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Fonction et formes

de la monnaie
I- LES FONCTIONS DE LA MONNAIE
II- LES DIFFERENTES FORMES DE LA MONNAIE
III- EVOLUTION DES FORMES DE LA MONNAIE
IV- L'EURO
I- LES FONCTIONS DE LA MONNAIE
1• Définition
a - Le besoin de monnaie

Dans les économies primitives,


la monnaie n'existe pas. Les
échanges, peu nombreux,
s'effectuent sous la forme de
troc, opération qui consiste à
céder un bien contre un autre.
Un producteur de blé, par
exemple, échangera une partie
de sa production contre du vin.
Mais le troc n'est pas une opération simple et comporte trois limites :

 La rencontre nécessaire de deux personnes


désirant chacune acquérir le bien que l'autre
souhaite céder,
 La nécessité d'attribuer une même valeur pour les
deux biens à échanger et, dans l'hypothèse où ceux-
ci sont indivisibles et ont des valeurs différentes, la
recherche d'un autre bien pour combler la différence
entre les deux biens échangés (versement d'une
compensation),
L'impossibilité de déterminer la valeur d'une
marchandise par rapport à toutes les autres.
En raison de ses inconvénients, le troc est devenu
rapidement impraticable lorsque les échanges
économiques se sont développés et peu à peu il a
été abandonné grâce au recours à un bien
intermédiaire qui va jouer un rôle essentiel au niveau
économique : la monnaie.
Dans une économie complexe et décentralisée, la
monnaie devient l'instrument unique de l'échange.
b - Le choix d'une monnaie

Dans l'histoire, des marchandises variées ont pu jouer le rôle


de monnaie (tabac, pièces de tissu, briquettes de thé, dents
de baleine, métaux). Le choix de ces monnaies-
marchandises résultait de la stabilité de leur valeur, qui faisait
d'elles un intermédiaire des échanges accepté par tous : le
bien choisi comme monnaie n'est plus désiré pour son utilité
propre mais pour l'utilité que représente sa fonction pour ses
utilisateurs. Cette étape est celle du passage à l'économie
monétaire.

c - La monnaie, un fait social


L'utilisation de la monnaie s'explique par des considérations
économiques, mais elle joue aussi un rôle social. Son
utilisation repose sur la confiance qu'ont les utilisateurs
envers les institutions émettrices : la monnaie est à ce titre
un instrument privilégié de cohésion sociale.
Un étalon s'impose dans chaque groupe humain : coquillages,
petits objets d'arts, minéraux ou petits lingots de métal plus ou
moins précieux ou des biens d'usage courant, comme le sel
qui servit à payer les légionnaires romains (origine du mot
salaire). Des objets plus symboliques furent aussi employés,
telles les "monnaies-haches" de la fin de l'âge du bronze
découvertes en Bretagne.

Au XIVème siècle, chez les


Aztèques, la fève de cacao
était un moyen d'échange
reconnu partout, elle
s'utilisait dans toute la
Mésoamérique. Un esclave
vaut alors 100 fèves, un
lapin, 10 fèves. l'aumône à
un mendiant s'élève à 3 ou
4 fèves. En fait la valeur de
la monnaie n'est pas égale
à la valeur marchande des
fèves
2• Les fonctions de la monnaie
a - La monnaie, unité de mesure des prix
La monnaie est une unité de mesure commune grâce à laquelle les prix
individuels des différents biens et les transactions sont évalués dans un
langage chiffré commun à tous. Elle a une fonction d'étalon de valeur, elle
permet d'apprécier la valeur des biens et de comparer des quantités de
biens différents.
b - La monnaie, moyen d'échange

Le recours à la monnaie, acceptée par tous et dont tous ont besoin, permet
d'assurer les échanges et de séparer chaque transaction en deux parties :
vente d'un bien contre sa valeur monétaire lors d'un premier échange,
réutilisation de la monnaie obtenue lors d'un second échange portant sur un
autre bien.

c - La monnaie, réserve de valeur

Avec la monnaie, qui constitue un étalon de mesure des


valeurs, il devient alors possible de mesurer la valeur des
différents biens en une même unité de compte.

Les prix ainsi exprimés à l'aide de cet étalon permettent


notamment de comparer tous les biens entre eux.
En tant qu'étalon de mesure des valeurs, la
monnaie peut être qualifiée de monnaie de
compte.

En ramenant ainsi toutes les évaluations


possibles d'un bien exprimées en termes
d'autres biens en une seule évaluation
exprimée en monnaie, on réalise une économie
de calculs et d'informations particulièrement
importante.

Tout agent économique détenant de la


monnaie peut soit s'en servir pour acquérir un
bien, soit la conserver pour effectuer un
achat au cours d'une période ultérieure.

La monnaie, qui permet alors, dans ce


dernier cas, de réaliser le transfert d'un
pouvoir d'achat d'une période à une autre,
constitue un véritable instrument de réserve
de valeur.
II - Les différentes formes de la monnaie.
1 - La monnaie marchandise

Les premières monnaies ont été constituées par des


objets qui tiraient leur valeur de leur emploi sous
forme de marchandises. Celles-ci, appréciées de
tous et correspondant à un besoin répandu, étaient
généralement de conservation facile.

Les plus connues de ces "monnaies-marchandises"


furent les bestiaux en Grèce et à Rome (le mot latin
pecunia qui signifie fortune vient de pecus qui
désigne le bétail), les morues séchées à Terre-
Neuve, les blocs de thé au Tibet, les coquillages, le
sel en barres, etc.
2 - La monnaie métallique
a – Les métaux

Les métaux ont également joué le rôle de Lingot traditionnel de cuivre du Katanga

monnaie depuis les temps les plus reculés :


L'ancienne Egypte utilisait surtout le cuivre,
Sparte, le fer et Rome, le bronze.

Mais ce sont les métaux dits précieux -l'or et


l'argent- qui, en raison de leurs qualités
particulières, se sont progressivement imposés
comme instruments monétaires. Aes signatum : Lingot de bronze romain
(1,6 Kg) frappé d'image animale

Le rôle que ces métaux précieux ont joué en tant


que monnaie s'est cependant modifié au cours
de l'histoire ; cette évolution est liée à la nature
des systèmes monétaires adoptés par les
différents pays.

Tiges d'argent recourbées estampillées


aux extrémités. Origine : Perse.
b – Les métaux précieux

Les métaux dits précieux vont peu à peu devenir les


monnaies les plus courantes en raison de leurs
propriétés spécifiques.
L'or et l'argent se caractérisent notamment par :
 La divisibilité permettant d'obtenir des éléments
de dimension voulue, la valeur de ceux-ci étant
proportionnelle à leur poids.
 L'inaltérabilité assurant un stockage facile, les
métaux précieux ne s'altérant pas au contact de l'air.
La malléabilité autorisant l'empreinte d'un symbole
monétaire (poids du métal par exemple).
 Une importante valeur sous un faible volume :
Les métaux précieux font l'objet d'une importante et
permanente demande, notamment pour la confection
des bijoux.

Existant en quantité relativement limitée, les métaux


précieux ont une grande valeur pour un poids et un
volume réduit.
c – Les trois grandes étapes de la monnaie métallique
Après avoir connu trois grandes étapes, les métaux
précieux ont joué un rôle essentiel dans l'histoire de la
monnaie métallique.
À Babylone et en Egypte, l'or et l'argent circulent sous
forme de lingots sans poids ni forme déterminés : il faut
donc mesurer le poids du métal et sa pureté lors de
chaque paiement. Les moyens de paiement ne sont pas La monnaie
pesée
alors d'un usage très facile, notamment pour les
échanges de faible importance, en raison des longues
et nombreuses vérifications auxquelles il faut procéder.
Vers 800 avant J.-C, les lingots prennent un poids et
La monnaie
une forme déterminés donnant naissance aux pièces comptée
métalliques.
Durant l'Antiquité, les pièces sont frappées par les
autorités religieuses qui garantissent ainsi la valeur des
pièces, c'est-à-dire le titre et le poids du métal qu'elles
La monnaie
contiennent. Au Moyen Age, les souverains tentent, à frappée
leur tour, de monopoliser la frappe de la monnaie.
d – Le système du bimétallisme or et argent
C'est ensuite le système du bimétallisme or et argent qui
marque véritablement l'histoire de la monnaie métallique. Ce
système est apparu en France avec le franc germinal, en mars
1803. Le bimétallisme or et argent présente trois caractéristiques
essentielles :
 La liberté de la frappe des monnaies : possibilité d'obtenir
des pièces d'or et d'argent contre des lingots de métal précieux.
 Le pouvoir libératoire illimité : tout débiteur peut s'acquitter
de sa dette au moyen de pièces d'or ou d'argent, ce qui leur
confère cours légal.
 Un rapport légal entre l'or et l'argent, ce rapport étant à
l'origine d'une unité d'or pour 15,5 unités d'argent.
Le rapport légal établi entre l'or et l'argent ayant cessé de
coïncider avec le rapport commercial résultant des cours des deux
métaux précieux sur le marché libre (cours influencés notamment
par les découvertes de mines d'or et d'argent), le système du
bimétallisme est abandonné.
La France adopte, à partir de 1876 un système de
monométallisme or. L'argent n'est plus utilisé sous forme de
monnaie et l'or circule sous forme de pièces et de lingots. Ce
système durera jusqu'en 1914.
III- EVOLUTION DES FORMES DE LA MONNAIE
a – Les deux formes de monnaie

Il existe actuellement deux formes de monnaie :

→ D'une part la monnaie fiduciaire :


Une monnaie fiduciaire (du latin fides, la confiance) est une
monnaie dont l'authenticité est garantie par l’État ou la
banque centrale. Le support de cette monnaie billets de
banque et pièces a une valeur plus faible que la valeur
nominale que leur a attribuée l’État.
→ D'autre part la monnaie scripturale consistant en
de simples jeux d'écritures dans des comptes de
dépôts à vue.
Ces deux formes actuelles de la monnaie sont le
résultat de tout un processus de dématérialisation
ayant conduit d'abord au remplacement de la
monnaie métallique par la monnaie de papier, puis
ensuite à la prédominance progressive de la monnaie
scripturale avec, plus récemment encore, un
développement très important des cartes de crédit.
b- Le billet de banque

Trois grandes étapes ont marqué


l'évolution du billet de banque :

Dans l'Antiquité, puis au Moyen Âge, des


particuliers déposent de l'or et de l'argent
auprès de banquiers et reçoivent, en
contrepartie, des «billets» représentatifs
de ces dépôts. Utilisés pour effectuer des
règlements, ces billets, qui se substituent
à de la monnaie métallique, ne
constituent pas une véritable monnaie.
La création réelle du billet de banque a
lieu lorsque, au XVIIe siècle, le banquier
suédois Palmstruck décide d'émettre un
nombre de billets supérieur à celui
correspondant au montant total des
dépôts de métal précieux ; les billets ainsi
créés deviennent une véritable monnaie
s'ajoutant à la monnaie métallique.
Cette nouvelle forme de monnaie ne peut se
développer que parce que les individus ont la
certitude de pouvoir convertir à tout moment leurs
billets en métal.
L'État favorise aussi la circulation des billets en
leur conférant cours légal, c'est-à-dire en
obligeant les créanciers à les accepter en
paiement.

À la suite d'événements graves (guerre par


exemple) et devant la demande massive de
remboursement de billets en métal précieux,
l'État est amené à prononcer, de façon
temporaire, le cours forcé des billets qui vise à
supprimer la possibilité pour les détenteurs de
billets d'en demander le remboursement en or.
Après la crise économique de 1929 et pour faire
face aux graves problèmes monétaires auxquels
ils se trouvent confrontés, les différents pays
instituent un cours forcé des billets qui devient
alors définitif.
c- La monnaie scripturale
Se développant véritablement en Angleterre au milieu du XIXe siècle, la monnaie
scripturale permet tout d'abord de remplacer une quantité équivalente de billets :
lorsqu'un particulier dépose des billets dans une banque, celle-ci en inscrit le
montant au crédit d'un compte à vue ouvert au nom de ce particulier.

Le titulaire du compte peut non seulement retirer des billets auprès de sa banque
mais il a également la possibilité d'effectuer des règlements, par l'intermédiaire de
chèques notamment, son compte de dépôt à vue étant alors débité au profit d'un
autre compte qui sera quant à lui crédité pour un même montant.

La monnaie scripturale permet aussi d'accroître la quantité de monnaie existant au


sein de l'économie lorsque la banque accorde un crédit, opération réalisée en
créditant le compte à vue du client bénéficiaire du prêt.

Si les banques peuvent ainsi créer de la monnaie scripturale au-delà du montant


des billets déposés auprès d'elles, c'est parce qu'elles excluent toute demande
massive de conversion en billets des sommes portées dans les comptes à vue et
qu'elles peuvent ainsi se contenter de disposer en caisse d'un montant minimum
de billets pour faire face aux retraits de leur clientèle.
d- La monnaie électronique

Les progrès réalisés dans les règlements informatisés et le coût relativement


important des règlements de faible montant tend à favoriser l'essor de la
monnaie électronique avec, par exemple, le porte-monnaie électronique
représenté par une carte créditée au moment de son acquisition ou de son
renouvellement et débitée au fur et à mesure des règlements.
Représentant dans
les économies
modernes une part
très importante des
moyens de
règlement, la
monnaie scripturale a
connu un grand
développement
largement facilité par
les instruments qui
en permettent la
circulation.
IV- L'EURO
a- Mise en œuvre

La mise en place du grand marché intérieur européen et la libéralisation des


mouvements de capitaux ont conduit les pays de la Communauté économique
européenne à s'engager à la fin de 1989 sur la voie de l'Union économique et
monétaire (UEM).
La mise en œuvre effective de cette Union a nécessité la réalisation de trois
étapes :
 La première a débuté le 1er juillet 1990, elle visait à assurer une meilleure
coordination des politiques économiques entre États membres.
Le traité de Maastricht (1992), qui a consacré l'Union économique et monétaire
européenne, a prévu l'adoption d'une monnaie unique pour les États
satisfaisant aux cinq critères de convergence :
 Un taux d'inflation ne devant pas dépasser de plus de 1,5 % les trois
meilleures performances des États membres.
 Un taux d'intérêt à long terme ne devant pas dépasser de plus de deux
points la moyenne des taux des trois «meilleurs» États dans le domaine de
l'inflation.
 Un ratio déficit public/PIB inférieur à 3 %,
 Un ratio dette publique/PIB inférieur à 60 %,
 Le respect des marges de fluctuation au sein du système monétaire
européen pendant deux ans au moins sans dévaluation.

 La seconde phase, commençant début 1994 a conduit à la création, à


Francfort, de l'Institut monétaire européen (IME).

 Le 1er janvier 1999, la troisième et dernière phase de l'UEM est entrée en


vigueur avec la fixation irrévocable des taux de change des monnaies des onze
États membres participant dès le début à l'union monétaire et la mise en œuvre
d'une politique monétaire unique sous la responsabilité de la BCE.

L'euro est introduit en 1999 dans la zone euro (pour les marchés financiers),
puis en 2002 comme monnaie fiduciaire.
b- Mise en place
Depuis le 1er janvier 2002, douze pays de l'Union Européenne ont adopté l'euro
comme moyen de paiement. Les monnaies nationales ont perdu leur cours légal.
Les banques centrales des États de la zone euro ont toutefois continué
d’accepter les billets et pièces de leur ancienne monnaie pour plusieurs années
encore (17 février 2012 en France pour les billets utilisés en décembre 2001 et
début 2005 pour les pièces). Certaines banques centrales, comme celle de
l’Allemagne, continueront même à échanger les anciens billets nationaux sans
limite de temps.
Avec le passage aux billets et aux pièces en euros, la monnaie unique a pris une
dimension symbolique forte. En créant cette zone monétaire de dimension
comparable à la zone dollar, les européens ont fait un geste crucial pour affirmer
dans les faits leur indépendance face aux USA.
L'évolution des taux de change n'a plus d'effet déstabilisant sur les échanges
intra-européens. Cette disparition du risque de change entre les différentes
monnaies européennes à conduit à une diminution régulière des taux d'intérêt à
long terme de la zone euro.
L’adhésion à l’euro est obligatoire pour les nouveaux membres de l’Union européenne
(UE), mais chaque pays en fixe la date et doit respecter les conditions économiques
nécessaires.
La zone euro s'est progressivement élargie :
 Le 1er janvier 2001, Grèce.
 Le 1er janvier 2007, Slovénie.
 Le 1er janvier 2008, Chypre et Malte.
Le 1er janvier 2009, Slovaquie.
Le 1er janvier 2011, Estonie
Le 1er janvier 2014, Lettonie
Le 1er janvier 2015, Lituanie

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