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Université Cadi Ayyad

Présente
Module : Économie Monétaire et Financière II

Filière: Economie et Gestion – Semestre: 4 – Option: Gr.3

Cours du Professeur
ZAID Mohamed

Université Cadi Ayyad


Introduction générale

1-Rappel

❑ Définition

❑ Historique : Troc –monnaie abstraie- concrète- matérielle-


marchandise – métallique- matérielle- billets de banques-pièces
monétaires- fiduciaire- scripturale- immatérielle -électronique-
(officielle-crypto-monnaie)…
Introduction générale

1-Rappel

❑ Fonctions de la monnaie…Intermédiaire des échanges-unité de


compte, étalon de valeur- réserve de valeur.

❑ Les agrégats de la MM: M1M2M3/PL1PL2PL3


Introduction générale

1-Rappel

❑ La VCM (T et Y): vitesse-transaction et vitesse-revenu

• (mesurer la fréquence avec laquelle une um change de main


(nbre d’opérations réalisées)au cours d’une période donnée
(l’année en général).

• Vt=T/Mi ou Vy = PIB/Mi

❑ Liquidité de l’économie: M3+ PL1+PL2+PL3


Introduction générale

1-Rappel

❑ La création monétaire (CM) par: par Bq cles- par et pour le


trésor- par la BC

❑ La MM, multiplicateur (diviseur) de crédit et monnaie Centrale

❑ Les limites de la CM :les fuites. les circuits monétaires des Bq ne


sont pas fermés.
Introduction générale

1-Rappel

❑ Les contreparties de la MM: avoirs extérieurs nets- Créances sur


le trésor – Crédits à l’économie.

❑ La MM et la base monétaire (monnaie centrale)

❑ Marché des capitaux: Marché monétaire (MM: CT à l’exception du


marché hypothécaire) et (MF: LT.)
Introduction générale

2-Le problème de financement de l’économie

❑ Le problème de financement nous renvoie à l’étude du système


de financement de l’économie, càd se demander comment les
différents agents économiques se procurent l’argent dont ils ont
besoin pour financer leurs activités économiques?
Introduction générale

2-Le problème de financement de l’économie

❑ Répondre aux questions suivantes :

▪ Comment se fait le financement de l’économie?

▪ Quels problèmes pose-t-il ?

▪ Quelles sont les solutions possibles ?


Introduction générale

2-Le problème de financement de l’économie

❑ Le fonctionnement de toute économie moderne nécessite des


capitaux importants, car les différents agents économiques ont
besoin de moyens (capitaux) pour financer leurs activités
économiques.
Introduction générale

2-Le problème de financement de l’économie

❑ Cependant, tous les agents n'ont pas des besoins de capitaux.

• En réalité, on a d’un côté, des agents qui dégagent des


excédents et souhaitent placer ces excédents pour en tirer une
rémunération; et de l’autre des agents, qui ont un manque de
ressources, pour financer leurs activités.
Introduction générale

2-Le problème de financement de l’économie

❑ Tous les deux s’adressent au système financier (institutions et


mécanismes permettant à certains agents économiques, de
combler leurs déficits et à d’autres de trouver un emploi à leurs
excédents ).
Introduction générale

2-Le problème de financement de l’économie

❑ Le problème de financement est donc de mettre en relation les


agents à excédent et les agents à déficit.

• Ainsi, Le rôle du système financier est d’ assurer la rencontre


entre les agents à besoin de financement et les agents à capacité
de financement.
Introduction générale

2-Le problème de financement de l’économie

3-Deux types de financement externe:

❑ Le financement externe indirect ou intermmédié (MM).

❑ Le financement direct ou désintermédié (MF).


Introduction générale

2-Le problème de financement de l’économie

❑ Le financement externe indirect ou intermmédié

• On désigne par FI le mécanisme par lequel un agent économique


obtient de la monnaie en s’adressant aux institutions financières.

• Le système bancaire joue alors un rôle d’intermédiaire : on parle


d’intermédiation bancaire, c-à-d un intermédiaire, une
banque en général, s'interpose entre le créancier et le débiteur.
Introduction générale

2-Le problème de financement de l’économie

• les dépôts font les crédits/ les crédits font les dépôts (Les
banques créent de la monnaie parce qu’elles peuvent se
refinancer auprès de la banque centrale).
Introduction générale

2-Le problème de financement de l’économie

❑ Le financement direct ou désintermédié:


• Dans le FD, les agents à besoin de financement se rencontrent
directement avec les agents à capacité de financement sur le
marché financier sans passer par l’intermédiaire des
banques.
Introduction générale

2-Le problème de financement de l’économie

• Les agents à besoin de financement ( Entreprises et Etat)


émettent des valeurs mobilières (actions ou des obligations) sur
le marché financier, ces dernières sont acquises par les ménages
qui souhaitent placer leur épargne disponible. On parle alors de
désintermédiation financière.
Introduction générale
❑ Plan du cours

Chapitre 1- La demande de monnaie - Neutralité ou non neutralité


monétaire : Les fondements théoriques

Chapitre 2- Équilibre IS-LM

Chapitre 3- Intermédiation et Désintermédiation financière


Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

Introduction

- Questions monétaires , quels rapports avec questions économiques :


Monnaie – Prix – PIB – Équilibre globale – Chômage – Déflation –
Inflation - Intervention de l’ État – Économie réelle…
- Monnaie neutre? Neutralité de la monnaie?
- Précurseurs entre 14e et 16e siècle :
- Penseurs arabo-musulmans: IK – AL MAKHRIZI (1364-1442)(14-15es)

:
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

Introduction

- T. Gresham(1519-1579) :
Loi de Gresham: Mauvaise monnaie chasse la bonne
- Mercantilistes (16es): J. Bodin (1598): prix et quantité de monnaie
- I. Fisher (1911) TQM (début 20e s): MV=PT
- École de Cambridge: Pigou (effet Pigou ou encaisses réelles)
- Keynes et préférence pour la liquidité (effet Keynes vs effet Pigou)
- Friedman : école des monétaristes (contre révolution monétariste)
- ….
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

Introduction

•La monnaie : trois fonctions fondamentales


•La monnaie un instrument d’échange. Elle intervient dans la circulation
des marchandises. À priori, la monnaie peut apparaître comme une question
économique relativement secondaire : À côté du capital, de la productivité, des
innovations, de la formation de la main-d’œuvre qui affectent directement la
production, la monnaie devrait occuper une très petite place dans la théorie de
la croissance et de la richesse.
•Mais, en tant qu’étalon des valeurs- unité de mesure. Rôle important de
la monnaie dans l’univers économique.
•La monnaie réserve de valeurs. un élément fondamental de l’équilibre
entre l’épargne et l’investissement, et entre dans la formation des taux d’intérêt
et de la dépense.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
Introduction

•La monnaie exerce, ou peut exercer, une influence majeure sur


l’activité économique (occupe une place de premier rang):
•à travers l’incidence de l’équilibre du marché de la monnaie sur les conditions
de formation des prix et de taux de l’intérêt.
•comme déterminant du niveau général des prix (étalon des valeurs) et du taux
d.intérêt (réserve de valeurs).
•Tels sont donc les enjeux de l’étude du marché de la monnaie : les
liens entre quantité de monnaie en circulation et les trois grandes variables
macro-économiques que sont le niveau général des prix, le taux d’intérêt et le
niveau d’activité.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

Introduction

•3- Mais ce n’est pas un marché tout à fait comme les autres.
•D’abord parce que la monnaie est un bien public, c’est la mesure des valeurs
et l’instrument des échanges : sans monnaie, pas de marché.
•L’État joue sur le marché de la monnaie un rôle majeur.
•Tout le monde ne s’accorde pas sur cette idée. (Les libéraux - les ultras
libéraux préconisent une privatisation complète de l’offre de monnaie. Cette vue
est en général considérée comme extrême. Elle est minoritaire.)
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
Introduction

•La monnaie est-elle un bien privé ou collectif ? Un débat ?


•Considérer la monnaie comme un bien privé revient le plus souvent à confier
son offre au marché donc, à des institutions privées.
•Au contraire, si la monnaie est un bien collectif, cela revient à confier le
contrôle de son offre à des institutions publiques qui auront le privilège de
la gérer.
•Certains auteurs (Guerley et Shaw : Banking in a theory of finance)
vont pousser plus loin l’analyse et distinguer différents types de monnaies : La
monnaie interne (émise par le système bancaire privé à travers les crédits
qu’elle distribue) et la monnaie externe (la monnaie émise par la banque
centrale).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

Introduction

•Retenir l’hypothèse que l’offre de monnaie :


•contrôlée, surveillée et régulée par l’État.
•Les banques (privées) interviennent aussi, mais la régulation d’ensemble
revient à l’État.
•L’offre est donc, pour une part essentielle, publique et déterminée par des
mobiles d’intérêt général (inflation, activité, chômage).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

Introduction

•5- En revanche, la demande est exclusivement privée :


•il s’agit d’un phénomène essentiellement privé (aucune ingérence étatique
directe).
•La décision de dépenser ou de conserver la monnaie: est l’expression
condensée de la liberté économique, d’acheter et de vendre,
•Il n’y a pas d’autre marché pour lequel l’offre et la demande soient aussi
opposées quant à la perception par les agents de leur statut de bien collectif et
de bien marché privé.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

Introduction

6- Autre difficulté en rapport avec les trois fonctions de la monnaie.


•La demande de monnaie (ou les motifs de sa détention) n’est pas une
demande de bien comme les autres : difficile à expliciter, mais aussi instable.
•La monnaie n’exerce pas qu’une seule fonction, elle n’a pas qu’une seule
utilité. Étalon des valeurs, réserve de valeur et intermédiaire des échanges.
•Les motifs de sa détention sont multiples et non indépendants.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

Introduction

7- la monnaie comme une richesse pour la collectivité :


Dans ce contexte-là, on peut s’interroger au niveau macroéconomique : peut-
on considérer la monnaie comme une richesse pour la collectivité ?
•La monnaie comme un Actif (premier auteur à mettre en évidence cette
idée-là est Keynes en 1930 dans Le traité sur la monnaie) :
•la monnaie comme un élément du patrimoine des agents ( à côté,
d’autres actifs que sont les actifs financiers et les actifs réels).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

Introduction

•Pour l’actif monétaire, la réponse apportée par les économistes est


plus contrastée : A.C. Pigou (contemporain opposant à Keynes) : la
monnaie est une richesse pour la collectivité et son analyse a donné naissance
à la notion « d’encaisse réelle » ou « effet Pigou »:La quantité de biens et
services que permet d’acheter une quantité nominale de monnaie.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

Introduction

•Approche a été récupérée par la suite, par des auteurs néo-classiques


(M. Friedman).
•La demande de monnaie comme actif est le résultat d’un calcul économique,
d’un choix optimal de composition du patrimoine (les premiers fondements
micro-économiques à la demande de monnaie ou d’encaisses monétaires (par
la suite étendu à la finance) de la part des agents.
•Ce cadre est celui de la gestion optimale de patrimoine comprenant toute une
palette d’actifs dont l’actif monétaire.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•Schématiquement, on peut distinguer trois grandes approches théoriques de la


demande de monnaie (appelée « encaisses monétaires »), l’approche
classique puis néoclassique, l’approche keynésienne et l’approche
monétariste.
•Après avoir présenté la vision classique de la monnaie, qui a inspiré la théorie
quantitative d’I. Fisher ; nous étudierons la demande de monnaie de
l’école de Cambridge.
•L’approche la plus ancienne de la demande de monnaie est la théorie
quantitative de la monnaie.
•Cette approche a donné lieu à deux formalisations distinctes : l’équation de
Fischer et l’équation de Cambridge.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•L’équation de Fischer (1867-1947) (The Purchasing Power of Money/ Le


Pouvoir d’achat de la monnaie), New York, 1911) :
MV + M’V’ = PT ou plus simplement : MV = PT (V et V’ sont donnés)
M : monnaie métallique et billets de banque
M’ : dépôts bancaires
V : vitesse de circulation de la monnaie métallique et des billets de banque
V’ : vitesse de circulation des dépôts bancaires
P : niveau général des prix
T : volume des transactions
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•L’équation de Cambridge (Marshall, Pigou) : (1/P)M=kY


M : masse monétaire
P : niveau des prix ; 1/P : pouvoir d’achat de la monnaie
K : vitesse de transformation de la monnaie en revenu
Y (ou R ou PIB) : revenu global réel
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•C’est une approche qui se veut libérale (au sens éco).


•croyance aux vertus du marché grâce aux signaux (= les prix) qui permettent
le bon fonctionnement du marché.
•De manière un peu schématique:
•La TQM dit que le niveau général des prix P est influencé par la quantité de
monnaie en circulation M et toutes choses égales par ailleurs: plus la quantité
de monnaie est grande et plus le niveau général des prix va s’élever (lien de
causalité entre la quantité de monnaie sur le marché et niveau général des
prix) .
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•Ses origines sont lointaines.


•Pour les uns, elles remontent au 16e siècle (au moment de l'arrivée des
métaux précieux en Europe) quand la question du rapport entre le niveau
général des prix et la masse monétaire en circulation a été placée au cœur de
la problématique économique (voir école mercantilistes).
•L’idée d’une liaison entre quantité de monnaie et prix dans le sens de la
quantité de monnaie vers les prix: les prix augmentent parce que la quantité
de monnaie augmente.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•École mercantiliste : Quelques textes marquants signalent cette origine :


Malestroit (Le paradoxe sur le fait des monnaies, 1566) ; J. Bodin ( La
réponse aux paradoxes de M. de Malestroit, 1568)…
•Cependant, A. ElMakrizi (1364-1442), l’un des grands penseurs arabo-
musulmans à l’époque médiévale, propose une première expression de la TQM
en reliant les prix à la circulation monétaire, et faisant de lui un lointain
précurseur de J. Bodin et I. Fisher.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

A/ Les origines historiques de l’analyse de la demande de monnaie:


14e-15esiècle A. T. El Makrizi et J. Bodin (16e siècle )
•Les penseurs arabo-musulmans à l’époque médiévale (I.Khaldun 14es, A.
Almakrizi aux 14-15e s…) apportent une contribution à l’HPE par leurs réflexions
sur les Finances publiques, le poids de la fiscalité sur l’économie, la croissance,
la richesse, les crises, les cycles économiques, la monnaie et les prix…
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•L’apport principal d’ElMakrizi concerne ses réflexions relatives aux problèmes


monétaires, à la relation monnaie prix
•Œuvres :
•Traité sur les famines/Igatat Elouma bi kachfi El Ghouma
(Assister/L’assistance à la nation en mettant en lumière en dévoilant ses
malheurs)
•et Traité sur les monnaies/Choudour eloukoud fi zikri noukoud (Les perles
des colliers en matière de monnaies).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•Annonce la future loi de T. Gresham (1519-1579) sur le


bimétallisme: la mauvaise monnaie chasse la bonne ou les effets néfastes
entrainés par l’émission des pièces en cuivre.
•Observe et note la disparition progressive de la bonne monnaie (dirhams
d’argent et dinars d’or) laissant la place à la seule mauvaise monnaie de cuivre
(foullous).
•Propose une explication qui dépasse la simple dimension monétaire: La crise
politico-économique et la mauvaise gestion des finances publiques sont les
vrais responsables de la fuite et de la disparition des métaux précieux,
remplacés par une prolifération de monnaies de cuivre.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•«On peut multiplier les citations rencontrées le long des deux essais d’El Makrizi,
indiquant qu’il a pu saisir le phénomène engendré par l’existence de deux ou
plusieurs types de monnaies en circulation sur un même marché. Se fondant sur
des considérations objectives et subjectives, les hommes s’attachent dans ces
situations à un type de monnaie et se mettent à la thésauriser. La faveur accordée
à la monnaie la plus désirée pousse par ailleurs les étrangers à exiger des
résidents de se faire payer leurs exportations par cette même monnaie. La
thésaurisation d’une part et le transfert hors des frontières d’autre part mettent fin
à la circulation de la bonne monnaie qui disparaît des transactions internes
permettant par la même à la mauvaise monnaie càd la moins désirée de s’installer
sur le marché et devenir le principal instrument d’échange »
• F. Oualalou 8 « La Pensée socio-économique d’El Makrizi » BESM n°130 Rabat 1976.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•Propose une première expression de la TQM en reliant les prix à la


circulation monétaire, faisant de lui un lointain précurseur de J. Bodin
(1529/30-1596) et Fisher.
•Son analyse va même beaucoup plus loin, puisqu’il s’intéresse également aux
effets de l’inflation : inégalités sociales et régression économique.
•Un siècle plus tard: Controverse J. Bodin avec Malestroit (1566-1568).
•En économie, J. Bodin est considéré comme le père de la TQM.
•On lui doit la formulation d’une des plus anciennes lois macroéconomiques,
connue aujourd’hui sous l’appellation de TQM.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•Controverse entre Bodin (1568) et Malestroit (1566).


•En 1566, Malestroit mène une enquête « sur le renchérissement de toutes
choses et la dépréciation des monnaies ». Il défend l’idée que la hausse des
prix n’est qu’une pure illusion (pour de Malestroit, il n’y a pas eu de hausse
effective des prix) : le contenu en métaux précieux des pièces ayant diminué ;
la monnaie s’est donc dépréciée ; mais le prix des denrées en termes de
métaux précieux n’a pas augmenté.
•En 1568, J. Bodin répond à la hausse des prix est notamment engendrée par
les flux massifs de métaux précieux entrant en Europe depuis la découverte
des mines d’argent et d’or d’Amérique du Sud.
•Un des premiers à ignorer ce qui sera appelé ultérieurement, par les
économistes, la TQM.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

B/ La vision classique de la monnaie ( l’école libérale classique et


NC).
•Les classiques et néoclassiques postulent la neutralité de la monnaie.
•La thèse de la neutralité de la monnaie :
• la monnaie est un voile
• La monnaie, une variable nominale sans influence sur le niveau et la structure
des prix relatifs
• L'insensibilité des grandeurs réelles aux impulsions monétaires
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•Selon les classiques:


•les prix, la production et la consommation des biens ne dépendent que des
demandes et des offres de ces biens. Il y a un équilibre sur les marchés de
chacun des biens, équilibre qui ne dépend en aucune façon du « marché de la
monnaie » dont le seul rôle est de fixer le niveau général des prix.
•La monnaie, instrument d’échange (intermédiaire des échanges), n’est
pas demandée pour elle-même, mais seulement pour ce qu’elle permet
d’acquérir.
•La monnaie n’est qu’un bien parmi les autres, celui qui est choisi comme
étalon de référence pour fixer la valeur des autres biens.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•L’absence d’interaction entre ce qui est « monétaire » et ce qui est « réel »


(activité économique de production et de consommation des biens), la neutralité
de la monnaie, illustrée par la formule « La monnaie n’est qu’un voile » :
Les agents, à CT comme à LT, font une évaluation précise du prix de la monnaie,
càd du niveau général des prix ( hypothèse d’absence « d’illusion
monétaire »).
•En d’autres termes, les classiques privilégient uniquement la fonction moyen
d’échange de la monnaie : le seul motif de détention de la monnaie est le motif
de transaction (La monnaie est exclusivement transactionnelle càd les agents
économiques ne détiennent de la monnaie que parce que celui-ci permet
d’effectuer des transactions).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•l’accumulation de la richesse n’est envisageable que sous l’angle réel et la


théorie de la valeur-travail est une théorie non monétaire.
•Cette approche en termes d’économie réelle cantonne la monnaie au rôle de
voile des échanges, n’ayant aucune importance dans le système productif.
•En définitive, bien que le marché soit présent dans leur théorie, la monnaie y
est exclue : les produits s’échangent contre les produits selon
l’économiste français J. B. Say (1803).
•La véritable richesse n’est pas constituée par la monnaie, contrairement à
ce que croyaient les mercantilistes.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•Le caractère de voile de la monnaie est établi à partir des trois postulats
suivants :
•la somme des intérêts individuels détermine l’intérêt collectif, sans besoin
d’intervention ;
•l’offre crée sa propre demande (les produits s’échangent contre les produits)
•et la quantité de monnaie en circulation détermine le niveau général des prix,
selon le mécanisme de la théorie quantitative.
• Ces postulats montrent selon Adam Smith (1776) que la monnaie
n’apparaît que pour simplifier le troc ; d’où l’impossibilité de la surproduction
(crises).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•J-B Say dans Traité d’économie politique de 1803 : la « monnaie voile »


« Semblable à l’huile qui adoucit les mouvements d’une machine compliquée,
les monnaies répandues dans tous les rouages de l’industrie humaine facilitent
des mouvements qui ne sont plus productifs dès que l’industrie cesse de les
employer », donc la monnaie est un simple voile des échanges.
•Dichotomie nette entre deux sphères : la sphère monétaire-financière et
la sphère réelle : production et utilisation des biens et services.
•Fonctionnement selon les règles de libre concurrence
•Sphère réelle : pleine emploi des forces productives et niveau de PIB serait le
niveau de plein-emploi.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•La neutralité de la monnaie fait que « la monnaie n’est qu’un voile » sur la
sphère réelle qui est la sphère la plus importante.
•La monnaie sert à faciliter les échanges, à déterminer le niveau des prix (unité
de compte) mais elle n’a aucune influence sur la sphère réelle.
•La monnaie est en quelque sorte, insignifiante mais elle est néanmoins utile
pour les transactions.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•J. S. Mill : Principes d’économie politique (1848) :


•« il n’est pas dans l’économie d’une société quelque chose de plus insignifiant
en elle-même que la monnaie si on la considère autrement que comme un
mécanisme pour faire vite et commodément ce que l’on ferait moins vite et
moins commodément s’il n’existait pas (…) l’introduction de la monnaie ne
modifie en rien l’action des lois de la valeur » (lois sont fondamentales dans la
sphère réelle).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

I-L’approche classique de la demande de monnaie

•Selon les Néo-classiques, le rôle de la monnaie dans l’activité économique


demeure le même (neutralité). En effet, tous les marchés de biens et services,
y compris le marché du travail s’équilibrent instantanément par un ajustement
des prix relatifs.
•La monnaie n’influence pas la détermination des prix relatifs, des taux d’intérêt
réel, les quantités de biens échangées à l’équilibre et le revenu réel : elle est
neutre.
•C’est ce que souligne Irving Fisher (1911) en déclarant qu’il ne fait «
qu’apporter une restauration et une amplification de la vieille théorie
quantitative de la monnaie», à travers l’équation des échanges.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•La relation entre la monnaie et les autres variables macroéconomiques (P,


PIB…) est souvent étudiée dans un premier temps de manière simple en
utilisant l'équation quantitative de la monnaie qui a été établie par Fisher qui a
donné naissance à la Théorie Quantitative de la monnaie (TQM).
•Cette relation appelée également équation des échanges introduit un
concept important, la vitesse de circulation de la monnaie.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

A/L’approche par la vitesse de circulation


•Dans les analyses par la demande de monnaie et par la vitesse de circulation,
l’objet est le même. Il s’agit d’expliquer, moyennant certaines hypothèses sur la
rationalité des comportements, l’intensité de la substitution entre la monnaie et
les autres actifs réels ou financiers et la relation entre la quantité de monnaie
en circulation et les autres variables économiques.
•Cette approche a donné lieu à deux formalisations distinctes : l’équation de
Fischer et l’équation de Cambridge.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•L’équation de Fischer (1867-1947) (The Purchasing Power of Money/ Le


Pouvoir d’achat de la monnaie), New York, 1911) :
MV + M’V’ = PT ou plus simplement : MV = PT (V et V’ sont donnés)
M : monnaie métallique et billets de banque
M’ : dépôts bancaires
V : vitesse de circulation de la monnaie métallique et des billets de banque
V’ : vitesse de circulation des dépôts bancaires
P : niveau général des prix
T : volume des transactions
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•L’équation de Cambridge (Marshall, Pigou) : (1/P)M=kY


M : masse monétaire
P : niveau des prix ; 1/P : pouvoir d’achat de la monnaie
K: vitesse de transformation de la monnaie en revenu
Y (ou R ou PIB) : revenu global réel
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

B/ L’analyse de Fisher : - L'équation des échanges : MV = PY (L’équation


de Fischer)
1-Une approche réelle des phénomènes économiques
•I. Ficher s’inscrit dans une tradition d’économistes (D. Hume, J.B. Say, D. Ricardo,
J.S. Mil) qui prônent une approche dite réelle des phénomènes économiques.
•Selon cette tradition, il convient tout d’abord de faire abstraction de la
monnaie et d’élaborer une théorie de l’équilibre économique où les biens
s’échangent directement les uns contre les autres.
•La monnaie ne doit être prise en compte que dans un second temps : elle
intervient alors au titre d’intermédiaire des échanges et son intégration est neutre
au sens où elle ne remet pas en cause l’analyse menée dans le premier temps.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

2-L’analyse de Fisher est macroéconomique :


•L’étude de la relation entre la quantité de monnaie (la masse monétaire) en
circulation dans l'économie et les autres variables macroéconomiques, comme
le PIB réel et les prix.
•Déterminer la masse monétaire (quantité de monnaie en circulation) M
nécessaire pour assurer un volume donné de transactions marchandes.
3-C’est une approche par les transactions :
•La monnaie est avant tout un intermédiaire des échanges : l’approche
privilégie les transactions, et surtout, une notion de vitesse avec laquelle
la monnaie passe de mains en mains pour assurer ce volume donné de
transactions : cette vitesse est la « vitesse de circulation de la monnaie ».
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•La raison essentielle de détention de la monnaie est qu'elle permet de regeler


les transactions de biens et services.
•Plus la valeur des transactions est élevée, et plus il faudra que l'on détienne de
la monnaie pour régler ces transactions.
•Par conséquent, le montant des encaisses monétaires détenues par les
individus est proportionnel à la valeur des transactions.
•L’analyse de Fisher aboutit à un résultat sur la base d’une équation : «
l’équation des échanges », qui est un résumé de la théorie quantitative de
la monnaie (nous adopterons la notation TQM : MV = PT).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

4-La signification de l'équation des échanges


•La TQM se fonde sur l'équation des échanges qui est une relation comptable
(identité, égalité comptable (qui porte sur des grandeurs réalisés et non pas
justes intentions).
•La TQM établit que la hausse des prix découle d'une émission excessive de
monnaie par rapport au niveau de la production. Cela signifie que l'émission de
monnaie est excessive par rapport à l'émission qui serait juste nécessaire pour
financer les transactions.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•D'après cette relation (MV = PT), la valeur des transactions (PT) est égale au
produit entre la quantité d'unités monétaires (M) et le nombre moyen de
paiements effectués avec chaque unité monétaire (V).
•Le membre de gauche de l'équation représente la quantité de monnaie qui a
été utilisée pour régler les transactions et le côté droit correspond à la valeur
des biens achetés avec cette monnaie.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•On désigne par M la quantité de monnaie disponible. Cette quantité est


traitée comme un stock et représente le solde net des Operations de création et
de destruction de monnaie.
•On désigne par V la vitesse de circulation de la monnaie, c'est-à-dire le
nombre de fois qu'une unité monétaire a effectuée une transaction. (elle
correspond à la valeur moyenne des transactions qu'une unité monétaire a
permis d'acheter, V = P (T/M).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•On désigne par T le volume global des transactions (quantité de


biens échanges ou PIB réel) durant la période considérée.
•On désigne par P la moyenne pondérée des prix (déflateur du PIB). On
considère une économie quelconque avec N biens et services échangés dans
cette économie, indicés : I = 1, 2,…,n.
Le prix monétaire du bien i est désigné par Pi.
Xi, la quantité de biens échangés dans cette économie pendant la période.
PT, la Valeur Globale des échanges et des Transactions au cours de la période :
PT = P1X1 + P2 X2+…+PnXn =
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

5-La théorie quantitative de la monnaie et ses hypothèses


•La théorie quantitative établit que toute augmentation de la quantité de
monnaie entraine une augmentation proportionnelle du niveau général des prix.
Pour obtenir ce résultat à partir de l'équation (MV = PT), l’équation des
échanges de Fisher fait intervenir les hypothèses suivantes:
•H1- La neutralité de la monnaie
•H2- La vitesse de circulation de la monnaie (V) est constante à CT.
•H3- L'offre de monnaie est exogène.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•H1- La neutralité de la monnaie : lorsque M augmente T ne varie pas.


•Fisher s’inscrit dans la perspective libérale du fonctionnement d’une
économie. Il croit donc au système des prix pour assurer l’égalité entre offre et
demande des biens et services (y compris le marché du travail). Le volume T
est parfaitement déterminé par les facteurs réels : la quantité de travail
disponible et le capital physique disponible (conditions/ avancées
technologiques). T correspond donc au plein emploi des forces productives.
•D'après l'hypothèse de neutralité de la monnaie, la masse monétaire M n'agit
pas sur les niveaux des quantités produites.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•L'explication est la suivante.


•Dans le modèle de plein emploi, la quantité produite est déterminée par les
volumes de facteurs de production utilisés et par le niveau de la technologie
mais ne dépend pas des prix et donc ne dépend pas de la quantité de monnaie.
•Par conséquent (Plus précisément), toute variation de la quantité de monnaie
ne modifiera pas la quantité offerte par les producteurs.
•Les variations de l'offre de monnaie n'ont pas d'effets réels sur l'économie et
on dit alors que la monnaie est neutre.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•H2- La vitesse de circulation de la monnaie (V) est constante à CT.


•Fisher considère que la vitesse de circulation de la monnaie (V) est une
variable exogène qui varie peu dans le temps. Elle ne dépend ni de M, ni de P.
•A court terme, on considère que c’est une grandeur stable et qui dépendrait des
habitudes de paiements des agents économiques au cours de la période.
•La vitesse de circulation de la monnaie n'est liée qu'à des facteurs qui se
modifient dans le long terme comme la préférence pour la liquidité et la facilité de
transformer des actifs non liquides en moyens de paiement (billets, pièces,
compte courant).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•H3- L'offre de monnaie est exogène.


•Selon Fisher, la quantité M, est une variable indépendante des autres : au cours
de la période, c’est une grandeur exogène parce qu’elle est contrôlée
directement ou indirectement par les autorités monétaires.
•Elle est indépendante de toutes les autres variables, notamment de T et de P. Il
est donc supposé, comme dans l'approche du multiplicateur, que les autorités
monétaires contrôlent parfaitement la quantité de monnaie en circulation dans
l'économie qui est un multiple de la monnaie centrale émisse.
•En adoptant l'approche du multiplicateur, c'est la création de monnaie
centrale décidée par l'institut d'émission qui engendre la création monétaire des
banques. Par conséquent, la masse monétaire ne dépend pas de l'activité
économique et est exogène.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•En retenant ces trois hypothèses, nous sommes maintenant en mesure


d'établir le résultat de la théorie quantitative de la monnaie. Si les autorités
monétaires décident d'augmenter la masse monétaire par une émission de
monnaie centrale, les niveaux de la production Y et de la vitesse de circulation
de la monnaie V ne varient pas puisqu'ils sont supposés indépendants de la
masse monétaire. Par conséquent, la variation des prix Δ P est proportionnelle
à la variation de la masse monétaire ΔM.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Finalement, puisque d'après la troisième hypothèse, les autorités monétaires


maitrisent parfaitement l'offre de monnaie, le sens de causalité va donc de la
variation de la masse monétaire, soit ΔM, vers la variation des prix, soit ΔP :
ΔM  ΔP
•Il en résulte, d’après Fisher, que le niveau général des prix P est uniquement
déterminé par la quantité de monnaie en circulation M et la relation est
proportionnelle :
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

6- Maîtriser l’inflation, c’est maîtriser la quantité de monnaie en


circulation
• L’équation des échanges fait apparaître cette relation : P = (V/T) M
•Avec P la variable expliquée, T et V donnés d’où, une relation linéaire entre la
quantité de monnaie en circulation (M) et le niveau général des prix (P) (lien
de causalité : c’est la quantité de monnaie en circulation qui détermine le
niveau général des prix).
•Si M augmente de 10%, P augmente de 10%): si on veut maîtriser l’inflation, il
faut maîtriser la quantité de monnaie en circulation.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•L'équation quantitative de la monnaie a donc permis d'établir trois


résultats importants de la théorie classique :
•l'inflation est un phénomène monétaire,
•toute augmentation de la masse monétaire se traduit à LT par un accroissement
proportionnel des prix,
•et la monnaie n'a pas d'effets réels sur l'économie.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Précision: la neutralité de la monnaie n'est vérifiée que si les salaires et les prix
sont supposés parfaitement flexibles (comme nous le verrons plus-bas). En
revanche, à CT, la rigidité des variables nominales, c'est-à-dire la lenteur
d'ajustement des salaires et des prix, implique que la monnaie a des effets réels
sur l'économie. Cette rigidité des variables nominales signifie que la
variation de l'offre de monnaie a une influence sur l'emploi et la production.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Cette analyse de Fisher va être reformulée par d’autres auteurs, dit de l’école
de Cambridge comme Marshall et Pigou qui ont proposé une analyse en
terme de revenu (et non, en terme de transaction) : analyse fondée sur la
notion d’encaisse, de demande de monnaie.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

C/ La demande de monnaie de l’école de Cambridge : (l’équation de


Cambridge)
•Principaux représentants de l’école NC de Cambridge : A. Marshall (1842-
1924) et A.C. Pigou (1877-1959),
•Une analyse fondée sur la notion d’encaisse, de demande de monnaie.
•Une analyse qui met l’accent sur la volonté (et non sur la nécessité) de
détenir de la monnaie
•Une analyse en terme de revenu (et non, en terme de transaction) (La
vitesse-revenu)
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

1-Une approche par les encaisses monétaires : approche


macroéconomique avec des fondements microéconomiques
•Point de départ: la relation la monnaie avec les principaux agrégats
macroéconomiques de l’équation des échanges de Ficher, pour établir la
fonction de demande de monnaie formulée par l'Ecole de Cambridge (Marshall
et Pigou en particulier).
•L'objectif de la formulation d'une équation de demande de monnaie est de
permettre une représentation du marché de la monnaie qui sera mis en relation
avec d'autres marchés comme le marché de l'emploi et le marché des biens et
services dans le cadre du modèle de plein emploi.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Cette représentation macroéconomique de l'économie mettant en relation


l'ensemble des marchés permettra de mieux comprendre les mécanismes par
lesquels la monnaie est susceptible d'influencer les évolutions des variables
agrégées à MT.
•Les auteurs de l'Ecole de Cambridge mettent en avant, les comportements de
choix des agents pris individuellement, notamment en matière d’encaisses
monétaires désirées et le problème est défini en termes de quantité de
monnaie désirée par les agents économiques.
•Le passage de l’individu au global se fait par l’agrégation des comportements
des agents.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

2- De la nécessité de détenir la monnaie (chez Fisher) à la volonté de


la détenir (Marshall-Pigou)
•Selon ces auteurs, les individus désirent détenir de la monnaie sous forme
d’encaisses en raison de son côté pratique pour les transactions et au sens où
elle est universellement acceptée contre des biens et des services, en échange.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Comme pour Fisher, la fonction principale de la monnaie est d’être un


intermédiaire des échanges : plus l’individu effectue des transactions, plus il
désirera détenir de la monnaie.
•Dans cette approche, on met l’accent sur la volonté de détenir de la monnaie
plutôt que sur la nécessité de la détenir comme c’était le cas chez Fisher
(différence essentielle entre Fisher et Marshall-Pigou).
•Un individu ne peut pas détenir toute la monnaie qu’il voudrait dans la mesure
où sa richesse est limitée : les encaisses désirées sont limitées par la contrainte
de richesse
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

3-La non-synchronisation temporelle entre les revenus perçus et les


dépenses effectuées et la détention des actifs monétaires mais aussi
financiers et réels.
•L’individu désirera diversifier sa richesse en détenant des actifs monétaires
mais aussi financiers et réels. Comment et pourquoi ?
•La plupart du temps, les individus ont une activité de travail donc, il faut
rajouter le fait que l’agent économique perçoit des revenus et à partir de là, il
effectue des dépenses qui ont pour particularité de ne pas être synchronisées
dans le temps : il existe un décalage temporel entre les revenus perçus et
les dépenses effectuées.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Cette non-synchronisation temporelle entre revenus et dépenses va conduire


l’individu à détenir des actifs liquides, des actifs monétaires dont le montant va
dépendre du volume des transactions qu’il projette de réaliser.
•Ce montant peut varier avec le montant de son patrimoine mais il peut aussi
varier en fonction du coût d’opportunité de la détention de monnaie,
donc, du manque à gagner qu’il aurait à détenir de la monnaie (M1 ne
rapporte rien).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

Cependant, Marshall et Pigou simplifient l’analyse de deux manières :


•Ils vont négliger l’influence du coût d’opportunité de la détention de monnaie
sur la demande de monnaie et notamment, le taux d’intérêt.
•Ils postulent que le rapport entre le patrimoine d’un agent, le volume des
transactions qu’ils désirent effectuer est constant au moins à court terme.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

4-Demande de monnaie : Détention d'encaisses monétaires. Une


analyse en terme de revenu (et non, en terme de transaction)
•Dans le modèle de Ficher, la raison essentielle de détention de la monnaie est
qu'elle permet de regeler les transactions de biens et services.
•Plus la valeur des transactions est élevée, et plus il faudra que l'on détienne de
la monnaie pour régler ces transactions.
•Par conséquent, le montant des encaisses monétaires détenues par les
individus est proportionnel à la valeur des transactions.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Pigou prend pour variable-proxi (qui se rapproche le plus de Fisher) du


volume des transactions : le niveau du revenu d’un agent.
•Cette analyse est faite au niveau individuel et donc, par agrégation, ce qui est
supposé vrai au niveau individuel, l’est au niveau global, macroéconomique.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•La version de l’école de Cambridge de l'équation quantitative de la monnaie


consiste à considérer que Y représente le PIB réel, c'est à dire la somme des
valeurs ajoutées exprimées en volume au cours de l'année par l'économie, et P
est le déflateur du PIB. Par conséquent, PY est le PIB nominal.
•Dans ce cadre, V est la vitesse de circulation de la monnaie en tant que
revenu (ou vitesse-revenu de la monnaie) qui représente le nombre de fois
qu'une unité monétaire est la contrepartie de transactions ayant généré un
revenu.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•En se plaçant d'un point de vue macroéconomique, la valeur totale des


transactions exprimée en unités monétaires est égale au PIB nominal qui
correspond également au revenu nominal d'une économie.
•Cette grandeur est égale au produit entre le revenu réel (ou PIB réel), Y, et
le niveau moyen des prix, P (ou déflateur du PIB).
•Il est possible d'exprimer la demande de monnaie des agents de la façon
suivante : MD = P(Y/V) = kPY
•Avec 𝑌 : le revenu global réel
•et 𝑘 : une constante égale à l'inverse de la vitesse de circulation de la
monnaie.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•𝑘 C’est le coefficient de proportionnalité, « coefficient d’utilisation


monétaire » (qui représente la part de leur revenu, et non pas la fraction de la
valeur des transactions, que les agents désirent détenir sous forme de monnaie
au cours de la période).
• C’est un paramètre de comportement qui dépend des caractéristiques
techniques et institutionnelles des économies que l’on étudie. Il dépend des
désirs des agents, de la volonté, des préférences des agents économiques.
•Donc 𝑘 est la traduction d’une volonté des agents de détenir sous forme
monétaire une partie de leur revenu.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•À travers cette fonction de demande de monnaie, il y a une mise en


valeur de la fonction d’intermédiaire des échanges qui est privilégiée :
l’encaisse monétaire désirée est nécessaire pour réaliser les transactions et
notamment, du fait de la non-synchronisation des revenus et des dépenses.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

5- L’offre de monnaie qui émane des autorités monétaires et des banques


commerciales, est considérée comme exogène dans la mesure où elle est
contrôlée directement (pièces) ou indirectement (monnaie scripturale) par
les autorités monétaires.
•L’offre de monnaie : MO= M variable exogène. Ce qui est vraie pour le
marché des biens et services doit être vrai pour l’actif, le bien monnaie donc si le
marché fonctionne bien, égalité entre offre et demande : MO = MD(condition
d’équilibre donc, ce n’est pas une égalité comptable).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•M=kPY : cette équation est l’équation de Cambridge relative à la théorie


quantitative de la monnaie : il y a une proximité formelle monnaie entre l’équation
des échanges de Fisher et celle de l’école de Cambridge :
MV= PT M= (T/V).P = (1/V).(PT)= M
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Proximité formelle mais pas proximité d’analyse car :


•L’équation de Cambridge met en avant la détention volontaire de monnaie
des agents économiques plus que son utilisation ou sa circulation et cela se
traduit par le fait qu’on utilise k plutôt que V qui est un paramètre technique.
•L’équation de Cambridge traduit un équilibre sur le marché de la monnaie
comme ça pourrait l’être pour n’importe quel autre bien.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

6- Représentation graphique du marché de la monnaie


•Nous allons maintenant représenter le marché de la monnaie en traçant la
demande MD et l'offre MO de monnaie.
•La relation (MD=P.Y/V=k.P.Y) est habituellement représentée graphiquement
en portant sur l'axe horizontal (axe des abscisses) la quantité de monnaie M et
en portant sur l'axe des ordonnées l'inverse du niveau général des prix (1/P):
•MV=PY ,

•MD=PY/V
•1/V = k  MD = kPY

•MD/P = MD(1/P )  MD( 1/P) = kY


Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•L'inverse du niveau général des prix (1/P) représente le pouvoir


d'achat de la monnaie sur les biens et services vendus dans l'économie.
•La grandeur 1/P indique donc quelle quantité de biens et services l'on peut
acquérir avec une unité monétaire.
•Par exemple, si le prix d'un bien est égal à 4 um, alors le pouvoir d'achat d'une
unité monétaire, par exemple d'une um, est égal à 1/4 ce qui signifie qu'une
um achète le quart du bien.
•Plus le prix du bien sera élevé et plus le pouvoir d'achat d'une unité monétaire
sur les biens et services sera faible et donc plus on devra disposer d'encaisses
monétaires pour réaliser le volume de transactions Y.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•La courbe notée MD est tracée sur la figure ci-après : elle représente la
fonction de demande d'encaisses monétaires qui est une fonction
décroissante du pouvoir d'achat de la monnaie.
•Cette relation décroissante signifie que plus les prix sont faibles, plus le
pouvoir d'achat d'une um est grand et moins les agents devront détenir une
quantité importante de monnaie pour effectuer un volume de transactions Y.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Cette courbe est tracée pour des niveaux donnés du revenu réel, Y, et de la
constante k = 1/V.
•Il est important de préciser que le long de cette courbe de demande,
l'encaisse monétaire réelle détenue par les agents est constante.
•Cela signifie que chaque couple de masse monétaire et de pouvoir d'achat de
la monnaie donne la même valeur réelle de l'encaisse monétaire.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Jusqu'à présent, nous avons limité notre description du marché de la monnaie


à la demande d'encaisses monétaires.
•Maintenant introduire l'offre de monnaie pour que la description du marché
de la monnaie soit complète.
•On simplifie habituellement les aspects de l'offre de monnaie en considérant
que les autorités monétaires contrôlent parfaitement la quantité de monnaie en
circulation dans l'économie, comme le suppose le multiplicateur monétaire, et
offrent une certaine quantité de monnaie d'un montant égal à .
•Comme cette offre de monnaie est indépendante du niveau général des prix,
elle est représentée par une droite verticale.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Rappel : Marshall et Pigou ont conscience que d’autres variables autres que
le revenu influencent la demande de monnaie :
•Le coût d’opportunité de la détention de monnaie (M1) (indicateur
représentatif : le taux d’intérêt).
•Le montant du patrimoine de l’agent qui va influencer la demande de
monnaie.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•D’autres auteurs ont repris ces deux points évoqués par Marshall et Pigou mais
ils les ont rejetés pour simplifier l’analyse :
•Pour le 1er point, ce serait J.M. Keynes dans la théorie générale de
l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie en 1936 et dans le traité sur la
monnaie en 1930. En ce qui concerne le deuxième point, ce serait M.
Friedman.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

D/ L’effet de richesse (ou effet d’encaisses réelles ou effet Pigou) :)


•L’économiste britannique Arthur Cecil Pigou a souligné l’effet de la variation
des prix sur la valeur de la richesse réelle détenue par les individus et sur leur
arbitrage entre consommation et épargne. C’est « l’effet d’encaisses réelles »
ou « effet Pigou ».
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


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1-Contexte :
La Théorie générale de Keynes exprime un pessimisme fort. L'auteur montre en
effet comment une économie capitaliste est condamnée, en l'absence
de politique budgétaire, à un chômage durable dû à une insuffisance de
la demande effective. Les années qui suivent la publication de l'ouvrage voient la
création de l'école de la synthèse néoclassique, qui fait de la théorie de l'école
classique un cas particulier du keynésianisme.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

Ces économistes de la synthèse théorisent un effet, qu'ils appellent effet


Keynes, selon lequel l'augmentation du chômage, qui fait chuter l'offre de
monnaie (car moins de salaires sont versés), aboutit à une augmentation de
l'offre de monnaie réelle, ce qui fait baisser les taux d'intérêt et donc réduit le
chômage.
•Pigou, qui s'oppose aux théories de la synthèse néoclassique naissante,
s'attaque à cet effet Keynes en mettant en évidence un mécanisme
autorégulateur lié à la monnaie.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

2-L'aspect "automatique" de l'effet Pigou


•C. Pigou a mis en évidence "L'effet d'encaisses réelles" au cours d'un
débat avec Keynes sur les moyens de sortir d'une récession prolongée.
•Il s'agit en fait de l'effet sur la demande globale d'une variation du pouvoir
d'achat des actifs monétaires dont disposent les agents économiques, suite à
une variation du niveau des prix.
•Keynes ne pensait pas que la baisse des salaires nominaux soit favorable, car
elle ne peut qu'avoir un effet dépressif sur une demande déjà défaillante : les
prix étant entraînés à la baisse, comme les salaires, il n'y a pas d'effet positif
sur l'emploi.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Pigou remarqua que le raisonnement de Keynes ne tenait pas compte de la


valorisation des sommes détenues par les agents sous forme d'encaisses
monétaires. La hausse du pouvoir d'achat de celles-ci lorsque les prix baissent
stimule la demande et constitue un facteur de reprise (elle arrête la "spirale
déflationniste" dans laquelle sont entraînés les salaires et les prix).
•L'aspect "automatique" de l'effet Pigou (il suffit d'attendre que les
salaires et les prix baissent suffisamment) explique l'importance que lui
accordent tous ceux qui s'opposent aux politiques interventionnistes
préconisées par Keynes, les monétaristes par exemple.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

3-La monnaie est une richesse


•L'effet Pigou est aussi connu sous le nom d'effet d'encaisse réelle.
•Pour répondre au diagnostic pessimiste de la "théorie générale" de Keynes,
selon laquelle le capitalisme est condamné à un chômage durable à cause de
l'insuffisance de la demande globale, Pigou a suggéré une hypothèse
reposant sur l'idée que la monnaie est une richesse, et permettant de
mettre en évidence un rééquilibrage automatique de la demande globale.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Cette hypothèse revient à admettre que les agents maintiennent


constamment le rapport entre la valeur réelle des encaisses monétaires (M/P)
et leurs demandes de biens de consommation et de biens de production (C+I).
•Dès lors, si la demande globale (C+I) est insuffisante, le niveau général des
prix aura tendance à baisser, augmentant la valeur réelle des encaisses
monétaires (car leur pouvoir augmente), alors les agents convertissent leur
monnaie excédentaire en demande de biens donc les prix remonteront à
l’équilibre, poussés par l’augmentation de la demande globale.
•Le mécanisme de cet effet Pigou repose sur l'idée que l'augmentation de
(M/P) accroît la richesse des agents, lesquels se sentant plus riches,
consomment et investissent plus.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

4- Explication théorique:
•Pigou considère qu'une économie en récession suit le cheminement suivant :
une augmentation du chômage réduit l'offre de monnaie et donc provoque une
déflation.
•Or, cette déflation n'affecte pas l'épargne qui a été placée dans un compte
bancaire (1um mis à la banque lorsque le niveau des prix est de 20 continue de
valoir 1um lorsque le niveau des prix s'est effondré à 10). Ces valeurs réelles
voient ainsi leur valeur augmenter, ce qui permet un regain de pouvoir d'achat,
et donc une augmentation de la consommation et une baisse du chômage.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Cela peut être formulé ainsi :


O > D ⇒ P− ⇒ (M/P)+ ⇒ D+ ⇒ P+, où D = C + I.
•Cette théorie se base sur le postulat que la monnaie est une richesse.
•Dès lors, si la demande globale (C+I) est insuffisante, le niveau général des prix
aura tendance à baisser, augmentant la valeur réelle des encaisses monétaires
(car leur pouvoir d'achat augmente), alors les agents convertissent
leur monnaie excédentaire en demande de biens ; donc les prix remonteront à
l’équilibre, poussés par l’augmentation de la demande globale.
•Ce mécanisme ne peut fonctionner que sur l'idée que l'augmentation de (M/P)
accroît la richesse des agents, lesquels se sentant plus riches, consomment et
investissent plus.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

5- Effet d'encaisses réelles négatif :


•L'effet d'encaisses réelles fonctionne aussi de manière inverse. L'inflation, qui
est une augmentation générale du niveau des prix, réduit la valeur réelle des
encaisses monétaires (M/P). En d'autres termes, le pouvoir d'achat de la
monnaie baisse.
•Or, les agents économiques souhaitent garder le même niveau d'encaisses
réelles (ou actifs monétaires détenus). Ils accroissent par conséquent
leur épargne, réduisant la demande.
•Les prix vont donc également baisser jusqu'à l'équilibre.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

II- La demande de monnaie selon l’approche de la théorie quantitative: De l’équation


quantitative d’I. Fisher à la demande de monnaie de l’école de Cambridge

•Ainsi, soit un agent épargne 100um qui lui permettent d'acheter 10 places de
cinéma. La place de cinéma vaut 10um. Supposons que les prix augmentent :
la place de cinéma passe à 11um. Pour pouvoir consommer autant
qu'auparavant (10 places de cinéma), l'agent va accroître son épargne : 110um.
Problème : si son revenu n'augmente pas, il devra diminuer sa consommation,
ou sans doute réduire ses sorties au cinéma, ou réduire d'autres dépenses.
•L'effet Pigou s'observe surtout en cas de faible inflation, au-delà d'un certain
seuil l'effet de fuite devant la monnaie devient prédominant (les agents
consomment le plus tôt possible afin de ne pas être pénalisés par l'inflation,
d'où hausse de la demande, et donc de l'inflation).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•C’est une analyse de la demande de monnaie, donc Keynes ne va pas rejeter


de manière catégorique la théorie quantitative de la monnaie :
•Le revenu à un rôle non négligeable en tant que variable explicative de la
demande de monnaie mais une autre variable est à prendre en considération :
c’est le taux d’intérêt qui été écarté par Fisher et les théoriciens de l’école
de Cambridge bien que ce dernier en ait conscience.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Pour Keynes, les prix (dont salaires) sont des signaux imparfaits concernant
le fonctionnement et l’état du marché.
•Pour diverses raisons, du moins à CT, ces prix-là et notamment, le taux de
salaire sont des variables qui sont rigides.
•Si l’ajustement ne peut pas se faire par les prix, il va s’effectuer par les
quantités càd par des rationnements, notamment le marché du travail
(chômage involontaire).
•Sur les autres marchés, les choses peuvent bien se passer : on peut connaître
des situations à CT, d’équilibre mais de sous-emploi.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

• On trouve cette analyse dans la théorie générale de 1936 (dans deux


chapitres : 13 et 15)
• La monnaie est, pour Keynes, un actif liquide par excellence qui permet
d’acquérir des biens et services à moindre coût et rapidement.
• La demande de monnaie est déterminée dans un cadre (que va reprendre
d’autres auteurs dont Friedman), dans le cadre d’une gestion de portefeuille
d’actifs comprenant en concurrence des actifs réel, des actifs financiers et des
actifs monétaires.
• Les actifs réels vont jouer un rôle secondaire : la concurrence va se faire
entre actifs monétaires et financiers et la variable d’arbitrage, de répartition,
sera le taux d’intérêt.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité –

•Keynes chapitre 15 de la théorie générale :


•« La monnaie conservée constitue entre les mains de son détenteur, un fond
unique qu’il n’est pas obligé de séparer en compartiments étanches ; car ces
compartiments peuvent n’être pas nettement distincts même dans son esprit
(de l’agent) et une certaine somme (de monnaie) peut être conservée
principalement pour une raison et subsidiairement pour une autre. Il est donc
tout aussi légitime sinon préférable de considérer la totalité des demandes
individuelles de monnaie ».
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

A/ la relative sensibilité des grandeurs réelles aux impulsions


monétaires
•La crise de 1929 a mis à mal les explications libérales des mécanismes du
marché et le statut octroyé à la monnaie. Il est ainsi apparu un courant de dit «
interventionniste », sous l’impulsion des travaux de J. M. Keynes (1936),
mettant en avant la viscosité des prix.
•Avec la Nouvelle Economie Keynésienne, la démonstration de la non-
neutralité monétaire a été faite à partir des rigidités nominales.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

1- La viscosité des prix ou l'influence retrouvée de la monnaie sur


l'activité
•Dans un environnement caractérisé par un chômage durable comme celui de
l’après crise économique de 1929, la possibilité d’équilibres de sous-emploi
durables était reconnue, mettant à mal les thèses Classiques et Néoclassiques
qui n’admettaient que l’existence d’au moins un équilibre de plein-emploi ; le
seul chômage durable n’étant que frictionnel.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Face à cette situation d’incapacité des forces du marché à rétablir un


équilibre de plein-emploi, Keynes (1936) va montrer d’une part que la
demande a un rôle prépondérant sur l’offre. D’autre part, les imperfections de
marché qu’il relève le conduisent à justifier la nécessité d’une intervention
publique visant à rétablir l’équilibre de plein-emploi et en définitive, à accorder
un rôle actif à la monnaie.
•Ce faisant, il a remis en cause plusieurs des principes Classiques dont :
•le caractère de voile attribué à la monnaie dans les échanges ;
•la détermination de l’épargne hors du marché
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Pour établir l’existence d’équilibres de sous-emploi durables, Keynes


va introduire la notion de demande effective, c’est-à-dire la demande anticipée
par les entrepreneurs.
•L’absence de rationalité dans les anticipations de ceux-ci va induire une
sous-estimation ou une surestimation de cette demande, et impacter en
définitive la dynamique du marché du travail par le processus de licenciement-
embauche qui joue en arrière-plan.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•La flexibilité des salaires nominaux énoncées par les Classiques est
inopérante ici pour deux raisons :
•leur viscosité liée à la négociation des contrats et ;
• et leur impact sur la demande qui provoquerait à son tours une baisse de la
production.
•Dans l’hypothèse d’une montée du chômage, il s’en suit une perte de
débouchés et, la baisse initiale de la demande effective provoque le scepticisme
des entrepreneurs qui n’investissent plus, induisant in fine une aggravation de
la crise.
•De tout ce qui précède, il apparaît que les mécanismes du marché seuls ne
peuvent suffire à rétablir l’équilibre de plein-emploi.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Pour sortir de cette situation sous-optimale, il est essentiel selon


Keynes (1936) de stimuler la demande, ce qui permettra de redonner
confiance aux investisseurs. Pour ce faire, l’Etat dispose de plusieurs moyens. Il
peut tout d’abord redistribuer les revenus des plus riches (qui ont une plus forte
propension à épargner) aux plus pauvres (qui eux ont une forte propension à
consommer).
•Il peut aussi stimuler la création monétaire via une baisse des taux d’intérêt,
qui encouragera les agents à emprunter pour consommer et surtout rendra
rentable des projets d'investissement dont le taux de rentabilité interne était
inférieur au taux d'intérêt monétaire.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Enfin l’Etat peut accroître ses dépenses publiques, induisant une


augmentation de la demande globale à travers des programmes de grands
travaux.
•Pour ce faire, il pourrait recourir au déficit dans l’hypothèse de son
comblement à moyen terme par la reprise économique.
•Le financement de cette politique interventionniste s'opère soit par des
prélèvements obligatoires supplémentaires, soit par une émission de titres
publics sur les marchés des capitaux.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•L’importance accordée au taux d’intérêt monétaire et non réel ci-


dessus se lie à travers sa reformulation de la demande de monnaie.
•C’est une théorie selon laquelle, les agents économiques demande la monnaie
pour trois motifs dont :
•(i) un motif de transaction reflétant « le besoin de monnaie pour la
réalisation courante des échanges personnels et professionnels » ;
•(ii) un motif de précaution traduisant « le désir de sécurité en ce qui
concerne l’équivalent futur en argent d’une certaine proportion de ses
ressources totales »
•et ; (iii) un motif de spéculation lié au « désir de profiter d'une
connaissance meilleure quant à ce que réserve l’avenir par rapport au marché».
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Ces développements sur la monnaie ont été faits dans son œuvre
intitulé « le Traité sur la monnaie », paru en 1930. Sa nature y est définie
et ses origines historiques décrites ; ce qui lui permet de présenter une théorie
de la monnaie qui aborde à la fois les aspects statiques et dynamiques de la
question dans un premier volume.
•Dans le second volume intitulé « La Théorie de la monnaie appliquée », il
expose sa conception des politiques monétaires.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

2- la non-neutralité monétaire, une conséquence des rigidités


nominales
•L’analyse keynésienne a davantage postulée l’existence des rigidités.
•Avec la contre-révolution des anticipations initiée par les monétaristes
et poursuivie par la Nouvelle Economie Classique, cette justification est
apparue nécessaire.
•Le programme de recherche de la Nouvelle Economie Keynésienne était
de ce fait tracé.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•À cet effet, les principaux auteurs se sont accordés, en réaction aux


conclusions de la Nouvelle Economie Classique, sur deux points
fondamentaux dont : (i) l’importance des imperfections des marchés dans
l’explication des fluctuations économiques ; et (ii) la non-neutralité de la
monnaie.
• Pour cela, ils ont développé les fondements microéconomiques des
rigidités et déduit l’incidence réelle de la monnaie, même en présence
d’anticipations rationnelles. Deux types de rigidités nominales ont ainsi été
postulés :
•(i) la viscosité des prix ou rigidité des prix et des salaires
•et (ii) l’asymétrie informationnelle.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•21-Non-neutralité monétaire et viscosité ou rigidités des prix et des


salaires
•Les viscosités ou rigidités des prix et des salaires sont des
comportements économiques se traduisant par un ajustement différé du niveau
général des prix. Elles traduisent le fait qu’une impulsion monétaire ne se solde
pas instantanément en augmentation du niveau général des prix.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Les comportements microéconomiques à la source de ces rigidités se


retrouvent dans les contrats de travail, les syndicats…[Gordon (1980) ; Stiglitz
(1984, 1987) ; Mankiw (1985) ; Mankiw et Romer (1991) ; Romer (1993)].
•En effet, la rémunération de la main-d’œuvre est généralement fixée à
l’avance, en termes nominaux, pour une durée plus ou moins importante.
•Ces salaires sont négociés sur la base d’anticipations de prix formées par les
employeurs et les salariés. Par conséquent, la seule existence des contrats de
travail suffit à expliquer une certaine rigidité à court terme des salaires
nominaux.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

22-Non-neutralité monétaire, avantages informationnels du secteur


public et asymétries informationnelles
•L’information n’est pas transparente sur les marchés, elle n’est presque jamais
complète et gratuite pour tous.
•Cette situation conduit les transactions sur un marché à s’opérer entre deux
individus dont l’interaction ne conduit pas à un prix d’équilibre.
•Le prix, vecteur d’information dans l’analyse classique s’avère incapable
d’informer de la rareté du bien échangé.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Les tenants de la Nouvelle Economie Keynésienne partent de cette


hypothèse et montrent que l’asymétrie d’information est source de rigidités et
en définitive de non-neutralité : les agents sont rusés, opportunistes et
n’hésitent pas à tricher.
•Selon George Akerlof (1970), l’agent victime de l’asymétrie d’information est
face au risque de « sélection adverse » qui va le conduire à faire le choix du
mauvais postulant à l’embauche, du mauvais produit ou du mauvais crédit de
financement.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Appliqué au marché du travail, il y a asymétrie d’information entre le


salarié qui sait ce qu’il vaut et qui gère l’intensité de son effort au travail, et
l’employeur qui ne peut évaluer entièrement son salarié ni le surveiller en
permanence.
•Pour Carl Shapiro et Joseph Stiglitz (1984), les auteurs de la théorie du
salaire d’efficience, l’employeur, du fait de l’ignorance de l’effort fourni par
l’employé cherchera à payer un salaire élevé, destiné à lui empêcher de
changer de travail.
•Par conséquent, l’équilibre sur le marché du travail sera caractérisé par un taux
de salaire supérieur à celui qui prévaudrait en l’absence d’asymétrie
d’information, ce qui provoque en conséquence, un certain «chômage
involontaire ».
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•En conclusion, ce sont les relations employeurs/employés qui produisent une


rigidité à la baisse du salaire, manifestation d’un accord, d’un arrangement
mutuellement avantageux, même si cet arrangement génère des exclus.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

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- La préférence pour la liquidité -

•B/ La fonction de réserve de valeur et préférence pour la liquidité :


La fonction réserve de valeur revient à considérer la monnaie comme un
actif, comme un bien capital à mettre sur le même plan que les actifs
réels ou financiers.
•Détenir de la monnaie en tant que réserve de valeur, c’est exprimer une
préférence pour la liquidité (Keynes).
•Ce n’est pas la fonction essentielle qui définit la monnaie dans la mesure où il
peut exister, dans une économie, d’autres réserves de valeur qui sont plus
appropriés, plus adéquat que la monnaie [les actifs financier : les titres ; les
biens immobiliers ou encore, d’autres catégories (les œuvres d’art)] qui sont
aussi des réserves de valeur.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Ces actifs permettent de conserver de la valeur, c’est-à-dire, de la richesse.


La monnaie en tant que réserve de valeur partage ce rôle avec
d’autres actifs qu’ils soient financiers ou réels (œuvres d’art).
•Dans ces conditions, la monnaie peut être considérée comme un élément
parmi d’autres dans le patrimoine des agents qui est une collection d’actifs
qui peut évoluer à la hausse comme à la baisse.
•La fonction réserve de valeur revient à considérer la monnaie comme
un actif, comme un bien capital à mettre sur le même plan que les
actifs réels ou financiers.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

1-la monnaie possède un aspect dynamique (intervient dans le


temps).
•J. M. Keynes dans La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la
monnaie en 1936 : « L’importance de la monnaie découle
essentiellement du fait qu’elle constitue un lien entre le présent et
l’avenir ».
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Dans une économie monétaire, un agent peut scinder l’échange en deux


opérations différentes qui interviennent à des moments différents. Par exemple,
l’agent vend des biens contre de la monnaie et cette monnaie va servir, plus
tard, pour acheter d’autres biens.
•Autrement dit, la monnaie est un moyen d’échange qui permet de transférer
du pouvoir d’achat dans le temps. Entre les deux transactions, elle sert à
conserver un pouvoir d’achat. On dit que la monnaie est un « droit différé »
sur le bien. On constate que la monnaie possède un aspect dynamique
(intervient dans le temps).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

2-l’absence de synchronisation entre les revenus et les dépenses des


agents économiques
•La monnaie, en tant que réserve de valeur, permet à l’agent éco d’effectuer
des choix intertemporels (choix séquentialisés dans le temps). Cette
monnaie est détenue sous forme d’encaisses qui servent de réserve de pouvoir
d’achat aux agents.
•Ces encaisses monétaires se justifient essentiellement par l’absence de
synchronisation entre les revenus et les dépenses des agents
économiques.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Les agents désirent détenir des encaisses monétaires car l’avenir est
incertain.
•Face à des dépenses ou des recettes futures imprévues, les agents souhaitent
conserver aujourd’hui un certain pouvoir d’achat sous forme monétaire.
•La constitution d’encaisses monétaires en vue de conserver de façon
temporaire du pouvoir d’achat (résultat d’un choix délibéré des agents) et ces
encaisses monétaires constituent en fait une demande de monnaie de la part
de ces agents.
•On s’aperçoit donc, qu’il y a un lien direct entre la fonction réserve de valeur et
la demande d’encaisses monétaires.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Souvent, la monnaie, dans le cadre d’une économie, dans sa forme réelle, est
représentée par les billets et les pièces ainsi que les dépôts à vue, les comptes
courants que les agents éco ont auprès du système bancaire.
•La monnaie représentée au sens strict, comparé aux autres actifs, n’est pas
forcément la meilleure réserve de valeur, dans la mesure où détenir des billets,
des pièces ou des dépôts à vue, ne rapportent pas d’intérêts comparé aux
autres placements et ceci d’autant plus, que sa valeur réelle diminue avec
l’inflation.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

3-Pourquoi la monnaie est-elle détenue ? Monnaie en tant que


réserve de valeur et l’intermédiaire des échanges.
•Parce qu’elle est aussi un intermédiaire des échanges (simultanément) qui
permet de transférer du pouvoir d’achat dans le temps. Elle est détenue en tant
que moyen d’échange futur.
•La monnaie en tant que réserve de valeur, et comparativement aux
autres réserves de valeur, possède une propriété : celle d’être liquide,
qu’elle est immédiatement disponible dans les échanges et cela, sans coûts de
transformation et sans risques.
•Cette liquidité permet de s’acquitter d’une dette sans coûts et sans risques.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Détenir de la monnaie en tant que réserve de valeur, c’est exprimer


une préférence pour la liquidité (Keynes).
•L’essence de la monnaie réside dans sa circulation d’où l’importance de la
fonction de l’intermédiaire des échanges.
•La monnaie représente un droit sur les biens, un droit qui peut s’exercer
immédiatement ou qui peut être différé. La monnaie permet d’établir une
continuité de l’échange dans l’espace mais aussi dans le temps, à travers sa
fonction de réserve de valeur.
•Ces deux fonctions sont liées : cela est dû au fait que la monnaie est un
actif liquide.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

C/ Les motifs de la détention de monnaie (préférence pour la


liquidité)
•La notion d’encaisse désirée ou de celle de préférence pour la
liquidité : pour Keynes, il s’agit de la détention d’une somme de monnaie
liquide ou « encaisse » que chaque individu désire garder par devers lui (en sa
possession) sous cette forme liquide pour pouvoir faire face à un certain
nombre de besoins…
•Keynes retient 3 principaux motifs : - Transaction - Précaution -
Spéculation
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Précision : La demande de monnaie pour les transactions (courantes ou


imprévues) est fonction essentiellement du revenu courant des agents
économiques.
•Keynes élargit cette notion en distinguant les encaisses de
transactions (liées à la structure du système financier, aux dépenses
courantes, à la fréquence, la régularité des recettes et leur coordination avec
les paiements à effectuer) et les encaisses de précaution (liées au besoin de
disposer d’encaisses de transactions supplémentaires pour faire face à des
dépenses imprévues).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

1-Le motif de transaction ( courantes ou imprévues)


•Pour effectuer des transactions courantes (biens et services), les agents
économiques ont besoin de constituer une encaisse monétaire : Keynes
subdivise le motif de transaction en deux sous motifs :
•un motif de revenu
•et un motif professionnel.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Le motif de revenu concerne d’avantage les ménages :


•« Il correspond au désir de combler l’intervalle de temps entre
l’encaissement et le décaissement du revenu, ce motif intervient avec
une force qui dépend du montant de revenu et de la longueur de cet
intervalle ».
•On retrouve cela chez Pigou et Marshall : non synchronisation dans le temps
entre revenu et dépenses qui conduit les agents à détenir une encaisse
monétaire pour effectuer des échanges. Plus le montant du revenu est élevé et
plus l’encaisse monétaire sera importante ceteris paribus.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Le motif professionnel concerne d’avantage les entreprises (même idée).


•« Ce motif exprime le souhait de combler l’intervalle entre l’époque
où on assume des frais professionnels et celle où on encaisse le
produit de la vente.»
•Pour les entreprises, le déterminant principal est le niveau de la production
courante ; au niveau global – macro, c’est le niveau du PIB pour l’ensemble des
entreprises ou le revenu global. Globalement, la demande de monnaie pour
motif de transaction dépend du revenu courant et ce revenu courant est un
revenu de sous-emploi.
•C’est la non-synchronisation entre les recettes et les dépenses des agents
économiques qui justifie que ces derniers désirent détenir une encaisse
monétaire.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

2-Le motif de précaution (courante ou imprévue)


•Chez Keynes, un élément fondamental de sa théorie est la présence
d’incertitudes concernant l’avenir et notamment, l’incertitude qui concerne un
agent particulier : les entreprises et les ménages.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Le motif de précaution est lié à l’incertitude caractérisant certains aspects de la


vie économique des agents et la demande de monnaie pour ce motif-là doit
s’interpréter, selon Keynes, comme « le souci de parer aux éventualités
d’une dépense soudaine ; l’espoir de profiter d’occasions non prévues
d’achat avantageux et enfin, le désir de garder un avoir de valeur
nominale immuable [conservant la valeur] pour faire face à une
obligation future stipulée en monnaie. »
•La demande de monnaie pour motif de précaution va dépendre de la valeur
des demandes futures imprévues ou de dépenses futures imprévues (dépenses
soudaines).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Comment évaluer ces dépenses futures imprévues ?


•Le bon indicateur est le revenu courant pour Keynes (variable proxi) :
corrélation positive entre revenu courant et dépenses monétaires futures
imprévues. Plus le montant des dépenses futures imprévues est élevé (toutes
choses égales par ailleurs) et plus l’encaisse monétaire pour motif de
précaution doit être élevée. Plus le revenu courant est élevé, plus la demande
de monnaie pour motif de précaution est grande (ceteris paribus).
•À ce stade, Keynes s’interroge : grader de la monnaie, de la richesse…
pourquoi les agents, détiendraient-ils de la monnaie pour faire face à des
dépenses imprévues et non pas des actifs financiers notamment des obligations
qui rapportent l’intérêt ?
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Par définition, ces actifs financiers ne sont pas parfaitement liquides.


•La raison qui fait que les agents détiennent de la monnaie plutôt que des titres
c’est que détenir des titres en précaution de dépenses imprévues comporte des
risques puisque pour effectuer une transaction future, il faudra vendre les titres
détenus et le risque est la perte de capital au moment de la revente du titre sur
le marché des titres : c’est le risque que le cours du titre baisse dans le futur.
•Ce risque de perte en capital est lié à l’incertitude concernant l’évolution future
du taux d’intérêt.
•Il existe une relation entre le prix (= le cours d’un titre) et le taux d’intérêt.
Cette relation est une relation inverse : plus le taux d’intérêt est faible et plus le
cours du titre sera élevé (et inversement).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Dans le chapitre 13 de la théorie générale, Keynes fait dépendre la


demande de monnaie pour motif de précaution de ces deux variables. Il va
évoluer dans le même ouvrage et dans le chapitre 15, il dit que le rôle du taux
d’intérêt sur la demande de monnaie pour motif de précaution joue un rôle
secondaire :
•on peut retenir en première approximation que la demande de monnaie
pour motif de précaution dépend uniquement de la variable
prépondérante qu’est le revenu courant.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Keynes néglige l’influence du taux d’intérêt sur la demande.


•(chap 13) f (Y,i)
•(chap 15) f (Y) relation croissante.
•La liaison entre la demande de monnaie et le taux d’intérêt apparaît dans
l’analyse du 3e motif de détention de la monnaie qu’est le motif de
spéculation. Comme pour le motif de transaction, c’est la fonction
d’intermédiaire des échanges qui est mise en évidence pour le motif de
précaution puisque la demande de monnaie pour ce motif est pour faire face
aux dépenses imprévues.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

3-Le motif de spéculation


•Pour Keynes, détenir de la monnaie pour motif de spéculation s’inscrit dans la
problématique d’une gestion optimale de portefeuille par l’agent et pour
laquelle il y aurait un arbitrage à faire entre détenir des titres et détenir de la
monnaie. Les agents vont spéculer sur la valeur des titres pour éviter
des pertes en capital et pour obtenir des gains en capital.
•Les agents économiques conservent aussi des encaisses pour pouvoir acheter
ou vendre des obligations en fonction des gains ou pertes en capital anticipés,
selon l’évolution prévue du taux d.intérêt.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•En fonction de l’évolution des taux d4intérêts courants et de celle qu.ils


anticipent, les agents économiques vont donc conserver des obligations plutôt
que de la monnaie ou l’inverse.
•Et pour pouvoir effectuer cet arbitrage, ils conservent des encaisses
monétaires au-delà de ce que le seul motif de transaction exigerait.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Keynes, chapitre 15 : « A strictement parlé, le montant de monnaie que le


motif de transaction et le motif de précaution décide un individu à détenir (M1)
n’est pas indépendant du montant qu’il conserve pour le motif de spéculation
(M2). Cependant, c’est une première approximation légitime de considérer que
ces deux catégories sont dans une large mesure indépendante l’une de l’autre.
(…) Au regard de ces deux compartiments de la masse monétaire totale
demandée [M1 et M2], nous avons deux fonctions de liquidité L1, L2. L1
dépend principalement du montant du revenu [L1(Y)] et L2 dépend
principalement de la relation entre le taux d’intérêt courant et l’état de la
prévision [L2(i)]. L’incertitude au sujet des variations futures du taux de l’intérêt
est la seule explication intelligible de la préférence pour la liquidité de type L2
qui justifie la conservation d’un avoir liquide M2. »
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Dans ce schéma, la monnaie n’est plus neutre :


•il existe une interaction entre la demande de monnaie et l’activité économique
puisque pour Keynes le taux d.intérêt joue un rôle central dans la décision
d’investissement et, par ce canal, sur le niveau de l’activité.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•la trappe à la liquidité.


•La principale critique adressée à l’analyse keynésienne est la trappe
à la liquidité : il existe un taux d’intérêt minimal pour lequel la demande de
monnaie devient infinie. Cette trappe à la liquidité va faire dire à Keynes que la
politique monétaire dans certains cas, peut être inefficace pour la régulation de
l’activité économique.
•Il y aurait en quelques sortes une hiérarchie des politiques économiques :
politique budgétaire plus efficace que la politique monétaire défendue par le
libéral conservateur Milton Friedman (chef de file de l’école monétariste).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

III- L’analyse keynésienne et néo-keynésienne de la demande de monnaie-


- La préférence pour la liquidité -

•Si i < i min, les individus préfèrent détenir de la monnaie à des titres et
Keynes nous dit que lorsque le taux d’intérêt atteint ce niveau minimal,
l’économie tombe dans la trappe à liquidité et la demande de monnaie
non contrainte devient infinie càd parfaitement élastique au taux d’intérêt.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

•Les monétaristes et notamment M. Friedman ont élargi l’analyse


classique en faisant de la demande de monnaie la recherche de la part
optimale de la monnaie au sein du patrimoine, au sens large, des agents
économiques.
•Friedman estime que la variable prépondérante de la demande de monnaie
des agents économiques sur longue période était le revenu permanent. Les
autres variables jouant un rôle secondaire. (…)
•Le modèle de demande de monnaie de FRIEDMAN a joué un rôle décisif
dans l’affaiblissement de la popularité du modèle keynésien parmi les
économistes et au sein des organisations internationales dans les années
soixante et soixante-dix.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

A/ Demande de monnaie et diversification du patrimoine : La demande


de monnaie comme résultat d’un choix de composition d’un patrimoine, comme
un choix de composition d’actifs composant ce patrimoine.
•Friedman est un libéral par opposition à l’interventionniste et il entend
reformuler la théorie quantitative de la monnaie (Fisher, Marshall, Pigou) en
affirmant fermement que la théorie quantitative est une théorie de la demande
de monnaie. Cette reformulation se fait également en lui donnant des
fondements microéconomiques.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

•L’analyse proposée par Friedman se rapproche de manière assez


paradoxale de l’analyse keynésienne dans la mesure où elle conçoit la demande
de monnaie comme résultat d’un choix de composition d’un patrimoine, comme
un choix de composition d’actifs composant ce patrimoine.
•Chez Keynes, le choix était un arbitrage entre monnaie et titres. Chez
Friedman, le choix d’actif est plus large puisque l’arbitrage porte sur divers
actifs mais également sur les actifs réels (biens immobiliers en particulier et le
capital humain).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

B/ La richesse peut prendre 5 formes principales, 5 formes d’actifs


•Schématiquement, le patrimoine, ou la richesse, d’un individu se
compose de cinq éléments :
•La monnaie : elle se distingue des autres formes de richesse par le fait
qu’elle est le seul élément dont la valeur nominale est fixe
•L’obligation : actif financier non monétaire dont le « prix » varie.
•L’action : actif financier non monétaire dont le « prix » varie aussi, mais
différemment des obligations.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

•Les biens physiques : biens meubles et immobiliers.


•Le capital humain : l’individu lui-même. On ne peut donc pas
définir son « prix relatif », son « taux de rendement ». On doit
supposer que la demande de monnaie dépend – au cours du temps
– du rapport w entre la richesse humaine et la richesse non
humaine, ou entre le revenu de la richesse humaine et le revenu de
la richesse non humaine.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

C/ Les actifs: Les actifs financiers et les actifs réels sont en concurrence avec
les actifs monétaires.

•Les actifs monétaires : le rendement pécuniaire est nul en termes d’intérêts


mais Friedman dit qu’il existe un rendement non pécuniaire qui est lié au
service que la monnaie rend du fait de sa détention car elle permet l’échange.
•Les services rendus par la monnaie peuvent être représentés par le prix de la
monnaie Pm qui représente la quantité moyenne de biens et services que
permet d’acheter une unité monétaire.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

•De manière générale, c’est le niveau général des prix. Plus le prix de la
monnaie est élevé, plus les services rendus par la monnaie sont importants et
plus les agents voudront détenir de l’argent dans leur patrimoine.
•Donc, le rendement non pécuniaire de la monnaie est inversement
proportionnel au niveau général des prix (plus le niveau général des prix est
élevé, plus les agents auront tendance à détenir moins de monnaie dans leur
patrimoine) : 𝑃𝑚= 1/𝑃 avec P : le niveau général des prix.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

•Il y a deux catégories d’actifs financiers :


•Les actifs financiers à revenu fixe : L’obligation est l’actif type qui génère un
revenu constant de période en période. Le fait de détenir ce type d’actif génère,
selon Friedman, un rendement global qui comprend deux éléments : le taux
d’intérêt associé à cet actif mais aussi les plus values, moins values en capital
liées à la revente éventuelle de cet actif sur les marchés financiers.
•Les actifs financiers à revenu variable : Il y a les actions
•Les actifs réels : par exemple, biens immobiliers. Ce sont des stocks et des
actifs physiques.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

D/Les Hypothèses du modèle


•Pour Friedman, la demande de monnaie des agents économiques dépend des
facteurs suivants:
•H.1. La richesse totale : La richesse est définie par Friedman comme
l’ensemble des sources de revenus que possède un individu, y compris la
capacité productive de l’individu lui-même, càd son capital humain. Dans la
richesse, il y a les revenus des actifs monétaires, financiers, des actifs réels
mais également les revenus issus du capital humain : revenu issu du travail.
•De façon plus précise, la richesse totale de l’agent est représentée par la
valeur actualisée de tous les revenus que peut recevoir l’individu dans
la futur y compris, d’un point de vue théorique et pratique, par ses
descendants.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

• H.2. Les prix – et donc les taux des rendements comparés des divers
éléments du patrimoine : Conserver de la monnaie permet d’économiser des
coûts d’information (que nécessite une gestion visant à la trésorerie zéro) et
des coûts de transaction. En revanche, la monnaie est généralement peu ou
pas rémunérée et elle se dévalorise avec l’inflation, alors que les titres ou les
biens réels résistent mieux à l’érosion monétaire…

•H.3. Les goûts et les préférences des « détenteurs ultimes » de la
richesse
•Les préférences des agents et notamment leur attitude vis-à-vis du risque.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

E/ Le rôle des anticipations adaptatives d'inflation et la neutralité


monétaire stabilisante sur l'activité Ou Le modèle de demande de
monnaie de M. Friedman
•Au cœur du passage de la notion de neutralité à celle de super-
neutralité, se trouve la révolution des anticipations. Avec les anticipations
adaptatives d’inflation, était affirmé le principe de neutralité monétaire
stabilisante sur l’activité.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

•Selon Milton Friedman (1956), les agents économiques forment leurs


anticipations à chaque période en tenant compte de l’évolution de la variable
considérée et de leurs erreurs d’anticipations passées.
•Appliqué à la politique monétaire, cela revient à dire que les anticipations
d’inflation sont davantage tournées vers le passé que vers le futur ; entrainant
une incidence des grandeurs monétaires sur les grandeurs réelles.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

•Cette incidence dépend toutefois de la vitesse avec laquelle les agents


économiques se rendent compte qu’ils sont victimes d’une illusion monétaire.
En effet, à mesure que le temps passe, ils intègrent leurs erreurs et corrigent
leurs anticipations. Par conséquent, pour maintenir la dynamique de l’activité,
les autorités devront procéder à des surprises successives en termes de
création monétaire.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

•M. Friedman part de cette nécessité de procéder à des surprises successives


en termes de création monétaire pour montrer l’inutilité de la politique
monétaire à court terme, ses dangers à long terme et surtout, l’importance
d’une approche basée sur la neutralité monétaire.
•Dans ce cas, un peu d’inflation permet d’obtenir à court terme une
progression du produit, voire de l’emploi.
•Toutefois, les ménages s’aperçoivent très vite que l’inflation générée par cette
politique monétaire expansionniste annule l’augmentation des salaires
nominaux, laissant inchangés leur salaires réels.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques

IV-la demande de monnaie chez les monétaristes : L’analyse de M. Friedman

•De leur côté, les producteurs vont s’apercevoir que cette augmentation a
suscité une hausse des coûts de production. Par conséquent, ils revoient à la
baisse le salaire nominal des employés, afin de compenser les effets de
l’inflation sur les coûts.
•Cette situation se traduit par un retour du chômage à son niveau
antérieur, avec un supplément d’inflation. Ce qui suppose qu’à la période
suivante, le seul moyen de réduire le chômage consiste à surprendre à nouveau
les agents économiques.
•Cette dynamique montre toutefois que les performances en matière d’emploi
obtenues à CT s’évanouissent très vite à moyen terme, laissant une inflation
toujours plus forte.
Module: Économie Monétaire et Financière II

FSJES - Marrakech
2021- 2022
è La problématique

En l936, Keynes expose dans son ouvrage majeur Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie
une conception de l'économie très largement différente de celle qui prévaut à l'époque : l'analyse
néoclassique. Celle-ci, qui nie toute possibilité de crise du fait de l'autorégulation de l'économie, est contredite
par la grande dépression de 1929. Les explications de circonstances des économistes libéraux, résisteront
mal aux apports de Keynes qui, en remettant en cause les postulats principaux de l'analyse néoclassique,
démontrera la nécessité de l'intervention de l'État dans l'économie.

Le débat qui s’établit entre les idées de Keynes et de Friedman se centre autour des préoccupations
suivantes :

- Quel doit-être le rôle de l’Etat en matière de politique économique ?

- Doit-il, ainsi que le préconise Keynes, intervenir pour éviter la dépression et le chômage ou, au
contraire, comme l’affirme Friedman, s’abstenir et laisser jouer le marché ?

è Les auteurs : John Maynard Keynes et Milton Friedman

A) J. M. KEYNES – 1883-1946 (voir sa biographie dans un précédent dossier).

B) MILTON FRIEDMAN (né en 1912).

Né en 1912 à New York, dans le quartier populaire de Brooklyn, Milton Friedman est souvent
considéré comme l'anti-Keynes. L'ironie du sort fait que ce descendant direct de la pensée libérale
néoclassique obtiendra son doctorat en 1946, l'année de la mort du « Maître de Cambridge ».
En 1947, Friedman rejoint la Société du Mont Pèlerin fondée par une autre grande figure du
néolibéralisme : Friedrich Von Hayek. Ce « club » a pour vocation de dénoncer les effets pervers des
politiques interventionnistes tout en prônant un ultralibéralisme.

Friedman va devenir la principale figure du courant monétariste et le chef de file de l'université de


Chicago dont il fera un « bastion anti-keynésien ».

Une première opposition à la pensée keynésienne portera sur l'interprétation de la crise de 1929. Là
où Keynes voyait l'insuffisance de la demande effective et un capitalisme incapable de s'autoréguler,
Friedman ne voyait qu'un concours de circonstances et une erreur de politique monétaire, considérant
que l'économie américaine des années 20 était fondamentalement saine, c'est-à-dire pas encore
«contaminée» par l'État-providence.
De la fin de la Seconde Guerre mondiale au début des années 70, les « Trente Glorieuses » sont
dominées par le Keynésianisme triomphant. Certes, il y a une inflation rampante, mais on considère
que c'est le prix à payer de la croissance et du plein emploi. Friedman assumera sa relative traversée
du désert sans relâcher ses critiques à l'égard du Keynésianisme.
Dans sa Théorie de la fonction de consommation, 1957, il critiquera (avec le concept de revenu

1
permanent) la thèse keynésienne selon laquelle la consommation à court terme est déterminée par
les variations du revenu. (voir un peu plus loin).

Dans son principal ouvrage de 1968 : Inflation et systèmes monétaires, Friedman développe une idée
qui lui tient à cœ ur: « l'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire », c'est donc
une croissance excessive de la masse monétaire qui engendre l'inflation.

Il défend par ailleurs les changes flottants qui doivent selon lui aboutir à équilibrer les balances des
paiements.

La décennie 70 marque le début de la crise « actuelle » et sera caractérisée par la stagflation :


coexistence d'une croissance ralentie, d'une forte inflation et d'un chômage en augmentation. La
régulation keynésienne semble impuissante face à ce problème nouveau. La crise va donc propulser
Friedman au premier rang, lui qui dénonce depuis toujours les « erreurs keynésiennes » et dont la
pensée semble offrir une alternative.

En 1976, il reçoit le Prix Nobel et triomphe politiquement avec le « tournant monétariste » de la fin des
années 70, début des années 80. Ainsi, les autorités monétaires des pays capitalistes et même de
certains pays en développement (EX : le Chili) appliquent les principes monétaristes : à savoir le
contrôle de la progression de la masse monétaire.

Le débat avec les post-keynésiens (Galbraith, Barrère...) n'est pas pour autant clos car le
monétarisme n'est pas exempt de critiques et, à l'évidence, il n'a pas permis de sortir les pays
capitalistes de la crise.

LIVRE DE REFERENCE :

Inflation et systèmes monétaires, 1968.

è L’analyse keynésienne ou la justification de l’intervention des pouvoirs publics

A) L'économie livrée à elle-même n'est pas autorégulée

Selon J.B. Say, un des pères de l'école classique, les crises économiques sont impossibles dans un contexte
de libre fonctionnement des marchés. Sa « loi des débouchés » présentée en 1803 dans son Traité
d'économie politique, prétend le démontrer. En la réfutant, dans son ouvrage La Théorie générale, Keynes
trouve un point d'appui décisif à sa réflexion.

1) La réfutation de la loi de Say

- Rappel de la loi des débouchés

Toute crise de surproduction s'avère impossible dans la mesure où le montant des ventes des
entreprises (somme des valeurs ajoutées) en étant intégralement reversé et reparti entre les salariés
et les capitalistes sous forme de revenus, assure un débouché à la production.

L'épargne, loin d'être une fuite, sert intégralement au financement de l'investissement via le marché
des fonds prêtables (= marché des capitaux). Intégralement car, pour J. B. Say, la monnaie n'est
utilisée et désirée que pour le produit qu’elle permet d’acheter. Elle n’est qu’un intermédiaire dans les
échanges. Elle est demandée pour un motif de transaction uniquement. Comme elle n’est pas
demandée pour elle-même, elle n'est donc pas thésaurisée (NB : la thésaurisation est le fait de mettre
de l’argent de côté sans le dépenser ni même le faire fructifier).

Les revenus sont donc bien dans leur totalité réinjectés dans l'économie.

Dans un monde aussi bien réglé, toute possibilité de crise est écartée. Loin d’en être convaincu,
Keynes va réfuter cette loi contribuant ainsi à déstabiliser tout l’édifice néoclassique.

2
- La réfutation de Keynes

La critique de la loi de Say s'articule autour de la notion de fuite monétaire.

Selon Keynes en effet, la monnaie n'est pas seulement demandée pour des motifs de transaction
mais également pour des motifs de précaution (du fait de l'incertitude pesant sur l'avenir) et de
spéculation (la liquidité peut ainsi être « mise de côté » et être affectée à l'achat d'obligations lorsque
des opportunités se présenteront).

Ces deux dernières raisons (précaution et spéculation) de détenir des encaisses monétaires (=
sommes d’argent détenus par un individu) constituent une déperdition pour l'économie puisqu'il s'agit
d'encaisses oisives (=qui n’ont aucun effet d’entraînement sur l’économie).

Cette déperdition, en effet, met à mal la croyance selon laquelle l'offre créerait sa propre demande.

L'existence d'une thésaurisation rend dès lors possible, voir probable, des déséquilibres entre l'offre
et la demande et avec eux des crises de sous-consommation.

De fait, la crise de 1929 constitue bien pour Keynes le résultat d'une insuffisance de débouchés, et la
preuve de l'incapacité de l'économie à s'autoréguler.

2) La réfutation de la capacité des marchés à s’autoréguler

- La contestation de la conception libérale du marché du travail

Selon les néoclassiques, le marché du travail (comme tous les marchés) s'équilibre grâce à la
flexibilité des prix, ici le salaire. Un excès d'offre de travail (ou demande d'emplois) entraîne une
baisse du salaire qui permet à la demande de travail d'augmenter, en même temps qu'elle dissuade
certains offreurs de venir proposer leur capacité à travailler. Le marché tend alors vers un équilibre
stable correspondant à une absence de chômage involontaire.

Keynes quant à lui, ne croit ni en la flexibilité des salaires, ni même en l'existence d'un véritable
marché du travail.

Selon lui, les salaires, en terme réel, sont en effet considérés comme stables dans la mesure où les
salariés (et leurs syndicats) ne sauraient accepter une diminution de leur pouvoir d'achat.

De plus, et il s'agit du point fort de l'argumentation, le niveau de l'emploi nécessaire aux entreprises
varie en fonction de déterminants indépendants de ceux influençant le nombre total d'actifs (occupés
et inoccupés). L'équilibre entre l'offre et la demande de travail (= équilibre de plein emploi), appartient
dès lors plus à l'ordre du hasard et de la coïncidence qu'à celui d'un mécanisme autorégulateur « bien
huilé ».

Les déterminants du volume de la population active sont connus : facteur démographique (volume
des générations arrivant à l'âge de travailler, des générations parvenant à l'âge de la retraite et bien
sûr, poids de celles situées entre les deux), facteur sociologique (évolution du taux d'activité des
femmes et de celui des hommes), solde migratoire.

Or le niveau de l'emploi résulte, lui, de la demande effective. Celle-ci se définit comme la


demande anticipée en biens de consommation et en biens d'équipement par les producteurs (=
investissement des entreprises).

On le voit, rien n'indique a priori que le nombre d'emplois s'ajustera sur le nombre total d'actifs. Le
plein emploi est une situation possible parmi beaucoup d’autres mais elle n’est pas automatique.

En allant plus loin dans sa démonstration, cette « impression » se confirme. De quoi dépendent en
effet, la demande de biens de consommation et l'investissement ?

3
- Les déterminants de la demande effective

La demande en biens de consommation dépend du niveau de revenu et de la propension des


agents à consommer. Plus le revenu augmente, plus la consommation se redresse. Mais, précise
Keynes, moins que proportionnellement. La propension marginale à consommer (∆∆ C/ ∆ R) étant
inférieure à 1.

La demande en biens de production, elle, résulte de la comparaison de deux variables : le taux


d'intérêt et l'efficacité marginale du capital. Cette dernière variable intègre comme nous allons le voir
une dimension psychologique. La décision d'investir, véritable pari sur le futur, représente un risque
réel. L'entrepreneur va alors tenter d'anticiper les recettes futures liées à l'investissement, sur une
période suffisamment longue en les comparant au coût de financement de cet investissement mesuré
par le taux d’intérêt.

L'entrepreneur engagera les investissements dont l'efficacité marginale du capital est supérieure au
taux d'intérêt, et renoncera aux autres. La dimension psychologique intervient dans l'estimation des
recettes à venir, en la tirant plutôt vers le haut ou plutôt vers le bas selon que l’entrepreneur est plutôt
optimiste ou plutôt pessimiste.

Au total, le niveau d'emploi offert par les entreprises, en dépendant directement du taux
d'intérêt, de la psychologie des entrepreneurs, du revenu des ménages et de la propension à
consommer, n'a aucune raison de s'ajuster, sur le volume de la population active.

La différence entre les emplois offerts et les emplois demandés qui détermine le chômage
involontaire est voué à se maintenir, voire à s’aggraver.

- Le risque de maintien ou d’aggravation des déséquilibres

En effet, en cas de dépression, les ménages, inquiets de l'avenir, ont tendance à épargner davantage
en baissant leur propension à consommer. Il vont réduire leur consommation et augmenter leur
demande de monnaie pour un motif de précaution, préférant détenir de l’argent sous forme liquide (=
préférence pour la liquidité) pour faire face à l’imprévu. Un tel comportement va avoir pour
conséquence une augmentation du loyer de l’argent : à savoir le taux d’intérêt.

Du côté des entreprises, les recettes anticipées sont revues à la baisse et incitent (en faisant chuter
l'efficacité marginale du capital) à délaisser des investissements qui en d'autres temps semblaient
rentables.

Ce phénomène se trouvera renforcé par une probable hausse du taux d'intérêt évoquée plus haut qui
va renchérir le coût de financement de l’investissement.

Parvenu à ce stade de l'analyse, il ne fait plus aucun doute que les pouvoirs publics doivent intervenir dans
l'économie afin de stimuler la demande effective et par là l'emploi. Pour cela, il est nécessaire de pouvoir
encourager la consommation des ménages et l’investissement des entreprises.

Les deux moyens d'action dont dispose l'État sont alors la politique budgétaire et la politique monétaire
expansionniste. Destinées à agir dans un contexte économiquement malade, ces formes d'intervention
constituent, en somme, les thérapeutiques keynésiennes.

B) Les différentes modalités d'intervention de l’Etat selon Keynes

La politique budgétaire représente pour Keynes le moyen d'action privilégié, même si, la politique monétaire,
sous certaines conditions, peut être également efficace.

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1) Le multiplicateur d’investissement : fondement d’une politique budgétaire active

- Le principe du multiplicateur keynésien

La situation dans laquelle il est censé s'appliquer est, bien entendu, une situation de sous-emploi,
résultat d'une demande effective insuffisante. Grâce au jeu du multiplicateur, les pouvoirs publics
vont, à partir d'un supplément de dépenses d'investissement, relancer, stimuler cette demande
effective. Rappelons ici le principe.

Le multiplicateur révèle la présence d'un « levier » dans l'économie qui démultiplie l'effet d'une
hausse initiale de l'investissement. Description du mécanisme :

Une variation positive d'investissement de 1000 entraîne aussitôt une augmentation du revenu
distribué de 1000 (distribué aux entreprises et aux salariés concernés par les circonstances).

Donc dans un premier temps, si la propension marginale à consommer est de 0,8 par exemple, alors
la hausse de 1000 du revenu se traduit par une hausse de la consommation de 0,8 x1000 = 800 ;
tandis que l'épargne augmente, elle, de 200 (=1000 x 0,2).

Cet accroissement de la consommation de 800 se traduit alors dans un deuxième temps par un
revenu supplémentaire de 800 qui entraîne une consommation supplémentaire de 0,8 x 800 = 640
(l'épargne croît de 160).

NB : Le phénomène se propage tout en s'atténuant, pour finalement s'achever lorsque la somme des
épargnes générées égalise le montant du supplément d'investissement initial.

Au terme de la série d'impacts sur la consommation et le revenu, la variation cumulée du revenu


global correspond dans cet exemple à 5 000.

En effet, le multiplicateur keynésien est égal à k = 1/(1-c) où « c » représente la propension marginale


à consommer. D'où ici, k = 1/1-0,8 soit k = l/ 0,2 et finalement k = 5.

R = I x k où R représente la somme globale des revenus générés par


l’investissement initial I.

La découverte de cet effet par Keynes, constitue une information capitale pour les pouvoirs publics
puisqu'il apporte la preuve qu’une pénurie d'investissement privé déprimant la demande effective,
pourra être compensée par les effets secondaires puissants d'un investissement réalisé par l’Etat.

À la limite, l’intérêt pratique de l’investissement supplémentaire n’a que peu d'importance, dans la
mesure où le processus s'enclenche simplement sous l'influence de la dépense nouvelle. Keynes lui-
même écrit : « À une époque de chômage rigoureux, des travaux publics, même d'une utilité
douteuse, peuvent donc rapporter maintes et maintes fois ce qu'ils coûtent ».

Puisque la dépense publique a un effet multiplicateur sur l’activité économique, l'État dispose de
plusieurs moyens pour stimuler la demande effective à partir de sa politique budgétaire.

- Les modalités d’application de la politique budgétaire

. La mise en place d'investissements publics. Elle découle directement de la démonstration du


multiplicateur. De fait, Keynes, dans une lettre ouverte à Roosevelt, l'encourage, dès 1933, à lancer
une politique de grands travaux afin de sortir son pays de la crise.

. La relance de la consommation grâce à une fiscalité avantageuse. Celle-ci, en relevant le revenu


disponible, libère du pouvoir d'achat.

. L'engagement de fonctionnaires supplémentaires. Là encore, en « dopant » le pouvoir d'achat d'une


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partie de la population, l'État vise une relance de la demande effective.

Mais comment financer ces dépenses ?

Par l'emprunt ou éventuellement la création monétaire, préconise Keynes. Le financement par l'impôt
est en revanche à proscrire dans la mesure où, en ponctionnant d'une main ce qui a été donné de
l'autre, on neutraliserait la relance.

Le déficit budgétaire, conséquence de l'augmentation des dépenses pour un niveau inchangé de


recettes, se trouve ainsi légitimé et même préconisé. Il est à noter que le financement par l'emprunt,
dans l'esprit de Keynes, ne porte en aucun cas préjudice à l'investissement privé contrairement à ce
qu’affirme les néoclassiques.

Pour Keynes, l'investissement public engagé « produit », par le biais du multiplicateur, une épargne
supplémentaire égale à l’investissement réalisé au départ. Cette élévation du volume d'épargne
permet donc de lancer un emprunt étatique sans risque de concurrencer le secteur privé. Néanmoins
Keynes reconnaît qu'une possibilité de tension sur le taux d'intérêt existe bien.

La politique monétaire active (qui s'appuie sur la non-neutralité de la monnaie), constitue dès lors une
arme à prendre en compte par les dirigeants.

2) La non neutralité de la monnaie : fondement d’une politique monétaire active

- Pour Keynes, la monnaie n’est pas neutre…

L'analyse classique et néoclassique postulent la neutralité de la monnaie. Celle-ci n'affecte nullement la


sphère réelle de l'économie (consommation, investissement, emploi, production) et agit, selon
l'expression consacrée, comme un voile. On l'a vu avec J.B. Say, la monnaie ne sert qu'au titre de
moyen de paiement. Elle intervient uniquement en tant que « lubrifiant » des transactions. Ainsi, le
fonctionnement distinct de la sphère monétaire et de la sphère réelle fait perdre toute intérêt à une
politique voulant jouer sur la masse monétaire pour favoriser la production et l'emploi. La seule
conséquence constatée serait une augmentation générale des prix. On retrouve là les conclusions de la
très fameuse théorie quantitative de la monnaie (voir plus loin).

Keynes, dans sa Théorie générale parvient à invalider cette analyse en montrant qu’indirectement, par
le biais du taux d’intérêt, la monnaie agit sur le comportement des agents économiques. Ainsi, par
exemple, quand le taux est élevé, les agents, comme on vient de le voir, sont donc en droit d'espérer
des plus-values en revendant au moment favorable leurs titres. Il est temps de spéculer et d'acheter en
utilisant... la monnaie de spéculation. Par ailleurs, on l’a vu, le taux d'intérêt constitue un élément
déterminant dans la décision d'investir des entrepreneurs.

Or, le taux d'intérêt, en tant que variable monétaire, peut-être influencé notamment à la baisse par les
autorités publiques grâce à un accroissement de l'offre de monnaie. En augmentant l'offre de monnaie,
et par la baisse du taux d’intérêt qui en résulte, l'État peut modifier le comportement des agents
économiques au sein de la sphère réelle de l'économie. La théorie quantitative de la monnaie se
retrouve invalidée.

- Les effets attendus de la politique monétaire keynésienne…

La hausse de l’emploi constitue l’objectif final de la politique monétaire. Le moyen d’action est
le suivant : en augmentant l’offre de monnaie (= politique monétaire expansionniste) les
autorités monétaires obtiennent une diminution du taux d’intérêt qui agit sur le comportement
des ménages et des entreprises :

a) Des taux d’intérêt plus bas poussent les ménages à utiliser la monnaie pour des motifs de
transaction (consommation, investissement) plutôt que pour des motifs de spéculation ce qui a un effet
positif sur la demande globale et la demande effective.

b) la baisse des taux d’intérêt rend ainsi rentables des investissements qui, sinon, ne l’auraient pas été.
De plus, cette baisse des taux d’intérêt décourage les entreprises disposant d’une trésorerie

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excédentaire de placer leurs fonds dans l’achat de titres, les incitant au contraire à investir. On dirait
aujourd’hui que cela les incite plutôt à l’investissement productif qu’au placement spéculatif. Une telle
situation stimule la demande de biens de production et par là même la demande globale et la demande
effective.

Toutefois, le caractère imprévisible des réactions et des décisions des entrepreneurs face au choix
périlleux d’investir, amène Keynes à privilégier plutôt le recours à la politique bud
gétaire plutôt quà la
politique monétaire.

Les recommandations interventionnistes de Keynes se concrétisent peu à peu aux États-Unis et en


Angleterre dès les années 1930. Mais c'est la période d'après-guerre, avec les fameuses « Trente Glorieuses
» qui consacre l'efficacité des politiques conjoncturelles actives (= politique conjoncturelles d’inspiration
keynésienne). Cependant, l'opportunité de l'intervention de l'État dans l'économie sera largement remise en
question par la crise durable du début des années 1970 et, sur un plan théorique, par l'école de Chicago avec
à sa tête M. Friedman. Sa thèse marque le retour des idées libérales et tente de montrer que Keynes et ses
thérapeutiques sont, cette fois, bel et bien dépassés.

è Milton Friedman où le credo des mécanismes autorégulateur du marché

La crise des années 1970, présente des particularités inédites qui vont inciter à repenser le
fonctionnement de l'économie. Alors que dans le schéma habituel des crises, ; une baisse ou une
stagnation de la production s'accompagne d'une hausse du chômage et d'une chute des prix, la
récession, cette fois, cumule l'augmentation du chômage et celle des prix. Ce phénomène baptisé «
stagflation » résistant aux mesures politiques d’inspiration Keynésienne, permet aux thèses de Friedman de
rencontrer un certain succès. Celui-ci assure et tend à démontrer que les politiques interventionnistes sont
inefficaces et déstabilisantes. L'État doit alors se borner à créer les conditions d'efficacité du marché.

A) Les politiques interventionnistes sont inefficaces et déstabilisantes

1) La critique de la politique budgétaire keynésienne

- Le concept de revenu permanent à l’origine de la première critique

L'effet positif du multiplicateur keynésien repose sur des vagues d'augmentation successives de la
consommation provoquées par une hausse de revenu initiale. Au cœ ur de ce « mécanisme » se situe
la propension marginale à consommer, considérée par Keynes comme étant stable. Ainsi les agents
réagissent-ils toujours favorablement, en matière de dépense, à une élévation de leur revenu courant.

C'est cette stabilité et cette sensibilité induite que Friedman va remettre en cause. Il observe que les
agents ont une sensibilité faible et imprévisible à un accroissement de leur revenu courant. Son
hypothèse de revenu permanent tente d'expliquer ce résultat.

Le revenu permanent désigne, nous rappellent F. Aftalion et P. Poncet, (Le monétarisme coll. Que
sais-je ?), « le revenu que l'individu s'attend à recevoir pendant les années à venir, compte tenu de
ses revenus passés [...].»...

Les ménages vont alors adapter leur niveau de consommation non pas au revenu courant, comme le
pensait Keynes, mais au revenu permanent. Ce qui fait que même si leur revenu courant augmente
ou baisse, les agents conservent un volume de dépenses stable dans le temps.

Le multiplicateur keynésien en ressort considérablement fragilisé puisque son moteur s'avère, selon
Friedman, non seulement poussif mais aussi chaotique. La politique budgétaire est donc inopérante,
et même susceptible de déstabiliser l'économie en créant de l’inflation

- Le risque de dérapage inflationniste

Connaissant la lenteur des délais de décisions et d'application de toute politique inspirée du sommet
(lenteurs des politiciens, des administrations...), Friedman envisage les effets désastreux en termes
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de tensions inflationnistes qu’aurait une mesure de relance, décidée durant une période de
ralentissement, et dont les effets se produiraient alors même qu’une reprise économique est en train
de se produire.

- Les problèmes liés au financement de la politique budgétaire

Keynes privilégiait le financement par l'emprunt. Cette question trouve un éclairage nouveau avec
Friedman.

Concernant l'emprunt, l'école de Chicago prévoit un effet d'éviction préjudiciable à l'investissement


privé.

Les monétaristes émettent également une critique plus globale sur la place grandissante de l'État
dans l'économie. Ils craignent que le secteur privé en soit durablement perturbé, notamment dans ses
repères et ses décisions.

Concernant le financement par l'impôt, écarté par Keynes lui-même, il reviendrait à appuyer en même
temps sur le frein et l'accélérateur... car la pression fiscale qui s’impose aux agents économiques peut
pénaliser le travail et l’investissement les détournant progressivement de l’effort productif.

Reste le financement par création monétaire. Il constitue pour Friedman une source majeure de
poussée inflationniste et de ce fait doit être, lui aussi, proscrit. Cette dernière conviction, non
seulement disqualifie un peu plus la politique budgétaire jugée inefficace et déstabilisante, mais jette
également le discrédit sur l'arme monétaire. Pour Friedman en effet, la politique monétaire
expansionniste n'améliore la situation de l'emploi que de façon provisoire tout en accélérant
durablement le taux d'inflation. Sa démonstration se base sur la courbe de Phillips.

2) La critique de la politique monétaire et l’analyse de la courbe de Phililips

- La courbe de phillips

A l’origine la courbe de Phillips, publiée en 1858, est une simple relation constatée par son auteur
entre le taux de chômage et le taux de croissance des salaires au Royaume-Uni de 1860 à 1951. elle
va ensuite servir de base à une réflexion sur l’existence d’un choix entre chômage et inflation et sur
l’impact de la politique monétaire.

Cette courbe montre donc qu’un arbitrage est possible entre le taux de chômage et le taux d’inflation.
L’enseignement de la courbe est clair : les autorités peuvent faire baisser le taux de chômage
mais au prix d’une progression de l’inflation.

Taux
d’inflation
Courbe de Phillips : plus le taux d’inflation est élevé, plus le
taux de chômage st faible.

Taux de chômage

NB : Toutefois des études poussées concernant d'autres périodes et d'autres pays (notamment les
États-Unis durant les « Trente Glorieuses »), mettent à mal la relation de Phillips. Plus préoccupant
encore, à partir des années 1970, elle ne se vérifie absolument plus. Friedman appuiera alors une
part de ses travaux sur ce résultat, et démontrera que l'arbitrage chômage - inflation n'étant qu'une
illusion, la politique monétaire keynésienne qui repose indirectement sur cette relation doit être, elle

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aussi, abandonnée.

- La critique de la politique monétaire keynésienne

Le verdict de Friedman est sans appel : l'arme monétaire ne produit un effet positif sur l'emploi qu'à
court terme. Dès le moyen terme, le niveau de chômage antérieur réapparaît, accompagné
cependant d'un taux d'inflation supérieur à celui de l'ancienne situation. Ainsi, la politique monétaire
expansionniste s'avère inefficace et même nuisible.

Sa démonstration s'articule autour de la notion d'anticipations adaptatives. Adaptatives car les


agents anticipent en se basant sur les données du passé, en s'y adaptant. Si le taux d'inflation des
années précédentes a été, en moyenne, de 3%, ils prévoiront pour l'année à venir une hausse des
prix d'environ 3%.

Les autorités publiques vont alors pouvoir « profiter » de ce regard tourné vers le passé et non vers le
présent, pour tenter de relancer l'économie à l'aide d'une politique monétaire expansionniste. Celle-ci
va jouer sur l'effet de surprise... tant qu'il dure.

Prenons un exemple : le taux d'inflation anticipé pour l'année en cours s'élève à 3% . La politique
monétaire en accroissant l'offre de monnaie, autrement dit la quantité de monnaie en circulation,
génère en réalité une inflation de 5% . Que va-t-il se passer ?

Dans ce cas, « un peu d’inflation » permet d’obtenir à court terme, une progression de l’emploi, le
recul du chômage et l’augmentation de la production. Il y a une légère relance de l’activité
économique. Mais à court terme seulement car les agents vont s'apercevoir au bout d'un moment,
qu'ils se sont faits berner dans la mesure où ils s’aperçoivent que l’inflation générée par cette politique
monétaire expansionnsite annule l’augmentation des salaires nominaux et que leur salaire réel reste
inchangé. Du côté des entreprises, les entrepreneurs vont réaliser que cette évolution ne leur a rien
apporté de favorable si ce n’est une élévation des coûts de production.

Conséquences, le salaire nominal va être revu à la baisse par les employeurs afin de compenser les
effets de l’inflation sur les coûts. Les salariés attirés par les perspectives d’un meilleur pouvoir d’achat
du salaire, déchantent maintenant, et se retirent du marché du travail. Au total, le taux de chômage
revient à son niveau initial mais avec un taux d’inflation désormais de 5%.

Le seul moyen pour les autorités de faire reculer le chômage durant la prochaine période est de
surprendre encore les agents qui anticiperont selon la logique adaptative une inflation d'environ 4% .
Le taux d'inflation réel devra donc lui être sensiblement supérieur (au moins 6% ). Mais comme
précédemment, les résultats en matière d'emploi observés à court terme s'évanouissent dès le moyen
terme, laissant derrière eux une inflation toujours plus forte.

Friedman compare alors l'effet de l'inflation à celui de la morphine : « une dose de plus en plus forte
est nécessaire pour produire un résultat stable ».

Quoiqu’il en soit, la politique keynésienne bute fatalement sur ce que les monétaristes appellent « le
taux de chômage naturel » . c’est un taux en dessous duquel on ne peut pas descendre car il
dépend des structures du marché et de celles de l’économie c’est à dire du fonctionnement même de
l’économie, (EX :comportement des employeurs, des travailleurs, etc.). c’est en fait le niveau de
chômage que l’on observe lorsque l’économie fonctionne de manière « naturelle », c’est à dire
déterminé par le seul fonctionnement du marché et sans intervention de l’Etat.

Les politiques conjoncturelles sont bien vouées à l'échec. Par conséquent, l'État devra reconsidérer
son rôle dans l'économie, se limiter à des mesures s'inscrivant dans le long terme et favoriser le libre
fonctionnement du marché.

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B) L’Etat doit se limiter à garantir le fonctionnement le plus efficace possible du marché

1) La théorie quantitative de la monnaie : fondement de la politique monétaire

- L’équation de Fisher et la théorie quantitative de la monnaie

Cette équation va servir de fondement à la théorie quantitative de la monnaie.

D’un point de vue mathématique, elle s’exprime ainsi :

M.V = P.T ce qui s’interprète comme M x V = P x T

Avec - « M » le stock de monnaie ou masse monétaire ;


- « V » la vitesse de circulation de la monnaie ;
- « P » le niveau général des prix ;
- « Q » le volume de transaction pendant la période.

Sur un plan économique, elle s'énonce de la manière suivante : la vitesse de circulation de la monnaie
étant supposée stable à court terme, tout comme le volume des transactions, une augmentation de la
masse monétaire excessive par rapport au volume des transactions, se traduit nécessairement par une
hausse du niveau général des prix.

La politique monétaire préconisée par Friedman, découle de cette lecture.

- La politique monétaire préconisée par Friedman

Puisque l'utilisation de l'arme monétaire à des fins conjoncturelles déstabilise inutilement l'économie,
Friedman préconise que la politique monétaire respectent certains critères :

. Le but de la politique monétaire est de maintenir l'inflation à un niveau stable et modéré, sur le long
terme.

. Le moyen réside dans le contrôle de la masse monétaire. La masse monétaire doit augmenter en
rapport avec la croissance prévue de la production. Cela permettra d'éviter les dérapages inflationnistes
dont la cause pour Friedman «est toujours et partout la même : un accroissement anormalement rapide
de la quantité de monnaie par rapport au volume de la production». Néanmoins, il faut également veiller
à assurer un niveau de croissance monétaire suffisant afin qu'il n'étouffe pas la production comme cela
fut le cas durant la grande crise aux États-Unis.

Friedman précise que le rythme de croissance de la masse monétaire fixé par la Banque centrale devra
être le plus stable possible et être porté à la connaissance de tous dans le but de faciliter les
anticipations et la prise de décision.

À la lecture de tous ces critères, il apparaît nettement que la politique monétaire préconisée par
Friedman prend très exactement le contre-pied de celle décrite par Keynes. Keynes prônait
l'intervention, Friedman le retrait progressif.

- Le nécessaire retrait des pouvoirs publics

Faciliter le libre fonctionnement des marchés

À côté d'une politique monétaire rigoureuse, l'État s'emploiera à défaire les rigidités qui encombrent
l'économie et empêchent le retour automatique à l’équilibre expliquant ainsi un chômage important.

Il existe ainsi de nombreuses entraves au bon fonctionnement du marché du travail : elles prennent la
forme réglementations corporatistes et syndicales comme le salaire minimum, les arrangements
institutionnels tels que les régimes d'indemnisation du chômage ou les conventions limitant les
licenciements. L'action de l'État devra alors « dénicher » tout ce qui, sur tel ou tel marché spécifique,

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nuit à la concurrence et par conséquent, à l'emploi.
Les autorités publiques devront aussi faire preuve de créativité pour améliorer la circulation de
l'information, notamment sur le marché de l'emploi afin de diminuer le chômage frictionnel.

Des réformes touchant l'éducation nationale permettront de mieux préparer les futures générations aux
exigences du monde du travail. Friedman espère, par là , favoriser la baisse du chômage structurel
(inadaptation qualitative de l'offre de travail à la demande de travail).

- Une formule hybride mêlant libéralisme et étatisme est « sans issue » pour Friedman

Dans un article paru dans le quotidien Le Monde du 20 juillet 1999, Milton Friedman met en garde
contre toute tentative de concilier, comme solution alternative, libéralisme et étatisme. Il prend pour
exemple le cas des compagnies aériennes américaines « privatisées » et évoluant dans des aéroports
appartenant à l'État. Ce cas de figure illustre, selon lui, de manière significative la perte d’efficacité
inhérente à ce genre de formule. Le boom de l'activité, sur les lignes nouvellement déréglementées,
s'est ainsi retrouvé considérablement entravé par l'inertie et la lenteur de réaction des aéroports. « La
meilleure solution, conseille-t-il, consisterait à privatiser les aéroports, comme l'a fait la Grande-
Bretagne et comme l'Italie et la Pologne songent à le faire »...

Et l'auteur conclue par une recommandation : « s'il faut privatiser ou élaguer une activité publique,
faites-le complètement. Ne chercher pas un compromis grâce à une privatisation partielle ou à une
réduction partielle du contrôle étatique ».

Le message, pour le moins clair, réaffirme la croyance dans la toute puissance du marché.
L'économie tend vers la stabilité et la prospérité pourvu qu'on lui permette de se « déployer »
librement. On est bien loin de Cambridge...

Pour Keynes, il n'existe aucun pouvoir de rééquilibrage et de stabilisation susceptible de conduire au plein
emploi. L'économie livrée à elle-même ne se suffit pas, le laisser-faire peut coûter très cher à des millions
d’individus. L’Etat se doit par conséquent d’intervenir.

Pour Friedman, au contraire, l’économie dispose, tant qu’elle fonctionne sans entraves, de forces bénéfiques
(on peut penser à la main invisible de Smith) menant au plein emploi et à l’utilisation optimale des ressources.
L’économie se suffit à elle même. L’Etat se doit de ne pas intervenir, excepté pour libérer les marchés de
leurs entraves.

Après avoir dominé les « Trente Glorieuses », le keynésianisme semble avoir atteint ses limites face à la
crise. Dans un contexte d'internationalisation croissante des économies, les politiques de relance nationales
butent sur la contrainte extérieure.

La stagflation des années soixante-dix a mis au devant de la scène les thèses de Friedman.
Alors que dans les années soixante, les dirigeants des pays capitalistes étaient « tous keynésiens », à partir
des années quatre-vingt, peu ou prou, ils sont tous « monétaristes » en ce sens que l’impératif de désinflation
est bel et bien devenu le principal credo de la politique économique.
Aujourd'hui, la réduction du déficit de l'État est devenu un objectif prioritaire alors et le désengagement de
l'État est largement préconisé. Le débat demeure cependant entre interventionnistes et libéraux : les premiers
soulignent les effets récessifs des politiques monétaristes et considèrent que les taux d'inflation désormais
très faibles redonnent une marge de man œ uvre pour mener une politique active de lutte contre le chômage ;
les seconds considèrent qu'il faut maintenir le cap et continuer à réduire les dépenses publiques et les
prélèvements obligatoires.

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NOTE AU LECTEUR
Ce dossier constitue un effort de synthèse essentiellement réalisé à partir de deux ouvrages que sont:

- L’enseignement de spécialité en SES, Marie-Lise Fosse, Gérard Clérissi, CRDP des Pays de Loire,
1999.
- Sciences Economiques et Sociales – Enseignement de Spécialité – Baccalauréat, sous la Direction
d’Alain Bruno, Editions Ellipses, 2001.

Se voulant le plus synthétique possible et visant à donner aux élèves une vision globale d’une approche
théorique, ce travail peut paraître parfois partial et partiel mais je l’assume et t’invite, toi lecteur et toi
collègue à me faire part de tes critiques car tout est éminemment perfectible.

Pour me faire part de vos éventuelles remarques vous pouvez m’écrire à :


Pascal.Bailly@ac-grenoble.fr
Pascal Bailly – Professeur de Sciences Economiques et Sociales – Lycée A. Croizat – MOUTIERS (73)

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Université Cadi Ayyad

Présente
Module : Économie Monétaire et Financière II

Filière: Economie et Gestion – Semestre: 4 – Option: Gr.3

Cours du Professeur
ZAID Mohamed

Université Cadi Ayyad


Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
❑ Introduction: De Keynes à Hicks

❑ Le modèle IS-LM (J. Hicks 1937) : version formalisée des idées de Keynes,
une représentation algébrique et graphique d'un certain nombre de relations
posées par Keynes dans la TG.
❑ Apport principal : Détermination simultanée de l’équilibre sur deux
marchés: Marchés des biens et des services (IS) - Marché de la monnaie (LM).
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
I.L’équilibre sur le marché des biens et services : La courbe IS

1.Comment arrive-t-on à la condition I=S?


-Le cas d’un modèle bi-sectoriel-
Le niveau d’équilibre du RN peut se déterminer en termes I=S.
❑ Condition d’équilibre Keynésien: Y=DG
▪ Posons: Y = C + S et DG = C + I
▪ À l’équilibre Keynésien Y= DG
▪ On a donc C+S = Y = D = C+I,
soit en simplifiant I = S (Condition d’équilibre).
❑ Les deux conditions d’équilibre sont donc équivalentes :
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
I.L’équilibre sur le marché des biens et services : La courbe IS

2.La Condition d’équilibre Keynésien : OG= DG

❑ La consommation est fonction croissante du revenu disponible (dans ce


cas Y=Yd), soit:
avec, 0 < c < 1.
❑ L’investissement est fonction inverse (décroissante) du tx i d’intérêt ,
soit :
avec, e > 0.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
I.L’équilibre sur le marché des biens et services : La courbe IS

❑ La DG peut s’exprimer en fonction du RN (Y) et du tx d’intérêt ( i ).

❑ On en déduit que :

❑ Et finalement l’équilibre sur le marché s’écrit de la façon suivante:

ou

❑ On aboutit à l'équation de la fonction IS : L’équation d’équilibre IS.


Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
I.L’équilibre sur le marché des biens et services : La courbe IS

3.Détermination de la fonction IS à partir de la condition d’équilibre I=S


Avec comme indiqué plus haut:
❑ L’investissement :
avec, e > 0.
❑ L’épargne S (un « résidu ») est fonction croissante du revenu, soit :
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
I.L’équilibre sur le marché des biens et services : La courbe IS

❑ À l’équilibre :

❑ On a alors:
❑ D’où le revenu d’équilibre :

L’équation d’équilibre IS
▪ Cette condition d’équilibre implique que, pour chaque niveau de taux d’intérêt
(i), il existe un seul revenu Y qui assure l’égalité entre l’épargne et l’investissement
(I = S).
❑ Ou
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
I.L’équilibre sur le marché des biens et services : La courbe IS

4.La construction de IS
41.Le graphique (1) :
❑ Il décrit la liaison entre l'investissement et le taux d'intérêt et nous donne une
courbe décroissante correspondant à la fonction de l’investissement:

e : la part de l'investissement qui est immédiatement fonction du tx d’'intérêt.


Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
I.L’équilibre sur le marché des biens et services : La courbe IS

42.Le graphique (2) :


❑ Dans un repère orthogonal, tous les points d'égalité de l'investissement et de
l'épargne se trouvent sur la première bissectrice:
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
I.L’équilibre sur le marché des biens et services : La courbe IS

43.Le graphique (3) :


❑ Il représente la fonction d'épargne:
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
I.L’équilibre sur le marché des biens et services : La courbe IS

44.Le graphique (4) :


❑ Déduit des quadrants (1) et (3), nous donne l'ensemble des conditions
d'équilibre sur le marché des biens et services, soit la courbe IS:

❑ Lien entre les deux marchés pour la réalisation de l’équilibre IS.


Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
I.L’équilibre sur le marché des biens et services : La courbe IS

5.La courbe IS est décroissante.


❑ Courbe IS : le lieu géométrique des points représentants les différents couples
de valeurs (Y,i) pour lesquelles on a l'égalité I = S, càd l'égalité entre OG et DG.
❑ Le revenu d’équilibre varie en raison inverse de i : La courbe IS est donc
décroissante.
❑ Plus (i) est élevé, plus est faible le niveau de (I) et donc celui du (Y).
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
I.L’équilibre sur le marché des biens et services : La courbe IS

6. Illustration :
❑ Soit une fonction I d’équation :
I = 80 – 20i
Et une fonction S :
S = 0,2Y – 20
L’équation de IS est : I = S
80 – 20i = 0,2Y – 20
Y = 500 – 100i
Ou, i= 5 – 0,01Y
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM

1.Offre et demande de monnaie


❑ L’équilibre sur le marché de la monnaie s’obtient lorsque LD = M0.
11.La Demande de monnaie (LD)
❑ Deux motifs essentiels à la demande de monnaie (Keynes) :
▪ La demande de monnaie pour motif de transaction-précaution,
▪ et la demande de monnaie pour motif de spéculation.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM

❑ La demande de monnaie pour motif de transaction-précaution:


▪ Conserver des liquidités :Besoins des transactions , dépenses imprévues.
▪ la fonction LD pour motif de transaction-précaution:
LDt=L1(Y), avec L, la liquidité ; L’1(Y)>0.
On a alors,

LDt est fonction croissante du revenu

α: Coefficient de dépendance -revenu- de LDt.


αY : Proportion du revenu nominal détenu sous forme de monnaie.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM

❑ La demande de monnaie pour motif de spéculation :


▪ Détention de liquidités: achat à bas prix des actifs réels ou financiers et revente à
prix élevé.
▪ la forme générale de la fonction de LDS s'écrit : LDS= L2(i) ; L’2(i)< 0
On a :

i: tx d’intérêt.
Lo: Encaisse monétaire incompressible.
β : coefficient de dépendance, au tx d’intérêt, de LDS noté L(i).
▪ LDS est fonction décroissante du taux d’intérêt (i), bornée par imax où L2 = 0 et
imin où L2 = maximum.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM

❑ La demande de monnaie totale


▪ LD = LDt + LDs
LDt = αY et LDs = - βi + Lo
▪ On a alors :

▪ Le motif de spéculation prédomine.


▪ la courbe de demande totale de monnaie L(i,Y) : pente négative.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM

12.L’Offre de monnaie (M0)


▪ M0 : variable exogène, donnée, et indépendante de i.
▪ Fonction de la BC.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM

2.L’équilibre sur le marché monétaire: M0 = LD


Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM

3. De la Condition de l’équilibre à l’équation LM


❑ La Condition de l’équilibre : Mo = LD
▪ À l’équilibre :

▪ On a alors :

▪ D’où le revenu d’équilibre:

L’équation LM
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM

❑ L’équation LM:
▪ Elle relie l’ensemble des couples (Y, i) qui assurent l’équilibre sur le
marché de la monnaie.
▪ Cette condition d’équilibre implique que, pour une offre de monnaie (Mo)
et un taux d’intérêt (i) donnés, il existe un seul revenu (Y) qui assure
l’égalité entre la demande et l’offre de monnaie (Mo = LD).
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM

4. La construction de La courbe LM
41.Graphique (a) :
❑ LDs : une fonction décroissante du taux d'intérêt:
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM

42.Graphique (b) :
❑ Application de la condition d'équilibre : Mo = LD= LDt + LDs
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM

43.Graphique (c) :
❑ Il représente la relation positive entre la demande de monnaie et le niveau du
RN(Y).
❑ LDt est une fonction croissante du niveau du revenu Y:
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM

44.Graphique (d) :
❑ Il représente l'ensemble des combinaisons de taux d'intérêt (i) et de revenu (Y)
qui assurent l'équilibre sur le marché monétaire (Mo = LD).
❑ La courbe LM est au marché de la monnaie ce que la courbe IS est au marché
des biens et services.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM

5.La courbe LM est croissante


❑ On appelle courbe LM le lieu géométrique des points représentants les différents
couples de valeurs (Y, i) pour lesquelles on a l'égalité Mo= L (Y,i).
❑ La courbe LM exprime la relation croissante entre le niveau de revenu national
(Y) et le taux d’intérêt (i).
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM

6.Illustration:
❑ Soit un marché de monnaie caractérisé par les équations suivantes :
L’offre de monnaie est fixée à : M0 = 160
▪ La LDt (encaisses de transaction) : LDt = αY = O,4Y
▪ La LDs (encaisses de spéculation) : LDs = -βi + Lo = – 400 i + 40
▪ La demande totale de monnaie a pour équation :

▪ L’équation de la courbe LM est : 160 = O,4Y – 400 i + 40


d’où : Y = 1 000 i + 300  i = 0,001Y - 0,3
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM

1.L’équilibre global : le schéma IS-LM


❑ L'équilibre globale résulte de la conjonction des équilibres sur les deux
marchés déterminants: celui des biens et services et celui de la monnaie.
▪ L’équilibre sur le marché des biens implique que la production est une
fonction décroissante du taux d’intérêt.
▪ L’équilibre sur le marché de la monnaie implique que le taux d’intérêt est
une fonction croissante de la production.
▪ Le seul point auquel le marché des biens et le marché de la monnaie sont
simultanément en équilibre est le point E.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM

2.Le calcul de l’équilibre:

Soit,
❑ L’équation de IS (1) est :

Et,
❑ L’équation LM (2) est :
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM

❑ L’équilibre macroéconomique sera atteint lorsque:

Soit ,

D’où,

❑ NB. Il suffit ensuite de remplacer i par sa valeur dans l’équation IS (ou


l’équation LM) pour obtenir le revenu d’équilibre (Ye).
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM

❑ La courbe IS-LM:
▪ Le point E(Ye ,ie ) correspond à l'intersection des courbes IS et LM (Croix
Hicksienne). C’est le point qui assure l’équilibre simultané sur les deux marchés
des biens et de la monnaie.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM

3.Application :
31.Détermination équation IS:

❑ Soit le marché des biens et services caractérisé par les deux fonctions
suivantes:
▪ Une fonction d’investissement d’équation : I = I0 - ei = 80 – 20i
Et,
▪ Une fonction d’épargne : S = sY – Co = 0,2Y – 20
❑ L’équation de IS est: 80 – 20i = 0,2Y – 20
Y = 500 – 100i (1)
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM

L’équation IS: Y = 500 – 100i (1):


(1) i : taux d’intérêt.
(2) I = f(i)= 80 – 0,2i.
(3) La première bissectrice indique les points d’équilibre I=S : La condition
d’équilibre.
(4) Reporter S sur la fonction d’épargne : S = f(Y)= 0,2Y – 20,pour déterminer
le niveau du RN(Y) qui réalise l’équilibre I=S.
(5) les différents couples de valeurs (i ,Y) pour lesquelles on a l'égalité I = S, càd
l'égalité entre OG et DG.
▪ Conclusion: Pour chaque niveau de taux d’intérêt (i), il existe un seul revenu
(Y) qui assure l’égalité entre l’épargne et l’investissement.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM

32.Détermination de l’équation LM

❑ Soit le marché le marché de la monnaie caractérisé par les trois fonctions


suivantes:
▪ L’offre de monnaie exogène fixés au niveau de : M0 = 160
▪ La LDt (encaisses de transaction) : LDt = αY = O,4Y
▪ La LDs (encaisses de spéculation) : LDs = -βi + Lo = – 400i + 40
▪ La demande totale de monnaie a pour équation : LD = O,4Y – 400 i + 40
❑ L’équation de la courbe LM est : 160 = O,4Y – 400 i + 40
Y = 1000 i + 300 (2)
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM

L’équation LM: Y = 1000 i + 300 (2)


Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM

▪Le revenu et le taux d’intérêt d’équilibre sont tels que:

Soit : 500 – 100i (1)= 1000 i + 300 (2)


D’où: i = (500 -300 )/1100 = 18,18%.
▪Il suffit ensuite de remplacer i =18,18% par sa valeur dans l’équation IS (ou
l’équation LM) pour obtenir le revenu d’équilibre (Ye).
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM

▪ L’équation (1) :
Y = 500 – 100i (1) Y = 500 – 100(18,18%) ≈ 481,82
Ou,
▪ L’équation (2) :
Y = 1 000 i + 300 (2) Y = 1 000 (18,18%) + 300 ≈ 481,8
▪ (Y,i)= (18,18% , 481,82 )
▪ E est le point d’intersection des deux courbes IS (Y=500 – 100i ) et LM
(Y=1000 i + 300) qui indique le niveau du revenu national (Y=481,82) et du
taux d’intérêt (i=18,18%) qui assure l’équilibre sur le marché de la monnaie et
sur celui des biens et services.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM

33.Construction de la courbe IS-LM


Conclusion générale

❑ OG (Y) = DG.
❑ Keynes: volume de la DG détermine le niveau de l’équilibre global.
❑ Ch.1:F°C°et ch.2: F°Inv.
❑ Ch.3: Modèle revenu-dépense? Equilibre sous-emploi..
❑ Ch.4:IS-LM.
❑ Malgré critiques: l’analyse de Keynes:
▪ Macroéconomie contemporaine.
▪ Politiques économiques actuelles.
▪ Au cœur de la réflexion économique…
Module : Économie Monétaire et Financière II

FSJES - Marrakech
2021-2022
Module : ÉCONOMIE MONÉTAIRE ET FINANCIÈRE II
L’approche keynésienne de l’équilibre
sur le marché monétaire

Dans l’approche keynésienne, c’est l’équilibre entre l’offre et la demande de monnaie qui
détermine le taux d’intérêt du marché, et non pas l’équilibre entre l’épargne et l’investissement.
En d’autres termes, le taux d’intérêt se détermine sur le marché de la monnaie, et pas sur
le marché des biens et services. C’est une différence fondamentale, car en fixant le taux
d’intérêt, l’équilibre monétaire agit sur l’investissement (qui dépend en partie du niveau des
taux d’intérêt), et donc sur le niveau de demande globale, de production globale et in fine, de
l’emploi. Dans ces conditions, il n’y a plus de dichotomie entre l’économie monétaire et
l’économie réelle. Pour Keynes, donc, les fluctuations sur le marché de la monnaie peuvent
perturber ou au contraire encourager l’activité économique et l’emploi, d’où l’importance
d’analyser le fonctionnement de ce marché avec attention.
1. L’offre et la demande de monnaie
Chez Keynes, comme chez les classiques, l’offre de monnaie émane des autorités
̅
monétaires (banques centrales). On a donc : Mo = 𝐌
L’aspect novateur du modèle keynésien se situe au niveau de la demande de monnaie.
Comme dans le modèle classique, Keynes admet que cette demande dépend en partie du niveau
d’activité économique Y. Autrement dit, lorsque le niveau d’activité économique s’accroît, il
est naturel de penser que les besoins en monnaie des agents augmenteront pour financer les
transactions plus nombreuses sur le marché des biens et services.
Cependant, pour Keynes, la demande de monnaie dépend également du niveau des taux
d’intérêt. Plus précisément, Keynes affirme qu’il existe un lien inverse entre taux d’intérêt et
demande de monnaie. Autrement dit, la demande de monnaie diminue lorsque le taux d’intérêt
augmente et vice versa. Keynes s’appuiera sur le fonctionnement des marchés financiers et plus
précisément, sur le fonctionnement du marché obligataire pour expliquer ce lien inverse.
Cependant, la relation négative entre demande de monnaie et taux d’intérêt peut
s’expliquer simplement et il n’est pas nécessaire d’étudier en détail le fonctionnement du
marché obligataire. Une explication simple de ce lien inverse tient au fait que lorsque le taux
d’intérêt augmente, l’investissement (qui est une fonction décroissante du taux d’intérêt)
diminue, ce qui induit les agents à réduire leur demande transactionnelle de monnaie (étant
donné qu’ils achètent moins de biens d’équipement).
Au total, la demande de monnaie dépend de deux paramètres (Y et i) et peut s’écrire d’un
point de vue formel de la façon suivante: MD = MD (Y, i)
2. L’équilibre sur le marché monétaire
A l’équilibre sur le marché de la monnaie, l’offre de monnaie doit être égale à la demande
de monnaie. Autrement dit, l’égalité suivante doit être respectée:
𝐌̅ = MD (Y, i)
D’un point de vue graphique, l’équilibre sur le marché de la monnaie chez Keynes se
représente à l’aide d’un graphique sur lequel le taux d’intérêt est porté sur l’axe vertical et la
quantité de monnaie (offerte ou demandée) sur l’axe horizontal.

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L’explication du mécanisme de fonctionnement du marché de la monnaie chez Keynes
nous permet de nous rendre compte que ce modèle n’est pas dichotomique. Supposons par
exemple que les autorités monétaires décident d’augmenter la masse monétaire de 𝐌 ̅ à ̅̅̅̅
𝐌𝟏.
C’est ce qu’on appelle une politique monétaire expansive. D’un point de vue graphique, toute
création monétaire se traduit par un déplacement vers la droite de l’offre de monnaie:

L’augmentation de la masse monétaire de 𝐌 ̅ à ̅̅̅̅


𝐌𝟏 a pour conséquence de déplacer
l’équilibre monétaire du point E vers le point F. On s’aperçoit alors facilement que le taux
d’intérêt d’équilibre diminue et passe de i* à i1*. L’augmentation de la masse monétaire a donc
pour conséquence de réduire les taux d’intérêt.
D’un point de vue économique, la question que l’on peut se poser est de savoir pourquoi
la création monétaire a pour conséquence de réduire les taux d’intérêt. En pratique, à chaque
fois que la banque centrale européenne décide d’augmenter la masse monétaire, le système
bancaire dans son ensemble dispose de davantage de liquidités et donc, les banques peuvent
proposer davantage de crédits aux particuliers et aux entreprises. Mais si le crédit devient plus
abondant dans l’économie, les banques devront se faire concurrence pour attirer les
emprunteurs, et donc, elles devront proposer des taux d’intérêts faibles. En résumé, donc, la
hausse de la masse monétaire attise la concurrence entre les banques pour attirer les
emprunteurs, ce qui fait baisser les taux d’intérêts.

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Cette politique monétaire expansive n’est évidemment pas neutre et a des répercussions
sur le marché des biens et services. En rendant le crédit moins cher, la baisse du taux d’intérêt
encourage l’investissement (qui dépend en partie du taux d’intérêt), et donc, augmente la
demande globale, l’offre globale et in fine, l’emploi.
Par conséquent, les fluctuations sur le marché de la monnaie influencent l’équilibre du
marché des biens et services et le niveau d’emploi via le niveau du taux d’intérêt. Les deux
marchés sont donc liés.

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L'effet Keynes

L'effet Keynes est un mécanisme d'auto-correction du chômage par le système


économique via le canal du taux d'intérêt. Selon l'effet Keynes, l'augmentation du chômage
provoque une chute de l'offre de monnaie nominale, ce qui équivaut à une augmentation de
l'offre de monnaie réelle ; or, on sait que l'augmentation de l'offre de monnaie réelle cause une
baisse des taux d'intérêt, qui elle-même en retour dynamise l'investissement, et ainsi fait
diminuer le chômage.
1. Histoire
11. Un phénomène non proprement keynésien chez Keynes
L'effet Keynes est discuté par John Maynard Keynes dans les chapitres 15 et 19 de
sa Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie. Il se montre suspicieux à l'égard
de cet effet, remarquant plusieurs de ses failles. Si cette théorie incite à rendre les salaires
flexibles à la baisse afin de permettre l'auto-ajustement de se réaliser, Keynes remarque qu'une
baisse des salaires, c'est-à-dire une baisse de la demande, provoque surtout une baisse de la
production et donc un cercle vicieux récessionniste.
12. Reprise et dépassement ultérieur
Afin de dépasser les failles de l'effet Keynes, l'économiste Arthur Cecil Pigou découvre
l'effet Pigou.
2. Concept
21. Un mécanisme auto-ajusteur
• L'augmentation du chômage fait baisser la masse monétaire nominale, car les
entreprises versent moins de salaires, et les agents économiques dépensent moins.
Cette déflation, c'est-à-dire cette baisse générale des prix, provoque une baisse de l'offre de
monnaie nominale. Or, si l'offre de monnaie nominale baisse, l'offre de monnaie réelle (ajustée
au taux d'inflation) augmente : dans une situation où les prix baissent, le pouvoir d'achat de la
monnaie nominale qui a été épargnée augmente par rapport au niveau des prix (1€ épargné
lorsqu'une baguette coûte 1€ vaut plus que lorsque, du fait d'une déflation, le prix de la baguette
passe à 0,80€). La revalorisation soudaine de la masse monétaire réelle du fait de la déflation
fait chuter les taux d'intérêt, et ainsi fait augmenter l'investissement.
• Aussi, la baisse généralisée des prix due à la déflation fait baisser la préférence pour la
liquidité et incite les épargnants à acheter des obligations; ces achats en masse font augmenter
leur demande, ce qui, à offre égale, fait augmenter leur prix. Or, le taux d'intérêt sur les
obligations d’État évolue inversement à sa valeur. Le taux d'intérêt chute donc, ce qui stimule
l'investissement.
• De cet effet est déduit qu'une demande insuffisante ne peut pas durer éternellement, car
la demande insuffisante, causant une baisse du niveau des prix, provoquera une augmentation
de la demande. Cet effet préconise par conséquent, dans le cas où les prix sont fluides à la
baisse, que l’État laisse l'économie se corriger de manière autonome.
22. Modélisation IS-LM
L'effet Keynes peut être modélisé grâce au modèle IS/LM. Ce modèle montre que si l'on
part d'une situation d'insuffisance de la demande qui ne permet pas d'atteindre le plein emploi,
la baisse des prix se traduit par une revalorisation du stock de monnaie disponible (l'offre de
monnaie), et donc à un déplacement vers la droite de la courbe LM. Si la courbe IS est

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inchangée, l'équilibre passe alors de E à E', et l'on atteint le plein emploi automatiquement.
Autrement dit, ma revalorisation du stock de monnaie induite par la déflation affecte la
demande globale via une baisse du taux d’intérêt par un déplacement de LM le long de la courbe
IS.
3. Des failles théoriques
31. La trappe à liquidité
La première est celle de la trappe à liquidité. En situation de trappe à liquidité, une
augmentation de l'offre de monnaie réelle ne réussit plus à affecter le taux d'intérêt. Le taux
d'intérêt est trop bas pour qu'une diminution supplémentaire entraîne une augmentation de
l'investissement. Quand le taux d'intérêt est au-dessous d'un certain niveau, les agents ne
désirent pas faire de placement, et ils thésaurisent leur monnaie pour attendre que le taux
d'intérêt augmente.
32. L'inélasticité de la dépense au taux d'intérêt
La deuxième est celle des cas où la dépense n'est pas élastique au taux d'intérêt, c'est-à-
dire lorsque la courbe IS est verticale.
33. Les effets négatifs de la déflation
La troisième est celle des effets négatifs de la déflation. Selon Keynes, la déflation est trop
mauvaise pour les entrepreneurs, qui voient la dette de leur entreprise augmenter en valeur
réelle (la dette contractée reste la même alors que le niveau général des prix, c'est-à-dire les
revenus de l'entreprise, baissent), pour que l'effet Keynes ait lieu.
34. Le postulat de la flexibilité des salaires
L'effet Keynes postule la flexibilité à la baisse des salaires. Il faut que ceux-ci chutent pour
que le phénomène fonctionne. Cela n'est pas forcément le cas, car les salaires sont le plus
souvent le fruit de conventions entre le salarié et le patron. Aussi, les patrons, sachant qu'une
baisse de salaire démotive le salarié et peut lui faire perdre en productivité, peuvent décider de
faire stagner les salaires plutôt que de les baisser. La crise économique mondiale des années
2008 et suivantes a ainsi vu aux États-Unis une stagnation, et non une chute des salaires.

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Effet Keynes - effet Pigou
Diagramme IS-LM

Dans les années de la grande crise qui débute en 1929, les salaires nominaux (les salaires
exprimés en monnaie courante) diminuent parce que l'excès d'offre sur le marché du travail est
considérable. Cette baisse des coûts de production pour les entreprises renforce le mouvement
de baisse des prix qui résulte de l'effondrement de la demande de produits dans de nombreux
secteurs.
Ce constat évident doit forcément être pris en compte par Keynes parce que ses
adversaires, en particulier son collègue de Cambridge, Arthur Cecil Pigou explique comment
cette baisse des prix doit conduire naturellement à retrouver un équilibre de plein emploi.
Il s'agit alors pour Keynes de montrer que s'il y a bien des raisons de penser que le retour
vers le plein emploi peut découler de la déflation, il y a aussi des raisons de mettre en doute
l'effet pris en compte. Pour cela il utilise un raisonnement différent de celui utilisé par Pigou.
Depuis cette discussion on oppose ainsi l'effet Keynes et l'effet Pigou.
Ces deux effets peuvent être exposés dans le cadre du diagramme IS-LM mais bien
entendu la présentation initiale n'a pas fait référence à ce modèle.
1. L'effet Keynes
Partant d'une situation d'insuffisance de la demande (équilibre E1 dans le diagramme) ne
permettant pas d'atteindre le plein emploi, la baisse des prix se traduit par une revalorisation du
stock de monnaie disponible (l'offre de monnaie) donc, toutes choses égales par ailleurs, à un
déplacement vers la droite de la courbe LM. Pour une courbe IS inchangée, l'équilibre passe
alors de E à E'' et l'on atteint le plein emploi automatiquement, sans que l'Etat n'ait besoin
d'intervenir dans l'économie. La revalorisation du stock de monnaie affecte la demande globale
via une baisse du taux d’intérêt par un déplacement le long de la courbe IS (celle-ci ne se
déplace pas). Donc tôt ou tard la baisse des prix produira le retour du plein emploi.
Mais, d'une part il peut s'écouler beaucoup de temps avant que cela ne se produise
et d'autre part Keynes doute de la réalisation de l'enchainement pour deux raisons :
l'existence d'une trappe à liquidité et l'inélasticité de l'investissement au taux d'intérêt.
11. La trappe à liquidité
Le taux d'intérêt peut-être trop bas pour que qu'une diminution supplémentaire entraîne
une augmentation de l'investissement. Quand le taux d'intérêt est en dessous d'un certain seuil,
les agents ne désirent pas faire des palcements, toute la monnaie supplémentaire qu'ils reçoivent
est conservée, ils pensent que le taux d’intérêt ne peut qu’augmenter et en attendant ils gardent
leurs encaisses monétaires sous forme spéculative.
Ceci signifie que la courbe LM est horizontale. Cette situation de bas taux d’intérêt est
d’autant plus plausible que l’économie connaît un marasme et donc que le revenu est faible. Il
est donc probable qu’à partir d’un certain niveau de revenu, le taux d’intérêt se remette à croitre
avec le revenu. On a alors à nouveau une courbe LM qui croît normalement. Si l'équilibre initial
se situe sur cette portion de la courbe LM -donc si le taux d'intérêt est faible - le déplacement
de la courbe LM n'a pas d'effet sur l'équilibre.

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12. L’inélasticité de l'investissement au taux d'intérêt.
Selon Keynes on peut penser qu'il y a une relation négative entre l'investissement privé
et le taux d'intérêt nominal, mais cette relation est peu élastique, voire peut-être inexistante dans
certains cas. Ainsi une baisse du taux d'intérêt provoquée par la baisse des prix déplacera
certainement la courbe LM mais cela sera sans effet sur le niveau de revenu puisque la courbe
IS est proche de la verticale voire verticale en cas d'élasticité nulle.

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2. L'effet Pigou
L'effet Pigou ou "effet d'encaisses réelles", repose sur l'observation que la baisse des
prix (liée à la faiblesse de la demande) a un effet sur le pouvoir d'achat des encaisses monétaires
- les encaisses réelles - qu'elle revalorise. Cette augmentation du pouvoir d'achat permet
d'augmenter la consommation, ce qui a pour effet d'engendrer un déplacement autonome de la
courbe IS vers la droite, ce qui peut permettre un retour au plein emploi, même quand la courbe
IS croise au départ LM dans sa partie horizontale (trappe à liquidité) et que la courbe IS est
verticale (inélasticité de l’investissement au taux d’intérêt).
Il faut cependant noter que si l'effet d'encaisse réelles est aussi appelé effet de richesse
c'est parce qu'il repose sur l'idée que le partage entre consommation et épargne se fait en tenant
compte de la richesse réelle (mesurée en pouvoir d'achat). Ainsi quand cette richesse réelle est
augmentée par la baisse des prix des biens et services il y a probablement une augmentation de
la consommation. Mais si la baisse des prix concerne aussi les actifs détenus, les éléments du
patrimoine, alors le comportement peut s'inverser. La baisse du prix des immeubles et des titres
financiers détenus poussent les propriétaires à épargner davantage pour reconstituer le niveau
de richesse (réelle) qu'ils souhaitent détenir.

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