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COURS ECONOMIE MONETAIRE ET

FINANCIERE I

Semestre 3 : Economie & Gestion

Professeur : Mohamed ADASKOU

Année universitaire 2023-2024


• Objectifs du cours S3
- Comprendre le concept de la monnaie et le passage
d’une économie de troc à une économie monétaire.
- Etudier l’évolution des formes de la monnaie
- Analyser les fonctions de la monnaie et la valeur de la
monnaie
- Etudier les agrégats monétaires et leurs contreparties
- Comprendre la masse monétaire, le processus de
création monétaire et l’offre de monnaie, etc.
• Modalités de contrôle des connaissances
Examen final : questions de cours + les exercices
et/ou QCM
Présentation générale du cours
• Ce cours s’appuie sur un manuel : Economie
monétaire et financière I, Imprimerie
Al Manar 2, (1ère édition). Auteur ADASKOU
Mohamed.
• Ce manuel traite d’une manière claire et
rigoureuse :
– Les définitions de la monnaie, formes, fonctions et
propriété de la monnaie
– Les théories monétaires
– Les agrégats monétaires et les contreparties de M3
– La création monétaire et l’offre de monnaie

Sites conseillés
1. Site Bank Al-Maghreb = banque centrale marocaine : http://www.bkam.ma/
Sites conseillés
2. L’autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC): http://www.ammc.ma/
Sites conseillés
3. Haut commissariat au plan (HCP) : http://www.hcp.ma/
Sites conseillés
4. Fonds monétaire international : http://www.imf.org/external/french/index.htm
Sites conseillés
5. Banque centrale européenne : https://www.ecb.europa.eu/ecb/html/index.fr.html
Sites conseillés
La présentation de ce cours est disponible dans mon site personnel :
https://sites.google.com/edu.uiz.ac.ma/adaskou/accueil
Le plan du cours
• Introduction

• Chapitre 1: Définitions, formes, fonctions et


propriétés de la monnaie

• Chapitre 2: Agrégats monétaires et contreparties de


la masse monétaire au sens large

• Chapitre 3: Création monétaire et l’offre de


monnaie
Introduction
• Qu’est ce que la monnaie ? C’est l’ensemble
des actifs financiers qui peuvent être utilisés
pour effectuer un paiement ou régler une dette.
• La monnaie est créée par les banques (centrale
ou commerciales) et seulement par elles
• A tout moment, il y a une certaine quantité de
monnaie en circulation
• La monnaie évolue dans un système
économique et financier complexe.
• Les échanges entre les différents acteurs du marché
permettent une circulation de la monnaie.
• Il y a création monétaire lorsque le financement de
l’activité passe par les banques.
• Une quantité de monnaie trop élevée peut
occasionner de l’inflation.
• Les autorités monétaires (la banque centrale)
interviennent pour contrôler la quantité de monnaie
en circulation, ce contrôle permet de donner à
l’économie le volume de monnaie nécessaire pour
lui permettre d’assurer sa croissance.
Chapitre 1

Définitions, formes,
fonctions et propriétés de la
monnaie
Plan du chapitre 1

1. Le concept institutionnel de la monnaie


2. Les formes de la monnaie au cours de
l’histoire
3. Les fonctions de la monnaie
4. La valeur et les propriétés de la monnaie
1. Le concept institutionnel de la
monnaie
1.1. Economie de l’échange et ses coûts: l’analyse
de Clower (1969)
• Supposons une île isolée dans laquelle les
individus sont dispersés et éloignés.
• Chaque individu dispose d’un savoir-faire
particulier (pêcheurs, agriculteurs, etc.).
• Pour satisfaire tous ses besoins, l’individu doit
recourir à l’échange de sa production avec
d’autres individus = le troc.
• Distinction entre le troc direct et le troc indirect
1.1. Economie de l’échange et ses
coûts: l’analyse de Clower (1969)
• Puisque les individus sont éloignés et dispersés
sur cette île, chaque individu doit se déplacer
pour entrer en contact avec d’autres.
• Ce déplacement implique de supporter des
coûts de l’échange (CE) : coûts de
transaction (CT), coûts d’attente (CA)
1.1. Economie de l’échange et ses
coûts: l’analyse de Clower (1969)
• Coûts de transaction (CT) : frais de déplacement
pour réaliser une « double coïncidence » entre les
désirs d’échanger des biens .
• Coûts d’attente (CA) : coûts subjectifs liés au
temps passé à chercher un coéchangiste et coûts
objectifs liés aux frais de stockage des
marchandises (entreposage, gardiennage éventuel,
etc.)

• CE = CT + CA
1.1. Economie de l’échange et ses
coûts: l’analyse de Clower (1969)

• Les CT sont décroissants avec le temps qui


sépare deux déplacements.

• Les coûts d’attente (CA) s’accroissent avec le


temps qui sépare deux déplacements.
1.1. Economie de l’échange et ses
coûts: l’analyse de Clower (1969)
1.2. De l’économie de troc à
l’économie monétaire

• Les coûts liés à l’échange varient selon les


différentes possibilités d’organisation des
échanges : l’économie de troc, l’économie de
foires et l’économie monétaire
1.2.1. Economie de troc pur
• Les coûts de l’échange (CE) sont importants
dans une économie de troc pur. Pour que
l’échange ait lieu, dans cette économie, les
individus doivent :
• assurer une double coïncidence entre les désirs
d’échanges
• établir, pour chaque transaction, un accord
relatif aux quantités à échanger
• avoir une certitude que les termes de l’échange
sont suffisamment stables
1.2.2. Economie de foires
• Les échangeurs se regroupent dans un même
lieu, le marché.

• Les coûts liés à l’échange (CE) diminuent.

• L’échange serait encore facilité si on mettait en


place un poste de vente pour chaque couple
de biens
1.2.3. Economie monétaire
• Apparition de la monnaie : bien-monnaie
présentant des qualités intrinsèques acceptées
par tous les individus.
• Amélioration considérable de la situation des
agents économiques.
• Deux étapes importantes se succèdent :
1. monnaie marchandise : instrument de l’échange
et étalon des valeurs. C’est l’équivalent général
de tous les autres biens.
2. monnaie fiduciaire (en latin fiducia signifie
confiance) : sans valeur intrinsèque.
2. Les formes de la monnaie
• Les formes sont variées:
1. la monnaie marchandise
2. la monnaie métallique
3. le papier-monnaie (billet de banque)
4. la monnaie scripturale.
5. la monnaie électronique
2.1. Monnaie marchandise
• Au cours de l’histoire, certains biens matériels
choisis parmi d’autres sont utilisés pour servir
de monnaie.
• C’est le « numéraire » au sens de L.Walras.
• C’est l’étalon des valeurs permettant de
simplifier le système de prix.
• Cette monnaie marchandise est l’équivalent
général de toutes les autres marchandises.
• La double coïncidence des désirs d’échange
n’est plus nécessaire.
• Elle a une valeur intrinsèque stable (le sel a
une valeur intrinsèque résultant de sa capacité
à saler les aliments).
• Sa demande résulte à la fois d’usage
monétaire (instrument d’échange) et d’usage
non monétaire (bien de consommation)
Les qualités requises par cette monnaie
marchandise sont :
• la durabilité
• l’acceptabilité par tous
• la divisibilité
• la confiance accordée par tous
• la facilité de transporter
• la relative conservabilité
Exemples :
• Têtes de bétail ou pecus en latin.
• Les fèves de cacao utilisés par les Aztèques
(peuple du Mexique 1325-1521)
• Feuille de thé (le sud de l’Asie)
• la morue (Terre-Neuve)
• Tabac (en Virginie)
• Sucre aux Indes occidentales (les Antilles)
• Le sel qui servit à payer les légionnaires romains
(c’est l’origine du mot salaire)
• Coquillages comme le Cauri (Chine, Inde et
Brésil)
• Pierres précieuses telles que les turquoises
(Indiens d’Amérique)
Les monnaies marchandises sont
caractérisées par certains inconvénients :
• Encombrantes
• Coûteuses à produire
• Trop facilement périssables
2.2. Monnaie métallique

• Les métaux doivent avoir les qualités


suivantes: rareté, divisibilité,
Inaltérabilité (permanent et stable),
Malléabilité et facilité de transporter.
• La monnaie métallique est apparue dans
l’antiquité (avant Jésus-Christ). Elle est passée
par plusieurs étapes :
1. La monnaie pesée (Babylone, Egypte
pharaonique): elle est sous forme de lingots
sans poids ni forme précise.
2. La monnaie comptée (Mésopotamie, Chine)
vers 800 avant Jésus-Christ : les morceaux de
métal ayant un poids et une forme définie à
l’avance: boules et disques aplaties.
3. La monnaie frappée vers 650 avant Jésus-
Christ : valeur en poids et l’identité des
frappeur
Apparition des premières pièces d’or et
d’argent pur et naissance du premier système
monétaire bimétalliste
Le bimétallisme or et argent

• En France, les lois 7 et 17 germinal de l’an XI (28


mars et 7 avril 1803) : naissance du franc germinal
(F) :

1F = 4,5g d’argent pur


1F = 0,29033g d’or pur

Rapport légal (ou pair légal): 1g d’or = 15,5g


d’argent
Les caractéristiques de ce système bimétallique :

1. un rapport légal fixe entre l’or et l’argent

2. la frappe libre de l’or et l’argent

3. L’importation et l’exportation des deux métaux


et des pièces
4. un pouvoir libératoire illimité des pièces d’or
et d’argent
L’abandon du bimétallisme au profit du
monométallisme
• A coté du rapport légal fixe, il existe le rapport
commercial flexible.
• L’inconvénient : discordance entre le rapport
légal fixe et le rapport commercial.
• Sur le marché commercial :
• Dans leurs transactions avec l’extérieur, les
individus ont tout intérêt à utiliser la monnaie
dont la valeur est appréciée.
• La mauvaise monnaie s’impose dans les
échanges tandis que l’autre est thésaurisée.
C’est la loi de Gresham (1558) : « la mauvaise
monnaie chasse la bonne ».
• A partir de 1850, ce système monétaire
bimétallique va être remplacé par le système
monométallisme.
• De nos jours, la monnaie métallique subsiste
toujours sous forme de pièces (monnaie
divisionnaire).
• Mais, elle joue un rôle beaucoup moins
important. Elle représente seulement 1% des
formes de monnaie actuelle.
2.3. La naissance du billet de banque

• La monnaie n’a plus de valeur intrinsèque,


sa valeur est purement symbolique. On parle
de la monnaie fiduciaire.
• Trois étapes :
1. Certificat (ou récépissé) représentatif de
dépôts d’or ou d’argent
Caractéristiques
- Convertible en or

- remboursable au porteur

- Libellés en sommes précises

- durée de vie limitée


2. Billet représentatif d’un crédit : des
récépissés constatant un crédit.

La contrepartie métallique des billets > au


stock de métal : risque de faillite des banques
Le billet est doté d’un cours légal.

Naissance de deux écoles :


- Currency School ou école de la circulation
(Ricardo et Say)

- Banking School ou école de la banque


(Tooke et Fullarton)
3. Le billet inconvertible ou papier monnaie :
à partir de 1914, le billet n’est plus rattaché à
une encaisse métallique. L’Etat impose le
cours forcé
2.4. La monnaie scripturale
• La monnaie scripturale appelée aussi « dépôts
à vue » (DAV) est une inscription au crédit
d’un compte à vue sur les livres des banques
émettrices. Le DAV est parfaitement liquide.
• Cette monnaie circule par simple jeu d’écriture.
• Instruments de circulation des DAV :
1. chèque bancaire
2. virement bancaire
3. carte bancaire
4. prélèvement automatique
2.4. La monnaie électronique

La monnaie électronique est une valeur


monétaire stockée sur un support électronique
et servant à faire les achats.
Deux instruments :
1. Le porte-monnaie électronique (cartes
prépayées)
2. Le porte-monnaie virtuel (« cyber-argent »)
3. Fonctions de la monnaie

• La monnaie remplit généralement trois


fonctions :
1. intermédiaire des échanges,
2. unité de compte ou étalon des valeurs
3. réserve de valeur.
3.1. Intermédiaire des échanges

• Clower (1969) mentionne que « la monnaie


achète les biens, les biens achètent la monnaie,
mais les biens n’achètent pas les biens ».
3.2. Unité de compte
• Dans une économie de Troc où il y a n biens,
on aurait n(n-1)/2 prix relatifs.
• Pour n biens dont 1 sert d’unité de compte, on
passe de n(n-1)/2 prix relatifs à (n-1) prix
monétaires.
• Si une unité de compte abstraite (UCA) est
créée (Livres-Tournois ou ECU), on passe de
n(n-1)/2 prix relatifs à (n) prix monétaires.
3.3. Réserve de valeur
• La monnaie est un actif sans risque puisque sa
valeur nominale est presque immuable. Seule
l’inflation modifie sa valeur réelle.
• La monnaie peut être conservée dans le temps.
• La monnaie constitue une des formes de
détention de la richesse.
• Keynes (1936) a dit : « La monnaie est un pont
entre le présent et l’avenir ».
4. La valeur de la monnaie
• Si 1 unité du bien A = 2 dirhams (DHs), la
valeur réelle du dirham sera égale à 1/2 de A.
• Dans l’économie, il existe n biens ?
• Solution : construire un panier de biens
• Ce panier est un bien « composite » qui a un
prix P égal :

• P est le niveau général des prix.


• La valeur de la monnaie est alors 1/P .
• La valeur de la monnaie varie au sens
inverse de l’inflation.
• Exemple :
Imaginons une économie fictive

1) Calculez le « P » successivement pour les


années t0 et t1.
2) En déduire le taux d’inflation
3) Calculez la valeur de la monnaie pour les
deux années.
• Solution :
1) P0 = 3,9 et P1 = 4
2) Le taux d’inflation = 2,56%
3) La valeur de la monnaie 1/3,9 et 1/4
La valeur de la monnaie a passé de 1/3.9 à 1/4,
soit un taux de croissance de – 2,56%.
Chapitre 2

Agrégats et contreparties
Plan du chapitre

1. Construction d’agrégats de monnaie et de


placements liquides
2. Agrégats de monnaie et activité économique
3. Contreparties de la masse monétaire M3
1. Construction d’agrégats de
monnaie et de placement
• Les agrégats de monnaie

• Les agrégats de placement

• Problème : distinction entre actifs monétaires


(AM) et actifs non monétaires (ANM)
• Problème de harmonisation
1.1. Construction des agrégats de monnaie

Deux critères
- la liquidité
- le risque
• Secteur émetteur de monnaie : institutions de
dépôts (ID)
• Secteur neutre : AC (trésor)
• Secteur détenteur de monnaie :
administrations publiques (autre AC), ANF et
sociétés financières (autres que ID)
• Ces agrégats sont
désignés par le
caractère M et
assortis de chiffres
allant de 1 à 3 en
fonction du degré de
liquidité décroissant
des actifs financiers
les constituants.
• Ces agrégats sont
emboîtés.
• M1 : la masse monétaire au sens étroit
• M1 recense les actifs financiers liquides,
divisibles, transférables, sans rendement et
avec un coût de transaction nul.
• M1 = les billets + pièces de monnaie en
circulation - encaisses des banques + les
dépôts transférables à vue, en monnaie
nationale.
• L’agrégat M2 qui représente la masse
monétaire au sens intermédiaire
• M2 est composé de l’agrégat M1 + les
disponibilités en comptes d’épargne auprès
des banques qui sont liquides, non
transférables et rapportant un rendement.
• M2 = M1 + les disponibilités en comptes
d’épargne (placements à vue).
• L’agrégat M3 qui correspond à la masse monétaire au
sens large.
• M3 = M2 + les autres actifs monétaires (M3-M2) qui
sont moins liquides, non transférables et/ou non
divisibles et rapportant un rendement:
• Les OPCVM (Organismes de Placements
Collectifs en Valeurs Mobilières) sont
composés de:
– Sociétés d’Investissement à Capital Variable
(SICAV)
– Fonds Communs de Placement (FCP)
1.2. Les agrégats de placements liquides

• L’agrégat PL1

• L’agrégat PL2

• L’agrégat PL3
2. Agrégats de monnaie et activité économique

• Deux concepts :

1. vitesse de circulation de la monnaie (V)


2. taux de liquidité (L).
2.1. Vitesse de circulation de la monnaie (V)
• L’équation des échanges de I.Fisher, amène à
poser :

M×V = P×Y
• En période de forte inflation, le pouvoir
d’achat interne de la monnaie baisse et V
s’accroît.
• En revanche, V diminue.
• Généralement, le concept de vitesse-revenu
est utilisé :
• Exemple : Année 2011
M3 = 949,3 milliards de dirhams
PIB nominal = 802,6 milliards de dirhams

donc, V = PIB/M3 = 802.6/949,3 = 0,85


2.2. Taux de liquidité = demande de monnaie

• L’inverse de V est le taux de liquidité de


l’économie (L) :
2.2. Taux de liquidité = demande de monnaie

• Au Maroc, L est calculé en choisissant comme


agrégat monétaire M3 et comme grandeur
économique soit le PIB soit le RNBD
3. Contreparties de la masse monétaire M3

• Le terme contreparties signifie toutes les


opérations ou mécanismes qui sont à l’origine
de la création monétaire par les institutions
de dépôts (ID)
3.1. Principe de base
• La création de monnaie correspond à la
transformation de créances en moyens de
paiement par les institutions de dépôts (ID).
• La liste de ces créances = les contreparties de
M3.
• Pour comprendre les mécanismes de la
création monétaire bilan consolidé des ID.
Bilan simplifier de la banque centrale
Bilan simplifier d’une banque commerciale
Bilan consolidé des ID
Exemple d’une créance sur l’économie
• Supposons que la banque A a accordé un
nouveau crédit d’une valeur 100 à un agent
(ménage, entreprise…).
Exemple d’une créance sur l’extérieur
• Supposons que la banque A achète des devises
d’une valeur 100 à une entreprise exportatrice
de produits.
3.2. Principales composantes
• Créances nettes sur l’extérieur ou Avoirs
extérieurs nets des ID
• Le solde des créances nettes sur l’extérieur
= solde de la balance des paiements :
– Une balance de paiements > 0 signifie
une augmentation de M3.
– Une balance de paiements < 0 signifie
une diminution M3.
• Créances nettes sur l’administration centrale (AC):
Représentent les créances des ID ainsi que celles
des sociétés non financières et des ménages
diminués de leurs engagements respectifs
• Créances sur l’économie :

c’est l’ensemble des créances des ID sur les


secteurs intérieurs :
Exemple : crédits accordés par les banques aux
secteurs intérieurs
• Ressources à caractère non monétaire des
ID:

Ils recouvrent le capital et les réserves des ID et


les engagements non monétaires des banques :
les dépôts et titres exclus de M3
• Autres contreparties (ou Divers) :

Ils correspondent à l’écart entre les éléments


de l’actif et du passif des ID non retenus
dans M3 et les autres contreparties
Chapitre 3

Processus de création monétaire


et offre de monnaie
Plan du chapitre

1. La création monétaire par les banques


2. La création de monnaie centrale par la banque
centrale
3. Offre de monnaie
1. La création monétaire par les banques
• Le crédit bancaire implique une création
monétaire
• L’achat d’un titre financier par une banque à
un ANF implique aussi une création monétaire
• L’achat de devises par une banque à un ANF
implique aussi une création monétaire
• La création monétaire dans les deux premiers
cas est temporaire
• La création monétaire par l’achat de devises
est définitive
1.1. Création de monnaie par une seule banque

• L’activité d’une banque consiste à créer de la


monnaie scripturale
• La monnaie créée par la banque ne reste pas
toujours chez elle. Cette monnaie peut être :
1. transformée en billet ;
2. convertie en devises
3. virée hors du circuit des banques (vers le
Trésor)
4. transférée dans d’autres banques
• La banque qui a accordé le crédit initial est
exposée quotidiennement à des fuites
monétaires
• Pour faire face à ces fuites monétaire, la
banque doit disposer de la monnaie centrale
(les réserves) auprès de la banque centrale.
Exemple :
• Supposons le bilan de la banque A et de la
banque centrale en équilibre.
• Supposons, maintenant, que la banque A
distribue un crédit d’une valeur 100 à une
entreprise :
• Supposons que la banque A est exposée à des
fuites monétaires suivantes :
• 40 unités transférées aux autres banques
• 10 unités virée hors du circuit des banques (en
monnaie Trésor)
• 30 unités transformées en billets

• Total des fuites 80 unités


• La conséquence de ces opérations est la baisse
des dépôts et des réserves de la banque A de 80
unités.
• Le crédit supplémentaire de 100 unités ne fait
pas perdre à la banque A 100 unités de
réserves.
• La banque A conserve 20 unités, soit 20% de la
monnaie créer. C’est la part de marché de la
banque A
• La part de marché d’une banque est
déterminée par le poids que représente sa
clientèle (ses déposants)
• Le volume de monnaie qui doit être créé par
les autres banques pour que la banque A ne
perd aucune réserve est :

• Dans notre exemple, les autres banques


doivent créer 400 unités de monnaie.
1.2. Le besoin de liquidité du circuit bancaire
• Supposons que l’ensemble des banques a
créé la monnaie d’une valeur 100
• Supposons, par la suite, que l’ensemble des
banques subie des fuites monétaires qui sont
sous la forme suivante :
• 10 unités de monnaie créée sont virées vers le
Trésor (monnaie Trésor)
• 30 unités de monnaie créée sont transformées
en billets
• Total des fuites 40 unités de monnaie
• Supposons que la banque centrale impose
à l’ensemble des banques de détenir des
réserves obligatoires d’une valeur égale
à 20 % des dépôts à vue (DAV).
• Après la création monétaire et les fuites
monétaires subies, les banques ne
satisfont plus à leur obligation de
réserves.
• 960 unités de dépôts qui nécessitent 192
unités de réserves. compte tenu des fuites
monétaires, les banques ne disposent que
160 unités de réserves
• Les banques sont dans l’obligation de
reconstituer 192 – 160 = 32 unités de
réserves obligatoires.
• Pour reconstituer leurs réserves auprès de
la banque centrale, les banques sont
obligées de liquider une partie de leurs
titres (32) à la banque centrale
2. La création de monnaie centrale
par la banque centrale

Deux types :

1. La monnaie centrale non empruntée


2. La monnaie centrale empruntée
2.1. La monnaie centrale non empruntée

• C’est une monnaie qui alimente les comptes


des banques auprès de la banque centrale sans
lien direct avec leurs besoins de trésorerie.
• Cette alimentation est totalement exogène.
• Deux cas :
1. Balance des paiements excédentaire
2. Trésor public est en situation de déficit
financé par des avances
Le cas d’un excédent de la balance des paiements

• Lorsque les banques enregistrent des entrées


de devises supérieures aux sorties, la banque
centrale achète l’excédent contre la monnaie
nationale (dirhams) et alimente les réserves des
banques.
• Et inversement
Le cas où le Trésor public est en situation de déficit

• Lorsque le Trésor est en situation de déficit, la


BC peut intervenir :
1. Soit par des avances ou facilités de caisse
2. Soit par des achats des titres publics (Bons du
Trésor). C’est la technique « open market ».
2.2. La monnaie centrale empruntée

• Si la monnaie centrale « non empruntée » est


insuffisante, les banques peuvent emprunter la
MC :
1. auprès de la BC directement (refinancement),
2. ou sur le marché monétaire contrôlé par la BC
3. Offre de monnaie

• L’offre de monnaie est-elle déclenchée


par les crédits accordés par les banques à
l’économie (l’offre est endogène) ?
• Ou bien, l’offre de monnaie est-elle
exogène et donc entièrement contrôlée
par la banque centrale
3.1. Facteurs de la liquidité bancaire
• Les facteurs de liquidité bancaire (monnaie
centrale) subdivisent en deux types :
– les facteurs autonomes : indépendants
des interventions de la BC sur le marché
interbancaire
– les réserves qui émanent d’une décision
de la BC.
3.1.1. Facteurs autonomes
• trois types d’opérations :

1. les billets en circulation


2. les opérations avec le trésor public et les
banques
3. les opérations en devises
3.1.2. Réserves

Les réserves des banques sont composées :


• des réserves obligatoires (RO)
• des réserves excédentaires (RE) :
3.2. Relation entre Base monétaire (H) et
masse monétaire (M)

• La base monétaire au sens strict est la


monnaie émise par la banque centrale.
c’est la monnaie banque centrale.

• H = la monnaie fiduciaire (billets) + la


monnaie centrale (les réserves).
• Les composantes de la BM apparaissent au
passif du bilan de la BC.

• A l’actif de ce bilan sont représentées les


contreparties de la BM.
Le modèle

M = B + DAV

B = b × M et DAV = (1-b) × M

R = r × DAV donc R = r × (1-b) × M


H=B+R
• En remplaçant B et R par leurs expressions ci-
dessus :
H = b × M + r × (1-b) × M

H = [b + r × (1-b)] × M
• Si on pose d = b + r × (1-b) alors :

H = d ×M
• d représente le diviseur et k le multiplicateur
monétaire.

k = 1/d
• Il existe par conséquent au niveau
macroéconomique une relation entre la M et la
H:
1. le lien de causalité va de la H vers la M :
c’est l’approche du multiplicateur.

2. le lien de causalité va de la M vers la H :


c’est l’approche du diviseur.
3.3. Mécanismes d’expansion monétaire
• Pour comprendre le mécanisme d’expansion
monétaire, nous allons prendre un exemple où
nous faisons intervenir deux types de fuites
monétaires :
1. Les RO
2. La transformation de dépôts en billets
Exemple
• Une banque dispose ex-ante de RE pour un
montant de 100.
• Cette banque décide d’accorder un crédit
de 100 à un client. Le DAV du client
augmente du même montant.
• Le client règle systématiquement une
proportion b = 20% de ses dépenses sous
forme de billets de banque.
• La banque respecte un taux de RO de
10% (r = 10%) auprès de la BC.
• Le mécanisme entraîne donc des vagues
successives de fuites et de nouveaux crédits.
• A chaque vague successive de crédit, 28%
(b+r(1-b))de la monnaie créée fuit hors du
circuit des banques.
• Les fuites sont de 20% (b) en billets et 8%
(r(1-b)) en RO.
• A chaque vague, les RE représentent 72%
(1-b-r(1-b)) de celles de la période
précédente.
• Le total des crédits accordés et donc de la
monnaie créée (M) (357) est une multiple
des RE initiales (100).
• Ce total s’obtient en effectuant la somme des
vagues successives de crédits :

• C’est la somme des termes d’une suite


géométrique de premier terme 100 de raison 0,72
:
• En généralisant cet exemple, on obtient :

• Où k représente le multiplicateur
monétaire. Il dépend des coefficients
caractéristiques b et r.
Exercice 1
Soit une économie simplifiée et composée d'un
unique établissement de crédit (EC) et d'une
banque centrale (BC). Le tableau suivant résume
les données disponibles sur le secteur bancaire :
1. Établir le bilan de la BC et de l'EC,
déterminer le montant des réserves (R) de
l'EC sur son compte à la BC.
2. Présenter le bilan consolidé du système
bancaire et calculer la masse monétaire M3 et
ses contreparties.
3. On suppose que les coefficients de réserves
obligatoires sont fixés à 8% des DAV et 3%
sur les DAT. Vérifier qu'il n'y a pas de
réserves excédentaires. Calculer la base
monétaire et le multiplicateur monétaires ?
Solution
1.
Les réserves (R) se déterminent par déduction
en équilibrant le bilan de la BC. Elles sont
d’un montant de 250 en monnaie centrale.
2.

• M3 = billets + DAV + DAT + CD = 6000


• Les contreparties de M3 figurent à l’actif du
bilan, il s’agit de : réserves de change + crédits
+ titres en DHs + titres en devises = 6000
3.
Réserves obligatoires = 8% DAV + 3%DAT =
0,08 × 2000 + 0,03 × 3000 = 160 + 90 = 250
On sait que : la monnaie centrale (Réserves) =
réserves obligatoires + réserves excédentaires
Et puisque la monnaie centrale = 250 et les
réserves obligatoires sont égales à 250. Donc,
il n’y a pas de réserves excédentaires.
La base monétaire (H) = billets + la monnaie centrale
= 200 + 250
= 450
La masse monétaire (M) = 6000
Exercice 2
Soit une économie simplifiée constituée d’un
seul établissement de crédit (EC) et d’une
banque centrale (BC) :
1. Etablissez le bilan de l’EC, de la BC et le bilan
consolidé du système bancaire.
2. Sachant que le taux de réserves obligatoires est de
2% sur tous les dépôts et que les billets
représentent une part stable de la masse monétaire,
calculez le multiplicateur monétaire. Vérifiez qu’il
n’y a pas de réserves excédentaires dans le bilan
de l’établissement de crédit.
L’économie connaît un afflux de devises
étrangères (E) pour un montant équivalent à
10. Les mécanismes sont les suivants : les
agents non financiers (ANF) demandent à leur
banque de convertir ces devises pour pouvoir
les conserver sur leur compte de dépôts. La
Banque centrale fournit de la monnaie centrale
à l’établissement de crédit en contrepartie des
apports en devises qui accroissent ses réserves
de change.
3. Représentez ces mécanismes dans les bilans
de l’EC et de la BC.
4. Une fois les devises converties et créditées
sur les comptes de dépôts des ANF, quelles
sont les fuites subies par l’EC ?
Solution
1.
2.
RO = r × dépôts
= 0,02 × 170 = 3,4
On sait que :
R = RO + RE
R = 17
Donc,
RE = R – RO
= 17 – 3,4
= 13,6. donc, il y a des RE.
Pour qu’il n’y ait pas de RE, il aurait fallu que le
taux des RO soit de 10%.
3.
4. Les fuites subies par l’EC sont :
Une fois converties et déposées sur le compte des
ANF, les devises représentent une augmentation de
dépôts. Une partie sera retirée sous forme de
billets :

Sur le reste de dépôts la banque provisionne des


RO :

Au total les fuites subies par la banque s’élèvent à :


Exercice 3
• Soit une situation où, le multiplicateur
monétaire (défini pour M1) est égal à 4, la base
monétaire est égale à 300 et la part des billets
dans M1 est de 20%.
1. Quelles sont les valeurs de M1 et du
montant des réserves obligatoires détenues par
les banques auprès de la banque centrale ?
2. Calculer le taux de réserves obligatoires
Solution
1.
On sait que : M1 = k x BM,

M1 = 4 x 300 = 1200.
B = b x M1 = 0,2 x 1200 = 240.
RO = BM – B = 300 – 240 = 60.
2.
La masse monétaire (M1) se compose de dépôts
(D) et de billets (B).
D = M – B = 1200 – 240 = 960.
On en déduit donc : r = 60 / 960 = 6,25%
Exercice 4
• Nous considérons une économie caractérisée
par les données suivantes : l’offre de monnaie :
500, le niveau général des prix : 4, et le PIB
réel : 800.
1. Quelle est la valeur de la vitesse de circulation
de la monnaie ?
2. Nous supposons que la valeur de la vitesse de
circulation de la monnaie passe à 7, que le PIB
réel augmente de 2,5% et que l’offre de
monnaie augmente de 10%. A quelle valeur se
fixe le niveau général des prix ?
Solution
1.
L’équation des échange est donnée par :
MxV=PxT
On en déduit donc que :
V = P x T / M = 4 x 800 / 500 = 6,4
2. Modifications à prendre en compte :
V=7
PIB = 800 x 1,025 = 820
M = 500 x 1,1 = 550
• Le niveau général des prix se fixe donc à la valeur
suivante :
• P = M x V / T = 550 x 7 / 820 = 4,7
Exercice 5
Soit un système bancaire composé de banques
commerciales, regroupées dans un bilan noté
A, et d’une banque centrale BC aux bilans
suivants :
Exercice 5
• On suppose que r = 10% et b = 10%
1. Calculez la masse monétaire M et donnez en
les contreparties.
2. Quel est le montant de refinancement
nécessaire si les banques commerciales
accordent des crédits supplémentaires pour un
montant de 90 ?
Solution
1.
La masse monétaire :
M = Billets + dépôts = 360 + 3240 = 3600
• Contreparties de la masse monétaire :
créances sur l’extérieur (devises) = 300
créances sur le Trésor public = 300
créances sur les ANF (crédits) = 3000
Solution
2.
On évalue le besoin de refinancement ce qui
implique que l’on se situe dans l’approche du
diviseur de crédit.
H=dM
d = H/M = 684/3600 = 0.19
Donc, le besoin de refinancement =
= 0.19*90 = 17,1

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