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La création de monnaie

I- Pouvoir de création monétaire.


II- Mécanismes de la création monétaire.
III- Limites de la création monétaire.
IV- Composants de la masse monétaire.

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INTRODUCTION
La monnaie en tant que telle n'a aucune
valeur propre, c'est d'autant plus vrai
avec la dématérialisation qu'elle a subi
au cours des dernières années.
Un chiffre inscrit dans un compte en
banque ne sert à rien, un billet non plus,
même un lingot d'or, en tant que tel, n'a
aucune utilité.
Si j'ai soif faim ou froid, et en dehors de
tout échange, aucune forme de monnaie
ne peut me procurer de satisfaction,
n'ayant aucune utilité propre. Cette «
chose » n'a de sens que comme « porte-
parole » d'une richesse réelle.
La monnaie, en effet, n'a de valeur et de
sens qu'en tant que « clé d'accès » à la
richesse réelle.
C'est cette richesse réelle, ce vers quoi la
monnaie nous mène, qui est aussi sa
seule véritable origine. La monnaie n'est
que l'ombre des biens réels. Elle n'existe
que parce qu'ils existent.

Derrière le moindre euro en


circulation, il y a une baguette
de pain. Si cet euro existe,
c'est parce que la baguette
s'est transformée, à un
moment précis, en euro. Pas
de baguette, pas d'euro.
Voyons comment cela est
possible.
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I- Pouvoir de création monétaire .
La création monétaire porte sur les trois formes de monnaie : scripturale,
fiduciaire et divisionnaire. Trois institutions financières contribuent à cette
création : les établissements de crédit, la Banque centrale et le Trésor public.

1• Les établissements de crédit


a - Les banques commerciales
La création monétaire est réalisée par des institutions capables d'inscrire au
crédit de leur client une somme en contrepartie d'un prêt accordé.
Les banques commerciales ne jouent pas seulement un rôle d'intermédiaire qui
prêtent des fonds à partir des dépôts reçus.
Elles créent de la monnaie scripturale lorsqu'elles accordent des crédits à leurs
clients.
b - Les autres établissements de crédit
La création de monnaie scripturale concerne également les entreprises de crédit
qui ont des activités de prêt et de collecte de ressources liquides.
Cette collecte se fait directement auprès du public par l'intermédiaire des Caisses
d'épargne ou des organismes de crédit municipaux, ou indirectement auprès
d'institutions chargées de la gestion de liquidités comme la Caisse des dépôts et
consignations (CDC).
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2• La Banque centrale
a - La Banque de France
La Banque de France a reçu en 1848 le monopole d'émission de la monnaie
fiduciaire. Comme Banque centrale, elle crée de la monnaie scripturale au profit des
banques lorsqu'elle leur achète les créances qu'elles détiennent sur les particuliers,
les entreprises ou le Trésor. La monnaie Banque centrale se compose de la
monnaie fiduciaire et de la monnaie scripturale créées par la Banque centrale.
Le 1er juin 1998, une nouvelle institution a été créée, la
Banque centrale européenne (BCE), chargée de
conduire la politique monétaire unique de la zone euro.
L'ensemble formé par la BCE et les banques centrales
nationales (BCN) de tous les États membres de l'Union
européenne constitue le Système européen de banques
centrales (SEBC).
La Banque de France est depuis dépossédée de son
rôle de gestion de la politique monétaire de la France.
Depuis le 1er janvier 1999 et la mise en place de l'euro,
la Banque de France a abandonné sa souveraineté
monétaire au profit de la Banque centrale européenne.
Elle conserve cependant la majeure partie de ses
missions nationales, en particulier la fabrication de Banque de France
billets. 5
b - La Banque centrale européenne

La BCE décide de la politique monétaire


unique.

Elle intervient sur le marché monétaire, par


achat, vente ou emprunt de monnaie, pour
influer sur les taux d'intérêt et réguler ainsi la
liquidité.

Elle conduit la politique de change. La BCE


prend les décisions qui influent sur la création
de monnaie et les Banques centrales
nationales mettent en œuvre ses décisions.

Siège de la BCE Francfort


3• Le Trésor public ou Trésor
Le Trésor, administration du ministère des Finances, est l'agent financier de
l'Etat. Il perçoit les recettes publiques (impôts) et exécute les dépenses. C'est
aussi le banquier de l'État.
Le Trésor crée la monnaie divisionnaire dont il possède le monopole de
fabrication. Il assure également une fonction bancaire dans le cadre des comptes
chèques postaux (CCP) gérés par La Poste.
C'est dans ce cadre qu'il est conduit à créer de la monnaie scripturale au même
titre que les banques commerciales.

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II- mécanismes de la création monétaire
Le pouvoir de création de monnaie est détenu de façon exclusive par les
institutions financières, principalement les banques. La création de monnaie
s'effectue à partir de trois opérations principales : le financement de
l'économie par le crédit, l'acquisition de devises, les avances à l'État.

1• La création monétaire des banques


a - La création de monnaie par le crédit

Le métier de la banque est à


première vue très simple: d'un côté
elle reçoit des dépôts, de l'autre
elle accorde des crédits.

Cette activité tout à fait honorable


cache en réalité un des
mécanismes les plus subtils de la
mécanique économique.

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Théoriquement, une banque ne peut prêter que l'argent qu'elle a en dépôt et
pour la durée du dépôt.
Si elle dépasse ces deux limites (somme et durée), elle ne pourra pas fournir
l'argent à son légitime propriétaire au moment où celui-ci viendra le retirer et
elle fera banqueroute (de l'italien banca rotta : banque cassée).

Mais la banque connaît son métier : elle sait pertinemment que sur un volume
total de dépôts de 100, seulement 20 seront retirés sur une période donnée : un
mois, quinze jours.
Elle peut donc prêter cet argent sur cette période sans trop de risques. Disons-
le tout net : toute somme prêtée sera créée par la banque.
Raisonnons simplement : je dépose 100 à la banque, sur mon compte courant.
J'ai un chéquier et une carte de crédit : je peux dépenser mes 100 à tout
moment.
La banque accorde un crédit de 80 sur la base de mon dépôt à monsieur X.
Monsieur X peut lui aussi à tout moment dépenser ses 80 ; d'ailleurs, s'il a
demandé un crédit, c'est sans doute pour acheter quelque chose.
La masse monétaire qui était de 100 avant le crédit devient une masse
monétaire de 180 à l'instant même où le crédit est accordé.
80%

Et ce n'est pas tout : monsieur X va 100


dépenser son argent, qui va inévitablement 80
finir sous forme de dépôt dans une autre 64
banque. Cette banque va à son tour faire le 51

même calcul que la première et prêter 80 % 41

de 80. C'est à dire 64. 33


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Ces 64 seront à leur tour dépensés, 21

déposés et serviront de base à un autre 17

crédit de 51, la même chose au tour 13

suivant: nouveau crédit de 40, et ainsi de 11


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suite, ad libitum.
7

La masse monétaire qui était de 100 au 5

départ va devenir à terme 100 + 80 + 64 + 4


4
51 +40... etc. Tout cet argent est bel et bien
3
créé. 2

Ainsi, comme le dit un vieil adage, ce ne 2


1
sont pas «les dépôts qui font les crédits»,
1
mais bel et bien «les crédits qui font les
1
dépôts» (loans make deposits). C'est ce 1
mécanisme qu'on appelle le multiplicateur 1
de crédits. 0
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Reste à souligner un détail important : que
devient la masse monétaire lorsque monsieur
X rembourse son crédit de 80 ?
Eh bien, ces 80 seront tout simplement
détruits. Ils «sortaient» des 100, ils y
retournent et disparaissent.
Par le remboursement, la banque n'aura pas
un centime de plus, puisqu'on lui rend ce
qu'elle avait déjà. (Ici les intérêts ne sont pas
pris en compte, ils sont la rémunération du
travail de la banque, et ils n'influencent pas
sensiblement le mécanisme.)
Résumons, donc :
Crédit émis = monnaie créée
Crédit remboursé = monnaie détruite
Si sur une période donnée il y a plus de
crédits émis que de crédits remboursés, la
masse monétaire augmente. Dans le cas
contraire, elle diminue.
b - La création de monnaie par les devises

Lorsqu’une entreprise française exporte des marchandises dans un autre


pays, le plus souvent, elle sera réglée en monnaie étrangère. L'entreprise
remet ces devises à sa banque qui va inscrire leur contrevaleur en euros au
crédit du compte de l'entreprise. Cette opération de transformation de devises
constitue une création de monnaie.

c - La création de monnaie par les avances à l'État


Pour financer le déficit du budget de l'État, la pratique la plus courante consiste
en l'émission de bons du Trésor. Ces titres émis par le Trésor public sont
principalement achetés par les banques qui créent de la monnaie scripturale en
contrepartie. Il en découle une création monétaire de la part du système
bancaire pour le compte du Trésor.

d - La création nette de monnaie


Le remboursement des crédits par les entreprises et les particuliers, celui des
avances par l'État et la vente de devises par la banque détruisent de la
monnaie. La création nette de monnaie résulte d'une différence positive entre
les opérations de création et de destruction monétaire.
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2• La création monétaire et la Banque centrale
a - La banque des banques
La Banque centrale a un rôle très particulier dans la création monétaire. Elle
émet peu de monnaie et a surtout vocation à limiter la création monétaire des
banques commerciales. À ce titre, la Banque centrale, banque de premier rang,
est avant tout la banque des banques. Chaque banque dite de second rang
détient un compte auprès d'elle qui lui permet de régler en permanence le solde
de ses créances et dettes avec les autres banques par des transferts sur les
comptes gérés par la Banque centrale.

b - La création de monnaie

D'une part, la Banque centrale créé de la monnaie fiduciaire lors de la mise en


circulation des billets de banque. Les banques doivent se procurer ces billets
pour faire face aux demandes de leurs clients. D'autre part, la Banque centrale
crée de la monnaie scripturale sur les comptes des banques commerciales
dont elle assure la gestion.

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III- Limites de la création monétaire.
L'autonomie des banques pour créer de la monnaie est limitée par la
demande de monnaie, par le besoin de liquidité de l'économie, par leurs
propres besoins en monnaie et par les interventions de la Banque centrale.
1• Le besoin de liquidités
Les banques ne créent de la monnaie qu'en réponse à une demande. Cette
création dépend surtout des besoins de liquidités des entreprises et des
ménages, dans la mesure où les crédits à l'économie représentent environ 85 %
de la création monétaire. Ces besoins sont élevés durant les périodes de forte
activité et réduits dans les périodes où l'activité se ralentit.

2• Les besoins des banques en monnaie


a - Le principe de la fuite

Chaque fois qu'une banque accorde un crédit, une partie de la monnaie créée
sort du circuit de la banque sous la forme de billets demandés par les clients.
Cette fuite résulte des clients qui font circuler une partie de la monnaie créée
par les banques sous forme de billets. Pour faire face à ce besoin de monnaie
fiduciaire, la banque doit se procurer des billets en effectuant des retraits sur
son compte à la Banque centrale. 14
b - Les relations avec la Banque centrale

Une banque peut alimenter son compte à la Banque centrale de trois façons :
→ Par emprunt de monnaie Banque centrale sur le marché monétaire.
→ Par virement d'une partie des dépôts effectués par ses clients.
→ Par virement d'argent à la suite d'une compensation bancaire. Il s'agit d'un
système mis en place pour les règlements des dettes entre banques par
annulation réciproque des dettes d'un même montant et paiement limité au
solde lorsque les dettes sont inégales.

3• La limitation du crédit par la Banque centrale


a - Les réserves obligatoires

La Banque centrale peut imposer à chaque banque de maintenir sur son compte
Banque centrale une somme non rémunérée qui constitue une réserve
obligatoire. Le montant en réserve, décidé par la Banque centrale, ne peut être
utilisé par les banques pour accorder des crédits.

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b - La politique monétaire

La Banque centrale peut limiter la création monétaire en diminuant les


possibilités de refinancement des banques. Des taux d'intérêt élevés vont
freiner la demande des banques lorsque celles-ci auront besoin de monnaie
Banque centrale ; c'est ce qu'on appelle la politique monétaire.

4• Le multiplicateur de crédit
Lors d'une création de monnaie scripturale, la banque doit disposer d'un
montant minimum de monnaie Banque centrale, sa base monétaire.
Lorsque cette base monétaire augmente, du fait d'une réserve excédentaire de
billets, la banque va utiliser cet excédent pour accorder de nouveaux crédits.
Le multiplicateur de crédit indique le potentiel d'autonomie de création
monétaire des banques. Au-delà d'une certaine limite, chaque banque sera
obligée de se refinancer auprès de la Banque centrale.
On part d'une augmentation de crédit de 1 000 euros accordée par la banque
centrale à un établissement de crédit, une banque par exemple : la banque
centrale crée 1 000 euros, qu'elle prête à la banque privée. L'établissement de
crédit peut ensuite accorder un crédit à un emprunteur A, de 800 euros par
exemple (les 200 euros supplémentaires étant utilisés comme réserves par la
banque).

Cet agent A placera sur son compte bancaire 680 euros et dépensera le reste
auprès de commerçants qui augmenteront leurs dépôts de 20 euros.

Les établissements de crédit pris dans leur ensemble disposent ainsi de 700
euros supplémentaires sur les comptes de leurs clients, dont ils placent une
partie (50 euros par exemple) dans leur réserves obligatoires, et émettent de
nouveaux crédits pour 650 euros.

De ces 650 euros, par le même processus, 422 euros de nouveaux crédits
seront émis, et ainsi de suite.

Au final, c'est 2200 euros de crédits supplémentaires, en sus des 1 000 euros
de départ, qui seront accordés. On a donc dans cet exemple un effet
multiplicateur de 3,2.
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IV- Composants de la masse monétaire..
La masse monétaire est définie et mesurée par des indicateurs économiques : les
agrégats monétaires. Les créances sur l'extérieur, sur le Trésor et sur l'économie
représentent les « contreparties » de la masse monétaire.

1• La mesure de la masse monétaire


a - Définition

On définit la masse monétaire comme


la quantité de monnaie en circulation à
l'intérieur d'une zone déterminée.
Par monnaie en circulation, on entend
la monnaie détenue par des agents qui
ne sont pas des établissements de
crédit : les billets en caisse dans les
banques, les dépôts des banques les
unes auprès des autres se trouvent
donc exclus de la masse monétaire.

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b - Les agrégats monétaires
Pour comptabiliser la masse monétaire, la Banque de France a élaboré des
agrégats. Il s'agit d'indicateurs statistiques censés refléter la capacité de
dépenses des agents économiques. Il y a plusieurs niveaux d'agrégats
statistiques dans la masse monétaire, selon le degré de liquidité.
 M1 correspond aux billets, pièces et dépôts à vue.
 M2 correspond à M1 plus les dépôts à termes inférieurs ou égaux à deux ans
et les dépôts assortis d'un préavis de remboursement inférieur ou égal à trois
mois (comme, par exemple, pour la France, le livret jeune ou le CODEVI, le livret
A et bleus, le compte d'épargne logement, le livret d'épargne populaire...)
 M3 correspond à M2 plus les instruments négociables sur le marché
monétaire émis par les institutions financières monétaires (IFM), et qui
représentent des avoirs dont le degré de liquidité est élevé avec peu de risque de
perte de capital en cas de liquidation (ex : OPCVM, certificat de dépôt).
 M4 correspond à M3 plus les Bons du Trésor, les billets de trésorerie et les
bons à moyen terme émis par les sociétés non financières.

Les billets et les pièces ne constituent qu'une fraction de la monnaie en circulation,


la monnaie scripturale en représente maintenant plus de 90 %. Si la banque
centrale produit la monnaie fiduciaire, les banques commerciales créent la
monnaie scripturale en accordant des crédits sous l'égide des banques centrales.
2 • Les contreparties
La Banque centrale européenne établit, à partir des bilans des institutions
financières monétaires (IFM), les contreparties mettant ainsi en évidence les
principaux canaux de la création monétaire.
L'analyse des contreparties de la monnaie permet notamment, aux autorités
monétaires, d'asseoir leur politique monétaire.
Il est apparu également nécessaire de suivre, à l'aide d'un agrégat, l'évolution
de l'ensemble des financements, monétaires et non monétaires, pour permettre
d'anticiper un risque éventuel d'emballement de la demande interne, source
potentielle de déséquilibre externe et d'inflation.
Le Crédit intérieur total ou Endettement intérieur total englobe :
 Les crédits consentis par les établissements de crédit bancaires et non
bancaires.
 Les titres négociables (obligations, titres participatifs, billets de trésorerie),
émis par les agents non financiers, hors État.
 Les concours fournis par le Trésor public.
 Les emprunts obligataires sur les marchés internationaux de capitaux.
 Les eurocrédits accordés par les banques étrangères.

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3 • La vitesse de circulation de la monnaie
Traduisant, en moyenne, le nombre de fois où une même unité monétaire
«change de main» entre les différents agents économiques au cours d'une
période donnée, la vitesse de la circulation est calculée à partir des agrégats
monétaires et des indicateurs de l'activité économique (PIB).

La vitesse de circulation dépend notamment de l'organisation et de l'évolution


du système financier, de la modernisation des moyens de paiement, du mode
de production et d'échange ainsi que de facteurs plus directement liés à la
situation économique (thésaurisation des encaisses en période de stabilité des
prix entraînant un ralentissement de la vitesse de circulation).

La connaissance de la vitesse de circulation et de son évolution constitue une


donnée importante pour l'élaboration de la politique monétaire, toute variation
de la relation entre monnaie et activité économique, sur laquelle s'appuie la
définition des objectifs monétaires.

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