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la monnaie scripturale est inscrite sur les comptes bancaires des agents non
bancaires. Elle est immatérielle, intangible et n’existe qu’en vertu d’écritures
passées dans les comptes des banques au nom des titulaires de cette
monnaie. Les principaux instruments de circulation de la monnaie scripturale
sont le chèque, le virement et la carte bancaire.
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
La transformation des échéances et la création monétaire
Les banques commerciales revêtent deux fonctions distinctes mais complémentaires dans une
économie de marché :
Les banques reçoivent habituellement des dépôts à vue de la part des titulaires des
comptes bancaires. Ces dépôts de court terme représentent des dettes enregistrées au
passif des bilans des banques. Or, les banques accordent habituellement des crédits
de moyen et long terme aux agents non financiers. Autrement dit, les banques
empruntent à court terme et prêtent à moyen et long terme.
Exemple
– les titulaires de comptes bancaires à la banque A achètent des produits auprès de fournisseurs disposant
désormais de comptes au sein de la même banque. La banque A transfère de la monnaie des comptes des
acheteurs vers celui des
fournisseurs, l’ensemble du passif de la banque restant stable : il n’y a pas de fuite vers l’extérieur. La banque
A dispose donc de ressources pouvant être prêtées à long terme tant que les paiements se font
principalement entre agents d’une même banque.
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
Dans une économie monétaire, les banques jouent un rôle bien spécifique : elles créent de la
monnaie en accordant des crédits.
1. La création monétaire
Les banques commerciales, dites « de second rang », sont au cœur du processus de création monétaire
en émettant de la monnaie scripturale.
Le processus de création monétaire des banques commerciales n’est pas limité par l’existence d’une
épargne préalable mais par le « crédit », c’est-à-dire la confiance, qu’elles accordent aux capacités de
remboursement futur des emprunteurs.
C’est bien la solvabilité de l’emprunteur anticipée par la banque qui commande son opération de
prêt et d’émission monétaire. Cependant, ce processus de création monétaire est aussi contraint par
la banque centrale dite « de premier rang ».
Chaque banque de second rang dispose d’un compte à la banque centrale pour assurer
des paiements. Ces derniers sont effectués en monnaie centrale, appelée aussi base
monétaire, dont la banque centrale détient le monopole d’émission.
Le besoin de liquidités. Les agents économiques peuvent avoir besoin d’effectuer leurs dépenses avec
des billets retirés auprès de leurs banques. Or seule la banque centrale émet les billets. La banque
commerciale doit donc conserver une partie des dépôts qu’elle reçoit des agents économiques dans
son compte à la banque centrale pour répondre au besoin de liquidités de ses clients.
Les paiements interbancaires. Une banque a besoin de disposer de monnaie centrale
dans son compte à la banque centrale pour effectuer des versements d’argent vers
d’autres établissements bancaires. Ces paiements interbancaires se font par virement de compte à
compte à la banque centrale. Des règlements interbancaires apparaissent notamment lorsqu’une
banque doit payer une somme d’argent à une autre banque au titre des transactions réciproques de
leurs clients respectifs.
Exemple
Les réserves obligatoires. La banque centrale peut imposer aux banques de maintenir en permanence un
minimum de monnaie sur leur compte à la banque centrale, ce que constituent les réserves obligatoires. En cas
d’insuffisance de monnaie centrale sur son compte, la banque commerciale peut emprunter des liquidités à la
banque centrale. Celle-ci émet donc de la monnaie centrale en accordant un crédit à la banque commerciale,
soit une opération de refinancement.
Ces trois motifs sont à l’origine du besoin en monnaie centrale des banques commerciales. Ce besoin permet à
la banque centrale de contrôler l’émission de monnaie par les banques commerciales.
Le lien entre la monnaie centrale émise par la banque centrale et la masse monétaire créée par les banques de
second rang est représenté par le multiplicateur de crédit.
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
Le multiplicateur de crédit
Le multiplicateur de crédit correspond au nombre d’unités monétaires en circulation
pour une unité émise par la banque centrale.
– de la proportion des
billets en circulation dans Si la banque centrale
la masse monétaire, ou souhaite agir sur la masse
taux de préférence pour monétaire, elle peut
les billets des ménages, décider d’imposer ou
notée b : une hausse de b d’augmenter un taux de
entraîne un besoin réserves obligatoires.
croissant de monnaie
centrale pour les banques En augmentant ce taux, elle
ordinaires afin de oblige les banques
satisfaire la demande des ordinaires à conserver une
agents non financiers en partie des dépôts qu’elles
billets. reçoivent des agents non
financiers dans leurs
– du rapport entre les comptes à la banque
dépôts à vue, ou réserves, centrale, réduisant
détenues par les banques d’autant les crédits que
dans leurs comptes à la peuvent accorder les
banque centrale et les banques ordinaires à
dépôts à vue détenus par l’économie.
les agents non financiers
dans leurs comptes Au contraire, en réduisant
bancaires, noté r appelé « ce taux, elle diminue le
taux de réserve » : une besoin en monnaie
hausse de r entraîne un centrale des banques qui
besoin croissant de peuvent alors accorder
monnaie centrale pour les plus de crédits à
banques ordinaires. l’économie.
Multiplicateur de crédit = 1
----------------
(b + r − r × b)
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
Sur les marchés de capitaux, les capitaux correspondent aux ressources financières que les agents à
capacité de financement mettent à disposition des agents à besoin de financement. En échange, ces
derniers émettent des titres financiers. Ainsi :
– la diversité des titres financiers échangés va de pair avec la diversité des marchés
de capitaux.
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
Le marché monétaire
Le marché monétaire permet aux agents souhaitant placer leur trésorerie à court
terme de financer des besoins de trésorerie d’autres agents.
Le marché financier
Le marché financier correspond aux marchés de capitaux de long terme.
– les actions dont les émissions et échanges sont effectués sur le marché des
actions ;
– les obligations dont les émissions et échanges sont effectués sur le marché
obligataire.
En France, le marché financier français est Euronext Paris géré par la société Euronext qui regroupe
plusieurs places boursières en Europe. Euronext Paris est un marché réglementé qui accueille la
négociation des actions et des obligations.
La liquidité du marché secondaire est donc indispensable à l’efficacité du marché primaire. La Bourse
est essentielle au financement des entreprises lorsqu’elles émettent de nouvelles actions.
Les administrations publiques sont les plus gros émetteurs d’obligations en France,
source de financement non monétaire (et donc non inflationniste) du déficit public.
Ces obligations émises sont majoritairement détenues par les agents financiers comme les banques ou
les sociétés d’assurances.
Le financement par actions des entreprises leur permet d’accéder à une masse élevée
de capitaux et facilite les regroupements d’entreprises à travers les offres publiques
d’achat (OPA) et les offres publiques d’échange (OPE).
Définition
Une OPA permet d’acquérir une entreprise en proposant publiquement à ses actionnaires d’acheter
leurs actions à un prix supérieur aux cours boursier.
Dans le cadre d’une OPE, l’entreprise propose ses titres en échange des actions de la société qu’elle
veut acheter.
Les émetteurs comme les détenteurs d’actions sont particulièrement attentifs à la capitalisation
boursière d’une entreprise ou d’un ensemble d’entreprises à travers un indice boursier.
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
Définition
Un indice boursier élevé signifie que le cours moyen des actions qui le composent
augmente. C’est la conséquence d’une hausse de la demande pour ces titres. Les
investisseurs anticipent de futurs bénéfices pour les entreprises ayant émis ces
actions et achètent plus de titres. La hausse normale d’un indice est donc le signe
d’anticipations favorables sur des bénéfices à venir et, plus largement, sur le
marché. Les entreprises peuvent alors plus facilement émettre de nouveaux titres
financiers.
La baisse d’un indice signifie que les investisseurs ont des doutes, des craintes sur
la capacité des entreprises à générer des bénéfices futurs. La vente d’actions tend
à augmenter. A contrario, la demande se tasse. Ainsi, le cours des actions
diminue. La diminution normale d’un indice est donc le signe d’anticipations
défavorables sur des bénéfices à venir et, plus largement, sur le marché
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
Exemple
Une entreprise située en France achète des matières premières à un fournisseur situé aux États-
Unis. L’entreprise française va alors apporter des euros à sa banque pour qu’elle les échange contre
des dollars. La banque française va donc vendre des euros contre des dollars sur le marché des
changes. Après obtention des dollars, la banque française les versera à la banque américaine du
fournisseur, payant ainsi l’achat des matières premières au nom de l’entreprise française.
Exemple
Si le taux de 1 euro est de 1,10 $, alors 100 € peuvent être échangés contre 110 $ sur le
marché des changes.
Si le taux de change d’une monnaie s’apprécie, cela signifie qu’elle peut acheter plus d’unités
monétaires d’une autre monnaie qu’auparavant.
Exemple
Si le cours de l’euro passe de 1 € = 1,10 $ à 1 € = 1,50 $, l’euro peut alors être échangé
contre plus de dollars qu’auparavant. Les détenteurs de dollars doivent donc échanger
plus de dollars qu’auparavant pour obtenir 1 euro. L’euro est donc plus demandé
qu’auparavant ce qui explique que son prix en monnaie étrangère, ici le dollar,
augmente.
Exemple
– les banques de second rang. Elles effectuent des opérations pour leur compte
propre ou pour leurs clients (ménages et entreprises) ;
– les banques centrales. Elles interviennent en vendant ou en achetant des devises
afin de réguler les fluctuations du cours de leur monnaie et de contrôler le taux de
change correspondant ;
– certaines entreprises : seules les très grandes entreprises, souvent des
multinationales disposant de filiales bancaires, effectuent elles-mêmes les
opérations de change dont elles ont besoin pour leurs activités internationales.
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
Définition
Le risque de change désigne un risque de perte occasionné par une future variation du taux de change.
Outre sa fonction d’échange de devises, le marché des changes permet aussi de gérer le risque de change
occasionné par les fluctuations des cours des monnaies.
Exemple
Un importateur français, French Touch, doit payer dans 3 mois 1 million de dollars à un
fournisseur nord-américain. Si, aujourd’hui, le taux de change est 1 € = 1,10 $, alors la
dette de l’importateur français équivaut à 909 090,91 € soit 1 000 000/1,10.
Si, à l’échéance, l’euro se déprécie, le taux de change s’établissant par exemple à
1 € = 0,90 $, alors la dette de l’importateur français s’élève alors à 1 111 111,11 €,
soit 1 000 000/0,9. Le risque d’une dépréciation de l’euro entraînerait donc une
perte de change de 202 020,2 €
La gestion du risque de change combine des opérations au comptant et des opérations à terme.
Les opérations au comptant portent sur des transactions conclues et payées immédiatement. Plus
précisément, la livraison de devises est réalisée dans les 2 jours ouvrables qui suivent la transaction.
Dans ce cas, le risque de change est géré en l’empêchant d’apparaître.
Exemple
Dans le cas d’opérations à terme, un décalage apparaît entre la date de la transaction et la date de
son règlement.
Le taux de change retenu pour une opération à terme est fixé le jour de la transaction. Il correspond
au cours à terme qui s’appliquera à l’échéance prévue. Les opérations à terme permettent ainsi de
connaître le jour de la transaction la valeur des paiements réalisés dans le futur en fixant, au moment
de la transaction, le taux de change qui s’appliquera au moment du paiement dans le futur.
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
Sur les marchés de produits dérivés sont échangés des risques « dérivés » des
marchés au comptant.
Un produit dérivé est un contrat dont la valeur dépend de celle d’un autre actif dit «
actif sous-jacent » ou « actif-support » (ex. : achat par un importateur d’un produit
dérivé permettant d’optimiser le change).
Avec les produits dérivés, le risque d’un agent est transféré vers un autre, entraînant la
réalisation d’opérations différées dans le temps portant sur des valeurs financières
(actions, devises, indices boursiers, etc.) sous-jacentes.
Figure 7.1
Marché Euronext Liffe (Euronext Paris)
Sur un marché de gré à gré, ou marché non réglementé, les acheteurs et vendeurs
deproduits dérivés nouent directement des contrats sans passer par l’intermédiaire
d’une chambre de compensation.
Les contrats ne sont pas standardisés, les opérateurs peuvent négocier librement de
leurs caractéristiques (ex. : montant, échéance des contrats).
La majorité des produits dérivés s’échangent sur des marchés de gré à gré.
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Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
A. Le capital-investissement et le capital-risque
1. Le capital-investissement
Définition
Les apports en capitaux sont réalisés par des fonds d’investissement (ou sociétés de 64
capital-investissement) dont la prise de participation vise souvent à générer un retour
sur investissement élevé. Le capital-investissement représente une source de
financement majeure pour la création, le développement, la transmission ou la
restructuration des PME non cotées.
2. Le capital-risque
Chiffres-clés
En 2021, 1 880 millions d’€ ont été collectés sur les plateformes de
financement,participatif, soit une croissance de 84 % par rapport à 2020
(Baromètre Mazars et Financement Participatif France, 2022).
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
B. Le financement participatif
Définition
Le crowdfunding vise souvent à apporter un soutien financier à des initiatives de proximité ou à des
projets défendant des valeurs sociales et morales, notamment en ligne et pour des start-up. La
transparence a fichée et la modularité (dons, préventes, prêts, prises de participation…) expliquent la
confiance du public envers les plateformes de financement participatif.
Une crise bancaire peut conduire à une succession de faillites bancaires et dégénérer en crise
systémique (effet domino).
Une crise financière peut donc dégénérer en une récession économique (baisse du taux de croissance),
voire en une dépression économique (baisse du niveau de production).
Les autorités monétaires peuvent mettre en place des règles prudentielles. Elles 78
désignent des dispositions contraignantes pour les banques visant à prévenir leurs
faillites et à assurer le bon fonctionnement des marchés de capitaux, notamment
interbancaires. Ces règles visent à renforcer :
Chapitre 7. Rôle des banques et des marchés financiers
La liquidité des banques. Celles-ci doivent détenir suffisamment de monnaie
centrale pour faire face à une hausse importante de retrait d’argent par les
déposants, le bank run.
La solvabilité des banques. Elles doivent mieux contrôler la solvabilité des agents
à qui elles accordent des crédits.
L’Autorité des marchés financiers (AMF) est chargée de protéger l’épargne placée sur 82
les marchés de capitaux, de vérifier leur bon fonctionnement et de s’assurer de la
transparence de l’information financière.
MOTS-CLÉS
https://www-cairn-info.proxybib-pp.cnam.fr/dcg-5-economie-contemporaine--9782100850877-page-146.htm 42/42