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Chapitre 3 : La création monétaire 1

CHAPITRE 3 : LA CREATION MONETAIRE

Tout comme les autres biens économiques, la monnaie est soumise aux lois du marché,
et donc à la confrontation de l’offre et de la demande. L’offre d’un bien étant fonction de sa
production, l’offre de la monnaie est soutenue par un phénomène particulier de production de
monnaie, appelé création monétaire. La création monétaire consiste en la transformation des
créances en moyen de paiement directement utilisable pour le règlement des transactions. Il
s’agit donc concrètement de la mise en circulation de nouvelles quantités de monnaie. L’étude
de la création monétaire soulève au moins trois questions à savoir : qui créé la monnaie ? par
quels mécanismes la monnaie est-elle créée ? quelles sont les limites de la création
monétaire ?

SECTION 1 : LES ACTEURS DE LA CREATION MONETAIRE

La création monétaire met en relation des agents économiques non financiers ayant
des excédents ou des besoins de monnaie selon les cas, et des institutions ayant le pouvoir de
créer la monnaie. Trois types d’institutions financières ont la capacité de créer la monnaie, à
savoir : la banque centrale, les banques commerciales, et le trésor public.

1.1. La création monétaire par la banque centrale


1.1.1. Les sources de création monétaire par la Banque Centrale

La Banque Centrale (BC) est chargée de l’émission de la monnaie nationale et de la


régulation de la liquidité dans un pays. La BC crée deux sortes de monnaie, la monnaie
fiduciaire et la monnaie scripturale. En ce qui concerne la monnaie fiduciaire, la BC détient
son monopole de création, notamment par la fabrication de nouvelles pièces et de nouveaux
billets à mettre en circulation1.

Pour ce qui est de la monnaie scripturale, la BC la crée principalement dans le cadre de


ses relations avec les banques commerciales d’une part et le trésor public d’autre part. Dans le
premier cas, la BC crée la monnaie scripturale en rachetant les créances que les banques
commerciales détiennent sur leur clientèle (ménages, entreprises ou trésor public). Il s’agit
donc d’opérations de monétisation des créances (transformation des créances en moyen de

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L’on parle généralement ici du recours à la « planche à billet ».

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paiement), appelées réescompte. Du point de vue de la conduite de la politique monétaire, si


la BC veut accroître la quantité de monnaie en circulation et donc créer davantage de
monnaie, elle va augmenter le taux de réescompte2.

Dans le cadre des relations avec les Etats et notamment le trésor public, la BC va
également créer de la monnaie suivant des concours à l’Etat. On distingue les concours
directs et les concours indirects à l’Etat. La BC procède par concours direct lorsqu’elle
accorde des avances au trésor public (découvert) pour lui permettre de couvrir ses dépenses
courantes. La BC procède à des concours indirects en achetant les créances que le trésor
détient sur l’économie pour créer la monnaie. La BC crée aussi la monnaie scripturale
lorsqu’elle achète directement les bons du trésor. Les concours de la BC à l’Etat sont
généralement plafonnés et fonction du niveau de recettes propres de l’Etat.

Au plan extérieur, la BC crée la monnaie en achetant des devises ou de l’or, mais


également en achetant des créances extérieures apportées par l’Etat, les banques secondaires,
ou les particuliers.

Enfin, la BC peut créer de la monnaie par ses interventions ponctuelles sur le marché
monétaire, suivant des « opérations d’open-market » pour augmenter ou diminuer la quantité
de monnaie en circulation. Ainsi, dans le cadre de politiques monétaires expansionnistes,
visant à injecter de nouvelles liquidités dans l’économie, la BC procèdera à des appels d’offre
positifs, par lesquels elle va acheter des titres émis par le marché monétaire pour mettre en
circulation des liquidités supplémentaires et augmenter la masse monétaire.

1.1.2. Création de la monnaie banque centrale et bilan simplifié de la


Banque Centrale

La BC prend des mesures qui affectent ses avoirs et ses engagements, ou encore son
actif et son passif. Un cas simple peut être illustré ainsi qu’il suit :

BANQUE CENTRALE
Actif Passif
Titres d’Etat Billets et pièces en circulation
Réserves des banques (monnaie centrale)

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La BC abaissera le taux de réescompte si elle veut plutôt réduire la quantité de monnaie en circulation

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Les postes enregistrés au passif du bilan de la BC représentent ses engagements. Il s’agit


dans ce cas :

- des billets et pièces en circulation qui sont la monnaie fiduciaire détenue par le
public3 ;
- des réserves des banques commerciales qui sont les dépôts desdites banques
conservés dans leurs comptes ouverts à la BC, encore appelées monnaie centrale ou
liquidité bancaire. Les réserves peuvent être de deux types, les réserves obligatoires
et les réserves excédentaires. En effet, les BC imposent généralement des réserves
obligatoires qui représentent une fraction des nouveaux dépôts collectés que la
banque commerciale doit obligatoirement conservée à la BC. Au-delà de ce taux de
réserve, les réserves conservées à la BC sont appelée réserves excédentaires.

La somme des pièces et billets en circulation et des réserves des banques, constitue la
monnaie banque centrale.

Les postes enregistrés à l’actif représentent les avoirs de la BC. Les variations de ces
postes à la hausse traduisent généralement la création de monnaie centrale. Dans notre cas,
nous considérons que le seul actif est un stock d’obligations de l’Etat acquis à une banque sur
l’open market, d’une valeur de 100 millions de F CFA. Les bilans simplifiés de la BC et de la
banque commerciale se modifie de la manière suivante :

BANQUE COMMERCIALE
Actif Passif
Titres d’Etat - 100M
Réserves (monnaie centrale) +100M

BANQUE CENTRALE
Actif Passif
Titres d’Etat +100M Réserves (monnaie centrale)
+100M

Le résultat net de cette opération est une augmentation du stock de monnaie centrale
disponible de 100 M F CFA, soit une création de monnaie centrale par la BC.

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différents de celle détenue par les banques commerciales qui sont enregistrés dans un autre poste du passif

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1.2. La création monétaire par les banques commerciales


1.2.1. Les sources de création monétaire par les banques commerciales

Les banques commerciales, encore appelées banques ordinaires ou banques


secondaires4, créent la monnaie lorsqu’elles accordent des crédits. La création monétaire par
la banque commerciale repose sur leur capacité de prêter et sur la règle « les prêts font les
dépôts».

La capacité de prêter voudrait qu’une banque puisse accorder des crédits aux agents
non financiers, sous forme de monnaie scripturale, lorsqu’elle détient des réserves
excédentaires à la BC où lorsqu’elle est assurée du refinancement de la BC. La banque
accordera donc des prêts à l’économie, à hauteur d’un montant inférieur ou égal à ses réserves
excédentaires. Il convient de préciser que la banque ne prête pas de monnaie centrale mais
plutôt la monnaie scripturale qu’elle a le pouvoir d’émettre.

Par ailleurs, une idée reçue voudrait que les banques reçoivent des dépôts des
personnes en excédent de liquidités pour par la suite octroyer des crédits aux agents en besoin
de liquidités. La création monétaire par les banques commerciales, au sens strict, va à
contresens de cette idée, suivant notamment la règle « les prêts font les dépôts ». En effet, la
création monétaire consiste pour la banque, non pas à prêter des avoirs monétaires déposés
chez elle, mais plutôt à monétiser des créances sous forme de monnaie scripturale, et donc de
dépôts. Le prêt consiste donc pour une banque à générer ex-nihilo, un dépôt en monnaie
scripturale au profit de l’emprunteur, qu’il pourra choisir de dépenser dans le circuit de la
banque, ou dans le circuit d’autres banques (virements, chèque), ou même retirer sous forme
de billet. Quoi qu’il en soit pour créer la monnaie, « les prêts font les dépôts ».

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Trois types de banques ordinaires sont à distinguer Les Banque de dépôt dont l’activité principale est la
réception des dépôts de la clientèle à vue et à terme, les règlements en monnaie et l’octroi du crédit à court
terme. Les Banque d’affaire dont l’activité principale est la prise et la gestion des participations dans les
entreprises existantes ou en voie de formation, et l’octroi des crédits sans limitation de durée aux entreprises qui
bénéficient, ont bénéficiés ou bénéficieront des dites participations. Les Banques d’investissement ou (banque
de crédit à moyen ou long terme) ayant pour activité principale l’ouverture du crédit dont le terme est au moins
égal à deux ans. Leurs opérations sont destinées à ceux qui veulent former ou renouveler leur capital fixe
(infrastructures, immeubles, etc.). Contrairement aux banques d’affaires, les banques d’investissement ne
cherchaient pas à s’associer à la gestion des entreprises.

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Aussi, les banques commerciales peuvent également créer de la monnaie lorsqu’elles


achètent les titres, les devises ou l’or que détiennent l’Etat et les particuliers, en créditant le
compte de ces agents économiques dans ses livres.

1.2.2. Création de dépôts et bilan simplifié de la banque commerciale

Supposons que le système bancaire est constitué d’une seule banque, la banque A, à
laquelle la BC va acheter des titres pour 100 millions de F CFA. De cette opération résulte
une augmentation des avoirs en compte de la banque A à la BC, et donc une augmentation de
ses réserves de 100 millions de F CFA. En supposant que la banque A avait déjà atteint son
taux de réserves obligatoires avant cette opération, les 100 millions de F CFA constituent des
réserves excédentaires. Le bilan simplifié de la Banque A est à ce niveau le suivant

BANQUE A
Actif Passif
Titres d’Etat - 100M
Réserves (monnaie centrale) +100M

Il y’a ici une création monétaire du fait de la BC, équivalent à une augmentation de la
monnaie centrale.

Cependant, supposons à présent que du fait de meilleure rentabilité du marché du


crédit, la banque commerciale cherche à accorder des prêts aux particuliers. Par prudence, la
Banque va accorder des crédits à hauteur de ses réserves qu’elle peut monétiser rapidement en
cas de de non remboursement, et donc à hauteur de ses réserves excédentaires, qui dans notre
cas son de 100M. Son bilan se modifie ainsi :

BANQUE A
Actif Passif
Titres d’Etat - 100M Dépôts +100M
Réserves (monnaie centrale) +100M
Crédit +100M

On remarque ici, qu’au niveau des actifs, le montant des réserves reste inchangé pour
l’instant et que par ailleurs le poste de crédit, représentant des avoirs en créances détenus par
la banque sur les emprunteurs s’est accru de 100M. Au passif, un poste de dépôts a été

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simultanément généré à hauteur du même montant. Ainsi, en accordant un prêt, la banque crée
des dépôts, donc de la monnaie scripturale.

1.3. La création monétaire par le trésor public

Le trésor est la personnification financière de l’Etat. Il perçoit les recettes publiques,


exécute les dépenses et emprunte pour couvrir ses besoins de financement, temporaires ou
définitifs. Dans ce sens, le trésor est un agent non financier comme les autres. Toutefois vis-à-
vis de l’Etat, le trésor est à la fois le caissier et le banquier.

En tant que le banquier de l’Etat, le trésor crée la monnaie divisionnaire dans certains
cas, ainsi que sa propre monnaie scripturale. Dans plusieurs pays, le trésor a gardé de
l’histoire le privilège de la frappe de la monnaie divisionnaire. Les pièces de monnaie émises
par le trésor, ont une valeur faciale (nominale) supérieure à leur valeur intrinsèque (valeur du
métal qu’elle contient)5. Les pièces frappées par le trésor sont transmises à la banque centrale
qui crédite le compte du trésor en monnaie centrale et met ensuite les pièces en circulation en
fonction des besoins de l’économie. La banque centrale assure la convertibilité des pièces en
monnaie centrale.

Le trésor en tant que banquier de l’Etat, crée également sa propre monnaie scripturale
car il peut dans son circuit, créditer des comptes (des fonctionnaires de l’Etat, des entreprises
publiques, des institutions étatiques diverses) sans avoir les ressources correspondantes. Le
trésor a un droit de tirage automatique et illimité sur les Centres de Chèques Postaux (CCP)
dont il est la banque. Lorsque les CCP font crédit au trésor, il y a création de monnaie postale
à son bénéfice. Le trésor contribue également à la création monétaire de la BC et des banques
commerciales par l’émission de bons du trésor. Il peut également créer la monnaie par les
opérations d’Open Market.

SECTION 2 : LE MODELE DU MULTIPLICATEUR MONETAIRE

Le modèle du multiplicateur monétaire constitue le principal cadre de formalisation


théorique de la création monétaire. Il peut être présenté suivant deux étapes à savoir tout
d’abord la formalisation du modèle du multiplicateur simple des dépôts, puis la présentation
de son extension, qui constitue le modèle du multiplicateur monétaire proprement dit.

2.1. Le modèle du multiplicateur simple des dépôts

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Comme les billets, les pièces sont donc acceptées par habitude et confiance

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La formalisation du multiplicateur simple des dépôts suppose deux hypothèses


simplificatrices. La première hypothèse voudrait que les banques commerciales ne souhaitent
pas détenir de réserves excédentaires. La deuxième hypothèse est que le secteur privé non
bancaire n’effectue pas d’opérations de conversion de dépôts en billets.

Aussi, supposons que la BC achète des titres à une banque A pour un montant de 100
millions de F CFA, ce qui va accroître ses réserves. Cette opération ne donnant pas lieu à la
création de dépôts il n’y aura pas de prélèvement pour les réserves obligatoires. L’intégralité
des 100 millions F CFA devrait donc constituer des réserves excédentaires. Toutefois, d’après
l’hypothèse 1, la banque A ne voudra pas détenir de réserves excédentaires et va donc
accorder un prêt de même montant à un agent non financier. Le bilan de la banque A se
modifie ainsi :

BANQUE A
Actif Passif
Titres d’Etat - 100M Dépôts +100M
Réserves (monnaie centrale) +100M
Crédit +100M

Supposons à présent que le bénéficiaire du crédit fait un virement de l’intégralité du


montant emprunté pour régler un fournisseur ayant un compte dans une banque B. Le dépôt
créé dans la banque A s’épuise donc en même temps que les réserves de ladite banque (étant
donné que les règlements interbancaires se font par leurs comptes à la BC et donc sur leurs
réserves respectives). Le bilan de la Banque A se modifie donc au final de la manière
suivante:

BANQUE A
Actif Passif
Titres d’Etat - 100M
Crédit +100M

En ce qui concerne la banque B, ses réserves s’accroissent tout d’abord de 100 M F


CFA et dans le même temps, elle crédite le compte du fournisseur pour un montant de 100 M
F CFA en monnaie scripturale. Le bilan de la banque B es le suivant :

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BANQUE B
Actif Passif
Réserves (monnaie centrale) +100M Dépôts (compte du fournisseur) +100M

Par cette opération un nouveau dépôt est créé d’où le prélèvement de réserves obligatoires
que nous supposons au taux de 10%. Ainsi, sur 100 M de F CFA, 10 M sont retenues par la
BC comme réserves obligatoires, et 90 M devraient normalement constituer les réserves
excédentaires.

BANQUE B
Actif Passif
Réserves monnaie centrale (RO) Dépôts +190M
+10M
Réserves excédentaires
+90M
Crédit
+90M

Toutefois d’après l’hypothèse 1, la banque B ne souhaitera pas détenir de réserves


excédentaires et va donc également à son tour accorder un prêt à hauteur de ce montant. De la
même manière qu’avec la banque A, lorsque le bénéficiaire du crédit de la banque B va
dépenser son prêt, le dépôt créé à cet effet s’épuise ainsi que le réserves de la banque B d’où
la modification finale du bilan :

BANQUE B
Actif Passif
Réserves monnaie centrale (RO) Dépôts +100M
+10M
Crédit
+90M

En poursuivant ce raisonnement, si les sommes dépensées par le bénéficiaire du prêt


accordé par la banque B sont déposées dans une autre banque, disons la Banque C, le bilan de
cette dernière enregistre les variations suivantes

BANQUE C

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Actif Passif
Réserves monnaie centrale +90M Dépôts +90M

Ainsi, dans l’ensemble du système bancaire, les dépôts enregistrent encore une
augmentation de 90 M, soit une augmentation totale de 190 M par rapport à la situation de
départ (100 M à la banque B et 90 M à la banque C). Si continuons avec le même
raisonnement, supposant ainsi que la Banque C accorde à son tour un crédit égal à 90% (90%
de 90M=81M) de ses réserves et qui sera dépensé au profit d’une Banque D, le bilan final de
la banque C ser

BANQUE C
Actif Passif
Réserves monnaie centrale (RO) Dépôts +90M
+9M
Crédit
+81M

En somme, à ce stade, une augmentation initiale de 100 M de F CFA de la monnaie


centrale par achat de titres a entraîné une création de dépôts par le système bancaire de 271 M
de F CFA (100+90+81). Ainsi l’augmentation de la monnaie centrale conduit à une
augmentation des dépôts au multiple par l’ensemble du système bancaire. On appelle donc
multiplicateur simple des dépôts le rapport entre l’augmentation des dépôts et
l’augmentation de la monnaie centrale qui en est à l’origine. De manière formelle, il est égal à
l’inverse du coefficient de réserves obligatoires.

∆ D= ( 1r ) × ∆ R
Où ∆ D est la variation du montant total des dépôts dans le système bancaire ; r est le
coefficient de réserves obligatoires et ∆ R est la variation de la monnaie centrale.

2.2. Le modèle du multiplicateur monétaire

Le modèle du multiplicateur monétaire proprement dit suppose la levée des deux


hypothèses simplificatrices car en réalité, les banques détiennent effectivement des réserves
excédentaires et les agents non financiers retirent régulièrement des fonds de leurs comptes
sous forme de billets. Ainsi, dans les faits, la quantité de dépôts ne dépend pas seulement de la

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monnaie centrale, mais également de l’influence des banques par leurs réserves excédentaires
mais également des agents non financiers et de leur propension à retirer des billets de banque.
Afin de prendre en compte ces facteurs, nous considérons que les valeurs désirées des
réserves excédentaires (RE) et des billets de banque (B) sont proportionnelles aux montants
des dépôts. On aura ainsi et . Nous savons déjà que les réserves
obligatoires (RO) sont également une fraction des dépôts tel que .

Le montant de la monnaie centrale (liquidité bancaires) R est constitué des réserves


excédentaires et des réserves obligatoires. On aura donc .

Nous savons également que la monnaie banque centrale est la somme de la monnaie
centrale et des billets de banques, d’où l’expression

De cette relation nous tirons le montant des dépôts

Par ailleurs la masse monétaire M, mesurée ici par l’agrégat M1, soit la somme des dépôts
et billets, s’exprime

En remplaçant D par sa valeur et en réarrangeant on obtient l’expression

Dont on peut tirer le coefficient appelé multiplicateur monétaire.

Ainsi, tandis que le multiplicateur simple de dépôts bancaires à celui de la monnaie


centrale, le multiplicateur monétaire relie la masse monétaire au montant de la monnaie
banque centrale. La valeur du multiplicateur monétaire est donc déterminé par trois

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paramètres que sont le taux de réserve obligatoire (r) le taux de réserves excédentaires (e) et le
coefficient de préférence pour les billets (b).

SECTION 3 : LES LIMITES DE LA CREATION MONETAIRE

Si un banquier n’a besoin que de son stylo pour créer de la monnaie, on peut se
demander ce qui empêche une création infinie de monnaie. En réalité, la création monétaire
par les banques commerciales est limitée par plusieurs facteurs dont trois principaux que sont
la demande de crédit, les besoins des banques en billets et les interventions de la banque
centrale.

3.1. La contrainte de la demande de crédit

Les banques ne créent pas de la monnaie pour son bon vouloir, mais en réponse à une
demande de crédit des agents non financiers de manière générale. Cette demande est élevée
pendant les périodes de forte activité économique, mais réduite pendant les périodes de
ralentissement de l’activité. Dans le cas limite, les banques ne peuvent pas créer de la
monnaie en absence de demande de crédit même si elles disposent d’une capacité potentielle
assez élevée.

3.2. Les besoins des banques en billets

Les clients des banques font circuler une partie de la monnaie créée par les banques,
non sous sa forme initiale de monnaie scripturale, mais sous forme de billets. Or, les banques
ordinaires ne peuvent pas émettre des billets ; elles doivent se les procurer en effectuant des
retraits sur leur compte à la banque centrale. Plus la fuite des billets du circuit de la banque est
élevé, plus sa capacité à créer de la monnaie est faible (ceci apparaît dans l’expression du
multiplicateur du crédit, plus le coefficient b est élevé, plus faible est la valeur du
multiplicateur et par conséquent, plus faible serait la capacité de création monétaire).

Si la banque n’est pas assurée de disposer de la monnaie centrale en cas de besoin, elle ne
peut créer davantage de monnaie.

Quels sont les facteurs autonomes qui affectent la liquidité des banques ?

- Les billets et monnaies en circulation : les retraits des billets réduisent les avoirs des
banques en monnaie centrale, alors que les versements les augmentent. La demande de billets
par les agents non financiers fluctue de façon saisonnière (pendant les fêtes, les vacances, le

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mois de Ramadhan…etc.). L’augmentation des billets et monnaies en circulation affecte


négativement la liquidité des banques.

- Le solde du compte courant du trésor : la liquidité bancaire est affectée par la politique
budgétaire. Par exemple, au moment du recouvrement d’impôts, on assiste à une fuite de
billets du circuit bancaire, donc un effet négatif sur la liquidité des banques. De même, un
emprunt émis auprès du public affecte négativement la liquidité des banques. D’une manière
générale, une variation positive du solde du compte courant du trésor exerce un effet négatif
sur la liquidité des banques, alors qu’une variation négative exerce un effet positif.

- Les avoirs nets en devises : toute vente de devises par les banques à la banque centrale
augmente leur liquidité, inversement, tout achat de devises par les banques auprès de la
banque centrale réduit la liquidité des banques. Ainsi, toute augmentation des avoirs nets en
devises des banques aura un effet positif sur la liquidité des banques, et toute baisse, aura un
effet négatif.

3.3. Le contrôle de la banque centrale

La banque centrale peut limiter la création monétaire des banques soit en réduisant les
montants de refinancement des banques sur le marché monétaire : la banque centrale peut
réduire les montants à injecter sur le marché monétaire. Soit en augmentant le taux de
réserves obligatoires. De cette manière la banque centrale augmente de manière artificielle la
fuite des billets du circuit des banques. Les réserves obligatoires constituent un facteur
institutionnel qui affecte la liquidité des banques, une augmentation du taux de réserves
obligatoires exerce un effet négatif sur la liquidité des banques.

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