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Chapitre 7.

Rôle des banques et des marchés financiers

I. La monnaie et le rôle des banques

La monnaie et les moyens de paiement


Actif facilitant l’échange de biens et services réels ou le transfert de valeur dans le
temps, la monnaie recouvre trois fonctions.

1. La monnaie, intermédiaire des paiement immédiatement


échanges universel et instantané utilisable pour effectuer des
règlements.
La monnaie est un moyen de
paiement :

Universel (ex. : l’euro dans la zone


euro).
Agents éco  régler leurs transactions 2. La monnaie, instrument de
économiques. mesure des valeurs
La monnaie a cours légal dans sa La monnaie permet de compter le
zone monétaire  les résidents nombre d’unités monétaires que
doivent obligatoirement vaut n’importe quel bien, service
l’accepter en paiement. ou actif  sert donc d’unité de
Contrairement à la monnaie compte.
nationale, l’existence de la En exprimant la valeur absolue de
monnaie internationale est en chaque bien en une seule unité, la
général une existence de fait, liée monnaie simplifie grandement ces
à un usage. problèmes de mesure puisqu’elle
La monnaie est un moyen de permet de chiffrer directement la
paiement instantané.  valeur d’un bien sans référence à
acquérir immédiatement un celle des autres nécessairement
bien ou service. Elle permet multiples.
aussi de se libérer de toutes ses
dettes : on parle du « pouvoir
3. La monnaie, instrument de
libératoire général de la
monnaie », liquidité par
réserve et de transfert de valeur
excellence. dans le temps
La monnaie est un moyen de
La liquidité d’un actif désigne placement car elle conserve et
son aptitude à se transformer transfère de la valeur dans le
en moyen de paiement temps. Elle peut ainsi être
aisément, rapidement, et sans conservée et échangée contre un
autre actif après un certain temps.
coût. En d’autres termes, la
Lorsque l’inflation est importante,
liquidité est la faculté qu’a un
la monnaie est un mauvais
actif d’être rapidement
instrument de conservation de la
transformé en un moyen de
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valeur : en effet, la hausse du


niveau général des prix érode son
pouvoir d’achat.
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Les formes de la monnaie


La monnaie peut adopter deux formes distinctes :
 La monnaie manuelle ou fiduciaire est manipulable. Elle inclut :
– la monnaie-papier, c’est-à-dire les billets de banque (Banque de France =
monopole d’émission des billets).
Depuis le 1er janvier 2002 la Banque de France émet un certain quota de billets en
euros, comme chacune des banques centrales des autres pays de la zone euro,
sous le contrôle de la Banque centrale européenne (BCE).
– la monnaie divisionnaire est émise par le Trésor public en France ;

la monnaie scripturale est inscrite sur les comptes bancaires des agents non
bancaires. Elle est immatérielle, intangible et n’existe qu’en vertu d’écritures
passées dans les comptes des banques au nom des titulaires de cette
monnaie. Les principaux instruments de circulation de la monnaie scripturale
sont le chèque, le virement et la carte bancaire.
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
La transformation des échéances et la création monétaire
Les banques commerciales revêtent deux fonctions distinctes mais complémentaires dans une
économie de marché :

– elles sont au cœur des opérations de paiement des transactions économiques


entre les agents économiques. Elles s’occupent de la gestion des moyens de
paiement et s’assurent que les paiements demandés par les agents sont bien
effectués ;
– elles accordent des crédits bancaires aux agents non financiers : c’est le
financement indirect.

Transformation des échéances

Les banques reçoivent habituellement des dépôts à vue de la part des titulaires des
comptes bancaires. Ces dépôts de court terme représentent des dettes enregistrées au
passif des bilans des banques. Or, les banques accordent habituellement des crédits
de moyen et long terme aux agents non financiers. Autrement dit, les banques
empruntent à court terme et prêtent à moyen et long terme.

Le système bancaire procède alors à une activité de transformation bancaire, ou


transformation des échéances, afin de rendre compatibles les comportements des
déposants, qui détiennent des actifs à court terme, et celui des emprunteurs qui
empruntent à plus long terme (tab.7.1).

Cette transformation bancaire consiste notamment à multiplier le nombre de


déposants afin que les paiements réalisés entre agents économiques s’effectuent
au sein de la banque.

Bilan bancaire simplifié – transformation des échéances


Actif Passif
Créances de moyen et long terme (crédits
Dettes à court terme (dépôts à vue)
bancaires)

Exemple

Soient deux situations distinctes :


– les titulaires de comptes bancaires à la banque A achètent des produits auprès de fournisseurs disposant de
comptes à la banque B. Un transfert monétaire est donc opéré de la banque A, dont le passif diminue, vers la
banque B dont le passif augmente. La banque A ne peut donc pas prêter les ressources : la transformation
bancaire n’est pas possible ;

– les titulaires de comptes bancaires à la banque A achètent des produits auprès de fournisseurs disposant
désormais de comptes au sein de la même banque. La banque A transfère de la monnaie des comptes des
acheteurs vers celui des
fournisseurs, l’ensemble du passif de la banque restant stable : il n’y a pas de fuite vers l’extérieur. La banque
A dispose donc de ressources pouvant être prêtées à long terme tant que les paiements se font
principalement entre agents d’une même banque.
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La création monétaire est une autre caractéristique du financement bancaire.

Dans une économie monétaire, les banques jouent un rôle bien spécifique : elles créent de la
monnaie en accordant des crédits.

Les banques émettent de la monnaie lorsqu’elles mettent à disposition d’agents


économiques non financiers (ex. : ménages, entreprises) de la monnaie qui n’a encore
jamais circulé.

La création monétaire correspond à la transformation de créances sur des agents non


financiers en moyens de paiement c’est-à-dire en monnaie : les crédits font les
dépôts. La monnaie en circulation dans l’économie correspond à la masse monétaire
émise par les banques en contrepartie de trois types de créances :

– les créances sur l’extérieur liées aux paiements en devises ;


– les crédits aux ménages et entreprises ;
– les crédits aux administrations publiques (les créances sur le Trésor public) ;

L’activité de création monétaire apparaît avec l’augmentation de la masse monétaire


sur une période donnée.
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Les fonctions d’une banque centrale

1. La création monétaire
Les banques commerciales, dites « de second rang », sont au cœur du processus de création monétaire
en émettant de la monnaie scripturale.

Le processus de création monétaire des banques commerciales n’est pas limité par l’existence d’une
épargne préalable mais par le « crédit », c’est-à-dire la confiance, qu’elles accordent aux capacités de
remboursement futur des emprunteurs.

C’est bien la solvabilité de l’emprunteur anticipée par la banque qui commande son opération de
prêt et d’émission monétaire. Cependant, ce processus de création monétaire est aussi contraint par
la banque centrale dite « de premier rang ».

Chaque banque de second rang dispose d’un compte à la banque centrale pour assurer
des paiements. Ces derniers sont effectués en monnaie centrale, appelée aussi base
monétaire, dont la banque centrale détient le monopole d’émission.

La banque centrale est donc la « banque des banques » :


Une partie de la base monétaire est détenue par les ménages sous forme
de billets.
L’autre partie, appelée « liquidité bancaire », est détenue par les banques
soit sous la forme de billets (dans la caisse de la banque), soit sous la forme
scripturale comme les dépôts effectués par les banques sur leurs comptes à
la banque centrale.

Tableau 7.2 : Composantes de la monnaie émise par la banque centrale


Base monétaire = Monnaie centrale = Monnaie émise par la banque centrale
Billets en caisse détenus Dépôts des banques
Billets détenus par les
par les banques de second commerciales sur leurs
ménages
rang comptes à la banque centrale

Monnaie fiduciaire Monnaie scripturale


Monnaie centrale détenue Liquidité bancaire : monnaie centrale détenue par les
par les ménages banques de second rang
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2.La domiciliation de comptes


Une banque commerciale détient un compte à la banque centrale pour différents
motifs.

Le besoin de liquidités. Les agents économiques peuvent avoir besoin d’effectuer leurs dépenses avec
des billets retirés auprès de leurs banques. Or seule la banque centrale émet les billets. La banque
commerciale doit donc conserver une partie des dépôts qu’elle reçoit des agents économiques dans
son compte à la banque centrale pour répondre au besoin de liquidités de ses clients.
Les paiements interbancaires. Une banque a besoin de disposer de monnaie centrale
dans son compte à la banque centrale pour effectuer des versements d’argent vers
d’autres établissements bancaires. Ces paiements interbancaires se font par virement de compte à
compte à la banque centrale. Des règlements interbancaires apparaissent notamment lorsqu’une
banque doit payer une somme d’argent à une autre banque au titre des transactions réciproques de
leurs clients respectifs.

Exemple

Soient deux banques, A et B, à la fin d’une période donnée (une journée) :


– les titulaires d’un compte courant chez A doivent 1 000 000 € à ceux de B ;
– les titulaires d’un compte courant chez B doivent 750 000 € à ceux de A ;
– la banque centrale prélèvera 250 000 € sur le compte de A au profit de B.

Les réserves obligatoires. La banque centrale peut imposer aux banques de maintenir en permanence un
minimum de monnaie sur leur compte à la banque centrale, ce que constituent les réserves obligatoires. En cas
d’insuffisance de monnaie centrale sur son compte, la banque commerciale peut emprunter des liquidités à la
banque centrale. Celle-ci émet donc de la monnaie centrale en accordant un crédit à la banque commerciale,
soit une opération de refinancement.

Ces trois motifs sont à l’origine du besoin en monnaie centrale des banques commerciales. Ce besoin permet à
la banque centrale de contrôler l’émission de monnaie par les banques commerciales.

Le lien entre la monnaie centrale émise par la banque centrale et la masse monétaire créée par les banques de
second rang est représenté par le multiplicateur de crédit.
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Le multiplicateur de crédit
Le multiplicateur de crédit correspond au nombre d’unités monétaires en circulation
pour une unité émise par la banque centrale.

Il se calcule comme suit :


Masse monétaire
------------------------
Multiplicateur de crédit =
Base monétaire

Le multiplicateur de crédit. Il dépend :

– de la proportion des
billets en circulation dans Si la banque centrale
la masse monétaire, ou souhaite agir sur la masse
taux de préférence pour monétaire, elle peut
les billets des ménages, décider d’imposer ou
notée b : une hausse de b d’augmenter un taux de
entraîne un besoin réserves obligatoires.
croissant de monnaie
centrale pour les banques En augmentant ce taux, elle
ordinaires afin de oblige les banques
satisfaire la demande des ordinaires à conserver une
agents non financiers en partie des dépôts qu’elles
billets. reçoivent des agents non
financiers dans leurs
– du rapport entre les comptes à la banque
dépôts à vue, ou réserves, centrale, réduisant
détenues par les banques d’autant les crédits que
dans leurs comptes à la peuvent accorder les
banque centrale et les banques ordinaires à
dépôts à vue détenus par l’économie.
les agents non financiers
dans leurs comptes Au contraire, en réduisant
bancaires, noté r appelé « ce taux, elle diminue le
taux de réserve » : une besoin en monnaie
hausse de r entraîne un centrale des banques qui
besoin croissant de peuvent alors accorder
monnaie centrale pour les plus de crédits à
banques ordinaires. l’économie.

Multiplicateur de crédit = 1
----------------

(b + r − r × b)
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Les rôles et la diversité des marchés de capitaux

Les marchés de capitaux correspondent à un mode d’échange de produits financiers permettant


aux « offreurs de capitaux » de placer leurs ressources auprès des « demandeurs de capitaux ».

Sur les marchés de capitaux, les capitaux correspondent aux ressources financières que les agents à
capacité de financement mettent à disposition des agents à besoin de financement. En échange, ces
derniers émettent des titres financiers. Ainsi :

– l’offre de capitaux correspond bien à la demande en titres financiers, soit à un


placement sur les marchés financiers ;

– la demande en capitaux correspond bien à l’offre en produits financiers, ou


émission de titres financiers, donc à un besoin en ressources financières ;

– la diversité des titres financiers échangés va de pair avec la diversité des marchés
de capitaux.
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Le marché monétaire

Le marché monétaire représente le marché des capitaux à court terme dont


l’échéance court de 24 heures à 7 ans.

Le marché monétaire permet aux agents souhaitant placer leur trésorerie à court
terme de financer des besoins de trésorerie d’autres agents.

Le marché monétaire comprend deux compartiments :


Le marché interbancaire est réservé aux banques qui se prêtent entre elles
leurs avoirs en monnaie centrale. Une banque peut avoir un besoin en monnaie
centrale supérieur à la liquidité bancaire qu’elle détient. Elle peut donc
emprunter celle-ci, c’est-à-dire se refinancer, soit à la banque centrale, soit
auprès d’autres banques qui disposent de liquidités bancaires suffisantes. Ces
prêts seront remboursés ultérieurement.
Le marché des titres du marché monétaire est ouvert aux agents financiers ainsi
qu’aux grandes entreprises qui peuvent alors échanger des titres de dettes à
court et moyen terme, les titres de créance négociables (TCN) :
– les bons du Trésor négociables émis par le Trésor public visant à financer
les besoins de trésorerie de l’État ;
– les certificats de dépôts négociables émis par les agents financiers,
notamment les banques ;
– les billets de trésorerie émis par les entreprises présentes sur le marché ;
– les bons à moyen terme négociables émis par les entreprises ou agents
financiers d’une durée supérieure à un an.
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Le marché financier
Le marché financier correspond aux marchés de capitaux de long terme.

Deux grandes catégories de titres financiers (tab. 7.3) s’y échangent :

– les actions dont les émissions et échanges sont effectués sur le marché des
actions ;
– les obligations dont les émissions et échanges sont effectués sur le marché
obligataire.

Le marché financier est composé du marché primaire et du marché secondaire (Bourse).

En France, le marché financier français est Euronext Paris géré par la société Euronext qui regroupe
plusieurs places boursières en Europe. Euronext Paris est un marché réglementé qui accueille la
négociation des actions et des obligations.

Propriétés et caractéristiques des titres financiers

Détenteur du titre Droits associés Caractéristiques

Action : titre de Actionnaire  Droit sur les  Variation des


propriété bénéfices : dividendes dividendes distribués
 Droit de vote à en fonction du résultat
l’assemblée générale net
des actionnaires  Possibilité de revendre
 Droit à l’actif net le titre sur le marché
résiduel secondaire (bourse)
 Titre non
remboursable
Obligation : titre Créancier  Droit à recevoir une  Taux du coupon : taux
de créances pour rémunération, le d’intérêt nominal
son détenteur coupon (intérêts (Intérêt versé/Montant
(titre de dettes versés de l’obligation à
pour l’émetteur) périodiquement au l’émission) fixe
créancier), déterminée  Taux du coupon qui
à l’avance et stable dépend du montant des
obligations émises, des
conditions du marché,
de la monnaie
d’émission, de la durée
du prêt et du risque de
l’émetteur
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers

1.L’interdépendance des marchés


La facilité à revendre un titre financier, en particulier une action, sur le marché secondaire assure sa
bonne émission sur le marché primaire.

La liquidité du marché secondaire est donc indispensable à l’efficacité du marché primaire. La Bourse
est essentielle au financement des entreprises lorsqu’elles émettent de nouvelles actions.

Les administrations publiques sont les plus gros émetteurs d’obligations en France,
source de financement non monétaire (et donc non inflationniste) du déficit public.

Ces obligations émises sont majoritairement détenues par les agents financiers comme les banques ou
les sociétés d’assurances.
Le financement par actions des entreprises leur permet d’accéder à une masse élevée
de capitaux et facilite les regroupements d’entreprises à travers les offres publiques
d’achat (OPA) et les offres publiques d’échange (OPE).

Définition

Une OPA permet d’acquérir une entreprise en proposant publiquement à ses actionnaires d’acheter
leurs actions à un prix supérieur aux cours boursier.
Dans le cadre d’une OPE, l’entreprise propose ses titres en échange des actions de la société qu’elle
veut acheter.

Les émetteurs comme les détenteurs d’actions sont particulièrement attentifs à la capitalisation
boursière d’une entreprise ou d’un ensemble d’entreprises à travers un indice boursier.
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2.La capitalisation boursière

Définition

La capitalisation boursière correspond à la valeur moyenne des actions d’une


entreprise, d’un ensemble d’entreprises ou d’une place financière.

Un indice boursier désigne un instrument de mesure de la capitalisation de plusieursentreprises


parmi les plus importantes, ou appartenant à un même secteur d’activité.
En France, l’indice le plus célèbre est le CAC 40, indice de cotation assistée en continu
des 40 plus grandes capitalisations boursières françaises d’Euronext Paris.

Focus. Comportement des indices boursiers

Un indice boursier élevé signifie que le cours moyen des actions qui le composent
augmente. C’est la conséquence d’une hausse de la demande pour ces titres. Les
investisseurs anticipent de futurs bénéfices pour les entreprises ayant émis ces
actions et achètent plus de titres. La hausse normale d’un indice est donc le signe
d’anticipations favorables sur des bénéfices à venir et, plus largement, sur le
marché. Les entreprises peuvent alors plus facilement émettre de nouveaux titres
financiers.

La baisse d’un indice signifie que les investisseurs ont des doutes, des craintes sur
la capacité des entreprises à générer des bénéfices futurs. La vente d’actions tend
à augmenter. A contrario, la demande se tasse. Ainsi, le cours des actions
diminue. La diminution normale d’un indice est donc le signe d’anticipations
défavorables sur des bénéfices à venir et, plus largement, sur le marché
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers

Le marché des changes


Le marché des changes assure l’échange d’une monnaie contre une autre.

Exemple

Une entreprise située en France achète des matières premières à un fournisseur situé aux États-
Unis. L’entreprise française va alors apporter des euros à sa banque pour qu’elle les échange contre
des dollars. La banque française va donc vendre des euros contre des dollars sur le marché des
changes. Après obtention des dollars, la banque française les versera à la banque américaine du
fournisseur, payant ainsi l’achat des matières premières au nom de l’entreprise française.

1. L’acquisition de devises et le taux de change


Les motifs d’acquisition de devises sont liés aux échanges internationaux :

– commerce international de biens et services ;


– transferts internationaux de revenus ;
– transferts internationaux de capitaux financiers.
Le prix d’une monnaie exprimé dans une autre monnaie correspond au taux de change. C’est le
nombre d’unités monétaires qu’un agent peut obtenir en échange d’une unité d’une autre monnaie.

Exemple
Si le taux de 1 euro est de 1,10 $, alors 100 € peuvent être échangés contre 110 $ sur le
marché des changes.

Si le taux de change d’une monnaie s’apprécie, cela signifie qu’elle peut acheter plus d’unités
monétaires d’une autre monnaie qu’auparavant.

Exemple

Si le cours de l’euro passe de 1 € = 1,10 $ à 1 € = 1,50 $, l’euro peut alors être échangé
contre plus de dollars qu’auparavant. Les détenteurs de dollars doivent donc échanger
plus de dollars qu’auparavant pour obtenir 1 euro. L’euro est donc plus demandé
qu’auparavant ce qui explique que son prix en monnaie étrangère, ici le dollar,
augmente.

Si le taux de change d’une monnaie se déprécie, il permet d’acheter moins d’unités


monétaires d’une autre monnaie qu’auparavant.

Exemple

Si le cours de l’euro passe de 1 € = 1,10 $ à 1 € = 0,80 $, l’euro peut alors être


échangé contre moins de dollars qu’auparavant. Les détenteurs de dollars doivent
donc échanger moins de dollars qu’auparavant pour obtenir 1 euro. L’euro est
donc moins demandé qu’auparavant, ce qui explique que son prix en monnaie
étrangère, ici le dollar, diminue.
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers

2.Les opérateurs du marché des changes (cambistes)


Les principaux acteurs du marché sont :

– les banques de second rang. Elles effectuent des opérations pour leur compte
propre ou pour leurs clients (ménages et entreprises) ;
– les banques centrales. Elles interviennent en vendant ou en achetant des devises
afin de réguler les fluctuations du cours de leur monnaie et de contrôler le taux de
change correspondant ;
– certaines entreprises : seules les très grandes entreprises, souvent des
multinationales disposant de filiales bancaires, effectuent elles-mêmes les
opérations de change dont elles ont besoin pour leurs activités internationales.
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers

3.Le risque de change

Définition

Le risque de change désigne un risque de perte occasionné par une future variation du taux de change.
Outre sa fonction d’échange de devises, le marché des changes permet aussi de gérer le risque de change
occasionné par les fluctuations des cours des monnaies.

Exemple
Un importateur français, French Touch, doit payer dans 3 mois 1 million de dollars à un
fournisseur nord-américain. Si, aujourd’hui, le taux de change est 1 € = 1,10 $, alors la
dette de l’importateur français équivaut à 909 090,91 € soit 1 000 000/1,10.
Si, à l’échéance, l’euro se déprécie, le taux de change s’établissant par exemple à
1 € = 0,90 $, alors la dette de l’importateur français s’élève alors à 1 111 111,11 €,
soit 1 000 000/0,9. Le risque d’une dépréciation de l’euro entraînerait donc une
perte de change de 202 020,2 €

La gestion du risque de change combine des opérations au comptant et des opérations à terme.

Les opérations au comptant portent sur des transactions conclues et payées immédiatement. Plus
précisément, la livraison de devises est réalisée dans les 2 jours ouvrables qui suivent la transaction.
Dans ce cas, le risque de change est géré en l’empêchant d’apparaître.

Exemple

L’importateur French Touch refuse le délai de paiement accordé par l’exportateur


nordaméricain et le règle au comptant pour éviter une perte de change liée à un
paiement à 3 mois.

Dans le cas d’opérations à terme, un décalage apparaît entre la date de la transaction et la date de
son règlement.

French Touch accepte le délai de paiement de trois mois proposé par


l’exportateur nordaméricain. La livraison des dollars à la banque de l’importateur,
en contrepartie des euros apportés par l’importateur, pour payer ensuite
l’exportateur se fera alors dans 3 mois.

Le taux de change retenu pour une opération à terme est fixé le jour de la transaction. Il correspond
au cours à terme qui s’appliquera à l’échéance prévue. Les opérations à terme permettent ainsi de
connaître le jour de la transaction la valeur des paiements réalisés dans le futur en fixant, au moment
de la transaction, le taux de change qui s’appliquera au moment du paiement dans le futur.
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers

Le marché des produits dérivés


Les marchés financiers ne visent pas seulement à échanger des titres mais aussi les
risques associés.

Si l’importateur français accepte le délai de paiement de 3 mois proposé par


l’exportateur nord-américain, il prend le risque que l’euro se déprécie.

Sur les marchés de produits dérivés sont échangés des risques « dérivés » des
marchés au comptant.
Un produit dérivé est un contrat dont la valeur dépend de celle d’un autre actif dit «
actif sous-jacent » ou « actif-support » (ex. : achat par un importateur d’un produit
dérivé permettant d’optimiser le change).

Avec les produits dérivés, le risque d’un agent est transféré vers un autre, entraînant la
réalisation d’opérations différées dans le temps portant sur des valeurs financières
(actions, devises, indices boursiers, etc.) sous-jacentes.

Principaux produits dérivés


Contrat à terme Contrat à terme Contrat d’échange
ferme (future) optionnel (option) financier (swap)
Une option
d’achat/de vente
appelée call/put est
un contrat donnant
Engagement ferme Échange de deux
le droit d’acheter/de
à acheter ou vendre flux financiers ( flux
vendre un actif sous-
un volume d’actifs de dettes/créances)
Définitions jacent à un certain
sousjacents à un aux caractéristiques
prix (strike). Qu’elle
prix et à une date financières
soit exercée
déterminés différentes.
ou pas, l’acheteur de
l’option paie le prix
de l’option au
vendeur (prime).
Dettes (ex. : échange
Actifs physiques (marchandises, matières
d’un crédit à taux
Principaux actifs premières), financiers (actions, obligations),
fixe contre un
sousjacents devises, taux d’intérêt, indices
emprunt à taux
boursiers
Variable)

La diversité des actifs sous-jacents


et la multiplicité de leurs
combinaisons accroît la complexité
des produits dérivés qui peuvent
être échangés sur des marchés
réglementés (ou marchés
organisés) et sur des marchés de
gré à gré non réglementés.
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers

1. Les marchés réglementés


Sur un marché réglementé les transactions se déroulent selon des règle fixées par une autorité de
marché.

L’organisation de tels marchés se traduit par :

– des produits dérivés standardisés ;


– l’existence d’une chambre de compensation qui s’assure de la solvabilité des
opérateurs en imposant notamment un dépôt de garantie au moment d’un échange
de produits dérivés ;
– la mise en place quotidienne d’appels de marge par la chambre de compensation
obligeant les opérateurs, dont le risque de perte s’accroît, à lui apporter un dépôt
supplémentaire.

Figure 7.1
Marché Euronext Liffe (Euronext Paris)

2. Les marchés de gré à gré

Sur un marché de gré à gré, ou marché non réglementé, les acheteurs et vendeurs
deproduits dérivés nouent directement des contrats sans passer par l’intermédiaire
d’une chambre de compensation.

Les contrats ne sont pas standardisés, les opérateurs peuvent négocier librement de
leurs caractéristiques (ex. : montant, échéance des contrats).

La majorité des produits dérivés s’échangent sur des marchés de gré à gré.
➨ EXERCICE 2 • EXERCICE 4 • EXERCICE 5 • ÉTUDE DE DOCUMENTS 6
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers

III. Les nouvelles sources de financement

A. Le capital-investissement et le capital-risque

1. Le capital-investissement

Définition

Le capital-investissement (ou private equity) désigne un apport aux fonds


propres d’entreprises à haut potentiel de croissance, n’ayant pas accès aux prêts
bancaires habituels, réalisé par des investisseurs financiers.

Les apports en capitaux sont réalisés par des fonds d’investissement (ou sociétés de 64
capital-investissement) dont la prise de participation vise souvent à générer un retour
sur investissement élevé. Le capital-investissement représente une source de
financement majeure pour la création, le développement, la transmission ou la
restructuration des PME non cotées.

2. Le capital-risque

Le capital-risque (ou venture capital) est une partie du capital-investissement relative


aux apports en fonds propres réalisés par des investisseurs financiers au moment de la
création d’entreprises. Il représente un mode de financement de la création et
croissance d’une entreprise à fort potentiel de développement.

Les sociétés de capital-risque, apportent à l’entreprise :

– des ressources financières en prenant participation au capital de l’entreprise


créée ;
– un accompagnement dans la conduite de l’entreprise afin de garantir la
pérennité de l’entreprise.

Plusieurs types de fonds d’investissement peuvent être distingués : 67


– les investisseurs publics ou parapublics (comme les instituts régionaux de
participation en France) ;
– les filiales de banques (Euro Capital, Crédit Agricole Asset Management, etc.) ; –
les sociétés indépendantes françaises ou internationales ;
– les filiales de groupes industriels (Schneider Equity, Google Capital, etc.).

Chiffres-clés

En 2021, 1 880 millions d’€ ont été collectés sur les plateformes de
financement,participatif, soit une croissance de 84 % par rapport à 2020
(Baromètre Mazars et Financement Participatif France, 2022).
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers

B. Le financement participatif

Définition

Le financement participatif, ou crowdfunding, est un mode financement de


projets permettant de collecter des ressources financières, généralement de
faibles montants, auprès d’un public étendu, en vue de financer des projets
économiques souvent individuels dans le domaine artistique ou entrepreneurial.

Le crowdfunding vise souvent à apporter un soutien financier à des initiatives de proximité ou à des
projets défendant des valeurs sociales et morales, notamment en ligne et pour des start-up. La
transparence a fichée et la modularité (dons, préventes, prêts, prises de participation…) expliquent la
confiance du public envers les plateformes de financement participatif.

IV. Les crises financières

A. Les mécanismes d’une crise financière


Une crise financière résulte de la combinaison :
D’un krach boursier, effondrement général de la valeur des titres financiers sur
une ou plusieurs places financières. Cette chute est la conséquence de la vente
massive de titres résultant d’une crise de confiance. La diminution du cours des
titres financiers consécutive oblige d’autres détenteurs à les céder avant de subir
une trop forte moins-value, aggravant la chute des cours. Une telle crise
boursière fait souvent suite à une période faste durant laquelle le cours des
titres augmente démesurément par rapport à leurs capacités réelles à générer
des revenus (ex. : krach de 1929).
D’une crise bancaire qui désigne la dégradation de la situation financière des
banques victimes d’une perte de confiance liée à une liquidité ou à une
solvabilité défaillante :
– lorsque les banques ne disposent pas suffisamment de liquidités pour
honorer les demandes de retrait même si les crédits sont sûrs. L’horizon
de remboursement des crédits étant trop lointain face à des retraits
d’argent immédiats, la banque, même solvable, fait alors faillite ;
– lorsqu’une banque ne peut pas faire face à ses engagements, notamment
à la demande de retrait de liquidités par les déposants, parce qu’une partie
des crédits qu’elle a accordés n’a pas été remboursée.

Une crise bancaire peut conduire à une succession de faillites bancaires et dégénérer en crise
systémique (effet domino).

B. Les effets d’une crise financière


Une crise financière impacte l’économie réelle par différents canaux :
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers

Un krach boursier entraîne des pertes en revenus et en capital des détenteurs de


titres financiers. Elles conduisent à une réduction des dépenses de
consommation et à une contraction de l’activité économique. Ces pertes
amputent fortement la capacité des ménages actionnaires à rembourser leurs
dettes. L’insolvabilité croissante des ménages met donc en difficultés leurs
créanciers, essentiellement les banques, qui, en retour, voient leur risque
d’insolvabilité augmenter.

Les difficultés et faillites bancaires conduisent le système bancaire à réduire


drastiquement le volume des crédits accordés à l’économie (credit crunch).
Les banques, craignant la défaillance de leurs débiteurs, réduisent les crédits
aux entreprises et ménages. Ces derniers doivent alors limiter leurs
dépenses, contractant ainsi l’activité économique.

La dégradation du commerce international (➥chapitre 13). La contraction de


l’activité réduit les importations du pays subissant la crise dont les partenaires
voient leurs débouchés et revenus commerciaux se réduire. Ils diminuent alors
leurs propres importations, enclenchant l’effet récessif cumulatif de la crise
financière à l’ensemble des économies liées entre elles par le commerce
international.
La chute des dépenses inhérentes aux mécanismes précédents peut conduire à
une réduction de la production de biens et services, à une chute des prix et de
l’emploi.

Une crise financière peut donc dégénérer en une récession économique (baisse du taux de croissance),
voire en une dépression économique (baisse du niveau de production).

C. Les outils de prévention et de lutte contre les crises


financières

1.Le rôle des banques centrales


La banque centrale, qu’elle soit nationale ou supranationale, peut lutter contre le
risque de crise bancaire en accordant aux banques les liquidités dont elles ont besoin.
La banque centrale joue alors un rôle de prêteur en dernier ressort.

L’objectif de la banque centrale est d’assurer la liquidité d’un établissement bancaire


ou d’alimenter l’ensemble du système bancaire, dans le cas d’un assèchement du
marché interbancaire afin d’éviter une faillite qui pourrait en entraîner d’autres.
Cette fonction comporte un aléa moral (➥chapitre 6) ; si les banques sont assurées de 77
trouver des liquidités auprès d’une banque centrale, leur vigilance est moindre.

2.Les règles prudentielles

Les autorités monétaires peuvent mettre en place des règles prudentielles. Elles 78
désignent des dispositions contraignantes pour les banques visant à prévenir leurs
faillites et à assurer le bon fonctionnement des marchés de capitaux, notamment
interbancaires. Ces règles visent à renforcer :
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
La liquidité des banques. Celles-ci doivent détenir suffisamment de monnaie
centrale pour faire face à une hausse importante de retrait d’argent par les
déposants, le bank run.
La solvabilité des banques. Elles doivent mieux contrôler la solvabilité des agents
à qui elles accordent des crédits.

Les règles prudentielles correspondent essentiellement aux accords de Bâle (1 à 4) 81


imposant le respect de ratios de solvabilité aux établissements financiers.

L’Autorité des marchés financiers (AMF) est chargée de protéger l’épargne placée sur 82
les marchés de capitaux, de vérifier leur bon fonctionnement et de s’assurer de la
transparence de l’information financière.

La directive Marchés des instruments financiers (MIF 2) de 2014, succédant à MIF 1 83


(2011) et édictée par les législateurs européens, est une réponse directe à la crise
financière de 2008. Elle vise à améliorer :

– la transparence des différentes étapes de la commercialisation d’un produit


financier ;
– la transparence du déroulé de l’achat/vente d’un actif sur les marchés financiers.

MOTS-CLÉS

Base monétaire Capitalisation boursière Création monétaire Crowdfunding

Devise Liquidité Marchés de capitaux Marché monétaire Masse monétaire

Multiplicateur de crédit OPA OPE Produit dérivé Risque de change


Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers

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