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CHAPITRE III.

Du GATT A L’OMC
La longue édification du système
commercial multilatéral
La Charte de la Havane
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, en
1947, une Conférence Internationale sur le Commerce
et l’emploi s’est tenue à Cuba, au cours de laquelle il
fut décidé de créer une Organisation Internationale
du Commerce (OIC), chargée d'éliminer les barrières
douanières aux échanges. Et ce, à travers la Charte de
la Havane.
L’OIC devait constituer, avec le Fonds Monétaire
International (FMI) et la Banque Mondiale (World
Bank), le 3ème pilier du nouvel ordre économique
mondial.
L’OIC ne verra cependant jamais le jour. Le
Sénat américain refusa de ratifier la naissance de cette
institution multilatérale, de peur que les États-Unis y
perdent une part de leur souveraineté et une des clés
de leur domination.
C'est finalement une structure prévue au
départ pour être provisoire, le GATT (General
Agreement on Tariffs and Trade ou Accord
général sur les tarifs douaniers et le commerce),
qui fut pérennisée.

Cet accord constituait un premier pas vers


des négociations commerciales, les rounds,
visant à libéraliser le commerce mondial,
auxquelles il servira de cadre multilatéral
pendant près de cinquante ans.

C'est dans le cadre du GATT que se sont


négociés les réductions de droits de douane et
le démantèlement d'autres obstacles au
commerce.
Le GATT : les objectifs
Le General Agreement on Tariffs and Trade
(GATT) ou Accord Général sur les Tarifs Douaniers
et le Commerce, est ainsi né le 30 Octobre 1947 à
Genève, là où s’installe son secrétariat.
Le traité entre en vigueur le 1er janvier 1948. Les
23 membres fondateurs sont les suivants : Afrique du
Sud, Australie, Belgique, Birmanie, Brésil, Canada,
Ceylan, Chili, Chine, Cuba, Etats-Unis, France, Inde,
Liban, Luxembourg, Norvège, Nouvelle-Zélande,
Pakistan, Pays-Bas, Rhodésie du Sud, Royaume Uni,
Syrie et Tchécoslovaquie
Le GATT s’est donné comme principal objectif
la liberté des échanges et la levée des restrictions
qualitatives et quantitatives qui entravent les flux
commerciaux.
Le GATT : 4 principes fondamentaux
Le GATT reposait sur quatre principes
fondamentaux :
1. La clause de la nation la plus favorisée (NPF) :
un pays qui accorde un avantage commercial à
un autre pays doit l’étendre immédiatement aux
pays signataires de l’accord.
2. La clause du traitement national: chaque pays
s’engage à appliquer les mêmes règles (fiscalité,
réglementations, normes….) sur son propre
territoire aux produits et entreprises étrangères.
3. La clause de la concurrence loyale qui stipule
l’interdiction du dumping (c’est-à-dire de la vente
à un prix inférieur au coût de production) et des
subventions à la production.

4. L’interdiction de barrières non tarifaires : un


pays ne peut ainsi empêcher l’entrée sur son
territoire de marchandises étrangères par des
moyens autres que tarifaires : contingents,
quotas, normes…..

Les accords du GATT ont néanmoins prévu des


dérogations qui concernent les zones
économiques intégrées et les pays en
développement.
En effet, l’Accord Général sur Les Tarifs douaniers et
le Commerce (GATT) entérine des exceptions à la
libéralisation des échanges et à ses propres
principes fondamentaux.

L’accord autorise ainsi les zones de libre-échange


et les unions douanières, qui instaurent des
systèmes préférentiels en matière de droits de
douane.

L’accord entérine également une rupture de la


clause de la Nation la Plus Favorisée (NPF) en
acceptant le Système Généralisé de Préférences
(SGP) qui consiste à accorder des avantages
commerciaux sans réciprocité aux pays en
développement.
Les cycles de Négociations
Commerciales Multilatérales (NCM)
Le GATT a connu un réel succès, passant de
23 pays en 1947 à 128 pays signataires fin 1994,
tandis que se succédaient 8 cycles de
négociations commerciales multilatérales
(NCM) : Genève (Suisse1947), Annecy (France,
1949), Torquay (Angleterre, 1951), le Dillon
Round (1960-61), le Kennedy Round (1964-67), le
Tokyo Round (Japon, 1973-79) et l’Uruguay
Round (Punta del Este, 1986-94).
Le dernier cycle de négociations dans le
cadre du GATT, l'Uruguay Round, de 1986 à 1994,
s’est clos par l‘Accord de Marrakech qui a abouti
à la création de l'Organisation Mondiale du
Commerce (OMC).
De 1947 à 1962, les 5 premiers cycles de
négociations (NCM) ont surtout produit des
accords de réduction des droits de douane: le Cycle
de Genève (1947), le Cycle d'Annecy (1949), le Cycle de
Torquay (1951), un autre Cycle de Genève (1956) et
le Dillon Round (1960-1961).
De 1964 à 1994, les 3 derniers cycles de
négociations, le Kennedy Round, le Tokyo Round et
l’Uruguay Round ont vu augmenter le nombre de
pays signataires, en même temps que s'étendre le
champ des négociations.
L’Uruguay round a été le plus long (1986-1994)
et le plus discuté des cycles. Outre une nouvelle
réduction des tarifs douaniers, ont été négociés un
accord sur les mesures non tarifaires, l'agriculture,
les services, la propriété intellectuelle, ainsi que le
Système Généralisée de Préférences pour Pays en
développement.
Le champs de négociation de l’Accord
Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce
(GATT) s’est ainsi progressivement étendu, bien
au delà des mesures tarifaires (droits de douane
et taxes d’effet équivalent).
Il s’étend désormais aux mesures non-
tarifaires (contingents, quotas, normes
techniques, sanitaires et phytosanitaires,
embargos, textes législatifs favorisant les
entreprises nationales), à l’agriculture, aux
services, à la propriété intellectuelle et au
Système Généralisé de Préférences (SGP) pour
les pays en voie de développement.
La naissance de
l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC)

L’Organisation Mondiale du Commerce


(OMC), ou World Trade Organization
(WTO), qui succède au GATT, est née à
Marrakech, le 1er janvier 1995.
L’OMC est fondée sur les Accords de
Marrakech, négociés et signés en avril 1994
par la majeure partie des puissances
commerciales du monde.
Le siège de l’OMC se trouve à Genève,
en Suisse.
L’OMC a pour but principal de
favoriser l’ouverture commerciale.

Pour cela, l’organisation s’attelle à


réduire les obstacles au libre-échange, à
aider les gouvernements à régler leurs
différents commerciaux, à assister les
exportateurs, les importateurs, les
producteurs de marchandises et de
services dans leurs activités.
L’OMC est une institution internationale, un
cadre de négociation, un lieu où
les gouvernements membres se rendent pour
essayer de résoudre les problèmes commerciaux
qui existent entre eux.

L'OMC fonctionne sur un mode démocratique


au sens où chaque État représente une voix, quel
que soit son poids politique ou économique.

Le GATT était un accord, sans base


institutionnelle, une enceinte de négociations,
alors que l’OMC est aujourd’hui une institution
internationale.
L’OMC marque une nouvelle étape en matière de
libéralisation du commerce international. Trois
accords importants de l’OMC sont aujourd’hui à la
base du commerce international :

• L’accord général sur les tarifs douaniers et le


commerce, toujours en vigueur mais appelé
désormais « GATT 1994 ».
• L’accord général sur le commerce des services (en
anglais GATS).
• L’accord sur les aspects des droits de propriété
intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC).
• Par ailleurs, des accords complémentaires
contiennent des prescriptions plus précises pour
certains secteurs ou certaines questions comme
l'accord sur l'agriculture ou l'accord sur les mesures
sanitaires et phytosanitaires (SPS).
Il est enfin institué au sein de l’OMC un
Organisme de Règlement des Différents (ORD).
L’ORD est le « pouvoir judiciaire» de l’OMC,
auquel s’adressent les pays qui s’estiment
lésés pour porter plainte.

L’OMC est considéré aujourd’hui comme


l’organisation internationale la plus
puissante du monde. Son pouvoir réside en
particulier dans l'Organe de Règlement des
Différends (ORD). Par cet instrument, l’OMC
est la seule organisation internationale à
disposer d’une capacité de sanctionner les
États qui ne respectent pas les accords
qu’elle a adoptés.
L’OMC en tant qu’organisation internationale
regroupe aujourd’hui près de 164 pays membres qui
sont à l’origine de 98% du commerce mondial.

La Chine n’a intégré l’OMC qu’en novembre 2001


et la Russie en août 2012. En 2017, 23 pays, tels que
l’Algérie, la Corée du Nord, la Lybie, la Syrie, l’Irak, le
Libéria, le Liban, la Serbie, l’Iran…..ne sont toujours
pas membres de l’OMC, où ils se contentent d’un
statut d’observateur.

Le Maroc, qui a abrité la naissance de l’OMC à


Marrakech, en est membre à part entière depuis le
1er janvier 1995. Avant même cette année là, le
Maroc a été au sein du GATT, depuis juin 1987, un
acteur du processus multilatéral.
La Directrice Générale de l’OMC est
actuellement Mme NGOZI OKANGO-
IWEALA.
Elle est entrée en fonction le 1er mars
2021. Elle est originaire du Nigéria. C’est la
première femme et la première africaine à
être designé directrice générale.
En quoi l'OMC est-elle
différente du GATT ?

L'OMC n'est pas un simple prolongement


du GATT. Les principales différences sont :

1. Le GATT est un accord multilatéral, une série


de règles, sans base institutionnelle, une
enceinte de négociations alors que l'OMC est
aujourd’hui une institution internationale
permanente, dotée de son propre secrétariat,
où les gouvernements membres essaient de
résoudre les problèmes commerciaux qui
existent entre eux.
• 2. Les règles du GATT s'appliquaient au
commerce des marchandises, alors que l'OMC
englobe les marchandises, mais aussi le
commerce des services (GATS) et les aspects
des droits de la propriété intellectuelle qui
touchent au commerce (ADPIC).

• 3. L’OMC dispose de plus de pouvoirs que le


GATT, car un seul pays ne peut plus bloquer
les décisions, alors que Le GATT fonctionnait
sur la base du consensus difficile à obtenir.
L’OMC a un pouvoir de contrainte : le
système de règlement des différents de
l’OMC est plus rapide, plus automatique, et
donc moins exposé à des blocages.
4. L’OMC fonctionne sur un mode
démocratique, au sens où chaque Etat
représente une voix, quel que soit son poids
politique ou économique. L’organe suprême
de l’OMC est la Conférence Ministérielle qui
se réunit tous les deux ans.

5. Enfin, le GATT était appliqué à titre


provisoire, tandis que les engagements pris
sous l’égide de l’OMC existent de plein
droit et sont permanents.
La bataille de Seattle
Au cours de novembre 1999, se tient à
Seattle au nord-ouest des Etats-Unis, la 3ème
Conférence ministérielle de l’0MC, dans le
but de lancer un nouveau cycle de
négociations commerciales multilatérales, en
l’occurrence le round du millénaire.
La conférence est confrontée à un
mouvement civil sans précédant,
violemment opposé à la mondialisation
économique. La conférence de l’OMC de
Seattle est un échec total.
Ou en est l’OMC aujourd’hui ?
Le cycle de DOHA,
Le Cycle de Doha a été lancé à la 4ème
conférence ministérielle de l'OMC, en novembre
2001. Le cycle de DOHA est le 9ème cycle de
négociations depuis la deuxième Guerre mondiale et
le premier depuis la naissance de l’OMC en 1995.
Le cycle de DOHA comprend 21 domaines
de négociations, appelé Programme de Doha pour
le développement, car l'un de ses principaux
objectifs est d'améliorer les perspectives
commerciales des PED.
La Déclaration ministérielle de Doha a défini le
mandat des négociations qui portent, notamment
sur l'agriculture, les services et la propriété
intellectuelle.
L’échec du cycle de DOHA

Le cycle de Doha, lancé en novembre 2001,


devait durer trois années.
L’essentiel des négociations a porté sur
l’agriculture et sur l’accès aux marchés pour
les produits agricoles des PED, ainsi que sur
les droits de la propriété intellectuelle liés au
commerce (ADPIC).
En juillet 2006, en raison d’un désaccord
permanent et insoluble, les négociations
furent suspendues.
Le paquet de BALI
Le Paquet de Bali est un ensemble de mesures
adoptées en 2013 dans le cadre de l‘Accord général
sur le commerce des services (GATS) à l'issue de la
conférence de l’OMC qui s'est tenue à Bali, après
l'échec du cycle de Doha.
Il s'agit du 1er accord multilatéral signé depuis
la création de l’OMC en 1995. Les 3 piliers de
l'accord sont : la facilitation des échanges
commerciaux par des mesures réduisant la
bureaucratie aux frontières ; l'aide aux PMA à
travers des exemptions accrues des droits de
douane; l’agriculture par un engagement à réduire
les subventions à l'export.
Le Paquet de Bali est une réussite historique
selon le Directeur de l'OMC, même l’accord est loin
de l'ambition initiale du cycle de Doha.
Vers une nouvelle dynamique du
système commercial multilatéral
L'accord de Bali constitue une opportunité
pour le système commercial multilatéral. Les
craintes quant à la capacité de l'OMC à faire
évoluer
s le commerce international sont moins
prononcées.
L’accord de Bali peut représenter une
opportunité pour offrir une nouvelle
dynamique aux échanges mondiaux, alors
que le rythme de ces derniers s'est
significativement ralenti sous l'effet de la crise
globale.
La guerre commerciale entre
les États-Unis et la Chine
Il s ’agit là d’un est un épisode de dispute commerciale, constitué de
hausses de taxes douanières et de menaces entre la Chine et les États-
Unis, lancé sous la présidence de Donald Trump, en 2018.
En janvier 2018, Donald Trump met en place des taxes douanières
sur les machines à laver et les panneaux solaires1,2,3. La Chine est le
principal producteur mondial de panneaux solaires. Elle est aussi le
premier pays exportateur de machines à laver vers les États-Unis.
En février 2018, la Chine déclenche une enquête anti-dumping sur
le sorgho américain, le ministère chinois du Commerce affirmant que les
États-Unis subventionnent la culture de cette céréale. La Chine importe
pour environ 1 milliard de dollars de sorgho américain, et des taxes
douanières pourraient pénaliser un État américain comme le Kansas,
premier État producteur de sorgho aux Etats-Unis, et qui a largement
voté Donald Trump5.
En mars 2018, Trump signe un décret instaurant des droits de
douane de 25 % sur les importations en aluminium et de 10 % sur celles
en acier. Par la suite plusieurs pays sont exemptés de cette augmentation
de droits de douane, de manière temporaire.
La pandémie du coronavirus entraine un effondrement du
commerce international

Selon les dernières estimations de la CNUCED, la valeur du


commerce mondial de marchandises at chuté de 5,6 % en 2020 par
rapport à 2019. Ce serait la plus forte baisse du commerce de
marchandises depuis 2009 lequel avait alors chuté de 22 %.

La chute e pour le commerce des services est encore plus


importante, avec une baisse probable de 15,4 % en 2020 par rapport
à 2019. Si elle se confirme, il s’agirait de la plus forte baisse du
commerce des services depuis 1990.

Le bulletin trimestriel de la CNUCED sur le commerce


international des services, montre que cette détérioration est due à
l’effondrement de l'activité dans les secteurs du voyage, des
transports et du tourisme.

Les chiffres annoncés aujourd'hui sont toutefois révélateurs et


dressent le tableau du schisme qui s'est produit dans le commerce
des biens et des services sous l’impact de la pandémie de
coronavirus, les prévisions étant encore à la baisse à l’heure de cette
publication (voir figure).
La suspension en 2006 des négociations du cycle
de Doha, ouvert en 2001, constitue le point de
départ de la crise actuelle. Depuis lors, les
négociations au sein de l’OMC sur la libéralisation
du commerce international sont pratiquement au
point mort, mis à part un ensemble de mesures
adoptées en 2013 dans le cadre du paquet de Bali
et ne couvrant qu’une faible proportion des
objectifs du cycle de Doha.

e…
La crise s’est cristallisée autour du blocage
de l’organe d’appel du mécanisme de
règlement des différends commerciaux :
depuis 2016, les États-Unis font opposition à la
nomination de nouveaux juges et il n’y a plus,
depuis décembre 2019, qu’un seul juge en
place. Le mécanisme ne peut donc plus
fonctionner, le quorum étant fixé à trois juges.
Le mécanisme de règlement des différends,
créé en 1995, vise à résoudre les mésententes
commerciales entre les membres de l’OMC. Les
États-Unis, les pays membres européens et la
Chine.

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