripturale) qui sont autant de
dettes à l’égard des banques de second rang. Comme cette création monétaire a trois origines (rachat auprès
des banques de créances, achat de titres de la dette publique, achats de devises), l’actif de la banque centrale
se compose de trois éléments :
▪ créances sur l’économie
▪ créances sur l’Etat
▪ or et devises
Il en est de même pour les banques de second rang.

Ces trois postes constituent donc les contreparties de la masse monétaire émise : ils permettent d’expliquer
quelle est l’origine de la création monétaire.

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Bilan des banques


Ainsi, le bilan consolidé des banques en 2007 se présentait ainsi : (en milliards d’euros)
On retrouve à l’actif les contreparties de la crétaion monétaire : devises (avoirs extérieurs), prêts aux APU,
prêts aux ménages et SNF
Au passif : les différentes formes de monnaie (M1, M2, M3)

Les créances sur l’économie sont donc le moteur de la création monétaire

II- Le rôle des banques dans l’intermédiation bancaire

2.1- l’activité bancaire : sélectionner les risques et transformer les échéances

Lors du prêt, les institutions financières doivent évaluer le taux d’intérêt qu’elles vont demander en échange
du prêt accordé. Ce taux dépendra de la qualité de l’emprunteur, de la durée du prêt et des garanties
possibles. Le rôle de la banque est de sélectionner les bons risques, pour limiter les défauts de paiement.

L’activité de prêt consiste pour la banque à transformer les échéances : les ressources à court terme que la
banque obtient (dépôts à vue, livrets d’épargne à court terme) sont transformées en prêts à moyen et long
terme.

L’activité de création monétaire des banques n’est bien sûr possible que parce que les banques commerciales
jouissent d’un privilège à l’abri du monopole d’émission de la banque centrale. Elles peuvent donc faire des

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profits en prêtant des ressources qu’elles n’ont pas ; en cas d’excès de création monétaire, càd d’excès de
prêts qui se traduiraient pas de nombreux prêts insolvables, les banques commerciales peuvent être
refinancées par l’Etat ou la banque centrale. Cela les incite donc à maximiser leurs prêts et leurs risques,
pour maximiser leurs bénéfices. L’instabilité financière et économique que les économies développées ont
connue au XXème siècle vient sans doute d’excès de création monétaire, qu’aucun mécanisme de marché
n’est venu réguler, en raison du monopole d’émission de la banque centrale.

2.2- la gestion des risques par la banque

En prêtant, la banque s’expose en effet à plusieurs risques :


• risque de défaut de paiement du prêteur ; la banque peut répondre à ce risque en diversifiant
ses prêts (mutualisation)
• risque d’illiquidité : si les déposants retirent massivement leurs dépôts, la banque ne peut pas y
faire face puisque son actif est composé de prêts peu liquides, pour lesquels il n’existe pas de
marché (à la différence des titres). La banque doit donc emprunter sur le marché monétaire.
• risque de taux  : si les taux à court terme rémunérant les dépôts augmentent, les taux prêteurs
restant inchangés, la marge de la banque se réduit. La banque se prémunit contre ce risque en
prêtant à des taux plus élevés que ceux avec lesquels elle rémunère les déposants.

III- Avantages  de l’intermédiation

• mutualisation des risques, la banque répartissant les risques de défaut de paiement sur un
grand nombre de prêt, ce que ne peut pas faire un ménage achetant directement un titre sur le
marché financier.
• les institutions financières disposent d’une information supérieure à celle des ménages sur la
qualité des emprunteurs, ce qui réduit l’asymétrie d’information entre prêteur et
emprunteur ; elles sont donc plus à même de sélectionner les bons emprunteurs (division du
travail)
• Sans création monétaire, les entreprises seraient limitées dans leur croissance par
manque de ressources : les banques créent par anticipation les ressources dont ont besoin les
SNF pour leurs investissements, ; ces ressources seront remboursées grâce à la croissance
permise par ces investissements.
• Cet argument est surtout valable pour les TPE et PME, qui n’ont pas accès aux
marchés financiers, donc à la finance directe.

IV- Inconvénients de l’intermédiation

• coût de l’intermédiation  : marge que prélève la banque entre taux prêteur et taux
emprunteur
• risque d’excès de création monétaire, et partant, d’inflation ; la création monétaire st par
ailleurs à l’origine de bulles immobilières ou financières —> krach —> crise transmise à la
sphère réelle (récession, chômage)
• financement des entreprises par la dette et non par fonds propres, ce qui les fragilise en
cas de retournement de la conjoncture (effet de massue par opposition à l’effet de levier)

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