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Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou

Faculté des sciences économiques, de gestion et des sciences commerciales


Département des sciences commerciales

Cours du module :
Institutions Financières et Commerciales
Internationales (IFCI).

Niveau : 3ème année


Spécialité : Commerce International

Chargée de cours/TD : Dr HAMMACHE Souria


Programme du cours : Institutions Financières et Commerciales
Internationales (IFCI).
Chargée de cours/TD : Dr HAMMACHE Souria

Chapitre introductif : Le cadre général du cours

- Définition de certains concepts de base.


- Evolution du commerce international.
- Caractéristiques du commerce international
- Les facteurs de développement du commerce international.

Chapitre I : Le Fond monétaire international et l’impact socio-économique du plan


d’ajustement structurel.
- Présentation du FMI.
- Le rôle du FMI dans le cadre du système de Bretton Woods.
- Le rôle du FMI depuis 1976 à nos jours.
- Les ressources du FMI.
- Les Droits de Tirages Spéciaux. (DTS).
- Les instruments de prêts du FMI.
- Le mécanisme du Programme d’Ajustement structurel (PAS) et du Plan d’Austérité et de
rigueur (PAR).
- Impact socio-économique des politiques d'austérité dans la zone euro

Chapitre II : La Banque Mondiale, et l’étude de son efficacité quant à la lutte contre


la pauvreté.

- Présentation de la Banque Mondiale.


- Rôle et missions de la Banque Mondiale.
- Les institutions composantes la Banques Mondiale.
- Les mécanismes de la Banque Mondiale pour la lutte contre la pauvreté.
- Les critiques à l’égard de la Banque Mondiale.

Chapitre III : La Banque des Règlements Internationaux (BRI).

- Définition, rôle et missions de la BRI.


- Les accords du Bâle I (1988).
- Les accords du Bâle II (2004).

2
- Les accords du Bâle III (2010).

Chapitre IV: L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

- Rôle et missions de l’OMC.


- Du GATT à l’OMC
- Les principes de l’OMC.
- La structure de l’OMC.
- Le rôle de l’Organe de règlement des différends (ORD).
- Le cycle de Doha et les raisons de l’échec des négociations.
- L’OMC contribue-t-il à l’équité du commerce Mondial ?
- La montée des critiques à l’égard de l’OMC.
- L’OMC apporte-elle de l’équité entre les nations en matière du commerce mondial ?

Chapitre V : La Chambre de Commerce Internationale (CCI).

- Définition de la CCI
- Missions et activités de la CCI
- Fonctionnement de la CCI
- Arbitrage à la CCI
- Les Incoterms

3
Les thématiques des travaux dirigés

1- Analyse du commerce extérieur de l’Algérie.


(Support : Rapport du FMI sur l’économie algérienne / Rapport périodique du
commerce extérieur de l’Algérie du ministère des finance et de la direction des
douanes).

2- L’impact du PAS sur les économies en voies de développement : Cas de l’économie


algérienne.
(Support : Joseph. E.STIGLITZ, La grande désillusion, Fayard, Paris, 2020,
disponible à la bibliothèque).
Dr. E. Cherif Chakib, Programme d'ajustement structurel et résultats socio-
économiques en Algérie, revue des sciences humaines, n°18, 2002.

3- La Banque Mondiale lutte-t-elle de façon efficace contre la pauvreté ?


(Support : Rapport de la Banque Mondiale sur la pauvreté, Cas du Brésille et du
Nigeria).

4- La BRI et l’efficacité des règles prudentielles du Bale III.


(Support : Éric Chouinard et Graydon Paulin, La mise en œuvre de Bâle III : vers un
secteur bancaire plus, sûr Banque du canada, Revue du système financier, Juin 2014.
disponible sur ce site : https://www.banqueducanada.ca/wp-
content/uploads/2014/06/rsf-juin2014-chouinard.pdf )

5- La question de l’adhésion de l’Algérie à L’OMC : Opportunité, ou menace ?


(Support : Myriam Donsimoni, L’Algérie et l’OMC : l’adhésion ou la rente :
Disponible sur : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-
01549205/document?fbclid=IwAR3MUhu29wLmOPGIU1iN_-
thhG8hHw79EGSoPi1pldYsp2RnlicabEZIVNs /
Mehdi Abbas, l’accession à l’OMC, quelle stratégie pour quelle intégration à la
mondialisation ?
Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2009-4-page-
101.htm?fbclid=IwAR1gptjBzFePzvfmUnyiaavUdKmRUqwr88owUT_mn2sS4Ddd
MxiFkWjqKaI

4
Chapitre introductif : Le cadre général du cours

Ce chapitre introductif ambitionne de mettre en relief les contours généraux du cours


d’institutions financières et commerciales internationales (IFCI). Introduire les
concepts de bases liés au commerce et à l’économie internationale est impératif afin
que l’étudiant puisse se familiariser avec les nouveaux concepts qui se présenteront à
lui, mais aussi et surtout afin d’optimiser son degré de compréhension quant aux
analyses qui s’imposeront d’elles mêmes au fur et mesure de l’avancement dans le
programme. En outre, aborder les aspects relatifs aux caractéristiques, aux
fondamentaux du commerce international et à son évolution, est primordial pour
prendre conscience de l’environnement dans lequel les institutions internationales
exercent leurs activités et les enjeux auxquelles sont confrontées.

1- Définition de certains concepts de base


- Mondialisation : C’est l’extension du capitalisme et de l’économie de marché à
l’échelle mondiale. C’est le processus de développement des échanges et de
l’interdépendance entre nations. Elle se traduit par l’accroissement des flux
commerciaux, des flux d’investissement et des flux financiers. La mondialisation
passe par l’intensification des échanges et par l’ouverture des marchés. Passe aussi
par l’échange massif des capitaux, l’internationalisation du processus productif et
l’accroissement des migrations internationale. 1
Figure 1 : Les effets de la mondialisation

Mondialisation

Echange des biens et Echange des Processus productif Migration


services capitaux internationalisé internationale

Source : Conçu par nos soins

1
David BOLDUC et Antoine AYOUB, la mondialisation et ses effets: revue de la littérature, GREEN
Université Laval Québec, Canada, 2000.

5
Les définitions suivantes sont extraites du rapport du département des affaires
2
économiques et sociales, des Nations-Unis :

- Commerce extérieur : C’est l’ensemble des exportations et importations des


biens et des services dans la balance commerciale.
- Commerce international : Correspond à la valeur et ou en volume des échanges
de biens et des services entre nations enregistrés dans la balance courante qui se
trouve dans la balance des paiements.
- Economie ouverte : C’est l’ouverture des économies sur les économies
extérieures
Taux d’ouverture = (Exportations+Importations)/ 2/ PIB x 100
- Interdépendance des économies : une économie est contrainte d’importer une
part de ses biens et services pour satisfaire sa demande interne.
Le taux de pénétration d’un marché = Les importations / Marché intérieur.
Exemple : Le taux de pénétration dans le marché automobile est de 40%, cela veut
dire que sur 100 voitures, 40 voitures sont importées.
- Le libre- échange : Le libre échange se traduit par l’ouverture des marchés par la
suppression des barrières tarifaires et les barrières non tarifaires.
- Les barrières tarifaires : ce sont les taxes douanières imposées aux exportations
et aux importations.
- Les barrières non tarifaires : ils s’agit des barrières imposées subtilement par les
autorités pour protéger le produit local contre la concurrence étrangère. Il s’agit
entre autre : - Des subventions, de la dévaluation de la monnaie, des normes
sanitaires de sécuritaires, et environnementales, et des contingentements. Elles sont
parfois utilisées comme un moyen de contourner les règles du libre-échange et de
protéger les industries nationales au détriment de la concurrence étrangère.
- Protectionnisme : C’est une politique commerciale adoptée par les autorités pour
encourager la production locale. Le protectionnisme est une politique qui va à
l’encontre des principes du libre-échange. Les institutions internationales visent à

2
Statistiques du commerce international de marchandises : Concepts et définitions, département des affaires
économiques et sociales des Nations-Unis, 2010.

6
réduire les pratiques et les mesures protectionnistes entre les nations, afin de
promouvoir le libre-échange.
2- Evolution de la structure du commerce international

Au cours des trente dernières années le commerce international des marchandises et


des services à augmenté de 7% en moyenne pour atteindre en 2011 un niveau record
de 18000 milliards de dollars de biens et de 4000 milliards de dollars pour les services.
Le volume total des exportations des biens et des services a enregistré un autre record
en 2018, atteignant 25771 milliards de dollars, soit 19 646 milliards d’exportations de
marchandises et 6125 milliards d’exportations de services. Le commerce international
d’après l’OMC représente 60% du PIB mondial. 3

Le commerce international augmente en moyenne presque deux fois plus vite que
la production mondiale, cela s’explique par l’importance croissante des chaines
d’approvisionnement internationale.

Depuis la deuxième guerre mondiale, les échanges internationaux ont été multipliés
par plus de 20, alors que le PIB mondiale n’a été multiplié que par 6. La domination de
l’internationalisation du processus productif et l’interdépendance des économies
expliqueraient cette orientation.4

3
Rapport sur le commerce mondial, Organisation Mondiale du Commerce (OMC), 2018 :
https://www.wto.org/french/res_f/publications_f/world_trade_report18_f.pdf
4
Idem.

7
Figure 2 : Taux de croissance moyen du commerce international, et de la
production mondiale en %
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
1960 1970 1980 1990 1996 2000 2005 2012
Commerce international 6.3 8.3 5.2 3.7 5.9 8.4 4.5 3.3
Production mondiale 4.2 5.3 3.6 2.8 1.4 3.4 2 2
CI/PM 1.5 1.6 1.4 1.3 4.2 2.4 2.2 1.6

Source : OMC

Après une première internationalisation des échanges qui s'étend du milieu du XIXème
siècle au début de la première guerre mondiale, le commerce international s'est
effondré. Le protectionnisme des années suivantes, période de repli propice au
déclenchement de la guerre a laissé place à partir de 1945 à un essor du commerce
international sous l'égide des institutions internationales dites de Bretton Wood que
sont le FMI (Fond Monétaire International, 1944), la Banque Mondiale (1945) et le
GATT (général agreement on tarif and Trade, 1947). Ces institutions ont permis de
reconstruire les Etats dévastés et ont favorisé l'expansion du libre-échange entre Etats
ainsi que la multinationalisation des firmes.

La figure 2 nous indique clairement cet essor du commerce international depuis 1970,
en effet, les exportations mondiales n’ont cessé d’augmenter, et de connaitre une
tendance haussière. La prolifération des accords multilatéraux et bilatéraux dans le
cadre des institutions internationales a largement contribué à l’évolution exponentielle
des exportations entre les nations. Néanmoins nous constatons également des
fluctuations dans la courbe, faisant références à des périodes de baisse des exportations
due principalement à des conjonctures économiques contraignantes correspondant à

8
des périodes de récessions comme c’est le cas par exemple en 2010. Le commerce
international a tendance à être négativement impacté en cas de crise économique et de
baisse de croissance économique. La baisse de la demande mondiale fragilise les
échanges internationaux.

Figure 3 : Evolution des exportations des biens et des services en % du PIB

Source : https://donnees.banquemondiale.org/indicator/NE.EXP.GNFS.ZS (Consulté le


31/01/2021)

3- Les caractéristiques du commerce international

a- La DIPP

Le Commerce international est dominé par la fragmentation (Division) internationale


du processus productif (DIPP), c’est une caractéristique majeure de la mondialisation.
La DIPP est l’une des caractéristiques les plus spécifiques et les plus fortes de la
mondialisation, elle fait référence à l’internationalisation de la production, plusieurs
pays interviennent dans la production d’un bien donné. L'OMC dans un de ses

9
rapports a cherché à établir le contenu international d'une voiture américaine. Les
résultats sont les suivants :5

- 30% de la valeur ajoutée de la voiture américaine provient de l’assemblage en


Corée du Sud.
- 7.5% de la valeur ajoutée de cette même voiture provient des opérations de désigne
faites en Allemagne.
- 4% de la valeur ajoutée de la voiture américaine consiste en des pièces détachées
fabriquées en Taiwan et Singapour.
- 2.5% de la valeur de cette voiture est du à des services de publicités et de
marketing réalisés au Royaume Unis.

b- Dominance des produits manufacturés dans les échanges

Figure 4 : Structure des exportations de marchandises mondiales en 2017

Produits manufacturés Produits agricoles


Combustibles et produits miniers autres produits

5%
15%

10%

70%

Source : Rapport examen statistiques du commerce Mondiale de l’OMC 2018.

Les produits manufacturés ont représenté 70% des produits exportés en 2017, suivi
des produits agricole et des combustibles et produits miniers (pétrole, gaz……)

5
Rapport examen statistiques du commerce Mondiale de l’OMC, 2018.

10
Figure 5 : Exportations mondiales des produits manufacturés en 2017

Produits manufacturés %

Autres produits semi fini 46

Produits chimiques 17

Matériel de bureau et de télécommunication 15

Produits de l'industrie automobile 12

Vetements et textiles 6

Fer et acier 3

Source : Rapport examen statistiques du commerce Mondiale de l’OMC, 2018.

Les produits chimiques, le matériel de bureau et de télécommunication et les produits


de l’industrie automobile ont représenté 44% des exportations de produits
manufacturés en 2017.

c- La prédominance des pays du Nord dans les échanges internationaux

Le commerce international se concentre principalement dans les pays du Nord.


Comme nous pouvons le constater, en 2006, 38% du commerce mondial est réalisé
par les pays Européens, 26.4% de ces échanges sont réalisés au sein de l’union
Européenne. En Europe le commerce intra-zone représente près des trois quarts des
exportations européennes. L’Amérique du Nord concentre 13.5% du commerce
mondial, 14% par la Chine et 12.6% de l4asie du Nord. Les pays du Sud n’ont pas
profité de l’ouverture économique comparativement aux pays du Nord qui eux ont su
très bien tirer profit du libre-échange. L’Afrique et le Moyen-Orient ont réalisé 6.7%
des exportations mondiales en 2016, l’Asie du Sud quant à elle concentre 3.9% des

11
exportations mondiales. L’Amérique du Nord et l’Europe contrôle la moitié
du commerce international des biens et des services. 6

d- L’augmentation du commerce électronique

Le commerce électronique mondial a représenté au total 27 700 milliards de


dollars EU en 2016, Le commerce électronique entre entreprises (B2B) est 6 fois plus
important que le commerce électronique entre entreprises et consommateurs (B2C).
Le E-commerce se développe de plus en plus ces dernières années avec l’évolution
des nouvelles technologies de l’information et de la communication. (NTIC). L'essor
spectaculaire du commerce électronique dans le contexte des restrictions de mouvement
causées par la COVID-19 a fait passer la part des ventes au détail en ligne de 16 % à 19 %
du total des ventes au détail en 2020, Selon le rapport, de la CNUCED, 7 les ventes au détail
en ligne ont nettement progressé dans plusieurs pays, la République de Corée affichant la
part la plus élevée avec 25,9 % en 2020, contre 20,8 % l'année précédente (tableau 1).
Parallèlement, les ventes mondiales de commerce électronique ont bondi à 26 700 milliards
de dollars à l'échelle mondiale en 2019, soit une hausse de 4 % par rapport à 2018, selon les
dernières estimations disponibles. Ce chiffre comprend les ventes d'entreprise à entreprise
(B2B) et d'entreprise à consommateur (B2C), et équivaut à 30 % du produit intérieur brut
(PIB) mondial cette année-là.

Table 1: Ventes au détail en ligne, sélection de pays - 2018-2020

Source : Rapport de la CNUCED, https://unctad.org/fr/press-material/le-commerce-


electronique-mondial-atteint-26-700-milliards-de-dollars-le-covid-19

6
L’économie mondiale 2020, Le CEPII, Éditions La Découverte, collection Repères, Paris, 2021.
7
Le rapport de la CNUCED “Estimates of global e-commerce 2019 and preliminary assessment of COVID-19 impact
on online retail 2020,”

12
La pandémie de COVID-19 a également entraîné des résultats contrastés pour les
principales entreprises de commerce électronique B2C. Les données relatives aux 13
principales entreprises de commerce électronique, dont 11 sont originaires de Chine et des
États-Unis, révèlent un renversement notable de la situation pour les plateformes offrant des
services de voyages et de voiture avec chauffeur (tableau 2). Toutes ont connu une forte
baisse du volume brut des marchandises (GMV) et une chute correspondante de leur
classement.

Par exemple, Expedia est passé de la 5e place en 2019 à la 11e en 2020, Booking Holdings
de la 6e à la 12e et Airbnb, qui a été introduit en bourse en 2020, de la 11e à la 13e place.
Malgré la réduction de la VGM des sociétés de services, la VGM totale des 13 premières
sociétés de commerce électronique B2C a augmenté de 20,5 % en 2020, soit plus qu'en
2019 (17,9 %). Les gains ont été particulièrement importants pour Shopify (+ 95,6 %) et
Walmart (72,4 %). Dans l'ensemble, la VGM B2C des 13 premières entreprises s'est élevée
à 2 900 milliards de dollars en 2020.

Table 2: Classement des premières entreprises B2C par GMV, 2020

Source: Rapport de la CNUCED : https://unctad.org/fr/press-material/le-commerce-


electronique-mondial-atteint-26-700-milliards-de-dollars-le-covid-19
Le rapport estime la valeur du commerce électronique interentreprises mondial en 2019 à 21
800 milliards de dollars, ce qui représente 82 % de l'ensemble du commerce électronique,
comprenant à la fois les ventes via des plateformes de marché en ligne et les transactions par
13
échange de données informatisées (EDI). Les États-Unis ont continué à dominer le marché
global du commerce électronique, devant le Japon et la Chine. Les ventes de commerce
électronique B2C ont été estimées à 4 900 milliards de dollars en 2019, soit une hausse de
11 % par rapport à 2018. Les trois premiers pays pour les ventes de commerce électronique
B2C sont toujours la Chine, les États-Unis et le Royaume-Uni. Le commerce électronique
B2C transfrontalier s'est élevé à quelque 440 milliards de dollars en 2019, soit une
augmentation de 9 % par rapport à 2018. Le rapport de la CNUCED note également que la
part des acheteurs en ligne effectuant des achats transfrontaliers est passée de 20 % en 2017
à 25 % en 2019.8

e- La montée en puissance des pays-émergents

Les pays émergents deviennent de plus en plus des centres de commerce et de


leadership mondial puissants. En 2010, la Chine est ainsi devenue le premier
exportateur de marchandises du monde devant les États-Unis. La Russie, l’Inde, le
Brésil et l’Afrique du Sud, figurent quant à eux constamment dans la liste des 30
premiers exportateurs mondiaux de marchandises.

Figure 6 : Les exportations des pays émergents BRICS comparativement aux


USA et l’Allemagne. (En volume).

8
Rapport de la CNUCED sur le commerce électronique : https://unctad.org/fr/press-material/le-commerce-
electronique-mondial-atteint-26-700-milliards-de-dollars-le-covid-19

14
Les BRICS présentent néanmoins des spécialisations en termes de structure des
exportations. Pour la Chine, il s’agit de produits industriels manufacturés, pour l’Inde
de services, pour la Russie de produits énergétiques, pour le Brésil de matières
premières agricoles et pour l’Afrique du Sud de minerais.

f- Le développement du commerce intra-branche

Le commerce intra-branche est un commerce croisé de biens similaires. Les


échanges intra-branches sont donc les importations et les exportations de produits
d'une même branche entre pays. Par exemple, les importations et exportations
d’automobiles de la France vers l’Allemagne sont des échanges intra-branches tout
comme les importations et exportations de services financiers de la France vers le
Royaume-Uni. Au début des années 1980, les échanges intra-branches se sont
développés. Le « commerce de similitudes » (commerce intra-branches) a pris le pas
sur le « commerce de différences » (commerce interbranches). Les échanges intra-
branches représentent une part très importante dans les échanges au sein au sein de
l’Union Européenne et des pays d’Amérique du Nord.

Figure 7 : Le commerce mondial intra-branche.

Source : Alix de Saint Vaulry et Deniz Ünal, Commerce intra versus interbranches
Regain de similitudes ? CEPII :

15
http://www.cepii.fr/PDF_PUB/autres/40ans_carnetsGraphiques/40ans_carnetsGraphiq
ues.pdf
Les échanges intra-branche ont connu un essor considérable à partir du début des
années 1980 pour atteindre leur apogée à la veille des années 2000 : 39 % du
commerce mondial en 1999 contre 23 % en 1981. L’ouverture croissante des
économies et l’approfondissement de la régionalisation en Europe comme en
Amérique ont favorisé la convergence des structures industrielles. L’échange
international basé sur un « commerce de différences » s’est transformé, surtout entre
les pays à haut revenu, en un « commerce de similitudes ». Des schémas de
spécialisation fine du travail ont vu le jour, alliant le principe des avantages
comparatifs aux économies d’échelle de la nouvelle économie. Les échanges de
produits intermédiaires et de biens d’équipement ont été au cœur de ce processus, en
particulier dans les filières électronique, électrique, chimique, mécanique et des
véhicules. Avec la fulgurante émergence chinoise, cet échange de similitudes est entré
dans une phase de déclin relatif au niveau mondial (– 9 points de pourcentage entre
2000 et 2012). Si les échanges intra-zone ont mieux résisté, la puissance de la
spécialisation chinoise, basée sur des prix bas dans un large éventail de filières, a
favorisé le retour en force des échanges traditionnels interbranches. La tendance s’est
récemment inversée avec une hausse de la part des échanges intrabranche de 4 points
de pourcentage entre 2012 et 2016 au niveau mondial, dont plus de 60 % proviennent
d’échanges à l’intérieur des différentes zones et surtout au sein de l’Union européenne
(40 %). Ce regain d’échanges de similitudes pourrait être remis en cause par les
incertitudes liées au Brexit et le déploiement des mesures protectionnistes aux États-
Unis, ou bien persisté grâce à la progression de la convergence des structures
industrielles au sein des pays dynamiques d’Asie-Océanie.9

g- Le développement du commerce intra-firme

Le développement des firmes multinationales (FMN) a fait émerger un nouveau type


de commerce nommé : Commerce intra-firme. Le commerce intra-firme est un
échange international de biens ou de services entre entreprises d’un même groupe,

9
Isabelle Bensidoun et Jézabel Couppey-Soubeyran, Carnet géographique : l’économie mondiale dévoile ses
courbes, CEPII, 2020.

16
d’une même firme multinationale. On estime que plus du tiers du commerce mondial
est de nature intra-firme, c'est-à-dire qu’il s’opère entre les différentes unités d’une
même firme multinationale. Pour la fabrication de l’avion A 380, la firme
multinationale Airbus fabrique les composants de l’avion dans différents pays
européens. Les échanges entre les différentes filiales constituent le commerce intra
firme de cette firme multinationale.

4- Les facteurs de développement du commerce international

Les progrès des moyens de communication et l’abaissement des coûts de transport,


notamment le développement de porte-containers géants et standardisés ont joué un
rôle important dans la mise en place de la globalisation. Les technologies de
l'information et de la communication ont favorisé aussi les mouvements de capitaux
accompagnants ainsi la globalisation financière.

Lectures complémentaires conseillées

- L’économie mondiale 2021, CEPII, collection repère, édition la Découverte, Paris


2020.
- http://www.cepii.fr/CEPII/fr/welcome.asp (Recherche et expertise sur l’économie
mondiale).
- Rapport examen statistiques du commerce mondial de l’OMC
2018/2019/2020/2021.
- Rapport annuel 2020 de l’OMC :
https://www.wto.org/french/res_f/publications_f/anrep20_f.htm

17
Chapitre II : Le Fond Monétaire International (FMI) et l’impact socio-
économique du Plan d’Ajustement Structurel (PAS).

Ce deuxième chapitre marque le début de l’étude des institutions financières


internationales. Le Fond Monétaire International (FMI) est considéré comme la plus
importante institution qui finance les pays en difficultés économiques. Il s’agira dans
ce chapitre de comprendre en premier lieu le fonctionnement de ce fond, et de saisir
les mécanismes de son intervention. Ensuite, en second lieu nous aborderons le débat
très virulent de l’impact du Plan d’Ajustement Structurel sur les économies
insolvables. En effet, la question des retombés du PAS sur les économies notamment
en voies de développement ne cesse de se poser avec véhémence. Nous étudierons
alors cette question en se focalisant sur l’expérience algérienne des années 90.
Ce chapitre offrira à l’étudiant la possibilité d’un côté de connaitre le fonctionnement
du FMI et la logique de son intervention, mais d’un autre confronter les discours très
gratifiants sur les activités du FMI, avec la réalité très contrastée des effets néfastes du
plan d’ajustement structurel sur les économies sollicitant son aide.

1- Définition

Le FMI a été crée en juillet 1944 lors d’une conférence des nations à Bretton Woods.
Les 44 pays représentés à la conférence voulaient établir un cadre de coopération
économique pour éviter que ne se reproduisent les dévaluations compétitives qui
avaient contribué à la grande crise des années 1930. Le FMI a pour but de promouvoir
la coopération monétaire internationale et de garantir la stabilité financière. 10

2- Le FMI dans le cadre du système de bretton Woods

En 1945 le principal rôle du FMI était de garantir la stabilité du système monétaire


international après la seconde guerre mondiale. Le but était d’empêcher de retomber
dans la situation de 1930 où la dévaluation de la monnaie et les décisions de politiques
économiques unilatérale avaient aggravé les tentions internationales.

Le nouvel ordre économique en 1945 était le suivant :

10
Fiches techniques du FMI : https://www.imf.org/fr/About/Factsheets

18
- Chaque Etat doit définir la valeur de sa monnaie par rapport au dollar américain
lui-même convertible en or (Système Etalon change-or).
- La valeur des monnaies sur le marché des changes ne devrait fluctuer que dans une
marge de 1% par rapport à sa parité.
- Le rôle du FMI était d’assurer la stabilité de ce système lorsque certains pays se
révélaient incapable de maintenir la valeur de leur monnaie dans la marge de 1%
prévue par les accords, ils pouvaient recouvrir à des dévaluations ou des
réévaluations de leur monnaie. Si le réajustement dépasse 10% il faut avant avoir
l’accord du FMI.11
3- Le FMI depuis 1976 à nos jours

Le rôle du FMI à évolué avec l’évolution du SMI. En effet, de nos jours le rôle de cette
organisation constitue en :

- La prévention des crises systémiques.


- Promouvoir la coopération internationale et de garantir la stabilité financière.
- Contribuer à un niveau élevé de l’emploi.
- Soutenir le pays en difficultés par l’octroie des crédits (prêts) afin de garantir sa
stabilité.
- Conseiller les Etats membres quant à leurs politiques économiques.

Le FMI s’est réinventé au cours du temps :

- Garant du système de B.W (1944-1976)


- Garant de la crise d’endettement des PED (1980)
- Garant des crises des pays émergents (1990-2000)
- Gestion de la crise économique et financière (2008) ;
4- Les ressources du FMI

La plupart des ressources qui servent aux opérations de prêt du FMI sont fournies par
les États membres, surtout par le biais du versement de leurs quotes-parts. Les
emprunts multilatéraux et bilatéraux viennent ensuite en deuxième et troisième recours
pour compléter provisoirement les ressources issues des quotes-parts. Ces emprunts

11
Kcodgoh Edgeweblime, Le FMI en Afrique, Edition l’Hamarttan, Paris, 2012

19
temporaires ont joué un rôle crucial pour permettre au FMI de fournir un appui
financier exceptionnel à ses pays membres pendant la crise économique mondiale. Les
prêts concessionnels et l’allégement de dette accordé aux pays à faible revenu sont
financés par des fonds fiduciaires distincts.12

4-1- Les avoir en or

Le FMI détient des avoirs en or, accumulés au fil des paiements par les pays
membres. Ces avoirs en or se montent à environ 90,5 millions d’onces (2.814,1
tonnes), ce qui fait du FMI l’un des plus grands détenteurs officiels d’or au monde.
Les Statuts du FMI imposent toutefois des limites très strictes à l’utilisation de cet or.
Sur décision prise à la majorité de 85 % du total des voix attribuées, le FMI peut
vendre de l’or ou accepter d’un État membre des paiements en or; en revanche, le FMI
ne peut acheter de l’or ni effectuer d’autres transactions sur l’or. En décembre 2010, le
FMI a conclu la vente de 403,3 tonnes d’or — soit un huitième de ses avoirs, après
autorisation du Conseil d’administration. Cette vente limitée a été réalisée moyennant
de strictes mesures de diligence pour éviter toute perturbation du marché. Toutes les
transactions ont été effectuées aux prix du marché, y compris les ventes directes aux
détenteurs officiels. Les bénéfices de cette vente, d’un montant de 4,4 milliards de
DTS, ont servi à établir une dotation dans le cadre du nouveau modèle de financement
du FMI conçu pour donner une assise durable aux finances de l’institution. Une partie
du produit des ventes d’or sert à bonifier les prêts concessionnels aux pays à faible
revenu

4-2- Système de quotes-parts

Chaque pays membre du FMI se voit attribuer une quote-part, en principe


proportionnelle à son poids dans l’économie mondiale. Elle détermine sa contribution
maximale au capital du FMI. En adhérant au FMI, un pays doit en principe régler un
quart de sa quote-part en monnaies étrangères largement acceptées à l’échelon
international (dollar, euro, renminbi, yen ou livre sterling) ou en droits de tirage
spéciaux (DTS). Les trois quarts restants sont versés en monnaie du pays membre. Une

12
https://www.economie.gouv.fr/facileco/fonctionnement-fmi (consulté le 25/05/20201).

20
révision des quotes-parts a lieu au moins tous les cinq ans. En 2010, à l’issue de la 14e
révision générale des quotes-parts, tous les États membres du FMI sont convenus de
doubler les ressources du Fonds, portant le total des quotes-parts à 477 milliards de
DTS. Ces modifications ont pris effet en janvier 2016.

Tableau 1 : Quotes-parts 2019 après révision

Pays Quotes-parts% Droit de vote%


USA 17.46 16.5
JAPON 6.48 6.2
CHINE 6.41 3.8
ALLEMAGNE 5.60 5.8
FRANCE 4.25 4.28
A.SAOUDITE 2.10 -
Source : FMI

NB : Pour prendre une décision, il faut réunir 85% des votes. Comme les USA détiennent
16.5% l’ensemble des membres ne peuvent atteindre 85% des votes sans le vote des
américains. On dit alors que les USA détiennent une minorité de blocage.

4-3- Emprunts multilatéraux

Les quotes-parts constituent certes la principale source de financement du FMI, mais


l’institution peut les compléter en contractant des emprunts multilatéraux, si elle
estime que sa capacité de prêt risque de ne pas être en mesure de répondre aux besoins
des pays membres. Les Nouveaux accords d’emprunt (NAE) constituent le principal
complément des ressources issues des quotes-parts. En vertu de ces accords NAE, un
certain nombre de pays et d’institutions se tiennent prêts à prêter des ressources
complémentaires au FMI. Les Accords généraux d’emprunts (AGE) permettent au
FMI de contracter des emprunts auprès d’un nombre plus limité de pays. Les NAE et
les AGE constituent un deuxième recours, assurant au FMI de disposer de la capacité
suffisante de prêt, en cas, par exemple, de crise financière grave.

4-5- Emprunts bilatéraux

Les emprunts bilatéraux ont provisoirement complété les ressources du FMI pour
permettre à l’institution de répondre aux besoins de financement de ses pays membres
durant la crise financière mondiale. Le FMI a contracté des emprunts bilatéraux pour

21
la première fois en 2009- 2010. Ces accords d’emprunt ont par la suite été intégrés aux
NAE. En 2012, avec l’aggravation de la crise dans la zone euro, le FMI et plusieurs
États membres sont convenus de contracter un nouveau cycle d’emprunts bilatéraux
pour une période de quatre ans, en troisième recours, après les ressources issues des
quotes-parts et celles issues des NAE. En 2016, face à l’incertitude persistante de la
conjoncture économique mondiale, les pays membres se sont engagés à maintenir les
emprunts bilatéraux dans le cadre d’une nouvelle structure améliorée, jusqu’à la fin de
2019 au moins

5- Les Droits de Tirage Spéciaux

Le DTS est un actif de réserve international, créé en 1969 par le FMI pour compléter
les réserves de change officielles de ses pays membres. En mars 2016, 204,1 milliards
de DTS avaient été créés et alloués aux pays membres (soit l’équivalent d’environ 285
milliards de dollars). Les DTS peuvent être échangés contre des devises librement
utilisables. À compter du 1 er octobre 2016, la valeur du DTS repose sur un panier de
cinq grandes devises : le dollar des États-Unis, l’euro, le renminbi chinois (RMB), le
yen japonais et la livre sterling. 13

Le DTS a été créé par le FMI en 1969 comme avoir de réserve international
complémentaire dans le cadre du système de parités fixes de Bretton Woods. Tout
pays adhérent au système devait disposer de réserves officielles — avoirs en or de
l’État ou de la banque centrale et devises largement acceptées — qui pouvaient servir à
racheter sa monnaie nationale sur les marchés des changes internationaux, au besoin,
pour maintenir son taux de change. Mais l’offre internationale de deux grands avoirs
de réserve, l’or et le dollar, s’est révélée insuffisante pour favoriser l’expansion du
commerce et des flux financiers internationaux à laquelle l’on assistait alors. La
communauté internationale a donc décidé de créer un nouvel avoir de réserve mondial
sous les auspices du FMI. Quelques années à peine après la création du DTS, le
système de Bretton Woods s’est effondré et les grandes monnaies sont passées à des
régimes de taux de change flottant. Par la suite, l’expansion des marchés de capitaux

13
Fiche technique du FMI : Le DTS :
https://www.imf.org/fr/About/Factsheets/Sheets/2016/08/01/14/51/Special-Drawing-Right-SDR (Consulté en
2021).

22
internationaux a permis aux gouvernements solvables d’emprunter plus facilement et
de nombreux pays ont accumulé des volumes importants de réserves internationales.
De ce fait, le recours au DTS comme actif de réserve mondial a diminué. Toutefois,
plus récemment, les allocations de DTS de 2009 d’un montant total de 182,6 milliards
de DTS ont été déterminantes pour approvisionner le système économique mondial en
liquidités et pour compléter les réserves officielles des pays membres sur fond de crise
financière mondiale. Le DTS n’est pas une monnaie, et il ne constitue pas non plus une
créance sur le FMI. Il représente en revanche une créance virtuelle sur les monnaies
librement utilisables des pays membres du FMI. 14

6- Le mécanisme du Programme d’Ajustement Structurel (PAS)

6-1- Le Programme d’Ajustement Structurel PAS : est un programme de réformes


ou de conditions économiques que le FMI ou la Banque Mondiale mettent en place
pour permettre aux pays touchés par des difficultés économiques de sortir de la crise,
et de corriger les déséquilibres dans leurs balances de paiement.

6-2- Les conditions du Programme d’Ajustement Structurel (PAS)

Les membres du FMI peuvent demander le financement du Fonds dans un large


éventail de circonstances afin de leur donner une marge de manœuvre pour mettre en
œuvre des politiques d'ajustement de manière ordonnée. Tous les membres du FMI
peuvent accéder aux ressources du Fonds dans le Compte des ressources générales
(CRG) à des conditions non concessionnelles. Les pays à faible revenu peuvent
accéder à un soutien financier à des conditions concessionnelles par l'intermédiaire du
Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et la croissance. Les différents
instruments de prêt du FMI sont adaptés aux circonstances spécifiques, en particulier
au type d'ajustement requis et à la durée prévue du soutien financier nécessaire. Les
accords de confirmation couvrent généralement une période plus courte, de 12 à 24
mois, et sont fréquemment utilisés lors d'épisodes de crise aiguë, comme la crise
financière mondiale. Les accords au titre du mécanisme élargi de crédit apportent un
soutien à des programmes complets comprenant les politiques nécessaires à la

14
https://www.imf.org/en/Topics/special-drawing-right (consulté le 05/2021).

23
correction des déséquilibres structurels sur une période prolongée et se caractérisent
par une durée pouvant aller jusqu'à quatre ans et une période de remboursement plus
longue. Parmi les opérations de prêt concessionnel, les accords au titre du mécanisme
élargi de crédit (MCE) ont un objectif similaire. Ces instruments, conçus pour
remédier aux obstacles structurels ou à la faible croissance, sont devenus les
instruments les plus couramment utilisés ces dernières années.15

La conditionnalité est un élément clé des programmes soutenus par le FMI pour aider
les membres à renforcer leurs politiques économiques et financières. Selon les
directives du FMI sur la conditionnalité (FMI, 2002), les conditions structurelles
doivent être essentielles soit à la réalisation des objectifs du programme, soit au suivi
de la mise en œuvre du programme, soit à la mise en œuvre de dispositions spécifiques
en vertu des statuts. Le Fonds n'effectue des décaissements dans le cadre d'un
programme que si les conditions de celui-ci sont respectées. La conditionnalité est une
caractéristique de longue date des prêts du Fonds après avoir été introduite dans les
années 1950.

Jusqu'aux années 1980, la conditionnalité était généralement centrée sur les politiques
monétaires, fiscales et de change. Le plan d’ajustement structurel tournait autour de
ces principales réformes :

- Réduire le déficit budgétaire, et équilibrer le solde de la balance des paiements


- Dévaluation de la monnaie.
- Libéralisation du commerce international.
- Baisse ou suppression des subventions
- Privatisation des entreprises publiques
- Réduction des dépenses publiques, et augmentation des taxes (gestion de la
fiscalité publique).
- Assurer plus de transparence et réduire la corruption.

Depuis, la conditionnalité a également commencé à cibler les faiblesses structurelles


en dehors des domaines monétaire et fiscal. Ce changement reflète le désir des
15
Jochen Andritzky, Zsuzsa Munkacsi, and Ke Wang, how to Gain the Most from Structural Conditionality of
IMF-Supported Programs, IMF working paper, 2020.

24
membres de s'attaquer aux faiblesses macro-structurelles dans un monde où
l'intégration économique s'intensifie, bien qu'il y ait eu des périodes au cours
desquelles l'accent sur les réformes structurelles a été plus prononcé. Dernièrement, les
réformes structurelles ont occupé une place importante dans les programmes soutenus
par le FMI dans l'Union monétaire européenne, (durant la crise souveraine qui a touché
la majorité des pays européens depuis 2010), étant donné que la monnaie commune
met l'accent sur les réformes structurelles pour réaliser l'ajustement économique.
L'éventuelle transformation économique qui pourrait suivre la pandémie actuelle de
Covid-19 pourrait bien déclencher une nouvelle période de besoins accrus en matière
de réformes structurelles.

Malgré l'importance des réformes structurelles, les programmes soutenus par le FMI
ont été largement jugés inefficaces pour remédier à des faiblesses structurelles
profondément ancrées. En analysant la conditionnalité des programmes de 2011 à
2017 - la période qui a suivi la crise financière mondiale, on constate que le nombre de
repères structurels est resté globalement inchangé par rapport aux périodes antérieures.

7- Impact socio-économique des politiques d'austérité dans la zone euro

L'endettement public et le déficit budgétaire ont considérablement augmenté ces


dernières années, entraînant des problèmes économiques majeurs. Les déséquilibres
macroéconomiques ont également entraîné le retour en force du FMI dans la région de
la zone euro, qu'il avait quittée il y a trente ans. Contrairement aux attentes du FMI, les
politiques d'austérité mises en œuvre par les pays de la zone euro - en particulier ceux
mis en cause par les marchés financiers en raison de l'ampleur de leur dette souveraine,
comme la Grèce, l'Italie, le Portugal, l'Espagne et Chypre - n'ont pas permis
d'améliorer de manière significative le niveau de confiance des opérateurs
économiques. Les politiques d'austérité ont néanmoins entraîné un ralentissement de
l'activité économique, une hausse du chômage et une baisse du pouvoir d'achat des
citoyens.

L'une des principales mesures adoptées pour mettre en pratique les politiques
d'austérité en Europe a été la réduction ou l'élimination des subventions sur des biens

25
tels que le carburant, l'électricité, les denrées alimentaires et les outils agricoles, en
plus du gel ou de la réduction de la masse salariale dans les administrations publiques,
de l'augmentation des taxes générales sur les ventes et de la TVA, de la réforme des
retraites, de la rationalisation et/ou du rationnement supplémentaires des filets de
sécurité sociale, de la réforme du système de santé et de l'adaptation du marché de
l'emploi pour qu'il devienne plus flexible en matière d'embauche et de licenciement.

À cela s'ajoute la privatisation d'installations publiques dans des pays comme la Grèce,
le Portugal, l'Espagne et l'Italie (vente de sociétés nationales de distribution d'eau et
d'électricité, de sociétés de transport public et de plusieurs installations de soins de
santé). Rien qu'au Royaume-Uni, plusieurs emplois administratifs ont été supprimés et
les salaires dans le même secteur ont diminué en Italie et en Irlande, alors qu'ils ont été
pour la plupart gelés au Royaume-Uni. Il convient de noter qu'au moins trois des
mesures d'austérité susmentionnées sont directement liées à la protection sociale.

Outre la suppression ou la réduction des subventions sur les produits de base,


Considérés comme un mécanisme d'aide sociale, les pays de la zone euro semblent
avoir sensiblement réduit les budgets alloués à la sécurité sociale (les budgets de la
Grèce, de la Lituanie et du Portugal ont connu une baisse de 5 %, derrière la
Roumanie, qui a enregistré plus de 5 % en 2011). Cela s'est traduit par une diminution
de la valeur nominale des allocations familiales et de logement, ainsi que des
prestations d'invalidité.

L'impact de l'austérité s'est également fait sentir dans les budgets de santé, par le biais
de mesures de réduction des dépenses, budgets de la santé, par des mesures de
réduction des dans les établissements de santé publique et l'adaptation des
médicaments pour se rapprocher de celui des médicaments génériques. En outre, les
citoyens ont dû payer une part plus importante des frais médicaux et de traitement. Les
régimes de retraite ont également été modifiés de façon radicale en augmentant la
contribution des salariés l'augmentation de la durée de cotisation pour bénéficier pour
bénéficier des pensions, le report de l'âge de la retraite et la réduction de la valeur des
pensions. La réduction de la valeur des pensions.

26
L'adoption de la "flexibilité du marché du travail" a conduit à une réévaluation du
salaire minimum et à l'abandon relatif de la progressivité des salaires et des prix. Elle a
également conduit à une décentralisation de la négociation collective, affaiblissant le
pouvoir de négociation des salariés (c'est ce qui s'est produit en Grèce, au Portugal, en
Italie et en Espagne). L'assouplissement des restrictions au licenciement des
travailleurs ne s'est toutefois pas accompagné de mesures visant à protéger ceux qui
ont perdu leur emploi contre le risque de tomber dans la pauvreté et la vulnérabilité.

Les effets dévastateurs de la crise sociale provoquée par les politiques d'austérité
imposées aux pays de la zone euro sont clairement visibles ; le chômage a atteint des
taux sans précédent dans cette région, en particulier chez les jeunes et les chômeurs de
longue durée (par exemple, le taux de chômage a presque triplé en Espagne et en
Grèce, passant de 8,3 % en 2007 à 24 % en 2012. La hausse des prix et la baisse des
valeurs réelles des salaires ont exacerbé la présence de " travailleurs pauvres " (le
Royaume-Uni, Portugal, Italie, Espagne, Irlande et Grèce). De manière générale, on
peut dire que la pauvreté dans l'UE s'accroît. Les différences sociales et de classe se
sont accentuées, menaçant l'harmonie et la cohésion de la communauté, diminuant la
confiance des citoyens et entraînant une augmentation de la criminalité et une baisse
du taux de réussite scolaire.

27
Source: Isabel Ortiz and Matthew Cummins, the Austerity Decade 2010-20, Social
Policy & Society (2021) 20:1, 142–157 © Cambridge University Press 2021.
Doi:10.1017/S1474746420000433.

L'analyse des projections de dépenses du FMI fait apparaître deux phases distinctes
dans la structure des dépenses depuis le début de la crise économique mondiale. Dans
la première phase de la crise, de 2008 à 2010, la plupart des gouvernements ont mis en
place des programmes de relance budgétaire et augmenté les dépenses totales. Dans
l'ensemble, 137 pays (soit environ les trois quarts de l'échantillon) ont augmenté leurs
dépenses.

en 2008 et 2009, soit une augmentation annuelle moyenne de 3,3 % du PIB. Une
cinquantaine de pays à revenu élevé et intermédiaire ont annoncé des plans de relance
budgétaire d'un montant total de 2 400 milliards de dollars, dont environ un quart a été
investi dans des mesures anticycliques dans le secteur social/de protection. En 2010,
cependant, les gouvernements ont commencé à revoir à la baisse les programmes de
relance budgétaire et à réduire les dépenses dans le cadre d'une deuxième phase de la
crise qui est en cours et devrait se poursuivre au moins jusqu'en 2020, malgré le besoin
urgent de soutien public des populations vulnérables, et malgré les multiples
engagements nationaux et internationaux en matière de développement. Comme le
montre la figure au dessus, la phase de contraction des dépenses de la crise est
caractérisée par deux chocs, le premier survenant en 2010 et 2011 et le second prenant
son essor en 2016. en 2016.16

Globalement, les réductions budgétaires ont touché 132 pays en 2016 en termes de PIB
et ont oscillé autour de ce niveau jusqu'en 2020. L'une des principales conclusions est
que le monde en développement sera le plus sévèrement touché. Au total, quatre-vingt-
un pays en développement, en moyenne, devraient réduire leurs dépenses publiques
pendant le choc à venir, contre quarante-cinq pays à revenu élevé.

De nombreuses mesures d'ajustement apparaissent plus fréquemment dans les pays en


développement (tableau suivant). Par exemple, alors que les réformes des retraites et

16
Zhang, Y., Thelen, N. and Rao, A. (2010) Social Protection in Fiscal Stimulus Packages: Some Evidence,
UNDP/Office of Development Studies Working Paper, New York: UNDP.

28
du travail sont dominantes dans les pays à revenu élevé, les pays en développement
affichent une incidence plus élevée de réductions/plafonds de la masse salariale et de
subventions plus faibles. En revanche, les augmentations des taxes sur la
consommation et les privatisations sont aussi fréquentes dans les deux groupes.

Source: Isabel Ortiz and Matthew Cummins, the Austerity Decade 2010-20, Social
Policy & Society (2021) 20:1, 142–157 © Cambridge University Press 2021.
Doi:10.1017/S1474746420000433

Noté bien : Ce point sera développé en détail dans les séances des travaux dirigés. Des
analyses fines sur l’impact socio-économique du plan d’ajustement structurel sur
l’économie algérienne seront menées. L’expérience algérienne sera de ce faite un point
d’appuis pour une compréhension plus concise de cette problématique.

Lectures complémentaires conseillées

- Joseph Stiglitz : La grande désillusion


https://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_2003_num_68_1_1191_t1_0185_0000_2
- Patrick Lenain, Le FMI, Edition la découverte, Paris, 2004.
- ATTAC, FMI : Les peuples entrent en résistance, Edition, Syllesps, Genève,
2000.
- Cherif Chakib, Programme d'ajustement structurel et résultats socio-économiques
en Algérie, revue des sciences humaines, n°18, 2002.

29
Chapitre III : La Banque Mondiale, et l’étude de son efficacité quant à la
lutte contre la pauvreté.
Ce présent chapitre traite la deuxième plus grande institution financière internationale
après le FMI ; La Banque Mondiale. Ce chapitre vise à comprendre le rôle, la mission
et le fonctionnement de l’institution. Une fois que l’étudiant aurait compris toutes les
dimensions relatives à l’institution, le débat sera recentré sur la question de l’efficacité
de la Banque Mondiale dans sa principale mission qui est la lutte contre la pauvreté. Il
est important de souligner que l’étudiant sera amené à travers les séances des travaux
dirigés à dresser un état des lieux de la pauvreté dans le monde, avant de juger de
l’efficacité des mécanismes d’intervention de la Banque Mondiale.

1- Définition :
Le Groupe de la Banque mondiale est l’une des principales sources de financement et
de savoir pour les pays en développement. Il se compose de cinq institutions engagées
en faveur de la réduction de la pauvreté, d’un plus grand partage de la prospérité et de
la promotion d’un développement durable.

2- Les institutions composant la BM

2-1- La Banque internationale pour la reconstruction et le développement


(BIRD) : Est une « coopérative » mondiale qui appartient à ses 189 États membres.
Première banque de développement du monde, la BIRD appuie la mission du Groupe
de la Banque mondiale en fournissant des prêts, des garanties, des produits de gestion
des risques et des services de conseil destinés aux pays à revenu intermédiaire et aux
pays pauvres solvables, tout en assurant la coordination des actions menées pour faire
face aux défis d’ampleur régionale ou mondiale. Créée en 1944 pour aider l’Europe à
se reconstruire au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la BIRD est l’une des
institutions composant la Banque mondiale, aux côtés de l’Association internationale
de développement (IDA), qui se consacre aux pays les plus pauvres. La BIRD et l’IDA
œuvrent en étroite collaboration avec les trois autres institutions du Groupe de la
Banque mondiale, ainsi qu’avec les pouvoirs publics et le secteur privé des pays en

30
développement, afin de réduire la pauvreté et de favoriser le partage
de la prospérité.17

2-2- L’Association internationale de développement (IDA)

Est l’institution de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres de la
planète. Sous la supervision de 173 pays actionnaires, l’IDA vise à réduire la pauvreté
en accordant des prêts (appelés « crédits ») et des dons destinés à des programmes de
nature à stimuler la croissance économique, à réduire les inégalités et à améliorer la
vie des plus démunis. L’IDA figure parmi les principaux bailleurs de fonds des
76 pays les plus pauvres de la planète, dont 39 se trouvent en Afrique, et représente la
plus importante source de contributions des donateurs aux services sociaux de base
dans ces pays.18

L’IDA prête des fonds à des conditions concessionnelles. Cela signifie que les crédits
de l’IDA portent un intérêt très faible ou nul et que les remboursements sont étalés sur
30 à 38 ans, dont un différé d’amortissement de 5 à 10 ans. L’IDA accorde également
des dons aux pays menacés de surendettement. L’IDA soutient toutes sortes d’activités
de développement, comme l’enseignement primaire, les services de santé de base,
l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement, la protection de
l’environnement, l’agriculture, l’amélioration du climat des affaires, l’infrastructure et
les réformes institutionnelles. Ces projets ouvrent la voie vers l’égalité, la croissance
économique, la création d’emplois, le relèvement des revenus et l’amélioration des
conditions de vie

2-3- La Société financière internationale (IFC)

Est la principale institution de développement axée sur le secteur privé dans les pays
émergents. Au sein du Groupe de la Banque mondiale, IFC a pour mission de
promouvoir le développement économique et améliorer les conditions de vie des
populations en favorisant l’essor du secteur privé dans les pays en développement.

17
https://www.banquemondiale.org/fr/what-we-do (Consulté en 2021).
18
https://ida.banquemondiale.org/fr/financing (Consulté en 2021)

31
La SFI aide les pays a développé leur secteur privé : 19

- En investissant dans des entreprises sous forme de prêts, de prises de


participation, de titres de créance et de garanties.
- En mobilisant des capitaux auprès d’autres sources de financement et
d’investisseurs, notamment sous forme de participations aux prêts ou de prêts
parallèles.
- En dispensant des conseils aux entreprises et aux pouvoirs publics afin
d’encourager l’investissement privé et d'améliorer le climat de l’investissement.
2-4-Agence Multilatérale de garantie des investissements (MIGA)
Elle offre aux institutions des garanties contre les pertes associées aux risques non
commerciaux dans le pays en développement. Sont rôle est d’encourager les IDE dans
les pays en développement afin de favoriser la croissance économique. Elle soutient
les investissements qui contribuent au développement en offrant des garanties contre
les risques : politiques, de transfert, d’inconvertibilité de la monnaie, expropriation,
rupture de contrat et le non respect des obligations financières.20
Depuis sa création la MEGA a offert 27 milliards de dollars de garanties à l’appui de
700 projets d’investissement dans 100 pays de développement.

Centre international pour le règlement des différends relatif aux investissements

Le CIRDI est la principale institution au monde dédiée au règlement des différends


relatifs aux investissements internationaux. Il dispose d’une vaste expérience dans ce
domaine, pour avoir administré la majorité des affaires relatives à des investissements
internationau Des États ont désigné le CIRDI comme instance pour le règlement des
différends opposant un investisseur à un État dans la plupart des traités internationaux
d’investissement ainsi que dans de nombreuses lois sur l’investissement et de
nombreux contrats d’investissement.21

19
https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/CORP_EXT_Content/IFC_External_Corporate_Site/Solutions/Products
+and+Services (Consulté en 2021)
20
https://www.miga.org/about-us ( Consulté en 2021)
21
https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/CORP_EXT_Content/IFC_External_Corporate_Site/Solutions/Products
+and+Services ( Consulté en 2021)

32
Noté bien : La problématique de l’efficacité de la Banque Mondiale dans sa mission
de la lutte contre la pauvreté sera débattue en TD, tout en dressant un état des lieux ou
un panorama de la pauvreté dans le monde.

Lectures complémentaires conseillées

- Joseph Stiglitz, Le prix de l’inégalité, Edition WW Norton & Compagny, New


York 2012.

- Bernard Drevon, Analyse du livre : le prix de l’inégalité de J- Stiglits.


https://www.cairn.info/revue-idees-economiques-et-sociales-2013-3-page-77.htm

- Rubrique : Comprendre la pauvreté du site officiel de la Banque Mondiale :


https://www.banquemondiale.org/fr/understanding-poverty

33
Chapitre VI : La Banque des Règlements Internationaux
Le troisième chapitre de notre programme vise à étudier une institution financière
internationale influente mais méconnue : La Banque des règlements Internationaux,
(Bank of international Settelments BIS). Après avoir saisi le rôle et le fonctionnement
de la BRI, nous étudieront les trois accords de Bâle organisés sous l’égide de la BRI.
La principale problématique qui sera abordée dans ce chapitre sera l’analyse de la mise
en place des règles prudentielles de l’accord du Bâle le plus récent : le Bâle III.
L’étudiant sera appelé à analyser l’efficacité des accords de Bâle et leur capacité à
garantir la solvabilité du système bancaire, dans un environnement économique et
financier instable.

1- Définition

La BRI a été fondée le 17 mai 1930, ce qui en fait la plus ancienne institution
financière internationale. Elle avait à l’origine la mission de gérer les modalités
financières du plan prévoyant les réparations de guerre dues par l’Allemagne en
application du Traité de Versailles de 1919. La BRI favorise la coopération
internationale entre les autorités monétaires et les autorités de surveillance du secteur
financier dans le cadre de réunions qu’elle organise à l’intention des responsables de
ces instances ainsi que dans le cadre du processus de Bâle qui consiste pour la BRI à
héberger des comités internationaux chargés d’élaborer des normes et d’œuvrer à
la stabilité financière.22

2- Les fonctions de la BRI

- Le département monétaire et économique de la BRI réalise des travaux de


recherche et d’analyse sur des questions traitant de la stabilité monétaire et
financière. Il fournit par ailleurs un appui aux comités hébergés par la BRI et
organise des réunions entre hauts responsables de banque centrales ou
d’institutions internationales chargés de veiller à la stabilité financière. De plus, il
a en charge la collecte, l’analyse et la diffusion des statistiques sur le système
financier international.

22
Site officiel de la BRI : https://www.bis.org/about/index.htm?m=1001

34
- La BRI contribue aux activités des banques centrales en les aidant dans la gestion
de leurs réserves et en favorisant la coopération internationale dans ce domaine. La
BRI propose également ses services financiers aux organisations financières
internationales.
- Au 31 mars 2017, le total des dépôts de la clientèle s’élevait à quelques 204
milliards de DTS, dont 95 % libellés en devises et 5 % en or.23
- Elle intervient comme mandataire pour gérer les aspects financiers d’accords
internationaux.
- Création de gamme de service pour aider les banques centrales à gérer leurs
réserves.
- Un centre de recherche dans les questions stratégiques auxquelles les banques
centrales et autorités de contrôles sont confrontées.
Dotée d’un budget total de l’ordre de 275,4 millions de francs suisses en
2016/2017, et employant 633 personnes provenant de 61 pays, la BRI dispose
d’une structure de gouvernance duale, avec un conseil d’administration qui
détermine les grandes orientations stratégiques ou politiques, et un directeur
général qui a en charge la gestion de l’institution.
3- Les accords de Bâle

Les accords de Bâle sont des accords de réglementations bancaires prudentielles signés
à Bâle en Suisse. Ils visent à garantir un niveau minimum de capitaux propres, afin
d’assurer la solidité financière des banques. Le comité le plus connu est le comité de
régulation financière internationale dénommé « Comité de Bâle pour le contrôle
bancaire ». Créé en 1974, il a pour mission de renforcer la régulation des banques et de
promouvoir et diffuser de meilleures pratiques bancaires. Son principal objectif est
toutefois d’assurer la stabilité du système financier à l’échelle mondiale. À cet effet, il
établit des normes internationales dans le domaine du contrôle prudentiel des banques
et constitue une instance de coopération internationale sur ces questions. 24

23
Nicolas Moumni and Ali Bouhaili, La Banque des Règlements Internationaux. Essai d’une lecture
« commonsienne », revue Economie et Institution N°6, https://doi.org/10.4000/ei.866

24
https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/marches-financiers/acteurs-de-la-finance/institutions-
financieres-internationales/banque-des-reglements-internationaux-bri/ (consulté en 2021)

35
3-1-Les accords du Bâle I (1988)

Les premiers accords de Bâle sont créés en 1988, appelés « Bâle I ». On assiste à la
création du ratio Cooke, (du nom de Peter Cooke, président à cette époque du Comité
de Bale), un ratio de solvabilité qui impose aux banques d’avoir un minimum de fonds
propres : 8% par rapport au volume d’activité, aux encours de crédit et aux
engagements des banques. Les fonds propres représentent l’ensemble des capitaux
détenus en propre (grâce aux apports des actionnaires), augmentés des profits générés.
Plus les fonds propres d’une entreprise sont élevés moins elle a recours à
l’endettement. Ce ratio doit donc être de 8% par rapport au risque crédit.

Ratio Cook= Fonds propres / risque de crédit > 8%

Risque de crédit : risque qu’un emprunteur soit dans l’incapacité de rembourser tout
ou une partie de son crédit auprès de la banque. L’objectif ici est de renforcer la
stabilité du système bancaire et de réduire.

La complexité des produits financiers a mené à redéfinir les normes de régulation.


C’est ainsi que les accords de « Bâle II » ont vu le jour en 2004.

3-2- Les accords du Bale II (2004)

Ces accords se basent sur trois piliers : les fonds propres, la transparence et la
surveillance prudentielle.

- Les Fonds Propres


Les banques doivent être capables de couvrir leurs risques. Le ratio Cooke, devient
alors le ratio McDonough (du nom de William J. McDonough, président en exercice
du Comité de Bâle au moment de ces accords). Ce ratio est plus affiné que son
prédécesseur car en plus du risque de crédit, il tient compte du risque
opérationnel (risque de perte liée à une défaillance des procédures internes ou externes
d’un établissement financier. Ex : erreurs du personnel, risque technologique, fraude,
piratage) et du risque de marché (risque de perte suite à des variations de prix sur le

36
marché). Ainsi, les fonds propres de la banque doivent toujours être supérieurs à 8%
du risque de crédit où on va inclure en plus les risques opérationnels et risques de
marché. On peut au final retenir ce calcul :

Ratio McDonough = Fonds propres / (Risque de crédit + Risque opérationnel +


Risque de marché) > 8%.

- La Transparence et la discipline de marché

Les banques doivent s’assurer de disposer de fonds propres suffisant au regard des
risques encourus. Elles sont également tenues de rendre public un certain nombre de
documents pour être conformes qui sont les documents liés aux calculs des fonds
propres et leur exposition aux risques, ainsi que les documents sur les méthodes de
valorisation de leurs actifs.

- La Surveillance prudentielle

Le Comité de Bâle demande aux banques de procéder à une meilleure surveillance


interne de leurs risques. Les autorités de contrôle peuvent intervenir si elles constatent
que le niveau des fonds propres n’est pas respecté.

37
Figure 1 : Les trois piliers du Bâle II

Source : De Bâle I au Bâle IV chronique d’une saga réglementaire : https://www.sia-


partners.com/fr/actualites-et-publications/de-nos-experts/de-bale-1-bale-4-chronique-
dune-saga-reglementaire

3-3- Les accords du Bâle III

En 2010, les accords de « Bâle III » ont été créés. Ils font notamment suite à la crise
financière de 2008, ce qui va amener le Comité de Bâle à être encore plus exigeant.
Les effets dévastateurs de la crise financière de 2008 sur les bilans des banques mais
surtout sur l’économie réelle ont amené les autorités prudentielles à réformer
profondément le cadre règlementaire avec l’arrivée de Bâle 3. La réforme entrée en
vigueur en Juillet 2013, vise à stabiliser le système financier dans son ensemble, et à
renforcer la stabilité et la solidité des banques.

Les accords Bâle III mènent à la création d’un nouveau ratio : le ratio de
Levier mesurant les fonds propres par rapport aux actifs détenus par la banque. Ce
ratio est fixé à 3%. L’objectif étant de réduire le recours abusif à l’effet de levier.
Le LBO (ou Leverage Buy Out) qui peut également se traduire par un« financement
par endettement » ou « financement par effet de levier », représente une technique

38
consistant à s’endetter pour gonfler la capacité d’investissement d’une entreprise.
Cette technique permet notamment le rachat d’une entreprise par la création ou
utilisation d’une société holding qui va s’endetter pour obtenir des fonds. On parle
d’un effet de levier élevé lorsque le niveau d’endettement d’une entreprise est
supérieur à la moyenne de son secteur.

En plus du plafonnement de l’effet de levier, les accords de Bâle III visent également à
:

 Une amélioration du risque de liquidité : risque pour la banque d’être dans


l’incapacité d’honorer ses engagements;
 Une réduction de la capacité d’endettement des banques vis à vis de leurs fonds
propres;
 Une amélioration du niveau et de la qualité des fonds propres.
 Mettre en place un coussin contrat cyclique pour éviter le risque de procyclicité
qui consiste pour une banque à augmenter ses fonds propres et réduire ses
investissements en période de récession économique, ce qui amplifie la crise
économique. Le risque de procyclicité est un risque qui est crée par le
comportement de la banque et non pas subit par celle-ci.

Les autorités de régulation parlent aujourd’hui d’une finalisation des accords du Bâle
III qui mènera sans doute aux accords du Bâle IV. Bien que les contours du cadre
Bâle 4 ne soient pas finalisés, les banques anticipent une hausse significative de leurs
exigences en capital, du fait notamment d’un retour aux approches standardisées. La
fédération bancaire européenne estime que les changements proposés pourraient
augmenter les besoins de capital des banques européennes de plus de 50%, ce qui les
obligerait à mobiliser 850 milliards d’euros de capital supplémentaire. Les banques
soulignent que les mesures envisagées se feraient au détriment de l’économie. En cas
d’adoption effective d’un cadre Bâle 4 par le Comité de Bâle, les instances
européennes pourraient les transposer au sein de l’UE tenant compte de ses spécificités
afin de contenir les éventuels impacts sur l’économie.

39
4- La mise en place des accords de Bâle dans les pays en développement

Les accords de Bâle sont suivis par de nombreux pays, développés, émergents, et
moins développés (BIS, 2015a, FSI, 2015). Ils sont d’abord mis en place par les 13
pays émergents qui ont rejoint le comité de Bâle en 2009 : Brésil, Chine, Corée du
Sud, Inde, Mexique et Russie en mars, puis Afrique du Sud, Arabie Saoudite,
Argentine, Hong-Kong, Indonésie, Singapour et Turquie en juin. L’ensemble de ces
pays respecte en 2015 le pilier 1 de Bâle II, et travaille à la mise en application de Bâle
III. Cependant, le pilier 3, au centre des obligations de transparence, est rarement
respecté. Par ailleurs, de nombreux autres pays ont modifié leur réglementation
nationale pour intégrer tout ou partie des éléments de la réglementation bâloise (FSI,
2015). On peut citer quelques exemples. Panama s’est engagée à améliorer la
supervision de son système bancaire. La Banque centrale du Pakistan est en train de
mettre en place des coussins de conservation, prépare des préconisations relatives aux
ratios de liquidité et exige plus de transparence de la part des banques.

D’après le Financial Stability Institute (FSI, 2015) la Banque centrale du Paraguay


aurait annoncé sa volonté de respecter la philosophie des accords de Bâle, mais elle
met en avant que sa propre typologie des fonds propres n’est pas en adéquation avec
celle proposée par le comité de Bâle, et que la rigidité législative paraguayenne
constitue un frein à une éventuelle harmonisation. D’autres pays, au contraire, ne
semblent pas souhaiter appliquer les principes bâlois, comme le Nigéria, le Népal,
l’Uruguay, ou encore n’ont fait qu’une déclaration d’intention, comme les Émirats
arabes unis. Tous les pays souhaitant suivre les principes du comité de Bâle travaillent
sur la mise en œuvre des accords de Bâle II et Bâle III, Bâle I n’était plus d’actualité
aujourd’hui. 25

Cependant, la mise en application concrète est très hétérogène. Si de nombreux pays


ont déjà mis en œuvre l’approche standard pour le risque de crédit, le risque
opérationnel et le risque de marché (comme le Bangladesh, le Costa Rica ou l’Égypte),
ils sont nombreux à n’être qu’au stade de l’écriture du nouveau cadre réglementaire

25
Étienne Farvaques et Catherine Refait Alexandre, Les exigences de transparence des accords de Bâle : aubaine
ou fardeau pour les pays en développement ? Revue Monde en développement, n°173, 2016.

40
(comme l’Équateur, la République Démocratique du Congo ou encore la Guinée).
Rares sont les pays qui utilisent les approches internes ; ce ne sont que des pays
émergents, comme la Colombie ou la Malaisie. De même, les avancées concernant les
ratios de liquidité sont disparates, mais globalement assez faibles. Soulignons que le
comité de Bâle (BIS, 2004) ne prescrit le respect des accords que par les banques
internationales ou systémiques. Par exemple, en Inde, seules certaines banques sont
concernées. Au Bélize, les autorités monétaires estiment ne pas être concernées par les
accords de Bâle car les banques sont toutes « traditionnelles ». Selon les pays, les
banques concernées sont soit de grandes banques internationales domestiques
(spécialement dans les pays émergents comme la Chine et l’on peut évidemment citer
Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), la plus grande banque du monde),
soit les filiales de grandes banques internationales de pays développés (comme la
Banque marocaine pour le commerce et l’industrie (BMCI), filiale de BNP-Paribas),
puisque celles-ci doivent respecter les accords de Bâle au niveau du groupe
(consolidé).26

Noté bien : Dans les séances de travaux dirigés, les étudiants seront appelés à analyser
le support suivant :

- Éric Chouinard et Graydon Paulin, La mise en œuvre de Bâle III : vers un secteur
bancaire plus sûr Banque du canada • Revue du système financier • Juin 2014 :
disponible sur ce site : https://www.banqueducanada.ca/wp-
content/uploads/2014/06/rsf-juin2014-chouinard.pdf

26
Étienne Farvaques et Catherine Refait Alexandre, Les exigences de transparence des accords de Bâle : aubaine
ou fardeau pour les pays en développement ? Revue Monde en développement, n°173, 2016.

41
Chapitre IV : L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC)

L'Organisation mondiale du commerce (OMC) est la seule organisation internationale


qui s'occupe des règles régissant le commerce entre les pays. Au cœur de
l'Organisation se trouvent les Accords de l'OMC, négociés et signés par la majeure
partie des puissances commerciales du monde et ratifiés par leurs parlements. Le but
est d'aider les producteurs de marchandises et de services, les exportateurs et les
importateurs à mener leurs activités. Ce chapitre permettra à l’étudiant de comprendre
les règles qui régissent le commerce mondial. Deux débats seront menés, le premier
concernera la place de l’OMC dans l’équité du commerce mondial, le second traitera
la question de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC, est-ce une opportunité ou plutôt une
menace pour l’économie algérienne ?

1- Du GATT à l’OMC

L’OMC a vu le jour le 1er janvier 1995, mais le système commercial a 50 ans de plus
qu’elle. En effet, il était régi depuis 1948 par l’Accord général sur les tarifs douaniers
et le commerce (GATT), qui portait essentiellement sur le commerce des
marchandises, alors que l’OMC et ses accords couvrent aussi le commerce des
services et celui des inventions, des créations et des dessins et modèles (propriété
intellectuelle). Le GATT a connu 8 cycles de négociation passant de 23 pays
signataires à 120 pays à la fin de 1994.27

2- Du GATT à l’OMC

C’est en septembre 1986 que s’est ouvert à Punta Del Este (Uruguay) un cycle de
négociations du GATT prévu pour s’achever en 1990, mais qui n’a trouvé sa
conclusion qu’en décembre 1993. Il s’agit de négociations commerciales multilatérales
(NCM) consacrées à un ensemble de questions diverses dont émergent deux thèmes
majeurs, source d’affrontements nombreux : la libéralisation du commerce des
produits agricoles et l’extension du champ d’application du GATT au commerce
international de services. Les NCM se déroulent sur une toile de fond peu favorable à
la libéralisation des échanges, comme en témoignent les affrontements entre les États-

27
Site officiel de l’OMC : https://www.wto.org/indexfr.htm (consulté en 2021).

42
Unis, le Japon et l’Europe, mais aussi l’opposition récurrente entre PVD et pays
développés (dans le domaine des services) et encore, pour les produits agricoles, entre
les États-Unis, l’Europe et un groupe de nations exportatrices (principalement le
Canada, l’Australie et la NouvelleZélande). Cette confrontation entre nations ayant des
intérêts opposés est habituelle, même si elle est exacerbée par le contexte actuel. Mais
les difficultés qu’elle entraîne sont accrues par la nouveauté de certaines des questions
traitées : comment définir les barrières aux échanges de services, comment
réglementer les subventions à l’agriculture ? La complexité est beaucoup plus grande
que dans les NCM antérieures où il s’agissait pour l’essentiel de réduire les barrières
tarifaires et non tarifaires. C’est ainsi que, si l’abaissement des droits de douane sur les
marchandises a pu être obtenu sans trop de problèmes (les droits moyens s’établissent,
après l’Uruguay Round, à un niveau d’environ 3 % contre 4,7 % à l’issue du Tokyo
Round), les autres dossiers ont connu de nombreuses vicissitudes. Les NCM se sont
déroulées autour de quinze dossiers différents ; deux ont connu des négociations
particulièrement ardues qui n’ont abouti qu’à la veille de la date ultime retenue (le 15
décembre 1993): il s’agit des produits agricoles et des services. Pour les produits
agricoles, l’affrontement central a opposé les États-Unis et l’Europe. Les productions
agricoles européennes sont protégées par un système complexe, la PAC (Politique
agricole commune) dont les effets sur le commerce international peuvent être ramenés
à des subventions à la production et à l’exportation. Lors des NCM, les États-Unis ont
cherché à obtenir l’élimination totale de ces subventions dans un délai de dix ans (alors
même que depuis 1982 une augmentation sensible des aides versées aux fermiers
américains a été constatée). Pour leur part, les représentants de la CEE étaient prêts à
modifier la PAC, mais non à la supprimer. La réforme de la PAC, réalisée en mai
1992, met en place un système d’aides au revenu liées à des diminutions de la
production. C’est cette réforme qui a permis aux négociateurs européens et américains
d’arriver, en novembre 1992 à un pré-accord qui, en substance, conduit à diminuer les
exportations subventionnées des deux côtés et qui a servi de base à l’accord final.

Le dossier des services a connu deux types d’affrontements. Le premier a opposé les
PVD, conduits par l’Inde et le Brésil, à l’ensemble des pays développés et
principalement aux États-Unis et à la CEE. La crainte des PVD est que la libéralisation
43
des échanges de services commerciaux ne se traduise, pour eux, par la disparition de
leurs activités nationales dans un secteur où ils ne disposent d’aucun avantage
comparatif (c’est le cas notamment pour les services financiers, les
télécommunications, les grands travaux). L’accord final prévoit une libéralisation
progressive des échanges avec des dispositions particulières qui doivent permettre de
renforcer les capacités nationales des PVD à fournir des services et de faciliter leur
accès aux circuits de distribution. Le second affrontement, très vif pendant l’année
1993, a opposé la CEE et les États-Unis dans le domaine particulier de l’audiovisuel,
la CEE et surtout la France, réclamant une « exception culturelle » ayant pour but
d’assurer la pérennité d’une production nationale dans ce secteur. Les États-Unis,
jugeant très insuffisantes les propositions européennes, ont préféré, au dernier
moment, que l’audiovisuel soit totalement exclu du champ de l’accord général sur les
services. Depuis le 1er janvier 1995, l’OMC remplace le GATT. Son activité a permis
de régler des dossiers en suspens, notamment pour la libéralisation des échanges de
services. Mais l’état actuel de l’abaissement des barrières aux échanges internationaux
est jugé insuffisant, notamment par les États-Unis et l’Union européenne. Après des
difficultés considérables (échec de la conférence de Seattle de novembre 1999), il a été
décidé, lors de la Conférence de Doha, en novembre 2001, de lancer un nouveau cycle
de négociations. Ces négociations s’ouvrent avec des réticences très fortes des pays en
développement, qui considèrent que leurs politiques de libéralisation des échanges
n’ont pas eu d’impact positif sur leurs économies.28

3- Les principes de l’OMC

Les Accords de l’OMC sont longs et complexes parce que ce sont des textes juridiques
qui portent sur un large éventail d’activités. Mais ils s’articulent tous autour de
quelques principes fondamentaux simples qui constituent la base du système
commercial multilatéral.

Non-discrimination : (La clause de la nation la plus favorisée NPF) Un pays ne doit


pas faire de discrimination entre ses partenaires commerciaux ; il ne doit pas non plus

28
Michael Rainelli, Commerce International, 9 ème Edition Découverte, Paris 2003.

44
faire de discrimination entre ses propres produits, services et ressortissants et ceux des
autres pays.

Plus d’ouverture : L’abaissement des obstacles au commerce est l’un des moyens les
plus évidents d’encourager les échanges ; ces obstacles comprennent les droits de
douane (ou tarifs) et les mesures telles que les interdictions à l’importation ou les
contingents, qui limitent les quantités de façon sélective.

Plus de prévisibilité et de transparence : Les entreprises, les investisseurs et les


gouvernements étrangers devraient avoir l’assurance que des obstacles au commerce
ne seront pas érigés de façon arbitraire. La stabilité et la prévisibilité encouragent
l’investissement et la création d’emplois et permettent aux consommateurs de profiter
pleinement des avantages de la concurrence – plus large choix et prix plus bas.

La clause du traitement national : Les produits nationaux doivent être traités de la


même façon que les produits internationaux. L’absence de discrimination produit.

La réciprocité : Chaque pays doit offrir un avantage aux autres pays membres, si lui-
même en reçoit des avantages.

Plus de compétitivité : En décourageant les pratiques « déloyales » telles que


les subventions à l’exportation et la vente de produits à des prix de dumping, c’est-à-
dire à des prix inférieurs aux coûts de production pour gagner des parts de marché ; les
questions sont complexes, et les règles tentent d’établir ce qui est loyal et déloyal et
d’indiquer comment les gouvernements peuvent réagir, notamment en imposant des
droits d’importation additionnels calculés de manière à compenser le dommage causé
par le commerce déloyal.

45
4- La structure de l’OMC

Source : OMC

L’Organe de règlement des différends (ORD) : Un différend nait lorsqu’un


gouvernement membre viole un accord de l’OMC ou un engagement contracté dans le
cadre de l’OMC.

Exemple : Le conflit Airbus/Boeing n'a pu être réglé par l'OMC. 15 ans de


procédure pour trouver une conciliation.
5- Le cycle de Doha

Le cycle de Doha est une ronde de négociation qui devrait durée 3 ans, le cycle porte
sur la libération du CI mais surtout sur des négociations sur l’agriculture, et
l’amélioration de l’accès aux marchés des riches pour les produits agricoles des pays
en voies de développement. 29

- Ouverture des marchés dans le secteur agricole et l’élimination de toute forme de


subventions.

29
Le site de l’OMC : https://www.wto.org/french/res_f/publications_f/wtr21_f.htm (Consulté 2021)

46
- Accès aux marchés pour les produits industriels.
- Suppression des barrières tarifaires.

Le cycle a connu un échec, il a durée jusqu’à 2006, puis reconduit en 2008.


L’effondrement des négociations de Doha est dû à la tentative des pays riches de
s’accaparer des avantages sur le marché agricole. Les négociations n’avaient aucun
intérêt pour les PED.

Plusieurs points de conflictuels permettent de comprendre cet échec :

- Mécanisme de sauvetage spécial (MSS) : Ce mécanisme doit permettre aux PED


de rehausser leurs tarifs douaniers au-delà des niveaux consolidés par l’OMC afin
de protéger les petites exploitations agricoles contre un effondrement de prix suite
à l’importation massive de produits bon marché. Ce mécanisme proposé par l’Inde
et la Chine butent sur l’opposition des Etats-Unis. Aucun consensus n’a pu être
trouvé.
- Subvention à l’exportation des pays du Nord. Les Etats-Unis surtout
s’opposent à une réduction substantielle de leurs subventions à l’agriculture :
La question de la suppression des subventions du coton de l’UE et des USA n’a
même pas été débattue, alors que l’enjeu est crucial pour les pays du sud.
- Droits de douane dans l’industrie : les pays en voie de développement se sont
opposés avec véhémence à la demande de baisser de manière plus importante que
les pays du Nord leurs droits de douanes sur les produits industriels.

47
Figure n° 2: Les subventions des pays du Nord

Source : Jacques Berthelot, les tentions Nord-Sur Minent le cycle de Doha, le monde
diplomatique, https://www.monde-
diplomatique.fr/publications/l_atlas_geopolitique/a53453

La déception des PED était grande face aux promesses non tenues. Le cycle de Doha
devait être un cycle de développement. La Banque Mondiale a calculé que sur le total
des bénéfices du cycle de Doha qui s’élèvent à 96 milliards de dollars, seuls 16
milliards de dollars profitent en PED. Et une baisse des tarifs douaniers pour les PED
pourrait engendrer un manque à gagner de 63 milliards de dollars pour les pays du
sud.

6- Les critiques à l’égard de l’OMC

Plusieurs critiques ont été émises à l’encontre de l’OMC : 30

30
Joseph Stiglitz, Pour un commerce mondial plus juste, Edition Fayard, 2006.

48
- Les Membres, particulièrement les pays développés, refusent de reconnaitre les
décisions de l'ORD, ce qui oblige à multiplier les poursuites et ralentit la prise de
décision.
- Le pouvoir de l’OMC est très limité face aux grandes puissances, en effet, nous
pouvons citer la tentative des USA de paralyser l’ORD ; Estimant que les EU ont
été injustement condamnés par plusieurs décisions de l'ORD, le Président Donald
Trump veut paralyser l'ORD en refusant la nomination des juges de l'Organe
d'appel sans pour autant faire des propositions de réforme ni répondre aux
propositions formulées par d'autres Membres ;
- Les règles de l’OMC sont inadaptées dans les trois domaines de l'environnement,
des normes sociales et de la sécurité sanitaire des aliments.
- Avec l'OMC le Nord a imposé une libéralisation accrue des échanges conforme à
sa meilleure compétitivité, ce qui a creusé le déficit commercial des pays pauvres
du Sud, y a supprimé plus d'emplois qu'elle n'en a créés et y a aggravé la faim.
- Les pays développés exercent des pressions politiques et économiques pour
renforcer leurs positions de négociation. Le manque d’information et de
transparence au sein des négociations se fait de plus en plus ressentir : qui prépare
l’ordre du jour ? Le point de vue de nombreux membres est ignoré et ne se reflète
pas dans les textes de négociations.
- Le commerce mondial est considéré comme inéquitable pour les plus vulnérables.
L’augmentation des échanges engendre une augmentation dans les inégalités.
20% des pays les plus pauvres produisent 1% du PIB alors que 20% des pays les
plus riches produisent 68% du PIB. 20% des pays les plus riches détiennent 82%
des marchés à l’exportation alors 20% des pays les plus pauvres détiennent
uniquement 1% des marchés à l’exportation. 31
- La libéralisation des marchés à des effets néfastes sur les recettes budgétaires. En
effet, pour les pays du Sud avec une diminution des tarifs douaniers, les recettes
fiscales issues des échanges qui représentent 30% des recettes de l’Etat au sud

31
Joseph Stiglitz, Pour un commerce mondial plus juste, Edition Fayard, 2006.
49
contre 1% au Nord diminuent et doivent être remplacées par une fiscalité indirecte
comme la TVA, ce qui induit à la baisse du pouvoir d’achat des pays du sud. 32

7- L’OMC apporte-elle de l’équité entre les nations en matière du commerce


mondial ?

Dans son ouvrage, Stiglitz33 souligne que la globalisation du commerce et de la


finance a provoqué une redistribution négative, des plus pauvres vers les plus riches,
et qu’en ce sens le processus de globalisation du commerce et de la finance est
fondamentalement inéthique. Pour nous limiter à la globalisation du commerce, il
souligne que la libéralisation a procédé d’une asymétrie entre les pays du Sud qui se
sont vus contraints de réduire les barrières aux échanges tandis que les pays du Nord
n’ont guère fait preuve de réciprocité. Non seulement cette asymétrie a profité aux
pays du Nord qui ont gagné le plus à l’échange, mais surtout elle a appauvri les pays
du Sud. Les gains au Nord se sont réalisés au détriment des pays du Sud, notamment
depuis l’Uruguay round. L’agriculture a bien sûr été une des premières victimes de
cette libéralisation. Les subventions des pays du Nord à leur agriculture et les barrières
non tarifaires ont causé du tort aux pays du Sud. Ces désavantages ne concernent
cependant pas que l’agriculture mais l’ensemble des biens et services.

Pendant les quatre dernières décennies, le commerce international, ainsi que la finance
et la technologie, ont joué un rôle déterminant dans le processus de développement de
nombreux pays. Les réformes commerciales menées dans les pays en développement
se sont accompagnées d’une croissance économique plus rapide, permettant de réduire
les écarts de revenu et d’abaisser les niveaux d’inégalité entre les pays observés depuis
les années 90. Cela a été possible grâce à l’accélération de la croissance dans certains
pays en développement, en particulier le Brésil, la Chine et l’Inde, par rapport aux
pays développés, et ce du fait de la mise en œuvre de réformes accélérées et

32
Idem
33
Joseph. E.STIGLITZ, pour un commerce mondial plus juste, Eyrolles, Paris 2007

50
approfondies du commerce et d’une rapide intégration dans les marchés mondiaux,
qui ont permis de réduire l’écart entre pays développés et pays en développement du
point de vue du revenu global par habitant. Toutefois, bien que le commerce
international ait contribué à accroître le niveau de vie dans de nombreux pays en
développement, le processus d’intégration dans l’économie mondiale par le biais du
commerce s’est aussi traduit par une polarisation de la répartition des revenus, en
particulier à l’intérieur des pays. Des études montrent que les inégalités économiques
entre les pays ont diminué mais qu’elles ont augmenté en moyenne à l’intérieur de
chaque pays par suite d’une hausse rapide des revenus en haut de l’échelle et de leur
stagnation au niveau le plus bas.

7-1- Le commerce équitable : Eléments de définition

L'OMC, par le biais de l'Organisation mondiale du commerce équitable (WFTO), a


défini les principes suivants du commerce équitable.

- Créer des opportunités pour les producteurs économiquement désavantagés- Ce


principe stipule que les petits producteurs marginalisés doivent être soutenus, qu'il
s'agisse d'entreprises individuelles ou de coopératives.

51
- Paiement d'un prix équitable - Ce principe est généralement accepté par toutes les
parties par le biais d'un dialogue qui laisse la place à des retours équitables pour
tous les producteurs.
- Transparence et responsabilité - Ceci est très important dans toute organisation.
La communication doit être accessible à tous, tant verticalement
qu'horizontalement. Cela s'applique également à la gestion et aux relations
commerciales.
- Engagement de non-discrimination - Conformément au principe de la nation la
plus favorisée (NPF) et du traitement national, il est précisé qu'il ne doit y avoir
aucune différence de race ou de sexe, ni de rémunération.
- Bonnes conditions de travail - Les conditions de travail doivent être sûres et saines
pour tous. Les autres principes comprennent le renforcement des capacités, le
respect de l'environnement et la promotion du commerce équitable.
7-2- Les répercutions du commerce international sur les inégalités
- La prédominance des grandes entreprises sur les marchés mondiaux joue sur la
façon dont la politique commerciale se répercute sur les inégalités. Les avantages
que procure le commerce international sont le plus fréquemment captés par les
grandes entreprises, souvent au détriment des petites entreprises, des femmes
entrepreneurs, des exploitants agricoles et des pêcheurs. Ces acteurs se heurtent à
divers obstacles les empêchant de bénéficier du commerce international, y
compris, entre autres choses, la faiblesse des informations disponibles, le manque
de financement, des coûts d’entrée prohibitifs et la sous-représentation dans la
prise de décisions en matière de politique commerciale. Ainsi, les petites
entreprises sont souvent incapables de rivaliser avec les grandes entreprises
étrangères car ces dernières ont les moyens de surmonter ces obstacles et
d’acquérir des avantages concurrentiels.
- Le commerce international peut jouer aussi sur les inégalités en favorisant la
transformation structurelle. Il a joué un rôle déterminant dans le fait que de
nombreuses économies agricoles d’Asie de l’Est sont devenues des économies
manufacturières. Ce processus a contribué à la création d’une classe moyenne
prospère dans de nombreux pays émergents. Toutefois, dans bon nombre de pays

52
en développement, le commerce international a eu pour parallèle une spécialisation
accrue dans la production de produits de base et de produits à faible valeur ajoutée,
avec peu d’effet positif sur les salaires de la main-d’œuvre non qualifiée et les
possibilités d’emploi, y compris dans de nombreux pays en développement
tributaires des produits de base. Cela n’a fait qu’accentuer les inégalités de revenus
dans les pays.
- Le modèle de délocalisation de la production mondiale, qui passe par le
morcellement des processus de production dans divers pays, a énormément
contribué à la réduction des inégalités d’un pays à l’autre, à la création d’emplois
et à la hausse du niveau de vie dans de nombreux pays en développement.
Toutefois, la délocalisation a également accru les inégalités à l’intérieur des pays
développés comme des pays en développement. De manière générale, elle a accru
les inégalités dans les pays développés en abaissant les salaires des travailleurs non
qualifiés et en réduisant les perspectives d’emploi des ouvriers, et, dans les pays en
développement, en creusant l’écart de salaire entre les secteurs formel et informel.
7-3- L’équité du commerce mondial : Un enjeu majeur pour l’OMC !

Après une quinzaine d'années de mise en place de l'OMC, de nombreuses questions se


posent quant à la continuité des négociations et à l'équité des règles du jeu afin
d'apporter des avantages mutuels aux pays développés et aux pays en développement
du monde entier. L'Organisation mondiale du commerce (OMC), en tant qu'agent du
libre-échange, a été modifiée plusieurs fois par rapport aux règles de l'Accord général
sur le commerce et les tarifs douaniers (GATT), en raison de la demande d'équité
(préoccupations liées au développement) des pays en développement. Les pays les
moins avancés bénéficient d'un accès préférentiel aux marchés des pays développés et
de la possibilité de protéger leur propre marché. Ils bénéficient donc de certains
privilèges de la part des pays développés en raison de leur faible développement et de
leur manque de technologie. Il s'agit d'une exception à la structure de base du GATT,
à savoir la non-discrimination et la réciprocité. L'équité et la liberté du commerce
restent une question controversée. Les partisans considèrent que l'OMC fera passer la
communauté internationale de la pauvreté à la souveraineté et à la prospérité.7 D'un

53
autre côté, les opposants s'y sont complètement opposés en raison de leur soupçon de
néo-colonialisme caché dans l'OMC.

Bien que de nombreuses dissolutions du système de l'OMC, en particulier de la part


des pays en développement, aient eu lieu en raison de la légalisation par les pays
puissants. Cependant, les normes d'équité peuvent être remises en question de deux
manières, comme suit : Premièrement, les faiblesses des politiques réglementaires
d'autres pays donnent aux exportateurs de ces pays un avantage déloyal lorsqu'ils
entrent sur le marché d'un autre pays. Ces plaintes sont généralement qualifiées de
"dumping social" ou de "subventions réglementaires". Deuxièmement, les allégations
d'iniquité formulées à l'encontre des lois, pratiques et institutions étrangères qui
entravent les exportations d'un pays vers les marchés étrangers. L'équité concerne la
capacité d'un pays à ressentir et à prendre en charge les faiblesses des autres pays.

Toutes les nations ont tendance à déformer les normes d'équité qu'elles appliquent aux
autres pays. Elles partent du principe que ce qu'elles font chez elles est normal, naturel
tout en se sentant parfaitement libres de critiquer les pratiques superficiellement
différentes des autres, qui ne se distinguent en rien des leurs. Historiquement, les
"défauts de naissance du GATT ont influencé les défauts de l'OMC. Les pays en
développement et les pays les moins avancés sont pris au piège dans le bateau conduit
par les pays développés.34

L'organisation est aussi accusé de ne laisse pas de place à une représentation équitable
lors du règlement des malentendus commerciaux. Bien que la procédure de règlement
des différends ressemble à celle d'une cour ou d'un tribunal. L'OMC a le pouvoir de
forcer les États indépendants à modifier leurs règles et règlements qui, selon elle,
enfreignent la règle ou l'accord de libre-échange. Cette action affecte principalement
les nations en développement. Il convient de noter que les principes qui guident
l'organisation semblent être plus difficiles à mettre en œuvre pour que les plans de
développement soient conformes à l'intégration interne et externe.

34
M. Ya’kub Aiyub Kadir, THE WORLD TRADE ORGANIZATION (WTO) free trade within faire trade
challenges, International Law Department, Faculty of Law Universitas Syiah Kuala.

54
En analysant l'impact de l'OMC sur les pays en développement comme le Nigéria,
35
certains auteurs ont affirmé que la politique de libéralisation totale et l'adoption
intégrale du traité de l'OMC ont rendu l'économie nigériane vulnérable aux pressions
exercées par les produits étrangers qui pourraient autrement être produits localement.
L'économie nigériane étant dépendante du pétrole, le marché local a été inondé de
biens et de services fabriqués à l'étranger par des économies développées plus
efficaces.

Bien que des améliorations notables aient été enregistrées grâce à l'Organisation
mondiale du commerce et à ses offres bilatérales, on observe toujours une protection
des intérêts particuliers, ce qui n'est pas de bon augure pour la croissance des pays les
moins avancés (PMA). Cela a eu tendance à enrichir les producteurs et exportateurs
technologiquement avancés au détriment des pays en développement qui restent plutôt
des importateurs et des consommateurs.

Lectures complémentaires :

- Jozeph Stiglitz, et Andrew Charlton pour un commerce mondial plus juste.


Edition Eyrolles, 2007 (Disponible en bibliothèque).
- Tristan Lecomte, Le commerce sera équitable, Edition Eyrolles, 2007. Cote :
A/4395.

35
Amadi, S. & Olulu, R. M. (2017). Role of world trade organization in promoting a just and equitable trade
relation among member states: AJATE, Uniport. Nov. 2017

55
Chapitre V : La Chambre de Commerce Internationale (La CCI)

Dans ce chapitre, il sera question d’étudier la Chambre de Commerce International


(CCI), la deuxième plus grande institution commerciale après l’OMC. La CCI est une
organisation internationale dont le principal rôle est de promouvoir le libre-échange
dans tous les pays du monde, développés soient-ils ou en vois de développement. Tout
comme l’OMC, cette institution lutte contre les pratiques protectionnistes et encourage
l’économie de marché. On lui doit principalement certains outils et techniques
commerciales qui deviennent de nos jours indispensables pour les opérateurs
économiques dans leurs échanges internationaux : les termes du commerce
international (Incotermes), le crédit documentaire… Elle est considérée comme
le représentant mondial des entreprises.

1- Définition

La Chambre de Commerce Internationale, fondée en 1919, a pour objectif fondamental


d'œuvrer en faveur d'une économie mondiale ouverte. Ses activités tournent autour de
trois grandes finalités :

- La promotion du commerce, des services et des investissements internationaux


en même temps que vers l'élimination des obstacles et distorsions qui entravent
leur développement;
- La promotion de l'économie de marché, reposant sur le principe d'une
concurrence libre et loyale entre entreprises;
- Le renforcement de la croissance économique des pays développés et des pays
en développement, dans la perspective d'une meilleure intégration de tous les
pays dans l'économie mondiale;

La Chambre de Commerce Internationale est la seule organisation internationale à


s’exprimer et parle avec autorité au nom de toutes les entreprises de tous les secteurs et
de tous les pays. A l'heure actuelle, elle regroupe des milliers d'entreprises et
d'associations provenant de 130 pays. Les comités nationaux jouent deux rôles :

56
- Ils coordonnent les appréciations de leurs membres par rapport aux thèmes envisagés
relatifs au commerce international et les transmettent au Conseil.

- Ils communiquent à leur gouvernement la position finale adoptée par la CCI.

La CCI fournit également des services essentiels, tels que la Cour Internationale
d'Arbitrage. Enfin, elle dispose d'un pouvoir consultatif auprès de l'Organisation des
Nations Unies et de ses agences spécialisées. Les membres de la CCI et ses experts
établissent la position du monde commercial par rapport aux problématiques du
commerce et de la politique d'investissement, mais aussi par rapport à des sujets
techniques et sectoriels. Ceux-ci comprennent, parmi d'autres, les services financiers,
les technologies de l'information, les télécommunications, l'éthique en marketing,
l'environnement, le transport, les lois sur la compétitivité et la propriété intellectuelle.

2- Missions et activités de la CCI

Les missions de la Chambre de Commerce Internationale : 36

- La Chambre de commerce internationale (ICC) est l’organisation mondiale des


entreprises. Elle est l’unique porte-parole reconnu de la communauté
économique à s’exprimer au nom de tous les secteurs et de tous les pays. ICC a
pour mission fondamentale d’encourager les échanges et les investissements
internationaux et d’aider les entreprises à relever les défis et à saisir les
opportunités de la mondialisation.
- Encourager les échanges commerciaux et les investissements internationaux,
promouvoir la mondialisation de l’économie et l’économie de marché.
- Parler au nom de la communauté économique mondiale, partout où les
gouvernements et les organisations internationales prennent des décisions
cruciales pour l’avenir des entreprises.
- Elaborer des règles et des outils du commerce international : Crédits
documentaires, garanties bancaires, Incoterms, modèles de contrats
internationaux.

36
https://www.icc-france.fr/icc-monde/siege-mondial/# (Consulté le : 24 /01/2021)

57
- Favoriser le règlement des litiges commerciaux grâce aux services de la cour
internationale d’arbitrage de CCI. En effet, la CCI offre également aux
entreprises de nombreux services pratiques essentiels, au premier rang desquels
figurent ceux de sa Cour internationale d’arbitrage, principale institution
mondiale de règlement des litiges commerciaux. Autre pièce maîtresse du
dispositif de la CCI, sa Fédération mondiale des chambres de commerce
(WCF) a pour mission d’encourager la formation de réseaux et les échanges
d’informations sur les pratiques d’excellence des chambres. Dirigeants et
experts des entreprises membres d’ICC travaillent à formuler le point de vue de
la communauté économique internationale, tant sur de grands problèmes
touchant au commerce et à l’investissement que sur des sujets techniques et
sectoriels essentiels, dans le domaine, entre autres, des services financiers, des
technologies de l’information, des télécommunications, de l’éthique du
marketing, de l’environnement, des transports, du droit de la concurrence et de
la propriété intellectuelle.

3- Le fonctionnement de la CCI

Figure 1 : La structure de la CCI

CCI

Les comités Le secrétariat Le comité directeur


nationaux International

Source : Réalisé par nos soins

Les comités nationaux : sont représentés au sein du Conseil mondial d’ICC, qui est
l’instance suprême de l’organisation. Ce conseil élit les dirigeants d’ICC, notamment,
pour des mandats de deux ans, le président et le vice-président. Ces derniers
constituent, avec le président honoraire (président sortant), la présidence mondiale

58
d’ICC. Le vice-président succède en principe au président. Le président mondial est
actuellement Ajay Banga.

Le secrétariat international d’ICC : Etabli à Paris, est le bras opérationnel de


l’organisation. Il élabore et applique son programme d’action et fait part aux
organisations intergouvernementales de l’opinion de la communauté économique sur
les questions qui touchent directement aux activités des entreprises. Le secrétariat
international est dirigé par John W.H Denton.

Le Comité directeur : La Chambre de commerce internationale est dotée d’un comité


directeur de 30 personnes maximum, formé de dirigeants du secteur privé et de
membres ex officio. Ce comité est élu par le conseil mondial sur recommandation de
la présidence. Il se réunit quatre fois par an afin de superviser l’élaboration des
priorités stratégiques d’ICC et la mise en œuvre de sa politique. Il s’appuie pour avis
sur cinq comités, dont le comité des finances.

4- L’arbitrage à la CCI

L’arbitrage consiste à confier la résolution d’un différend à un ou plusieurs arbitres


indépendants et impartiaux choisis par les parties ou, à défaut, nommés par la Cour
d’arbitrage. Il permet de soustraire le litige aux tribunaux, évitant ainsi les délais et
lourdeurs du contentieux étatique. Ce mode de résolution des litiges, sentence
exécutoire à la clé, est particulièrement bien adapté aux transactions commerciales
internationales : partant de procédures claires, transparentes et confidentielles,
l’arbitrage offre aux parties des gains considérables en termes de célérité, de souplesse
et de coûts. Un autre avantage majeur est la confidentialité des procédures d’arbitrage,
ce qui est souvent le premier motif de choix d’arbitrage ICC. Les arbitres sont
désignés par les parties dans 70 % des cas, sinon par la Cour internationale d’arbitrage,
sur proposition d’un comité national (sauf exception), ICC France jouant à cet égard
un rôle de premier plan.37

C’est en effet avec la participation des comités nationaux que la Cour internationale
d’arbitrage prend le soin de sélectionner dans chaque cas les arbitres les mieux

37
https://www.icc-france.fr/icc-monde/gouvernance/# (Consulté le 01/2020)

59
qualifiés, aussi bien du point de vue de la branche concernée que des langues utilisées
et du contexte industriel et commercial du litige.

L’arbitrage aboutit à une sentence qui règle définitivement le litige et qui a l’autorité
de la chose jugée. Par rapport à un jugement, cette sentence présente l’avantage d’être
non susceptible d’appel en France et de disposer des avantages de la Convention de
New York de 1958, assurant son exécution dans 162 États dans le monde.

L’autorité des sentences arbitrales d’ICC est telle que, dans la très grande majorité des
cas, celles-ci sont exécutées volontairement par les parties. Et si tel n’est pas le cas, il
est extrêmement rare que les États refusent leur concours pour les mettre à exécution.

Concrètement, les parties s’obligent, avant de recourir au juge ou à l’arbitre,


à rechercher une solution amiable, notamment en se soumettant à la médiation d’un
tiers neutre, ce qui leur permet de bénéficier d’une procédure souple et propice à la
recherche d’un accord. Le choix du tiers doit être effectué avec un soin particulier
puisque le succès de la procédure dépendra de son savoir-faire.

5- Les incoterms

Les incoterms définis par la CCI sont les termes du commerce international acceptés,
reconnus, et respectés partout dans le monde ; depuis plus de 80 ans. Visant à établir
clairement les responsabilités entre l’acheteur et le vendeur dans la vente
internationale de marchandises et à éviter les incertitudes juridiques, ils sont
régulièrement utilisés dans les contrats de vente et font partie intégrante du vocabulaire
quotidien du commerce.

Chacun des onze Incoterms® 2020 précise les obligations incombant au vendeur et à
l’acheteur tout au long de la chaîne logistique internationale. Il en va notamment ainsi
des coûts, du partage des risques, des assurances et des formalités.

Même si la présentation des nouveaux Incoterms® 2020 est plus claire et comporte des
notes conseils sur les conditions de leur utilisation, elle ne dispense pas les opérateurs
de suivre une formation, indispensable afin d’éviter les risques liés aux nombreuses
erreurs d’applications des règles que l’on constate encore aujourd’hui.

60
International Commercial Terms : outils créés en 1936 par l’ICC et régulièrement
révisés. La version 2020 est applicable au 1er janvier 2020. 38

- L’Incoterm est une des conditions du contrat commercial parmi tant


d’autres (prix, délai, modalités de paiement, garantie en cas de défectueux…).
- Il est lié à l’acheminement des marchandises (qu’elles soient facturées ou pas
- Il répartit les droits et obligations le long de la chaîne de transport entre vendeur
(expéditeur) et acheteur (destinataire).
- Il n’est pas d’application obligatoire mais tellement pratique pour sécuriser tout
échange de bien (à l’international, à l’intérieur de l’UE, mais aussi en vente
nationale).

Les Incoterms définissent :

- La répartition des obligations entre vendeur/acheteur. Qui fait quoi en termes de


transport – assurance – douanes (si applicables). Qui fournit les documents
associés.
- La répartition des coûts. Qui paie quoi en termes de transport – assurance –
douanes (si applicables) et autres prestations annexes. Le transfert des frais se
fait au “lieu de destination” associé à l’Incoterm choisi.
- La répartition des risques. Jusqu’où le vendeur est-il responsable des risques
encourus par la marchandise durant le transport ? Le transfert des risques se fait
au “lieu de livraison”. Il ne correspond pas toujours au lieu de destination…

Les Incoterms se présentent sous forme de codes de 3 lettres et sont classés en 2


groupes :
 Sept Incoterms Multimodaux : lorsque le contrat couvre un ou plusieurs modes de
transport (air/mer/terre/fer). Ils couvrent également le transport en conteneurs
maritimes, lorsque la marchandise est remise au parc à conteneurs. Le lieu associé à
l’Incoterm multimodal peut être divers et varié (entrepôt, port, aéroport, frontière…).
Lieux “from place to place” à définir.

38
https://international-pratique.com/les-bonus-gratuits-international-pratique/incoterms-2020-synthese-schemas/
(consulté en 2020).

61
o EXW – Ex-Works – À l’usine
o FCA – Free-CArrier – Franco-transporteur
o CPT – Carriage Paid To – Port payé jusqu’à
o CIP – Carriage Insurance Paid to – Port payé, assurance comprise jusqu’à
o DAP – Delivered At Place – Rendu au lieu de destination
o DPU – Delivered at Place Unloaded – Rendu au lieu de destination déchargé
o DDP – Delivered Duty Paid – Rendu droits acquittés
 Quatre Incoterms® Maritimes (ou fluviaux) : lorsque les points d’enlèvement et de
livraison sont des ports, ou pour des marchandises remises à la compagnie maritime le
long du navire ou à bord navire au port d’embarquement. Généralement, du vrac et du
transport en conventionnel (marchandises non conteneurisées et chargées avec l’aide
des palans, de pipelines…). Le lieu associé à l’Incoterm maritime ne peut être qu’un
port. Lieux “from port to port” à définir.

o FAS – Free Alongside Ship – Franco le long du navire


o FOB – Free On Board – Franco à bord
o CFR – Cost and FReight – Coût et Fret
o CIF– Cost, Insurance and Freight – Coût, assurance et fret
Plus le vendeur va loin dans sa prestation logistique, plus il avance des frais qu’il
convient de répercuter sur la facture de vente.

Les nouvelles modifications aux règles des incoterms 2020 sont les suivantes :
- Une option du FCA en cas de paiement via une sécurité bancaire : le “FCA +
connaissement maritime à bord” : les parties conviennent que l’acheteur
donnera instructions au transporteur de remettre au vendeur une preuve de
chargement à bord.
- Une différenciation des obligations d’assurance-transport entre le CIP et le
CIF : couverture Tous Risques pour le CIP et couverture minimale pour le CIF.
L’assurance couvre toujours au minimum 110 % de la valeur facturée.
- Le DAT (Delivered At Terminal) s’étend et devient le DPU (Delivered at
Place Unloaded).

62
- Des précisions quant au transit des marchandises en Incoterms D : le transit
éventuel avant le territoire d’importation est à charge du vendeur, alors que le
transit dans le territoire d’importation reste à charge de l’acheteur.
- La sûreté douanière et la sécurité du transport sont davantage traitées.
- Les Incoterms s’appliquent également lorsque le transport est organisé avec des
moyens en propre, sans recourir à un transporteur agissant comme tierce partie
(prévu en EXW-FCA-DAP-DPUDDP).

Les deux figures suivantes indiquent les deux types des incoterms, tels qu’ils sont
présentés par la CCI.

63
Figure 2 : Incoterms Multimodaux

Source : Rapport de la CCI 2020

64
Figure 3 : Incoterms Maritimes

Source : Rapport de la CCI 2020

65
Les supports des travaux dirigés
du module IFCI

66
Thème de TD n°1 : Analyse du commerce extérieur de l’Algérie

En vous vous basant sur le rapport de la direction générale des douanes de 2020, et sur les
tableaux ci-joint, étudiez et analysez le commerce extérieur de l’Algérie.

Le rapport de la DGD (Direction Générale des Douanes) « statistiques du commerce


extérieur de l’Algérie 2020», disponible sur ce site :
https://www.douane.gov.dz/IMG/pdf/statistiques_du_commerce_exterieur_de_l_algerie_anne
e_2020.pdf

Tableau N° 1 :

67
Figure N° 2 :

Figure N°3 :

Figure N°4 :

68
Thème de TD n°2 : Cas d’étude sur l’impact du PAS sur les économies
en voies de développement

Les Programmes d’Ajustements Structurels du FMI et de la


Banque Mondiale.
24 novembre 2010 par Minarchiste39

Le Fonds Monétaire International (FMI) fut créé en 1944 pour promouvoir


la coopération monétaire internationale et pour garantir la stabilité financière suite à la
mise en place du système monétaire de Bretton Woods. Sous le système de Bretton
Woods, les pays utilisaient le dollar américain comme monnaie de réserve. Les
banques centrales pouvaient convertir leurs dollars américains en or auprès de la
Federal Reserve au prix de $35 l’once. Suite à l’abandon de Bretton Woods en 1971,
le FMI a modifié son rôle, qui consiste depuis à aider les pays faisant face à une crise
financière en leur octroyant des prêts. Le FMI est financé par ses pays membres, dont
le plus gros contributeur est les États-Unis, qui détiennent par conséquent un droit de
véto sur les décisions de l’organisme.
De son côté, la Banque Mondiale (BM) a été formée en 1945 pour financer la
reconstruction de l’Europe et du Japon suite à la Deuxième Guerre Mondiale. Suite à
l’achèvement de cette reconstruction, la BM a redéfini son mandat comme étant le
financement de projets favorisant l’essor économique des pays en voie de
développement.

Ces prêts sont généralement octroyés en tranches et sont conditionnels à


l’établissement de Programmes d’Ajustements Structurels (PAS). Les PAS
comprennent généralement les mesures suivantes :

 Réduire le déficit budgétaire du gouvernement.


 Laisser flotter la devise.
 Libéraliser le commerce international en réduisant les barrières protectionnistes.
 Éliminer les contrôles de prix (plafonds et plancher).
 Éliminer les subventions.

39
L’article complet est disponible sur : https://minarchiste.wordpress.com/2010/11/24/les-programmes-
d%E2%80%99ajustements-structurels-du-fmi-et-de-la-banque-mondiale/

69
 Privatiser les entreprises d’État.
 Adopter un cadre légal favorisant le respect les droits de propriété privés.
 Réduire l’ampleur de la corruption gouvernementale.

En augmentant la liberté économique des pays visés, ces politiques n’auraient-telles


pas du leur permettre d’améliorer leur performance économique? La plupart des études
étudiant cette question concluent que les PAS n’ont, en moyenne, pas vraiment eu
d’impact sur le pays en cause. En fait, lorsqu’on étudie les détails de ces programmes
d’aide, on comprend vite pourquoi ceux-ci ont été inefficaces.

Des pommes pourries

Généralement, les pays qui ont fait appel au FMI étaient menés par des pays au sein
desquels le pouvoir était disputé entre des communistes et des national-socialistes,
visant tous deux à s’approprier les rênes de l’État pour s’enrichir. Ces pays avaient
accumulé d’imposantes dettes résultant de l’irresponsabilité fiscale et de la corruption
de leurs gouvernements.

Dans un pays comme la Bolivie, qui a régulièrement fait appel à l’aide du FMI, ces
partis étaient le Parti de la Révolution Gauchiste et le Mouvement de la Révolution
Nationale. Dans les années 50s, 60s et 70s, ce pays a mis en place plusieurs
« révolutions sociales », comprenant une grande augmentation des dépenses du
gouvernement financées par de nombreuses nationalisations d’entreprises. En 1980, le
pays s’est retrouvé dans une situation financière critique et l’État n’a eu d’autre choix
que d’imprimer de la monnaie pour financer ses dépenses, ce qui a engendré une crise
d’hyperinflation. Le gouvernement a alors instauré des contrôles de prix pour stabiliser
l’inflation, mais sans succès. En 1985, ne pouvant plus acquitter les lourdes
obligations financières du gouvernement, le nouveau président instaura une « Nouvelle
Politique Économique », basée sur les PAS du FMI. Les résultats furent mitigés et la
Bolivie est, encore aujourd’hui, le pays le plus pauvre d’Amérique Latine, mené par un
dirigeant socialiste du nom de Evo Morales.

Par ailleurs, la stratégie de développement économique de ces pays consistait


habituellement à utiliser les influx monétaires résultants des exportations de matières

70
premières pour importer des biens de productions qui serviraient à développer des
industries locales, qui elles furent protégées par des barrières protectionnistes. Cette
stratégie se nomme « politique d’industrialisation par la substitution des
importations ». Au fur et à mesure que ces industries ont crû, la balance des paiements
de ces pays s’est mise à se détériorer puisque les importations excédaient les
exportations. Ces pays se sont donc mis à emprunter pour financer leurs importations,
devenant ainsi très vulnérables aux prix des matières de base sur les marchés
internationaux.

Au niveau de l’agriculture, le gouvernement achetait les récoltes à bas prix et les


revendait avec profit sur les marchés internationaux, ce qui lui permettait de financer
ses dépenses croissantes sur le dos des fermiers. En augmentant de plus en plus leur
marge de profit, ces gouvernements décourageaient la production agricole, ce qui était
encore plus néfaste pour la balance des paiements et l’économie du pays. Ces déficits
étaient en partie financés par la création de monnaie, ce qui générait de l’inflation et la
dévaluation de la devise. Ces gouvernements se sont alors mis à contrôler la
convertibilité de leur devise de façon à éviter qu’elle ne se dévalue. Dans les
circonstances, l’accès à des devises étrangères devint un privilège très lucratif, que les
politiciens distribuaient avec grand soin à leurs collaborateurs et amis.

Les problèmes avec les PAS

Ce n’est qu’une fois rendus au bord du gouffre financier que ces pays n’ont eu d’autre
choix que de se tourner vers le FMI pour obtenir du financement. C’est sous l’emprise
de cette institution que ces pays n’ont eu d’autre choix que d’accepter les PAS. Quels
sont donc les problèmes avec ces programmes?

Tout d’abord, les pays qui financent ces institutions (le FMI et la BM) utilisent leurs
monnaies fiduciaires créées ex nihilo par leurs banques centrales et déguisent ces prêts
comme étant de l’aide internationale. Cependant, les chaînes reliées à ces prêts sont
très solides! Les États-Unis ont d’ailleurs utilisé ces institutions pour élargir leur zone
d’influence durant la Guerre Froide et s’assurer que les pays visés supportaient le
« bon côté » et ne sombraient pas dans le communisme, même si cela impliquait de
soutenir une dictature. Ces pays ont par le fait même été transformés en « État-
71
clients » devant se conformer à la politique étrangère des États-Unis, permettant à ce
pays d’asseoir sa stratégie impérialiste.

L’argent est remis à des gouvernements corrompus et ayant déjà prouvé leur
irresponsabilité budgétaire; d’où l’intérêt des PAS, dont le but est de les ramener dans
le droit chemin. Ceci étant dit, les prêteurs savent pertinemment qu’une bonne partie
de ces prêts ne seront pas remboursés. D’ailleurs, il arrive souvent qu’une partie de la
dette soit simplement radiée. Néanmoins, les avantages stratégiques, géopolitiques et
économiques de ces prêts excèdent de beaucoup le montant de ceux-ci.

On demande tout d’abord à l’emprunteur de réduire son déficit budgétaire, ce qui se


fait généralement en augmentant les taxes et impôts ainsi qu’en réduisant les dépenses
en santé et en éducation, alors que ces pays devraient plutôt réduire leur lourde
bureaucratie corrompue en réduisant les effectifs de la fonction publique ainsi que
réduire les dépenses militaires, souvent démesurées dans certains de ces pays. Ces
coupures ont évidemment des effets néfastes sur les plus pauvres de la société et
protège les acquis des mieux nantis (dont font partie les fonctionnaires). La diminution
du déficit allège les besoins de financements du pays, qui a donc moins besoin de créer
de la monnaie pour se financer, ce qui lui permet de contrôler l’inflation.

On exige par la suite que l’État n’intervienne plus sur le marché des devises et laisse la
devise flotter au gré du marché. Comme le contrôle des flux de devises a beaucoup de
valeur aux yeux de ceux qui le détiennent, ceux-ci ne sont pas prêts à le léguer au
libre-marché. On observe donc souvent une dévaluation partielle de la devise plutôt
qu’un flottement libre, ce qui ne règle aucun problème structurel. Néanmoins, cette
dévaluation permet aux pays prêteurs d’obtenir les matières premières du pays
emprunteur à rabais, un avantage indéniable pour eux. En revanche, la dévaluation fait
augmenter le coût des importations, ce qui soulage la balance des paiements, mais
contribue à accentuer le mauvais sort des plus pauvres.

Les PAS prévoient aussi l’élimination des barrières protectionnistes. Cela n’est
certainement pas une mauvaise chose en soi, mais ça peut avoir des conséquences très
négatives à court terme lorsqu’effectué de façon trop soudaine; surtout lorsque les pays
prêteurs en profitent pour inonder le marché local du pays emprunteur de leur produits
72
subventionnés. À cet égard, les États-Unis et le Canada sont bien mal placés pour
prôner le libre-échange, étant eux-mêmes de fervent protectionnistes, surtout lorsqu’il
est question de l’agriculture, une industrie toujours vitale pour les pays en voie de
développement.

Le retrait des contrôles de prix est aussi une bonne chose, sauf lorsque des amis du
pouvoir ont obtenu de l’État des privilèges monopolistiques leur permettant d’en
profiter pour s’enrichir.

Finalement, les PAS réclament la privatisation des entreprises d’État, lesquelles sont
souvent nombreuses dans les pays aidés par le FMI. Encore une fois, ces privatisations
ne sont pas une mauvaise chose; c’est plutôt la façon dont elles sont effectuées qui
cause problème. Pour qu’une privatisation fonctionne, il faut que la confiance en la
devise soit restaurée, il faut un système légal qui protège efficacement les droits de
propriété privés, il faut des marchés financiers libres, il faut un climat économique sain
qui permette de maximiser la valeur de l’entreprise à privatiser et il faut que la
corruption, la règlementation et la bureaucratie soit allégées. Il faut aussi que les
attentes de croissance de l’acheteur soient réalistes vu la situation économique précaire
du pays emprunteur. Or, les privatisations ordonnées sous l’égide des PAS ne sont pas
toujours (voire rarement) menées sous ces conditions. L’appétit des investisseurs
étrangers est par conséquent limité, ce qui permet à des corporations bien connectées
d’obtenir ces entreprises nouvellement privatisées à rabais.

La Bolivie comme exemple

À cet égard, l’exemple de Bechtel en Bolivie démontre très bien la malhabileté du FMI
et de la BM dans l’implantation des PAS. En 2000, la Banque Mondiale exige de la
Bolivie qu’elle privatise ses services d’aqueduc. À Cochabamba, c’est un consortium
mené par la firme américaine Bechtel qui remporte l’enchère.

Selon le contrat, les acheteurs devaient investir pour revitaliser le système existant, qui
était en forte détérioration, doubler la couverture du réseau, puisque la moitié des
habitants n’avaient pas accès à celui-ci alors que les autres n’y avaient accès que
quelques heures par jour étant donné sa piètre condition, assumer $30 million de dette

73
existante aux livres de l’entreprise d’État et financer l’achèvement du barrage
Misicuni, un coûteux projet pourtant déficitaire que le consortium ne prévoyait pas
réaliser, mais qui leur a été imposé dans leur contrat. C’est qu’un allié influent du
président Banzer, le maire de Cochabamba, Manfred Reyes Villa, voulait ce barrage
puisque sa construction bénéficierait à ses collaborateurs politiques.[1]

De façon à financer ces investissements qui amèneraient le réseau d’aqueduc à un


niveau presque digne des pays industrialisés, le consortium mené par Bechtel a
augmenté les tarifs en moyenne de 35%. Bien que les sommes impliquées apparaissent
minimes pour nous, habitants des pays riches, elles étaient significativement élevées
pour les pauvres habitants de la Bolivie. En fait, il est clair que la population n’avait
pas les moyens de se payer un réseau d’aqueduc de cette trempe, ni de supporter
l’investissement dans le barrage Misicuni. Autrement dit, la Banque Mondiale a
financé un investissement massif que les Boliviens n’avaient pas les moyens de se
permettre, oubliant qu’il faut créer de la richesse avant de la dépenser.

Cette augmentation de tarif a donc rencontré une forte opposition du peuple, qui
n’avait plus les moyens de payer ses factures d’eau. Le contrat a par la suite été résilié
et le consortium s’est retiré de l’affaire. Les tarifs sont par la suite revenus à leur
niveau initial et le réseau est resté dans un état de médiocrité précaire. La moitié des
600,000 habitants de Cochacamba n’avait toujours pas accès au réseau d’aqueduc en
2005 et ceux qui y avaient accès devaient se contenter d’un service intermittent,
parfois de 3 heures par jour.[2]
Conclusion:

En somme, ce que l’on constate lorsqu’on étudie les actions du FMI et de la BM est
que ces institutions ne sont que des parodies de ce qu’est vraiment le libéralisme. Elles
utilisent des principes libéraux pour déguiser leurs actions, qui ne visent en fait qu’à
promouvoir les intérêts des pays membres, surtout ceux des États-Unis qui en détient
le contrôle.

Pour libéraliser une économie, il ne suffit pas que de privatiser et ouvrir les frontières;
c’est toute la culture politique et économique qui doit changer. En ce sens, les PAS ne
sont qu’une réforme de surface dissimulant une grotesque mascarade d’intérêts
74
géopolitiques et corporatistes. En Afrique sub-saharienne, malgré de nombreuses
années d’ajustements structurels ordonnés par le FMI et la BM, lancer une entreprise
officiellement coûte 100 % du revenu annuel par tête alors qu’un permis de construire
coûte près de 2000% du revenu par tête. En Côte d’Ivoire il faudra attendre en
moyenne près de deux ans pour avoir ce permis. Est-ce cela le libéralisme?

À cet égard, le gagnant du prix Nobel de littérature en 2010, Mario Vargas Llosa,
résume très bien ma pensée :

« Sans un ordre légal strict qui garantisse la propriété privée, le respect des contrats
et un pouvoir judiciaire honnête, capable et totalement indépendant du pouvoir
politique, l’économie de marché est une pure farce, c’est-à-dire une rhétorique sous
laquelle se poursuivent les exactions et la corruption d’une minorité privilégiée aux
dépens de la majorité de la société. Ceux qui, par naïveté ou mauvaise foi, arguent
aujourd’hui des difficultés que traversent la Russie, le Venezuela et d’autres pays qui
entreprennent (et souvent mal) le passage au marché, pour prouver l’échec du
libéralisme, devraient lire Hayek. Ainsi ils sauraient que le libéralisme n’est pas la
libération des prix et l’ouverture des frontières à la concurrence internationale, mais
la réforme intégrale d’un pays, sa privatisation et décentralisation à tous les niveaux
et le transfert à la société civile — à l’initiative des individus souverains — de toutes
les décisions économiques. Et l’existence d’un consensus quant aux règles de jeu qui
privilégient toujours le consommateur sur le producteur, le producteur sur le
bureaucrate, l’individu face à l’État et l’homme vivant et concret d’ici et de
maintenant plutôt que cette abstraction : l’humanité future. »[3]

Références
[1] “Leasing the rain”, William Finnegan, The New Yorker, 8 avril 2002.
[2] « Bolivia regrets IMF experiment », Juan Forero, New York Times, 14 décembre
2005.
[3] « Les enjeux de la liberté », Mario Vargas Llosa, 1991.

75
En plus de l’étude de ce support, l’étudiant est appelé à étudier la problématique de
l’impact socio-économique du PAS sur l’économie algérienne.

76
Thème de TD n°3 : Quand la Banque Mondiale trahit les pauvres
Le Monde.fr Le 21.04.2015.40

En dix ans, les projets financés par la Banque mondiale ont causé le « déplacement
involontaire » de plus de 3 millions de personnes. En n’exigeant pas des
gouvernements, notamment africains, qu’ils relogent correctement ces populations, la
banque viole ses propres principes. Une enquête au long cours d’une cinquantaine de
journalistes de 21 pays.

Le gouvernement de l’Etat de Lagos a rasé Badia East en février 2013, dans le cadre
d’un projet de rénovation urbaine financé par la Banque mondiale, organisation qui
prête des fonds pour lutter contre la pauvreté dans le monde. Les expulsions se sont
déroulées sans préavis. Les quelque 9 000 habitants du quartier, qui n’ont pas reçu la
moindre compensation, ont été abandonnés à leur sort dans cette ville dangereuse et
surpeuplée.

Depuis plus de 30 ans, la Banque impose un ensemble de dispositifs de « sauvegarde »


qui, dit-elle, assurent un développement économique plus humain et démocratique.
Les gouvernements à qui elle prête ne peuvent mener d’expulsion sans préavis. Et
doivent reloger et assurer des moyens de subsistance aux familles chassées d’un site
du fait de la construction d’un barrage, d’une centrale électrique ou de tout autre grand
projet.

La Banque mondiale s’engage à « ne pas porter préjudice » aux populations ni à


l’environnement. Or ces dix dernières années, elle a régulièrement failli à ses
engagements, avec de graves conséquences pour certaines des populations les plus
pauvres et les plus vulnérables de la planète. C’est ce que montre une enquête du
Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ), du Huffington Post et
d’autres médias partenaires.

Enfreindre impunément les règles


40
Cet article est disponible sur : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/04/21/quand-la-banque-mondiale-
trahit-les-pauvres_4620042_3212.html

77
Souvent, la banque néglige de s’assurer à l’avance que les projets prévoient une réelle
protection des populations et n’a pas la moindre idée de ce qui leur arrive après. Selon
plusieurs de ses employés, anciens et actuels, la Banque Mondiale a continué à prêter à
des gouvernements qui avaient porté préjudice à leurs citoyens, laissant ainsi entendre
que les emprunteurs pouvaient impunément enfreindre ses règles.

« Souvent, les gouvernements n’ont pas la moindre intention de respecter ces règles –
et les responsables de la banque n’ont pas la moindre intention de les faire
respecter », note Navin Rai, ancien cadre de la Banque mondiale chargé de la
protection des populations autochtones de 2000 à 2012.

En mars 2015, quand l’ICIJ a informé la Banque mondiale qu’il avait trouvé des
« failles systématiques » dans ses mesures de protection des familles déplacées,
l’organisation a reconnu l’insuffisance de ses contrôles et promis des réformes. « Nous
nous sommes penchés très attentivement sur le problème des réinstallations et ce que
nous avons découvert me préoccupe profondément », a déclaré Jim Yong Kim,
président de la Banque mondiale.

Bimbo Omowole Osobe a été expulsée du bidonville de Badia à Lagos en 2014. A


l'emplacement de son quartier ont poussé de nouvelles constructions. GEORGE
OSODI

Combien de « réinstallations involontaires », selon les termes de la banque ? D’après


les estimations de l’ICIJ, qui a analysé les documents de la Banque mondiale, ses
projets depuis 2004 ont affecté 3,4 millions de personnes – celles-ci ayant été
expulsées de leurs logements, leurs terres saisies ou leurs moyens de subsistance
détériorés. Ce chiffre est vigoureusement contesté par la Banque Mondiale, qui estime
qu’il s’agit plutôt de personnes potentiellement affectées par ses projets (voir note en
fin d’article), mais il est défendu par les journalistes de l’ICIJ, lesquels je juge
« probablement inférieur » à la réalité, car selons eux, la banque n’évalue pas toujours
ou sous-estime le nombre de personnes affectées par ses projets.

78
Une cinquantaine de journalistes de 21 pays ont passé près d’un an à mener des
recherches sur l’incapacité de la Banque mondiale à protéger les populations mises sur
la touche au nom du progrès. Ils ont analysé des milliers de documents de la banque et
interviewé des centaines de personnes. Ils ont enquêté en Albanie, au Brésil, en
Éthiopie, au Honduras, au Ghana, au Guatemala, en Inde, au Kenya, au Kosovo, au
Nigeria, au Pérou, en Serbie, au Soudan du Sud et en Ouganda.

Les mea culpa du Panel d’inspection

Dans ces pays et ailleurs, l’enquête montre que ses manquements ont porté préjudice à
de nombreux habitants de bidonvilles, des fermiers et des pêcheurs vivant dans la
misère, des populations établies dans des forêts et des groupes autochtones, ne leur
laissant pas d’autre choix que de se battre pour leurs logements, leurs terres et leurs
modes de vie, parfois face à l’intimidation et à la violence des autorités.

Entre 2004 et 2013, la Banque mondiale et son établissement de prêt privé, la Société
financière internationale (SFI), se sont engagés à prêter 455 milliards de dollars pour
financer près de 7 200 projets dans des pays en développement. Au cours de cette
période, les populations affectées par ces investissements ont déposé des dizaines de
plaintes auprès du Panel d’inspection, l’organe de contrôle de la banque.

Pour le cas de Lagos, le Panel a expliqué que la banque « n’était pas parvenue à
empêcher les expulsions forcées de populations pauvres et vulnérables ». Il reconnaît
qu’elle aurait dû être davantage attentive à ce qui se passait à Badia East, étant donné
que ce n’était pas la première fois que les autorités de la mégapole nigériane rasaient
un bidonville. La banque, qui, un an après l’évacuation, a contribué à hauteur de
200 millions de dollars au budget de l’Etat de Lagos, a estimé qu’elle n’était
pas « impliquée dans les démolitions » et rappelé qu’elle avait recommandé au
gouvernement de négocier avec les populations déplacées, ce qui a permis à la plupart
des personnes se disant lésées d’obtenir des compensations.

La Banque mondiale a été créée peu après la Seconde Guerre mondiale par les États-
Unis et plusieurs grandes puissances pour favoriser le développement de régions

79
déchirées par la guerre et la pauvreté. Les pays membres financent la banque et votent
l’octroi des quelque 65 milliards de dollars annuels de prêts, subventions et autres
investissements. En 2014, l’organisation a financé des initiatives diverses et variées, de
la formation d’éleveurs de poulets au Sénégal jusqu’à la modernisation de systèmes
d’égout en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

« Nous devons et nous allons faire mieux »

En mars, son président Jim Yong Kim a expliqué que, du fait de la demande
importante d’infrastructures dans les régions en difficultés – pour améliorer l’accès à
l’eau propre, à l’électricité, aux soins médicaux et à d’autres biens et services vitaux –,
la Banque mondiale financerait un nombre croissant de grands projets susceptibles de
déplacer des populations ou d’avoir des conséquences sur leurs moyens de subsistance.

La banque a également publié un « plan d’action » de cinq pages et demie en anglais


dans le but de mieux contrôler les réinstallations. « Nous devons et nous allons faire
mieux », a déclaré David Theis, porte-parole de la Banque mondiale, en réponse aux
questions de l’ICIJ. La banque entend en effet revoir de fond en comble ses lignes de
conduite, notamment une nouvelle politique de sauvegarde qui déterminera son
orientation pour plusieurs décennies.

Bimbo Omowole Osobe, expulsée du bidonville de Badia en 2014 aide maintenant


d'autres communautés pauvres de Lagos à défendre leurs droits au
logement. GEORGE OSODI

« Je suis attristé de voir que des politiques pionnières de la banque sont en train
d’être affaiblies et démantelées », a déclaré Michael Cernea, un ancien haut
responsable de la Banque mondiale chargé pendant près de vingt ans de la protection
des populations déplacées. « Ce sont les plus pauvres et les plus faibles qui en paieront
le prix. » La banque dit avoir pris note de ces critiques et prévoit de publier
prochainement une nouvelle ébauche intégrant « les sauvegardes environnementales et
sociales les plus fortes et les plus modernes ».

80
À la fin des années 1970, dans l’est du Brésil, une catastrophe a contribué à ce que la
Banque mondiale adopte ses premières mesures systématiques de protection des
populations vivant sur les sites de grands projets. À l’époque, des inondations en
amont du barrage de Sobradinho, construit avec ses financements, ont contraint plus de
60 000 personnes à fuir leurs villages, abandonnant souvent leurs troupeaux à la
noyade. Leur relocalisation a aussi été chaotique.

Des managers notés au nombre de projets financés

Ce fiasco a donné à Michael Cernea, le premier sociologue interne de la Banque


mondiale, des arguments pour faire adopter, en 1980, de nouvelles règles. Le principe
était simple : les personnes qui perdent leurs terres, leurs logements ou leurs emplois à
cause d’un projet de la Banque mondiale doivent recevoir une aide suffisante pour
retrouver, voire améliorer, leur ancien niveau de vie.

Les gouvernements demandeurs de fonds ont ainsi dû mettre sur pied des plans de
réinstallation détaillés pour les populations qui subissent un déplacement physique ou
un préjudice économique. Mais de nombreux témoignages indiquent que les efforts
visant à faire respecter ces règles sont souvent minés par des pressions exercées en
interne en faveur de projets monumentaux. Beaucoup des managers de la banque
définissent le succès au nombre d’accords financés. Ils s’opposent donc souvent aux
exigences qui multiplieraient les complications et les coûts.

Pour Daniel Gross, un anthropologue qui a travaillé vingt ans comme consultant et
employé de la banque, les personnes chargées de surveiller en interne le respect de la
politique de sauvegarde ont leur mot à dire. Mais au milieu des pressions pour mener à
bien les projets, elles sont souvent ignorées et instamment invitées à « coopérer et
aller de l’avant », rapporte-t-il. De fait, un rapport interne de 2014 montre que dans
60 % des cas étudiés, le personnel de la banque n’est pas en mesure de documenter ce
qui est arrivé aux populations après leur expulsion.

La plus grande partie des projets financés par la Banque mondiale ne nécessite ni
d’expulser des populations locales ni de détériorer leurs moyens de subsistance.

81
Cependant, la proportion de projets qui ont de telles conséquences grimpe en flèche
depuis quelques années. L’audit interne de 2012 montre que 40 % des projets en cours
impliquaient des mesures de réinstallation – soit deux fois plus que les projets achevés.
L’ICIJ a également établi que la Banque mondiale et la SFI multipliaient les méga
projets comme les oléoducs et les barrages qui, comme elles le reconnaissent, sont
davantage susceptibles de causer des préjudices sociaux ou
environnementaux « irréversibles ». Plusieurs études montrent que les
réinstallations forcées déchirent les réseaux familiaux et augmentent les risques
de maladie. Les populations relocalisées sont davantage susceptibles de souffrir
du chômage et de la faim ; leurs taux de mortalité sont plus élevés.

Depuis 2004, les estimations de la Banque mondiale indiquent qu’au moins une
dizaine de ses projets ont affecté chacun plus de 50 000 personnes. « Nous réaffirmons
la nécessité de continuer de financer des projets d’infrastructure, y compris ceux qui
nécessitent l’acquisition de terres et des réinstallations involontaires », commente son
porte-parole David Theis. L’organisation dit faire de son mieux pour s’assurer que ses
emprunteurs apportent une aide véritable aux populations expulsées. Au Laos,
explique-t-elle, les autorités ont construit plus de 1 300 logements pourvus d’électricité
et de toilettes, 32 écoles et deux centres médicaux pour les milliers de personnes
déplacées par un barrage. « Du fait du soin apporté à la conception des projets et à
leur mise en œuvre, les réinstallations involontaires ont pour conséquence une
amélioration significative de la vie des populations concernées », poursuit David
Theis.

Bimbo Omowole Osobe, expulsée du bidonville de Badia à Lagos en 2014 vit toujours
dans un habitat provisoire. GEORGE OSODI

En juillet 2012, c’est une figure peu conventionnelle qui est arrivée à la présidence de
la Banque mondiale. Jim Yong Kim, un médecin américano-coréen connu pour son
engagement contre le sida en Afrique, est le premier président à ne pas être issu du
monde de la finance ou de la politique. Vingt ans plus tôt, il était dans les rangs des
manifestants qui, à Washington, exigeaient la fermeture pure et simple de

82
l’organisation parce qu’elle faisait passer la croissance avant l’aide aux populations
pauvres.

Les défenseurs des droits humains et les employés de la banque qui travaillent sur la
politique de sauvegarde espèrent que la nomination du nouveau président va marquer
le début d’une meilleure protection des populations. De fait, en mars, Jim Yong Kim
s’est déclaré préoccupé par des « problèmes majeurs » dans le contrôle des politiques
de réinstallation. Il a annoncé un plan d’action visant à accorder davantage
d’indépendance aux personnes chargées de ce contrôle et une hausse de 15 % du
budget alloué aux dispositifs d’application des politiques de sauvegarde. Mais si lui et
d’autres responsables reconnaissent des failles, ils nient systématiquement que la
Banque mondiale ait une quelconque responsabilité dans les évictions violentes et
abusives menées par ses emprunteurs.

En Éthiopie, le Panel d’inspection a pourtant établi que la banque avait enfreint ses
propres règles en niant le « lien opérationnel » entre un projet dans la santé et
l’éducation, qu’elle finançait, et une campagne massive de relocalisation conduite par
le gouvernement éthiopien. En 2011, les soldats menant les expulsions s’en sont pris à
des villageois. Des viols et des passages à tabac ont été rapportés, ainsi qu’au moins
sept morts. C’est ce que révèlent un rapport de Human Rights Watch ainsi que les
personnes victimes de ces expulsions interrogées par l’ICIJ. Jim Yong Kim a déclaré
que la banque aurait pu « faire plus » pour venir en aide aux villageois expulsés, mais
qu’elle n’était absolument pas en cause.

À Badia East, au Nigeria, la Banque mondiale a emprunté un faux-fuyant. En principe,


une population qui estime qu’un projet lui a porté préjudice peut déposer une plainte
qui déclenchera une enquête du Panel d’inspection. Mais quand trois habitants de
Badia East ont porté plainte, le Panel, au lieu d’ouvrir une enquête, les a redirigés vers
un programme pilote de gestion des conflits. Ces trois habitants se sont ainsi retrouvés
à négocier directement avec le gouvernement de Lagos.

Dans des e-mails que s’est procurés l’ICIJ, le Panel d’inspection promet à Megan
Chapman, juriste au sein de l’organisation qui représente les personnes expulsées, que
83
si la population de Badia East n’était pas satisfaite du résultat, elle pouvait demander
une enquête à tout moment. Or les négociations ont mal tourné pour les expulsés. Le
gouvernement de Lagos a pointé le fait qu’elles occupaient illégalement les lieux, bien
que certaines vivaient là depuis des dizaines d’années. Et il leur a fait une offre à
prendre ou à laisser : une petite indemnité contre la signature d’une décharge de tous
leurs droits. Pour Megan Chapman, cette offre enfreint la politique de réinstallation de
la Banque mondiale parce qu’elle ne donne aux personnes déplacées ni logement ni
compensation équivalant à ce qu’elles ont perdu. Les sommes proposées par Lagos
pour la démolition de certaines structures sont de 31 % inférieures aux estimations des
consultants de la Banque mondiale. « C’est David contre Goliath. Des faibles qui se
battent contre un géant », résume la juriste. La banque a « réellement abandonné des
personnes vulnérables à leur sort. »

L’offre du gouvernement de Lagos a divisé la population. Le responsable de


l’organisation de Megan Chapman, qui estime que c’était la meilleure offre qu’on lui
ferait, s’est déclaré satisfait. Mais de nombreux habitants et militants – y compris
Megan Chapman – sont contre. Seulement, ils n’ont personne vers qui se tourner.

Les e-mails internes obtenus par l’ICIJ indiquent que, début 2014, la présidente du
Panel d’inspection, Eimi Watanabe, faisait déjà pression pour que le panel n’enquête
pas sur le rôle de la Banque mondiale dans cette affaire. Ils montrent également que,
quand le responsable de l’organisation de Megan Chapman s’est dit satisfait des
négociations, Eimi Watanabe a pressé son personnel de publier, avant que le fragile
accord ne s’effondre, une note officielle rendant impossible l’ouverture d’une
enquête. « Merci de publier une note au plus vite avant que les choses ne partent à
vau-l’eau. », écrit-elle le 6 février 2014.

En juillet 2014, deux des trois habitants qui avaient déposé une plainte ont déclaré au
panel qu’ils étaient insatisfaits de l’accord et demandé l’ouverture d’une enquête. Le
panel a rejeté leur demande et clôt l’affaire. Eimi Watanabe, pour sa part, n’a pas
répondu aux questions de l’ICIJ.

Crise identitaire
84
Alors qu’elle fête son soixante-dixième anniversaire, la Banque mondiale connaît une
crise identitaire. Elle n’est plus aujourd’hui la seule à prêter et investir dans les pays en
voie de développement et à financer de très grands projets. La Chine, notamment, a
créé une banque de développement et persuadé la Grande-Bretagne, l’Allemagne et
d’autres de la rejoindre, en dépit de l’opposition des États-Unis.

Ces transformations géopolitiques soulèvent des doutes quant à la capacité – et à la


volonté – de la Banque mondiale de protéger vraiment les personnes qui se trouvent
sur le chemin du développement. Ses ébauches de nouvelles règles de sauvegarde
accordent davantage de pouvoir aux emprunteurs. Dans la version actuelle, les
gouvernements peuvent repousser la préparation de plans de réinstallation jusqu’à ce
que la banque accorde son feu vert. Ils peuvent également mener leurs propres
politiques sociale et environnementale du moment que la banque estime qu’elles sont
cohérentes avec les siennes.

Devant les protestations des experts, qui craignent pour les populations, la banque a
accepté de revoir sa copie. Le texte doit être publié à la fin du printemps ou au cours
de l’été. Pendant ce temps, elle continue d’investir de plus en plus dans des grands
projets comme celui de Lagos. Après son expulsion de Badia East, Bimbo Omowole
Osobe a passé des mois à dormir dehors, avec pour seul toit sur la tête un filet, dit-elle.
Mi-mars, elle a trouvé refuge dans une clinique médicale et passe maintenant ses nuits
dans l’espace d’accueil, après la fermeture. Elle a dû envoyer trois de ses enfants chez
des proches. « Ce n’est pas bien qu’une famille vive séparée », souffle-t-elle.

Source : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/04/21/quand-la-banque-
mondiale-trahit-les-pauvres_4620042_3212.html

85
Thème de TD N°4 : L’efficacité des accords du Bale III

La mise en œuvre de Bâle III : vers un secteur bancaire plus sûr


Éric Chouinard et Graydon Paulin41 (extrait)

- Bien que la mise en œuvre progressive convenue à l’échelle internationale pour


instaurer le dispositif de réglementation bancaire de Bâle III ne fasse que
commencer, on constate déjà une nette amélioration de la quantité et de la
qualité des fonds propres des banques.
- Un suivi plus étroit de la mise en application du cadre renforcé de Bâle III est
essentiel pour établir la crédibilité du dispositif et, au bout du compte, pour
assurer son efficacité.
- Il est impératif de réduire la variabilité des estimations des actifs pondérés en
fonction des risques, entre les banques à l’échelle internationale, à la fois en
améliorant les indications fournies par le Comité de Bâle sur le contrôle
bancaire relativement aux modèles et en exigeant une transparence accrue de la
part des institutions bancaires afin de favoriser la discipline de marché et
d’éviter les perceptions erronées.
- Le suivi de la mise en œuvre du dispositif de Bâle III doit s’accompagner
d’évaluations de sa contribution à la stabilité du système financier, notamment
en ce qui a trait à tout effet défavorable inattendu.

Introduction

L’expérience de la récente crise financière, et surtout celle de pays qui, comme le


Canada, ont été épargnés par les faillites bancaires, a clairement démontré qu’il n’y a
pas de croissance économique soutenable sans un secteur bancaire solide. C’est
pourquoi il est essentiel de mettre en œuvre, intégralement et dans les délais prévus, le
dispositif de Bâle III, qui a été établi par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire
(Comité de Bâle) et entériné par les dirigeants du G20 afin de renforcer les normes de
fonds propres et de liquidité dans le secteur bancaire. Même s’il est généralement

41
L’article complet est disponible sur : https://www.banqueducanada.ca/wp-content/uploads/2014/06/rsf-
juin2014-chouinard.pdf

86
admis que le relèvement des normes de fonds propres et de liquidité raffermira la
fiabilité du système financier, le rythme et la cohérence de la mise en œuvre du
dispositif soulèvent certaines craintes, touchant à la fois l’alourdissement du fardeau
réglementaire des institutions bancaires et les possibilités d’arbitrage réglementaire.
Dans le présent rapport, nous explorons les enjeux associés au déploiement de Bâle III
au Canada ainsi que dans d’autres grandes économies. Nous donnons tout d’abord un
aperçu des dispositions de Bâle III, puis nous montrons en résumant les informations
disponibles que, sous sa forme actuelle, le cadre offre des avantages qui surpassent
largement ses coûts. Nous nous penchons ensuite sur les mesures prises pour mettre en
application ses exigences et examinons comment le dispositif contribue déjà à
accroître la sûreté du système bancaire, alors même que sa mise en œuvre est loin
d’être achevée. Enfin, nous présentons un survol du programme d’examen par les pairs
qui a été instauré afin de favoriser l’application uniforme des nouvelles normes dans
tous les pays. S’il semble que les États ayant fait l’objet d’un examen jusqu’à
maintenant aient adopté des règles nationales en grande partie conformes au dispositif,
une analyse effectuée par le Comité de Bâle donne à penser que les banques n’évaluent
pas les actifs

Vue d’ensemble de Bâle III

Le dispositif de Bâle III est un élément essentiel du programme de réforme financière


du G20 (Tableau 1). Il confère une plus grande rigueur au cadre prudentiel qui était en
vigueur avant la crise financière mondiale, et ce, à plusieurs égards importants. Ainsi,
en faisant des actions ordinaires une composante fondamentale des exigences de fonds
propres et en imposant des normes afin que les autres types d’instruments de capitaux
propres autorisés aient une véritable capacité d’absorption des pertes, les dispositions
de Bâle III assurent une nette amélioration de la qualité des fonds propres. En outre,
pour protéger la stabilité financière, elles introduisent de nombreux mécanismes
novateurs auparavant absents de la panoplie d’outils des autorités de surveillance,
notamment : ƒ un volant de conservation des fonds propres qui favorise l’adoption de
mesures correctives en restreignant le versement de dividendes et de primes par les
banques en cas de détérioration de leur ratio de fonds propres de catégorie 1 sous

87
forme d’actions ordinaires; ƒ un volant contracyclique qui prévoit que les autorités
compétentes exigent des banques la constitution d’une plus grande réserve de fonds
propres durant les périodes favorables, en prévision des périodes de ralentissement
économique, ce qui ajoute une dimension macro-prudentielle au dispositif; ƒ des
exigences supplémentaires de fonds propres applicables aux banques d’importance
systémique mondiale, allant de 1 % à 3,5 % des actifs pondérés en fonction des risques
selon le degré d’importance de l’institution; cette composante vise à tenir compte des
répercussions que la défaillance d’un de ces établissements pourrait avoir sur
l’économie; un ensemble de principes qui permettent aux autorités de chaque pays de
désigner les banques d’importance systémique nationale et qui comprennent des
exigences relatives à l’augmentation de la capacité d’absorption des pertes; ƒ un ratio
de levier minimal, complémentaire aux exigences de fonds propres, offrant une
protection contre les risques qui pourraient ne pas être adéquatement pris en compte
dans les pondérations de risque1 ; ƒ les premières normes internationales de liquidité et
de financement bancaires, conçues pour favoriser la résilience du profil de risque de
liquidité d’une banque aux chocs à court terme (le ratio de liquidité à court terme) et
aux asymétries d’échéances excessives des instruments de financement (le ratio de
liquidité à long terme). La période de transition convenue (qui va jusqu’à la fin de
2018) accorde aux banques des pays les plus touchés par la crise tout le temps
nécessaire pour reconstituer les volants de fonds propres. De plus, les règles de Bâle
représentent des minima internationaux et ne sont pas censées être appliquées
uniformément. Les différents pays peuvent adopter des normes plus strictes ou mettre
leurs propres règlements en conformité avec les nouvelles normes dans un délai plus
court. Par exemple, dans les pays où le secteur bancaire occupe une très grande place
au sein de l’économie, il serait prudent d’imposer des règles plus rigoureuses, étant
donné les conséquences démesurées qu’aurait la défaillance d’une banque importante
pour ces États. Ce qui importe en définitive, c’est que tous les pays resserrent
suffisamment leurs normes de fonds propres et de liquidité. Le Programme
d’évaluation de la concordance des réglementations avec Bâle III a d’ailleurs été mis
sur pied par le Comité de Bâle pour assurer le respect intégral des normes
internationales au moyen d’examens par les pairs.

88
Avantages nets escomptés

Pour le secteur bancaire mondial, Bâle III représente un important changement qui a
des répercussions sur les emprunteurs et sur les économies nationales en général. Si le
relèvement des normes de fonds propres et de liquidité doit apporter une contribution
appréciable à la stabilité financière, il ne se fera pas sans coûts, l’émission d’actions
étant un mode de financement plus onéreux que les emprunts, et les actifs liquides
générant habituellement des rendements moins élevés. Cependant, pour mettre en
perspective les coûts de la mise en œuvre de Bâle III, il est essentiel de ne pas perdre
de vue les répercussions négatives énormes des crises financières : les données
empiriques indiquent en effet que la perte cumulative médiane provoquée par les crises
financières passées se chiffre à 63 % du PIB national (Comité de Bâle, 2010). Une
étude d’impact quantitative rigoureuse menée par le Comité de Bâle et le Conseil de
stabilité financière (CSF) montre que les avantages attendus de Bâle III sont très
élevés, même compte tenu d’hypothèses prudentes qui sous-estiment
vraisemblablement l’apport du dispositif (CSF et Comité de Bâle, 2010). Les
avantages les plus notables tiennent à une diminution de la fréquence et de la gravité
des crises financières. Il est également probable que les cycles macroéconomiques
seraient moins sujets à une succession de périodes de surchauffe et de récession. La
Banque du Canada a effectué une analyse (2010) qui corrobore cette estimation, même
pour les pays qui bénéficient déjà d’un système financier solide. Dans un contexte où
les économies sont fortement interconnectées et où les problèmes financiers survenant
dans un pays peuvent rapidement se propager ailleurs, la réduction de l’incidence de
crises d’origine étrangère est tout aussi importante que la poursuite des objectifs
nationaux. Les nouvelles normes pourraient également avoir des coûts économiques,
tant durant la période de transition initiale qu’à long terme, après leur mise en œuvre
complète. Par exemple, les banques sont susceptibles de chercher à compenser les
coûts associés au resserrement des exigences de fonds propres et de liquidité en
abaissant leurs taux de rémunération des dépôts, en majorant leurs taux d’intérêt sur
prêt ou en augmentant leurs frais de service. Des préoccupations ont aussi été
exprimées au sujet des répercussions possibles de Bâle III sur le fonctionnement du
marché financier. Toutes les études ont néanmoins démontré qu’en dépit des coûts
89
potentiels, une sûreté et une résilience accrues du système bancaire engendrent des
avantages nets significatifs. Si l’on met en balance les gains à long terme découlant
d’une moindre fréquence des crises financières et les coûts qui y sont associés, on
obtient, pour les économies du G20, un avantage net moyen de 30 % du PIB en valeur
actualisée, soit environ 10 billions d’euros (CSF et Comité de Bâle, 2010). Dans
l’étude de 2010 de la Banque du Canada, des estimations prudentes montrent qu’une
hausse modérée du ratio de fonds propres devrait générer au Canada des gains nets
évalués à 13 % du PIB. Grâce au renforcement du système financier canadien,
l’économie du pays sera plus résiliente aux effets de contagion néfastes provenant de
l’étranger. À mesure que l’adaptation aux nouvelles normes progressera, le maintien
d’un suivi sera nécessaire pour vérifier que le dispositif génère des bénéfices bien réels
et déceler toute conséquence négative inattendue à laquelle il faudra remédier.

Mise en œuvre de Bâle III

Toutes les économies du G20 ont pris les mesures nécessaires (législatives ou autres,
comme des lignes directrices) pour appliquer le dispositif mis à jour de Bâle d’ici
l’échéance convenue — voire même avant (Comité de Bâle, 2014b). Par exemple,
l’Union européenne et les États-Unis ont adopté une réglementation finale sur les
fonds propres, conforme aux normes de Bâle III, en juin et en juillet 2013,
respectivement. Bien que la mise en œuvre ait débuté l’année dernière, les membres du
Comité de Bâle ont convenu que l’entrée en vigueur des nouvelles exigences se ferait
progressivement sur une période de six ans, qui doit prendre fin en décembre 2018. Par
ailleurs, si les nouvelles normes de fonds propres fondées sur les risques sont sous leur
forme définitive, la mise au point d’autres composantes de Bâle III, notamment le ratio
de liquidité à long terme, n’est pas encore terminée.

90
Premiers signes d’une résilience accrue des institutions financières

Le suivi effectué par le Comité de Bâle fait ressortir clairement que les banques
d’envergure mondiale s’adaptent à des normes plus strictes. Un vaste échantillon de
grands établissements actifs à l’échelle internationale (environ 100 banques du
groupe 1) permet de constater que le ratio moyen de fonds propres de catégorie 1 sous
forme d’actions ordinaires (au sens de Bâle III) n’a cessé d’augmenter ces dernières
années (Graphique 1) 11. Au milieu de 2013, il avait atteint 9,5 %, ce qui est bien
supérieur au minimum requis. Seules cinq institutions de ce groupe (dont aucune
banque canadienne) ne respectaient pas encore la norme mondiale de fonds propres qui
est de 7 % (plus le volant de fonds propres applicable aux établissements bancaires
d’importance systémique mondiale, le cas échéant).

91
Pour ce qui est de la liquidité, le ratio de liquidité à court terme moyen pondéré
s’établissait à 114 % du niveau requis. Encore une fois, on observe des écarts
considérables d’une banque à l’autre, mais le Comité de Bâle (2014a) signale que
72 % des institutions de l’échantillon qu’elle a étudié satisfaisaient au ratio de liquidité
à court terme minimal (100 %) ou le dépassaient. Enfin, le ratio de levier (qui
correspond aux fonds propres de catégorie 1 divisés par l’actif total, selon la définition
de Bâle III) se chiffrait à 4,3 %, globalement, soit bien au dessus du ratio minimum
fixé provisoirement à 3 %12. Au début de 2013, toutes les banques d’importance
systémique nationale du Canada excédaient l’exigence minimale de fonds propres en
actions ordinaires (y compris l’exigence supplémentaire de 1 % imposée à ces
établissements), et les niveaux de fonds propres ont continué d’augmenter depuis. À la
fin de 2013, la moyenne pondérée des fonds propres était de 9,3 %, sur une fourchette
allant de 8,7 % à 9,9 %. Des données similaires ne sont pas encore publiées pour les
mesures de la liquidité et les ratios de levier au sens de Bâle III des grandes banques.
Néanmoins, les établissements bancaires du pays sont bien au courant des exigences à
venir et ils s’emploient à faire en sorte que leurs activités commerciales et de
financement respectent les nouvelles normes ont continué d’augmenter depuis. À la fin

92
de 2013, la moyenne pondérée des fonds propres était de 9,3 %, sur une fourchette
allant de 8,7 % à 9,9 %. Des données similaires ne sont pas encore publiées pour les
mesures de la liquidité et les ratios de levier au sens de Bâle III des grandes banques.
Néanmoins, les établissements bancaires du pays sont bien au courant des exigences à
venir et ils s’emploient à faire en sorte que leurs activités commerciales et de
financement respectent les nouvelles normes. Les banques disposent de diverses
options pour accroître leur ratio de fonds propres : elles peuvent notamment conserver
leurs bénéfices, émettre des actions ou réduire leurs actifs en abaissant leur levier
d’endettement. Il importe de se rappeler que les banques devront peut-être procéder à
une certaine compression de leur levier financier pour corriger des erreurs commises
dans le passé et rationaliser leurs secteurs d’activité de manière à rétablir des modèles
d’affaires viables. Toutefois, un recours excessif à la réduction du levier d’endettement
pourrait avoir des effets défavorables sur les prêts et sur l’activité économique en
général. Des analyses de la Banque des Règlements Internationaux (BRI) (Cohen et
Scatigna, 2014) donnent à penser qu’une bonne partie des améliorations enregistrées
par les banques des économies avancées découlent, en fait, des fonds propres générés à
l’interne (mais elles ont aussi été soutenues, dans certains cas, par la baisse des
paiements de dividendes). Après la crise, les actifs bancaires se sont accrus,
globalement, quoique dans une moindre mesure en Europe où de fortes tensions
économiques et financières se font sentir depuis 2011. Selon d’autres indications
(Bridges et autres, 2014), même si la croissance du crédit peut diminuer quelque peu
dans une période marquée par un accroissement substantiel des fonds propres, cet effet
est temporaire et la croissance des prêts reprend par la suite.

Conclusion

Des données préliminaires montrent que les systèmes bancaires canadien et


internationaux ont déjà bien entamé la mise en application du dispositif de Bâle III —
particulièrement en augmentant la quantité et la qualité des fonds propres —, et il
s’agit d’une excellente nouvelle. À mesure que la mise en œuvre se poursuit, il est
impératif de constamment évaluer l’incidence des réformes sur la stabilité financière et
sur la situation macroéconomique plus globalement. D’autres analyses et un suivi

93
rigoureux sont essentiels, notamment pour déceler toute conséquence indésirable qui
pourrait se produire. Il est également capital que les normes minimales soient
strictement respectées par tous les pays pour que les réformes procurent tous les
avantages escomptés et pour maintenir des règles du jeu équitables. Voilà pourquoi les
efforts accrus déployés par le Comité de Bâle pour assurer le suivi de la mise en œuvre
sont si importants. Il est indispensable que, dans les futures analyses des incidences et
évaluations de la concordance, les autorités continuent d’améliorer les normes
prudentielles imposées au secteur bancaire en favorisant une meilleure harmonisation
des pondérations de risque et en comblant les lacunes repérées sur le plan de la mise en
œuvre.

94
Thème de TD N°5 : La question de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC :
Opportunité ou menace ?

1- Processus d’adhésion à l’OMC : Processus long pour l’Algérie

L’Algérie a déposé sa demande d’adhésion (à l’époque au GATT) en juin 1987 et 21


ans plus tard elle n’est toujours pas entrée à l’OMC. La longueur de la négociation est
exceptionnelle et peut s’expliquer d’une part par des contraintes internes et d’autre part
par la difficulté des négociateurs à reconnaître le caractère mutuellement bénéfique de
l’adhésion. En effet, le processus d’adhésion oblige le pays candidat à mettre en
conformité un certain nombre de règles et de comportements avec ceux des pays
membres de l’OMC, il est donc d’autant plus long et difficile que l’écart est important.
Du côté des autorités algériennes, un consensus semble avoir été obtenu sur la
nécessité de cette adhésion. Cependant, la question de l’intérêt pour l’Algérie d’entrer
à l’OMC reste encore posée, du point de vue des impacts tant économiques
qu’institutionnels.
En 1987, année de la première demande d’adhésion déposée par l’Algérie au GATT,
l’économie connaît une grave crise, provoquée par la chute du prix des hydrocarbures
conjuguée à la baisse du dollar US. Les exportations baissent de 55,5% en valeur entre
1984 et 1987. A leur suite, et sous le coup de mesures d’austérité, les importations
diminuent également de 54%. L’adhésion au GATT allait dans le sens d’une réforme
visant l’intégration de l’économie algérienne à l’économie internationale, par la
promotion et la diversification des exportations. Cependant, l’Algérie étant mono-
exportatrice d’hydrocarbures, l’enjeu ne se situait pas, du moins pas encore, au niveau
des exportations, mais plutôt de l’ouverture du marché domestique algérien à la
concurrence. Il faut cependant rappeler que le GATT ne portait que sur le commerce
de biens (textile et produits agricoles en étaient exclus), qu’il n’y avait pas d’accord
sur les services ni sur les droits de propriété intellectuelle et que le secteur de l’énergie
n’était pas inclus. Aussi, la contrainte que représentait l’adhésion n’avait-elle aucune
commune mesure avec celle de l’OMC aujourd’hui. Notamment, il n’y avait pas une
telle pression sur les institutions et les règles internes des pays, ce qui laissait une large
autonomie pour réaliser les réformes. Cette marge de manœuvre n’existe pratiquement

95
plus aujourd’hui. L’exceptionnelle longueur du processus d’adhésion de l’Algérie à
l’OMC s’explique en partie par un engagement initial à une date particulière pour
l’OMC (alors le GATT) puisqu’elle coïncide avec le dernier round du GATT avant la
création de l’OMC en 1995. La période 1986-1995 n’était pas très favorable à
l’adhésion de nouveaux membres qui étaient tentés d’attendre de mieux connaître les
règles de l’OMC. 42
Au début de l’année 2008, la situation de l’Algérie est la suivante (OMC 2008) : Les
membres du groupe de travail estiment que les négociations d’adhésion traînent en
longueur et admettent qu’il reste beaucoup de chemin à accomplir pour l’adhésion de
l’Algérie à l’OMC. Les domaines dans lesquels les progrès ont été les plus importants
sont : La réduction des obstacles techniques au commerce, Certaines mesures
sanitaires et phytosanitaires, La propriété intellectuelle, Les pratiques anti-dumping, de
sauvegardes et compensatoires, Les politiques de prix, Les politiques d’évaluation en
douane, L’importation des produits pharmaceutiques et de boissons alcooliques,
L’exportation de viande bovine, ovine et de palmiers. Les domaines pour lesquels des
progrès importants restent à faire sont : Les entreprises d’État, Le prix des
hydrocarbures, Les droits de commercialisation et la présence commerciale. La
négociation est donc difficile et la compatibilité de l’économie algérienne avec les
principes de base de l’OMC est encore loin d’être assurée. Ces règles de base sont
relativement contraignantes même s’il existe une certaine flexibilité pour les pays en
développement demandant leur accession. 43

2- Pourquoi l’Algérie n’est toujours pas membre de l’OMC ?

Pratiquement tous les pays du monde en sont désormais membres (165 au total), sauf
quelques rares pays, dont les dirigeants demeurent sournoisement hostiles à cette
adhésion. Les autorités algériennes n’ont en effet, jamais fait de déclarations claires
précisant les raisons de leur refus de faire partie de cette institution transnationale, qui
fixe et régule les règles du commerce international. Dans leurs correspondances avec
les dirigeants de l’OMC et les comptes rendus de réunion, on ne trouve en effet que

42
Philippe BARBET, Saïd SOUAM, Fatiha TALAHITE, enjeux et impact du processus d’adhésion de l’Algérie
à l’OMC, Economie & Société N° 5 /2008.
43
idem

96
des promesses, du reste jamais tenues, de prendre en considération les exigences de
cette institution. L’Algérie et l’OMC en sont de ce fait à leur 15e round de négociation
et au minimum, à la 150è rencontre multilatérale, sans que le processus n’ait pour
autant évolué. Notre pays est de ce fait relégué au rang simple observateur dénué de
tous pouvoirs de décision. Il est estimé que, quand la volonté politique existe, le
processus d’adhésion à l’OMC ne dépasserait guère trois années. Cette volonté d’aller
rapidement vers un accord d’adhésion n’étant toujours pas clairement affichée par les
véritables décideurs algériens qui ne souhaitent pas changer la manière de gérer le
pays,

Au regard du nombre et de la complexité des réserves que le gouvernement algérien


devra impérativement lever pour avoir l’autorisation d’intégrer cette institution, il
faudrait en effet, encore beaucoup de temps pour que l’Algérie puisse obtenir ce ticket
d’entrée. A supposé que nos gouvernants le souhaitent vraiment et qu’il existe dans
notre pays une autorité suffisamment forte et consensuelle pour enfin décider de cette
adhésion, les réformes structurelles à effectuer comme gage d’adhésion vont requérir
au minimum cinq années. L’examen du mode de commerce se poursuit aujourd’hui
encore de diverses manières, notamment pour ce qui concerne le régime des licences
d’importation, la subvention des prix des carburants, les obstacles multiformes qui
dérèglent les flux commerciaux, la mise en œuvre des mesures sanitaires et
phytosanitaires servant de barrières douanières, l’application des taxes intérieures, la
privatisation de certaines entreprises publiques qui fonctionnent aujourd’hui encore
comme des monopoles, la question des transferts sociaux et certains aspects liés à la
protection des brevets industriels. Beaucoup d’importantes questions restent donc
posées et, selon un compte rendu d’un des derniers rounds de négociation, il resterait
une vingtaine d’engagements auxquels l’Algérie devra souscrire pour être acceptée
comme membre à part entière de l’OMC. Pour les observateurs avertis de la scène
politique et économique algériennes, ce ne sont en réalité pas les exigences de l’OMC
qui font obstacles à cette adhésion et pour preuve, près de 170 nations les ont
acceptées sans problème. Ce qui dérange le plus les hautes autorités algériennes, c’est
ce mode de gestion « universel » que l’OMC veut leur imposer, aux lieux et places de

97
la gestion bureaucratiques et rentière qui leur convient parfaitement du fait qu’elle leur
procure bien des avantages matériels. Ces derniers ne veulent évidemment pas de cette
transparence qui impose la traçabilité des capitaux et met fin à l’informel. 44
Plusieurs éléments de réponse peuvent être avancés pour expliquer ce retard.

- Tout d’abord, la situation insécuritaire complexe de l’Algérie dans les années


1990 a figé les préoccupations sur la recherche de solutions à cette crise plutôt
que sur le dossier OMC. Ensuite, l’envolée de la dette extérieure algérienne,
entre 1990 et 1995 (presque 120 % du PIB en 1995 contre 9,2 % en 2013) a
conduit à la mise en place d’un PAS qui a orienté les priorités vers un
assainissement des finances. Parallèlement l’OMC venait succéder au GATT et
de nouvelles mesures plus contraignantes et plus complexes étaient mises en
place, éloignant encore plus l’Algérie de son objectif d’adhésion.
- À ces difficultés s’ajoutent les actions de certains lobbies d’importation,
notamment des secteurs agroalimentaires et pharmaceutique, liés à l’économie
souterraine et mafieuse, qui craignent que l’ouverture à une plus grande
concurrence ne compromette leurs intérêts.
- Le marché informel et le commerce des produits de contrefaçon, prolifique en
Algérie, seraient entravés par la nécessité de respecter des normes de qualité et
des règles de certification d’origine.
- Enfin, structurellement, l’économie algérienne n’est pas prête. La difficulté que
connaît l’Algérie à fonctionner dans le cadre de son accord d’association avec
l’Union européenne le montre. Elle fut récemment contrainte de demander une
révision du démantèlement tarifaire prévu dans le cadre de cet accord afin de
rétablir (ou de geler au moins pour un certain temps) des droits de douane dans
le but d’aider à la restructuration et à la mise à niveau des entreprises
algériennes.

44
Cette partie est extraite de l’article : Nordine Grim : Adhésion de l’Algérie à l’OMC: 34 ans de négociations et
toujours pas d’accords! Disponible sur : https://www.algerie-eco.com/2021/06/21/adhesion-algerie-omc-34-ans-
negociations-toujours-pas-accords/

98
3- Avantages et inconvénients de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC

Les avantages que l’Algérie pourrait retirer d’une adhésion à l’OMC sont nombreux.
Tout d’abord l’OMC offre un cadre de fonctionnement formel et transparent. D’autre
part, les théories sont presque unanimes sur le fait que l’intégration au commerce
international se traduise par des gains. Ces gains correspondent à des diminutions de
coûts commerciaux mais aussi à des gains d’efficience liés à l’apprentissage. Enfin, et
sur un plan plus spécifique, l’Algérie peut trouver dans l’adhésion à l’OMC une
incitation à l’accélération des réformes structurelles nécessaires à la modernisation de
son fonctionnement.

En face, trois grandes catégories d’inconvénients peuvent être distinguées. Tout


d’abord la pression concurrentielle va peser sur une économie algérienne qui, bien que
récemment marquée par un certain dynamisme, reste fragile. Ensuite, différentes
études (OMC, OCDE) montrent que les mécanismes de facilitation des échanges
internationaux s’accompagnent d’une augmentation des coûts de transactions qui
peuvent s’avérer décourageants. Enfin, les règles de l’OMC ne sont pas spécialement
conçues pour réglementer le commerce international des ressources naturelles et
encore moins lorsque celles-ci sont à l’origine d’une rente pour le pays qui en
dispose.45

45
Extrait de l’article : Myriam Donsimoni L’Algérie et l’OMC : l’adhésion ou la rente, Université de Savoie
(PACTE UMR 51-94).

99
Références

Ouvrages

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103

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