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Cours de Droit du Commerce International de L3 – E64AEC5 – Mme Morlaàs-Courties – Réservé à l’usage

personnel des étudiants inscrits dans l’ECUE – Reproduction et diffusion interdite.

INTRODUCTION

1. Le monde actuel est largement gouverné par les échanges : échanges de


marchandises et de biens immatériels, mouvements de capitaux, délocalisations,
transnationalisation des entreprises et des activités sont devenus la toile de fond de
notre information quotidienne.
Le commerce international est devenu une variable importante dans le monde
économique contemporain :
– il manifeste la complémentarité et l’imbrication des producteurs et des
consommateurs des différents pays,
- mais il affecte dans le même temps l’autonomie des politiques économiques (une
politique de relance, fondée sur des considérations exclusivement nationales, peut
échouer en raison de la contrainte extérieure).

Si la question est particulièrement sensible depuis une vingtaine d’années, au


point que l’on parle désormais couramment (et la plupart du temps pour en souligner
les méfaits) de « mondialisation de l’économie, il serait néanmoins faux de croire
que l’internationalisation des échanges est une donnée récente.

Il y a bien longtemps que l'échange international se pratique sur l’ensemble de la


planète. Des activités commerciales régulières sont ainsi attestées deux
millénaires avant notre ère entre Assour, capitale de l’Assyrie jusqu’au début du 9ème
siècle avant J-C, située sur la rive occidentale du Tigre (non loin de l’actuel Mossoul), et
l’Anatolie centrale (bloc de l’Asie mineure situé à l’extrémité occidentale de l’Asie).
L'argent, le cuivre, le plomb, l'étain y étaient vendus par l'intermédiaire de marchands
assyriens.

Le bassin méditerranéen a été le territoire d’élection du développement des


échanges commerciaux. La Méditerranée, plus grande des mers intérieures du globe,
s’est révélée propice à la navigation du fait de la tranquillité de ses eaux et de la
multitude d’îles et de la proximité des rivages qui la bordent. Parmi ces peuples
marchands, la Phénicie, approximativement l’actuel Liban, est ainsi souvent citée comme
étant l’un de ceux qui ont beaucoup navigué dans cette mer favorable aux transports et
commercé y compris au-delà , jusqu’en Inde, tout en ayant pour favoriser les échanges et
la communication inventé l’alphabet 1500 ans avant notre ère.

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L’Orient ne fût pas en reste. La Serbie fut également au cœur des échanges : au 5ème
siécle, la plaine de Margus , fû t l’une des plus grandes foires en Europe.Des négociants de
tous les peuples d’Europe mais aussi des Perses, des Hindous, des Chinois.
L’échange se pratiquait depuis longtemps aussi entre par exemple la Chine, la Turquie et
l’Europe, en empruntant une route, dite de la soie, une matière dont les chinois ont
longtemps détenu le monopole de fabrication.

Phénomène ancien donc, mais qui connaît il est vrai une augmentation notable au
cours du 19ème siècle où l’on peut déjà constater une progression du CI à un rythme très
supérieur à celui de la production mondiale1.
Tout d’abord dominé par le Royaume-Uni, le commerce mondial voit apparaître, dès la
fin du 19ème, de nouveaux pays échangistes (Japon et USA) et une domination très
nette de l’Europe.
De la fin de la Première Guerre Mondiale à 1980, le commerce mondial traverse deux
périodes contrastées :
- Dans l’entre-deux guerres, la crise de 1929 et les politiques économiques qui
l’accompagnent (protectionnisme) ralentissent l’expansion.
- En revanche, après la seconde guerre mondiale, les taux de croissance sont
impressionnants : entre 1955 et 1980, le montant des exportations mondiales
est multiplié par 21 (en volume, les exportations augmentent à peu près deux
fois plus rapidement que le PIB mondial)2.

Citons quelques dates et évènements phares qui participent à l’expansion des


échanges au 20eme siècle :
► dès 1980, la conversion progressive de la Chine au libre-échange sous la
direction de Deng Xiaoping (1904-1997), concrétisée par son adhésion à l’Organisation
mondiale du commerce l'OMC, le 11 décembre 2001 ;
► le 9 novembre 1989, la chute du mur de Berlin séparant les deux Allemagnes
d'alors, érigé durant la nuit du 12 au 13 aoû t 1961 ;
► en 1991, l'effondrement de l'Union des républiques socialistes soviétiques
(URSS) et son éclatement en 15 états indépendants (dont certains sont désormais
membres de l’Union européenne), convertis au capitalisme.
A ces profonds changements, il convient d’ajouter la création de l’Union
européenne en 1957 qui rassemble aujourd’hui 28 états membres et quelques 508
millions d'habitants et de consommateurs au sein d’une vaste zone sans frontière
douanière.

Composition du commerce mondial :


Commerce de marchandises au sens large, il a couvert à la fois les matières
premières, les produits agricoles et les produits manufacturés (part qui a connu la plus
forte augmentation). Fait notable, il a augmenté plus vite que la production, ce qui
implique que dans chaque pays la part des produits étrangers ne cesse de s’étendre.

1
Voir M. Rainelli : « Le commerce international », p. 8, collection Repères n°65, Ed. La découverte.
2
Ibid. p. 13.

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A partir des années soixante-dix au commerce des marchandises s’est ajouté le


commerce des services qui se développe d’ailleurs actuellement plus rapidement que
celui-ci.

2. Face à l’internationalisation croissante des échanges, il est vite apparu aux Etats qu’il
était nécessaire de définir une politique des échanges mondiaux.
C’est ainsi que les Etats ont décidé d’agir seuls ou par groupes plus ou moins
restreints (les accords bilatéraux du commerce sont particulièrement anciens), ou d’agir
à l’échelle mondiale. Ils ont dû aussi se définir par rapport au libre-échangisme en
fonction des atouts et des intérêts de chacun d’entre eux.
L’intervention des Etats sur les flux de marchandises au moyen de politiques
commerciales ne suit pas une pente générale allant vers l’abandon des entraves ou, au
contraire, vers leur renforcement. Il existe des cycles dans le protectionnisme, en
particulier liés à ceux qui affectent le niveau de production des nations.
Les périodes d’expansion sont globalement associées au libre-échange alors
que les périodes de crise ou de récession poussent au protectionnisme.

A l’heure actuelle, l’Union européenne, les règles du GATT ou encore, la création de


l’OMC indiquent la direction suivie et les résultats atteints sur le plan de l’organisation
européenne et mondiale des échanges.

3. Ces accords conclus afin d’organiser les échanges et d’alléger les obstacles (tarifaires,
quantitatifs, qualitatifs…) à ceux-ci, ne constituent qu’un préalable (un cadre) à l’activité
des opérateurs du commerce international qui se concrétise par des opérations à la fois
juridiques et matérielles

Le droit du commerce international a justement pour objet de fournir les


règles applicables aux relations qui se nouent et aux opérations qui se constituent
entre les opérateurs économiques lorsque des relations et ces opérations impliquent
des mouvements de produits, de services ou valeurs intéressant l’économie de plusieurs
Etats.
Il a pour finalité de fournir les règles et les principes juridiques aptes à
favoriser la sécurité, la loyauté et la justice dans les relations commerciales de
caractère privé en permettant notamment de connaître avec certitude la règle de droit
applicable en cas de litige, de garantir la libre circulation des personnes, des services,
des marchandises et des capitaux, tout en préservant la sécurité des investissements.

4. Le droit du commerce international a un caractère substantiellement


international (et là , vous pouvez frémir car c’est le début des problèmes ;-). Qu’entend-
on en effet par là  ? : il vise des opérations dont l’appartenance à un ordre juridique
déterminé fait partie des problèmes à résoudre...

Pourtant, celui-ci aurait pu (et la voie n’est pas fermée) se développer à la manière d’un
jus gentium (droit international public) détaché de toute loi nationale à la manière
d’ailleurs de la lex mercatoria qui régissait les foires médiévales. Certains l’appellent de
leurs vœux et la France avait proposé le projet d’une Convention-cadre relative au droit
commun du commerce international. Mais le projet est demeuré sans lendemain.

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On peut désormais craindre que l’harmonisation des divers ordres et systèmes


juridiques soit vouée à l’échec. En effet, on constate à l’échelle mondiale une crise
profonde de la démocratie donnant naissance à des systèmes politiques
« illibéraux » 3, c’est-à -dire, populistes, qui se caractérisent par la remise en cause de la
force de la règle de droit ce qui est source d’insécurité juridique peu propice à l’activité
des opérateurs économiques. Plus généralement, il apparaît que les intérêts des
différents acteurs (ici les Etats) divergent si profondément qu’ils en deviennent
antinomiques. En l’absence de points de convergence sur les fondamentaux (et sur les
objectifs poursuivis), toute perspective d’harmonisation est de fait interdite.

Cette crise s’ajoute à la difficulté structurelle d’élaborer un Code du commerce


international accepté universellement en dépit de la diversité des traditions juridiques.

Dès lors, il apparaît que seule une harmonisation régionale soit réellement
accessible :
- Droit de l’UE en Europe,
- Harmonisation du droit des affaires dans le cadre de l’OHADA entre plusieurs
pays d’Afrique de l’Ouest,
- L’Association de Libre Echange Nord-Américain – ALENA créé en 1992 qui
regroupe les USA, le Canada et le Mexique -,
- l’Accord de Libre Echange Asiatique , ALEA, qui regroupe Brunei, l’Indonésie,
la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande….

On remarquera en outre que les Etats sont avant tout préoccupés par l’impact du
commerce international sur leur économie.
Il leur paraît dès lors :
- plus urgent de fixer les règles relatives à l’ouverture (et à la protection) de
leurs marchés selon les secteurs aux produits et services d’origine étrangère
(macro-régulation du commerce international qui est l’objet du droit
international économique)
- que de fixer des règles qui s’appliquent aux opérations qui concrétisent les
échanges (micro-régulation du commerce international, objet du droit du
commerce international).

5. Le droit commercial présente dès lors un caractère composite.


Il se constitue aussi bien à partir de règles d’origine nationale, que de règles d’origine
interétatiques et même de règles d’origine spontanée. Il présente des affinités
originaires avec le droit civil et ses dérivés (droit commercial, droit maritime), mais
également avec le droit international privé dont il partage le trait caractéristique à
savoir, le fait de s’appliquer à des relations juridiques qui se détachent plus ou moins
complètement de leur contexte national pour évoluer dans un espace international.

Pour toutes ces raisons, le droit du commerce international est sans nul doute un droit
complexe. Pour approcher cette matière nous retiendrons un plan en trois parties.
3
Le régime politique démocratique repose sur la combinaison de la souveraineté du peuple et du principe
majoritaire. Mais ce principe majoritaire étant susceptible d’excès, des institutions indépendantes doivent servir
de garde-fou contre la tyrannie de la majorité. C’est le principe de base du constitutionnalisme libéral. Amputée
de son rpinicpe de limitation et de modération du pouvoir, la démocratie devient illibérale (cela va de pair avec
l’émergence d’un leader charismatique qui prétend représenter et détenir le monopole de la volonté générale du
« peuple ».

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La première partie traitera de l’organisation du commerce international.


Nous y traiterons :
 des structures organisant les échanges (à vocation universelle et à vocation
régionale)
 des règles du commerce mondial (la système de l’OMC et les autres règles)

La deuxième partie traitera des modes d’intervention des entreprises à l’international .


Nous y traiterons :
 de l’exportation et de l’importation
 des partenariats internationaux.

La troisième partie portera sur les techniques du commerce international :


Nous aborderons différente opérations : le contrat de vente et le contrat de
transport , les garanties d’exécution et le règlement des litiges.

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Première Partie : L’organisation du commerce international


Nous verrons tout d’abord les structures qui organisent les échanges. Dans un deuxième
temps, nous verrons les règles internationales produites.

Titre 1 : Les structures organisant les échanges


Les échanges entre les Etats sont régulés afin de ne pas subir de plein fouet les excès du jeu de
l’offre et de la demande. Cette régulation s’opère à deux niveaux distincts. D’une part, au
niveau mondial par des organisation à vocation universelle, d’autre part, au niveau régional
par des organisations aux ambitions plus limitées.

Chapitre I : Les organisations à vocation universelle

De nombreuses organisations internationales bénéficient de compétence en matière


normative dans des secteurs qui touchent de près ou de loin au commerce international. Le
terme « compétence normative » ne doit pas être pris au pied de la lettre car la plupart du
temps ces organisations ne peuvent qu’élaborer des textes qui seront ensuite proposés à
l’adoption des Etats.
Nous nous bornerons à traiter des organisations internationales à vocation universelle les
plus représentatives. D’une part, quelques structures dépendant de l’ONU, d’autre part les
organisations hors ONU. .

Section I : Les structures dépendant de l’ONU

Instaurée en 1945 par la Charte de San Francisco, l’ONU est désormais composée de la
quasi-totalité des pays du monde. La plus connue des instances de l’ONU est bien
évidemment l’Assemblée générale et, dans une moindre mesure le Conseil de sécurité. Mais à
côté de ces organes politiques, il existe divers organismes onusiens qui ont une vocation
économique ou financière.

§1.- La CNUCED (UNCTAD)

La Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement est un organe


subsidiaire des Nations Unies dont l’objectif est de favoriser la coopération internationale en
vue d’établir un régime général du commerce international qui tienne compte des intérêts
spécifiques des pays en développement : il s’agit de permettre un développement équilibré du
commerce pour tous en corrigeant les différences de niveau de vie et en permettant l’accs à la
technologie et à l’investissement.

Les principaux résultats de l’action entreprise par la CNUCED sont les suivants :
 Le système généralisé des préférences : il repose sur l’octroi aux pays en
développement de préférences tarifaires. L’exemple le plus connu est celui des

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accords de Lomé, périodiquement révisés, conclu entre l’Union européenne et 69


pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
 Le programme intégré pour les produits de base : il a pour objet la
réglementation des principaux produits de base, c’est-à-dire des matières premières
non pétrolières.

§2.- La CNUDCI (UNCITRAL)

La Commission des nations unies pour le droit du commerce international a été créée par
la résolution 2205 du 17 décembre 1966 des Nations unies et est installée à Vienne. Elle a
pour objectif l’unification progressive des règles matérielles du droit du commerce
international. Ses travaux sont à l’origine notamment de :
 La Convention de Vienne(1980) sur les contrats de ventes internationales de
marchandises : mise e place d’un droit uniforme de la vente internationale,
 La Loi-type sur l’arbitrage international (1985) adoptée par de nombreux pays :
règlement d’arbitrage qui incite les Etats à développer la reconnaissance de ce mode
de règlement des litiges en leur fournissant, par sa loi-modèle, un cadre juridique
susceptible d’adapter leurs règles de procédure
 La loi-type sur les virements internationaux (1992)
 La loi-type sur le commerce électronique (1996) et Loi modèle sur les signatures
électroniques (2001), la convention sur les communications électroniques dans les
contrats internationaux (2005).
 Règles de Hambourg sur le transport maritime des marchandises par mer

§3.- Le FMI (IMF)

La grave crise économique des années 1930 est l'une des causes qui ont précipité le monde
dans la Seconde Guerre mondiale. La « Grande Dépression », qui a fait suite au krach
boursier de 1929, avait heurté de plein fouet une grande partie des économies mondiales avec
pour conséquence leur récession, la dévaluation des monnaies, l'augmentation des prix et du
chômage.

En juillet 1944, quarante-quatre pays qui assistaient à une conférence des Nations unies à
Bretton Woods (États-Unis) ont donc décidé de créer une institution dont le rôle principal est
de stabiliser le système monétaire international afin de limiter les conséquences de ces
crises. C'est ce que l'on connaît sous le nom du Fonds monétaire international (FMI).

C’est aujourd’hui l’une des institutions financières les plus importantes au niveau
mondial.
Les objectifs du FMI sont à ce jour de :
 Promouvoir la coopération monétaire internationale,
 Faciliter les échanges commerciaux mondiaux,
 Aider les pays en difficulté en leur prêtant de l'argent,
 Lutter contre la pauvreté au moyen de leviers économiques.

Les principales missions du FMI sont les suivantes :


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 surveillance  : le FMI conseille ses membres et évalue régulièrement les perspectives


économiques dans les « Perspectives de l’économie mondiale », les marchés
financiers dans le « Rapport sur la stabilité financière dans le monde » et l’évolution
des finances publiques dans le « Fiscal Monitor »;
 assistance financière : les autorités nationales élaborent, en étroite collaboration avec
les services du FMI, des programmes d’ajustement qui bénéficient du financement de
l’institution, ces concours financiers restant subordonnés à la réalisation effective de
ces programmes (prêts de fonds en contrepartie de réformes aux pays en crise) ;
 assistance technique : le FMI offre de l’assistance technique et des formations pour
aider les pays membres à renforcer leur capacité d’élaboration et d’exécution de la
politique économique.

Le FMI trouve ses ressources auprès des pays membres. Chacun se voient attribuer une «
quote-part », déterminée en fonction du poids du pays dans l'économie mondiale. Cette quote-
part définit le montant des ressources financières que chaque pays doit fournir à l'institution,
ainsi que ses droits de vote et le montant qu'il peut recevoir du FMI en cas de besoin.

Il est néanmoins à noter que l’obtention de crédit n’est pas lié au montant de la quote-part
fournie pour les réserves.

Pour aller plus loin :


 Rapport annuel 2019 du FMI : file:///C:/Users/morlaas/Downloads/imf-annual-
report-2019-fr.pdf
 Pour une approche critique de l’action du FMI :
 Joseph Stiglitz, La grande désillusion, 2002
 Jérome Sgard : « Deux FMI ou pas de FMI ? », dans Regards croisés sur
l'économie 2008/1 (n° 3), pages 267 à 272
 https://www.cairn.info/revue-regards-croises-sur-l-economie-
2008-1-page-267.htm?contenu=article

§4. La Banque mondiale

La Banque mondiale est formée par la Banque Internationale pour la Reconstruction et le


Développement (BIRD) et l’Association Internationale pour le Développement qui se
consacre aux pays les plus pauvres (AID).
La BIRD et l’IDA œuvrent en étroite collaboration avec les trois autres institutions du
Groupe de la Banque mondiale - la Société financière internationale (SFI), l’Agence
multilatérale de Garantie des Investissements (AMGI) et le Centre International de
Règlements des Litiges relatifs aux Investissements (CIRDI) - , ainsi qu’avec les pouvoirs
publics et le secteur privé des pays en développement, afin de réduire la pauvreté et de
favoriser le partage de la prospérité.

Contrairement à ce que son nom laisserait entendre, il ne s’agit pas d’une Banque mais d’une
institution qui participe au développement des pays les moins riches.
Tout pays qui appartient au FMI peut entrer dans le groupe Banque Mondiale

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A.- La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD)

C’est une « coopérative » mondiale qui appartient à ses 189 États membres.

Première banque de développement du monde, la BIRD appuie la mission du Groupe de la


Banque mondiale en fournissant des prêts, des garanties, des produits de gestion des risques et
des services de conseil destinés aux pays à revenu intermédiaire et aux pays pauvres
solvables, tout en assurant la coordination des actions menées pour faire face aux défis
d’ampleur régionale ou mondiale. 

Créée en 1944 pour aider l’Europe à se reconstruire au lendemain de la Seconde Guerre


mondiale, la BIRD est l’une des institutions composant la Banque mondiale, aux côtés de
l’Association internationale de développement (IDA), qui se consacre aux pays les plus
pauvres.

Section II : Les organisations hors ONU

§1. L’OMC

Créé par l’accord de Marrakech du 15 avril 1994 et entrée en vigueur le 1er janvier
1995, l’OMC a pour mission d’organiser le commerce à l’échelon mondial. Elle succède au
GATT (General Agreement on Tariffs and Trade, accord général sur les droits de douane et le
commerce) et est issue de son dernier cycle de négociation (Uruguay Round, 1986-1993).

A.- Genèse de l’OMC


Au lendemain de la seconde guerre mondiale les Etats-Unis ont proposé sous l’égide du
Conseil économique et social des Nations Unies la création d’une Organisation internationale
du commerce. Cette organisation devait être le troisième pilier d’un vaste ensemble constitué
par ailleurs de la Banque mondiale (BIRD) et du Fonds monétaire international (FMI).
Après trois ans de négociations conduites à la Conférence de la Havane fut élaborée une
charte instituant l’Organisation internationale du commerce (OIC) et comportant un
ensemble de règles destinées à favoriser le CI. Mais cette charte n’entra jamais en vigueur
faute de ratification (y compris par les USA).

Naissance du GATT :
Devant cet échec fut élaboré à la hâte un Accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce (GATT) adopté par 23 pays qui s’étaient consentis des concessions réciproques.
Destiné à favoriser la paix en multipliant les échanges commerciaux entre les nations, il fut
signé à Genève le 30 octobre 1947 et entra en vigueur le 1er janvier 1948.

Contrairement à une opinion très largement répandue, le GATT ne fut jamais une
organisation internationale stricto sensu. Il ne fut pas non plus simplement un traité
multilatéral.
Il devint en fait une véritable instance administrant le traité,
 S’efforçant de régler les différends qui s’élevaient entre ses membres,

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 Instaurant une dynamique qui allait s’exprimer dans les différents cycles de
négociations, appelés « Rounds », entre Etats membres dont l’objet est de diminuer
les obstacles au libre commerce (droits de douane, législations restrictives, quotas..).

On trouve à la base un accord en forme simplifiée (Executive agreement) sur la base


duquel s’est construite empiriquement une organisation avec :
 des organes permanents (sessions des parties contractantes et, dans l’intervalle, les
réunions du Conseil des représentants ; un secrétariat avec un directeur général) ;
 un budget, alimenté par les gouvernements signataires de l’accord général
proportionnelles à leur part dans le commerce mondial ;
 des privilèges et immunités au profit de l’institution et de ceux qui la servent.

Le développement des rounds :

Le GATT a toujours été un centre de négociations permanentes.

Les Etats n’y ont été liés qu’à raison de leur accession et en fonction des engagements qu’ils y
souscrivaient dans le cadre de leur politique commerciale. Mais si les négociations étaient
permanentes, elles s’intensifiaient au moment des rounds.

A chaque round, l’état membre qui entend y participer dresse la liste de ses offres et de ses
demandes de concessions à caractère douanier ou autre.
Il s’établit donc une mécanique croisée selon laquelle l’ouverture des marchés étrangers vers
lesquels un Etat souhaite réaliser des exportations est conditionnée par ses propres offres de
concession.

► Les premiers rounds ont été essentiellement axés sur l’abaissement des barrières
douanières.

►Mais à partir du Kennedy Round (1963-1967) les négociations ont commencé à sortir
du cadre purement tarifaire (réduction des droits de douane et mesures antidumping).

Le Tokyo Round (1973-1979), qui réunit 99 pays et 9/10ème du commerce mondial :


 Permit encore d’obtenir un abaissement important des droits de douane (30%),
 Et aboutit aussi à la conclusion de nombreux accords sur les barrières non
tarifaires (toute mesure entravant la libre circulation des biens et services - quotas,
restrictions à l’exportation/importation, normes techniques - ou toute disposition
susceptible de fausser la concurrence internationale telles que subventions, pratiques
de dumping…).

L’Uruguay Round (8ème round), lancé en 1986 à la conférence de Punta del Este s’acheva
après de longues péripéties à Marrakech le 14 avril 1994.
Ce round a été épineux car il a fallu négocier sur de nouveaux domaines, plus sensibles
(agriculture, services,…), avec beaucoup de pays (123), dans un contexte de crise
internationale. Le besoin d’une instance de décision renforcée pour réguler le commerce
mondial se fait alors sentir : ce sera l’OMC créée en 1994.

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Les résultats de l’Uruguay Round :

►Sur le plan normatif, il comprend :


- un accord multilatéral sur les biens (GATT 1994, comprenant les textes du GATT
assorti de nombreux accords connexes). Il couvre le domaine traditionnel du GATT depuis
son origine.,
- un accord multilatéral sur les services (GATS : General Agreement on trade and
services, AGCS en français). L’inclusion des activités de services dans les disciplines de
l’OMC est d’une certaine manière logique (le secteur des services représente 25% de la valeur
du commerce mondial)
- un accord sur les droits de propriété intellectuelle (TRIPS ou ADPIC). L’accord
couvre les principaux domaines de la propriété intellectuelle : les droits d’auteur et droits
connexes, marques de fabrique ou de commerce, indications géographiques, dessins et
modèles industriels, brevets, schémas de configuration de circuits intégrés et secrets
commerciaux.

Pour chacune de ces catégories, l’accord développe trois types de dispositions.


Il pose des normes de protection minimales qui doivent être prévues dans la législation
nationale de chaque pays à un niveau correspondant à peu près aux principaux pays
industriels.
Il prévoit une protection de l’exercice des droits par la mise en œuvre de procédures
juridiques et de mesures coercitives à la disposition des détenteurs de droits, dans le cadre des
tribunaux et autres organismes nationaux afin de pouvoir faire effectivement respecter leurs
droits.
Il rend les pays responsables au plan international du non-respect de leurs obligations par
l’instauration d’un mécanisme renforcé de règlement des différends.

B. – Fonctionnement de l’OMC

1) Sur le plan institutionnel

Il comporte un accord multilatéral créant l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) ainsi


qu’un mémorandum sur les règles et procédures régissant le règlement international des
différends.
Les règles étant envisagées plus loin (Titre II) , nous nous contenterons de présenter ici les
aspects institutionnels.

L’OMC elle-même :
Il s’agit d’une véritable organisation internationale dotée de la personnalité juridique,
indépendante des Nations Unies, et regroupant la plupart des pays du monde (à ce jour 151
membres) . Elle constitue un système juridique institutionnel unique devant administrer
tous les accords et au sein de laquelle se poursuivront les futures négociations.

Elle se compose de plusieurs organes principaux :


► La Conférence ministérielle :

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Elle regroupe les ministres du Commerce des Etats membres et se réunit au moins tous les
deux ans. Elle doit définir la politique générale de l’OMC et prendre toutes les décisions
relatives aux accords commerciaux multilatéraux. C’est elle qui lance les rounds.

► Le Conseil général
Organe permanent, il est constitué de délégation des Etats (ambassadeurs et chefs de
délégation) et se réunit plusieurs fois par an à Genève, siège de l’organisation.
Il met en œuvre les négociations. Les décisions y sont prises par consensus (cad
unanimité de ses membres).
Il est par ailleurs l’Organe de règlement des Différends

Au soutien de ces organes, présence de conseils qui présentent des rapports au Conseil
général :
 Conseil du commerce des marchandises,
 Conseil du commerce des services,
 Conseils des aspects des droits de propriété intellectuelle (Conseil des ADPIC)

► Le Secrétariat de l’OMC avec, à sa tête, le Directeur Général.


Le Secrétariat n’a pas de pouvoir décisionnel (les décisions sont en effet prises, comme bosu
l’avons vu précédemment, par les membres de l’OMC).
Sa mission consiste à offrir :
 Un appui technique aux différents conseils et comités, ainsi qu’aux conférences
ministérielles,
 Une assistance technique aux pays en développement,
 Une analyse du commerce mondial
Et à exposer l’activité de l’OMC au public et aux médias.

2) L’accession d’un Etat à l’OMC

L'article XII de l'Accord sur l'OMC dispose que l'accession à l'OMC se fera “à des conditions
à convenir” entre le gouvernement candidat et l'OMC. Le processus d'accession à l'OMC est
long et complexe.
Il prend essentiellement la forme de négociations et est assez différent du processus
d'adhésion aux autres organisations internationales, comme le FMI, qui est en grande partie
automatique.

Processus :
(Source : Site wto.org)

Chaque groupe de travail de l'accession prenant ses décisions par consensus, il doit y avoir
accord entre tous les Membres de l'OMC intéressés quant au fait qu'il a été répondu à leurs
préoccupations individuelles et que toutes les questions en suspens ont été résolues au cours
des négociations bilatérales et multilatérales.
Tous les documents examinés par le groupe de travail de l'accession pendant le processus de
négociation font l'objet d'une distribution restreinte jusqu'à l'achèvement du processus.

 Qui peut être candidat? 

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“Tout État ou territoire douanier jouissant d'une entière autonomie dans la conduite de sa
politique commerciale peut accéder à l'OMC à des conditions à convenir entre lui et les
Membres de l'OMC” (article XII de l'Accord sur l'OMC).

 Demande d'accession 
La procédure d'accession débute par la présentation, par écrit, d'une demande officielle
d'accession par le gouvernement candidat. Cette demande est examinée par le Conseil général,
qui établit un groupe de travail chargé de l'examiner à son tour et de lui présenter ses
conclusions pour approbation. Tous les Membres de l'OMC peuvent participer au groupe de
travail.

 Présentation d'un aide-mémoire sur le régime de commerce extérieur


Le gouvernement candidat présente au groupe de travail un aide-mémoire traitant de tous
les aspects de son régime de commerce extérieur et de son régime juridique.
Sur la base de cet aide-mémoire, le groupe de travail effectue une analyse détaillée des faits.
Lors des réunions suivantes, le groupe de travail examine les questions posées par les
Membres de l'OMC sur la base des renseignements figurant dans l'aide-mémoire et des
réponses fournies par le gouvernement candidat.

 Conditions d'accession 
Après avoir examiné sous tous leurs aspects le régime de commerce extérieur et le régime
juridique du gouvernement candidat, le groupe de travail entame les négociations
multilatérales de fond en vue de l'accession, lesquelles permettent de déterminer les
modalités et conditions d'admission applicables au gouvernement candidat. Ces modalités et
conditions comportent des engagements concernant le respect des règles et disciplines de
l'OMC après l'accession et les périodes de transition requises pour apporter les modifications
législatives ou structurelles nécessaires à la mise en œuvre de ces engagements.

 Négociations bilatérales 
Dans le même temps, le gouvernement candidat engage avec les membres du groupe de
travail intéressés des négociations bilatérales sur les concessions et engagements en
matière d'accès aux marchés pour les marchandises et les services.
Ces négociations sont bilatérales car chaque pays a des intérêts commerciaux qui lui sont
propres. Elles portent sur des points clés : les taux de droit de douane, les engagements
spécifiques en matière d’accès aux marchés et d’autres mesures concernant les marchandises
et les services.
Les négociations sont particulièrement importantes et longues car, en dépit de leur caractère
bilatéral, leurs résultats vont déterminer l’ensemble des relations commerciales du pays
candidats avec le reste des Etats membres de l’OMC par application du principe de non-
discrimination.

Les résultats de ces négociations bilatérales sont regroupés dans un document qui fait partie
de l'“ensemble des conditions d'accession” définitives.

 “Ensemble des conditions d'accession” définitives


L'“ensemble des conditions d'accession” comprend trois documents qui reprennent les
résultats des négociations multilatérales et bilatérales susmentionnées. Ces documents sont:
 Le rapport du groupe de travail, contenant un résumé des travaux et des conditions
d'admission, et le protocole d'accession.
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 Les listes d'engagements concernant l'accès aux marchés pour les marchandises et
les services, convenues entre le gouvernement candidat et les Membres de l'OMC.

 Approbation de l'“ensemble des conditions d'accession” 


Une fois que le projet de rapport du groupe de travail, le protocole d'accession et les listes
d'engagements en matière d'accès aux marchés pour les marchandises et les services ont été
mis au point à la satisfaction des membres du groupe de travail, l'“ensemble des conditions
d'accession” est adopté lors d'une réunion finale formelle du groupe de travail.
Les documents sont ensuite présentés au Conseil général ou à la Conférence ministérielle pour
adoption. Une fois approuvé, l'ensemble des conditions d'accession est de nouveau distribué
sous forme de document non restreint.
Deux documents finaux sont publiés :
 La décision du Conseil général
 Le Protocole d'accession du nouveau Membre : annexé au rapport, il dispose que le
pays accède à l'Accord sur l'OMC, il comprend les listes et il énonce les dispositions
finales concernant le délai d'acceptation du protocole et l'accession à l'OMC en tant
que Membre à part entière

 Accession en tant que Membre à part entière 


Après l'approbation du Conseil général ou de la Conférence ministérielle, le candidat peut
alors signer le Protocole d'accession disposant qu'il accepte l'“ensemble des conditions
d'accession” approuvé sous réserve de sa ratification par le parlement national. Le pays
dispose normalement de trois mois à compter de la signature du Protocole d'accession pour
procéder à la ratification.
Trente jours après avoir notifié au Secrétariat de l'OMC qu'il a mené à bien ses procédures de
ratification, le gouvernement candidat devient Membre à part entière de l'OMC.

3) Le mécanisme de règlement des différends :

Le règlement des différends commerciaux est l'une des activités principales de l'OMC.
Un différend naît lorsqu'un gouvernement Membre estime qu'un autre gouvernement Membre
viole un accord de l'OMC ou un engagement contracté dans le cadre de l'OMC.
Depuis 1995, 600 différends ont été soumis à l'OMC et plus de 350 décisions ont été rendues.

Le système de règlement des différends existant a été établi dans le cadre de l’Accord sur
l’OMC au cours du Cycle d’Uruguay. Il est matérialisé par le Mémorandum d’accord sur les
règles et procédures régissant le règlement des différends, appelé communément le
Mémorandum d’accord sur le règlement des différends et, sous sa forme abrégée, le
“Mémorandum d’accord”.
Le Mémorandum d’accord, qui fait l’objet de l’Annexe 2 de l’Accord sur l’OMC, énonce les
procédures et les règles qui déterminent le système de règlement des différends en vigueur.

Ce mécanisme essentiel démontre la volonté des concepteurs de l’OMC de parvenir à


l’instauration d’un véritable système commercial multilatéral dans lequel les règles
substantielles seront assorties de règles prévoyant un recours juridictionnel au sein même de
l’institution qui évite le règlement unilatéral des différends.

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A ainsi été créé l’Organe de règlement des différends (ORD) compétent pour connaître
de tous les litiges susceptibles de s’élever dans le cadre des accords administrés par
l’OMC.

Contrairement à une idée parfois répandue, les entreprises ne peuvent actionner les
procédures contentieuses de l’OMC. Seuls les Etats peuvent y accéder. Il n’existe pas à
l’OMC de recours direct d’une entreprise contre un Etat. Seuls les Etats sont parties à la
procédure même si les dommages commerciaux prétendument subis leur ont été la plupart du
temps signalés par des groupes ou associations d’entreprises nationales.

En cas de litige, une phase préalable de consultations bilatérales pouvant même


comporter une entreprise de conciliation ou de médiation est obligatoire. Si aucune issue n’est
trouvée dans le délai de soixante jours, la partie plaignante pourra demander à l’ORD d’établir
un groupe spécial.
En pratique l’ORD fonctionne en s’appuyant sur un double degré d’arbitrage technique :
 Au premier niveau est nommé un groupe d’experts indépendants choisis sur une
liste constituée par les Etats membres (diplomates, fonctionnaires, universitaires) ou parmi
leurs représentants à Genève. Sur la base d’un mandat, ce panel (ou « groupe spécial ») est
chargé de rédiger un rapport incluant des recommandations de solutions pour l’ORD qui
statue ensuite sur son adoption. Le rapport ne peut être rejeté que par consensus.
 Au deuxième niveau existe une instance d’appel à laquelle peuvent recourir les
Etats membres en cas de désaccord avec les conclusions du panel. L’instance d’appel est, elle,
permanente et composée de juristes professionnels. L’instance d’appel peut infirmer,
confirmer ou modifier les conclusions du panel, dans un rapport qu’elle remet à l’ORD et
dont l’adoption ne peut être rejetée que par consensus.

La partie attaquée doit se conformer aux recommandations de l’ORD :


- S’il refuse de s’y conformer, l’Etat défendeur doit octroyer aux partenaires lésés une
compensation d’importance commerciale équivalente eu préjudice commercial qu’il fait
subir aux autres parties. Pour compenser la perte que représente le relèvement de 10% à 20%
du droit de douane sur un produit A, le pays condamné baisse de 20 à 10% son droit de
douane sur un produit B, pour restaurer un flux d’échanges commerciaux de même valeur. Le
montant de cette compensation doit être négocié par les membres de l’OMC concernés. Elle
doit être en tous les cas compatible avec les accords de l’OMC.

 Si l’Etat défendeur refuse de se soumettre au principe de compensation, il encourt le


risque de voir l’OMC autoriser ses partenaires lésés à lui retirer une concession de
même ampleur : à défaut de compensation s’appliquent alors des rétorsions.
Proportionnellement au préjudice qu’elle subit, la partie lésée va ainsi, après
autorisation de l’ORD, retire des concessions qu’elle avait antérieurement accordées
à l’Etat fautif. Elle va par exemple remonter son propre droit de douane sur u ou
plusieurs produits qu’elle importe de l’Etat fautif pour rétablir l’équilibre antérieur
des échanges. S’il n’y a pas d’accord entre les parties sur le montant des rétorsions,
c’est à l’ORD de les fixer par arbitrage.

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Schéma du processus de règlement des différends

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Ex : l’affaire de la viande aux hormones


L’interdiction d’importation en Europe de viande contenant certaines hormones utilisées par
d’autres pays a été jugée en 1997 non conforme aux règles de l’accord sur les mesures
sanitaires et phytosanitaires (SPS) pour la raison suivante : la Ce n’avait pas fait procéder à
une « évaluation du risque » sanitaire, suffisamment convaincante. La Communauté avait
jusqu’au 13 mai 1999 pour se mettre en conformité. La complexité scientifique du sujet n’a
pas permis de réaliser à temps les études nécessaires, qui sont pour l’instant encore en cours.
La Commission a donc, à la date prévue, informé l’OMC que la Communauté n’était pas en
mesure de lever son embargo. En conséquence, les Etats-Unis et le Canada ont été autorisés
par l’ORD, à compter du 29 juillet 1999, à appliquer des mesures de rétorsion sur certains
produits exportés par la Communauté se traduisant par des droits de douane de 100% . Ces
mesures portent sur 116,8 millions de dollars d’exportations communautaires pour les USA et
sur 7,7 millions de dollars pour le Canada.

Pour une vidéo sur le règlement des différends :


https://www.youtube.com/watch?v=rRVevL051Qk
Cas de l’essence Etats-Unis c/ Vénézulea – Brésil (à partir de la minute 10)
Accords ADPIC à partir minute 18 Etats-Unis c/Japon Législation sur les droits d’auteur :
conciliation – solution à l’amiable. Modification de la loi japonaise.

§2. - Unidroit
L’Institut international pour l’unification du droit privé est une organisation internationale
dirigée par un Président italien. Elle est vouée à l’étude de l’harmonisation et de l’unification
du droit privé ainsi qu’à leur réalisation.
Dans le domaine du droit du commerce international, l’activité d’Unidroit a été longtemps
exclusivement tournée vers l’unification du droit de la vente. Elle a été associée aux travaux
de la CNUDCI ayant abouti à la Convention de Vienne.

§3.- La Chambre de commerce internationale


Il ne s’agit pas d’une organisation internationale, mais d’une institution privée constituée
de représentants du milieu des affaires international. Créée en 01920, il s’agit d’une
association de droit français (loi 1901) ayant son siège à Paris.
Elle est constituée de représentants de différents pays membres désignés par les comités
nationaux qui représentent les milieux économiques et professionnels.
Elle abrite un centre d’arbitrage extrêmement important : la Cour internationale
d’arbitrage de la CCI.

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D’autre part, elle poursuit une activité soutenue dans le domaine de la codification des
usages et pratiques. On retrouvera plus loin dans notre cours les Incoterms (règles
internationales pour l’interprétation des termes commerciaux).

Chapitre II : Les organisations à vocation régionales

Les Etats organisent également le commerce international à l’échelon régional, aussi bien
en Europe que dans d’autres zones géographiques.

Section I : Les organisations en Europe

La plus connue est bien évidemment l’Union Européenne. Mais, même si elle s’est
notablement élargie depuis son origine pour comprendre aujourd’hui 27 membres, certains
pays européens n’en font pas partie. Pour autant, ils organisent tout de même leurs relations
avec l’UE. Il s’agit de l’AELE et de l’Espace Economique Européen.

A. – L’Union Européenne

L’article XXIV du GATT prévoit que les dispositions de l’accord ne font pas obstacle à
l’établissement entre les territoires des parties contractantes d’une union douanière ou d’une
zone de libre échange à condition que cela n’entraîne pas, pour le commerce des Etats
membres de l’OMC qui sont tiers à cette union, zone ou accord, une aggravation des droits de
douane ou des réglementations en vigueur dans les territoires constitutifs.

La Communauté européenne , créée par le traité de Rome du 25 mars 1957 sous le


nom de CEE, est désormais l’une des communautés constitutives de l’Union européenne
instituée par le Traité de Maastricht du 7 février 1992 (CECA et EURATOM).

A l’origine, la CE, était une simple Union douanière, c’est-à-dire un espace dans lequel
les Etats membres supprimaient la plupart des obstacles à la circulation des biens et des
services, adoptaient en outre une réglementation et un tarif douanier communs à l’égard des
pays tiers.

Avec la mise en place du marché unique entre les 12 Etats membres le 1 er janvier 1993,
elle est devenue un Marché commun, c’est-à-dire un espace dans lequel les personnes, les
biens, les services et les capitaux circulent librement.

Le traité de Maastricht prévoyant une union économique et monétaire renforce


l’intégration en prévoyant des politiques macro-économiques communes et une monnaie
unique.

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Les Etats qui composent l’UE (désormais au nombre de 27) ont mis en place des
institutions communes auxquelles ils délèguent une partie de leur souveraineté sur des
questions spécifiques d’intérêt commun.
L’UE produit donc de la norme via ses organes, norme qui est applicable sur
l’ensemble du territoire de manière plus ou moins directe suivant qu’il s’agit de règlements ou
de directives.

B.- L’AELE (Association Européenne de libre-échange)

C’est une organisation intergouvernementale qui vise à promouvoir le libre-échange et


l’intégration économique au profit de ses quatre Etats membres que sont l’Islande, le
Liechtenstein, la Norvège et la Suisse. L’organisation se fonde sur la convention AELE ainsi
que sur un réseau mondial d’accords de libre-échange et de partenariat.

L’Association européenne de libre-échange (AELE) est une zone de libre-échange dépourvue


d’ambitions politiques. Contrairement à l’UE, l’AELE n’est pas une union douanière. Par
conséquent, chacun de ses pays membres peut déterminer librement ses tarifs douaniers et sa
politique commerciale vis-à-vis des pays tiers.

L’AELE a été instituée en 1960 par la Convention de Stockholm dans le but d’éliminer les
droits de douane sur les produits industriels pour favoriser le commerce entre ses Etats
membres.

En 2001, un accord portant sur le renouvellement de la convention a permis de compléter le


texte par des dispositions couvrant notamment les services, les mouvements de capitaux et la
protection de la propriété intellectuelle.

Depuis les années 90, les Etats de l’AELE utilisent l’organisation comme plateforme
pour négocier des accords de libre-échange avec des Etats tiers non membres de l’UE.
L’AELE dispose en 2013 d’un réseau de 25 accords impliquant 35 pays partenaires. D’autres
accords sont en cours de négociation.

L’AELE a par ailleurs bien évidemment conclu un accord plus général avec l’UE en
créant l’Espace Economique Européen afin d’établir entre tous les Etats membres des
avantages économiques et commerciaux, et également d’adopter des solutions juridiques
communes.

C.- L’EEE (Espace Economique Européen)

L'Islande, le Liechtenstein et la Norvège sont des Etats membres de l'Espace économique


européen (EEE) né d’un Accord d’association signé à Porto en 1992 entre La CEE et les Etats
membres de l’AELE.
L'adhésion de la Suisse à l'accord sur l'EEE fut rejetée en votation populaire en 1992. Depuis,
la Suisse a négocié de nombreux accords bilatéraux sectoriels avec l'UE. La qualité de
membre de l'AELE lui garantit un statut d'observateur au sein du pilier AELE de l'Espace
économique européen. Cette activité permet à la Suisse de suivre de près l'évolution de l'EEE
et du droit de l’UE.

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Pour la mise en œuvre des obligations découlant de l'EEE, l'AELE a institué une autorité de
surveillance et une cour de justice AELE.

Un accord datant de 1994 regroupe les Etats membres de l’UE et les trois pays de l’EEE
au sein d’un marché unique, appelé aussi « marché intérieur ». Il est régulièrement adapté
à l'évolution du droit de l’UE (appelé acquis communautaire). A l'exception de la Suisse, tous
les pays de l'AELE ont ratifié l'accord sur l'EEE.

L’accord EEE est un peu particulier :

 Il généralise aux membres de l’AELE l’acquis communautaire dans certains


domaines en échange d’un droit de consultation lors de la préparation des directives
communautaires :
 Il assure la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux
et des personnes,
 Il inclut des accords encadrant la politique de la concurrence, la
protection des consommateurs ou l’éducation

 Il exclut de son champ d’application les produits agricoles non-transformés ainsi que
les produits de la pêche et ne prévoit pas de coordination douanière.

Du fait de son périmètre, on peut considérer que c’est une union économique sans union
douanière.

Section II : Les organisations en dehors de l’Europe

Pour mémoire :
- UEMOA (Union Economique et Monétaire de l’ Afrique de l’Ouest)
- OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du droit des affaires)
- ALENA (North American Free Trade Agreement)
- MERCOSU (Marché Commun d’a

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