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1- qui peut créer de la monnaie ?

La monnaie est créée par trois catégories d’agents : les banques, la banque centrale et le trésor
public.
4-1 la création monétaire par les banques :
Les banques créent de la monnaie à travers les opérations des crédits qu’elles réalisent. Il s’agit
des crédits accordés aux particuliers, aux entreprises, mais aussi parfois à l’Etat, c’est le cas où
le trésor public, banquier de l’Etat, vend des bons de trésor pour financer le déficit budgétaire,
ces bons de trésor sont achetés par les banques.

4-2 la création monétaire par la banque centrale (BAM) :


Bank Al Maghrib crée deux sortes de monnaies. Il s’agit d’abord de la monnaie fiduciaire
puisqu’elle a le monopole d’émission des billets et pièces monétaires (c’est la planche à billets).
Il s’agit ensuite de la monnaie scripturale qu’elle peut créer selon les mêmes mécanismes que
la création monétaire des banques, c’est-à-dire lorsqu’elle transforme une créance en moyens
de paiement (c’est la monétisation d’une créance).
Bank Al Maghrib crée de la monnaie scripturale au profit des banques lorsqu’elle leur achète
les créances qu’elles détiennent (créances sur les particuliers, les entreprises ou même le trésor),
cette opération s’appelle le réescompte.

Pour comprendre cette opération de réescompte on prend l’exemple suivant :


Une entreprise A doit une somme d’argent à une entreprise B pour cela elle a signé une
reconnaissance de dette. Si l’entreprise B a besoin de cette somme d’argent avant l’échéance,
elle peut transmettre la propriété de ce document (effet de commerce, traite …) à sa banque en
contrepartie d’un prix qui est le taux d’escompte. La banque peut à son tour faire escompter le
même document auprès de la banque centrale, cette opération s’appelle le réescompte.
La banque centrale peut aussi créer directement de la monnaie au profit du trésor public en lui
accordant des avances ou en lui achetant directement des bons du trésor. Cette possibilité ne
jouait plus vraiment pour le cas du Maroc, car les statuts de Bank Al Maghrib de 2006 ont
interdit le financement monétaire du déficit public (cette interdiction a été stipulée dans l’article
27 du nouveau statut de Bank Al Maghrib « la banque ne peut accorder des concours financiers
à l’Etat, ni se porter garante d’engagements contractés par lui, que sous forme de facilité de
caisse… »).
Enfin, Bank Al Maghrib crée de la monnaie, en l’occurrence des dirhams, en contrepartie des
devises étrangères apportées par les banques et provenant des clients. Cela n’est possible que
lorsque les échanges de dirhams contre les autres devises ne se compensent pas, c’est le cas par
exemple de l’entrée en masse de devise lors de la période des vacances, passées par les MRE
au Maroc. Dans ce cas la BAM va acquérir les devises et donner les dirhams demandés, ce qui
va augmenter la masse monétaire. Généralement l’excédent commercial conduit à une création
monétaire de masse et une augmentation de la masse monétaire, puisque les exportateurs
marocains dans ce cas auront des excédents de devises qu’ils souhaitent échanger contre des
dirhams.
4-3 la création monétaire par le trésor public :
La dernière institution créatrice de la monnaie c’est le trésor public. Le trésor public est l’agent
financier de l’Etat, une sorte de « caissier » puisqu’il perçoit les recettes publiques (les recettes
fiscales) et exécute les dépenses. Le trésor crée la monnaie à la fois directement et
indirectement.
4-3-1 la création directe de la monnaie :
L’intégration de l’activité bancaire parmi les attributions de la Trésorerie Générale du Royaume
(TGR) avec la particularité de ne pas accorder des crédits, a donné la possibilité à cette
institution de créer directement de la monnaie scripturale en créditant le compte de son créancier
qui peut être un fournisseur de l’Etat ou un fonctionnaire à qui l’Etat doit verser un salaire.
Donc, on peut dire que le trésor public crée sa propre monnaie scripturale.

En définitive, ce type de création monétaire repose sur la transformation de créances en moyens


de paiement.
4-3-2 la création indirecte de la monnaie :

Le trésor public crée indirectement de la monnaie à travers deux types de création:

- les concours de la banque centrale au trésor. Ces concours sont regroupés dans l’actif
de la banque centrale. Ils représentent des créances détenus sur le trésor en contrepartie
desquelles la monnaie est créée par augmentation du solde créditeur du compte du trésor
au sein de la banque centrale. Ce premier type de création monétaire a été éliminé après
l’adoption des nouveaux statuts de la BAM qui ont interdit d’accorder des concours
financiers à l’Etat ;
- la deuxième possibilité de création monétaire indirecte par le trésor concerne la vente
des bons de trésor aux institutions financières, afin de refinancer son compte au sein de
BAM. Cette procédure permet d’une manière indirecte de financer le déficit budgétaire.

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2- Les contreparties de la masse monétaire :
Les contreparties de la création monétaire ou les sources de la création monétaire
représentent les causes de la création monétaire par les agents créateurs de la monnaie.
Généralement on distingue trois principales contreparties de la masse monétaire : Les
créances sur l’extérieur, les créances sur l’Etat et les créances sur l’économie.
5-1 les créances sur l’extérieur :
Ces créances concernent principalement les avoirs extérieurs nets, ces avoirs sont liées au
flux de devise (entrée et sortie de devise), lorsque le compte des avoirs nets extérieurs est
positive on peut parler de création monétaire, dans le cas inverse, il s’agit de destruction
monétaire.
L’analyse des opérations du transfert vers ou en provenance du reste du monde permet de
varier le compte des avoirs extérieurs et par conséquent modifier la quantité de monnaie en
circulation (création ou destruction « résorption » monétaire).
Les entrées de devise : sont constituées principalement des transferts des MRE en
provenance du reste du monde en plus des devises issues des exportations marocaines à
l’étranger sans oublier le montant des fond issus de la dette extérieur du trésor.
Les sorties de devises se composent en premier lieu de la facture des importations
marocaines et du montant de remboursement de la dette publique, sans oublier les dépenses
en devises des marocaines dans le reste du monde à l’occasion des études à l’étranger ou
pour des raisons touristiques.

5-2 les créances sur l’Etat :


L’Etat peut être considéré comme un agent non financier qui a des besoins de financement. Ce
besoin de financement peut être satisfait par la banque centrale sous forme des avances ou des
concours financiers, enregistrés dans l’actif du compte du trésor public au sein de la banque
centrale (cette possibilité a été éliminée au Maroc en instaurant le principe de l’indépendance
de la BAM qui interdit le financement de déficit budgétaire par la banque centrale).
Ce besoin de financement peut être satisfait aussi par le système bancaire ou par le placement
de l’épargne des entreprises ou des particuliers à travers l’achat des bons de trésors ou des
obligations.
5-3 les créances sur l’économie :
Les créances sur l’économie constituent l’essentiel des contreparties de la masse monétaire.
Elles représentent en général l’ensemble des crédits accordés aux entreprises, que ce soit pour
leur besoin de trésorerie ou pour financer des investissements, et l’ensemble des prêts accordés
aux ménages pour le logement, la consommation...

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Section 2 : le contrôle de l’offre de la monnaie :
La section précédente a été consacrée à l’étude de l’offre de la monnaie à travers l’analyse de
la création monétaire, dans cette section on va s’intéresser au contrôle de cette offre de monnaie
en déterminant les outils de ce contrôle et les problèmes qui lui entourent.
1- Les outils de contrôle monétaire de la banque centrale :
Parmi les attributions de la banque centrale on trouve le contrôle de l’offre de la monnaie dans
l’économie, l’objectif de ce contrôle c’est d’assurer le financement suffisant et continu de
l’économie sans avoir de l’inflation.
Pour contrôler l’offre de la monnaie, la banque centrale dispose généralement de trois outils
principaux : les opérations d’open market, le taux de refinancement et les réserves obligatoires.
1-1 les opérations d’open market :
Les mécanismes de la création monétaire montrent le rôle fondamental joué par le marché
monétaire. Quotidiennement, l’ensemble des banques se retrouvent sur le marché monétaire
pour s’échanger leurs excédents et leurs déficits de monnaie de banque centrale. Une banque
qui a besoin de liquidités peut se refinancer auprès de la banque centrale, mais elle peut aussi
s’adresser directement au marché monétaire, c’est en particulier le cas lorsque les taux pratiqués
sur le marché monétaire sont inférieurs aux taux de refinancement.
Le marché monétaire qui n’exige pas l’intervention quotidienne et obligée de la banque centrale
est qualifié d’open market.

1-2 le taux refinancement :

Les banques ne peuvent pas créer autant de monnaie qu’elles le souhaitent car elles doivent être
en mesure, à tout instant, de faire face à une demande de la clientèle qui désire retirer ses fonds.
Lorsqu’elles ont besoin de « monnaie banque centrale » (billets, par exemple) pour satisfaire
les besoins de la clientèle, elles ont la possibilité de s’adresser à la banque centrale (« préteur
en dernier ressort ») afin de « mobiliser » des créances qu’elles détiennent.
La banque centrale agit alors avec la banque comme cette dernière a pratiqué avec l’entreprise :
elle crée de la monnaie (concrètement, elle crédite le compte que la banque détient à la banque
centrale) en échange de la créance que lui donne la banque. Cette opération de refinancement
(aussi appelée parfois réescompte lorsque la banque centrale rachète une créance que la banque
avait escomptée à la demande d’une entreprise) a un coût pour les banques, coût représenté par
le taux d’intérêt exigé par la banque centrale.

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En augmentant ce coût de refinancement des banques, la banque centrale les oblige à réduire
leurs activités de distribution de crédit. Les banques peuvent continuer à distribuer des crédits
au même taux pour la clientèle mais leurs profits diminuent très rapidement car les ressources
qu’elles prêtent leur coûtent de plus en plus cher (politique qui ne peut pas durer longtemps).
Elles préfèrent alors augmenter les taux des crédits à la clientèle, ce qui freine les demandes de
crédits.
Le coût du refinancement permet à la banque centrale d’agir sur la distribution de crédits des
banques et donc sur la création monétaire. Ainsi, une baisse des taux de refinancement
encourage les banques à créer davantage de moyens de paiement à la disposition des agents
économiques (politique de relance de l’activité économique).
La banque centrale dispose d’un autre outil de contrôle permettant de peser sur l’activité des
banques : il s’agit des réserves obligatoires.

1-3 les réserves obligatoires :


Sont des dépôts non rémunérés que chaque banque doit effectuer sur un compte à la banque
centrale. Le montant de ces dépôts correspond à une part du total des dépôts réalisés dans les
banques. Les réserves obligatoires sont donc des ressources que les banques donnent
gratuitement à la banque centrale (celle-ci ne les utilise pas) alors qu’elles auraient pu les prêter
à leurs clients afin de réaliser un profit. Ainsi, lorsque la banque centrale augmente le montant
des réserves obligatoires, les banques doivent réduire leurs offres de crédit, en revanche, une
diminution de ces réserves encourage les banques à prêter davantage de fonds (augmentation
de la masse monétaire).

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