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Le libre-échange se répand à partir de 1846, date de l’abrogation en Angleterre des Corn Laws, lois
sur le blé qui protègent les agricultures depuis la fin du XVIIIè siècle. Toute l’Europe va être atteinte
par cette vague libre-échangiste (cf. « l’Empire libéral » de Napoléon III), donnant naissance à la
« première mondialisation » (1870-1914). Le repli protectionniste de l’entre-deux-guerres, accusé de
prolonger la récession, sera remis en cause en 1945, si bien que le monde qui sort du second conflit
mondial s’organise autour de deux institutions chargées de veiller au libre-échange, le GATT et
l’OMC.
Créé en 1947 (accords de La Havane et de Genève), il regroupe à l’origine 23 pays dans le but
d’organiser et de libéraliser les échanges internationaux. L’objectif est double :
Ces négociations ont permis de réduire très fortement les droits de douane sur les produits industriels,
de 40% en moyenne au lendemain de la guerre à environ 5%. Les barrières tarifaires aux échanges de
biens manufacturés ont donc quasiment disparu.
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Toutefois :
C’est pourquoi il est apparu nécessaire de créer, à l’issue de l’Uruguay Round, une institution pérenne,
siégeant de façon permanente : l’OMC
Créée par les accords de Marakkech, elle remplace le GATT au 1er janvier 1995. Elle regroupe 150
Etats, dont la Chine, pesant au total 90% du commerce mondial.
L’OMC reprend l’intégralité des principes du GATT (voir plus haut). Comme le GATT, l’OMC admet
les accords commerciaux régionaux (ALENA, UE, Mercosur), à condition qu’ils n’accroissent pas le
niveau de protection à l’égard des autres pays.
1. une conférence ministérielle se réunit au moins une fois tous les deux
ans : les décisions y sont prises à l’unanimité, sur le principe un Etat = une
voix, si bien que chaque Etat dispose d’un droit de veto.
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L’OMC est fondée sur le multilatéralisme : les négociations doivent concernées l’ensemble
des membres de l’OMC. Or des ensembles commerciaux régionaux se sont constitués, en marge du
GATT ou de l’OMC : l’UE dès 1958, l’ALENA en 1994, le Mercosur en Amérique latine, l’ASEAN
en Asie, pour ne citer que les principaux parmi eux. En 2020, un nouvel accord de LE vient d’être
signé dans le Sud-Est Pacifique regroupant Chine, Corée du sud, Japon, Australie, NZ, Malaisie,
Philippines...
Ces accords sont certes contraires aux principes du GATT et de l’OMC : ils sont
cependant autorisés à titre dérogatoire, dans la mesure où ils n’entraînent pas une augmentation des
droits de douane vis à vis des pays tiers. Toutefois, en instaurant un libre-échange en leur sein, ces
accords accroissent les flux commerciaux entre les pays membres de l’accord, ce qui diminue les flux
commerciaux vis à vis des pays tiers, combien même ces derniers posséderaient des avantages
comparatifs.
Le risque est donc que ces échanges diminuent le bien-être mondial, par réduction du surplus
du consommateur. Il peut également fragmenter le commerce mondial, qui deviendrait alors
multipolaire, les échanges s’intensifiant au sein de chaque pôle mais se réduisant entre les différents
pôles. Toutefois, l’expérience montre que ces ensembles régionaux ont eu plus pour but de resserrer
les liens entre les pays membres, que de se protéger contre la mondialisation : en ce sens, ils ont plus
contribué à développer le libre-échange qu’à le limiter.
4- La mondialisation
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Elle n’est pas le résultat du destin : elle est le fruit de décisions politiques (Reagan et Thatcher
influencés par Friedman-Hayek) ou économiques (accords de libre-échange, abaissement des droits de
douane), même si l’évolution des techniques (transports, internet) l’a puissamment favorisée. Il ne
faut cependant pas considérer la mondialisation actuelle comme historique, au sens où elle serait un
fait inouï ou isolé dans l’histoire : le monde a en effet déjà connu une première vague de
mondialisation (1870-1914)
1. Dans les pays du Nord, le libre-échange entraîne des coûts de transition des secteurs
en déclin vers les secteurs d’avenir (chômage frictionnel, exemple du Nord-Pas-de-
Calais ou de la Lorraine). On accuse également la mondialisation de contribuer à la
désindustrialisation des économies du Nord, à l’augmentation des inégalités entre
gagnants et perdants au jeu de l’ouverture des frontières, et à la baisse du salaire des
travailleurs non qualifiés. La Chine et les pays du Sud-est sont particulièrement
pointés du doigt, en raison du dumping social, monétaire et écologique qu’ils
pratiqueraient. D’où pour les partisans de ces thèses la nécessité de soumettre le libre-
échange à des clauses sociales (harmonisation du droit social et fiscal) ou de souhaiter
un protectionnisme à l’échelle européenne (Emmanuel Todd). Les libre-échangistes
répondent qu’il est difficile de demander aux pays pauvres de renoncer au seul
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avantage comparatif dont ils disposent (les bas salaires) ; par ailleurs, ils soulignent
qu’au fur et à mesure qu’ils se développent grâce au libre-échange, les salaires et les
conditions sociales de ces pays s’améliorent.
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