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L’essentiel du cours

L’enjeu des biens publics mondiaux dépasse le cadre des frontières nationales et pose la
double question de la faible incitation des États à les prendre en compte individuellement,
mais également de leur insuffisante production. Ces biens supposent, dès lors, une action
collective internationale.

I. Les modes de gestion institués par la coopération internationale


A. La signature d’accords internationaux
L’absence de gouvernement mondial nécessite la concertation des différents États du monde
pour améliorer l’efficacité des marchés, ainsi que pour produire et gérer les biens publics
mondiaux, indispensables au développement de l’ensemble des nations.
On parle de « gouvernance mondiale » pour désigner l’ensemble des réflexions et décisions
prises au niveau mondial, débouchant sur la signature de traités, de lois et de protocoles
internationaux.
Exemples : le protocole de Kyoto de 1997 et l’accord de Paris (COP21) sur le climat.
Ces accords sont négociés, le plus souvent, dans le cadre des institutions internationales.

B. La délégation à des institutions internationales


De nombreuses organisations internationales ont été créées pour pallier des « maux » publics
mondiaux ou prendre en charge la production et la gestion de biens publics mondiaux, par
exemple :
– le Fonds monétaire international (FMI), dont le rôle est de « promouvoir la coopération
monétaire internationale, de garantir la stabilité financière, de faciliter les échanges
internationaux, de contribuer à un niveau élevé d’emploi, à la stabilité économique et de faire
reculer la pauvreté » ;
– l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dont l’objectif est d’amener tous les peuples du
monde au niveau de santé le plus élevé possible ;
– l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), qui
veut contribuer au maintien de la paix et de la sécurité dans le monde en resserrant, par
l’éducation, la science, la culture et la communication, la collaboration entre nations ;
– l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

C. Des modalités d’action contraignantes ou incitatives


1. Des mesures contraignantes pour les agents économiques
Concernant la lutte contre le réchauffement climatique, des réglementations ou des normes
techniques sont instaurées afin de contraindre les agents à faire ce qui va dans le sens de
l’intérêt général.
Exemple : l’interdiction d’utiliser certains produits nocifs pour l’atmosphère.

2. Des incitations permettant de modifier les comportements


Des mesures incitatives comme la fiscalité, basée sur le principe du pollueur-payeur,
permettent d’encourager les agents à limiter la pollution car ils en paieront le coût. Ainsi, la
fiscalité est un outil permettant d’orienter les décisions des agents économiques, de manière à
Chapitre 12 – La gestion des biens publics mondiaux
préserver certains biens publics mondiaux.

Chapitre 12 – La gestion des biens publics mondiaux


La fiscalité est également un moyen permettant de dégager des ressources financières
considérables pour la production et la gestion de biens publics au niveau mondial.
Exemple : le projet de taxe sur les transactions financières au niveau européen, permet à la
fois de favoriser la stabilité financière en limitant la spéculation sur les marchés financiers
mais permet également d’obtenir des financements innovants pour la préservation de
l’environnement.
Il est également possible de confier la gestion des biens publics mondiaux aux mécanismes de
marché, avec l’avantage de responsabiliser les acteurs face aux externalités induites par leurs
opérations économiques de production.
Ainsi, le protocole de Kyoto de 1997 puis le marché européen du carbone en 2005 ont
instauré un marché de « droits à polluer », échangeables entre États et entre entreprises, de
manière à réduire les émissions de gaz à effet de serre respectivement au niveau mondial et
européen. Ces marchés consistent à répartir des quotas d’émissions de gaz à effet de serre,
mesurés en tonnes de dioxyde de carbone, entre les pays signataires, qui les répartiront ensuite
eux-mêmes entre les différentes entreprises industrielles nationales. Ces dernières auront alors
la possibilité d’échanger des permis d’émission sur le marché en fonction de leurs besoins.
Ainsi, la limitation des gaz à effet de serre est gérée par les mécanismes du marché car le
marché des « droits à polluer » permet d’affecter un prix aux externalités induites par la
production (la pollution), qui variera en fonction de l’offre et de la demande.
On peut noter cependant que le marché européen des droits à polluer ne constitue plus une
incitation à réduire les émissions de gaz à effet de serre, car le coût de la tonne de carbone a
tellement chuté qu’il ne constitue plus un élément dissuasif.

II. Les difficultés de la gouvernance mondiale

A. Le partage des responsabilités et la conciliation des intérêts particuliers


La gouvernance mondiale nécessite de partager une stratégie commune et de s’accorder sur le
partage des responsabilités entre les États. Or, la diversité des situations locales (entre pays
développés et pays en développement, notamment) ainsi que la multiplicité des acteurs
rendent complexe, voire parfois impossible, la détermination d’un équilibre qui satisfait
l’ensemble des parties prenantes.
Exemple : le partage des pouvoirs, et donc des responsabilités, au sein du Fonds monétaire
international (FMI) se manifeste par la répartition de droits de vote entre les différents pays.
Ces droits de vote permettent les prises de décision au sein du FMI.

B. La nécessité d’un financement


La fourniture ou la préservation des biens publics mondiaux nécessitent d’importantes
ressources financières face aux objectifs ambitieux résultant de l’ampleur des défis mondiaux.
La faible incitation des États à les produire (comportement de « passager clandestin ») a pour
conséquence la sous-production de ces biens qui, le plus souvent, sont financés par les
ressources des organisations internationales, comme l’OMS ou le FMI, assez faibles et
souvent affectées à des activités précises.
Se pose également la difficulté de la répartition de cette charge financière entre les États,
notamment pour soutenir l’action des pays en développement, qui manquent de moyens pour
participer à cette action collective. En effet, ces derniers sont au cœur de la problématique de
la préservation des biens publics mondiaux dans le sens où ils sont davantage victimes des
déséquilibres mondiaux (crises financières, instabilité climatique, etc.), produisent des
Chapitre 12 – La gestion des biens publics mondiaux
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externalités négatives (pollution, déforestation, etc.) et doivent ainsi être acteurs de leur gestion, et
génèrent de fortes externalités positives du fait de la richesse de leur patrimoine naturel à préserver
pour le développement de l’ensemble des pays du monde.

C. La contestation des organisations internationales


De nombreuses décisions touchant à l’économie mondiale sont prises dans le cadre des
institutions internationales du système des Nations unies, notamment le Fonds monétaire
international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Faute d’un véritable gouvernement mondial, et face à la multiplicité des crises financières,
économiques et environnementales qui affectent l’économie mondiale, au développement des
inégalités au niveau mondial et à l’insuffisance de la production des biens publics mondiaux,
ces institutions s’avèrent gravement défaillantes.
La légitimité des organisations supranationales est remise en cause, notamment en raison de
leurs modalités de prise de décision. En effet, les grandes organisations internationales, tels le
FMI ou l’OMC, semblent imposer la libéralisation des échanges à des pays qui n’y sont pas
toujours prêts. Pour certains, ces organisations ont un fonctionnement antidémocratique dans
le sens où les pays riches imposent leurs règles aux pays les moins avancés et aux pays en
développement, alors que ces décisions affectent l’ensemble des pays du monde.
Exemple : seuls les États-Unis possèdent le droit de veto au sein du FMI.
Les organisations internationales étant contestées dans leur fonctionnement démocratique et
dans leur efficacité, il semble nécessaire de réfléchir à de nouvelles régulations.

Chapitre 12 – La gestion des biens publics mondiaux


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