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Module : Économie Monétaire et Financière II
Cours du Professeur
ZAID Mohamed
1-Rappel
❑ Définition
1-Rappel
1-Rappel
• Vt=T/Mi ou Vy = PIB/Mi
1-Rappel
1-Rappel
• les dépôts font les crédits/ les crédits font les dépôts (Les
banques créent de la monnaie parce qu’elles peuvent se
refinancer auprès de la banque centrale).
Introduction générale
Introduction
:
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
Introduction
- T. Gresham(1519-1579) :
Loi de Gresham: Mauvaise monnaie chasse la bonne
- Mercantilistes (16es): J. Bodin (1598): prix et quantité de monnaie
- I. Fisher (1911) TQM (début 20e s): MV=PT
- École de Cambridge: Pigou (effet Pigou ou encaisses réelles)
- Keynes et préférence pour la liquidité (effet Keynes vs effet Pigou)
- Friedman : école des monétaristes (contre révolution monétariste)
- ….
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
Introduction
Introduction
•3- Mais ce n’est pas un marché tout à fait comme les autres.
•D’abord parce que la monnaie est un bien public, c’est la mesure des valeurs
et l’instrument des échanges : sans monnaie, pas de marché.
•L’État joue sur le marché de la monnaie un rôle majeur.
•Tout le monde ne s’accorde pas sur cette idée. (Les libéraux - les ultras
libéraux préconisent une privatisation complète de l’offre de monnaie. Cette vue
est en général considérée comme extrême. Elle est minoritaire.)
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
Introduction
Introduction
Introduction
Introduction
Introduction
Introduction
Introduction
•«On peut multiplier les citations rencontrées le long des deux essais d’El Makrizi,
indiquant qu’il a pu saisir le phénomène engendré par l’existence de deux ou
plusieurs types de monnaies en circulation sur un même marché. Se fondant sur
des considérations objectives et subjectives, les hommes s’attachent dans ces
situations à un type de monnaie et se mettent à la thésauriser. La faveur accordée
à la monnaie la plus désirée pousse par ailleurs les étrangers à exiger des
résidents de se faire payer leurs exportations par cette même monnaie. La
thésaurisation d’une part et le transfert hors des frontières d’autre part mettent fin
à la circulation de la bonne monnaie qui disparaît des transactions internes
permettant par la même à la mauvaise monnaie càd la moins désirée de s’installer
sur le marché et devenir le principal instrument d’échange »
• F. Oualalou 8 « La Pensée socio-économique d’El Makrizi » BESM n°130 Rabat 1976.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•Le caractère de voile de la monnaie est établi à partir des trois postulats
suivants :
•la somme des intérêts individuels détermine l’intérêt collectif, sans besoin
d’intervention ;
•l’offre crée sa propre demande (les produits s’échangent contre les produits)
•et la quantité de monnaie en circulation détermine le niveau général des prix,
selon le mécanisme de la théorie quantitative.
• Ces postulats montrent selon Adam Smith (1776) que la monnaie
n’apparaît que pour simplifier le troc ; d’où l’impossibilité de la surproduction
(crises).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•La neutralité de la monnaie fait que « la monnaie n’est qu’un voile » sur la
sphère réelle qui est la sphère la plus importante.
•La monnaie sert à faciliter les échanges, à déterminer le niveau des prix (unité
de compte) mais elle n’a aucune influence sur la sphère réelle.
•La monnaie est en quelque sorte, insignifiante mais elle est néanmoins utile
pour les transactions.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•D'après cette relation (MV = PT), la valeur des transactions (PT) est égale au
produit entre la quantité d'unités monétaires (M) et le nombre moyen de
paiements effectués avec chaque unité monétaire (V).
•Le membre de gauche de l'équation représente la quantité de monnaie qui a
été utilisée pour régler les transactions et le côté droit correspond à la valeur
des biens achetés avec cette monnaie.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•Précision: la neutralité de la monnaie n'est vérifiée que si les salaires et les prix
sont supposés parfaitement flexibles (comme nous le verrons plus-bas). En
revanche, à CT, la rigidité des variables nominales, c'est-à-dire la lenteur
d'ajustement des salaires et des prix, implique que la monnaie a des effets réels
sur l'économie. Cette rigidité des variables nominales signifie que la
variation de l'offre de monnaie a une influence sur l'emploi et la production.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•Cette analyse de Fisher va être reformulée par d’autres auteurs, dit de l’école
de Cambridge comme Marshall et Pigou qui ont proposé une analyse en
terme de revenu (et non, en terme de transaction) : analyse fondée sur la
notion d’encaisse, de demande de monnaie.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•La courbe notée MD est tracée sur la figure ci-après : elle représente la
fonction de demande d'encaisses monétaires qui est une fonction
décroissante du pouvoir d'achat de la monnaie.
•Cette relation décroissante signifie que plus les prix sont faibles, plus le
pouvoir d'achat d'une um est grand et moins les agents devront détenir une
quantité importante de monnaie pour effectuer un volume de transactions Y.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•Cette courbe est tracée pour des niveaux donnés du revenu réel, Y, et de la
constante k = 1/V.
•Il est important de préciser que le long de cette courbe de demande,
l'encaisse monétaire réelle détenue par les agents est constante.
•Cela signifie que chaque couple de masse monétaire et de pouvoir d'achat de
la monnaie donne la même valeur réelle de l'encaisse monétaire.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•Rappel : Marshall et Pigou ont conscience que d’autres variables autres que
le revenu influencent la demande de monnaie :
•Le coût d’opportunité de la détention de monnaie (M1) (indicateur
représentatif : le taux d’intérêt).
•Le montant du patrimoine de l’agent qui va influencer la demande de
monnaie.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•D’autres auteurs ont repris ces deux points évoqués par Marshall et Pigou mais
ils les ont rejetés pour simplifier l’analyse :
•Pour le 1er point, ce serait J.M. Keynes dans la théorie générale de
l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie en 1936 et dans le traité sur la
monnaie en 1930. En ce qui concerne le deuxième point, ce serait M.
Friedman.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
1-Contexte :
La Théorie générale de Keynes exprime un pessimisme fort. L'auteur montre en
effet comment une économie capitaliste est condamnée, en l'absence
de politique budgétaire, à un chômage durable dû à une insuffisance de
la demande effective. Les années qui suivent la publication de l'ouvrage voient la
création de l'école de la synthèse néoclassique, qui fait de la théorie de l'école
classique un cas particulier du keynésianisme.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
4- Explication théorique:
•Pigou considère qu'une économie en récession suit le cheminement suivant :
une augmentation du chômage réduit l'offre de monnaie et donc provoque une
déflation.
•Or, cette déflation n'affecte pas l'épargne qui a été placée dans un compte
bancaire (1um mis à la banque lorsque le niveau des prix est de 20 continue de
valoir 1um lorsque le niveau des prix s'est effondré à 10). Ces valeurs réelles
voient ainsi leur valeur augmenter, ce qui permet un regain de pouvoir d'achat,
et donc une augmentation de la consommation et une baisse du chômage.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•Ainsi, soit un agent épargne 100um qui lui permettent d'acheter 10 places de
cinéma. La place de cinéma vaut 10um. Supposons que les prix augmentent :
la place de cinéma passe à 11um. Pour pouvoir consommer autant
qu'auparavant (10 places de cinéma), l'agent va accroître son épargne : 110um.
Problème : si son revenu n'augmente pas, il devra diminuer sa consommation,
ou sans doute réduire ses sorties au cinéma, ou réduire d'autres dépenses.
•L'effet Pigou s'observe surtout en cas de faible inflation, au-delà d'un certain
seuil l'effet de fuite devant la monnaie devient prédominant (les agents
consomment le plus tôt possible afin de ne pas être pénalisés par l'inflation,
d'où hausse de la demande, et donc de l'inflation).
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•Pour Keynes, les prix (dont salaires) sont des signaux imparfaits concernant
le fonctionnement et l’état du marché.
•Pour diverses raisons, du moins à CT, ces prix-là et notamment, le taux de
salaire sont des variables qui sont rigides.
•Si l’ajustement ne peut pas se faire par les prix, il va s’effectuer par les
quantités càd par des rationnements, notamment le marché du travail
(chômage involontaire).
•Sur les autres marchés, les choses peuvent bien se passer : on peut connaître
des situations à CT, d’équilibre mais de sous-emploi.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•La flexibilité des salaires nominaux énoncées par les Classiques est
inopérante ici pour deux raisons :
•leur viscosité liée à la négociation des contrats et ;
• et leur impact sur la demande qui provoquerait à son tours une baisse de la
production.
•Dans l’hypothèse d’une montée du chômage, il s’en suit une perte de
débouchés et, la baisse initiale de la demande effective provoque le scepticisme
des entrepreneurs qui n’investissent plus, induisant in fine une aggravation de
la crise.
•De tout ce qui précède, il apparaît que les mécanismes du marché seuls ne
peuvent suffire à rétablir l’équilibre de plein-emploi.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•Ces développements sur la monnaie ont été faits dans son œuvre
intitulé « le Traité sur la monnaie », paru en 1930. Sa nature y est définie
et ses origines historiques décrites ; ce qui lui permet de présenter une théorie
de la monnaie qui aborde à la fois les aspects statiques et dynamiques de la
question dans un premier volume.
•Dans le second volume intitulé « La Théorie de la monnaie appliquée », il
expose sa conception des politiques monétaires.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•Les agents désirent détenir des encaisses monétaires car l’avenir est
incertain.
•Face à des dépenses ou des recettes futures imprévues, les agents souhaitent
conserver aujourd’hui un certain pouvoir d’achat sous forme monétaire.
•La constitution d’encaisses monétaires en vue de conserver de façon
temporaire du pouvoir d’achat (résultat d’un choix délibéré des agents) et ces
encaisses monétaires constituent en fait une demande de monnaie de la part
de ces agents.
•On s’aperçoit donc, qu’il y a un lien direct entre la fonction réserve de valeur et
la demande d’encaisses monétaires.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•Souvent, la monnaie, dans le cadre d’une économie, dans sa forme réelle, est
représentée par les billets et les pièces ainsi que les dépôts à vue, les comptes
courants que les agents éco ont auprès du système bancaire.
•La monnaie représentée au sens strict, comparé aux autres actifs, n’est pas
forcément la meilleure réserve de valeur, dans la mesure où détenir des billets,
des pièces ou des dépôts à vue, ne rapportent pas d’intérêts comparé aux
autres placements et ceci d’autant plus, que sa valeur réelle diminue avec
l’inflation.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•Si i < i min, les individus préfèrent détenir de la monnaie à des titres et
Keynes nous dit que lorsque le taux d’intérêt atteint ce niveau minimal,
l’économie tombe dans la trappe à liquidité et la demande de monnaie
non contrainte devient infinie càd parfaitement élastique au taux d’intérêt.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
C/ Les actifs: Les actifs financiers et les actifs réels sont en concurrence avec
les actifs monétaires.
•De manière générale, c’est le niveau général des prix. Plus le prix de la
monnaie est élevé, plus les services rendus par la monnaie sont importants et
plus les agents voudront détenir de l’argent dans leur patrimoine.
•Donc, le rendement non pécuniaire de la monnaie est inversement
proportionnel au niveau général des prix (plus le niveau général des prix est
élevé, plus les agents auront tendance à détenir moins de monnaie dans leur
patrimoine) : 𝑃𝑚= 1/𝑃 avec P : le niveau général des prix.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
• H.2. Les prix – et donc les taux des rendements comparés des divers
éléments du patrimoine : Conserver de la monnaie permet d’économiser des
coûts d’information (que nécessite une gestion visant à la trésorerie zéro) et
des coûts de transaction. En revanche, la monnaie est généralement peu ou
pas rémunérée et elle se dévalorise avec l’inflation, alors que les titres ou les
biens réels résistent mieux à l’érosion monétaire…
•
•H.3. Les goûts et les préférences des « détenteurs ultimes » de la
richesse
•Les préférences des agents et notamment leur attitude vis-à-vis du risque.
Chapitre1- Neutralité ou non neutralité monétaire : Les fondements théoriques
•De leur côté, les producteurs vont s’apercevoir que cette augmentation a
suscité une hausse des coûts de production. Par conséquent, ils revoient à la
baisse le salaire nominal des employés, afin de compenser les effets de
l’inflation sur les coûts.
•Cette situation se traduit par un retour du chômage à son niveau
antérieur, avec un supplément d’inflation. Ce qui suppose qu’à la période
suivante, le seul moyen de réduire le chômage consiste à surprendre à nouveau
les agents économiques.
•Cette dynamique montre toutefois que les performances en matière d’emploi
obtenues à CT s’évanouissent très vite à moyen terme, laissant une inflation
toujours plus forte.
Module: Économie Monétaire et Financière II
FSJES - Marrakech
2021- 2022
è La problématique
En l936, Keynes expose dans son ouvrage majeur Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie
une conception de l'économie très largement différente de celle qui prévaut à l'époque : l'analyse
néoclassique. Celle-ci, qui nie toute possibilité de crise du fait de l'autorégulation de l'économie, est contredite
par la grande dépression de 1929. Les explications de circonstances des économistes libéraux, résisteront
mal aux apports de Keynes qui, en remettant en cause les postulats principaux de l'analyse néoclassique,
démontrera la nécessité de l'intervention de l'État dans l'économie.
Le débat qui s’établit entre les idées de Keynes et de Friedman se centre autour des préoccupations
suivantes :
- Doit-il, ainsi que le préconise Keynes, intervenir pour éviter la dépression et le chômage ou, au
contraire, comme l’affirme Friedman, s’abstenir et laisser jouer le marché ?
Né en 1912 à New York, dans le quartier populaire de Brooklyn, Milton Friedman est souvent
considéré comme l'anti-Keynes. L'ironie du sort fait que ce descendant direct de la pensée libérale
néoclassique obtiendra son doctorat en 1946, l'année de la mort du « Maître de Cambridge ».
En 1947, Friedman rejoint la Société du Mont Pèlerin fondée par une autre grande figure du
néolibéralisme : Friedrich Von Hayek. Ce « club » a pour vocation de dénoncer les effets pervers des
politiques interventionnistes tout en prônant un ultralibéralisme.
Une première opposition à la pensée keynésienne portera sur l'interprétation de la crise de 1929. Là
où Keynes voyait l'insuffisance de la demande effective et un capitalisme incapable de s'autoréguler,
Friedman ne voyait qu'un concours de circonstances et une erreur de politique monétaire, considérant
que l'économie américaine des années 20 était fondamentalement saine, c'est-à-dire pas encore
«contaminée» par l'État-providence.
De la fin de la Seconde Guerre mondiale au début des années 70, les « Trente Glorieuses » sont
dominées par le Keynésianisme triomphant. Certes, il y a une inflation rampante, mais on considère
que c'est le prix à payer de la croissance et du plein emploi. Friedman assumera sa relative traversée
du désert sans relâcher ses critiques à l'égard du Keynésianisme.
Dans sa Théorie de la fonction de consommation, 1957, il critiquera (avec le concept de revenu
1
permanent) la thèse keynésienne selon laquelle la consommation à court terme est déterminée par
les variations du revenu. (voir un peu plus loin).
Dans son principal ouvrage de 1968 : Inflation et systèmes monétaires, Friedman développe une idée
qui lui tient à cœ ur: « l'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire », c'est donc
une croissance excessive de la masse monétaire qui engendre l'inflation.
Il défend par ailleurs les changes flottants qui doivent selon lui aboutir à équilibrer les balances des
paiements.
En 1976, il reçoit le Prix Nobel et triomphe politiquement avec le « tournant monétariste » de la fin des
années 70, début des années 80. Ainsi, les autorités monétaires des pays capitalistes et même de
certains pays en développement (EX : le Chili) appliquent les principes monétaristes : à savoir le
contrôle de la progression de la masse monétaire.
Le débat avec les post-keynésiens (Galbraith, Barrère...) n'est pas pour autant clos car le
monétarisme n'est pas exempt de critiques et, à l'évidence, il n'a pas permis de sortir les pays
capitalistes de la crise.
LIVRE DE REFERENCE :
Selon J.B. Say, un des pères de l'école classique, les crises économiques sont impossibles dans un contexte
de libre fonctionnement des marchés. Sa « loi des débouchés » présentée en 1803 dans son Traité
d'économie politique, prétend le démontrer. En la réfutant, dans son ouvrage La Théorie générale, Keynes
trouve un point d'appui décisif à sa réflexion.
Toute crise de surproduction s'avère impossible dans la mesure où le montant des ventes des
entreprises (somme des valeurs ajoutées) en étant intégralement reversé et reparti entre les salariés
et les capitalistes sous forme de revenus, assure un débouché à la production.
L'épargne, loin d'être une fuite, sert intégralement au financement de l'investissement via le marché
des fonds prêtables (= marché des capitaux). Intégralement car, pour J. B. Say, la monnaie n'est
utilisée et désirée que pour le produit qu’elle permet d’acheter. Elle n’est qu’un intermédiaire dans les
échanges. Elle est demandée pour un motif de transaction uniquement. Comme elle n’est pas
demandée pour elle-même, elle n'est donc pas thésaurisée (NB : la thésaurisation est le fait de mettre
de l’argent de côté sans le dépenser ni même le faire fructifier).
Les revenus sont donc bien dans leur totalité réinjectés dans l'économie.
Dans un monde aussi bien réglé, toute possibilité de crise est écartée. Loin d’en être convaincu,
Keynes va réfuter cette loi contribuant ainsi à déstabiliser tout l’édifice néoclassique.
2
- La réfutation de Keynes
Selon Keynes en effet, la monnaie n'est pas seulement demandée pour des motifs de transaction
mais également pour des motifs de précaution (du fait de l'incertitude pesant sur l'avenir) et de
spéculation (la liquidité peut ainsi être « mise de côté » et être affectée à l'achat d'obligations lorsque
des opportunités se présenteront).
Ces deux dernières raisons (précaution et spéculation) de détenir des encaisses monétaires (=
sommes d’argent détenus par un individu) constituent une déperdition pour l'économie puisqu'il s'agit
d'encaisses oisives (=qui n’ont aucun effet d’entraînement sur l’économie).
Cette déperdition, en effet, met à mal la croyance selon laquelle l'offre créerait sa propre demande.
L'existence d'une thésaurisation rend dès lors possible, voir probable, des déséquilibres entre l'offre
et la demande et avec eux des crises de sous-consommation.
De fait, la crise de 1929 constitue bien pour Keynes le résultat d'une insuffisance de débouchés, et la
preuve de l'incapacité de l'économie à s'autoréguler.
Selon les néoclassiques, le marché du travail (comme tous les marchés) s'équilibre grâce à la
flexibilité des prix, ici le salaire. Un excès d'offre de travail (ou demande d'emplois) entraîne une
baisse du salaire qui permet à la demande de travail d'augmenter, en même temps qu'elle dissuade
certains offreurs de venir proposer leur capacité à travailler. Le marché tend alors vers un équilibre
stable correspondant à une absence de chômage involontaire.
Keynes quant à lui, ne croit ni en la flexibilité des salaires, ni même en l'existence d'un véritable
marché du travail.
Selon lui, les salaires, en terme réel, sont en effet considérés comme stables dans la mesure où les
salariés (et leurs syndicats) ne sauraient accepter une diminution de leur pouvoir d'achat.
De plus, et il s'agit du point fort de l'argumentation, le niveau de l'emploi nécessaire aux entreprises
varie en fonction de déterminants indépendants de ceux influençant le nombre total d'actifs (occupés
et inoccupés). L'équilibre entre l'offre et la demande de travail (= équilibre de plein emploi), appartient
dès lors plus à l'ordre du hasard et de la coïncidence qu'à celui d'un mécanisme autorégulateur « bien
huilé ».
Les déterminants du volume de la population active sont connus : facteur démographique (volume
des générations arrivant à l'âge de travailler, des générations parvenant à l'âge de la retraite et bien
sûr, poids de celles situées entre les deux), facteur sociologique (évolution du taux d'activité des
femmes et de celui des hommes), solde migratoire.
On le voit, rien n'indique a priori que le nombre d'emplois s'ajustera sur le nombre total d'actifs. Le
plein emploi est une situation possible parmi beaucoup d’autres mais elle n’est pas automatique.
En allant plus loin dans sa démonstration, cette « impression » se confirme. De quoi dépendent en
effet, la demande de biens de consommation et l'investissement ?
3
- Les déterminants de la demande effective
L'entrepreneur engagera les investissements dont l'efficacité marginale du capital est supérieure au
taux d'intérêt, et renoncera aux autres. La dimension psychologique intervient dans l'estimation des
recettes à venir, en la tirant plutôt vers le haut ou plutôt vers le bas selon que l’entrepreneur est plutôt
optimiste ou plutôt pessimiste.
Au total, le niveau d'emploi offert par les entreprises, en dépendant directement du taux
d'intérêt, de la psychologie des entrepreneurs, du revenu des ménages et de la propension à
consommer, n'a aucune raison de s'ajuster, sur le volume de la population active.
La différence entre les emplois offerts et les emplois demandés qui détermine le chômage
involontaire est voué à se maintenir, voire à s’aggraver.
En effet, en cas de dépression, les ménages, inquiets de l'avenir, ont tendance à épargner davantage
en baissant leur propension à consommer. Il vont réduire leur consommation et augmenter leur
demande de monnaie pour un motif de précaution, préférant détenir de l’argent sous forme liquide (=
préférence pour la liquidité) pour faire face à l’imprévu. Un tel comportement va avoir pour
conséquence une augmentation du loyer de l’argent : à savoir le taux d’intérêt.
Du côté des entreprises, les recettes anticipées sont revues à la baisse et incitent (en faisant chuter
l'efficacité marginale du capital) à délaisser des investissements qui en d'autres temps semblaient
rentables.
Ce phénomène se trouvera renforcé par une probable hausse du taux d'intérêt évoquée plus haut qui
va renchérir le coût de financement de l’investissement.
Parvenu à ce stade de l'analyse, il ne fait plus aucun doute que les pouvoirs publics doivent intervenir dans
l'économie afin de stimuler la demande effective et par là l'emploi. Pour cela, il est nécessaire de pouvoir
encourager la consommation des ménages et l’investissement des entreprises.
Les deux moyens d'action dont dispose l'État sont alors la politique budgétaire et la politique monétaire
expansionniste. Destinées à agir dans un contexte économiquement malade, ces formes d'intervention
constituent, en somme, les thérapeutiques keynésiennes.
La politique budgétaire représente pour Keynes le moyen d'action privilégié, même si, la politique monétaire,
sous certaines conditions, peut être également efficace.
4
1) Le multiplicateur d’investissement : fondement d’une politique budgétaire active
La situation dans laquelle il est censé s'appliquer est, bien entendu, une situation de sous-emploi,
résultat d'une demande effective insuffisante. Grâce au jeu du multiplicateur, les pouvoirs publics
vont, à partir d'un supplément de dépenses d'investissement, relancer, stimuler cette demande
effective. Rappelons ici le principe.
Le multiplicateur révèle la présence d'un « levier » dans l'économie qui démultiplie l'effet d'une
hausse initiale de l'investissement. Description du mécanisme :
Une variation positive d'investissement de 1000 entraîne aussitôt une augmentation du revenu
distribué de 1000 (distribué aux entreprises et aux salariés concernés par les circonstances).
Donc dans un premier temps, si la propension marginale à consommer est de 0,8 par exemple, alors
la hausse de 1000 du revenu se traduit par une hausse de la consommation de 0,8 x1000 = 800 ;
tandis que l'épargne augmente, elle, de 200 (=1000 x 0,2).
Cet accroissement de la consommation de 800 se traduit alors dans un deuxième temps par un
revenu supplémentaire de 800 qui entraîne une consommation supplémentaire de 0,8 x 800 = 640
(l'épargne croît de 160).
NB : Le phénomène se propage tout en s'atténuant, pour finalement s'achever lorsque la somme des
épargnes générées égalise le montant du supplément d'investissement initial.
La découverte de cet effet par Keynes, constitue une information capitale pour les pouvoirs publics
puisqu'il apporte la preuve qu’une pénurie d'investissement privé déprimant la demande effective,
pourra être compensée par les effets secondaires puissants d'un investissement réalisé par l’Etat.
À la limite, l’intérêt pratique de l’investissement supplémentaire n’a que peu d'importance, dans la
mesure où le processus s'enclenche simplement sous l'influence de la dépense nouvelle. Keynes lui-
même écrit : « À une époque de chômage rigoureux, des travaux publics, même d'une utilité
douteuse, peuvent donc rapporter maintes et maintes fois ce qu'ils coûtent ».
Puisque la dépense publique a un effet multiplicateur sur l’activité économique, l'État dispose de
plusieurs moyens pour stimuler la demande effective à partir de sa politique budgétaire.
Par l'emprunt ou éventuellement la création monétaire, préconise Keynes. Le financement par l'impôt
est en revanche à proscrire dans la mesure où, en ponctionnant d'une main ce qui a été donné de
l'autre, on neutraliserait la relance.
Pour Keynes, l'investissement public engagé « produit », par le biais du multiplicateur, une épargne
supplémentaire égale à l’investissement réalisé au départ. Cette élévation du volume d'épargne
permet donc de lancer un emprunt étatique sans risque de concurrencer le secteur privé. Néanmoins
Keynes reconnaît qu'une possibilité de tension sur le taux d'intérêt existe bien.
La politique monétaire active (qui s'appuie sur la non-neutralité de la monnaie), constitue dès lors une
arme à prendre en compte par les dirigeants.
Keynes, dans sa Théorie générale parvient à invalider cette analyse en montrant qu’indirectement, par
le biais du taux d’intérêt, la monnaie agit sur le comportement des agents économiques. Ainsi, par
exemple, quand le taux est élevé, les agents, comme on vient de le voir, sont donc en droit d'espérer
des plus-values en revendant au moment favorable leurs titres. Il est temps de spéculer et d'acheter en
utilisant... la monnaie de spéculation. Par ailleurs, on l’a vu, le taux d'intérêt constitue un élément
déterminant dans la décision d'investir des entrepreneurs.
Or, le taux d'intérêt, en tant que variable monétaire, peut-être influencé notamment à la baisse par les
autorités publiques grâce à un accroissement de l'offre de monnaie. En augmentant l'offre de monnaie,
et par la baisse du taux d’intérêt qui en résulte, l'État peut modifier le comportement des agents
économiques au sein de la sphère réelle de l'économie. La théorie quantitative de la monnaie se
retrouve invalidée.
La hausse de l’emploi constitue l’objectif final de la politique monétaire. Le moyen d’action est
le suivant : en augmentant l’offre de monnaie (= politique monétaire expansionniste) les
autorités monétaires obtiennent une diminution du taux d’intérêt qui agit sur le comportement
des ménages et des entreprises :
a) Des taux d’intérêt plus bas poussent les ménages à utiliser la monnaie pour des motifs de
transaction (consommation, investissement) plutôt que pour des motifs de spéculation ce qui a un effet
positif sur la demande globale et la demande effective.
b) la baisse des taux d’intérêt rend ainsi rentables des investissements qui, sinon, ne l’auraient pas été.
De plus, cette baisse des taux d’intérêt décourage les entreprises disposant d’une trésorerie
6
excédentaire de placer leurs fonds dans l’achat de titres, les incitant au contraire à investir. On dirait
aujourd’hui que cela les incite plutôt à l’investissement productif qu’au placement spéculatif. Une telle
situation stimule la demande de biens de production et par là même la demande globale et la demande
effective.
Toutefois, le caractère imprévisible des réactions et des décisions des entrepreneurs face au choix
périlleux d’investir, amène Keynes à privilégier plutôt le recours à la politique bud
gétaire plutôt quà la
politique monétaire.
La crise des années 1970, présente des particularités inédites qui vont inciter à repenser le
fonctionnement de l'économie. Alors que dans le schéma habituel des crises, ; une baisse ou une
stagnation de la production s'accompagne d'une hausse du chômage et d'une chute des prix, la
récession, cette fois, cumule l'augmentation du chômage et celle des prix. Ce phénomène baptisé «
stagflation » résistant aux mesures politiques d’inspiration Keynésienne, permet aux thèses de Friedman de
rencontrer un certain succès. Celui-ci assure et tend à démontrer que les politiques interventionnistes sont
inefficaces et déstabilisantes. L'État doit alors se borner à créer les conditions d'efficacité du marché.
L'effet positif du multiplicateur keynésien repose sur des vagues d'augmentation successives de la
consommation provoquées par une hausse de revenu initiale. Au cœ ur de ce « mécanisme » se situe
la propension marginale à consommer, considérée par Keynes comme étant stable. Ainsi les agents
réagissent-ils toujours favorablement, en matière de dépense, à une élévation de leur revenu courant.
C'est cette stabilité et cette sensibilité induite que Friedman va remettre en cause. Il observe que les
agents ont une sensibilité faible et imprévisible à un accroissement de leur revenu courant. Son
hypothèse de revenu permanent tente d'expliquer ce résultat.
Le revenu permanent désigne, nous rappellent F. Aftalion et P. Poncet, (Le monétarisme coll. Que
sais-je ?), « le revenu que l'individu s'attend à recevoir pendant les années à venir, compte tenu de
ses revenus passés [...].»...
Les ménages vont alors adapter leur niveau de consommation non pas au revenu courant, comme le
pensait Keynes, mais au revenu permanent. Ce qui fait que même si leur revenu courant augmente
ou baisse, les agents conservent un volume de dépenses stable dans le temps.
Le multiplicateur keynésien en ressort considérablement fragilisé puisque son moteur s'avère, selon
Friedman, non seulement poussif mais aussi chaotique. La politique budgétaire est donc inopérante,
et même susceptible de déstabiliser l'économie en créant de l’inflation
Connaissant la lenteur des délais de décisions et d'application de toute politique inspirée du sommet
(lenteurs des politiciens, des administrations...), Friedman envisage les effets désastreux en termes
7
de tensions inflationnistes qu’aurait une mesure de relance, décidée durant une période de
ralentissement, et dont les effets se produiraient alors même qu’une reprise économique est en train
de se produire.
Keynes privilégiait le financement par l'emprunt. Cette question trouve un éclairage nouveau avec
Friedman.
Les monétaristes émettent également une critique plus globale sur la place grandissante de l'État
dans l'économie. Ils craignent que le secteur privé en soit durablement perturbé, notamment dans ses
repères et ses décisions.
Concernant le financement par l'impôt, écarté par Keynes lui-même, il reviendrait à appuyer en même
temps sur le frein et l'accélérateur... car la pression fiscale qui s’impose aux agents économiques peut
pénaliser le travail et l’investissement les détournant progressivement de l’effort productif.
Reste le financement par création monétaire. Il constitue pour Friedman une source majeure de
poussée inflationniste et de ce fait doit être, lui aussi, proscrit. Cette dernière conviction, non
seulement disqualifie un peu plus la politique budgétaire jugée inefficace et déstabilisante, mais jette
également le discrédit sur l'arme monétaire. Pour Friedman en effet, la politique monétaire
expansionniste n'améliore la situation de l'emploi que de façon provisoire tout en accélérant
durablement le taux d'inflation. Sa démonstration se base sur la courbe de Phillips.
- La courbe de phillips
A l’origine la courbe de Phillips, publiée en 1858, est une simple relation constatée par son auteur
entre le taux de chômage et le taux de croissance des salaires au Royaume-Uni de 1860 à 1951. elle
va ensuite servir de base à une réflexion sur l’existence d’un choix entre chômage et inflation et sur
l’impact de la politique monétaire.
Cette courbe montre donc qu’un arbitrage est possible entre le taux de chômage et le taux d’inflation.
L’enseignement de la courbe est clair : les autorités peuvent faire baisser le taux de chômage
mais au prix d’une progression de l’inflation.
Taux
d’inflation
Courbe de Phillips : plus le taux d’inflation est élevé, plus le
taux de chômage st faible.
Taux de chômage
NB : Toutefois des études poussées concernant d'autres périodes et d'autres pays (notamment les
États-Unis durant les « Trente Glorieuses »), mettent à mal la relation de Phillips. Plus préoccupant
encore, à partir des années 1970, elle ne se vérifie absolument plus. Friedman appuiera alors une
part de ses travaux sur ce résultat, et démontrera que l'arbitrage chômage - inflation n'étant qu'une
illusion, la politique monétaire keynésienne qui repose indirectement sur cette relation doit être, elle
8
aussi, abandonnée.
Le verdict de Friedman est sans appel : l'arme monétaire ne produit un effet positif sur l'emploi qu'à
court terme. Dès le moyen terme, le niveau de chômage antérieur réapparaît, accompagné
cependant d'un taux d'inflation supérieur à celui de l'ancienne situation. Ainsi, la politique monétaire
expansionniste s'avère inefficace et même nuisible.
Les autorités publiques vont alors pouvoir « profiter » de ce regard tourné vers le passé et non vers le
présent, pour tenter de relancer l'économie à l'aide d'une politique monétaire expansionniste. Celle-ci
va jouer sur l'effet de surprise... tant qu'il dure.
Prenons un exemple : le taux d'inflation anticipé pour l'année en cours s'élève à 3% . La politique
monétaire en accroissant l'offre de monnaie, autrement dit la quantité de monnaie en circulation,
génère en réalité une inflation de 5% . Que va-t-il se passer ?
Dans ce cas, « un peu d’inflation » permet d’obtenir à court terme, une progression de l’emploi, le
recul du chômage et l’augmentation de la production. Il y a une légère relance de l’activité
économique. Mais à court terme seulement car les agents vont s'apercevoir au bout d'un moment,
qu'ils se sont faits berner dans la mesure où ils s’aperçoivent que l’inflation générée par cette politique
monétaire expansionnsite annule l’augmentation des salaires nominaux et que leur salaire réel reste
inchangé. Du côté des entreprises, les entrepreneurs vont réaliser que cette évolution ne leur a rien
apporté de favorable si ce n’est une élévation des coûts de production.
Conséquences, le salaire nominal va être revu à la baisse par les employeurs afin de compenser les
effets de l’inflation sur les coûts. Les salariés attirés par les perspectives d’un meilleur pouvoir d’achat
du salaire, déchantent maintenant, et se retirent du marché du travail. Au total, le taux de chômage
revient à son niveau initial mais avec un taux d’inflation désormais de 5%.
Le seul moyen pour les autorités de faire reculer le chômage durant la prochaine période est de
surprendre encore les agents qui anticiperont selon la logique adaptative une inflation d'environ 4% .
Le taux d'inflation réel devra donc lui être sensiblement supérieur (au moins 6% ). Mais comme
précédemment, les résultats en matière d'emploi observés à court terme s'évanouissent dès le moyen
terme, laissant derrière eux une inflation toujours plus forte.
Friedman compare alors l'effet de l'inflation à celui de la morphine : « une dose de plus en plus forte
est nécessaire pour produire un résultat stable ».
Quoiqu’il en soit, la politique keynésienne bute fatalement sur ce que les monétaristes appellent « le
taux de chômage naturel » . c’est un taux en dessous duquel on ne peut pas descendre car il
dépend des structures du marché et de celles de l’économie c’est à dire du fonctionnement même de
l’économie, (EX :comportement des employeurs, des travailleurs, etc.). c’est en fait le niveau de
chômage que l’on observe lorsque l’économie fonctionne de manière « naturelle », c’est à dire
déterminé par le seul fonctionnement du marché et sans intervention de l’Etat.
Les politiques conjoncturelles sont bien vouées à l'échec. Par conséquent, l'État devra reconsidérer
son rôle dans l'économie, se limiter à des mesures s'inscrivant dans le long terme et favoriser le libre
fonctionnement du marché.
9
B) L’Etat doit se limiter à garantir le fonctionnement le plus efficace possible du marché
Sur un plan économique, elle s'énonce de la manière suivante : la vitesse de circulation de la monnaie
étant supposée stable à court terme, tout comme le volume des transactions, une augmentation de la
masse monétaire excessive par rapport au volume des transactions, se traduit nécessairement par une
hausse du niveau général des prix.
Puisque l'utilisation de l'arme monétaire à des fins conjoncturelles déstabilise inutilement l'économie,
Friedman préconise que la politique monétaire respectent certains critères :
. Le but de la politique monétaire est de maintenir l'inflation à un niveau stable et modéré, sur le long
terme.
. Le moyen réside dans le contrôle de la masse monétaire. La masse monétaire doit augmenter en
rapport avec la croissance prévue de la production. Cela permettra d'éviter les dérapages inflationnistes
dont la cause pour Friedman «est toujours et partout la même : un accroissement anormalement rapide
de la quantité de monnaie par rapport au volume de la production». Néanmoins, il faut également veiller
à assurer un niveau de croissance monétaire suffisant afin qu'il n'étouffe pas la production comme cela
fut le cas durant la grande crise aux États-Unis.
Friedman précise que le rythme de croissance de la masse monétaire fixé par la Banque centrale devra
être le plus stable possible et être porté à la connaissance de tous dans le but de faciliter les
anticipations et la prise de décision.
À la lecture de tous ces critères, il apparaît nettement que la politique monétaire préconisée par
Friedman prend très exactement le contre-pied de celle décrite par Keynes. Keynes prônait
l'intervention, Friedman le retrait progressif.
À côté d'une politique monétaire rigoureuse, l'État s'emploiera à défaire les rigidités qui encombrent
l'économie et empêchent le retour automatique à l’équilibre expliquant ainsi un chômage important.
Il existe ainsi de nombreuses entraves au bon fonctionnement du marché du travail : elles prennent la
forme réglementations corporatistes et syndicales comme le salaire minimum, les arrangements
institutionnels tels que les régimes d'indemnisation du chômage ou les conventions limitant les
licenciements. L'action de l'État devra alors « dénicher » tout ce qui, sur tel ou tel marché spécifique,
10
nuit à la concurrence et par conséquent, à l'emploi.
Les autorités publiques devront aussi faire preuve de créativité pour améliorer la circulation de
l'information, notamment sur le marché de l'emploi afin de diminuer le chômage frictionnel.
Des réformes touchant l'éducation nationale permettront de mieux préparer les futures générations aux
exigences du monde du travail. Friedman espère, par là , favoriser la baisse du chômage structurel
(inadaptation qualitative de l'offre de travail à la demande de travail).
- Une formule hybride mêlant libéralisme et étatisme est « sans issue » pour Friedman
Dans un article paru dans le quotidien Le Monde du 20 juillet 1999, Milton Friedman met en garde
contre toute tentative de concilier, comme solution alternative, libéralisme et étatisme. Il prend pour
exemple le cas des compagnies aériennes américaines « privatisées » et évoluant dans des aéroports
appartenant à l'État. Ce cas de figure illustre, selon lui, de manière significative la perte d’efficacité
inhérente à ce genre de formule. Le boom de l'activité, sur les lignes nouvellement déréglementées,
s'est ainsi retrouvé considérablement entravé par l'inertie et la lenteur de réaction des aéroports. « La
meilleure solution, conseille-t-il, consisterait à privatiser les aéroports, comme l'a fait la Grande-
Bretagne et comme l'Italie et la Pologne songent à le faire »...
Et l'auteur conclue par une recommandation : « s'il faut privatiser ou élaguer une activité publique,
faites-le complètement. Ne chercher pas un compromis grâce à une privatisation partielle ou à une
réduction partielle du contrôle étatique ».
Le message, pour le moins clair, réaffirme la croyance dans la toute puissance du marché.
L'économie tend vers la stabilité et la prospérité pourvu qu'on lui permette de se « déployer »
librement. On est bien loin de Cambridge...
Pour Keynes, il n'existe aucun pouvoir de rééquilibrage et de stabilisation susceptible de conduire au plein
emploi. L'économie livrée à elle-même ne se suffit pas, le laisser-faire peut coûter très cher à des millions
d’individus. L’Etat se doit par conséquent d’intervenir.
Pour Friedman, au contraire, l’économie dispose, tant qu’elle fonctionne sans entraves, de forces bénéfiques
(on peut penser à la main invisible de Smith) menant au plein emploi et à l’utilisation optimale des ressources.
L’économie se suffit à elle même. L’Etat se doit de ne pas intervenir, excepté pour libérer les marchés de
leurs entraves.
Après avoir dominé les « Trente Glorieuses », le keynésianisme semble avoir atteint ses limites face à la
crise. Dans un contexte d'internationalisation croissante des économies, les politiques de relance nationales
butent sur la contrainte extérieure.
La stagflation des années soixante-dix a mis au devant de la scène les thèses de Friedman.
Alors que dans les années soixante, les dirigeants des pays capitalistes étaient « tous keynésiens », à partir
des années quatre-vingt, peu ou prou, ils sont tous « monétaristes » en ce sens que l’impératif de désinflation
est bel et bien devenu le principal credo de la politique économique.
Aujourd'hui, la réduction du déficit de l'État est devenu un objectif prioritaire alors et le désengagement de
l'État est largement préconisé. Le débat demeure cependant entre interventionnistes et libéraux : les premiers
soulignent les effets récessifs des politiques monétaristes et considèrent que les taux d'inflation désormais
très faibles redonnent une marge de man œ uvre pour mener une politique active de lutte contre le chômage ;
les seconds considèrent qu'il faut maintenir le cap et continuer à réduire les dépenses publiques et les
prélèvements obligatoires.
11
NOTE AU LECTEUR
Ce dossier constitue un effort de synthèse essentiellement réalisé à partir de deux ouvrages que sont:
- L’enseignement de spécialité en SES, Marie-Lise Fosse, Gérard Clérissi, CRDP des Pays de Loire,
1999.
- Sciences Economiques et Sociales – Enseignement de Spécialité – Baccalauréat, sous la Direction
d’Alain Bruno, Editions Ellipses, 2001.
Se voulant le plus synthétique possible et visant à donner aux élèves une vision globale d’une approche
théorique, ce travail peut paraître parfois partial et partiel mais je l’assume et t’invite, toi lecteur et toi
collègue à me faire part de tes critiques car tout est éminemment perfectible.
12
Université Cadi Ayyad
Présente
Module : Économie Monétaire et Financière II
Cours du Professeur
ZAID Mohamed
❑ Le modèle IS-LM (J. Hicks 1937) : version formalisée des idées de Keynes,
une représentation algébrique et graphique d'un certain nombre de relations
posées par Keynes dans la TG.
❑ Apport principal : Détermination simultanée de l’équilibre sur deux
marchés: Marchés des biens et des services (IS) - Marché de la monnaie (LM).
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
I.L’équilibre sur le marché des biens et services : La courbe IS
❑ On en déduit que :
ou
❑ À l’équilibre :
❑ On a alors:
❑ D’où le revenu d’équilibre :
L’équation d’équilibre IS
▪ Cette condition d’équilibre implique que, pour chaque niveau de taux d’intérêt
(i), il existe un seul revenu Y qui assure l’égalité entre l’épargne et l’investissement
(I = S).
❑ Ou
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
I.L’équilibre sur le marché des biens et services : La courbe IS
4.La construction de IS
41.Le graphique (1) :
❑ Il décrit la liaison entre l'investissement et le taux d'intérêt et nous donne une
courbe décroissante correspondant à la fonction de l’investissement:
6. Illustration :
❑ Soit une fonction I d’équation :
I = 80 – 20i
Et une fonction S :
S = 0,2Y – 20
L’équation de IS est : I = S
80 – 20i = 0,2Y – 20
Y = 500 – 100i
Ou, i= 5 – 0,01Y
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM
i: tx d’intérêt.
Lo: Encaisse monétaire incompressible.
β : coefficient de dépendance, au tx d’intérêt, de LDS noté L(i).
▪ LDS est fonction décroissante du taux d’intérêt (i), bornée par imax où L2 = 0 et
imin où L2 = maximum.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM
▪ On a alors :
L’équation LM
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM
❑ L’équation LM:
▪ Elle relie l’ensemble des couples (Y, i) qui assurent l’équilibre sur le
marché de la monnaie.
▪ Cette condition d’équilibre implique que, pour une offre de monnaie (Mo)
et un taux d’intérêt (i) donnés, il existe un seul revenu (Y) qui assure
l’égalité entre la demande et l’offre de monnaie (Mo = LD).
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM
4. La construction de La courbe LM
41.Graphique (a) :
❑ LDs : une fonction décroissante du taux d'intérêt:
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM
42.Graphique (b) :
❑ Application de la condition d'équilibre : Mo = LD= LDt + LDs
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM
43.Graphique (c) :
❑ Il représente la relation positive entre la demande de monnaie et le niveau du
RN(Y).
❑ LDt est une fonction croissante du niveau du revenu Y:
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM
44.Graphique (d) :
❑ Il représente l'ensemble des combinaisons de taux d'intérêt (i) et de revenu (Y)
qui assurent l'équilibre sur le marché monétaire (Mo = LD).
❑ La courbe LM est au marché de la monnaie ce que la courbe IS est au marché
des biens et services.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
II.L’équilibre sur le marché de la monnaie: La courbe LM
6.Illustration:
❑ Soit un marché de monnaie caractérisé par les équations suivantes :
L’offre de monnaie est fixée à : M0 = 160
▪ La LDt (encaisses de transaction) : LDt = αY = O,4Y
▪ La LDs (encaisses de spéculation) : LDs = -βi + Lo = – 400 i + 40
▪ La demande totale de monnaie a pour équation :
Soit,
❑ L’équation de IS (1) est :
Et,
❑ L’équation LM (2) est :
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM
Soit ,
D’où,
❑ La courbe IS-LM:
▪ Le point E(Ye ,ie ) correspond à l'intersection des courbes IS et LM (Croix
Hicksienne). C’est le point qui assure l’équilibre simultané sur les deux marchés
des biens et de la monnaie.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM
3.Application :
31.Détermination équation IS:
❑ Soit le marché des biens et services caractérisé par les deux fonctions
suivantes:
▪ Une fonction d’investissement d’équation : I = I0 - ei = 80 – 20i
Et,
▪ Une fonction d’épargne : S = sY – Co = 0,2Y – 20
❑ L’équation de IS est: 80 – 20i = 0,2Y – 20
Y = 500 – 100i (1)
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM
32.Détermination de l’équation LM
▪ L’équation (1) :
Y = 500 – 100i (1) Y = 500 – 100(18,18%) ≈ 481,82
Ou,
▪ L’équation (2) :
Y = 1 000 i + 300 (2) Y = 1 000 (18,18%) + 300 ≈ 481,8
▪ (Y,i)= (18,18% , 481,82 )
▪ E est le point d’intersection des deux courbes IS (Y=500 – 100i ) et LM
(Y=1000 i + 300) qui indique le niveau du revenu national (Y=481,82) et du
taux d’intérêt (i=18,18%) qui assure l’équilibre sur le marché de la monnaie et
sur celui des biens et services.
Chapitre 2 : Le modèle IS-LM
III.La détermination de l’équilibre IS-LM
❑ OG (Y) = DG.
❑ Keynes: volume de la DG détermine le niveau de l’équilibre global.
❑ Ch.1:F°C°et ch.2: F°Inv.
❑ Ch.3: Modèle revenu-dépense? Equilibre sous-emploi..
❑ Ch.4:IS-LM.
❑ Malgré critiques: l’analyse de Keynes:
▪ Macroéconomie contemporaine.
▪ Politiques économiques actuelles.
▪ Au cœur de la réflexion économique…
Module : Économie Monétaire et Financière II
FSJES - Marrakech
2021-2022
Module : ÉCONOMIE MONÉTAIRE ET FINANCIÈRE II
L’approche keynésienne de l’équilibre
sur le marché monétaire
Dans l’approche keynésienne, c’est l’équilibre entre l’offre et la demande de monnaie qui
détermine le taux d’intérêt du marché, et non pas l’équilibre entre l’épargne et l’investissement.
En d’autres termes, le taux d’intérêt se détermine sur le marché de la monnaie, et pas sur
le marché des biens et services. C’est une différence fondamentale, car en fixant le taux
d’intérêt, l’équilibre monétaire agit sur l’investissement (qui dépend en partie du niveau des
taux d’intérêt), et donc sur le niveau de demande globale, de production globale et in fine, de
l’emploi. Dans ces conditions, il n’y a plus de dichotomie entre l’économie monétaire et
l’économie réelle. Pour Keynes, donc, les fluctuations sur le marché de la monnaie peuvent
perturber ou au contraire encourager l’activité économique et l’emploi, d’où l’importance
d’analyser le fonctionnement de ce marché avec attention.
1. L’offre et la demande de monnaie
Chez Keynes, comme chez les classiques, l’offre de monnaie émane des autorités
̅
monétaires (banques centrales). On a donc : Mo = 𝐌
L’aspect novateur du modèle keynésien se situe au niveau de la demande de monnaie.
Comme dans le modèle classique, Keynes admet que cette demande dépend en partie du niveau
d’activité économique Y. Autrement dit, lorsque le niveau d’activité économique s’accroît, il
est naturel de penser que les besoins en monnaie des agents augmenteront pour financer les
transactions plus nombreuses sur le marché des biens et services.
Cependant, pour Keynes, la demande de monnaie dépend également du niveau des taux
d’intérêt. Plus précisément, Keynes affirme qu’il existe un lien inverse entre taux d’intérêt et
demande de monnaie. Autrement dit, la demande de monnaie diminue lorsque le taux d’intérêt
augmente et vice versa. Keynes s’appuiera sur le fonctionnement des marchés financiers et plus
précisément, sur le fonctionnement du marché obligataire pour expliquer ce lien inverse.
Cependant, la relation négative entre demande de monnaie et taux d’intérêt peut
s’expliquer simplement et il n’est pas nécessaire d’étudier en détail le fonctionnement du
marché obligataire. Une explication simple de ce lien inverse tient au fait que lorsque le taux
d’intérêt augmente, l’investissement (qui est une fonction décroissante du taux d’intérêt)
diminue, ce qui induit les agents à réduire leur demande transactionnelle de monnaie (étant
donné qu’ils achètent moins de biens d’équipement).
Au total, la demande de monnaie dépend de deux paramètres (Y et i) et peut s’écrire d’un
point de vue formel de la façon suivante: MD = MD (Y, i)
2. L’équilibre sur le marché monétaire
A l’équilibre sur le marché de la monnaie, l’offre de monnaie doit être égale à la demande
de monnaie. Autrement dit, l’égalité suivante doit être respectée:
𝐌̅ = MD (Y, i)
D’un point de vue graphique, l’équilibre sur le marché de la monnaie chez Keynes se
représente à l’aide d’un graphique sur lequel le taux d’intérêt est porté sur l’axe vertical et la
quantité de monnaie (offerte ou demandée) sur l’axe horizontal.
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L’explication du mécanisme de fonctionnement du marché de la monnaie chez Keynes
nous permet de nous rendre compte que ce modèle n’est pas dichotomique. Supposons par
exemple que les autorités monétaires décident d’augmenter la masse monétaire de 𝐌 ̅ à ̅̅̅̅
𝐌𝟏.
C’est ce qu’on appelle une politique monétaire expansive. D’un point de vue graphique, toute
création monétaire se traduit par un déplacement vers la droite de l’offre de monnaie:
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Cette politique monétaire expansive n’est évidemment pas neutre et a des répercussions
sur le marché des biens et services. En rendant le crédit moins cher, la baisse du taux d’intérêt
encourage l’investissement (qui dépend en partie du taux d’intérêt), et donc, augmente la
demande globale, l’offre globale et in fine, l’emploi.
Par conséquent, les fluctuations sur le marché de la monnaie influencent l’équilibre du
marché des biens et services et le niveau d’emploi via le niveau du taux d’intérêt. Les deux
marchés sont donc liés.
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L'effet Keynes
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inchangée, l'équilibre passe alors de E à E', et l'on atteint le plein emploi automatiquement.
Autrement dit, ma revalorisation du stock de monnaie induite par la déflation affecte la
demande globale via une baisse du taux d’intérêt par un déplacement de LM le long de la courbe
IS.
3. Des failles théoriques
31. La trappe à liquidité
La première est celle de la trappe à liquidité. En situation de trappe à liquidité, une
augmentation de l'offre de monnaie réelle ne réussit plus à affecter le taux d'intérêt. Le taux
d'intérêt est trop bas pour qu'une diminution supplémentaire entraîne une augmentation de
l'investissement. Quand le taux d'intérêt est au-dessous d'un certain niveau, les agents ne
désirent pas faire de placement, et ils thésaurisent leur monnaie pour attendre que le taux
d'intérêt augmente.
32. L'inélasticité de la dépense au taux d'intérêt
La deuxième est celle des cas où la dépense n'est pas élastique au taux d'intérêt, c'est-à-
dire lorsque la courbe IS est verticale.
33. Les effets négatifs de la déflation
La troisième est celle des effets négatifs de la déflation. Selon Keynes, la déflation est trop
mauvaise pour les entrepreneurs, qui voient la dette de leur entreprise augmenter en valeur
réelle (la dette contractée reste la même alors que le niveau général des prix, c'est-à-dire les
revenus de l'entreprise, baissent), pour que l'effet Keynes ait lieu.
34. Le postulat de la flexibilité des salaires
L'effet Keynes postule la flexibilité à la baisse des salaires. Il faut que ceux-ci chutent pour
que le phénomène fonctionne. Cela n'est pas forcément le cas, car les salaires sont le plus
souvent le fruit de conventions entre le salarié et le patron. Aussi, les patrons, sachant qu'une
baisse de salaire démotive le salarié et peut lui faire perdre en productivité, peuvent décider de
faire stagner les salaires plutôt que de les baisser. La crise économique mondiale des années
2008 et suivantes a ainsi vu aux États-Unis une stagnation, et non une chute des salaires.
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Effet Keynes - effet Pigou
Diagramme IS-LM
Dans les années de la grande crise qui débute en 1929, les salaires nominaux (les salaires
exprimés en monnaie courante) diminuent parce que l'excès d'offre sur le marché du travail est
considérable. Cette baisse des coûts de production pour les entreprises renforce le mouvement
de baisse des prix qui résulte de l'effondrement de la demande de produits dans de nombreux
secteurs.
Ce constat évident doit forcément être pris en compte par Keynes parce que ses
adversaires, en particulier son collègue de Cambridge, Arthur Cecil Pigou explique comment
cette baisse des prix doit conduire naturellement à retrouver un équilibre de plein emploi.
Il s'agit alors pour Keynes de montrer que s'il y a bien des raisons de penser que le retour
vers le plein emploi peut découler de la déflation, il y a aussi des raisons de mettre en doute
l'effet pris en compte. Pour cela il utilise un raisonnement différent de celui utilisé par Pigou.
Depuis cette discussion on oppose ainsi l'effet Keynes et l'effet Pigou.
Ces deux effets peuvent être exposés dans le cadre du diagramme IS-LM mais bien
entendu la présentation initiale n'a pas fait référence à ce modèle.
1. L'effet Keynes
Partant d'une situation d'insuffisance de la demande (équilibre E1 dans le diagramme) ne
permettant pas d'atteindre le plein emploi, la baisse des prix se traduit par une revalorisation du
stock de monnaie disponible (l'offre de monnaie) donc, toutes choses égales par ailleurs, à un
déplacement vers la droite de la courbe LM. Pour une courbe IS inchangée, l'équilibre passe
alors de E à E'' et l'on atteint le plein emploi automatiquement, sans que l'Etat n'ait besoin
d'intervenir dans l'économie. La revalorisation du stock de monnaie affecte la demande globale
via une baisse du taux d’intérêt par un déplacement le long de la courbe IS (celle-ci ne se
déplace pas). Donc tôt ou tard la baisse des prix produira le retour du plein emploi.
Mais, d'une part il peut s'écouler beaucoup de temps avant que cela ne se produise
et d'autre part Keynes doute de la réalisation de l'enchainement pour deux raisons :
l'existence d'une trappe à liquidité et l'inélasticité de l'investissement au taux d'intérêt.
11. La trappe à liquidité
Le taux d'intérêt peut-être trop bas pour que qu'une diminution supplémentaire entraîne
une augmentation de l'investissement. Quand le taux d'intérêt est en dessous d'un certain seuil,
les agents ne désirent pas faire des palcements, toute la monnaie supplémentaire qu'ils reçoivent
est conservée, ils pensent que le taux d’intérêt ne peut qu’augmenter et en attendant ils gardent
leurs encaisses monétaires sous forme spéculative.
Ceci signifie que la courbe LM est horizontale. Cette situation de bas taux d’intérêt est
d’autant plus plausible que l’économie connaît un marasme et donc que le revenu est faible. Il
est donc probable qu’à partir d’un certain niveau de revenu, le taux d’intérêt se remette à croitre
avec le revenu. On a alors à nouveau une courbe LM qui croît normalement. Si l'équilibre initial
se situe sur cette portion de la courbe LM -donc si le taux d'intérêt est faible - le déplacement
de la courbe LM n'a pas d'effet sur l'équilibre.
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12. L’inélasticité de l'investissement au taux d'intérêt.
Selon Keynes on peut penser qu'il y a une relation négative entre l'investissement privé
et le taux d'intérêt nominal, mais cette relation est peu élastique, voire peut-être inexistante dans
certains cas. Ainsi une baisse du taux d'intérêt provoquée par la baisse des prix déplacera
certainement la courbe LM mais cela sera sans effet sur le niveau de revenu puisque la courbe
IS est proche de la verticale voire verticale en cas d'élasticité nulle.
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2. L'effet Pigou
L'effet Pigou ou "effet d'encaisses réelles", repose sur l'observation que la baisse des
prix (liée à la faiblesse de la demande) a un effet sur le pouvoir d'achat des encaisses monétaires
- les encaisses réelles - qu'elle revalorise. Cette augmentation du pouvoir d'achat permet
d'augmenter la consommation, ce qui a pour effet d'engendrer un déplacement autonome de la
courbe IS vers la droite, ce qui peut permettre un retour au plein emploi, même quand la courbe
IS croise au départ LM dans sa partie horizontale (trappe à liquidité) et que la courbe IS est
verticale (inélasticité de l’investissement au taux d’intérêt).
Il faut cependant noter que si l'effet d'encaisse réelles est aussi appelé effet de richesse
c'est parce qu'il repose sur l'idée que le partage entre consommation et épargne se fait en tenant
compte de la richesse réelle (mesurée en pouvoir d'achat). Ainsi quand cette richesse réelle est
augmentée par la baisse des prix des biens et services il y a probablement une augmentation de
la consommation. Mais si la baisse des prix concerne aussi les actifs détenus, les éléments du
patrimoine, alors le comportement peut s'inverser. La baisse du prix des immeubles et des titres
financiers détenus poussent les propriétaires à épargner davantage pour reconstituer le niveau
de richesse (réelle) qu'ils souhaitent détenir.
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