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UNIVERSITE PARIS NANTERRE Année universitaire 2022-23

UFR SEGMI, département d’Economie


M1 MBFA

Economie des intermédiaires financiers


(Enseignant : Mme Agnès LABYE)

Eléments de cours partie 2: Les raisons d’être des intermédiaires financiers et


leur contrôle

Chapitre 3 : Pourquoi des IF et des banques ?


Chapitre 4 : Pourquoi l’intervention publique ?

Chapitre 3 : Pourquoi des IF et des banques ?

Il peut y avoir trois types d’approche qui se polarisent sur une portion de
l'activité bancaire.

1°) accent mis sur l'actif : le crédit bancaire


2°) accent mis sur le passif : fonction de création monétaire des banques
Les banques ont une position particulière dans une économie monétaire car
leur passif est accepté comme monnaie (monnaie dette).
3°) accent mis sur l'actif et le passif : fonction bivalente des banques

Section 1 La fonction d’intermédiaire financier

Pour illustrer la fonction d’intermédiation, traçons le graphique suivant.


Sur l’axe horizontal, se trouve le taux d’intérêt et, sur l’axe vertical, le
volume d’actifs financiers (de « crédits » ou de « dépôts »).
Supposons que le taux d’intérêt des dépôts est donné de manière exogène
(par exemple, du fait d’un règlement dicté par le gouvernement ou les
autorités monétaires, ou encore taux de marché fixé sur les marchés
internationaux ; dans tous les cas, il s’agit d’un taux indépendant des
actions des banques individuelles). Dans ce cas, la banque fait face à une
offre de dépôts fonction du taux d’intérêt rd.

La banque est aussi confrontée à une demande de crédit qui est


décroissante avec le taux d’intérêt rc.

Au taux rd, la banque collecte le volume de dépôts V qu’elle propose à son


tour comme volume de crédits qui équilibre la demande des agents au taux
rc.

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La banque verse donc un intérêt rd sur les dépôts dont le volume est V et
reçoit un intérêt rc sur le volume de crédits V.
Sa marge d’intérêt (ou d’intermédiation) est donc : rc - rd.
Lorsqu’il n’y a pas de banque, et plus généralement, lorsqu’il n’y a pas
d’intermédiaire, l’offre de dépôts (ou l’offre de financement de la part des
épargnants) est égale à la demande de crédits (ou la demande de
financement de la part des emprunteurs).
L’équilibre se fait alors de manière concurrentielle au taux r* et au volume
V*.

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1°) pourquoi des établissements (des intermédiaires) peuvent s’immiscer
entre épargnants et emprunteurs ?

Certains de ces aspects avaient été évoqués dans l'ouvrage fondateur de


Gurley & Shaw en 1960 ("Money in a Theory of Finance") mais, dans les
quarante dernières années, ils ont reçu, à des degrés divers, des
approfondissements.

En particulier, les agents à capacité de financement préfèrent placer à court


terme en raison d’une préférence pour la liquidité et une aversion marquée
pour le risque. En revanche, les agents à besoin de financement souhaitent
le plus souvent s’endetter à long terme pour leurs investissements.

C’est le système financier qui va alors résoudre ce problème. Il s’agit


d’expliquer comment se réalise le processus d’adéquation entre les
capacités de financement et les besoins de financement des ANF.

2°) pourquoi le taux d’intérêt des dépôts pourrait-il être exogène ou fixé
par la puissance publique ?

Les banques ont une position particulière dans une économie monétaire car
leur passif est accepté comme monnaie. Chaque banque de second rang
émet sa monnaie (monnaie scripturale). Il y a autant de monnaies
scripturales qu’il y a de banques. Or l'existence d'un moyen d'échange crée
l'occasion pour un émetteur privé de percevoir une forme de seigneuriage
(création monétaire des banques de second rang) mais cette équivalence à
la monnaie centrale pose quelques problèmes au créateur de la monnaie
centrale (création monétaire de la banque centrale).
En effet les monnaies émises par les banques de second rang ne sont pas
équivalentes. Les opérations avec les agents non financiers qui ont des
comptes dans des banques différentes font que celles-ci reçoivent de la
monnaie qui n’est pas la leur et qu’elles doivent la convertir dans leur
propre monnaie. Des banques peuvent alors être en situation d’illiquidité
qui les oblige à se procurer de la monnaie centrale, monnaie supérieure à
toutes les autres (le refinancement). La banque centrale peut la leur prêter
à un taux qu’elle définit.
Dans la zone euro les taux directeurs sont : le taux des opérations
principales de refinancement, le taux des facilités de prêt marginal, le taux
des facilités de dépôts. Ils sont fixés par la BCE. En revanche les taux du
marché interbancaire sont des taux de marché (EONIA).
De leur côté les taux sur les dépôts bancaires sont souvent fixés par les
pouvoirs publics de manière discrétionnaire.

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Ex pour la France : taux du livret A, LDD, livret jeune,…

Section 2 Pourquoi des IF ?

Transformation des actifs : la banque comme outil de diversification des actifs

GURLEY & SHAW (1956) (1960) : Money in a theory of finance


PESEK & SAVING (1969) : Money wealth and economic theory

Remarque de fond : actifs et passifs n’ont pas les mêmes caractéristiques de


divisibilité, d’échéance, de liquidité, de risque

Il existe deux types d’agents susceptibles de recevoir des titres primaires


(titres émis par les ANF à besoin de financement : crédits, obligations,
actions notamment) : les ANF à capacité de financement (les prêteurs
primaires) et les intermédiaires financiers. Dans le premier cas il s’agit d’un
financement direct de l’économie et dans le second cas un financement
indirect, c’est à dire intermédié. Autrement dit une partie du financement
de l’économie s’opère sans intermédiaire financier mais cela ne suffit pas à
assurer la totalité des demandes de financement.

Dans le cas du financement indirect, l’ANF à besoin de financement


s’adresse à un intermédiaire financier pour se financer.

Pour prêter, l’intermédiaire financier doit collecter des fonds auprès des
ANF à capacité de financement. Cette opération conduit les intermédiaires
financiers à émettre des titres secondaires (ou indirects) qui s’inscrivent à
leur passif. Ces titres sont acquis par les ANF à capacité de financement et
s’inscrivent à leur actif.

Sont des titres secondaires la monnaie, l’ensemble des dépôts, les contrats
d’assurance ou bien encore les actions et obligations émises par les
intermédiaires financiers.

L’ANF excédentaire se dessaisit de la monnaie épargnée au bénéfice de


l’intermédiaire financier et reçoit en contrepartie des titres secondaires (ou
titres indirects) crées par celui-ci. Il ne reçoit pas de titres primaires comme
dans le cas de la finance directe.

Lors du financement indirect, les intermédiaires financiers transforment les


capitaux. Le processus d’intermédiation permet d’assurer l’adéquation des
préférences entre les ANF à capacité de financement et les ANF à besoin de
financement. Les intermédiaires financiers diversifient l’offre de titres en
transformant la nature et l’échéance des créances. Ils prennent également

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en charge les risques.

La transformation des capitaux par les intermédiaires financiers se


matérialise par deux types d’opérations :

- collecter des fonds à l’aide d’émission de titres secondaires


- prêter ces fonds grâce à l’acquisition de titres primaires

Autrement dit, il apparaît que la structure de l’actif du bilan des


intermédiaires financiers est principalement à moyen et long terme alors
que celle du passif est en grande partie à court terme, d’où la fragilité des
bilans.

GURLEY & SHAW (1956) (1960) : Money in a theory of finance

Finance directe
(marchés financiers)

Agents à capacité de Agents à besoin de


financement financement
(principalement ménages)

Finance indirecte
(Intermédiaires financiers)

Remarque 1 : le « travail » est toujours de rendre compatibles les désirs des


agents à capacité de financement (épargnants) et ceux des agents à besoin
de financement (emprunteurs)
Remarque 2 : à chaque « travail », correspond la gestion d'un risque

Transformation de divisibilité (=> risque de défaut, ch. 6)


Transformation de liquidité (=> risque de liquidité, ch. 7)
Transformation d'échéances (=> risque de taux, fin ch. 7)

Par conséquent, le modèle de Gurley et Shaw permet de comprendre :

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- d’une part, les circuits financiers autour des intermédiaires financiers et
des marchés

- d’autre part, comment s’insère la monnaie dans les circuits en isolant au


sein du système financier le système monétaire en opérant une distinction
entre monnaie endogène et monnaie exogène.

La distinction entre finance directe et finance indirecte n’est plus aussi


marquée aujourd’hui en raison de l’intervention massive des IF sur les
marchés financiers.

Transformation des actifs : combinaison de positions courtes et longues sur


plusieurs actifs (fonction « bivalente » des banques) :

- Un choix de portefeuille simple entre deux actifs : crédits et dépôts

- Une position courte sur les dépôts car c’est l’actif qui rapporte le moins

- Une position longue sur les crédits (et compensant exactement la


précédente) car c’est l’actif qui rapporte le plus

Au total, une position (ou une richesse) nulle


Remarque : point intéressant dans ce raisonnement, il n’y a pas d’épargne
préalable

Section 3 Et plus spécifiquement pourquoi des banques ?

Le rôle des intermédiaires financiers ne se limite pas à cette activité de


transformation. En effet, lorsque l’épargne collectée ne suffit pas à satisfaire
les besoins de financement, la création de nouveaux moyens de
financement, la monnaie est nécessaire.

L’émission d'actifs liquides : banque comme créatrice de monnaie (fonction de


création monétaire des banques)

• Une autre grande justification des banques est liée à leur rente de
monopole issue de leur pouvoir d'émettre des dépôts à vue (seigneuriage)
et tient donc au rôle central joué par leurs engagements monétaires, comme
moyens d'échange ou de paiement.

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• Voir Clower (1967) : la propriété majeure d'une unité de paiement est sa
capacité à minimiser le coût des transactions qui convertissent les revenus
en paniers optimaux de consommation => service de liquidité.

• Brunner & Meltzer (1971) ont suggéré que la détention de monnaie


procède de la maximisation d'une fonction d'utilité dérivant des premier et
second moments de la consommation. La monnaie permet donc aux
ménages d'effectuer une recherche des meilleures opportunités de prix et
de lisser leur consommation dans le temps.

• Quoiqu’il en soit, il y a une demande de monnaie.


La monnaie est demandée par les ANF, ménages, entreprises
administrations publiques.
Dans la terminologie de Gurley et Shaw la monnaie brute se compose de la
monnaie endogène et de la monnaie exogène.
La monnaie endogène (interne à l’économie) est la monnaie émise qui
trouve sa contrepartie dans le bilan d’un agent intérieur privé. Elle
représente l’essentiel des contreparties de la masse monétaire. Elle sert au
financement de l’activité économique.
La monnaie exogène (ou externe ou base monétaire) est la monnaie émise
pour financer le déficit public ou pour financer l’excédent extérieur (il faut
convertir une devise étrangère en monnaie nationale).

La création monétaire des banques est en théorie illimitée. En pratique elle


est contrainte par la demande de monnaie et la politique monétaire de la
Banque centrale.

L’émission d'actifs risqués : banque comme créatrice de monnaie (fonction de


création monétaire des banques)

• La banque est vulnérable à cause des besoins de liquidité des déposants et


donc des requêtes de paiement immédiat de dépôts à vue utilisés pour
financer des investissements à long terme

• Deux problèmes : besoins aléatoires de liquidités et surtout valeur


aléatoire des actifs des banques (probabilité de remboursement des crédits
consentis)
==> paniques bancaires (bank runs)
==> instabilité des banques

ü La question de la valeur aléatoire des actifs a fait l’objet du modèle de


Diamond et de la délégation du contrôle aux banques.

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L’analyse de Diamond (1984) est la référence de base à laquelle se reporte
la nouvelle micro-économie pour fonder l’existence d’intermédiaires
financiers collecteurs et gestionnaires d’informations asymétriques en
situation de risque. Il s’agit d’endogénéiser le processus de financement
intermédié en démontrant qu’il correspond au processus de financement
optimal. Ainsi, une entreprise qui souhaite financer un projet
d’investissement peut émettre des actions ou s’endetter auprès d’un ANF
(ménages) ou auprès d’un intermédiaire financier (une banque, par
exemple). Par hypothèse, l’épargne des entreprises est nulle.

Le problème à résoudre est de savoir quelles vont être la nature et les


caractéristiques du contrat de financement optimal, contrat le moins
coûteux compatible avec les hypothèses et les contraintes des agents
économiques.

Trois contrats sont possibles. Diamond démontre que le contrat le moins


couteux est le contrat intermédié. L’intermédiaire financier (la banque)
reçoit des fonds des prêteurs et prêtent aux entreprises. Il est le moniteur
délégué par l’ensemble des déposants (des prêteurs). Cette délégation de la
surveillance produit automatiquement une économie de coûts de contrôle
puisque la banque fait supporter un coût unique par projet financé alors
que dans le contrat de financement direct le coût était supporté par
chaque prêteur. Mais cette délégation a son propre coût. Le problème d’aléa
moral qui se pose initialement entre prêteurs et emprunteur se reporte au
niveau de la relation prêteurs- intermédiaire financier. Il y a là encore un
problème d’incitation : les déposants vont devoir inciter l’intermédiaire
financier à leur verser une rémunération. Ils doivent être convaincus de
l’efficacité du contrôle exercé par l’intermédiaire financier. La procédure
incitative prend ici la forme du versement d’une pénalité non pécuniaire.
L’intermédiaire financier n’a pas besoin d’être surveillé puisqu’il supporte
l’entière responsabilité du financement des projets et supporte toutes les
pénalités en cas d’incident de paiement.

Diamond en déduit trois conditions de viabilité de l’intermédiaire


financier :

- Les déposants doivent recevoir un revenu par unité de dépôt


- L’intermédiaire financier doit recevoir un revenu net des coûts de
surveillance et de pénalité au moins égal à zéro.
- L’entreprise doit obtenir un rendement au moins aussi élevé que celui
qu’il aurait eu en se finançant directement auprès des prêteurs.

La réalisation de ces conditions implique que l’intermédiaire financier ne


finance pas une seule entreprise. En effet, dans ce cas les coûts de

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délégation sont trop élevés. En revanche l’intermédiaire financier a intérêt
à financer plusieurs entreprises, en particulier sous l’hypothèse
d’indépendance des distributions de rendement des différents projets.

Si l’intermédiation financière est viable, alors elle correspond au contrat de


financement optimal, c’est à dire au contrat de financement le moins
coûteux.

ü La question du besoin de liquidité renvoie à la structure du passif du


bilan des banques et peut entraîner la faillite de l’établissement. Le
modèle de Diamond et Dybvig (1983) donne des éléments de réponse
à ce problème.

Le modèle se fonde sur la contradiction entre la préférence pour la liquidité


des agents économiques individuels et le caractère irréversible des
technologies de production. En effet, ces agents financent des projets
d’investissement pour lesquels ils ne peuvent pas observer de manière
satisfaisante leur rentabilité et consomment. Leur comportement en
matière de demande est entaché d’incertitude : ils peuvent avoir besoin de
liquidité.

Il leur faut concilier leur désir éventuel de consommer tout de suite avec
des opérations d’investissement qui, le plus souvent ne sont rentables qu’à
moyen ou long terme. Nous retrouvons ici l’incompatibilité des goûts et des
préférences des prêteurs (qui souhaitent placer à court terme) et des
emprunteurs (qui souhaitent des financements à moyen ou long terme) qui
avait déjà été mise en évidence par Gurley et Shaw.

Dans ce contexte Diamond et Dybvig vont montrer comment une banque


peut résoudre cette disparité dans les préférences des agents économiques.
Ils focalisent leur analyse sur le passif du bilan des IF.

Dans le modèle, la panique n’est pas justifiée par une dégradation des actifs
de la banque puisqu’ils sont supposés non risqués. Le facteur la déclenchant
est exogène et dépend de l’observation individuelle de l’environnement qui
peut induire une modification du comportement des agents qui anticipent
de manière rationnelle des difficultés pour la banque les incitant à revoir
leurs échéances de consommation. D’où la proposition des auteurs
d’instaurer un mécanisme public d’assurance sur les dépôts pour éviter les
paniques.

Ainsi Diamond et Dybvig présentent la banque comme un fournisseur d’un


service de liquidité. Elle fournit aux déposants une assurance de liquidité
meilleure que celle qu’ils pourraient obtenir en passant par les marchés sur

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lesquels il y a un risque de dépréciation de la valeur des actifs.

Diamond et Dybvig justifient ainsi la présence des intermédiaires


financiers. Ceci étant, un certain nombre de critiques du modèle ont été
faites. La première est que si l’intermédiation financière est expliquée, il
n’en est pas de même de l’intermédiation bancaire puisque la banque n’a
pas véritablement de comportement de banque puisque ses actifs sont sans
risque. En outre le modèle ne distingue pas les déposants et les
actionnaires, ce qui peut s’expliquer par le fait qu’il n’y a pas de marchés
financiers. Enfin, d’autres arguments peuvent expliquer les ruées bancaires
comme une information relative à la mauvaise qualité des actifs bancaires
ou la faillite d’autres banques.

Ces modèles montrent que l’asymétrie de l’information peut concerner


aussi bien les prêteurs que les emprunteurs et que le contrat de
financement optimal est le contrat intermédié. Le risque de non
remboursement du crédit pouvant détériorer l’actif du bilan de la banque
justifie une diversification de la clientèle et du type de prêt consenti.

L'équivalence des dépôts à vue à la monnaie centrale (billets) pose


problème à l'émetteur de monnaie centrale, c'est-à-dire la banque centrale
qui devient ainsi le P.D.R.
=> Nécessité d'une banque centrale qui est le prêteur en dernier ressort
notamment en cas de panique bancaire et du contrôle prudentiel préalable
par cette banque centrale avant d'en arriver à l'extrémité du "prêt en
dernier ressort”

La fonction de prêteur en dernier ressort

Humphrey (1975) énonce six préceptes caractérisant le PDR dans la


doctrine classique qui sont repris par Scialom (2013) :

- l’assistance du PDR ne doit pas entrer en conflit avec la politique


monétaire ;
- l’assistance doit être rapide et temporaire ;
- le PDR doit prévenir à la fois les paniques affectant les banques
individuelles et le système global tout en laissant les banques
insolvables faire faillite ;
- le prêt en dernier ressort doit s’opérer contre des collatéraux
estimés à leur valeur économique normale ;
- le PDR doit imposer un taux pénalisateur à tous ses prêts.

L’analyse théorique s’est ensuite enrichie en prenant en compte les


caractéristiques de l’environnement économique et financier caractérisé

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par une finance libéralisée et une instabilité financière et bancaire
croissante.

• Plusieurs analyses théoriques existent sur la fonction de prêteur en


dernier ressort d’une banque centrale. Il est possible de les regrouper
en quatre courants.

Le premier correspond à l’approche classique. Deux approches du prêteur


en dernier ressort sont à distinguer : celle de Thornton et celle de Bagehot.

Pour Thornton, dans la tradition de l’école de la banque, la banque centrale


est PDR. Il distingue le risque de solvabilité (capacité à rembourser une
dette) et le risque de liquidité (la liquidité est la qualité d’un actif financier à
se convertir sans variation de prix en monnaie) si bien que la solvabilité des
banques est indépendante de la qualité de l’effet. La banque centrale prête
aux banques illiquides mais solvables en utilisant sa propre dette quelle que
soit la situation économique : période de prospérité ou crise. En revanche,
pour les autres banques, elle doit pouvoir choisir et refuser éventuellement
son aide. La monnaie et le crédit ne sont pas séparés, si bien que la monnaie
est endogène. En revanche, si Bagehot proche de l’école de la circulation,
admet que la banque centrale soit PDR, il considère que pour qu’elle puisse
exercer ce rôle, elle doit emprunter pour prêter. En conséquence, il
distingue la monnaie du crédit si bien que la monnaie est exogène. Le point
commun aux deux auteurs est la référence à la théorie quantitative de la
monnaie.

Le deuxième courant est celui de la banque libre (mouvement free


banking). Ce courant est issu du mouvement de dérèglementation bancaire
aux Etats-Unis et des critiques liées à la gestion considérée comme
douteuse des banques centrales durant la crise économique à partir des
années 80. Hayek, Friedman, Fama, Wallace,… appartiennent à ce
mouvement. Ici les marchés sont capables de se protéger contre les risques
de panique. Le PDR est donc inutile.

Le troisième courant considère qu’il faut intervenir sur le marché pour le


réguler, notamment grâce aux opérations d’open market conduites par la
banque centrale. C’est notamment la position de Goofriend et King. Pour ces
auteurs, cela suffit pour assurer la stabilité du système financier.

Enfin, le quatrième courant adopte une approche plus pragmatique.


Goodhart, par exemple considère que la distinction entre illiquidité et
insolvabilité est un mythe. Le risque d’illiquidité d’une banque fait peser sur
elle un doute sur sa solvabilité. Autrement dit le PDR doit accorder des
facilités aux banques concernées en particulier pour éviter un risque de

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système.

• PDR et Teneur de Marché en Dernier Ressort (TMDR)

Les interventions de la banque centrale ne se limitent pas à assurer la


liquidité de financement. Elles pallient aussi les carences du marché pour
éviter un assèchement de la liquidité. Dans ce cas la banque centrale
intervient comme TMDR (Mehrling, 2011). En raison de l’interdépendance
entre la liquidité de financement et la liquidité de marché les fonctions de
PDR et de TMDR sont liées (Le Maux, Scialom, 2012). La fonction de TMDR
prend différentes formes comme la prise en pension par exemple (Scialom,
2013).

Au cours des crises financières récentes, les banques centrales ont bien
exercé leur fonction de PDR pour éviter des faillites en chaîne et limiter
l’impact négatif de la crise sur les économies. Ceci étant les interventions
des banques centrales posent un problème d’aléa moral. En effet, les
banques peuvent être incitées à prendre plus de risques sachant qu’en cas
de difficulté elles auront le soutien de la banque centrale.

• Protection de l'épargnant et assurance des dépôts en cas de faillite


bancaire
Cette protection existe dans la plupart des pays industrialisés. A ce jour il
n’existe pas de protection uniforme au sein de la zone euro. Ce troisième
pilier de l’Union bancaire se heurte à un manque de consensus entre les
pays membres.

La nécessité d’une banque centrale prêteur en dernier ressort, du contrôle


prudentiel, de la protection des épargnants et de l’assurance des dépôts
peuvent entraîner de l’antisélection et surtout un aléa de moralité affectant
le comportement des banques de second rang.

• Important : on conçoit que si les actifs collectés ou créés par les firmes
bancaires sont difficiles à contrôler à la fois par les investisseurs (déposants
ou actionnaires) et les contrôleurs (banques centrales), le processus de
décision des firmes bancaires est toujours plus biaisé vers la prise de risque
inconsidérée.

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Section 4 le marché et le rationnement du crédit

L’importance du rationnement du crédit dans la théorie économique


dépasse celle des seules conséquences du comportement des banques sur la
distribution du crédit et le volume du produit. En effet, le rationnement du
crédit qui prend en compte le risque de non remboursement implique que
les prix ne jouent plus leur rôle d’indicateur qui traditionnellement leur est
imparti.

Jaffee et Modigliani (1969) ont mis en évidence la pratique de rationnement


du crédit par la mise en œuvre de conditions hors prix par les banques
(collatéraux). La démarche est la suivante. Les banques établissent des
clivages au sein de leur clientèle en fonction des risques qu’elle représente.
Elles aboutissent à l’établissement de classes qui regroupent les clients à
l’égard desquels elles pratiquent les mêmes taux d’intérêt. Toutefois, au
sein de chacune des classes de taux d’intérêt, les clients présentent des
risques différenciés. C’est la raison pour laquelle les auteurs introduisent
les conditions hors prix qui permettent aux banques de faire une offre de
crédit spécifique pour chaque demandeur.

Si les taux d’intérêt augmentent, le degré de rationnement va lui aussi


augmenter puisque le risque de défaut présenté par certains clients sera
accru en raison de l’augmentation de la charge d’intérêt. Ces pratiques
micro-économiques de rationnement seront renforcées par la mise en place
d’une politique de limitation du crédit par la banque centrale (incidence
macro-économique).

Ce sont Stiglitz et Weiss en 1981 qui proposeront un modèle de


rationnement du crédit en situation d’information imparfaite.

L’équilibre et l’absence de rationnement

• Situation d'incertitude dans une perspective néo-keynésienne à opposer à


perspective de l'équilibre où offre égale demande : si demande excède offre,
alors les prix montent, demande diminue et/ou offre augmente jusqu'à ce
que offre égale demande à un nouveau prix d'équilibre.
• Dans cette perspective, si les prix font leur travail, il n'y a pas de
rationnement.
• Si ce dernier apparait quand même, on l'explique par des déséquilibres
temporaires de court terme ou de long terme :

1. en présence de chocs sur l'économie, la rigidité des prix ou des taux

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d'intérêt empêche le retour rapide à l'équilibre, entraîne la persistance de
déséquilibres à court terme.

2. au contraire, une action institutionnelle, du type intervention de l'Etat


(lois de l'usure ou législation du salaire minimum...), est de nature à justifier
des déséquilibres de long terme selon l'approche classique.

Antisélection sur le marché du crédit

• Le mécanisme de l'antisélection (ou sélection adverse) apparait comme


une conséquence de la diversité des emprunteurs par rapport à la
probabilité de remboursement de leur emprunt (ou, de manière
complémentaire, leur risque de défaut de remboursement). En matière
d'emprunt, la rentabilité espérée des banques est évidemment une fonction
de leur probabilité d'être remboursées et, de ce fait, les banques
recherchent les emprunteurs les plus à même de tenir les engagements de
remboursement, donc les meilleures signatures.

• Ce n'est pas facile d'identifier ces bons emprunteurs et les banques


recourent à une grande variété de procédures de sélection ("screening
devices"). Le taux d'intérêt qu'un client est prêt à payer peut fournir un tel
outil de sélection. Ceux qui sont prêts à payer un prix ou un taux d'intérêt
élevé peuvent, en moyenne, représenter des risques trop grands et donc
faire partie des mauvais clients ; ils désirent en effet payer des taux élevés
car ils perçoivent que leur probabilité de rembourser les prêts
correspondants est faible. Quand le taux d'intérêt augmente donc, le risque
moyen représenté par ceux qui empruntent est donc accru, diminuant
d'autant les profits escomptés par les banques.

Aléa de moralité sur le marché du crédit

• Le mécanisme de l'incitation ou de l'aléa moral concerne plutôt le


comportement après le contrat alors que le mécanisme précédent
concernait plutôt le comportement avant la conclusion du contrat de prêt.
• Lorsque le taux d'intérêt et les autres termes du contrat de prêt changent,
il est vraisemblable que le comportement des emprunteurs change
également.

Par exemple, des taux d'intérêt élevés diminuent le rendement des projets
pour l'emprunteur lorsque ces projets connaissent le succès. Ainsi les

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firmes emprunteuses peuvent être incitées à changer de projet ou à
modifier leurs projets dans un sens qui augmente les rendements en cas de
succès pour elles-mêmes mais qui, du même coup, diminuent la probabilité
de succès.

• Dans un monde d'information parfaite et sans coût, la banque stipulerait


précisément sur le contrat quelles sont les actions que doivent commettre
les emprunteurs et quelles sont celles pour lesquelles les emprunts ont été
accordés. Mais en fait la banque n'est pas capable de contrôler directement
l'emprunteur. De ce fait, les termes du contrat seront formulés de telle sorte
d'obliger les emprunteurs aux actions qui sont dans l'intérêt de la banque et
d'attirer (ou de conserver) les "bons" emprunteurs.

Offre de crédit non standard

A cause de l'existence de ces deux mécanismes, la rentabilité espérée par


les banques peut s'accroître moins rapidement que le taux d'intérêt et, au-
delà d'un certain point, peut réellement décroître. Le taux d'intérêt auquel
la banque maximise l'espérance de son profit peut être qualifié de taux
"optimal pour la banque" (désigné r*).

Modèle de Stiglitz et Weiss

Rationnement du crédit

• Il n'est pas inconcevable que, à r*, l'offre soit inférieure à la demande.

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L'analyse traditionnelle avance que, en présence d'une demande excessive
de prêts, les emprunteurs insatisfaits proposent de payer des taux d'intérêt
plus élevés aux banques, poussant ainsi le taux à la hausse jusqu'à
l'obtention d'un équilibre.

• Toutefois, bien que r* ne soit pas tel que l'offre soit égale à la demande,
c'est le taux d'intérêt d'équilibre. La banque ne prêtera pas à un taux
supérieur puisque, pour elle, un prêt à un tel taux engendre un risque
supérieur et a donc un rendement inférieur à celui obtenu en prêtant à r*.
• De ce fait, il n'y a pas de forces concurrentielles qui poussent les banques
à accepter la mise en place de tels crédits et il n'y a donc pas de forces
concurrentielles qui poussent l'offre à égaliser la demande ; ainsi, le crédit
se trouve rationné.

Le rationnement du crédit est donc une situation où :


- soit, parmi les emprunteurs potentiels qui apparaissent identiques, il y en
a qui reçoivent un prêt et d'autres à qui on le refuse et les demandeurs
éconduits n'en recevraient pas plus si ils offraient de payer un taux plus
élevé ;
- soit il y a des groupes identifiables d'emprunteurs qui, à une offre donnée
de crédit, sont incapables d'obtenir des prêts à quelque taux que ce soit,
même avec une offre élargie de crédit, si ils le désiraient.

Conclusion A nouveau pourquoi spécifiquement des banques ?

Conséquences des asymétries informationnelles sur le marché du crédit

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Banque comme outil d'évaluation des actifs (ou des risques)

Du fait de ce qui a été vu dans la section 4, une nouvelle conception du rôle


des banques a émergé dans les recherches présentes.

LELAND & PYLE (1977) : information asymmetries, financial structure and financial
intermediation
CAMPBELL & KRACAW (1980) : information production, market signalling and the theory
of fin. intermediation
DIAMOND (1984) : financial intermediation as delegated monitoring.

Le rôle des banques est d'examiner les projets potentiels pour déterminer
leur rendement et leur risque anticipés à partir des données pas toujours
objectives présentées par les demandeurs de fonds ; elles sont donc un
filtre qui évalue les signaux dans un environnement financier avec une
information limitée (retour à informations et actions cachées ou encore
antisélection et aléa moral).

Les intermédiaires financiers jouent un rôle essentiel dans le


fonctionnement de l’économie. Ils assurent le financement de l’activité
économique, collectent l’épargne. Grâce à eux le niveau d’équilibre qui
égalise l’épargne et l’investissement est plus élevé (Gurley et Shaw). En
outre, en raison de l’incomplétude des marchés ils ont montré leur
capacité à gérer les informations sécurisant davantage les opérations. Enfin,
les banques fournissent un service de liquidité.

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Chapitre 4 : Pourquoi l’intervention publique ?

Nous avons répondu précédemment à la question « Pourquoi des


banques ? » et nous avons apporté la preuve que les IF et les banques en
particulier étaient indispensables au fonctionnement de l’économie et qu’ils
avaient une très grande influence positive ou parfois négative sur son
fonctionnement. C’est la raison pour laquelle il est indispensable de pouvoir
surveiller leur comportement et de faire en sorte qu’il soit compatible avec
les objectifs de la politique économique.

Section 1 Pourquoi une surveillance et une réglementation ?

Bilan d’une banque


Actif Passif

Crédits Dépôts
Portefeuille de titres Engagements interbancaires (dont
Liquidités interbancaires refinancement auprès de la banque centrale)
Fonds propres

• Equivalence des dépôts avec la monnaie centrale


• Banques gérées dans l’intérêt des propriétaires (actionnaires) et pas
forcément dans l’intérêt des déposants (également créanciers des banques)
• Maîtrise des risques dans l’octroi de crédit
• Confiance dans les crédits et confiance dans les dépôts
• Prêteur en dernier ressort et assurance des dépôts
• Propagation des chocs via le marché interbancaire

Pour toutes ces raisons il est indispensable de contrôler l’activité des IF et


particulièrement celle des EC. C’est une des missions d’une banque centrale
qui est à la fois :
Institut d’émission
Superviseur financier
Institution de la République
Garant de la stabilité monétaire
Garant de la stabilité financière
Garant de la sécurité des moyens de paiement
Acteur international
Au service des entreprises
Au service des particuliers
Gardien des réserves de change de la France
Institution écoresponsable

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Partout dans le monde il y a ainsi une régulation prudentielle qui s’est mise
en place. Elle comporte 2 volets :
- le volet politique monétaire et
- le volet règlementation prudentielle

Section 2 Principales caractéristiques de la politique monétaire

Dans la zone euro, la politique monétaire est définie par le SEBC qui se
compose des banques centrales des Etats membres de la zone euro mais
aussi de l’UE.
La BCE, créée en 1998, joue un rôle central au sein de l’Eurosystème et du
mécanisme de surveillance unique. Elle fixe les objectifs de la politique
monétaire unique et la met en œuvre conformément au TFUE (Traité sur le
Fonctionnement de l’UE, autrefois traité de Rome, article 127 notamment), à ses
statuts et à ceux du SEBC (Système Européen de Banques Centrales).

4 conseils : Conseil des Gouverneurs (le plus important), le Directoire,


Conseil général et le Conseil de surveillance prudentielle (La BCE est
désormais le superviseur unique et dans ce contexte ce conseil débat sur les
missions de surveillance prudentielle et leur conduite).

La définition première de la politique monétaire est « l’ensemble des


moyens mis en œuvre par un État ou une autorité monétaire pour agir sur
l’activité économique par la régulation de sa monnaie » (Source : Banque de
France).
La mise en œuvre de la politique monétaire est décentralisée et il est du
ressort de chaque banque centrale nationale de mettre en place les
mesures de politique monétaire conventionnelle et non conventionnelle
décidées, ces dernières ayant été prises en réaction à la crise financière de
façon à améliorer les conditions de financement de l’économie.

Objectif principal de la politique monétaire : stabilité des prix (inflation


limitée à 2%)

- Politique monétaire conventionnelle

Politique de fixation des taux d’intérêt auxquels la BCE refinance le


système bancaire.
3 taux directeurs : le taux des opérations principales de refinancement, le
taux des facilités de prêts et le taux des facilités de dépôts.

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Ces taux influencent les taux du marché monétaire (EONIA) et tous les
autres taux.

L’ESTER est en train de remplacer le taux européen moyen pondéré au jour


le jour (EONIA) et le taux d'intérêt interbancaire de la zone euro (EURIBOR)
pour devenir l’indice de référence de l’Union européenne (UE) et de
l’Association européenne de libre-échange (AELE) d’ici 2022. Cela est dû au
fait que l’EURIBOR et l’EONIA n’étaient pas conformes aux exigences du
nouveau règlement sur les indices de référence de l’UE qui indique que tous
les taux d’intérêt interbancaires doivent s’appuyer sur des données plutôt
que des estimations et des enquêtes.

Le taux à court terme de la zone euro (ESTER) devient un taux d’intérêt de


référence qui reflète le coût des emprunts au jour le jour appliqués par les
banques de la zone euro. Il est calculé et publié par la BCE

Les 3 instruments principaux de la politique monétaire: opérations d’open


market, facilités permanentes et réserves obligatoires.

A la suite de la crise financière de 2008 et celle des dettes souveraines de


2011, la BCE a choisi de baisser les taux d’intérêt afin de permettre aux
banques de se refinancer à moindre coût et aux agents non financiers de
s’endetter de façon à relancer la croissance économique dans la zone euro.
Or, la BCE va constater une perte d’efficacité des instruments de politique
monétaire conventionnelle et considère que les taux d’intérêt ont atteint
leur niveau le plus bas. En outre, en 2014 est apparu un risque accru sur la
stabilité des prix (qui ont baissé en 2012 avec des valeurs négatives au
cours de l’année 2015 et au début 2016) et l’ancrage des anticipations
d’inflation.

C’est ce constat qui va la conduire à mettre en place une politique


monétaire non conventionnelle pouvant renforcer son action sur le
fonctionnement de l’économie.

- Politique monétaire non conventionnelle

On distingue le quantitativ easing et le qualitativ easing.

Le quantitative easing est une politique d’augmentation du bilan de la


banque centrale (augmentation de la base monétaire). Cette politique peut
être assimilée à des opérations d’open market et portent sur la quantité de
réserves excédentaires détenues par les banques. La banque centrale

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définit l’objectif à atteindre. Pour le réaliser, elle procède à l’achat d’actifs
privés et/ou publics à différentes maturités. Ici, seule la taille du
portefeuille est modifiée. Les banques peuvent ainsi avoir de la liquidité
pour financer l’économie.

Le qualitative easing renvoie à une politique visant à la modification de la


composition du bilan de la banque centrale sans forcément l’augmenter.
L’objectif ici n’est pas d’accroître les réserves excédentaires mais de
modifier les prix relatifs des actifs. La banque centrale achète des actifs non
conventionnels (par exemple des actifs adossés à des crédits
hypothécaires) dans le but d’influencer les prix relatifs des titres, entre eux
et vis à vis de la monnaie. Les portefeuilles sont ainsi restructurés avec une
préférence pour les actifs à long terme favorisant une réduction des taux
longs favorable à l’investissement.

Avec la crise sanitaire et la crise économique qui en découle la BCE a su


adapter sa politique monétaire afin de soutenir l’activité.

Le programme d’achats d’urgence face à la pandémie (Pandemic Emergency


Purchase Programme, PEPP), à hauteur de 1 850 milliards d’euros, vise à
réduire les coûts d’emprunt et à accroître les prêts dans la zone euro, ce qui
devrait aider les citoyens, les entreprises et les gouvernements à accéder
aux fonds dont ils peuvent avoir besoin pour surmonter la crise. Ce
programme, à travers lequel la BCE acquière différents types d’actifs,
complète les programmes d’achats d’actifs mis en place depuis 2014.
(Source : BCE)

Depuis la crise financière des subprimes, la politique monétaire a été


centrée sur la question du financement de l’économie et de la croissance
dans le respect de l’objectif d’inflation. A ce titre le niveau des taux d’intérêt
a systématiquement été revu à la baisse au point que certains d’entre eux
sont devenus négatifs. Aujourd’hui, avec la reprise de l’inflation les banques
centrales sont obligées de réajuster leur politique et d’augmenter leurs taux
directeurs pour lutter contre la hausse des prix. La période des crédits bon
marché et de l’épargne mal rémunérée semble se terminer.

Section 3 La règlementation prudentielle

Nous avons présenté dans le chapitre 1 l’organigramme des instances de


contrôle dans l’UE et la zone €.
Le SESF est crée à la fin 201O en même temps que les Accords de Bâle III
qui se mettront en place petit à petit à partir de 2010.

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Ø Le SESF
Le SESF vise à garantir une surveillance financière homogène et cohérente
dans l’Union Européenne. Ce système de surveillance connaît des
changements sous l’effet de la mise en place de l’union bancaire et du
retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Union bancaire à partir de 2012 :


MSU : Mécanisme de Surveillance Unique (BCE), mis en place en 2013 et
opérationnel en 2014
MRU : Mécanisme de Résolution Unique opérationnel en 2016. L’objectif du
MRU est de mettre fin à la prise en charge par l’Etat des conséquences
financières des défaillances de banques et à l’aléa moral.
SEAD : Système Européen d’Assurance sur les Dépôts qui n’a pas encore vu
le jour.

Ø Les Accords de Bâle III

Originalité des Accords de Bâle III : association d’une réglementation micro-


prudentielle et macro-prudentielle (pour maîtriser le risque systémique)

Bâle III comprend un ensemble d’innovations réglementaires visant les


objectifs suivants :

• améliorer le volume et la qualité des fonds propres afin que les banques
puissent mieux résister à une baisse non anticipée de la valeur de leurs
actifs ;
• prévenir les situations d’illiquidité en limitant la transformation
d’échéances et le recours aux financements interbancaires à court terme, au
moyen de la création de deux nouveaux ratios de liquidité ;
• mieux prendre en compte les expositions aux risques de contrepartie liés
aux dérivés, aux prises en pensions, aux prêts de titres et au développement
des structures de titrisation figurant au hors bilan;
• compléter les exigences de fonds propres pondérées par les risques,
comme dans le Pilier I de Bâle II, au moyen d’un autre dispositif, le ratio de
levier ;
• et surtout, mettre en place des volants contracycliques de fonds propres

Trois innovations : le ratio de levier, les ratios de liquidité et les volants


contracycliques.

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Conclusion

Dans cette deuxième partie, nous avons analysé les raisons d’être des IF.
Leur importance dans le fonctionnement de l’économie est telle qu’il est
apparu indispensable de contrôler leurs activités pour assurer la stabilité
financière indispensable au fonctionnement de l’économie.

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