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Le commerce international depuis 1945 : paix ou guerre

entre les nations ?

Plan :
I. L’accélération des échanges commerciaux internationaux a provoqué un décloisonnement
du monde et contraint les États à coopérer pacifiquement

A) Une croissance des échanges commerciaux qui s’appuie sur un multilatéralisme


organisé par les États-Unis
B) Fondé sur une conception libérale irénique des relations internationales
C) A la fin de la Guerre Froide, la libéralisation des échanges et des flux s’accélère : on
semble tourner le dos à la « guerre économique »

II. Pourtant le commerce mondial est loin d’être une arène de paix

A) Le protectionnisme n’a jamais disparu


B) Le commerce international est une arme
C) La rareté des matières premières stratégiques

III. Le commerce mondial se structure autour de nouveaux rapports de force qui génèrent
des tensions préoccupantes

A) Le commerce mondial est générateur de concurrence déséquilibrée entre territoires


B) La mise en concurrence du monde par la mondialisation commerciale reflète les
divergences d’intérêt et les déséquilibres entre puissances
C) Le multilatéralisme commercial est en panne
D) La régionalisation commerciale : entrave ou protection dans la mondialisation ?

Citations :

Adam Smith : Une économie libre et fondée sur l’intérêt individuel conduit à l’essor du
commerce international (avantages absolus) pour peu qu’on assure la sécurité nationale et
qu’on supprime colonisation et esclavage.

Antoine de Montchrestien (mercantiliste) : Traité de l’Économie politique (1615) : « Nous


faisons autant de perte que l’étranger fait de gain »

Pascal Lorot, Introduction à la Géoéconomie : « Les États-Unis, les premiers, ont pris la
mesure de la nouvelle réalité internationale et stratégique née de la disparition de
l’ensemble soviétique. Libérés du fardeau de la Guerre Froide, ils se sont engagés dans la
bataille économique, bien décidés à conquérir une véritable suprématie dans ce
domaine. »

Zaki Laïdi dans Le Débat (2018), « Dans un monde de plus en plus multipolaire où la richesse et la puissance se
trouvent distribuées entre un plus grand nombre d’acteurs, on serait en droit d’attendre que le multilatéralisme
surgisse comme la modalité la plus pertinente pour réguler un jeu par définition plus ouvert. Mais c’est l’évolution
inverse qui semble se dessiner. La multipolarité semble faire reculer le multilatéralisme. C’est ce paradoxe qu’il nous
faut comprendre ».

Principaux chiffres du commerce mondial :

La valeur du commerce de marchandises a augmenté de 10%, 19480 milliards $ en 2018.


La valeur des échanges de services : augmentation de 8% soit 5800 milliards de $ en 2018.

Diminution de la demande de biens et de services en Europe et Asie.


Entrée dans un cycle de croissance faible alors que depuis 2013, la croissance était de 3,6% par an.
Le commerce de biens et de marchandises semble être entré en récession depuis 2018, probablement du fait des
nombreuses incertitudes qui pèsent : outre le coronavirus très récent, il s’agit du ralentissement de l’économie dans
la zone euro, du Brexit, et de la guerre économique États-Unis-Chine, avec le retour des droits de douane.

Adam Smith montre qu’une économie libre et fondée sur l’intérêt individuel conduit à l’essor du commerce
international (avantages absolus) pour peu qu’on assure la sécurité nationale et qu’on supprime colonisation et
esclavage.
Après la 2WW, la coopération et la négociation se substituent à la « main invisible » du marché.
"main invisible" -> ensemble des actions individuelles des acteurs économiques, guidées uniquement par l'intérêt
personnel de chacun, contribuent à la richesse et au bien commun.

Processus d’ouverture internationale induit des pertes pour le marché national, qui sont supposées être compensées
par les gains de l’ouverture des marchés étrangers -> (citation de Antoine de Montchrestien)

I. L’accélération des échanges commerciaux internationaux a provoqué un décloisonnement


du monde et contraint les États à coopérer pacifiquement

A) Une croissance des échanges commerciaux qui s’appuie sur un multilatéralisme


organisé par les États-Unis

La croissance des échanges se fait en deux phases :


-> internationalisation jusqu’aux années 70
-> ensuite la phase de mondialisation.
Principe de réciprocité des échanges, de la négociation et de la coopération.

La phase d’internationalisation s’appuie sur des institutions multilatérales fortes patronnées par les US: FMI, Banque
Mondiale, ONU, mais aussi GATT (General Agreement on tariffs and trade).

GATT = créée en 1947 -> baisser les barrières douanières.


=> il s’agit d’éliminer les quotas, de limiter les droits de douane et d’éviter les discriminations aux importations
étrangères afin d’éviter les guerres commerciales et le protectionnisme qui ont miné les années 30.

Politique qui est un succès d’après la Banque Mondiale, le commerce mondial représentait 17% du PIB mondial dans
les 1960's, 30% dans les 1980's et 45% depuis 2005.

La croissance des flux commerciaux devient spectaculaire depuis les 1980's -> 5,5%/an

Le GATT -> OMC en 1995.


Le commerce mondial de marchandises = accélération en 2000's avec l’apparition des émergents :
la Chine (émergent confirmé) entre à l’OMC.

Mais l’OMC n’est qu’une organisation intergouvernementale donc complètement liée au bon vouloir des États ->
réduit donc sa capacité et sa puissance.

D’importantes mutations sectorielles accompagnent l’accélération des échanges.


Depuis les années 50, les échanges de produits manufacturés augmentent au détriment de ceux de produits
agricoles (60% en 1970, 75% en 2000 vs 6% pour produits agricoles).
-> aussi une forte croissance des échanges de services (20% des échanges mais sous-estimée) :
=> explosion depuis les années 80 (NTIC, baisse coûts communications) -> reconnu comme bien immatériel

B) Fondé sur une conception libérale irénique (volonté de comprendre) des relations internationales

Le libre-échange est un facteur de paix.


Thomas Friedman, The world is flat (2005) -> il explique qu'il a confiance dans un monde où le commerce abolirait les
frontières et rendrait la guerre quasiment impossible.
-> Question centrale dans le sujet, celle de la mondialisation heureuse (Alain Minc).
La théorie libérale autoriserait le plus de prospérité possible car elle enseigne que le libre échange permet à chacun
de se procurer au meilleur prix l’ensemble des produits dont il a besoin.

Le bien-être matériel élimine les comportements agressifs, pousse à l’élévation culturelle et mène au bonheur
=>c'est le « doux commerce » de Montesquieu -> « L’effet naturel du commerce est de
porter la paix » (L’Esprit des Lois/,1758).

Pour mettre fin aux guerres qui ont ruiné le continent, les nations européennes décident de commencer une
construction économique (CECA, CEE, UE (1993)) qui évolue vers une intégration de plus en plus forte.

CECA (1952) : réunit 6 pays (la Belgique, l'Allemagne, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas), dans le but
d'organiser la liberté de circulation du charbon et de l'acier ainsi que le libre accès aux sources de production.
CEE (1957) : une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens » et d'assurer le progrès économique et
social des Etats membres en éliminant les barrières qui divisent l'Europe.

L’exemple européen ne peut-il pas être étendu au monde entier ?


L’idée kantienne est l’idée selon laquelle l’humanité progresse inexorablement vers la pacification des relations
internationales, l’idée de Fukuyama est celle selon laquelle démocratie et libéralisme rendent les guerres moins
probables.

Comment a été gagnée la Guerre Froide ?


-> la raison la + importantes figurent l’échec économique du système, les besoins de l’URSS en produits agro-
alimentaires et en technologie, la contradiction où elle se trouve entre la nécessité de s’ouvrir et l’impossibilité de le
faire à cause du choix communiste.

C’est sur le terrain économique que l’affrontement avec l’Ouest s’est déroulé.
Les modèles vainqueurs de la Guerre Froide sont le capitalisme, le commerce libéral et la mondialisation.

C) A la fin de la Guerre Froide, la libéralisation des échanges et des flux s’accélère : on semble tourner le dos à la «
guerre économique »

Plusieurs facteurs contribuent à l’épanouissement d’une mondialisation commerciale :

- Facteurs idéologiques/politique : les vainqueurs de la GF ont un système de politique qui prône le libre-échange.
Face à elle les États-Unis utilisaient l’arme de l’embargo pour asphyxier les économies adverses.
Le COCOM en particulier limitait les exportations de technologie vers les pays communistes.

- Facteurs techniques: la révolution des transports avec la maritimisation des échanges (75% des échanges en volume,
révolution du conteneur), essor des NTIC.

- Facteurs économiques: libéralisation des droits de douane portant sur marchandises.


Création OMC en 1995 crée une véritable gouvernance mondiale (codes de bonne conduite, Organe de règlement des
différends (ORD), 162 membres).
=> multiplication accords bilatéraux (575), le rôle croissant des FTN (80 000) -> 800 000 filiales, 80 millions de salariés
et sont à l'origine des 2/3 des échanges mondiaux.
L'ensemble des FTN représente ¼ du PIB mondial.

Le consensus de Washington qui contraint les pays du Sud en difficulté à se libéraliser et à s’ouvrir.

-> 1997, accord entre 69 pays sur les services de télécommunications et un autre entre 40 pays sur l’exemption de
droits de douane sur les échanges de produits technologiques et d’information.

On peut aussi penser aux ADPIC (accords sur la propriété intellectuelle passés en 1994) qui protègent les brevets.

Emergence de l’idée d’une « mondialisation heureuse » qui profite à la planète dans son ensemble.
Elle paraît justifiée dans les années 90 : les échanges et les flux augmentent rapidement, 7% par an environ depuis le
début des années 1980.

La croissance mondiale s’accélère dans les années 1990-2000, grâce au phénomène des pays émergents. Les pays du
Sud s’ouvrent et beaucoup obtiennent des résultats spectaculaires.
Leur problème fondamental est le manque de capitaux. Ceux-ci sont apportés par le capitalisme mondialisé (en
particulier les IDE).
Après un coup d’arrêt, les pays de l’Est sont entraînés eux aussi => mondialisation est une chance pour tous

Bien d’autres conflits semblent en voie de résolution grâce à la mondialisation. :


Le vieil antagonisme entre États-Unis et Mexique cède la place à la coopération d’abord dans les
maquiladoras, puis dans l’ALENA (ACEUM).

Les pays asiatiques développent échanges et flux => réalisent plus de 50% de leur commerce entre eux.
Leur coopération = l’émergence de l’espace le plus dynamique de la planète.

II. Pourtant le commerce mondial est loin d’être une arène de paix

A) Le protectionnisme n’a jamais disparu


Alexander Hamilton, considèrent que protéger les marchés assure la paix, soit que la guerre peut coexister avec les
échanges, soit même que le protectionnisme favorise la paix.

Par exemple, alors que Kenichi Ohmae est partisan de l’abolition des barrières douanières
parce qu’elles suscitent des tensions et des rapports de force.
Robert Reich est favorable à un protectionnisme positif (soutien de l’État aux entreprises nationales, au commerce
etc...) qui doit renforcer les économies nationales.

En réalité, le protectionnisme n’a jamais disparu : la Guerre Froide est une guerre
économique.

Il faut également noter la présence structurelle du mercantilisme en Asie et plus précisément au Japon jusqu’aux
années 80 :
-> aides aux exportations, protectionnisme discret, espionnage industriel, dumping, etc, sous la tutelle du MITI
chargé de coordonner les efforts des entreprises

Une réalité qui se généralise dans un contexte de crise de 2008 : montée du néo-protectionnisme : protectionnisme
des pays en développement (subventions agriculture)
-> et on a une forme de réticences aussi chez les pays développés au libre-échange (USA, France).

La crise financière porte un coup d’arrêt à la croissance du commerce international.

-> L’Argentine a imposé des restrictions aux importations de télévisions.


L’Europe a augmenté pour quelques temps ses subventions agricoles.

Le plan de relance Obama, adopté en janvier 2009 accorde environ 280 milliards $ aux villes et aux États américains
pour des projets d’infrastructures.
Il prévoyait initialement que l’acier et le fer utilisés par les entrepreneurs proviendraient d’entreprises américaines :
clause du buy american.

La France n’est pas en reste avec son plan d’aide au secteur automobile.
A l’issue d’une rencontre avec les responsables du secteur de l’automobile, le président de la République
a annoncer de donner un prêt de 6 milliards € aux deux constructeurs automobiles PSA Peugeot et Renault.
Objectifs : leur permettre de financer les projets stratégiques en France et de soutenir les
programmes de véhicules propres.
Ainsi, Renault rapatrie en France certaines activités qu’elle opérait en Slovénie.

B) Le commerce international est une arme ( se référer au chap guerre éco )

Idée que la mondialisation = guerre civile universelle.


Les États-Unis sont un exemple des contradictions du libre-échange.
-> 1992, le président Bill Clinton organise un sommet économique -> les représentants décrivent
« un monde dans lequel les États, comme les entreprises, sont engagés dans une compétition sauvage sur les
marchés mondiaux » (anecdote rapportée par Paul Krugman).
=> Le commerce est pour l’administration Clinton (démocrate) le nerf d’une guerre économique : guerre de la
banane, viande aux hormones, OGM, terres rares.

Lois d’extraterritorialité comme la loi Exxon Florio => visant à bloquer l’acquisition éventuelle d’une entreprise
stratégique par des intérêts étrangers. L’élaboration de cet amendement s’inscrit dans une vague d’hostilité à l’égard
du Japon.

En 1992, la CIA qui avais été créé pour la GF est tourné vers des missions éco par Clinton
Officiellement c'est pour enquêter sur les manœuvres déloyales auxquelles peuvent se livrer les concurrents.
Le chef des armées est devenu le chef de la guerre économique.

En 2002, le Homeland Security Act autorise le gouvernement à soutenir les « industries critiques », « si vitales pour les
États-Unis que leur empêchement ou leur destruction affaibliraient la sécurité, la sûreté économique nationale, la
santé publique. » = intervention de l'Etat dans l'économie

Un dernier aspect de la « guerre économique » américaine doit être évoqué : la géopolitique du pétrole.
-> garantir aux US leur approvisionnement (objectif de la création de l’ALENA avec le Canada et le Mexique) et à
contrôler celui des rivaux actuels et futurs : Europe, Japon, et surtout Chine.

Pascal Lorot, dans Introduction à la Géoéconomie : « Les États-Unis, les premiers,


ont pris la mesure de la nouvelle réalité internationale et stratégique née de la disparition de l’ensemble soviétique.
Libérés du fardeau de la Guerre Froide, ils se sont engagés dans la bataille économique, bien décidés à conquérir
une véritable suprématie dans ce domaine. »

Isabelle Méjean -> la guerre commerciale États-Unis/Chine :


Les tarifs douaniers imposés par Washington n’ont profité qu’à quelques entreprises, alors qu’elles ont
pénalisé les consommateurs et les nombreuses industries américaines qui utilisent les produits chinois dans leurs
chaînes de production.
Les politiques protectionnistes (D. Trump) sont très coûteuses pour ceux qui les mettent en place, surtout dans des
systèmes de production très fragmentés (DITT).

C) La rareté des matières premières stratégiques

De fait, les États-Unis se sont dotés d’un arsenal d’intelligence économique pour agir sur les relations internationales,
selon une conception néo-mercantiliste assez éloignée du libre-échange qu’ils prônent (écoutes de la NSA).

En 1977, Bernard Esambert (conseiller de Georges Pompidou) évoque pour la première fois l’hypothèse d’une «
guerre économique », peu après le choc pétrolier et l’émergence des pays asiatiques.

Bernard Esambert (1991), « L’économie se globalise : la conquête des marchés et des technologies a pris la place des
anciennes conquêtes territoriales et coloniales. Nous vivons désormais en état de guerre économique mondiale.
L’objet de cette guerre est, pour chaque nation, de créer chez elle emplois et revenus croissants au détriment de ceux
de ses voisins. [...] C’est en exportant plus de produits, de services, d’invisibles, que chaque nation essaie de gagner
cette guerre d’un genre nouveau dont les entreprises forment les armées et les chômeurs les victimes. »

Edward Luttwak prolonge l'idée et invente le terme de « géoéconomie » pour désigner le déplacement du conflit du
politique vers l’économique.
-> Les conflits de type militaire et diplomatique sont fini entre les grandes puissances -> prenne la forme d'une lutte
pour la richesse et les ressources.

Le choc pétrolier de 1973 -> il faut tenir compte pour expliquer ce retour de la guerre économique.
Le pétrole = produit stratégique.
Suivront les métaux rares, les minerais stratégiques, les terres rares...

Les terres rares sont très convoitées -> se sont des terres qui regroupent 17 métaux dont le lanthane, l'yrium, le
néodyme...
On les retrouve dans les téléphones portables, les disques d'ordinateur, les systèmes de navigation, et les technologies
vertes (moteurs électriques,éolien..).
C'est la raison pour laquelle ces minéraux sont si stratégiques.
-> 2011 un marché de 128.000 tonnes et de 1,25 milliard de dollars.

Contrairement à leurs noms -> ces terres sont nombreuses.


En revanche, elles sont difficiles à extraire et à raffiner.
Leur extraction = très polluante -> est essentiellement concentrée en Chine.
-> Chine est dans une situation de quasi monopole, elle en a profité pour imposer des quotas d'exportation qui
mettent à mal les besoins des industries occidentales.

L’essor des pays émergents fait exploser la demande de matières premières et met à son paroxysme la compétition
pour accroître, ou conserver, ses parts de marché.

La guerre économique prend une signification nouvelle.


Jusqu’aux années 1990, elle s’inscrit dans le droit fil de l’affrontement entre protectionnistes et libre-échangistes.
Les années 2000 sont caractérisées par une inflexion majeure : l’importance apportée aux flux de capitaux, remplace
le rôle moteur des échanges de marchandises et aussi l'espionnage.
On craint d’un côté les délocalisations, de l’autre la prise de contrôle des entreprises nationales par des étrangers.

L’enjeu, c’est le contrôle des technologies d’avenir, et donc des entreprises qui les possèdent, des travailleurs qualifiés
qui les mettent au point.

III. Le commerce mondial se structure autour de nouveaux rapports de force qui génèrent
des tensions préoccupantes

A) Le commerce mondial est générateur de concurrence déséquilibrée entre territoires


Le commerce mondial est fragilisé par la remise en cause de l’extension des chaînes de valeur et par la
fragmentation des territoires.

Entretien avec Isabelle Méjean (Le Monde mai 2020) :


La crise de 2020 met en avant le sujet de la fragmentation extrême des processus de production (extension des
chaînes de valeur) et de la fragilité qui en résulte.
Grâce à la crise sanitaire on s’aperçoit que certains produits qui apparaissent comme de première nécessité :
- les masques, les médicaments => sont fabriqués par très peu d’entreprises dans le monde.

La Malaisie fabrique par exemple 55 % des gants chirurgicaux vendus dans le monde.
=> ce qui crée une dépendance des autres pays envers ce pays
-> Il suffit qu’une catastrophe affecte ce pays pour que toute la planète soit concernée.

Pour construire des chaînes de valeur moins fragmentées, les coûts de production vont augmenter -> donc une
diversification du travail à l'échelle internationale permet un coup de production plus faible et qui spécialise certain
pays dans un domaine particulier

La question de la relocalisation est sur la table, mais selon Isabelle Méjean, c’est une fausse bonne idée.
Le problème de la fragmentation des chaînes de production ne provient pas de la distance géographique, mais du
niveau de concentration.

Par exemple -> relocaliser la production de gants chirurgicaux de Malaisie en Slovaquie ne résoudra pas
mécaniquement le problème qui nous concerne aujourd’hui.
Il convient au contraire de diversifier les sources d’approvisionnement pour réduire notre exposition à des risques
spécifiques à certains pays ou à certaines entreprises.

B) La mise en concurrence du monde par la mondialisation commerciale reflète les divergences d’intérêt et les
déséquilibres entre puissances

Derrière son apparente symétrie, la règle du consensus « un pays, un droit de veto » cache pourtant de profondes
asymétries que les coalitions visent justement à compenser.
Règle du consensus => règle stipule qu'à l'OMC une décision doit être prise à l'unanimité par tous les membres pour
pouvoir s'appliquer

Il existe deux types d’asymétrie :


-> les petits pays peuvent être tentés par des attitudes de « passagers clandestins »
=> Le passager clandestin est celui qui espère accéder à un bien.

Une logique de rapport de force, davantage fondée sur la proximité économique des pays que sur des intérêts
communs.
La création spectaculaire d’un G20 à Cancún (2003) répond à cette logique. Il regroupe des pays émergents aux
intérêts parfois divergent -> Inde s’accommode, par exemple, d’un protectionnisme agricole que conteste le Brésil.
Mais cette coalition a permis de déstabiliser le leadership historique des États-Unis et de l’Union européenne.

Le G90 regroupe les pays les moins avancés, notamment les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) attachés à leur
relation privilégiée avec l’Europe.

Oxfam : c'est un mouvement mondial de personnes qui luttent contre les inégalités pour mettre fin à la pauvreté et
aux injustices.

Le Brésil, comme l’Australie, sont d’abord intéressés par la libéralisation de l’agriculture dans les pays du Nord.
Les États-Unis, l’Union européenne et le Japon souhaitent l’ouverture de l’industrie et des services au Sud.
Les négociations se sont alors polarisées sur ces thèmes.
Ajd, le conflit Union Européenne / États-Unis demeure, il est relativisé aujourd’hui par l’opposition Nord-Sud avec une
polarisation autour de trois thèmes :
- tarifs douaniers et soutiens internes dans l’agriculture
- ouverture dans l'industrie
- les services.

Pour obtenir ce statut de leader, le Brésil a mené une stratégie habile qui a consisté d’une part à rassembler une
coalition durable de pays émergents et, d’autre part, à déstabiliser la stratégie des autres regroupements.
En effet, la libéralisation agricole défendue par le Brésil, exercerait des effets plutôt négatifs pour les PMA du G90,
importateurs de produits alimentaires et qui devraient alors supporter l’augmentation de la facture alimentaire.
Participation inégale des pays : commerce international polarisé autour de l’UE, Amérique du Nord et la façade
pacifique de l’Asie (4/5 échanges).
Les PED sont marginalisés (Amérique latine : 4%, Afrique : 3%).
De nombreux PED sont mal insérés (spécialisations = appauvrissantes), en position de vulnérabilité par rapport à la
mondialisation (dépendance, protectionnisme des pays développés).
Impossibilité pour les PED les plus pauvres de peser sur commerce international.

La mondialisation creuse les inégalités dans les pays développés (désindustrialisation et chômage), crée de puissants
déséquilibres (déficits de la balance des paiements pour les USA, l’UE : excédents commerciaux Allemagne et Chine)
qui sont des facteurs de crises systémiques.

Hiérarchie des puissances commerciales en pleine évolution : dominé par les grands pays développés
(USA : 2ème puissance commerciale, Europe : 33% des exportations mondiales), mais cette domination décline
depuis les 80's et s’est accélérée depuis 2000's.
=> Cause : bouleversement de la géographie du commerce mondial avec montée en puissance de l’Asie (30
%exportations) dont la Chine (1ère puissance commerciale), les BRICS (18% commerce).

Les pays pauvres et émergents ne sont-ils pas les plus grands perdants du ralentissement du commerce mondial ?
Certains pays émergents, comme la Thaïlande ou le Vietnam, ont réussi à s’intégrer dans le commerce mondial via
leur participation aux chaînes de valeur !!!
C’est une stratégie d’intégration relativement peu coûteuse -> il leur suffit de se spécialiser sur une étape de la
chaîne de production -> mais pose un pb de dépendances, d’insécurité et d’instabilité économiques.

Cependant une très grande part des pays du monde ne sont pas intégré à la mondialisation.
=> Une partie de la planète, notamment l’Afrique sont à l’écart de la mondialisation et de la croissance.

C) Le multilatéralisme commercial est en panne

Le multilatéralisme est en panne à cause d’intérêts divergents entre nations.


De nouvelles approches dans les négociations commerciales se sont imposées ces dernières années.
Dès 2011 sous l’administration Obama, il y a des manœuvres de blocage par les États-Unis après que l’Organe d’appel
(OA) ait donné raison à la Chine contre les États-Unis sur la question des subventions aux entreprises d’État.

Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP) : accord de commerce et d'investissement bilatéral entre les
États-Unis d'Amérique et l'Union européenne

Trans-Pacific Partnership (TPP) : traité multilatéral de libre-échange signé le 4 février 2016, qui vise à intégrer les
économies des régions Asie-Pacifique et Amérique -> Trump décide d'en sortir en 2017

Les relations commerciales sont de plus en plus tendues entre nations (c'est le cas depuis la GF)
On observe des contestation de l’ORD et de tout le mécanisme de règlement des différends.

Les normes sociales et environnementales sont indispensables à une croissance durable sur le long terme.

D) La régionalisation commerciale : entrave ou protection dans la mondialisation ?

La régionalisation qui se développe à partir des 80's semble conforter le processus de mondialisation :
conforme à mondialisation contemporaine (libre-échange, division régionale travail), processus plus abouti que la
mondialisation (libre-échange agricole), favorise la mondialisation ouverte (accord commerciaux entre régions
mondiales, CETA).

La régionalisation serait un bouclier contre mondialisation pour amortir ses effets :


-> adaptation progressive à la concurrence étrangère (constitution de géants régionaux). Elle permet de se protéger
des effets de la mondialisation, mais la régionalisation = un risque pour la mondialisation.
Régionalisation = logique contraire au multilatéralisme -> il y a des risques protectionnistes.

On voit aussi se développer le bilatéralisme : les accords bilatéraux de libre-échange et de partenariat.


Dans ces accords on trouve toujours un souci de protection de la propriété intellectuelle, de l’environnement, des
clauses sur le droit du travail.

La mondialisation élargit les échelles de l’échange et se traduit par la diffusion des biens ou des pratiques à l’échelle
du monde entier, tout en favorisant une extrême concentration de certaines activités sur un petit nombre de
territoires interconnectés.

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