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ECONOMIE MONETAIRE

2ème LFG 2021/2022


Chapitre IV- L’offre de
monnaie
Mouez SOUSSI
Professeur
IHEC Carthage

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Introduction
L’offre de monnaie se fait à travers la Banque centrale. C'est la Banque centrale qui va mettre en circulation la monnaie
au sens large et particulièrement les pièces et les billets. Si on veut qu'il y ait plus de billets en circulation, il faut que la
Banque centrale imprime et injecte plus de liquidité dans l'économie.

De nos jours, la plus grande partie de la monnaie (la monnaie « interne ») est créée par les banques, qui transforment
à cette occasion des reconnaissances de dette individuelles (les crédits accordés à leurs clients) en reconnaissances de
dette socialement acceptables (les dépôts : comptes-chèques des banques dites « ordinaires »).
Par les avances qu'elles consentent, les banques créent donc un pouvoir d'achat supplémentaire dans l'économie. En
contrepartie, le remboursement des crédits est synonyme de destruction de monnaie : la croissance de la masse
monétaire interne résulte des nouveaux crédits octroyés, nets des remboursements. A ce stade, selon l'expression
popularisée par le Britannique Hartley Withers, contemporain de Keynes, « les crédits font les dépôts » et la création
monétaire est un phénomène endogène, provenant de la négociation des crédits par les agents financiers et non
financiers.
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Introduction

Il existe 4 acteurs de la création monétaire.


• La Banque centrale: c'est l'institution responsable de la conduite de la politique monétaire et qui
généralement contrôle le système bancaire.
• Les banques : Ce sont les intermédiaires financiers qui ont pour fonction de recevoir les dépôts et
accorder les prêts ( banques commerciales, caisses d'épargne...) .
• Les déposants : ce sont les agents économiques, individus et institutions qui détiennent les dépôts
bancaires.
• Les emprunteurs auprès des banques : Ce sont les agents économiques qui empruntent de l'argent,
aux institutions de dépôt et ceux qui émettent des titres achetés par celle-ci.

La Banque centrale est le principal acteur pour conduire la politique monétaire.


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2. Qui crée la monnaie ?
• Les Etats ? Ils ne frappent que les pièces qui ne représentent
plus qu’une fraction infime de la masse monétaire.

• Les Banques centrales ? Elles émettent les billets, petite


fraction de la masse monétaire.

• Ce sont les banques qui créent la monnaie !

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2.Qui crée la monnaie ?(suite)
• « Les crédits font les dépôts ! »
• Quand une banque accorde un crédit, elle a la capacité
d’émettre une dette sur elle-même !
• Donc pour accorder 100 um de crédits, la banque n’a
pas besoin d’avoir 100 um de ressources …
• Mais … la banque ne peut pas accorder 100 de crédits à
partir de 0 !

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2.Qui crée la monnaie ?(suite)
• Le pouvoir de création monétaire des
banques est extraordinaire …

• … mais il n’est pas illimité !

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2.Qui crée la monnaie ?(suite)
• Ce pouvoir varie en fonction :
– Des exigences de réserves de la banque
centrale
– Des comportements monétaires
– Des règlements interbancaires
– Du degré de concentration du secteur

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Monsieur Malik obtient un crédit
auprès de sa banque
Actif Passif
Crédit accordé à Dépôts de
Monsieur Malik Monsieur Malik :
: 100 100

Les dépôts de la clientèle est un compte de passif qui augmente par crédit et
diminue par débit .
Les crédits accordés c’est un compte d’actif qui augmente par débit et
diminue par crédit .

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Monsieur Malik achète une voiture grâce à
son crédit. Son concessionnaire est dans la
même banque

Actif Passif
Crédit accordé à Dépôts de Monsieur
Monsieur Malik : Malik : 0
100 Concessionnaire de
Monsieur Malik:
100

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Monsieur Malik achète une voiture grâce à
son crédit. Son concessionnaire n’est pas
dans la même banque
Bilan de la banque de M. Malik Bilan de la banque du concessionnaire

Actif Passif Actif Passif


Crédit Dépôts de Prêt Concession-‐
accordé à Monsieur interbancaire naire de
Monsieur Malik : 0 : 100 Monsieur
Malik : 100 Emprunt Malik : 100
interbancaire
: 100
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Quelques principes de réalités
• Pour accorder un crédit, une banque doit avoir :
– des réserves auprès de la banque centrale (2%
des dépôts gérés en zone euro quasiment nuls
en Tunisie );
– de quoi régler les billets à retirer par ses
clients;
– de quoi effectuer ses règlements en
monnaie centrale auprès des autres
banques;
– des fonds propres (8% des actifs pondérés par
les risques →10,5 % avec Bâle 3). 11
Un privilège certes, mais limité …

• Pour créer 100 de monnaie, une banque doit


donc détenir entre 10 et 100 :
– au moins 2 de réserves obligatoires
– au moins 8 de fonds propres
– X pour régler les billets retirés par ses clients
– Y pour régler ses règlements interbancaires.

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Quelques lumières sur « Y »
• Une fois créée, la monnaie circule entre les
banques !
• Si peu de banques (à l’extrême, banque de
Monsieur Malik en monopole), alors les
dépôts sortants seront compensés par les
dépôts entrants
• Si beaucoup de banques composent le
secteur, la banque de Monsieur Malik aura
peu de chances que les règlements de
Monsieur Malik lui reviennent → elle sera
débitrice d’une autre banque 13
…. et « limitable »
• Exiger plus de fonds propres
• Élever les réserves obligatoires
• Plus difficile d'agir sur les comportements
monétaires mais la BC peut augmenter les
revenus de seigneuriage (effet sur X)
(dans le cas de frappe de monnaie)
• Pour ce qui est des règlements interbancaires,
deux leviers d’action (effet sur Y) :
– Conditions de refinancement fixées par la BC
– Réduire la taille des banques 14
1.1. Banque centrale et quantité
de monnaie mise en circulation

Deux optiques :
• Celle du multiplicateur répond : « oui ! »
• Celle du diviseur répond : « non, pas
directement ! »

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1.1.1. L’optique du multiplicateur

• Globalement, la quantité totale de monnaie


en circulation est un multiple de la base
monétaire (billets + dépôts des banques à la
BC)
• Les réserves préalables des banques
détermineraient la quantité de monnaie
qu'elles peuvent créer
• Dans cette optique, la BC peut parfaitement
contrôler la création monétaire des banques
(monnaie exogène)
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1.1.1. L’optique du multiplicateur (suite)

• Explications : Existence de N banques, la


première dispose de 1000 u.m. de dépôts et
doit toujours détenir au moins 20% de ses
dépôts en réserves obligatoires sur son compte
à la BC.
• Ces 1000 mettront en circulation :
1. 1000 + 800 + 640 + 512 +… = 1000/0,2 = 5000 de
dépôts
2. 800 + 640 + 512 +…= 1000(0,8/0,2) = 4000
de crédits 17
Période DAV Crédits RO (20 %)

T =0 1 000 800 200


T =1 800 640 160
T =2 640 512 128
etc. etc. etc. etc.

Total 5 000 4 000 1 000

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Valeur du multiplicateur (si fuites
limitées aux réserves obligatoires)

• Multiplicateur de dépôt = 1/r


• Multiplicateur de crédit = (1‐r)/r
• Multiplicateur d'autant plus grand que les
fuites sont faibles.

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Base monétaire ou monnaie centrale
ou M0
Monnaie centrale = PASSIF banque centrale :
billets en circulation + pièces de monnaie +
monnaie centrale scripturale refinancant les
banques privées.
La Banque centrale joue le rôle de « banque des
banques » :
- Assure la liquidité normale des banques au jour le jour
- Et la liquidité d’urgence en cas de crise (fonction de
prêteur en dernier ressort)

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Relation entre masse monétaire (M1)
et base monétaire (M0)
Notons : • M1 = B + D
• M0 = B+R
• M1, la masse monétaire • B = bM1 → D = M1 – B
• M0, la base monétaire • D = M1 – bM1 = (1-b)M1
• B, les billets
• R = (e+r)D = (e+r)(1-b)M1
• D, les dépôts
• R, les réserves des banques à la BC
• M0 = bM1+ (e+r)(1-b)M1
• b, la proportion de billets dans M1 →M0 = M1(b+(1‐b)(e+r))
• r, le taux de réserves obligatoires Ou encore M1 = m1M0
• e, le taux de réserves excédentaires Avec m1 = 1/(b+(1-b)(e+r)) >1

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Relation entre masse monétaire et
base monétaire
M1 = m1M0
Avec m1 = 1/(b+(1-b)(e+r))
m1 d’autant plus grand que :
-‐ b faible
-‐ e+r faibles
La masse monétaire (M1) est un multiple de la
base monétaire (M0) d’autant plus grand que
les fuites contraignant les banques à restaurer
leur liquidité sont faibles. 22
Multiplicateur et crise financière
• Comme les « fuites » augmentent, le multiplicateur m1
diminue fortement, la création monétaire en dépôts
M1=m1.M0 diminue fortement SAUF si la banque
centrale augmente fortement M0.
• « Erreur » de la crise des années 30 : Les autorités
monétaires ont trop tardé à augmenter M0 (seulement
à partir de 1933).
• Délai avant de restauration de la confiance envers les
banques: les « fuites » mettent du temps à revenir à
leur valeur normale.
• Les autorités monétaires ont tiré les leçons des années
1930 pour gérer la crise financière récente.
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Multiplicateur et crise financière

• Les BC peuvent donc essayer de compenser la chute du


multiplicateur en temps de crise par l’augmentation de
M0 pour maintenir la masse monétaire.
• Mais réciproquement, quand les BC augmentent M0,
l’augmentation de M1 n’est pas mécanique et dépend
fortement de l’évolution du multiplicateur.
• Par exemple, si l’augmentation de M0 se retrouve
sous forme de réserves (r↑↑), alors M1 augmentera
peu.

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Montant de l'appel d'offres de la BCT
6000000
5 616 214

5000000

4 203 389
4000000

3000000 M/S
M/J
Poly. (M/S)
2000000

1000000 802 316


197 704
28 243
0
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
1.1.2. L'optique du diviseur
• Renverse la logique précédente
• Les banques n’ont pas besoin de réserves
préalables, elles se procurent après coup les
réserves dont elles ont besoin
• La quantité de monnaie en circulation est
déterminée par les besoins de l’économie et la
base monétaire est une division de la monnaie
créée (monnaie endogène)
• Mais la BC contrôle indirectement la quantité de
monnaie créée via les conditions de refinancement
des banques.
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Le diviseur de crédit
Optique multiplicateur :  M1 = k  M0
Optique diviseur :  M0 =  M1/k
k = diviseur de crédit
• Pour pouvoir créer  M1 de crédit
supplémentaire, le secteur bancaire doit se
procurer  M0=  M1/k de liquidités
supplémentaires en se refinançant auprès de
la banque centrale.
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2. A quelle occasion crée-t-on de la
monnaie ?
• Dans l’exemple « M. Malik », le crédit obtenu
par M. Malik est la « contrepartie » de la
monnaie créée.
• Un titre émis par une entreprise, par les
administrations publiques, par une entreprise
non résidente et acheté par une banque (IFM)
peut aussi occasionner une création de
monnaie.

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2. A quelle occasion crée-t-on de la
monnaie ? (suite)
• En revanche, les Etats ne peuvent plus obtenir
d'avances (sans intérêt et sans échéance) auprès
des BC :
– En France, ce droit a pris fin en 1973, les années 1990
en Tunisie
– Dans l’union européenne, l’article 104 du traité de
Maastricht a interdit que les Etats empruntent auprès
de la banque centrale
– Seule solution possible de financement pour les Etats
: émettre des titres de dette publique sur les marchés
de capitaux (BTN) qui leur coûtent des intérêts
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2. A quelle occasion crée-t-on de la
monnaie ? (suite)
• Notons que la crise a conduit les BC à
contourner un peu ce principe car :
– Les BC (la Fed en particulier) achètent des titres
de dette publique sur le marché secondaire
– La question se pose aujourd’hui de savoir si les BC
ne devraient pas « assurer » la liquidité du marché
de la dette publique en obtenant l’autorisation de
souscrire dès leur émission (marché primaire) la
dette émise par les Etats.

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Les 3 contreparties de la masse
monétaire
• Ces « occasions » = contreparties de la masse
monétaire
• Il existe « officiellement » 3 sortes de
contreparties :
– Les créances sur l’économie (secteur privé)
– Les créances nettes sur l’extérieur
– Les créances sur les administrations publiques

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Identité entre les variations de M4
et celle de ses contreparties

ΔM4 = ΔCNE + ΔCAPU + ΔCSP – ΔRSFPAR


– CNE: créances nettes sur l’extérieur
– CAPU: créances sur les APU
– CSP: créances sur le secteur privé (économie)
– RSFPAR : Ressources spéciales fonds propres
et autres ressources

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Les ressources du système financier et leurs
contreparties
Unité : Millions de dinars

Indicateur 2010 2011 2012 2013 2014


Agrégat M 4 43917.9 47936.9 51950 55134.3 59395
Ressources spéciales 2318.5 2249 3993.5 2159.2 2201.6
Fonds propres 8711 9710.7 10891.3 12200.5 14072.8
Autres Ressources 5043.2 4106.6 4130.7 2753.7 1255.1
Total ressources 59990.6 64003.2 70965.5 72247.7 76924.5
Créances nettes sur
9328.7 6132.2 7537.6 4121.9 2180.8
l’Extérieur
Créances nettes sur l'Etat
6569.6 8050.4 9385.2 10362.7 11954.4
(sens large )
Concours à l'Economie 44092.4 49820.6 54042.7 57763.1 62789.3
Total créances 59990.7 64003.2 70965.5 72247.7 76924.5

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