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ECONOMIES EMERGENTES
1
PLAN
1- Introduction
Bref historique sur l’OMC,
Définition des économies émergentes
2
INTRODUCTION
L’OMC naît le 1er janvier 1995, après la signature des accords de Marrakech en
avril 1994, qui clôt le cycle d’Uruguay (cycle de négociation dans le cadre du
GATT qui a duré de 1986 à 1994). Elle compte désormais 164 membres et
supervise ainsi la quasi-totalité des échanges commerciaux mondiaux.
1
FONTANEL JACQUES, « Le commerce international est-il un facteur de paix ? », Politique étrangère, vol.
printemps, no. 1, 2014, p. 57
2
Dominique Carreau, Patrick Juillard et Thiebaut Flory. « Droit international économique ». Paris: Librairie
Generate de Droit et de Jurisprudence, 1978
3
l'agriculture, les services et la propriété intellectuelle, qui faisaient déjà l'objet de
discussions3.
Les pays émergents sont des économies qui par leur taille (production par
exemple – voir le PIB)4 et leur potentiel (population – nbre d'habitants - et
richesse du sol par exemple) sont capable de concurrencer les économies
avancées que sont les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne ou la France.
« Les critères pour définir les pays émergents sont variables, et il n’y a pas trop
consensus entre évaluateurs. On peut les définir comme des pays à population
importante, dotés d’institutions stables, d’un marché intérieur en expansion et
d’une croissance économique rapide »5.
3
https://www.wto.org/french « le cycle de doha »
4
Le décollage requiert trois conditions :
– une hausse du taux d’investissement productif, passant par exemple de 15% à
30% du PIB ;
– le développement d’un ou plusieurs secteurs manufacturiers, avec un fort rythme
de croissance ;
– l’existence ou l’émergence rapide d’un système politique, social et institutionnel
qui, en exploitant finement l’expansion initiale dans le secteur moderne et les
potentiels effets externes économiques du décollage, arrive à donner à la
croissance un caractère continu. Source : L’EMERGENCE ECONOMIQUE DES NATIONS : DEFINITION ET
MESURE , Moubarack LO, https://www.afdb.org/.
5
Source : le dessous des cartes, http://ddc.arte.tv/nos-cartes/le-basculement-de-la-richesse.
4
dispositifs de prise de décision qui entraînera, à terme, une refonte profonde des
institutions internationales ?6
6
Mehdi Abbas « Émergence et dynamique institutionnelle multilatérale » : le NAMA-11 dans la négociation de
l'Organisation mondiale du commerce Dans Mondes en développement 2015/1(n°169), pages 77 à 92
ÉditionsDe Boeck Supérieur
7
Le Monde, editorial « Le déclin de l’OMC, une menace pour la stabilité mondiale, publié le 28 décembre 2022
8
Site officiel de l ’OMC , https://www.wto.org/french/news, allocution le 5 mai 2021.
5
tribunal d'appel de l'Organisation mondiale du commerce. Ce veto paralyse
l'institution, qui se retrouve dans l'incapacité de jouer son rôle de vigie
Les cinq pays émergents (BRICS, bresil , russie, inde , chine et afrique du sud )
ont également demandé « à tous les membres de l'Organisation mondiale du
commerce (OMC) de respecter les règles de cette dernière et d'honorer leurs
engagements dans un système de commerce multilatéral » 9. Un appel visant
directement les États-Unis, qui ont déclenché les hostilités commerciales en
imposant des taxes douanières sur l'acier et l'aluminium, dont la cible est
d’abord la Chine. En décembre 2018,
. Par conséquent, il convient dans une première partie de notre analyse de mettre
l’accent sur l’importance de l’OMC en tant que instrument indispensable de
la gouvernance économique mondiale (1 PARTIE) mais il semble
aujourd’hui, que l’OMC est profondément affaiblie, les règles qui ont
entouré pendant près de trois décennies les échanges internationaux sont en
train d’être complètement détruites c’est pourquoi les économies
émergentes sont à la recherche d’une meilleure alternative à l’OMC (2
PARTIE)
9
Boris Vinogradov, La Russie et les États BRICS à l’OMC quelle stratégie pour les économies émergentes,
Centre Roland Mousnier. UMR 8596 Sorbonne Université 75005 vinogradovboris@live.fr
10
Jules Fleury, Quelle est la place des pays en développement au sein du système commercial multilatéral ?,
mémoire année Académique 2018-2019, FACULTÉ DES LANGUES ET CULTURES ÉTRANGÈRES, NANCY
6
(CHAPITRE 1) en outre l’OMC a mit en place un ensemble de principes et
règles multilatérales qui favorisent les économies émergentes (CHAPITRE 2)
par ailleurs, l’OMC constitue le cadre propice pour les règlement des différends
commerciaux entre les grandes puissances et les autres pays plus spécialement
les E E ( CHAPITRE 3) .
Plusrieurs membres de l'OMC sont des pays émergeants ou font partie des pays
en développement. La question de savoir si les intérêts des pays émergeants sont
suffisamment pris en compte à l'OMC est toujours débattue. Mais même les plus
critiques des ces pays reconnaissent que le système leur offre des avantages.
En fait, peu d'économistes contestent que le commerce, s'il se déroule
convenablement, est essentiel au développement.
Tous les Accords de l'OMC contiennent des dispositions spéciales en faveur des
pays émergeants, prévoyant notamment des délais plus longs pour la mise en
œuvre des accords et des engagements, des mesures pour accroître leurs
possibilités commerciales et une assistance pour les aider à mettre en place
l'infrastructure nécessaire pour les activités de l'OMC, à régler les différends et à
appliquer les normes techniques.
Les besoins des pays émergeants peuvent également être invoqués pour justifier
des mesures qui ne seraient normalement pas autorisées en vertu des accords,
comme l'octroi de certaines subventions publiques.
Les négociations et les autres activités lancées à la Conférence ministérielle de
Doha en novembre 2001 portent sur de nombreuses questions qui intéressent les
pays E.
Enfin, bien que l'OMC ne soit pas un organisme d'aide, elle a un rôle à jouer,
notamment comme tribune et centre d'échange d'informations sur l'aide au
développement liée au commerce.
7
Étant chargée de coordonner le programme d'Aide pour le commerce, l'OMC
réunit régulièrement les donateurs, les organismes de développement, les
gouvernements bénéficiaires et le secteur privé. Ce dialogue permet de mettre en
relief ce qui est fait et ce qui est nécessaire et d'encourager l'élaboration de projets
plus adaptés.
Les pays donateurs et les pays bénéficiaires ont répondu à ces efforts. Les pays
donateurs ont engagé en moyenne 40 milliards de dollars 11 par an dans des
programmes de développement liés au commerce, tandis que les pays bénéficiaires
ont réussi à définir les domaines spécifiques dans lesquels une aide est nécessaire
et à intégrer le commerce dans leurs stratégies de développement.
11
https://www.wto.org/french/thewto_f/whatis_f/ « L'OMC peut… aider les pays à se développer »
12
Selon la définition donnée par l’OCDE, un investissement direct étranger est une activité par laquelle un
investisseur résidant dans un pays obtient un intérêt durable et une influence significative dans la gestion d’une
entité résidant dans un autre pays. Cette opération peut consister à créer une entreprise entièrement nouvelle
(investissement de création) ou, plus généralement, à modifier le statut de propriété des entreprises existantes
(par le biais de fusions et d’acquisitions).
8
chinoise13 Selon le rapport 2007 sur l’investissement dans le monde, réalisé par la
Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), le
secteur manufacturier reçoit 63 % du capital étranger, tandis que les investissements
directs étrangers des services sont fortement concentrés dans l’immobilier. Les plus
grands fabricants d’ordinateurs, de produits électroniques, d’équipements de
télécommunication et de produits pharmaceutiques, ou encore, les constructeurs
d’automobiles ont massivement investi en Chine. On soulignera la présence des
compagnies telles que Nokia, Ericsson, Siemens, Sony, Audi, Renault, Mercedes, etc.
sur le vaste marché chinois14
Jusqu’à présent, les alliances nouées entre l’Inde, la Chine et le Brésil ont marqué
quelques points. À titre d’exemple, sous l’impulsion de l’Inde, l’alliance Sud-Sud a
joué lors de la conférence de l’OMC à Doha en 2001 sur la question des médicaments
génériques ou encore sur la question du textile sous l’influence de la Chine. Plus
globalement, nous retiendrons la création du G20 sous l’impulsion du Brésil
13
Cf. la note de synthèse du numéro spécial Chine (juillet 2008), publiée par le ministre français de l’Écologie,
de l’Énergie et du Développement durable et de l’Aménagement du territoire, sur la base des données
statistiques de l’OCDE.
14
cf. Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, Rapport sur l’investissement dans le
monde, 2007.
15
Inès Trépant , Pays émergents et nouvel équilibre des forces, Courrier hebdomadaire du CRISP 2008/6-7
(n° 1991-1992), pages 6 à 8
9
CHAPITRE 2 ; LA MISE EN PLACE DES REGLES MULTI- LATERALES
FAVORABLES AUX E E
Les Accords de l’OMC sont longs et complexes car ce sont des textes
juridiques portant sur un large éventail de domaines d’activité: agriculture, textiles
et vêtements, activités bancaires, télécommunications, marchés publics, normes
industrielles et sécurité des produits, réglementation relative à l'hygiène
alimentaire, propriété intellectuelle, et bien plus encore. Cependant, un certain
nombre de principes simples et fondamentaux qui sont en faveur de économies
émergentes et qui constituent le fil conducteur de tous ces instruments. Ils sont le
fondement du système commercial multilatéral a savoir le principe de non-
discrimination (SECTION 1) la libéralisation du commerce de manière progressive
et par voie de négociation (SECTION 2) la promotion d’une concurrence loyale
(SECTION 3) et l’encouragement du développement et reformes économiques
(SECTION 4) .
10
circonstances limitées, recourir à la discrimination. Cependant, les exemptions ne
sont autorisées dans les accords que sous réserve de conditions rigoureuses. D’une
manière générale, la clause NPF signifie que, toutes les fois qu’un pays réduit un
obstacle tarifaire ou ouvre un marché, il doit le faire pour les mêmes biens ou
services provenant de tous ses partenaires commerciaux, que ceux-ci soient riches
ou pauvres, faibles ou puissants.
2. Traitement national: égalité de traitement pour les étrangers et les
nationaux. Les produits importés et les produits de fabrication locale doivent être
traités de manière égale, du moins une fois que le produit importé a été admis sur le
marché. Il doit en aller de même pour les services, les marques de commerce, les
droits d’auteur et les brevets étrangers et nationaux. Ce principe du “traitement
national” (accorder à d’autres le même traitement que celui qui est appliqué à ses
propres nationaux) figure aussi dans tous les trois principaux Accords de l’OMC
(article 3 du GATT, article 17 de l’AGCS et article 3 de l’Accord sur les ADPIC),
même si, là encore, il est énoncé en des termes légèrement différents d’un accord à
l’autre.
Le traitement national s’applique uniquement une fois qu’un produit, service ou
élément de propriété intellectuelle a été admis sur le marché. Par conséquent, le
prélèvement de droits de douane à l’importation n’est pas contraire à ce principe
même lorsque aucune taxe équivalente n’est perçue sur les produits de fabrication
locale.
12
CHAPITRE 3 : L’OMC UN CADRE DE REGLEMENT DE LETIGES ENTRE
GRANDES OUISSANCES ECONOMIQUES EST E E
13
SECTION 2 : Les E E sont plus actifs dans les différends soumis à
l'OMC.
plus de 400 différends ont été portés devant l'OMC depuis sa création en 1995. S'il
n'avait pas été possible de les résoudre de manière constructive et harmonieuse,
certains auraient pu dégénérer en conflits politiques plus graves.
Moins de la moitié des différends ont abouti à l'établissement de groupes spéciaux.
Beaucoup ont été résolus grâce à des discussions entre les parties et n'ont jamais
atteint le stade du groupe spécial.
Plus de 90 pour cent des décisions ont été respectées par les pays défendeurs, et
moins de 4 pour cent ont abouti à des sanctions de la part des pays plaignants.
La durée moyenne d'une procédure de groupe spécial est de dix mois. Dans les
autres organisations internationales, ou même dans les tribunaux nationaux, une
procédure peut durer deux à cinq ans.
Le nombre annuel de différends a globalement diminué. Les pays en
développement sont actifs, ce qui reflète leur participation croissante au
commerce. Toutefois, leur part dans les différends — comme plaignants ou comme
défendeurs — a fluctué au fil des années.
14
SECTION 1 : LA PARALYSIE DE L’ORGANE D’APPEL DE L’OMC
Les choses ne se passèrent cependant pas comme prévu. D’une part, l’Organe
d’appel a été saisi pour contester plus des deux tiers des décisions de l’ORD
depuis sa création. D’autre part, il a fréquemment pris position contre les
mesures anti-dumping, en particulier celles appliquées par les Etats-Unis pour
contrer la politique chinoise de subsides aux entreprises publiques – une
préoccupation pourtant partagée par nombre d’Etats membres de l’OMC.
Il apparaît que l’Organe d’appel a outrepassé son rôle, en interprétant les règles
dans le but de réduire la marge d’action pourtant prévue pour se protéger contre
le dumping. Le rôle des fonctionnaires qui assistent les membres de l’Organe
d’appel, qui ne siègent qu’à temps partiel, est pointé du doigt par les Etats-Unis
qui exigent une profonde réforme.
Dans ces circonstances, les pays peuvent porter plainte devant l’OMC s’ils
estiment qu’une pratique est anticoncurrentielle
15
dangereuse, qui risque d’aboutir à la primauté de la loi du plus fort, au pire
moment.
Dès 2016, Donald Trump avait mis en évidence les limites d’une institution à
bout de souffle. La critique n’était pas infondée, mais, au lieu de travailler à la
remise à plat de l’organisation par une nouvelle gouvernance et une réforme de
son mode de fonctionnement, les Etats-Unis ont préféré adopter la politique du
pire en paralysant l’organe de règlement des différends, l’instance d’arbitrage de
l’OMC.
L’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche avait suscité des espoirs pour
donner un nouvel élan au multilatéralisme. En vain. Depuis 2020, le président
américain s’est mis dans les pas de son prédécesseur en faisant de la
réindustrialisation des Etats-Unis sa priorité. Le gigantesque plan de subventions
voté cet été en faveur de la transition écologique, l’Inflation Reduction Act,
bafoue éhontément les règles de l’OMC.
Ces tensions avec l’UE s’ajoutent à la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis.
Les deux tiers du commerce entre les deux pays ne respectent pas les règles
de l’OMC. Quand les deux plus grandes puissances mondiales
s’affranchissent de ce cadre, difficile de demander aux autres pays de
continuer à jouer le jeu.
16
L’impasse est devenue totale avec l’arrivée au pouvoir de l’Administration
Trump aux Etats-Unis, qui a déclaré la « guerre commerciale » 16 à la Chine et
menacé de sortir de l’OMC. Si la pression a depuis lors baissé avec
l’Administration Biden, les tensions avec la Chine restent vives et la guerre en
Ukraine aggrave les tensions internationales, les sanctions commerciales, la
flambée des prix des matières premières et les ruptures d’approvisionnement.
Avec l’accession de la Russie à l’OMC, tous les pays membres du BRICS, font
désormais partie de l'Organisation mondiale du commerce. « En 2017 , les pays
membres ont un PIB combiné d’environ 15 000 milliards de dollars. Ils
représentent […, à cette date,…] 19,3 % du produit mondial brut ; 42,7 % de la
16
Arnauld Zoucharie « L’heure est venue de refonder l’Organisation mondiale du commerce » 9 juin 2022,
source : Centre national de coopération au développement (CNCD), Belgique , cncd/be .
17
la banque Goldman Sachs a introduit en outre la notion de « BRIC », un acronyme formé des initiales du
Brésil, de la Russie, de l'Inde et de la Chine, des pays qui se distinguaient par leur croissance rapide. Source :
https://www.sciencespo.fr/ceri/sites/sciencespo.fr.ceri/files/grp_cj_jm.pdf
17
population mondiale ; et ont représenté plus de 50 % de la croissance
économique mondiale au cours des dix dernières années » (Chohan U., 2019) 18.
Les États membres des BRICS essaient d’augmenter leur poids au sein de
l’OMC, sans toutefois détruire les principes de fonctionnement de l’organisation
dans la mesure où celle-ci sert leurs intérêts. Les économies émergentes,
membres du BRICS ont des points de vue communs sur la nécessité de réformer
l'ordre économique existant par le biais de l'OMC ou d'autres 8 organisations.
Les BRICS s’appuient sur plus de 50 mécanismes de coopération. Plus de 20
domaines d’interaction sont à l’ordre du jour. Les dirigeants des BRICS se sont
mis d'accord sur 660 décisions précises. Malgré le fait que les critiques
qualifient souvent les BRICS d'association politique, près de 160 engagements
(25%) ont été pris dans le domaine de l'économie, du commerce et des finances.
En même temps, les pays membres de BRICS sont à la fois des économies
émergentes et des acteurs politiques de premier plan (Nougayrède, 2010): au
G20 et au sein du Fonds monétaire international (FMI) sur les questions du
nucléaire iranien et de l'environnement, ils jouent désormais dans la cour des
grands. Le Brésil, la Russie, la Chine et l’Inde sont des pays bien différents,
mais ils partagent tous un même objectif : remettre en cause le statu quo et la
domination des actuels pays riches (G7) dans les relations internationales et
contribuer à redessiner une nouvelle carte du monde où ils auront la place qui
leur revient. La mise en place de leurs propres institutions est en effet un part de
la stratégie qu’adoptent les BRICS pour réaliser les objectifs mentionnés au-
dessus. Cependant, l’existence d’institutions créées par les BRICS ne signifie
pas que ces derniers refusent de coopérer dans le cadre de formats établis. La
participation active des BRICS au sein des institutions de Bretton Woods, la
BIRD6 et le FMI (Kazuhiko Y., 2015 : 324)7 , de l'OMC et du G20 reste une
priorité pour ce groupe de cinq pays. En juillet 2014, les BRICS décident de
créer la « Nouvelle banque de développement » se posant en alternative à la
Banque mondiale et au FMI. La Nouvelle banque de développement a pour
mission première de doter ses membres d’une capacité de résistance face à de
futurs chocs financiers. Elle veille également à aider des nations tierces à faire
face aux soubresauts économiques que ne manquent pas d’occasionner un
éventuel relèvement des taux de la Fed (Banque centrale des États-Unis).
Cependant, les désaccords entre les pays-membres des BRICS sont certes bien
réels : le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud sont des démocraties, certains
imparfaites, alors que la Chine et la Russie sont des régimes autoritaires. Le
Brésil et la Russie exportent des matières premières alors que la Chine en
importe (Della Costa Stuenkel O., 2016) ; c’est d’ailleurs l’un des principaux
motifs de son intérêt pour les autres BRICS. Les pays des BRICS semblent être
de plus en plus divisés19 sur une série de problèmes géopolitiques et
18
La Russie et les États BRICS à l’OMC : quelle stratégie pour les économies
émergentes ? Boris Vinogradov Centre Roland Mousnier. UMR 8596 Sorbonne Université
19
Les stratégies des pays émergents au sein de l'Organisation mondiale du commerce Cornelia Woll, Dans
L'enjeu mondial (2008), page 9
18
géoéconomiques (Manière, 2015). Leurs propres intérêts nationaux semblent
être assez souvent opposés à ceux des autres membres. À titre d’exemple on
peut citer les différends entre le Brésil et l’Inde dans le domaine d’agriculture.
En conséquence, les BRICS semblent aujourd’hui manquer d’une « voix
commune » au nom des pays du Sud, et donc ils ne peuvent pas articuler les
intérêts des pays en voie de développement avec autant de persuasion. Les pays
BRICS se livrent ainsi depuis quelques années à des exercices plutôt unilatéraux
ou bilatéraux, loin des objectifs affichés de déterminer une politique commune
pour les économies dites « émergentes »
En ce qui concerne plus particulièrement les BRICS, la Chine et la Russie n’ont
pas soutenu l’élargissement du Conseil de sécurité des Nations unies afin de
donner un siège au Brésil, à l’Inde ou à l’Afrique du Sud
Le Brésil, la Russie, la Chine et l’Inde et l’Afrique du sud sont des pays bien
différents, mais ils partagent tous un même objectif : remettre en cause le statu
quo et la domination des actuels pays riches (G7) dans les relations
internationales et contribuer à redessiner une nouvelle carte du monde où ils
auront la place qui leur revient.
19
participation active des BRICS au sein des institutions de Bretton Woods, de
l'OMC et du G20 reste une priorité pour ce groupe de cinq pays.
20
devenu assez problématique pour les Etats de financer les dépenses
sociales en augmentant les impôts, ou de faire respecter des normes dans
des domaines comme les conditions de travail, ou de soutenir des
activités stratégiques, sans être accusés, soit de léser ou de favoriser leurs
propres exportateurs, soit de faire obstruction au libre-échange, etc. En
d’autres termes, la mondialisation semble avoir déstabilisé les piliers du
pouvoir légitime de l’Etat et rendu moins évidente la faisabilité des
politiques nationales, en introduisant une logique économique de
compétition territoriale et en réduisant la marge de manœuvre des
politiques économiques (Yacoub, 2008).
SECTION 2 : les défis que l’OMC doit relever pour rassurer les E E
21
https://umeci.org.ci/wp-content/uploads/2020/05/Cours-de-DROIT-INTERNATIONAL-ECONOMIQUE
21
insupportable ?22 Qu’attendre encore d’une organisation fondée pour réguler
l’échange de produits manufacturés destinés à l’amélioration de bien-être
individuels, alors qu’elle est confrontée aujourd’hui à la nécessité de réguler
des activités et des biens immatériels comme le sont les services et les brevets,
et à contribuer à la bonne gestion de biens publics mondiaux ? Qu’attendre
enfin de l’OMC alors que les crises majeures, économique, environnementale,
que nous traversons rendent nécessaire une révision des fondements théoriques
de l’économie de marché.
Conclusion
22
Gouvernance mondiale Rapport de synthèse Pierre Jacquet, Jean Pisani-Ferry et Laurence Tubiana, rapport
du conseil d’analyses économiques n37 nancy mai 2012 . source : https://cae-eco.fr/staticfiles/pdf/037.pdf
23
Hervé Ascensio, Droit international économique, p 16 Parution : 05/2018 Editeur : Presses Universitaires de
France
22
En vingt ans, l’économie politique globale a considérablement changé :
nouvelles puissances commerciales ascendantes, croissance inédite du
bilatéralisme, apparition de méga-accords transrégionaux, développement des
chaînes de valeur mondiales. Et chacune de ces mutations contribue à
l’enlisement des négociations et à la marginalisation de l’OMC.
Une chose est certaine : l’impasse dans laquelle se trouve l’OMC met fin aux
grands cycles de négociations et à l’engagement unique comme incitation au
compromis. Le système évoluerait-il vers une série de négociations en comités
restreints avec une OMC veillant à la cohérence de l’ensemble ? Cela résoudrait
le problème des modalités, mais laisserait entière la question de la substance des
négociations
Tant l’orientation régionale des BRIC que leurs timides initiatives bilatérales
s’expliquent davantage par leur volonté de créer des alliances stratégiques que
par leur motivation à dynamiser leurs exportations. Cependant, une
contradiction inhérente réside au cœur de cette logique. Si, d’un côté, leurs
accords régionaux et bilatéraux renforcent leurs positions de puissances
régionales et de porte-paroles des pays en développement, ils ne parviennent
toujours pas à utiliser ces négociations comme leviers pour promouvoir les
normes qu’ils revendiquent au niveau multilatéral 25. Cette opportunité manquée
illustre la dissonance entre les discours des BRIC et la mise en œuvre de leurs
programmes de libéralisation. Une coopération Sud-Sud plus cohérente reste
donc à achever.
BIBLIOGRAPHIE
24
Mehdi AbbasL’OMC face aux enjeux de la nouvelle économie globale, Centre d’études sur l’intégration et la
mondialisation (CEIM) Faculté de science politique et de droit Université du Québec à Montréal
25
Jean Frédéric Morin, La brique des BRIC ou les grands pays émergents et la construction du système
commercial, Institut du développement durable et des relations internationales, N° 02/2008 | GOUVERNANCE
GLOBALE
23
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1- Dominique Carreau, Patrick Juillard et Thiebaut Flory. Droit international economique. Paris:
Librairie Generate de Droit et de Jurisprudence, 1978
2- Hervé Ascensio, Droit international économique, Parution : 05/2018 Editeur : Presses
Universitaires de France
7- Jean Frédéric Morin, La brique des BRIC ou les grands pays émergents et la construction du
système commercial, Institut du développement durable et des relations internationales, N°
02/2008 | GOUVERNANCE GLOBALE
&- ARTICLES :
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Les grands dossiers des sciences humaines (N°24, septembre-octobre-novembre 2011), p. 72-
75
8-La Russie et les États BRICS à l’OMC : quelle stratégie pour les économies
émergentes ? Boris Vinogradov Centre Roland Mousnier. UMR 8596 Sorbonne Université
9-Mehdi AbbasL’OMC face aux enjeux de la nouvelle économie globale, Centre d’études sur
l’intégration et la mondialisation (CEIM) Faculté de science politique et de droit Université
du Québec à Montréal
10- Dimitri Uzunidis, Lamia Yacoub « La Gouvernance de l'économie mondiale et le
renouveau des politiques économiques actives dans les pays en développement », Marché et
organisations 2009/2 (N° 9),
11- Le déclin de l’OMC, une menace pour la stabilité mondiale
ÉDITORIAL
Le Monde, éditorial « Le déclin de l’OMC, une menace pour la stabilité mondiale, publié
le 28 décembre 2022
24
&- RAPPORTS :
10-Perspectives de l’économie mondiale, une reprise cahoteuse, rapport FMI , avril 2023 .
Source : https://www.imf.org/f
11- Gouvernance mondiale Rapport de synthèse Pierre Jacquet, Jean Pisani-Ferry et Laurence
Tubiana, rapport du conseil d’analyses économiques n37 nancy mai 2012 . source :
https://cae-eco.fr/staticfiles/pdf/037.pdf
12- l‘OMC A 20 ANS DEFIS ET REALISATIONS : source : https://www.wto.org/
septembre 2015
25
TABLE DES MATIERES
Partie 1 : L’OMC : UNE ORGANISATION INDISPENSABLE POUR LES E E
CHAPITRE 1 : L’OMC UN CADRE DE COOPERATION INSTITUTIONALISER
POUR LES E E
SECTION 1 : la place de plus en plus importante qu’occupe les économies
émergentes au sien de l’OMC
SECTION 2 : l’impact de ce rôle aussi bien sur les E E que sur le commerce mondial
26