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Cours d’économie monétaire et

financière 2

Pr Driss Assi
Plan du cours

Introduction générale
Ch introductif – Le problème de financement de
l’économie et ses différentes solutions
Ch 1- La monnaie dans la théorie économique
Ch 2- L’intermédiation et la désintermédiation
financière
Ch 3- Le marché des capitaux
Introduction
• Le fonctionnement de toute économie moderne nécessite des capitaux
importants, car les différents agents économiques ont besoin de moyens
(capitaux) pour financer leurs activités économiques.

• Cependant, tous les agents n'ont pas des besoins de capitaux. En réalité,
on a d’un côté, des agents qui dégagent des excédents et souhaitent
placer ces excédents pour en tirer une rémunération; et de l’autre des
agents, qui ont un manque de ressources, pour financer leurs activités.
Tous les deux s’adressent au système financier (institutions et
mécanismes permettant à certains agents économiques, de combler
leurs déficits et à d’autres de trouver un emploi à leurs excédents )

• Le problème de financement est donc de mettre en relation les agents à


excédent et les agents à déficit . Ainsi, Le rôle du système financier est
d’ assurer la rencontre entre les agents à besoin de financement et les
agents à capacité de financement
Ch introd – Le problème de financement de
l’économie et ses différentes solutions
• Le problème de financement nous renvoie à
l’étude du système de financement de
l’économie, c’est à dire se demander comment
les différents agents économiques se
procurent l’argent dont ils ont besoin pour
financer leurs activités économiques
• Répondre aux questions suivantes :
• Comment se fait le financement de
l’économie? Quels problèmes pose-t-il ?
Quelles sont les solutions possibles ?
• Pour tenter de répondre à ces questions, nous
allons analyser les différents circuits de
financement d’une économie (I). En fonction de la
modalité de financement dominante dans une
économie, nous allons distinguer deux types
d’économies en matière de financement,
économie d’endettement et économie de marchés
financiers (II), et enfin anlyser les nouvelles
tendances du système de financement (III)
I - Les circuits de financement

• Le système financier vise à mettre en relation les


capacités et les besoins de financement des
agents économiques, il est composé des banques ,
des institutions de crédit et des marchés de capitaux.
• Le circuit de financement désigne la manière dont
les capacités de financement de certains agents sont
drainées vers les agents ayant des besoins de
financement. C’est-à-dire, mettre en relation
l'épargne et l'investissement (L’épargne est un
préalable et un obstacle à l'investissement)
• L'épargne correspond à la partie du revenu qui n'est pas consommée. Elle dépend :

• Du niveau du taux d'intérêt : pour les néo-classiques, l'épargne est une fonction
croissante du taux d'intérêt qui est le prix du renoncement à la consommation. Plus le
taux d'intérêt réel est élevé, plus les agents économiques sont incités à épargner afin
d'augmenter leurs revenus.

• Du niveau du revenu : pour Keynes, l'épargne est une fonction croissante du revenu. En
effet, en s'enrichissant, les ménages augmentent leur consommation moins rapidement
que leur revenu. La propension marginale à épargner augmente. Le taux d'intérêt ne
joue que sur le choix entre la monnaie et les titres financiers. Les ménages ont une «
préférence pour la liquidité » pour des motifs de « transaction », de « précaution » et de
« spéculation ». Le taux d'intérêt doit être très élevé pour qu'ils préfèrent les
placements.

• Du niveau des prix : pour Pigou lorsque les prix augmentent, le pouvoir d'achat des
encaisses monétaire diminue. Les agents économiques vont devoir épargner pour
maintenir le pouvoir d’achat de leurs encaisses. Mais, si l'inflation devient trop forte, les
agents vont accélérer leur consommation et fuir devant la monnaie
• L’épargne brute sert avant tout à financer l’investissement.
Cependant, si l’investissement n’épuise pas la totalité de
l’épargne, les agents disposent d’une capacité de
financement qu’ils vont pouvoir placer ou thésauriser:
- Le placement : achat de titres financiers (actions,
obligations,…) et placement dans des comptes rémunérés
(plan d’épargne logement, compte à terme…). Il s’agit de
l’épargne financière.
- La thésaurisation : avoirs en monnaie liquide (pièces,
billets, compte courant dans une banque). Il s’agit de
l’épargne monétaire.
• Pour mettre en contact les agents qui ont une capacité
de financement et ceux qui ont un besoin de
financement, un circuit de financement va se mettre en
place

• Les agents à excédent et les agents à déficit peuvent se


rencontrer à travers deux types de circuits de
financement (direct et indirect).

• Ces circuits de finacement resposent principalement sur


les intermédiaires financiers et les marchés financiers
Les deux circuits de financement

2 chemins relient les ABF et ACF :


un chemin indirect : financement intermédié (crédit bancaire)
un chemin direct : financement direct (finance de marché) sur le Marché des Capitaux (MC)
• Cette opposition traditionnelle entre deux circuits de
financement doit laisser place à une vision plus nuancée,
plus complexe, de la banque, d’autant que, depuis le début
des années 80, le processus de désintermédiation - le recul
de l’activité traditionnelle des banques- s’est accompagné
d’un essor de l’activité bancaire sur les marchés de titres
• Le financement par le marché et le financement par les
intermédiaires financiers ont souvent été présentés comme
alternatifs. Mais, la réalité contemporaine est différente: Les
intermédiaires financiers, bancaires et non bancaires sont
devenus les acteurs principaux des marchés de capitaux.
• Quels agents économiques ont des besoins
ou des capacités de financement ?
Les agents à besoin de financement
•   Les agents économiques qui ont une épargne inférieure à leur investissement
sont en situation de besoin de financement.
• En théorie, tous les agents peuvent être alternativement en situation de besoin
de financement ou de capacité de financement ;
• Dans les faits, les agents économiques ont des comportements spécifiques qui
les figent dans des situations durables de besoin ou de capacité de financement :
Les entreprises et les administrations publiques sont traditionnellement des
agents économiques à besoin de financement . En effet ces agents doivent
financer des investissements et des services collectifs importants. En
conséquence, ils doivent trouver des ressources financières auprès des agents qui
disposent d’une capacité de financement.
• Pour les entreprises cela se manifeste par un taux d'autofinancement inférieur à
100%. Pour les administrations publiques cela se traduit par un déficit public
Les agents à capacité de financement

Les ménages (malgré l’endettement de certains) et


les institutions financières (Banques, compagnies
d’assurance, fonds de pension et des organismes de
placement collectifs en valeurs mobilières (OPCVM
- dont nous parlerons plus loin - qui sont des
investisseurs institutionnels) disposent d’une
épargne supérieure à leurs investissements. Ils ont
une capacité de financement. Ils vont pouvoir
prêter les liquidités dont ils disposent en excédent :
les fonds prêtables.
• Si les besoins de financement des résidents
sont supérieurs aux capacités de financement
des résidents, le pays vit au dessus de ses
moyens. La Nation a un besoin de
financement qui correspond à une balance
des paiements courants déficitaire. Elle doit
emprunter des capitaux au reste du monde.
- Les différents modes de financement de
l’économie
On distingue :
- Le financement interne: autofinancement
- Le financement externe ( direct et indirect)
A – Le financement interne

• On parle de financement interne lorsque l’on a soi-


même épargné le montant désiré  : c’est
l’autofinancement (bénéfice non-distribué +
amortissement, augmentation du capital)

• Taux d’autofinancement = Epargne brute/FBCF x 100


• Des taux d'autofinancement élevés maintenus sur
une longue période impliquent que le profit non
distribué des entreprises leur permet de financer
l'investissement courant sur leur épargne préalable
B – Le financement externe indirect ou intermmédié

1- Notion de financement indirect


• On désigne par financement indirect le
mécanisme par lequel un agent économique
obtient de la monnaie en s’adressant aux
institutions financières.Le système bancaire
joue alors un rôle d’intermédiaire : on parle
d’intermédiation bancaire, c-à-d un
intermédiaire, une banque en général,
s'interpose entre le créancier et le débiteur.
2. Mécanismes du financement indirect
•   Deux mécanismes: collecte des dépôts et création
monétaire
-Financement non monétaire: les établissements financiers
collectent, d’un côté, les dépôts et les épargnes des
agents à capacité de financement (principalement les
ménages) et prêtent, de l’autre, aux agents à besoin de
financement ( les entreprises et administrations).
- Financement monétaire: lorsque l'épargne disponible est
insuffisante pour combler tous les besoins de financement
de l'économie, les banques commerciales utilisent leur
pouvoir de création monétaire pour répondre à ce déficit.
• Deux modalités de la finance indirecte peuvent donc
être envisagées:
- celle qui n’aboutit pas à une émission monétaire (cad
basée sur l’épargne) et qui est animée par les
intermédiaires financiers non monétaires (sociétés de
finanncement)

- et celle qui est fondée sur une création monétaire et


qui est animée par les intermédiaires financiers
monétaires (Banques)
• Trois opérations financières peuvent être
envisagées:
1- L’intermédiation de représentation: titres
émis/titres acquis :

• Une institution financière (IF) émet des titres,


par exemple des obligations pour une valeur de
100 dh, auprès des agents financiers ou non
financiers. Elle capte ainsi des ressources (de la
monnaie) qu’elle peut ensuite employer à
l’octroi de crédits ; elle acquiert alors un titre de
créance sur l’agent bénéficiant de ces crédits.
• Cette opération peut être schématisée de la
façon suivante:
A
Bilan de l’IF P

Titre Titre
Agents à besoin Agents à
de fincancement Monnaie Titres acqus Titres Monnaie capacité de
par l’IF émis par l’IF financement

Tous les IF peuvent effectuer cette opération, mais c’est surtout le rôle des IFNM
qui généralement, empruntent les fonds qu’ils reprêtent. La rémunération est la
marge entre les intérêts reçus sur les titres acquis et les intérêts sur les titres émis.
Dans ce cas, la causalité va des ressources (sommes versées par les agents à
capacité de financement en paiement des titres émis par l’IF) vers les emplois
(sommes versées par l’IF en contrepartie des titres émis par les agents à besoin de
financement).
• L’existence de ces IFNM est justifiée par le fait
que la nature du titre qu’ils vendent aux
prêteurs est différente de celle qu’ils achètent à
l’emprunteur.
• L’explication à cela est que les agents à capacité
de financement ne veulent pas détenir des
valeurs mobilières que peuvent leur vendre les
agents à besoin de financement, mais ils sont
prêts à accepter d’autres formes de titres.
2- L’intermédiation de transformation : dépôts/crédits

• Dans ce cas, l’IF (principalement la banque)


capte des fonds (en accordant des intérêts sur
les sommes collectées) représentant les
dépôts de la clientèle. Ces derniers
permettent l’octroi de crédits (les dépôts font
les crédits)
• Cette opération peut être schématisée de la
façon suivante :
A
Bilan de l’IF P

Agents à besoin de Agents à capacité de


Crédits Dépôts
fincancement financement

On parle alors d’une intermédiation de transformation; » : activité qui consiste pour


une banque a collecter des capitaux a court terme pour les prêter a long terme, tout en
garantissant la liquidité. La « causalité » va de la collecte de ressources au crédit, et la
rémunération est égale à la marge entre les intérêts perçus sur les crédits accordés et
les intérêts versés sur les dépôts.
3- La création monétaire : crédits/dépôts

• Le trait essentiel de cette finance est qu’il n y a pas


d’intervention des agents épargnants. Les fonds qui
sont prêtés aux agents à besoin de financement ne
sont pas collectées auprès des agents à capacité de
financement. Ils sont crées par la banque qui
monétise le titre que lui cède son emprunteur.
Dans ce cas ce sont les crédits qui font les dépôts.
Les banques créent de la monnaie parce qu’elles
peuvent se refinancer auprès de la banque centrale
• Exemple:
• Un agent non financier (A) demande un crédit
à son IF pour un montant de 100 dh. En
ignorant l’intérêt que devra payer l’agent A,
cette opération se traduit par une double
écriture comptable :
• Bilan de A A
Bilan de l’IF P
A P

Dépôt auprès de Dette envers Créance sur A Dépôt de A


l’IF = 100 dh l’IF = 100 dh = 100 dh = 100 dh

Cette fois la causalité est inverse : c’est en développant son actif que l’intermédiaire
financier développe son passif. Ainsi, lorsque l’IF accorde un crédit de 100 dh à l’agent A, ce
dernier peut effectivement dépenser ces 100 dh comme s’il les avait réellement déposés au
préalable. Il y a eu création de monnaie.
• On dit qu’il y a intérmédiation dans la mesure où la créance
détenue par les agents à excédents ( dépôt des comptes
bancaires, de livrets) est différente de la dette des agents à
déficit (Emprunt bancaire)

• Se pose alors la question suivante : en quoi la créance finale


diffère-t-elle de la dette finale ?. Quatre différences sont à
envisager : de taille, de durée, de risque et d’e prix.
Taille. Tout d’abord la créance finale - ici le dépôt du ménage- , peut être de
dimension plus faible que la dette de l’entreprise - ici le crédit -. La banque joue un
rôle de collecte de fonds (« les petits ruisseaux font les grandes rivières »),

Durée. La créance finale, le dépôt, peut être de durée plus courte que la dette de
l’entreprise. La banque permet alors de concilier le désir de placements courts des
ménages et le désir d’emprunt long des entreprises. C’est la « transformation ».

Risque. Le risque attaché au crédit accordé par la banque à l’entreprise est beaucoup
plus fort que le risque attaché au dépôt du ménage. En d’autres termes, le ménage
court beaucoup moins de risques à placer son argent dans une banque qu’à prêter à
une entreprise. La banque joue ainsi un rôle de mutualisation des risques.

Taux. Il existe une différence entre la rémunération (intérêt versé ou service rendu)
que les banques accordent au créancier, ici les ménages, et l’intérêt que la banque
fait payer au débiteur, ici l’entreprise. Cette différence constitue la rémunération de
la banque pour cette activité.
• Dans un financement indirect, les banques font payer leur service d’intermédiation
financière aux emprunteurs (taux d’intérêts, frais de dossier, etc); cela  rend plus
onéreux l’obtention de ressources de la part des agents ayant des besoins de
financement

• Les taux d’intérêts

Le taux d’intérêt est un coût pour les agents à besoin de financement et un revenu
pour les agents à capacité de financement

A – Pour les entreprises: Le taux d’intérêt est un coût de production, les


entreprises devront rembourser le capital et les intérêts. C’est une charge pour
l’entreprise. Si le taux d’intérêt est élevé, le coût du crédit sera élevé, il y aura une
baisse de la demande de capitaux et l’investissement baissera.

B – Pour les ménages: Le taux d’intérêt est un revenu : c’est le prix de l’épargne. Si le
taux d’intérêt est élevé, l’épargne augmente, la consommation chute, la production
baisse et le chômage augmente.
• Pour diminuer le coût de l’emprunt, les agents à
besoin de financement  peuvent faire appel à un
autre circuit de financement que celui des
intermédiaires financiers. C’est la finance directe
– Le financement direct ou désintermédié
• Le financement direct : Dans le financement direct,
les agents à besoin de financement se rencontrent
directement avec les agents à capacité de financement
sur le marché financier sans passer par l’intermédiaire
des banques: les agents à besoin de financement
( Entreprises et Etat) émettent des valeurs mobilières
(actions ou des obligations) sur le marché financier,
ces dernieres sont acquises par les ménages qui
souhaitent placer leur épargne disponible. On parle
alors de désintermédiation financière
Emprunteur (Ese) Prêteur (Ménage)

Titres Titres
• Il s’agit d’un financement direct dans la
mesure où la créance détenue par le prêteur
final est identique à la dette de l’emprunteur
final. Il n’y a pas d’intermédiaire financier.
Si le prêteur recourt à une institution financière
pour réaliser l’acquisition du titre, dans ce cas
on parle d’une « intermédiation de marché  » :
ou intermédiation passive, en ce sens que le
rôle de l'intermédiaire financier se limite à aider
les agents à besoin de financement à trouver
les agents à capacité de financement pour
écouler les titres que les premiers désirent offrir
à long ou court terme aux seconds. Le rôle des
banques se limite à une mission de courtier
En résumé
Pour le financement externe les solutions sont nombreuses :
1) Financement externe direct = marchés financiers = émissions de
titres financiers négociables (ceux qui les achètent peuvent les
vendre à tout moment et leur prix est fixé sur les marchés
financiers en fonction de l’offre et de la demande de ces titres)
a) émissions d’actions (augmentation du capital de l’entreprise)
b) émissions d’obligations (emprunt à moyen et long terme)
c) émissions de titres à court terme : billets de trésorerie

2) Financement externe indirect = intermédiation = des institutions


financières accordent des crédits
a) Financement indirect monétaire : les banques en créant de la
monnaie accordent des crédits aux emprunteurs
b) Financement indirect non monétaire : des institutions monétaires
(dont les banques) accordent des crédits à partir des dépôts
qu’elles ont préalablement recueillis.
Choix du mode de financement
• Bien entendu chaque type de financement présente des avantages et aucun ne
peut correspondre à tous les besoins.
• L’autofinancement semble être le moins coûteux des financements, cependant
il fait courir le risque d’un "manque à gagner" que les économistes appellent le
coût d’opportunité: En achetant un équipement à partir de son épargne, un
agent renonce à une autre utilisation possible de cette épargne, par exemple
un placement financier : si les placements financiers rapportent davantage que
l’investissement prévu, il y a un manque à gagner entraîné par la dépense
d’équipement (différence entre les deux taux de rendement).
• Le financement par émission d’actions a un coût réduit mais il fait courir le
risque d’une perte de contrôle de l’entreprise pour les actionnaires
majoritaires. Les nouveaux actionnaires peuvent prendre le pouvoir ou du
moins affaiblir celui de l’ancienne direction.
• Le financement par émission d’obligations ou par endettement bancaire
implique des charges financières : il faudra payer des intérêts et rembourser le
capital prêté à l’échéance.
• Cette distinction entre finance directe et
finance indirecte (intermédiation) sert de
fondement à l’analyse de l’économie
d’endettement et l’économie de marchés
financiers

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