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INTRODUCTION

L’exception culturelle est un concept en droit international et en politique


culturelle. Il s’agit d’un ensemble dispositions visant à faire de la culture une
exception dans les traités internationaux, notamment auprès de l’Organisation
Mondiale du Commerce (OMC ).

Ces dispositions ont pour but de spécifier que les Etas sont souverain et fondés
à limiter le libre-échange de la culture sur le marché pour soutenir et promouvoir leurs
propres artistes, les véhicules et porte-parole de leur culture.

C’est ainsi dans le cadre du cours d’Organisation et financement du commerce


extérieur, il nous a été demandé de faire une présentation en détail sur l’ensemble des
dispositions portant sur l’exception culturelle dans l’OMC et de dégager le point fort et
le point faible de l’exception culturelle.

Hormis la partie introductive et la conclusion, ce travail est subdivisé en deux


chapitres ; le premier parle de l’OMC et le second de l’exception culturelle dans
l’OMC.
CHAPITRE I : L’ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE

Dans ce chapitre nous allons essayer donner une brève historique sur l’OMC, ses
principes fondamentales et enfin le dernier point va parler des accords conclus dans le
cadre de l’OMC.

1.1. Historique de l’OMC


L’OMC est née le 1er Janvier 1995, suite aux négociations de l’Uruguay Round.
En 1999, 135 pays étaient membres de l’OMC. L’organisation est basée à Genève, elle
a un secrétariat de 500 personnes et un budget de 120 millions de francs suisse par an.
A la différence du GATT, qui n’était constitué que d’un secrétariat, l’OMC est
juridiquement reconnue comme une organisation internationale.
L’OMC régit aujourd’hui le commerce de marchandises, mais aussi le
commerce des services et les échanges mettant en jeu la propriété intellectuelle et les
droits d’auteurs : inventions, créations, dessins et modèles.
1.2. Les principes fondamentaux
Les accords de l’OMC énoncent les principes de libéralisation des échanges et les
exceptions autorisées. Ils reproduisent les engagements pris par chaque pays pour
réduire les obstacles au commerce et pour ouvrir leurs marchés. Ils définissent les
procédures de règlements de différends.
Ainsi les principaux fondamentaux sont les suivants :

1.3. Les accords conclus dans le cadre de l’OMC


I. Les accords généraux de l’OMC
Le GATT (accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) représentait deux
choses à la fois :
1) Un accord international, c’est-à-dire un document énonçant des règles pour la
conduite du commerce international ;
2) Une organisation internationale créée par la suite pour administrer l’accord.
Le GATT, en tant qu’organisation internationale, n’existe plus, et est remplacé
aujourd’hui par l’organisation mondiale du commerce, mais l’accord général sur les
tarifs douaniers et le commerce régit toujours le commerce des marchandises. Il a été
modifié et incorporé dans les nouveaux accords de l’OMC. Le GATT actualisé est en
vigueur parallèlement à l’accord général sur le commerce des services (AGCS) et
l’accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce
(ADPIC), qui sont nouveaux. L’OMC réunit ces trois grands accord, qui sont gérés par
un seul ensemble de règles et un seul système de règlement des différends.
 L’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Il régit le
commerce des marchandises. Il a été modifié et incorporé dans les nouveaux
accords de l’OMC. La version actualisée est dénommée « GATT de 1994 ».
 L’accord général sur le commerce des services (AGCS). C’est le tout premier
ensemble de règles multilatérales, juridiquement contraignantes, qui régissent le
commerce international des services.
 L’accord de l’OMC sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui
touchent au commerce (ADPIC). ce nouvel accord applique les principes du
système commercial aux droits de propriété intellectuelle, et porte sur les
moyens de protéger au mieux ces droits. Certains pays, en effet, autorisent (ou
n’interdisent pas) le commerce sur leur territoire de copies illégales de films, de
disques et d’ouvrages. En cas de différends commerciaux concernant les droits
de propriété intellectuelle, il est désormais possible de faire appel au système de
règlement des différends de l’OMC.
II. Les accords complémentaires sur les marchandises : Agriculture et textile
 L’accord sur l’agriculture. Le GATT de 1947 s’appliquait à l’agriculture
mais il permettait aux pays d’appliquer des restrictions à l’échange telles
que les contingents d’importation, et de mettre en place des subventions ;
plus de 30% des produits agricoles étaient assujettis à des contingents ou
des restrictions à l’importation. Les règles de concurrence dans le
commerce des produits agricoles s’en trouvaient fortement modifiées,
notamment par le recours à des subventions à l’exportation qui n’auraient
pas été, en principe, autorisées pour les produits industriels. L’accord de
l’Uruguay Round a prévu de transformer toutes ces protections en tarifs
(processus dénommé tarification), puis de consolider ces tarifs afin de les
diminuer progressivement. Les droits de douane sont aujourd’hui
consolidés pour la totalité des produits agricoles. Presque toutes les
restrictions à l’importation ont été converties en droit de douane.
 L’accord sur le textile. De 1974 à la fin de l’Uruguay Round, le commerce
était régi par l’accord multifibres (AMF), dans le cadre duquel des
contingents étaient établis par d’accords bilatéraux ou de mesures
unilatérales, afin de limiter les importations dans les pays dont les
branches de production nationales risquaient de pâtir gravement d’une
expansion rapide des importations.
Dépuis 1995, l’accord de l’OMC sur les textiles et les vêtements remplace l’accord
multifibres. Ce secteur doit être, d’ici à 2005, entièrement intégré au champ
d’application des règles normales du GATT ; Les contingents doivent être supprimés,
et les pays importateurs ne pourront plus établir de discrimination entre les
exportateurs.
III. Les accords de l’OMC concernant les exceptions aux principales
fondamentaux
Les accords de l’OMC autorisent des exceptions aux principes fondamentaux,
principalement dans trois cas : 1°) les mesures prises contre le dumping, 2°) les
subventions et les droits compensateurs spéciaux visant à compenser les subventions
de pays exportateurs, et 3°) les mesures d’urgence limitant les échanges en vue de
sauvegarder les branches de production nationales.
Par ailleurs, plusieurs accords ne sont toujours signés que par quelques membres à
l’OMC ; ce sont les accords dits « plurilatéraux ». Ils concernent les avions civils, les
marchés publics et quelques produits agricoles (lait et viande).
 L’accord anti-dumping. Cet accord de l’OMC permet aux gouvernements
d’intervenir contre le dumping lorsqu’il existe un dommage véritable
(« important ») causé à la production nationale concurrente. Pour cela, le
gouvernement concerné doit pouvoir montrer que le dumping a lieu, calculer
l’ampleur du dumping (jusqu’à quel point le prix à l’exportation est inférieur à
celui qui est pratiqué par l’exportateur sur le marché intérieur) et démontrer que
le dumping cause un dommage.
 L’accord sur les subventions et les mesures compensatoires. Sa fonction est
double : contrôler le recours aux subventions, et réglementer les mesures prises
par les autres pays pour compenser les effets des subventions. Un pays peut
faire appel à la procédure de règlement des différends de l’OMC pour obtenir le
retrait d’une subvention ou la suppression de ses effets défavorables. Il peut
supplémentaire (appelé « droit compensateur ») sur les importations
subventionnées dont il est constaté qu’elles portent préjudice aux producteurs
nationaux.
 L’accord sur les mesures de sauvegarde et les mesures de zone grise. Un pays
membre de l’OMC peut restreindre temporairement les importations d’un
produit en prenant des mesures de sauvegarde. Si son industrie nationale subit
un dommage grave ou menace de dommage du fait de l’accroissement soudain
d’importations. Ces mesures de sauvegarde ont toujours été autorisées par le
GATT, mais certains gouvernements ont préférés dans le passé protéger leurs
productions nationales par des mesures dites de la « zone grise ».
En négociant bilatéralement et à l’extérieur du GATT, ces pays importateurs à
restreindre volontairement leurs exportations. Des accords bilatéraux de ce type ont été
conclus essentiellement par les Etats-Unis et l’Union européenne : entre 1985 et 1995,
les premiers ont passé plus de treize accords d’autolimitation avec l’’Union
européenne, concernant essentiellement la sidérurgie, le textile et l’habillement ; quant
à l’Europe, les arrangements qu’elle a mis en place ont concerné principalement les
pays asiatiques, dans le secteur agricole, le textile, l’électronique et l’automobile.
L’accord sur les mesures de sauvegarde de l’OMC interdit dorénavant ces mesures de
la zone grise et institue une limite temporelle (« clause d’extinction ») pour toutes les
mesures de sauvegarde prises auparavant. Ces mesures doivent être modifiées pour
être mises en conformité avec l’accord, ou éliminées progressivement avant la fin de
1998. L’Union européenne a pu maintenant ses restrictions sur les importations
d’automobiles en provenance du Japon jusqu’à la fin de 1999.
Cet accord définit également les critères à appliquer pour savoir s’il y a dommage ou
menace de dommage grave. Par ailleurs, lorsqu’un pays restreint des importations pour
sauvegarder ses producteurs nationaux, il doit en principe donner quelque chose en
échange. Si les pays partenaires n’arrivent pas à s’entendre, les pays exportateurs peut
recourir à une rétorsion en prenant une mesure équivalente. Par exemple, il peut
accroître les droits de douane frappant des produits exportés par le pays appliquant la
mesure de sauvegarde.
La comité des sauvegardes de l’OMC supervise le fonctionnement de l’accord, et est
chargé de surveiller les engagements des membres. Les gouvernements doivent lui
faire rapport, pour examen, sur chaque phase d’une enquête en matière de sauvegarde
et sur les décisions prises à ce sujet.
IV. Le Round du millénaire : le programme de DOHA pour le développement
En décembre 1999, la troisième conférence ministérielle réunit à Seattle devait ouvrir
un nouveau round de négociations internationales mais elle n put aboutir devant les
antagonismes notamment entre pays développés et pays en développement, nombre de
ces derniers considérant qu’ils supportaient les coûts de mise en œuvre d’accords du
cycle d’Uruguay sans bénéficier d’un meilleur accès aux marchés ou l’assistance
technique et financière requise pour s’intégrer à l’économie mondiale. Lors de la
quatrième conférence à Doha (Qatar) en novembre 2001, les ministres ont adopté une
déclaration définissant un vaste programme pour le nouveau millénaire, appelé
« Programme de Doha pour le développement ».
Le programme de Doha a centré les travaux de l’OMC sur les besoins des pays en
développement avec, par exemple, comme avancée un accord sur les ADPIC qui
assure que la protection des brevets n’empêche pas les pays en développement
d’accéder à des médicaments bon marché.
La conférence a également ouvert la voie à l’entrée de la Chine et de la province
chinoise de Taiwan.
Le champ des nouvelles négociations est très vaste et porte principalement sur les
points suivants :
1. Agriculture : améliorer l’accès aux marchés et diminuer les aides intérieures ;
2. Services : poursuivre la libéralisation de toutes les catégories de services ;
3. Produits industriels : abaisser encore les droits de douane, y compris les crêtes
tarifaires ;
4. Mesures antidumping et subventions : clarifier et améliorer les disciplines ;
5. Accords commerciaux régionaux : clarifier et améliorer les procédures ;
6. ADPIC : créer un système multilatéral de notification et d’enregistrement des
indications géographiques pour les vins et spiritueux et autres produits ;
7. Règlement des différends : assurer une meilleure exécution des décisions ;
8. Environnement : levée des obstacles aux échanges des biens et services
environnementaux ;
9. Négociations sur les questions de la conférence de Singapour
(2005)[investissements, politique de la concurrence, marchés publics,
facilitation des échanges].
CHAPITRE 2 : L’EXCEPTION CULTURELLE DANS L’OMC
2.1. Notion de l’exception culturelle
La notion de l’exception culturelle est apparue à la fin des négociations de
l’Uruguay Round, à l’automne 1993, alors que l’on discutait de la création de l’OMC
et au moment même où l’agriculture faisait son entrée dans le GATT (Accord général
sur les tarifs douanier et le commerce). Il n’est pas sans intérêt de noter qu’à cette
époque, certains défendent déjà une exception « agriculturelle » reposant sur la
souveraineté alimentaire des Etats et qui permettrait par exemple de créer des « taxes
aux frontières » pour que les Etas puissent se protéger contre des importations à des
prix inférieurs à leurs prix intérieur » voire même d’instaurer des quotas d’exportation
par pays et d’organiser une gestion commune de l’aide alimentaires et des stocks. Mais
si l’exception agriculturelle est resté un projet, l’exception culturelle, elle, a
effectivement vu jour il faut alors tenter de mieux la cerner.
L’exception culturelle est le fruit d’un compromis, une notion empirique dont
les contours sont difficiles à identifier mais qui permet au moins à titre provisoire, de
préserver le secteur culturel des principes du libéralisme économique mis en œuvre
dans le cadre de l’OMC.
Ainsi, les accords visant la libéralisation des échanges commerciaux ont été
perçus comme une menace, comme un danger pour les biens et services culturels d’om
la naissance de l’exception culturelle ; qui pour objectif de sauvegarder le droit pour
chaque Etat de légiférer librement en matière culture en échappant aux règles de
l’OMC et notamment aux deux principes qui fondent les accords du libéralisme
économique. D’abord, celui de la notion la plus favorise qui veut que le traitement plus
favorable soit accordé à un Etat aux produits ou services d’un autre Etat soit appliqué
immédiatement et sans condition aux mêmes produits ou services provenant de tout
Etat. Autrement dit, les discriminations sont ainsi interdites, « tout avantage consenti à
un Etat également bénéficier aux autres ». Une telle règle représente un danger pour le
secteur culturel dans la mesure où elle peut par exemple remettre en cause les mesures
étatiques de soutien à certaines coproductions dans le domaine audio-visuel. Ensuite,
le principe du traitement national oblige à appliquer les mêmes règles aux opérateurs
étrangers et nationaux. C’est donc l’idée d’une préférence nationale qui est ainsi
condamné, ce qui interdit notamment la mise en place d’un système de soutien à la
production cinématographique nationale et européenne.
Toutefois, cette exception se justifie alors par le fait que les produits et services
culturels ne sont pas comme les autres car au delà de leur valeur économique, ils sont
porteurs de l’identité culturelle nationale ou régionale que l’on souhaite protéger face à
l’hégémonie de certaines grandes puissances.
2.2. Les points positifs et négatifs de l’exception culturelle
A ce point nous allons donner les faiblesses et les forces de l’exception culture.
2.2.1. Les faiblesses de l’exception culturelle
Ses principales faiblesses sur lesquelles nous allons revenir :
 l’absence de consécration de l’exception culturelle dans le cadre des accords
applicables aux marchandises et aux services implique un traitement différencié
de la culture dans ces deux textes
 l’exception culturelle a pour conséquence l’absence de réglementation
internationale du secteur culturel ce qui permet au plus fort d’imposer sa loi.
Tout d’abord aucune exception culturelle n’a pu être consacrée en tant que telle
dans les accords relatifs aux biens et aux services.
En effet, puisque l’objectif était de faire échapper le secteur culturel aux règles «
ordinaires » du commerce international grâce à cette exception culturelle, on aurait pu
faire entrer la culture dans la liste des « exceptions générales » visées par l’article XX
de l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) et l’article XIV de
l’accord général sur le commerce des services (GATS). Ces textes prévoient « la non-
application conjoncturelle des règles de l’accord dès lors qu’une partie contractante
invoquera la nécessité pour elle de sauvegarder certaines valeurs essentielles
auxquelles l’application ordinaire de ces règles porterait atteinte »11. Ainsi, l’accord
relatif aux tarifs douaniers et au commerce vise par exemple la nécessité de protéger «
la moralité publique » ou encore « la santé et la vie des personnes et des animaux ou la
préservation des végétaux ». Mais justement, aucune mention de la culture n’apparaît
au titre des ces exceptions générales12. Evoquer une « exception culturelle » dans le
cadre de l’OMC pourrait donc pratiquement être considéré comme un abus de langage,
aucune exception de ce type n’étant formellement consacrée par les textes à la
différence de la véritable exemption culturelle obtenue par le Canada dans le cadre de
l’accord de libre échange négocié avec les Etats-Unis en 198813. Mais pour autant,
une référence expresse à la culture dans ces articles XX et XIV aurait-elle été une
bonne chose ? La question mérite d’être posée car cela aurait obligé à s’interroger sur
le sens précis à donner à cette notion et donc sur le champ de l’exception culturelle.
Or, les Etats-Unis auraient eu beau jeu de prétendre que le cinéma et l’audiovisuel,
principaux bénéficiaires de l’exception culturelle en Europe, ne pouvaient être
considérés comme relevant de la « culture » mais plutôt d’une industrie du
divertissement14. Cette impossibilité de définir le champ même de l’exception pour
préserver le secteur culturel (au sens le plus large) des règles du libre-échange a donc
conduit à adopter une stratégie semble-t-il inédite mais précaire.
Pour bien comprendre la situation, il faut d’abord souligner que la question culturelle
concerne aussi bien l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce,
applicables aux marchandises, que l’accord général sur le commerce des services. Si la
circulation de supports sur lesquelles sont fixées des oeuvres relève du premier accord,
la diffusion de programmes à la télévision ou de films en salles est considérée comme
un service. Cette précision est essentielle car l’exception culturelle n’a pas trouvé la
même place dans ces deux accords. En matière de services, l’exception culturelle se
traduit essentiellement de manière « négative ». Cela s’explique par la structure très
particulière de cet accord qui organise une libéralisation « volontariste dans la mesure
où un Etat ne va ouvrir un secteur de service à la concurrence que dans la mesure où il
l’inclura dans sa liste d’engagements spécifiques » .
Chaque Etat souscrit donc des engagements spécifiques par secteur ou sous secteur17.
Ainsi, l’Union européenne s’est tout simplement abstenue de souscrire de tels
engagements concernant l’audiovisuel et le cinéma. C’est ce système qui a permis de
définir une forme d’exception culturelle « en creux » : en ne s’engageant pas à
libéraliser un secteur, un Etat bénéficie de fait d’une « exception » qui lui permet
d’échapper au principe du traitement national. Le mécanisme est un peu différent en ce
qui concerne le traitement de la nation la plus favorisée qui s’applique à tout secteur
ouvert à la concurrence sauf exemption temporaire demandée par un Etat. Ainsi, en
1994, seuls 28 Etats ont souscrit des engagements de libéralisation dans le secteur
culturel (essentiellement le spectacle vivant, l’édition, l’architecture). Donc la culture
relève bien de l’accord relatif aux services mais les Etats membres de l’OMC peuvent
ne pas s’engager à libéraliser ce secteur. Il faut tout de suite souligner la fragilité de ce
dispositif. Tout d’abord, l’exemption au traitement de la nation la plus favorisée est
nécessairement provisoire, soumise à un nouvel examen tous les 5 ans, ce qui signifie
évidemment qu’elle peut être remise en cause régulièrement. En outre, même si les
Etats peuvent ne pas souscrire d’engagement de libéralisation pour certains secteurs, la
logique même de l’accord est bien celle de la limitation progressive du nombre de ces
« exceptions » afin d’ « élever progressivement le niveau de libéralisation ». Ainsi,
l’exception culturelle n’a pas réellement « d’existence légale : les accords de
libéralisation n’excluent pas les services audiovisuels, ils se contentent de ne pas les
inclure, autorisant, par un artifice juridique complexe, le protectionnisme et le soutien
public aux industries culturelles ».
S’agissant de l’accord sur les tarifs douaniers dans le commerce, le GATT, la situation
est un peu différente. L’objectif, ici, est notamment d’interdire les restrictions à
l’importation ou l’exportation de marchandises autres que « des droits de douane,
taxes ou autres impositions ». Dès 1947, un article IV a été consacré aux « dispositions
spéciales relatives aux films cinématographiques ». Il a pour but d’autoriser, sous
certaines conditions, ce que l’on appelle communément les « contingents à l’écran »
qui obligent à projeter, sur une période déterminée, « des films d’origine nationale
pendant une fraction minimum du temps total de projection effectivement utilisé pour
la présentation commerciale des films de toute origine ». Il y a donc là une exception
au principe du traitement national qui s’explique par des raisons historiques. Au
lendemain de la seconde guerre mondiale, beaucoup de pays européens ont vu leurs
industries cinématographiques détruites et ont souhaité imposer de tels quotas à l’écran
pour se préserver d’une hégémonie américaine. Ces contingents à l’écran ont
aujourd’hui pratiquement disparus dans tous les pays du monde et l’exception
culturelle se réduit donc à cette seule disposition désormais symbolique.
Il apparaît alors que si la culture échappe au libéralisme économique, ce n’est
que de manière provisoire ou symbolique. Ainsi, la culture ne fait à ce jour l’objet
d’aucun engagement spécifique dans le cadre de l’OMC et à tout moment, lors de
chaque négociation, l’exception peut être remise en cause25. Dès lors, l’exception
culturelle qui peut être présentée comme une victoire (notamment) de l’Europe face
aux Etats-Unis dans le cadre de l’OMC n’est en réalité qu’une solution de compromis,
un pis-aller destiné à éviter une situation de blocage faute d’avoir pu trouver un accord
sur un dispositif pérenne qui aurait véritablement garantit l’application d’un régime
dérogatoire au secteur culturel. La comparaison entre l’exception culturelle et la ligne
Maginot illustre bien la faiblesse de cette exception26. D’ailleurs, en 2001, lors du
cycle de Doha, de nombreux Etats ont demandé une libéralisation du secteur
audiovisuel. Si pour l’instant ils n’ont pas obtenu gain de cause, rien n’assure qu’il en
ira toujours ainsi.
Mais il reste encore à évoquer une dernière faiblesse de cette exception culturelle et
pas la moindre. Exclure la culture des accords applicables dans le cadre de l’OMC
implique aussi que les produits et services culturels échappent à tout système de
régulation internationale. La culture relève donc de la seule souveraineté nationale. On
pourrait a priori s’en réjouir mais il faut pourtant prendre conscience des effets pervers
d’une telle situation. S’abstraire de toute réglementation internationale implique en
effet de soumettre la question culturelle à la loi du plus fort28. Ainsi, les pays les plus
faibles économiquement sont généralement contraints, dans le cadre d’accords
bilatéraux avec les Etats-Unis, de renoncer à se prévaloir de l’exception culturelle. Au
sein même de l’OMC, les derniers adhérents, également sous la pression des Etats-
Unis, ont renoncé à l’exception culturelle pour être admis à adhérer à l’organisation.
L’exception culturelle est ainsi régulièrement contournée et finalement, elle apparaît
comme un privilège qui ne profite qu’aux plus forts (notamment l’Europe et le
Canada), ceux qui ont la capacité de résister aux pressions économiques des Etats-
Unis. L’exception culturelle peut ainsi être perçue par les pays les plus pauvres comme
une « préoccupation de pays riches visant à fermer leurs marchés ». En outre, le
silence des accords de l’OMC sur la question culturelle implique également l’absence
de toute obligation des Etats sur ce terrain, point de promotion de la diversité culturelle
ici, on n’en parle même pas ! Si une exception alimentaire devait être consacrée, il
faudrait donc tenir compte de ce précédent - et de ses faiblesses - pour tenter
d’instaurer un dispositif plus efficace. Et là encore, les réflexions menées à propos de
la culture pourraient constituer une source d’inspiration. On tente en effet de trouver
une solution pérenne, garantissant sans réserve la mise en œuvre de règles propres au
secteur de la culture grâce à des textes « explicites et spécifiques »
2.2.2. Les forces de l’exception culturelle
D’une manière générale, les textes légales affirme clairement que :
 les biens et services culturelles ne peuvent en aucun cas être confondus avec des
biens et services ordinaires, c’est-à-dire qu’il y a une nature propre des biens et
services culturels, inassimilable aux logiques commerciales.
 Une autre force de l’exception est que tout Etat est souverain et qu’au titre de sa
souveraineté, il doit pouvoir mener une politique qu’il choisit dans le domaine
culturel.
 Et enfin La mise en place d’un quotas pouvant permettre à chaque pays de
traiter avec un autre pays même s’il n’était membre dans cette organisation
d’avoir le même droit en rapport avec la culture que les autres pays membres.
CONCLUSION
En guise de conclusion, il nous semble qu’il est possible de tirer plusieurs
enseignements de l’exception culturelle sur l’ensemble de commerce ayant trait à la
culture afin de favoriser une prise en compte réelle et effective des préoccupations
d’ordre culturel lors des négociations commerciales, particulièrement lorsqu’elles
touchent le commerce électronique et les échanges de contenus culturels numériques,
les Parties devraient veiller à ce que celles-ci se déroulent dans un contexte de
transparence ; et dans le cadre de ces négociations, la société civile devrait insister
pour que des mécanismes de consultation appropriés soient mis en place par les Parties
concernées.

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